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email : daiglemont @ mail.pf LE ERBE ESSAI Marc D’AIGLEMONT V

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email : daiglemont @ mail.pf

V LE ERBE

ESSAI

Marc D’AIGLEMONT

V

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AVANT PROPOS

La graphie du titre l’indique, le verbe en question s’écrit avec la minuscule du

verbe linguistique ou la majuscule du Verbe théologique. Le pot de terre se me-

sure-t-il au pot de fer ? C’est précisément le sujet de l’ouvrage. Existe-t-il un lien

ou une ressemblance quelconque entre ces deux verbes ? Cette question

d’ontologie grammaticale s’appuie sur un préliminaire théorique incontournable

qui pourra surprendre ou rebuter. En pratique, l’évidence des principes qui y sont exposés n’apparaîtra vraiment qu’au moment de leur application dans la gram-

maire du verbe. Mais cette grammaire ne ressemble à aucune autre. Il faut la lire

intégralement pour comprendre le cheminement d’une argumentation qui se ter-

mine par une conclusion. Il est inutile de la consulter à partir de son index, selon

l’usage habituel que l’on fait d’une grammaire, elle serait incompréhensible.

Compte tenu de l’espace nécessairement restreint du livre, cette grammaire n’est

pas exhaustive, elle se limite au verbe vu dans l’optique du Verbe. Cette restric-

tion n’a pas empêché que la grammaire soit revue et réaménagée à la lumière des

principes qui sont proposés. Cet ajustement devait être aussi l’occasion d’un

toilettage. Certaines définitions ne conviennent pas. Celle de « l’indicatif » par

exemple, qui ne veut rien dire en soi ; mais aussi celle du « participe » qui n’est ni présent ni passé ; de « l’apposition » qui n’est pas une fonction mais une position

du mot ; du « déterminant » qui ne détermine pas plus que d’autres mots ; de la

« voix passive » qui n’est pas là où l’on croit, etc. Ces modifications et quelques

autres mises à part, on retrouvera la physionomie de la grammaire traditionnelle,

assortie de quelques retouches au niveau du classement des formes et des fonc-

tions grammaticales.

L’ouvrage est conçu de telle façon que les chapitres s’appellent en écho dans

deux livres qui se répondent. Ces « répétitions », sont voulues, elles étaient néces-

saires à l’explication progressive, laborieuse et répétée, de notions trop vastes

pour être appréhendées en une seule fois sans risque d’indigestion.

L’agencement « scalaire », pour ne pas dire « scolaire », du plan de l’exposé

pourra surprendre ou lasser, il est, lui aussi voulu, pour deux raisons. L’étendue

du sujet exigeait d’abord que chaque notion nouvelle fût traitée dans « l’ordre ».

Il fallait ensuite que « l’harmonie » de cette grammaire s’accordât avec la théorie

dont elle s’inspire, le lecteur appréciera.

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L’univers du Verbe

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Le vocabulaire pourra déplaire, il y a quelques mots nouveaux ou même des mots

connus comme le « prénom » qui sont employés avec un sens étymologique inha-

bituel, leur définition figure d’ailleurs dans le glossaire. C’est qu’il n’est pas de

théorie sans terminologie adaptée. Cet essai emprunte au langage des philosophes

et des scientifiques. Il utilise aussi son propre vocabulaire. Des mots nouveaux

comme « la raisonance » ou « la parence » pourront paraître étranges, mais ils se

révéleront très utiles par la suite, non seulement pour le sens, mais aussi pour le

son. On y trouvera aussi la palilalie lancinante de deux mots, toujours les mêmes,

« l’essence » et « l’existence », qui reviennent en permanence. Hélas ! Ces mots sont irremplaçables, ils sont l’assiette de la théorie. Il faudra donc assimiler ce

vocabulaire inhabituel, se l’approprier de telle manière qu’avec l’habitude et

l’usage, il ne paraisse pas plus bizarre que celui de la terminologie grammaticale

traditionnelle.

Les exemples grammaticaux présentés à l’appui de l’exposé sont simples, pour ne

pas dire simplistes. Ils ont été imaginés à dessein, juste pour leur efficacité dé-

monstrative, conformément à l’usage courant, qui se distingue de l’usage savant

des grands auteurs.

Au terme de ce préambule, reste la question la plus délicate. On l’a dit, ce livre

s’interroge sur la relation qui pourrait exister entre le Verbe dans l’univers et le verbe dans la grammaire, ni plus ni moins. L’auteur sera sans doute suspecté

d’une intention mystique ou grammaticale inavouable. Il certifie donc, sur

l’honneur et en toute sincérité, qu’il ne participe d’aucune chapelle théologique

ou linguistique, et estime qu’à ce titre, il est parfaitement libre de penser ce qu’il

veut du Verbe ou de la grammaire. Sachant aussi « qu'il ne sait pas », il tient à

faire acte de bonne foi : les affirmations qu’il expose ne sont en réalité que des

questions qu’il pose. Mais ce qu’il « sent », il le justifie en s’appuyant sur deux

conceptions opposées de l’univers :

- Celle d’Einstein, qui avait découvert la théorie de la relativité, lui permettant d’affirmer que « Dieu ne joue pas aux dés ».

- Et celle de Planck, qui avait conçu la théorie des quanta, sans oser prétendre que « Dieu joue aux dés ».

La sensation instinctive que ce « paradoxe du jeu de dés » pourrait être le grand

principe ordonnateur de l’univers et de la grammaire, constitue l’âme et l’esprit

du livre.

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INTRODUCTION

La nature est un temple ou de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,

Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,

- Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,

Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,

Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

Correspondances. Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, 1857.

Ce poème dissimule une divination du verbe et de la grammaire au sens propre et

figuré. Au sens propre, le verbe est sans nul doute l’expression parfaite de la

parole et des symboles familiers de la grammaire. Au sens figuré, le texte suscite

le vague sentiment qu’il existe un rapport d’harmonie entre l’homme et l’ordre

des choses dans l’univers, et que cet ordre pourrait bien obéir, lui aussi, à une

grammaire, celle du Verbe avec un V majuscule.

L’idée de départ était la suivante : y aurait-il une « correspondance » entre le

Verbe dans l’univers et le verbe dans la grammaire ? Logiquement, les mots de-vraient obéir au même ordre que celui des choses dont ils sont l’image, puisqu’ils

les nomment. En ce cas, la connaissance de l’ordre qui régit les choses dans

l’univers, pourrait expliquer celui qui régit les mots dans la grammaire, et réci-

proquement. Cet ouvrage aborde les deux aspects de la question dans :

- L’univers du Verbe : Livre premier.

- Et la grammaire du verbe : Livre second.

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PLAN

LIVRE PREMIER : L’UNIVERS DU VERBE.......................................................... 11

CHAPITRE I : L’ORDRE .................................................................................................. 11

1A. L’ordre des choses ............................................................................................. 11

2A. L’ordonnance des choses ............................................................................... 11 2B. Le rapport entre les choses ............................................................................. 16

1B. L’ordre des mots ................................................................................................ 17

2A. L’ordonnance des mots .................................................................................. 18 3A. Les formes grammaticales ......................................................................... 19 3B. Les fonctions grammaticales ...................................................................... 40

2B. Le rapport entre les mots .............................................................................. 107 3A. Dans le dictionnaire ................................................................................. 108 3B. Dans la grammaire................................................................................... 109

4A. Le rapport de fusion ............................................................................ 109 5A. La conformation.............................................................................. 109 5B. La configuration .............................................................................. 113

4B. Le rapport de confusion ....................................................................... 114 5A. La confusion physique .................................................................... 115 5B. La confusion psychique ................................................................... 115

CHAPITRE II : L’HARMONIE .......................................................................................... 127

1A. L’harmonie de l’univers ................................................................................... 127

1B. L’harmonie de la grammaire ............................................................................ 128

2A. La raisonance universelle de la grammaire ................................................... 128 3A. La raison du logos ................................................................................... 128 3B. L’oraison du logos ................................................................................... 133

2B. La résonance individuelle de la grammaire ................................................... 142 3A. De la pensée aux mots ............................................................................. 143

4A. La résonance du nescient comportemental ............................................ 143 4B. La raisonance de l’escient .................................................................... 146

5A. Les idées du prescient sentimental ................................................... 147 5B. Les mots du conscient mental .......................................................... 149

3B. Des mots à la pensée ................................................................................ 154 4A. L’intimité de la parole ......................................................................... 154 4B. La publicité du discours ....................................................................... 163

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L’univers du Verbe

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LIVRE SECOND : LA GRAMMAIRE DU VERBE ................................................ 169

CHAPITRE I : LA MORPHOLOGIE DU VERBE ..................................................................... 169

1A. La morphologie psychique ................................................................................ 169

2A. Le sens du verbe .......................................................................................... 169

3A. Le sens du verbe ancillaire ....................................................................... 169

4A. Le sens de la modité ............................................................................ 170 5A. La forme de la personnalité de l’ancillaire ........................................ 170

6A. La forme personnelle ................................................................... 170 6B. La forme impersonnelle ............................................................... 172

5B. La forme de la réalité de l’ancillaire ................................................. 175 6A. Le sens final de l’ancillaire .......................................................... 176

7A. La forme de la permanence ...................................................... 176 7B. La forme de la cadence ............................................................ 178

6B. Le sens formel de l’ancillaire ....................................................... 180 7A. La forme vocale ...................................................................... 180

8A. La voix évocative ................................................................ 180 8B. La voix invocative ............................................................... 195

7B. La forme vectrice .................................................................... 196 8A. La voie evectrice ................................................................. 196 8B. La voie invectrice ................................................................ 212

4B. Le sens du mode .................................................................................. 217 5A. La forme de la personnalité du mode ................................................ 217

6A. Les modes impersonnalisés .......................................................... 217 6B. Les modes personnalisés .............................................................. 218

5B. La forme de la réalité du mode ......................................................... 218 6A. Les modes irréalisés .................................................................... 219

7A. La forme « téléologique » du mode .......................................... 220 8A. Le sens final abstrait............................................................ 220 8B. Le sens formel abstrait ......................................................... 221

7B. La forme « morphologique » du mode ...................................... 222 8A. Le sens final concret............................................................ 222 8B. Le sens formel concret ......................................................... 223

6B. Les modes réalisés ....................................................................... 232 7A. La forme « chronologique » du mode ....................................... 232 7B. La forme « psychologique » du mode ...................................... 239

3B. Le sens du verbe auxiliaire ....................................................................... 248

4A. Les auxiliaires infinis : être et avoir ...................................................... 248 4B. Les auxiliaires finis .............................................................................. 260

5A. Le semi-auxiliaire indéfini ............................................................... 260 5B. L’hémi-auxiliaire défini ................................................................... 269

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Plan 9

2B. L’emploi du verbe ....................................................................................... 275

3A. L’ordonnance des modes ......................................................................... 275

4A. Les modes mineurs.............................................................................. 275 5A. Le mode infinitif ............................................................................. 276 5B. Les modes finitifs ............................................................................ 279

6A. Le mode définitif ........................................................................ 280 6B. Le mode indéfinitif ..................................................................... 283

4B. Les modes majeurs .............................................................................. 288 5A. Les modes jonctifs de la durée ......................................................... 288

6A. Les temps de l’objonctif .............................................................. 288 7A. Le temps présent..................................................................... 288 7B. Les temps absents ................................................................... 293

8A. Le passé ............................................................................. 293 8B. Le futur .............................................................................. 305

6B. Le moment du subjonctif ............................................................. 316 7A. Le subjonctif défini ................................................................. 318 7B. Le subjonctif indéfini .............................................................. 324

5B. Le mode injonctif de l’instant sans durée.......................................... 330

3B. L’harmonisation des modes ..................................................................... 335

4A. La concordance chronologique ............................................................ 335 4B. La concordance psychologique ............................................................ 346

1B. La morphologie physique ................................................................................. 361

2A. Les variétés de la forme du verbe ................................................................. 362 2B. Les variations de la forme du verbe .............................................................. 364

CHAPITRE II : LA SYNTAXE DU VERBE ........................................................................... 379

1A. La syntaxe psychique ....................................................................................... 379

1B. La syntaxe physique......................................................................................... 379

2A. L’ordonnance physique du projet ................................................................. 379 2B. L’harmonisation physique du projet ............................................................. 383

CONCLUSION .............................................................................................................. 397

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LIVRE PREMIER : L’UNIVERS DU VERBE

Le Verbe est le principe d’unité qui ordonne les choses dans l’univers, et les mots

qui les nomment dans la grammaire. Il se révèle d’une manière à la fois :

- Rationnelle dans l’ordre qu’il impose : Chapitre I.

- Et irrationnelle dans l’harmonie qu’il suppose : Chapitre II.

CHAPITRE I : L’ORDRE

L’ordre de la nature est en soi une raison qui ne s’applique pas comme

un « raisonnement », d’une manière active tendue vers une finalité logique. Il se

manifeste en l’état, sous une forme passive et aboutie, sans finalité logique appa-

rente, comme une sorte de « raisonance » primordiale qui commande :

- L’ordre des choses dans l’univers : (1A).

- Et celui des mots dans la grammaire : (1B).

1A. L’ORDRE DES CHOSES

L’ordre est un rapport. Mettre les choses en ordre c’est d’abord individualiser

chacune d’entre elles, pour les organiser ensuite les unes par rapport aux autres

dans l’universalité des choses. L'ordre n’existe que si les choses existent, les

choses qui n’existent pas n’ont pas de rapport entre elles et donc pas d’ordre.

Mais pour qu’une chose existe, il faut évidemment qu’elle « soit », ce qui suppose

la création préalable de son « être ». Il faut en déduire que :

- L’ordonnance des choses : (2A).

- Précède leur rapport : (2B).

2A. L’ORDONNANCE DES CHOSES

L’ordre prend la forme :

- D’un commandement lorsqu’il est principe de vérité : (1a).

- D’un accommodement lorsqu’il est principe de réalité : (1b).

1a. Le principe de vérité

Ce principe commande que l’être « soit ». À partir de là, l’être « est ce qui est »

en vérité, dans l’absolu, indépendamment de toute chose et par rapport à rien,

donc par rapport au néant qui ne peut plus être que :

- La raison d’être : (2a).

- De l’ordre naturel : (2b).

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L’univers du Verbe

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2a. La raison d’être

Le néant « est ce qui n’est pas », il est représenté par le « blanc » de l’exemple

qui suit, dans lequel on inscrit le nom de :

Néant

L’être ne peut venir à l’existence que s’il se situe quelque part, il n’existera que si le néant qui le contient préexiste.

Néant Etre

Paradoxalement, si le néant qui n’est pas « préexiste », il est alors un être. En

toute logique, si cet être est à la fois « ce qui n’est pas » et « ce qui est », il ne

peut plus être que « ce qui sera » ou « ce qui était ». Or « ce qui était » n’existe plus, et « ce qui sera » existe toujours. Le néant est donc un être qui « est ce qui

sera », il existe en puissance. Et comme son existence ne tient que de lui-même, il

est nécessairement sa propre raison d’être.

La création de l’étant de l’être suppose qu’une limite l’individualise par rapport

au néant qui le contient. Cette limite matérialise autant :

- La « fin » de l’étant de l’être : (3a).

- Que sa « forme » : (3b).

Néant Etant Fin et forme

3a. La fin de l’être

C’est une limite qui ordonne le partage entre :

- Le néant de l’être infini qui « n’est pas ».

- Et l’étant de l’être fini qui « est ».

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L’ordre des choses - L’ordonnance des choses

13

La figure (1) montre que l’infini n’est pas vraiment infini, puisqu’il finit là où

commence le fini. L’infini est une limite sans limite, il est l’unité contenante

infinie qui limite l’unité d’un contenu fini.

(1)

Infini Fini

Or le philosophe Grec, Zénon d’Élée, a démontré qu’un segment de droite de

longueur finie est divisible à l’infini. S’il dit vrai, le fini limite un infini.

(2)

Infini Infini Fini

Mais on voit qu’il s’agit là d’un infini « contenu », par nature « fini », qui ne

ressemble pas à l’infini « contenant », par nature « infini ». Pour le distinguer de

l’infini contenant on lui donne le nom d’indéfini.

(3)

Infini Indéfini Fini

Enfin, le contenu « fini » qu’est l’indéfini n’est pas le même « fini » que son

contenant. On le nomme fini « défini » pour le différencier du fini « indéfini ».

(4)

Infini Indéfini Défini

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L’univers du Verbe

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3b. La forme de l’être

La forme de l’être est une limite indissociable de sa fin. L’une et l’autre

s’organisent de la même façon.

- Le néant de l’être infini n’a pas de forme puisqu’il « n’est pas », il est « infor-mel », c’est-à-dire « formellement infini ».

- Tandis que l’étant de l’être fini, qui « est », est individualisé dans la limite d’une forme. Cette limite formelle sera elle-même :

« Formellement indéfinie » si l’être est incertainement formalisé.

« Formellement définie » s’il est certainement formalisé.

2b. L’ordre naturel

La trinité de l’être révèle son unité dans l’ordonnance de la nature, puisque :

- L’infini est contenant du défini et contenu dans l’indéfini.

- L’indéfini est contenant de l’infini et contenu dans le défini.

- Le défini est contenant de l’indéfini et contenu dans l’infini. Or pour qu’un contenu existe, il faut qu’existe préalablement à lui un contenant

dans lequel il puisse se formaliser et se finaliser. L’être défini n’existe et ne

s’achève dans son contenant infini que si celui-ci existe au commencement. De la

même façon, l’être indéfini ne s’achève dans son contenant défini que si celui-ci

préexiste, et l’être infini ne peut se finir dans son contenant indéfini que si celui-ci le finit préalablement. De cette démonstration découlent les lois de l’ordre

naturel qui s’appliquent à l’ordre de la grammaire. Celles-ci s’énoncent :

- Dans l’ordre du commencement selon lequel : L’être infini finit l’être défini.

L’être défini finit l’être indéfini.

L’être indéfini finit l’être infini.

- Ou dans l’ordre de l’achèvement selon lequel : L’être infini se finit dans l’être indéfini.

L’être indéfini se finit dans l’être défini.

L’être défini se finit dans l’être infini.

1b. Le principe de réalité

La réalité « c’est ce qui est ». L’ordre n’est pas seulement un commandement,

c’est aussi une manière de ranger et d’accommoder les choses les unes par rap-

port aux autres. Cet accommodement ordonne que « l’être » soit aussi une « chose » dès lors qu’il existe relativement, c’est-à-dire en réalité, matérialisé

dans une limite qui l’individualise par rapport aux autres choses dans l’univers. Il

faut donc examiner :

- La réalité des choses : (2a).

- Et celle de l’univers : (2b).

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L’ordre des choses - L’ordonnance des choses

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2a. La réalité des choses

Toute chose confond deux matérialités indissociables :

- Celle de son existence qui se réalise dans la limite d’une fin.

- Et celle de son essence qui se réalise dans la limite d’une forme.

La fin de l’existence est une limite individuelle invisible qui enveloppe la

réalité de l’existence d’une chose, depuis son commencement qui marque la fin

de sa non-existence, jusqu’à son achèvement qui marque la fin de son exis-

tence. L’existence n’a pas de forme en soi, elle est la même pour tout ce qui

existe. C’est une énergie vitale, une manière d’être, matérialisée dans la limite

d’une fin, par l’intermédiaire de laquelle elle se manifeste :

- Soit dans l’ordre irréalisé de l’existence infinie qui se nomme « l’infinitif ».

- Soit dans l’ordre réalisé de l’existence finie qui se nomme : « L’indéfinitif » si elle est indéfinie.

« Le définitif » quand elle est définie.

La forme de l’essence est une limite individuelle physiquement ou psychi-quement visible qui enveloppe la matière d’une chose :

- Dans l’ordre irréalisé de l’essence informelle ou formellement infinie qui se

nomme « le potentiel ».

- Ou dans l’ordre réalisé de l’essence formelle qui se nomme :

« Le spirituel » quand elle est formellement indéfinie. « Le corporel » si elle est formellement définie.

2b. La réalité de l’univers

L’univers confond, lui aussi, deux matérialités indissociables.

- Le temps qui se réalise dans la limite d’une fin.

- Et l’espace qui se réalise dans la limite d’une forme.

La fin du temps est la limite universelle qui enveloppe la réalité de

l’existence des choses :

- Dans l’ordre irréalisé du temps infini qui se nomme « l’atemporel ».

- Ou dans l’ordre réalisé d’un temps fini qui se nomme : « L’intemporel » s’il est indéfini.

« Le temporel » quand il est défini.

La forme de l’espace est la limite universelle qui enveloppe la réalité de

l’essence des choses :

- Dans l’ordre irréalisé d’un espace informel qui se nomme « le virtuel ».

- Ou dans l’ordre réalisé d’un espace formel qui se nomme : « L’idéel » quand il est formellement indéfini.

« Le réel » lorsqu’il est formellement défini.

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L’univers du Verbe

16

En résumé, la matérialité des formes « psychiquement ou physiquement » visibles

se réduit à :

- Trois sortes de choses : Les choses potentielles.

Les choses spirituelles.

Les choses corporelles.

- Et trois sortes de réalités : La réalité virtuelle.

La réalité idéelle.

La réalité réelle.

2B. LE RAPPORT ENTRE LES CHOSES

Le rapport entre les choses dans l’univers s’ordonne dans le paradoxe qui oppose

le principe d’individualité au principe d’universalité.

Le principe d’individualité ordonne « l’abstraction » des formes. Il com-

mande qu’une chose se retire dans l’unité d’une forme qui s’oppose à celle de son

contraire. Ces deux choses opposées s’abstraient dans un rapport de vérité ou de

réalité.

- Elles s’individualisent dans un rapport de vérité lorsque la chose de l’étant

« qui est », s’oppose à la chose du néant qui « n’est pas ». Ainsi le blanc s’oppose

au non-blanc et le noir s’oppose au non-noir, l’existence s’oppose à l’inexistence,

le réel au virtuel, le matériel à l’immatériel, le fini à l’infini, le temporel à

l’atemporel, le présent à l’absent, etc. Si la chose de l’étant s’individualise par rapport à « ce qui n’est pas », elle existe

alors en vérité comme un être, « absolument » et indépendamment de toute chose.

Le rapport de vérité est donc un rapport d’indépendance et de liberté, qui se con-

çoit comme une « soustraction » de l’unité de l’être par rapport aux choses, en

application du « principe de l’absolutivité de l’être ».

- Elles s’individualisent dans un rapport de réalité quand la chose « même » de

l’étant positif s’oppose à la chose « contraire » de l’étant oppositif. Ainsi le blanc

s’oppose au noir, l’existence s’oppose à l’essence, le mâle s’oppose à la femelle,

la forme statique de la matière s’oppose à la forme dynamique de l’énergie, la

forme corpusculaire s’oppose à la forme ondulatoire, la lumière s’oppose à la

matière, la mobilité du temps s’oppose à l’immobilité de l’espace, le temporel s’oppose à l’intemporel, le passé au futur, etc.

Si la chose de l’étant s’individualise par rapport à « ce qui est », elle existe alors

en réalité comme une chose, « relativement » et dépendamment des autres

choses. Le rapport de réalité est donc un rapport de dépendance et de société, qui

se conçoit comme une « addition » de l’unité d’une chose par rapport aux autres

choses, conformément au « principe de la relativité des choses ».

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L’ordre des choses - Le rapport entre les choses

17

Le principe d’universalité doit se comprendre au sens de l’étymologie la-

tine des termes unus et versus, « tourné vers un », orienté de manière à former

une unité. Ce principe commande « l’attraction » des formes. Il ordonne que deux

choses opposées s’attirent dans l’unité d’une nouvelle forme, pour s’unir dans un

rapport de fusion ou de confusion, afin qu’elles « se tiennent », comme les deux

pans d’une toiture qui s’opposent l’un à l’autre.

- Elles s’unissent dans un rapport de fusion quand elles s’opposent substantiel-

lement sans se confondre. Cette union se réalise « relativement », de telle manière

qu’il est toujours possible de les individualiser d’une façon certaine l'une par rapport à l’autre. L’une prenant la forme du pôle positif et l’autre celle du pôle

oppositif. Par exemple le blanc et le noir se fondent sans se confondre dans

l’unité du damier ou de l’échiquier, le mâle et la femelle se fondent dans l’unité

d’un couple, le noyau positif et les électrons négatifs se fondent dans l’unité de

l’atome, la forme corpusculaire et la forme ondulatoire se fondent dans la lu-

mière, etc. Le rapport de fusion est donc un rapport de polarité, qui se conçoit

comme une « division » des contraires dans l’unité d’une forme. Ce rapport

s’ordonne selon un principe dit de « certitude relative » qui s’oppose au hasard du

jeu de dés et qui commande la réalité publique des choses.

- Deux choses qui s’opposent s’unissent dans un rapport de confusion quand

elles s’attirent l’une et l’autre pour se confondre consubstantiellement dans l’unité

d’une forme. Cette union se réalise « absolument », de telle manière qu’il n’est plus possible de les individualiser avec certitude l’une par rapport à l’autre. Par

exemple le gris n’est ni noir ni blanc, il confond le noir et le blanc, l’enfant est

une confusion du père et de la mère, la matière confond la forme corpusculaire et

la forme ondulatoire, le neutron confond le proton positif et l’électron négatif, etc.

Le rapport de confusion est donc un rapport de neutralité, qui se conçoit comme

une « multiplication » des contraires dans l’unité d’une forme. Il s’ordonne selon

le principe « d’incertitude absolue » qui commande le hasard du jeu de dés et la

vérité intime de l’être.

1B. L’ORDRE DES MOTS

L’ordre des mots dans nos propos se plie à l’ordre de la grammaire.

Les mots dans le propos

Le mot est un élément formel de la langue signifiant l’idée de réalité d’une

chose. Il est signifiant parce qu’il est « sens », c’est-à-dire faculté de sentir et de

savoir la réalité qu’il évoque par le biais de sa forme et de sa fonction grammati-

cale.

- La forme du mot « abstrait » le sens d’une idée de réalité. Par définition, la

réalité « c’est ce qui est ». Par exemple la forme du mot maison abstrait l’idée

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L’univers du Verbe

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que « c’est » une maison, par rapport à « ce qui est » en réalité cette chose : une

maison. Cette idée de réalité est « relative » et « objective », elle signifie « ce qui

est ». Peu importe que le mot manque de sens, comme le, de, à, que, etc. puisqu’il

signifie simplement « ce qui est ».

- La fonction du mot « attrait » l’idée de réalité d’un sens qui lui manque. Ainsi

le mot maison exprime l’idée d’une réalité abstraite qui manque de sens. Mais le

pouvoir attractif de sa fonction l’incite à s’unir avec un autre mot qui formule le

sens de la réalité concrète qui lui fait défaut, pour signifier par exemple : « La »

maison. Comme les êtres dans la nature, les mots ont besoin de s’exprimer les uns par rapport aux autres dans un propos pour réaliser leur existence.

Le propos est « ce dont on parle », c’est un élément formel du langage qui

signifie l’idée de vérité d’un être. Par définition, la vérité « est ce qui est », par

exemple le propos : Jules chante, associe deux mots pour exprimer l’idée que

Jules « est » ce qui chante, donc « ce qui est ». Cette idée de vérité de l’être est

« absolue », elle s’exprime librement et indépendamment de la réalité, puisqu’elle

est vraie si Jules chante en réalité, ou fausse si Jules ne chante pas en réalité.

Elle est aussi « subjective », elle n’existe vraiment que dans l’esprit du sujet par-

lant qui la formule dans son propos.

Les mots dans la grammaire

Comme l’univers, la grammaire est une raison qui est sa propre raison d’être. Les

mots naissent, vivent et meurent dans la grammaire, c’est elle qui ordonne leur

existence au gré du génie de sa raisonance. Les principes de la grammaire ne sont

qu’une application des principes de l’ordre naturel que l’on retrouve :

- Au niveau de l’ordonnance des mots : (2A).

- Et de leurs rapports : (2B).

2A. L’ORDONNANCE DES MOTS

Les mots s’ordonnent dans l’unité rigoureuse d’un paradoxe qui oppose la réalité

de l’essence et celle de l’existence. Pour les philosophes, l’essence est « ce qui

est » indépendamment de l’existence, alors que l’existence est « ce qui est » indé-

pendamment de l’essence. Cette contradiction constitue la clef de voûte de la

grammaire. On la retrouve partout, aussi bien dans l’esprit des mots, que dans

l’esprit qui anime l’ordre des mots. Elle se révèle au commencement de la gram-maire en montrant que :

- Le principe d’individualité ordonne l’abstraction de l’essence des mots dans leur forme grammaticale : (3A).

- Le principe d’universalité ordonne l’attraction de l’existence des mots dans leur fonction grammaticale : (3B).

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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3A. LES FORMES GRAMMATICALES

La forme grammaticale d’un mot est une forme abstraite de la réalité qui contient

le sens d’une chose, comme un flacon contient l’huile, le vinaigre ou le parfum.

Cette idée de réalité que le mot exprime se manifeste en conscience dans « sa

forme », tandis que l’idée de la chose apparaît en conscience dans « le sens » du

mot.

La grammaire répartit les mots en deux grandes catégories de formes selon le

caractère principal ou accessoire de l’idée qu’ils formulent :

- Les mots dits « imposants » ont une forme qui s’impose comme une image

principale de la réalité : (1a).

- La forme des mots « exposants » ne fait qu’exposer l’image accessoire d’une

réalité qui ne s’impose pas d’elle-même : (1b).

1a. Les mots imposants

Les deux mots imposants sont le nom et le verbe. Leur forme abstrait l’image des

deux réalités opposées et imposantes de l’ordre primordial que sont l’essence et

l’existence des choses.

- Le nom abstrait l’idée d’une forme de l’essence : (2a).

- Le verbe abstrait l’idée d’une forme de l’existence : (2b).

2a. Le nom

Le nom est la forme grammaticale de l’essence qui exprime le sens d’une entité.

Ce mot vient du latin entitas, issu du participe présent du verbe être esse qui si-

gnifie « étant ». Conformément à ce qui vient d’être dit :

- La réalité de l’essence se conçoit dans la forme du nom : (3a).

- La chose de l’entité se comprend dans le sens du nom : (3b).

3a. La forme du nom

Le nom est le mot qui évoque la réalité d’une forme de l’essence.

Ex. : Maison.

Ce mot est un nom, il évoque une idée de l’essence, une entité : maison. L’image

de la réalité qui se trouve abstraite dans la forme du nom peut être réalisée ou irréalisée, ce qui permet d’opposer :

- Le nom propre qui contient le sens d’une entité réalisée, pourvue d’une identité

propre.

Ex. : Paris.

- Au nom commun qui exprime l’idée d’une entité irréalisée dépourvue

d’identité propre.

Ex. : Maison.

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L’univers du Verbe

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3b. Le sens du nom

L’entité qui se trouve abstraite dans la forme du nom peut être animée ou inani-

mée, au sens lexical du terme qui signifie « mouvement ». Cette distinction op-

pose :

- Le nom d’être1 qui contient l’idée d’une forme d’essence animée, capable de

mouvement.

Ex. : Homme.

- Au nom de chose qui signifie l’idée d’une forme d’essence inanimée, incapable

de mouvement. Ex. : Maison.

2b. Le verbe

Le verbe est la forme grammaticale de l’existence qui exprime le sens d’une mo-

dité. Ce mot tiré du latin modus signifie « mesure, manière », il est employé ici

avec le sens de manière de l’existence, il s’oppose à l’entité qui signifie plutôt

la matière de l’essence. Ici aussi :

- La réalité de l’existence se voit dans la forme du verbe : (3a).

- Et la chose de la modité se sent dans le sens du verbe : (3b).

3a. La forme du verbe

Le verbe est un mot qui évoque l’idée d’une forme d’existence.

Ex. : Chanter.

Ce mot est un verbe, il évoque une forme d’existence, une modité : chanter.

L’idée de réalité de l’existence qui se trouve abstraite dans la forme du verbe est,

elle aussi, réalisée ou irréalisée. Cette distinction se retrouve au niveau :

- Des formes d’existence irréalisées du verbe ancillaire : (4a).

- Et des formes d’existence réalisées du verbe auxiliaire : (4b).

4a. Les formes irréalisées du verbe ancillaire Le terme « ancillaire » vient du latin ancilla, « la servante ». Il révèle que le verbe

est employé pour « servir » de forme d’existence à l’essence du nom. Le verbe

ancillaire possède trois formes irréalisées : l’infinitif, le participe passé et le parti-

cipe présent. Ces formes « irréalisées » signifient l’idée d’une forme d’existence

qui ne donne pas l’impression d’exister réellement dans la forme du verbe indé-

pendamment de son emploi.

- L’infinitif, comme son nom l’indique, montre une forme d’existence « infi-

nie », qui n’a pas de fin.

Ex. : Chanter.

1 Il s’agit de l’être « lexical » qui existe « en réalité » et qui s’oppose aux choses. Il se différencie de

l’être « grammatical » qui existe « en vérité » et qui peut être aussi une chose lexicale.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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- Le participe passé est à l’opposé, il montre une forme d’existence complète-

ment finie, on pourrait même dire « définitive ». C’est pourquoi le participe passé

prend l’appellation de forme du « définitif ».

Ex. : Chanté.

- Le participe présent se situe entre les deux formes précédentes. Il contient

l’idée d’une existence qui n’est pas finie, mais qui n’est pas non plus infinie, elle

donne plutôt l’impression d’être « indéfinie ». La forme du participe présent mé-

rite d’être nommée « l’indéfinitif ».

Ex. : Chantant. Dans ces trois formes verbales irréalisées, l’idée de la fin de l’existence se plie

rigoureusement aux exigences du principe d’individualité. On voit que l’infinitif

abstrait le sens du néant de l’existence, il montre une forme d’existence irréalisée,

infinie, « qui n’est pas ». A contrario l’indéfinitif et le définitif abstraient le sens

de deux formes de l’étant qui s’opposent, l’un une forme d’existence irréalisée

indéfinitive « qui est », l’autre une forme d’existence irréalisée définitive « qui

n’est plus ».

4b. Les formes réalisées du verbe auxiliaire

Le mot « auxiliaire » vient du latin auxilium, « secours ». Le verbe auxiliaire

vient au secours de la conjugaison du verbe ancillaire. Nous verrons qu’il existe

trois sortes de verbes auxiliaires, ils signifient chacun pour soi une forme d’existence « réalisée », qui existe réellement dans la forme du mot. Ils contien-

nent aussi le sens d’une fin qui se manifeste non pas dans « la forme », mais dans

« le sens » du verbe. Ces trois auxiliaires sont :

- Les auxiliaires « infinis » être et avoir qui s’utilisent avec le définitif (participe

passé). Ils signifient une forme d’existence réalisée de sens infini, « vide de sens

concret ».

Ex. : J’ai… (chanté).

- Les auxiliaires « indéfinis » sont des semi-auxiliaires qui s’utilisent avec

l’infinitif. Ils signifient une forme d’existence indéfinie qui « manque de sens

concret ».

Ex. : Je vais… (chanter). - Les auxiliaires « définis », encore nommés « hémi-auxiliaires », sont utilisés

avec l’indéfinitif (participe présent). Ce sont d’authentiques verbes qui expriment

le sens défini d’une existence réalisée, « pleine de sens concret ».

Ex. : Il travaille… (en chantant).

Ici aussi, on voit que les auxiliaires infinis abstraient dans leur forme le néant du

sens concret de l’existence, ils expriment l’idée d’une forme d’existence infinie

« vide de sens concret ». Pour leur part les auxiliaires définis et indéfinis abs-

traient dans leur forme respective deux sens de l’étant qui s’opposent, ils signi-

fient, l’un, une forme d’existence « qui manque de sens concret », l’autre, une

forme d’existence « qui ne manque pas de sens concret ».

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L’univers du Verbe

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3b. Le sens du verbe

Le sens de la modité, comme celui de l’entité, est animé ou inanimé. Ici, le mou-

vement se comprend avec une idée « d’acte » qui met en opposition :

- Le verbe d’action, forme d’existence animée signifiant l’idée d’un acte.

Ex. : Chanter.

- Au verbe d’état, forme d’existence inanimée, sans idée d’acte.

Ex. : Être.

1b. Les mots exposants Les mots exposants se répartissent en deux grandes sous-catégories de formes qui

s’opposent selon la capacité d’adhérence de leur sens.

- Les mots « composants » ont un sens insuffisant qui ne leur permet pas

d’imposer l’idée de réalité qu’ils formulent. Ce sens incomplet n’est plus qu’un

adjuvant du sens d’un autre mot, expliquant pourquoi ces mots signifient l’idée

d’une réalité « adhérente » qui s’attache au sens d’un autre mot pour en composer

la forme : (2a).

- Les mots « supposants » sont en bas de l’échelle du sens. Ils manquent à tel

point de sens que celui-ci ne peut plus être que supposé. Leur forme abstrait

l’idée d’une réalité « inhérente » qui n’appartient qu’à eux, ils sont incapables de

s’attacher au sens d’un autre mot pour en composer la forme : (2b).

2a. Les mots composants

Ces mots formulent un sens qui adhère au sens de l’essence ou de

l’existence qu’exprime un autre mot :

- L’adnom est le mot composant qui adhère au sens de l’essence : (3a).

- L’adverbe est le mot composant qui adhère au sens de l’existence : (3b).

3a. L’adnom

L’adnom est un mot composant attaché ou détaché de la forme du nom, il con-

tient le sens d’une « entification ». Au radical de ce mot qui signifie « entité »

s’ajoute le suffixe « fication » qui veut dire « faire ». L’adnom est un mot qui sert

à faire l’entité.

Les formes de l’adnom se scindent en deux sous-catégories qui s’opposent selon

le pouvoir de synthèse de leur sens, c’est-à-dire le pouvoir de confondre ou non le

sens qu’ils contiennent avec celui de l’entité.

- L’adnom prothétique exprime un sens qui se confond avec le nom, il est indis-sociable de la forme du nom qu’il présente ou qu’il représente : (4a).

- L’adnom épithétique contient un sens qui ne se confond pas avec celui du nom, il est toujours dissociable de la forme du nom : (4b).

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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4a. L’adnom prothétique

Une prothèse est un appareil qui met en place ou qui remplace un organe défail-

lant. Cette définition amène à distinguer deux sortes d’adnoms selon que leur

forme prothétique est essentielle ou existentielle :

- La forme essentielle du prénom identifiant met en place la forme du nom : (5a).

- La forme existentielle du pronom qualifiant remplace la forme du nom : (5b).

5a. Le prénom identifiant

Le prénom identifiant formule le sens d’une identité qui se confond avec le sens

de l’entité qu’il met en place. C’est un composant attaché au nom, physiquement

indissociable de la forme du nom qu’il « présente ». Sur le plan grammatical c’est

une :

- Une forme « essentielle » de l’essence : (6a).

- Qui contient un sens « identifiant » : (6b).

6a. La forme du prénom

Le prénom est une forme « essentielle » de l’essence, il est une « forme d’essence dans l’essence ».

Ex. : La maison.

La forme essentielle du prénom la s’incorpore dans celle de l’essence maison

pour exprimer l’idée d’une entité qui existe en réalité.

6b. Le sens du prénom

Le sens de l’identité montre que l’entité existe « essentiellement » en genre et en

nombre.

- Le genre qualitatif, masculin ou féminin, signifie la forme « essentielle » de

l’entité.

- Le nombre quantitatif, singulier ou du pluriel, confirme la réalité de cette

forme. C’est le nombre qui permet d’affirmer l’existence d’une forme de l’essence, car il l’individualise dans l’unité d’une forme de l’étant ou du néant

permettant qu’on la désigne et qu’on la compte. Une chose qui n’a pas de nombre

n’est rien et n’existe pas, si elle n’est pas individualisable dans la limite d’une

forme qui la distingue d’une autre forme. L’être vient à l’existence quand il se

distingue du non-être par le nombre qui l’individualise.

Le sens de l’identité se partage, lui aussi, entre le sens de l’essence et celui de

l’existence pour donner naissance à un prénom dont le sens identifiant est :

- Générique lorsqu’il identifie « ce qu’est » l’entité, c’est-à-dire la nature essen-tielle de l’entité qu’il présente : (7a).

- Spécifique s’il montre « comment est » l’entité, c’est-à-dire sa manière d’être, ou encore sa facture existentielle : (7b).

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L’univers du Verbe

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7a. Le prénom générique

Le sens du prénom générique est :

- Assessif s’il identifie « l’assiette » de l’entité, absolument, en soi.

- Possessif lorsqu’il l’identifie relativement à un « possesseur ».

Le prénom assessif est monstratif ou démonstratif.

- Le prénom monstratif « montre » l’identité intrinsèque de l’entité avec le sens

d’un :

Article défini évoquant une identité universelle ou déterminée : le, la, les, l’.

Ex. : Le pain, les pains.

Ou indéfini signifiant une identité individuelle ou indéterminée : un, une, des.

Ex. : Un pain, des pains.

- Le prénom démonstratif « montre » l’identité extrinsèque de l’entité : Ce, cet, cette, ces.

Ex. : Ce pain.

Le prénom possessif identifie l’entité par rapport à :

- Un possesseur, personnifié à la 1e, 2 e, 3 e personne du singulier :

Pour une entité possédée : mon, ton, son, ma, ta, sa.

Pour plusieurs entités possédées : mes, tes, ses.

Ex. : Mon pain, mes pains.

- Plusieurs possesseurs, personnifiés à la 1e, 2 e, 3 e personne du pluriel :

Pour une entité possédée : notre, votre, leur.

Pour plusieurs entités possédées : nos, vos, leurs.

Ex. : Notre pain, nos pains.

7b. Le prénom spécifique

Il est :

- Qualitatif s’il identifie un aspect non mesurable de l’entité.

- Quantitatif quand il identifie un aspect mesurable.

Le prénom qualitatif est :

- Qualitatif général s’il n’indique pas l’ordre exact de l’entité : autre, certain,

chaque, différent, divers, même, n’importe quel, tel, etc.

Ex. : Tel homme.

- Qualitatif ordinal quand il indique l’ordre exact de l’entité : premier, deuxième,

troisième, quatrième, etc.

Ex. : Premier chapitre.

Le prénom quantitatif est : - Quantitatif général s’il n’identifie pas le nombre exact de l’entité : aucun,

maint, nul), plusieurs, quelque, tous, tout, etc.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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Ex. : Aucun homme.

- Quantitatif numéral s’il identifie le nombre exact de l’entité : zéro, un, deux,

trois, etc.

Ex. : Deux hommes.

5a. Le pronom qualifiant

Le pronom qualifiant contient le sens d’une qualité qui se confond avec le sens de

l’entité qu’il remplace. C’est un composant détaché du nom, psychiquement in-

dissociable de la forme du nom qu’il « représente ». Sur le plan grammatical il se présente comme :

- Une forme « existentielle de l’essence » : (6a).

- Qui contient un sens « qualifiant » : (6b).

6a. La forme du pronom

Le pronom est une forme « existentielle » de l’essence qui exprime l’idée d’une

« forme d’essence sans l’essence ». Il prend l’appellation :

- D’un « pronom nominal », en l’absence du nom qu’il représente.

Ex. : Elle chante.

Le pronom nominal elle signifie une qualité monstrative qui ne permet pas

d’identifier l’essence qu’il représente. Mais il montre que l’entité existe malgré

tout « réellement », en genre et en nombre, même en l’absence de la forme de

l’essence qui permettrait de l’identifier.

- D’un « pronom pronominal », en présence du nom qu’il représente, (Au sens

étymologique du terme, pronominal qui signifie « pour le nom »).

Ex. : Parmi ces livres je prendrai celui-ci. Le pronom pronominal celui-ci signifie une qualité démonstrative qui ne permet

pas d’identifier le nom référent livre qu’il représente en sa présence.

6b. Le sens du pronom

Le sens qualifiant qui se trouve abstrait dans la forme du pronom se divise aussi

entre le sens de l’essence et celui de l’existence, pour donner un pronom :

- Générique qui montre la nature essentielle de l’entité qu’il représente : (7a).

- Ou spécifique s’il indique une facture existentielle de cette entité : (7b).

7a. Le pronom générique

Il est, lui aussi :

- Assessif s’il qualifie absolument l’assiette de l’entité qu’il représente : (8a).

- Possessif s’il la qualifie relativement, par rapport à un possesseur : (8b).

8a. Le pronom assessif

Ce pronom est :

- Monstratif quand il qualifie intrinsèquement l’entité qu’il représente : (9a).

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L’univers du Verbe

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- Démonstratif quand il la qualifie extrinsèquement : (9b).

9a. Le pronom monstratif

On dit qu’il est :

- Personnalisé, s’il sert à conjuguer le verbe : (10a).

- Impersonnalisé, lorsqu’il ne sert pas à conjuguer le verbe : (10b).

10a. Le pronom personnalisé Ce pronom jouit de la personnalité grammaticale. Il se classe en fonction :

Du critère morphologique de l’ordre de la personnalité, selon qu’il

s’agit d’un :

Pronom personnel qui représente une entité dotée d’une identité connue ou

supposée, et de la qualité de :

- Première personne grammaticale :

Du singulier : je. Ou du pluriel : nous.

- Deuxième personne grammaticale. Du singulier : tu.

Ou du pluriel : vous.

- Troisième personne grammaticale. Du masculin singulier ou pluriel : il, ils.

Du féminin singulier ou pluriel : elle, elles.

Pronom impersonnel qui représente une entité privée d’identité mais nantie

de la qualité de troisième personne grammaticale : Il.

Ex. : Il pleut.

Et du critère syntaxique de son degré d’autonomie.

Les pronoms personnalisés n’ont pas d’autonomie grammaticale, ils font partie de

la catégorie des pronoms dits « conjoints », toujours employés en fonction de

sujet dans le voisinage immédiat du verbe. Ex. : Je chante.

10b. Le pronom impersonnalisé ne jouit pas de la personnalité grammaticale.

On dit qu’il est :

- Personnifié s’il contient le sens d’une personne lexicale (11a).

- Impersonnifié s’il ne le contient pas (11b).

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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11a. Le pronom personnifié représente une entité nantie de l’identité de la per-

sonne lexicale mais privée de la qualité de la personne grammaticale. Il se classe

en fonction :

Du critère morphologique de l’ordre de la personnification, selon qu’il

s’agit de la :

- Première personne lexicale.

Du singulier : me, moi.

Ou du pluriel : nous. - Deuxième personne lexicale.

Du singulier : te, toi.

Ou du pluriel : vous.

- Troisième personne lexicale.

Du singulier : se, soi, le, la, lui, elle.

Du pluriel : se, les, leur, eux, elles.

Et du critère syntaxique de son degré d’autonomie, selon qu’il est :

- Conjoint, privé d’autonomie, quand il s’emploie entre le pronom personnalisé

et le verbe : me, nous, te, vous, se, le, la, les, lui, leur.

Ex. : Je te donne un livre.

- Ou disjoint s’il possède une certaine autonomie : moi, nous, toi, vous, soi, lui, elle, eux, elles.

Ex. : Moi, je pars, eux m’accompagnent, lui reste.

11b. Le pronom impersonnifié signifie l’état existentiel sans genre ni nombre de

la chose qu’il représente. Il n’est pas une personne lexicale, il n’a ni l’identité ni

la qualité de la personne. Il est représenté par les pronoms conjoints : le, en, y.

Ex. : Il y a du monde.

Ex. : J’en viens.

Ex. : Êtes-vous infirmières ? Nous le sommes. (Et non : * Nous les

sommes).

9b. Le pronom démonstratif

Il apporte le sens d’une qualification extrinsèque : ce, celui, celle, ceux, ceci, cela,

ça, etc.

Ex. : Donnez-moi celui-ci.

8b. Le pronom possessif

Il qualifie l’entité par rapport à :

- Un seul possesseur : Pour une entité possédée : le mien, le tien, le sien, la mienne, la tienne, la

sienne.

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L’univers du Verbe

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Pour plusieurs entités possédées : les miens, les tiens, les siens, les miennes,

les tiennes, les siennes.

- Plusieurs possesseurs : Pour une entité possédée : le nôtre, le vôtre, le leur, la nôtre, la vôtre, la leur.

Pour plusieurs entités possédées : les nôtres, les vôtres, les leurs.

Ex. : Prends ce livre et donne-moi le tien.

7b. Le pronom spécifique

Il est, lui aussi :

- Qualitatif s’il qualifie un aspect non mesurable de l’entité.

- Quantitatif quand il qualifie un aspect mesurable.

Le pronom qualitatif est :

- Qualitatif général s’il ne qualifie pas l’ordre exact de l’entité : autre, autrui,

certains, chacun, l'un, le même, on, quelqu’un, quelques-uns, quelque chose, quiconque, tel, etc.

Ex. : Ne faites pas de mal à autrui.

Ex. : Il devrait être content, mais tel n’est pas le cas.

- Qualitatif ordinal quand il qualifie l’ordre exact de l’entité : Le premier, le

deuxième, troisième, quatrième, etc.

Ex. : Je serai le premier à partir.

Le pronom quantitatif est :

- Quantitatif général s’il ne qualifie pas le nombre exact de l’entité : Aucun,

maint, nul, plusieurs, quelque, rien, personne, tous, tout, etc.

Ex. : Plusieurs sont venus, aucun n’est resté.

Ex. : Il ne voit rien. - Quantitatif numéral lorsqu’il qualifie le nombre exact de l’entité : zéro, un,

deux, trois, etc.

Ex. : Parmi ces livres, j’en choisirai deux.

4b. L’adnom épithétique

L’adnom épithétique contient un sens qui ne se confond pas avec celui du nom, il

est toujours dissociable de la forme du nom qu’il accompagne. Il faut encore

individualiser deux catégories d’adnoms épithétiques selon que leur forme

s’apparente à celle de l’essence ou de l’existence :

- La forme essentielle est celle de l’adjectif identificatif : (5a).

- Et la forme existentielle appartient à l’adjectif qualificatif : (5b).

5a. L’adjectif identificatif

C’est :

- Une forme « d’essence de l’essence ».

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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- Qui contient un sens « identificatif ». Cet adjectif se situe toujours après le nom. Il abstrait dans sa forme un sens iden-

tificatif qui ne se confond pas avec celui de l’entité qu’il identifie.

La forme de l’adjectif identificatif

Elle exprime l’idée d’une « forme d’essence de l’essence », c'est-à-dire une forme

de « ce qui est » l’essence, dépendamment de l’essence.

Ex. : Un voyage présidentiel.

Le mot présidentiel est un adjectif identificatif signifiant la forme d’essence pré-

sidentielle de l’essence un voyage.

Le sens de l’adjectif identificatif

Il se répartit entre :

- Celui de l’être lexical. Ex. : Un voyage présidentiel.

- Ou celui de la chose lexicale. Ex. : Un voyage annuel.

5b. L’adjectif qualificatif

C’est :

- Une forme « d’existence de l’essence ».

- Qui contient un sens « qualificatif ».

La forme de l’adjectif qualificatif

Elle n’identifie pas l’entité, elle signifie seulement sa manière d’être, on préfère

dire « sa forme d’existence ». Ce mot exprime l’idée d’une « forme d’existence

de l’essence ».

Ex. : Un enfant heureux.

Le mot heureux est un adjectif qualificatif signifiant la forme d’existence heu-

reuse de l’essence un enfant.

Le sens de l’adjectif qualificatif

Il se répartit globalement entre :

- Le sens générique qui montre la nature « essentielle » de l’essence. Ex. : Un objet certain.

- Et le sens spécifique qui montre une facture « existentielle » de l’essence. Ex. : Un bel objet.

3b. L’adverbe

C’est :

- Une forme « d’existence de l’existence » : (4a).

- Qui exprime un sens « modificatif » : (4b).

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L’univers du Verbe

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4a. La forme de l’adverbe

Elle montre la manière d’être, la manière d’exister, d’une autre forme d’existence.

L’adverbe est une « forme d’existence de l’existence ».

Ex. : Il vit tranquillement.

Le mot tranquillement est un adverbe signifiant la forme d’existence tranquille de

l’existence que formule le verbe vivre.

4b. Le sens de l’adverbe

Le sens modificatif de l’adverbe se répartit aussi entre :

- Le sens générique qui montre la nature « essentielle » de l’existence : (5a).

- Et le sens spécifique d’une facture « existentielle » de l’existence : (5b).

5a. Les adverbes génériques Ce sont des formes d’existences « essentielles » de l’existence qui signifient :

- La « chose » de l’existence quand ils sont « chosatifs » : (6a).

- Une « cause » de l’existence quand ils sont « causatifs » : (6b).

6a. Les adverbes chosatifs

Une forme d’existence n’a pas de réalité si elle n’est pas individualisable dans

l’unité d’une forme de l’étant ou du néant qui peut être désignée « essentielle-

ment » comme une chose qui existe ou qui n’existe pas. Les adverbes chosatifs

qui expriment le sens de cette réalité prennent le nom d’adverbes :

- Chosatifs « dispositifs » s’ils évoquent le sens certain du oui « ou » du non de l’existence : (7a).

- Chosatifs « suppositifs » s’ils évoquent le sens incertain du oui « et » du non de l’existence : (7b).

.

7a. Les adverbes dispositifs

Ces adverbes disposent la chose de l’existence dans la réalité, ils la font ou la

défont, ils montrent qu’elle existe ou n’existe pas, qu’elle est ajoutée ou sous-

traite, confirmée ou concédée, etc. Ils se répartissent globalement dans deux caté-

gories selon que leur sens est positif ou oppositif.

Les adverbes positifs formulent le sens certain du « oui » de l’existence. Le

mot « positif » doit s’entendre au sens le plus large, non seulement pour affirmer

la réalité de l’existence, mais aussi pour signifier une opération d'addition, de

restitution, de succession, voire le simple constat de l’existence. Les nuances du

sens positif sont trop nombreuses pour s’inscrire dans une liste limitative. On

pourrait presque dire que tout adverbe qui ne trouve pas sa place dans une autre

catégorie appartient à celle des adverbes positifs. Les formes les plus communes

sont celles des adverbes :

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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- D’affirmation positive : ainsi, assurément, aussi, certainement, certes, c’est-à-

dire, d’accord, effectivement, en effet, évidemment, oui, parfaitement, précisé-

ment, pour ainsi dire, pour sûr, que, sans doute, soi-disant, si, soit, sûrement, tout

à fait, volontiers, vraiment, etc.

Ex. : Oui, je crois que tout ira bien.

Ex. : Que de gens sont malheureux sur terre.

- De confirmation positive : que si, mais si, certes oui, bien sûr, évidemment, etc.

Ex. : Vous ne venez pas avec nous ? - Si.

Ex. : Tu dis non et moi je dis que si. - D’addition : alors, ensuite, aussi, également, encore, etc.

Ex. : J’en veux aussi.

- De succession : tantôt… tantôt, ensuite, d’abord, après, antérieurement, posté-

rieurement, auparavant, etc.

Ex. : D’abord il travaille, ensuite il se repose.

Les adverbes oppositifs disent le sens certain du « non » de l’existence. Ils

évoquent un sens adversatif qui doit être aussi entendu largement, soit pour indi-

quer la négation ou la concession, mais aussi pour signifier une opération de

restriction, de substitution, d’alternative, de séparation, une privation, un rap-

port de différence, etc. Appartiennent à cette catégorie, les adverbes :

- D’affirmation négative : non, aucunement, jamais, nullement, ne, ne…pas (plus, jamais, point), nul…ne, pas, pas du tout, point, etc.

Ex. : Non, je ne viendrai pas avec vous.

- De confirmation négative : que non, mais non, certes, non, bien sûr que non,

bien évidemment non, etc.

Ex. : Je te dis que non !

- De soustraction : moins, mais, pourtant, ne… plus que, etc.

Ex. : J’en voudrais moins.

- De restriction : ne, uniquement, seulement, simplement, etc.

Ex. : Le chien veut seulement s’amuser.

- De concession : au contraire, cependant, en revanche, loin de, mais, néan-

moins, nonobstant, pourtant, par contre, toutefois, etc. Ex. : Il est néanmoins déçu.

- D’alternative : tantôt…tantôt, soit… soit, plutôt, etc.

Ex. : Il donne tantôt à l'un, tantôt à l'autre.

7b. Les adverbes suppositifs

Ces adverbes supposent la chose de l’existence d’une manière qui est :

Conditionnelle : si, sinon, etc.

Ex. : Viens, sinon je me fâche.

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Hypothétique ou dubitative : peut-être, probablement, sans doute, éventuel-

lement, si par hasard, si jamais, si d’aventure, etc.

Ex. : Il viendra peut-être.

6b. Les adverbes causatifs

Ils s’intéressent à la cause « essentielle » de l’existence, c’est-à-dire à la chose qui

cause l’existence d’une autre chose. Dans une relation de causalité la cause pré-

cède toujours l’effet. C’est pourquoi l’adverbe causatif est :

Inductif : s’il induit le sens d’une « cause initiale », telle qu’une explication

a priori, ou une justification a posteriori. Cette catégorie est représentée par les

adverbes : pourquoi, comme, en effet, effectivement, etc.

Ex. : Il pleure, il ne sait même pas pourquoi.

Déductif : quand il déduit le sens d’un « effet final », comme le but qui est

volitif, ou son opposé : la conséquence, qui n’est pas l’expression d’une volonté :

alors, ainsi, aussi, en vain, donc, du coup, d’ailleurs, par conséquent, etc.

Ex : Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

5b. Les adverbes spécifiques

Ce sont des formes d’existences « existentielles » de l’existence, de sens :

- Perspectif si elles situent l’existence dans une dimension universelle : (6a).

- Aspectif quand elles l’apprécient individuellement : (6b).

6a. Les adverbes perspectifs Ils situent l’existence dans une perspective :

Spatiale : Ailleurs, à côté, à droite, à gauche, à l’avant, à l’arrière, au-

dessous, au-dessus, dedans, dehors, derrière, devant, ici, là, loin, n’importe où,

nulle part, par endroits, partout, etc.

Ex. : Il habite ici.

Ou temporelle : à l’avance, à présent, antérieurement, après, aujourd'hui,

auparavant, aussitôt, autrefois, d’abord, déjà, désormais, durant, maintenant,

parfois, pendant, quand, quelquefois, tard, tôt, etc.

Ex. : Quand les cigognes passent.

6b. Les adverbes aspectifs

Ils s’intéressent à l’aspect :

Qualitatif de l’existence. Ce sont les adverbes de « manière », qui montrent

un aspect non mesurable de l’existence : à dessin, à l'envi, à loisir, à tort, bien,

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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comme, comment, mal, mieux, pis, que, si, ainsi qu’un très grand nombre

d’adverbes en -ment : franchement, doucement, gentiment, calmement, etc.

Ex. : Il travaille bien.

Quantitatif de l’existence, quand ils montrent un aspect mesurable : assez,

aussi, autant, beaucoup, davantage, énormément, faiblement, modérément,

moins, peu, plus, si, suffisamment, tant, tellement, tout, très, trop, etc.

Ex. : Il travaille beaucoup.

2b. Les mots supposants

Contrairement aux mots composants, la forme des mots supposants exprime une

idée de réalité qui n’adhère pas au sens d’un autre mot. Leur forme « inhérente »

n’appartient qu’à eux, l’idée qu’ils expriment n’a plus de rapport direct avec la

réalité du monde. Ici, la mise en œuvre du principe d’individualité atteint un tel

degré d’abstraction, que la forme des mots supposants n’a plus de lien véritable

avec la réalité, elle s’abstrait de la réalité elle-même. Ces mots s’opposent dans

deux catégories de formes grammaticales, qui sont :

- L’adjonction : forme « cohérente » qui évoque l’idée d’une consistance : (3a).

- L’interjection : forme « incohérente » qui évoque l’idée d’une insistance : (3b). D’une certaine façon, ces mots représentent les formes les plus élaborées ou les

plus primitives de l’abstraction. La forme abstractive de l’adjonction semble la

plus achevée, elle pourrait bien être le dernier de tous les mots. Elle s’oppose à

l’interjection qui pourrait être le premier de tous les mots, sa forme abstractive

paraît la plus primitive.

3a. L’adjonction

L’adjonction est un mot usé, c’est une forme grammaticale simplement « essen-

tielle ou existentielle » qui n’a plus rien à voir avec les formes de l’essence ou de

l’existence dont elle est issue. Ce mot dont l’étymologie signifie « ajouté pour

joindre » contient un sens « supposé » qui n’apparaît concrètement qu’au moment

de son emploi. L’adjonction n’est utilisée que pour assurer une « cohérence » de

sens entre les mots tout en exprimant l’idée de la « consistance » qui les unit.

L’étymologie de ce mot signifie « qui tient ensemble », et explique pourquoi cette

idée n’acquiert sa signification définitive que dans le contexte des mots qu’elle

met en cohérence.

Ex. : Une tasse à café. Pris isolément le mot à ne signifie pas grand-chose, il se trouve déconnecté de

toute réalité. Il ne prendra tout son sens que dans l’association des formes tasse à

café pour exprimer la consistance d’un rapport de destination entre le mot tasse et

le mot café. Ce mot est une adjonction.

Ex. : Aller et venir.

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L’univers du Verbe

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Le mot et est aussi une adjonction qui associe les verbes aller et venir en indi-

quant la consistance d’un rapport cumulatif entre ces deux verbes.

Un examen plus attentif montre que la consistance de la relation qui est établie

par ces deux adjonctions n’est pas de même nature. Dans l’expression une tasse à

café l’adjonction à établi une relation logique de dépendance grammaticale entre

les mots, elle introduit l’idée du nom café qui ajoute au sens du nom tasse. Mais

dans l’expression aller et venir l’adjonction et ne fait qu’établir une relation lo-

gique de dépendance lexicale entre les mots, elle introduit l’idée du verbe venir

qui n’ajoute rien au sens du verbe aller. C’est pourquoi une distinction s’impose entre deux catégories d’adjonctions qui se nomment :

- Les « subordonnants » quand ils expriment la consistance d’un rapport de sens grammatical : (4a).

- Et les « coordonnants » s’ils expriment la consistance d’un rapport de sens lexical : (4b).

4a. Les subordonnants

Le rapport de sens grammatical qui unit deux formes s’appelle « la fonction ».

Les subordonnants sont des mots grammaticaux qui introduisent une fonction.

Quand cette fonction est exercée par :

- Un mot, le subordonnant se nomme « une préposition » : (5a).

- Une proposition, il se nomme « la conjonction que » : (5b).

5a. La préposition

La préposition est :

- Une forme grammaticale essentielle ou existentielle : (6a).

- Qui contient le sens d’une consistance grammaticale : (6b).

6a. La forme de la préposition

La forme grammaticale essentielle ou existentielle de la préposition n’apparaît

vraiment qu’au moment de son emploi, lorsqu’elle introduit la fonction du mot.

Voilà pourquoi l’examen de cette forme ne pourra être valablement abordé qu’au

moment de l’étude de sa fonction. Pour l’instant contentons-nous de dire que la

préposition est une forme grammaticale :

- Essentielle quand elle apporte le supplément de sens grammatical d’une forme

de l’essence à la fonction du mot qu’elle introduit : (7a).

- Existentielle lorsqu’elle lui apporte le supplément de sens grammatical d’une

forme d’existence : (7b).

La préposition essentielle apporte le sens grammatical de la forme du nom.

Ex : (1) : Il aime à travailler.

Ex : (2) : Il aime le travail.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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En présence de la préposition essentielle à, le verbe travailler en (1) est senti

comme un nom de la même manière qu’en (2). L’association de la préposition et

du verbe évoque la forme essentielle du nom le travail.

La préposition existentielle apporte le sens grammatical d’une forme

d’existence qui s’apparente à celle :

- D’un adjectif qualificatif.

Ex : (1) : Il est en maladie.

Ex : (2) : Il est malade. En présence de la préposition existentielle en, le nom maladie en (1) se présente

de la même façon qu’un adjectif en (2), l’association de la préposition et du nom

évoque ici un équivalent de la forme de l’adjectif malade.

- Ou d’un adverbe.

Ex : (1) : Elle marche dans la rue.

Ex : (2) : Elle marche là.

En présence de la préposition existentielle dans, le nom la rue en (1) s’exprime

comme s’il était un adverbe en (2), l’association de la préposition et du nom

évoque ici la même chose que l’adverbe spatial là.

6b. Le sens de la préposition

Le sens lexical de la préposition ne se confond pas avec son sens grammatical. Ce sens se distingue, lui aussi, entre :

- Le sens lexical générique de nature « essentielle » : (7a).

- Et le sens lexical spécifique de facture « existentielle » : (7b).

7a. Les prépositions génériques

Elles empruntent le sens de leur classification aux adnoms et aux adverbes.

Le sens générique adnominal est :

- Assessif s’il montre l’assiette de la fonction du mot : de, du, de la, des, etc.

Ex. : Il boit du vin. La ville de Paris.

- Possessif s’il signifie le possesseur : à, pour, au profit de, au bénéfice de, à

l’attention de, etc.

Ex. : Ce livre est à moi. Ce livre est pour toi.

Le sens générique adverbial est : - Chosatif s’il exprime :

Le sens dispositif de l’étant positif ou oppositif : avec, sans, sauf, etc.

Ex. : Je viendrai avec toi.

Ou suppositif du doute, de la condition, de l’hypothèse : à condition de, dans

le cas de, à moins de, etc.

Ex. : Il fera la vaisselle à condition d’être récompensé.

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L’univers du Verbe

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- Causatif s’il est :

Inductif d’une cause initiale : à cause de, étant donné, attendu, etc.

Ex. : Il pleure à cause du film.

Déductif d’un effet final : de façon à, de manière à, etc.

Ex. : Il travaille de façon à réussir.

7b. Les prépositions spécifiques

Elles expriment le sens :

- Perspectif : Spatial : dans, sur, sous, près, à l’intérieure, entre, parmi, etc.

Ex. : Il habite dans un chalet.

Temporel : avant, après, dès, pendant, etc.

Ex. : Je viendrai avant toi.

- Aspectif :

Qualitatif ou de manière : comme, selon, avec, grâce à, à l’aide de, etc.

Ex. : Il s’exprime avec difficulté.

Quantitatif : tant de, peu de, beaucoup de, selon, avec, etc.

Ex. : Il a tant d’amis.

Les prépositions les plus employées ont un sens polysémique, particulièrement à

et surtout de qui exprime aussi bien : le sens assessif (la ville de Paris), possessif

(le livre de Marie), causatif (mourir de faim), locatif (le train de Paris), temporel (le bouillon de onze heures), qualitatif (réciter de mémoire), quantitatif (un retard

de dix minutes).

5b. La conjonction que

Quand un propos s’associe à un autre propos, il forme avec lui une « phrase » et

ne s’analyse plus comme un propos à part entière, l’idée de vérité qu’il signifie

étant confisquée par celle qu’exprime la phrase. Il n’est plus qu’un élément lo-

gique, simple composant d’une construction mentale qui le transcende. Comme il

peut être l’objet d’une analyse logique, il perd son nom et devient : « une proposi-

tion ». La conjonction que est l’instrument de subordination de la proposition.

Elle se présente, elle aussi, comme : - Une forme grammaticale essentielle ou existentielle : (6a).

- Qui contient le sens d’une consistance : (6b).

6a. La forme de la conjonction que

Comme la préposition, la forme grammaticale essentielle ou existentielle de la

conjonction n’apparaît qu’au moment de son emploi. On abordera l’examen dé-

taillé de cette forme au moment de l’étude des fonctions grammaticales. En atten-

dant, disons simplement que la forme grammaticale de la conjonction est :

- Essentielle quand elle apporte un supplément de sens grammatical essentiel à la fonction de la proposition qu’elle introduit.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les formes

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- Existentielle lorsqu’elle lui apporte un supplément de sens grammatical existen-tiel.

La conjonction essentielle. La proposition est l’équivalent grammatical d’un

nom, sa fonction est toujours « nominale ». La conjonction que lui apporte un

supplément de sens essentiel qui confirme son statut d’équivalent du nom.

Ex : (1) : Le fait que tu viennes me réjouit.

Ex : (2) : Le fait de ta venue me réjouit.

En présence de la conjonction que la proposition : que tu viennes en (1) est sentie

comme l’équivalent du nom : ta venue en (2).

La conjonction existentielle apporte à la fonction nominale de la proposi-

tion un supplément de sens grammatical existentiel qui lui confère le statut :

- D’un nom adjectival.

Ex : (1) : La décision sera selon qu’il est prescrit dans la loi.

Ex : (2) : La décision sera légale.

En présence de la conjonction selon que, la subordonnée : il est prescrit dans la

loi en (1) est sentie comme l’équivalent de l’adjectif : légale en (2).

- Ou d’un nom adverbial.

Ex : (1) : Je partirai dès que le soleil se lèvera.

Ex : (2) : Je partirai tôt.

En présence de la conjonction dès que, la proposition : le soleil se lèvera en (1)

est sentie comme l’équivalent de l’adverbe : tôt en (2).

6b. Le sens de la conjonction que

Comme pour la préposition, le sens lexical de la conjonction ne se confond pas

avec son sens grammatical. Ce sens lexical se distingue aussi entre :

- Le sens générique d’une consistance de nature « essentielle » : (7a).

- Et le sens spécifique d’une consistance de facture « existentielle » : (7b).

7a. Les conjonctions génériques

Elles empruntent leur classification au sens générique des adnoms et des ad-

verbes.

Le sens générique adnominal appartient à la conjonction assessive que,

quand elle exprime le sens général indifférencié de l’assiette de la subordonnée :

Ex. : Je souhaite que tu viennes. Le fait qu’il vienne me réjouit.

Le sens générique adverbial appartient à la conjonction :

- Chosative qui exprime le sens :

Dispositif du positif ou de l’oppositif : autant que, outre que, en plus que,

non sans que, au lieu que, cependant que, sinon que, etc.

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L’univers du Verbe

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Ex. : Outre qu’il n’est pas doué, il n’a pas la compétence.

Ex. : Je ne demande rien, excepté que tu me tiennes informé.

Ou suppositif du doute, de l’hypothèse, de la condition : peut-être que, à sup-

poser que, à moins que, pour peu que, pourvu que, du moment que, à condi-

tion que, si tant est que, etc.

Ex. : Je te laisse jouer à condition que tu termines tes devoirs.

- Causative qui contient un sens :

Inductif, explicatif ou justificatif : parce que, tout que, dès lors que, non que,

surtout que, attendu que, du fait que, étant donné que, puisque, etc. Ex. : Attendu que le délit est prouvé, vous serez condamné.

Ou déductif, volitif ou consécutif : pour que, de sorte, de façon que, afin que,

si bien que, c’est pour ça que, etc.

Ex. : Elle l’avertit de sorte qu’il soit prévenu.

7b. Les conjonctions spécifiques

Elles expriment le sens :

- Perspectif :

Spatial : où que, aussi loin que, ailleurs que, jusqu’où, etc.

Ex. : J’irai où que tu ailles.

Temporel : dès que, depuis que, avant que, après que, en même temps que, au

moment que, lorsque, pendant que, sitôt que, tandis que, etc. Ex. : Je partirai après que tu seras arrivé.

- Aspectif :

Qualitatif ou de manière : à mesure que, ainsi que, de telle façon que, de telle

manière que, selon que, le même que, tel que, autrement que, etc.

Ex. : Il l’a fait ainsi qu’on le lui a demandé.

Quantitatif : autant que, moins que, plus que, si…que, tellement que, d’autant

moins que, d’autant plus que, etc.

Ex. : Il travaille autant qu’il peut.

La conjonction que est polysémique, elle exprime aussi bien le sens positif (Il est

l’heure que tu ailles à l’école.), oppositif (Qu’il pleuve ou qu’il neige, il sort tous

les jours.), le but (Faites silence, que je puisse me concentrer !), la conséquence (Il travaille tellement qu’il est épuisé.), le temps (Elle est arrivée, que je dormais

encore.), le comparatif (Il est aussi grand que toi.), etc.

4b. Le coordonnant

C’est :

- Une forme grammaticale essentielle ou existentielle : (5a).

- Signifiant l’idée de consistance d’un rapport de sens lexical : (5b).

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5a. La forme du coordonnant

Le coordonnant assure la continuité du sens lexical entre deux formes ou deux

fonctions identiques. Logiquement, il endosse :

- Une forme grammaticale essentielle entre deux formes de l’essence telles que

celles du nom, ou de la proposition.

Ex. : L’amour ou la haine. Il chante et il danse.

- Une forme grammaticale existentielle entre deux formes de l’existence comme

le verbe, l’adjectif ou l’adverbe.

Ex. : Chanter ou danser. Riche et heureux. Ni bien ni mal. - Une forme essentielle ou/et existentielle entre deux formes essentielles ou/et

existentielles comme le prénom, le pronom, l’adjonction et l’interjection.

Ex. : Ni un ni deux. Toi et moi. Pour ou contre. Aie et zut !

5b. Le sens du coordonnant

Les vrais coordonnants ne sont que trois : et, ou, ni. Mais nous verrons ailleurs

qu’il en existe beaucoup d’autres, sous une autre forme. Et exprime le sens addi-

tif, ni, le sens soustractif, ou, le sens alternatif.

Ex. : Jules et Virginie. Ni bien ni mal. Pour ou contre.

3b. L’interjection

C’est le mot supposant qui se trouve au bas de l’échelle du sens.

- Sa forme « essentielle et existentielle » : (4a).

- Signifie l’idée d’une insistance : (5b).

