24

Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

  • Upload
    others

  • View
    18

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 2: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 3: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 4: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 5: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 6: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 7: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 8: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 9: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique
Page 10: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

LE TEST DE RORSCHACH ET

LA PERSONNALITÉ ÉPILEPTIQUE

Page 11: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

OUVRAGES DES MÊMES AUTEURS

AUX PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE

Pa r J e a n DELAY : Les dissolutions de la mémoire. Les maladies de la mémoire. Les dérèglements de l 'humeur. L a psychophysiologie humaine. Les ondes cérébrales et la psychologie. L'électricité cérébrale. Etudes de psychologie médicale (lre série).

Pa r P. PICHOT :

Les tests mentaux en psychiatrie. Instruments et méthodes. Méthodologie psychotechnique (avec H. PIÉRON, J.-M. FAVERGE et

J . STOETZEL). Les tests mentaux.

AUX ÉDITIONS MASSON P a r J ean DELAY :

Les astéréognosies (Etudes sur les sensibilités cérébrales). L'électro-encéphalographie (avec I. BERTRAND et J . GUILLAIN). L'électro-choc et la psychophysiologie. Méthodes biologiques en clinique psychiatrique.

P a r J ean DELAY, P. PICHOT et J . PERSE : Méthodes psychométriques en clinique. Tests mentaux et interprétation.

AUX ÉDITIONS GALLIMARD

P a r J e a n DELAY :

Aspects de la psychiatrie moderne. (Discours au Congrès mondial de Psy- chiatrie, Paris, 1950.)

Page 12: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

BIBLIOTHÈQUE DE PSYCHIATRIE D i r i g é e p a r J E A N D E L A Y

M e m b r e de l ' A c a d é m i e de M é d e c i n e

S e c r é t a i r e : D r P i e r r e PICHOT

LE TEST DE RORSCHACH ET LA

PERSONNALITÉ EIILFI'Tlllll PAR

J. DELAY Professeur de Clinique

des Maladies mentales et de l 'Encéphale à la Faculté de Médecine de Pa r i s Directeur à l ' Institut de Psychologie

P. PICHOT Médecin Assistant

des Hôpi taux de P a r i s Chargé de Conférences

à l ' Inst i tut de Psychologie �

E T

T. LEMPÉRIÈRE Chef de Clinique

à la Faculté de Médecine de P a r i s

J. PERSE Chef du Laboratoire de Psychologie

à la Clinique des Maladies mentales et de l 'Encéphale

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE

108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS

1955

Page 13: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

DÉPOT LÉGAL lre édition 2e trimestre 1955

TOUS DROITS de traduction, de reproduction et d'adaptation

réservés pour tous pays COPYRIGHT

by Presses Universitaires de France, 1955

Page 14: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

AVANT-PROPOS

Il est peu de problèmes en psychopathologie qui aient fait l'objet d'études à la fois aussi nombreuses et aussi contradictoires que celui de la personnalité épileptique. Dès l'Antiquité, on voit s'affronter des points de vue opposés : Arétée de Cappadoce (86) décrivait la déchéance intellectuelle des épileptiques alors qu'Aristote (87) admettait que « l'épilepsie assiège beaucoup d'hommes de talent et d'intelligence ». Depuis le début du xixe siècle, on a vu se multiplier les descriptions psychologiques, et, à mesure que nos connaissances sur le mal comitial se préci- saient, se diversifier les points de vue. La génétique, les doctrines morphopsychologiques, l'électroencéphalographie, la psychana- lyse, l'anatomopathologie, la neurochirurgie ont apporté chacune des perspectives nouvelles. Bien loin de clarifier nos conceptions, les différentes tendances en ont rendu la complexité extrême, et l'on peut lire à l'heure actuelle, suivant l'auteur auquel on s'adresse, des opinions aussi opposées que l'étaient celles d'Arétée et d'Aristote. Pour les uns, la personnalité épileptique n'existe pas, elle ne se différencie nullement des troubles mentaux des affections organiques cérébrales ; pour d'autres, elle a des traits spécifiques, que l'on retrouve même dans la famille des comitiaux. Pour les uns, elle est liée à l'épilepsie idiopathique ; pour les autres, aux épilepsies temporales. Pour les uns, elle est innée ; pour les autres, acquise.

