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Le travail de jeunesse

au Maroc et la participation

des jeunes à l’échelon local

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espace et des moyens matériels pour mener à bien leurs activités. Tout comme les directeurs de ces maisons de jeunes, la majorité des travailleurs de jeunesse marocains semblent plus impliqués dans la bureaucratie que dans l’éducation non-formelle. Des milliers d’ONG et d’associations spécialisées accomplissent un travail de jeunesse non-gouvernemental important, avec et pour les jeunes. Malgré des objectifs très élevés, elles sont handicapées par un manque criant de formation, de professionnalisme et de financement. Historiquement, le niveau de participation des jeunes au Maroc est bas. La situation s’est quelque peu améliorée ces dernières années, notamment en ce qui concerne la participation politique, encouragée par les évolutions politiques en cours depuis 2011. Bien que les jeunes aient toujours tendance à se méfier de la politique, le niveau de participation politique progresse, par exemple, à travers les conseils municipaux de jeunes. En matière de participation des jeunes, un autre point important est l’idée que l’entrepreneuriat (social) est une façon de trouver des solutions innovantes à des problèmes que rencontrent les communautés locales : alors qu’il s’agit d’un phénomène relativement nouveau au Maroc, sa popularité progresse. Enfin, le renforcement de capacités est un atout majeur dans le champ de la jeunesse au Maroc, principalement à travers les réseaux nationaux et internationaux. Cela aide à la fois les jeunes et les associations de jeunesse à vivre cette expérience et à apprendre à jouer un rôle actif dans leurs communautés ainsi qu’à impliquer d’autres jeunes dans la durée. En bref, le champ du travail de jeunesse au Maroc revêt deux facettes. Il fait face à des défis majeurs qui doivent être traités afin d’ouvrir la voie à un avenir florissant pour des millions de jeunes Marocains. Dans le même temps, le pays se trouve dans une période de transition pendant laquelle des améliorations importantes sont en cours, à la fois pour la qualité du travail de jeunesse et pour la participation active des jeunes à la vie politique et sociale, à l’échelle locale comme au niveau national. Cela offre donc des opportunités intéressantes et sans précédent, non seulement pour les jeunes Marocains mais aussi pour les échanges internationaux et la coopération dans la région euro-méditerranéenne.

Environ 30% de la population marocaine a entre 15 et 29 ans. Si ce potentiel gigantesque est une formidable opportunité pour la société, il suscite aussi des défis urgents. Un grand nombre de jeunes Marocains sont illettrés ; seuls 25% des jeunes ont eu accès à l’enseignement secondaire ; plus de la moitié de la population de cet âge n’est

ni dans le système scolaire, ni sur le marché du travail, ni en formation ; être jeune, urbain et de sexe féminin ne fait qu’accroître la probabilité d’être au chômage ; environ 88% des jeunes qui travaillent n’ont pas de contrat. C’est principalement le mécontentement de la jeunesse qui avait déclenché le Mouvement dit « du 20 Février », étincelle à l’origine du « Printemps Marocain » de 2011 – entraînant des réformes politiques et législatives importantes telles que la rédaction d’une nouvelle Constitution qui a considérablement raffermi le rôle de la jeunesse et l’importance d’une participation active des jeunes. En avril 2014, le Ministère de la Jeunesse et des Sports adopte une stratégie nationale et intégrée pour la jeunesse, après de nombreuses consultations de jeunes et d’ONG à travers tout le pays. Au Maroc, la compétence en matière de politique de jeunesse est surtout celle du gouvernement, bien que les collectivités locales disposent de certains pouvoirs et responsabilités en matière de mise en œuvre de telles politiques, en particulier en associant les jeunes aux politiques locales. Par cette nouvelle stratégie, le gouvernement vise à développer de plus grandes opportunités économiques pour les jeunes, un meilleur accès et une qualité accrue des services de base ainsi que la promotion de la participation active des jeunes dans la vie civique et sociale comme dans le processus décisionnel. Même si la mise en place de cette nouvelle stratégie se fait encore attendre, l’engagement et les ambitions du gouvernement sont prometteurs. Une part importante de cette stratégie ambitieuse est consacrée à l’amélioration du travail de jeunesse au Maroc. Le travail de jeunesse à l’échelle gouvernementale est essentiellement concentré dans cinq cents maisons de jeunes à travers le pays qui offrent aux associations de jeunesse un

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Synthèse

Table des Matières

Synthèse 3 Introduction 41. Etre jeune au Maroc 61.1 Statistiques générales 6 1.2 Education 81.3 Emploi 91.4 Politique 112. La politique de jeunesse au Maroc 12 2.1 Compétences respectives de l’échelon national et de l’échelle locale 122.2 Stratégie Nationale pour la Jeunesse (2015- 2030) 133. Le travail de jeunesse au Maroc 14 3.1 Le travail de jeunesse au niveau gouvernemental 143.2 Le travail de jeunesse non-gouvernemental 163.3 Travail de jeunesse et apprentissage non-formel 174. La participation des jeunes au Maroc 184.1 Contexte 184.2 La participation politique des jeunes 194.3 La participation à travers l’entrepreneuriat social 224.4 Renforcement des capacités des jeunes 24

5. Conclusion 28 Programme de la visite d’étude 30 Repères bibliographiques 34

éducatif et pédagogique ainsi que les défis• la participation des jeunes au Maroc : opportunités et défis• quelques exemples de bonnes pratiques en matière de travail de jeunesse et de participation des jeunes.

Les recherches pour cette étude se sont faites sur trois fronts : recherche documentaire - principalement à partir de rapports et de publications d’organisations marocaines et internationales, visites sur le terrain de diverses initiatives et organisations de jeunesse pendant la visite d’étude et entretiens en tête-à-tête avec des

experts du travail et des politiques de jeunesse et de la participation des jeunes au Maroc.

Notre but est de brosser un tableau complet de la situation de la politique et du travail de jeunesse ainsi que de la participation des jeunes au Maroc. Elle ne prétend cependant pas être exhaustive du fait de ressources en temps limitées et du nombre restreint d’organisations visitées et d’experts interrogés. Nous nous sommes efforcés de mettre en lumière la situation générale, les difficultés et les opportunités ainsi

que les exemples remarquables de travail de jeunesse et de participation de jeunes que nous avons identifiés. Toutefois, il importe de garder à l’esprit que la société marocaine et sa jeunesse, composante essentielle, sont en pleine mutation et évoluent très vite. Cette publication devra donc être considérée comme un instantané du Maroc actuel.

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Le Maroc, comme de nombreux autres pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, traverse actuellement une période historique de transition. Dans le sillage des évènements du « Printemps Marocain » - les Marocains ne l’appellent pas « Printemps Arabe » du fait de l’importante minorité amazighe du pays – le paysage politique, économique et social du royaume évolue très rapidement. Dans ce contexte, cet article a pour but de présenter la situation du travail et des politiques de jeunesse au Maroc en apportant un éclairage particulier sur la participation des jeunes, surtout à l’échelon local. Il s’insère dans une collection qui apporte une réflexion approfondie sur les problèmes et les défis auxquels le travail de jeunesse doit faire face dans le cadre euro-méditerranéen. Ce rapport est le fruit d’une visite d’étude effectuée au Maroc en septembre 2014, organisée par le Centre de Ressources SALTO-YOUTH EuroMed et l’Agence Nationale italienne chargée du programme Erasmus+, en coopération avec l’Unité Régionale de Renforcement des Capacités (RCBS-CATSAM) pour le Programme EuroMed Jeunesse IV et l’association marocaine Thaqafat.

Ce rapport apportera des éléments d’information sur :• la situation des jeunes Marocains• les politiques de jeunesse au Maroc• le travail de jeunesse au Maroc : contexte

Introduction

Préparation d’un couscous avec les femmes d’une coopérative locale

Volontaires de l’association Raheem (par Frouke Adema)

Comme dans la plupart des pays de la rive sud de la Méditerranée et de la région arabe, la population marocaine est plutôt jeune. Quelque 30% des Marocains ont entre 15 et 29 ans, soit 9 à 10 millions de personnes (voir tableau n°1). Etre jeune au Maroc est une réalité difficile à décrire du fait des disparités importantes entre jeunes femmes et jeunes hommes , entre jeunes urbains et jeunes ruraux, entre ceux qui ont eu accès à l’éducation et ceux dont le niveau d’études est faible. Néanmoins, on peut affirmer que la situation de la jeunesse marocaine semble traversée par deux tendances : d’un côté les jeunes rencontrent des problèmes majeurs, le plus important étant une éducation de mauvaise qualité et un taux de chômage élevé. Ainsi, lorsqu’on demande aux jeunes ce qui les inquiète pour l’avenir, ils sont plus de 80% à citer le chômage, la hausse du coût de la vie et un moindre revenu disponible parmi leurs préoccupations principales. D’un autre côté, la société marocaine en général, et le secteur de la jeunesse (formel et non-formel) en particulier observent ces dernières années des opportunités pour les jeunes en constante progression. Commençons par la situation actuelle des jeunes au Maroc.

La méthodologie de cette étude associée à la plupart des organisations internationales, de concert avec le Haut Commissariat marocain au Plan, définit la jeunesse comme une période comprise entre 15 et 24 ans. Sur la base de cette définition, les jeunes représentent presque 20% de la population marocaine. Cependant, le Ministère marocain de la Jeunesse et des Sports considère comme « jeunes » les gens âgés de 15 à 29 ans. Dans ce cas, les jeunes représentent 30% de la population

1.1 Statistiques générales

Environ la moitié des jeunes vivent en zone urbaine (55% d’entre eux). Dans leur grande majorité, ils sont célibataires (97% des jeunes hommes, 77% des jeunes femmes) et vivent avec leurs parents (93% des jeunes hommes, 69% des jeunes femmes). Au total, les jeunes représentent 44% de la population en âge de travailler au Maroc. En partie du fait d’un taux de chômage élevé, près de 600 000 jeunes sont directement touchés par la pauvreté. En outre, environ 1,7 million de jeunes sont à risque de pauvreté, principalement dans les régions rurales (75%).

L’illettrisme est un problème majeur au Maroc. Bien que ce phénomène frappe surtout les plus âgés, les taux de littératie restent très bas parmi les jeunes. D’après le Ministère de la Jeunesse et des Sports, plus d’1,6 million de jeunes souffrent d’illettrisme, majoritairement (70%) en

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Des élèves dans la salle de classe de l’association Amal Salé

1. Etre jeune au Maroc

milieu rural.

Au cours des trente dernières années, le taux de natalité au Maroc n’a cessé de chuter, passant de 48‰ en 1985 à 24‰ en 2007. En conséquence, le taux de croissance de la population a reculé, passant de 2,2% à 1,2% sur la période. Dans un avenir proche, le Maroc sera donc confronté à une importante transition démographique avec une baisse considérable de la proportion de sa population considérée comme jeune.