4a. La forme de l’interjection C’est une forme primitive de l’abstraction, une forme grammaticale essentielle et

existentielle qui se suffit à elle-même dans l’expression du propos.

Ex. : Ouf !

4b. Le sens de l’interjection

Son sens incohérent n’entretient pas une « cohérence » de sens avec d’autres

mots. Il exprime une « insistance » au sens étymologique du terme, « qui se tient

dedans », c’est-à-dire l’idée d’une réalité abstraite qui n’a pas d’équivalent dans

la réalité concrète. Ce sens supposé est le sens en puissance. Il s’emploie pour

signifier par exemple :

- Le mépris, la lassitude ou l’indifférence : Bof !

- Le doute, la réticence : Hum !

- L’étonnement ou l’énervement : Hein !

- La joie, l’enthousiasme, la douleur, la crainte, la colère : Ô !

- La surprise, l’admiration : Oh !

- La douleur : Aïe !

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L’univers du Verbe

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3B. LES FONCTIONS GRAMMATICALES

La fonction d’un mot exprime l’idée du rapport de sens qu’il établit avec un autre

mot dans le propos au moment de son emploi, elle montre l’attirance qu’ils

éprouvent l’un pour l’autre. Si les formes contiennent le sens de l’essence et de

l’existence qu’elles amènent en apport, les fonctions, elles aussi, abstraient ces

deux sens, mais elles les présentent dans leur rapport.

Les fonctions grammaticales se répartissent en deux grandes catégories qui

s’opposent au niveau du sens de l’édition ou de l’addition de l’idée réalité qu’elles expriment :

- Les fonctions d’édition, comme l’indique l’étymologie latine du mot édi-tus, tiré du verbe edere « produire », sont les fonctions primordiales, néces-

saires et suffisantes pour produire un propos : (1a).

- Les fonctions d’addition contiennent un sens qui n’est ni nécessaire ni suffisant pour produire un propos : (1b).

1a. Les fonctions d’édition

Elles appartiennent aux impléments, ce mot tiré d’une étymologie latine signifie

« plein dedans », il indique que ces fonctions suffisent à l’édition du propos.

- Les impléments substantiels produisent un propos réalisé1 : (2a). Ex. : Julie chante.

- Les impléments instanciels produisent un propos réifié2 : (2b). Ex. : Au secours !

2a. Les impléments substantiels

Le sujet et le projet sont les deux impléments substantiels du propos réalisé. Leur

fonction exprime le sens de l’essence et de l’existence des deux idées de réalité

constitutives d’une « vérité » :

- Le sujet est l’implément essentiel du propos, il signifie l’idée de réalité de « l’essence » d’un être qui existe en vérité : (3a).

- Le projet est l’implément existentiel du propos, il signifie l’idée de réalité de « l’existence » d’un être qui existe en vérité : (3b).

3a. Le sujet

Le sujet apporte son essence à l’existence de la vérité, il est la matière de l’être.

C’est généralement un nom qu’on ordonne par rapport à un verbe pour montrer

que l’être grammatical existe en « personne ». Il répond aux questions essentielles

: qui est-ce qui (?), s’il est un être lexical, ou qu’est-ce qui (?), s’il est une chose

lexicale.

1 Réaliser : faire exister en réalité. 2 Réifier : faire exister comme une chose.

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Ex. : Jules sort.

Qui est-ce qui sort ? Jules est le nom implément sujet de ce propos.

Le sujet « exerce » l’état ou/et l’action. Cette définition s’entend au sens gramma-

tical du terme, et non au sens lexical. Par exemple :

Ex. : Jules reçoit un coup.

Si Jules « subit » l’action au sens lexical, c’est tout de même lui qui « exerce »

l’action de recevoir au sens grammatical.

Ex. : La souris est mangée par le chat.

Si la souris « subit » une action au sens lexical, c’est malgré tout elle qui « exerce » l’état, au sens grammatical.

Le sujet étant l’implément qui abstrait l’idée de réalité d’une personne, sa fonc-

tion doit faire état :

- De sa personnalité : (4a).

- Et de sa réalité : (4b).

4a. La personnalité du sujet

La première fonction du sujet consiste à faire état de sa personne. Pour cela il

abstrait l’idée d’une fonction qui est :

Personnelle s’il possède une identité lui permettant d’affirmer qu’il est une

authentique forme de « l’essence existante ».

Ex. : Les oiseaux chantent.

Le sujet possède l’identité de l’essence existante : les oiseaux.

Impersonnelle s’il n’a pas d’identité et qu’il se présente simplement comme une forme « existante de l’essence ».

Ex. : Il pleut.

Le sujet il cache son identité, il ne se voit pas, et l’on doit légitimement se de-

mander où il se trouve. La fonction réelle du sujet répond à cette question.

4b. La réalité du sujet

La deuxième fonction du sujet consiste à faire état de la nature subjective ou

objective de la réalité de son existence. Un exemple simple permet d’illustrer les

données du problème. Quand on dit « l’acteur paraît sur la scène », ce n’est pas la

même chose que si « l’acteur apparaît sur la scène » :

- Dans le premier cas l’acteur se montre subjectivement, il paraît pour lui-même, on dira qu’il se présente en « parence ».

- Alors que dans le second, il se voit objectivement en « apparence » pour

d’autres que lui-même. Ici l’acteur n’existe plus par rapport à lui, mais par rap-

port à l’autre, il n’existe plus en tant que sujet mais en tant qu’objet. Il s’ensuit

que la réalité du sujet pourra être celle :

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L’univers du Verbe

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D’un implément sujet « parent » ou « réel » qui se montre subjectivement

dans le cadre d’une réalité « parente ».

Ex. : Des grêlons tombent.

Le nom grêlons exerce la fonction réelle d’un implément sujet « parent » qui

paraît subjectivement en réalité.

Ou d’un complément sujet « apparent » qui se voit objectivement comme

un objet dans le cadre d’une réalité apparente.

Ex. : Il tombe des grêlons. Le pronom impersonnel il est le vrai sujet de cet exemple, il est l’implément sujet

« parent » ou « réel » qui paraît réellement dans la forme d’existence du verbe au

niveau de sa désinence. Qu’on le veuille ou non, si l’on fait abstraction du mot

grêlons, il est le seul qui puisse répondre à la question : qu’est-ce qui tombe ? Ce

sujet parent impersonnel se comporte comme s’il était la cause invisible de

l’existence des choses (les grêlons) dans le propos.

Que se passe-t-il ensuite ? On voit que ce sujet impersonnel révèle sa véritable

identité, il montre qu’il existe en réalité sous une autre forme : celle du complé-

ment sujet apparent les grêlons. Ce complément du projet répond toujours au test

de sujétion personnelle, lorsqu’on le déplace devant le verbe : Des grêlons tom-

bent. Il répond aussi comme un sujet ou comme un objet aux questions qu’est-ce

qui (?) et quoi (?) Ce complément sujet se présente en réalité comme s’il était un objet d’existence, il existe dans le cadre d’une autre réalité, une réalité objective

qui se nomme la réalité apparente.

Reste à savoir pourquoi il existe deux réalités. La réponse à cette question se

trouve dans la définition même de la vérité, elle « est ce qui est », indépendam-

ment de toute chose, et même indépendamment de celui qui la cherche,

puisqu’elle ne s’appréhende qu’intrinsèquement, en soi, dans l’absolu, abstraction

faite de sa forme. Si l’essence de cette vérité n’a pas de forme, elle est invisible.

Dans le propos il pleut, l’essence de la vérité ne se voit pas, on sent bien qu’elle

existe, sans savoir qui elle est.

Mais cette vérité cachée peut choisir de se montrer, en prenant une forme « appa-

rente » pour qu’on la voie dans la réalité, et qu’on la désigne avec un pronom démonstratif, en disant que : « c’est ce qui est » en réalité la vérité. La vérité est

inaccessible en soi, comme toute chose elle n’est accessible qu’en réalité, relati-

vement et extrinsèquement par l’intermédiaire de l’enveloppe de sa forme. Voilà

pourquoi la vérité est, et ne sera à jamais, que la manifestation d’une réalité pa-

rente quand elle se montre subjectivement, ou apparente quand elle se voit objec-

tivement. C’est exactement ce rôle qu’entend jouer la fonction réelle du sujet

dans le propos. Mais quel que soit le caractère parent ou apparent de la « forme »

de cette réalité, le propos contient malgré tout le « sens » d’une vérité absolue,

qui s’appartient elle-même et qui s’exprime en toute liberté, surtout si elle est

fausse en réalité.

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3b. Le projet

L’étymologie latine du mot signifie « qui jette ». Le projet est l’implément qui

projette le sens de l’existence dans l’essence du sujet, il est l’énergie de l’être.

C’est généralement un verbe qu’on ordonne par rapport à un nom pour montrer

l’action ou/et l’état de l’être.

Ex. : Julie chante.

Le verbe chanter est le projet du propos, il montre l’existence du sujet, Julie.

Si le projet est l’implément qui abstrait l’idée de réalité de l’existence d’une per-

sonne, sa fonction doit aussi faire état :

- De la personnalité de l’essence qui existe : (4a).

- Et de la réalité de cette forme d’existence : (4b).

4a. La personnalité du projet La première fonction du projet consiste à confirmer l’existence de son sujet en

faisant état de la qualité de sa personne. Dans cette intention, il abstrait dans la

forme de sa désinence, l’idée d’une fonction qui est :

Impersonnalisée si le projet nie la personnalité du sujet dans sa désinence.

Ex. : Il entend les oiseaux chanter.

Le projet chanter est « impersonnalisé », il ne montre pas la personne du sujet les

oiseaux dans sa désinence.

Personnalisée si le projet confirme la personnalité de son sujet dans la forme

de sa désinence. Cette personnalité sera :

- Personnelle si le sujet montre son identité et la qualité de sa personne. Ex. : Les oiseaux chantent.

Le sujet les oiseaux montre son identité dans sa propre forme et c’est la désinence

du projet qui montre sa qualité de troisième personne du pluriel.

- Impersonnelle si le sujet possède la qualité de la personne, sans l’identité.

Ex. : Il pleut.

Le sujet il n’a pas d’identité, mais la désinence du projet montre bien sa qualité de

troisième personne du singulier.

4b. La réalité du projet

En réalité le projet est « une parole » qui s’exprime par le biais de la :

- « Voix » de sa fonction vocale pour commander la vérité de l’être : (5a).

- « Voie » de sa fonction vectrice pour accommoder la réalité des choses avec lesquelles l’être se trouve en rapport : (5b).

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L’univers du Verbe

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5a. La fonction vocale du projet

La voix du projet dit l’existence du sujet sous la forme d’un état ou/et d’une ac-

tion et montre qu’il existe d’abord en vérité, pour lui-même, avant d’exister en

réalité, par rapport aux choses. Cette fonction vocale est :

Univoque lorsqu’elle signifie l’état « ou » l’action du sujet et qu’elle se

conjugue avec l’auxiliaire avoir. Cette voix est encore :

- Une voix univoque de l’état, ou voix univoque essentielle.

Ex. : Il est gentil. Il a été gentil. - Ou une voix univoque de l’action, ou voix univoque existentielle.

Ex. : Il chante. Il a chanté.

Equivoque quand elle signifie l’état « et » l’action du sujet et que le verbe se

conjugue avec l’auxiliaire être. Cette voix devient :

- Une voix équivoque essentielle si le verbe s’emploie avec un pronom conjoint

personnifié de la même personne que le sujet.

Ex. : Il se lave. Il s’est lavé.

- Ou une voix équivoque existentielle s’il est employé sans pronom conjoint

personnifié.

Ex. : Il reste. Il est resté.

5b. La fonction vectrice du projet

La voie du projet se comporte comme un vecteur de l’état ou/et de l’action pour

montrer que le sujet existe aussi en réalité. Cette fonction vectrice conduit l’état

ou/et l’action vers des compléments qui sont en relation avec le sujet par

l’intermédiaire du projet. Cette fonction est :

Univectrice quand elle conduit l’état « ou » l’action. Elle est :

- Attributive de l’état quand elle se déduit de la présence d’un complément attri-

but du sujet.

Ex. : Jules est gentil.

L’adjectif gentil est le complément attribut du sujet Jules. - Transitive de l’action quand elle induit la présence d’un complément d’objet du

projet.

Ex. : Jules lance une pierre.

Le nom une pierre est le complément d’objet du projet lancer.

Équivectrice lorsqu’elle conduit l’état « et » l’action. Cette fonction est :

- Attributive et transitive quand elle se déduit de la présence d’un complément

sujet de l’adjectif attribut.

Ex. : La souris est mangée par le chat.

Le nom le chat est le complément sujet de l’adjectif attribut mangée.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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- Transitive et attributive si elle induit la présence d’un complément attribut du

nom objet.

Ex. : Nos amis trouvent Jules gentil.

L’adjectif gentil est le complément attribut du nom objet Jules.

2b. Les impléments instanciels

L’implément instanciel est au sens propre du terme « le sujet » de l’exposé du

propos. Un mot est capable de signifier à lui tout seul l’idée d’une chose qui

existe indépendamment des autres choses, dans l’absolu, en vérité, comme un être. Mais cet être n’existe pas essentiellement « et » existentiellement, il ne fait

qu’exister comme une chose, essentiellement « ou » existentiellement. À ce titre

il constitue un propos dit « réifié ». Ce mot tiré du latin signifie « faire la chose ».

L’idée de vérité que cette « chose-être » signifie s’exprime :

- Essentiellement dans l’attribut réifié (3a).

- Ou existentiellement dans l’objet réifié (3b).

3a. L’attribut réifié

. Il signifie l’idée d’une réalité subjective qui prend la forme :

- D’un nom. Ex. : Catastrophe !

- D’un verbe. Ex. : Vendu.

- D’un adjectif. Ex. : Magnifique !

- D’un adverbe. Ex. : Certainement !

- D’une interjection. Ex. : Aie !

3b. L’objet réifié

L’objet réifié, encore nommé « apostrophe », signifie l’idée d’une réalité objec-

tive qu’on interpelle.

Ex. : Jackie !

1b. Les fonctions d’addition La fonction d’un mot est additionnelle lorsqu’il ajoute un sens à l’édition du pro-

pos, en prenant la forme d’un :

- Complément qui dispense un gain de sens au profit d’un autre mot ou du pro-pos : (2a).

- Supplément qui compense le manque de sens d’un mot ou du propos : (2b).

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2a. La fonction des compléments

La fonction d’un complément s’apprécie à l’aide de trois paramètres de l’analyse

grammaticale, qui sont dans l’ordre, la puissance, la dépendance et la valence du

sens du complément.

La puissance du sens

Elle s’exprime sur le plan structural puis conjugal :

- La puissance structurale montre le niveau d’attachement du complément dans

la structure du propos. - La puissance conjugale signifie le degré d’attachement qui unit le complément

et le complété.

La puissance structurale d’un complément peut s’exercer à deux niveaux :

- Soit au niveau inférieur de « la forme grammaticale » du mot qu’il complète.

Ce mot qui pour fonction d’apporter le sens de sa forme à celui d’une autre forme

est un complément « instructif » qui participe au sens de la conformation du mot.

Ex. : Un livre de grammaire.

La forme du nom grammaire instruit le sens de la forme du nom livre et participe

avec lui à la conformation du nom : Un livre de grammaire.

- Soit au niveau supérieur de « la fonction grammaticale » du mot qu’il complète. Ce mot qui a pour fonction d’apporter le sens de sa fonction à celui d’une autre

fonction est un complément « constructif » qui participe au sens de la conforma-

tion du propos.

Ex. : Il aime la peinture.

La fonction du nom la peinture ajoute au sens de la fonction du projet aimer et

participe avec lui à la conformation du propos : Il aime la peinture.

La puissance structurale d’un complément n’est pas seulement instructive « ou »

constructive, c’est-à-dire « unipotente » (l’étymologie du mot signifie « une seule

puissance »), elle est aussi parfois « instructive » et « constructive », si la forme

d’un complément s’ajoute à celle d’une fonction, ou inversement si sa fonction

s’ajoute à celle d’une forme. Dans ce cas, on dira que sa puissance structurale est

« équipotente » (l’étymologie du mot signifie « deux puissances égales.) Ex. : Eluard, le poète, est mort en 1952.

La forme du nom le poète complète le sens de la fonction du sujet Eluard. Ce

complément instructif et constructif est équipotent.

La puissance conjugale s’apprécie avec les deux tests de l’analyse gramma-

ticale que sont le test de l’effacement et le test du déplacement. On dira que le

complément est :

- Implétif quand sa puissance conjugale est forte, s’il est ni effaçable ni dépla-

çable.

Ex. : Il habite Paris. / * Il habite. / *Paris il habite.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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- Complétif si elle est moyenne et qu’il est effaçable mais pas déplaçable.

Ex. : Un homme riche. / Un homme. / * Un riche homme.

- Supplétif si elle est faible parce qu’il est effaçable et déplaçable.

Ex. : Une fille belle. / Une fille. / Une belle fille.

La dépendance du sens. Le lien de dépendance logique d’un complément

s’exprime dans le sens de sa fonction, ou dans le sens de l’instrument subordon-

nant qui le raccorde au mot qu’il complète. On parle de :

Raccord formel ou de « raccord morphotaxique », si le lien de dépendance

logique du complément dépend expressément de la présence ou de l’absence d’un

instrument subordonnant. Dans ce cas le raccord est :

- Direct lorsqu’il est « non instrumenté », en l’absence d’un subordonnant.

Ex. : La tour Eiffel.

- Indirect lorsqu’il est « instrumenté », en présence d’un subordonnant.

Ex. : La ville de Paris.

Raccord fonctionnel ou encore de « raccord téléotaxique » quand le lien de

dépendance du complément s’exprime dans le sens de sa fonction au détriment du

sens de l’instrument. Ici le raccord du complément est : - Direct, même s’il est instrumenté.

Ex. : Il veut à manger.

La présence de l’instrument prépositionnel à n’empêche pas que l’infinitif man-

ger soit un complément direct du verbe vouloir parce qu’il répond logiquement à

la question directe : Il veut quoi ?

- Indirect, même s’il est non instrumenté.

Ex. : Elle lui parle.

Le pronom lui complète indirectement le sens du verbe parler, il répond logi-

quement à la question indirecte : Elle parle à qui ?

La valence du sens

Elle correspond à la valeur du sens lexical ou grammatical du complément.

La valence lexicale est :

- Générique : lorsqu’elle exprime le sens « essentiel » d’une chose ou d’une

cause. Ces compléments répondent aux questions posées :

Avec un pronom sous une forme simple : qui (?), quoi (?), que (?).

Ex. : Il travaille le bois. / Il travaille quoi ?

Le bois : complément essentiel chosatif du projet travailler.

Ou sous une forme plus complexe : à qui ou à quoi (?), de qui, ou de quoi (?),

à quel ou de quel (?), en qui, ou en quoi (?), par qui ou par quoi (?), pour qui,

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L’univers du Verbe

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pour quoi ou pourquoi (?), avec qui ou quoi (?), contre qui ou quoi (?), sans

qui ou sans quoi (?), etc.

Ex. : Il travaille pour ses enfants. / Il travaille pour qui ?

Ses enfants : complément essentiel causatif du propos il travaille.

- Spécifique lorsqu’il exprime un sens « existentiel » :

Perspectif spatial ou temporel. Ces compléments répondent aux questions po-

sées avec les adverbes où (?), quand (?).

Ex. : Il travaille la nuit. / Il travaille quand ?

La nuit : complément existentiel temporel du propos il travaille. Aspectif qualitatif ou quantitatif. Ces compléments répondent aux questions

posées par les adverbes comment (?), combien (?).

Ex. : Il travaille bien. / Il travaille comment ?

Bien : complément existentiel qualitatif du verbe travailler.

La valence grammaticale est :

- Essentielle si le complément est un nom ou son équivalent grammatical.

- Existentielle pour le verbe, l’adjectif ou l’adverbe, ou leurs équivalents.

La valence grammaticale d’un complément est encore :

- Univalente s’il n’a qu’une seule valeur de sens grammatical : essentielle « ou »

existentielle. - Equivalente lorsqu’il possède les deux valeurs de sens : essentielle « et » exis-

tentielle. Par exemple quand un nom (essentiel) exerce la fonction d’un adverbe

(existentiel), on dira que sa fonction est de sens équivalent.

La classification des compléments repose sur leur puissance structurale. Voyons

successivement :

- Les compléments unipotents : (3a).

- Et les compléments équipotents : (3b).

3a. Les compléments unipotents

Ils se classent en deux grandes catégories de compléments qui sont :

- Instructifs « formels » s’ils sont des formes qui complètent le sens d’une autre

forme pour instruire la conformation d’un mot : (4a).

- Constructifs « fonctionnels » s’ils sont des fonctions qui complètent le sens

d’une autre fonction pour construire la conformation du propos : (4b).

4a. Les compléments instructifs formels

- Leur puissance structurale est « instructive formelle », ils sont unipotents, seu-

lement instructifs de la forme d’un mot.

- Leur dépendance logique est de nature morphotaxique. Leur raccord est donc :

Direct s’ils sont non instrumentés.

Ex. : Un franc or.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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Indirect s’ils sont instrumentés.

Ex. : Un franc en or.

- Leur valence grammaticale est :

Essentielle s’ils ajoutent le sens de l’essence à la forme d’un autre mot : (5a).

Ou existentielle s’ils lui ajoutent le sens d’une forme d’existence : (5b).

5a. Les compléments instructifs essentiels

Ce sont :

- Le nom identificatif : (6a).

- Et l’adjectif identificatif : (6b).

6a. Le nom identificatif

Ce complément instruit le sens de toutes les formes de l’essence, il complète le sens du nom, du pronom et de l’adjectif :

L’identificatif du nom est un nom qui complète le sens d’un autre nom,

d’une façon qui est propre ou commune :

- L’identificatif propre distingue l’identité propre du nom qu’il complète, il dé-

signe la même entité que lui.

Ex. : La ville de Paris.

Le nom propre Paris complète et désigne la même chose que le nom commun la

ville, il a pour fonction d’être son complément identificatif propre indirect.

Ex. : Monsieur Eiffel.

Le nom propre Eiffel (qui désigne un être lexical) complète et désigne le même

être lexical que le nom commun monsieur. Il a pour fonction d’être l’identificatif propre direct du nom monsieur.

- L’identificatif commun ne distingue pas l’identité propre du nom qu’il com-

plète, il ne désigne pas la même entité que lui.

Ex. : Les rues de Paris.

Le nom propre Paris ne désigne pas la même chose que le nom commun les rues.

Il est l’identificatif commun indirect du nom les rues.

Ex. : La tour Eiffel.

Le nom propre Eiffel ne désigne pas la même chose que le nom commun la tour.

Il est l’identificatif commun direct du nom la tour.

L’identificatif du pronom est un nom qui distingue l’identité d’un pronom. Ex. : Ceux de mes amis.

Le mot amis est le nom identificatif du pronom ceux.

L’identificatif de l’adjectif est un nom qui complète le sens d’un adjectif.

Ex. : Rouge de honte.

Le mot honte est le nom identificatif de l’adjectif rouge.

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L’univers du Verbe

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6b. L’adjectif identificatif

Il complète le sens du nom.

Ex. : Un voyage présidentiel.

Présidentiel est l’adjectif identificatif du nom voyage.

5b. Les compléments instructifs existentiels

Ce sont les formes d’existence grammaticales de :

- L’adjectif qualificatif qui complète les formes de l’essence : (6a).

- L’adverbe modificatif qui complète les formes d’existence : (6b).

6a. L’adjectif qualificatif

Il signifie une qualité épithétique du nom qu’il complète, avec un sens :

- Qualificatif commun lorsqu’il se place après le nom. Ex. : Un homme beau.

Ex. : Un homme grand.

Beau et grand sont les adjectifs qualificatifs communs du nom homme.

- Qualificatif propre quand il se place devant le nom.

Ex. : Un bel homme.

Ex. : Ce grand homme.

Bel et grand sont les adjectifs qualificatifs propres du nom homme. (Grand n’est

plus vraiment qualificatif, il est presque identifiant et pourrait s’analyser comme

un équivalent du prénom. On ne peut plus dire : * Cet homme est grand).

6b. L’adverbe modificatif

Il instruit le sens de toutes les formes d’existence. Cette fonction appartient à l’adverbe « complétif » qui est effaçable mais pas déplaçable . Il se place :

- Après la forme d’existence imposante du verbe :

Ancillaire.

Ex. : Il travaille bien.

Ou de son auxiliaire.

Ex. : Il a bien travaillé.

Le mot bien est l’adverbe modificatif du verbe travailler.

- Ou devant les formes d’existence composantes : De l’adjectif qualificatif qui est une forme « d’existence de l’essence ».

Ex. : Il est bien gentil.

Bien est l’adverbe modificatif de l’adjectif qualificatif gentil.

Et de l’adverbe qui est une forme « d’existence de l’existence ».

Ex. : Il parle bien gentiment. Bien est le complément modificatif de l’adverbe gentiment lui-même mo-

dificatif du verbe parler.

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4b. Les compléments constructifs fonctionnels

La fonction des compléments constructifs dépend de leur « instance grammati-

cale1 » c’est-à-dire de leur situation par rapport au sens de l’état ou de l’action,

qui sont l’endroit de l’existence de l’être. Les compléments constructifs sont :

- Substantiels lorsqu’ils se situent « dans » l’instance de l’être parce qu’ils com-plètent le sens de la fonction du sujet « ou » du projet : (5a).

- Circonstanciels s’ils se situent « hors » de l’instance de l’être et qu’ils complè-tent la fonction du sujet « et » du projet : (5b).

Mais il existe aussi des compléments qui se trouvent « dans » et « hors » de l’état

ou de l’action. C’est pourquoi une autre répartition s’impose entre :

- Les compléments « uniponents2 » qui se placent dans « ou » hors de l’instance, et qui sont substantiels « ou » circonstanciels.

- Et les compléments « équiponents » qui se situent « dans » et « hors » de l’instance, ils sont à la fois substantiels « et » circonstanciels.

5a. Les compléments substantiels

Ces compléments se situent d’une manière ou d’une autre « dans » l’instance grammaticale de l’état ou de l’action. Comme ils sont substantiellement attachés

au sens de l’état ou de l’action, leur lien de dépendance logique est de nature

téléotaxique, il se situe dans le sens de la fonction et non dans celui de

l’instrument subordonnant. Les compléments substantiels sont :

- Directs même s’ils sont instrumentés.

Ex. : Il aime à se promener.

- Indirects même s’ils sont non instrumentés.

Ex. : Il en rêve.

Un test d’analyse simple permet d’affirmer le caractère « substantiel » de ces

compléments : ce test dit « de pronominalisation » repose sur l’originalité for-

melle des pronoms « personnifiés » qui contiennent le sens de la fonction subs-

tantielle dans leur forme. Il suffira d’employer ce type de pronom à la place du complément pour vérifier si son instance est :

- Substantielle lorsque le test est positif.

Ex. : Il travaille le bois. / Il le travaille.

- Circonstancielle s’il est négatif.

Ex. : Il travaille la nuit. / *Il la travaille.

Ces fonctions constructives se partagent entre celles des compléments :

- Substantiels directs qui sont uniponents : (6a).

- Substantiels indirects qui sont équiponents : (6b).

1 Instance : lieu grammatical de l’être.

2 Ponent : du latin ponere qui signifie « poser, placer, installer, mettre en situation ».

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L’univers du Verbe

52

6a. Les compléments substantiels directs

Ce sont de vrais compléments substantiels qui se situent grammaticalement

« dans » l’état ou « dans » l’action.

Si un complément substantiel direct se situe dans l’instance :

- De l’état du sujet, il prend le nom d’attribut direct du sujet : (7a).

- De l’action du projet, il se nomme l’objet direct du projet : (7b).

7a. L’attribut direct du sujet

Il est de sens :

- Nominatif et essentiel s’il partage l’état du sujet : (8a).

- Qualificatif et existentiel quand il ne le partage pas : (8b).

8a. L’attribut nominatif 1

C’est un complément constructif qui répond aux questions essentielles qui ou

quoi (?), Il est « propre » ou « commun » selon qu’il exerce ou non l’état du sujet.

L’attribut nominatif propre partage et exerce l’état du sujet. Il signifie « l’identité propre » du sujet. La positivité du test dit de « l’état actif » confirme

cette idée en montrant que l’attribut propre exerce l’état à la place du sujet sans

que le sens du propos en soit affecté.

Ex. : Julie est cette fille.

Le nom commun cette fille est le complément attribut nominatif propre du sujet

Julie, il répond :

- Directement à la question essentielle : Julie est qui ?

- Au test de pronominalisation substantielle : Julie l’est.

- Au test de « l’état actif » : Cette fille est Julie.

L’attribut nominatif commun partage l’état du sujet mais il ne l’exerce pas,

il signifie une « identité commune » qui n’est pas exclusive au sujet. La négativité du test de l’état actif confirme cette idée : l’attribut nominatif commun ne peut

pas exercer l’état du sujet sans que le sens du propos en soit affecté.

Ex. : Julie est une fille.

Le nom commun une fille est un complément attribut nominatif commun du sujet

Julie. Cet attribut répond :

- Directement à la question essentielle : Julie est qui ?

- Au test de pronominalisation substantielle : Julie l’est.

- Mais il ne répond pas au test de l’état actif : *Une fille est Julie. (Une fille quel-

conque ne peut pas être Julie).

1 L’attribut nominatif est celui qui « nomme ».

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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8b. L’attribut qualificatif

Il ne partage pas l’état du sujet, mais on dit qu’il se situe dans l’instance de l’état

parce qu’il montre une manière d’être du sujet. Il répond directement à la ques-

tion existentielle comment ?

Ex. : Julie est belle.

L’adjectif belle ne partage pas l’état de Julie parce qu’il n’est pas Julie. Il est le

complément attribut qualificatif du sujet Julie :

- Il répond à la question existentielle : Julie est comment ?

- Il répond au test de pronominalisation substantielle : Julie l’est.

7b. L’objet direct du projet

C’est un complément substantiel de sens :

- Accusatif1 et essentiel lorsqu’il partage l’action du sujet : (8a).

- Modificatif et existentiel quand il ne la partage pas : (8b).

8a. L’objet accusatif

Il répond aux questions essentielles qui ou quoi ? Un test spécifique nommé test

« d’objection essentielle » permet de confirmer la nature essentielle de cet objet

en le déplaçant dans le propos de telle manière qu’il se situe avant le sujet pour

provoquer l’accord essentiel en genre et en nombre du définitif. Ce test est alors

déclaré :

- Positif s’il provoque l’accord.

Ex. : Il veut des cordes. / Les cordes qu’il a voulues.

- Négatif quand il ne le provoque pas.

Ex. : Il pleut des cordes. / Les cordes qu’il a plu. Le complément d’objet essentiel est « propre » ou « commun » selon qu’il subit

ou non l’action du sujet.

L’objet accusatif propre partage et subit passivement l’action du sujet.

Le test de « l’état passif » encore nommé « test de la voie passive » confirme

cette idée en montrant que l’objet propre est apte à prendre la place du sujet sans

affecter le sens du propos.

Ex. : Jules conduit une voiture.

Le nom commun une voiture est le complément d’objet direct accusatif propre

du projet conduire, il répond :

- Directement à la question essentielle : Jules conduit quoi ? - Au test d’objection essentielle : Une voiture que Jules a conduite.

- Au test de pronominalisation substantielle : Jules la conduit.

- Au test de l’état passif : Une voiture est conduite par Jules.

1 L’objet accusatif est celui qui « accuse » réception de l’action. Ce mot vient du latin causa qui

signifie « la cause ». L’objet est la cause de l’action.

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L’univers du Verbe

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L’objet accusatif commun partage, mais ne subit pas l’action du sujet. La

négativité du test de l’état passif confirme cette idée.

Ex. : Jules a une voiture.

Le nom commun une voiture est le complément d’objet direct accusatif commun

du projet avoir, il répond :

- Directement à la question essentielle : Jules a quoi ?

- Au test d’objection essentielle : Une voiture que Jules a eue.

- Au test de pronominalisation substantielle : Jules l’a.

- Mais il ne répond pas au test de l’état passif, on ne dit pas : *Une voiture est eue par Jules.

8b. L’objet modificatif

Cet objet ne partage pas et ne subit pas l’action du sujet, mais on dit qu’il se situe

dans l’instance de l’action parce qu’il montre sa manière d’être, comme le ferait

un adverbe. Ce complément très particulier est une forme de l’essence (un nom

objet) qui complète de la même manière qu’un adverbe le sens d’une forme

d’existence (le verbe projet). C’est un complément de sens équivalent :

- A la fois essentiel parce qu’il répond à la question quoi ?

- Et existentiel parce qu’il répond aussi aux questions comment et combien ?

De toute évidence, ce complément de nature existentielle ne répondra pas au test

d’objection essentielle. Et comme il est aussi de nature adverbiale, on pourra aisément lui substituer un adverbe, un adverbe adjectival ou un adjectif adverbial.

Ce complément d’objet existentiel est :

Modificatif qualitatif lorsqu’il répond à la question comment ?

Ex. : Ce jardin sent la lavande.

La lavande est l’objet modificatif du projet sentir. Il :

- Répond à la question existentielle comment ? et essentielle quoi ?

- Refuse l’accord essentiel : La lavande que le jardin a senti (*e).

- Accepte la pronominalisation substantielle : Ce jardin la sent.

- Refuse l’état passif : * La lavande est sentie par ce jardin.

- Accepte la substitution de l’adjectif adverbial : Le jardin sent bon.

Modificatif quantitatif quand il répond à la question combien ?

Ex. : Ce colis pèse deux kilos.

Deux kilos est le complément d’objet modificatif du projet peser. Il :

- Répond à la question existentielle combien ? et essentielle quoi ?

- Refuse l’accord essentiel : Les deux kilos que ce colis a pesé (*s).

- Accepte la pronominalisation substantielle : Ce colis les pèse.

- Refuse l’état passif :* Deux kilos sont pesés par le colis.

- Accepte la substitution de l’adjectif adverbial: Ce colis pèse lourd.

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6b. Les compléments substantiels indirects

Ce sont des compléments équiponents qui interviennent « dans » l’état ou l’action

comme des compléments substantiels, mais qui se situent aussi « hors » de l’état

ou de l’action comme des compléments circonstanciels.

Ils sont toujours pronominalisables par un pronom personnifié :

- Conjoint.

Ex. : Jules parle à sa maman. / Jules lui parle.

Ex. : Jules parle de sa maman. / Jules en parle.

Ex. : Jules pense à son examen. / Jules y pense. Les pronoms en et y sont ici des pronoms personnifiés qui représentent une per-

sonne lexicale.

- Ou disjoint.

Ex. : Jules pense à sa maman. / Jules pense à elle.

La positivité du test de pronominalisation confirme l’instance substantielle de ces

compléments. Mais la nécessité d’employer les prépositions de ou à dans la ques-

tion indirecte qui les interroge démontre aussi qu’ils sont instrumentés comme

des compléments circonstanciels qui se situent hors de l’instance :

- Soit que le sens « ablatif1 » de la préposition de montre qu’ils sont en amont et

à l’origine de l’état ou de l’action.

Ex. : Ce livre est de Maupassant.

Maupassant est à l’origine de l’état du livre. - Soit que le sens « datif2 » de la préposition à montre qu’ils sont en aval et à

l’origine de l’état ou de l’action.

Ex. : Jules parle à sa maman.

La maman est à l’origine de l’action de parler qui lui est destinée.

Ces compléments répondent aux questions :

- De qui (?) et de quoi (?), lorsqu’ils sont ablatifs.

- À qui (?) et à quoi (?), lorsqu’ils sont datifs.

Comme ils se situent « hors » de l’instance de l’état ou de l’action, ils ne prennent

jamais un sens existentiel comme le font l’attribut qualificatif et l’objet modifica-

tif qui montrent la manière d’être de l’état ou de l’action, leur nature grammati-

cale est toujours de sens « essentiel ». Ces compléments substantiels indirects se nomment :

- L’attribut indirect du sujet en présence d’un verbe d’état : (7a).

- Et l’objet indirect du projet en présence d’un verbe d’action : (7b).

7a. L’attribut indirect

Il est :

1 Ablatif : ce mot vient du latin ablativus « qui enlève », « qui provient de ». Il signifie l’origine d’une

chose. 2 Datif : ce mot vient du latin dativus, « qui donne », « qui destine à ». Il signifie la destination d’une

chose.

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L’univers du Verbe

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Attribut ablatif

Ex. : Ce livre est de Maupassant.

Maupassant est l’attribut ablatif du sujet ce livre, il répond :

- Indirectement à la question essentielle : Ce livre est de qui ?

- Au test de pronominalisation substantielle : Ce livre l’est.

Ou attribut datif

Ex. : Ce livre est à moi.

Moi est l’attribut datif indirect du sujet ce livre, il répond : - Indirectement à la question essentielle : Ce livre est à qui ?

- Au test de pronominalisation substantielle : Ce livre l’est.

7b. L’objet indirect

Il est, lui aussi :

Objet ablatif

Ex. : Jules parle de sa maman.

Sa maman est l’objet ablatif du projet parler, il répond :

- Indirectement à la question essentielle : Jules parle de qui ?

- Au test de pronominalisation substantielle : Jules en parle.

Ou objet datif

Ex. : Jules parle à sa maman.

Sa maman est l’objet datif du projet parler, il répond :

- Indirectement à la question essentielle : Jules parle à qui ?

- Au test de pronominalisation substantielle : Jules lui parle.

5b. Les compléments circonstanciels

L’étymologie latine du mot circonstanciel signifie « qui se tient autour », elle

indique que ces compléments se situent grammaticalement « hors » de l’instance

de l’état ou de l’action. L’étymologie du mot « circonstanciel » doit se com-

prendre au sens grammatical et non au sens lexical où l’entendait Quintilien pour signifier le lieu, le temps, la manière, etc.

En toute logique, le complément circonstanciel n’est pas un complément du projet

puisqu’il se situe « hors » de l’action, ni du sujet puisqu’il se situe « hors » de son

état, il n’est qu’un complément qui intervient « autour » du sujet et du projet,

c'est-à-dire un complément du propos.

Comme ces compléments ne sont pas substantiellement attachés au sens de l’état

ou de l’action, leur lien de dépendance logique est de nature morphotaxique, il se

situe dans le sens de l’instrument subordonnant et non dans celui de la fonction.

Ils sont donc :

- Directs s’ils sont non instrumentés.

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Ex. : Il habite Paris.

- Indirects s’ils sont instrumentés.

Ex. : Il marche dans la rue.

Le complément circonstanciel répond parfois au test de pronominalisation exis-

tentielle qui ressemble beaucoup au test de pronominalisation substantielle. Ce

test utilise :

- Un pronom impersonnifié, il s’agit :

De en ou y s’ils expriment le temps ou l’espace.

Ex. : Je vais à Paris. / J’y vais. Ex. : Je reviens de Paris. / J’en reviens.

Ou du pronom le lorsqu’il signifie l’idée d’un état existentiel.

Ex. : (1). : Il est contre cette loi. / Il l’est.

Ex. : (2). : Il est sans argent. / Il l’est.

Ici, le pronom impersonnifié le représente deux compléments circonstanciels

génériques : L'un d’opposition (1), et l’autre de privation (2).

- Ou un pronom personnifié, seulement si le verbe se fait accompagner d’un

adverbe pour indiquer la fonction circonstancielle du pronom.

Ex. : Ce garçon tourne autour de Julie. / Ce garçon lui tourne autour. / *Ce

garçon lui tourne.

Ex. : Il court après les filles. / Il leur court après. / * Il leur court.

On oppose les compléments :

- Circonstanciels directs qui sont équiponents : (6a).

- Aux circonstanciels indirects qui sont uniponents : (6b).

6a. Les compléments circonstanciels directs

Ce sont des compléments équiponents qui se situent « hors » de l’état ou de

l’action comme des compléments circonstanciels, mais qui interviennent aussi

« dans » l’état ou l’action comme des compléments substantiels. C’est d’ailleurs

l’absence de l’instrument subordonnant qui prouve la fonction substantielle de ces

compléments qui se raccordent toujours directement comme le font les adverbes.

De la même manière qu’eux, ils interviennent directement dans le sens de l’état

ou de l’action pour en modifier le sens. Comme ils sont de nature existentielle, ils

répondent préférentiellement aux questions : Où (?), Quand (?), Comment (?),

Combien (?). Ces questions permettent de reconnaître le complément :

Spatial.

Ex. : Il a vécu rue de Rennes.

Rue de Rennes, complément circonstanciel spatial direct complétif du propos, est

un complément :

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L’univers du Verbe

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- De nature circonstancielle : il est pronominalisable par y, Il y a vécu. Y est ici

un pronom impersonnifié sans genre ni nombre qui indique le lieu comme le

ferait un adverbe, il ne signifie en aucun cas l’existence d’une personne lexicale.

- De nature substantielle : il est direct et le test de substitution adverbiale montre

qu’il est employé comme un adverbe spatial : il a vécu là.

- Complétif : il est supprimable mais pas déplaçable:

- Existentiel : il répond à la question où (?).

Temporel. Ex. : On est lundi.

Lundi, complément circonstanciel temporel direct implétif du propos, est un com-

plément :

- Circonstanciel : il n’est pas pronominalisable : *On l’est.

- Substantiel : il est direct et accepte le test de substitution adverbiale, on peut

dire : On est tôt.

- Implétif : il n’est ni supprimable, ni déplaçable :

- Existentiel : il répond à la question quand (?).

Qualitatif ou de manière.

Ex. : Il se promène, le pas nonchalant.

La conformation du nom le pas nonchalant, complément circonstanciel direct supplétif de manière du propos, est un complément :

- Circonstanciel : il n’est pas pronominalisable : *Il se le promène.

- Substantiel : il est direct et le test de substitution adverbiale montre qu’il est

employé comme un adverbe de manière, on peut dire : il se promène tranquille-

ment.

- Supplétif : il est supprimable ou déplaçable.

- Existentiel : il répond à la question comment (?).

Quantitatif

Ex. : Il vend sa maison un million.

Le nom un million, complément circonstanciel direct supplétif quantitatif du propos, est un complément :

- Circonstanciel : il n’est pas pronominalisable : *Il le vend sa maison.

- Substantiel : il est direct et le test de substitution par un adjectif adverbial

montre qu’il est employé comme un adverbe, on peut dire : il vend sa maison

cher.

- Supplétif : il est supprimable ou déplaçable.

- Existentiel : il répond à la question combien (?).

6b. Les compléments circonstanciels indirects

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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Ce sont des compléments circonstanciels à part entière, ils se situent vraiment

« hors » de l’instance de l’état ou de l’action. Comme ils ne sont pas substantiel-

lement attachés au sens de l’état ou de l’action, leur raccord indirect n’appartient

pas au sens de la fonction, il appartient au sens de l’instrument subordonnant. Sa

seule présence suffit d’ailleurs à affirmer le caractère indirect du complément.

Ces compléments sont de sens :

- Générique s’ils montrent la nature « essentielle » de la circonstance : (7a).

- Spécifique s’ils signifient sa facture « existentielle » : (7b).

7a. Les compléments circonstanciels indirects génériques

Ils répondent aux questions essentielles indirectes : en qui ou en quoi (?), pour

qui, pour quoi ou pourquoi (?), par qui ou par quoi (?), avec qui ou quoi (?),

contre qui ou quoi (?), etc. Ces compléments ont un sens :

- Chosatif s’ils signifient une chose : (8a).

- Ou causatif s’ils expriment le sens d’une cause : (8b).

8a. Les compléments chosatifs Ils se répartissent entre les compléments :

Dispositifs qui signifient une chose certaine. Ils se classent en compléments :

Positifs : catégorie fourre-tout dans laquelle on range les compléments qui ne

trouvent pas de place ailleurs. Ils signifient :

- L’addition.

Ex. : Il habite avec nous.

Le pronom nous est complément circonstanciel indirect implétif positif

d’addition du propos. C’est un complément :

Circonstanciel : il n’est pas pronominalisable : *Il l’habite.

Indirect : il est introduit par la préposition avec. Implétif : il n’est ni supprimable ni déplaçable : *Il habite.

Essentiel : il répond à la question avec qui (?) : Il habite avec qui ?

- L’origine.

Ex. : Il est français de naissance.

- La destination.

Ex. : Le livre est pour Jules.

- La transformation.

Ex. : Il a changé l'eau en vin.

Ex. : Il traduit ce texte en latin.

- L’échange.

Ex. : Je te donne ma montre contre ton bracelet. - Le point de vue, etc.

Ex. : Il le surpasse en adresse.

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L’univers du Verbe

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Ex. : Egaler quelqu’un en courage.

Et oppositifs qui signifient :

- La privation.

Ex. : Il est sans argent.

- L’opposition.

Ex. : Il lutte contre Jules.

- La concession, etc.

Ex. : Il sort malgré la pluie.

Suppositifs qui signifient une chose incertaine, ils sont :

- Hypothétiques.

Ex. : Je te donne de l’argent en cas de problème.

- Conditionnels.

Ex. : Tu gagneras la partie avec de la chance.

8b. Les compléments causatifs

Ils s’intéressent à la chose qui cause l’existence d’une autre chose. Ils sont :

Causatifs inductifs s’ils signifient une cause initiale : - Explicative.

Ex. : Il approcha par curiosité. Il travaille pour son patron.

- Ou justificative.

Ex. : Il tombe de fatigue. Il a été relâché faute de preuve.

Causatifs déductifs s’ils signifient un effet final, qui prend une forme :

- Volitive tendue vers un but.

Ex. : Il travaille pour ses enfants.

- Ou consécutive.

Ex. : Il a réussi à la surprise générale.

7b. Les compléments circonstanciels indirects spécifiques Ils répondent aux questions existentielles : où (?), quand (?), comment (?), com-

bien (?). Le complément spécifique est :

- Perspectif s’il situe la circonstance dans une dimension universelle : (6a).

- Aspectif s’il l’apprécie individuellement : (6b).

8a. Les compléments perspectifs

Ils sont :

Spatiaux si la circonstance signifie le lieu.

Ex. : Il vient de Paris.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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Le nom propre Paris est le complément circonstanciel spatial indirect complétif

du propos. Ce complément est :

- Circonstanciel : il est pronominalisable par en impersonnifié : Il en vient. Le

pronom en est un pronom impersonnifié sans genre ni nombre qui indique le lieu

comme le ferait un adverbe, il ne signifie pas l’existence d’une personne lexicale.

- Indirect : il est introduit par la préposition de.

- Complétif : il est supprimable mais pas déplaçable.

- Existentiel : il répond à la question où ? : Il vient d’où ?

Temporels si la circonstance exprime le temps.

Ex. : Il partira dans la matinée.

Ex. : L’affaire est renvoyée à la semaine prochaine.

8b. Les compléments aspectifs

Les compléments circonstanciels aspectifs indirects sont :

- Qualitatifs, s’ils répondent à la question comment (?)

- Quantitatifs, s’ils répondent à la question combien (?)

Qualitatifs ils signifient :

- Le moyen.

Ex. : Il la suit des yeux. Il voyage à cheval.

- La matière.

Ex. : Il construit en brique.

- L’instrument, etc.

Ex. : Il mange avec une fourchette.

Quantitatifs

Ex. : Cette maison s’est vendue pour plusieurs millions.

Ex. : Le prix de l’essence a augmenté de trois centimes.

3b. Les compléments équipotents

Pour qu’un complément soit à la fois instructif et constructif, il suffit qu’une

fonction complète le sens d’une forme, ou qu’une forme complète le sens d’une

fonction. Il n’y a que deux possibilités :

- Soit c’est un complément « constructif formel », c’est-à-dire une fonction qui complète le sens d’une forme : (4a).

- Soit c’est un complément « instructif fonctionnel », c’est-à-dire une forme qui complète le sens d’une fonction : (4b).

4a. Les compléments constructifs formels Ils ajoutent le sens d’une fonction à la forme de l’adjectif attribut ou du nom

objet. Ce sont :

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L’univers du Verbe

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- Le sujet de l’adjectif attribut.

- Et l’attribut du nom objet. Le sujet de l’adjectif l’attribut apparaît lorsque le verbe d’état conduit aussi

le sens d’une action qui s’exprime dans la fonction d’un adjectif attribut. Ici la

voie du projet d’état acquiert un sens attributif transitif « passif » pour montrer

que l’implément sujet subit l’action d’un complément de l’adjectif qui se nomme

le sujet de l’attribut.

Ex. : La souris est mangée par le chat.

Cet exemple montre que l’action transite du complément le chat, sujet de

l’adjectif attribut mangée, vers l’implément sujet souris qui subit l’action, par

l’intermédiaire de l’ancillaire d’état.

Le complément sujet de l’adjectif attribut est un complément constructif formel

substantiel indirect. S’il est substantiel, son raccord est de nature téléologique, il pourra s’exprimer en l’absence d’un instrument subordonnant.

Ex1. : Pascal plaisait peut-être à quelques femmes, il en était admiré (Mau-

riac).

L’attribut du nom objet se rencontre avec un verbe d’action qui conduit

aussi le sens de l’état. Ici, la voie du projet acquiert un sens transitif attributif qui

induit la présence d’un complément :

- Attribut nominatif de l’objet.

Ex. : Paul nomme Jean directeur.

- Ou attribut qualificatif de l’objet.

Ex. : Le jeu rend les enfants heureux.

L’attribut du nom objet est un complément constructif formel substantiel direct. À ce titre son raccord direct, de nature téléologique, pourra s’exprimer même en

présence d’un instrument subordonnant.

Ex. : Paul nomme Jean comme directeur.

4b. Les compléments instructifs fonctionnels

Ils ajoutent le sens d’une forme au sens de la fonction du nom (du pronom) ou du

verbe. Ce type de complément est :

- Essentiel quand il ajoute un sens identificatif à la fonction du nom : (5a).

- Existentiel (5b) s’il ajoute un sens : Qualificatif à la fonction du nom.

Ou modificatif à la fonction du verbe.

5a. Le complément essentiel : l’identificatif fonctionnel

C’est un complément qui « se rapporte » à l’état d’existence d’une fonction no-

minale. Il complète le sens d’une « fonction grammaticale », c'est-à-dire qu’il

1 Cité par Grévisse, Le bon usage § 313. De Boeck, Duculot. 1993. Treizième édition.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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complète le sens d’un nom (ou d’un pronom) qui existe en réalité ou en vérité et

qui jouit à ce titre d’un « état d’existence » qui se fait sentir dans tout le propos.

Cette impression d’exister qui émane de la fonction du nom comme s’il était une

sorte de sujet prend le sens :

- D’un état essentiel qui s’exprime dans le sens implicite du verbe être.

Ex. : Il a une passion, la lecture. / Sa passion est la lecture.

La lecture est le complément identificatif « attributif » de l’objet une passion, il

répond au test de « sujétion essentielle » : Sa passion est la lecture.

- Ou d’un état existentiel qui s’exprime dans le sens implicite du verbe avoir. Ex. : L’air distrait, Jules se promène. / Jules a l’air distrait.

L’air distrait est le complément identificatif « objectif » du sujet Jules, il répond

au test de « sujétion existentielle » : Jules a l’air distrait.

L’identificatif fonctionnel fait partie des compléments instructifs, son raccord est

de type morphotaxique, il est direct en l’absence de l’instrument subordonnant,

ou indirect en sa présence.

Voyons maintenant la fonction du complément instructif :

- Identificatif attributif : (6a).

- Et identificatif objectif : (6b).

6a. L’identificatif attributif

Il profite du sens de l’état « essentiel » qui émane de la fonction du nom qu’il complète, et c’est probablement la raison pour laquelle il est souvent senti comme

une sorte d’attribut nominatif :

- Implicite s’il est « détaché » de la fonction qu’il complète par une intonation particulière ou un moyen de ponctuation : (7a).

- Explicite lorsqu’il est « rattaché » au sens de la fonction nominale par l’intermédiaire du sens du verbe : (7b).

7a. L’identificatif attributif détaché

Quand le sens attributif du complément identificatif fonctionnel est implicite, il

possède la particularité d’être apposé ou exposé par rapport à la fonction du nom

ou du pronom qu’il complète et de se voir affecté d’une ponctuation indiquant

une tonalité attributive qui le différencie de l’identificatif formel. Ce complément

se rapporte à l’état essentiel de n’importe quelle fonction nominale, il est par

exemple :

- Identificatif attributif du sujet. Ex. : Eluard, le poète, est mort en 1952. (Eluard est le poète).

Ex. : Brassens, lui, est mort en 1981. (Brassens est lui). Ex. : Moi, je dis que tu as tort. (L’intonation de moi indique son identité

avec le sujet je).

- Identificatif attributif de l’objet.

Ex. : Il n’a qu’une passion : le travail. (Sa passion est le travail).

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L’univers du Verbe

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- Identificatif attributif de l’attribut.

Ex. : Je suis Jules, ton ami. (Jules est ton ami).

- Identificatif attributif du circonstanciel.

Ex. : Il est allé à Rome, la ville éternelle. (Rome est la ville éternelle).

- Voire identificatif attributif d’un complément identificatif formel.

Ex. : Ce sont les élèves de Dupont, le professeur de français.

(Dupont est le professeur de français).

- Ou même identificatif attributif du propos.

Ex. : Jules me déteste, chose insupportable. (Cela est une chose insupportable).

7b. L’identificatif attributif rattaché

L’identificatif attributif est explicite si le nom qu’il complète signifie son état

d’existence par l’intermédiaire de la forme du verbe. Il se rattache alors naturel-

lement au sens de la fonction nominale, sans être affecté d’une ponctuation ou

d’une intonation particulière. On dit qu’il se « rattache » au sens de la fonction du

nom pour bien montrer qu’il se situe dans la dépendance du sens de l’existence

qui émane de la forme du verbe et non de la fonction du projet. La négativité du

test de pronominalisation démontre d’ailleurs qu’il ne se situe pas dans l’instance

du projet.

Ex. : Il part soldat. / * Il le part. L’identificatif attributif rattaché instruit le sens de toutes les fonctions du nom :

Le sujet, qu’il complète :

Directement s’il est non instrumenté.

- Particulièrement dans le propos interrogatif, où l’identificatif attributif du sujet

est régulièrement confondu avec le sujet lui-même.

Ex. : Ce costume vous convient-il ?

- Mais aussi dans le propos énonciatif.

Ex. : Il s’appelle Jules. Nous viendrons tous. Il fait nuit, il fait mauvais

temps. Ils sont beaux ces enfants. Ex. : En amour celui qui est guéri le premier est toujours le mieux guéri

(François de La Rochefoucauld).

Dans ce dernier exemple le test de pronominalisation celui qui l’est le premier

montre bien que l’attribut qualificatif guéri accepte la pronominalisation alors

que l’identificatif attributif le premier, rattaché au sujet celui, ne l’accepte pas.

Cet identificatif « se rapporte » à l’état essentiel du sujet, mais il « ne se situe

pas » substantiellement dans l’état du sujet comme l’est un attribut.

Indirectement s’il est instrumenté.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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Ex. : Jules partit comme soldat. Il passe pour un génie. Il est nommé

comme directeur.

L’objet, qu’il complète :

Directement s’il est non instrumenté.

L’identificatif attributif se rattache toujours à l’objet commun, il ne doit pas être

confondu avec l’attribut nominatif de l’objet propre.

- On a affaire à un « attribut nominatif » de l’objet propre quand le verbe d’action est vecteur de l’état d’un objet qui répond au test de l’état passif.

Ex. : Paul nomme Jean directeur. / Jean est nommé directeur par Paul.

- Mais on a affaire à un « identificatif attributif » de l’objet commun toutes les

fois que le verbe d’action n’est pas vecteur de l’état passif de l’objet. Soit que le

test de l’état passif est :

Impossible : particulièrement avec le verbe avoir.

Ex. : Paul a un ami directeur. / * Un ami directeur est eu par Paul.

Ici le sens de l’état essentiel de l’objet ne vient pas de la fonction transitive du

verbe avoir, il émane de la forme du verbe avoir. Le nom directeur doit

s’analyser comme un identificatif attributif rattaché à l’objet ami et non comme

un attribut de l’objet. Ou discutable.

Ex. : Paul a connu Jean soldat. / ? Jean a été connu soldat par Paul.

Ex. : Paul voit Jean président. / ? Jean est vu président par Paul.

On a nettement l’impression qu’ici, la fonction d’identificatif attributif de

l’objet convient mieux que celle de l’attribut nominatif de l’objet.

Indirectement s’il est instrumenté.

Ex. : Paul voit Jean comme directeur.

L’attribut, qu’il complète :

Directement s’il est non instrumenté. L’identificatif attributif se rattache toujours à l’attribut propre, il ne doit pas être

confondu avec l’identificatif du nom attribut commun. On a affaire à :

- Un identificatif attributif de « l’attribut » si c’est un attribut propre qui répond

au test de l’état actif et au test de sujétion essentielle. Ici, l’identificatif est « fonc-

tionnel », il s’adresse à la fonction du nom attribut.

Ex. : Jules est le patron chef de travaux. / Le patron chef de travaux est

Jules. / Le patron est chef de travaux.

- Un identificatif du « nom » si ce nom est un attribut commun qui ne répond pas

au test de l’état actif ni au test de sujétion essentielle. Ici, l’identificatif est « for-

mel », il s’adresse à la forme du nom attribut.

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L’univers du Verbe

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Ex. : Jules est un patron chef de travaux. / *Un patron chef de travaux est

Jules. / *Un patron est chef de travaux.

Indirectement s’il est instrumenté.

Le problème reste le même, le nom sera :

- Identificatif du nom, si ce nom est un attribut nominatif commun qui ne répond

pas aux deux tests de sujétion.

Ex. : Jules est un patron en tant que chef de travaux. / *Un patron en tant

que chef de travaux est Jules. / *Un patron est chef de travaux. - Identificatif attributif de l’attribut, si cet attribut est nominatif propre et qu’il

répond aux tests de sujétion.

Ex. : Jules est le patron comme chef de travaux. / Le patron comme chef de

travaux est Jules. / Le patron est chef de travaux.

Du circonstanciel

Ex. : Il se mesure contre l’élève le meilleur. / Il se mesure contre le meil-

leur.

Le test de suppression du complément circonstanciel l’élève montre bien que

l’identificatif attributif signifie l’état d’existence explicite de ce complément par

l’intermédiaire de la forme du verbe.

6b. L’identificatif objectif

Le complément identificatif objectif profite du sens de l’état « existentiel » qui

émane de la fonction nominale qu’il complète, expliquant pourquoi il est souvent

senti comme une sorte d’objet du verbe avoir. Ce complément pose un problème

d’analyse différentielle avec le complément circonstanciel direct de manière, qui

répond comme lui au test de sujétion existentielle et à la question existentielle

comment ?

Ex. : (1). Jules se promène, l’humeur joyeuse. / Jules a l’humeur joyeuse. /

Jules se promène comment ?

Ex. : (2). Jules se promène le pas nonchalant. / Jules a le pas nonchalant. /

Jules se promène comment ? C’est l’analyse du sens du complément qui permet de faire la distinction :

En (1) L’humeur joyeuse ne montre pas la manière de se promener, elle montre la

manière d’être de Jules : c’est un complément identificatif objectif du sujet. En

(2) Le pas nonchalant ne montre pas la manière d’être de Jules, il montre la ma-

nière de se promener : c’est un complément circonstanciel direct de manière du

propos.

Le complément identificatif objectif est, lui aussi :

- Implicite quand il est « détaché » : (7a).

- Explicite s’il se « rattache » au sens de la fonction du nom par l’intermédiaire du sens de l’existence que formule le verbe : (7b).

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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7a. L’identificatif objectif détaché

Ce complément se rapporte à l’état existentiel de toutes les fonctions nominales,

par exemple :

- Le sujet.

Ex. : La tête dans les nuages, il rêve. / Il a la tête dans les nuages.

- L’objet. Ex. : On a renvoyé Paul, la mine piteuse. / Paul a la mine piteuse.

- L’attribut.

Ex. : C’est Jules, un garçon charmant, l’air convenable. / Jules a l’air con-

venable.

- Le circonstanciel.

Ex. : Il voyait chez cet homme, le sourire en coin, l’image de la fourberie.

/ L’homme a le sourire en coin.

- Et même la fonction nominale du propos.

Ex. : Il me déteste, l’air de rien. / Cela a l’air de rien.

7b. L’identificatif objectif rattaché

Il se rapporte, lui aussi, au sens de toutes les fonctions nominales : - Le sujet, qu’il complète directement ou indirectement.

Ex. : Il est venu la tête basse. / Il a la tête basse.

Ex. : Il est le cœur sur la main. / Il a le cœur sur la main.

Ex. : Il arrive avec une mine triste. / Il a une mine triste.

- L’objet, qu’il complète directement ou indirectement.

Ex. : Les gendarmes ont pris le voleur la main dans le sac.

Ex. : Les gendarmes ont pris le voleur avec la main dans le sac.

- L’attribut, qu’il complète directement ou indirectement, etc.

Ex. : C’est un amoureux le cœur en bandoulière.

Ex. : C’est un amoureux au cœur en bandoulière.

5b. Les compléments existentiels

Ces compléments instructifs fonctionnels évoquent l’idée d’une forme

d’existence qui appartient à :

- L’adjectif qualificatif de la fonction du nom : (6a).

- L’adverbe modificatif de la fonction du verbe : (6b).

6a. Le qualificatif fonctionnel

L’adjectif qualificatif est une forme « d’existence de l’essence ». Les deux termes

de cette définition sont importants :

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L’univers du Verbe

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- En tant que forme « de l’essence », l’adjectif est apte à dire « l’état essentiel »

de la forme du nom. Par exemple une robe rose équivaut à une robe qui est rose.

Mais il ne signifie pas l’état essentiel de la forme du pronom qui n’est pas une

forme de l’essence en soi, il n’est qu’une forme existentielle de l’essence.

L’adjectif qualificatif n’est jamais complément instructif de la « forme » du pro-

nom. Mais il en va tout autrement si ce pronom occupe une « fonction » gramma-

ticale constructive dans le propos. Il s’exprime alors comme un nom à part en-

tière, à ce titre il est apte à recevoir le sens du complément qualificatif fonction-

nel. Ex. : Je soussigné.

- En tant que forme « d’existence » le qualificatif signifie aussi un « état existen-

tiel ». Le test de pronominalisation par le pronom impersonnifié le, porteur du

sens de l’état existentiel, confirme cette idée.

Ex. : Es-tu heureuse ? Je le suis. (Et non : Je la suis).

Cependant l’adjectif qualificatif est dans l’incapacité de signifier lui-même cet

état existentiel, il n’est pas conçu pour ça, il a besoin du support du sens existen-

tiel qui se trouve implicitement ou explicitement formulé dans le propos.

Le qualificatif fonctionnel est, lui aussi :

- De sens attributif s’il signifie l’état essentiel du nom : (7a).

- Ou même objectif s’il signifie son état existentiel : (7b).

7a. Le qualificatif attributif

L’adjectif est qualificatif attributif lorsqu’il signifie l’état essentiel de la fonction

du nom qu’il complète. Il est soit :

Détaché, du sujet, de l’objet, de l’attribut, du circonstanciel, etc.

Ex. : La plaine s’étend au loin, immense. (La plaine est immense).

Ex. : Je vois la plaine, immense.

Ex. : C’est une plaine, immense.

Ex. : La voiture roule dans une plaine, immense.

Rattaché, toujours directement. (Le qualificatif est toujours direct, s’il est

introduit par une préposition, il doit être considéré comme un nom adjectival). Le

qualificatif attributif rattaché complète la fonction :

Du sujet Ex. : Les soldats marchent fiers. J’irai seul. Il se montre habile. Le livre

coûte cher. Il tombe amoureux. Jules revient enrichi dans son pays. Elle

meurt pauvre. Les bonnes occasions se font rares. Il fait chaud, il fait bon.

Marie a l’air contente. L’inculpé est présumé innocent.

De l’objet :

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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Le qualificatif attributif se rattache à l’objet commun, il ne se confond pas avec

l’attribut qualificatif de l’objet propre. On a affaire à :

- Un « attribut qualificatif » de l’objet propre si le projet d’action est vecteur de

l’état d’un objet qui répond au test de l’état passif.

Ex. : Le jeu rend les enfants heureux. / Les enfants sont rendus heureux

par le jeu.

- Mais le « qualificatif attributif » de l’objet commun se fera sentir toutes les fois

que le projet d’action n’est pas vecteur de l’état essentiel de l’objet :

Soit qu’il ne réponde pas au test de l’état passif. Ex. : Jules sait sa femme heureuse. / *Sa femme est sue heureuse par

Jules.

Ex. : Jules a les yeux bleus. / *Les yeux sont eus bleus par Jules.

Ex. : Marie a l’air content. / *L’air est eu content par Marie.

Soit qu’il y réponde mal.

Ex. : Jules mange sa salade assaisonnée. / ? Sa salade est mangée assai-

sonnée par Jules.

De l’attribut Le qualificatif attributif se rattache toujours à l’attribut propre, il ne se confond

pas avec le qualificatif du nom attribut commun. On a affaire à : - Un qualificatif attributif de « l’attribut » nominatif propre si celui-ci répond au

test de l’état actif et au test de sujétion essentielle. Ici, le qualificatif est « fonc-

tionnel », il s’adresse à la fonction du nom attribut.

Ex. : Jules est l’homme heureux de la famille. / L’homme heureux est

Jules. / L’homme est heureux.

- Un qualificatif du « nom » attribut nominatif commun si celui-ci ne répond pas

au test de l’état actif et de sujétion essentielle. Ici, le qualificatif est « formel », il

s’adresse à la forme du nom attribut.

Ex. : Jules est un homme heureux. / *Un homme heureux est Jules. / *Un

homme est heureux.

Du circonstanciel : la distinction entre qualificatif fonctionnel et formel repose sur le caractère défini ou indéfini du complément. L’adjectif est :

Qualificatif du complément circonstanciel défini.

Ex. : Il est venu avec le (son, ce) collègue jeune. / Le collègue est jeune.

Qualificatif du nom indéfini.

Ex. : Il est venu avec un collègue jeune. / *Un collègue est jeune.

Ou même d’un complément identificatif

Ex. : Il a été nommé directeur jeune.

Jeune est ici le qualificatif attributif du nom directeur, lui-même identificatif

attributif du sujet.

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L’univers du Verbe

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7b. Le qualificatif objectif

L’adjectif qualificatif est complément instructif fonctionnel objectif quand il

signifie l’état existentiel de la fonction du nom qu’il complète. Mais il ne signifie

pas lui-même cet état existentiel puisque par nature il dit l’état de l’essence. Il a

besoin d’être aidé par un verbe, par exemple l’ancillaire avoir, verbe d’état exis-

tentiel par excellence, mais aussi un verbe comme prendre.

Ex. : L’enfant a chaud.

Ex. : Le petit a pris froid. Dans la mesure où le qualificatif objectif devient une forme d’existence (en tant

qu’adjectif) de l’état d’existence (par l’intermédiaire du verbe) de la fonction

nominale qu’il complète il va se comporter exactement de la même façon qu’un

adverbe qui est, rappelons-le, une forme d’existence de l’existence. Mais comme

il complète le sens d’un nom, il ne doit pas être analysé comme un adjectif adver-

bial qui lui, modifie le sens du verbe.

Ex. : Il chante faux.

Le qualificatif objectif est habituellement rattaché :

- Au sujet, par l’intermédiaire de l’ancillaire avoir ou prendre.

Ex. : J’ai chaud.

Ex. : Il a pris froid.

- Ou à l’objet, par l’intermédiaire de l’ancillaire faire. Ex. : Cela lui fait froid dans le dos : (Il a froid dans le dos).

Ex. : Cela me fait chaud au cœur : (J’ai chaud au cœur).

Ex. : Ça me fait mal : (J’ai mal).

6b. Le modificatif fonctionnel

C’est un adverbe qui prend une importance particulière quand il complète le sens

de la fonction du verbe projet. Le projet n’est pas une forme d’existence pure et

simple, c’est une forme d’existence « du sujet » qui contient consubstantiellement

le sens de l’essence et de l’existence de la vérité contenue dans le propos. On

comprend alors pourquoi l’adverbe modificatif du projet est toujours senti comme

un complément qui ajoute au sens de l’ensemble du propos, de la même manière qu’un complément circonstanciel. Ce sens modificatif est :

- Générique quand il ne répond pas aux questions existentielles.

- Spécifique quand il y répond.

Le modificatif générique du projet est :

- Implétif quand il est ni effaçable ni déplaçable.

Ex. : Je ne viendrai pas avec vous.

Ne…pas est complément modificatif implétif de négation du projet.

- Supplétif quand est effaçable ou déplaçable .

Ex. : Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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Donc est complément modificatif supplétif de conséquence du projet d’état.

Le modificatif spécifique du projet est aussi :

- Implétif quand il est ni effaçable ni déplaçable .

Ex. : Il habite ici.

L’adverbe ici, est le complément modificatif spatial implétif du projet.

- Supplétif quand il est effaçable ou déplaçable .

Ex. : Il travaille tranquillement.

Tranquillement, est complément modificatif supplétif de manière du projet.

2b. La fonction des suppléments

La fonction grammaticale des suppléments consiste à « suppléer » le manque de

sens d’une forme ou d’une fonction. Les suppléments ne se contentent pas

d’ajouter au sens, ce sont aussi des « instruments » qui jouent un rôle capital dans

l’ordonnance des formes et des fonctions. Le mot instrument vient du latin in

struo qui signifie « je participe à la construction ». Cette fonction instrumentale

s’oppose à la fonction des impléments et des compléments qui seront dorénavant

considérés comme des « struments1 », mot tiré du latin struo qui signifie « je

construis ». Les instruments sont :

- Ordinaires quand ils participent à la mise en ordre de la « forme » du mot ou du propos : (3a).

- Ordinants s’ils participent à la mise en ordre de la « fonction » du mot ou de la proposition : (3b).

3a. Les instruments ordinaires Ils suppléent le sens d’un mot ou d’un propos en prenant une forme qui est :

- Enonciative de la forme d’un mot : (4a).

- Ou annonciative de la forme du propos : (4b).

4a. Les instruments énonciatifs

La fonction ordinaire énonciative appartient aux adnoms. Elle ne s’adresse pas

qu’à la forme du nom comme on pourrait le croire, elle s’adresse aussi aux autres

catégories grammaticales et même à la totalité du propos dès lors qu’il est conçu

comme une entité. Cette fonction instrumentale se partage entre celle du prénom

identifiant et celle du pronom qualifiant.

Le prénom identifiant est l’adnom essentiel qui se place « devant » le nom

pour suppléer l’absence d’identité des formes de l’essence irréalisées qu’il pré-

sente. La fonction identifiante du prénom concerne :

- Le nom commun qui n’a pas d’identité propre.

1 Le mot est emprunté à Jacques Damourette et Edouard Pichon, qui l’emploient dans le sens des

instruments : (« Des mots à la pensée », édition d’Artrey).

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L’univers du Verbe

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Ex. : La maison.

Le prénom la supplée l’absence d’identité propre de la forme de l’essence mai-

son. Il lui apporte un sens « essentiel de l’essence » indiquant que désormais,

cette entité est « personnifiée » en genre et en nombre et qu’elle existe en réalité.

- Mais elle concerne aussi n’importe quel mot, voire un propos lorsque le prénom

l’identifie comme un nom.

Ex. : Le dîner, un habitué, un habitant, le beau, un oui, le pour et le contre,

un je ne sais quoi, etc.

Le pouvoir identifiant du prénom est extrêmement puissant, il suffit à l’identification du nom, quelle que soit la nature grammaticale du ou des mots

qu’il instrumente.

Le pronom qualifiant est l’adnom existentiel qui vient « au devant » du

nom (à sa place) pour suppléer l’absence de qualité des formes de l’essence réali-

sée qu’il représente. Toutes les formes qui expriment d’une manière ou d’une

autre l’idée de l’essence sont concernées, qu’il s’agisse :

- Du nom :

Ex. : Prends ce livre et donne-moi le tien.

- De la conformation du nom :

Ex. : Nos amis de la campagne sont de retour, ils sont arrivés.

- Du pronom. Ex. : C’est toi qui parleras en premier.

- De l’adjectif.

Ex. : Audacieuse, elle l’est assurément : (Ce pronom le qui représente

l’adjectif est toujours impersonnifié).

- Ou même du propos si le pronom le qualifie comme un mot.

Ex. : Elle est très audacieuse, je n’en doute pas.

Dans ces exemples le pronom représente une forme de l’essence réalisée à la-

quelle il apporte le sens d’une qualité, sans énoncer son identité, il se contente de

montrer qu’elle existe en réalité, comme une forme « existentielle de l’essence ».

4b. Les instruments annonciatifs Ils apportent le sens supplémentaire d’un effet d’annonce interrogatif ou exclama-

tif à la forme du propos. Cette fonction appartient à :

- L’adnom annonciatif : (5a).

- Et à l’adverbe annonciatif : (5b).

5a. L’adnom annonciatif

C’est un :

- Prénom : (6a).

- Ou un pronom : (6b).

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

73

6a. Le prénom annonciatif

Il emprunte sa forme au prénom qualitatif quel qui varie en genre et en nombre :

quelle, quels, quelles. Il devient :

- Prénom interrogatif s’il questionne l’entité qu’il présente.

Ex. : Quel livre veux-tu ?