Le test de Rorschach a, dans ce domaine, apporté une impor- tante contribution et dans les trente dernières années il est peu de travaux qui ne l'aient utilisé. Nous verrons d'ailleurs que ces études sur le test de Rorschach ont abouti à des interprétations souvent divergentes, car beaucoup ont négligé de prendre en considération les différents facteurs déterminant les diverses modalités cliniques de l'épilepsie, et ont basé des conclusions de valeur douteuse sur un matériel hétérogène.

Page 15: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

Nous avons jugé utile, avant d'exposer nos résultats per- sonnels, de résumer les principales conceptions actuelles sur la personnalité épileptique, puis de passer en revue la littérature sur les résultats du test de Rorschach dans cette affection. Celle-ci n'a jamais fait à notre connaissance l'objet d'un exposé d'ensemble détaillé.

Page 16: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

PREMIERE PARTIE

LA PERSONNALITÉ ÉPILEPTIQUE

Nous étudierons essentiellement ici les t r a v a u x sur l ' é t a t

psychique intercri t ique des épileptiques, en laissant complète- m e n t de côté les troubles m e n t a u x paroxyst iques. Nous n 'envi- sagerons qu 'accessoirement l ' é t a t intellectuel e t seulement dans la mesure où il a été mis en r appor t avec les troubles du caractère ou de l 'affectivité.

A ) L E S TRAVAUX A N C I E N S

Depuis le début du xixe siècle, on a décrit chez l'épileptique des traits psychologiques particuliers qui sont considérés comme caractéristiques de l' « épilepsie » en général. Les descriptions sont calquées les unes sur les autres, et nous nous contenterons de citer les passages classiques de Féré et de Falret, que de nombreux psychiatres ont repris sans y ajouter. Pour Féré (102), le caractère et les mœurs des épileptiques pourraient faire soupçonner la maladie en dehors de tout paroxysme : « Leur caractère est essentiellement mobile, mais cette mobilité repose sur un fond d'impuissance et de tristesse. Les épileptiques sont en général sombres et paresseux. Non seulement ils changent d'allure et de manière d'un instant à l'autre, mais ces changements se font

Page 17: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

souvent avec la brusquerie d'un coup de théâtre. La vie de ces individus semble constituée d'une succession de paroxysmes séparés seulement par des périodes de réparation. Ces malades passent de l'enthousiasme et de la bienveillance la plus outrée à la haine la plus implacable ; tantôt tendres et généreux, tantôt violents et d'une rapacité sordide, tantôt polis et d'une obsé- quiosité gênante, tantôt insolents et grossiers, tantôt gais et expansifs, tantôt maussades et silencieux. Malgré la mobilité qui fait le fond de leur caractère, les épileptiques ont souvent des animosités ou des attachements durables tout aussi peu motivés que leurs impulsions passagères. C'est sur un fond de dépression habituelle que se greffent le malaise moral, le pessimisme de l'impuissance, la religiosité morbide, la jalousie qu'il est si fré- quent de rencontrer chez les épileptiques qui passent souvent de l'insolence et de la cruauté à l'obséquiosité et à la panophobie. Les épileptiques ont une conscience vague de leur impuissance et de leurs défectuosités ; ils souffrent de leur infériorité et deviennent méfiants, soupçonneux, haïssant sans motif comme sans mesure. » Pour Falret (101), le tableau est tout à fait comparable : « L'irrita- bilité, écrit-il, constitue le trait dominant du caractère habituel de l'épileptique. Ces malades sont généralement soupçonneux, que- relleurs, pour les plus légers motifs... Mais ce que l'on doit surtout remarquer, c'est l'extrême variabilité de leur humeur. Tantôt on les voit tristes, maussades, découragés comme sous le coup de la douleur et de la honte que leur fait ressentir leur affreuse maladie ; tantôt au contraire ils ont un sentiment de bien-être et de satis- faction qui les porte à concevoir les espérances les plus irréali- sables dans leur triste situation..., tantôt ils sont disposés à la controverse, à la discussion, aux querelles et même aux actes de violence ; tantôt au contraire ils montrent une douceur, une affectuosité et des sentiments religieux de soumission et d'humi- lité aussi exagérés et aussi peu motivés que l'étaient précédem- ment les manifestations opposées. »

On reconnaît dans ces deux descriptions les traits de caractère sur lesquels tous les auteurs insisteront plus tard : mobilité de l'humeur, irritabilité explosive, égocentrisme, méfiance, suscep- tibilité, préoccupations religieuses et hypochondriaques.

