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LE TRAITEMENT MEDICAL DES
CANCERS
Dr Makram HOCHLEFPr Slim BEN AHMED
Il existe deux grandes catégories de traitement :
chirurgie
1- traitements locorégionaux :
radiothérapie
2- traitements généraux : faisant appel aux médicaments :
-Traitement cytostatique ou chimiothérapie anticancéreuse :
capable de détruire les cellules qui se renouvellent quelque soit
l’endroit où elles se trouvent dans l’organisme.
- Hormonothérapie : Capable de moduler la croissance et l’activité d’une
population decellule (en particulier cancéreuse). - Immunothérapie : Agit sur l’ensemble de l’organisme en renforçant ses
défenses (domaine de recherche)
Le traitement des cancers est un traitement multidisciplinaire.
LA CHIMIOTHERAPIE ANTICANCEREUSE
I- Introduction :
-La recherche et la découverte de médicaments cytostatiques
a été à
l’origine de la naissance de l’ONCOLOGIE MEDICALE .
-La chimiothérapie est née accidentellement en 1943 par
l’observation
de lymphopénies dues aux moutardes à l’azote , depuis
développement d’autres substances.
exemple: 1954 Méthotrexate 1958 Cyclophosphamide 1962 Vincristine 1972 Adriamycine 1978 Cisplatine
-La chimiothérapie (CT) est un traitement général d’abord
indiquée
dans le traitement des cancers métastatiques puis proposée
dans les
Cancers ( apparemment limités) mais à haut risque
métastatiques.
D’où notion de :
- chimiothérapie palliative.
- chimiothérapie adjuvante.
- chimiothérapie néo adjuvante ou initiale.
II- MECANISME D’ACTION:
*La chimiothérapie: Médicaments ayant la possibilité de
bloquer la
multiplication des cellules ou de détruire les cellules
engagées dans
Un cycle cellulaire.
*La grande majorité de ces médicaments agissent de
façon directe ou indirecte avec l’ADN.
A- Bases théoriques de la chimiothérapie :
* L’ADN :-cible privilégiée des cytotoxiques ,
-passe par une série de phases : Au terme de la mitose (M) la cellule peut s’installer soit en phase derepos (Go) soit se préparer à la synthèse (G1) et permettre laréparation de l’ADN si celle-ci a été lésée.
Au terme de la phase (G1) la synthèse d’ARN s’accélère et commencela phase de synthèse d’ADN (S).
Lorsque celle-ci est terminée, la cellule entre dans une phase (G2) quiprécède la mitose (M); pendant celle-ci, il y a division nucléaire et
cellulaire avec ségrégation du matériel génétique.
*La majorité des cytostatiques n’agissent pas au cours de la phase G0.
*Il existe des cytostatiques dit « phase dépendant » ( ex: Vincristine) ,
leur action est plus efficace si la demi-vie du produit est longue.
*Il existe des cytostatiques dits « cycle dépendant » (ex: Alkylants)
actives sur les cellules dans le cycle (quelque soit la phase) leur action
est plus efficace en cas de haute dose administré de manièreintermittente.
*La chimiothérapie a une action sur toutes les cellules en division:
Cellules cancéreuses et cellules normales en particulier les cellules des
tissus à renouvellement rapide:
- Tissus hématopoïétiques: (précoce) (leucopénie, thrombopénie, parfois aplasie)
- Les cellules de la peau- phanère- muqueuse ( action précoce)
- Les gonades (action + tardive)
B-Les principaux mécanismes d’action :
1)- Les Alkylants :
Grace à des groupements chlorés (électrophiles) se fixentgénéralement entre les 2 bras de la chaine d’ADN formant
des ponts ( interdisant alors la réplication).Exemples: -Moutarde à l’azote (CARYOLYSINE*) ou derivés:
cyclophosphamide (ENOXAN*)– ifosfamide (HOLOXAN*)
2)-Les intercalants : Substances agissant sur l’ADN en s’intercalant entre 2
bases adjacentes de la chaine, rendant impossible la transcription et la réplication.