La pyramide des âgesau Maroc

5000 4000 3000 2000 1000 0 0 1000 2000 3000 4000 5000

90-104

75-89

60-74

45-59

30-44

15-29

0-14

HOMMES FEMMES

La pyramide des âges au Maroc (source : Banque Mondiale, 2012)

Les jeunes et le droit• L’âge légal du vote est de 18 ans, comme dans tous les Etats membres de l’UE.• L’âge légal du mariage est de 18 ans, pour les hommes comme pour les femmes. Jusqu’à l’adoption, en 2004, du Code de la Famille révisé (Mudawana), les filles pouvaient être mariées dès l’âge de 15 ans.• L’âge légal de la responsabilité pénale est de 18 ans.• La scolarisation est obligatoire – et gratuite – pour les enfants de 6 à 14 ans.• Le système juridique dispose d’un Code spécifique pour les mineurs, supervisé par des juges pour enfants.• Les droits de l’enfant font l’objet d’une protection juridique dans le respect des accords internationaux signés par le Maroc, y compris la Convention des Droits de l’Enfant.

Tableau 1

marocaine avec une répartition égale entre les hommes et les femmes. A titre de comparaison, les jeunes ne représentent que 19% de la population de l’Union Européenne (15 - 29 ans).

En emploi

Au chômage

Inactifs – démotivés

Inactifs – autres raisons

Hommes

59%

16%

15%

10%

Femmes

12%

6%

19%

63%

Total

36%

12%

17%

35%

Tableau 3

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1.2 Education

Tous

6%

2%

61%

26%

5%

Hommes

Urbains

2%

1%

53%

36%

9%

Ruraux

10%

5%

70%

14%

2%

V

Toutes

17%

1%

51%

24%

7%

V

Femmes

Urbaines

6%

1%

45%

37%

12%

V

Rurales

30%

1%

59%

8%

1%

V

Total

11%

1%

56%

25%

6%

Ecole coranique et enseignementpréscolaire

Aucune instruction

Etudes supérieures

Enseignementsecondaire (lycée)

Ecole primaire et collège

rurales restent béants. Par exemple, au niveau du collège, le taux de scolarisation des garçons vivant en ville s’élève à 79% contre seulement 26% des filles en milieu rural. Cet écart entre les sexes reflète aujourd’hui encore les normes sociales et culturelles qui, notamment en milieu rural, handicapent les filles.

Malgré des taux de scolarisation en progression, les taux d’abandon scolaire restent élevés. Seuls 25% des jeunes Marocains ont terminé l’enseignement secondaire jusqu’au niveau du baccalauréat, prérequis pour ceux qui veulent étudier à l’université ou trouver un travail (voir tableau n°2). Dans les zones rurales, seuls 14% des garçons et 8% des filles ont suivi une scolarité au niveau secondaire. A cet égard, ce sont les filles vivant en zone urbaine qui s’en sortent le mieux : près de la moitié d’entre elles ont terminé leur scolarité au niveau secondaire ou dans l’enseignement supérieur. Au total, 11% des jeunes Marocains n’ont pas du tout fréquenté l’école. Et si cela ne concerne « que » 6% des jeunes hommes, cette proportion atteint 17% des jeunes femmes et même 30% d’entre elles en milieu rural.

En plus de la problématique d’accès à l’éducation, la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage est un défi majeur pour le système éducatif marocain. Malgré des efforts

Niveau d’instruction des Marocains âgés de 15 à 24 ans (source : Haut Commissariat au Plan, 2012).

qui décrivent une réalité similaire. Lorsque l’on considère la part des jeunes Marocains (15-29 ans) qui ne sont ni scolarisés ni en formation, plus de 40% des jeunes hommes sont au chômage ou inactifs – ce chiffre atteint près de 90% pour les jeunes femmes.

En 1999, le – alors nouveau – Roi Mohammed VI proclame la « Décennie de l’Education ». Son objectif principal est d’améliorer la qualité de l’enseignement public au Maroc. Les problèmes en la matière sont alors décourageants : de grandes disparités entre garçons et filles comme entre régions (urbaines et rurales), un taux élevé d’abandon scolaire et une mauvaise transition entre le système scolaire et le marché du travail. Les Marocains ne font alors absolument pas confiance à leur système scolaire public. Toutefois, grâce aux efforts accrus du gouvernement, le système éducatif public a considérablement progressé au cours des quinze dernières années.

La priorité majeure du gouvernement marocain était de rendre l’enseignement public plus accessible – d’où des améliorations substantielles. Le taux de scolarisation en primaire est passé de 52% à 98% en une décennie. Des améliorations similaires ont été réalisées dans le secondaire au niveau du collège (de 18% à 57%) et du lycée (de 6% à 32%). Ainsi, un nombre plus important de jeunes âgés de 15 à 21 ans ont été scolarisés (89%) par rapport à leurs concitoyens âgés de 22 à 29 ans (74%). Cela vaut à la fois pour les garçons et pour les filles, en zone urbaine comme en milieu rural. C’est pour les filles vivant à la campagne que l’amélioration a été la plus impressionnante. Tandis que seules 40% des femmes âgées de 22 à 29 ans et vivant en milieu rural sont allées à l’école, cette proportion atteint 73% chez celles de 15 à 21 ans.

Néanmoins, les fossés entre garçons et filles comme entre zones urbaines et

Tableau 2

1.3 EmploiJusqu’en 2010, le Maroc jouissait d’une croissance économique régulière, à environ 4% par an en moyenne. Ces dernières années pourtant, la croissance a ralenti, principalement sous l’effet d’une conjoncture économique mondiale dégradée. Bien que le taux de chômage ait chuté pendant la dernière décennie, passant de 13% en 2000 à 9% en 2009, les taux n’ont pas diminué dans les mêmes proportions pour tous les segments de population. Ainsi, le chômage des jeunes reste élevé. Le ratio de jeunes au chômage par rapport à l’ensemble des demandeurs d’emploi a même augmenté, passant de 1,5 environ en 2011 à plus de 2 en 2011. Selon le Ministère marocain de la Jeunesse et des Sports, plus de la moitié (51%) des jeunes (15-29 ans) ne sont ni scolarisés, ni en formation ni en emploi (on les appelle NEETs en anglais : Not in Education, Employment, or Training). A titre de comparaison : dans l’Union Européenne, quelque 15% des jeunes relèvent de la catégorie des NEETs. Dans leur grande majorité, ces NEETs sont inactifs, c’est à dire ni disponibles pour travailler ni en recherche d’emploi, principalement parce qu’ils sont complètement démotivés. Le chômage des jeunes est un problème crucial, particulièrement en milieu urbain. Si l’on calcule le chômage des jeunes à partir de la proportion de jeunes actifs sur le marché du travail (ce qui laisse de côté les jeunes inactifs), on constate que 31% des jeunes hommes et 42% des jeunes femmes sont au chômage. Ce taux descend à 13% pour les jeunes hommes et à 20% pour les jeunes femmes en milieu rural. La Banque Mondiale fournit d’autres statistiques

considérables de la part du gouvernement, sa qualité reste faible au regard des normes internationales. Les performances en matière d’apprentissage sont faibles et ne sont pas suffisamment en adéquation avec le marché du travail.

Rappelons-le, une grande majorité d’entre eux est inactive. En matière de formation, les disparités entre hommes et femmes sont aussi très importantes sur le marché du travail. Tandis que 10% des hommes qui ne sont pas en formation sont inactifs « pour d’autres raisons », cette proportion atteint 63% pour les jeunes femmes. Une recherche de la Banque Mondiale apporte un éclairage nouveau sur cette catégorie « inactifs pour d’autres raisons » : les jeunes femmes font état d’obstacles bien plus nombreux que les hommes sur le chemin de l’emploi. Plus de la moitié d’entre elles a affirmé que la principale raison expliquant leur refus de travailler était l’opposition de leur mari et/ou de leurs parents (54%). Elles sont plus de 11% à avoir invoqué les normes de la société comme raison principale et 23% ont indiqué qu’elles avaient fort à faire à la maison. Le chômage des jeunes est généralement de nature structurelle. D’après les statistiques du Fonds Monétaire International (FMI), environ les deux tiers des jeunes sans emploi sont au chômage depuis plus d’un an. Ce taux est même plus élevé chez les jeunes femmes et chez les jeunes qui vivent en milieu urbain. Le

Statut de la population active marocaine âgée de 15 à 29 ans (source : Banque Mondiale, 2012).

1.4 Politique

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dans ce cas sont sans emploi. Plus leur niveau d’études augmente, plus il est probable que les jeunes cherchent du travail et relèvent des statistiques sur le chômage par rapport aux jeunes au niveau d’instruction plus sommaire et chez qui les niveaux d’inactivité sont plus élevés. En résumé, la probabilité d’être au chômage est plus élevée chez les jeunes femmes et les jeunes urbains, et elle augmente chez les jeunes plus diplômés. Etre jeune, instruit, urbain et femme augmente la probabilité d’être au chômage – découverte qui indique plusieurs contraintes qui pèsent sur le marché du travail marocain : barrières à l’entrée, retour sur investissement éducatif limité, pénurie d’emplois et de compétences adaptées au marché, ainsi que stéréotypes et restrictions fondées sur des normes culturelles. Et si la probabilité qu’un jeune soit au chômage augmente avec son niveau d’études, les chiffres totaux révèlent que le noyau dur des jeunes chômeurs est en réalité doté d’un niveau scolaire très bas ou que ces jeunes figurent parmi les moins instruits. Moins de 5% des jeunes chômeurs ont fréquenté un établissement secondaire ou de l’enseignement supérieur, et environ 16% a un niveau secondaire. Près de 80% des jeunes sans emploi ont un niveau scolaire inférieur au secondaire voire absolument aucune instruction. Quand on examine le type d’emplois qu’occupent les jeunes Marocains, il s’avère que la moitié d’entre eux sont salariés d’entreprises privées. Les emplois publics sont rares – seuls 5% des jeunes travailleurs sont ainsi salariés, et ce bien que ces postes aient leur préférence. La plupart des jeunes Marocains souhaitent travailler dans la fonction publique. Trois raisons à cela : un tel poste peut leur être acquis ad vitam aeternam, il leur offre une stabilité et est réputé moins exigeant. Seuls 13% des jeunes Marocains sont travailleurs indépendants.