- Un prénom exclamatif s’il s’extasie sur l’entité qu’il présente.

Ex. : Quel livre !

6b. Le pronom annonciatif Il est plus souvent interrogatif qu’exclamatif.

Le pronom interrogatif questionne l’entité qu’il représente. Il est :

Simple : qui, que, quoi, quel.

Ex. : Que veux-tu ? Quel est le problème ?

Ou complexe s’il est composé :

- En un seul mot, avec le pronom quel associé à :

L’article : lequel, laquelle, lesquels, lesquelles.

Ou les prépositions à et de : auquel, auxquels, auxquelles, duquel, desquels, desquelles.

Ex. : Lequel veux-tu ?

- Ou composé de plusieurs mots : qui est-ce qui, qu’est-ce que.

Ex. : Qui est-ce qui vient ? Qu’est-ce qui arrive ?

Le pronom exclamatif quel s’extasie sur l’entité qu’il représente.

Ex. : Quel fut mon étonnement !

5b. L’adverbe annonciatif

Il se partage aussi entre :

L’adverbe interrogatif de sens : - Générique.

Ex. : Que ne le disiez-vous plus tôt ? Pourquoi travailles-tu ? Est-ce que tu

viens ?

- Ou spécifique.

Ex. : Où vas-tu ? Quand viens-tu ? Comment fais-tu ? Combien ça coûte ?

L’adverbe exclamatif de sens :

- Générique.

Ex. : Que la montagne est belle !

- Ou spécifique.

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L’univers du Verbe

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Ex. : Quand j’y pense ! Comme c’est beau ! Combien cela me coûte !

3b. Les instruments ordinants

Cette fonction instrumentale concerne :

- Les instruments de subordination qui apportent un supplément de sens gramma-tical à la fonction qu’ils introduisent : (4a).

- Et les instruments de coordination qui lui apportent un supplément de sens lexical : (4b).

4a. Les instruments de subordination

Ils ont pour rôle de suppléer le manque de sens d’une fonction. Le mot subordina-

tion vient du latin médiéval subordinatio qui signifie « sous l’ordre de » pour dire

que l’instrument « met en ordre » le sens de la fonction. Le mot « ordre » ne doit pas être compris au sens de l’ordre hiérarchique du commandement qui existe

entre deux fonctions, par exemple la fonction des impléments qui commande

celle des compléments, il signifie seulement l’ordre d’accommodement de la

fonction. L’instrument subordonnant annonce tout simplement l’introduction

d’une fonction qui peut être implémentaire ou complémentaire, directe ou indi-

recte. Le subordonnant est une forme qui subordonne une fonction, ce qui n’a rien

à voir avec le sens d’une fonction qui subordonne une autre fonction.

Ces instruments se répartissent en deux sous-catégories qui sont celles :

- De l’instrument subordonnant de la fonction du mot : La préposition : (5a).

- Et des instruments conjonctifs et relatifs, subordonnants de la fonction de la proposition : (5b).

5a. Le subordonnant du mot : la préposition

La préposition exprime le sens de l’existence et de l’essence et assure une relation

de sens entre les mots de la même façon que le projet. Mais elle n’est pas un

verbe, c’est un mot invariable qui contient le sens affaibli d’une consistance sim-plement « existentielle ou essentielle ». Sa nature grammaticale est fondamenta-

lement instrumentale : « c’est un mot qui subordonne la fonction d’un autre

mot ». Il faut en tirer que tout mot introduisant la fonction d’un autre mot est une

préposition.

Ex. : Comme toi, j’aime la musique.

L’adverbe comme instrumente la fonction du pronom toi complément circonstan-

ciel du propos j’aime la musique : c’est un adverbe prépositionnel.

Le moment est venu d’étudier en détail la préposition, tant au niveau :

- De sa forme : (6a).

- Que de sa fonction : (6b).

6a. La forme de la préposition

- Voyons d’abord sa forme physique : (7a).

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

75

- Avant d’aborder la question de sa forme psychique : (7b).

7a. La forme physique

Elle est :

- Simple : (8a).

- Ou complexe : (8b).

8a. La forme simple

Elle se réduit dans un mot :

- Issu du latin : à, de, par, pour, sur, dans, sous.

- Ou du français : devant, derrière, avec, encore, sauf, plein, durant, pendant,

suivant, excepté, etc.

8b. La forme complexe

Elle est faite de deux ou plusieurs mots qui sont composés ou décomposés.

La forme composée associe sans complexe des mots de nature grammaticale

très différente. Cette forme est :

- Une forme synthétique si elle associe les mots dans une seule forme. Par

exemple : du (de le), des (de les), au (à le), aux (à les), ès (en les).

- Une forme analytique quand elle les associe séparément : autour de, auprès

de, avant de, de dessus, de dessous, par-dessus, par-dessous, hors de, en dehors

de, près de, loin de, indépendamment de, au bénéfice de, à condition de, à cause

de, au bout de, au moyen de, sous couleur de, etc.

La forme décomposée instrumente les compléments corrélatifs : ne…que,

si…que, tel…que, le plus…de, le moins…de, etc.

7b. La forme psychique

Elle contient :

- Un sens grammatical : (8a).

- Qui s’exprime dans sa forme grammaticale : (8b).

8a. Le sens grammatical de la préposition

La préposition exprime un sens grammatical « identificatif syntaxique » de la

fonction du mot qu’elle introduit. En clair, le mot qu’elle instrumente devra être considéré comme un équivalent grammatical du nom. L’analyse comparée de

trois exemples le démontre :

Ex : (1) : *Le bord mer.

Ex : (2) : Le bord de la mer.

Ex : (3) : Le bord de mer.

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L’univers du Verbe

76

En (1) l’entité mer n’a pas d’identité, elle n’a pas d’existence réelle, elle est « ir-

réalisée ».

En (2) le sens identifiant du prénom la apporte au nom mer le sens d’une identité

propre démontrant qu’elle existe en réalité en genre et en nombre.

En (3) l’entité mer possède le sens d’une forme de l’essence réalisée, qu’elle doit

à la présence de la préposition de qui supplée l’absence du prénom, au prix d’une

petite perte d’identité du nom. Ici la préposition apporte à l’entité mer un sens

« identificatif » qui permet d’affirmer qu’elle existe en réalité comme une forme

de l’essence, comme « un nom », bien qu’elle soit dépourvue du prénom identi-fiant qui permettrait d’affirmer qu’elle existe comme telle. L’absence du prénom

est lourde de conséquence pour le nom mer. En l’absence d’identité il va se com-

porter comme un nom « auto identifié » qui ne tient son genre et son nombre que

de lui-même.

Ex. (4) : Le massacre des innocents.

Ex. (5) : Un massacre d’innocents.

En (4) l’entité innocents reçoit son genre masculin et son nombre pluriel du pré-

nom des, mais en (5) l’entité exerce elle-même son genre et son nombre, elle ne

le reçoit pas du sens de la préposition.

La préposition possède donc un sens identificatif capable de s’exercer en

l’absence du prénom, sur une entité qui ne tient son genre et son nombre que

d’elle-même. Mais on peut douter de son utilité dans l’exemple (2) où elle ap-porte un sens qui n’ajoute rien au sens du nom, déjà suffisamment identifié par la

seule présence du prénom. En réalité, il n’y a pas double emploi, le sens de

l’identification contenue dans ces deux mots n’est pas de même nature. Le pré-

nom exprime un sens identifiant de la « forme » du nom : c’est un identifiant

« morphologique », alors que la préposition contient un sens identificatif de la

« fonction » nominale du mot : c’est un identificatif « syntaxique ». La préposi-

tion n’identifie pas le sens de la forme du nom, elle est incapable de lui apporter

le sens du genre et du nombre, elle ne fait qu’identifier le sens de sa fonction, en

l’occurrence celle d’un complément identificatif formel en (3).

Du fait de leur ressemblance, le sens identifiant du prénom et le sens identificatif

de la préposition vont naturellement tendre à se confondre dans la forme d’un seul mot, c’est particulièrement le cas pour :

- La préposition de qui donne : du (de le) et des (de les).

Ex. : La porte du jardin.

- La préposition à, laquelle donne : au (à le) et aux (à les).

Ex. : Un appel au secours.

- La préposition en qui devient : ès (en les).

Ex. : Un docteur ès lettres.

Si la forme du prénom se confond avec celle de la préposition, celle-ci reste mal-

gré tout un authentique instrument de subordination. Sa forme grammaticale ne se

confond pas avec celle du prénom, pour la simple raison qu’elle identifie d’abord

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

77

la fonction du nom avant que le prénom soit identifiant de la forme du nom.

Lorsqu’on dit « le jardin », « le secours », « les lettres », on pense à la forme du

nom. Mais quand on dit « du jardin », « au secours », « ès lettres », on pense à la

fonction du nom.

Le sens identificatif syntaxique de la préposition ne se limite pas à la forme du

nom. Tout comme le prénom identifie « la forme nominale » de n’importe quel

mot, la préposition est capable d’identifier « la fonction nominale » de toutes les

formes grammaticales, qu’il s’agisse :

- Du verbe infinitif. Ex. : Il est temps de partir.

- Du verbe définitif.

Ex. : On ignore le nombre de tués dans l’accident.

- Du verbe indéfinitif.

Ex. : Il y a quelque chose d’étonnant dans cette affaire.

- De l’adjectif.

Ex. : Il n’y a rien de bon.

- De l’adverbe.

Ex. : Il se souvient d’une histoire d’autrefois.

- De la préposition.

Ex. : Il faut faire le choix du pour et du contre.

8b. La forme grammaticale de la préposition

La préposition ne dévoile sa vraie forme grammaticale qu’au moment de son

emploi. C’est à ce moment-là qu’elle endosse le costume :

- D’une préposition formelle si elle est employé pour sa forme : (9a).

- D’une préposition figurative si elle est employée avec le sens d’une autre forme grammaticale : (9b).

9a. La préposition formelle

C’est au moment de l’emploi que le sens identificatif syntaxique de la préposition

endosse sa forme grammaticale essentielle « ou » existentielle. Ce qui amène à

penser qu’elle se comporte comme une sorte de petit dipôle formel, susceptible de

s’orienter d’un côté ou de l’autre, pour offrir son pôle essentiel ou existentiel

selon le besoin de sens de la fonction qu’elle introduit. Le sens endosse la forme :

- D’une « préposition essentielle » si la fonction nominale qu’elle instrumente s’exprime comme une forme de l’essence : (10a).

- Ou d’une « préposition existentielle » si la fonction nominale s’exprime comme une forme d’existence : (10b).

10a. La préposition essentielle Elle formule le sens identificatif du nom. Ce sens qui « fait l’entité » se nomme le

sens identificatif « entificatif ».

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L’univers du Verbe

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Ex. (1) : Il commence à travailler.

Ex. (2) : Il commence le travail.

La préposition « entificative » à instrumente le verbe travailler en (1) comme s’il

était un verbe nominal, équivalent au nom travail en (2).

10b. La préposition existentielle

Son sens identificatif exprime une nuance de sens existentiel qui est :

- « Qualificatif » si le mot qu’elle introduit équivaut à un nom adjectival.

- Ou « modificatif » s’il se comporte comme un nom adverbial.

Le sens identificatif qualificatif

La préposition « qualificative » instrumente un mot qui répond à la question exis-

tentielle comment (?) de la même manière qu’un adjectif qualificatif.

Ex. (1) : Un atterrissage en catastrophe. Ex. (2) : Un atterrissage catastrophique.

La préposition qualificative en instrumente le nom adjectival catastrophe qui

répond à la question comment (?), comme l’adjectif en (2).

Le sens identificatif modificatif

Il s’exerce sur la fonction d’un mot qui se comporte comme un nom adverbial.

La démonstration est simple.

Ex. (1). : Je partirai avant.

Ex. (2). : Je partirai avant le lever du soleil.

En (1) avant est un adverbe, complément modificatif du verbe partir. En (2) cet

adverbe a abandonné le sens de l’existence qu’il contient pour ne conserver que le

sens « existentiel » d’une préposition « modificativé » qui introduit le nom com-plément circonstanciel le lever du soleil. Ce nom se comporte grammaticalement

comme s’il était un adverbe temporel qui répond à la question existentielle

quand (?). La frontière entre la forme grammaticale de l’adverbe et celle de la

préposition est imperceptible et cette remarque est lourde de conséquence. On

comprend maintenant pourquoi l’adverbe se métamorphose si facilement en pré-

position, et surtout pourquoi il ne pourra jamais avoir lui-même de complément

identificatif, dans la mesure où la seule présence de ce complément le transforme

immédiatement en préposition.

Ex. : Il a été condamné conformément à la loi.

L’adverbe conformément doit s’analyser comme un adverbe prépositionnel.

9b. La préposition figurative

Lorsqu’un mot quitte sa catégorie grammaticale pour endosser une autre forme

grammaticale, on dit qu’il devient une « figure grammaticale ». La préposition

n’échappe pas à la règle. Elle doit cette déchéance grammaticale à l’excès ou au

manque d’expression de son sens identificatif syntaxique :

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

79

- Si elle l’exprime excessivement, elle entre en concurrence avec le prénom. Elle

devient alors une « figure grammaticale » qui ressemble au prénom et qui instru-

mente bien plus la forme de la fonction du nom, que la fonction de sa forme.

Cette préposition figurative se nomme « la préposition prénominale » : (10a).

- Si elle ne l’exprime pas elle perd son sens grammatical essentiel, il ne lui reste

plus que le sens grammatical « existentiel ». Elle abandonne alors sa forme et

devient une figure qui instrumente le mot qui se trouve à l’opposé du nom, le

verbe. Cette préposition figurative se nomme « la préposition préverbale : (10b).

10a. La préposition prénominale

C’est une sorte « d’article syntaxique » qui va parfois jusqu’à confondre le sens

identifiant morphologique du prénom et le sens identificatif syntaxique de la

préposition. C’est pourquoi une nouvelle distinction s’impose entre la préposition

prénominale :

- « Partitive de » qui se confond avec le sens du prénom : (11a).

- « Impartitive » qui ne se confond pas avec le sens du prénom : (11b).

11a. La préposition partitive

La préposition prénominale de est « partitive » toutes les fois que le sens du pré-

nom se confond dans le sens et parfois dans la forme physique de la préposition.

Elle est alors sentie comme un prénom bien qu’elle soit une authentique préposi-

tion dont le sens n’identifie qu’une « partie » de l’entité. Ce sens partitif provient

exclusivement de la préposition, il n’est d’ailleurs qu’une forme d’expression

particulière de son sens « ablatif » qui signifie, « l’origine », « l’extraction »,

« l’ablation ». Deux exemples suffiront pour s’en convaincre : Ex : (1). : Il boit la tisane.

Ex : (2). : Il boit de la tisane.

On voit qu’en (1) l’entité tisane est dénombrable, alors qu’en (2) elle est indé-

nombrable. Force est de reconnaître que l’association du sens de la préposition et

du prénom suffit à rendre l’entité indénombrable. Que s’est-il passé ?

L’explication est assez simple. On voit que :

- Dans un premier temps la préposition de joue de son sens identificatif syn-

taxique, dont on sait qu’il s’exerce indépendamment du nombre singulier ou

pluriel, comme si l’entité était « indénombrable ».

- Le prénom la intervient ensuite pour apporter le supplément de sens identifiant

morphologique du genre et du nombre qui manque au sens de l’entité tisane. La confusion du sens identificatif « de l’indénombrable » qui émane de la prépo-

sition, et du sens identifiant « du dénombrable » qui émane du prénom, a donné

naissance au sens « indénombrable du dénombrable » qui se nomme le sens « par-

titif ».

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L’univers du Verbe

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La préposition de est partitive toutes les fois qu’elle identifie une entité indénom-

brable et que le prénom se joint à elle pour apporter le supplément

d’identification qui manque au sens de cette entité :

- Le sens de son genre féminin ou masculin.

Ex. : Il boit de la tisane.

Ex. : Il boit du (de le) vin.

- Et le sens de son nombre répartitif du singulier ou du pluriel.

Ex. : Donne-moi du (de le) gâteau.

Ex. : Donne-moi de ce gâteau. Ex. : Il veut des (de les) fruits de ce jardin.

Ex. : Donne-moi de tes gâteaux.

Alors que le prénom contient le sens identifiant morphologique d’une répartition

entre le singulier et le pluriel (on dit qu’il est « répartitif du singulier ou du pluriel

»), la préposition partitive de exprime le sens identificatif syntaxique d’une partie

du singulier ou du pluriel (Ce sens est « partitif du singulier ou du pluriel »).

Mais dans tous les cas où la préposition de n’associe pas son sens ablatif au sens

du prénom, celle-ci ne mérite plus le nom de préposition prénominale « parti-

tive », elle entre alors dans la catégorie moins spécialisée des prépositions pré-

nominales dites « impartitives ».

10b. La préposition impartitive C’est une préposition prénominale quelconque, dépourvue de sens partitif. Exa-

minons séparément :

- Son sens.

- Et ses formes d’emploi.

Le sens de la préposition impartitive contient les mêmes nuances essen-

tielles ou existentielles que la préposition formelle. Ce sens est :

Identificatif entificatif si le mot exerce une fonction « nominale » qui ré-

pond à la question essentielle qui ou quoi ?

Ex. : C’est du sensationnel !

La préposition prénominale entificative du instrumente à la fonction attribut de

l’adjectif sensationnel qui répond exactement comme un nom à la question quoi ?

Identificatif qualificatif quand le mot se comporte comme un nom adjecti-val qui répond à la question existentielle comment ?

Ex. : Il est sans argent.

Ex. : Il est désargenté.

La préposition prénominale qualificative sans instrumente la fonction attribut du

nom argent qui répond comme l’adjectif désargenté à la question comment ?

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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Identificatif modificatif quand le mot se comporte comme un nom adverbial

qui répond à la question existentielle combien ?

Ex. : Cette voiture vaut beaucoup d’argent.

La préposition prénominale moficative beaucoup de instrumente la fonction objet

du nom argent qui répond comme un adverbe à la question combien ?.

Les formes d’emploi de la préposition impartitive

Les prépositions autres que de s’emploient en présence ou en l’absence du prénom.

Ex. : Il est sans le sou.

Ex. : Il est sans argent.

La préposition de doit s’analyser comme une préposition impartitive toutes

les fois qu’elle ne se confond pas psychiquement avec le sens du prénom, même

si elle se confond physiquement dans sa forme.

- De le donne la préposition prénominale du.

Ex. : Il revient du travail.

- De les donne des.

Ex. : Il revient des champs. - À le donne au.

Ex. : Il va au travail.

- À les donne aux.

Ex. : Il va aux champs.

Elle se fait parfois aider par d’autres mots que le prénom pour parfaire son sens

identificatif, habituellement c’est un adnom ou un adverbe :

- L’adnom se place après elle pour lui apporter un sens qualitatif supplémentaire.

C’est généralement :

Un pronom.

Ex. : D’aucuns disent qu’il a tort. D’autres diront qu’il a raison.

Ou un adjectif qualificatif.

Ex. : Il a de jolies choses. Cet évènement est de bon augure. - L’adverbe se place devant la préposition pour lui apporter un sens quantitatif

supplémentaire. Puisque cet adverbe n’a pas de fonction modificative, on consi-

dère qu’il fait corps avec la préposition prénominale pour former un mot composé

(beaucoup de, trop de, tant de, pas de, etc.).

Généralement il s’agit d’un adverbe quantitatif négatif ou positif :

Ex. : Il n’a pas d’amis. Il n’a pas d’argent. Il y a trop de monde ici. Il a

beaucoup d’ennuis. Que de misère il y a sur cette terre. Que de gens sont

malheureux sur terre.

L’apparition de l’adverbe suffit parfois à provoquer la disparition du prénom.

Ex. : J’ai vu un chat. / Je n’ai pas vu de chat.

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L’univers du Verbe

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Ex. : Il a bu du (de le) vin. / Il n’a pas bu de vin.

Ex. : Il a bu de l’eau. / Il n’a pas bu d’eau.

Ex. : Il a des enfants. / Il a beaucoup d’enfants.

Tandis que la disparition de l’adverbe quantitatif suffit à provoquer la réappa-

rition de la préposition impartitive et de son prénom, particulièrement quand

il se fait remplacer par un adverbe de manière employé avec un contresens

quantitatif.

Ex. : Il y a beaucoup de monde. / Il y a bien du (de le) monde.

Ex. : Il a tellement de chance. / Il a bien de la chance.

10b. La préposition préverbale

Si la préposition n’exprime pas son sens identificatif, elle perd sa raison d’être,

elle abandonne sa forme grammaticale et devient une sorte d’article du verbe.

Comme elle ne contient plus de sens identificatif, elle n’exprime qu’un sens syn-

taxique purement existentiel qui subordonne bien plus la forme de la fonction du

verbe, que la fonction de sa forme. Elle se présente sous deux formes :

- La préposition indéfinitive.

- Et la préposition infinitive.

La préposition préverbale indéfinitive instrumente la forme de la fonction

du verbe indéfinitif. Voyons comment les choses se passent.

Ex : (1). : La fortune vient en travaillant.

Ex : (2). : Jules chante en travaillant.

En (1) l’association du verbe indéfinitif travaillant et de la préposition en est

paraphrasable par un adverbe : La fortune vient laborieusement. On a l’impression que le sens syntaxique existentiel de la préposition en s’exerce de

telle manière qu’il modifie la forme grammaticale du verbe indéfinitif pour qu’il

se comporte comme un véritable adverbe, complément modificatif du verbe venir.

En (2) l’indéfinitif est beaucoup plus qu’un adverbe. La préposition en instru-

mente un verbe indéfinitif qui a le même sujet que le verbe chanter : (Qui est-ce

qui travaille ? Qui est-ce qui chante ?). Si ces deux verbes ont le même sujet, l’un

est nécessairement l’auxiliaire de l’autre, ils ne sont plus alors qu’une seule et

même forme verbale, dans laquelle l’hémi-auxiliaire chanter conjugue la forme

de son ancillaire indéfinitif en travaillant. Si la préposition en fait intégralement

partie de cette forme verbale, il faut reconnaître qu’en l’espèce, elle troqué son

sens modificatif adverbial contre un sens modificatif verbal.

La préposition préverbale infinitive instrumente la forme de la fonction du

verbe infinitif. Les choses se passent comme précédemment.

Ex. : Il vient de partir.

Dans cet exemple la préposition de instrumente l’infinitif partir qui a le même

sujet que venir : (Qui est-ce qui part ? Qui est-ce qui vient ?). Si ces deux verbes

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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ont le même sujet, l’un est forcément le semi-auxiliaire de l’autre. Il faut ad-

mettre qu’ici aussi la préposition de est une préposition préverbale.

6b. La fonction de la préposition

Elle dépend étroitement de sa forme grammaticale :

- Les prépositions figuratives instrumentent les fonctions directes : (7a).

- Les prépositions formelles gouvernent les fonctions indirectes : (7b).

7a. La subordination directe Cette fonction de subordination est :

- Instructive directe si le mot qu’elle instrumente exerce sa fonction dans la con-formation d’un mot : (8a).

- Constructive directe s’il l’exerce dans la conformation du propos : (8b).

8a. La subordination instructive directe

La préposition préverbale indéfinitive est la seule préposition instructive directe.

Elle fait du verbe indéfinitif une sorte d’adverbe modificatif :

- Formel, qui complète la forme du verbe.

Ex. : La chirurgie s’exerce en opérant.

- Fonctionnel, qui complète la fonction du projet.

Ex. : En mangeant, l’appétit vient.

8b. La subordination constructive directe

Elle s’adresse aux fonctions substantielles :

- De l’implément sujet ou projet. - Et des complément substantiel direct : attribut ou objet.

Les impléments substantiels

Le sujet est instrumenté par la préposition prénominale partitive ou imparti-

tive qui n’intervient dans la subordination de cette fonction nominale que pour

suppléer le manque de sens de son identité.

Ex. : Que de gens sont malheureux sur terre (Trop de gens…).

Ex. : De partir me plaît.

Ex. : D’aucuns penseront que je me suis trompé.

Le projet est instrumenté par la préposition préverbale qui intervient dans la

subordination de cette fonction verbale pour suppléer le manque de sens de la

modité du verbe infinitif ou indéfinitif, qu’il soit :

- Accompagné de son semi-auxiliaire ou de son hémi-auxiliaire.

Ex. : Jules vient de partir.

Ex. : Jules travaille en chantant.

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L’univers du Verbe

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- Ou même non accompagné de son semi-auxiliaire lorsqu’il s’agit de l’infinitif

dit de « narration ».

Ex. : Et grenouilles de sauter dans les ondes (La Fontaine).

Les compléments substantiels directs sont tous instrumentés par la préposi-

tion prénominale partitive ou impartitive :

L’attribut direct est soit :

- Nominatif si la préposition enficative présente l’attribut comme un nom à part entière.

Ex. : Son désir est de partir.

- Qualificatif si la préposition qualificative instrumente l’attribut comme un nom

adjectival.

Ex. : Il est de bonne humeur.

Ex. : Ce livre est à jeter.

Ex. : Il est sans imagination.

L’objet direct est soit :

- Accusatif si la préposition entificative introduit l’objet comme un nom à part

entière. Ex. : Je veux à manger. Il a de bons amis. Je ne veux pas de pain. Il voit

beaucoup de monde.

- Modificatif quand la préposition modificative instrumente l’objet comme un

nom adverbial.

Ex. : Cette voiture vaut beaucoup d’argent.

L’attribut du nom objet direct est soit :

- Nominatif quand la préposition entificative instrumente l’attribut de l’objet

comme un nom.

Ex. : Il a traité Jules d’imbécile.

- Qualificatif si la préposition qualificative présente l’attribut comme un nom

adjectival. Ex. : Jules estime ce vin de qualité.

7b. La subordination indirecte

La préposition formelle exerce une fonction de subordination toujours « indi-

recte ». Cette fonction est :

- Instructive indirecte si le mot qu’elle instrumente exerce sa fonction dans la conformation d’un mot : (8a).

- Constructive indirecte lorsqu’il exerce sa fonction dans la conformation du propos : (8b).

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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8a. La subordination instructive indirecte

La préposition formelle introduit un complément identificatif indirect :

- Formel : si le complément nominal est identificatif de la forme :

Du nom.

Ex. : La ville de Paris (Identificatif propre).

Ex. : Les rues de Paris (Identificatif commun).

Ex. : Un travail à faire (Identificatif qualificatif).

Ex. : Un atterrissage en douceur (Identificatif qualificatif).

Du pronom. Ex. : Ce livre, c’est celui de ton frère (Identificatif commun).

De l’adjectif.

Ex. : Il est bon en calcul (Identificatif).

Ex. : Elle est heureuse de vivre (Identificatif).

- Fonctionnel : si le complément est identificatif de la fonction :

Du sujet.

Ex. : Jules passe pour un imbécile (Identificatif attributif).

Ex. : Jules est arrivé avec son air triste (Identificatif objectif).

De l’objet.

Ex. : Il a traité Jules d’imbécile (Identificatif attributif).

De l’attribut, etc.

Ex. : De vous tous, c’est Jules le plus gentil (Identificatif attributif).

8b. La subordination constructive indirecte

Elle dépend de la préposition formelle :

- Entificative pour les compléments substantiels indirects.

- Modificative pour les compléments circonstanciels indirects.

Les compléments substantiels indirects sont :

L’objet indirect qui se construit avec la préposition :

- De (du, des) si la fonction est ablative :

Ex. : Jules parle de sa maman. Jules manque d’argent. Il manque de sou-liers. Il se contente de sa tisane. Il se contente de tisanes. Il le dissuade de

partir. Les soldats s’emparent du château.

- À (au, aux) pour l’objet datif :

Ex. : La maman parle aux enfants. Il s’attend à partir.

L’attribut indirect qui se construit aussi avec la préposition :

- De : si sa fonction est ablative :

Ex. : Le livre est de Jules. Si j’étais de vous. Comme si de rien n’était.

- À (au, aux) s’il est datif :

Ex. : Le livre est à Jules.

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L’univers du Verbe

86

Le sujet de l’adjectif attribut se construit avec les prépositions :

- Par :

Ex. : La souris est mangée par le chat.

- De :

Ex. : Il est aimé de ses enfants.

- Ou même à :

Ex. : Le tissu est mangé aux mites.

Les compléments circonstanciels indirects sont :

- Génériques : si la préposition joue de son sens identificatif modificatif essen-

tiel.

Ex. : Il travaille avec moi.

- Spécifiques : quand elle exprime son sens identificatif modificatif existentiel.

Ex. : Il travaille comme moi. Elle marche dans la rue.

5b. Les subordonnants de la proposition

Ces instruments se partagent entre :

- La conjonction que qui exerce uniquement une fonction de subordination : (6a).

- Et les instruments relatifs qui exercent aussi d’autres fonctions : (6b).

6a. La conjonction « que »

Par définition, la conjonction que a pour fonction de subordonner une proposition

dans laquelle elle n’exerce aucune fonction grammaticale. Il faut en déduire que :

- Le mot que qui exerce une fonction dans un propos qu’il ne subordonne pas, n’est pas une conjonction.

Ex. : Qu'un prêtre et un philosophe sont deux (Victor Hugo).

Le mot que n’introduit pas la fonction de ce propos, il ne s’analyse pas comme

une conjonction mais comme un adverbe d’affirmation objective, qui exerce une

fonction modificative du projet.

Ex. : Qu’il vienne !

Ici que est un adverbe d’affirmation subjective.

- Le mot que qui subordonne la fonction d’un mot est une préposition.

Ex. : Je suis plus grand que toi.

La préposition corrélative plus…que subordonne la fonction de l’adjectif attribut

grand et celle du pronom toi, complément circonstanciel comparatif du propos je suis plus grand, c’est une conjonction prépositionnelle. Si les prépositions servent

à former des conjonctions, il n’est pas étonnant que la conjonction soit aussi à

l’origine de certaines prépositions.

La conjonction est un Himalaya de la grammaire, elle culmine au sommet du

principe d’abstraction et du principe d’attraction, qui se confondent dans ce petit

mot de trois lettres.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

87

- Elle illustre d’abord le principe d’abstraction, à tel point qu’elle donne

l’impression de ne pas contenir le sens d’une chose et de s’abstraire de la réalité

elle-même. Un examen attentif montre qu’en réalité la conjonction ne signifie pas

l’idée d’une chose visible, mais celle d’une cause invisible.

Ex. : Julie est heureuse que Jules vienne.

La venue de Jules est la cause du bonheur de Julie. L’expression de cette cause

fonctionne aussi dans l’autre sens :

Ex. : Julie veut que Jules vienne.

La volonté de Julie est la cause de la venue de Jules. - La conjonction illustre ensuite le principe d’attraction et le principe de confu-

sion qui en est l’aboutissement. On a dit et répété à l’envi que l’adjonction était

une forme grammaticale essentielle ou existentielle. La conjonction n’échappe

pas à la règle. Contrairement à la préposition elle possède l’immense avantage de

se présenter dans la pureté d’une seule forme fondamentale : Que. Cette conjonc-

tion ressemble d’ailleurs beaucoup à l’adverbe et au pronom que, mais contraire-

ment à eux elle n’exerce aucune fonction dans la proposition qu’elle instrumente.

Cette propriété singulière va nous permettre de découvrir la genèse de sa forme

grammaticale. Quatre exemples suffiront :

Ex. (1) : Qu'il vienne me voir.

L’adverbe d’affirmation subjective que est ici une forme grammaticale « de

l’existence », complément modificatif du projet venir, il n’est pas l’instrument subordonnant conjonctif d’une proposition.

Ex. (2) : Je souhaite qu'il vienne me voir.

Ex. (3) : Je lui pardonnerai à condition qu’il vienne me voir.

La conjonction que instrumente la proposition complément d’objet (2) ou circons-

tanciel (3) il vienne me voir, dans laquelle elle n’exerce pas de fonction gramma-

ticale. Cette conjonction ressemble beaucoup à l’adverbe de l’exemple (1), mais

elle n’exerce pas sa fonction de complément modificatif affirmatif. L’adverbe que

donne l’impression de s’être dépouillé de sa forme « de l’existence » pour endos-

ser la forme simplement « existentielle ou essentielle » de la conjonction.

Ex. (4) : Je m’oppose à ce que tu dis.

Dans cet exemple le pronom relatif que est une vraie forme grammaticale « de l’essence » qui exerce la fonction de complément d’objet direct du projet dire.

Ex. (5) : Je m’oppose à ce que tu viennes.

Ici la conjonction que n’exerce pas de fonction grammaticale dans la proposition

subordonnée qu’elle instrumente. On voit qu’elle ressemble beaucoup au pronom

relatif de l’exemple (4) mais elle n’exerce pas sa fonction de complément d’objet.

Ici aussi, le pronom donne vraiment l’impression de s’être dépouillé de sa forme

grammaticale « de l’essence » pour endosser la forme simplement « essentielle ou

existentielle » de la conjonction.

L’adverbe et le pronom ont abandonné leur forme et leur fonction pour se con-

fondre dans la conjonction que, qui endosse la forme résiduelle essentielle qu’elle

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L’univers du Verbe

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tient du pronom et la forme résiduelle existentielle qu’elle tient de l’adverbe. La

confusion de ces deux formes dans un seul mot fait de la conjonction que le mot à

la fois le plus simple et le plus complexe de notre langue, et certainement le plus

beau.

Le moment est venu d’aborder l’étude détaillée :

- De la forme de la conjonction : (7a).

- Et de sa fonction instrumentale : (7b).

7a. La forme de la conjonction que

Voyons successivement :

- Sa forme physique : (8a).

- Et sa forme psychique : (8b).

8a. La forme physique

Elle est simple ou complexe :

La forme simple, il n’y en a qu’une : que.

La forme complexe est faite de deux ou plusieurs mots qui sont composés

ou décomposés.

La forme composée est :

- Une forme synthétique qui associe les mots dans une seule forme : jusque,

lorsque, puisque, quoique.

- Une forme analytique qui les associe séparément : à ce que, à condition que,

afin que, ainsi que, alors que, à mesure que, à moins que, après que, attendu que,

au lieu que, aussitôt que, autant que, avant que, bien que, cependant que,

d’autant que, de ce que, de façon que, de manière que, de même que, depuis que,

de sorte que, dès que, durant que, encore que, jusqu’à ce que, malgré que, outre que, parce que, pendant que, plutôt que, pour que, pourvu que, sans que, selon

que, si peu que, sitôt que, suivant que, tandis que, etc.

La forme décomposée s’emploie dans les propositions conjonctives corréla-

tives : tel…que, tellement…que, si…que, plus…que, moins…que, etc.

8b. La forme psychique

Comme la préposition, la conjonction exprime un sens « identificatif syntaxique »

de la fonction qu’elle introduit. Mais avec cette grande différence que ce sens ne

lui appartient pas en propre, il lui vient aussi de la proposition qui se trouve être

l’équivalent grammatical d’un nom. La proposition étant toujours constituée d’un nom accompagné de tous les attributs de l’essence et de l’existence, il est tout à

fait normal qu’elle soit considérée comme l’équivalent d’un nom. La conjonction

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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que se trouve de facto titulaire d’un sens grammatical identificatif d’une fonction

nominale, exactement comme la préposition. Ce sens identificatif est évidemment

teinté d’une nuance de sens essentiel ou existentiel qui se répartit entre les formes

grammaticales de :

- La conjonction essentielle : (9a).

- Et de la conjonction existentielle : (9b).

9a. La conjonction essentielle

Elle possède un sens grammatical identificatif « entificatif » de la fonction de la

proposition qu’elle introduit.

Ex. (1) : Le fait que tu viennes, me réjouit.

Ex. (2) : Le fait de ta venue, me réjouit.

En (1) la conjonction entificative instrumente une proposition conjonctive com-plément identificatif du nom le fait exactement de la même façon que la préposi-

tion de en (2).

9b. La conjonction existentielle

Elle apporte un sens identificatif existentiel à la fonction nominale de la proposi-

tion qu’elle introduit. Ce sens identificatif est :

Qualificatif si la conjonction instrumente une proposition qui exerce la fonc-

tion d’un nom adjectival.

Ex. (1) : La décision sera selon qu’il est prescrit dans le code.

Ex. (2) : La décision sera juste.

La conjonction qualificative selon que instrumente la proposition conjonctive selon qu’il est prescrit dans le code, attribut qualificatif du sujet la décision. Elle

est l’équivalent grammatical d’un nom adjectival qui répond à la question exis-

tentielle comment ?

Modificatif si elle instrumente une proposition qui se comporte comme un

nom adverbial.

Ex : (1). : Je viendrai avant que tu partes.

Ex : (2). : Je viendrai rapidement.

La conjonction modificative avant que instrumente la proposition conjonctive

avant que tu partes, complément circonstanciel temporel du propos je viendrai.

Elle est l’équivalent grammatical d’un nom adverbial qui répond à la question existentielle quand ?

7b. La fonction de la conjonction que

Elle instrumente les subordonnées conjonctives :

- Instructives : (8a).

- Et constructives : (8b).

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8a. La fonction de subordination instructive

La conjonction instrumente les compléments instructifs indirects :

- Identificatifs formels du nom, du pronom, de l’adjectif.

Ex. : Le fait qu’il vienne me remplit de joie.

Ex. : Toi que j’aime.

Ex. : Je suis certain qu’il viendra.

- Identificatifs fonctionnels du sujet, de l’objet, de l’attribut, etc.

Ex. : Cette affirmation, que tout est parfait, est absurde. Ex. : Je le sais bien, que tu mens.

Ex. : C’est mon seul souhait : que tu réussisses.

8b. La fonction de subordination constructive

La conjonction instrumente les subordonnées qui exercent :

- Une fonction substantielle, le raccord est téléotaxique.

- Une fonction circonstancielle indirecte, le raccord est morphotaxique.

Les fonctions substantielles : Hormis la fonction attribut qualificatif et la

fonction objet modificatif qui relèvent de la conjonction existentielle, elles sont

toutes subordonnées par la conjonction entificative qui instrumente les fonctions :

Implément sujet.

Ex. : Que tu réussisses me comblerait de joie !

Ex. : D’où vient qu’il soit si prétentieux ?

Complément substantiel direct

- Attribut direct, nominatif ou qualificatif.

Ex. : La vérité est qu’il est malade.

Ex. : Ça sera autrement qu’il a été décidé.

- Objet direct, accusatif ou modificatif.

Ex. : Dis-moi que tu m’aimes.

Ex. : Tu lui donnes autant qu’il veut. - Attribut du nom (ou du pronom) objet.

Ex. : Les gens ignorent cet adage que le travail c’est la santé.

Complément substantiel indirect :

- Objet indirect.

Ex. : Je m’attends à ce que tu me surprennes.

Ex. : Je doute qu’il soit satisfait.

- Attribut indirect.

Ex. : Ce yacht est à ce qu’il me semble être ce milliardaire.

- Sujet de l’adjectif attribut.

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Ex. : Je suis étonné de ce qu’il ait avoué sa faute.

Les fonctions circonstancielles indirectes relèvent toutes de la conjonction

modificative qui instrumente un complément :

Générique, lorsqu’elle joue de son sens identificatif modificatif essentiel :

- Chosatif, par exemple :

Dispositif oppositif de concession.

Ex. : Il sort bien qu’il fasse mauvais temps.

Suppositif d’hypothèse. Ex. : Que la pluie vienne à tomber, nous serons tous trempés.

- Ou causatif, par exemple :

Inductif justificatif.

Ex. : Puisqu’il est riche, il ne travaille pas.

Déductif consécutif.

Ex. : Il est si lent qu’il ne sera jamais à l’heure.

Spécifique, quand elle exprime son sens identificatif modificatif existentiel :

- Perspectif.

Spatial.

Ex. : J’irai où que tu ailles. Temporel.

Ex. : Je resterai ici jusqu’à ce qu’il revienne.

- Ou aspectif.

Qualitatif de manière.

Ex. : Il l’a fait autrement qu’il aurait dû.

Quantitatif.

Ex. : Il lui en a donné autant qu’il a pu.

6b. Les instruments relatifs

Les instruments relatifs exercent la même fonction de subordination des proposi-

tions que la conjonction. Comme elle, ils expriment un sens grammatical identifi-

catif syntaxique essentiel ou existentiel. Mais la conjonction est un mot supposant nanti d’un sens grammatical qui la condamne au seul exercice de la fonction

subordination, les instruments relatifs eux, sont des mots composants qui exercent

toujours une fonction grammaticale, dans la subordonnante et dans la subordon-

née. C’est d’ailleurs là que se trouve l’explication de leur fonction instrumentale

relative, parce qu’ils mettent en relation la fonction qu’ils exercent dans l’une

avec celle qu’ils exercent dans l’autre. Ils se répartissent entre les deux catégo-

ries :

- De l’adnom relatif : (7a).

- Et de l’adverbe relatif : (7b).

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L’univers du Verbe

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7a. L’adnom relatif

Il se présente sous deux formes :

- Le prénom relatif : (8a).

- Et le pronom relatif : (8b).

8a. Le prénom relatif

Il endosse deux formes opposées qui se nomment :

- Le prénom relatif adjectival, en présence d’un antécédent : (9a).

- Le prénom relatif nominal, en l’absence d’un antécédent : (9b).

9a. Le prénom relatif adjectival

Conformément à l’usage, abordons l’étude :

- De la forme du prénom relatif adjectival : (10a).

- Avant celle de sa fonction : (10b).

10a. La forme du prénom relatif adjectival

Il emprunte :

- Sa forme physique aux formes complexes du prénom interrogatif, notamment

celles composées avec :

Un prénom : lequel, laquelle, lesquels, lesquelles.

Ou avec les prépositions à et de : auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles,

duquel, de laquelle, desquels, desquelles.

- Et la dénomination de sa forme psychique « adjectivale » à la figure grammati-cale de la relative qu’il subordonne. Cette proposition se comporte comme

l’équivalent grammatical d’un nom adjectival.

10b. La fonction du prénom relatif adjectival

Il exerce une double fonction instrumentale identifiante, à l’origine de sa fonction

relative.

Ex. : Elle a un fiancé, lequel jeune homme n’a pas d’argent.

On voit que le prénom lequel est :

- Identifiant du nom jeune homme dans la subordonnée, qui se réfère au nom

antécédent fiancé dans la subordonnante.

- Il faut en tirer qu’il est aussi identifiant du nom subordonnant fiancé. On voit aussi que la subordonnée relative lequel jeune homme n’a pas d’argent se

comporte exactement comme un nom adjectival :

Ex. : Elle a un fiancé désargenté.

Ex. : Elle a un fiancé sans argent.

Ce prénom a pour fonction d’instrumenter une relative prénominale adjectivale

« complément instructif identificatif qualificatif » de l’antécédent. Il mérite d’être

encore nommé « prénom relatif qualificatif ».

Ex. : Je reprends ce livre, lequel ouvrage m’appartient.

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Le prénom relatif qualificatif lequel instrumente la relative lequel ouvrage

m’appartient, complément identificatif qualificatif du nom ce livre.

9b. Le prénom relatif nominal

C’est un mot qui se trouve à cheval sur la forme grammaticale du prénom interro-

gatif et sur celle du prénom relatif, d’où l’intérêt de l’étude :

- De sa forme : (10a).

- Et de sa fonction : (10b).

10a. La forme du prénom relatif nominal

Il emprunte : - Sa forme physique :

À la forme simple du prénom interrogatif : quel.

Et à sa forme composée dans les locutions : n’importe quel, je ne sais quel,

on ne sait quel.

- Et la dénomination de sa forme psychique « nominale » à la figure grammati-

cale de la relative qu’il subordonne. Cette proposition se comporte comme

l’équivalent grammatical d’un nom.

10b. La fonction du prénom relatif nominal

Il exerce sa fonction identifiante sur un nom qui possède une double fonction

grammaticale, à l’origine de sa fonction relative.

Ex. : Je voudrais savoir quelle heure il est. - On voit que le prénom quelle est :

Identifiant du nom heure, complément d’objet du projet qui se situe dans la

subordonnante Je voudrais savoir.

Identifiant du nom heure, attribut du sujet dans la subordonnée quelle heure il

est.

- On voit aussi que la subordonnée relative quelle heure il est se comporte exac-

tement comme l’équivalent d’un nom pur et simple.

Ex. : Je voudrais savoir l’heure.

Les fonctions grammaticales de la relative prénominale nominale sont limitées,

dans la mesure où le prénom qui l’instrumente :

- Est encore un peu un prénom annonciatif qui exerce sa fonction annonciative interrogative ou exclamative : (11a).

- Et n’est pas encore vraiment un prénom relatif qui exerce sa fonction subor-donnante relative : (11b).

11a. La fonction interrogative.

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L’univers du Verbe

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Le prénom relatif quel est un prénom interrogatif ou exclamatif, son sens annon-

ciatif se fait sentir dans l’interrogation indirecte, surtout si elle est amenée par un

verbe comme : demander, dire, etc. Mais il s’emploie aussi pour instrumenter des

propositions qui ne contiennent pas l’idée d’une interrogation. On dira que la

proposition relative prénominale nominale est :

- « Annonciative » si l’interrogation ou l’exclamation sont formelles.

Ex. : Dis-moi quel souci a-t-il ?

- « Enonciative » si elles ne sont pas formelles.

Ex. : Je sais quel souci te tourmente.

11b. La fonction relative.

Bien que la relative prénominale nominale soit considérée comme l’équivalent

grammatical d’un nom elle n’est jamais complément instructif formel, du fait que

ce prénom relatif n’est pas l’équivalent d’un nom comme l’est le pronom nomi-

nal. Voilà pourquoi ce prénom n’est pas vraiment senti comme un mot relatif. Si

le prénom relatif nominal n’exerce pas de fonction de subordination instructive, il

exerce par contre toutes les fonctions de subordination constructives.

Les fonctions substantielles directes ou indirectes dépendent du « prénom

relatif entificatif » qui apporte son sens identificatif entificatif à la relative pré-

nominale nominale : - Implément sujet.

Ex. : Quel avenir serait le sien ne le tourmentait pas.

- Complément substantiel direct : attribut ou objet direct.

Ex. : Son tracas est quelle décision doit-il prendre ?

Ex. : Je sais quelle faute tu as commise.

- Complément substantiel indirect : attribut ou objet indirect, sujet de l’adjectif

attribut.

Ex. : Cette clé est à n’importe quelle personne fût-elle !

Ex. : Il s’enquiert de quel côté il doit aller.

Ex. : Je suis surpris par quel chemin il est passé.

Ou de la fonction circonstancielle indirecte qui est plus rare. Ici le prénom

relatif nominal emprunte son sens identificatif modificatif à la préposition qui le

compose. Il se nomme alors « le prénom relatif modificatif ».

Ex1. : […] à n’importe quel moment on touchât à de certaines cordes […]

il s’en échappait des résonances […]. (Barbey d’Aurevilly).

Le prénom relatif modificatif à n’importe quel instrumente la relative prénomi-

nale à n’importe quel moment on touchât à de certaines cordes, complément

1 Cité par J. Gardes-Tamine. La grammaire. Syntaxe. P109. Cursus. Armand Colin.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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circonstanciel indirect de temps de la subordonnante il s’en échappait des réso-

nances.

8b. Le pronom relatif

Ce pronom se présente, lui aussi sous deux formes qui se nomment :

- Le pronom relatif adjectival en présence d’un antécédent : (9a).

- Le pronom relatif nominal en l’absence d’un antécédent : (9b).

p9a. Le pronom relatif adjectival

C’est un mot bien plus complexe que son symétrique prénominal, tant au niveau :

- De sa forme : (10a).

- Que de sa fonction : (10b).

10a. La forme du pronom relatif adjectival

Voyons successivement :

- Sa forme physique : (11a).

- Et sa forme psychique : (11b).

11a. La forme physique

Une distinction s’impose entre la forme :

- Des pronoms « bivalents » qui et quoi qui sont adjectivaux ou nominaux.

- Et celle des pronoms « monovalents » qui sont uniquement adjectivaux.

Les pronoms bivalents endossent leur forme adjectivale en présence d’un

antécédent, ils ont :

- Deux formes simples, celles des pronoms interrogatifs : qui, quoi.

- Et des formes complexes composées avec une préposition : à qui (quoi), de qui (quoi), par qui (quoi), en qui (quoi), sur qui (quoi), etc.

Ex. : La personne à côté de qui tu te trouves est une amie.

Les pronoms monovalents ont :

Deux formes simples : dont et que.

- Dont est un pronom adverbial.

- Que est en français moderne un pronom relatif exclusivement adjectival. Sa

forme nominale ne se rencontre plus que dans des locutions vieillies, dans les-

quelles il est sujet.

Ex. : Coûte que coûte. Vaille que vaille. Advienne que pourra.

Et des formes complexes qui sont :

- Composées :

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L’univers du Verbe

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Synthétiques, empruntées aux pronoms interrogatifs composés : lequel, la-

quelle, lesquels, lesquelles, auquel, auxquels, auxquelles, duquel, desquels,

desquelles.

Ou analytiques : ce dont, tel que, quel que, etc.

- Ou décomposées, construites avec :

Un adnom : tel…que, quel…que, quelque…qui, quelque…que, etc.

Ex. : En quel lieu que ce soit, je veux suivre tes pas (Molière).

Ex. : Tu le feras de quelque façon que ce soit.

Ou un adverbe : tout…que, si…que, quelque…que, le plus…que, le moins…que, le mieux que, etc.

Ex. : C’est le plus grand savant que je connaisse.

11b. La forme psychique

Ce pronom doit sa dénomination « adjectivale » à sa fonction de subordination

d’une relative, équivalent grammatical d’un nom adjectival, complément instruc-

tif « identificatif qualificatif » de son antécédent.

Ex. : Les gens qui n’ont pas d’argent sont malheureux.

Ex. : Les gens sans argent sont malheureux.

Ex. : Les gens désargentés sont malheureux.

La relative adjectivale qui n’ont pas d’argent, se comporte à la fois comme un

nom (sans argent), mais aussi comme un adjectif (désargentés), elle est l’équivalent d’un nom adjectival. Dans cet exemple, qui est un pronom relatif

adjectival ou encore « pronom relatif qualificatif » ayant pour antécédent le nom

les gens, il instrumente « la relative pronominale adjectivale » qui n’ont pas

d’argent complément identificatif qualificatif de l’antécédent les gens.

10b. La fonction du pronom relatif adjectival

La fonction de subordination de ce pronom repose sur le double exercice :

- D’une fonction instrumentale qualifiante d’un nom qu’il représente et qui se

réfère à l’antécédent subordonnant.

Ex. : Les gens qui n’ont pas d’argent sont malheureux.

Le pronom qui est qualifiant d’un nom qu’il représente et qui se réfère au nom antécédent subordonnant les gens.

- Et d’une fonction strumentale implémentaire ou complémentaire dans la propo-

sition subordonnée. Dans l’exemple précédent qui est le sujet du projet ont.

Cette fonction de subordination est une fonction complexe, l’analyse permet de

comprendre son fonctionnement.

L’analyse s’appuie sur l’examen de la puissance conjugale et de la puissance

structurale de la relative complément.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

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La puissance conjugale s’apprécie au niveau du caractère implétif ou com-

plétif de la relative adjectivale, qui acquiert un sens :

- Identificatif qualificatif « propre » si elle est implétive et que son sens est in-

dispensable à la compréhension de la phrase.

- Identificatif qualificatif « commun » si elle est seulement complétive et que son

sens n’est pas indispensable à la compréhension de la phrase.

La puissance structurale de la relative adjectivale dépend exclusivement de

sa puissance conjugale. Elle sera complément : - Instructif formel si son sens identificatif est qualificatif « propre ».

Ex. : Les enfants qui sont sages seront félicités.

(Le qualificatif est propre : seuls les enfants sages sont félicités).

- Instructif fonctionnel si son sens est qualificatif « commun ».

Ex. : Les enfants, qui sont sages, seront félicités.

(La qualification est commune : tous les enfants seront félicités).

Le fonctionnement de la relative pronominale adjectivale se déduit de

l’analyse précédente. Elle sera complément :

Identificatif qualificatif propre si elle est implétive : - Du nom.

Ex. : C’est la personne dont je te parlais.

Ex. : Je cherche la personne à laquelle j’ai prêté de l’argent.

Ex. : Elle a les yeux qui sont bleus.

- Du pronom.

Ex. : Il n’y a rien qui vaille.

Ex. : Il y a quelqu’un qui vient.

- De l’adjectif : (La proposition relative adjectivale complète la forme de

l’adjectif qualificatif en tant qu’équivalent grammatical du nom).

Ex. : Idiot que tu es !

Ex. : Si malade qu’il soit, Jules travaille.

Identificatif qualificatif commun lorsqu’elle est complétive :

- Du sujet.

Ex. : Napoléon, qui était empereur, a perdu à Waterloo.

Ex. : Il est là qui t’attend.

Ex. : Tout homme se respecte tel qu’il est.

Ex. : Toute personne, quelle qu’elle soit, doit te respecter.

- De l’attribut.

Ex. : C’est lui, qui ne travaille pas, le responsable de son échec.

- De l’objet, etc.

Ex. : Je l’entends, qui ronfle.

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L’univers du Verbe

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9b. Le pronom relatif nominal

C’est le plus important des adnoms relatifs, il doit cet avantage :

- À la richesse de ses formes : (10a).

- Autant qu’à l’éventail de sa fonction de subordination : (10b).

10a. La forme du pronom relatif nominal

Suivant le plan habituel il faut examiner :

- Sa forme physique : (11a).

- Et sa forme psychique : (11b).

11a. La forme physique

Comme pour son homologue adjectival, une distinction s’impose entre :

- Les pronoms « bivalents » qui et quoi qui sont adjectivaux ou nominaux.

- Et les pronoms « monovalents » qui sont uniquement nominaux.

Les pronoms relatifs nominaux bivalents sont les mêmes que les pronoms

adjectivaux, c'est-à-dire :

- Les deux formes simples : qui, quoi.

- Et leurs formes complexes composées avec une préposition : à qui, à quoi, de

qui, de quoi, par qui, en quoi, pour qui, pour quoi, etc.

Ces pronoms n’acquièrent leur forme nominale qu’en l’absence d’un antécédent. Ex. : Qui vivra verra.

Mais dans l’exemple :

Ex. : Je ne sais pas quoi faire.

Le pronom quoi ne s’analyse pas comme un pronom relatif nominal, il n’introduit

pas une relative. Nous verrons que c’est est une « figure » du pronom nominal

ordinaire. Le test de substitution par un pronom nominal ordinaire le prouve.

Ex. : Je ne sais pas le faire.

Le même raisonnement s’applique au pronom que employé de cette façon.

Ex. : Je ne sais plus que faire.

Les pronoms relatifs nominaux monovalents ont une forme :

Simple : quel.

Ce pronom relatif est exactement le même que le prénom relatif nominal quel, qui

a troqué son sens identifiant contre le sens qualifiant d’un pronom. Il conserve

aussi son sens interrogatif ou exclamatif qu’il pourra faire valoir dans

l’interrogation indirecte. Il instrumente une subordonnée relative :

- « Annonciative » si l’interrogation ou l’exclamation sont formelles.

Ex. : Dis-moi quel est ton nom ?

- « Enonciative » dans le cas contraire.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

99

Ex. : Je sais quel est ton nom.

Ou complexe, soit :

- Synthétique : quiconque.

- Ou analytique, composée avec les pronoms adjectivaux qui, quoi, que, dont, et

d’un pronom nominal (ou pronominal) antécédent qui fait intégralement partie de

la forme du pronom relatif. Ce pronom antécédent est habituellement :

Qualitatif, tel : tel qui, tel que.

Ex. : Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera. Démonstratif, ce, celui, cela, etc. : ce qui, ce que, ce à quoi, ce dont, celui

qui, celle que, de ce qui, etc.

Ex. : C’est exactement ce qu’il me faut.

Ou interrogatif qui, quoi, quel, etc. : qui que, quoi que, quel que, qui que ce

soit qui, quoi que ce soit que, etc.

Ex. : Je ne t’écouterai pas quels que soient tes arguments.

Ce pronom relatif reste « nominal » si son pronom « adjectival » a pour antécé-

dent, non plus un pronom nominal, mais un pronom « pronominal » qui se réfère

au nom qu’il représente.

Ex. : J’aime cette robe, mais je préfère celle qui est en vitrine.

Le pronom adjectival qui a pour antécédent le pronom pronominal celle, qui re-présente son référent, le nom cette robe, qui n’est pas un antécédent du pronom

relatif nominal celle qui. Ce pronom instrumente la relative nominale complé-

ment d’objet celle qui est en vitrine.

11b. La forme psychique

Ce pronom relatif doit sa dénomination de « pronom relatif nominale » à sa fonc-

tion de subordination d’une relative qui est l’équivalent d’un nom dont elle exerce

toutes les fonctions. Il s’emploie toujours en l’absence de « l’antécédent » du nom

qu’il représente.

Ex. : Ce livre est à qui le voudra.

Qui, pronom relatif nominal, instrumente « la relative pronominale nominale »

qui le voudra attribut datif du sujet ce livre.

10b. La fonction du pronom relatif nominal

La fonction de subordination de ce pronom relatif repose sur le triple exercice :

- De sa fonction instrumentale qualifiante du nom qu’il représente.

- D’une fonction strumentale dans la subordonnante et dans la subordonnée.

Cette fonction de subordination est :

- Instructive : (11a).

- Ou constructive : (11b).

11a. La fonction est instructive avec une relative nominale complément :

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L’univers du Verbe

100

- Identificatif du nom, du pronom, de l’adjectif.

Ex. : On condamne la paresse de qui ne fait rien.

Ex. : Ce livre c’est celui à qui tu dois le rendre.

Ex. : Bienheureux qui comprendra.

- Identificatif du sujet, de l’objet, de l’attribut, etc.

Ex. : Quiconque soit-il, cet homme ne m’intéresse pas.

Ex. : Ce qui me déplaît, c’est son air suffisant.

Ex. : Quiconque le mérite on le récompensera.

Ex. : Qui qu’il soit, oublie le. 11b. La fonction est constructive si la relative nominale est complément :

Substantiel, et que le « pronom relatif entificatif » instrumente une relative :

- Implément sujet.

Ex. : Qui dort dîne.

Ex. : Quiconque prétend cela se trompe.

Ex. : Tel qui rit vendredi, dimanche pleurera.

Ex. : Advienne que pourra !

- Complément substantiel direct, attribut ou objet direct, attribut du nom objet.

Ex. : Je ne suis pas qui vous croyez.

Ex. : C’est ce dont je voulais vous parler.

Ex. : Embrassez qui vous pourrez. Ex. : Il encourage ceux qui travaillent.

Ex. : Le temps fait les choses ce qu’elles sont.

- Complément substantiel indirect, attribut ou objet indirect, sujet de l’adjectif

attribut.

Ex. : Ce portefeuille est à celui qui le réclamera.

Ex. : C’est de quoi je voulais parler.

Ex. : Adressez-vous à qui saura vous répondre.

Ex. : Les hautes fonctions sont exercées par qui le mérite.

Ex. : Je suis étonné par ce qu’il raconte.

Ou circonstanciel indirect, et que le « pronom relatif modificatif » instru-mente une relative :

Générique, s’il est identificatif modificatif essentiel :

- Chosatif, par exemple :

Dispositif positif.

Ex. : Elle va avec qui lui plaît.

Suppositif d’hypothèse.

Ex. : Faut-il lui pardonner quelle que soit sa faute ?

- Ou causatif, par exemple :

Inductif justificatif.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

101

Ex. : Il travaille pour qui le lui demande.

Déductif consécutif.

Ex. : Elle était accablée de chagrin, sur quoi il préféra se taire.

Spécifique, s’il est identificatif modificatif existentiel :

- Perspectif.

Spatial.

Ex. : Il reste près de celle qu’il aime.

Temporel. Ex. : Il est arrivé après celui qui a gagné.

- Ou aspectif.

Qualitatif de manière.

Ex. : Il agira suivant ce qu’on lui a conseillé.

Quantitatif.

Ex. : Il paiera selon ce qu’il doit.

7b. L’adverbe relatif

Il exerce une double fonction modificative qui s’adresse au projet subordonné et :

- Au projet de la subordonnante.

Ex. : Je partirai quand tu viendras. - Ou au mot subordonnant qui est un adjectif (1), ou un autre adverbe (2).

Ex. (1) : Intelligent comme il est, il devrait réussir.

Ex. (2) : J’irai là où tu iras.

Cette double fonction strumentale « modificative » est à l’origine de sa fonction

instrumentale « relative », c’est elle qui fait le lien entre le mot subordonnant et la

proposition subordonnée.

Reste le problème du nom. L’adverbe est un mot qui modifie les formes

d’existence du verbe, de l’adjectif ou d’un autre adverbe, mais il ne modifie pas

l’essence du nom ou du pronom. La grammaire a su compenser ce manque et

conserver sa symétrie en ayant recours à l’astuce des figures grammaticales.

L’adverbe est parfaitement capable d’endosser la figure grammaticale du pronom

lorsqu’il se transforme en « adverbe pronominal » : où, de quand, pour quand, comme, etc. Dans cette occurrence, il représente un antécédent nominal de la

même façon qu’un pronom qui exerce sa fonction qualifiante, en même temps

qu’il exerce sa fonction adverbiale modificative sur le projet subordonné. Ici,

c’est la double fonction strumentale qualifiante et modificative qui explique sa

fonction instrumentale relative.

Ex. : La maison où j’habite.

Ex. : C’est un homme comme il en existe peu.

On le voit, l’adverbe relatif est un mot complexe. D’où l’intérêt :

- D’un examen approfondi de sa forme : (8a).

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L’univers du Verbe

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- Avant d’aborder l’étude de sa fonction : (8b).

8a. La forme de l’adverbe relatif

Comme à l’accoutumée voyons :

- La forme physique de l’adverbe relatif : (9a).

- Avant d’envisager l’étude de sa forme psychique : (9b).

9a. La forme physique de l’adverbe relatif

Cet adverbe est certainement le mot qui comporte les formes physiques les plus

diversifiées de la grammaire. Voyons successivement la morphologie :

Des formes simples : que, autrement, contrairement, sauf, si, alors, où,

quand, comment, moins, plus, tant, tellement, etc.

Et des formes complexes qui sont :

- Composées.

Synthétiques : ainsi, aussi, autant, cependant, néanmoins, pourtant, toutefois,

pourquoi, etc.

Analytiques : au contraire, au cas où, au moment où, au reste, au surplus,

bien plus, c’est pourquoi, c’est-à-dire, comme ça, comme si, dans la mesure

où, de plus, du coup, du reste, en conséquence, en effet, en fait, en outre, en

revanche, même si, par conséquent, par contre, pour autant, etc.

- Ou décomposées : aussitôt…aussitôt, autant…autant, le plus…le moins,

mieux…moins, mieux…plus, moins…moins, plus…moins, plus…plus, soit…soit,

non seulement... mais encore, etc.

9b. La forme psychique de l’adverbe relatif

La complexité de cet adverbe demande que l’on examine séparément :

- Le sens grammatical : (10a).

- Qui se trouve contenu dans sa forme grammaticale : (10b).

10a. Le sens grammatical.

C’est le plus étonnant qui soit :

- L’existence d’un adverbe relatif de sens grammatical essentiel est pour le moins curieuse puisque l’adverbe est par définition une forme d’existence de

l’existence qui ne contient pas une once de sens essentiel : (11a).

- L’adverbe relatif de sens grammatical existentiel semble a priori plus logique, puisqu’il est par nature « modificatif ». Mais comment expliquer qu’il puisse

être aussi « qualificatif » lorsque le sens de la fonction qu’il instrumente le de-

mande ? : (11b).

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

103

11a. L’adverbe relatif essentiel

Lorsque l’adverbe devient un instrument relatif, il acquiert de facto ce fameux

sens grammatical essentiel « ou » existentiel dont il peut user à loisir. Il n’est pas

étonnant de le voir endosser le même sens identificatif entificatif que la conjonc-

tion ou l’adnom relatif. Il le fera d’autant mieux que sa subordonnée se comporte

comme l’équivalent d’un nom.

Ex. : Où je vais importe peu.

L’adverbe où subordonne une relative qui répond à la question essentielle qu'est-ce qui ? Si cette relative adverbiale se comporte comme l’équivalent grammatical

d’un nom, c’est que l’adverbe relatif exprime un sens identificatif entificatif de la

proposition qu’il instrumente.

11b. L’adverbe relatif existentiel

Cet adverbe prend encore le nom d’adverbe relatif :

- Modificatif si la relative se comporte comme un nom adverbial.

Ex : (1) : Il fera comme tu le lui diras.

Ex : (2) : Il fera à ta manière.

Ex : (3) : Il fera pareillement.

En (1) l’adverbe relatif modificatif comme instrumente la relative comme tu le lui

diras. Cette subordonnée est un équivalent du nom adverbial à ta manière (2) qui joue de son sens modificatif de la même façon que l’adverbe pareillement en (3).

- Qualificatif s’il instrumente une subordonnée équivalente à un nom adjectival.

Ex : (1) : C’est un costume de quand j’étais enfant.

Ex : (2) : C’est un costume d’autrefois.

Ex : (3) : C’est un costume ancien.

En (1) l’adverbe relatif qualificatif de quand instrumente la relative de quand

j’étais enfant. Cette subordonnée est l’équivalent du nom adverbial d’autrefois en

(2) qui exprime son sens qualificatif exactement de la même façon que l’adjectif

ancien en (3).

Que l’adverbe relatif puisse exprimer un sens « qualificatif » n’a rien d’étonnant,

pour deux raisons. L’adverbe endosse sans difficulté la figure de l’adjectif qualificatif.

Ex. : Une fille bien.

Dès que l’adverbe instrumente une relative complément instructif du nom, il

prend immédiatement la figure d’un pronom relatif adjectival. Or celui-ci in-

troduit toujours, par nature, une proposition relative complément identificatif

qualificatif de son antécédent.

10b. La forme grammaticale

L’adverbe relatif ne dévoile sa forme grammaticale qu’au moment de son emploi.

C’est à ce moment-là qu’il revêt le costume :

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L’univers du Verbe

104

- D’un adverbe relatif formel s’il est employé pour sa forme : (11a).

- D’un adverbe relatif figuratif s’il est employé comme s’il était une autre forme grammaticale : (11b).

11a. L’adverbe relatif formel

C’est :

- Un vrai adverbe relatif dit « de sens relatif ».

- Ou un adverbe ordinaire employé avec un « contresens relatif ».

Les adverbes de sens relatif sont en nombre limité : si, que, pourquoi, où,

quand, comment, combien.

Ex. : Je sais combien tu gagnes.

Les adverbes de contresens relatif sont bien plus nombreux. En gros, on considére que n’importe quel adverbe ordinaire prend la figure d’un adverbe

relatif dès qu’il instrumente une subordonnée. La liste qui suit n’est pas limita-

tive : ainsi, alors, aussi, aussitôt…aussitôt, autant, autant…autant, bien plus,

cependant, comme si, conformément à, d’ailleurs, de plus, en outre, enfin, et

même, le plus…le moins, mais aussi, même, même si, néanmoins, par contre, par

suite de, plus de, plus…moins, plus…plus, pour autant, pourtant, quand bien

même, quand même, sauf si, selon, seulement si, suivant, toutefois, etc.

Ex. : Tu es près de moi, alors je suis heureuse.

11b. L’adverbe relatif figuratif

Un mot employé hors de sa catégorie grammaticale devient une figure.

- Si l’adverbe relatif quitte sa catégorie, il devient un « figurant ». - Si un mot rejoint sa catégorie, l’adverbe est alors « figuré ».

L’adverbe relatif figurant rejoint volontiers la catégorie du pronom ou du

coordonnant. Il devient :

- Un adverbe pronominal : où, de quand, pour quand, comme.

- Ou un adverbe coordinal : mais, car, or, donc.

L’adverbe relatif figuré. N’importe quel mot, voire un propos, est capable

d’endosser la figure d’un adverbe relatif, en devenant :

- Un nom adverbial relatif : au cas où, au contraire, au moment où, au reste, au

surplus, dans quel endroit, dans la mesure où, de la même façon, dès l’instant où, du coup, du moins, du reste, en conséquence, en effet, en fait, en quel lieu, en

revanche, en somme, eu égard, le jour où, par conséquent.

- Un adjectif adverbial relatif : sauf, même, bref.

- Un verbe adverbial relatif : à savoir, savoir, soit…soit.

- Un propos adverbial relatif : c’est pourquoi, c’est-à-dire.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

105

8b. La fonction de l’adverbe relatif

On l’a vu, l’adverbe relatif exerce une fonction instrumentale identificative qui se

nuance à la demande d’une valeur modificative ou qualificative et même entifica-

tive. Il se présente ainsi comme l’exact symétrique des autres instruments subor-

donnants. Il n’y a rien de surprenant à ce qu’il exerce, lui aussi, une fonction de

subordination :

- Instructive : (9a).

- Ou constructive : (9b).

9a. La fonction de subordination instructive Elle commande une relative adverbiale complément :

Identificatif formel - Entificatif ou qualificatif du nom.

Ex. : Des vins comme je les aime.

Ex. : L’endroit d’où tu viens.

Ex. : Des livres de quand j’étais étudiant.

- Entificatif ou qualificatif du pronom.

Ex. : Des vins, j’en ai quelques-uns comme on en fait plus.

- Entificatif ou modificatif de l’adjectif.

Ex. : Intelligent comme il est, il devrait réussir.

Identificatif fonctionnel - Entificatif ou qualificatif du sujet.

Ex. : L’alcool, comme un besoin qu’il éprouvait, l’avait détruit.

- Entificatif ou qualificatif de l’objet.

Ex. : Il fait des économies… pour quand il sera vieux.

- De l’attribut.

Identificatif entificatif ou qualificatif si l’attribut est un nom.

Ex. : Jules est un grand artiste, comme il en existe peu.

Modificatif si c’est un adjectif.

Ex. : Elle est belle, comme on ne l’imagine pas.

9b. La fonction de subordination constructive

Elle s’adresse :

Aux fonctions substantielles des relatives adverbiales :

- Implément sujet si l’adverbe use de son sens entificatif.

Ex. : Pourquoi tu fais cela ne m’intéresse pas.

Ex. : Où je vais importe peu.

Ex. : Comment je fais ne te regarde pas.

- Complément substantiel direct, quand l’adverbe joue de son sens modificatif ou

qualificatif pour introduire une relative :

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L’univers du Verbe

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Objet modificatif du projet. Ici l’adverbe peut jouer de son sens interrogatif

ou exclamatif pour introduire une relative adverbiale annonciative.

Ex. : Je demande où va-t-il ? Je sais pourquoi tu me quittes. Je cherche où

il se trouve. J’imagine quand il partira. Je ferai comme tu feras. Je vois

comment il faut faire. Je constate combien cela t’attriste.

Attribut qualificatif du sujet.

Ex. : Ma nouvelle maison est comme je l’imaginais.

Attribut qualificatif du nom ou du pronom objet.

Ex. : Jules revoit cet endroit comme il était autrefois. Ex. : Jules le revoit comme il était autrefois.

- Complément substantiel indirect lorsque l’adverbe use de son sens entificatif

pour instrumenter une relative adverbiale :

Objet indirect.

Ex. : Je pense à quand tu partiras.

Ex. : Je me moque d’où tu viens.

Attribut indirect.

Ex. : Ce type est d’où tu sais.

Ex. : Ces vêtements sont de quand j’étais enfant.

- Sujet de l’adjectif attribut.

Ex. : Il est puni par où il a pêché.

Aux fonctions circonstancielles indirectes de la relative adverbiale de

sens :

Générique si l’adverbe joue de son sens identificatif modificatif essentiel :

- Chosatif, par exemple :

Dispositif affirmatif.

Ex. : Il n’est pas là, que je sache.

Suppositif d’hypothèse.

Ex. : Tu réussiras si tu t’appliques.

- Ou causatif, par exemple :

Inductif justificatif.

Ex. : Comme tu as faim, mange une tartine. Déductif consécutif.

Ex. : Je m’ennuyais voilà pourquoi j’ai préféré partir.

Spécifique si l’adverbe use de son sens identificatif modificatif existentiel :

- Perspectif.

Spatial.

Ex. : J’irai où tu iras.

Temporel.

Ex. : Comme il partait l’orage éclata.

- Ou aspectif.

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L’ordre des mots - L’ordonnance des mots - Les fonctions

107

Qualitatif de manière.

Ex. : Il travaille comme il peut.

Quantitatif.

Ex. : Moins il travaille, plus il perd d’argent.

4b. L’instrument de coordination Le coordonnant n’ajoute pas de sens à la fonction du mot ou de la proposition

qu’il introduit, il n’a pas de fonction grammaticale, il n’a qu’une fonction lexi-

cale. Il est employé pour coordonner des formes ou des fonctions identiques :

- Des mots.

Ex. : Pierre ou Jules.

- Ou des propositions.

Ex. : Je partirai et je ne reviendrai pas.

Mis à part les coordonnants formels et, ni, ou, beaucoup d’autres mots exercent

une fonction de coordination dès lors qu’ils endossent le costume d’une figures

coordinale. Particulièrement les adverbes relatifs dont le sens propre se cumule

avec le sens additif, soustractif ou alternatif du coordonnant.

- Donc est un adverbe consécutif capable d’exprimer un sens additif. Ex. : Vous êtes riches donc heureux.

- Car est un adverbe justificatif qui exprime aussi le sens additif.

