Le symbolisme de la Table Ronde.

La Table Ronde rappelle d’abord une situation très ancienne : la

réunion des guerriers autour d'un feu central dans la hutte gauloise.

Elle est aussi l'image du Monde médiéval.

Elle est porteuse d’un symbolisme gardé soigneusement au cœur des

ces livres sacrés que sont pour nous les écrits arthuriens, prodigieux

recueils inspirés de connaissances cachées que chaque membre de

l’ordre se doit de passer sa vie à découvrir et à méditer. C’est ce

symbolisme qui fonde notre Ordre le reste n’étant qu’accessoire.

Dans les romans arthuriens, La Table Ronde est revêtue d'une triple

signification:

1°) La table de la Cène réunissant les apôtres autour du Christ,

2°) la table du Graal qu'institue Joseph d'Arimathie, reflet de la

précédente,

3°) la table fondée par Arthur, pour asseoir sa chevalerie et sa

souveraineté où nul n'a la préséance. Seul un siège y est interdit, le

siège périlleux réservé au chevalier au cœur pur .

Ce motif symbolique apparaît à une période (XIIème-XIIIème) où la

civilisation médiévale se trouve à son apogée: ce sont les Croisades,

les Templiers, la période d'or gibeline en Italie, temps de haute

chevalerie.

C'est aussi une période de synthèse métaphysique et culturelle entre

les civilisations arabes, celtes, romaines, nordiques qui s'altèrent

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réciproquement en se côtoyant notamment à Tolède et au royaume

Normand de Sicile.

La plupart des récits arthuriens mettent en scène :

- un souverain,

- un porteur du Graal : Joseph d'Arimathie.

- une Terre promise, île ou cité, un centre.

- des personnages aux dons surnaturels: fées, Merlin...

La Table Ronde venant fédérer ces diverses images.

A la fin du XVème siècle, on pouvait admirer, au château de

Winchester, une vaste table ronde en chêne de dix huit pieds de

diamètre accrochée aux murs. Vingt quatre rayons peints en vert et

blanc y alternent avec une rose rouge centrale surmontée de la figure

d'Arthur.

Toujours visible à la cathédrale de l'endroit, elle appartient aux

objets de prestige dont les rois d'Occident se réclament au Moyen-

Age pour affirmer leur héritage judéo-arthuro-chrétien et leur

souveraineté.

Mais que signifie la Table Ronde ?

Nous pouvons distinguer trois sens symboliques

Cosmique : comme l’indique le chiffre 12 qui définit les membres de

la chevalerie arthurienne soit douze chevaliers ou un multiple de 12.

Elle tournoie comme le monde et fait ainsi référence aux douze

signes du Zodiaque qui définissent notre relation au temps cyclique,

elle nous annonce le retour des choses à leur place attendue. Le

cycle zodiacal qui est de 26000 ans se décompose en douze ères de

2160 ans dont chacune d’entre elle est signifié par un des signes du

zodiaque. La leçon implicite en serait celle de l’Eternel Retour comme

l’indique la légende du roi Arthur (La Grande Ourse) lui-même lié aux

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cycles cosmiques, lequel s’est fait emporter en Avalon et doit

revenir, Rex Arturus rex futurus.

Fraternel : comme la fraternité des 12 apôtres choisis par le Christ,

les chevaliers de la Table Ronde quand ils s’y assoient se sentent

épris de douceur et de fraternité. Ils sont bien à cette Massénie du

Saint Graal, fraternité mystique accueillant venant de tous les points

de l’horizon, chrétiens, musulmans, juifs ou personnes de toutes

autres croyances, et mettent leurs efforts au service d’un but

commun, la quête du saint graal, vase d’immortalité… La Table est

ainsi signe de tolérance et de compagnonnage au service d’un but

qui les transcende.

Le douzième arcane est celui du Messie ou holocauste, et signifie le

sacrifice du soi individuel au profit du collectif et ce, afin de restituer

un certain équilibre perdu aux origines et dont la chaîne des initiés

est le porteur ; ainsi dans la tradition des Rose Croix, les douze sont

nommés chevaliers du Christ ou du Messie car les douze portent en

eux la nécessité du salut de l’Univers.