Après avoir été un protectorat français pendant la première moitié du vingtième siècle, le Maroc accède à l’indépendance en 1956. Une monarchie constitutionnelle est alors instaurée, sous la dynastie alaouite qui prétend descendre directement du Prophète Mahomet. Le roi du Maroc porte donc le titre de « Commandeur des Croyants ». De 1961 à 1999, le Roi Hassan II règne sur le Maroc. Le Maroc connaît alors de longues périodes de troubles politiques et sociaux ainsi qu’une répression sévère de la part des autorités. La période qui s’étend jusqu’aux années 1980 est baptisée « les Années de Plomb », notamment entre les anciens opposants au roi. Dans les années 1990, des réformes politiques sont progressivement mises en œuvre. A la mort de Hassan II en 1999, c’est son fils Mohammed VI qui accède au trône. Plus jeune et élevé dans un contexte différent de la génération paternelle, il adopte un mode de leadership différent de celui de son père. Mohammed VI promet d’éradiquer la pauvreté et la corruption, de créer des emplois et d’améliorer la situation des droits de l’Homme au Maroc. En 2004, il met sur pied une commission nationale de réconciliation, Instance Equité et Réconciliation, qui enquête sur les violations des droits de l’Homme commises sous le règne de son père. La même année, il promulgue un nouveau Code de la Famille (Mudawana) qui améliore le statut

des femmes. Grâce à ces réformes politiques et sociales, Mohammed VI est un monarque populaire. Sa popularité provient en partie de son image de citoyen « ordinaire » : il apparaît régulièrement en public avec son épouse, la princesse Salma – ce que son père n’avait jamais fait.En 2011, le monde arabe assiste à une grande vague de soulèvements et de mécontentement populaire, de manifestations géantes et de mouvements révolutionnaires qui trouveront leur apogée dans la fin des régimes autoritaires de Tunisie, d’Egypte et de Libye. Le 20 février 2011, des milliers de jeunes se réunissent dans les grandes villes marocaines comme Rabat, Casablanca, Tanger et Marrakech pour exiger des réformes politiques, plus d’emplois et la fin de la corruption généralisée. Etant donné le grand nombre de jeunes rassemblés pour participer à ces manifestations, elles ont été appelées le « Mouvement du 20 Février ». La réponse du roi ne s’est pas faite attendre : le 9 mars 2011, il prononce à la télévision nationale un discours désormais célèbre dans lequel il annonce des réformes politiques majeures : transfert des pouvoirs du Roi au Parlement et à la Justice, rédaction d’une nouvelle Constitution et élections législatives anticipées. Il met sur pied une « Commission consultative » en vue de réviser la Constitution marocaine. Pour la première fois dans l’histoire du pays, ces consultations incluent des organisations de la société civile qui soumettent plus de deux cents propositions.Le 1er juillet 2011, les Marocains votent pour leur nouvelle Constitution à travers un référendum national. Cette nouvelle Constitution contient des réformes importantes. Le roi doit nommer un Premier Ministre issu du parti vainqueur des élections législatives. Les femmes se voient garantir l’égalité civique et sociale avec les hommes. Tous les citoyens peuvent jouir de leur liberté de pensée, de conscience, d’expression artistique et créative, et la langue amazighe (berbère) devient une langue officielle du

FMI donne trois raisons principales au taux de chômage élevé chez les jeunes : tout d’abord, le nombre d’emplois disponibles pour les jeunes a diminué (de 1,2% sur la période 2000-2010) ; ensuite, les jeunes Marocains ont généralement reçu une formation d’un niveau plus élevé que les autres demandeurs d’emploi – leur niveau d’attente est donc plus haut mais pas en phase avec les opportunités du marché du travail. A ce jour, l’économie marocaine n’a pas réussi à créer suffisamment d’emplois très qualifiés. Dans le même temps, on observe une répartition déséquilibrée des étudiants dans différentes filières scientifiques. Par exemple, seuls 7% des étudiants de l’enseignement supérieur terminent un cursus d’ingénieur – ce qui a entraîné un déficit des compétences les plus demandées dans le secteur privé au Maroc. Enfin, le marché du travail marocain est extrêmement rigide et tend à bloquer plutôt qu’à faciliter l’intégration de nouveaux salariés sur le marché.Lorsque l’on fait le lien entre chômage et niveau d’éducation, on s’aperçoit que la vulnérabilité au chômage augmente avec l’éducation.

Cette exposition au risque de chômage s’avère plus importante pour les hommes comme pour les femmes issus de l’enseignement secondaire. Presque un tiers des jeunes hommes et la moitié des jeunes femmes

Le marché du travail marocain comprend un vaste secteur informel. Environ 88% des jeunes qui travaillent le font sans contrat, ce qui a des conséquences en matière de sécurité sociale et de couverture santé : seuls 11% des jeunes salariés cotisent à la sécurité sociale et seuls 10% sont couverts par une assurance santé. Dans les zones rurales, le secteur formel ouvert aux jeunes hommes est très limité (6%) et quasiment inexistant pour les jeunes femmes.

Aucune instruction

Scolarité primaire

Scolarité jusqu'au collège

Scolarité secondaire (lycée)

Etudes supérieures

Hommes

14%

17%

27%

33%

29%

Femmes

19%

34%

47%

50%

25%

Taux de chômage des jeunes Marocains âgés de 15 à 29 ans en fonction de leur niveau d’éducation (source : Banque Mondiale, 2012).

Tableau 4

2.2 Stratégie Nationale de la Jeunesse (2015-2030)

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pays. Toutefois, il n’est toujours pas permis de critiquer ni de s’opposer directement au roi. En novembre 2011, les Marocains élisent un nouveau Parlement au cours d’élections anticipées. Pour la première fois, le Parti – islamique - de la Justice et du Développement (PJD) remporte les élections. Son chef, Abdelilah Benkirane, est depuis lors Premier Ministre du Maroc. Non seulement la nouvelle Constitution promeut des réformes sur le plan légal, mais elle change aussi la conscience politique au Maroc. Avant 2011, les Marocains en tant que groupe ne s’intéressaient guère à la politique et n’en parlaient quasiment jamais. La rédaction d’une nouvelle Constitution a suscité un grand débat au sein de la société civile sur la situation politique ainsi que sur les droits politiques, sociaux et civiques. La nouvelle Constitution a aussi ouvert de nouvelles opportunités pour le travail de jeunesse, notamment en institutionnalisant le concept de participation des jeunes et en créant officiellement le Conseil Consultatif de la Jeunesse et de l’Action Associative (CCJAA) qui permet à des représentants du gouvernement et de la société civile de débattre des questions de jeunesse.

Au Maroc, la jeunesse est un domaine politique largement centralisé et de compétence nationale. Depuis 2011, la politique de jeunesse connaît des évolutions majeures - la plus récente étant l’adoption en avril 2014 de la Stratégie Nationale Intégrée de la Jeunesse.

Historiquement, le royaume marocain est un Etat très centralisé dont les provinces et les communes n’ont que des pouvoirs limités. Cependant, au cours de la dernière décennie, les collectivités locales et régionales se sont vu transférer davantage de pouvoir et des responsabilités plus importantes. La Constitution de 2011 dispose en effet que « l’organisation territoriale du royaume est décentralisée » sur la base d’une « régiona-lisation avancée ». Dans le champ du développement écono-mique et social, le conseil communal a compétence pour définir un plan communal de développement sur six ans. La jeunesse en tant que champ de politique publique relève de ce plan. La nouvelle Constitution impose la prise en compte des préoccupations des jeunes dans les budgets et programmes des collectivités locales. Les conseils communaux ont donc obligation d’associer les jeunes au processus décisionnel, à travers les associations et les conseils municipaux de jeunes. Toutefois, à l’échelle locale, la politique de jeunesse est peu développée au Maroc et consiste essentiellement en mesures prises par les maisons des jeunes, aux côtés de quelques programmes et activités menés par des organisations internationales. En général, c’est au Ministère de la Jeunesse et des Sports

Les jeunes et la nouvelle Constitution

Deux articles de la Constitution de 2011 sont particulièrement importants pour les jeunes et pour le secteur de la jeunesse. L’article 33 dispose qu’il « incombe aux pouvoirs publics de prendre toutes les mesures appropriées en vue d’étendre et de généraliser la participation de la jeunesse au développement social, économique, culturel et politique du pays ». Il prévoit également la création d’un Conseil Consultatif de la Jeunesse et de l’Action Associative. L’article 170 développe le rôle de ce Conseil chargé de « formuler des propositions sur tout sujet d’ordre économique, social et culturel intéressant directement les jeunes »

2. La politique dejeunesse au Maroc

En avril 2014, le Conseil de Gouvernement du Maroc donne son feu vert à la première Stratégie Nationale Intégrée de la Jeunesse de l’Histoire du pays. Le processus d’élaboration de cette stratégie a pris près de cinq ans et impliqué des dizaines de partenaires, au Maroc et ailleurs. Dans le sillage de la nouvelle Constitution, le Ministère de la Jeunesse et des Sports avait lancé en 2012 un appel au Dialogue National pour la Jeunesse avec deux points principaux à l’ordre du jour : l’élaboration d’une stratégie nationale de la jeunesse et la création d’un Conseil Consultatif de la Jeunesse créé par la Constitution sans qu’en soient affinés les détails. Le gouvernement a activement recherché la participation des jeunes à la rédaction de la stratégie nationale de la jeunesse à travers le Dialogue National pour la Jeunesse. A travers des conférences nationales, des forums régionaux, des réunions de commissions et des questionnaires, le Ministère de la Jeunesse et des Sports a invité les jeunes à donner leur point de vue sur les domaines prioritaires et les défis essentiels. On estime à environ 27 000 le nombre de jeunes qui ont pris part à l’évènement final organisé en septembre 2012, le ministère a travaillé en étroite collaboration avec des organisations de la société civile et des organisations de jeunesse – l’objectif étant de donner à tous les jeunes l’occasion démocratique de participer au processus décisionnel. La méthodologie et l’approche utilisées

pour ces consultations ont fait l’objet de critiques acerbes, principalement de la part d’organisations de la société civile et d’ONG de jeunesse. Tous les acteurs et parties prenantes importantes en matière de jeunesse n’ont pas été consultés lors de l’élaboration de la stratégie nationale de la jeunesse. Malgré les chiffres fournis par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, des questions légitimes ont ainsi été soulevées concernant le niveau d’inclusion des consultations et la mesure dans laquelle les jeunes Marocains ont été représentés au cours du processus décisionnel. La Stratégie Nationale de la Jeunesse part du principe que « tous les jeunes hommes et femmes au Maroc ont les capacités et opportunités pour réussir la transition à la vie adulte à travers une éducation de qualité, l’accès à un emploi digne, des services de santé appropriés, et la participation active dans la vie politique, sociale, et culturelle.» Une attention particulière est portée aux jeunes qui ont des besoins spécifiques et aux jeunes chômeurs. La stratégie vise à intégrer les stratégies et programmes existants des différents ministères et services. A ce jour, il s’avère difficile d’évaluer l’impact des efforts du gouvernement, faute de coordination. Avec cette nouvelle approche intersectorielle et intégrée, le Ministère de la Jeunesse et des Sports vise à faire de la jeunesse une priorité essentielle de toutes les politiques publiques. Dans cette stratégie, le gouvernement identifie cinq « axes stratégiques » ou domaines clés pour les quinze prochaines années : 1. Augmenter les opportunités économiques pour les jeunes et promouvoir leur employabilité2. Accroître l’accès et la qualité de services de base pour la jeunesse et réduire les disparités géographiques3. Promouvoir la participation active des jeunes dans la vie sociale, civique et la participation dans la prise de décision4. Promouvoir le respect des Droits de l’Homme5. Renforcer les dispositifs institutionnels de communication, d’information, d’évaluation et de gouvernance

2.1 Compétences respectives de l’échelon national et de l’échelon local

qu’il incombe de développer et de mettre en place une politique de jeunesse. Cela comprend la mise en œuvre de programmes socio-éducatifs pour les enfants et les jeunes, la promotion de la coopération régionale et internationale dans le champ de la jeunesse ainsi que le soutien à la recherche et à sa préparation.