Il s'en faut cependant que les auteurs classiques soient d'accord sur l'ensemble de ces traits. D'une part, beaucoup sou- lignent qu'on les rencontre avec des fréquences très variables, d'autres font remarquer qu'on prête aux épileptiques des carac- téristiques opposées et par conséquent difficilement conciliables. On voit mal comment l'épileptique peut être à la fois routinier, méticuleux, ordonné, soigneux dans son travail, et, d'autre part,

Page 18: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

paresseux, sans soin, incapable d'achever une tâche, changeant fréquemment d'occupations. De telles contradictions n'ont pas manqué d'être soulignées depuis Abadie (84) jusqu'à Bumke (91) ou Marchand et Ajuriaguerra (119).

B ) L E S T H É O R I E S M O D E R N E S

Les très nombreux travaux modernes sur la personnalité épi- leptique reposent sur des vues bien différentes. Schématiquement ils se groupent en deux grandes classes. Dans la première, on envisage la personnalité épileptique comme innée ou primitive ; dans la seconde, comme acquise ou secondaire. La notion de personnalité épileptique innée se retrouve dans les théories géné- tiques et constitutionnelles. Certains admettent seulement qu'il existe une personnalité épileptique héréditaire, constituant une base au développement de l'épilepsie, sans avancer une doctrine précise. D'autres, particulièrement l'école allemande, admettent l'existence d'une structure morphologique et psychologique héré- ditaire. Enfin, quelques-uns estiment que la personnalité épilep- tique est un caractère lié génétiquement à la prédisposition biologique aux crises convulsives.

Les doctrines envisageant la personnalité épileptique comme acquise ou secondaire sont beaucoup plus nombreuses et diverses. Pour les unes, la personnalité épileptique a un déterminisme psychologique. Dans ce cadre rentrent les doctrines institution- nelles, essentiellement d'inspiration psychanalytique, et les doc- trines réactionnelles, où la personnalité est envisagée sous l'aspect d'une réaction du sujet à sa maladie. Pour les autres, la person- nalité épileptique a un déterminisme somatique, lésionnel ou fonctionnel. Dans le cadre du déterminisme lésionnel se placent les auteurs qui voient dans les modifications psychologiques des épileptiques la conséquence, soit des lésions organiques cérébrales sous-jacentes, soit de l'action toxique des thérapeutiques anti- comitiales. Peuvent être considérées comme théories fonction- nelles celles qui voient dans la personnalité épileptique une modalité de l'épilepsie elle-même, « la personnalité n'est pas épileptique, elle est l'épilepsie », ou d'une variété spéciale de l'épilepsie, l'épilepsie temporale. Le schéma suivant résume ces différentes conceptions, avec la réserve bien entendu que ces catégories ne sont nullement exclusives les unes des autres, et peuvent se combiner.

Page 19: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

1) La personnalité épileptique considérée comme innée ou primitive

Conceptions héréditaires, constitutionnelles et génétiques

Si nous laissons de côté tous les travaux anciens sur les fac- teurs héréditaires dans l'épilepsie pour nous borner à l'examen des études génétiques modernes, on aboutit aux conclusions suivantes :

Il existe une prédisposition héréditaire, déterminée génétique- ment, aux crises convulsives. Ce facteur génétique a une expres- sion phénotypique variable. Il existe dans presque toutes les épi- lepsies une contribution de ce facteur génétique dont l'influence est nécessaire et suffisante dans l'épilepsie idiopathique. Dans les épilepsies symptomatiques, elle joue également un rôle. Un traumatisé crânien, par exemple, ne présentera de crises d'épi- lepsie que s'il a un seuil convulsif, déterminé génétiquement,

Page 20: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

suffisamment bas pour que le facteur déclenchant constitué par la cicatrice corticale déclenche effectivement des crises. Lorsque le sujet a une constitution génétique normale, c'est-à-dire un seuil convulsif relativement élevé, il peut quand même présenter des convulsions, mais dans des circonstances exceptionnelles : tech- niques telles que l'électrochoc ou l'injection rapide de cardiazol intraveineux, lésions cérébrales très étendues.

Cette conception moderne repose sur les travaux de Conrad (94, 95, 96, 97), Luxenburger (118), Lennox et ses colla- borateurs (116). Les preuves des faits exposés ont été apportées par 3 méthodes : arbres généalogiques, méthode de contingence des prédictions statistiques, méthode des jumeaux.