Ex. : Il est maladroit car émotif.

- Mais est un adverbe d’affirmation argumentative ou un adverbe temporel signi-

fiant « désormais » ou « jamais ». Employé comme coordonnant il exprime le

sens alternatif.

Ex. : Je ne prendrai pas de vin mais de la bière.

- Or est un adverbe d’affirmation argumentative ou un adverbe temporel qui

signifie « à ce moment-là ». Il s’emploie couramment comme un coordonnant

pour exprimer le sens additif.

Ex. : Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme, donc So-crate est mortel.

Beaucoup d’autres adverbes relatifs prennent assez facilement une figure de

coordonnant : de plus, au contraire, ainsi, d’ailleurs, aussi, non seulement, en

outre, du moins, en revanche, cependant, néanmoins, en effet, mais encore, etc.

2B. LE RAPPORT ENTRE LES MOTS

Le rapport entre les mots s’organise en fonction :

- Du principe d’individualité dans le dictionnaire : (3A).

- Du principe d’universalité dans la grammaire : (3B).

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L’univers du Verbe

108

3A. DANS LE DICTIONNAIRE

Dans le dictionnaire les mots s’expriment individuellement, ils obéissent au prin-

cipe d’individualité, forme d’expression particulière du principe d’abstraction qui

commande l’ordonnance :

- Du rapport de vérité : (1a).

- Et du rapport de réalité : (1b).

1a. Le rapport de vérité

Dans le dictionnaire les mots se nomment eux-mêmes, ils sont « autonymes ». Si

le mot signifie pour lui-même, il existe alors en vérité, dans l’absolu, selon le

principe dit « de l’absolutivité de l’être ». Il se comporte donc comme un être

autonome, doté d’un libre-arbitre. Ce constat éclaire le principe de « l’arbitraire du signe » découvert par Ferdinand de Saussure. Si le mot s’exprime en vérité, il

s’exprime indépendamment de toute chose et surtout indépendamment de la

chose qu’il nomme. Il la désigne en toute liberté, comme bon lui semble et de la

façon qui lui plaît. Voilà pourquoi des langues différentes désignent une même

chose avec des mots différents, et que dans une même langue les synonymes

désignent une même chose. A contrario un même mot peut signifier des choses

différentes, par exemple canard désigne aussi bien un volatile, qu’un journal ou

une note criarde. À la limite, il importe peu que la chose désignée n’ait pas de

sens en soi, comme la conjonction ou les prépositions dites « vides de sens ».

1b. Le rapport de réalité

Les mots existent encore dans le dictionnaire par rapport à la chose qu’ils nom-ment, ils existent donc aussi en réalité. Si le mot désigne une chose, il n’y a que

deux types de dictionnaires :

- Ceux qui expliquent le mot : les dictionnaires linguistiques.

- Ceux qui expliquent la chose : les dictionnaires encyclopédiques.

Mais cette division simpliste mérite d’être nuancée, beaucoup de dictionnaires

sont mixtes, certains privilégient un peu plus la connaissance du mot tandis que

d’autres font une plus large part à la connaissance des choses.

Les dictionnaires linguistiques sont des dictionnaires de « l’esprit » du mot,

ils ne contiennent pas d’image. Ils utilisent un vocabulaire linguistique qui donne

des informations sur la forme graphique et phonétique du mot, sa nature et son régime grammatical, son étymologie, son sens et ses diverses valeurs d’emploi.

Certains d’entre eux sont même spécialisés dans la morphologie comme les dic-

tionnaires d’orthographe, de racines, de dérivés, de rimes tandis que d’autres se

consacrent à la sémantique comme les dictionnaires de synonymes, d’antonymes,

de locutions, de proverbes etc. Ces dictionnaires recensent tous les aspects d’une

langue que celle-ci soit vivante ou morte, générale ou même spécialisée, comme

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots - La fusion

109

en témoignent les dictionnaires de termes juridiques, médicaux, commerciaux, de

bourse, de banque, d’agriculture, etc.

Les dictionnaires encyclopédiques sont des dictionnaires de la « lettre » du

mot, ils contiennent des images. Ils utilisent plus volontiers un vocabulaire tech-

nique et ne réservent le vocabulaire linguistique qu’aux mots grammaticaux.

Contrairement aux dictionnaires de langue ils consacrent de longs développe-

ments à la connaissance des arts et des sciences.

3B. DANS LA GRAMMAIRE

Dans la grammaire les mots s’expriment collectivement, selon le principe

d’universalité, forme d’expression particulière du principe d’attraction qui com-

mande l’ordonnance :

- Du rapport de fusion dans lequel on retrouve les principes de polarité et de certitude relative : (4A).

- Et du rapport de confusion dans lequel apparaissent les principes de neutralité et d’incertitude absolue : (4B).

4A. LE RAPPORT DE FUSION

Le principe d’abstraction nous a montré que le sens d’une idée de la réalité « se

retire » dans la forme d’un mot. Le principe d’attraction lui, va nous montrer que

les mots « s’attirent » dans la forme d’un propos. Les mots prennent existence

quand ils s’attirent. Dans le dictionnaire, ils ne sont qu’essence c’est-à-dire forme,

dans le propos, ils sont aussi existence, c’est-à-dire fonction. Les mots s’attirent parce qu’une force les anime. Cette force d’attraction est d’ailleurs directement

proportionnelle au degré d’opposition de leur sens, l’évaluation de son intensité

repose sur l’analyse de la puissance conjugale, implétive, complétive ou supplé-

tive du complément (Voir p 46).

Le rapport de fusion s’impose au mot sous la forme d’un ordre qui est :

- Libéral s’il s’ordonne librement dans une conformation : (5A).

- Dictatorial quand il s’ordonne obligatoirement dans une configuration : (5B).

5A. LA CONFORMATION

La conformation est un ensemble de formes qui signifient une idée de réalité ou

de vérité. Le principe de polarité énonce que deux formes qui s’opposent se fon-

dent dans l’unité d’une forme sans se confondre. L’ordre de la conformation met

en oeuvre cette idée de fusion dans ce qui devient :

- Une conformation instructive lorsqu’elle contient la fusion du sens des mots dans la conformation d’un mot : (1a).

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L’univers du Verbe

110

- Une conformation constructive quand elle contient la fusion du sens des mots dans la conformation d’un propos : (1b).

1a. La conformation instructive

La force qui attire deux mots naît d’un manque, d’un besoin réciproque. Deux

mots contenant le sens d’une chose qui manque de sens, éprouvent le besoin de

s’unir pour se donner réciproquement le sens dont ils ont besoin pour s’exprimer.

La fonction instructive d’un mot est justement celle qui répond à l’appel de sens

d’un autre mot pour ajouter au sens de sa forme. Pour illustrer la mise en œuvre

de ce phénomène, prenons pour exemple :

- La conformation du nom : (2a).

- Et celle du verbe : (2b).

2a. La conformation du nom

Soit trois mots évoquant l’idée d’une forme plus ou moins complète de l’essence :

- Le nom commun qui abstrait l’idée d’une entité privée d’identité.

Ex. : Enfant.

- Le prénom qui abstrait l’idée de l’identité sans l’entité.

Ex. : Une.

- Et l’adjectif qualificatif qui abstrait l’idée d’une qualité. Ex. : Heureuse.

Ces trois mots s’attirent et fusionnent le contenu de leur sens dans l’unité de la conformation du nom pour une seule et même raison : le prénom et le nom com-

mun s’attirent parce que leurs sens s’opposent et se complètent, l’un signifiant

l’identité sans l’entité et l’autre signifiant l’entité sans l’identité se fondent sans se

confondre dans une conformation du nom qui contient deux mots pour signifier

une seule et même idée.

Ex. : Une enfant.

La conformation qui associe le nom commun précédé de son prénom est mainte-

nant capable d’abstraire dans son sens l’idée d’une forme de l’essence réalisée

apte à s’unir avec l’idée abstraite qui s’oppose à elle, celle de la forme

d’existence irréalisée qu’exprime l’adjectif qualificatif. Ces trois mots se fondent

sans se confondre dans une nouvelle conformation du nom qui unit trois mots pour signifier une seule et même idée de réalité de l’essence dans l’unité de sa

conformation.

Ex. : Une enfant heureuse.

2b. La conformation du verbe

Le principe d’attraction fonctionne de la même façon dans la conformation du

verbe. Prenons par exemple une forme verbale composée dans laquelle :

- L’auxiliaire avoir abstrait l’idée d’une forme d’existence réalisée infinie « vide

de sens concret ».

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots - La fusion

111

Ex. : J’ai….

- L’ancillaire définitif abstrait l’idée d’une forme d’existence irréalisée complè-

tement finie et « pleine de sens abstrait ».

Ex. : …chanté.

Ces deux formes d’existence qui s’opposent, s’attirent et s’unissent dans une

conformation du verbe qui signifie une seule et même idée.

Ex. : J’ai chanté.

1b. La conformation constructive Comme les formes, les fonctions s’attirent dans une conformation syntaxique qui

se nomme le propos. Mais ici les mots s’attirent non plus en raison de leur forme

mais en raison de leur fonction. Le propos est lui-même constitué de deux con-

formations constructives :

- La conformation des impléments ou des « tenants » de la vérité : (2a).

- Et celle des compléments ou des « attenants » de la réalité : (2b).

2a. La conformation des impléments

Elle associe les deux formes fondamentales de l’être : l’implément d’essence et

l’implément d’existence de « ce qui est » en vérité.

- Quand l’essence existe en vérité elle abstrait dans la fonction du nom sujet une

idée de l’essence qui manque du sens de l’existence qui est sa raison d’être.

Ex. : L’enfant chante.

- De la même manière quand l’existence existe en vérité, elle abstrait dans la

fonction du verbe projet une idée d’existence qui manque du sens de l’essence,

qui est aussi sa raison d’être. Ex. : L’enfant chante.

L’attraction de ces deux sens qui s’opposent et leur fusion dans la conformation

du propos matérialise l’union substantielle de l’essence et de l’existence d’un

étant qui existe en vérité, puisqu’il « est ce qui est ».

Ex. : L’enfant chante.

2b. La conformation des compléments

Elle associe le sens des attenants du :

- « Contenu » de la réalité quand ils appartiennent à la catégorie des complé-ments substantiels qui se situent dans l’état ou l’action du sujet : (3a).

- « Contenant » de la réalité s’ils sont des compléments circonstanciels qui se situent hors de l’état ou de l’action du sujet : (3b).

3a. La conformation des compléments substantiels

On prendra comme exemple la conformation :

- Du sujet pour examiner le sens fonctionnel attractif du verbe d’état : (4a).

- Et celle du projet pour examiner celui du verbe d’action : (4b).

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L’univers du Verbe

112

4a. La conformation substantielle du sujet

Le verbe d’état est une forme d’existence inapparente qui n’a pas de sens en soi,

il est vide sens. Il est un néant de sens qui se comporte comme une sorte de trou

noir, responsable d’un effet d’aspiration irrésistible sur le sens des compléments.

Comme la nature, le propos d’état a horreur du vide, et la simple apparition du

verbe commande impérativement la présence d’un complément, particulièrement

l’attribut qui est le complément substantiel de la conformation du sujet.

Ex. : Jules est... un enfant. Le sens de cet attribut se situe « dans » l’état du sujet, il fait intégralement partie

de son être. Mais si l’on dit que « Jules est un âne » il est difficile d’admettre que

l’âne soit un constituant de Jules. C’est pourquoi, on préfère dire que l’attribut se

situe non pas dans l’état « lexical » mais dans l’état « grammatical » du sujet.

4b. La conformation substantielle du projet

Le verbe d’action est une forme d’existence apparente pleine de sens. Mais le

sens fonctionnel de l’action n’est réellement « attractif » que s’il appréhende un

objet, qui se trouve être le seul complément substantiel de la conformation du

projet. La force d’attraction de cette action ne s’exerce pas de la même façon

selon que cet objet est programmé ou non dans le sens du verbe. Prenons par

exemple deux verbes d’action dont le sens fonctionnel attractif de l’un suppose la présence d’un complément d’objet, et l’autre qui ne la suppose pas.

- Si le verbe d’action la suppose son complément d’objet est implétif.

Ex. : Il lance une pierre. / *Il lance.

- Quand il ne la suppose pas son complément d’objet n’est que complétif.

Ex. : Il chante la Marseillaise. / Il chante.

Ici aussi, l’objet se situe « grammaticalement » dans l’action. Ainsi, si l’on dit : il

lutte contre ses adversaires, le complément circonstanciel adversaires se situe

aussi dans l’action, mais il s’y situe « lexicalement », et non « grammaticale-

ment » comme l’objet.

3b. La conformation des compléments circonstanciels Si les compléments circonstanciels se situent grammaticalement hors de l’état ou

de l’action il ne faudrait pas croire qu’ils échappent au sens fonctionnel attractif

du sujet et du projet. Loin de là, le sens attractif demeure, mais il ne s’exerce pas

de la même façon selon qu’il s’agit d’un propos d’état ou d’un propos d’action.

La conformation circonstancielle du propos d’état La force attractive du verbe d’état est irrésistible, mais elle n’est tout de même

pas invincible.

- Certes, le complément circonstanciel est toujours implétif tant qu’il est juxtapo-

sé au verbe d’état, il n’est ni supprimable, ni déplaçable.

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots - La fusion

113

Ex. : L’enfant est dans sa chambre. / *L’enfant est. / *Dans sa chambre

l’enfant est.

- Mais il suffit qu’il soit supplanté par la présence d’un autre complément qui

sature le sens attractif du verbe d’état pour devenir immédiatement supplétif, il

est alors supprimable et déplaçable.

Ex. : L’enfant est heureux dans sa chambre. / L’enfant est heureux. / Dans

sa chambre, l’enfant est heureux.

La conformation circonstancielle du propos d’action Le plein de sens du verbe d’action lui permet d’exercer son sens fonctionnel at-

tractif avec plus de discernement que ne le fait le verbe d’état. Prenons par

exemple deux verbes d’action dont le sens fonctionnel attractif de l’un suppose la

présence d’un complément circonstanciel spatial, et l’autre qui ne la suppose pas.

- S’il la suppose son complément circonstanciel spatial est implétif.

Ex. : Il habite à Paris. / *Il habite.

- S’il ne la suppose pas son complément circonstanciel spatial est supplétif.

Ex. : Il travaille à Paris. / Il travaille.

5B. LA CONFIGURATION

La configuration est une conformation de mots figés dans une unité de sens lexi-cal ou grammatical. On dit que l’on a affaire à :

- Une « expression » si cette configuration est lexicale : (1a).

- Une « locution » quand elle est grammaticale : (1b).

1a. L’expression

C’est une configuration lexicale de sens convenu.

Ex. : Il prend son pied.

Prendre son pied ne signifie pas « s’emparer de la partie distale de son anato-

mie », c’est une expression qui signifie « prendre du plaisir ».

Les expressions sont de nature :

- Nominale : À cor et à cri, dès potron minet, l’abomination de la désolation, la

puce à l’oreille, la tête dans les nuages, l’homme à abattre, belle lurette, le point

du jour, le pied marin, la petite et la grosse commission, etc.

- Adjectivale : Bon an mal an, gros sur le cœur, bête comme ses pieds, beau

comme un dieu, loin des yeux loin du cœur, facile comme bonjour, dur à avaler, maigre comme un coucou, droit comme une faucille, etc.

- Verbale : Avaler des couleuvres, filer à l’anglaise, marcher à la baguette, avoir

du plomb dans l’aile, avoir l’avantage, avoir le cœur bien accroché, briller par

son absence, changer d’air, tenir la dragée haute, etc.

- Adverbiale : À qui mieux mieux, à perdre haleine, à contrecœur, à cloche pied,

à califourchon, à la bonne franquette, tambour battant, en tête-à-tête, bon gré

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L’univers du Verbe

114

mal gré, à fond de train, vaille que vaille, coûte que coûte, un tant soit peu, nez à

nez, vis-à-vis, face à face, etc.

- Voire un propos : Comment ça va (?), c’est à deux pas, il n’y a pas de quoi, je

vous en prie, veuillez agréer l’expression, tu peux toujours courir, il était une

fois, il faut ce qu’il faut, faute de grive on mange des merles, etc.

1b. La locution C’est une configuration dans laquelle les mots abandonnent leur fonction gram-

maticale au profit de la forme d’un autre mot.

Ex. : Il a envie de dormir.

Dans la locution verbale avoir envie, le mot envie s’intègre dans la forme du

verbe avoir en perdant sa fonction d’objet, il n’est plus pronominalisable. La

locution endosse n’importe quelle forme grammaticale :

- Nominale : des yeux de lynx, un canard boiteux, le poids des mots, une fièvre

de cheval, etc.

- Verbale : Aller de soi, avoir beau, prendre part, savoir gré, se faire fort, tenir

tête, faire peur, faire connaissance, avoir affaire, avoir besoin, prendre soin,

tenir compte, tirer parti, donner libre cours, porter remède, etc.

- Prénominale : beaucoup de, énormément de, plein de, une foule de, etc. - Pronominale : n’importe qui, n’importe quoi, grand-chose, peu de chose,

quelque chose, la plupart, bon nombre, d'autres, d’aucuns, etc.

- Adjectivale : comme il faut, bon enfant, bien dans sa peau, etc.

- Adverbiale : à tâtons, aujourd’hui, à tue-tête, bien sûr, de même, çà et là,

d’arrache-pied, de temps en temps, d’ores et déjà, en vain, ici-bas, peut-être,

quelque part, tout à fait, tout de suite, etc.

- Prépositionnelle : à cause de, afin de, à même de, au lieu de, auprès de, avant

de, jusqu’à, à force de, par rapport à, à côté de, à l’occasion de, pour cause de,

aux alentours de, à l’aide de, etc.

- Conjonctivale : à ce que, à condition que, afin que, ainsi que, alors que, à me-

sure que, à moins que, après que, attendu que, au lieu que, aussitôt que, autant que, avant que, bien que, cependant que, etc.

- Coordinale : au contraire, au reste, au surplus, bien plus, de plus, du reste, en

effet, en outre, néanmoins, etc.

- Interjective : allons donc ! à la bonne heure ! bon sang ! juste ciel ! ma parole !

par exemple ! etc.

4B. LE RAPPORT DE CONFUSION

Le principe de neutralité énonce que deux formes qui s’opposent se confondent

dans l’unité d’une seule forme de telle façon qu’il n’est plus possible de les indi-

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots – La confusion

115

vidualiser avec certitude l’une par rapport à l’autre. Le rapport de confusion se

plie à ces deux principes tant au niveau :

- De la confusion physique des formes : (5A).

- Que de leur confusion psychique : (5B).

5A. LA CONFUSION PHYSIQUE

La force d’attraction qui s’exerce entre deux mots est parfois si puissante qu’elle

s’apparente à du cannibalisme. Tous les mots sont concernés par ce phénomène,

le nom se confondra plus volontiers avec son adjectif qualificatif : bonhomme,

gentilhomme, vinaigre ; tout comme le verbe préférera son adverbe : voici, voilà. Mais ce sont surtout les « petits mots » qui ont le plus à souffrir de la voracité des

« gros mots ». Le prénom vient en tête, au cours du processus dit «

d’agglutination, il abandonne une partie de lui-même dans le nom : un ombril

devient nombril, l’ierre donne lierre, l’endemain se transforme en lendemain et

t’ante en tante ou mon seigneur en monseigneur. La préposition n’est pas en

reste, par exemple à l’entour est devenu alentour, la poule d’Inde est devenue la

dinde, être en age a fini par donner être en nage, les mots abandon, acompte,

adieu, aguets, amont, aval, aviron, ont été formé de cette façon. Mais ces petits

mots ne sont pas complètement sans défense, ils sont parfois aussi féroces que

leur prédateur habituel. Le prénom par exemple n’est pas aussi inoffensif qu’il en

a l’air, il lui arrive parfois d’arracher un morceau du nom au cours du phénomène

dit de « déglutination ». C’est ainsi que sont nés des mots comme la boutique qui vient de l’aboutique, ma mie qui est issu de m’amie ou encore la griotte qui était

autrefois l’agriotte.

On pourrait espérer qu’il existe au moins un pacte de non-agression entre les

faibles. Il n’en est rien, les petits mots se dévorent entre eux avec la même féroci-

té dans un processus qui se nomme « la crase ». Le prénom et la préposition en

sont un exemple frappant : à et le ont donné « au », à et les « aux », de et le

« du », de et les « des », en et les « es ». La sauvagerie apparente de ces confu-

sions grammaticales n’est en réalité que l’expression la plus modeste de l’ordre

primordial qui régit l’équilibre des espèces et celui de la nature. C’est justement

parce que le sens identificatif « syntaxique » de la préposition s’oppose violem-

ment au sens identifiant « morphologique » du prénom, que ces deux mots s’unissent avec une force d’attraction invincible pour se fondre consubstantielle-

ment dans la forme d’un seul mot : la préposition prénominale.

5B. LA CONFUSION PSYCHIQUE

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L’univers du Verbe

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Deux sens qui s’opposent peuvent encore se confondre psychiquement, d’une

façon beaucoup moins agressive que dans la confusion physique mais aussi beau-

coup plus sournoise, quand :

- Cette confusion est de nature lexicale : (1a).

- Ou même quand elle est d’ordre grammatical : (1b).

1a. La confusion lexicale

Le sens d’un mot s’analyse « à la lettre » ou selon « l’esprit » de l’idée qu’il

exprime. Le processus de confusion qui nous intéresse ici sera envisagé selon

qu’il affecte :

- Le sens de la « réalité » du mot, c’est-à-dire la lettre du mot : (2a).

- Ou le sens de « l’idéalité » du mot, c’est-à-dire l’esprit du mot : (2b).

2a. Le sens de la réalité du mot

Le sens littéral d’un mot est : - Positif : s’il signifie l’existence de la chose « même ».

Ex. : Oui.

- Ou oppositif quand il signifie la réalité de la chose « contraire ».

Ex. : Non.

Cette distinction permet de classer les mots en deux grandes catégories selon

qu’ils confondent ou non ces deux sens.

- Les mots « unipollents » ignorent la confusion du sens positif ou oppositif.

- Les mots « équipollents » la formulent.

Les mots unipollents

Ils abstraient le sens d’une unité de la réalité qui se plie au principe de certitude

relative. Ce principe qui découle du principe de polarité veut que ces mots maté-

rialisent avec certitude le sens littéral positif relativement au sens littéral opposi-

tif. Les exemples ne manquent pas :

- Le nom d’être s’oppose au nom de chose.

- Le prénom dit le sens répartitif du nombre singulier ou du pluriel et son genre est masculin ou féminin.

- Le verbe signifie le sens de l’action ou de l’état, il est « infinitif » s’il ne con-

tient pas le sens d’une fin ou « définitif » dans le cas contraire.

- L’adverbe dit « oui » ou « non », etc.

Les mots équipollents

Ils confondent consubstantiellement dans leur forme le sens littéral positif et

oppositif conformément au principe d’incertitude absolue. Ce principe veut que

ces deux sens qui s’opposent s’unissent dans l’absolu sans qu’il soit possible de

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots – La confusion

117

déterminer avec certitude le lien qui les confond. Pour comprendre ce qui se passe

comparons par exemple les adverbes affirmatifs oui et si :

- Si l’on répond maladroitement à une question négative avec l’adverbe positif

oui, on dit oui à la négation.

Ex. : Tu ne viens pas avec nous ? – Oui.

- Il vaut mieux répondre avec l’adverbe positif si, pour dire non à la négation.

Ex. : Tu ne viens pas avec nous ? – Si.

L’adverbe affirmatif si possède le pouvoir d’infirmer la négation parce qu’il mé-

lange le sens du oui et du non, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est aussi le meilleur représentant des adverbes de doute ou d’hypothèse. Comme l’adverbe

peut-être il contient consubstantiellement le sens du oui et du non sans qu’il soit

possible de dire avec certitude où se trouve le non et où se trouve le oui. Ainsi :

- La préposition partitive confond le singulier et le pluriel.

- Le pronom neutre confond le sens du masculin et du féminin.

- Le verbe indéfinitif confond le sens de l’infini et celui du défini, etc.

La confusion des sens littéraux se rencontre dans toutes les formes grammaticales

et plus particulièrement dans celles qui sont précédées du préfixe « équi ». On se

souvient par exemple des formes équivoques ou équivectrices du verbe qui con-

tiennent la confusion du sens de l’état et de l’action.

2b. Le sens de l’idéalité du mot Le sens de l’idéalité d’un mot est :

- Objectif s’il exprime un mouvement de l’esprit.

Ex. : Je sais que tu viens.

- Ou subjectif lorsqu’il évoque un mouvement de l’âme.

Ex. : J’aimerais que tu viennes.

Cette distinction permet de classer les mots en deux grandes catégories selon

qu’ils confondent ou non ces deux sens. Les mots :

- « Unanimes » ignorent la confusion du sens objectif et du sens subjectif : (3a).

- « Equanimes » les confondent : (3b).

3a. Les mots unanimes

Ils signifient chacun pour soi : le sens objectif « ou » subjectif de l’idéalité.

Les mots objectifs expriment le sens défini « du réel ou du certain », ils

spiritualisent avec certitude la réalité de la chose qui « est », relativement à celle qui « n’est pas », conformément au principe de certitude relative.

Le mot objectif dévoile le sens de son idéalité toutes les fois qu’il commande

l’emploi du mode objonctif (indicatif) dans une proposition subordonnée.

Ex. : J’ai l’impression qu’il vient. / * J’ai l’impression qu’il vienne.

Ex. : Je sais qu’il vient. / * Je sais qu’il vienne.

Le nom impression et le verbe savoir sont des mots unanimes objectifs.

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L’univers du Verbe

118

Les mots subjectifs contiennent le sens indéfini « de l’idéel ou de

l’incertain » qui confond le sens du réel et de l’irréel. En application du principe

d’incertitude absolue ces mots ne spiritualisent pas avec certitude la réalité de la

chose qui « est » relativement à celle qui « n’est pas ». Pour comprendre la nature

de ce phénomène examinons la confusion de sens qui se trouve contenue dans le

verbe souhaiter. Ce mot contient dans sa forme deux sens qui s’opposent : son

sens formel abstractif est d’essence réelle, l’existence du souhait se réalise au

moment même où le mot la formule. Mais l’existence de l’objet du verbe souhai-ter qui se trouve intrinsèquement contenu dans son sens fonctionnel attractif est

lui d’essence irréelle ou virtuelle, puisque par nature il n’est pas réalisé. Le verbe

souhaiter contient à la fois le sens défini du réel et le sens infini du virtuel dans

une forme de la réalité dont le sens n’est plus qu’indéfini, « idéel et subjectif ».

Le sens subjectif apparaît toutes les fois qu’il commande l’emploi du mode sub-

jonctif dans la subordonnée.

Ex. : Mon souhait est qu’il vienne. / * Mon souhait est qu’il vient.

Ex. : Ma volonté est qu’il vienne. / * Ma volonté est qu’il vient.

Ex. : J’aimerais qu’il vienne. / * J’aimerais qu’il vient.

Ex. : Je veux qu’il vienne. / * Je veux qu’il vient.

3b. Les mots équanimes Ces mots confondent le sens objectif et le sens subjectif, mais ce sens ne

s’exprime pas de la même façon selon que le mot est pusillanime ou magnanime.

Les mots pusillanimes signifient l’idée d’un « réel incertain ». Ce sont des

mots objectifs qui dévoilent leur sens subjectif dans une subordonnante interroga-

tive ou négative. Ainsi, un verbe objectif comme croire :

- Commandera le sens psychologique « objectif » de la subordonnée.

Ex. : Je crois que mon bain est froid.

- Tout en lui interdisant le sens psychologique « subjectif ».

Ex. : *Je crois que mon bain soit froid.

Mais il suffit que cette réalité soit inconnue ou douteuse pour que le sens du commandement subjectif apparaisse, dans une proposition subordonnante :

- Annonciative interrogative signifiant le doute de cette réalité.

Ex. : Crois-tu que mon bain est froid ?

Ex. : Crois-tu que mon bain soit froid ?

- Ou énonciative négative signifiant l’ignorance de cette réalité.

Ex. : Je ne crois pas que mon bain est froid.

Ex. : Je ne crois pas que mon bain soit froid.

Les mots magnanimes contiennent le sens d’un « idéel certain » qui

s’exprime quelle que soit la forme de la subordonnante dans laquelle ils se si-

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots – La confusion

119

tuent. Ils sont aptes à jouer du sens objectif « ou » subjectif en toutes circons-

tances, au gré du besoin d’expression du locuteur. Par exemple le nom idée et le

verbe imaginer sont des mots équanimes capables de signifier à la demande le

sens de l’idéalité :

- Objective qui apparaît dans le mode objonctif de la subordonnée :

Ex. : Mon idée est qu’il vient.

Ex. : J’imagine qu’il vient.

- Subjective qui apparaît dans le mode subjonctif de la subordonnée :

Ex. : Mon idée est qu’il vienne. Ex. : J’imagine qu’il vienne.

1b. La confusion grammaticale

La confusion grammaticale n’apparaît qu’au moment de l’emploi du mot, lors-

qu’il signifie une idée de réalité qui s’oppose au sens de celle qu’il contient nor-

malement dans sa forme ou dans sa fonction. Par exemple quand un verbe prend

la forme d’un nom, un adjectif celle d’un adverbe, une préposition celle d’une

conjonction ou encore quand la fonction du sujet s’emploie comme celle de

l’objet, etc. Cette confusion se produira :

- Dans la forme grammaticale du mot si elle est morphologique : (2a).

- Dans la fonction grammaticale du mot si elle est syntaxique : (2b).

2a. La confusion morphologique

Elle concerne :

- Le sens grammatical du mot : (3a).

- Ou sa forme grammaticale : (3b).

3a. La confusion du sens

Très souvent, un mot s’emploie avec le sens grammatical d’un mot de la même

catégorie que lui. Ici la confusion ne se manifeste pas au niveau de la forme mais uniquement au niveau du sens. Il faut distinguer entre :

Les « formes de sens » quand le mot est employé avec son propre sens

grammatical. Par exemple Napoléon, normalement employé comme un nom

propre, est une « forme de sens » :

Ex. : Napoléon a gagné la bataille d’Austerlitz.

Et les « formes de contresens » si le mot change de sens grammatical. Par

exemple quand :

- Un nom propre prend le contresens d’un nom commun.

Ex. : Le napoléon est une pièce de vingt francs or. - Un prénom prend le contresens d’un pronom.

Ex. : Parmi ces fleurs je choisirai les bleues.

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L’univers du Verbe

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- Un adjectif qualificatif prend le contresens d’un adjectif identificatif.

Ex. : Un homme droit. Le bras droit.

Ex. : Une maladie mentale. Un malade mental.

- Un adjectif identificatif prend le contresens d’un adjectif qualificatif.

Ex. : Une cellule nerveuse. Une voiture nerveuse.

- Un verbe de sens personnel prend un contresens impersonnel,

Ex. : Il dit beaucoup de bêtises.

Ex. : Il se dit beaucoup de bêtises dans cette assemblée.

- Un adverbe modificatif prend un contresens relatif, etc. Ex. : Il avait tort, il ne voulait cependant pas l’admettre.

Ex. : Il avait tort cependant il ne voulait pas l’admettre.

3b. La confusion des formes

Cette confusion est :

- Formelle si le mot change de catégorie grammaticale : (4a).

- Figurative quand il ne change pas de catégorie grammaticale : (4b).

4a. La confusion formelle

Il y a confusion formelle si le mot change de catégorie grammaticale et qu’il est

intégré comme tel dans le dictionnaire. Le mot « formel » prend le nom de sa

forme de destination à laquelle on associe le qualificatif de sa forme d’origine.

Examinons par exemple les transformations qui se produisent au niveau des

formes du nom, du verbe, de l’adjectif et de l’adverbe.

Le nom formel est un : - Nom verbal.

Ex. : Le dîner. Un rire. Un reçu. Des habitués. Un commerçant.

- Nom adjectival.

Ex. : Un dirigeable. Un blessé léger.

- Nom adverbial.

Ex. : Je veux le tout.

Le verbe formel est un :

- Verbe nominal.

Ex. : Kroutchev a déstalinisé L’URSS.

- Verbe adjectival. Ex. : Les feuilles vont jaunir en automne. Cet homme a vieilli.

- Verbe adverbial.

Ex. : Il ne va pas tarder.

L’adjectif formel est un :

- Adjectif nominal.

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots – La confusion

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Ex. : Une robe orange. Un succès monstre.

- Adjectif verbal.

Ex. : Une femme intéressée. Un travail achevé.

Ex. : Des avis divergents. Un travail fatigant. Le personnel navigant.

- Adjectif adverbial.

Ex. : Il mange sa viande hachée menu.

L’adverbe formel est un :

- Adverbe nominal. Ex. : Aujourd’hui rien ne presse, demain il fera jour.

- Adverbe verbal.

Ex. : Je viendrai peut-être. Soit, je viendrai avec toi.

- Adverbe adjectival.

Ex. : Elle chante haut.

4b. La confusion figurative

Il y a confusion figurative quand le mot reste dans sa catégorie grammaticale et

qu’il adopte le comportement d’une autre forme grammaticale, sans être intégré

pour autant comme tel dans le dictionnaire. Le mot devient une :

- « Figure » grammaticale s’il change de forme et/ou de fonction : (5a).

- « Figurine » grammaticale quand il ne change ni de forme ni de fonction : (5b).

5a. Les figures grammaticales

Une figure grammaticale conserve le nom de sa forme d’origine qu’on qualifie

ensuite avec celui de sa forme de destination suivie du suffixe « al » (ou « el » pour la préposition). Il faut ajouter une distinction entre la figure :

- « Parfaite » qui prend la forme « et » la fonction du mot qu’il figure.

- « Imparfaite » qui adopte seulement sa forme « ou » sa fonction.

Voyons par exemple les figures du nom, du verbe, de l’adjectif et de l’adverbe.

Les figures du nom. On est en présence d’un :

Nom verbal :

- Parfait, quand le nom endosse la forme et la fonction d’un verbe.

Ex. : Le jury du festival a nominé ce grand comédien.

Ex. : Il faudra solutionner ce problème. - Imparfait s’il exerce la fonction d’un verbe sans endosser sa forme, par

exemple quand il se fait accompagner d’un adverbe modificatif qui n’est norma-

lement pas approprié pour servir de complément au nom.

Ex. : Après mon passage ici.

Le nom d’action passage conserve se comporte comme un verbe qui exerce sa

fonction attractive sur l’adverbe ici, pour signifier « après être passé ici ».

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L’univers du Verbe

122

Nom adjectival :

- Parfait, quand le nom prend la forme et la fonction :

D’un adjectif qualificatif.

Ex. : Elle est très femme.

Le nom femme adopte la forme de l’adjectif, il se fait précéder comme lui

d’un adverbe, il adopte aussi sa fonction d’attribut qualificatif du sujet.

Ou d’un adjectif identificatif.

Ex. : Les masses ouvrières. Le roi soleil. La ville lumière. - Imparfait, quand il ne prend que la fonction :

D’un adjectif qualificatif.

Ex. : Cet homme est chirurgien.

Chirurgien conserve sa forme de nom, il pourrait se faire précéder d’un ad-

jectif (Cet homme est bon chirurgien) et pas d’un adverbe (*Cet homme est

très chirurgien), mais sa fonction attribut n’indique pas l’identité comme un

nom, mais la qualité comme un adjectif.

Ou d’un adjectif identificatif invariable.

Ex. : Une histoire fleuve.

Nom adverbial : - Parfait, si le nom prend la forme invariable et la fonction d’un adverbe.

Ex. : Il achète français. On va manger chinois.

Le nom adverbial se rencontre dans des expressions comme : Faire pitié / sensa-

tion / merveille / appel / feu. Prendre fin / congé / place / intérêt. Crier gare /

famine / vengeance, etc.

- Imparfait, quand le nom exerce la fonction de l’adverbe et qu’il conserve sa

forme, particulièrement s’il est instrumenté par :

Son prénom.

Ex. : Il va son chemin. (Tranquillement)

Ex. : Il ne travaille pas des masses. (Beaucoup)

Une préposition.

Ex. : Je vous le dis en vérité. (Effectivement, certainement).

Les figures du verbe. On est en présence d’un :

Verbe nominal :

- Parfait, si le verbe prend la forme et la fonction du nom.

Ex. : Il me tarde de partir.

L’infinitif de partir prend la forme du nom (il est précédé d’une préposition iden-

tificative), et exerce sa fonction de complément d’objet direct.

- Imparfait s’il prend la fonction du nom sans en prendre la forme.

Ex. : Jules souhaite chanter.

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots – La confusion

123

Ici l’infinitif ne prend pas la forme du nom (il n’est pas précédé d’une préposi-

tion). Mais il endosse la fonction objet direct (Il est pronominalisable).

Verbe adjectival :

- Parfait, quand le verbe prend la forme et la fonction d’un adjectif.

Ex. : Une tâche épuisante. Des travailleuses épuisées.

Le verbe indéfinitif épuisante et le définitif épuisées endossent la forme variable

de l’adjectif et sa fonction qualificative du nom.

- Imparfait s’il prend : La forme variable d’un adjectif sans adopter sa fonction.

Ex. : Elle est partie.

Ici, le définitif partie adopte la forme variable d’un adjectif, mais il n’acquiert pas

pour autant sa fonction d’attribut, il se comporte toujours comme un verbe ancil-

laire au service de son auxiliaire.

La fonction d’un adjectif sans adopter sa forme variable.

Ex. : La pluie menaçant, il fallut partir.

Menaçant fonctionne comme un qualificatif du nom la pluie, mais il conserve sa

forme invariable de verbe indéfinitif.

Verbe adverbial : - Parfait, quand le verbe prend la forme et la fonction de l’adverbe.

Ex. : C’est au demeurant un garçon charmant.

L’indéfinitif au demeurant est employé comme un adverbe.

Ex. : Il mange assaisonné.

Le définitif assaisonné est parfaitement employé comme un adverbe, il endosse

sa forme invariable et sa fonction modificative de manière.

- Imparfait s’il exerce la fonction de l’adverbe sans en prendre la forme.

Ex. : L’appétit vient en mangeant.

L’indéfinitif conserve la forme d’un verbe ancillaire qui se fait précéder de sa

préposition préverbale en, mais il exerce la fonction modificative de manière d’un

adverbe.

Les figures de l’adjectif. On est en présence d’un :

Adjectif nominal :

- Parfait, quand l’adjectif prend la forme et la fonction du nom.

Ex. : Des feuilles d’un vert tendre.

- Imparfait, quand il exerce la fonction du nom sans en prendre la forme.

Ex. : Des feuilles vert tendre.

Si l’adjectif nominal vert ne s’accorde pas, c’est qu’il n’est plus considéré comme

un qualificatif, mais comme un identificatif du nom feuilles, lui-même complété

comme un nom par le qualificatif tendre.

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L’univers du Verbe

124

Adjectif verbal :

- Parfait, quand l’adjectif prend la forme et la fonction du verbe.

Ex. : Le temps finalise l’existence.

L’adjectif final est employé comme un verbe qui n’est pas dans le dictionnaire.

- Imparfait, quand il n’exerce que la fonction du verbe sans endosser les varia-

tions de sa forme.

Ex. : Haut les mains !

Adjectif adverbial :

- Parfait, quand l’adjectif qualificatif prend la forme invariable et la fonction

d’un adverbe.

Ex. : Elle chante faux.

Dans cet exemple l’adjectif a pris la forme invariable et la fonction modificative

d’un adverbe de manière. On rencontre cette figure dans des expressions comme :

parler bas, marcher droit, s’arrêter net, etc.

- Imparfait, quand un adjectif qualificatif adopte la fonction d’un adverbe sans

endosser sa forme invariable.

Ex. : Des portes grandes ouvertes. Des nouveaux venus.

Les figures de l’adverbe. On est en présence d’un :

Adverbe nominal

- Parfait, quand l’adverbe prend la forme et la fonction du nom :

Soit qu’il est précédé du prénom.

Ex. : Il prend le dessus.

Soit qu’il est introduit par une préposition.

Ex. : Il est passé par ici. Les enfants d’aujourd’hui. Il n’y a pas de si ni de

mais. Un mot de plus. Un travail en moins.

- Imparfait, quand l’adverbe exerce la fonction du nom sans en prendre la forme :

Ex. : Il a dit oui. Il demande pourquoi ?

Adverbe adjectival imparfait si l’adverbe prend :

- La forme de l’adjectif tout en conservant sa fonction.

Ex. : Elles sont toutes étonnées.

L’adverbe toutes se comporte comme un adverbe modificatif de l’adjectif éton-

nées mais il est variable comme un adjectif qualificatif.

- Ou la fonction de l’adjectif tout en conservant sa forme.

Ex. : Une fille bien. Ils sont beaucoup. (Nombreux).

5b. Les figurines grammaticales

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L’ordre des mots - Le rapport entre les mots – La confusion

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La figurine grammaticale est un mot qui conserve sa forme et sa fonction gram-

maticale tout en simulant celles d’une autre forme grammaticale. On la nomme

avec la forme d’origine du mot qu’on qualifie ensuite avec sa forme de destina-

tion suivie du suffixe « alisé » (ou « elisé » pour la préposition), par exemple :

L’infinitif nominalisé Ex. : Jules aime chanter.

L’infinitif est senti comme un nom qui répond à la question quoi (?). Mais il n’occupe qu’une pseudo « fonction » de complément d’objet (Il n’est pas prono-

minalisable). C’est en réalité un authentique verbe ancillaire accompagné de son

semi-auxiliaire. Comme cet infinitif ne prend ni la forme ni la fonction du nom et

qu’il est malgré tout senti comme tel, il acquiert le statut morphologique d’une

figurine du nom qui se nomme « l’infinitif nominalisé ».

L’infinitif verbalisé Ex. : Jules entend chanter.

L’infinitif chanter n’a pas de sujet, ce n’est pas un infinitif auxilié. Curieusement,

cet infinitif n’est pas pronominalisable bien qu’il réponde à la question « quoi ? ».

Quelle est la fonction de cet infinitif ? S’il n’a pas de sujet ce n’est pas un verbe

et s’il n’est pas pronominalisable ce n’est pas un nom. C’est en réalité un authen-tique verbe ancillaire en attente de son sujet (Il entend chanter les oiseaux). C’est

une figurine grammaticale qui se nomme « l’infinitif verbalisé ».

L’indéfinitif adverbialisé Ex. : Il travaille en chantant.

L’indéfinitif en chantant est certainement un verbe accompagné de son hémi-

auxiliaire, mais il s’exprime de la même façon qu’un adverbe de manière.

2b. La confusion syntaxique

Cette confusion de sens apparaît quand un mot signifie l’idée d’une fonction qui

s’oppose au sens de celle qu’il devrait normalement exprimer. Cette confusion existe quelle que soit la nature de la fonction grammaticale, nous prendrons deux

exemples :

- Celui du sujet : (3a).

- Et celui de l’objet : (3b).

3a. La confusion dans la fonction du sujet

Le sujet est parfois employé de telle manière qu’il signifie une fonction qui lui est

directement opposée : celle de l’objet ou celle de l’attribut.

L’objet.

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L’univers du Verbe

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Ex. : Ci-gît Victor Hugo.

On a nettement l’impression que le sujet Victor Hugo n’exerce pas l’action et

qu’il se présente plutôt comme un objet, d’autant plus qu’il se situe après le projet

et qu’il répond à la question : Ci-gît qui ? Mais le fait qu’il ne soit pas pronomina-

lisable démontre qu’il n’est pas un complément substantiel mais un authentique

sujet qui répond à la question : Qui est-ce qui gît ? Le nom Victor Hugo confond

le sens du sujet et de l’objet, c’est une sorte de sujet-objet qui exerce passivement

l’action, et qui mérite l’appellation de « sujet objectif ».

L’attribut.

Ex. : La capitale de la France est Paris.

Paris n’est pas un attribut, c’est un sujet postposé, mis en relief comme dans :

Ex. : Grande fut ma joie.

Ce sujet est pourtant senti comme un attribut, c’est une sorte de sujet-attribut qui

exerce passivement l’état et qui mérite, lui aussi, le nom de sujet objectif. Mais il

reste malgré tout un authentique sujet qui provoque l’accord du verbe.

Ex. : Mon mal sont des douleurs (Mme de Sévigné).

Des douleurs n’est pas un attribut qui provoque l’accord du verbe, c’est un vrai

sujet, il suffit de retourner la phrase : Des douleurs sont mon mal.

En ancien français le démonstratif neutre ce était toujours senti comme un attribut

et le pronom personnel comme un sujet postposé dans les expressions : Ex. : Ce suis je. C’es tu. C’estes vous.

En français moderne le pronom démonstratif ce est maintenant senti comme un

sujet dans l’expression équivalente.

Ex. : Ce sont eux.

Certains grammairiens n’ont pas hésité à dire qu’ici le verbe s’accorde avec

l’attribut. En fait il n’en est rien, cette forme d’emploi est une survivance de

l’ancien français. Le pronom ce est un attribut dit « subjectif », régulièrement

senti comme un sujet. Le pronom eux doit s’analyser comme un authentique sujet,

un sujet « objectif » qui exerce passivement l’état.

3b. La confusion dans la fonction de l’objet De la même façon l’objet est capable de se comporter comme un sujet.

Ex. : Julie se regarde dans la glace.

Le pronom se qui représente le nom Julie exerce la fonction de complément

d’objet direct du projet regarde. Mais cet objet ne se contente pas de subir

l’action du regard de Julie, c’est aussi un objet qui regarde, une sorte d’objet-sujet

qui subit activement l’action de regarder et qui mérite bien le nom « d’objet sub-

jectif ».

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L’harmonie de l’univers

127

CHAPITRE II : L’HARMONIE

Le Verbe dissimule sa raison d’être dans l’harmonie :

- De l’univers : (1A).

- Et de la grammaire : (1B).

1A. L’HARMONIE DE L’UNIVERS

L’ordre est l’entendement du relatif, il s’explique. Mais l’harmonie est un senti-

ment d’absolu que rien n’explique. En grec harmonia signifie « assemblage », ce

mot évoque aussi l’idée d’un rapport, comme l’ordre, mais il possède un sens

beaucoup plus large :

- À l’harmonie du rapport de « raisonance universelle » qui s’établit entre l’univers et les choses qu’il contient…

- S’ajoute aussi l’harmonie d’un rapport dit de « résonance individuelle » entre l’univers et l’être qui le contemple.

La raisonance universelle de l’univers

L’harmonie de l’univers résulte d’une impression « d’équilibre » et « de rythme »

qui s’établit entre l’unité de son tout et la totalité des choses qu’il contient, pour

susciter cette sensation d’absolu que rien ne justifie.

- L’équilibre c’est ce qui fait l’unité de l’ordre naturel, car aucune chose n’a plus

poids qu’une autre, chacune d’entre elles est ordonnée de telle manière qu’elle

s’individualise dans la symétrie d’une autre chose. L’équilibre de la nature se

voit, comme une synthèse évidente de l’espace informel de l’univers et de

l’essence formelle des choses. Il est une forme d’abstraction du Verbe qui se

contemple dans la sérénité et l’extase de l’état.

- Le rythme c’est ce qui fait la totalité de l’ordre naturel, toute chose y est singu-

lière sans être seule, car chacune d’entre elles est ordonnée de telle manière qu’elle vibre à l’unisson des autres choses. Le rythme de la nature se sent, comme

une synergie permanente du temps infini de l’univers et de l’existence finie des

choses. Il est une force d’attraction du Verbe qui se vit dans l’enthousiasme et

l’exaltation de l’action.

Tout ce qui « existe » possède un rythme, une fréquence, une pulsation qui se

comporte comme une source vibratoire dont la fréquence propre explique un

phénomène de la physique ondulatoire qui se nomme la résonance harmonique.

La résonance individuelle de l’univers

L’univers donne aussi l’impression qu’il existe un rapport d’harmonie entre

l’individualité de l’être qui le contemple et l’universalité des choses qu’il con-tient. Ce rapport dit « de résonance harmonique » dissimule la nature du lien qui

unit l’esprit de l’univers et celui du théoricien contemplatif. Ce lien s’établit

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L’univers du Verbe

128

quand deux systèmes vibratoires sont mis en « rapport », et que la fréquence des

vibrations de l’un, nommé « excitateur », provoque la même fréquence de vibra-

tion de l’autre, nommé « résonateur ». Quand l’être « vibre à l’unisson » de la

nature qu’il contemple, c’est probablement ce phénomène de résonance harmo-

nique du « beau » qui provoque en lui l’écho d’une « émotion esthétique » dont il

reste à démonter le mécanisme.

- L’émotion contemplative est un mouvement instinctif d’attraction et

d’exaltation de l’âme. Elle naît à l’instant même où le résonateur spirituel de

l’être s’enthousiasme parce qu’il vibre au même rythme et sur la même « fré-quence », que l’excitateur spirituel de la nature.

- La sensation esthétique située au verso de cette émotion ne serait plus alors que

la traduction sentimentale de la « longueur d’onde » de cette vibration, qui inonde

l’intimité spirituelle de l’être, pour susciter en lui la sensation formelle abstraite

d’équilibre et de beauté, que procure l’extase contemplative de l’univers.

1B. L’HARMONIE DE LA GRAMMAIRE

Comme l’univers des choses, la grammaire est un univers de mots qui nomment

ces choses, et l’impression d’harmonie qu’elle suscite, trouve, elle aussi, son

origine dans le sentiment qu’il existe un rapport entre :

- La raisonance universelle de l’esprit qui conçoit la grammaire : (2A).

- Et la résonance individuelle de l’esprit qui reçoit la grammaire : (2B).

2A. LA RAISONANCE UNIVERSELLE DE LA GRAMMAIRE

Les Grecs n’avaient qu’un seul terme pour désigner la parole et la raison : « Lo-

gos ». La logique d’Aristote était l’étude de la raison qui est inscrite dans la pa-

role. Les latins ont traduit logos par deux mots : ratio qui a donné « raison », et

oratio est devenu « oraison » qui signifie « parole ou discours ». On voit que

l’univers des mots se résume parfaitement dans le mot logos, et que la distinction

latine permet d’opposer ensuite :

- La raison du logos, qui ordonne les mots dans la langue : (3A).

- À l’oraison du logos, qui ordonne les mots dans le langage : (3B).

3A. LA RAISON DU LOGOS

C’est une faculté spirituelle qui commande l’avènement :

- De l’essence des mots : (1a).

- Dans l’espace de la langue : (1b).

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L’harmonie de la grammaire - La raison du logos 129

1a. L’essence des mots

Le mot est essence, c’est-à-dire sens matérialisé dans la limite d’une forme. C’est

la raison de l’être qui crée des formes qui contiennent un sens. La forme habille le

sens, elle est le vêtement du mot, alors que le sens s’apparente à l’image de la

chose qu’il désigne. Le sens ne précède pas plus la forme, que la forme ne pré-

cède le sens, ils procèdent l’un de l’autre et s’unissent consubstantiellement dans

la symbiose des contraires. Il y a d’ailleurs là un moyen de les distinguer, en

recherchant la symétrie qui les oppose. Elle apparaît dans la nature même du mot,

dans l’opposition qui réside entre le caractère :

- Attractif de son sens : (2a).

- Et abstractif de sa forme : (2b).

2a. Le sens attractif du mot Le mot est un signe qui attire l’intention ou l’attention de l’esprit sur son sens. Le

sens capte non seulement l’intelligence de l’esprit qui conçoit le mot, mais aussi

celle de celui qui reçoit le mot. Il est autant une force d’abstraction et de création

qui inspire l’intention de l’esprit concepteur, qu’une force d’attraction et de gravi-

tation qui aspire l’attention de l’esprit récepteur. La raison d’être du sens, sa

cause, naît de l’infini, de l’horreur du vide. Ce néant existant est le signe d’un

manque, d’un appel de l’univers, qui inspire le besoin de nommer les choses, car

la chose qui n’a pas de nom n’existe pas dans l’univers. L’esprit crée le sens du

mot en même temps qu’il conçoit la chose, cette création est logique, elle n’a rien

d’arbitraire. Si l’esprit nomme une chose, c’est qu’il a une bonne raison pour le

faire, raison qu’il rapporte d’ailleurs quand il le peut, à une chose qu’il connaît

déjà, quand il crée par analogie. L’esprit n’imagine pas le sens d’un mot au gré de son humeur ou de sa fantaisie, il ne nomme pas arbitrairement, en toute logique il

veut donner un sens au sens de la chose qu’il nomme. Pour cela il faut nécessai-

rement qu’il y ait un lien de causalité spirituelle, si ténu soit-il, entre le sens du

mot et le sens de la chose qu’il désigne. La logique du sens peut s’oublier avec le

temps (depuis bien longtemps novembre n’est plus le neuvième mois et le chef

n’est plus la tête), ou même ne pas apparaître dans le sens d’un mot étranger qui a

choisi une autre raison pour désigner la même réalité. Le mot devient alors un

signe purement conventionnel, mais il reste malgré tout un signe fondamentale-

ment logique qui ne doit rien à l’arbitraire.

Quand l’esprit crée le mot il lui lègue la part « théorique » de lui-même qui a

nommé la chose. Le terme vient du grec théoria qui signifie « contemplation », il est employé ici pour bien montrer que la raison du mot est une parcelle d’esprit

contemplatif qui regarde une chose de l’univers. À partir de là, le sens théorique

du mot ordonne le sens de la nature, en individualisant la chose nommée au sein

de l’universalité des autres choses, il l’isole, il la soustrait des autres choses, et ce

vide appelle une autre création. Notamment celle du mot qui nomme le contraire

de cette chose, ou ce qui n’est pas cette chose ni son contraire. Par exemple le

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L’univers du Verbe

130

sens de « la droite » appelle naturellement le sens de son opposé « la gauche » et

tout aussi naturellement le sens de ce qui est ni l’une ni l’autre, « le centre ». Les

mots se forment donc aussi en raison l’un de l’autre.

Finalement la création appelle la création en même temps qu’elle l’ordonne, et le

sens du mot est une image fidèle de la réalité car sa nature grammaticale obéit

aux mêmes lois que celles de la nature.

2b. La forme abstractive du mot

La forme enveloppe le sens du mot pour l’abstraire de celui des autres mots. Le simple fait de s’abstraire indique déjà que l’on s’oppose. L’homme s’isole maté-

riellement dans les murs d’une citadelle ou spirituellement dans la foi d’une con-

viction pour affirmer son individualité, sa différence et son opposition. Il invente

alors une forme : une muraille ou un symbole, autrement dit un signe qui pro-

clame sa singularité et sa différence par rapport à l’autre. La forme abstractive du

mot est, elle aussi, le signe d’une différence entre deux mots qui ne se ressem-

blent pas et qui s’opposent. La forme du mot est le signe d’un rapport

d’opposition, voire d’inégalité, et même d’un rapport hiérarchique. On pourrait

presque dire qu’elle est une sorte d’uniforme indiquant le grade du mot selon la

nature et surtout selon la quantité de sens qu’il contient.

Les mots ne sont pas tous logés à la même enseigne. À l’origine ils sont auto-

nomes et pleins du sens théorique de l’essence ou de l’existence comme le nom ou le verbe qui sont des mots imposants. Puis avec l’usage et l’usure du temps ils

vieillissent et perdent un peu de leur sens théorique, ils baissent de grade et chan-

gent de forme pour devenir des mots composants comme l’adnom et l’adverbe.

Ces mots ne contiennent plus qu’un sens accessoire de l’essence ou de

l’existence, ils ne s’expriment plus que dans la dépendance d’un autre mot. Enfin,

arrivés au terme de leur carrière, ayant épuisé une grande partie de leur sens, ils

perdent encore du grade et de l’autonomie, pour prendre la forme d’un mot sup-

posant comme la préposition ou la conjonction. Ces mots ne contiennent plus

qu’un vague sens pratique existentiel ou essentiel qui n’a plus rien à voir avec

l’image de la réalité qu’ils étaient censés représenter à l’origine. Paradoxalement,

plus le mot perd de son sens attractif, plus sa forme devient abstractive. Ces formes très abstraites, pratiquement vides de sens théorique, ne sont pas pour

autant dépourvues de pouvoir attractif, bien au contraire, ce sont peut-être même

celles qui en possèdent le plus. Leur vide de sens est à l’origine d’un effet

d’aspiration qui crée un appel d’air, un appel de sens. Par exemple, la seule appa-

rition d’un prénom attire impérativement la présence du nom pour donner une

image de la réalité qui se suffit à elle-même,

Ex. : Un…chapeau.

De la même façon l’apparition d’une simple préposition derrière ce nom attire

obligatoirement la présence d’un complément pour ajouter au sens de cette entité

qui ne se suffit plus à elle-même,

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L’harmonie de la grammaire - La raison du logos 131

Ex. : Un chapeau de…paille.

À l’intérieur d’un grade identique, c’est encore la forme qui permet de distinguer

les mots selon leur nature, l’uniforme du nom n’est pas le même que celui du

verbe. Et quand les mots sont de même nature c’est encore elle qui les différencie

selon le sens qu’ils contiennent, par exemple l’uniforme du nom d’être n’est pas

celui du nom de chose, tout comme celui du verbe d’action n’est pas celui du

verbe d’état. En bref, la forme est une limite qui ordonne le rapport de l’essence

des mots dans l’espace de la langue.

1b. L’espace de la langue

Si les formes ordonnent le sens des mots, c’est l’espace de la langue qui en re-

vanche ordonne leur forme. La langue est le réceptacle de l’esprit d’une commu-

nauté, d’un peuple, ou d’une nation, elle est le reflet d’une culture. Mais cet es-

pace spirituel est aussi le reflet de l’espace naturel dans lequel la langue naît, dans

lequel elle vit, et parfois aussi dans lequel elle meurt. Il semble que la langue soit

autant :

- Un miroir de la nature : (2a).

- Que le miroir d’une culture : (2b).

2a. Le miroir de la nature

Les Inuits n’ont pas la même vision de l’univers que les Maoris, les premiers

disposent d’une multitude de mots pour décrire l’état de la glace alors que les

seconds l’ignorent et en possèdent autant pour dire le degré de maturité d’une

noix de coco. Il y a peu de chance pour qu’une langue originelle universelle n’ait

jamais existé. L’impulsion sémantique primordiale a vraisemblablement pris des formes différentes selon la collectivité d’hominidés, l’endroit, les conditions et

surtout l’instant où l’homme a pris conscience de lui-même et de l’univers qui le

contient. Cet instant a dû coïncider avec un événement au cours duquel il a sou-

dainement compris le sens de sa mort, le sens de sa « fin » et du néant qui

l’attend. Du même coup il a pris conscience de sa « forme », de ce qu’il est, et de

la place qu’il occupe dans l’univers. Les langues sont probablement nées avec les

premiers rites funéraires qui consacraient l’idée que l’homme avait acquis la

conscience de son existence en voulant donner un sens à la fin de sa forme.

Comme il ne disposait que du langage de l’animal qu’il était, il y a transcrit la

science de l’univers qu’il avait acquise : le sens de l’essence de sa forme figurera

désormais dans le nom, pour se distinguer du sens de l’existence de sa fin qui figurera dans le verbe. Ce langage verbal deviendra la langue de l’homo sapiens,

elle le distinguera désormais de l’animal qui lui, ne donne pas de sens à sa vie

parce qu’il ignore le sens de sa mort. La langue est une « conscience d’être » de

l’homme dans l’univers, c’est en cela qu’elle se distingue du langage animal.

Quels que soient les procédés employés par une langue pour imager cette cons-

cience, son objet est toujours le même : la description de la réalité, véritable lien

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L’univers du Verbe

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d’universalité des langues, qui permet d’expliquer pourquoi nous parvenons tou-

jours à nous comprendre.

L’espace de la langue n’est pas le chaos d’un dictionnaire dans lequel les mots se

rangent dans un ordre alphabétique qui ne signifie rien. Ils obéissent au contraire

à un ordre plein de sens, une raison dont la logique parfois insaisissable nous

échappe, du fait qu’elle est elle-même soumise aux lois mystérieuses de la nature.

La langue trouve son ordre et son harmonie dans les lois de l’univers des mots

que sont les lois de la grammaire. Quel que soit le champ de la grammaire vers

lequel on se tourne, l’ordre et l’harmonie sont omniprésents, l’équilibre et le rythme sont partout. Non seulement dans le classement des formes, où l’on voit le

poids des mots imposants contrebalancé par celui des mots composants et des

mots supposants, mais aussi dans la répartition des sens : le néant de l’infinitif ne

serait rien sans le contrepoids de l’étant du définitif et de l’indéfinitif. Exactement

comme les notes d’une œuvre musicale ou les couleurs d’une œuvre picturale, ou

même les formes d’une œuvre architecturale, qui obéissent, elles aussi, à une

grammaire, les mots s’appellent ou se rappellent, se repoussent ou s’épousent

dans la langue. Un mot n’est jamais seul dans la grammaire, il y trouve toujours

son équilibre et son rythme dans la résonance et l’écho des autres mots.

Que la langue soit soumise aux lois d’un ordre grammatical, ne signifie pas pour

autant que cet ordre soit inerte, statique, il est au contraire vivant, dynamique. La

langue vit dans le temps, comme l’être elle évolue, elle change, elle s’adapte constamment aux modifications de l’univers dont elle est l’image. Les transfor-

mations permanentes et régulières qu’elle subit n’ont rien d’anarchique ni de

traumatique. Elles sont régies par les lois de la grammaire qui opèrent à l’insu des

sujets parlants, et sans qu’ils aient conscience des mutations imperceptibles aux-

quelles la langue est constamment soumise. Si l’intrusion d’une nouvelle chose

dans l’univers menace l’ordre et l’harmonie de son système, la grammaire va

retrouver elle-même son équilibre et son rythme en faisant appel non seulement à

la création du mot qui désigne cette chose, mais aussi à la création des mots qui

sont l’écho de ce nouveau mot. Par exemple l’apparition de l’adjectif « griffé » du

langage de la mode appelait de facto son symétrique « dégriffé », et l’irruption du

nom « téléphone » provoquait inévitablement la création de son contrepoids ver-bal « téléphoner ».

Il n’est pas facile de deviner l’invisible à partir du visible. Les hommes ignorent

que leur langue imite la nature et qu’elle est, elle aussi, l’espace d’un ordre har-

monieux dans lequel le temps fort des mots imposants et les deux temps faibles

des mots composants et supposants s’opposent et se composent infiniment, au

rythme d’une valse silencieuse à trois temps, pour chanter la beauté muette de

l’univers et de la grammaire.

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L’harmonie de la grammaire - La raison du logos 133

2b. Le miroir de la culture

La culture est le mode d’une pensée collective ajustée à la nature, elle est au sens

propre comme au sens figuré, la réponse adaptée d’une société aux questions que

lui pose la nature. Si elle est une manière de s’adapter, elle est une forme

d’intelligence, une raison dotée d’une science et d’une conscience. Une culture

contient la somme des savoirs, des croyances et des comportements acquis d’une

collectivité. Elle est une connaissance de la cosmologie, de la mythologie, de

l’histoire, de la religion, des rites, du droit, de la morale, de l’industrie, de l’art, de

l’habitat, de l’habillement, de l’hygiène, des mœurs, des usages et des pratiques innombrables aussi bien culinaires que funéraires qui font l’âme et l’esprit d’une

société. Ce savoir universel est entièrement contenu dans les mots de la langue

qui vont le véhiculer par la voie des rapports sociologiques dans la collectivité, et

celle des rapports généalogiques entre les générations. La langue est non seule-

ment le lien fédérateur d’une société, le ciment spirituel d’une culture, elle est

aussi une carte d’identité permettant de reconnaître presque infailliblement

l’appartenance d’une individualité à telle ou telle communauté.

Mais la culture n’est pas qu’un savoir, elle est aussi une conception de la nature,

chaque peuple conçoit le monde à sa façon. Les maoris ont une conception de

l’espace et du temps bien différente de la nôtre. Les langues slaves accordent au

sens de l’aspect du verbe une importance que la langue française ignore. Plus

proches de nous, les Anglais ont deux temps pour dire le présent alors que nous n’en avons qu’un, et contrairement à nous ils ont estimé plus utile de différencier

le temps météorologique (weather) et le temps chronologique (time) plutôt que

d’établir la distinction entre langue et langage qui nous semble si importante. Au

total, si la nature impose son ordre matériel à la culture, on a nettement

l’impression qu’en retour, c’est la culture qui impose son ordre spirituel à la na-

ture, et qu’elle s’organise dans l’univers autant qu’elle l’organise dans l’oraison

de son logos.

3B. L’ORAISON DU LOGOS

C’est une faculté spirituelle qui ordonne l’évènement :

- De l’existence des mots : (1a).

- Dans le temps du langage : (1b).

1a. L’existence des mots Comme l’être dans la société, le mot vient à l’existence quand il s’anime dans

l’oraison du propos, et qu’il se met en mouvement dans la collectivité vivante des

autres mots pour y jouer son rôle. À l’occasion de cet évènement la forme du mot

va découvrir, parfois avec stupeur, le sens :

- Abstractif de son emploi : (2a).

- Et attractif de sa fonction : (2b).

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L’univers du Verbe

134

2a. L’emploi abstractif du mot

Dans l’oraison la forme du mot a parfois la surprise désagréable de découvrir

qu’elle exprime un sens qui n’est pas le sien. Par exemple le fait de « chasser le

canard » indique bien que le mot « canard » est employé avec le sens du sympa-

thique palmipède, mais le fait de « lire un canard » ou « d’entendre un canard »

n’indique plus la même chose. Dans le premier cas, il signifie l’accomplissement

de la lecture d’un journal, tandis que dans le second, il désigne la réception acous-

tique d’une note criarde. Ces trois exemples montrent que la forme n’implique

pas le sens et qu’en la circonstance c’est bien l’emploi qui abstrait le sens du mot aux dépens de la forme.

On voit qu’il existe une différence entre le sens dans la forme et le sens de

l’emploi. Dans le premier cas, le mot « canard » exprime son sens « théorique »

universel de volatile, et dans le second il acquiert un sens « pratique » individuel,

un sens « d’emploi », qu’il ne tient plus de sa raison, mais de son oraison. Le sens

pratique d’un mot résulte de la projection d’une raison individuelle sur le sens

théorique de sa raison universelle. La projection de ce sens nouveau dans la forme

n’a rien d’arbitraire, elle obéit à la logique de la raison individuelle d’un locuteur

que séduit la poésie de la métaphore et de la métonymie. Elle obéit aussi à la

logique de la raison universelle de la langue qui voit là une mesure d’économie,

puisqu’elle permet qu’une seule forme soit porteuse de plusieurs sens.

Mais pourquoi le mot abandonne-t-il si facilement son sens théorique ? Il n’y a là aucun mystère, son emploi le situe dans un propos qui signifie une vérité. On sait

que cette vérité est absolue et subjective et qu’elle s’appartient à elle-même. Elle

s’exprime en toute liberté, indépendamment de la réalité du monde extérieur et

parfois, si le besoin s’en fait sentir, elle s’exprime même au mépris du sens de la

réalité objective qui se trouve contenue dans un mot. Une fois dans le propos, le

sens du mot doit se plier aux exigences de la raison qui l’emploie, il doit adopter

le sens pratique qui participe au sens de la vérité qu’elle entend formuler. Dans la

grande majorité des cas ce sens pratique opportuniste ne vit que dans le temps de

l’oraison d’un propos, et le mot est repris par la langue sans perdre son sens ori-

ginel. Mais il arrive aussi que la langue soit séduite par l’originalité de ce sens

nouveau, elle l’adoptera et le conservera à côté du sens théorique originel, avec lequel il entrera inévitablement en concurrence. Parfois, dans le pire des cas, il

arrive que le pouvoir de séduction de ce sens nouveau soit tel, qu’il supplante un

sens théorique vieillissant qui tombera définitivement dans l’oubli. C’est ainsi

qu’un mot change de sens, par exemple le mot latin rem qui voulait dire « la

chose » a fini par signifier exactement son contraire « rien ».

Il ne faut pas en déduire pour autant que le mot soit complètement soumis à

l’autonomie de la volonté et au bon vouloir de la raison qui l’emploie. N’oublions

pas que la grammaire obéit aussi à sa propre logique, et la raison individuelle du

locuteur doit aussi composer avec la raison universelle de la grammaire que la

langue est chargée de mettre en œuvre. On ne pourra jamais dire : « Le canard a

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L’harmonie de la grammaire - L’oraison du logos 135

quatre pattes », pour la simple raison que dans l’univers, les canards n’ont pas

quatre pattes. Les mots s’expriment librement dans la société du propos, mais

cette liberté est surveillée.

Quoiqu’il en soit, le pouvoir abstractif de l’emploi ne s’exerce pas sans dommage

pour la forme. À la longue, l’accumulation des sens pratiques qu’elle contient va

diminuer et altérer progressivement le pouvoir attractif de son sens théorique

originel. Le mot dans l’oraison va se trouver constamment ballotté entre l’appel à

la liberté de la raison individuelle du locuteur et le rappel à l’ordre intransigeant

de la raison universelle de la grammaire. Pris dans les remous permanents de l’emploi qui exerce inlassablement son pouvoir abstractif, il va s’éroder et perdre

peu à peu de son sens théorique au profit d’un sens pratique de plus en plus abs-

trait. Par exemple le nom latin homo qui signifiait « l’homme » s’est progressi-

vement vidé de son sens pour devenir en français le pronom « on ». L’oraison

travaille indéfiniment, son mouvement est incessant, comme celui de la mer, dont

le calme apparent parviendra à tromper la vigilance de la raison universelle de la

grammaire pour la mettre devant le fait accompli. À terme, le ressac de l’usage

abandonnera sur les rivages de la langue un mot usé, simplifié, poli comme un

joyau dans lequel brille un sens abstrait d’une pureté parfaite comme celui de

l’identité dans le prénom ou de la qualité dans le pronom, ou celui du datif ou de

l’ablatif dans la préposition.

Le mot s’use plus facilement au niveau de son extrémité, de la même manière que nous usons nos chaussures. Par exemple, notre langue est en train de perdre le

sens du pluriel, qui ne s’entend plus dans la terminaison du nom (maison, mai-

sons), et le sens de la personne qui ne s’entend plus dans quatre désinences de la

conjugaison du verbe (chante, chantes, chante, chantent). Mais ce sens n’est pas

perdu pour autant, la langue le récupère dans une forme pratique usagée, issue du

nom, pour en faire un prénom (la maison, les maisons) ou un pronom (je chante,

tu chantes, il chante, ils chantent). Tout se passe comme si la grammaire

s’organisait de telle manière que le sens contenu dans l’ordre de la langue se

conserve en changeant de forme, de la même manière que l’énergie d’un système

se transforme selon le premier principe de la thermodynamique de Carnot.

Le travail d’abstraction de l’emploi ne se limite pas seulement à l’exercice de retrait du sens, il s’exerce aussi sur le retrait pur et simple des formes. Il suffit

qu’une forme n’ait pas l’heur de plaire et qu’elle ne convienne pas, qu’elle soit

trop jeune ou mal formée à la naissance, ou qu’elle ne convienne plus, qu’elle soit

trop vieille ou déformée, pour qu’elle se voie subitement ou progressivement

interdite d’emploi. L’oraison se charge de l’équilibre écologique de la langue, elle

opère une sélection naturelle impitoyable, les archaïsmes, les néologismes et les

fautes de grammaires en sont les premières victimes, ils survivent difficilement,

sauf s’ils parviennent à innover, comme dans la nature. Certaines mutations ou

altérations génétiques de la forme du mot qui sont a priori létales, vont survivre

parce qu’elles innovent ou simplifient, et qu’elles se révèlent bénéfiques pour la

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L’univers du Verbe

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langue. Aux créations hasardeuses de la forme, l’emploi répond par la nécessité

d’une sélection qui ne crée rien par elle-même, mais qui conserve ce qu’il y a de

mieux dans ce qui a été créé. Ce faisant la sélection est certainement un facteur

d’évolution et de perfection de la langue.

Quand l’emploi abstractif aura terminé son travail de sélection et de formation, la

langue pourra alors recueillir avec la même affection, les petits prodiges de la

raison que sont les mots porteurs d’un sens théorique nouveau, et les rejetons

arriérés ou dégénérés de l’oraison qui ne contiennent plus que l’illusion d’un sens

pratique. Sans aucun doute, l’oraison fait autant le mot que la raison. Chaque emploi nou-

veau modifie le sens ou la forme du mot, l’enrichit ou l’appauvrit, le détériore ou

l’améliore, l’affaiblit ou l’affermit. Ce mot retourne à la langue sous une forme

théorique nouvelle pleine de raison et de sens concret ou sous une forme pratique

usagée, plus ou moins abstraite, parfois complètement dépourvue de sens et de

raison. Mais la langue n’abandonne pas facilement ses enfants maltraités, son

sens inné de l’économie lui dicte de protéger l’infirme et de le materner jalouse-

ment, jusqu’à lui trouver une nouvelle raison d’être dans la forme d’un mot sup-

posant qui n’est plus vraiment une forme puisqu’il est déjà une fonction.