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Pour chacun de ces domaines clés, la stratégie définit les mesures nécessaires en termes de politiques publiques. Sont listées au total 62 mesures prioritaires pour la période 2015-2020, suivies de 75 autres mesures pour la période qui s’étend jusqu’en 2030. La stratégie adopte une approche territoriale qui prend en compte les grandes disparités géographiques du pays. La mise en place de ces mesures politiques sera facilitée par un Plan d’Action (2015-2030) qui précisera en détail les mesures prioritaires, les indicateurs d’évaluation des résultats, les responsabilités des parties et le cadre financier. Ce Plan d’Action n’a pas encore été élaboré. Actuellement, le Ministère de la Jeunesse et des Sports est chargé de la coordination de l’élaboration de la stratégie et du Plan d’Action. Une fois ce dernier établi, le Conseil Consultatif de la Jeunesse et de l’Action Associative assumera cette responsabilité. A travers ce Conseil, le gouvernement marocain vise à offrir aux jeunes un forum de participation à la vie économique, sociale et politique du pays. La Stratégie Nationale de la Jeunesse est prometteuse, du moins sur le papier. Seule la traduction opérationnelle dans les années à venir montrera si elle améliorera ou non la situation des jeunes. Quel qu’en soit le résultat, l’élaboration de cette stratégie est importante pour le travail de jeunesse et la participation des jeunes au Maroc. Avant tout, le gouvernement marocain s’est fermement engagé à investir dans la jeunesse, le travail de jeunesse et la participation des jeunes. Cet engagement est fondé sur la reconnaissance de la valeur des jeunes pour la société et du besoin d’investir en eux. De plus, l’approche intégrée vise à associer les jeunes et le secteur de la jeunesse à tous les domaines de politiques publiques, pas seulement en tant que champ politique isolé et unique – ce qui devrait permettre aux programmes gouvernementaux d’être mieux adaptés aux besoins des jeunes. Enfin, la participation active des jeunes à la prise de décision et leur rôle dans l’élaboration de politiques et de programmes ont été clairement reconnus et établis.

Le travail de jeunesse au Maroc revêt deux formats différents : d’un côté celui encadré par le gouvernement et qui consiste principalement à faciliter les activités des jeunes via les maisons des jeunes, de l’autre le travail de jeunesse non gouvernemental qui repose sur un réseau très dense d’associations, d’ONG de jeunesse et d’activités de volontariat dans tout le pays. Les méthodologies et le niveau de qualité de chacun de ces formats diffèrent considérablement.

3.1 Le travail de jeunesse au niveau gouvernemental

Le principal outil du gouvernement pour soutenir et mettre en place le travail de jeunesse au Maroc est son réseau de maisons des jeunes. Lien direct entre le gouvernement et le secteur de la jeunesse, ce réseau de quelque cinq cents structures a plusieurs objectifs : • soutenir le développement des jeunes via une prise en charge individuelle et un tutorat par des travailleurs sociaux ; • soutenir et renforcer les capacités des organisations de jeunesse enregistrées ; • encourager l’inclusion sociale et la participation en impliquant dans les activités des jeunes des alentours issus de différents milieux culturels et sociaux.

La fonction principale de ces maisons des jeunes est de soutenir et de favoriser des programmes et des activités menés par des associations et ONG de jeunesse locales, notamment en matière de sport, de théâtre, de musique et d’activités ludiques. Les maisons des jeunes ne mettent pas directement de

programme en place, hormis les programmes à grande échelle impulsés par le Ministère de la Jeunesse et des Sports. En général, ces structures offrent aux ONG locales, moyennant finances, les moyens matériels d’effectuer leurs propres activités. Pour pouvoir bénéficier des services proposés par les maisons des jeunes, les ONG doivent être officiellement enregistrées.

Plusieurs raisons expliquent pourquoi ces structures ne fonctionnent pas très bien. Tout d’abord, l’accessibilité des maisons des jeunes est très limitée puisqu’il n’y en a que cinq cents dans tout le pays pour répondre aux besoins de ses neuf à dix millions de jeunes. En outre, elles sont inégalement réparties à travers le pays : de manière générale, les zones urbaines sont mieux couvertes que le milieu rural – certaines zones rurales semblent complètement délaissées. Entre les zones urbaines, les disparités sont aussi importantes : la ville d’El Khemisset, 110 000 habitants, compte seize maisons des jeunes tandis que Tanger, 700 000 habitants, n’en a que trois. D’après une étude de la Banque Mondiale, alors que 70% des jeunes connaissent l’existence de ces structures, 40% ont affirmé qu’il n’y en avait pas près de chez eux. Le nombre de maisons récemment construites est loin d’être suffisant – et ce surtout parce que, à la fin des années 1980, la responsabilité de bâtir de nouvelles structures a été déléguée aux collectivités locales dont la situation financière désespérée les a empêchées de faire de ces constructions une priorité. En outre, de nombreuses maisons manquent de moyens financiers. Le Ministère de la Jeunesse et des Sports les dote chacune d’un budget annuel de fonctionnement de 3 000 dirham (moins de 300 euros). Dans la plupart des cas, ce budget est complété par les contributions des ONG locales, mais leur budget total reste faible. Enfin, la majorité des maisons des jeunes sont mal équipées et hébergées dans des immeubles qui ne sont pas aux normes, particulièrement dans

les zones rurales. Elles sont sous - dotées en personnel et en moyens matériels tels que l’équipement, les salles de réunion et les installations sportives. Selon une recherche effectuée par l’Université Mohammed V de Rabat, seules 20% de ces maisons disposent d’un terrain de sport et 40% seulement ont un théâtre ou un espace d’exposition.

Le gouvernement a reconnu les carences du réseau des maisons des jeunes. Dans la Stratégie Nationale de la Jeunesse, le Ministère de la Jeunesse et des Sports souligne l’investissement nécessaire à l’amélioration de ce réseau. D’après ses services, 60% des structures ont été améliorées récemment, les autres seront réaménagées au cours des trois prochaines années. Les principaux besoins identifiés par le Ministère sont les suivants : proximité et accessibilité pour les jeunes, compétences des travailleurs de jeunesse, ressources financières et équipement, campagnes de communication et d’information pour sensibiliser les jeunes à l’existence de programmes et d’activités disponibles dans ces structures.En plus de favoriser le réseau des maisons des jeunes, le gouvernement marocain mène de grands programmes nationaux destinés aux jeunes. L’un des plus importants s’appelle « Vacances pour tous ». A travers ce programme, le Ministère de la Jeunesse et des Sports offre aux enfants et aux jeunes de tout le pays des activités éducatives et récréatives, principalement pendant les vacances d’été. Le Ministère vise ainsi à donner aux jeunes l’opportunité de participer à des activités éducatives et culturelles, de faire l’expérience de la vie collective et de connaître d’autres jeunes et d’autres régions du Maroc. Bien que le Ministère soit optimiste quant au nombre de jeunes qui participent à ces camps d’été, des retours négatifs ont été recueillis sur les programmes et activités proposés dans ce cadre. La critique porte sur le manque de vision pédagogique et sur les méthodologies d’éducation (non-formelle) développées.

3. Le travail de jeunesse au Maroc

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En général, la société civile marocaine est très bien développée et connue pour être l’une des plus diverses et dynamiques de la région. Suivant les estimations, on recense entre 30 000, 70 000 voire 100 000 associations enregistrées au Maroc. La liberté de s’associer est un droit constitutionnel reconnu depuis 1962. Contrairement à d’autres pays de la région, le Maroc a garanti formellement la liberté d’association sans aucune restriction constitutionnelle depuis 1996. Il s’agit également de l’un des rares pays à avoir formellement adopté dans sa législation le principe de déclaration des associations qui oblige seulement les ONG à informer les autorités de leur création afin d’être considérées comme légalement enregistrées. Depuis la fin des années 1980, lorsque l’ancien souverain perdait de sa mainmise sur la politique et la société, le secteur marocain des ONG connaît un essor considérable. Depuis l’avènement du roi Mohammed VI, de nombreuses associations et ONG ont été créées et la vie associative a bénéficié d’une série de changements politiques et juridiques intervenus ces dernières années. Toutefois, le dynamisme de la société civile est aussi lié à la méfiance envers le monde politique. Sous le règne du roi précédent, les Marocains n’avaient déjà pas confiance en la politique et, pire encore, redoutaient de s’impliquer dans la vie politique. Les parents interdisaient à leurs enfants de s’impliquer dans la vie politique de quelque façon que ce soit, par exemple en militant dans les (sections jeunes des) partis politiques – craignant qu’ils ne « disparaissent ». Le travail social et les activités des ONG étaient considérés comme sûrs, ce qui explique que tant de Marocains se soient tournés vers le secteur associatif pour s’impliquer auprès de leurs communautés. Le « Printemps Marocain » et le Mouvement du 20 Février ont stimulé le rôle actif joué par les jeunes au sein de la société. Ont ainsi émergé de nombreux groupes et organisations de protestation, ce qui a créé dans la sphère publique marocaine un « dynamisme sans précédent ».

Le travail de jeunesse non-gouvernemental joue un rôle majeur dans le secteur de la jeunesse au Maroc. On y trouve des milliers d’ONG de jeunesse et d’ONG qui œuvrent pour les jeunes. Une enquête de 2007 recensait plus de 5 000 associations de jeunesse. D’autres études avancent le chiffre de 8 000, ou plus. Quel que soit le chiffre exact, les ONG jouent un rôle essentiel dans le travail de jeunesse, rapprochant les sphères publique et privée, assumant la responsabilité des activités que le gouvernement est incapable ou non désireux d’assumer. Cependant, de grandes disparités subsistent parmi les associations de jeunesse et les ONG. La plupart sont petites et travaillent à l’échelle locale, pour une communauté spécifique. Certaines ONG ont des programmes nationaux et travaillent avec des réseaux d’organisations locales et régionales. Le champ d’intervention diffère d’une ONG à l’autre : sports, activités culturelles, renforcement des capacités des jeunes, conscience politique, cours de langues, entrepreneuriat et volontariat. Certaines ONG travaillent avec tout type de jeunes tandis que d’autres se concentrent sur des catégories spécifiques telles que les jeunes porteurs d’un handicap, les jeunes femmes ou les jeunes chômeurs. De nombreuses ONG de jeunesse sont coordonnées par les jeunes eux-mêmes alors que d’autres organisent des activités et des programmes à l’attention des jeunes. Enfin, la grande majorité des ONG dans le champ de la jeunesse s’appuie sur un immense réseau de volontaires. Certaines ONG et associations ont un statut particulier, elles sont officiellement reconnues d’utilité publique – statut par lequel l´État reconnaît formellement la contribution d’une organisation à l’intérêt général. Les associations dotées de ce statut bénéficient d’allègements fiscaux et d’autres avantages financiers. Elles peuvent recevoir legs et donations, et faire publiquement appel aux dons une fois par an. Dans certains cas, les associations interviennent en délégation de service public. Par voie de conséquence, toutes les associations et ONG de