Si l'on adopte cette conception génétique de l'épilepsie, on doit vérifier les conséquences suivantes :

— les épileptiques présentant au maximum la prédisposition épileptique sont les épileptiques idiopathiques ;

— la prédisposition épileptique doit se rencontrer avec une beau- coup plus grande fréquence dans les familles d'épileptiques que dans la population générale ;

— la prédisposition épileptique doit être présente dans les épi- lepsies symptomatiques, mais à un degré plus faible que dans l'épilepsie idiopathique.

Pour vérifier ces conséquences, il est évidemment indispen- sable d'avoir un « marqueur » de la prédisposition épileptique. On peut considérer comme témoin de la prédisposition épileptique toute caractéristique se rencontrant plus fréquemment dans les familles d'épileptiques que dans la population générale. C'est en utilisant ce raisonnement que Lennox a conduit ses études, considérant comme signe de la prédisposition épileptique la dys- rythmie électrique cérébrale.

Pour revenir à la personnalité épileptique, il faut admettre que si une personnalité particulière est caractéristique de la prédisposition à l'épilepsie, on doit la rencontrer avec une parti- culière fréquence dans l'épilepsie idiopathique et dans les familles d'épileptiques. Ce sont en effet les points auxquels se sont attachés les auteurs dont nous allons résumer les travaux.

Ceux-ci peuvent être répartis en 3 groupes principaux. Les uns admettent l'existence d'une personnalité épileptique spéciale, héréditaire, mais sans que cette notion repose sur un substrat morphologique ou génétique précis. Les autres dérivent des conceptions morpho-psychologiques de Kretschmer. D'autres enfin étudient la corrélation entre anomalies de la personnalité et dysrythmie électrique cérébrale génétiquement transmise.

Page 21: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

A) Dans le premier groupe se situent Wallon en France, Pierce Clark aux États-Unis.

Wallon (141), en 1925, dans une étude sur la personnalité épileptique, se proposait de « relever dans les cas d'épilepsie confirmée les traits psychiques ou intellectuels qui se présen- teraient avec assez de relief et de constance pour en donner une image nettement identifiable, de saisir leurs rapports avec les conditions physiologiques de l'épilepsie, d'examiner subsidiai- rement si, moins accentués, ils ne se rencontrent pas aussi chez les sujets n'ayant jamais encore présenté d'accidents comitiaux, ce qui ferait supposer qu'à l'épilepsie répond une certaine consti- tution neuro-biologique, pouvant éventuellement jouer le rôle de prédisposition morbide. De savoir si elle est familiale et hérédi- taire est une autre question ».

Wallon voit comme trait central de l'épilepsie la persévé- ration, qu'il envisage dans une perspective de structure neuro- logique. « L'épileptique, écrit-il, est tout concentration, tout application, et paraît peiner, lutter, pour réaliser son acte et sa pensée, bien loin par conséquent de s'abandonner à une trop grande facilité d'exécution et d'extériorisation. Chez lui ce ne sont pas les activités toutes prêtes qui se déclenchent. Il y a dans son effort plus d'inhibition que d'initiative. D'où la pénurie d'inven- tion motrice ou verbale contre laquelle l'épileptique est sans cesse à se débattre. L'insistance, l'espèce d'acharnement qu'il y met n'est pas tant besoin d'agir pour agir, qu'une nécessité de sa conscience car l'inertie, la carence de ses fonctions aperceptives lui imposent l'intermédiaire du geste et du mot... Pas de pensée sans un acte correspondant. Aussi paraît-il chaque fois chercher péniblement sa formule qui est la condition de l'idée. Une fois trouvée, elle accapare et retient l'esprit comme une découverte qui le révélerait à lui-même. Elle est habituellement répétée. La persévération est un trait spécifiquement épileptique. »

Wallon indique qu'il a retrouvé ces éléments chez l'enfant normal, qu'ils y caractérisent un stade de développement, qu'il les a également retrouvés chez certains sujets normaux. « Comme il faut aux mêmes effets superposer les mêmes conditions, écrit-il, les origines de cette mentalité particulière doivent être recher- chées dans les dispositions qui président à l'épilepsie. » Toutefois, il préfère, pour plusieurs raisons, appeler cette personnalité particulière « personnalité projective ».

On trouve chez Gilbert Robin une conception voisine. Cet auteur décrit sous le nom de caractère épileptoïde « l'association en apparence contradictoire de ces deux pôles : lenteur-impul- sivité » et dont il admet également le caractère héréditaire.