2b. La fonction attractive du mot

Si la forme est un vêtement qui enveloppe le sens de l’essence du mot, la fonction serait plutôt le vêtement qui enveloppe le sens de son existence. Malheureuse-

ment ces deux sens s’opposent irréductiblement, non seulement dans leur nature,

mais surtout dans leur facture. Dans l’univers, la facture de l’essence est toujours

visible, elle est enveloppée dans la limite d’une forme qui s’offre au regard, alors

que celle de l’existence est toujours invisible, elle n’a pas de forme en soi. Il

s’agit là d’un mystère de la nature qui nous interdira pour toujours de voir physi-

quement la réalité matérielle de l’existence, et si ce phénomène concerne l’être, il

doit aussi s’appliquer au mot. Si le sens de l’existence du mot ne se voit pas, reste

la ressource du vêtement de sa fonction qui devrait pouvoir s’offrir au regard de

celui qui la cherche… le vêtement de l’homme invisible en quelque sorte. En

français le seul mot qui possède un tel vêtement est justement celui qui signifie l’existence, le verbe. Evidemment, le sens de l’existence du verbe ne pourra

s’exprimer qu’au travers de la forme de l’essence du mot qui la contient. On est

parfaitement en droit de dire que le verbe contient le sens d’une « forme »

d’existence, alors que l’existence n’a pas de forme en soi. Et c’est précisément la

forme de l’existence de l’état ou de l’action du verbe qui nous montre la réalité de

sa fonction, et la forme de sa désinence qui nous indique le sens de la personnalité

de sa fonction.

Mais pour les autres mots la langue française n’est d’aucun secours, le vêtement

de leurs fonctions est invisible. Le verbe mis à part, la fonction des mots français

est transparente ! En latin ce vêtement se nommait « le cas » de la déclinaison, le

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français n’a pas jugé utile de le conserver sauf pour quelques pronoms. En dehors

du verbe notre langue n’offre aucun moyen formel pour reconnaître à coup sûr le

sens de la fonction grammaticale des mots que nous employons. Nous sommes

condamnés à poser de lancinantes questions pour interroger des formes qui ne

veulent rien dire de leur fonction : Qui est-ce qui ? Quoi ? Pourquoi ? Où ?

Quand ? Comment ? Combien ? et nous sommes bien heureux quand elles con-

sentent à y répondre, parce qu’elles acquiescent parfois à deux questions contra-

dictoires, et dans le pire des cas, elles restent muettes, repliées sur elles-mêmes,

refusant leur intimité à l’esprit qui cherche à les connaître. Pourtant, l’invisibilité de la fonction du mot ne constitue pas un handicap comme

on serait tenté de le croire. En se dépouillant de l’uniforme visible de la fonction

latine, l’ordre de la langue française franchit une étape supplémentaire dans la

recherche inconsciente de son identité réelle avec l’ordre de la nature, dans la-

quelle l’existence n’est pas évidente en soi. Comme la nature, notre langue entre-

tient le mystère de l’existence.

Vouloir définir le sens de la fonction du mot en français relève d’une mission

impossible puisqu’en dehors du verbe il n’y a rien de visible, rien de tangible.

Reste la forme du propos qui contient le cours de l’existence des mots, il devrait y

avoir là, un moyen de contourner la difficulté, en essayant de deviner le sens de la

fonction du mot au travers de son comportement dans le propos.

Ex. : Souris la chat le mange. Ce propos ne signifie rien, certes, le sens des mots qu’il contient est connu, mais

les mots n’ont pas de lien entre eux, ils sont dans le désordre et n’ont aucun rap-

port de sens.

Ex. : La souris mange le chat.

Ce propos signifie quelque chose, on découvre que la forme de chaque mot est

ordonnée de telle manière qu’il y ait un rapport de sens entre les mots et que le

propos acquiert lui-même un sens. On a nettement l’impression que les formes

obéissent à un ordre qui n’est pas celui de l’espace de la langue, mais celui du

temps du propos. La fonction du mot pourrait être alors l’uniforme du rapport de

sens qu’il entretient avec un autre mot dans le temps du langage, de la même

façon que la forme ordonne le sens des mots dans l’espace de la langue. Malheureusement, si ce propos est correct sur le plan de la syntaxe grammaticale,

il ne l’est pas au niveau de la syntaxe lexicale, il ne se conforme pas à la vérité

selon laquelle dans la nature : les souris ne mangent pas les chats. Il faut en tirer

que cette définition de la fonction n’est pas vraie. Pourquoi serait-elle fausse ?

Pour l’unique raison qu’elle ne tient pas compte de l’enchaînement des causes.

Ex. : Le chat mange la souris.

Cette phrase est grammaticalement et lexicalement correcte, elle enchaîne les

causes et les choses dans le bon ordre. Le nom chat est la cause, la raison qu’il a

d’exister dans le verbe manger, et la souris est elle-même la cause ou encore la

raison d’être mangée par le chat. « La cause » est donc une raison d’être du mot

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L’univers du Verbe

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qui se manifeste dans le sens de sa fonction grammaticale, de la même manière

que « la chose » est la raison d’être du mot qui se manifeste dans le sens de sa

forme grammaticale. Autrement dit, si la forme du mot signifie une chose visible,

sa fonction signifie une cause invisible. Ainsi, une même cause entraînera tou-

jours le même effet, par exemple le verbe « hocher » aura toujours pour effet

d’être suivi du nom « la tête ». On pourrait comparer cette cause à une force spiri-

tuelle invisible qui « commande » l’événement du mot avec lequel elle veut

s’unir. Elle opère à distance dans l’espace et dans le temps qui séparent les deux

mots, un peu comme une commande à distance qui déclenche l’effet mécanique d’ouverture d’un portail par l’intermédiaire des ondes qu’elle émet. L’espace-

temps qui se situe entre ces deux mots matérialise « un saut de sens » irréversible,

à l’origine d’un « rythme » qui scande l’enchaînement des mots dans le propos.

Ce hiatus rythmique spatio-temporel qui s’insinue dans la continuité du propos

contredit le fameux « natura non fecit saltus » (la nature ne fait pas de sauts) que

prônait Leibniz à l’époque où la physique du continu dominait la science. Planck

aurait pu dire qu’il correspond au « quantum d’action » de la grammaire, indis-

pensable à l’émission du sens.

C’est encore la cause qui se trouve à l’origine du sens attractif de la fonction du

mot, elle signifie la raison qu’une forme a d’être avec une autre forme dans

l’espace-temps du propos. Plus cette raison est justifiée, plus la fonction est at-

tractive, si le sujet est si intiment attaché à son projet c’est que l’essence n’a pas d’autre raison d’être que de s’unir à l’existence, et si le complément circonstan-

ciel peut être détaché ou supprimé si facilement, c’est qu’il n’a pas tellement de

raison d’être.

C’est là qu’intervient le vêtement transparent de la fonction, il se présente comme

une sorte d’uniforme indiquant le grade du mot, selon la puissance attractive de la

cause qu’il exprime. Mais le sens de cette fonction invisible ne peut se faire valoir

qu’au travers de la forme du mot, ce sens fonctionnel ne se voit pas mais il se

sent, et si l’on a toujours conscience de la forme du mot qu’on emploie, on a

rarement conscience de sa fonction. En français, c’est finalement la forme du mot

qui fait la fonction. Mais il arrive parfois qu’une forme éprouve un peu d’attrait

pour la forme d’une catégorie grammaticale étrangère et qu’elle endosse à l’insu du sujet parlant l’uniforme d’un figurant, celui d’une fonction qui n’est normale-

ment pas la sienne, pour s’unir avec elle en toute illégalité. Ce faisant, le mot aura

le désagrément de découvrir qu’il a acquis du même coup la forme qui convient à

l’exercice illégal de sa fonction et là, ce n’est plus la forme qui fait la fonction,

mais la fonction qui fait la forme. Ce petit jeu n’est pas aussi innocent qu’il en a

l’air, il sème le trouble et la confusion dans notre langue, des verbes prennent en

toute impunité une forme de nom, des adverbes une forme d’adjectif, des préposi-

tions une forme de conjonction, etc.

Le français serait-il frappé d’un handicap sur ce plan-là ? C’est possible, mais il

ne faut pas oublier que cette langue obéit à la logique d’un ordre naturel qui par-

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fois nous échappe. Cette logique n’a rien à voir avec notre logique culturelle, sa

raison universelle n’est pas notre raison individuelle, et son intérêt théorique ne

correspond pas forcément à notre intérêt pratique. C’est bien de cela qu’il s’agit,

notre langue est une mère de famille parcimonieuse, c’est par mesure d’économie

qu’elle habille les mots qui s’appliquent au travail avec les vêtements de ceux qui

ne font rien.

En fin de compte, puisque la forme fait la fonction autant que la fonction fait la

forme, il faut admettre que c’est toujours la forme du mot qui habille d’une façon

ou d’une autre la fonction du mot. La fonction est au sens étymologique strict du terme une « information », le sens d’une « commande » contenue dans une forme.

Pour conclure, la forme est aussi la limite qui ordonne le rapport de l’existence

des mots dans l’espace du langage.

1b. Le temps du langage

Le langage verbal se distingue du langage animal en tant qu’il dispose des formes

de la pensée « théorique » d’une langue, et plus particulièrement de la forme du

verbe pour dire qu’il a conscience d’être dans l’univers. C’est là, semble-t-il, le

trait distinctif entre humanité et animalité.

Si l’espace de la langue contient le sens de l’essence des mots, le temps du lan-

gage lui, contient le sens de leur existence. Le langage c’est la langue en mouve-

ment, il est la manière de parler la langue. Il montre comment elle existe dans le temps, selon qu’on envisage avec Ferdinand de Saussure :

- L’état synchronique du langage : (2a).

- Ou l’évolution diachronique du langage : (2b).

2a. L’état synchronique du langage.

La grammaire synchronique étudie l’état du langage à un moment donné de son

histoire, sans tenir compte de ses antécédents historiques et de son aspect évolutif.

Elle s’intéresse principalement aux changements qui affectent le langage, non

seulement dans l’espace géographique qu’il occupe, mais aussi dans l’espace

psychologique d’une société.

La synchronie du langage est d’abord révélatrice d’une conscience collective, de

l’unité d’esprit d’une culture. Elle contient les tournures, les idiotismes, les galli-

cismes qui dénoncent la singularité et l’identité d’esprit d’une époque. Paradoxa-

lement, elle est aussi un excellent révélateur de la diversité d’esprit d’une culture.

Le langage est certainement la meilleure carte d’identité des individualités et des universalités de toutes sortes qui tissent une société. Il est d’abord une carte

d’identité individuelle. Si l’on entend :

Ex. : Moi beaucoup aimer Jane.

On sait que c’est Tarzan qui parle. Mais si l’on entend :

Ex. : Je suis profondément épris de Jane.

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On suppose immédiatement qu’il doit s’agir d’un jeune homme habitant les beaux

quartiers.

Le langage est aussi une carte d’identité collective, on reconnaît immédiatement

le langage d’une communauté régionale à son accent et à sa mélodie : un Proven-

çal ne prononce pas les mots de la même manière qu’un Alsacien. On reconnaît

celui d’une collectivité professionnelle à son vocabulaire : un avocat n’emploie

pas le même langage qu’un médecin ou un charpentier. Celui d’une classe d’age à

ses expressions : les enfants n’utilisent pas les mêmes tournures que leurs parents,

et celui d’une classe sociale à l’emploi de « sa » grammaire, qu’elle exhibe comme un étendard fédérateur.

Au surplus chaque usager, comme le caméléon, peut modifier consciemment la

morphologie et la syntaxe de sa langue pour prendre la couleur du milieu dans

lequel il se trouve. Les registres qui s’offrent à lui sont quasiment infinis. On les

regroupe en gros, en deux catégories selon qu’ils appartiennent :

- Au registre théorique :

Soutenu : « Je souhaiterais qu’il vînt dans les meilleurs délais ».

Ou entretenu : « J’aimerais qu’il vienne rapidement ».

- Ou au registre pratique :

Populaire : « J’voudrais qui vienne vite ».

Ou vulgaire : « J’veux qui arrive tout d’suite ».

On le voit, le langage est une universalité d’une grande souplesse qui répond aux besoins de chaque individualité ; à la limite n’importe quel groupe social recrée à

travers son langage, l’univers dans lequel il existe. C’est ainsi que se sont consti-

tués des univers-îles de langages scientifiques, politiques, religieux, sociaux,

ethniques, des créoles, des patois etc. Et si les usagers ont le pouvoir de modifier

le langage à leur convenance, c’est que le langage s’adapte. On comprend alors

qu’il puisse être parfois l’objet de modifications qui s’apparentent à de vrais bou-

leversements, particulièrement quand l’histoire s’en mêle, ce qui fut par exemple

le cas pour le latin au moment des grandes invasions.

La contrepartie de cette capacité d’adaptation aux hasards des avènements socio-

logiques ou des événements historiques est évidente : la désagrégation de

l’universalité que le langage est censé représenter. Cette faculté d’autodestruction appelle nécessairement le contrepoids d’une aptitude à l’auto-reconstruction que

l’on découvre au niveau de l’évolution diachronique du langage.

2b. L’évolution diachronique du langage.

L’approche diachronique examine l’évolution « historique » du langage et

s’intéresse à la chronologie des changements qui l’ont affecté dans le temps.

Le langage change, sa morphologie et sa syntaxe évoluent avec le temps. La

grammaire latine qui fut l’ancêtre de notre langue n’a plus grand-chose à voir

avec celle que nous utilisons actuellement, et il y a fort à parier que la grammaire

de demain ne sera pas celle d’aujourd’hui. Pourtant cette grammaire ne perd ja-

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mais de sa rigueur puisque nous arrivons toujours à nous comprendre, elle a

même tendance à gagner en efficacité et en simplicité. Elle gagne aussi en com-

plexité, la grammaire française a créé le passé composé (parfait du présent) et le

conditionnel (futur indéfini) qui n’existaient pas en latin. Cette évolution est tou-

jours en cours, dans l’usage courant les difficultés de la conjugaison tendent à

disparaître avec l’extension des verbes en -er et beaucoup de verbes du troisième

groupe deviennent défectifs. La grammaire évolue, elle s’adapte, elle recherche

en permanence une solution logique aux problèmes qui se posent à elle. En fran-

çais par exemple, la question de l’indéfinitif auxilié (le gérondif) ne fut définiti-vement réglée qu’au XVIIIe siècle, le problème de la concordance des temps et

celui de l’accord du définitif avec l’objet sont en voie de règlement, la majorité

des usagers les refuse. Mais celui de l’invariabilité de l’adverbe tout est toujours

en suspend.

Comme les êtres vivants dans la nature, la grammaire participe elle-même à son

évolution. Mais elle n’est pas vraiment l’objet passif d’une sélection nécessaire et

sans finalité au sens où l’entendait Darwin, ni vraiment le sujet actif d’une adap-

tation hasardeuse finalisée vers le progrès, au sens où l’entendait Lamarck. Il

semble qu’elle soit l’un et l’autre à la fois : le projet mystérieux d’une adaptation

sélective tendu vers une finalité sans fin, un infini qui l’améliore sans cesse, et

que nous comprenons mal. La grammaire tend vers une perfection qui nous

échappe, elle obéit à des lois impénétrables que nous ne contrôlons pas, les lois de l’ordre naturel et de l’harmonie. La grammaire est une raison qui ne nous appar-

tient pas, elle évolue seule, à notre insu, sans que nous ayons conscience des

changements qui l’affectent. En s’appliquant au « paradoxe du jeu de dés », elle

ajoute la certitude d’une sélection aux incertitudes de l’adaptation. Au hasard du

désordre elle répond par la nécessité de l’ordre.

Reste à savoir de quel ordre il s’agit. Pour illustrer cette démarche, reprenons

l’exemple du rôle du pronom personnel dans la langue française. À l’origine le

latin ignorait son existence, le sens de la personne était inscrit dans la désinence

du verbe. En latin canto signifiait, « je chante ». Avec l’usure du temps, et le

déferlement continuel de nouveaux barbares, incapables d’assimiler les variations

complexes de ces désinences, celles-ci se sont affaiblies. Concurremment, vers le douzième siècle est apparu un pronom personnel accentué qui faisait double em-

ploi avec la forme du verbe, à côté de la forme chant qui signifiait « je chante »,

on rencontrait aussi yo chant qui signifiait « moi je chante ». Progressivement les

désinences verbales se sont effacées en même temps que le pronom accentué

s’affaiblissait pour finalement remplacer définitivement la désinence verbale et

donner le « je chante » que nous connaissons. Cet accident phonétique aurait

certainement pu être corrigé par d’autres procédés et d’une manière plus écono-

mique, par exemple le rétablissement d’une nouvelle désinence comme cela s’est

passé pour les temps du futur. Si notre grammaire a choisi la solution coûteuse du

pronom, c’est en fonction de sa propre raison et de sa propre « logique », sans

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tenir compte de la pensée collective des Français, qui n’avaient d’ailleurs pas

conscience de cette transformation à l’époque. Cette logique naturelle fonctionne

de la même manière que celle de l’arbre qui produit un nouveau rameau pour

remplacer une branche cassée pendant la tempête. Sous l’effet d’une cause natu-

relle, il a répondu par une chose naturelle. Et si la rupture de la branche était un

effet du hasard, le nouveau rameau, lui, est le résultat d’une nécessité.

Curieusement, l’apparition régulière du pronom sujet devant le verbe allait fixer

définitivement l’ordre sujet, projet, objet, si caractéristique de notre langue et de

notre « logique culturelle ». Si la pensée fait la langue, on voit bien qu’en retour c’est aussi la langue qui fait la pensée. Au demeurant, cette logique culturelle

n’est certainement ni meilleure ni plus mauvaise qu’une autre. Il n’y a pas « une »

logique mais « des » logiques qui sont à n’en pas douter toutes aussi valables les

unes que les autres, et qui démontrent qu’il existe plusieurs façons de voir les

choses et de considérer le monde. Le chasseur, le cuisinier ou l’ornithologue ne

voient pas le canard de la même façon, chacun d’eux l’appréhende à sa manière,

en usant d’un vocabulaire qui n’appartient qu’à lui, dans son propre langage et

dans sa propre logique culturelle. Si le langage montre la manière de penser d’un

individu, pourquoi ne montrerait-il pas celle d’une nation qui a inventé le vocabu-

laire de la réalité qui s’impose à elle ? Chaque logique s’adapte et convient au

sens de l’univers qu’elle regarde. À cet égard, en mathématique, la logique à

contre-courant du raisonnement par l’absurde a fait la preuve de sa redoutable efficacité.

La grammaire s’adapte et évolue, sa logique naturelle répond aux changements

illogiques du langage, de la même façon qu’une société s’adapte et évolue parce

que sa logique culturelle répond aux changements tout aussi illogiques de la na-

ture. Mais cette capacité d’adaptation a des limites, particulièrement quand le

langage ne peut plus répondre à la nature qui l’entoure. Certaines langues dispa-

raissent, soit qu’elles n’arrivent plus à s’adapter aux transformations de leur mi-

lieu naturel, soit que leur milieu naturel disparaît, comme c’est actuellement le

cas pour de nombreuses langues amazoniennes. Quand une langue meurt, c’est la

raisonance universelle d’une grammaire qui retourne au gouffre du néant, empor-

tant avec elle l’ultime écho, de la résonance individuelle d’un être qui répondait à son dernier appel.

2B. LA RESONANCE INDIVIDUELLE DE LA GRAMMAIRE

L’esprit de l’être « résonne » à l’appel de la grammaire, elle lui chuchote un lan-

gage qu’il connaît, qu’il sent dans l’harmonie d’un rapport qui s’établit :

- De la pensée vers les mots : (3A).

- Et des mots vers la pensée : (3B).

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L’harmonie de la grammaire - De la pensée aux mots

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3A. DE LA PENSEE AUX MOTS

Descartes disait : « Par le nom de pensée, je comprends tout ce qui est tellement

en nous, que nous en sommes immédiatement connaissants. Ainsi toutes les opé-

rations de la volonté, de l'entendement, de l'imagination et des sens, sont des

pensées ». Cette définition infère que la pensée est une faculté de connaître, qui

présenterait deux aspects :

- Un aspect instinctif, quand elle opère sur « les sens », qui sont une faculté de

connaître immédiatement et sans savoir préalable. Cette pensée « nesciente » qui « ne sait pas » fait appel à l’instinct qui dirige certains comportements.

- Et un aspect distinctif, autrement dit une capacité de discernement qui fait appel

aux facultés de l’imagination et de l’entendement qui supposent une connaissance

préalable. Cette pensée « esciente », qui « sait », fait appel aux services de l’âme

et de l’esprit.

La grammaire nous parle, elle est une raison qui se comprend :

- D’abord dans le nescient comportemental de la pensée qui résonne avec l’instinct : (4A).

- Puis dans l’escient de la pensée qui raisonne :(4B). Dans le prescient sentimental de l’âme.

Et dans le conscient mental de l’esprit.

4A. LA RESONANCE DU NESCIENT COMPORTEMENTAL

Le nescient comportemental est, comme son étymologie l’indique, le siège d’une

pensée qui ne « sait pas », il est le siège du néant de la science et le réceptacle d’une pensée infinie. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne pense pas, il pense seule-

ment sans besoin de savoir, puisqu’il « ne sait pas qu’il sait ». Cette connaissance

inconsciente que la pensée ignore, est un savoir dissimulé, patiemment accumulé

tout au long de la phylogenèse des êtres vivants dans l’intimité d’un génome

auquel la pensée n’a pas d’accès. Ce savoir constitue le fond invariant de ce que

l’on nomme « le comportement ». Le nescient, est la pensée paléontologique de

tous les comportements de l’être, la pensée la plus élémentaire, la plus simple et

la plus efficace, elle ne connaît qu’un seul mode de fonctionnement binaire :

l’inaction ou l’action-réaction. Ces mérites ont valu au représentant du nescient,

« l’instinct », d’être nommé à l’ancienneté au poste de concierge de la pensée,

compte tenu de son efficacité et de sa discrétion, puisqu’il ne sait rien. Cette no-mination suppose l’attribution d’un petit local professionnel au sein de la pensée.

Nous allons voir que :

- Le nescient est une loge : (1a).

- Dans laquelle officie l’instinct, le concierge de la pensée : (1b).

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1a. Le nescient

La loge du nescient est le siège de la pensée virtuelle. Elle n’est pas assez grande

pour contenir la forme des choses, elle ne contient que le sens des causes invi-

sibles qui sont en puissance des choses. C’est un petit local où s’accumulent les

sensations et les pulsions qui fonctionnent sans mots et sans images. Cette pensée,

invisible pour l’esprit, travaille à l’insu de la conscience, comme un ordinateur

contenant un état de relations logiques et causales qui sont l’équivalent d’un état

de ses « fonctions ». Il n’est pas indispensable que cette pensée se réalise sous

une forme psychique quelconque, tout comme les états internes des programmes informatiques. Les états de pensée du nescient se réduisent à des représentations

de causalités qui s’organisent entre elles dans une sorte de langage « téléolo-

gique » des causes et des effets, comparable au langage informatique. Ce langage

fonctionne automatiquement et indépendamment de la conscience comme une

machine cybernétique. Ainsi qu’un automate, le nescient dispose d’abord de

l’information d’une base de données causales innées (somatiques) ou acquises

(psychiques) qui se nomme la mémoire. Il dispose ensuite de l’information orga-

nisée en une suite d’instructions qui indiquent non seulement les opérations à

effectuer dans un ordre donné, mais aussi les mécanismes rétroactifs de contrôle

de ces opérations, comme dans un programme informatique. La base de données

de la mémoire contient deux sortes de dossiers :

- Des dossiers qui appartiennent en propre à l’instinct. Ils renferment toutes les données de l’inné, principalement sous la forme de données génétiques relatives à

la « nature » de ses pulsions, de ses comportements et de ses aptitudes, et plus

particulièrement l’aptitude au langage verbal.

- Et les dossiers de l’escient qui ne lui appartiennent pas, mais dont il doit assu-

mer la gestion et l’archivage. Ces dossiers recueillent les données généalogiques

de l’acquis relatives à la « culture », notamment l’acquis de la langue.

Bien entendu, les clés de cette banque de données sont la propriété exclusive de

« l’instinct », concierge permanent de la pensée, qui garde la haute main sur

toutes les dispositions qu’elle entend mettre en jeu, et qui devient de facto

l’élément essentiel de la « présence d’esprit ».

1b. L’instinct

L’homme ne sait pas qu’il pense quand il pense avec son instinct. Grâce à lui il

effectue toutes les taches automatiques de la pensée quotidienne sans avoir re-

cours aux services de la conscience. L’instinct se comporte comme un appareil de

résonance qui fonctionne dans les deux sens, il vibre comme un résonateur quand

il entre en résonance avec le rythme ondulatoire de l’excitateur, mais il vibre

aussi comme un excitateur quand il émet son propre rythme ondulatoire. Cette

capacité de résonance explique la vivacité de son comportement, il ignore le sens

de la durée du temps, il ne connaît que l’instant sans durée d’une impulsion.

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L’instinct ne connaît et ne comprend que le langage téléologique du nescient qui

est le langage du commandement des causes. Ce mode d’expression lui convient

parfaitement, ceci d’autant plus que son travail se résume à la gestion élémen-

taire :

- Des commandes qu’il reçoit : (2a).

- Et de celles qu’il transmet : (2b).

2a. La réception des commandes

La réception d’une commande est pour l’instinct, une occasion de vibrer au sens

de la cause qu’elle contient. Il prend connaissance du langage téléologique de

cette cause ; sans s’intéresser à la forme du dossier qu’il doit transmettre,

puisqu’il ignore généralement le langage qui lui permettrait de le comprendre. De

toute façon, on ne lui demande pas de réfléchir, ce n’est pas son travail, Il doit enregistrer sans discussion les commandes instinctives qui relèvent de sa compé-

tence, ou transmettre celles qui relèvent des services de l’escient si l’affaire de-

mande un temps de réflexion. C’est peu, et l’instinct ne devrait pas trop se

plaindre de son sort. Malheureusement il doit aussi s’occuper de la transmission

des commandes.

2b. La transmission des commandes

Pour l’instinct, la transmission des commandes c’est un peu l’antichambre de

l’enfer, il travaille seul, en public et sans filet. La transmission des commandes

instinctives ne pose guère de problème, mais les choses se compliquent lorsqu’il

faut s’occuper des commandes de l’escient. Non pas tant celles du prescient qui

est plutôt complaisant, mais surtout celle du conscient qui est assez tatillon. L’instinct est bien plus à l’aise avec les commandes qui relèvent de sa compé-

tence, celles des pulsions et des émotions notamment. Il les connaît bien, il sait

les lire, elles sont toutes codées dans ce langage téléologique qui n’appartient

qu’à lui. Si la commande est endogène, par exemple la pulsion d’une envie de

boire, il lui suffira d’une seule vibration en langage téléologique pour recevoir la

commande et la transmettre à destination des aires motrices qui seront chargées

de l’exécution de cette envie qui s’exprime sans mots. Si la commande est exo-

gène le fonctionnement est exactement le même, à l’instant d’une sensation de

brûlure par exemple, la gestion du retrait brutal de la main, qui ne s’exprime pas

avec des mots, sera traitée de la même façon dans ce que l’on nomme « l’arc

réflexe ». Quant aux commandes de l’escient, l’instinct ne va pas se comporter de la même

manière selon qu’il doit traiter celles du prescient ou celles du conscient.

Les commandes du prescient ont pour lui un petit air de famille, certes, elles

utilisent le langage formel des images qu’il ne comprend pas, mais ces images

contiennent un peu de sens téléologique qu’il est capable de deviner. D’ailleurs il

connaît déjà la teneur de certains dossiers, ceux qui avaient retenu son attention

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au moment de leur réception, les dossiers de sensation notamment, qu’il sait re-

connaître. Si l’appel d’une sensation de beauté éprouvée par un artiste peintre

contemplatif de la nature avait attiré son attention, sa participation à l’élaboration

de la réponse n’en sera que mieux adaptée, et l’artiste fera certainement autant

appel à son instinct qu’à sa raison au moment de l’exécution de l’œuvre.

L’instinct n’aime guère les commandes du conscient, il ignore tout du langage

des mots avec lesquels elles sont codées, sans compter qu’on ne lui demande

jamais son avis. Il doit faire ce qu’on attend de lui, ne pas se poser de question et

se comporter en concierge zélé et efficace, surtout pendant la conversation, qui constitue pour lui un exercice de haute voltige. On exige de lui qu’il fasse passer,

sans chercher à savoir et dans les plus brefs délais, tous les dossiers des mots et

des idées qui ont été préparés à cette intention dans les services du conscient. Dès

qu’il y a échange verbal, le résonateur de l’instinct recueille le sens de chacune

des causes de la conversation, il répond à l’instant, il n’y a pas de réflexion,

chaque mot de la conversation est un instant paradoxal de science sans conscience

pendant lequel l’esprit ne sait pas qu’il sait. Parfois l’instinct est débordé, il peut

se tromper et transmettre un mauvais dossier : le lapsus. Il lui arrive aussi de ne

pas trouver immédiatement ce qu’il cherche, il doit alors mettre en attente avec un

silence de la parole, ou mettre en route un répondeur vocal élaboré, du type « je

n’ai pas de mots pour le dire, « j’ai le mot sur le bout de la langue », ou plus sim-

pliste du type « euuuuh ». Enfin, s’il ne peut pas répondre, que les dossiers aient été perdus dans l’oubli, ou qu’aucun dossier n’ait été préparé à son intention par

les services du conscient, il ne lui reste plus qu’à se mettre en attente dans le

silence de la conversation, pour donner à la pensée le temps de rentrer en elle-

même, afin de réfléchir dans la raisonance de l’escient.

4B. LA RAISONANCE DE L’ESCIENT

L’escient est le siège d’une pensée qui raisonne et qui « sait », ce qui fait de lui le

domaine de l’étant de la science et le berceau d’une pensée finie. Cette science

n’existe évidemment que dans la limite d’une forme qui la matérialise. L’escient

est donc par nature un univers de formes qui s’oppose à l’univers sans formes du nescient. Et comme les formes contiennent le sens des choses, l’escient est

l’univers des « choses » qui naissent de l’univers des « causes » du nescient, la

cause étant le principe d’où la chose tire son être. Etant « finie », la pensée de

l’escient doit obéir au principe d’individualité qui exige la symétrie des con-

traires, elle ne peut exister que sous la forme d’une science « certaine » qui

s’oppose à sa forme « incertaine » dans les domaines :

- De la pensée indéfinie du prescient sentimental qui contient la forme incertaine des « idées » du savoir : (5A).

- Et de la pensée définie du conscient mental qui contient la forme certaine des « mots » du savoir : (5B).

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5A. LES IDEES DU PRESCIENT SENTIMENTAL

Le prescient est le siège d’une pensée incertaine, indéfinie, qui « sait qu’elle ne

sait pas ». Cette pensée sent mentalement le sens des causes du nescient sans

toutefois le comprendre réellement. Elle le perçoit plutôt comme une vision inté-

rieure plus ou moins nette de la réalité, et le conçoit sentimentalement au mieux

comme une image, au pire comme un mirage. Le prescient sentimental est un

espace de la pensée qui ressemble à l’atelier en désordre d’une artiste bohème,

dans lequel s’entassent pêle-mêle, les fantasmes étranges du nescient et du cons-cient, les chimères ou les inventions du rêve, et les chef-d’œuvres achevés ou

inachevés de l’imaginaire.

- Une visite préalable de l’atelier du prescient s’impose : (1a).

- Avant de faire connaissance avec l’âme, l’artiste de la pensée : (1b).

1a. Le prescient

C’est dans l’atelier du prescient que se fabriquent les idées qui serviront à faire

des mots à partir de la matière première des causes. Il se situe entre la loge du

nescient où officie l’instinct qui lui fournit le sens téléologique des causes, et le

laboratoire du conscient où travaille le théoricien qui reprendra ces idées pour

leur donner la forme d’un mot ou d’un propos. Cet atelier se présente un peu

comme l’espace d’une pensée idéelle qui ne fait pas très bien le partage entre la

pensée virtuelle sans formes du nescient et la pensée réelle des mots du conscient.

La pensée du prescient raisonne avec des formes qui ne sont pas des mots mais

des images. Son langage fonctionne par associations d’images pour donner nais-

sance à des idées physiques qui ne demandent qu’à s’exprimer sous la forme de traits, de surfaces, de sons, de couleurs, de mouvements, ou à des idées psy-

chiques sous la forme de sentiments, de passions, d’impressions, d’intuitions.

Cette pensée se comprend, elle utilise la forme visible des images, mais sa lo-

gique nous échappe, elle obéit aux lois mystérieuses de l’harmonie qui transpa-

raissent dans les œuvres de l’artiste du prescient : l’âme.

1b. L’âme

L’âme est une artiste née, une dame bienveillante, indulgente, passionnée, pro-

fondément sentimentale, toujours prête à s’accommoder du comportement aga-

çant de l’instinct, le petit excité du sens des causes, et du caractère hautain du

théoricien, le grand penseur du sens des choses. Elle vibre avec autant d’affection pour la misère des causes que lui envoie l’instinct, que pour l’indigence des

choses que lui renvoie le théoricien, car elle seule est capable de sentir le sens qui

n’a pas encore de forme, ou la forme qui n’a pas reçu de sens. Et c’est probable-

ment là, en dernier ressort, lorsque la conscience lui rend une forme dépourvue de

sens, que l’âme dévoile la beauté de son génie créateur. Quand le théoricien n’a

pas trouvé la forme d’un mot pour dire le sens d’une chose, et qu’il avoue son

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impuissance, l’âme est là, qui veille. Elle recueille cette forme inerte de la raison

consciente et lui insuffle le langage qu’elle connaît, celui de l’art et de

l’harmonie. Le langage des mouvements de la danse, des sons de la mélodie, des

traits du dessin, des couleurs de la peinture, des formes de la sculpture ou de

l’architecture, et même celui des mots de la poésie ou de la littérature.

Il arrive parfois que ces formes vides de sens se révèlent inutilisables, malgré sa

bonne volonté l’âme ne parvient pas à en faire des idées acceptables. Il n’est

évidemment pas question de laisser s’accumuler tous ces déchets, l’atelier est déjà

suffisamment en désordre comme cela. Il faut s’en débarrasser discrètement, à l’insu du public et de la vigilance du conscient. Le moment le plus propice est

assurément la nuit, pendant le sommeil, l’âme travaille à l’abri des regards indis-

crets, elle s’active à évacuer ces déchets ou ces ratés de la pensée que sont les

rêves et les cauchemars.

Paradoxalement, le théoricien lui renvoie parfois des mots parfaitement formés,

mais inutilisables parce qu’il ne parvient pas à découvrir le sens qu’ils pourraient

avoir en commun, dans une idée globale qui se nomme le concept. Comme les

idées ne relèvent pas de sa compétence, il est tout à fait normal qu’il s’adresse à

l’âme, afin qu’elle lui façonne l’idée d’une théorie qui conviendrait à cette com-

munauté de mots. Somme toute, les mots sont autant générateurs d’idées que les

idées sont génératrices de mots.

Mais c’est avec l’instinct que l’âme travaille en premier ressort, elle recueille le sens de la cause qu’il lui adresse pour l’habiller avec la forme d’une idée dans

laquelle elle pourra s’exprimer. Evidemment, cette activité demande du temps,

elle ne s’exerce pas dans le vacarme d’une conversation. Il faut du calme, la pen-

sée doit se recueillir dans l’intimité de sa raison pour imaginer. C’est là, dans le

silence de l’imagination, qu’elle traduit le sens téléologique des causes que lui

fournit l’instinct. Comment fait-elle ? Comme un devin, elle s’applique à la divi-

nation, elle contemple le sens de la cause pour en deviner l’effet, le sens de la

chose qui en découle. Elle scrute l’ordre mystérieux qui régit la cause et l’effet à

la recherche d’un lien logique, qu’elle sent soudainement dans l’extase d’une

intuition, puis qu’elle découvre dans la vision fulgurante du rapport qui relie la

cause et la chose, et qu’elle réalise enfin dans l’idée lumineuse d’une « image » qui illustre la chose. L’idée est l’image d’une chose qui se rapporte à sa cause, à

son modèle, et comme l’essence matérielle de ce modèle existe dans la réalité,

l’idée est l’essence spirituelle d’une réalité. Mais l’image de cette chose n’est pas

la chose, elle contient toujours le sens de sa cause, le sens de sa virtualité, le sens

du néant de la pensée qui l’a engendrée.

L’idée n’est pas le produit d’un raisonnement ni d’une réflexion, mais elle est

déjà une raisonance puisqu’elle ordonne le rapport entre une chose et sa cause.

Elle naît d’une intuition, d’une aptitude de la pensée presciente qui raisonne sans

raisonnement, selon la logique divinatoire de l’évidence d’une chose. Mais

l’intuition n’est qu’un doute, elle n’a pas le caractère de certitude du raisonne-

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ment. Du coup l’idée ne peut plus être que l’image d’une chose incertaine qui se

rapporte à une cause hasardeuse. Finalement, le prescient est bien le siège d’une

pensée qui doute, qui « sait qu’elle ne sait pas ». Il lui manque le sens des mots

pour s’exprimer.

5B. LES MOTS DU CONSCIENT MENTAL

La conscience est le siège d’une pensée définie et certaine qui « sait qu’elle sait »,

elle possède non seulement la science d’elle-même mais aussi la science du monde qui l’entoure. Cette pensée reçoit dans son entendement les idées du pres-

cient qu’elle comprend mentalement avec des mots. Nous allons voir que :

- Le conscient est une sorte de laboratoire : (1a).

- Dans lequel travaille l’esprit, le théoricien de la pensée : (1b).

1a. Le conscient

Le conscient se charge de la confection des mots et des propos à partir des idées

que lui envoie le prescient. L’élaboration des mots est une activité créatrice pres-

tigieuse réservée à une élite de chercheurs ou de découvreurs et à quelques esprits

originaux, alors que l’élaboration du propos est plutôt une occupation commune

mise à la disposition de tout un chacun. La pensée consciente raisonne avec le

langage morphologique des mots contenus dans sa langue. Elle fonctionne en

associant ces mots pour former des propos qui pourront au besoin s’articuler entre

eux dans une chaîne de causalités qui se nomme le raisonnement.

Le conscient est l’espace d’une pensée réelle dans laquelle l’esprit travaille à ciel

ouvert et d’une manière rationnelle comme un théoricien. Cette pensée se com-prend, elle utilise des mots, sa logique obéit aux lois de la raison individuelle.

1b. L’esprit

L’esprit est un théoricien, un scientifique à l’état pur, un être de raison qui

n’éprouve pas les passions de l’âme qui elle, s’abandonne à la douceur du rêve et

aux délices de l’idéalité, tandis que lui affronte les rigueurs de la réalité qu’il

cherche à connaître. Cette science il l’acquiert grâce à l’exercice de deux facultés

qui semblent contradictoires en apparence :

- Une faculté d’appréhension de la réalité qui se nomme la raison : (2a).

- Une faculté de compréhension de la réalité qui s’appelle le raisonnement : (2b).

2a. La raison

Le premier travail de l’esprit consiste à connaître la réalité pour « dire » le monde

tel qu’il est. Pour cela il utilise sa raison qui est une faculté de demander le

« pourquoi » d’une chose. Par exemple le pourquoi d’une image de la nature, c’est la nature elle-même qui lui sert de modèle. La nature est ici la « cause » qui

a pour effet de provoquer « l’existence » de la chose, celle de son image. Bref, la

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raison appréhende l’existence des causes pour expliquer l’existence des choses.

Elle est une faculté spirituelle qui ordonne le rapport entre une chose et sa cause

sans effort de raisonnement. À partir de là, l’esprit emploie sa raison pour créer la

forme :

- D’un mot quand il veut appréhender la cause : (3a).

- Ou d’un propos quand il veut expliquer la chose : (3b).

3a. La création du mot

Si l’idée montre la chose sans dire ce qu’elle est, le mot lui, ne montre pas la

chose, mais il dit ce qu’elle est. Certes, le mot comme l’idée, signifie une image,

mais il ne la montre pas. Le déroulement des mots dans le propos n’est pas une

projection cinématographique, il est un enchaînement de formes qui contiennent

un message. Le mot n’est pas une image, c’est une forme qui a reçu le sens d’une chose en perdant le sens de sa cause, le sens de son modèle. Quand l’esprit « ap-

préhende » la cause, au sens étymologique du terme, il « prend », il s’empare de

la cause de l’idée pour créer la chose du mot. Dès lors le mot n’est plus, comme

l’idée, l’équivalent idéel d’une image de la chose, il est un équivalent réel de la

chose. En recevant sa forme il devient lui-même une chose, équivalente à la chose

qu’il signifie, et doué du même caractère d’objectivité qu’elle. Reste maintenant à

savoir comment l’esprit conçoit la forme du mot. L’espace qui est le contenant

naturel des formes ne lui offre qu’une alternative :

- Soit l’existence de la parole, qui prend la forme d’ondes sonores, mobiles, invi-

sibles mais audibles.

- Soit l’essence de l’écriture qui se présentent sous la forme de traits graphiques,

immobiles, visibles mais inaudibles. Puisque le mot dit « ce qu’est » la chose, d’une certaine manière il « est » la

chose. Il est peut-être même un être, il possède comme lui une forme corporelle,

celle de son signifiant, et une forme spirituelle, celle de son signifié. Cette forme

spirituelle montre bien que le mot n’est pas un signe comme un autre. Il est doté

d’une intention de communication que ne possède pas par exemple « l’indice »

d’un feu, qui est un signe seulement porteur du sens d’une causalité matérielle. Le

mot lui, est un signe qui contient le sens d’une causalité spirituelle.

Pour conclure, la chose qui était la cause de l’idée est devenue finalement une

nouvelle chose : un mot. C’est que les causes et les choses naissent indéfiniment

les unes des autres, chaque chose est l’effet d’une cause, et chaque cause et l’effet

d’une chose. Nous allons voir que le propos fonctionne exactement de cette ma-nière.

3b. La création du propos

Comme la création du mot, la création du propos naît de l’infini, ce néant existant

qui est le signe d’un manque. Mais ici le manque ne naît pas du besoin de nom-

mer, il naît du besoin de connaître une chose qui n’a pas reçu d’explication. La

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L’harmonie de la grammaire - De la pensée aux mots

151

raison d’être du propos se trouve dans la nécessité de dire ce que l’on sait, ou de

demander ce que l’on veut savoir.

Quand l’esprit crée un propos, il traite les mots comme des choses mentales qu’il

associe entre elles pour produire un message, de la même manière qu’un peintre

traite ses couleurs comme des choses sentimentales pour produire une image.

Comme le mot, le propos est une forme qui contient un sens. Mais si le mot con-

tient le sens d’une réalité universelle inerte, le propos lui, contient le sens d’une

vérité individuelle vivante. C’est pour donner vie à l’essence de la chose des mots

qui se situent dans l’espace du propos, que l’esprit insuffle l’existence d’une cause spirituelle qui enchaîne le sens des mots dans le temps du propos. Quand

l’esprit « explique », cela signifie au sens étymologique du terme, qu’il « extrait

la raison pliée en lui » pour faire connaître son intention. Comme le message du

propos véhicule le sens des causes et des choses de la même manière que les

images de la pensée, on peut maintenant dire que ce message est bien

l’explication d’une image de la pensée.

Au demeurant les mots se voient ajouter une causalité spirituelle dont ils n’ont

que faire, puisqu’ils en possèdent une. Mais cette nouvelle cause n’a rien à voir

avec la cause universelle qui a engendré leur forme, il s’agit là d’une cause indi-

viduelle, celle de l’intention du sujet parlant qui les conçoit et qui les organise

dans le propos. Cette cause apparaît quand l’esprit crée le rapport de sens qui

s’établit entre les mots dans le déroulement du propos, et l’on sait que ce rapport de sens se nomme la fonction grammaticale. La création du propos suppose

l’union consubstantielle de la forme du mot et de sa fonction dans la célébration

d’une union : celle de l’axe morphologique de l’essence des mots et de l’axe

téléologique de l’existence des mots, sorte de noces collectives des causes et des

choses. Ensuite, le propos s’organise automatiquement, chaque fonction attractive

se comporte comme la cause impulsive d’une forme abstractive qui est, elle aussi,

une fonction attractive elle-même impulsive de la forme abstractive d’un autre

mot, et ainsi de suite jusqu’à l’épuisement du sens de la cause primordiale qui a

inspiré le sens du propos. L’alternance rythmique de ce phénomène pulsatif

d’attraction-abstraction qui anime le mouvement du propos, rappelle le rythme

des contractions cardiaques, probablement aussi celui de tous les rythmes de l’univers. Et c’est justement là, dans l’univers spatio-temporel du propos que se

consacre l’union palpitante de l’essence et de l’existence des mots. Le propos

contient autant l’ordre de l’avènement des mots, le fait de leur arrivée dans

l’espace de sa « géographie », que l’ordre de l’événement des mots, leur arrivée

dans le temps de son « histoire ».

Cette histoire est certainement l’expression de la raison qui crée le propos, mais

on a tout de même l’impression que l’ordre matériel des mots qu’il contient

s’organise tout seul, naturellement, sans que la conscience de leurs fonctions

réciproques n’intervienne. Force est d’admettre que le propos ne s’organise pas

seulement dans l’ordre spirituel de la logique individuelle (ou culturelle) de l’être,

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L’univers du Verbe

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mais qu’il se soumet aussi à l’ordre matériel de la logique universelle (ou natu-

relle) de la grammaire : celle de l’ordre et de l’harmonie, de l’abstraction et de

l’attraction, de l’enchaînement des causes et des choses qui fonctionnent toutes

seules à l’insu de l’esprit du sujet parlant.

Enfin, reste à savoir ici aussi, comment l’esprit réalise le propos qu’il formule. Il

dispose d’abord de l’outil invisible du son, celui de la parole, dans laquelle la

forme sonore de chaque mot pourrait se concevoir comme un corpuscule spirituel

apparent dans l’espace du propos, et sa fonction silencieuse inapparente comme

une onde spirituelle, porteuse de l’énergie qui anime le mouvement des mots dans le temps du propos. Ce faisant, la fusion de l’axe morphologique corpusculaire

des choses et de l’axe téléologique ondulatoire des causes se réaliserait dans le

propos sous la forme d’une fusion de mots, qui ressemble beaucoup à celle de la

lumière. Ce qui ferait de la parole la lumière de l’esprit.

Il y a ensuite l’outil visible de l’écrit, celui du livre, dans lequel les mots se pré-

sentent un peu comme une concaténation linéaire de choses et de causes, dont les

sens s’opposent et s’attirent, exactement comme les nucléotides dans une molé-

cule d’ARN messager, qui contient l’information relative à la matière de l’être.

Ce qui ferait du livre la matière de l’esprit.

Si la raison explique les choses, le raisonnement permet de les comprendre.

2b. Le raisonnement Le raisonnement a pour fonction de comprendre, « prendre ensemble », embras-

ser des éléments disparates dans une construction logique afin de les appréhender

dans la connaissance d’une chose. Cette construction s’élabore autant dans le

nescient que dans l’escient, elle est inséparable d’un langage qui est téléologique

ou morphologique.

Le raisonnement téléologique est celui de la pensée nesciente. C’est le plus

simple, le plus primitif, il n’a pas besoin de mots pour s’exprimer. Il ne

s’intéresse qu’au « sens » de l’enchaînement des causes à l’état pur. C’est un

raisonnement indicible, fait de sensations et d’impressions qui ne sont pas encore

réalisées par des images, des mots ou des nombres. Il n’existe que pour lui-même,

en vérité. S’il veut exister en réalité il doit prendre forme, accepter d’être limité, formulé, défini, et privé de la puissance créatrice infinie qui l’a engendré. Scho-

penhauer disait : « Les pensées meurent quand elles s’incarnent dans les mots ».

Il faudrait ajouter qu’elles meurent en soi, mais qu’elles commencent à vivre pour

les autres. L’effort du raisonnement téléologique ne survivra que s’il éprouve le

besoin d’être partagé en se réalisant dans le raisonnement morphologique.

Le raisonnement morphologique s’appuie sur les « formes ». Il utilise le langage

imagé du prescient ou les langages symboliques du conscient. Le langage ludique

des pions de l’échiquier ou le langage mathématique des nombres, plus adapté au

raisonnement quantitatif, ou encore le langage philosophique des mots qui con-

vient mieux au raisonnement qualitatif encore appelé raisonnement discursif. Le

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joueur d’échec et le mathématicien ne pensent pas avec des mots, ils pensent avec

les choses symboliques que sont les pions ou les chiffres qui obéissent à leur

propre logique. Le philosophe lui, pense avec des mots qui obéissent aussi à leur

propre logique, la logique du nom n’est pas celle du verbe. Les mots sont les

symboles logiques élémentaires du raisonnement discursif dans lequel le propos

devient une proposition, au sens étymologique du terme proponere, action de

poser devant, faculté de « proposer » et de soumettre un sujet de réflexion à soi-

même. La proposition est un objet logique, elle donne lieu à un calcul.

Le raisonnement discursif est une construction mentale qui cherche à inférer une proposition appelée « conclusion » à partir d’autres qui se nomment les « pré-

misses ». Si la raison fait connaître sa causalité individuelle dans l’enchaînement

des mots, le raisonnement discursif lui, cherche plutôt à reconnaître la causalité

universelle qui se cache dans l’enchaînement des propositions. Cette recherche

méthodique emprunte globalement deux grandes voies :

La voie descendante des raisonnements « certains » dans lesquels la pensée part

de la cause initiale et enchaîne les propositions pour découvrir l’effet. Cette voie

est celle qu’empruntent les raisonnements déductifs dont l’exemple le plus cé-

lèbre est celui du syllogisme qui enchaîne deux prémisses et une conclusion :

« Tous les hommes sont mortels - Or Socrate est un homme - Donc Socrate est

mortel ». Mais il y a encore plus simple, par exemple l’enthymème, forme abré-

gée du syllogisme qui se réduit à deux termes, l’antécédent et le conséquent : « Si je suis sous un pommier, je peux en déduire qu’il tombera des pommes ».

A contrario, la voie ascendante des raisonnements « incertains » articule des pro-

positions à partir de l’effet pour découvrir la cause initiale. Cette voie est celle

des raisonnements inductifs sur lesquels s’appuient les sciences expérimentales

qui, à partir de l’observation des faits cherchent à remonter vers l’hypothèse

d’une loi explicative. L’inversion de l’exemple précédent illustre ce type de rai-

sonnement : « Si je suis la nuit sous un arbre et qu’il tombe des pommes, je peux

induire que je suis sous un pommier ». Mais cette hypothèse n’est jamais certaine,

dans la mesure où un esprit malin pourra toujours induire le théoricien en erreur,

en lançant nuitamment des pommes à son insu.

Le raisonnement discursif n’est pas une activité de tout repos, surtout quand il est incertain, il peut être faux et exposer au ridicule. C’est aussi une activité labo-

rieuse, lente, tâtonnante, il est au sens propre du terme une opération « discur-

sive » (discurrere, « courir çà et là ») et se distingue ainsi de l’intuition (intueri,

« voir »), dont nous avons dit qu’elle était la saisie immédiate et globale d’un

objet de pensée. C’est même une activité inutile si la cause primordiale est inac-

cessible, notamment en matière religieuse, quand l’esprit n’a pas d’autre res-

source que celle d’une intuition culturelle ou individuelle comme la croyance et la

foi. On le voit, le raisonnement n’a pas que des avantages, c’est le motif essentiel

pour lequel l’esprit n’y recourt qu’en dernière extrémité. Il préfère deviner la

causalité plutôt que de la chercher, en faisant appel au plus simple, l’intuition de

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L’univers du Verbe

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l’âme qui est bien plus rapide et économique que le raisonnement, avec tout de

même un risque d’erreur, auquel de toute façon ce dernier n’échappe pas. C’est

d’abord à l’intuition que s’adresse l’écolier pour résoudre son problème de robi-

net, ou encore le candidat du jeu radiophonique qui cherche le « schmilblick ». Si

l’intuition échoue, l’esprit n’utilisera pas pour autant sa faculté de raisonner, il

préférera rechercher dans sa mémoire un raisonnement « tout fait » qui pourrait

convenir par analogie à la solution du problème qu’on lui pose. À cet effet il

demandera à l’instinct de rechercher le dossier convenable dans les archives du

conscient, ces dossiers proviennent d’une activité de l’esprit qui se nomme l’expérience pratique ou l’apprentissage théorique. Ils renferment des raisonne-

ments tout faits qui sont pour la pensée une économie considérable de temps et

d’effort. Mais si le produit de cette recherche de la pensée est souvent bénéfique,

il est aussi parfois pervers, il empêche de raisonner par soi-même. En dernier

ressort, quand tout a échoué, l’esprit se met enfin au travail, il pénètre en lui-

même dans l’ascèse du raisonnement, il cherche, il s’interroge, il doute, il essaie

de comprendre, et ce n’est bien souvent qu’au terme d’un cheminement laborieux

qu’il découvre enfin la vérité. Le raisonnement est une quête de vérité, il magnifie

l’esprit, et montre bien, que si la pensée engendre les mots, les mots engendrent

aussi la pensée, car c’est ce que l’on « dit » qui fait la pensée.

3B. DES MOTS A LA PENSEE

Les mots ne font pas seulement la pensée de l’être, ils fertilisent aussi la pensée

de l’autre, quand ils s’expriment dans :

- L’intimité de la parole, forme du langage issue de l’oral : (4A).

- Ou dans la publicité du discours, forme du langage issue de l’écrit : (4B).

4A. L’INTIMITE DE LA PAROLE

La parole est une forme intime de l’oraison qui s’adresse à l’individualité d’un

esprit. Contrairement au discours qui s’organise dans le monologue et la distan-

ciation, elle suppose toujours le dialogue et une proximité qui se révèlent indis-

pensables :

- Autant dans l’apprentissage de la parole : (1a).

- Que dans le message qu’elle contient : (1b).

1a. L’apprentissage de la parole

Si l’embryogenèse résume l’ontogenèse du corps, il y a fort à parier que

l’apprentissage de la parole résume l’ontogenèse de l’esprit :

- Depuis l’état instinctif et inné de résonance au langage : (2a).

- Jusqu’à l’état distinctif et acquis de raisonance de la langue : (2b).

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L’harmonie de la grammaire - Des mots à la pensée - La parole

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2a. L’inné du langage

Le langage est une fonction de communication qui a probablement commencé

avec le chimiotropisme des premiers êtres unicellulaires pour évoluer jusqu’aux

langues de l’humanité, en passant par le parfum des fleurs, la danse des abeilles,

le chant des oiseaux ou celui des baleines.

Beaucoup d’animaux produisent des sons qui possèdent un sens immédiatement

reconnaissable par les individus d’une même espèce, particulièrement quand ils

sont significatifs d’une alerte ou d’un appel amoureux. L’émission de ces sons

obéit à des modulations et des intonations particulières qui ressemblent à la mor-phologie et la syntaxe d’une grammaire. Un oisillon sait associer le son au sens

d’une manière innée, il assimile instantanément la fuite d’un congénère au son

d’un message d’alerte, sans avoir besoin de comprendre. L’inné du langage se

conçoit comme une capacité instinctive d’attraire un son et d’en abstraire un sens.

Si l’oisillon possède une aptitude innée au langage animal, le nourrisson lui, pos-

sède une aptitude innée au langage verbal. Cette faculté est nécessairement ins-

crite dans son génome. Sinon on ne voit pas pourquoi la nature aurait également

prévu l’aménagement des récepteurs cérébraux utiles à la compréhension et à

l’expression de ce langage. Cette aptitude ne signifie pas pour autant que l’enfant

possède une connaissance innée de la grammaire avant de l’avoir apprise, la seule

grammaire qu’il connaisse, et que connaissent peu ou prou tous les êtres vivants,

c’est celle de la nature : la grammaire de l’ordre et de l’harmonie qui régit toutes choses dans l’univers. Tous les êtres connaissent instinctivement les règles de

l’ordre attractif des choses qu’ils aiment, et celles de l’ordre abstractif des choses

qu’ils craignent, autant qu’ils connaissent l’harmonie des rythmes (nycthéméraux,

alimentaires, sexuels etc.) qui conviennent à leur équilibre.

Evidemment, l’aptitude au langage suppose une faculté instinctive certainement

plus subtile et nuancée que celle mise en œuvre dans ces comportements élémen-

taires. Cette capacité de l’esprit n’existe qu’en puissance, elle ne se développera

que si la sollicitation du langage existe. L’apprentissage du langage se déroule

dans le cadre d’un rapport de résonance irrationnelle entre deux êtres, qui se

nomme l’amour. Ce facteur fondamental joue d’abord dans le rapport d’harmonie

corporelle qui lie la mère et l’enfant, quand il la tête et qu’elle le caresse, mais il intervient surtout dans le rapport d’harmonie spirituelle qui les unit, lorsqu’elle

lui parle et qu’il l’écoute. S’il ne dispose pas de la raison qui lui permettrait de

comprendre le sens des mots qu’elle prononce, il possède par contre une capacité

de résonance spirituelle pour « sentir » instinctivement l’ordre et l’harmonie qui

règlent le rythme des sons de sa voix. Ce son, il l’assimile malgré lui à du sens, le

son du mot est une chose : une forme matérielle attractive signifiante, qui est elle-

même la cause d’une autre chose : une forme spirituelle abstractive signifiée. La

chose du son est instinctivement comprise par l’enfant comme la cause du sens

d’une chose qui apparaît dans son escient.

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Tout commence avec le seul phonème que le nourrisson soit capable de pronon-

cer : « mumm », qu’il redouble rapidement en « mumm-mumm », son langage

éprouve déjà le besoin de l’équilibre et du rythme. Ce premier mot, il va

l’abstraire dans la forme d’une interjection lorsqu’il s’aperçoit qu’elle est utile

pour appeler le sein maternel. Plus tard il l’associera à la forme du mot « ma-

man » que sa mère lui répète inlassablement. Non pas qu’il ait vraiment compris

le sens du mot, mais il a senti instinctivement sa valeur au moment même où sa

mère a manifesté sa joie quand il l’a prononcé pour la première fois.

De la même façon, il va sentir l’opposition qui s’établit entre la consonne labiale attractive « mmh » et la consonne labiale abstractive « bbh » (beuh ! bof !) qu’on

retrouve dans le mot « bobo ». Ensuite, c’est son aptitude instinctive à entrer en

résonance harmonique avec la musique des sons et des sens du langage qui se met

en marche. Les mots appellent les mots, surtout quand leurs sons et leur sens

s’opposent distinctivement dans leur enchaînement. La forme la plus simple du

nom maman devient la fonction grammaticale la plus simple de l’apostrophe

« maman ! » qui appelle la fonction tout aussi simple de l’interjection « bobo ! »

pour donner son premier propos : « Maman bobo ! ». Arrivé à ce stade, l’enfant

n’a pas réellement conscience de sa science, « Maman bobo ! » ne constitue pour

lui qu’une réponse réflexe à la douleur, certainement plus élaborée mais aussi

moins rapide que celle du retrait brutal de la main quand il se pince.

Si le stimulus douloureux contient un sens que le nescient connaît instinctive-ment, le stimulus linguistique contient un sens que le nescient ignore et que

l’enfant va chercher à traduire en faisant appel aux ressources de son escient.

Chaque mot nouveau sera pour lui l’occasion de mémoriser la science sans cons-

cience d’une réalité qu’il sera bien vite capable de formuler intelligemment dans

un propos du genre : « Papa pati ». Il ne faut pas en déduire pour autant que

l’enfant possède la logique du langage avant de l’avoir apprise, loin de là, cette

logique se situe dans le langage lui-même. Quand l’enfant dit, « j’ai prendu », ce

n’est pas lui qui formule sa logique, il ne fait qu’appliquer inconsciemment celle

qui se trouve déjà inscrite dans la grammaire. Cette logique naturelle il va

l’assimiler progressivement, comme la musique du langage. Sa capacité de « ré-

sonance innée » à saisir l’ordre et l’harmonie de l’enchaînement musical des sons et des sens, va se muer progressivement et insensiblement en capacité de « raiso-

nance acquise » à saisir l’ordre et l’harmonie de l’enchaînement grammatical des

choses et des causes.

2b. L’acquis de la langue

Comme il reçoit en permanence des stimuli linguistiques qui lui inculquent in-

consciemment les règles de la grammaire, l’enfant va être amené à sentir la lo-

gique de sa langue de la même manière qu’il sentait sa musique. Il va acquérir

ainsi une expérience du langage sans avoir jamais cherché un seul instant à com-

prendre son fonctionnement, sa pensée n’a pas besoin du raisonnement pour

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L’harmonie de la grammaire - Des mots à la pensée - La parole

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comprendre. Cette faculté de sentir la grammaire il la doit uniquement à la capa-

cité de résonance de son nescient, qui pense hors du contrôle de la conscience,

automatiquement, comme une machine cybernétique qui dispose de ses propres

mécanismes de stimulation, d’adaptation, de régulation, et de contrôle. Le nes-

cient sent la grammaire, elle parle le même langage que lui : le langage téléolo-

gique invisible des causes qui n’ont pas de « formes psychiques » permettant à la

conscience de les visualiser. Les stimuli linguistiques systématiques des exemples

du langage vont amener le nescient à corriger instinctivement les fautes de gram-

maire qu’il commet, à adapter, modifier et améliorer constamment son pro-gramme de reconnaissance innée de la chose des sons pour en faire un pro-

gramme acquis de reconnaissance de la cause des sens. Mais la grammaire n’est

pas qu’un langage téléologique des causes, elle est aussi un langage morpholo-

gique des choses que le nescient ignore. Et c’est justement là, que les facultés de

l’escient de l’enfant vont intervenir. Elles ne peuvent pas rester indifférentes, car

dans l’esprit humain, la cause invisible du sens d’un mot provoque instinctive-

ment et inévitablement la chose visible du sens du mot. Celle-ci n’est probable-

ment à l’origine qu’une traduction intuitive de la cause du sens qui se formalise

dans une image du prescient sentimental. Lorsque l’enfant dit : « Maman ! » c’est

l’image concrète de sa mère qu’il formule, et non la forme abstraite du mot qui

évoque le sens de sa génitrice.

Insensiblement, le stock des mots-images que l’enfant accumule dans sa mémoire va fournir à l’escient le matériau suffisant dont il a besoin pour entrer en action.

Maintenant sa raison va pouvoir jouer avec eux et les associer dans un processus

de raisonance élémentaire qui s’établit entre le nescient, le prescient et ce qui

n’est pas encore le conscient. Au cours de ce processus, il va tenter de réaliser en

conscience l’image de sa maman par une série d’essais infructueux et de tâton-

nements, de la même manière qu’il apprend à marcher. Cette approche n’a rien à

voir avec le raisonnement, mais elle est déjà une raison, celle qui va tenter

d’appréhender intuitivement la cause, le pourquoi de l’image de sa mère pour en

abstraire le sens réel de la chose dans la forme du mot maman. S’il y parvient, ce

mot ne sera plus pour lui l’idée de l’image de sa mère, mais celle du message de

sa mère. A cet instant, l’enfant aura « recréé » et « compris » la forme du mot, dans la mesure où le sens qui s’y trouve abstrait correspond exactement à la réali-

té qu’il connaît. L’apparition de ce premier mot dans l’univers de sa pensée est un

évènement considérable, il inaugure la construction d’une science de la réalité qui

sera plus tard le siège de sa conscience.

Arrivé à ce stade, l’enfant possède une science de la grammaire qui est encore

inconsciente, il ne sait pas qu’il sait la grammaire. Il pourrait d’ailleurs en rester

là toute sa vie si on ne lui offre pas l’opportunité d’un enseignement grammatical

qui lui permettrait de formaliser cette science dans sa conscience. On sait

d’ailleurs qu’une fraction non négligeable de l’humanité emploie parfaitement sa

langue sans jamais avoir eu la moindre idée des règles de sa grammaire.

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L’acquisition de la langue n’est pas le résultat d’un raisonnement, elle est le fruit

d’une raisonance acquise dans laquelle les choses des mots s’ordonnent toutes

seules. Autrement dit, la grammaire est d’abord un art « qui se sent », avant d’être

une science « qui se sait ».

Quoiqu’il en soit, même si cette raisonance est encore inconsciente, c’est elle qui

permet à l’enfant d’utiliser sa langue pour découvrir le monde, en même temps

qu’il acquiert sa propre science de la réalité de l’univers. C’est sa langue qui lui

offre ce savoir, et c’est encore elle qui lui donnera le moyen de découvrir qu’il se

situe lui-même dans cette réalité, et qu’il y occupe une place singulière. Il va s’apercevoir qu’il existe non seulement par rapport à la réalité du monde, mais

qu’il existe aussi par rapport à lui-même, et qu’il « est ce qu’il est » par rapport à

« ce qui est ». Ce jour-là, il aura découvert qu’il existe en vérité dans la réalité, et

c’est cette « science de sa vérité dans la réalité » qui sera sa conscience. En même

temps que la conscience de sa vérité, l’enfant découvre le pouvoir de sa propre

raison et le règne de sa liberté d’adulte. S’il savait depuis sa naissance qu’il exis-

tait par rapport à l’autre, relativement, il découvre maintenant qu’il existe aussi, et

surtout par rapport à lui, absolument, indépendamment de tout, parfaitement libre

d’utiliser sa puissance créatrice. Cette raison consciente d’elle-même le distingue-

ra définitivement de l’animal, car elle sera pour lui le moyen de regarder sa vie et

de porter des jugements sur sa propre conduite.

Mais, si la raison consciente de l’être se construit par l’apprentissage de la langue, c’est toujours le message de la parole qui l’instruit en premier ressort.

1b. Le message de la parole

Tout message est un code qui suppose une opération :

- D’encodage par le locuteur : (2a).

- Et de décodage par l’interlocuteur : (2b).

2a. L’encodage du message

L’encodage est un processus :

- De mise en forme du sens : (3a).

- Puis de mise en ordre des formes : (3b).

3a. La mise en forme du sens

Elle s’organise dans l’ordre de l’achèvement et concerne d’abord :

- La forme du mot : (4a).

- Puis celle du propos : (4b).

4a. La mise en forme du mot

Conformément aux lois de l’achèvement, le sens du mot tel qu’il est « défini »

dans le dictionnaire, devrait se réaliser à partir d’un sens primordial « infini » qui

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n’aurait pas de sens. Ce sens mystérieux se trouve contenu dans le son du

« phone ».

Le sens infini du phone

Le phone est une forme primordiale du son qui n’a pas de sens. Or si le son qui

n’a pas de sens crée le sens, il est alors un néant du sens qui ne signifie rien mais

qui « signifiera ». Il est le sens « infini » par excellence, à partir duquel s’organise

la création du sens du mot.

Il existe trois catégories de phones :

- Les voyelles : [a], [A], [E], [é], [e], [i], [O], [o], [u], [y], [0], [4], [9], [7], [*], [6].

- Les consonnes : [p], [b], [d], [t], [k], [g], [f], [v], [s], [z], [G], [S], [l], [R], [m], [n],

[N], [M].

- Les voyonnes : [j], [H], [w].

Entre le sens infini du phone et le sens défini du mot il y a un monde, celui du

sens indéfini ! Il se cache dans la forme du phonème.

Le sens indéfini du phonème En grec phônêma signifie « son de la voix », il ne s’agit pas d’un son quelconque.

C’est un son caractéristique du langage, qui participe au sens d’un mot alors qu’il

est lui-même dépourvu de sens en soi.

Ex. : Pur-dur : /pyR/~ /dyR/.

Les phonèmes /p/ et /d/ sont les sons qui déterminent le sens des mots pur et dur et qui permettent de les distinguer l’un de l’autre. On voit que les sons /p/ et /d/

qui n’ont pas de sens en soi, ont pourtant du sens puisque ce sont eux qui appor-

tent le sens distinctif de ces deux mots. Ce sens distinctif naît du sens primordial

non distinctif et infini d’un phone qui se finit dans le sens distinctif indéfini d’un

phonème pour se finir ensuite lui-même dans le sens défini d’un morphème cons-

titutif d’un mot simple ou complexe.

Le sens défini du morphème

Défini signifie « parfaitement limité », et implique que le morphème soit une

unité de sens. Il importe peu que ce sens soit incomplet comme dans les prénoms

(un, le, la) et les prépositions (de, à, par) qui sont constitués d’un seul morphème. Ou encore qu’il soit complexe si le mot est constitué de plusieurs morphèmes

comme dans « un je-ne-sais-quoi ». Il suffit simplement qu’il soit perçu par

l’esprit comme une unité de sens qui participe à la forme d’un mot.

On pourrait penser, qu’étant arrivé au terme de l’ordre de l’achèvement du sens,

le mot n’a plus d’avenir. Si les lois de l’ordre naturel nous enseignent que « le

défini se finit dans l’infini », le mot doit nécessairement retourner au néant dont il

est issu. Contre toute attente ce néant est riche de promesses. En même temps

qu’il quitte l’univers de la réalité, le mot va découvrir l’univers de la vérité qui

s’offre à lui dans la forme du propos.

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L’univers du Verbe

160

4b. La mise en forme du propos

Par définition le propos exprime le sens d’une vérité, et tant que la forme du pro-

pos n’existe pas, le sens de cette vérité n’existe pas, il est infini.

Le sens infini initial

La raison d’être du propos naît d’un manque, d’un vide, d’un besoin de dire ce

que l’on sait, ou de demander ce que l’on veut savoir. Cette raison d’être « ce qui sera » un propos n’est pas autre chose que la cause du propos, l’impulsion téléo-

logique primordiale de la pensée qui provoquera l’irruption du premier mot dans

la forme intermédiaire du propos inachevé.

Le sens indéfini intermédiaire

Tant que le propos est inachevé son sens est indéfini. Curieusement, ce sens indé-

fini est lui-même composé de mots dont le sens est défini. Il y a là une mysté-

rieuse substitution de finition qui demande des éclaircissements. La réponse est

simple : il faut suivre la concaténation de l’ordre de l’achèvement, le sens infini

initial se finit dans le sens indéfini du propos inachevé qui se finit lui-même dans

le sens défini du dernier mot qui apparaît dans le cours du propos inachevé.

Le sens défini terminal

Il n’est que l’aboutissement logique de l’ordre de l’achèvement, le sens indéfini

du propos inachevé se finit, non plus dans le sens défini d’un mot, mais dans le

sens défini du propos achevé. Ce sens défini est évidemment celui d’une vérité

qui « est » puisque le propos est achevé.

3b. La mise en ordre des formes

La mise en ordre des formes suppose qu’elles soient :

- D’abord individualisées quantitativement en nombre selon l’ordre du commen-cement des formes : (4a).

- Puis harmonisées qualitativement selon l’ordre de l’achèvement du sens qu’elles contiennent : (4b).

4a. L’ordonnance quantitative

Pour qu’une chose soit, il faut qu’elle existe en nombre, ce qui n’a pas de nombre n’existe pas. C’est le nombre qui indique le commencement de quelque chose.

Les formes qui contiennent le sens s’organisent en nombre, en commençant par :

Le nombre défini des phonèmes

Nous avons vu que le sens primordial se trouve contenu dans la forme du pho-

nème qui est l’unité sonore minimale de reconnaissance du sens. Toutes les

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L’harmonie de la grammaire - Des mots à la pensée - La parole

161

langues présentent dans leur code un nombre défini de phonèmes, qui se chiffre

entre une vingtaine et une cinquantaine selon les langues, le français en possède

37. Conformément au principe d’universalité, ces sons distinctifs sont conçus

pour s’unir avec le son non distinctif des phones, et donner naissance au nombre

indéfini d’une dizaine de milliers de mots différents.

Le nombre indéfini des mots

Le nombre de mots qui composent une langue n’est jamais défini une fois pour

toutes. Il est indéfini, des mots nouveaux apparaissent en permanence alors que d’autres disparaissent.

Le nombre infini des propos

La troisième étape de l’ordre du commencement, selon laquelle l’indéfini finit

l’infini, amène à penser qu’un nombre indéfini de mots engendre un nombre

infini de propos. La parole est créatrice d’une infinité de sens.

4b. L’ordonnance qualitative

C’est elle qui réalise l’enchaînement cohérent du sens selon l’ordre de

l’achèvement. Contrairement au discours, fruit d’une pensée préalable qui

s’organise dans le raisonnement, la parole s’exprime spontanément, sans raison-

nement préparatoire. Dans la grande majorité des cas la parole résulte d’un en-chaînement de mots qui se présentent sans effort de réflexion, et qui traduisent

fidèlement l’intention de l’esprit qui les anime. Pourquoi les mots s’organisent-ils

si bien et si parfaitement dans la parole, sans qu’il soit besoin d’une volonté de

penser ? C’est d’abord qu’ils sont la pensée elle-même, les mots sont l’esprit tout

comme les organes sont le corps, et nous ne pensons pas plus au mouvement de

nos mots que nous ne pensons au mouvement de nos organes. C’est ensuite qu’ils

sont soumis aux règles de la grammaire, mais cette grammaire est bien plus qu’un

corps de règles, elle est un ordre naturel, ce qui est bien différent. L’ordre fait que

les choses sont ce qu’elles sont, et qu’il n’en est pas autrement dans la nature. Si

des animaux d’espèce différente ne s’accouplent pas, c’est dans l’ordre de la

nature. Si notre langue a décidé que le prénom s’accouple avec le nom, et le pro-jet avec le sujet, c’est qu’il en est ainsi dans l’ordre de la grammaire. La gram-

maire obéit aux lois d’une logique naturelle qui n’a rien à voir avec notre logique

individuelle. C’est pourquoi l’ordonnance des mots dans nos propos associe deux

logiques contradictoires :

- Une logique naturelle instinctive d’ordre universel : (5a).