Ex :ACTINOMYCINE * ADRIBLASTINE*
3)-Les scindants :
Inhibition de la synthèse de l’ADN et de l’ARN par intervention au niveau des polymérases
Ex : BLEOMYCINE*
4)-Les Antimétabolites :
Analogue synthétique remplace dans l’ADN la base normale
inhibition de la synthèse d’ADN. Il s’agit des analogues suivants: - Analogues des purines, hypoxantine:
Purinéthol* -Analogues des bases pyrimidiques: Aracytine* -Analogues de l’acide folinique: Méthotréxate*
5)-Les Antimitotiques : (inhibiteurs de la polymérisation de la tubuline)
Appelés aussi poisons du fuseau
Inhibition de la formation des microtubules du fuseau mitotique
Blocage des cellules en mitoses. -Médicaments: Vinblastine (VELBE*)
Vincristine (ONCOVIN*)
6)-Inhibiteurs de la topo-isomérase 2:
Enzyme capable de réparer l’ADN après avoir crée des cassures
des 2 brins Une liaison directe avec l’enzyme et une molécule
anticancéreusepermet d’expliquer l’inactivation de la réparation de
l’ADN: -Médicaments:VP16-Actinomycine
III-Incidents-Accidents de la chimiothérapie :
Les effets secondaires de la chimiothérapie sont de 2 types:
* toxicité liée à l’atteinte des cellules à renouvellement rapide
* toxicité d’organe propre à certains médicaments
Ces toxicités peuvent être aigues ou tardives
A-COMPLICATIONS AIGUES
1)-Hématopoïétiques :
Tous les cytotoxiques à l’exeption de la Bléomycine et de la
L.asparginase présentent une toxicité hématologique rendant
nécessaire la pratique d’un hémogramme avant chaque traitement
Liées à une destruction des cellules souches hématopoïtiques en
voie de différentiation
Cette toxicité dépend quantitativement et qualitativement de la
dose administrée
La dépression hématologique se produit en général 8 à10 jours après traitement
La neutropénie : la première manifestation de la myélosuppression
Nadir: le chiffre de GB le plus bas
La thrombopénie apparait pour des doses en général plus élevées
L’anémie est plus inconstante
Cliniquement: asthénie , fièvre, mucite importante
NFS: GB≤2000/mm3
Hospitalisation:
si pas d’infection: isolation + asepsie
si infection : antibiothérapie double
si manifestation hémorragiques avec plaquettes<
20000: transfusion de plaquette.
Problème hématologiques plus important si:
-chimiothérapie en continue
-chimiothérapie agressive
-traitement long
-sujets âgés
-traitement par CT+RT (bassin)
-fonction rénale, hépatique: perturbé
Les problèmes hématologiques limitent la conduite du
traitement d’où l’intérêt d’une :
- chimiothérapie intermittente - dose adaptée à SC - contrôle fréquent NFS-PLQ - Ages extrêmes (↓ dose)
Surveillance du traitement:
-NFS-plq avant chaque cure (en général
GB≥3000/mm3,
PLQ≥150000/mm3)
-NFS-plq au moment du nadir (J8-J10) pour détecter
une éventuelle aplasie.
2)-Digestives: -Nausées , Vomissements:
fréquents et pénibles
Leur mécanisme est d’origine centrale
la majorité des médicaments surtout : antracyclines,
cisplatine, cyclophosphamide,déticène…
-chimiomucites (aphtes bouche-œsophage)
Surtout: Méthotrexate à haute dose, Bléomycine, fluorouracile, cytarabine…
Peut favoriser les surinfections notament fongiques
- Diarrhée:
Peuvent être secondaires: * à une atteinte muqueuse(fluorouracile, méthotrexate..) * stimulation du péristaltisme (cisplatine)
Précautions:
- antiémétiques -BDB -antimycosiques (+Bicar)
3)- Cardiaques :
(myocardite, trouble de rythme et de la conduction)
Surtout :- antracyclines (doses cumulées sont
550mg/m2 pour la doxorubicine et 1000 mg/m2 pour
l’épirubicine)
- Endoxan
- 5 Ffluorouracile peut entrainer des troubles du
rythme et/ou douleurs angineuses
précautions: -ATCDS cardiaques (sujets âgés)
-ECG(avant traitement)
- écho cardiaque (FEV)
4)- Rénales et vésicales :
Cisplatine, Méthotréxate sont les 2 cytotoxiques les plus
néphrotoxiques
Le cisplatine entraine une nécrose tubulaire
pour réduire ce risque:
*hyperhydratation saline
* doses fractionnées sur plusieurs jours
* l’adaptation de la posologie à la fonction
rénale
Holoxan et Endoxan à forte dose: cystite hémorragique.
Précaution: hyperhydratation et administration
concomittante de mesna (uromitexan)
5)- Neurologiques :
Vincristine, sels de platine, taxanes
(paresthésies, polynévrites , trouble confusionnels)
Cisplatine: neuropathies périphériques , surdité de
perception. (audiogramme)
6)-Réactions allergiques :
Fièvre-arthralgie-urticaire surtout: Bléomycine, déticène… Réaction allergique plus grave: EDC- choc anaphylactique
L.Asparaginase , taxanes
Précautions: hydrocortisone + anti-histaminique avant traitement
7)- Hépatiques :
Allant de l’élevion des transaminses au foyers de necrose cellulaires: méthotrexate ,Aracytine, L.Asparaginase, Deticene….
8)-Troubles métaboliques :
Cisplatine: hypocalcémie, hypo Mg.
Mithomycine:hypocalcemie,hypophosphatemie.
Attention au syndrome de lyse après traitement d’induction
des leucémie et LMNH (hyperhydratation alcaline+zyloric)
**syndrome de lyse: Hypocalcémie, hyperphosphatémie, hyper
uricémie, hyperkaliémie
9)-Pulmonaire:
Fibrose pulmonire: Bléomycine (dose cumulée Bléomycine≥ 300mg) MTX, Nitrosourés.