jeunesse n’aspirent pas à la reconnaissance de leur utilité publique, craignant une interférence indirecte du gouvernement dans leurs activités. Les associations et ONG de jeunesse au Maroc font face à de nombreux défis. L’un des principaux est le manque de formation, à la fois des volontaires travaillant dans les associations et du personnel (rémunéré ou non), qui les appuie. Un grand nombre de volontaires n’est pas formé pour faire le travail qu´il assume en pratique dans les associations, par exemple auprès de jeunes ayant des besoins spécifiques, et la plupart des salariés ne sont pas formés à l’encadrement de volontaires, ce qui affecte souvent de manière négative la qualité du travail de jeunesse. Autre défi, lié au manque de formation : le manque de professionnalisme au sein des associations et des ONG de jeunesse. Le besoin de connaissances et d´expertise sur la façon de gérer une ONG et de travailler plus professionnellement est criant, y compris sur des aspects tels que la promotion des programmes, la planification des activités, la coordination des bénévoles, le suivi des activités et la dissémination des résultats des programmes. Enfin, on observe un manque de financement. Bien que le soutien du gouvernement aux ONG ait progressé ces dernières années – en partie à travers l’Initiative Nationale pour le Développement Humain lancée en 2005 par le roi Mohammed VI afin d’améliorer les conditions de vie des Marocains, de nombreuses organisations ne perçoivent toujours aucun financement pour mener à bien leurs activités. Les programmes internationaux et les fon-dations offrent aux ONG des opportunités intéressantes dans le secteur marocain de la jeunesse, que ce soit à travers des bourses, du volontariat pour les jeunes ou des possibilités de formation. Toutefois, le besoin d´une stratégie structurelle et impulsée depuis le Maroc se fait sentir, et ce pour améliorer le travail de jeunesse non-gouvernemental et renforcer les capacités des ONG de jeunesse, en particulier à plus long terme.

la Fondation Mohammed VLa Fondation Mohammed V pour la Solidarité constitue pour les ONG une source importante de financement nationale, mais non-gouvernementale. Cette fondation a été créée personnellement par le Roi Mohammed VI, qui en est toujours le président. Fidèle à sa devise, « Unis pour les plus démunis », elle vise à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Parmi ses activités figurent le soutien à des centres sociaux pour les jeunes et les femmes, la lutte contre l’illettrisme, des programmes éducatifs et un soutien humanitaire aux victimes de catastrophes naturelles. La Fondation elle-même tire ses ressources financières de donateurs réguliers, à la fois marocains et étrangers, et de la Campagne Nationale annuelle pour la Solidarité. Dans le cadre de cette campagne de levée de fonds, les Marocains sont invités à contribuer financièrement à l’œuvre de solidarité effectuée par la Fondation Mohammed V. Une somme d’argent impressionnante est collectée chaque année grâce à la popularité du roi.

3.3 Travail de jeunesse etapprentissage non-formel

La qualité du travail de jeunesse au Maroc, qu’il soit encadré par le gouvernement ou non-gouvernemental, laisse généralement à désirer, à l’exception de quelques excellentes pratiques ici et là. La raison principale de cette qualité médiocre tient au faible niveau scolaire. La formation requise pour devenir travailleur de jeunesse (pour le gouvernement) est assurée par l´Institut Royal de Formation des Cadres (IRFC). Cet Institut délivre des licences en Education de Jeunes Enfants et Animation Socioculturelle. Des diplômés de l’IRFC sont formés aux fonctions de directeurs de maisons de jeunesse, qu´ils exercent en tant que représentants du gouvernement. Ces « travailleurs de jeunesse » ne travaillent pas directement avec les jeunes mais gèrent les infrastructures et aident les associations locales

3.2 Le travail de jeunesse non-gouvernemental

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D’après une étude de la Banque Mondiale, les jeunes consacrent environ 90% de leur temps libre à des activités dites « non structurées » : en famille ou entre amis, à écouter la radio ou de la musique, ou encore à regarder la télévision. Les activités volontaires sont à peu près inexistantes et les jeunes passent très peu de temps dans des clubs, des associations ou des organisations de la société civile. On estime que seuls 10 à 15% des jeunes marocains sont membres ou engagés dans une association ou une ONG de jeunesse.

Ce faible niveau de participation des jeunes peut s’expliquer par plusieurs facteurs. Tout d’abord, ce type d’activités n’a aucune reconnaissance officielle au Maroc. Les jeunes ne reçoivent aucun certificat ni aucune forme de récompense pour leur engagement dans une association à caractère civique ou politique. Trouver un emploi étant l’un des combats majeurs des jeunes Marocains, l’engagement bénévole serait beaucoup plus attractif s’il était salué par une sorte de reconnaissance formelle. En même temps, on observe souvent un fossé entre les attentes et la réalité. Les jeunes se tournent vers les associations citoyennes pour une formation professionnelle ou pour des services de médiation pour leur accès au marché du travail, bien qu’un grand nombre d´associations ou d’ONG ne fournissent pas de tels services. Enfin, les jeunes n’ont souvent pas connaissance de l’existence d´organisations qui proposent de telles activités. L´accès à l´information est donc un défi important, tout particulièrement pour les jeunes défavorisés et les jeunes vivants en milieu rural. Jusqu’au début du 21ème siècle, la participation des jeunes au Maroc était très limitée. La plupart des ONG et des associations de jeunesse ont été créées au cours des dix dernières années. Certaines évolutions ont contribué au développement de la participation des jeunes – parmi eux, le Congrès Mondial de la Jeunesse, organisé en 2013 à Casablanca. Cette rencontre internationale rassemblant plus de 800 jeunes militants venus de plus de 120 pays a donné au travail de jeunesse et à la participation des jeunes au Maroc un véritable élan, en présentant

ces jeunes à de nombreuses ONG spécialisées. Cette rencontre a aussi stimulé la création d’un grand nombre d’organisations (locales) de jeunesse, gérées par les jeunes eux-mêmes, particulièrement autour de 2005/2006. Le processus de rédaction de la nouvelle Stratégie Nationale de la Jeunesse, initié en 2009, a également stimulé la participation des jeunes, tout au moins dans la vie politique et dans le processus de prise de décision. Au cours de nombreux forums et conférences régionaux et nationaux organisés dans ce cadre, des milliers de jeunes ont saisi cette opportunité pour se faire entendre des politiques et des décideurs. Enfin, le Mouvement du 20 Février, force motrice du « Printemps Marocain » de 2011, a énormément stimulé la participation active des jeunes. Mouvement principalement porté par la jeunesse, il a constitué un levier important pour l’engagement militant des jeunes. En outre, il a encouragé les ONG de jeunesse nouvellement constituées à coopérer et à tisser des réseaux d’organisations engagées dans la promotion de la participation active des jeunes. Cela a aussi entraîné une mise en réseau plus importante avec des ONG internationales de jeunesse. La nouvelle Constitution, adoptée en 2011, a fourni une base juridique solide pour une participation des jeunes à la fois accrue et améliorée et institutionnalisée le concept de participation des jeunes, non seulement à l’échelle nationale mais aussi à l’échelon local. Bien que la participation des jeunes n’ait cessé de gagner en importance dans le secteur marocain du travail de jeunesse, de nombreux défis subsistent. Tout d’abord, les capacités des jeunes eux-mêmes doivent être encore améliorées afin qu’ils puissent prendre des initiatives et jouer un rôle actif au sein de leur propre communauté. Il n´existe au Maroc aucun programme véritablement efficace qui prépare les jeunes à participer à la prise de décisions et à débattre publiquement des sujets qui les concernent. Ensuite, les autorités locales, les partis politiques et la société civile en général doivent faciliter davantage la participation

active des jeunes et reconnaître réellement leur importance. Enfin, les textes législatifs ainsi que les politiques nationales et locales – à l’instar de la Constitution, du Code Electoral et des règles applicables aux partis politiques, doivent être adaptés aux principes de la participation des jeunes et mis en œuvre de telle sorte qu’ils aient un impact concret sur la participation active des jeunes. Il manque une législation spécifique qui garantisse la participation active des jeunes aux politiques publiques et aux prises de décision, à l’échelle nationale comme à l’échelon local.

4. La participation des jeunes au Maroc

Historiquement, la participation des jeunes au Maroc a toujours été faible, bien que la situa-tion se soit quelque peu améliorée ces dernières années. Ce chapitre décrit quelques unes des tendances essentielles qui stimulent la participation des jeunes : une meilleure participation politique des jeunes, par exemple à travers les conseils communaux de jeunes, la participation des jeunes via l’entrepreneuriat ainsi qu’une progression et une amélioration de la participation par la construction de capacités, à la fois des jeunes et des associations.

4.1 Contexte

4.2 La participation politique des jeunesLa création des conseils communaux de jeunes est l’une des évolutions majeures qui a stimulé la participation des jeunes à la vie politique. Le Forum Méditerranéen de la Jeunesse et de l’Enfance (FOMEJE), organisation de jeunesse marocaine qui aide les jeunes à développer leurs compétences sociales, civiques, entrepreneuriales et politiques, en est l’un des principaux moteurs. Une part importante de son action consiste à l’empowerment (autonomisation) des jeunes au niveau local et à leur ouvrir un espace pour qu’ils expriment leurs préoccupations. Inspiré par des expériences internationales, FOMEJE a créé un conseil communal de jeunes dans la ville d’Assilah, au nord du Maroc, en partenariat avec la municipalité.

Deux jeunes filles à Assilah

à faire leur travail auprès des jeunes. Travailler ainsi pour le gouvernement signifie donc accéder à un poste très bureaucratique. Dans certaines maisons des jeunes, la hiérarchie est très stricte, certains directeurs considérant leur structure comme leur propriété. La plupart des travailleurs de jeunesse au Maroc, qu’il s’agisse des fonctionnaires formés ou des travailleurs sans formation gouvernementale, ne disposent pas de toutes les compétences et connaissances nécessaires pour promouvoir l’éducation non-formelle et le travail de jeunesse comme autant d’expériences d’apprentissage pour les jeunes. De telles compétences n’apparaissent guère dans le cursus de l’éducation formelle. La plupart des travailleurs et des leaders de la jeunesse n’ont pas eu accès à des formations de qualité sur le concept d´éducation non-formelle – phénomène relativement nouveau au Maroc. Certains travailleurs ont pu bénéficier principalement de programmes européens et acquérir les savoirs et aptitudes nécessaires à la mise en place de démarches d’éducation non-formelle au sein de leurs associations. Toutefois, il faudra plus d’investissement sur place pour améliorer la qualité du travail de jeunesse au Maroc.