- Et la logique individuelle distinctive du locuteur : (5b).

5a. L’ordonnance instinctive

La logique naturelle est un processus de résonance à l’état pur, elle répond direc-

tement à sa cause. Si un enfant répond instinctivement « oui, s’il vous plaît »

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L’univers du Verbe

162

plutôt que « non merci » lorsqu’on lui offre un bonbon, cette réponse n’est pas le

résultat d’un raisonnement, mais une réaction instinctive qui signifie directement

la pensée d’un être qui s’exprime dans la réalité qui s’impose à lui. Le choix de la

réponse affirmative, celui de la chose qui répond à sa cause, n’est pas le résultat

d’une logique individuelle, il est le résultat de la logique naturelle et viscérale

d’un enfant qui a envie d’un bonbon.

L’ordonnance des mots dans cette réponse n’est pas, elle non plus, le résultat d’un

effort de réflexion. Les mots se sont ordonnés instinctivement, conformément aux

lois de la logique universelle : celles de l’ordre et de l’harmonie, de l’abstraction et de l’attraction, de l’enchaînement des choses et des causes qui fonctionnent à

l’insu de l’esprit du sujet parlant. Il reste enfin que la forme de cette réponse, la

matière de cette parole, est une traduction directe de la matière de l’esprit, sans

qu’à aucun moment il y ait eu volonté de penser, c’est que la parole est la pensée

elle-même.

5b. L’ordonnance distinctive

La logique individuelle intervient dès que s’élabore un processus de raisonance.

La raisonance est une raison qui appréhende une cause ou explique une chose

simplement, sans rechercher la perfection du raisonnement qui caractérise le

discours. Autrement dit, c’est le bon sens élémentaire qui conduit les paroles

d’une conversation banale sur la pluie et le beau temps. Les mots s’orientent dans la conversation dès que la logique individuelle distinctive du locuteur se surajoute

à la logique naturelle instinctive de l’ordonnance des mots. La pensée qui

s’exprime dans la parole ne fait qu’adapter et orienter le cours naturel des mots

qu’elle a choisis. Elle se comporte un peu comme un entraîneur qui sélectionne

les mots en fonction des aptitudes et des capacités de chacun, pour qu’ils expri-

ment en particulier ce qu’elle a conçu globalement. Ensuite, les mots s’organisent

eux-mêmes, ils se rangent dans la parole en fonction du rôle qui leur est dévolu,

de la même manière que les joueurs d’une équipe de football. Comme un joueur,

le mot est une individualité qui s’exprime dans l’universalité d’une équipe de

mots qui s’adaptent en bloc aux aléas du jeu de la conversation ; il fait cause

commune avec les autres mots pour répondre intelligemment aux sollicitations ou aux attaques dont son équipe est l’objet.

2b. Le décodage du message

L’interlocuteur perçoit l’enchaînement du son des phones, des phonèmes, des

mots et des propos qui formulent le sens du message. Il décode la forme physique

de ce son qu’il transpose au fur et à mesure dans une forme psychique du sens qui

représente l’idée du message. Ce qu’il perçoit, ce n’est pas le sens individuel de

chaque mot mais la vision complète d’une pensée, de la même manière qu’une

peinture offre la vision complète d’un tableau par l’intermédiaire du support indi-

viduel de chaque couleur. Mais il ne s’agit là que d’une opération de décodage

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L’harmonie de la grammaire - Des mots à la pensée - La parole

163

élémentaire, cette image de la pensée du locuteur offre bien plus que ce qu’elle

montre, elle est aussi le reflet :

- De la forme de l’esprit : (3a).

- Et de la force d’âme de celui qui parle : (3b).

3a. La forme de l’esprit

La parole est une forme d’abstraction spirituelle et corporelle sonore. Comme

l’esprit, elle est psychiquement visible mais physiquement invisible. Elle possède

la forme corporelle d’un son qui ne se voit pas physiquement, et la forme spiri-

tuelle d’un sens qui se voit psychiquement. La parole n’est finalement pas autre

chose que la forme abstraite d’un esprit qui se montre psychiquement dans le

temps, mais qui se cache physiquement dans l’espace.

Quand l’être parle, il est ce qu’il est en vérité dans la réalité, il est conscience. Sa parole abstrait l’ordre ou le désordre, l’harmonie ou la dysharmonie de sa pensée,

elle montre autant le bonheur que le malheur, la grandeur que la misère, la beauté

que la laideur de l’esprit qui l’anime. Bien mieux que l’écrit ou même le discours,

la parole révèle l’intimité de l’être, elle sonne juste s’il dit vrai, elle sonne faux

quand il ment. C’est que la parole n’est pas seulement faite de sons, elle est aussi

faite de tons qui sont les accents sentimentaux de la force d’âme.

3b. La force de l’âme

La parole est en soi une force d’attraction spirituelle, une puissance irrationnelle

de fascination et de séduction. Elle ne s’adresse pas qu’à la raison de l’être, elle

s’adresse aussi à tout ce qu’il a d’irrationnel, ses passions, ses croyances, ses

espérances, sa foi. Ce pouvoir étrange elle le tient de la vérité qui se cache dans la pensée de l’être qui parle. Elle est d’autant plus fascinante et convaincante qu’elle

est vraie, parce qu’elle vient du cœur, pour ne pas dire de l’âme. Après tout, la

parole est aussi l’expression de l’âme, puisqu’au sens étymologique du terme

c’est elle qui « anime » le cours des mots qu’elle emploie. Le mouvement des

mots dans la parole est bien plus que l’expression d’une raison, il est aussi

l’expression d’un élan de l’âme, que même les animaux peuvent sentir. C’est en

tout cas l’impression que l’on a, quand elle se pare des couleurs de l’éloquence et

de la chaleur des tons de la voix, et quand l’équilibre très sûr de ses éléments

rythmiques scande la danse et le chant spirituel des mots qu’elle anime. La parole

envoûte et séduit, parce qu’elle s’adresse à la capacité de résonance de l’être, au

vibrato de sa passion, pour y provoquer ce mouvement d’attraction et de commu-nion des âmes qui se nomme l’amour.

4B. LA PUBLICITE DU DISCOURS

Le discours est une forme publique et distante de l’oraison, un monologue qui

s’adresse à une universalité d’esprits. S’il est souvent oral, il est essentiellement

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L’univers du Verbe

164

fondé sur l’écrit. Il demande toujours un temps de préparation et de réflexion

préalable, pour que la pensée expose clairement et sans hésitation l’ordre du rai-

sonnement qui l’anime, dans le cadre d’un discours :

- Simple : (1a).

- Ou complexe : (1b).

1a. Le discours simple

Il revêt en gros deux formes :

- Une forme théorique quand il implique le monde : (2a).

- Une forme pratique quand il l’explique : (2b).

2a. Le discours théorique

Il implique le monde, il est une « co-naissance » du monde conçue pour être et

pour durer dans l’univers, et s’il participe de la création c’est qu’il est lui-même

la cause :

- D’un sentiment quand il est artistique : (3a).

- De l’entendement quand il est scientifique : (3b).

3a. Le discours artistique

C’est une œuvre qui dit l’idéalité de la nature ou de la culture, il respecte préfé-

rentiellement les règles de l’harmonie, ce qui ne veut pas dire qu’il néglige pour

autant celles de l’ordre. Il est beaucoup plus l’expression de la passion qu’une manifestation de la raison. Il met plus volontiers l’accent sur la forme que sur le

sens et plus particulièrement sur le signifiant :

- Spatial des formes quand il est « poétique » : (4a).

- Ou temporel des formes s’il est « romantique » : (4b).

4a. Le discours poétique

C’est sans aucun doute celui qui participe le plus de la création, les Grecs

l’avaient déjà pressenti, poiêsis en grec signifie « création ». Ce discours privilé-

gie les formes dans l’espace, il est vertical, scalaire. Chaque vers d’un poème est

le degré virtuel d’un escalier mystique qui s’élève spirituellement de la terre

jusqu’au ciel. Il choisit préférentiellement l’harmonie des sons et des sens plutôt que l’ordre des choses et des causes. Le poème est une image sensorielle qui

s’entend plus qu’elle ne s’écoute, qui se voit plus qu’elle ne se lit, qui se sent plus

qu’elle ne se comprend. Comme il dissimule le sens virtuel de l’imaginaire dans

sa forme, le poème inspire la légèreté et l’évanescence d’une vision, d’une intui-

tion qui devine une conscience de l’univers, que chuchote la voix cosmique et

étrange des mots extraordinaires qu’il emploie.

Le discours poétique est une image musicale, il aime la parole, elle seule scande

le rythme des mots dans l’alternance des sons et des tons de la voix qui unissent

la chaire ondoyante des voyelles au squelette vibrant des consonnes. Elle seule

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L’harmonie de la grammaire - Des mots à la pensée - Le discours

165

chante leur qualité sonore dans sa mélodie, et leur quantité tonale dans une proso-

die où les rimes féminines répondent en écho à l’appel des rimes masculines.

Mais le poème ne vit pas que de rythme, comme toute chose il aspire à un équi-

libre qu’il retrouve toujours dans la régularité des strophes, et dans la symétrie

des formes et des figures, qui font aussi le charme du discours romantique.

4b. Le discours romantique

Ce discours privilégie les formes dans le temps, il est horizontal, linéaire. Chaque

ligne d’un roman est la trace réelle d’un chemin historique qui relie corporelle-ment le passé au futur. Il attire l’attention sur son histoire et s’intéresse plus au

sens de la lettre du mot qu’à celui de son esprit. Le roman est une image intellec-

tuelle, il se lit plus qu’il ne se voit, il s’écoute plus qu’il ne s’entend, il se com-

prend plus qu’il ne se sent. Il est une fiction de l’imaginaire qui utilise le sens réel

et tellurique des mots ordinaires pour dire le poids d’une histoire qui raconte

l’évidence d’une conscience de l’être. Le discours romantique est une image

picturale, il aime le livre parce qu’il y trouve son équilibre dans l’uniformité de

son thème, la régularité du ton de son récit, et la singularité du style de l’artiste.

Mais il n’est pas qu’une fresque immobile, il s’anime dans le rythme des évène-

ments qu’il enchaîne, dans les rebondissements de l’histoire qu’il raconte et dans

les surprises qu’il réserve. Ce sont là les attributs qui font toute la séduction du

roman aux dépens du discours scientifique.

3b. Le discours scientifique

C’est une œuvre de la raison qui dit la réalité de la culture ou de la nature. Il n’est

pas une image, il est un message qui dispense une connaissance s’appuyant sur

les règles de l’ordre. Il privilégie le sens sur la forme et s’attache plus au signifié :

- Des causes spirituelles quand il est « téléonomique » : (4a).

- Ou des choses matérielles quand il est « morphonomique » : (4b).

4a. Le discours téléonomique

Il traite de la culture et de l’esprit et trouve généralement sa source dans une

cause spirituelle. Il s’applique aux idées qui mènent le monde. C’est un discours

qui s’interroge sur la pensée d’une culture afin de la comprendre et éventuelle-

ment lui soumettre une perspective ou des directives d’ordre politique, juridique,

économique, sociologique, philosophique, moral ou religieux visant à transformer

les comportements individuels ou collectifs. Ce discours ne survit que s’il ren-contre un certain consensus dans la culture qu’il veut modifier. Initialement il

propose, il ne commande pas, mais s’il emporte l’adhésion d’une majorité, il

acquiert la force d’une croyance ou d’une conviction collective, la force d’une foi

ou d’une loi qui s’impose de facto à la minorité. Le discours téléonomique est un

discours du croire et du pouvoir.

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L’univers du Verbe

166

4b. Le discours morphonomique

Il traite de la nature et du corps et trouve généralement sa source dans les choses

matérielles. Il s’intéresse aux choses qui font le monde. C’est un discours qui

concerne préférentiellement les sciences exactes de la nature comme

l’astronomie, la mathématique, la physique, les sciences de la vie, etc. Quand ce

discours fait état d’une vérité, il se présente comme une évidence qui finira tou-

jours par s’imposer à l’ensemble d’une culture qui devra se soumettre. Le dis-

cours morphonomique est un discours du savoir et du devoir qui implique le monde même quand il l’explique, à la différence du discours pratique.

2b. Le discours pratique

Il ne fait qu’expliquer le monde, il n’est pas créateur, il est producteur. Il n’est

que l’exposé explicatif d’une connaissance. Comme il est conçu pour disparaître,

il est économique et rentable, et poursuit parfois la loi du moindre effort et du

profit. Trop souvent privé de la grandeur de l’esprit, il s’oublie au moment même

où il est compris, il est né pour mourir et dans la plupart des cas sa forme

s’évanouit dès que la pensée l’a conçu ou reçu. On rencontre ce type de discours

dans nombre de médias qui ont plus pour vocation de distraire que d’informer.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, tout anodin qu’il soit, le discours pratique recèle

parfois une intention artistique ou scientifique cachée qui le rapproche alors du discours complexe.

1b. Le discours complexe

La distinction entre discours théorique et pratique qui vient d’être présentée ne

suffit pas à épuiser complètement la question. Dans la plupart des cas le discours

est complexe, il mélange volontiers les genres, un discours scientifique prend

facilement une forme poétique, comme le poème de l’être de Parménide. A con-

trario un discours romantique peut, lui aussi, prendre une forme scientifique. Il est

illusoire de vouloir classer à tout prix le discours dans telle ou telle catégorie.

Néanmoins, un autre critère fondé non plus sur la conception objective du dis-

cours, mais sur sa réception subjective, devrait permettre de régler le problème. Au terme de l’expression d’un discours complexe, l’esprit récepteur l’analyse

finalement soit comme :

- Un discours ésotérique1 quand il ne l’a pas compris : (2a).

- Soit comme un discours exotérique2 quand il l’a compris : (2b).

2a. Le discours ésotérique

1 Du grec esôterikos : à l’intérieur, réservé aux adeptes. 2 Du grec exôterikos : au dehors, accessible à tous.

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L’harmonie de la grammaire - Des mots à la pensée - Le discours

167

S’il n’est pas compris le discours perd sa signification et retombe dans le nescient

de la pensée qu’il n’a pas su capter. Généralement ce type de discours est réservé

à quelques initiés, il prend n’importe quelle forme, la forme poétique des prévi-

sions de Nostradamus, la forme scientifique des discours universitaires, ou plus

simplement la forme pratique d’un message codé dans les petites annonces d’un

journal.

2b. Le discours exotérique Quand le discours complexe n’est pas reçu comme un discours simplement pra-tique destiné à l’oubli, il se présente globalement comme :

- Un discours passionnel qui s’adresse à l’âme : (3a).

- Ou un discours rationnel s’il s’adresse à l’esprit : (3b).

3a. Le discours passionnel

Le discours passionnel se conforme préférentiellement aux lois de l’harmonie, il

privilégie l’oralité, le rythme et la pluralité des idées dans le temps de la pensée.

Ses domaines de prédilection sont le chant, l’opéra, le théâtre et le cinéma qui

exercent un pouvoir de séduction irrationnel sur l’être humain. Ce discours est

conçu pour être senti instantanément et charnellement dans l’émotion. Puisqu’il

est temporel, il est par nature existentiel et éphémère.

3b. Le discours rationnel

Ce discours se plie aux lois de l’ordre, il préfère la littérarité et privilégie

l’équilibre et l’unité des idées dans l’espace de la pensée. Comme ce discours

s’adresse à la raison, il est conçu pour un esprit avide de simplicité et d’unité. La raison aime les constructions mentales logiques et rigoureuses, elle refuse le dis-

cours désordonné, inarticulé, et ne retient que l’ordre de deux ou trois choses.

L’esprit ne travaille bien que dans l’alternative du oui ou du non, mais il accepte

aussi ce qui s’oppose à cette alternative : le sens du peut-être qui associe le sens

du oui et du non. C’est probablement pourquoi la mémoire ne retient bien que

l’enchaînement de deux ou trois grandes idées qui s’opposent substantiellement et

consubstantiellement. C’est d’ailleurs là que se situe toute l’originalité du fameux

« plan » scolaire de nos devoirs de rédaction, véritable pont aux ânes de

l’enseignement français, qui fait toute l’originalité de notre logique, de notre

manière de penser et de voir les choses.

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LIVRE SECOND : LA GRAMMAIRE DU VERBE

La grammaire du verbe comporte deux volets :

- La morphologie qui s’intéresse à la forme du verbe : Chapitre I.

- Et la syntaxe qui s’occupe de sa fonction : Chapitre II.

CHAPITRE I : LA MORPHOLOGIE DU VERBE

Le verbe est la forme grammaticale de l’existence qui signifie la « modité ».

Ex. : Chanter.

Ce mot signifie une idée d’existence, une modité, c’est un verbe. En latin verbum

signifie « la parole ». La parole du verbe est la cause de l’ordre des mots dans l’univers du propos, sa forme est à la fois :

- Une forme spirituelle qui se nomme la forme « psychique» : (1A).

- Une forme corporelle phonique ou graphique qui correspond à sa forme phy-

sique : (1B).

1A. LA MORPHOLOGIE PSYCHIQUE

La morphologie psychique est la science du sens et de l’emploi d’une forme

grammaticale. Pour satisfaire à cette définition voyons :

- Le sens du verbe : (2A).

- L’emploi du verbe : (2B).

2A. LE SENS DU VERBE

Il se trouve contenu dans la forme :

- Du verbe ancillaire qui est employé pour « servir » le sens de l’existence à l’essence du sujet : (3A).

Ex. : Courir.

- Et dans celle du verbe auxiliaire, employé pour « secourir » accessoirement la conjugaison du verbe ancillaire : (3B).

Ex. : Avoir couru.

3A. LE SENS DU VERBE ANCILLAIRE

Le sens du verbe ancillaire évoque l’idée d’une « modité » qui ne s’exprime plei-

nement qu’au moment de l’emploi de son « mode ».

- Le sens de la modité se trouve contenu dans la forme abstraite d’un verbe d’état ou d’action qui figure dans le dictionnaire : (4A).

Ex. : Chanter.

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La grammaire du verbe

170

- Le sens du mode fait apparaître le sens concret des « modalités » qui s’ajoutent au sens de la modité : (4B).

Ex. : Chantera.

Les modalités qui figurent dans la désinence de ce verbe évoquent l’idée

d’existence d’une personne, dans l’espace réel et le temps futur de la pensée.

4A. LE SENS DE LA MODITE

Le sens de la modité du verbe ancillaire exprime l’idée de « réalité » de

l’existence d’une « personne ». Ce sens apparaît :

- Dans la forme de la personnalité du verbe : (5A).

- Et dans la forme de sa réalité : (5B).

5A. LA FORME DE LA PERSONNALITE DE L’ANCILLAIRE

Qu’est ce qu’une personne ? C’est un « être grammatical », une forme de

l’essence qui existe « en vérité » comme un sujet. Toute forme de l’essence qui

n’est pas un implément sujet ne fait qu’exister « en réalité » comme une « chose

grammaticale ».

La forme de la personnalité du verbe est impersonnalisée ou personnalisée :

- Elle est impersonnalisée si la « désinence » du verbe ne formule pas l’idée de la

personne qui existe.

Ex. : J’entends les oiseaux chanter.

La forme de l’essence les oiseaux montre qu’elle existe en vérité dans la forme du

verbe chanter, elle existe comme un être. Mais ce sujet est simplement « person-

nifié », comme s’il était encore une chose, il n’apparaît pas formellement dans la

désinence du verbe. - Elle est personnalisée si la désinence du verbe montre la personne qui existe.

Ex. : Les oiseaux chantent.

Dans cet exemple la forme de l’essence les oiseaux montre qu’elle existe en véri-

té comme un être dans la forme du verbe chanter. Mais ici le sujet est formelle-

ment « personnalisé » dans la désinence du verbe. Ce sujet doté de la personnalité

grammaticale prend une forme :

« Personnelle » s’il fait état de la qualité et de l’identité de sa personne : (6A).

« Impersonnelle » si elle fait seulement état de sa qualité : (6B).

6A. LA FORME PERSONNELLE

La forme psychique d’un verbe personnel signifie l’existence d’une personne qui

justifie de sa qualité et de son identité dans :

- Le sens qu’elle contient : (1a).

- Au moment de son emploi : (1b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

171

1a. Le sens personnel

Il exprime l’idée d’une :

Personne présente dont l’identité est connue et qui fait état de sa qualité de.

- Première personne grammaticale lorsque c’est elle qui parle :

Au singulier : Je chante.

Ou au pluriel : Nous chantons.

- Deuxième personne grammaticale lorsque c’est celle à qui l’on parle :

Au singulier : Tu chantes. Ou au pluriel : Vous chantez.

Ou d’une personne absente qui est celle dont on parle, et qui se nomme la

troisième personne grammaticale. Etant absente, elle doit justifier de son identité

en genre et en nombre :

- Dans la forme du pronom : si elle est connue :

Au singulier : Il ou elle chante.

Ou au pluriel : Ils ou elles chantent.

- Ou dans la forme du nom si elle est inconnue :

Au singulier : L’oiseau ou l’oiselle chante.

Ou au pluriel : Les oiseaux ou les oiselles chantent.

1b. L’emploi personnel

Il fait apparaître la distinction qui existe entre :

- Les verbes de sens personnel : (2a).

- Et les verbes de contresens personnel : (2b).

2a. L’emploi du sens personnel

Le verbe de sens personnel se conjugue avec les trois personnes du pronom per-

sonnel avec lesquelles sa forme ancillaire s’accorde :

- Soit existentiellement « en personne » et essentiellement « en nombre » dans

les formes ancillaires inachevées du « fait de l’existence ».

Ex. : Je chante, tu chantes, il chante, elle chante, nous chantons, vous

chantez, ils chantent, elles chantent.

- Soit essentiellement en « genre et en nombre » dans les formes ancillaires

achevées du « parfait de l’existence ».

Ex. : Je suis partie, tu es partie, elle est partie, nous sommes parties, vous êtes parties, elles sont parties.

2b. L’emploi du contresens personnel

C’est un verbe de sens impersonnel employé personnellement. Cet emploi assez

rare est habituellement réservé aux figures de rhétorique.

Ex. : Les coups pleuvaient.

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La grammaire du verbe

172

6B. LA FORME IMPERSONNELLE

La forme psychique d’un verbe impersonnel signifie l’existence d’une personne

qui justifie de sa qualité mais pas de son identité :

- Dans le sens qu’elle exprime : (1a).

- Au moment de son emploi : (1b).

1a. Le sens impersonnel

Ex. : Il pleut.

Le verbe pleuvoir signifie l’existence d’une personne qui n’a pas d’identité mais

qui justifie de sa qualité de troisième personne, c’est un verbe de sens imperson-

nel. Ces verbes expriment :

- Généralement un phénomène météorologique concret : Ex. : Il pleut, il vente, il neige, il grêle, il tonne, il bruine.

- Ou un phénomène psychologique abstrait :

Falloir exprime la nécessité, l’obligation, le besoin.

Ex. : Il faut partir.

Échoir signifie « ce qui est dévolu », « ce qui advient ».

Ex. : S’il y échet.

Apparoir n’est employé que dans le langage juridique pour signifier « ce qui

est évident » ou « manifeste ».

Ex. : Il appert que Monsieur X est parti sans laisser d’adresse.

Chaloir n’est plus guère employé que dans l’expression.

Ex. : Peu m’en chaut.

1b. L’emploi impersonnel

Il fait apparaître la distinction qui existe entre :

- Les verbes de sens impersonnel : (2a).

- Et les verbes de contresens impersonnel : (2b).

2a. L’emploi du sens impersonnel

Le verbe de sens impersonnel s’emploie toujours avec un pronom qui ne signifie

pas l’identité de la personne. Ce pronom est là pour rappeler qu’une personne

absente et sans identité, ne fait qu’exister « existentiellement ».

- Si cette personne est absente, c’est une troisième personne.

- Si elle n’a pas d’identité, elle n’a ni genre ni nombre. Or en français :

L’absence de genre prend la forme du masculin.

Et l’absence de nombre prend la forme du singulier.

Le sens impersonnel correspond au pronom monstratif de la troisième personne

du masculin singulier : il, et aux pronoms démonstratifs de contresens imperson-nel : ce, c’, ça.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

173

2b. L’emploi du contresens impersonnel

C’est un verbe de sens personnel employé impersonnellement.

Ex. : Il arrive des invités.

Les formes d’emploi du contresens impersonnel sont caractéristiques du français,

elles figurent globalement dans près de la moitié des énoncés de notre langue.

Leur rôle est fondamental :

- Autant dans la conformation du propos impersonnel : (3a).

- Que dans la configuration des locutions impersonnelles (3b).

3a. Le propos de contresens impersonnel

Le contresens impersonnel s’emploie toujours quand on ignore ou que l’on veut

ignorer l’identité de la personne qui existe, il est utile pour :

- Présenter une requête sans prononcer l’identité du destinataire. Ex. : Il faut payer ses impôts.

- Indiquer par des expressions courantes ce qui existe objectivement.

Ex. : Il était une fois. Il arrive, il convient, il se peut, etc.

- Ou dire ce qui n’est appréciable qu’en apparence.

Ex. : Il fait soleil, il fait beau, il fait jour, il se fait tard, etc.

3b. Les locutions de contresens impersonnel

Le contresens impersonnel est très utile dans les locutions formées avec :

- L’ancillaires être : (4a).

- Et l’ancillaire avoir : (4b).

4a. L’ancillaire être

Il sert à former des locutions avec il et ce.

Il, pronom monstratif impersonnel participe aux locutions :

- Il est. Ex. : Il est minuit. Il était une fois. Est-il bon de ne rien faire ?

- Il en est est une sorte de symétrique de il y a.

Ex. : Qu’il en soit ainsi.

- Il n’est que de, qui signifiait « il n’y a rien de tel que », est devenu un équiva-

lent de « il n’y a qu’à ».

Ex. : Il n’est que de dire la vérité pour que tout s’arrange.

Ce, pronom démonstratif de contresens impersonnel, participe aux locutions :

C’est, forme la plus simple, elle est employée :

- En propos énonciatif positif ou négatif. Ex. : C’est nous.

Ex. : Ce n’est pas les gens que nous attendions.

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La grammaire du verbe

174

- En propos annonciatif positif ou négatif, exclamatif ou interrogatif.

Soit dans un propos ordinaire.

Ex. : C’est beau ! Ce n’est pas bien ! Est-ce vous les heureux gagnants ?

N’est-ce pas vous les heureux gagnants ?

Ou ordonné par un adverbe ou un pronom annonciatif.

Ex. : Que c’est beau ! Où est-ce ? Quand est-ce ? Qui est-ce ? Qu’est-ce ?

C’est que est une proposition impersonnelle subordonnante conjonctive.

Ex. : C’est qu’ils seraient maladroits, ces imbéciles !

Est-ce que résulte de l’inversion de « c’est que » dans une interrogation :

- Totale.

Ex. : Est-ce que tu viens ?

Que est ici une conjonction qui introduit une subordonnée attribut du pronom ce.

- Ou partielle, si elle est ordonnée par un adverbe ou un pronom.

Ex. : Où est-ce que tu vas ? Quand est-ce que tu pars ?

Mais ce procédé est lourd, « Quand pars-tu ? » est plus élégant.

La locution est-ce que est utile pour éviter l’inversion du sujet, parfois impossible

avec je, pour des raisons d’euphonie.

Ex. : Est-ce que je rêve ? *Rêvé-je ?

Qu’est-ce que pose parfois un problème d’analyse délicat :

- Dans l’interrogation le premier que est certainement un pronom interrogatif, et

le second un pronom relatif qui a pour fonction d’être :

Attribut du sujet de la proposition subordonnée.

Ex. : Qu’est-ce que c’est ? (Le second que est attribut du sujet c’).

Ou objet du projet de la proposition subordonnée.

Ex. : Qu’est-ce que tu fais ? (Le second que est l’objet du projet faire).

- Mais dans l’exclamation le premier que n’est pas un pronom (le pronom ex-

clamatif que n’existe pas).

Ex. : Qu’est-ce que tu es belle !

Il semble bien que le premier que soit un adverbe exclamatif, et le second une conjonction. L’inversion du sujet ce, qui n’est pas habituelle dans l’exclamation,

pourrait alors s’expliquer par la présence de l’adverbe en tête de phrase (cf. :

Quand passent les cigognes.).

Qu’est-ce qui associe le pronom interrogatif que et le pronom relatif qui.

Ex. : Qu’est-ce qui est dans le pré ?

Cette locution fait porter la question sur un sujet non humain, elle équivaudrait à

des formulations qui n’existent pas : « *Qu’est dans le pré ? » ou à « *Quoi est

dans le pré ? ». Elle est obligatoire, sans qu’il soit possible d’exprimer autrement

la question qui porte sur autre chose qu’une personne.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

175

Qui est-ce qui associe le pronom interrogatif et le pronom relatif qui.

Ex. : Qui est-ce qui vous ennuie ?

Ici l’interrogation porte sur un sujet humain. « Qui vous ennuie ? ».

4b. L’ancillaire avoir

Il sert à former des locutions avec il et ça. :

Il, pronom monstratif impersonnel sert à former les locutions :

Il y a, c’est la locution la plus usitée et la plus mystérieuse de notre langue.

Que pourrait bien vouloir dire ce y indispensable à l’expression du contresens

impersonnel du verbe avoir ? Cette vaste question sera largement débattue lors de

l’étude de la forme vocale du verbe. En attendant, on voit que :

- Avoir est toujours de sens personnel quand il est employé avec le pronom il.

Ex : (1) : Il a une voiture dans le garage.

- Mais il prend immédiatement un contresens impersonnel s’il est précédé de y.

Ex : (2) : Il y a une voiture dans le garage.

Il n’y a qu’à signifie « il n’y a rien d’autre à faire que ».

Ex. : Il n’y a qu’à lui dire la vérité.

Ça, pronom démonstratif de contresens impersonnel, tend à remplacer le

pronom cela dans des locutions telles que :

Ex. : Ça a beaucoup d’avantages. Ça n’a pas que des avantages.

Avoir et être peuvent encore s’associer pour former des locutions :

- Enonciatives.

Ex. : C’est qu’il y a du monde au balcon.

- Ou annonciatives.

Ex. : Est-ce qu’il y a un pilote dans l’avion ?

5B. LA FORME DE LA REALITE DE L’ANCILLAIRE

La réalité d’une chose se conçoit par l’intermédiaire de la limite qui la matéria-

lise, par le biais de l’enveloppe qui la contient. La matérialité de l’existence se

trouve contenue dans la limite invisible d’une fin, et celle de l’essence dans la

limite visible d’une forme. La matière de l’existence est inapparente, mais « en

réalité », elle se confond dans l’essence pour profiter de l’apparence de sa forme,

en contrepartie de la fin qu’elle lui apporte.

Il en va de même dans la grammaire, le sens invisible de la fin de l’existence

s’invite dans l’essence de la forme du verbe. La forme d’existence du verbe ancil-

laire contient donc :

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La grammaire du verbe

176

- Un sens final pour dire « la présence » de l’existence dans la réalité : (6A).

- Un sens formel pour dire « l’évidence1 » de l’existence dans la réalité : (6B).

6A. LE SENS FINAL DE L’ANCILLAIRE

Le sens final du verbe ancillaire matérialise la présence de l’existence dans la

réalité, il correspond à ce que les grammairiens nomment « l’aspect ». Ce sens

montre l’existence en soi, dans l’absolu, indépendamment du temps, matérialisée

dans la limite d’une fin « téléologique » qui embrasse le sens de sa « perma-

nence » depuis son commencement qui marque « la fin de la non-existence »,

jusqu’à son achèvement qui marque « la fin de l’existence ». À l’intérieur de cette

enveloppe, la conception mentale de l’existence n’est pas évidente, elle n’a pas de

forme propre, elle ne fait qu’emprunter sa forme à l’apparence de l’état ou de l’action de l’essence de l’être. N’ayant pas de forme elle est physiquement et

psychiquement invisible, il est impossible de l’apprécier mentalement par

l’intermédiaire de nos sens (vue, audition, odorat, toucher). Mais l’existence n’est

pas une matière inerte, c’est une « force » en mouvement, dotée d’un dynamisme

propre et animée d’un rythme qui se sent et se conçoit dans la « cadence » d’une

reproduction continuelle de l’état d’existence de l’être.

Le sens final de l’ancillaire s’apprécie dans la forme :

- De la permanence de l’existence : (7A).

- Et dans celle de sa cadence : (7B).

7A. LA FORME DE LA PERMANENCE

La forme de la permanence d’un verbe est :

- « Perfective » lorsque son sens final est défini. Ce qualificatif vient du latin perfectus signifiant « parfait », il est employé pour montrer que le mouvement

de l’existence s’inscrit dans une durée limitée, parfaitement définie : (1a).

- « Imperfective » si son sens final est indéfini. Ici, le préfixe privatif montre que l’existence se déroule dans une durée qui n’est pas parfaitement limitée : (1b).

1a. La forme perfective Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens perfectif

Le verbe perfectif signifie l’idée d’une permanence définie de l’existence :

Ex. : Arriver, finir, trouver, naître, mourir, ouvrir, devenir, etc.

1 Ce mot doit être compris au sens de son étymologie latine ex videre qui signifie « pour voir ».

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

177

On ne peut pas naître, trouver ou ouvrir « indéfiniment », ces verbes de sens

perfectif montrent que la forme d’existence s’inscrit dans une durée déterminée.

2b. L’emploi perfectif

Il fait apparaître une distinction entre :

- Les verbes de sens perfectif.

- Et les verbes de contresens perfectif.

L’emploi du sens perfectif

Le sens de la permanence du verbe est souvent indécelable et n’apparaît qu’au

moment de son emploi. Par exemple, il est bien difficile de dire si le verbe passer

est perfectif ou imperfectif, ce n’est qu’au moment de son emploi que l’on dé-

couvre son sens perfectif. Ex. : Je passe à Paris.

Quand un verbe perfectif est employé au parfait du présent (le passé composé), le

sens de l’instant achevé de l’existence est senti comme un présent.

Ex. : Je suis arrivé.

Ex. : J’ai trouvé la solution du problème.

L’emploi du contresens perfectif

Un verbe de sens imperfectif prend facilement un contresens perfectif en fonction

du temps de sa conjugaison ou du contexte dans lequel il est employé. Par

exemple un verbe de sens imperfectif comme vivre prend automatiquement un

contresens perfectif :

- Au parfait du présent (passé composé). Ex. : Il a vécu.

- Ou encore en fonction du contexte.

Ex. : L’éphémère ne vit qu’un jour.

1b. La forme imperfective

On l’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens imperfectif

Le verbe imperfectif signifie l’idée d’une permanence indéfinie de l’existence.

Ex. : Etre, avoir, marcher, courir, savoir, espérer, rester, etc.

On peut aimer, savoir ou rester « indéfiniment ». Ces verbes de sens imperfec-

tif montrent une forme d’existence qui s’inscrit dans une durée indéterminée.

2b. L’emploi imperfectif

Il fait apparaître la distinction qui existe entre :

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La grammaire du verbe

178

- Les verbes de sens imperfectif.

- Et les verbes de contresens imperfectif.

L’emploi du sens imperfectif

Le sens imperfectif d’un verbe ne se manifeste souvent qu’au moment de son

emploi.

Ex. : Je passe mes vacances à Paris.

Quand ces verbes sont employés au parfait du présent (passé composé), l’instant

achevé de l’existence est plutôt senti comme un passé.

Ex. : J’ai pris mes vacances à Tahiti.

Ex. : J’ai cherché la solution du problème.

L’emploi du contresens imperfectif Un verbe de sens perfectif devient facilement imperfectif avec le temps de sa

conjugaison ou le contexte dans lequel il est employé. Par exemple un verbe

perfectif comme mourir prend facilement un contresens imperfectif :

- Au passé indéfini (imparfait). Ex. : Il mourrait.

- Ou encore en fonction du contexte. Ex. : Il se meurt lentement.

7B. LA FORME DE LA CADENCE

La forme de la cadence du verbe s’apprécie à l’aide des deux paramètres de la

mécanique ondulatoire que sont l’amplitude et la fréquence d’un mouvement

oscillatoire. Cette forme est :

- « Ampliative » si la cadence de l’existence se définit dans un seul temps : (1a).

- « Fréquentative » si sa cadence indéfinie a plusieurs temps : (1b).

1a. La forme ampliative

La forme psychique d’un verbe ampliatif exprime l’idée d’une cadence définie :

- Dans le sens qu’elle contient : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens ampliatif

Il n’a qu’un temps, on dit qu’il mesure la course de l’existence :

- Dans sa totalité s’il est ampliatif « cursif ».

- Ou partiellement quand il est ampliatif « décursif ».

Le sens cursif, ou encore « semelfactif », montre une course de l’existence :

- Instantanée. Ex. : Exploser, éclater, tomber etc.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

179

- Ou durative, en adoptant alors un sens qui sera :

Continuel si l’existence est conçue comme « en train » de se dérouler, surtout

si le suffixe du verbe est en « -iser ».

Ex. : Temporiser, familiariser, s’éterniser etc.

Ou progressif quand à l’idée de déroulement s’ajoute une idée d’ampliation

positive ou négative, ou encore une idée de « devenir », dans les verbes issus

d’adjectifs.

Ex. : Augmenter, diminuer etc.

Ex. : Blanchir, embellir, grandir, grossir, jaunir, pourrir, vieillir.

Le sens décursif montre le mouvement inaugural ou terminal de la course :

- Les verbes « incursifs » annoncent son commencement.

Ex. : Commencer, s’endormir, s’enlaidir etc.

- Les verbes « excursifs » annoncent son achèvement.

Ex. : Finir, cesser, achever, etc.

2b. L’emploi ampliatif

Le contexte suffit à rendre ampliatif n’importe quel verbe fréquentatif.

Ex. : Il commence à radoter.

1b. La forme fréquentative La forme psychique d’un verbe fréquentatif s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens fréquentatif

Le verbe fréquentatif signifie l’idée d’une cadence indéfinie de l’existence. Le

sens « itératif » à plusieurs temps de cette cadence se voit formulé dans :

- Le radical : ondul-er, rythm-er, cadenc-er, balanc-er, béga-yer.

- Le préfixe : re- (refaire, redire, reprendre, relancer).

- L’infixe : -aill- (crier, criailler), -ill- (fendre, fendiller), -on- (tâter, tâtonner), -

ot- (cligner, clignoter).

- Le suffixe : -eter (feuilleter), -oter (radoter), -iller (sautiller).

2b. L’emploi fréquentatif

Ici aussi, le contexte suffit à rendre fréquentatif n’importe quel verbe ampliatif. Ex. : La pluie n’arrête pas de tomber.

Ex. : Il s’endort après chaque repas.

Ex. : Elle vient souvent nous voir.

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La grammaire du verbe

180

6B. LE SENS FORMEL DE L’ANCILLAIRE

Le sens de l’existence du verbe ancillaire n’est pas seulement matérialisé dans la

limite d’une fin, il l’est aussi dans la limite d’une forme. Celle-ci contient deux

sens qui s’opposent :

- Celui d’une « voix » qui commande la vérité de l’être. Ce sens fait face au sujet, il s’exprime dans la « forme vocale » du verbe : (7A).

- Et celui d’une « voie » qui accommode la réalité des choses avec lesquelles l’être pourrait se trouver en rapport. Ce sens qui tourne le dos au sujet

s’exprime dans la forme vectrice du verbe : (7B).

7A. LA FORME VOCALE

La voix du verbe ordonne la vérité de l’être grammatical conformément au prin-

cipe de commandement (Voir p11). Pour se faire entendre elle prend une forme :

- Evocative quand elle dit l’existence d’un être formel : (8A).

Ex. : Jules travaille.

- Invocative lorsqu’elle dit l’existence d’un être informel : (8B).

Ex. : Travaille !

8A. LA VOIX EVOCATIVE

Cet être grammatical qui se nomme le sujet, répond aux questions essentielles :

qui est-ce qui (?) s’il est un être lexical ou qu’est-ce qui (?) s’il est une chose

lexicale. Ex. : Jules est gentil. / Qui « est-ce qui est » gentil ? - Jules.

Et l’on voit immédiatement que la voix du verbe :

- Dit la vérité si elle ordonne l’existence d’un sujet personnel qui se voit : (9A). Ex. : Jules chante.

- Mais elle dissimule la vérité lorsqu’elle ordonne celle du sujet impersonnel qui ne se voit pas : (9B).

Ex. : Il pleut.

9A. LA VOIX PERSONNELLE

La voix personnelle dit l’existence d’un être qui se montre. Sa forme est :

- Univoque lorsqu’elle signifie l’action « ou » l’état du sujet, et qu’elle se con-jugue avec l’auxiliaire avoir : (1a).

- Équivoque quand elle signifie l’action « et » l’état du sujet, et qu’elle se con-jugue avec l’auxiliaire être : (1b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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1a. La forme univoque

La forme psychique d’un verbe univoque signifie l’action « ou » l’état du sujet :

- Dans le sens qu’elle contient : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens univoque

Le verbe de sens univoque n’exprime que :

- Le sens essentiel d’un état : (3a).

- Ou le sens existentiel d’une action : (3b).

3a. Le sens univoque de l’état

Le verbe d’état signifie la manière d’être de « l’essence » du sujet. Le sens de cet

état « essentiel » s’exprime différemment dans la forme du verbe être et dans

celle des verbes d’état ordinaires.

Le sens du verbe être

Le verbe être exprime l’idée d’une forme d’existence inanimée, statique. Il pos-sède une forme ancillaire qu’il faut distinguer de sa forme auxiliaire :

- L’ancillaire être dit l’état essentiel du sujet, avec un sens :

Assessif lorsqu’il signifie « exister ».

Ex. : Jules est un enfant heureux.

Possessif lorsqu’il signifie « posséder ».

Ex. : Le livre est à Jules.

- L’auxiliaire être ne dit pas l’état du sujet, il consacre son sens au verbe ancil-

laire qui l’accompagne. Il signifie l’état essentiel du projet.

Ex. : Julie est partie.

Le sens des verbes d’état ordinaires À l’idée d’état, ils ajoutent une nuance de sens : concret (paraître), abstrait (sem-bler), actif (devenir), ou inactif (rester).

3b. Le sens univoque de l’action

Le verbe d’action signifie « l’existence » animée et vivante de son sujet. Ce sens

« existentiel » ne s’exprime pas de la même façon dans la forme du verbe avoir et

dans celle des verbes d’action ordinaires.

Le sens du verbe avoir : c’est le premier des verbes d’action, il formule

l’action la plus simple qui soit : celle d’un état existentiel. Sa forme ancillaire se

distingue aussi de sa forme auxiliaire :

- L’ancillaire avoir dit l’état existentiel du sujet, avec un sens : Assessif lorsqu’il signifie « exister ».

Ex. : Jules a faim.

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La grammaire du verbe

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Possessif lorsqu’il signifie « posséder ».

Ex. : Jules a un livre.

- L’auxiliaire avoir signifie l’état existentiel du projet.

Ex. : Jules a changé.

Le sens des verbes d’action ordinaires. Il exprime l’idée d’une forme

d’existence « existentielle », animée. Les formes de l’action se comprennent dans

un sens large : concret (chanter), abstrait (penser), actif (marcher) ou même inac-

tif (stationner), etc. La catégorie des verbes d’action est de loin la plus importante des formes d’existence. Les formes sont variées, elles sont aussi bien :

- Physiques que psychiques : Parler, rêver.

- Mentales que sentimentales : Penser, aimer.

- Dynamiques que statiques : Marcher, attendre.

- Actives que passives : Donner, recevoir.

- Commissives qu’omissives, etc. : Voter, s’abstenir.

2b. L’emploi univoque

Il fait apparaître l’opposition qui existe entre :

- Les verbes de sens univoque : (3a).

- Et les verbes de contresens univoque : (3b).

3a. L’emploi du sens univoque

L’emploi du verbe d’état

Le verbe d’état est parfois employé avec le contresens de l’action. Ex. : Je pense donc je suis. (Je vis, j’existe).

L’emploi du verbe d’action

Outre l’ancillaire avoir, quelques verbes ordinaires sont parfois employés avec le

contresens de l’état.

Ex. : Le salon donne sur la cour. Deux et deux font quatre. Il fait le malin.

3b. L’emploi de contresens univoque

Il concerne le verbe de sens équivoque :

Existentiel, conjugué avec l’auxiliaire avoir : - On ne dit jamais « *J’ai tombé, j’ai resté ou j’ai sorti ».

Pourtant Victor Hugo s’est permis :

Ex. : Comme une toile d’araignée sur laquelle la pluie a tombé.

On trouve chez Montaigne :

Ex. : J’ai resté plus d’un an en Italie.

Et Madame de Sévigné :

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

183

Ex. : Je n’ai point sorti.

- Mais on dit régulièrement :

Ex. : Nous avons convenu de ce délai.

Alors que le verbe de sens équivoque existentiel convenir devrait se conjuguer

normalement avec l’auxiliaire être, comme tous les verbes issus de venir.

Ex. : Nous sommes convenus de ce délai.

Cet emploi est d’ailleurs obligatoire à la forme impersonnelle :

Ex. : Il est convenu de ce qui suit.

Essentiel, employé sans pronom équivoque :

- Et sans auxiliaire : On ne dit pas « *Il évanouit ». Cependant quelques auteurs

n’ont pas hésité :

Gide avec se moquer :

Ex. : L’action moque la pensée.

JP Chabrol avec se soucier et se prosterner.

Ex. : Ce qui le souciait peu.

Ex. : La religion prosterne l’homme devant la divinité.

Verlaine avec s’exclamer :

Ex. : Mais si je veux, exclame-t-elle, être damnée.

- Et avec l’auxiliaire avoir :

Ex. : On l’a agenouillé. - Ou avec l’ancillaire faire :

Ex. : Il fait évader les prisonniers.

1b. La forme équivoque

La forme psychique d’un verbe « équivoque » exprime l’idée de l’action « et » de

l’état du sujet :

- Dans le sens qu’elle contient : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens équivoque

Le sens équivoque de l’action et de l’état du sujet se dissimule :

- Dans la forme « d’existence » du verbe, expliquant pourquoi elle prend le nom de forme équivoque existentielle : (3a).

- Ou dans la forme de « l’essence » d’un pronom qui signifie l’état du sujet, expliquant pourquoi elle s’appelle la forme équivoque essentielle : (3b).

3a. Le sens équivoque existentiel

Qu’ils soient verbes d’action ou verbes d’état, les verbes de sens équivoque exis-

tentiel signifient tous l’idée d’une action qui s’exerce en faveur de l’état du sujet.

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La grammaire du verbe

184

Les verbes d’action équivoque contiennent une idée d’état dissimulé dans

l’action. Cette action indique :

- Le mouvement actif de l’état, c’est-à-dire le transport de l’état du sujet : Aller, arriver, échoir, partir (repartir), tomber (retomber), venir (et ses déri-

vés : advenir, intervenir, parvenir, provenir, revenir, survenir).

- Ou le mouvement passif de l’état du sujet : Naître, mourir, décéder.

Les verbes d’état équivoque contiennent une idée d’action dissimulée dans

l’état. Cette action montre :

- Le mouvement actif de l’état : Devenir.

- Ou le mouvement passif de l’état : Rester.

3b. Le sens équivoque essentiel

Les verbes de sens équivoque essentiel disent aussi l’état et l’action du sujet.

Mais ici le sens de l’état n’est pas dissimulé dans la forme du verbe, il est apporté

par la forme d’un pronom personnifié de la même personne que le sujet.

Ex. : Je m’absente. Le premier pronom dit « pronom univoque » montre l’état « existentiel » du sujet

dans l’action, alors que le second, nommé « pronom équivoque », est là pour

montrer l’état « essentiel » du sujet dans l’action. Cet état correspond exactement

à l’identité du sujet, deux exemples suffiront pour s’en convaincre :

Ex. : (1) : Il appelle Jules.

Ex. : (2) : Il s’appelle Jules.

On voit que l’apparition du pronom équivoque s’ suffit à capter l’identité de

l’objet Jules en (1) au profit du sujet en (2). Le sens du verbe équivoque essentiel

montre que le sujet est non seulement « existentiellement » concerné par l’action

grâce à son pronom univoque, mais aussi et surtout « essentiellement » concerné

par cette action, qu’il entend exercer au profit de son identité, de son état, pour

lui-même ou sur lui-même. Les verbes de sens équivoque essentiel sont en nombre limité : S’absenter, s'abs-

tenir, s'abstraire, s'accouder, s'accoupler, s'accroupir, s’affairer, s’arroger, se

bagarrer, se blottir, se chamailler, se déjuger, se démener, s’ébattre s’écrier

s’écrouler, s’efforcer, s’égosiller, s’emparer, s’empresser, s’enferrer, s'enfuir,

s’ensuivre, s’entêter, s’entraider, s’entremettre, s’entretuer, s’envoler, s’évader,

s’évanouir, s’esclaffer, s’évertuer, s’exclamer, s’extasier, s’ingénier, s’insurger,

se méfier, se méprendr, se moquer, se mutiner, se pâmer, se raviser, se rebeller,

se rebiffer, se récrier, se repentir, se ruer, se souvenir, se suicider, etc.

2b L’emploi équivoque

Il met en évidence l’opposition qui existe entre :

- Les verbes de sens équivoque : (3a).

- Et les verbes de contresens équivoque : (3b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

185

3a. L’emploi du sens équivoque

Existentiel. Le verbe de sens équivoque existentiel se conjugue toujours avec

l’auxiliaire être qui est le seul à pouvoir révéler l’état essentiel de l’existence du

sujet qui se trouve dissimulé dans la forme du verbe.

Ex. : Elle est partie.

Le verbe équivoque existentiel est parfois employé avec un pronom équivoque

dans le contresens équivoque essentiel.

Ex. : Je m’en vais. Madame se meurt.

Essentiel. Ces verbes s’emploient toujours avec un pronom conjoint qui fait

intégralement partie de leur conjugaison. Ils se conjuguent aussi avec l’auxiliaire

être, le seul à pouvoir montrer l’état essentiel de l’existence du sujet.

Ex. : Elle s’est assise.

Si la forme du verbe est surcomposée l’auxiliaire être reste attaché au pronom

équivoque, tandis que l’auxiliaire avoir se place après lui.

Ex. : Elle s’est eu assise.

Les verbes équivoques essentiels employés sans pronom équivoque, peuvent :

- Disparaître.

Ex. : Il s’empare du château / *Il empare du château.

- Changer de sens. Ex. : Il s’agit / Il agit.

- Perdre leur forme grammaticale et devenir un adjectif qualificatif s’ils sont

employés avec l’ancillaire être.

Ex. : Il est évanoui. Il est évadé.

3b. L’emploi de contresens équivoque

Le contresens équivoque suppose qu’un verbe de sens univoque soit capable

d’exprimer le sens de l’action « et » de l’état, s’il est employé avec :

- L’auxiliaire être dans le contresens équivoque existentiel.

- Un pronom équivoque dans le contresens équivoque essentiel.

On voit que, dans un cas comme dans l’autre, le contresens équivoque consiste à apporter au verbe univoque le sens d’un état essentiel qui se trouve contenu dans

le pronom équivoque ou dans celui de l’auxiliaire être. Il s’ensuit que les verbes

univoques qui ne peuvent recueillir le sens de cet « état essentiel » se verront

automatiquement exclus du contresens équivoque. C’est le cas pour :

- 1. Les verbes de sens impersonnel qui ne sont pas programmés pour reconnaître

l’identité de leur sujet, et qui sont inaptes à l’emploi du contresens :

Equivoque essentiel avec un pronom équivoque, on ne dit pas :

Ex. : *Il se pleut.

Ou équivoque existentiel avec l’auxiliaire être, on ne dit pas :

Ex. : *Il est plu.

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La grammaire du verbe

186

- 2. Les ancillaires d’état qui signifient déjà, par nature, l’état essentiel du sujet

sont incapables de prendre un contresens équivoque essentiel par l’intermédiaire

du pronom équivoque.

Ex. : On ne dit pas : *Il se semble, *il se paraît, *il se devient.

- 3. L’ancillaire avoir qui signifie exclusivement l’état existentiel de son sujet se

trouve évidemment dans l’incapacité de dire aussi son état essentiel.

Ex. : On ne dit pas : *Il s’a une voiture.

Lorsqu’un verbe univoque endosse le contresens équivoque, il est :

- De contresens équivoque existentiel : (4a).

- Ou de contresens équivoque essentiel : (4b).

4a. Le contresens équivoque existentiel Certains verbes d’action se conjuguent avec l’auxiliaire être et prennent un con-

tresens équivoque existentiel s’ils sont de sens intransitif ou employés intransiti-

vement. Ils signifient alors une idée d’état dans l’action qui résulte :

- D’un mouvement actif de l’état que l’on rencontre avec :

Des verbes intransitifs : accourir, alunir, amerrir, atterrir, demeurer, divor-

cer, échapper, éclater, éclore, entrer, exploser, faillir, monter, paraître, (ap-

paraître, disparaître), rentrer, ressusciter, résulter, sortir (ressortir), etc.

Ex. : Il a monté la valise (Sens univoque de l’action).

Ex. : Il est monté (Contresens équivoque existentiel).

Et des verbes transitifs employés intransitivement (contresens intransitif) :

aborder, accoucher, accroître, augmenter, avorter, baisser, commencer,

changer, descendre, échouer, finir, passer, prendre, retourner, (ainsi que l’ancillaire être employé avec le contresens du verbe aller), etc.

Ex. : Le temps a passé (Sens univoque de l’action).

Ex. : Le temps est passé (Contresens équivoque existentiel).

- Ou d’un mouvement passif de l’état, avec des verbes comme :

Croître, dégénérer, empirer, expirer, etc.

Et des verbes issus d’adjectifs employés intransitivement au sens de « évo-

luer » : embellir, vieillir, rajeunir, grandir, maigrir, grossir, blanchir, jaunir,

etc.

Ex. : Le papier a jauni (Sens univoque de l’action).

Ex. : Le papier est jauni (Contresens équivoque existentiel).

Conjugués avec l’auxiliaire avoir, ces verbes conservent leur sens univoque

indiquant que l’action est achevée.

Ex. : Le livre a paru hier. Jules a changé. Le bateau a échoué. L’année a

commencé. Il a demeuré longtemps à Paris (Au sens « d’habiter »).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

187

Conjugués avec l’auxiliaire être ces verbes acquièrent un contresens équi-

voque existentiel indiquant l’état qui résulte d’une action achevée. L’auxiliaire

être signifiant l’état, et l’ancillaire définitif l’action achevée.

Ce mécanisme se conforme à une règle qui ne connaît pas d’exception.

- La règle est que le verbe d’action univoque employé avec l’auxiliaire être,

devient un verbe de contresens équivoque signifiant l’état et l’action achevée.

Sans changement de sens.

Ex. : Le livre est paru hier. Jules est changé. Le bateau est échoué.

L’année est commencée. Ou avec changement de sens.

Ex. : Il est demeuré muet. (Au sens de « rester »).

- L’exception à cette règle n’est qu’apparente. On pourrait penser que pa-

raître conjugué avec l’auxiliaire avoir ou être, exprime toujours l’action achevée :

Ex. : Le livre est paru hier. L’enfant a paru heureux.

Mais on voit qu’ici paraître n’a pas le même sens dans les deux exemples. Dans

le premier, il signifie « la parution » du livre, c’est un verbe d’action de contre-

sens équivoque existentiel (Le livre a paru hier, le livre est paru hier.). Mais dans

le second, il signifie « l’apparence » de l’enfant c’est un verbe d’état univoque

toujours employé avec l’auxiliaire avoir.

4b. Le contresens équivoque essentiel Le verbe de contresens équivoque essentiel est un verbe d’action univoque qui se

conjugue avec deux pronoms de la même personne. Le « pronom univoque » est

toujours sujet, alors que le « pronom équivoque » peut être sujet ou objet. Le

contresens équivoque essentiel sera :

- Subjectif si le pronom équivoque est sujet : (5a).

- Objectif quand il est objet : (5b).

5a. Le contresens équivoque subjectif

Il emploie deux pronoms sujets. L’un montre que le sujet « existe » dans l’action,

et l’autre qu’il « existe » dans l’état. Ce contresens équivoque subjectif est :

- Actif si le pronom univoque exerce l’action et qu’il est « sujet subjectif ».

- Passif s’il exerce l’état en tant que « sujet objectif ».

Le contresens équivoque actif est le frère jumeau du sens équivoque essen-

tiel. Quelques verbes univoques capables de signifier ce contresens perdent leur

sens quand ils deviennent équivoques actifs et deviennent de ce fait

d’authentiques verbes de sens équivoque essentiel.

Ex : (1) : Jules attend un ami.

Ex : (2) : Jules s’attend à une bonne nouvelle. Le verbe univoque attendre (1) change de sens dès qu’il est équivoque (2).

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La grammaire du verbe

188

Les verbes qui changent de sens sont en nombre limité : S’agir, s’adonner,

s’apercevoir, s’acharner, s’attaquer, s’attendre, s’avérer, se douter, s’ennuyer,

se jouer, se morfondre, se plaindre, se prévaloir, se rire, se saisir, se trouver, etc.

Mais il existe aussi beaucoup de verbes qui conservent leur sens : S’amener,

s’affilier, s'asseoir, se baisser, se balader, se coucher, se déchausser, se déserti-

fier, se dessaisir, se dessiner, s’élargir, s’endormir, s’interposer, se lever, se

lover, se marier, se pelotonner, se percher, se préciser, se prémunir, se présenter,

se promener, se servir, se solidariser, etc.

L’analyse du contresens équivoque actif repose sur trois exemples : Ex : (1) : Jules promène son chien.

Ex : (2) : *Jules promène lui-même.

Ex : (3) : Jules se promène.

Dans ces exemples Jules est le sujet. On voit que l’objet son chien peut être ma-

ladroitement paraphrasé par lui-même en (2), ou mieux par le pronom conjoint se

en (3). Le pronom se est donc un objet qui se comporte aussi comme un sujet, il

mérite le nom de « sujet objectif », et le vrai sujet Jules prendra le nom de « sujet

subjectif » pour ne pas être confondu avec lui. Le sujet subjectif univoque Jules

exerce l’action, il est le « sujet actif ». Le sujet objectif équivoque se exerce l’état

passif de Jules dans l’action, il est le « sujet passif ».

Le contresens équivoque passif C’est de loin le plus complexe. Les verbes capables de supporter ce contresens ne

changent pas de sens quand ils sont employés de cette manière : se négocier, se

vendre, se dire, se faire, se donner, se jouer, se livrer, etc. Dans cette forme de

contresens, c’est le pronom univoque (ou le nom) qui se trouve être le sujet objec-

tif alors que le pronom équivoque joue le rôle du sujet subjectif.

Ex. : Les citrons se vendent très cher cette année.

L’accord du verbe montre que le sujet citrons existe dans l’action. Mais ce sujet

n’exerce pas l’action, ce ne sont pas les citrons « qui vendent » ! S’il n’est pas en

situation d’exercice actif de l’action, alors il s’y trouve en situation d’exercice

passif de son état comme un sujet objectif. Le pronom équivoque se ne peut plus

être que le sujet subjectif qui exerce cette action à notre insu en tant que « sujet actif ». On a l’impression que le pronom équivoque a transmis au sujet citrons le

sens de l’exercice passif de l’état dont il est porteur, pour prendre à sa charge

l’exercice actif de l’action. Ce contresens passif présente l’avantage de montrer

un sujet qui exerce « passivement » l’action de se vendre lui-même.

Ex : (1) : On vend les citrons très cher cette année.

Ex : (2) : Les citrons sont vendus très cher cette année.

Ex : (3) : Les citrons se vendent très cher cette année.

Le contresens équivoque passif montre que les citrons ne sont plus un objet passif

(1), ni même un sujet passif dans l’état qu’il subit (2), mais un sujet passif dans

l’action qu’il exerce (3).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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5b. Le contresens équivoque objectif

Dans cette forme d’emploi, le sujet existe dans l’exercice de l’action en tant que

sujet et dans l’exercice de l’état en tant qu’objet. Le pronom équivoque est chargé

de signifier cette fonction d’objet avec un sens :

- Réfléchi s’il subit activement l’action comme un « objet subjectif ».

- Réciproque s’il subit passivement l’action en tant « qu’objet objectif ».

Le contresens équivoque réfléchi

Cette forme de contresens montre un sujet qui exerce une action sur lui-même : se

couper, se regarder, se gratter, se mirer, se pourlécher, etc.

Ex. : Jules se regarde dans la glace.

Le sujet subjectif Jules exerce l’action de regarder et le pronom équivoque se

montre que Jules est aussi l’objet de ce regard. Cet objet qui se trouve être la même personne que le sujet mérite le nom « d’objet subjectif ». Mais cet objet est

aussi un objet qui regarde, c’est un « objet actif » qui subit activement l’action.

Le contresens équivoque réciproque

C’est avec lui que le sens « équivoque » prend toute sa mesure. Il est tellement

équivoque qu’il n’est pas toujours possible de l’employer sans précision, au

risque de ne pas être compris. Le contresens équivoque réciproque montre que

deux (ou plusieurs) sujets peuvent exercer une action :

- « L’un après l’autre » : Ex. : Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

- « L’un et l’autre » : Ex : (1) : Pierre et Jules se sont acheté un cadeau.

- « L’un envers l’autre » : Ex : (2) : Pierre et Jules se sont acheté un cadeau l’un pour l’autre.

En (1) la voix du verbe pourrait être réfléchie ou réciproque, on pourrait penser

que Pierre et Jules se sont acheté chacun un cadeau pour eux-mêmes ou qu’ils se

sont acheté un cadeau l’un pour l’autre. En (2) elle est franchement réciproque

compte tenu de la précision qui a été apportée. L’incertitude inhérente à cette voix tient au sens du pronom équivoque. Ici, le

sujet n’exerce pas l’action sur lui-même, il n’est pas l’objet de son action, il n’est

que l’objet de l’action de l’autre, il est passif dans son état d’objet, comme le

montre cet exemple.

Ex. : Ils se sont regardés.

Le sujet subjectif ils exerce l’action contre l’objet se qui n’est pas la même per-

sonne que le sujet (« Ils » ne se regardent pas eux-mêmes.). Certes, cet objet

exerce aussi l’action de regarder le sujet, mais il est d’abord l’objet du regard du

sujet, il est passif dans son état d’objet, c’est un authentique « objet objectif » qui

subit passivement l’action, et qui mérite le nom « d’objet passif ».

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La grammaire du verbe

190

9B. LA VOIX IMPERSONNELLE

La voix impersonnelle dit l’existence d’un être qui se cache.

Ex. : Il pleut.

Le pronom impersonnel il signifie l’idée d’un être qui « n’est pas », mais qui

« est » en vérité, « ce qui sera » en réalité.

Ex. : Il pleut des hallebardes.

Le pronom impersonnel il sera en réalité cette chose : des hallebardes.

Comme partout ailleurs cette voix est :

- De sens impersonnel : (1a).

- Ou de contresens impersonnel : (1b).

1a. La voix de sens impersonnel Elle dit l’existence d’une personne qui n’a pas d’identité, pas « d’état essentiel ».

Cette personne n’existe que dans « l’état existentiel » de l’action.

Ex. : Il pleut.

Le verbe de sens impersonnel ne connaît que la troisième personne, il ne pourra

jamais prendre la voix invocative du mode injonctif.

Ex. : *Pleut !

Et comme il ignore l’état essentiel du sujet, il ne pourra jamais formuler :

- La voix univoque de l’état : les verbes d’état impersonnel n’existent pas.

- Ou la voix équivoque :

Existentielle : on ne dit jamais :

Ex. : * Il est plu.

Ou essentielle : On ne dit jamais : Ex. : * Il se pleut !

1b. La voix de contresens impersonnel

Contrairement au verbe de sens impersonnel qui n’est pas programmé pour re-

connaître l’identité de son sujet, le verbe de sens personnel, lui, la reconnaît.

Cette faculté il la conserve, même quand il prend un contresens impersonnel, ce

qui l’autorise à dire l’état essentiel du sujet autant dans :

- La voix univoque : (2a).

- Que la voix équivoque : (2b).

2a. La voix univoque de contresens impersonnel

Examinons les deux formes du contresens impersonnel de la voix univoque :

- Celle de l’état : (3a).

- Et celle de l’action : (3b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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3a. La voix univoque de l’état de contresens impersonnel

Le verbe d’état dit l’état essentiel de son sujet. Il est donc théoriquement inapte à

dire l’état existentiel d’un sujet impersonnel. La pratique démontre le contraire :

Ex : (1) : Il a une histoire à raconter. (Il, mis pour « Jules »).

Ex : (2) : Il est une histoire à raconter.

En (2) la substitution de l’ancillaire avoir par être provoque automatiquement

l’apparition du sens impersonnel du pronom il. Ces deux exemples étant formulés

avec des mots identiques dans un système clos, être pourrait être responsable de

la disparition de l’identité de il. Mais être est par excellence le verbe de l’identité du sujet ! Il faut donc chercher ailleurs le responsable de cette transformation. Il

n’en reste qu’un : le mot histoire, dont on voit qu’il occupe la fonction d’un attri-

but nominatif du sujet impersonnel en (2). Or cet attribut ne peut pas signifier

l’identité de son sujet impersonnel puisque celui-ci n’en a pas. N’ayant plus rien à

dire, l’ancillaire être a pris un contresens impersonnel pour signifier l’état existen-

tiel sans identité de son sujet impersonnel.

3b. La voix univoque de l’action de contresens impersonnel

Le verbe d’action dit l’état existentiel de son sujet dans l’action. Il est théorique-

ment toujours apte à dire l’état existentiel d’un sujet impersonnel.

Ex : (1) : Il règne sur la France. (Il, mis pour « le roi »).

Ex : (2) : Il règne une mauvaise ambiance. C’est la substitution de la fonction du nom France au profit de celle du nom am-

biance qui est responsable du rapt de l’identité du pronom impersonnel en (2).

Pour bien comprendre, il faut se souvenir qu’en (1) il est un pronom personnel

qui justifie de son identité (son état essentiel) et de sa qualité (son état existen-

tiel). Or en (2), le verbe régner ne dit pas l’existence du pronom il mais celle du

nom ambiance : qu’est-ce qui règne ? C’est la mauvaise ambiance qui règne. Le

nom ambiance s’est emparé de l’identité (l’état essentiel) du pronom il, pour ne

lui laisser que la qualité (état existentiel) d’un pronom impersonnel. Le verbe

d’action régner étant programmé pour dire l’état existentiel de son sujet, il ne voit

aucun inconvénient à cette substitution de personnalité.

2b. La voix équivoque de contresens impersonnel

Le contresens impersonnel concerne les deux formes de la voix équivoque :

- La voix équivoque existentielle : (3a).

- Et la voix équivoque essentielle : (3b).

3a. Le contresens impersonnel équivoque existentiel

Le verbe d’action conjugué avec l’auxiliaire être reste toujours un verbe d’action

programmé pour dire l’état existentiel de son sujet. Il est théoriquement toujours

apte à dire l’état existentiel d’un sujet impersonnel. La pratique le confirme :

Ex : (1) : Il tombe. (Il, mis pour « un enfant »).

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La grammaire du verbe

192

Ex : (2) : Il tombe des grêlons.

En (2) le nom les grêlons provoque l’apparition du contresens impersonnel. Le

mécanisme qui joue ici est exactement le même que précédemment. Ce sont les

grêlons qui tombent ! Ils se sont emparés de l’identité du pronom personnel en (1)

pour ne lui laisser que la qualité d’un pronom impersonnel en (2).

3b. Le contresens impersonnel équivoque essentiel

On sait que la forme équivoque essentielle prend un sens :

- Subjectif si le pronom équivoque est sujet : (4a).

- Objectif quand il est objet. Or l’objet équivoque se situe toujours dans un état essentiel que la voix impersonnelle est incapable de formuler, elle signifie tou-

jours l’état existentiel du sujet. La grammaire a su résoudre cette contradiction

en imaginant la voix de contresens équivoque de « il y a » et « il en est ». (4b).

4a. Le contresens impersonnel équivoque essentiel subjectif

La voix équivoque subjective utilise deux sortes de sujets univoques :

- L’un est actif dans le pronom univoque « sujet subjectif ».

- L’autre est passif dans le pronom univoque « sujet objectif ».

Le contresens impersonnel équivoque actif Ici la méthode d’analyse comparative demande deux étapes.

Ex : (1) : Il passe les plats. (Il, mis pour « Jules »).

Ex : (2) : Il passe un silence.

Ex : (3) : Il se passe un silence.

Entre (1) et (2) c’est la substitution de la fonction du nom plats au profit du nom

silence qui est responsable du rapt de l’identité du pronom personnel en (1). On

voit qu’en (2), le verbe passer ne dit pas l’existence du pronom il mais celle du

nom silence : qu’est-ce qui passe ? C’est le silence qui passe. Le nom silence

s’est emparé de l’identité du pronom il, pour ne lui laisser que la qualité d’un pronom impersonnel.

Entre (2) et (3) on voit que le pronom équivoque se n’est pas à l’origine du rapt

de l’identité du pronom il qui s’est produit à l’étape précédente. Il est seulement à

l’origine d’une voix équivoque essentielle active dans laquelle :

- Le pronom impersonnel univoque il est le sujet subjectif actif.

- Le pronom impersonnel équivoque se est le sujet objectif passif.

Le contresens impersonnel équivoque passif La démonstration est plus simple :

Ex. :(1) : Il vend des citrons au marché. (Il, mis pour « Jules »).

Ex. :(2) : Il se vend des citrons au marché. L’apparition du pronom se provoque immédiatement la transformation du propos

personnel (1) en propos impersonnel (2). Se est le seul responsable de la capture

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

193

de l’identité du pronom personnel. Si l’on se réfère au modèle de la voix équi-

voque passive on en déduit que dans le contresens équivoque passif :

- Le pronom impersonnel univoque il est le sujet objectif passif.

- Et le pronom impersonnel équivoque se est le sujet subjectif actif.

4b. Le contresens impersonnel équivoque existentiel subjectif

Dans la voix équivoque essentielle objective le sujet existe dans l’exercice de

l’action en tant que sujet, et dans l’exercice de l’état en tant qu’objet, sous la

forme du pronom équivoque se qui se situe dans l’état essentiel. Or la voix imper-

sonnelle ne dit que l’état existentiel du sujet. Pour résoudre cette contradiction et

pour ne pas perdre le bénéfice de cette voix équivoque la grammaire a imaginé un

stratagème. Pour dire l’existence commune du sujet et de l’objet sans nommer

l’objet il ne lui restait plus que la solution d’un nouveau « sujet objectif », comme celui de la voix équivoque essentielle subjective. Evidemment, ce sujet objectif

ne pouvait pas être représenté par le pronom équivoque se mais par un mot qui

signifie l’état existentiel. Pourquoi pas une forme d’existence de l’existence

comme celle de l’adverbe qui pourrait jouer le rôle d’un pronom existentiel ? Les

pronoms impersonnifiés en et y par exemple. La grammaire a opté pour ce choix

en créant une nouvelle voix de contresens impersonnel équivoque existentiel

subjectif :

- Actif avec « il y a ».

- Passif avec « il en est ».

Le contresens impersonnel équivoque actif de « il y a » La locution il y a est généralement considérée comme un « gallicisme » qui ne

s’analyse pas. Si, comme on le pense, la grammaire est une raison, il doit alors y

avoir une explication à la présence du pronom y dans cette locution.

- La première impression est celle d’un pronom qui pourrait être complément

circonstanciel de lieu. C’est impossible, le pronom ne redouble pas le complé-ment qu’il représente.

Ex. (1) : Il va dans la rue.

Ex. (2) : *Il y va dans la rue.

Ex. (3) : Il y a dans la rue…

En (3) y ne reprend pas le complément circonstanciel de lieu.

- Pourrait-il être complément d’objet indirect ?

Ex. : Je pense à mes affaires. J’y pense.

Evidemment non, l’ancillaire avoir est toujours transitif direct !

- Ou alors complément d’objet direct ? Encore non, d’abord il ne répond pas à la

question quoi (?), ensuite il ne redouble pas l’objet direct qui est le complément

habituel de la locution. - Si y n’est ni complément circonstanciel ni complément substantiel, il ne lui

reste plus que la fonction sujet. La solution est tentante, à condition qu’elle soit

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La grammaire du verbe

194

logique et qu’on réponde à une question préalable. Pourquoi l’ancillaire avoir qui

signifie l’état existentiel, est-il régulièrement inapte à dire celui du sujet imper-

sonnel, qui se situe, par définition, dans l'état existentiel. Pour dire l’état existen-

tiel du pronom impersonnel, l’ancillaire avoir doit être obligatoirement employé

avec le pronom y dans la locution il y a.

On sait que y est un pronom impersonnifié porteur du sens de l’état existentiel.

On voit ensuite que ce pronom s’associe au pronom impersonnel il qui est, lui

aussi, porteur du sens de l’état existentiel. Ces deux pronoms s’associeraient

comme dans la voix équivoque « essentielle »… pour signifier un état double-ment « existentiel » …c’est là le comble du paradoxe !

Comment fonctionne cette curieuse voix impersonnelle équivoque de il y a ?