Précaution : faire EFR
10)-Cutanée et phanérienne :
Extravasation accidetelles: vincristine, vinblatine,
anthracyclines, déticene risque important de
nécrose cutanée
Précaution : verifiction du retour veineux, injection loin
des articulation, rinçage de la veine, intérêt cathé
centraux
Alopécie: adriblastine, endoxan, 5FU (réversible après
l’arrêt du traitement)
Le port de casque réfrigérant est d’une efficacité moyenne
Exanthème prurigineux: methotrexate
Fibrose cutanée: bléomycine
Mélanodermie: bléomycine, 5FU
B-COMPLICATIONS A LONG TERME :
a)- Le déficit immunitaire:
Essentiellement sur les lymphocytes T, pouvant apparaitre
même après l’arrêt du traitement
Responsable d’infection virales (herpès, Zona) et un risque
accru d’infection notamment bactérienne (tuberculose
pulmonaire)
b)- Toxicité gonadique
chez l’homme jeune: -oligospermie même azoospermie
(rarement réversible)
-Anomalies du spermogramme
-stérilité souvent définitive
(conservation du
sperme)
Chez la femme: -parfois aménorrhée secondaire -Stérilité ou plutôt infécondité -Parfois avortements, malformations
fœtales (si CT:1er trimestre) Les médicaments responsables: Alkylants
c)- Néoplasies secondaires :
Tumeurs malignes secondaires: LAM, Dyserythropoëse,
sarcomes des tissus mous
Risque augmenté si association RT+CT
surtout alkylants
IV-Indications de la chimiothérapie :
D’abord indiquée dans le traitement des maladies
métastatiques évidentes,
ensuite proposée dans les maladies apparement limitées
mais à haut risque métastatique et mal controlées par les
traitements loco-régionaux.
1)-La chimiothérapie curative :
Intérêt dans les tumeurs très chimiosensibles ( la CT étant
l’essentiel du traitement)
Exemple: - maladies hématologiques: leucemies aigues
lymphoblastiques de l’enfant, maladie de Hodgkin,
certains LMNH (Burkitt)
- tumeur à tissu embryonnaire: tumeur placentaire
(95% guérison) ,tumeur testiculaire (80%guérison),
dysembryome ovarien
-autres: RMS (RHABDOMYOSARCOME)…
2)-La chimiothérapie adjuvante :
Consiste à traiter précocément la dissémination
métastatique à l’issue du traitement locorégional.
Faite après un traitement loco-regionale d’une
tumeur locale (risque métastatique élevé)
Ex: -Kc sein chez la femme jeune
-Kc du sein avec envahissement ganglionnaire
chez la femme non ménopausée
-Adénocarcinome colique complètement
reséqué avec envahissement ganglionnaire
3)-La chimiothérapie néoadjuvante :
Précède le traitement locorégional
En cas :-de maladie locale trop étendue
-de RT ou CH difficilement applicable
Actuellement on parle de chimiothérapie 1ère ou
néoadjuvante
( ex: cancer sein avec fact de mauvais pc ,
osteosarcome..)
intérêt: -diminution de la masse tumorale donc un
meilleur contrôle local par la chirurgie et/ou la
radiothérapie
-irradication des micrométastases
4)-La chimiothérapie palliative:
Concerne les maladies métastatiques
but: - réduire la tumeur et/ou les métastases
- n’est pas la guérison mais la qualité de vie
En général: si pas de réponse après 2 cures : arrêt
de la chimiothérapie
V-Modalités d’administration :1)-Voie d’administration :Très variable
- voie veineuse: le plus souvent: intratubulaire ou
perfusion avec S. phy
- injection IM: MTX, Bléo…
-per os: endoxan , chloraminophene…
-voie s.cut: Aracytine….
-voie intraarterielle: antracycline
-voie intrarachidienne: MTX, Arac…
2)-Temps d’administration :Variable
-Le plus souvent en quelques min à quelque heures,
parfois en continu sur 24h
- administration sur 1,2,3,4 voir 5 jours de produits selon
le protocole de polychimiothérpie (ne pas mélanger les
cytostatiques)
3)-Précautions préalables:
-s’assurer du diagnostic histologique et de
l’indication
-calculer la dose en m2 de surface corporelle
-rééquilibrage hémato, métabolique, nutritionnel,
-éliminer un foyer infectieux en particulier
buccodentaire
-administration d’antiémétiques
-information et préparation psychologique du
malade
- surveillance de la toxicité et de l’efficacité du
traitement
VI-CONCLUSION
La cancérologie a fait des progrés considérables depuis 20
ans graçe à l’amélioration progressive de chaque modalité
thérapeutique (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie)
mais plus encore par une meilleure utilisation concertée
de chacune de ses modalités à travers des stratégies
pluridisciplinaires cohérentes.
L’utilisation de la chimiothérapie tend à devenir plus
rationnelle graçe à une meilleure connaissance du
mécanisme d’action, des toxicités et des mécanismes de
résistance des médicaments anticancéreux.