Esotérique : des quatre faces de la réalité à quatre dimensions écrit

JC Pichon, nous ne pouvons saisir que trois angles de vision, quel que

soit le plan de l’univers choisi. Dans la mesure où tout objet et tout

regard interfèrent nécessairement, nous aurions ainsi douze

manières d’être, constamment rattachés à ces trois visions ou plans

de l’univers : le Vrai, le Bien, le Beau, ou Sagesse, Force, Beauté, ou

le Père, le Fils, l’Esprit, etc.

C’est que partagent les Chevaliers de la Table Ronde quand ils

commencent leur quête.

Le compagnonnage de la Table ronde est Quête du saint Graal (Q).

Le Saint Graal est le vase dans lequel Jésus but pendant la Cène,

qu'il utilisa pour dire la première messe et où Joseph d'Arimathie

recueillit le sang de ses plaies avant de l’apporter en Occident.

Chrétien le mentionne ainsi dans le Perceval de Chrétien, le plus

ancien à mettre en scène le fameux cortège du Graal:

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"li graaus...la u li sains sans glorieux del roi des rois fu recheus"

(XIIème siècle).

Le graal y apparaît comme un objet usuel (écuelle, récipient) au

milieu de deux autres objets: le tailloir d'argent et la lance qui

dégouline de sang. Il est en or et brille comme le soleil. Il est porté

par une demoiselle. Illuminant de clarté tout sur son passage, il est

décrit comme "de l'or le plus pur. Des pierres précieuses y sont

serties" (Le Conte du Graal). C'est de sa vision que date pour

Perceval le début de ses malheurs, car "le jour où il le vit passer, il

n'osa pas demander qui l'on servait de ce Graal". Il apprendra le

lendemain que cette non-autorisation à poser la question essentielle

condamne la Terre déserte à le rester et le Roi Pêcheur à sa

méhaignerie.

Le jour de la Pentecôte, les Chevaliers de la Table Ronde sont réunis,

apparaît un vieillard en robe blanche tenant un jeune chevalier vêtu

d'une armure couleur de feu (Galaad), qui annonce au Roi et à ses

compagnons la venue du Graal, lequel se manifestant dans les airs,

remplit le palais de parfums et charge les tables de mets succulents.

Les chevaliers de la Table Ronde jurent tous alors, après Gauvain, de

se mettre en campagne, toute affaire cessante, pour découvrir la

vérité du vase très précieux.

Au terme de la Quête, seuls trois chevaliers, les plus jeunes, Bohort,

Perceval et Galaad parviendront au château du Graal, ils assisteront

à une messe dite par Josephé, le fils de Joseph d'Arimathie au cours

de laquelle Jésus-Christ leur apparaît et assisteront aux mystères du

Graal et de la lance qui saigne.

Mais un seul d'entre eux, Galaad, sera admis à contempler l'intérieur

du Vase; ayant considéré les choses spirituelles qui s'y trouvent, il

sera ravi au ciel. "Depuis lors, il n'y a jamais eu aucun homme, si

hardi fut-il, qui aie osé prétendre qu'il l'avait vu".

La Révélation du saint Graal est donc porteuse d’un sens profond :

elle ne peut être atteinte seul, d’où l’exigence de fraternité et de

compagnonnage, de tolérance dont la Table Ronde est le symbole,

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chacun, dans sa quête, doit s’en approcher et la partager avec ses

frères et sœurs en chevalerie. Il s’appuiera, pour ce faire, sur les

écrits et légendes du roi Arthur et de ses chevaliers, sur les

monuments qui leur sont attachés et qui lui en révéleront, pour peu

qu’il veuille bien s’y attacher avec rigueur et opiniâtreté, leur sens

profond ? Car c’est à ce prix, que se découvrira pour lui le trésor qui

y est inclus et se dévoile, dans le Cosmos, beauté après beauté, dans

toutes les différentes formes de la totalité qui constituent l’univers.

Connaissant l’univers et les dieux, peut-être, alors, se connaîtra-t-il

mieux lui-même ?

GB en la Pentecôte 1511 de l’ère arthurienne.

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