L’analyse comparée de deux exemples donne la réponse.

Ex : (1) : Il a des voitures dans le garage. (Il, mis pour « Jules »).

Ex : (2) : Il y a des voitures dans le garage.

On voit que l’apparition de y en (2) fait disparaître l’identité du pronom personnel

il en (1). Comme ces deux exemples sont construits avec des mots identiques

dans un système clos, il faut en tirer que y est le seul responsable de la capture de

l’identité de il. Si y signifie l’identité cachée du pronom impersonnel il, c’est un

pronom impersonnel équivoque. Il faut en tirer que il se situe dans l’état existen-

tiel de l’action et doit s’analyser comme un sujet subjectif impersonnel « actif »,

et que y qui se situe dans l’état existentiel de l’état, doit s’analyser comme un sujet objectif impersonnel « passif ».

Comme y signifie l’état existentiel de « l’état » de son sujet impersonnel,

l’ancillaire avoir accepte enfin de dire son état existentiel, alors qu’il le lui refuse

habituellement. C’est d’ailleurs là que se situe l’explication du mystère :

L’ancillaire avoir ne dit jamais « l’état » existentiel du sujet impersonnel il pour

la simple raison que son état existentiel ne se situe jamais dans le sens d’un état,

mais dans celui d’une action !

Ex. : Il pleut.

Ce que démontre indirectement « l’auxiliaire » avoir qui s’emploie régulièrement

avec le pronom impersonnel sans le secours de y. En effet, l’auxiliaire signifie

l’état existentiel de l’ancillaire, il signifie donc indirectement l’état existentiel de son sujet impersonnel dans l’action.

Ex. : Il a plu.

Il ne s’agit pas là d’un tour de passe-passe auquel la logique de notre grammaire

est accoutumée. En fait, elle n’avait pas d’autre choix que le pronom y. En était

exclu parce qu’il sert déjà de pronom de remplacement à un objet subjectif que

l’on nomme l’objet apparent.

Ex. : Il y a des voitures dans le garage.

Ex. : Il y en a.

Il ne restait plus que y, et lui seul, pour jouer le rôle de pronom équivoque imper-

sonnel « sujet passif » dans la locution il y a.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

195

Le contresens impersonnel passif de « il en est » Nous venons de voir que en sert de pronom impersonnel au remplacement de

l’objet subjectif. Or cet objet se situe toujours dans un état existentiel qui est

justement celui de l’attribut employé avec l’ancillaire être impersonnel.

Ex : (1) : Il est un imbécile. (Il, mis pour « Jules »).

Ex : (2) : Il est des choses qui ne se disent pas.

Ex : (3) : Il en est qui ne se disent pas.

L’apparition de l’attribut des choses en (2) provoque le sens impersonnel. Cet

attribut se comporte exactement comme un attribut subjectif qui exerce l’état, et le pronom impersonnifié en qui le représente dans l’exemple (3) est aussi celui

qui exerce l’état en tant que « sujet actif ». Dans la locution il en est :

- Le pronom impersonnel univoque il est le sujet objectif passif dans l’état.

- Et le pronom impersonnel équivoque en est le sujet subjectif actif dans l’état.

8B. LA VOIX INVOCATIVE

La forme vocale invocative dit l’existence d’un sujet invisible. Ici, le sujet est

implicite, il apparaît seulement dans la forme de la terminaison du verbe, on dit

qu’il est « écliptique » s’il n’est pas sous-entendu, « elliptique » s’il est sous-

entendu. La voix invocative est, elle aussi :

- Personnelle : (1a). - Ou impersonnelle : (1b).

1a. La voix invocative personnelle

- Elle appartient en propre au mode injonctif qui utilise le sujet écliptique.

Ex. : Viens !

- Elle est moins habituelle dans les modes jonctifs avec un sujet elliptique.

Ex. : Ton père et ta mère honoreras.

1b. La voix invocative impersonnelle

- Théoriquement, elle ne devrait pas concerner le mode injonctif qui ignore

l’existence de la troisième personne du singulier. Est-ce vraiment certain ? Ex. : Faut y aller !

- On la rencontre aussi dans les modes jonctifs.

Ex. : Dans la vie, faut pas s’en faire.

Ex. : À Dieu ne plaise !

Ex. : Soit deux droites parallèles.

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La grammaire du verbe

196

7B. LA FORME VECTRICE

La forme « vectrice » du verbe (du verbe latin vecto, « je transporte ») conduit

l’état ou/et l’action du sujet sur la voie de la réalité. Le sujet a le choix entre :

- La voie « évectrice » qui le concerne substantiellement : (8A).

- Et la voie « invectrice » qui ne le concerne pas substantiellement : (8B).

8A. LA VOIE EVECTRICE

Lorsque le sujet s’engage sur la voie d’une réalité qui le concerne substantielle-

ment il peut encore choisir entre :

- La voie personnelle ou voie de « la parence », s’il veut « paraître » dans la réalité, pour lui-même, subjectivement, comme un être parent : (9A).

- Et la voie impersonnelle ou voie de « l’apparence » s’il veut seulement « appa-raître » dans la réalité, pour les autres, objectivement, comme une chose appa-

rente : (9B).

9A. LA VOIE EVECTRICE PERSONNELLE

Si le sujet parent choisit de paraître personnellement dans la réalité, il le fera en se

présentant :

- Dans l’état « ou » l’action, si la forme du verbe est « univectrice » : (1a).

- Ou dans l’état « et » l’action de sa forme « équivectrice » : (1b).

1a. La forme univectrice

La forme du verbe univecteur conduit le sens de l’état ou de l’action. Elle est :

- Attributive dans la conduite du sens de l’état : (2a).

- Transitive dans la conduite du sens de l’action : (2b).

2a. La forme attributive

Le verbe d’état est un verbe qui « manque de sens », il ne montre pas l’existence

animée et vivante de son sujet. Il se trouve donc dans l’incapacité d’imposer lui-

même ce qu’il signifie, il doit nécessairement s’appuyer sur le sens des complé-

ments qui apparaissent au moment de son emploi, à tel point que c’est le sens du

complément qui fait le sens du verbe d’état. Cette infirmité est lourde de consé-

quences : le sens attributif du verbe d’état est indissociable de son emploi et se

« déduit » de la présence des compléments. Il s’ensuit que : - Le sens du verbe d’état est « attributif » : (3a).

- Si son emploi conduit vers un complément attribut du sujet : (3b).

3a. Le sens attributif

Le sens du verbe d’état est :

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

197

- Uni-attributif s’il se déduit de la présence d’un seul attribut : (4a).

- Ou équi-attributif s’il y en a deux : (4b).

4a. Le sens uni-attributif

Il conduit un état qui « transite » de l’attribut vers le sujet.

Ex. : Julie est ta fille.

Le sens du complément ta fille, transite par l’intermédiaire du verbe être pour être

attribué au sujet Julie.

Le sens uni-attributif du verbe d’état est encore :

- Attributif direct s’il conduit vers un attribut « uniponent » qui se situe dans l’état du sujet : (5a).

- Attributif indirect lorsqu’il conduit vers un attribut « équiponent » qui inter-vient dans l’état du sujet, tout en se situant hors de cet état : (5b).

5a. Le sens attributif direct

Une distinction importante s’impose entre le sens attributif :

- « Essentiel » si l’attribut partage l’état du sujet : (6a).

- « Existentiel » si l’attribut ne partage pas l’état du sujet : (6b).

6a. Le sens attributif essentiel ou attributif nominatif

Il doit son nom à la question « essentielle » qui (?) ou quoi (?) qui permet

d’interroger l’attribut. Il faut encore distinguer deux types de sens attributifs es-sentiels qui se nomment :

- Le sens nominatif propre si l’attribut exerce l’état du sujet.

- Le sens nominatif commun si l’attribut n’exerce pas l’état du sujet.

Le sens attributif nominatif propre Il conduit vers un attribut qui appartient en propre et nominativement à l’état du

sujet. Cet attribut est une forme « essentielle » qui exerce une fonction « substan-

tielle propre ».

- Sa forme essentielle est mise en évidence par le test de la question essentielle

posée directement après le verbe.

Ex. : Le médecin est cet homme. (Le médecin est qui ? – Cet homme.)

- Sa fonction substantielle est propre.

Substantielle, l’attribut se situe dans l’état du sujet, il répond au test de pro-

nominalisation.

Ex. : Le médecin est cet homme. (Le médecin l’est.) Propre, l’attribut exerce l’état du sujet, il répond au test dit de « l’état actif »

qui transpose l’attribut nominatif à la place du sujet pour démontrer qu’il

exerce effectivement cet état.

Ex. : Cet homme est le médecin.

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La grammaire du verbe

198

Le sens attributif nominatif commun Il conduit vers un attribut nominatif qui n’exerce pas l’état du sujet. Cet attribut

est une forme « essentielle » dont la fonction est « substantielle commune ».

- Sa forme essentielle répond au test de la question essentielle.

Ex. : Un médecin est un homme. (Un médecin est quoi ?)

- Sa fonction est substantielle et commune.

Substantielle, l’attribut se situe dans l’état du sujet et répond au test de pro-

nominalisation.

Ex. : Un médecin est un homme. (Un médecin l’est.) Commune, l’attribut n’exerce pas l’état du sujet, il ne répond pas au test de

« l’état actif ».

Ex. : * Un homme est un médecin. (Un homme quelconque n’est pas né-

cessairement médecin.)

6b. Le sens attributif existentiel ou attributif qualificatif

L’attribut qualificatif se situe dans l’état du sujet, non pas comme une forme de

l’essence mais comme une forme d’existence qui montre une manière d’être du

sujet. Cet attribut est une forme « existentielle » qui exerce une fonction « subs-

tantielle ».

- Sa forme existentielle répond à la question existentielle : comment ?

Ex. : Julie est belle. (Julie est comment ? – Belle.) - Sa fonction substantielle montre qu’il se situe « dans » l’état du sujet, il répond

au test de pronominalisation.

Ex. : Julie est belle. (Julie l’est.)

5b. Le sens attributif indirect

Le verbe d’état attributif indirect conduit vers un attribut qui intervient dans l’état

du sujet tout en se situant hors de cet état. Il est à l’origine de l’état du sujet, il

intervient dans l’état. Mais il se situe grammaticalement hors de l’état comme un

complément circonstanciel. C’est un complément à la fois substantiel et circons-

tanciel, donc équiponent. Comme il se situe hors de l’état du sujet, il ne peut pas

être un adjectif qualificatif. L’attribut indirect est toujours de nature essentielle. Le sens attributif indirects se partage entre :

- Le sens ablatif de l’attribut qui se situe en amont de l’état.

- Et le sens datif de l’attribut qui se situe en aval de l’état.

Le sens attributif ablatif

Le mot ablatif vient du latin ablativus, « qui enlève ». Il est employé au sens large

pour signifier une idée de « provenance ». Cet attribut est une forme « essen-

tielle » qui exerce une fonction « équiponente ».

- Sa forme essentielle répond à la question indirecte de qui ou de quoi ?

Ex. : Le livre est de Maupassant. (Ce livre est de qui ?)

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

199

- Sa fonction équiponente montre qu’il est à la fois :

Substantiel, il intervient dans l’état du sujet, le test de pronominalisation le

confirme.

Ex. : Le livre est de Maupassant. (Le livre l’est.)

Et circonstanciel, Maupassant n’est pas le livre, il se situe hors de l’état du

sujet, mais il est à l’origine de l’état du livre.

Le sens attributif datif

Le mot datif vient du latin dativus, « qui donne ». Il est aussi employé au sens large pour évoquer une idée de « destination ». L’attribut datif est aussi une forme

« essentielle » qui exerce une fonction « équiponente ».

- Sa forme essentielle répond à la question indirecte : à qui ou à quoi ?

Ex. : Le livre est à Jules. (Le livre est à qui ?)

- La fonction équiponente montre qu’il est à la fois :

Substantiel, il intervient dans l’état du sujet, le test de pronominalisation le

confirme.

Ex. : Le livre est à Jules. (Le livre l’est.)

Circonstanciel, Jules « n’est pas le livre », il se situe hors de l’état du sujet,

mais il est à l’origine de l’état du livre.

4b. Le sens équi-attributif Le verbe d’état équi-attributif conduit vers deux compléments attributs du sujet,

l’un direct, l’autre indirect.

Ex. : D’instituteur il devient professeur.

Professeur, attribut nominatif direct du sujet, instituteur attribut ablatif indiquant

l’origine de l’état du sujet.

Ex. : Ce garçon me paraît intelligent.

Intelligent, attribut qualificatif du sujet, me, attribut datif à l’origine de l’état du

sujet.

3b. L’emploi attributif

Il concerne autant :

- Le verbe d’état de « sens » attributif : (4a).

- Que certains verbes d’action de « contresens » attributif : (4b).

4a. L’emploi du sens attributif Le verbe d’état n’a pas de sens attributif en soi, il ne signifie que l’état. C’est

l’attribut qui provoque le sens attributif direct ou indirect.

L’emploi du sens attributif direct

L’attribut direct est un complément substantiel, son raccord de nature téléolo-

gique est toujours direct, qu’il soit :

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La grammaire du verbe

200

- Non instrumenté.

Ex. : Julie est ta fille. Julie est belle.

- Ou instrumenté.

Ex. : Il est comme mon frère.

L’emploi du sens attributif indirect

L’attribut indirect est aussi un complément substantiel et son raccord de nature

téléologique est toujours indirect, qu’il soit :

- Instrumenté. Ex. : La maison est à mon père.

- Ou non instrumenté.

Ex. : Ce vin me paraît d’excellente qualité. (Datif).

Ex. : Est-il des nôtres ? Il en est. (Ablatif).

4b. L’emploi du contresens attributif

Quelques verbes transitifs sont parfois employés avec un contresens attributif :

faire, constituer, composer, représenter, etc.

Ex. : Elle fait très vieille fille. Jules et Virginie constituent un beau couple.

Le théâtre affiche « complet ».

2b. La forme transitive La forme psychique d’un verbe « transitif » signifie l’idée du transport de l’action

vers un objet :

- Dans le sens quelle contient : (3a).

- Au moment de son emploi : (3b).

3a. Le sens du verbe transitif

Le verbe de sens transitif « induit » la présence de son complément. Le sens de

l’action qu’il conduit « transite » du sujet vers le sens « attendu » d’un objet sur

lequel se projette l’action, au sens de son étymologie latine objicere qui signifie

« jeter devant ».

Ex. : Il lance une pierre.

Le verbe transitif lancer induit le sens attendu de l’objet une pierre.

Les verbes de sens transitif sont des verbes « d’action objective », ils se consa-

crent uniquement à « l’état essentiel » de l’objet et s’opposent en cela aux verbes

intransitifs qui sont des verbes « d’action subjective ». Un verbe de sens transitif est :

- Unitransitif s’il induit la présence d’un complément d’objet : (4a).

- Equitransitif quand il induit la présence de deux compléments : (4b).

4a. Le sens unitransitif

Le verbe d’action unitransitif est encore de sens transitif :

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

201

- Direct s’il conduit sur un objet uniponent qui se situe « dans » l’action : (5a).

- Indirect lorsqu’il conduit sur un objet équiponent qui se situe « dans » et « hors » de l’action : (5b).

5a. Le sens transitif direct

Il conduit vers :

- Un objet « essentiel » qui partage l’action du sujet : (6a).

- Ou un objet « existentiel » qui ne partage pas l’action du sujet : (6b).

6a. Le sens transitif essentiel ou transitif accusatif

Ce sens transitif doit son nom à la question « essentielle » qui (?) ou quoi (?) qui

interroge l’objet. Il existe encore deux sortes de verbes transitifs essentiels, selon

qu’ils conduisent sur un objet :

- Qui subit l’action du sujet, si le sens transitif est « propre » : (7a).

- Qui ne subit pas l’action du sujet, s’il est « commun » : (7b).

7a. Le sens transitif accusatif propre

Un nombre prépondérant de verbes d’action ont un sens transitif accusatif

propre : Manger une tartine, casser une vitre, essuyer la vaisselle, prendre un

livre, acheter une maison, voir un film, ramasser des champignons, mettre la

table, etc. Ces verbes conduisent tous vers un complément d’objet « accusatif »

dont la forme est « essentielle », et la fonction « substantielle ». - Sa forme essentielle se met en évidence par les deux tests que sont :

La question essentielle posée directement après le verbe.

Ex. : Elles mangent des pommes. (Elles mangent quoi ?)

Et le test d’objection essentielle, qui consiste à déplacer l’objet avant le sujet

de telle manière qu’il provoque l’accord « essentiel » du définitif.

Ex. : Les pommes qu’elles ont mangées.

- Sa fonction substantielle propre apparaît dans sa définition : l’objet accusatif

« subit l’action qu’il partage avec le sujet ».

Si l’objet partage l’action, il se situe dans l’action. C’est un complément

substantiel uniponent, le test de pronominalisation le confirme.

Ex. : Elles mangent des pommes. (Elles les mangent). Si l’objet subit l’action, il « accuse réception » de cette action, raison pour

laquelle on lui donne le nom d’objet « accusatif ». Le test dit de « l’état pas-

sif » qui consiste à transférer l’objet à la place du sujet démontre qu’il subit

« passivement » cette action.

Ex. : Le chat mange la souris. (La souris est mangée par le chat).

7b. Le sens transitif accusatif commun

Le sens transitif commun appartient à des verbes d’action qui refusent, ou qui

tolèrent mal le test de l’état passif. L’objet sur lequel ils conduisent accuse récep-

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La grammaire du verbe

202

tion de l’action, il la partage mais il ne la subit pas, il ne fait que participer à son

contenu. Le premier de ces verbes est l’ancillaire avoir, mais il en existe d’autres,

et non des moindres : devoir, vouloir, pouvoir, valoir, coûter, comporter, repré-

senter, etc.

Le sens transitif commun se rencontre aussi :

- Toutes les fois que l’objet désigne une partie du corps du sujet : Lever les bras,

baisser les yeux, tordre le cou, plier les genoux, perdre la tête, etc.

- Et dans un grand nombre d’expressions telles que : Prendre la fuite, faire

l’imbécile, prendre l’air, couler des jours heureux, donner le change, respirer la santé, chercher querelle, etc.

L’objet du verbe de sens transitif commun identifie le contenu de l’action.

Ex. : Qui peut le plus, peut le moins. Ce livre vaut son besant d’or. Cette

maison coûte une fortune. Les travaux comportent des malfaçons. Ce livre

représente une somme de travail.

Ex : Jules veut le baccalauréat.

Le complément d’objet baccalauréat permet d’identifier ce que Jules veut.

Ce sens identificatif de l’action est parfois si important que l’objet perd son auto-

nomie, pour s’incorporer dans le sens du verbe et donner naissance à des locu-

tions dans lesquelles il perd sa fonction objet, il ne répond plus au test de prono-

minalisation : Prendre soin, tenir compte, tirer parti, donner libre cours, rendre

gorge, porter remède, etc. C’est avec l’ancillaire avoir que l’objet commun montre le mieux son sens identi-

ficatif. Comme ce verbe signifie l’état existentiel de son sujet, l’objet commun

prendra un sens :

- Identificatif assessif de l’état existentiel du sujet.

Ex. : Cet enfant a trois ans. Il a de la fièvre.

- Identificatif possessif de l’état existentiel du sujet.

Ex. : Jules a des amis. Jules a une voiture.

La forme essentielle de cet objet ne fait aucun doute, il répond au test :

- De la question essentielle.

Ex. : Julie a une voiture. (Julie a quoi ?) Ex. : Jules veut des bonbons. (Jules veut quoi ?)

- Et au test d’objection essentielle.

Ex. : La voiture que Julie a eue.

Ex. : Les bonbons que Jules a voulus.

Sa fonction substantielle commune montre qu’il « ne subit pas l’action qu’il

partage avec le sujet ».

- Si cet objet partage l’action, le test de pronominalisation :

Confirme qu’il se situe bien dans l’action.

Ex. : Julie a une voiture. (Julie l’a).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

203

Ex. : Jules veut des bonbons. (Jules en veut).

Elimine le complément identificatif objectif du sujet qui ne s’y situe pas.

Ex. : Jules a faim. (*Jules l’a).

- S’il ne subit pas l’action :

La négativité du test de l’état passif est franche.

Ex. : *Une voiture est eue par Julie.

Ex. : *Des bonbons sont voulus par Jules.

Ou simplement douteuse lorsqu’elle paraît lourde et maladroite.

Ex. : Beaucoup d’argent est dû par Jules. Ici, le choix entre sens transitif propre ou commun est moins évident.

6b. Le sens transitif existentiel ou transitif modificatif Ce sens transitif doit son nom au sens de la question « existentielle » comment (?)

ou combien (?) qui interroge l’objet. Ce sens mène vers un objet qui se situe

« dans » l’action, non pas comme une forme de l’essence mais comme une forme

d’existence qui montre sa manière d’être. On voit bien que cet objet est en réalité

une forme de l’essence (un nom) qui se comporte comme une forme d’existence

de l’existence (un adverbe).

Ex. : Le jardin sent la lavande. / Le jardin sent agréablement.

La substitution de l’adverbe agréablement montre que l’objet la lavande se com-

porte comme un mot signifiant une manière d’être du verbe sentir. Il s’exprime comme une forme d’existence de l’existence du projet, de la même façon qu’un

adverbe, ce qui justifie amplement sa dénomination d’objet modificatif.

Le sens transitif existentiel concerne surtout les verbes « métrologiques » : coû-

ter, mesurer, peser, valoir, et quelques verbes transitifs tels que : faire, mettre,

franchir, sauter, prendre, sentir, goûter, etc.…

Il prend une nuance de sens modificative :

- Qualitative, si l’objet répond de préférence à la question existentielle : com-

ment (?) sans qu’on puisse écarter formellement la question essentielle : quoi (?).

Ex. : Le jardin sent la lavande.

- Quantitative, s’il répond à la question existentielle : combien (?) sans refuser la

question essentielle : quoi (?). Cet objet quantitatif signifie : Le poids.

Ex. : Ce colis pèse dix kilos.

Le prix.

Ex. : Ce bijou coûte cent euros.

La taille.

Ex. : La pièce fait vingt mètres carrés.

La durée, etc.

Ex. : Le trajet prend dix minutes.

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La grammaire du verbe

204

L’objet modificatif est une forme existentielle qui exerce une fonction substan-

tielle.

La forme existentielle :

- Répond à la question existentielle comment (?) ou combien (?) et à la question

essentielle quoi (?).

Ex. : Le jardin sent la lavande. (Il sent comment ? quoi ?).

Ex. : Ce colis pèse dix kilos. (Il pèse combien ? quoi ?).

Ex. : Ce bijou coûte cent euros. (Il coûte combien ? quoi ?). Ex. : La pièce fait cent mètres carrés : (Fait combien ? quoi ?).

Ex. : Le trajet prend dix minutes : (Il prend combien ? quoi ?).

- Ne répond pas au test d’objection essentielle :

Ex. : La lavande que le jardin a senti (*e).

Ex. : Les cent kilos que cet homme a pesé (*s).

Ex. : Les cent euros que ce bijou a coûté (*s).

Ex. : Les cent mètres que le stade a mesuré (*s).

Ex. : Les dix minutes que le trajet a pris (*es).

Sa fonction substantielle commune :

- Répond au test de la pronominalisation substantielle:

Ex. : Le jardin sent la lavande. (Il la sent). Ex. : Ce colis pèse dix kilos. (Il les pèse).

Ex. : Ce bijou coûte cent euros. (Il les coûte).

Ex. : La pièce fait cent mètres carrés. (Elle les fait).

Ex. : Le trajet prend dix minutes. (Il les prend).

- Ne répond pas au test de l’état passif :

Ex. : * La lavande est sentie par ce jardin.

Ex. : * Dix kilos sont pesés par ce colis.

Ex. : * Cent euros sont coûtés par ce bijou.

Ex. : * Cent mètres carrés sont mesurés par la pièce.

Ex. : * Dix minutes sont prises par le trajet.

5b. Le sens transitif indirect

Le verbe d’action de sens transitif indirect induit la présence d’un complément

d’objet qui se situe « hors et dans » l’action. Il intervient « dans » l’action pour

montrer qu’il est d’une manière ou d’une autre à « l’origine » de l’action. Mais il

se situe grammaticalement « hors » de cette action du fait qu’il se place en amont

ou en aval de celle-ci. On est en présence d’un complément qui est à la fois subs-

tantiel et circonstanciel c’est-à-dire équiponent, soit qu’il se situe :

- En amont de cette action s’il est « objet ablatif » : (6a).

- Ou en aval s’il est « objet datif » : (6b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

205

6a. Le sens transitif ablatif

Le complément d’objet ablatif est introduit par la préposition « de » pour montrer

qu’il se situe en amont de l’action : s’aviser de, brûler de, se contenter de, con-

vaincre de, convenir de, déchoir de, décider de, découler de, désespérer de, dis-

convenir de, dispenser de, dissuader de, douter de, s’efforcer de, s’emparer de,

empêcher de, s’empresser de, s’enquérir de, entreprendre de, éviter de, se garder

de, se hâter de, manquer de, se méfier de, se mêler de, s’indigner de, se moquer

de, persuader de, recommander de, redoubler de, se repentir de, rougir de, se

soucier de, se souvenir de, triompher de, etc. L’objet ablatif est une fonction « équiponente » de forme « essentielle ».

- Sa forme répond à la question essentielle indirecte : de qui ou de quoi ?

Ex. : Il doute de son ami. (Il doute de qui ?)

- Sa fonction équiponente montre qu’il est à la fois :

Substantiel, il intervient dans l’action, le test de pronominalisation le con-

firme.

Ex. : Il doute de son ami. (Il en doute.)

Circonstanciel, s’il se situe lexicalement dans l’action, il se situe malgré tout

grammaticalement « hors » de l’action de douter, parce qu’il est à l’origine

de cette action.

6b. Le sens transitif datif Les verbes d’action de sens transitif datif induisent leur complément avec la pré-

position « à » qui ajoute l’idée de destination au sens de l’action : aboutir à, ac-

céder à, s’acharner à, s’appliquer à, s’apprêter à, s’attendre à, se borner à,

échapper à, adhérer à, s’adresser à, attenter à, collaborer à, compatir à, consen-

tir à, contribuer à, se décider à, se fier à, hésiter à, obéir à, s’obstiner à, s’offrir

à, parvenir à, persister à, plaire à, procéder à, recourir à, remédier à, renoncer

à, résister à, se résoudre à, ressembler à, se risquer à, subvenir à, succéder à,

survivre à, tarder à, vaquer à, etc.

L’objet datif est une fonction « équiponente » de forme « essentielle ».

- Sa forme répond au test de la question essentielle : à qui ou à quoi ?

Ex. : Il pense à son travail. (Il pense à quoi ?) - Sa fonction équiponente montre qu’il est à la fois :

Substantiel, il intervient dans l’action, le test de pronominalisation le con-

firme.

Ex. : Il pense à son travail. (Il y pense.)

Circonstanciel, s’il se situe lexicalement dans l’action, il n’en reste pas moins

qu’il se situe grammaticalement « hors » de l’action de penser, du fait qu’il

est à l’origine de cette action.

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La grammaire du verbe

206

4b. Le sens équitransitif

Certains verbes d’action ont deux compléments d’objet, surtout les verbes du don

et du dire (et leur contraire) s’ils sont employés avec un sens « équitransitif » :

- Transitif direct et indirect.

Ex. : Donner quelque chose à quelqu’un. Aider quelqu’un à quelque

chose. Recevoir quelque chose de quelqu’un. Tenir quelque chose de

quelqu’un. Dire quelque chose à quelqu’un, etc.

- Ou transitif indirect ablatif et indirect datif.

Ex. : Parler de quelque chose à quelqu’un.

3b. L’emploi du verbe transitif

Bien souvent, le sens transitif du verbe d’action n’apparaît qu’au moment de son

emploi. Le sens transitif se déduit alors du sens du complément : Abuser, aug-

menter, avancer, baigner, baisser, balancer, casser, céder, cesser, changer,

chauffer, courir, crever, crier, croire, cuire, descendre, diminuer, dominer, em-

barquer, entrer, fuir, etc. Par exemple le verbe commander sera aussi bien :

Transitif direct :

Ex. : Il commande un bataillon.

Transitif indirect :

Ex. : Il commande aux soldats.

Equitransitif : Ex. : Il commande le tir aux soldats.

Intransitif :

Ex. : Il commande.

Voyons :

- L’emploi du sens transitif : (4a).

- Et celui du contresens transitif : (4b).

4a. L’emploi du sens transitif

Il se répartit évidemment entre l’emploi :

Du sens transitif direct. L’objet direct est un complément substantiel, son

raccord de nature téléologique est direct, qu’il soit :

- Non instrumenté.

Ex. : Il vend sa maison.

- Ou instrumenté. Ex. : Il prévoit jusqu’au moindre détail.

L’emploi du sens transitif indirect. L’objet indirect est un complément

substantiel, son raccord téléologique est indirect, qu’il soit :

- Instrumenté.

Ex. : Il pense à son travail.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

207

- Ou non instrumenté.

Ex. : Il y pense.

4b. L’emploi du contresens transitif

Le contresens transitif direct

Le contresens accusatif propre concerne tous les verbes qui ne sont pas de

sens transitif direct accusatif : - Les verbes transitifs modificatifs.

Ex. : Le marchand pèse un kilo de pommes de terre.

Ex. : Le tailleur mesure deux mètres de tissu.

- Les verbes transitifs indirects sont plus rarement concernés, sauf les verbes

obéir, désobéir et pardonner jadis employés avec un sens accusatif.

Ex. : Il lui pardonne sa faute.

- Les verbes intransitifs.

Ex. : Jules monte la valise au grenier. Les commerçants augmentent les

prix. Le maire embellit la ville. Le soleil jaunit le papier. Jules court le

cent mètres. L’adjudant aboya un ordre.

Le contresens accusatif commun concerne les verbes intransitifs :

- Employés transitivement avec un sens imagé :

Ex. : Il tombe la chemise. Elle court les magasins. Elle a vécu des années.

- Employés avec un objet qui appartient à leur champ sémantique.

Ex. : Il dort un sommeil éternel. Il vit sa vie. Elle pleure des larmes de joie.

Le contresens transitif modificatif concerne les verbes intransitifs tels que :

courir, dormir, durer, marcher, régner, vivre, etc.

Ex. : Il court cent mètres. Il a vécu cent ans. La séance dure trois heures.

Le contresens transitif indirect concerne tous les verbes qui ne sont pas de

sens transitif indirect en commençant par : - Les verbes transitifs directs qui s’emploient :

Sans changement de sens.

Ex. : Aider un ami. / Aider à l’achèvement d’un travail. Décider un ami. /

Décider de la victoire. Mériter un prix. / Mériter de la patrie. Satisfaire

une personne. / Satisfaire aux exigences d’une personne.

Avec changement de sens.

Ex. : Regarder une peinture / Regarder à la dépense. Tenir une valise / Te-

nir d’une personne / Tenir à une personne. User un vêtement. / User d’un

stratagème.

- Viennent ensuite quelques verbes intransitifs.

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La grammaire du verbe

208

Ex. : Mourir de faim. Trembler de peur. Pleurer de rage. Souffrir de la mi-

sère. Vivre d’expédients.

1b. La forme équivectrice

La forme équivectrice d’un verbe n’apparaît qu’au moment de son emploi :

- Quand le sens attributif du verbe d’état est aussi transitif : (3a).

- Ou quand le sens transitif du verbe d’action est aussi attributif : (3b).

2a. La forme attributive-transitive ou équivectrice passive

Ex. : La souris est mangée par le chat.

Dans cet exemple on voit que l’action transite du complément chat, sujet de

l’adjectif attribut mangée, vers l’implément sujet souris qui subit l’action, par

l’intermédiaire du verbe d’état. Cet implément sujet s’analyse comme un sujet « objectif » qui exerce passivement son état, et qui se comporte comme un objet

de l’adjectif définitif mangée.

2b. La forme transitive-attributive ou équivectrice active

Certains verbes d’action de sens transitif sont aussi attributifs s’ils sont employés

pour introduire un complément instructif de la forme du nom objet. Ce complé-

ment se nomme :

- L’attribut nominatif du nom objet :

Direct.

Ex. : L’assemblée nomme Jules président.

Ou indirect.

Ex. : L’assemblée fait de Jules le président. - L’attribut qualificatif du nom objet.

Ex. : Jules rend sa femme heureuse.

9B. LA VOIE EVECTRICE IMPERSONNELLE

La voie impersonnelle mène vers des compléments qui se situent « en substance »

dans l’état ou l’action de la même façon que l’objet ou l’attribut, mais aussi

« dans l’instance » de l’état ou de l’action de la même manière que le sujet. Ces

compléments répondent d’ailleurs maladroitement autant au test de la question du

sujet qu’à celle de l’attribut ou de l’objet.

Ex. : C’est les vacances. (Qu’est-ce qui est ?). (C’est quoi ?). Ex. : Il arrive des gens. (Qui est-ce qui arrive ?). (Il arrive qui ?).

La confusion entre le sujet et l’attribut ou l’objet est totale, à tel point qu’ici le

test de pronominalisation n’est d’aucune valeur, ces compléments :

- Refusent le test comme un sujet.

Ex. : Ça fatigue de travailler. / *Ça en fatigue.

Ex. : Ça lui plaît de travailler. / *Ça le lui plaît.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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- Ou l’acceptent comme un attribut ou un objet pronominalisables avec les pro-

noms impersonnifiés le, en, y.

Ex. : Il faut le permis pour conduire. / Il le faut.

Ex. : Il tombe des grêlons. / Il en tombe.

En matière d’apparence, il n’y a qu’un seul test fiable : le test de « sujétion per-

sonnelle », qui consiste à remplacer le sujet impersonnel par le sujet apparent.

Ex. : Il tombe des grêlons. / Des grêlons tombent.

C’est le test souverain de la voie impersonnelle, s’il est positif, on est certain

d’avoir affaire à un sujet apparent, en gardant bien à l’esprit que ce sujet est en-core un peu objet ou attribut, et qu’il ne possède que « l’apparence » d’un sujet.

Si le test de sujétion personnelle est négatif le sujet est inapparent. Le complé-

ment circonstanciel étant mis à part, il ne reste plus que deux possibilités : s’il y a

un verbe d’état, il s’agit d’un attribut apparent ; si c’est un verbe d’action, on a

affaire à un objet apparent. Le choix est simple, il doit se faire sans état d’âme et

sans se poser de question, même si le peu de fiabilité des tests de pronominalisa-

tion agace. Restera comme consolation, l’idée qu’on se confronte ici à la plus

haute expression du principe de confusion, et de son corollaire redoutable : le

principe d’incertitude absolue (Voir p 11). Au total, si le complément :

- Répond au test de sujétion personnelle : c’est un sujet apparent : (1a).

- Qu’il n’y réponde pas : le sujet est inapparent : (1b).

1a. La voie du sujet apparent

Le sujet apparent est un complément du projet au même titre que l’objet ou

l’attribut. Mais il ne doit pas être considéré pour autant comme un complément

substantiel. On dira que c’est un complément « instanciel » qui se confond dans l’instance de l’état ou de l’action comme s’il était un sujet et un objet ou un attri-

but réunis. La situation grammaticale du sujet apparent diffère selon que le sujet

impersonnel emprunte :

- La voie de l’état attributif : (2a).

- Ou celle de l’action transitive : (2b).

2a. Le sujet apparent de l’état attributif

Le sujet apparent de l’état se situe grammaticalement dans « l’état essentiel ». Il

est donc apte à communiquer son genre et son nombre à l’attribut qui dépend de

lui. On voit immédiatement que le sujet des verbes de « sens » impersonnel ne

pourra jamais emprunter cette voie, puisque par nature, il se situe toujours dans l’action. Il en va tout autrement pour le sujet du verbe de « contresens » imper-

sonnel, qui pourra toujours se manifester dans l’état essentiel en montrant son

attribut réel.

Ex. : C’est nous les premiers. (Nous sommes les premiers.)

Les premiers est l’attribut « réel » du sujet apparent nous.

S’il n’a pas d’attribut réel le sujet apparent n’apparaît pas.

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La grammaire du verbe

210

Ex. : C’est nous. (*Nous sommes…)

On sait que la voie attributive est :

- Uni-attributive directe ou indirecte : (4a).

- Equi-attributive directe et indirecte : (4b).

3a. La voie uni-attributive apparente

Exactement comme dans la voie personnelle, elle est :

- Directe quand elle conduit sur un attribut nominatif ou qualificatif.

- Indirecte si elle mène sur un attribut ablatif ou datif.

L’attribut direct du sujet apparent - L’attribut nominatif.

Ex. : C’est Jules et Jean, les gagnants. (Jules et Jean sont les gagnants.) Ex. : C’est nous les gars de la marine. (Nous sommes les gars de la ma-

rine.)

- L’attribut qualificatif.

Ex. : Il est souhaitable que tu viennes. (Que tu viennes est souhaitable.)

Ex. : Il est indispensable de travailler. (Travailler est indispensable.)

L’attribut indirect du sujet apparent

- L’attribut ablatif.

Ex. : C’est de Picasso ces tableaux. (Ces tableaux sont de Picasso).

- L’attribut datif.

Ex. : C’est à toi ces livres. (Ces livres sont à toi).

3b. La voie équi-attributive apparente

Ex. : Il te semble curieux que je m’étonne. (Que je m’étonne te semble cu-

rieux.)

Ex. : Il me paraît certain que tu réussiras. (Que tu réussiras me paraît cer-

tain.)

2b. Le sujet apparent de l’action transitive

Comme le sujet apparent de l’état, qui exerce l’état de son attribut réel, le sujet

apparent de l’action transitive doit exercer l’action sur un objet réel qui se ren-

contre dans la voie impersonnelle :

- De sens transitif : (4a).

- Ou de contresens transitif : (4b). .

3a. La voie impersonnelle de sens transitif

Le sujet apparent exerce l’action transitive sur un objet réel : - Direct.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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Ex. : II ne fait aucun doute que tu réussiras. (Que tu réussiras ne fait au-

cun doute.)

Ex. : Ça me fatigue de travailler. (Travailler me fatigue.)

- Ou indirect.

Ex. : Il ne tient qu’à vous de travailler ! (De travailler ne tient qu’à vous.)

Ex. : Ça me plairait de voyager. (De voyager me plairait.)

3b. La voie impersonnelle de contresens transitif

Le sujet apparent du verbe de contresens transitif exerce l’action sur un objet réel indirect.

Ex. : Il arrive des ennuis à Jules. (Des ennuis arrivent à Jules).

Ex. : Il me vient une idée. (Une idée me vient).

1b. La voie du sujet inapparent

Enfin, le sujet impersonnel optera pour l’anonymat s’il choisit de rester inappa-

rent. Mais il ne lui est pas interdit de se présenter dans la réalité en prenant

l’apparence trompeuse d’un attribut ou celle d’un objet qui le représentera. Dans

ce cas :

- Ce qui se trouvait être « l’attribut réel du sujet apparent » deviendra un « attri-

but apparent du sujet impersonnel » : (2a).

Ex. : C’est nous les gars de la marine. Les gars de la marine, attribut réel du sujet apparent nous.

Ex. : C’est les gars de la marine.

Les gars de la marine, attribut apparent du sujet impersonnel C’.

- Et ce qui était le complément « d’objet réel » du projet apparent deviendra un

« objet apparent » du projet impersonnel : (2b).

Ex. : II ne fait aucun doute que tu réussiras.

Aucun doute, objet réel du projet apparent faire.

Ex. : Ça ne fait aucun doute.

Aucun doute, objet apparent du projet impersonnel faire.

2a. L’attribut apparent Ce n’est pas un véritable attribut, il est en réalité le représentant apparent d’un

sujet inapparent. Comme lui, il se situe dans un état existentiel qui ne provoque

pas l’accord en genre et en nombre avec le sujet impersonnel. Il est :

- Direct.

Nominatif.

Ex. : Il était une fois. C’est nous. Il est des jours tristes. Il n’est pas ques-

tion de cela. C’est le printemps.

Qualificatif.

Ex. : C’est beau. C’est gentil. Ça paraît tranquille.

- Indirect.

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La grammaire du verbe

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Ablatif.

Ex. : C’est d’elles, que je parle.

Datif.

Ex. : C’était à nous. C’est à vous que je parle.

2b. L’objet apparent

L’objet apparent n’est pas un véritable objet, il est en réalité le représentant appa-

rent d’un sujet inapparent. Il se situe, lui aussi, dans un état existentiel qui ne

provoque pas l’accord en genre et en nombre. Le test d’objection essentielle en témoigne.

Ex. : Il a fait de grandes chaleurs. / Les grandes chaleurs qu’il a fait.

Cet objet apparent est :

- Direct.

Accusatif.

Ex. : Il me restait à vous remercier. Il y a une voiture dans le garage. Il fait

du soleil. Il faut le permis pour conduire.

Modificatif.

Ex. : Il me faut cent euros. Ça sonne onze heures.

- Indirect.

Ablatif.

Ex. : Il s’agit d’eux. Datif.

Ex. : S’il vous plaît.

8B. LA VOIE INVECTRICE

Si le sujet s’engage sur la voie d’une réalité qui ne le concerne pas substantielle-

ment il choisira entre :

- La voie invectrice personnelle : (9A).

- Et la voie invectrice impersonnelle : (9B).

9B. LA VOIE INVECTRICE PERSONNELLE

Elle offre deux voies qui s’opposent symétriquement par rapport à la voie évec-

trice des compléments substantiels :

- La voie instancielle sans complément : (1a).

- La voie circonstancielle des compléments non-instanciels : (1b).

1a. La voie instancielle

Elle montre le sujet dans l’instance de l’état ou de l’action en prenant la forme : - Inattributive du verbe d’état : (2a).

- Ou intransitive du verbe d’action : (2b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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2a. La forme inattributive

Elle « se déduit » de l’absence d’un complément attribut du sujet.

Ex. : Je pense donc je suis.

2b. La forme intransitive

La forme psychique d’un verbe intransitif s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (3a).

- Au moment de son emploi : (3b).

3a. Le sens intransitif

L’action du verbe intransitif ne concerne que le sujet.

Ex. : Le soleil brille.

Si les verbes transitifs sont des verbes d’action « objective » orientés vers l’essence de l’objet, les verbes intransitifs, eux, sont des verbes d’action « subjec-

tive » entièrement consacrés à l’existence du sujet. Ces verbes sont aussi :

- Univoques s’ils se conjuguent avec avoir.

- Equivoques quand ils se conjuguent avec être ;

Les verbes intransitifs univoques montrent tous un sujet « existentielle-

ment » concerné par l’action : Aboyer, agir, agoniser, bailler, bavarder, briller,

capituler, concorder, déguerpir dormir, évoluer, fonctionner, grincer, hésiter,

jeûner, régner, ronfler, trépigner, vivre, voyager, etc.

Et les verbes intransitifs équivoques montrent un sujet « essentiellement »

concerné par l’action, qu’il s’agisse : - Des verbes de sens équivoque existentiel : Aller, venir (et ses dérivés : revenir,

parvenir, survenir, advenir, intervenir, provenir), arriver, partir (repartir),

échoir, tomber, naître, mourir, décéder, etc.

- Des verbes de sens équivoque essentiel : S’affairer, se bagarrer, se blottir, se

chamailler, se démener, s’ébattre, s’écrier, s’écrouler, s’égosiller, etc.

3b. L’emploi intransitif

4a. L’emploi du sens

Le verbe d’action de sens intransitif s’emploie :

- Sans complément : Ex. : Le chien dort.

- Ou avec un complément circonstanciel.

Ex. : Le chien dort dans sa niche.

4b. L’emploi du contresens

- Beaucoup de verbes transitifs s’emploient intransitivement.

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La grammaire du verbe

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Habituellement sans changement de sens :

Ex. : Il mange. / Il mange un gâteau.

Avec parfois un changement de sens.

Ex. : Il boit (Il est alcoolique). / Il boit de l’eau (Il se désaltère).

- Le contresens intransitif apparaît avec tous les verbes transitifs employés :

Dans la voix équivoque existentielle ou essentielle subjective.

Ex. : Jules est monté au grenier. Les citrons se vendent cher.

Dans la voie équivectrice passive.

Ex. : La souris est mangée par le chat. - Quelques verbes transitifs s’emploient avec un nom qui exerce aussi bien la

fonction d’objet du verbe de sens transitif, que celle de sujet du verbe de contre-

sens intransitif. Ces verbes « symétriques » sont en nombre limité.

Ex. : Jules casse un verre. / Le verre casse.

1b. La voie circonstancielle

Elle mène vers des compléments du propos qui ne se situent pas dans l’instance

de l’état ou de l’action du sujet.

Ex. : Il est dans la rue.

Ex. : Il marche dans la rue.

La voie invectrice circonstancielle n’empêche pas l’expression de la voie évec-

trice substantielle. Dans ce cas, on dira que la voie du projet est « covectrice ». Ex. : Il lance une pierre dans la rue.

9B. LA VOIE INVECTRICE IMPERSONNELLE

Elle offre les mêmes possibilités :

- La voie instancielle : (1a).

- La voie circonstancielle : (1b).

1a. La voie instancielle impersonnelle

Elle prend la forme :

- Inattributive du verbe d’état : (2a).

- Intransitive du verbe d’action : (2b).

2a. La forme inattributive impersonnelle

Les verbes de sens impersonnel sont des verbes d’action, ils ignorent la forme

inattributive. Les verbes d’état de contresens impersonnel sont inattributifs, à

condition d’être employés avec un sujet apparent qui montre les circonstances de

son état.

Ex. : Il était une princesse dans un grand château. (Une princesse était dans un grand château.)

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2b. La forme intransitive impersonnelle

Comme toujours, la forme psychique d’un verbe s’analyse au niveau :

- Du sens qu’elle contient : (3a).

- Au moment de son emploi : (3b).

3a. Le sens intransitif impersonnel

Les verbes de sens intransitif impersonnel sont aussi bien :

- De sens impersonnel, ce sont quasi exclusivement les verbes météorologiques.

Ex. : Il pleut.

- De contresens impersonnel employés avec un sujet apparent.

Ex. : Il arrive des invités.

3b. L’emploi intransitif impersonnel Le verbe intransitif est un verbe d’action subjective qui se consacre entièrement à

l’existence de son sujet. Il est par nature bien plus attiré par un sujet qui se situe

dans un état « existentiel » comme le sujet apparent. L’emploi intransitif imper-

sonnel concerne autant :

- Les verbes de sens intransitif : (4a).

- Que les verbes de contresens intransitif : (4b).

4a. L’emploi du sens intransitif impersonnel

Avec les verbes de sens intransitif les choses sont simples : il suffit que le sujet

apparent se situe dans l’état existentiel du sujet impersonnel.

Ex. :(1) Il tombe. (Il, mis pour « l’enfant ».)

Ex. :(2) Il tombe des grêlons.

En présence du sujet apparent grêlons, le propos personnel en (1) prend automa-

tiquement un contresens impersonnel en (2). Pourquoi le pronom sujet personnel

il perd-il son identité ? En (2) ce ne sont pas les grêlons qui exercent l’action de

tomber, le verbe ne s’accorde pas avec eux. Mais ils sont dans l’état d’existence de tomber, et cet état existentiel est justement celui du sujet impersonnel, que le

sujet apparent des grêlons représente. Contrairement à l’impression qu’il donne,

ce complément n’est pas un objet, c’est un sujet qui existe « existentiellement »,

comme le sujet impersonnel qu’il représente. Le sujet apparent refuse de se pré-

senter dans l’état essentiel d’un objet, il ne pourra pas imposer son « identité » à

la forme du définitif lors du test d’objection essentielle.

Ex. : Il a régné une mauvaise ambiance. / La mauvaise ambiance qu’il a

régné (*e).

C’est probablement la raison pour laquelle le sujet apparent affectionne tant

l’identité indéfinie, et que l’identité définie lui répugne.

Ex. : Il arrive un invité. / *Il arrive l’invité. Ex. : (1) : Il est né le divin enfant. (Chant de Noël).

Ex. : (2) : Il est né un enfant divin.

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La grammaire du verbe

216

La substitution du prénom défini en (1) par un prénom indéfini provoque immé-

diatement l’apparition du sujet apparent en (2).

Les pronoms qui signifient l’état existentiel de l’essence qui n’a ni genre ni

nombre, sont les pronoms impersonnifiés en, y et le. Le pronom en est celui qui

paraît le plus adapté au test de pronominalisation « existentielle » du sujet appa-

rent. Malheureusement, ce test n’est pas d’une régularité parfaite.

Ex. : Il pleut des hallebardes. / Il en pleut. Il règne une mauvaise am-

biance. / Il en règne une. Il brille un soleil éclatant. / Il en brille un. Il reste

une dernière solution. / Il en reste une. Ex. : Il est venu quelqu’un. *Il en est venu.

4b. L’emploi du contresens intransitif impersonnel

Le verbe transitif est un verbe d’action « objectif » qui se consacre à l’état essen-

tiel de son objet et qui ignore celui de son sujet. Il prendra immédiatement un

contresens intransitif s’il se trouve confronté à :

- L’état existentiel d’un objet dans la voix de l’action (5a).

- L’état essentiel du sujet dans la voie équivectrice passive (5b).

5a. Le contresens intransitif de l’action impersonnelle

Il se rencontre dans la voix de l’action univoque et équivoque.

L’action impersonnelle univoque

Ex. :(1) : Il passe un examen. (Il, mis pour Jules).

Ex. :(2) : Il passe un silence.

Ex. :(3) : Un silence passe.

En (1) l’objet un examen se situe dans un état essentiel que confirme le test de

l’état passif (Un examen « est » passé par Jules). En (2) l’objet un silence se situe

dans un état existentiel qui est en réalité celui d’un sujet apparent en (3). Le verbe

transitif passer, dans l’incapacité de formuler l’état existentiel de cet objet, en-

dosse automatiquement le contresens intransitif.

L’action impersonnelle équivoque Le mécanisme mis en jeu est exactement le même, que la voix soit équivoque :

- Existentielle

Ex (1) : Il a passé un examen. (Il, mis pour Jules).

Ex (2) : Il est passé un train.

Ex (3) : Un train est passé.

- Ou essentielle

Subjective active.

Ex. :(1) : Il passe un examen. (Il, mis pour Jules).

Ex. :(2) : Il se passe des choses étranges.

Ex. :(3) : Des choses étranges se passent.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

217

En (2) le pronom impersonnel équivoque se est le sujet objectif passif.

Subjective passive.

Ex. :(1) : Il vend des citrons au marché. (Il, mis pour Jules).

Ex. :(2) : Il se vend des citrons au marché.

Ex. :(3) : Des citrons se vendent au marché.

En (2) le pronom impersonnel équivoque se est le sujet subjectif actif.

5b. Le contresens intransitif de l’état impersonnel

L’ancillaire être est ici le responsable du contresens intransitif. Ex. :(1) : Il démontre une chose.

Ex. :(2) : Il est démontré une chose.

Ex. :(3) : Une chose est démontrée.

En (2), l’ancillaire être signifie l’état essentiel d’un sujet que le verbe transitif

démontrer est incapable de véhiculer. Il prend donc un contresens intransitif im-

personnel pour dire l’état existentiel de une chose (2) qui est en réalité un sujet

apparent (3).

1b. La voie circonstancielle impersonnelle

Le complément circonstanciel ne se situe pas dans l’état ou l’action du sujet, que

celui-ci soit personnel ou impersonnel. Il est normal qu’il n’ait pas d’influence

sur la syntaxe du sujet impersonnel. Ex. : Il a plu cette nuit.

4B. LE SENS DU MODE

Le mode du verbe formule le sens des modalités qui apparaissent dans :

- La forme de « la personnalité » du mode : (5A).

- Et dans la forme de sa « réalité » : (5B).

5A. LA FORME DE LA PERSONNALITE DU MODE

Elle montre comment se réalise le sens de l’existence de la personne du sujet dans la désinence du verbe. On oppose les modes :

- « Impersonnalisés » qui ne signifient pas l’idée de la personne dans leur dési-

nence : (6A).

- Aux modes « personnalisés » qui la signifie : (6B).

6A. LES MODES IMPERSONNALISES

Ces modes s’ordonnent selon la permanence de l’existence modale.

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La grammaire du verbe

218

Le mode infinitif, est le mode de l’existence infinie et de la forme nominale

du verbe. C’est le mode de « l’essence de l’existence ».

Ex. : Chanter.

Les modes finitifs sont les modes de l’existence finie.

- Le définitif, mode de l’existence définie et de la forme adjectivale du verbe.

Ex. : Chanté.

- L’indéfinitif, mode de l’existence indéfinie et de la forme adverbiale du verbe. Ex. : Chantant.

6B. LES MODES PERSONNALISES

Ces modes s’ordonnent selon l’évidence de l’existence modale.

Les modes jonctifs consacrent l’union physique de l’essence de la personne

et de son existence dans la « jonction » de deux formes : celle du nom et celle du

verbe. La personnalité jonctive est :

- Personnelle si la personne du sujet fait état de son identité.

Ex. : Jules chante.

- Ou impersonnelle lorsqu’elle ne fait pas état de son identité. Ex. : Il pleut.

Les modes jonctifs se répartissent entre :

- L’objonctif, mode de l’existence « objective ».

Ex. : Jules vient.

- Et le subjonctif, mode de l’existence « subjective ».

Ex. : Je veux que Jules vienne.

Le mode injonctif est celui de l’existence « projective ». Il refuse la pré-

sence physique du sujet à côté du verbe. La personnalité injonctive est :

- Toujours personnelle.

Ex. : Chantez ! - Jamais impersonnelle, le mode injonctif ignore la troisième personne.

Ex. :*Pleut !

5B. LA FORME DE LA REALITE DU MODE

Elle montre comment le sens de l’existence se réalise dans la forme de la dési-

nence du verbe. Ces modes s’ordonnent entre :

Les modes « irréalisés » dans lesquels l’existence n’est pas concrètement

réalisée dans la forme du verbe : (6A).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

219

Ces modes matérialisent la réalité abstraite de l’existence dans l’idée d’une

« fin » qui se fait sentir dans « la forme » du verbe, c’est pourquoi le sens de cette

fin prend le nom de « sens téléologique formel ». Ce sens s’organise selon l’ordre

de l’achèvement dans la forme :

De l’ancillaire infinitif, forme d’existence abstraite infinie.

Ex. : Chanter.

De l’ancillaire indéfinitif forme d’existence abstraite indéfinie.

Ex. : Chantant.

De l’ancillaire définitif forme d’existence abstraite définie. Ex. : Chanté.

Et les modes « réalisés » dans lesquels l’existence se réalise concrètement

dans la forme du verbe : (6B).

Ces modes matérialisent la réalité concrète de l’existence dans l’idée d’une

« fin » qui se fait sentir non pas dans la forme, mais dans « le sens » du verbe. On

parle ici de « sens téléologique final ». Il s’organise dans l’ordre de l’achèvement

de :

- L’auxiliaire infini vide de sens concret fini.

Ex. : Il a (chanté).

- L’auxiliaire indéfini qui manque de sens concret fini.

Ex. : Il va (chanter). - L’auxiliaire défini et de l’ancillaire défini qui sont pleins de sens concret fini.

Ex. : Il travaille. Il travaille (en chantant).

6A. LES MODES IRREALISES

Dans ces modes la réalité concrète de l’existence n’apparaît pas dans la forme du

verbe, elle ne s’y manifeste qu’au moment de son emploi. Cela tient au fait que

ces formes conçoivent l’existence indépendamment de l’essence du sujet (elles

sont impersonnalisées) et de l’espace-temps (elles sont irréalisées). Or l’idée

d’une réalité concrète est consubstantiellement essence et existence dans

l’espace-temps. Pour que l’être soit réalisé, il suffit que la fin de l’existence re-présentée par le verbe rejoigne la forme de son essence représentée par le nom.

Les formes modales de l’existence irréalisée ne pourront pas se réaliser ailleurs

que dans la « forme » de l’essence d’un sujet qui se présente en pratique au mo-

ment de leur emploi. Ce qui explique pourquoi :

- La fin réelle de l’existence s’exprime dans « la forme téléologique abs-traite » de la forme modale irréalisée : (7A).

- La forme réelle de l’existence n’apparaît qu’à l’instant de l’emploi de sa « forme morphologique concrète » : (7B).

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La grammaire du verbe

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7A. LA FORME « TELEOLOGIQUE » DU MODE

La forme téléologique du mode contient le sens d’une limite finale qui matérialise

la réalité de l’existence d’une manière abstraite et absolue, indépendamment de

l’essence et de l’espace-temps. Or on sait que l’idée de réalité d’une chose, même

abstraite est, elle aussi, consubstantiellement essence (forme), et existence (fin).

Nous allons voir que le sens téléologique ne contredit pas ce principe de confu-

sion de la fin et de la forme, il signifie aussi bien « la fin de la forme

d’existence », que « la forme de la fin de l’existence ». Il faut donc distinguer entre les deux valeurs du sens téléologique que sont :

- Le sens final abstrait qui signifie la fin de la forme d’existence : (8A).

- Le sens formel abstrait qui dit la forme de la fin de l’existence : (8B).

8A. LE SENS FINAL ABSTRAIT

Le sens téléologique de l’existence s’exprime d’abord au niveau du sens final

abstrait des modes irréalisés. Ce sens est :

- Infini si l’existence n’a pas de fin : (1a).

- Fini quand elle possède une fin : (1b).

1a. Le sens final abstrait infini ou « infinitif »

Ex. : Chanter.

Cette forme d’existence irréalisée ne contient pas le sens d’une fin. Son sens final

abstrait est infini, ce qui justifie son nom de forme de l’infinitif. Si cette forme

d’existence n’a pas de limite finale, elle est illimitée, donc privée de matérialité,

et n’existe pas. Avec tout de même une réserve, l’existence infinitive reste malgré

tout matérialisée en puissance dans le sens final de la modité du verbe, qui se

trouve en amont de la forme modale. Le sens final abstrait du mode ne se confond

pas avec le sens final de la modité.

1b. Le sens final abstrait fini

Le sens final abstrait « fini » d’une forme d’existence irréalisée montre qu’elle est

limitée par une fin, et par voie de conséquence pourvue d’une matérialité réelle

abstraite dont le sens est encore :

- Défini si cette fin est certaine.

- Indéfini quand elle est incertaine.

Le sens final abstrait défini ou « définitif »

Ex. : Chanté.

Le sens final abstrait de cette forme est certainement fini, il est même parfaite-

ment défini, justifiant qu’elle prenne le nom du définitif.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

221

Le sens final abstrait indéfini ou « indéfinitif »

Ex. : Chantant.

Le sens fini de l’existence n’apparaît pas dans cette forme qui donne l’impression

d’être figée dans une permanence infinie qui ressemble beaucoup à celle de

l’infinitif. Pourtant, contrairement à l’infinitif, elle est malgré tout confusément

sentie comme une forme d’existence qui n’est pas éternelle. On est alors en doit

de dire que cette forme d’existence est matérialisée dans la limite d’une fin abs-

traite incertaine, justifiant qu’elle reçoive l’appellation de forme de l’indéfinitif.

8B. LE SENS FORMEL ABSTRAIT

Le sens téléologique de l’existence se manifeste aussi, mais d’une manière beau-

coup moins nette, au niveau du sens formel abstrait des modes irréalisés. Ce sens

n’a rien à voir le sens formel de l’état ou de l’action qui se trouve dans la modité,

il n’est qu’une image en miroir du sens final abstrait qui permet d’imaginer la

forme de la fin de l’existence irréalisée. Ce sens formel sera, lui aussi :

- Infini si l’existence n’a pas de forme : (1a).

- Fini quand elle possède une forme : (1b).

1a. Le sens formel abstrait infini ou « virtualisé »

Ex. : Chanter.

Si la forme d’existence de l’infinitif n’a pas de fin, aucune limite ne la matéria-

lise, elle n’existe pas et n’a pas de forme, son sens formel abstrait est infini. En

toute logique si l’existence de l’infinitif n’a pas de forme elle n’est pas une forme

d’existence, et dans ce cas l’infinitif n’est pas un verbe ! Mais c’est oublier que cette existence se trouve déjà matérialisée dans le sens formel de la modité du

verbe qui se trouve en amont de l’emploi de sa forme modale. Il faut en tirer que

l’infinitif est une forme d’existence qui ne se voit pas physiquement mais qui

existe psychiquement en puissance dans le cadre d’une réalité virtuelle. Le sens

formel abstrait de l’infinitif montre une forme d’existence « virtualisée », qui

« n’est pas », mais qui « sera », car c’est à partir d’elle, et d’elle seule, que toutes

les formes d’existences définies des modes réalisés s’ordonnent dans l’ordre

d’achèvement des fins.

1b. Le sens formel abstrait fini

Si les deux formes d’existence du finitif sont matérialisées dans la limite d’une fin, elles existent et possèdent une forme, leur sens formel abstrait est fini. Nous

allons voir que le sens de ces formes d’existence est :

- Défini s’il est « réalisé ».

- Indéfini quand il est « idéalisé ».

Le sens formel abstrait défini ou « réalisé »

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La grammaire du verbe

222

Ex. : Chanté.

Le sens formel abstrait défini du définitif évoque l’idée d’une forme d’existence

« finie », totalement achevée, à tel point qu’elle donne l’impression de ne plus

exister. Mais si l’on admet l’idée que l’existence n’est complètement réalisée

qu’au moment où elle est parfaitement finie et achevée, le définitif est alors le

mode irréalisé de l’existence « réalisée ».

Le sens formel abstrait indéfini ou « idéalisé Ex. : Chantant.

Il évoque l’idée d’une forme d’existence sans fin. Pourtant cette fin existe, car

l’indéfinitif la conçoit « idéalement » comme une forme d’existence qui n’est pas

éternelle. L’indéfinitif est le mode irréalisé de l’existence « idéalisée ».

7B. LA FORME « MORPHOLOGIQUE » DU MODE

C’est l’emploi qui réalise ou non le sens de l’existence irréalisée dans la limite

d’une forme qui se plie aux règles de la grammaire, et plus précisément celles de

la morphologie. La formalisation grammaticale concrète du sens de l’existence

irréalisée suppose qu’il soit :

- Finalisé concrètement dans un verbe qui se conjugue : (8A).

- Ou formalisé concrètement d’une autre manière : (8B).

8A. LE SENS FINAL CONCRET

Le sens final concret d’un verbe qui se conjugue exprime l’idée d’une finition concrète plus ou moins complète du sens final abstrait de l’existence. La seule

forme disponible pour recevoir le sens de cette fin concrète est évidemment celle

de l’infinitif qui se trouve être vide de sens fini. En effet, les deux formes du

finitif sont déjà finies, il n’est plus possible de leur ajouter le sens d’une fin con-

crète qui contredirait le sens de leur fin abstraite. La question est maintenant de

savoir comment le sens final concret qui est ajouté au sens infini de l’infinitif va

pouvoir donner naissance à une forme d’existence réalisée. Le mécanisme de

finalisation dépend étroitement de la complétude du sens concret qui est ajouté à

l’infinitif. Ce processus offre deux possibilités selon que le sens final ajouté est :

- Fini quand il signifie le sens concret de l’existence : (1a).

- Infini quand il est vide du sens concret de l’existence : (1b).

1a. Le sens final concret fini

On ne sera pas surpris d’apprendre que celui-ci offre deux possibilités de sens

puisqu’il est :

- Défini s’il est plein du sens concret de l’existence.

- Indéfini quand il manque du sens concret de l’existence.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

223

Le sens final concret défini Le sens est nécessairement contenu dans une forme et le sens final concret

n’échappe pas à la règle. Il se trouve contenu dans la forme d’une terminaison qui

s’ajoute, ou d’un radical qui se substitue, à la forme de l’infinitif pour finaliser

concrètement le sens de l’existence irréalisée qu’il exprime. Examinons par

exemple ce qui se passe quand le sens de l’existence future de la première per-

sonne du singulier est introduit dans la terminaison de l’infinitif « chanter ».

Ex. : Chanter. Chanterai.

On voit qu’il donne immédiatement naissance à la forme « chanterai » qui est une authentique forme d’existence définie dont le sens est concrètement finalisé dans

la forme d’un verbe qui se conjugue.

Le sens final concret indéfini On sent immédiatement que le sens de la forme d’existence qui va naître ne sera

pas complètement « fini ». C’est exactement ce qui se passe quand certains verbes

comme pouvoir, devoir, aller, etc. sont employés avec un sens final concret indé-

fini qui n’est plus tout à fait le leur.

Ex : (1) : Je vais à Paris.

Ex : (2) : Je vais partir.

En (1) le verbe aller est plein du sens concret de l’idée de mouvement qu’il signi-

fie habituellement, alors qu’en (2) il manque de sens concret, il n’a plus vraiment le sens du verbe aller.

1b. Le sens final concret infini

Après ce qui vient d’être dit, la forme d’existence qui va naître risque fort de se

voir vidée de tout son sens concret. C’est pourtant ce qui se passe quand les

verbes « être » et « avoir » sont employés avec un sens final concret infini.

Ex : (1) : J’ai faim. Elle est heureuse.

Ex : (2) : J’ai chanté. Elle est partie.

En (1) avoir et être sont pleins du sens concret de l’état d’existence, en (2) ils

sont vides de sens concret.

8B. LE SENS FORMEL CONCRET

Le sens de l’existence irréalisée n’est pas toujours matérialisé concrètement dans

la forme d’un verbe qui se conjugue. Il reste parfois irréalisé et s’exprime dans

une autre forme grammaticale, au moment de son emploi. Contrairement au pro-

cessus de finalisation concrète qui ne s’adresse qu’à l’infinitif, le processus de

formalisation concrète concerne les trois formes modales irréalisées qui ne con-

tiennent que le sens téléologique de la « fin » de l’existence sans jamais contenir

le sens véritable de sa « forme ». On pressent que le sens formel concret de la

forme modale irréalisée sera :

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La grammaire du verbe

224

- Infini si elle n’est pas formalisée comme un verbe : (1a).

- Fini si elle est plus ou moins formalisée comme un verbe : (1b).

1a. Le sens formel concret infini ou « informel »

Si le sens de l’existence irréalisée n’est pas concrètement formalisé dans la forme

d’un verbe, il n’exprime plus l’idée d’existence. Il est informel ou formellement

infini et ne signifie plus que l’idée du sens qui s’oppose à l’existence, celui de

l’essence. Ce sens apparaît dans la forme grammaticale :

- De l’essence du nom verbal.

- Ou de l’existence de l’essence de l’adjectif verbal.

Le nom verbal

Le sens formel abstrait de l’infinitif est vide du sens de l’existence. Si son emploi

ne le formalise pas concrètement comme une forme d’existence, il n’évoquera

plus que « ce qui est » abstraction faite du sens de l’existence, c’est-à-dire le sens

de l’essence du nom infinitif.

Ex. : Le dîner.

L’adjectif verbal Contrairement à l’infinitif, le finitif possède le sens formel abstrait d’une fin qui

permettra toujours de matérialiser l’idée d’existence qu’il véhicule. Si son emploi

ne le formalise pas concrètement comme un verbe il s’exprimera malgré tout

comme une forme d’existence de l’essence, qui n’est plus celle d’un sujet, mais

celle d’un nom. Il ne ne sera plus alors :

- Qu’un adjectif indéfinitif.

Ex. : Une femme étonnante.

- Ou un adjectif définitif.

Ex. : Une femme étonnée.

1b. Le sens formel concret fini

On devine déjà que le processus de formalisation grammaticale du sens de

l’existence irréalisée risquera d’être plus ou moins fini et qu’il pourra donner

naissance à un sens formel concret :

- Défini ou « formel » si le verbe est parfaitement formalisé : (2a).

- Indéfini ou « figuratif » s’il l’est imparfaitement : (2b).

2a. Le sens formel concret défini ou formel

Le sens formel concret d’une forme modale irréalisée est défini et authentique-

ment « formel » quand il s’exprime dans la forme d’un verbe. Or la réalité du

verbe s’exprime normalement en présence d’un sujet. On soupçonne que :

- En l’absence du sujet il ne sera pas formellement réalisé, mais seulement « réi-fié » comme s’il était une chose de l’existence : (3a).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

225

- En présence du sujet, il sera formellement réalisé : (3b).

3a. Le sens formel concret réifié

Le sens formel concret d’une forme modale irréalisée est réifié quand le verbe ne

signifie pas l’existence du sujet. Si ce verbe ne signifie plus l’existence du sujet

grammatical que signifie-t-il ? Il formule simplement l’idée de « la chose de

l’existence » dans un propos « réifié », qui prend le nom de propos :

Infinitif réifié - Enonciatif.

Ex. : Voir Naples et mourir. - Annonciatif.

Interrogatif.

Ex. : Aller où ? Partir à Tahiti ?

Exclamatif.

Ex. : Refuser un tel cadeau !

Indéfinitif réifié - Enonciatif, par exemple dans le titre d’un livre.

Ex. : En attendant Godot.

- Annonciatif.

Interrogatif.

Ex. : Amusant votre plaisanterie ? - Certainement pas. Exclamatif.

Ex. : Révoltant, cette affaire !

Définitif réifié

- Enonciatif, par exemple dans une petite annonce.

Ex. : Perdu portefeuille en cuir noir.

- Annonciatif.

Interrogatif.

Ex. : Déçue ?

Exclamatif.

Ex. : Finie la rigolade !

3b. Le sens formel concret réalisé

Le sens formel concret des modes mineurs est réalisé quand il signifie la réalité

de l’existence d’un sujet, dont nous savons qu’il est :

- Personnifié s’il n’indique pas la qualité de sa personne : (4a).

- Personnalisé lorsqu’il l’indique : (4b).

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La grammaire du verbe

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4a. Le sens personnifié

Le sens formel concret d’une forme modale réalisée est « personnifié » s’il

montre l’existence d’une personne qui ne jouit pas de la personnalité grammati-

cale. Celle-ci ne fait qu’exister comme une chose, seulement capable de signifier

son identité, mais incapable d’exprimer sa qualité ordinale de première, deuxième

ou troisième personne. La forme modale irréalisée dira d’autant plus facilement

l’existence de ce sujet personnifié (impersonnalisé) qu’elle est elle-même imper-

sonnalisée, qu’il s’agisse :

- De l’infinitif. Ex. : Il entend les oiseaux chanter.

Les oiseaux est le sujet personnifié de l’infinitif chanter.

- De l’indéfinitif.

Ex. : Il déteste les gens manquant d’éducation.

Les gens est le sujet personnifié de l’indéfinitif manquant.

- Ou du définitif.

Ex. : Le chat parti, les souris dansent.

Le chat est le sujet personnifié du définitif parti.

Ces trois exemples montrent que la forme modale irréalisée est maintenant réali-

sée, puisqu’elle se trouve formalisée comme un verbe qui dit l’existence de son

sujet. Mais ce sujet personnifié ne fait qu’exister essentiellement dans le propos

en faisant état de son identité en genre et en nombre. Il ne pourra se manifester physiquement dans la désinence du verbe que si celle-ci le lui permet.

- Ce n’est pas le cas pour l’infinitif et l’indéfinitif qui sont des formes « existen-

tielles » de l’existence.

- Mais le définitif lui offre cette possibilité. Il signifie une forme d’existence qui

s’achève, soit existentiellement quand il se conjugue avec l’auxiliaire avoir, soit

essentiellement s’il est employé avec l’auxiliaire être ou sans auxiliaire. En ce

cas, l’existence qu’il signifie n’existe plus au sens où on l’entend, puisqu’elle a

perdu son sens proprement existentiel. Le définitif n’est plus qu’une forme « es-

sentielle » de l’existence dans laquelle le sujet personnifié pourra signifier son

état essentiel en genre est en nombre.

Ex. : Les chats partis, les souris dansent. Le définitif partis s’accorde essentiellement en genre et en nombre avec son sujet

personnifié les chats. Le verbe définitif, qui est une forme « essentielle de

l’existence » du sujet, ne doit pas être confondu avec l’adjectif définitif, qui est

une forme « d’existence de l’essence » du nom qu’il qualifie.

Ex. : La fête achevée, nous partîmes.

Ex. : Le repas terminé, on s’installa au salon.

Ex. : Passé le carrefour, vous tournerez à droite.

Dans ces exemples le définitif n’est pas un verbe qui aurait pour sujet la fête, le

repas, le carrefour (Qu’est ce qui achève ? Ce n’est pas la fête qui achève), c’est

un adjectif qui qualifie un nom complément circonstanciel direct.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

227

Voyons l’emploi des trois formes modales avec leur sujet personnifié.

L’infinitif personnifié se retrouve dans :

- Le propos infinitif.

Ex. : Ainsi dit le renard, et flatteurs d’applaudir (Lafontaine).

- Ou la proposition subordonnée infinitive.

Sujet.

Ex. : Moi vous trahir est inconcevable.

Objet. Ex. : Il entend les oiseaux chanter.

Attribut.

Ex. : C’est à Pierre de jouer.

Complément circonstanciel, etc.

Ex. : La fête de s’achever, nous partîmes.

L’indéfinitif personnifié dans :

- Le propos indéfinitif.

Ex. : Jeanne écoutant les voix.

- Ou la proposition subordonnée indéfinitive.

Sujet.

Ex. : Les enfants ayant rédigé leur devoir, peuvent sortir. Objet.