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A travers le soutien qu’il apporte aux conseils communaux de jeunes, FOMEJE vise à préparer une nouvelle génération d´hommes et de femmes politiques et de décideurs, ainsi qu’à développer une politique locale d’inclusion des jeunes. Jusqu’à présent, les conseils communaux de jeunes ne disposent d’aucun cadre légal ou politique clair. La Charte Communale de 2009 ouvre un espace de dialogue entre la jeunesse et les municipalités à travers la création de commissions ad hoc auxquelles les jeunes peuvent participer. La stratégie nationale de la jeunesse exhorte les collectivités locales à développer et à soutenir les conseils de jeunes locaux, communaux et provinciaux. Elle souligne l’importance d’impliquer les jeunes dans chacun des aspects des politiques publiques locales, et ce à travers les conseils de jeunes et les organisations de jeunesse. Cependant, ces dispositions ne définissent pas clairement les mécanismes du dialogue et de la participation, laissés à l´appréciation des autorités locales. Une nouvelle loi est en cours d’élaboration afin de donner un cadre aux conseils communaux de jeunes. Les conseils communaux de jeunes visent à faire le lien entre les jeunes et les politiques locales. Ce rôle n’a rien d’évident et exerce une pression à la fois sur la relation avec la municipalité et sur la participation active des jeunes. En pratique, ces défis ont entraîné l’émergence de différents modèles de conseils communaux de jeunes. Certains ont adopté une approche « bottom-up » pour créer un tel conseil, en partant des besoins des jeunes de la communauté locale et de leurs propres initiatives. Cependant, pour la plupart des instances, la démarche de création d’un conseil de jeunes s’est faite par le haut et non depuis la base, principalement du fait des réformes constitutionnelles et législatives intervenues au Maroc ces dernières années. La nouvelle Constitution confère à toutes les autorités publiques la responsabilité de favoriser la participation des jeunes à la vie sociale, économique et politique (article 33). En outre, toutes les collectivités locales ont l’obligation de concevoir un Plan communal de développement

sur six ans en consultant tous les habitants de la commune, y compris les jeunes. Il existe aussi différents modèles d’organisation des conseils des jeunes. Dans certains conseils, les jeunes membres du bureau sont élus directement par leurs pairs habitant la commune tandis que d’autres sont nommés par la municipalité. Pour qu’un conseil de jeunes fonctionne correctement, il lui faut un certain budget pour mettre en œuvre ses actions. Dans la plupart des cas, ce budget est attribué par les collectivités locales – ce qui pose la question du degré d’indépendance des conseils de jeunes. La question de la volonté politique des élus locaux doit aussi être posée : le soutien et la confiance sont-ils suffisants pour créer un conseil de jeunes sans essayer de le contrôler ? D’un autre côté, les conseils de jeunes sont confrontés au défi essentiel de la représentation de tous les jeunes de la communauté locale, y compris des jeunes défavorisés. Certains conseils ont décidé de ne compter au sein de leur bureau que des jeunes avec un certain niveau d’études. Si des raisons légitimes peuvent expliquer une telle décision, il est aussi important d’inclure parmi les membres et les volontaires des jeunes défavorisés. Il s’agit d’un enjeu majeur car les jeunes Marocains restent très méfiants envers le système politique. A travers leurs réunions et consultations locales, les conseils de jeunes doivent donc s’efforcer d’intégrer le plus possible les souhaits et les besoins des jeunes ainsi que les besoins et priorités des associations et des ONG de jeunesse de la communauté locale.

Les conseils communaux de jeunes à Assilah et à Tetouan

Dans la ville d’Assilah (30000 habitants), au nord du Maroc, le conseil communal des jeunes est le fruit d’un partenariat entre le conseil municipal et FOMEJE. Fort de son slogan « Développer ma cité, c’est ma responsabilité », le conseil communal de la jeunesse vise à donner à tous les jeunes de la ville

la possibilité de participer à la gestion des affaires locales. « Il s’agit d’un outil pour permettre aux jeunes de découvrir et d’expérimenter la politique », explique Taoufik Louzari, élu local d’Assilah. « Nous voulons les amener à être un peu plus à l’aise avec la politique et l’idée d’être militant politique. » Les membres du Conseil communal des jeunes sont directement élus par les jeunes de leur ville. Les candidats doivent avoir au moins effectué une année d’études supérieures ou de formation professionnelle, et être membres d’une association locale. Quelques 300 jeunes ont ainsi voté pour leurs représentants au Conseil communal de la jeunesse lors d’un scrutin public qui s’est déroulé dans une maison des jeunes. Le Conseil est accompagné par une commission de supervision composée de représentants du conseil municipal et de FOMEJE ainsi que de représentants de la population d’Assilah. Le Conseil des jeunes est engagé dans diverses activités. Avec le conseil communal, il a milité pour une liaison de bus avec la ville de Tanger où se trouve l’université la plus proche. Il a également lancé une campagne intitulée« Une heure pour ma ville » afin de promouvoir et d’encourager les initiatives volontaires de (jeunes) citoyens en faveur du développement de la ville. Au printemps 2014, la ville de Tetouan (320 000 habitants, au bord de la mer Méditerranée) crée le « Conseil collectif de la jeunesse ». Comme à Assilah, les membres du Conseil sont directement élus par les jeunes de la commune. Fidèles à leur

Dans le sillage du grand élan donné à la participation des jeunes par la nouvelle Constitution, le Forum des Jeunes Marocains a créé en 2012 le « Gouvernement Parallèle des Jeunes » - un gouvernement national fictif dans lequel chaque ministre du gouvernement officiel a son jeune homologue « fantôme ». A travers ce gouvernement des jeunes, le Forum des Jeunes Marocains voulait asseoir la position des jeunes dans les politiques nationales et, dans le même temps, en faire un instrument de la formation des

Le GouvernementParallèle des Jeunes

Le Palais de Raissouni à Assilah.

détermination d’œuvrer à l’inclusion des jeunes, les jeunes conseillers communaux ont désigné l’un d’entre eux représentant des jeunes ayant des besoins spécifiques. Le Conseil de la Jeunesse de Tetouan est étroitement lié au conseil communal qui a pris l’initiative de le créer, il l’encourage et le soutient financièrement. Cela pourrait soulever la question de son indépendance mais d’après les jeunes membres du Conseil, ils ont toute liberté pour développer à leur guise leurs programmes et activités. Récemment, les deux conseils de la jeunesse de Tetouan et d’Assilah se sont associés pour former le premier conseil régional de jeunes au Maroc. Son objectif est de motiver et d’encourager d’autres municipalités de la région à mettre en place elles aussi des conseils de jeunes.

« hommes politiques de demain ». Les membres du gouvernement des jeunes, principalement des leaders de la jeunesse et des étudiants, ont évalué certaines politiques publiques menées par le gouvernement marocain et préparé des rapports avec d’autres jeunes sur les questions inscrites à l’agenda politique. Ce gouvernement des jeunes, actuellement dans son second mandat, est un succès, d’après Adib Lrhoul, jeune Ministre des Affaires Etrangères au sein du premier gouvernement : « Nous savons que les ministres du gouvernement officiel ont parlé du gouvernement des jeunes au cours de leurs réunions. »

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Tandis que le Maroc a une saine tradition d’économie sociale, dans laquelle la coopération et la solidarité jouent des rôles importants, le concept d’entrepreneuriat social est un phénomène relativement nouveau. En dépit des faibles niveaux de connaissance des opportunités offertes aux entreprises sociales, l’entrepreneuriat social est perçu comme une tendance importante en pleine expansion au Maroc – ce qui suscite de nouvelles manières d’encourager la participation des jeunes et un changement positif. Il ne s’agit pas seulement de créer des entreprises à but lucratif avec des objectifs sociaux mais d’instaurer un esprit d’entreprise et d’inciter les (jeunes) Marocains à trouver des solutions innovantes aux problèmes quotidiens auxquels ils sont confrontés. Cet esprit est considéré comme une manière durable de stimuler une participation intelligente des jeunes dans leurs propres communautés. Bien que nous soyons seulement au début du développement de ces activités et de l’infrastructure nécessaire, de nombreuses initiatives nouvelles ont vu le jour afin de stimuler l’entrepreneuriat social, à l’instar du Centre Marocain pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat Social (CMIES). En général, le niveau de conscience de ce concept est très faible, ce qui vaut aussi pour le secteur de la jeunesse. Le travail de jeunesse formel repose toujours sur les modèles et les méthodologies des années 1980 et 1990, et s’est avéré jusqu’à présent incapable d’intégrer l’entrepreneuriat social comme un moyen de promouvoir la participation active des jeunes. D’un autre côté, dans le secteur informel de la jeunesse, le concept d’entrepreneuriat social est porté par un petit cercle de jeunes leaders hautement qualifiés qui l’ont appris de leurs expériences internationales. Les entreprises sociales qui ont été créées travaillent sur une variété de projets – les plus importants soutiennent des communautés marginalisées et des femmes, apportant aux jeunes éducation et formation et aidant les gens à trouver un emploi. Au regard de sa toute récente introduction au Maroc, le développement de l’entrepreneuriat social, à la fois comme état d’esprit et en tant qu’outil

4.3 La participation à travers l’entrepreneuriat social

Le Centre Marocain pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat Social (CMIES) est une petite ONG basée à Rabat qui n’a qu’une seule mission : trouver des solutions entrepreneuriales et innovantes à chacun des problèmes sociaux que rencontre le Maroc. Pour y parvenir, le CMIES vise à apporter aux jeunes un état d’esprit et une approche entrepreneuriale en éveillant les consciences sur les opportunités que cela ouvre, en renforçant les capacités de petites ONG, en effectuant des recherches et en offrant un

Le Centre Marocain pour l’Innovation et

l’Entrepreneuriat Social

Au sein des partis politiques, le niveau de participation des jeunes est même plus faible que la participation des jeunes en général. On estime à moins d’1% la part de la population de jeunes Marocains engagée dans une organisation politique de la jeunesse. De nombreuses raisons expliquent cela. Historiquement, le militantisme politi-que pouvait être dangereux et entraîner, de la part des autorités, persécutions et harcèlement, en particulier sous le règne du Roi Hassan II. Les parents n’encourageaient pas leurs enfants à s’engager dans des organisations ou activités politiques. En outre, on observe un manque d’éducation à la citoyenneté démocratique et à la participation politique ainsi qu’une méfiance généralisée, particulièrement parmi les jeunes, envers le système politique et les politiciens – résultat de la corruption et du manque de démocratie interne dans les partis politiques. Enfin, les jeunes du Maroc consacrent l’essentiel de leur temps et de leur énergie à rechercher un emploi, et s’engager activement dans des organisations politiques de jeunesse n’est pas une priorité pour eux. En 2006, le gouvernement marocain a mis sur pied l’Institut National de la Jeunesse et de la Démocratie – institut dont le but est d’encourager l’engagement politique des jeunes. Il organise des sessions de formation, des colloques et des conférences afin d’initier les jeunes aux mécanismes de la politique. Les organisations politiques de jeunesse peuvent désormais recevoir une bourse directe du gouvernement via cet institut, alors qu’auparavant le financement ne pouvait provenir que du parti politique auquel elles étaient affiliées. Cette possibilité de financement direct dote les organisations politiques de jeunesse d’un statut plus indépendant, même si elles conservent des liens étroits avec les partis politiques. Dans certains cas, par exemple, le leader de l’organisation de jeunesse est élu par le bureau du parti politique.

espace aux jeunes qui ont des idées. Ses activités ne se limitent pas au secteur de la jeunesse ; car ils sont convaincus que les enjeux sociaux sont liés les uns aux autres, comme l’explique son co-fondateur et dirigeant visionnaire Adnane Addioui. « On ne peut pas améliorer l’éducation sans améliorer le transport. On ne peut pas améliorer la santé sans améliorer la sécurité. Tout est lié. » Au cours de ses activités, le CMIES forme les petites ONG à mener leurs projets elles-mêmes pour un impact plus durable. « En fin de compte, tout est une question de responsabilité »,indique Adnane. « Si vous êtes responsables de vous-même, vous êtes assez responsables pour participer à la communauté, à tout ce que vous choisissez. »

En 2008, l’artiste marocaine Asmaa Benechir fonde « Au Grain de Sésame », à la fois galerie d’art, café lecture et espace dédié à des ateliers de pratique artistique dans la médina de Rabat. Sa mission est d’autonomiser les femmes défavorisées afin d’améliorer leur existence, et ce principalement à travers la conception et la création artistiques. Au fil des ateliers, Asmaa apprend aux femmes comment recycler des objets du quotidien à partir de matériaux naturels. La plupart de ces femmes sont analphabètes et travaillent dans des conditions très dures pour de maigres salaires. « Travailler avec l’art est pour elles une thérapie », explique Asmaa. « En plus de leur apprendre une démarche artistique, je leur donne des conseils.