Page 22: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

Aux États-Unis , L. Pierce Clark (92, 93) a été, su ivan t l 'expression de Lennox, « l ' avocat le plus prolifique de la person- nalité épileptique » de 1914 à 1933. Pour lui, les épileptiques ont 4 t ra i ts pr incipaux : a ) Égocentr ici té ; b) Hypersens ib i l i té ; c) Pauvre té émotionnelle ; d) Rigidité. Ces t ra i t s ne sont pas la conséquence des crises, mais se rencont ren t d 'une p a r t chez les épileptiques dès leur enfance a v a n t l ' appar i t ion des crises, e t d ' au t re pa r t dans les familles d 'épileptiques. Ce second point qui ra t t ache Clark à la doctr ine héréditaire de l 'épilepsie repose sur un seul arbre généalogique, e t aussi sur une ci tat ion de Ivraepelin qui avai t signalé l 'existence d 'une personnali té épileptique dans 87 % des parents d 'épileptiques. La description de Clark est très circonstanciée, mais sa théorie offre une par t icular i té curieuse qui consiste à associer un poin t de vue génétique et un point de vue psychanalyt ique. Si Clark a d m e t l 'hérédité de la personnali té épileptique, il a d m e t en même temps que les crises comitiales sont ent ièrement psychogénétiques. Il ne s 'agi t plus là comme dans toutes les autres théories d 'une conception de « linkage » génétique entre une personnali té particulière et une prédisposit ion biolo- gique, mais seulement d 'une hérédité psychologique, la crise d'épilepsie n ' é t a n t qu 'une des manifes ta t ions psychologiques de cet te personnalité. Malgré le caractère bizarre de cet te alliance génético-psychanalyt ique, les t r a v a u x de Clark ont eu une large audience aux Éta ts -Unis , et, encore en 1944, Lennox leur a consacré une ample analyse.

B ) Les auteurs don t nous exposerons m a i n t e n a n t les idées se réc lament des théories de Kretschmer . Celles-ci sont basées sur les principes suivants :

1. Il existe un cont inuum entre la normali té e t les principauy- types psychologiques. On peu t rencontrer dans la popu- lat ion normale des sujets qui présentent sous une forme ébauchée des t ra i ts de personnali té don t les t ra i t s pa tho- logiques ne sont que l 'exagérat ion ;

2. Il existe des types psychologiques héréditaires ; 3. Il existe une corrélation entre les types psychologiques et la

s t ruc ture corporelle (et certaines caractér is t iques physio- logiques), par conséquent aussi une corrélat ion entre les types psychotiques et la s t ruc ture corporelle.

Les conceptions de Kre tschmer se sont modifiées dans les détails, mais les 3 idées centrales exposées dans la première édition de Kôrperbau und Charakler sont restées à la base des t r a v a u x de l ' au teur . Ini t ialement, Kre tschmer ava i t mis de façon

Page 23: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

nette en évidence que deux types corporels, pycnique et lepto- some, étaient associés étroitement à la psychose maniaco- dépressive et à la schizophrénie. Aussi bien Kretschmer que tous les auteurs dont nous allons résumer les contributions, ont tenté, par analogie avec les deux types précédents, d'en créer un troisième. Ce type aurait comme morphologie le type athlétique, comme pôle pathologique l'épilepsie, et comme forme normale une personnalité épileptique mineure, l'épileptoïdie. Il faut à la vérité reconnaître que généralement la liaison structure corporelle- personnalité s'est avérée beaucoup moins nette dans ces études que dans celles sur la schizophrénie et la psychose maniaco- dépressive, et que les auteurs ont été amenés à des complications de leurs hypothèses pour faire rentrer les faits dans les cadres théo- riques. Néanmoins, le même fil directeur peut être retrouvé dans les études que nous allons passer en revue, celles de F. Minkowska, de Mauz, de Kretschmer et Enke, de Stauder.

a) La personnalité glischroïde de F. Minkowska

Les travaux de Mme F. Minkowska ont été entrepris dans le cadre de la clinique de Zürich sous la direction de E. Bleuler. Ils reposent essentiellement sur l'étude de deux familles, désignées par les lettres B et F. La famille B... comprenait un certain nombre de sujets épileptiques, la famille F... un certain nombre de sujets schizophrènes. Les résultats de ces recherches ont été exposés dans une série de publications, d'abord en France en 1920 (127), puis en 1923 (123). C'est à cette date que l'auteur a introduit la notion d'épileptoïdie, en accord avec la terminologie de l'école bleulerienne, qui avait remplacé la cyclothymie de Kretschmer par la syntonie. En 1927 (127), F. Minkowska rem- plaçait elle-même le terme d'épileptoïdie par celui de glischroïdie, sur une suggestion d'Édouard Pichon. L'ensemble de ses recher- ches ne fut publié que tardivement, en 1937 (125), dans un volume de la Julius Klaus Stiffung.