Une entreprise sociale au service de la participation

des femmes

Je leur explique qu’elles doivent choisir : si elles veulent une vie meilleure, cela leur appartient. » Au Grain de Sésame est une entreprise sociale : la vente des produits réalisés par les femmes au cours des ateliers finance les activités de renforcement des capacités des femmes vulnérables.

pour la participation, fait face à de nombreux défis. Certains sont d’ordre opérationnel, tels que le manque de soutien technique approprié (par exemple la formation à la gestion de projets), de plateformes de partage des idées et bonnes pratiques, et de financements structurels. On peut citer aussi le cadre légal qui n’est pas toujours facilitant pour les entreprises sociales de petite taille. Toutefois, le plus grand défi est probablement d’ordre culturel. Dans la société marocaine, il est difficile de trouver un esprit tourné vers l’entrepreneuriat. L’idée de prendre

la responsabilité personnelle des difficultés de sa propre vie et de prendre des initiatives pour s’attaquer à ces défis n’est pas la norme pour la société marocaine qui tend à fonctionner sur un mode de « consommation passive ». Cela est dû en partie au système éducatif qui ne soutient aucunement les comportements ou les idées entrepreneuriales. La barrière de la langue est aussi une réalité : le concept d’entrepreneuriat social n’a pas d’équivalent dans la langue arabe, pour qui ce concept équivaut aux vocables« étranger » et « pas des nôtres ».

La galerie d’art Au Grain de Sésame

Le travail de Jeunesse au Maroc et

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pour Jeunes créée en 2005 et dirigée par des jeunes. Sa mission principale consiste à accompagner les jeunes pour assurer leur intégration sociale, civique et politique pleine et entière. L’ONG agit principalement à deux niveaux : susciter chez les jeunes une prise de conscience de leurs droits et les encourager à les faire valoir, et soutenir les jeunes dans le processus décisionnel. A l’échelon national, ils ont organisé des projets à grande échelle impliquant des dizaines d’ONG locales de jeunesse. Certains de ces projets comprennent des formations pour les ONG locales sur le plaidoyer, la communication et la sensibilisation. Ces projets engendrent une meilleure coopération et une collaboration accrue entre les décideurs, les médias et les organisations de jeunesse. Ils travaillent également avec des organisations internationales telles que les programmes de l’Union Européenne, la Banque Mondiale, Oxfam International et l’Agence Canadienne pour le Développement International. Ces dernières années, le Forum Méditerranéen de la Jeunesse et de l’Enfance (FOMEJE) a joué un rôle important dans les activités nationales et internationales pour la jeunesse au Maroc. Cette ONG est dirigée par des jeunes et incarne un carrefour où se croisent les jeunes dirigeants engagés, vecteurs créatifs de changement dans leur propre société. Leurs activités comprennent le renforcement de capacités des jeunes et des organisations de jeunesse, la recherche sur les questions de jeunesse, des projets internationaux d’échanges de jeunes, des activités culturelles et le soutien à la participation des jeunes en politique et à la prise de décision. FOMEJE a poursuivi le développement du concept de conseils de jeunes et s’engage actuellement dans le travail du conseil communal d’Assilah. Il travaille également sur un programme de volontariat visant à stimuler l’engagement des jeunes dans la société. Le Réseau Marocain de Jeunesse et de

Concertation (REMAJEC) a été mis sur pied en 2011 par 64 associations de jeunesse et 46 conseils de jeunes de tout le pays. Il résultait d’un partenariat gouvernemental franco-marocain visant à renforcer les capacités des ONG de jeunesse à travers des formations, des échanges de jeunes et des séminaires. Une fois le partenariat terminé, les ONG marocaines impliquées ont poursuivi le projet et créé leur propre réseau, dont la mission principale est d’encourager les jeunes à

On a besoin de ce type d’activité, dit Asmaa. « La situation des femmes marocaines est terrible. Sur le papier, elles ont des droits mais beaucoup ne savent pas lesquels ni comment elles peuvent réellement en bénéficier. » La mise en œuvre des droits des femmes au Maroc est un défi majeur. En 2004, le gouvernement marocain a adopté une version révisée du Mudawana, le Code de la Famille, améliorant le statut des femmes. D’après ces dispositions, les femmes ne peuvent être mariées sans leur consentement, l’âge légal du mariage pour les filles est de 18 ans et le droit de divorcer s’applique aux hommes comme aux femmes. Cependant, les nouvelles dispositions légales n’ont pas été mises en œuvre dans toutes les régions du fait de facteurs culturels, de la corruption et des niveaux élevés d’analphabétisme qui empêchent les femmes de faire valoir leurs droits.

Afin de susciter une véritable participation des jeunes, les capacités des jeunes eux-mêmes doivent être renforcées, et ce pour leur permettre de prendre des initiatives et de jouer un rôle actif au sein de leur propre communauté. Comme évoqué plus haut, le Maroc manque de programmes pour préparer les jeunes à une participation active dans la société, bien que de nombreuses initiatives aient été prises récemment pour développer les capacités des jeunes à devenir des acteurs de la transformation de leur société. Au cours des cinq-dix dernières années, le secteur marocain de la jeunesse a vu éclore un nombre d’initiatives par lesquelles associations et ONG de jeunesse se sont regroupées pour renforcer ensemble leurs capacités et préparer les jeunes générations à jouer un rôle actif dans la société marocaine, en politique et sur le marché du travail. L’une de ces ONG est l’Association Jeunes

4.4 Renforcer les capacités des jeunes

L’Association Amal Salé est un exemple de petite initiative de jeunes adossée à une communauté devenue une ONG permanente et à grande échelle dans le champ de la jeunesse. En 2002, sept jeunes Marocains d’un quartier défavorisé de la ville de Salé étaient confrontés à de grandes difficultés dans leur environnement –

L’Association Amal Salé pauvreté, manque d’éducation de qualité, peu d’opportunités pour les jeunes. « Alors nous avons décidé de faire quelque chose de nouveau », explique Youssef Cheffoui, fondateur et président de l’Association Amal Salé. Ils ont commencé par du travail social à petite échelle avec des activités sportives, de la musique, du théâtre et le nettoyage des rues. En une décennie seulement, l’association est devenue un centre social et éducatif pour les jeunes défavorisés du quartier. En proposant des formations en hôtellerie, en secrétariat, en comptabilité et en langues, ils donnent « une seconde chance » aux jeunes qui ont quitté l’école trop tôt ou qui n’ont pas eu accès aux cours de langues dont ils ont besoin pour trouver un emploi. L’Association Amal Salé travaille avec la Fondation Mohammed V qui lui a fait don du bâtiment et de l’équipement. En 2014, elle a obtenu la reconnaissance de son utilité publique, statut qui lui donne accès à d’autres financements du gouvernement ainsi qu’à des avantages fiscaux.Etudiants dans une salle de classe de l’association Amal Salé

(par Frouke Adema)

devenir des militants actifs dans la société. Les jeunes et les ONG spécialisées sont formés sur les droits politiques et sociaux, le travail social et la gestion associative. En créant des conseils de jeunes dans toutes les régions du pays, REMAJEC vise à représenter tous les jeunes du Maroc. Au niveau national, le réseau plaide pour un rôle plus fort des jeunes en politique et dans le processus décisionnel, sur la base de consultations menées dans les différentes régions.

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L’Association Thaqafat (« Cultures ») est une ONG marocaine créée en 2002 en vue de promouvoir la culture marocaine et de la mettre en contact avec d’autres cultures dans le monde. Pour atteindre ses objectifs, Thaqafat mène et participe à divers programmes internationaux tels que les échanges de volontaires à travers le programme de Volontaires des Nations Unies et le Service Volontaire Européen (SVE). En outre, Thaqafat propose des programmes pour les lycéens qui permettent aux jeunes étrangers de « goûter au parfum de la culture marocaine et du peuple marocain », l’objectif principal de Thaqafat, comme l’explique sa coordinatrice Fairouz el Hamdaoui. Pour les jeunes Marocains impliqués, ces programmes offrent autant d’occasions de rencontrer leurs pairs d’autres pays. Thaqafat envoie aussi des jeunes marocains sur différentes sessions internationales de formation dans le cadre de programmes européens et euro-méditerranéens.

L’Association Thaqafat

Bien que la plupart des ONG de jeunesse s’appuie sur un grand nombre de jeunes volontaires, le concept de volontariat n’est pas encore très développé au Maroc. Aucune législation ne garantit aux volontaires ni droits ni obligations spécifiques, aucune politique n’existe pour les volontaires et toute reconnaissance formelle d’un service

Travailler avec despersonnes ou des jeunes

handicapés

Participants à la visite d’étude et bénévoles de l’association Raheem

La situation des personnes et des jeunes handicapés au Maroc est très difficile. Bien qu’elle se soit améliorée ces dernières années, les jeunes handicapés rencontrent de grandes difficultés par exemple en matière d’accès à l’éducation et au marché du travail. Les jeunes handicapés sont pratiquement exclus de nombreux programmes et activités proposées par le gouvernement, tels que les camps d’été. Depuis 1992, l’Association Raheem, basée à Meknès, soutient les personnes handicapées et plaide pour qu’ils aient de meilleures opportunités. La situation s’est améliorée ces dernières années, du moins sur le papier. Dans la première mouture de la Constitution de 2011, aucun article ne faisait référence aux porteurs de handicap(s). Des dizaines d’ONG qui soutiennent

les personnes handicapées ont alors uni leurs forces pour défendre leurs intérêts. Ces efforts ont porté leurs fruits : la nouvelle Constitution dispose que tous les pouvoirs publics doivent mettre en place des politiques conçues spécialement pour les personnes qui ont des besoins spécifiques, y compris les handicapés physiques et mentaux (article 34). Toutefois, la traduction concrète de cet article reste superficielle et, de façon générale, les jeunes porteurs d’un handicap continuent d’avoir beaucoup moins d’opportunités que leurs pairs. L’Association Raheem, gérée par des personnes elles-mêmes handicapées, agit à la fois sur le plan du plaidoyer pour les droits et sur l’organisation d’activités pour les handicapés. La jeunesse est leur principale priorité. Ils aspirent à faire partie de la solution pour leur pays : « Il y a un désir et une détermination à changer les choses. Nous voulons faire partie de ce changement. Nous ne voulons pas que ce changement soit fait pour nous», confie l’un des membres du bureau. Au-delà de cette organisation particulière, il existe différentes organisations de jeunesse qui visent à intégrer dans leurs activités tous les jeunes, y compris porteurs d’un handicap. L’association de jeunes « Filaw », également basée à Meknès, en est un exemple. Cette association culturelle « par et pour les jeunes » organise de nombreuses activités qui permettent aux jeunes de se rencontrer et de promouvoir leur travail artistique et culturel. « Les handicapés sont des êtres humains, comme nous tous », dit Maroua Merzouqui, volontaire à Filaw. « Donc pour nous, c’est normal qu’ils participent à nos activités. »

une agence nationale du volontariat et rédiger une législation organisant le service volontaire au Maroc.Ces dernières années, le secteur marocain de la jeunesse a énormément bénéficié des programmes internationaux pour la jeunesse, en particulier le Programme EuroMed Jeunesse et le Programme Erasmus+ (ancien Programme Jeunesse en Action). Les jeunes, les jeunes leaders et les travailleurs de jeunesse ont participé à des échanges de jeunes, à des services volontaires, à des formations et à des séminaires. Ils ont gagné en connaissance et en expérience sur la participation active des jeunes, les méthodologies du travail de jeunesse et de l’éducation non-formelle, grâce aux partenariats internationaux et à l’apprentissage interculturel.

volontaire est pratiquement inexistante. Actuellement, diverses associations et ONG travaillent au développement et à la promotion d’un service volontaire pour les jeunes, comme moyen de participer activement à la vie en société. Cela comprend la préparation d’une stratégie pour échanger des volontaires à l’échelle nationale, créer

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« Nous n’avons pas eu de révolution. Nous sommes en train de vivre une évolution. » Fairouz el Hamdaoui, coordinatrice de l’Association Thaqafat Du fait de son histoire, de sa géographie et d’un mélange spécifique de cultures, le Maroc a toujours évolué différemment de ses voisins de la région arabe. Lorsque des milliers de Marocains, et parmi eux de nombreux jeunes, se sont rassemblés le 20 février 2011 en un flot de manifestations, ils ont inauguré un nouveau chapitre de l’histoire politique et sociale de leur pays dont les premières phrases avaient déjà été écrites une décennie plus tôt. La colère, la frustration et l’exigence de réformes étaient enracinées dans le manque d’opportunités, tout particulièrement pour les 9 à 10 millions de jeunes marocains. Comme ils savent que la qualité de l’enseignement et du travail de jeunesse est médiocre, leur entrée sur le marché du travail est difficile et ils n’ont guère leur mot à dire. Ils demandent des changements. Ces manifestations massives n’ont pas déclenché de révolution mais plutôt initié une évolution. La rédaction d’une nouvelle Constitution a suscité un débat public sur la politique, les droits

5. Conclusionciviques et le rôle des jeunes. La création d’un grand nombre d’associations de jeunesse a augmenté les chances des jeunes de s’exprimer, d’être entendus et de développer leurs talents et compétences. L’adoption d’une stratégie nationale pour la jeunesse a institutionnalisé l’importance de la participation active des jeunes et stimulé la création de conseils communaux de jeunes. Le secteur marocain de la jeunesse est un partenaire important et

intéressant ainsi qu’une source d’inspiration pour la coopération euro-méditerranéenne. Bien que de nombreux Marocains recon-naissent que le changement et l’évolution doivent venir de l’inté-rieur, l’échange d’expertise avec des partenaires internationaux est très utile à la poursuite du développement du secteur marocain de la jeunesse. Il est important que les jeunes Marocains bénéficient de tels

échanges internationaux et deviennent acteurs du changement au sein de leur propre communauté. Ainsi, ils pourraient eux-mêmes devenir une nouvelle source d’inspiration pour tous les autres jeunes de l’espace euro-méditerranéen.

Les participants à la visite d’étude

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Le groupe de participants européens se réunit au Ministère de la Jeunesse et des Sports dans la capitale marocaine, Rabat. Après un accueil officiel par les services du Ministre, le groupe écoute différentes présentations relatives à la situation politique au Maroc, au processus d’élaboration de la nouvelle Constitution et à la Stratégie Nationale de la Jeunesse. La seconde partie de la journée est consacrée à la société civile marocaine avec des présentations de nombreuses ONG, associations et organisations politiques de jeunes.

Jour 1

Jour 2

Programme de la visite d’étude

La galerie d’art de « Au Grain de Sésame »

Matinée d’une deuxième journée dans la médina de Rabat. « Au Grain de Sésame » est à la fois une galerie d’art, un café lecture et un espace d’ateliers artistiques dont Asmaa Benechir s’occupe. Après cette visite, le groupe

traverse le fleuve pour rejoindre la ville jumelle de Rabat, Salé, où il est accueilli par l’Association Amal Salé (« Espoir pour Salé »). Les participants ont l’occasion de discuter des défis et des opportunités de la jeunesse marocaine avec un grand nombre de jeunes qui suit des cours auprès d’Amal Salé. Ils partagent un excellent repas puis le groupe part pour sa prochaine visite, à Meknès. Dans la cité impériale, les participants se rendent à l’Association Raheem qui travaille avec des personnes handicapées, jeunes et moins jeunes.

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Jour 3 Jour 4

La visite d’étude se poursuit vers la ville d’Assilah, au nord du Maroc, et sur la côte atlantique. Près d’Assilah, les participants sont accueillis par plusieurs femmes d’une coopérative rurale où elles cuisinent et vendent du couscous traditionnel. Certains participants, guidés par les femmes de la coopérative, ont la possibilité d’en préparer un. Le groupe déjeune d’un délicieux couscous maison avant de repartir en bus pour Assilah. Les participants découvrent alors la participation des jeunes dans la région à travers des présentations des conseils de jeunes d’Assilah et de Tétouan, ainsi que de la municipalité d’Assilah.

En cette dernière journée, le groupe retourne à Rabat. Il est reçu par le Centre Marocain pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat Social (CMIES). Inspirés par les discussions sur l’entrepreneuriat social et les opportunités qu’il recèle pour les jeunes, les participants préparent la foire aux associations. Sur un mode interactif, les participants présentent leurs ONG et les organisations pour lesquelles ils travaillent, et ce aux côtés d’une douzaine d’ONG marocaines. De nouvelles idées et de possibles coopérations euro-méditerranéennes ont été discutées au cours d’un dîner d’adieu convivial dans le merveilleux bâtiment de l’Association Thaqafat.

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Repères bibliographiques

Notes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Auteur :Mark Snijder,rédacteur indépendant, spécialiste de l’Europe, du monde arabe, du secteur et des politiques publiques de jeunesse Comité de rédaction :B. Abrignani,Directeur de projet du RCBS-CATSAMF. Demicheli,Chargée de mission du Centre de Ressources SALTO-Youth Euromed et Bonnes PratiquesM.R. Valentini,Experte en communication du RCBS-CATSAMTraduction de l’anglais au français :Hélène BreantCrédit photo :Elif SerbestDirecteur de la publication :Programme EuroMed Jeunesse IV financépar l’Union Européenne dans le cadre dela politique européenne de voisinage, en collaboration avec le Centre de ressources SALTO-Youth EuroMed.

Le travail de jeunesse au Maroc et la participation des jeunes à l’échelon local

Le travail de jeunesse en Tunisie aprèsla Révolution

Cette publication ne représente pas l’opinionofficielle de la CE ou des institutions de l’UE.La CE n’assume aucune responsabilité quelle qu’elle soit quant à son contenu.

Cette publication a été éditée et financée par l’Unité Régionale de Renforcement des Capacités (RCBS-CATSAM) pour le programme EuroMed Jeunesse IV à destination des pays participant à la Politique Européenne de voisinage Sud (Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Palestine, Tunisie).Le rôle du RCBS-CATSAM est de soutenir les Unités EuroMed Jeunesse (UEMJs) dans leurs efforts pour assurer une mise en œuvre efficace du programme Euromed Jeunesse IV et un achèvement optimal des résultats.Les objectifs spécifiques du RCBS-CATSAM sont les suivants :

• orientation et formation des UEMJs, des chefs de projet et des organisations,• coordination et synergies entre les acteurs et les parties prenantes (programme européen Erasmus+, Plate-forme Euro-Med Jeunesse, etc.),• visibilité et communication.

Thé marocain

Le travail de jeunesse en Tunisie aprèsla Révolution

Cette publication ne représente pas l’opinionofficielle de la CE ou des institutions de l’UE.La CE n’assume aucune responsabilité quelle qu’elle soit quant à son contenu.

Le travail de Jeunesse au Maroc et la participation des jeunes à l’échelon local

Le travail de jeunesse est en pleine évolution et offre des perspectives nouvelles et intéressantes pour l’avenir . Le champ du travail de jeunesse dans les pays Meda vit d’intenses transformations et le rôle des jeunes est de plus en plus important dans la société.

Ceci est le cinquième numéro d’une collection publiée en plusieurs langues, intitulée « Le travail de Jeunesse en… » et composée de publications consacrées au travail de jeunesse dans les pays situés dans la région sud de la politique européenne de voisinage.

Cette collection vise à soutenir la coopération dans la région EuroMed en four-nissant une réflexion approfondie sur les enjeux et les défis actuels pour le travail en direction des jeunes dans le contexte euro-méditerranéen.

Le travail de Jeunesse au Maroc et la participation des jeunes à l’échelon local est le résultat d’une visite d’étude, organisée sous la coordination du RCBS-CATSAM (Unité Régionale de Renforcement des Capacités pour le Programme EuroMed Jeunesse IV) qui s’est déroulée au Maroc du 15 au 20 Septembre 2014. Pendant cinq jours, les participants ont pu contribuer à la réflexion générale concernant le travail de jeunesse au Maroc en mettant l’accent sur les projets de terrains. Ils ont également pu fournir de nouvelles clés pour lire la situation actuelle de la jeunesse. Cette étude vise à offrir des clés pour comprendre la situation actuelle du travail de jeunesse au Maroc, ainsi que les défis, stra-tégies et bonnes pratiques du travail de jeunesse qui fait face à cette situation complexe.

Cette publication décrit :• le panorama du travail de jeunesse au Maroc ;• le contexte éducatif et pédagogique du travail de jeunesse au Maroc ; • la situation statistique de la jeunesse marocaine et de la participation des jeunes à l’échelon local ;• les défis auxquels sont confrontés les travailleurs de jeunesse pour développer des projets de participation des jeunes à l’échelon local ;• quelques exemples de projets et bonnes pratiques en direction de la jeunesse.

Téléchargez-la gratuitement à l’adresse : www.euromedyouth.net ethttp://www.salto-youth.net/rc/euromed/