Le but de l'auteur était l'étude généalogique de deux familles paysannes suisses, qui devait « servir d'illustration à la méthode généalogique de recherche qui a été introduite avant tout par Ruedin en 1911 en psychiatrie ». Mais, à vrai dire, plus qu'à Ruedin, son travail doit à Kretschmer. « L'encouragement, écrit-elle, que mon travail personnel reçut de cette modification de point de vue, se montre essentiellement dans ce qu'il me devint possible en liaison avec la typologie de Kretschmer d'obtenir une conception claire et de classer systématiquement ce qu'auparavant j'avais remarqué et constaté de façon impres- sionniste. »

Page 24: Le test de Rorschach et la personnalité épileptique

La famille B..., qui nous intéresse ici plus particulièrement, comprenait 373 sujets parmi lesquels on comptait :

— 348 sujets psychiquement normaux ; — 5 schizophrènes ; — 8 épileptiques ; — 5 psychoses associées (2 cas de schizophrénie + maniaco-

dépressive, 3 cas de schizophrénie + épilepsie) ; — 2 débiles mentaux ; — 5 cas dont il a été impossible de préciser le diagnostic.

On a fait remarquer qu'un tel arbre généalogique ne consti- tuait nullement une preuve en faveur d'un facteur héréditaire dans l'épilepsie (1). On pourrait ajouter que l'examen des histoires cliniques des 8 épileptiques montre qu'il ne s'agit certainement pas dans plusieurs cas d'épilepsie essentielle (malades D IV-13, D 111-5). Quoi qu'il en soit, l'auteur, lt partir de l'examen psychologique d'un grand nombre de sujets non épileptiques de la famille B..., a pensé qu'ils présentaient entre eux certaines caractéristiques communes qui justifiaient la description du type glischroïde : « On note, écrit-elle, aussitôt qu'on essaie de définir les traits essentiels du type B, c'est-à-dire les caractéristiques de la famille dans laquelle surviennent fréquemment des psychoses épileptiques... que l'on se trouve en présence de phénomènes psychologiques qui ne se laissent pas ranger dans les deux concepts (de syntonie et de schizoïdie). »

(1) Au cours de la discussion qui suivit la communication du 25 juin 1923 à la Société médico-psychologique, le pr Claude fit remarquer : « J 'ai demandé à Mme Minkowska combien il y avait eu d'épileptiques dans la famille 13... La proportion de 10 sur 400 membres ne paraît pas très élevée. » Et Delmas dans son intervention ajoutait « 10 cas d'épilepsie, y compris surtout les cas discutables d'états crépusculaires sur 400 sujets, ne suffisent pas à entacher une famille d'une tare névropathique, car ce n'est là qu'une moyenne bien proche de la normale. » (Rappelons que la moyenne d'épilepsie convulsive dans la population générale est appréciée à 0,3 ou 0,4 %.) A ces critiques F. Minkowska répondit : « Le nombre de malades atteints d'épilepsie dans la famille B... paraît relativement peu élevée. Dans l'appréciation, cependant, de la transmission héréditaire de cette affection, il y a lieu de tenir compte de ce que certaines branches restent entièrement libres de l'épilepsie... d 'autre part, il y a lieu de tenir compte de la haute mortalité des enfants en bas âge. Si nous considérons tous ces facteurs, la transmission héréditaire de l'épilepsie ne semble pas faire le moindre doute. » En fait, ainsi que l'indique Kallmann dans une revue récente « De tels arbres généalogiques individuels sont la plus ancienne et la plus simple des méthodes pour enregistrer le caractère familial d 'un trait apparemment héréditaire. Toutefois l'utilité de cette méthode est extrêmement limitée en ce qui concerne l'épilepsie n. Comme nous l'avons dit l'existence d'un facteur génétique dans l'épilepsie paraît actuellement bien établi, mais par la méthode de contingence et la méthode des jumeaux (Conrad, Luxenburger, Lennox).