Ex. : Il recherche la monnaie manquant dans son portefeuille.

Attribut.

Ex. : C’est ma fille sortant du lycée !

Complément circonstanciel, etc.

Ex. : La fête s’achevant, nous partîmes.

Le définitif personnifié dans :

- Le propos définitif.

Ex. : L’arroseur arrosé.

- Ou la proposition subordonnée définitive. Sujet.

Ex. : Les personnes venues hier ne sont pas contentes.

Objet.

Ex. : Je recherche deux personnes arrivées par le train.

Attribut.

Ex. : Jules est un homme parvenu aux plus hautes fonctions.

Complément circonstanciel, etc.

Ex. : Le chat parti, les souris dansent.

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La grammaire du verbe

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4b. Le sens personnalisé

Le sens formel concret d’une forme modale irréalisée est personnalisé si son sujet

jouit de la personnalité grammaticale et démontre qu’il existe essentiellement et

existentiellement, comme un être. Mais il y a un hic ! Ces modes sont par na-

ture impersonnalisés, ils ne reconnaissent pas la personne et ne tolèrent sa pré-

sence ni dans leur forme, ni à côté de leur forme, on ne dit jamais :

Ex. : *Je chanter. *Tu chantant. *Il chanté.

Il y a là une difficulté de taille. Si les formes modales irréalisées ne reconnaissent

pas le sujet personnalisé, c’est nécessairement lui qui devra démontrer qu’il existe dans la réalité. Pour cela il ne lui reste plus qu’à justifier de son existence dans

une forme verbale déjà réalisée et concrètement finalisée. Pourquoi pas celle d’un

auxiliaire qui se présente en pratique sous l’une des trois formes du sens final

concret ? Tout le problème est maintenant de savoir quel auxiliaire ? On ne dit

jamais :

Ex. : *Je vais chanté. *Tu as en chantant. *Il travaille chanter.

On pressent qu’il doit exister un rapport de complémentarité entre la forme réali-

sée de l’auxiliaire et la forme irréalisée de l’ancillaire. Nous allons voir que

l’ordre des fins et des formes qui régit l’univers, commande aussi le rapport qui

s’établit entre l’auxiliaire et l’ancillaire dans la grammaire. L’analyse de ce rap-

port montre qu’il s’organise :

- Conformément au principe de confusion pour l’auxiliaire infini : (5a). - Indépendamment de ce principe lorsque l’auxiliaire est fini : (5b).

5a. L’auxiliaire infini du définitif personnalisé

L’étude du rapport de complémentarité qui s’établit entre l’auxiliaire infini et

l’ancillaire définitif s’amorce dans l’analyse comparée de deux exemples avec le

verbe avoir, (analyse qui est aussi valable pour le verbe être).

Ex. (1) : Il a faim.

Ex. (2) : Il a chanté.

En (1) le verbe avoir est formalisé grammaticalement comme un ancillaire défini,

plein de sens concret, en (2) il est formalisé comme un auxiliaire infini, vide de

sens concret. Il suffit que l’ancillaire chanté se présente à côté du verbe avoir pour que celui-ci se transforme immédiatement en auxiliaire. Ce processus se

conforme aux lois de l’ordre naturel, selon lesquelles l’ordre des fins engendre

l’ordre des formes.

- Dans l’ordre du commencement, c’est le sens final concret infini de l’auxiliaire

qui finit le sens final abstrait défini de l’ancillaire, pour lui donner sa forme ancil-

laire définitive. Ce processus se déroule conformément à la règle : « L’infini finit

le défini ».

- Réciproquement, dans l’ordre de l’achèvement, c’est le sens final abstrait défini

de l’ancillaire qui se finit dans le sens final concret infini du verbe avoir pour lui

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

229

donner sa forme auxiliaire. Le processus se déroule selon la règle : « Le défini se

finit dans l’infini ».

Tout se passe comme si le sens final concret de l’auxiliaire se comportait comme

une clé infinie, parfaitement adaptée au sens final abstrait de la serrure définie de

l’ancillaire. Le rapport de confusion qui s’établit entre le sens des fins provoque

le même rapport de confusion du sens des formes. Celles-ci se confondent dans

l’idée d’une forme d’existence achevée qui ne fait plus qu’une. C’est d’ailleurs la

confusion parfaite du sens de la fin et de la forme de ces deux verbes qui pro-

voque l’achèvement du sens de l’existence et qui permet d’expliquer le pouvoir perfectif de l’auxiliaire. L’existence n’est parfaitement réalisée qu’à partir du

moment où elle s’achève, et que sa forme définie se finit dans l’infini qui com-

mence pour l’éternité. Il est vrai qu’en toute logique, ce qui est définitif n’a plus

de fin, et ce qui n’a plus de fin est infini. L’ordre qui s’établit entre l’auxiliaire

infini et l’ancillaire définitif est une image parfaite de l’ordre de la nature, qu’il

s’agisse de l’ordre du commencement, selon lequel c’est l’être infini qui engendre

l’être défini, ou de l’ordre de l’achèvement, pour lequel l’être défini devenu défi-

nitif se finit toujours dans l’être infini.

5b. L’auxiliaire fini du finitif

Le rapport de complémentarité qui s’échafaude entre les auxiliaires finis et leurs

ancillaires finitifs n’obéit pas au principe de confusion des fins et des formes. Il s’opère selon un processus :

- De fusion sans confusion avec le semi-auxiliaire indéfini : (2a).

- Sans fusion ni confusion pour l’hémi-auxiliaire défini : (2b).

6a. L’auxiliaire indéfini de l’infinitif personnalisé

L’étude du rapport qui s’établit entre le semi-auxiliaire indéfini et l’ancillaire

infinitif repose sur la même méthode d’analyse comparée.

Ex. (1) : Il va à Paris.

Ex. (2) : Il va chanter.

En (1) le verbe aller est un ancillaire défini, plein de sens final concret, en (2) il

est formalisé comme un semi-auxiliaire indéfini, qui manque de sens final con-

cret. La seule présence de l’ancillaire infinitif chanter suffit à transformer le

verbe aller en semi-auxiliaire. Ce processus de formalisation grammaticale réci-

proque s’opère exactement de la même manière que précédemment.

- Dans l’ordre du commencement, c’est le sens final concret indéfini de l’auxiliaire qui finit le sens final abstrait infini de l’ancillaire, pour lui donner sa

forme ancillaire infinitive. Ce processus se déroule conformément à la règle :

« L’indéfini finit l’infini ».

- Réciproquement, dans l’ordre de l’achèvement, c’est le sens final abstrait infini

de l’ancillaire qui se finit dans le sens final concret indéfini du verbe aller pour

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La grammaire du verbe

230

lui donner sa forme de semi-auxiliaire. Le processus se déroule selon la règle :

« L’infini se finit dans l’indéfini ».

Ce rapport de complémentarité s’établit sans confusion du sens des fins et des

formes du semi-auxiliaire et de l’ancillaire infinitif. Il se produit tout au plus une

simple « fusion » des sens qui se réalise dans une sorte de commensalité formelle

où le semi-auxiliaire n’a pas de pouvoir perfectif du sens de l’existence infinitive.

6b. L’auxiliaire défini de l’indéfinitif personnalisé

Comparons : Ex. (1) : Il travaille son examen.

Ex. (2) : Il travaille en chantant.

On voit qu’en (1) le verbe travailler se comporte comme un authentique verbe

ancillaire, il est plein de sens formel concret défini et possède un sujet qui lui est

propre. Mais en (2) il a le même sujet que l’indéfinitif chantant, il y en a donc un

qui est l’auxiliaire de l’autre. On voit que :

- L’hémi-auxiliaire défini travaille finalise le sens final abstrait indéfini de son

ancillaire chantant en application de la deuxième loi du commencement selon

laquelle : « Le défini finit l’indéfini ».

- Réciproquement l’ancillaire indéfinitif se finalise dans le contenant défini de

son hémi-auxiliaire comme le prescrit la deuxième loi de l’achèvement selon

laquelle : « L’indéfini se finit dans le défini ». Mais ici le rapport de complémentarité entre l’hémi-auxiliaire et son ancillaire

s’opère sans fusion ni confusion du sens des fins et des formes. On voit bien que

le sens de l’auxiliaire s’associe au sens de l’ancillaire dans une convivialité for-

melle sans contrainte, où l’hémi-auxiliaire n’a pas de pouvoir perfectif du sens de

l’existence indéfinitive. Ce rapport de convivialité peu contraignant suppose que

les formes de l’hémi-auxiliaire et de l’ancillaire indéfinitif puissent recouvrer leur

liberté quand elles le souhaitent. C’est effectivement le cas, l’hémi-auxiliaire

défini et son ancillaire indéfinitif peuvent toujours se séparer l’un de l’autre.

Ex. : Il travaille en chantant.

Ex. : En chantant, il travaille.

Pour conclure, on voit que l’ancillaire ne formalise pas vraiment son hémi-auxiliaire puisque celui-ci se comporte encore comme un authentique verbe ancil-

laire et que réciproquement l’hémi-auxiliaire ne formalise pas vraiment son ancil-

laire comme un verbe mais plutôt comme un mot qui ressemble beaucoup à un

adverbe.

2b. Le sens formel concret indéfini ou « figuratif »

Le sens formel concret indéfini est une sorte de compromis entre le sens concret

défini de la forme du verbe, et le sens concret infini de la forme du nom ou de

l’adjectif verbal. La forme modale irréalisée n’est pas formalisée comme un verbe

mais elle n’est pas formalisée non plus comme un nom ou un adjectif. Confor-

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

231

mément au principe de confusion le processus de formalisation grammaticale

donne ici naissance à une sorte d’hybride morphologique qui se nomme :

- Une figure de l’essence quand il s’agit de l’infinitif : (3a).

- Une figure de l’existence s’il concerne les formes du finitif : (3b).

3a. L’infinitif, figure de l’essence : l’infinitif nominal

Si l’infinitif est insuffisamment formalisé, il laisse transparaître le sens de

l’essence du nom qu’il contient consubstantiellement dans sa forme. Il se retrouve

à mi-chemin entre la forme du verbe et celle du nom et devient une figure gram-

maticale qui se nomme l’infinitif nominal.

Ex : (1) : Jules va chanter.

Ex : (2) : Jules veut chanter.

En (1) l’infinitif est incontestablement un verbe accompagné de son semi-auxiliaire et de son sujet. En (2) il donne vraiment l’impression d’être un verbe

puisqu’il partage le même sujet que son semi-auxiliaire. Mais il ne doit pas

s’analyser comme tel : il répond à la question essentielle quoi ? Il est aussi pro-

nominalisable comme un complément d’objet. Cet infinitif qui endosse la fonc-

tion du nom tout en conservant sa forme de verbe, est une figure imparfaite qui se

nomme « l’infinitif nominal ».

3b. Le finitif, figure de l’existence

Si les deux formes du finitif sont insuffisamment formalisées, l’existence qu’elles

signifient perd un peu de la forme imposante du verbe. Elle s’exprime plutôt

comme une forme d’existence composante qui prend l’aspect d’un adjectif ou

d’un adverbe. Ce compromis entre la forme du verbe et celle de l’adjectif ou de l’adverbe est une figure grammaticale imparfaite qui se nomme :

- Le verbe adjectival : (4a).

- Ou le verbe adverbial : (4b).

4a. Le verbe adjectival

C’est un indéfinitif adjectival, ou un définitif adjectival.

L’indéfinitif adjectival

Ex : Jules chantait, travaillant comme un forcené.

L’indéfinitif travaillant se comporte comme un adjectif qualificatif du sujet Jules.

Mais il n’endosse pas pour autant la forme grammaticale d’un adjectif, il reste

invariable comme un verbe. Cet indéfinitif qui exerce la fonction d’un adjectif en

conservant sa forme de verbe est une figure imparfaite qui se nomme l’indéfinitif

adjectival.

Le définitif adjectival

Ex : Elle est partie.

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La grammaire du verbe

232

Le définitif partie prend la forme d’un adjectif puisqu’il varie comme lui en genre

et en nombre, mais il exerce la fonction d’un verbe qui a pour sujet Elle. Ce défi-

nitif qui prend la forme d’un adjectif tout en exerçant sa fonction de verbe se

nomme le définitif adjectival.

4b. Le verbe adverbial : l’indéfinitif adverbial

L’indéfinitif est capable d’exercer la fonction de l’adverbe sans pour autant pren-

dre sa forme.

Ex. (1) : Jules chante en travaillant. Ex. (2) : En travaillant, Jules chante.

En (1) l’indéfinitif en travaillant est un verbe attaché à son hémi-auxiliaire chan-

ter. En (2), ce n’est plus le cas, il se trouve détaché de lui par la présence d’une

virgule. Il se comporte plutôt comme un verbe qui exerce la fonction d’un ad-

verbe modificatif du projet chanter, mais il n’endosse pas la forme d’un adverbe.

C’est un indéfinitif adverbial imparfait.

6B. LES MODES REALISES

Les modes réalisés sont tous issus de la forme irréalisée de l’infinitif à partir de

laquelle ils s’organisent dans l’ordre du commencement des formes :

- Du mode défini de l’objonctif. - Du mode indéfini du subjonctif.

- Du mode infini de l’injonctif.

Ces trois modes montrent la réalité concrète de l’existence, matérialisée dans

l’espace-temps de la pensée. Le sens de cette réalité se fait sentir dans chaque

forme modale réalisée au niveau :

- De sa forme « chronologique » par le biais d’une « fin temporelle » qui maté-rialise le temps de la pensée : (7A).

- De sa forme « psychologique » par le biais d’une « forme spatiale » qui maté-rialise l’espace de la pensée : (7B).

7A. LA FORME « CHRONOLOGIQUE » DU MODE

La forme chronologique d’un mode réalisé évoque « la présence » de l’existence

dans le temps de la pensée. Le temps n’a pas de fin en soi, mais il est le contenant

des fins. C’est la fin de l’existence qui engendre la fin du temps et par voie de conséquence la « temporalité » de la pensée. L’existence et le temps sont con-

substantiels, ils se conçoivent en réalité dans la limite d’une fin commune qui

s’apprécie en valeur absolue quand on regarde l’existence et en valeur relative

quand on regarde le temps, et c’est le mouvement de l’existence qui engendre le

mouvement du temps. Quand l’existence apparaît, l’espace-temps apparaît, quand

elle disparaît l’espace-temps disparaît. Si l’existence est infinie, elle n’a pas de

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

233

limite, sa présence n’a pas de matérialité, et le temps lui-même n’a pas de maté-

rialité. Si l’existence est finie, elle est alors matérialisée dans l’enveloppe de sa

limite finale, et le temps est lui aussi fini, de la même manière que l’existence. La

fin du temps s’apprécie dans :

- Le sens de la temporalité du mode pour connaître la nature du temps de la pen-sée : (1a).

- Le sens chronologique du mode si l’on veut appréhender la facture du temps de la pensée : (1b).

1a. Le sens de la temporalité du mode

Il s’ordonne selon les lois du commencement du temps dans l’ordre de :

- La temporalité définie de l’objonctif.

- La temporalité indéfinie du subjonctif.

- La temporalité infinie de l’injonctif. On voit que la pensée fait une distinction entre la temporalité :

- Finie, des modes jonctifs, modes de la réalité concrète dans lesquels le temps est matérialisé dans la pensée par la fin de l’existence : (2a).

- Infinie, du mode injonctif qui est le mode de la réalité concrète dans lequel le temps n’est pas matérialisé dans la pensée par la fin de l’existence : (2b).

2a. La temporalité finie des modes jonctifs

La temporalité finie d’un mode jonctif est encore :

- Définie, temporelle pour les formes du mode objonctif.

- Ou indéfinie, intemporelle pour les formes du mode subjonctif.

Les formes temporelles de l’objonctif

L’objonctif est le mode dans lequel le temps se réalise relativement à la fin d’une

forme d’existence définie et réelle, une forme « corporelle » parfaitement limitée, appréciable objectivement. La temporalité de l’objonctif est fondamentalement

« temporelle » et « réelle ».

Les formes intemporelles du subjonctif

Le subjonctif est le mode dans lequel le temps se réalise relativement à

l’enveloppe finale d’une forme d’existence indéfinie purement « spirituelle »,

privée de corporalité. Pourtant la matérialité de cette forme d’existence existe,

puisque sa limite existe, mais on ignore où elle se situe. Sa consistance n’est pas

appréciable corporellement et objectivement, mais elle est parfaitement perçue

spirituellement et subjectivement dans l’intimité de la pensée. La fin du temps du

subjonctif enveloppe et matérialise cette forme d’existence spirituelle dans une temporalité conceptuelle qui n’est pas appréciable chronologiquement. La tempo-

ralité du subjonctif est fondamentalement « intemporelle » et « idéelle ».

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La grammaire du verbe

234

2b. La temporalité infinie ou atemporelle de l’injonctif

Dans l’injonctif l’existence est infinie, sans limite. Elle n’a pas de matérialité,

mais elle existe en puissance, comme une forme d’existence « potentielle ». Si la

temporalité de l’injonctif est infinie, elle est « atemporelle » et « virtuelle ».

1b. Le sens chronologique du mode

Le sens chronologique d’un mode s’appuie sur un, deux, ou sur les trois para-

mètres de la durée que sont :

- Le « temps » de l’existence qui correspond à sa présence dans la durée. - Le « moment » de l’existence, qui correspond à la permanence de son mouve-

ment dans la durée. (Moment vient d’ailleurs du latin « movimentum » qui signi-

fie mouvement).

- Et « l’instant » de l’existence qui n’a pas de durée en soi, sa durée est infinie. Il

est un élément ponctuel de la cadence de l’existence dans le temps. Le mot ca-

dence doit se comprendre au sens de l’étymologie latine cadere, « tomber ou

arriver ». L’instant signifie l’irruption ou l’interruption de l’existence dans la

durée.

Nous allons voir que :

- Les modes jonctifs signifient la durée finie du « temps » et/ou du « moment »

de l’existence : (2a).

- Alors que le mode injonctif signifie l’absence de durée, la durée infinie d’un « instant » de l’existence : (2b).

2a. La durée des modes jonctifs

Le sens de la durée finie d’un mode jonctif est encore :

- Défini et temporel pour les « temps » de l’objonctif : (3a).

- Ou indéfini et intemporel pour le « moment » du subjonctif : (3b).

3a. Les temps de l’objonctif Les formes de l’objonctif signifient la durée définie du temps de l’existence. Elles

contiennent le sens d’une fin des temps. Or ce temps se voit, se revoit ou se pré-

voit toujours dans le présent de la pensée. Il suffit que la fin du présent se mani-

feste ou non dans l’esprit pour qu’apparaisse « à l’instant présent de la fin des

temps » :

- Le temps infini du présent, qui dure tant que l’existence n’a pas de fin.

- Ou le temps fini de l’absent, quand la fin du présent se manifeste dans la pensée pour matérialiser :

La présence certaine de l’existence dans le temps défini du passé.

Ou la présence incertaine de l’existence dans le temps indéfini du futur.

Voyons maintenant comment se réalisent :

- Le temps infini du présent : (4a).

- Et les temps finis de l’absent : (4b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

235

4a. Le temps présent

Tant que l’existence existe la durée du présent n’a pas de fin, elle est infinie et n’a

pas de matérialité. Si le présent est infini et sans durée, c’est une grandeur imma-

térielle, atemporelle ! Il est d’ailleurs senti comme telle.

Ex. : La terre est ronde.

Cet exemple montre bien que l’existence de la rotondité de la terre s’inscrit bien

au-delà du présent, elle s’inscrit aussi dans l’éternité du passé et dans l’éternité du

futur. Mais le présent n’est pas atemporel, c’est un temps qui existe car

l’existence existe, c’est un temps qui n’a pas de fin parce qu’il est la fin, et qui n’a pas de durée parce qu’il est la durée. Le présent est « un », il est à la fois le

contenant et le contenu de l’infini du temps, il est toujours éternel, il est sempiter-

nel. Mais comme il dure tant que dure l’existence, il dure relativement à la per-

manence de l’existence. C’est d’ailleurs là que se trouve l’explication du mystère

de la matérialité du présent : le sens de sa durée n’est pas contenu dans celui du

« temps » présent, mais dans celui de « l’existence » présente, dans l’expression

du sens final fini ou infini de la permanence du verbe, alors :

- Le temps présent est infini si la permanence de l’existence est infinie.

- Le moment présent est fini si la permanence de l’existence est finie.

Le temps infini du présent Au présent l’expression du sens final de la permanence de l’existence peut pren-

dre une valeur infinie, le présent est alors infini lui aussi, il n’a pas de matérialité,

pas de durée, par voie de conséquence le moment et l’instant présent n’existent

pas eux aussi.

Ex. : Le soleil se lève à l’est. Dans cet exemple s’il est certain que le soleil se lève dans le temps présent, on ne

sait pas s’il se lève au moment ou à l’instant présent.

Le moment fini du présent

Si le sens final de la permanence de l’existence est fini, la durée du présent est

finie, elle aussi. Cette durée se nomme :

- Le moment « défini » du présent si le verbe est de sens perfectif.

Ex. : Jules sort.

- Le moment « indéfini » du présent quand il est de sens imperfectif.

Ex. : Jules dort.

4b. Le temps absent

Le temps absent est un temps éternel d’une durée finie qui se termine ou com-

mence au présent. Cette durée finie est fixée une fois pour toute dans le sens

défini du temps passé ou indéfini du futur. Ici, le sens final perfectif ou imperfec-

tif du verbe ne pourra plus s’exprimer, à moins que le contresens final de son

emploi veuille indiquer le contraire. Si la permanence de l’existence s’exprime en

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La grammaire du verbe

236

toute liberté dans la durée infinie du temps présent, ce n’est plus le cas ici, la

durée du temps absent est finie, elle est connue et définitivement fixée dans le

sens du temps qui s’impose au sens du verbe, qu’il s’agisse :

- D’un moment défini du passé ou du futur qui s’impose au sens final perfectif

ou imperfectif du verbe.

Ex. : Le soleil se leva à l’Est. / Le soleil se lèvera à l’Est.

Ex. : Jules sorti. / Jules sortira.

Ex. : Jules dormi. / Jules dormira.

- D’un moment indéfini du passé ou du futur qui s’impose au sens final perfectif ou imperfectif du verbe :

Ex. : Le soleil se levait à l’Est. / Le soleil se lèverait à l’Est.

Ex. : Jules sortait. / Jules sortirait.

Ex. : Jules dormait. / Jules dormirait.

C’est la fin du présent qui matérialise le temps absent. Cette finition se réalise

conformément aux lois de l’ordre de telle manière que l’infini du présent :

- Finit le temps défini du passé : (5a).

- En même temps qu’il se finit dans le temps indéfini du futur : (5b).

5a. Le temps passé

Le passé est un temps défini, sa fin est certaine. Où se situe cette fin ? L’ordre de

l’achèvement répond à cette question : le défini se finit dans l’infini. Donc le

temps défini du passé se finit dans le présent infini, il se termine dans la certitude

du présent. Et quand commence-t-il ? Selon l’ordre du commencement : le défini

finit l’indéfini, donc le temps défini du passé finit le temps indéfini du futur. Le

passé commence quand l’existence n’a plus de futur. Le passé est un temps dans lequel la présence de l’existence est certaine, la pen-

sée réelle sait où se trouve la fin du présent qui commence le passé. La durée

définie du passé se réalise :

- Soit dans un moment défini de l’existence passée qui est celui d’un instant :

Inachevé.

Ex. : Je chantai.

Ou achevé.

Ex. : J’eus chanté.

- Soit dans un moment indéfini de l’existence passée, qui est celui d’un instant :

Inachevé.

Ex. : Je chantais. Ou achevé.

Ex. : J’avais chanté.

5b. Le temps futur

Le futur est un temps indéfini, sa fin est incertaine. Où se trouve-t-elle ? Pour le

savoir il suffit de se reporter à la loi de l’ordre de l’achèvement selon laquelle :

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

237

l’indéfini se finit dans le défini. Le temps indéfini du futur s’achève quand le

temps défini du passé commence, il se finit dans l’incertitude du commencement

du passé. A contrario, la loi de l’ordre du commencement selon laquelle :

l’indéfini finit l’infini permet de penser que le futur commence au présent.

Si la temporalité du futur est indéfinie, elle est d’une certaine manière « intempo-

relle » et ressemble beaucoup à celle du subjonctif. On comprend mieux pourquoi

le subjonctif est parfois senti comme un futur.

Ex. : Qu’il vienne !

La durée indéfinie du futur se réalise : - Soit dans un moment défini de l’existence future, qui est celui d’un instant :

Inachevé.

Ex. : Je chanterai.

Ou achevé.

Ex. : J’aurai chanté.

- Soit dans un moment indéfini de l’existence future qui est celui d’un instant :

Inachevé.

Ex. : Je chanterais.

Ou achevé.

Ex. : J’aurais chanté.

3b. Le moment du subjonctif Les formes du subjonctif contiennent le sens d’un temps indéfini qui se nomme le

moment de l’existence. Le subjonctif est intemporel, mais il n’est pas atemporel.

Il doit être considéré comme un moment du temps car l’existence est finie, indé-

finie certes, mais elle existe du fait qu’elle est nécessairement présente dans

l’esprit de celui qui la conçoit. Sachant que le « présent » est une fin qui limite la

« présence » de l’existence, la question est de savoir où se trouve le présent du

subjonctif. Il n’est malheureusement pas possible de répondre à cette question, la

réalité de l’existence spirituelle subjonctive étant indéfinie, sa présence et son

présent sont, eux aussi, indéfinis. On ne sait pas où se trouve ce présent qui se

trouve réduit à ne plus être qu’un moment « omniprésent » de l’existence spiri-

tuelle qui matérialise la durée d’un temps indéfini. Mais ce moment de l’existence qui est, lui aussi, défini ou indéfini pourra toujours « se finaliser » dans le temps

défini du réel en respectant l’ordre de l’achèvement du temps. Selon que le mo-

ment du subjonctif :

- N’est pas finalisé dans le temps réel, il restera « intemporel » : (4a).

- Finalisé dans le temps réel, il sera « temporel » : (4b).

4a. Le moment intemporel du subjonctif

Le moment du subjonctif reste intemporel tant qu’il n’est pas finalisé dans le

temps réel, sa durée définie ou indéfinie s’exprime de la même manière que le

temps indéfini du futur.

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La grammaire du verbe

238

Le moment intemporel défini du subjonctif est alors senti comme le « futur

défini » d’un instant :

- Inachevé.

Ex. : On ne craint point qu’il venge un jour son père (J. Racine).

- Ou achevé.

Ex. : Qu’il soit parti avant midi.

Le moment intemporel indéfini du subjonctif est senti comme le « futur

indéfini » d’un instant : - Inachevé.

Ex. : On craint qu’il n’essuyât les larmes de sa mère (J.Racine).

- Ou achevé.

Ex. : Il eût été plus sage de réfléchir (Il aurait été plus sage de réfléchir).

4b. Le moment temporel du subjonctif

Si le moment du subjonctif est finalisé dans le temps réel, il devient temporel. Ici,

sa durée définie ou indéfinie se plie aux lois de l’achèvement du temps de la ma-

nière suivante :

Le moment temporel défini se finit dans le temps infini du présent qui est

celui d’un instant : - Inachevé.

Ex. : Qu’il plaise au ciel de vous guérir.

- Ou achevé.

Ex. : Que tout le monde soit rassuré, il n’y a rien de grave.

Le moment temporel indéfini se finit dans le temps défini du passé en

adoptant la nuance de sens :

- Du passé défini, (auquel il emprunte un peu de sa forme et de son sens) :

Inachevé.

Ex. : Qu’il plût au ciel de vous guérir est une heureuse nouvelle.

Ou achevé. Ex. : Qu’il eût plu au ciel de vous guérir est une heureuse nouvelle.

- Ou du passé indéfini :

Inachevé.

Ex. : Fût-il là, cela n’aurait rien changé. (S’il était là, cela n’aurait rien

changé).

Ou achevé.

Ex. : Eût-il été là, cela n’aurait rien changé : (S’il avait été là, cela n’aurait

rien changé).

On voit que d’une manière ou d’une autre le subjonctif s’exprime, lui aussi, dans

les trois dimensions du temps de la pensée.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

239

2b. L’instant sans durée de l’injonctif

La temporalité de l’injonctif est infinie. Le temps de l’existence injonctive

n’existe pas, du fait que l’existence n’existe pas. Elle n’existe qu’en puissance

dans un instant qui n’a pas de durée. Selon les lois de l’ordre cet instant est :

Inachevé :

- Au présent quand il n’est pas finalisé dans le temps. L’injonctif est infini

comme le présent, mais le présent est un temps infini qui existe, alors que

l’injonctif est un temps infini qui n’existe pas. Ex. : Marchons, marchons ! Qu’un sang impur…

- Ou dans le futur s’il est finalisé dans le temps. (L’infini se finit dans l’indéfini).

Ex. : Venez me voir.

Ou achevé. Si l’instant inachevé de l’injonctif se finalise dans la temporalité

indéfinie du futur, son instant achevé se finalise dans la temporalité indéfinie du

subjonctif, dont il prend la forme. Il est alors senti, de la même façon que le sub-

jonctif, comme :

- Un présent achevé.

Ex. : Aie terminé tes devoirs quand tu te mets à table.

- Ou un futur achevé.

Ex. : Soyez partis avant ce soir.

7B. LA FORME « PSYCHOLOGIQUE » DU MODE

L’esprit formalise « l’essence » des choses dans « l’espace » de la pensée de la

même manière qu’il finalise « l’existence » des choses dans « le temps » de la

pensée. L’espace est informel, il n’a pas de forme, mais il est le contenant des

formes. En leur absence il n’existe pas, il n’existe que relativement à elles. C’est

la forme psychologique des choses qui matérialise l’espace de la pensée. Ainsi, la

présence d’une forme psychologique corporelle matérialise l’espace de la pensée

réelle, tout comme la forme spirituelle réalise celle de l’espace idéel et la forme

potentielle celle de l’espace virtuel. Curieusement, la forme de cet espace est une image en miroir parfaite de la fin du

temps. Comment le sens de la fin du temps chronologique pourrait-il avoir une

quelconque symétrie avec la forme de l’espace psychologique ? Ce paradoxe

troublant mérite une explication.

Sachant que l’essence et l’existence se confondent « consubstantiellement » dans

l’être, si la « fin » est l’enveloppe qui limite la matérialité de son existence, et si

la « forme » est l’enveloppe qui limite la matérialité de son essence, on doit alors

admettre que la « forme-fin » est l’unique enveloppe qui limite la matérialité de

l’être. Dès lors la forme et la fin ne peuvent plus être que « l’envers ou l’endroit »

de cette enveloppe, dans ce cas :

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La grammaire du verbe

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- Si la forme se trouve à l’endroit de l’être, on se situe dans un « ordre morpho-logique » qui nous est accessible du fait de la visibilité de la forme.

- Si c’est la fin qui est à l’endroit de l’être, on se situe dans un « ordre téléolo-gique » inaccessible compte tenu de l’invisibilité de la fin.

La fin invisible.

La forme visible.

Le Néant

Spatio-temporel

L’examen du contenant spatio-temporel de l’être montre que le néant du présent

infini limite le temps de son existence, et que le néant de l’horizon informel limite

l’espace de son essence. Si l’essence et l’existence sont consubstantielles, cela

implique que l’espace-temps est, lui aussi consubstantiel, et que « l’horizon-

présent » est l’unique enveloppe universelle de l’être. L’horizon et le présent ne

peuvent plus être, eux aussi, que « l’envers ou l’endroit » de cette enveloppe. Le

présent devrait être alors à l’envers de l’horizon quand on se place dans l’ordre morphologique, et inversement dans l’ordre téléologique.

Voyons maintenant ce qui se passe quand on se place dans une vision relative de

l’être par rapport à l’espace-temps. On voit immédiatement que :

- Dans l’ordre morphologique, c’est la forme de l’être qui se situe à l’endroit de l’espace-temps.

- Alors que dans l’ordre téléologique, c’est la fin de l’être qui se trouve à l’endroit de l’espace-temps.

L’espace-temps de la pensée fonctionne exactement de cette façon.

- Dans l’ordre psychologique, c’est la forme visible de la chose qui se situe à l’endroit de l’espace-temps de la pensée.

- Alors que dans l’ordre chronologique, c’est la fin invisible de la chose qui se trouve à l’endroit de l’espace- temps de la pensée.

Etre

L’Etre

L’Ordre

Morphologique L’Ordre

Téléologique

L’Etre

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

241

En résumé, le sens psychologique d’un mode n’est rien d’autre que l’envers de

son sens chronologique, de telle façon que le sens de la fin de l’existence dans le

temps de la pensée se « retourne » pour montrer le contresens de la forme de

l’existence dans l’espace de la pensée. Ce sens psychologique n’apparaît pas dans

le tableau de la conjugaison, il ne prend vraiment toute sa valeur qu’au moment

de l’emploi du mode pour montrer « l’évidence » de l’existence dans l’espace de

la pensée. C’est l’enveloppe formelle de l’existence qui matérialise cet espace,

dans une limite physique psychiquement visible. La forme de l’existence et

l’espace sont consubstantiels, ils se conçoivent en réalité dans la limite d’une forme commune, qui s’apprécie en valeur absolue quand on regarde l’existence et

en valeur relative quand on regarde l’espace. Si l’existence est infinie, elle n’a pas

de limite, son évidence formelle n’a pas de matérialité, elle n’est que potentielle,

par voie de conséquence l’espace lui-même n’a pas de matérialité, il n’est que

virtuel. Si l’existence est finie, elle est alors matérialisée dans l’enveloppe de sa

limite formelle, et l’espace est lui aussi formé, de la même manière que

l’existence. La forme de cet espace s’apprécie au niveau :

- Du sens de la spatialité du mode pour imaginer la nature de l’espace de la pen-sée : (1a).

- Du sens psychologique du mode si l’on veut appréhender la facture de l’espace de la pensée : (1b).

1a. Le sens de la spatialité du mode

Les modes s’ordonnent selon les lois du commencement des formes dans l’ordre

d’un espace :

- Formel défini pour l’objonctif. - Formel indéfini pour le subjonctif.

- Informel et infini pour l’injonctif.

On voit que l’esprit fait une distinction entre l’espace de la pensée :

- Formelle des modes jonctifs qui sont les modes de la pensée concrètement matérialisée dans la réalité (2a).

- Informelle du mode injonctif qui est le mode de la pensée concrètement imma-térialisée dans la réalité : (2b).

2a. La spatialité formelle des modes jonctifs

L’espace de cette pensée est :

- Formel et défini, donc réel pour le mode objonctif : (3a).

- Formel et indéfini, donc idéel pour le mode subjonctif : (3b).

3a. La spatialité réelle de l’objonctif

L’objonctif est le mode de la pensée réelle. L’existence s’y réalise psychologi-

quement dans l’enveloppe d’une forme corporelle concrète conçue dans l’espace

d’une pensée fondamentalement réelle et objective.

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La grammaire du verbe

242

Ex. : J’entends qu’il vient.

La forme du verbe venir est conçue comme une forme d’existence corporelle,

réalisée dans l’espace de la pensée réelle.

3b. La spatialité idéelle du subjonctif

Le subjonctif est le mode de la pensée idéelle. Dans ce mode l’existence se réalise

psychologiquement dans l’enveloppe d’une forme spirituelle conçue dans

l’espace d’une pensée fondamentalement idéelle et subjective.

Ex. : J’entends qu’il vienne. La forme du verbe venir est conçue comme une forme d’existence spirituelle,

réalisée dans l’espace d’une pensée idéelle.

2b. La spatialité informelle ou virtuelle de l’injonctif

L’injonctif est le mode de la pensée virtuelle. L’espace de cette pensée n’a pas la

consistance réelle de l’objonctif, ni la consistance spirituelle du subjonctif ; il se

conçoit comme un espace virtuel dans lequel la chose de l’existence n’existe

qu’en « puissance ». Du coup l’existence n’étant pas matérialisée réellement,

l’espace est informel, privé de l’horizon qui permettrait d’apprécier sa matérialité.

L’espace de la pensée injonctive est fondamentalement virtuel, il est en puissance

objectif ou subjectif, il est « projectif ».

Ex. : Viens ! La forme du verbe venir est conçue comme une forme d’existence potentielle

réalisée dans l’espace d’une pensée virtuelle et projective.

1b. Le sens psychologique du mode

C’est encore la pensée qui élabore les trois grandes formes de l’expression psy-

chologique des choses que sont :

- L’entendement qui « expose » la réalité des choses, sous la forme de

l’affirmation, de la sentence, de l’énoncé de vérités générales, de la capacité, de

l’intention, de la promesse, de la permission, etc.

- L’accommodement qui « compose » avec la réalité des choses, en prenant la

forme de la nécessité, de l’obligation, de la probabilité, de l’hypothèse, de la condition, de la concession, du regret, du doute, du vœu, du souhait, etc.

- Le commandement qui « impose » sa réalité des choses sous la forme de

l’ordre, de la contrainte, du conseil, de l’alerte, de l’exhortation, de l’imploration,

de la demande, de l’invitation, du conseil, de la prière, etc.

La pensée prend une forme :

- Esciente dans les modes jonctifs en s’adossant sur le contresens formel du sens

fini du temps : (2a).

- Nesciente dans le mode injonctif qui s’appuie sur le contresens informel du

sens infini du temps : (2b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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2a. La pensée esciente des modes jonctifs

La pensée esciente sait distinguer les nuances de la réalité. Cette capacité de dis-

tinction se situe :

- Dans la pensée consciente de l’objonctif qui repose sur le contresens formel du sens défini du temps : (3a).

- Dans la pensée presciente du subjonctif qui repose sur le contresens formel du sens indéfini du temps : (3b).

3a. La pensée consciente de l’objonctif

L’objonctif est l’espace d’une pensée réelle dans laquelle se réalisent les formes

d’existences corporelles. Il est le mode de la pensée consciente, définie, objective,

qui « sait qu’elle sait ». L’étymologie du mot conscience signifie « science de

soi ». Elle suggère la connaissance de l’être par lui-même, et suppose une intros-pection de la pensée en elle-même, qui se nomme « l’introjection psycholo-

gique ». Ce processus d’introjection objectif ou subjectif se matérialise dans la

pensée en s’appuyant sur le contresens formel de la fin du temps. On voit immé-

diatement que :

- Le présent infini ne dispose pas du sens de cette fin sur laquelle pourrait s’appuyer le contresens formalisant d’une introjection psychologique. La psy-

chologie du présent n’est pas introjective, elle est simplement « jective » : (4a).

- Il en va tout autrement pour l’absent qui est un temps d’une durée finie, donc pourvu du contresens formalisant d’un état psychologique introjectif : (4b).

4a. La psychologie jective du présent

Le présent ne fait pas l’objet d’un parti pris psychologique qui résulterait d’une

introspection mentale. Ce temps n’a pas d’état d’esprit ni d’état d’âme, il n’est ni

objectif ni subjectif, il est simplement « jectif ». Cette propriété lui vaut d’être

employé pour exprimer directement les formes de la pensée de :

- L’entendement : Ex. : La terre tourne autour du soleil.

- L’accommodement :

Ex. : Vous m’êtes sympathique.

Ex. : Venez dîner ce soir à la maison.

Ex. : Voulez-vous fermer la fenêtre, s’il vous plaît.

- Et du commandement :

Ex. : Tu ranges tes affaires et tu vas te coucher.

4b. La psychologie introjective de l’absent

L’absent est le siège d’une introjection psychologique qui repose sur le contre-

sens formel de la « durée du temps ». Cette introjection aura une valeur :

- Objective si elle s’introduit dans la conscience définie du passé : (5a).

- Subjective quand elle pénètre dans la conscience indéfinie du futur : (5b).

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La grammaire du verbe

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5a. La psychologie objective du passé

Le passé est un temps psychologique objectif, il fait l’objet d’une prise de cons-

cience qui s’appuie sur le contresens formel du « moment de l’existence ». Ce

parti pris est révélateur d’un certain :

- État d’esprit objectif si cette prise de conscience s’appuie sur le contresens formel du moment défini du passé : (6a).

- État d’âme subjectif quand elle repose sur le contresens formel du moment indéfini du passé : (6b).

6a. L’état d’esprit objectif du passé défini

L’état d’esprit est un état mental objectif. Comme il se situe dans le cadre d’une

pensée elle-même objective, le passé défini est un temps psychologique « abso-

lument objectif », c’est-à-dire totalement objectif. - L’entendement y prend la valeur d’une affirmation à valeur de vérité générale.

Ex. : Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

- L’accommodement qui suppose un minimum état d’esprit subjectif ou un cer-

tain état d’âme, n’est pas dans les attributions du passé défini.

- Le commandement qui ne vaut que pour l’avenir ne figure pas non plus dans

les attributions du passé défini.

6b. L’état d’âme subjectif du passé indéfini

L’état d’âme est l’expression d’un état sentimental toujours subjectif. Comme il

s’exprime dans le cadre d’une pensée globalement objective, le passé indéfini est

un temps psychologique « relativement objectif », c’est-à-dire objectif mais aussi

subjectif. - L’entendement y prend par exemple la forme d’une vérité générale.

Ex. : Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.

- L’accommodement qui repose sur un certain état d’âme est son moyen

d’expression psychologique favori.

Ex. : Je voulais vous dire que je vous aime.

- Le commandement y prend la forme de l’accommodement.

Ex. : Et si tu faisais tes devoirs, maintenant ?

5b. La psychologie subjective du futur

Le futur est un temps psychologique subjectif. Comme le passé, il est aussi l’objet

d’une prise de conscience, d’un parti pris qui s’appuie sur le contresens formel du « moment de l’existence », et qui pourra révéler un certain :

- État d’esprit objectif si cette prise de conscience s’appuie sur le contresens formel du moment défini du futur : (6a).

- État d’âme subjectif quand elle repose sur le contresens formel du moment indéfini du futur : (6b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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6a. L’état d’esprit objectif du futur défini

L’état d’esprit objectif s’exprime ici dans le cadre globalement subjectif du futur.

Le futur défini est donc le mode de la pensée réelle « relativement subjective »,

c’est-à-dire subjective mais aussi objective.

- L’entendement s’y exprime sous la forme de vérités générales.

Ex. : Tu ne tueras point.

- L’accommodement qui suppose un minimum de subjectivité, y prend plusieurs

formes, particulièrement celle de l’hypothèse.

Ex. : On sonne, ce sera le facteur. - Le commandement, qui s’inscrit dans le cadre d’un état d’esprit objectif, fait

aussi partie de ses prérogatives.

Ex. : Tu rangeras tes affaires et tu iras te coucher.

6b. L’état d’âme subjectif du futur indéfini

Puisque l’état d’âme subjectif s’exprime dans le cadre de la pensée subjective du

futur, le futur indéfini est le mode de la pensée réelle « absolument subjective »,

c’est-à-dire complètement subjective.

- L’entendement s’y exprime comme partout ailleurs sous la forme de vérités

générales.

Ex. : Bon sang ne saurait mentir.

- L’accommodement y prend toutes les formes, en particulier celle d’un état affectif bien plus subjectif que celui du passé indéfini.

Ex. : Je voudrais vous dire que je vous aime.

- Le commandement qui suppose un minimum d’objectivité ne fait pas partie du

domaine psychologique du futur indéfini.

3b. La pensée presciente du subjonctif

L’objonctif est globalement objectif, le subjonctif lui, est globalement subjectif.

C’est le mode d’un état de pensée idéel dans lequel se réalisent les formes

d’existence spirituelles de l’idéalité et de la sentimentalité à l’état pur, il signifie

aussi bien :

- L’enthousiasme. Ex. : Vive la France !

- Le regret ou l’espoir.

Ex. : Qu’il en soit ainsi.

Ex. : Viennent les beaux jours !

- La sympathie ou l’antipathie.

Ex. : Je suis heureux que tu sois là.

Ex. : Je n’aime pas qu’il soit là.

- Et même le sentiment de volonté ou d’abandon.

Ex. : Qu’il vienne !

Ex. : Qu’il arrête !

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La grammaire du verbe

246

Le subjonctif se situe dans l’espace du prescient sentimental qui repose sur le

contresens formel de la durée indéfinie du temps, c’est un mode « qui sait qu’il ne

sait pas ». L’expression de la pensée subjective de ce mode est bien supérieure à

celle du futur qui s’exprime dans l’espace fondamentalement réel de la pensée

objective. En fait les choses sont moins simples qu’elles ne le paraissent. En effet,

le principe d’incertitude absolue implique que le subjonctif soit le siège d’une

pensée qui manque de clarté, qu’elle puisse signifier une chose ou son contraire,

douter ou affirmer, supplier ou ordonner, sans qu’il soit possible de préciser avec

certitude si l’expression de cette pensée relève de l’escient ou du nescient. La pensée sentimentale du subjonctif est une sorte de compromis entre la pensée

mentale de l’objonctif et la pensée comportementale de l’injonctif, elle est une

sensation confuse du réel et du virtuel dans l’idéel, elle est le pressentiment

qu’une chose peut exister et ne pas exister. Le subjonctif est un mode qui regarde

en lui-même et au dehors de lui-même, il se réalise aussi bien dans l’expression

intemporelle :

- D’un état d’esprit objectif quand il repose sur le contresens formel de son mo-ment défini : (4a).

- D’un état d’âme subjectif quand il repose sur le contresens formel de son mo-ment indéfini : (4b).

4a. L’état d’esprit objectif du subjonctif défini

Le subjonctif défini est le mode de la pensée idéelle « relativement subjective », il

est globalement subjectif, mais il exprime aussi l’objectivité de son état d’esprit.

Il ressemble beaucoup au futur défini, comme lui il exprime :

- L’entendement sous la forme d’une affirmation ou d’une vérité générale. Ex. : Honni soit qui mal y pense.

- L’accommodement est le mode de prédilection du subjonctif. Il l’exprime sous

toutes ses formes, surtout le souhait et l’hypothèse.

Ex. : Que le ciel vous vienne en aide.

Ex. : Soit un triangle rectangle.

- Le commandement, sans que l’on puisse dire s’il est jectif ou projectif.

Ex. : Qu’il vienne !

4b. L’état d’âme du subjonctif indéfini

Le subjonctif indéfini est le mode de la pensée idéelle « absolument subjective »,

il ressemble beaucoup au futur indéfini. Comme lui il exprime : - L’entendement sous la forme de l’affirmation.

Ex. : Plût à Dieu qu’on réglât ainsi toutes les querelles (La Fontaine).

- L’accommodement.

Ex. : Rodrigue, qui l’eût cru ? (Corneille).

- Le commandement qui suppose un minimum d’objectivité ne fait pas partie des

attributions du subjonctif indéfini.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe ancillaire.

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Le subjonctif est vraiment un mode caméléon, il signifie toutes les formes du

temps et toutes les formes de la pensée, il est aussi insaisissable que la pensée qui

le conçoit.

2b. La pensée nesciente de l’injonctif

L’injonctif est le mode de la pensée virtuelle du nescient. La pensée nesciente est

une pensée primitive, purement comportementale, instinctive et projective des

formes d’existence potentielles, elle est infinie. Quand on y songe, l’injonctif

pourrait bien être aussi l’expression du néant créateur des formes de la pensée. Que l’on reprenne l’ordre naturel des formes modales réalisées, non plus dans le

sens du commencement des formes mais dans celui de l’achèvement. On

s’aperçoit alors qu’il pourrait être à l’origine de toutes les formes modales réali-

sées, de la même façon que l’infinitif pour les modes irréalisés. En remarquant au

passage que l’infinitif est lui-même une forme primitive de l’injonction imper-

sonnalisée.

Ex. : Ne pas se pencher au dehors.

On a vraiment l’impression que la pensée des modes réalisés s’élabore à partir du

néant infini de la pensée de l’injonctif qui engendrerait celle du subjonctif pour

s’épanouir finalement dans celle de l’objonctif. Cette impression se confirme sur

le fait qu’il endosse en réalité les deux formes :

- Celle de l’objonctif quand il exprime la réalité du présent. - Celle du subjonctif quand il exprime l’idéalité du futur.

L’injonctif est le mode d’une pensée virtuelle dans laquelle se réalisent les formes

d’existences potentielles. Le fait de dire « travaille ! » montre bien que cette

forme d’existence n’est pas réellement réalisée, elle n’est que potentiellement

réalisée.

Le nescient est l’espace d’une pensée infinie, il n’a pas de limite. Il se situe là où

l’espace psychique de l’existence se dilue dans l’espace somatique de l’essence,

là où l’instinct plonge ses racines dans le génome. Comme le présent, qui est à la

fois le contenant et le contenu du temps, le nescient est le contenant et le contenu

de la pensée, il ne fait pas le partage entre le conscient et le prescient, il est tout à

la fois, il ne cherche pas à savoir, puisqu’il « ne sait pas qu’il sait ». L’injonctif est un mode qui ne regarde pas en lui-même, il regarde au dehors de lui-même, il

est en prise directe avec la réalité du monde extérieur. Il n’est ni mental ni senti-

mental, ni même objectif ou subjectif, il est tout à la fois, il est en puissance men-

tal et sentimental, objectif et subjectif, il est comportemental et projectif. Il ex-

prime aussi bien l’élan d’une pulsion que l’état d’une émotion, dans un registre

qui va de l’instinct de domination jusqu’à l’instinct de conservation, ces deux

formes extrêmes et opposées de l’endroit du moi, et de son envers : l’autre.

L’injonctif signifie « enjoindre » au sens étymologique du terme qui veut dire

commander avec force mais aussi avec douceur, il n’est donc pas exclusivement

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La grammaire du verbe

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impératif au sens étymologique du terme, qui signifie imposer par la puissance.

Cette caractéristique fondamentale lui vaut d’être employé pour exprimer :

- L’entendement par exemple sous forme de sentence.

Ex. : Connais-toi toi-même.

- L’accommodement sous la forme du vœu, de la prière etc.

Ex. : Soyez bénie entre toutes les femmes.

Ex. : Pardonnez-moi.

- Le commandement principalement sous la forme de l’ordre qui est son mode

d’expression de prédilection. Ex. : Taisez-vous !

3B. LE SENS DU VERBE AUXILIAIRE

La forme du verbe auxiliaire contient le sens d’une modité qui lui appartient en

propre, et le sens des modalités qui concernent la personnalité et la réalité spatio-

temporelle de son ancillaire. Les auxiliaires sont tous issus du processus de finali-

sation concrète de l’infinitif, à partir duquel ils s’organisent dans l’ordre de

l’achèvement des formes :

- De l’auxiliaire infini, vide du sens concret de l’existence : (4A). Ex. : Il a (chanté).

- Jusqu’aux auxiliaires finis que sont : (4B). Le semi-auxiliaire indéfini qui manque du sens concret de l’existence.

Ex. : Il va (chanter).

Et l’hémi-auxiliaire défini qui est plein du sens concret de l’existence.

Ex. : Il travaille (en chantant).

4A. LES AUXILIAIRES INFINIS : ETRE ET AVOIR

Pour s’en tenir à la définition de la forme psychique, il faut analyser :

- Le sens des auxiliaires infinis : (1a).

- Au moment de leur emploi : (1b).

1a. Le sens des auxiliaires infinis

Le sens propre des auxiliaires infinis n’apparaît qu’au moment de leur emploi au

niveau de :

- Leur sens final qui matérialise « la présence » du sens de l’existence ancillaire dans le temps de la pensée : (2a).

- Et de leur sens formel qui matérialise « l’évidence » de l’existence ancillaire dans l’espace de la pensée : (2b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

249

2a. Le sens final des auxiliaires

Le sens final des auxiliaires être et avoir est celui qui matérialise concrètement

« la présence » de l’existence ancillaire dans le temps de la pensée. Ces auxi-

liaires sont vides de sens, ils ne contiennent que le sens infini d’une existence qui

exerce un pouvoir étrange de « finition concrète » qui s’exerce, non seulement sur

le sens de l’existence qu’exprime le verbe ancillaire définitif, mais aussi sur celui

du temps qui se trouve contenu dans la forme du verbe auxiliaire. Le sens final

infini de l’auxiliaire possède deux valeurs de sens :

- Le sens téléologique du parfait qui dit la fin de l’existence : (3a).

- Le sens chronologique de l’antéparfait qui dit la fin du temps (3b).

3a. Le sens téléologique du parfait

L’auxiliaire est d’abord utilisé pour finaliser et formaliser le sens définitif de son ancillaire. On dit qu’il est « perfectif » parce qu’il donne toujours naissance à une

forme d’existence ancillaire achevée. Mais cela ne suffit pas, il faut aussi que le

sens final de la permanence de l’existence achevée se finalise dans le temps.

- Si l’ancillaire est de sens perfectif, le sens final de sa permanence est « défini »,

et le processus de finalisation de l’existence achevée dans le temps se déroule

selon la troisième loi de l’ordre de l’achèvement : « Le défini se finit dans

l’infini ». L’infini dont il s’agit, c’est celui du temps présent. Voilà pourquoi le

parfait des verbes perfectifs est souvent senti comme un présent.

Ex. : J’ai trouvé la solution du problème.

- Si le verbe est imperfectif le sens final de sa permanence est indéfini et le par-

fait de l’existence est senti dans le temps défini du passé, conformément à la règle

selon laquelle : « L’indéfini se finit dans le défini ». Ex. : J’ai cherché la solution du problème.

Le parfait se rencontre au niveau de tous les modes, qu’il s’agisse :

Des modes mineurs du parfait que sont :

- Le parfait de l’infinitif : avoir chanté, être parti, s’être assis.

- Le parfait de l’indéfinitif : ayant chanté, étant parti, s’étant assis.

- Le parfait du définitif : (eu chanté, été parti, s’... eu assis.) n’existe pas en théo-

rie, pour la raison qu’une forme d’existence achevée ne s’achève pas une seconde

fois. Mais nous allons voir qu’il s’exprime d’une autre manière dans les formes

de l’antéparfait.

Et des modes majeurs du parfait que sont :

- Le parfait de l’objonctif : il a (aura, avait, etc.) chanté, il est (sera, était) parti,

il s’est (se sera, s’était) assis.

- Le parfait du subjonctif : qu’il ait (eût) chanté, qu’il soit (fût) parti, qu’il se soit

(se fût) assis.

- Le parfait de l’injonctif : aie chanté, sois partie, sois-toi assis.

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La grammaire du verbe

250

3b. Le sens chronologique de l’antéparfait

Le sens perfectif de l’auxiliaire s’exerce non seulement sur le sens de l’existence

dans la forme parfait, mais aussi sur le sens du temps dans la forme de

l’antéparfait. Pour cela l’auxiliaire se surcompose pour parfaire une seconde fois

le sens de sa propre forme et donner naissance à l’auxiliaire antéperfectif « eu ».

On obtient ainsi un mode parfait du définitif, ou si l’on veut parfait du parfait qui

se nomme l’antéparfait. Mais ici l’auxiliaire n’est plus perfectif du sens de

l’existence (on ne meurt pas deux fois), il est seulement perfectif du sens du

temps. Il donne le sentiment que l’instant achevé d’une forme d’existence s’est produit dans un temps achevé.

- Le parfait montre d’abord que la forme d’existence est achevée.

Ex. : Elle a chanté.

- L’antéparfait montre ensuite que cette forme d’existence s’est achevée dans un

temps achevé.

Ex. : Elle a eu chanté.

Le sens antéperfectif de l’auxiliaire se retrouve au niveau :

Des modes mineurs de l’antéparfait

- L’antéparfait de l’infinitif : avoir eu chanté, avoir été parti, s’être eu assis.

- L’antéparfait de l’indéfinitif : ayant eu chanté, ayant été parti, s’étant eu assis. - L’antéparfait du définitif : (*eu eu, *eu été, *s’été eu.) est impossibles pour la

raison que l’auxiliaire antéperfectif eu serait deux fois perfectif du sens de

l’existence. L’antéparfait n’emploie que deux auxiliaires, l’un pour la perfection

de l’existence, l’autre pour la perfection du temps. Par exemple avec les verbes

ancillaires avoir et chanter.

Ex. (1) : Avoir. Chanter. (Fait infinitif).

Ex. (2) : Avoir eu. Avoir chanté. (Parfait de l’infinitif).

Ex. (3) : Avoir eu eu. Avoir eu chanté. (Antéparfait de l’infinitif).

Ex. (4) : *Avoir eu eu eu. *Avoir eu eu chanté. Est impossible.

Affirmer que l’antéparfait exige la présence de deux auxiliaires ne suffit pas, il

faut maintenant savoir lequel est perfectif de l’existence et lequel est perfectif du temps, le premier ou le deuxième ?

- Si le verbe est univoque la solution est simple, c’est toujours le premier auxi-

liaire qui est perfectif de l’existence, c’est lui qui conjugue le verbe.

Ex. : Elle a eu chanté.

Ex. : Elle a eu été heureuse.

- Pour le verbe équivoque, l’auxiliaire être est perfectif du sens de l’existence, et

l’auxiliaire avoir est perfectif du sens du temps :

Si le verbe est de sens équivoque essentiel, l’auxiliaire être s’attache au sens

de l’essence pour conjuguer le verbe. Il est l’auxiliaire premier perfectif du

sens de l’existence.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

251

Ex. : Elle s’est eu assise.

Si le verbe est de sens équivoque existentiel, l’auxiliaire être s’attache au sens

de l’existence pour conjuguer le verbe. Il est l’auxiliaire second perfectif du

sens de l’existence.

Ex. : Elle a été partie.

On remarque que l’auxiliaire avoir est perfectif du sens du temps dans tous les

cas. Il n’y a que lui qui possède le sens existentiel infini capable de finaliser le

sens de la fin du temps.

Les modes majeurs de l’antéparfait sont peu employés, à tel point que

l’antéparfait des formes équivoques et de l’injonctif sont inusitées et purement

théoriques. Pour être systématique on les énumérera toutes :

- Antéparfait de l’objonctif : il a (aura, avait) eu chanté, il a (aura, avait) été

parti, il s’est (se sera, s’était) eu assis.

- Antéparfait du subjonctif : qu’il ait eu chanté, qu’il ait été parti, qu’il se soit eu

assis.

- Antéparfait de l’injonctif : ayez eu chanté ! ayez été parti ! sois-toi eu assis !

2b. Le sens formel de l’auxiliaire

Sachant que les auxiliaires être et avoir possèdent :

- Deux valeurs de sens final pour matérialiser « la présence » de l’existence an-cillaire dans le temps de la pensée :

Un sens téléologique pour signifier la fin de l’existence.

Un sens chronologique pour signifier la fin du temps.

- Nous allons voir qu’ils ont aussi deux valeurs de sens formel pour matérialiser

« l’évidence » de l’existence ancillaire dans l’espace de la pensée :

Un sens morphologique qui montre la forme de l’existence : (3a).

Un sens psychologique pour montrer l’espace de la pensée : (3b).

3a. Le sens morphologique

Le sens formel morphologique d’un verbe évoque l’idée de l’état ou/et de l’action

qui s’expriment par le biais de sa forme vocale et de sa forme vectrice. Si l’auxiliaire contient le sens d’une fin infinie, le sens de sa forme est nécessaire-

ment infini lui aussi, il est vide de sens formel fini, et ne possède pas de forme

vocale ou vectrice pour :

- Dire la « voix » de l’état ou de l’action, ce pouvoir n’appartient qu’au verbe

ancillaire.

Ex. (1) : Elle est sortie.

Ex. (2) : Elle a chanté.

En (1) l’auxiliaire être ne dit pas l’état du sujet (sortie n’est pas un qualificatif),

en (2) l’auxiliaire avoir ne dit pas l’action du sujet.

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La grammaire du verbe

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- Ou montrer la « voie » transitive ou attributive, ce pouvoir n’appartient qu’au

verbe ancillaire.

Ex. (3) : Elle est sortie.

Ex. (4) : Elle a mangé une pomme.

En (3) l’auxiliaire être n’est pas attributif, en (4) il n’est pas transitif.

Vide de sens formel fini signifie plein de sens formel infini. Le moment est venu

de s’interroger sur la réalité du sens de l’existence de ces deux auxiliaires.

Ex. : Jules a changé.

Ex. : Jules est changé. On voit que les auxiliaires être et avoir signifient la même chose : « Un état de

l’existence » de Jules. Si leur signification est identique, ils devraient être inter-

changeables, c’est effectivement le cas avec un verbe comme changer qui donne

l’impression que le sens de est = a.

Ex. : Jules a changé. = Jules est changé.

Mais l’analyse montre qu’il existe tout de même une nuance de sens très impor-

tante entre les deux auxiliaires.

- L’auxiliaire être montre « l’état essentiel » d’une forme d’existence ancillaire

qui s’accorde en genre et en nombre.

Ex. (1) : Julie est changée.

- L’auxiliaire avoir montre « l’état existentiel » d’une forme d’existence ancil-

laire qui ne s’accorde pas en genre et en nombre. Ex. (2) : Julie a changé.

On voit que les auxiliaires ne signifient pas l’existence du sujet, ils ne font que

montrer l’état essentiel changée, ou existentiel changé de la forme d’existence du

verbe ancillaire.

Sachant que :

- L’état essentiel signifie un état de l’essence matérialisé dans la limite d’une

forme visible et variable, il varie en genre et en nombre. En (1) l’ancillaire chan-

gée montre l’état de l’essence du sujet Julie, il varie en genre et en nombre.

- L’état existentiel signifie un état de l’existence matérialisé dans la limite d’une

fin invisible et invariable, il ne varie pas en genre et en nombre. En (2) l’ancillaire

changé montre l’état de l’existence du sujet Julie sans varier en genre et en nombre.

3b. Le sens psychologique

Tous les mots contiennent un sens psychologique qui se nomme « le sens de

l’idéalité ». L’auxiliaire infini ne fait pas exception.

Ex. (1) : Jules a disparu.

Ex. (2) : Jules est disparu.

En (1) le sens psychologique du définitif est plutôt objectif, on sent que Jules

n’est pas nécessairement le responsable de sa disparition, tandis qu’en (2) il est

plutôt subjectif, on sent que Jules pourrait bien être l’artisan de sa disparition.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

253

1b. L’emploi des auxiliaires infinis

Voyons l’emploi :

- Du sens de l’auxiliaire : (2a).

- Et celui de son contresens : (2b).

2a. L’emploi du sens de l’auxiliaire

Il faut dissocier :

- L’emploi du sens de sa modité : (3a).

- Et celui des modalités : (3b).

3a. L’emploi du sens de la modité

L’auxiliaire avoir s’emploie pour « parfaire » l’état existentiel des verbes

univoques :

- D’état.

Ex. : Elle a semblé heureuse.

- D’action : De sens personnel.

Ex. : Elle a mangé une pomme.

De sens impersonnel.

Ex. : Il a plu.

L’auxiliaire être est employé pour « parfaire » l’état essentiel des verbes

équivoques :

- Existentiels d’état ou d’action.

Ex. : Il est devenu grand.

Ex. : Elle est partie.

- Essentiels d’état et d’action.

Ex. : Elle s’est cousu une robe.

3b. L’emploi du sens des modalités

L’auxiliaire ne s’emploie pas seulement pour son sens perfectif il s’emploie aussi

pour le sens des modalités qu’il transporte au profit de l’ancillaire définitif. Ces

modalités se partagent entre celles :

- Du sens de la personnalité du mode : (4a).

- Et celles du sens de la réalité du mode : (4b).

4a. Le sens de la personnalité du mode

C’est l’auxiliaire qui transporte le sens de la personne, dans une forme modale

dont le sens est :

- Impersonnalisé :

Soit impersonnifié en l’absence d’un sujet.

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La grammaire du verbe

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Ex. : Avoir vu Naples et mourir.

Ex. : Être aimé est indispensable.

Soit personnifié en présence d’un sujet sans personnalité.

Ex. : C’est à Jules d’être élu.

Ex. : La fête de s’être achevée, nous partîmes.

- Personnalisé, de sens :

Personnel si le sujet justifie de son identité et de sa qualité.

Ex. : Il a chanté.

Ex. : Elle est partie. Impersonnel quand le sujet justifie de sa qualité mais pas de son identité.

Ex. : Il a plu.

Ex. : Il est arrivé une bonne nouvelle.

4b. Le sens de la réalité du mode

L’auxiliaire transporte aussi le sens des modalités :

- Téléo-morphologiques dans les modes dits « mineurs » :

De l’infinitif définitif : avoir chanté, être parti, s’être assis.

Ex. : Il est content d’avoir mangé.

Ex. : Il se plaint d’être tombé.

Ex. : Il croit s’être blessé.

Et de l’indéfinitif définitif : ayant chanté, étant parti, s’étant assis. Ex. : Ayant achevé son travail, il s’est rendu à son domicile.

Ex. : Etant arrivé à demeure, il a pu se reposer.

Ex. : S’étant reposé il a repris ses activités.

Le définitif définitif : eu chanté, été parti, s’... eu assis, apparaît dans toutes

les formes de l’antéparfait.

- Spatio-temporelles dans les modes « majeurs » :

De l’objonctif définitif : a chanté, est parti, s’est assis.

Ex. : Elle a (aura, avait) menti.

Ex. : Elle est (sera, était) venue.

Ex. : Elle s’est (se sera, s’était) lavée.

Du subjonctif définitif : ait chanté, soit parti, se soit assis. Ex. : Qu’elle ait (eût) menti n’est (n’était) pas très grave.

Ex. : Qu’elle soit (fût) venue me réjouit (réjouissait).

Ex. : Qu’elle se soit (fût) lavée ne me regarde (regardait) pas.

Et de l’injonctif définitif : ait chanté, soit parti, soi-toi assis.

Ex. : Aie rangé tes affaires avant que je ne sois de retour !

Ex. : Sois rentrée avant minuit !

Ex. : Soyez-vous lavé les mains avant de vous mettre à table !

2b. L’emploi du contresens

Il est à l’origine d’une confusion du sens :

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

255

- Entre les deux auxiliaires dans les voies transitives : (3a).

- Entre celui de l’ancillaire et de l’auxiliaire être : (3b).

3a. Le contresens entre auxiliaires

Sachant que le verbe d’action de sens transitif s’exprime :

- Par sa voix pour dire l’état existentiel du sujet qui exerce l’action.

- Par sa voie pour montrer l’état essentiel de l’objet qui subit l’action.

Et sachant que :

- L’auxiliaire avoir signifie l’état existentiel de l’ancillaire définitif.

- L’auxiliaire être signifie l’état essentiel de l’ancillaire définitif.

On comprend pourquoi :

- L’auxiliaire avoir est « mis pour être » si l’ancillaire définitif de sens transitif

univoque signifie l’état essentiel de l’objet : (4a). - L’auxiliaire être est « mis pour avoir » si l’ancillaire définitif de sens transitif

équivoque signifie l’état existentiel du sujet ou l’état essentiel de l’objet : (4b).

4a. L’auxiliaire avoir « mis pour être »

Ex. : La couturière a cousu une robe.

Dans cet exemple l’enchaînement des formes s’opère normalement. L’auxiliaire

avoir dit l’état existentiel de l’ancillaire définitif cousu. L’ancillaire s’accorde

donc existentiellement ni en genre ni en nombre avec son sujet, et ne s’accorde

pas essentiellement en genre et en nombre avec l’objet puisque celui-ci n’existe

pas dans la réalité au moment où l’ancillaire se présente.

Ex. : Une robe que la couturière a cousue.

Ici l’ancillaire transitif cousue ne peut pas se plier au commandement de l’auxiliaire avoir pour signifier l’état existentiel du sujet. Il doit nécessairement

montrer l’état essentiel de l’objet une robe, dont il connaît l’existence puisqu’il le

précède. Il s’accorde donc essentiellement en genre et en nombre avec l’objet. Il

faut en déduire que l’ancillaire définitif a finalisé le sens existentiel de son auxi-

liaire avoir avec le contresens essentiel de l’auxiliaire être pour signifier que : la

robe est cousue.

4b. L’auxiliaire être « mis pour avoir »

Ex. : La couturière s’est cousu une robe.

Dans cet exemple le pronom équivoque impose l’emploi de l’auxiliaire être qui

signifie l’état essentiel de l’ancillaire cousu. Or cet ancillaire transitif étant pro-grammé pour dire l’état existentiel de son sujet, on comprend facilement qu’il

refuse de répondre au sens qui lui est imposé. Etant dans l’incapacité de

s’accorder essentiellement (en genre et en nombre) avec un objet dont il n’a pas

eu connaissance, il s’accorde donc existentiellement (ni en genre ni en nombre)

avec son sujet. L’auxiliaire être a pris le contresens existentiel de l’auxiliaire

avoir pour signifier que la couturière a cousu une robe.

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La grammaire du verbe

256

L’exemple qui suit marque l’aboutissement du contresens entre auxiliaires.

Ex. : Une robe que la couturière s’est cousue.

On pourrait croire que le définitif se plie aux exigences de son auxiliaire pour

montrer l’état essentiel de son sujet, comme l’indique son accord en genre et en

nombre. En réalité ce n’est pas le sujet la couturière qui est cousue, mais l’objet

une robe qui le précède et dont il a pu prendre connaissance. Ici aussi, l’auxiliaire

être n’a pas joué son rôle, mais là, il n’a pas pris le contresens « existentiel » de

l’auxiliaire avoir, mais le contresens « essentiel » de avoir « mis pour être », pour

signifier : Une robe que la couturière a cousue.

3b. Le contresens entre l’ancillaire et l’auxiliaire

L’analyse différentielle entre l’ancillaire et l’auxiliaire avoir ne pose aucun pro-

blème, c’est surtout le verbe être qui fait difficulté. Avec lui l’analyse du contre-

sens est délicate à saisir, le sens de l’état essentiel de l’essence que signifie

l’ancillaire être se confond très facilement avec celui de l’état essentiel de

l’existence que signifie l’auxiliaire. Pour bien comprendre les données du pro-

blème il faut procéder à l’analyse préalable :

- Du sens formel morphologique de l’auxiliaire et de l’ancillaire : (4a).

- Avant d’aborder celle de leur contresens : (4b).

4a. L’analyse du sens

Elle repose sur l’étude des formes vocales et vectrices :

- De l’auxiliaire être : (5a).

- Et de son homologue ancillaire : (5b).

5a. Le sens de l’auxiliaire

L’auxiliaire être :

- N’a pas de forme vocale. Il a le même sujet que son ancillaire.

- Ni de forme vectrice attributive. Il conduit vers son ancillaire. L’auxiliaire être se consacre exclusivement au sens de l’ancillaire définitif pour

signifier son état essentiel. En bref, comme son nom l’indique, l’auxiliaire n’est

qu’un accessoire de conjugaison de l’ancillaire, ce n’est pas lui qui dit l’existence

du sujet, mais l’ancillaire qu’il introduit. En toute logique, si l’auxiliaire ne dit

pas l’existence du sujet, il n’a pas de sujet propre. Le seul sujet qu’il puisse re-

vendiquer c’est celui de son ancillaire. Il faut que l’auxiliaire et l’ancillaire aient

le même sujet.

Ex. : Julie est arrivée.

Le définitif arrivée a pour sujet Julie (Qui est-ce qui arrive ? – Julie). Le verbe

être est ici un auxiliaire qui possède le même sujet que son ancillaire.

5b. Le sens de l’ancillaire

.L’ancillaire être possède :

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

257

- Une forme vocale. Il a son propre sujet.

- Une forme vectrice. Il conduit vers un attribut.

Ex. : Julie est assise.

Le définitif assise donne vraiment l’impression d’avoir pour sujet le nom Julie

qui répond à la question : *Qui est-ce qui assoit ? – *Julie. Le verbe être aurait de

bonnes raisons pour être un auxiliaire. Mais la question n’est pas la bonne, ce

qu’il fallait dire c’est : Qui est-ce qui s’assoit ? – Julie. Si le définitif assise n’a

pas pour sujet Julie, ce n’est pas un verbe, c’est un adjectif, et par voie de consé-

quence le verbe être n’est pas un auxiliaire, c’est un authentique verbe ancillaire d’état qui possède son propre sujet.

4b. L’analyse du contresens

Cette analyse est d’autant plus délicate qu’il faut distinguer entre :

- Les vraies formes de contresens : (5a).

- Et la fausse forme de contresens : (5b).

5a. Le vrai contresens

Les vraies formes de contresens confondent le sens de l’auxiliaire et celui de

l’ancillaire. Il faut examiner la question :

- De l’auxiliaire « ancillarisé » qui se confond avec l’ancillaire : (6a).

- Et de l’ancillaire « auxiliarisé qui se confond avec l’auxiliaire : (5b).

6a. L’auxiliaire ancillarisé

L’auxiliaire être prend l’apparence d’un ancillaire lorsqu’il a le même sujet que

lui et qu’il conduit vers un attribut. Ici, pour reconnaître l’auxiliaire il suffit de

savoir comment se conjugue le définitif vers lequel il conduit. On devine que

l’analyse ne sera pas la même selon que le verbe est de sens ou de contresens

équivoque existentiel.

Le verbe de sens équivoque existentiel se conjugue toujours avec

l’auxiliaire être.

Ex. : Jules est mort.

- Etre a le même sujet que son ancillaire, (qui est-ce qui meurt ?), c’est un auxi-

liaire.

- Mort est un adjectif attribut du sujet, (il est pronominalisable), être est aussi un

ancillaire.

- Le verbe mourir se conjugue avec l’auxiliaire être : Etre est ici un auxiliaire

employé avec le contresens de l’ancillaire, c’est un auxiliaire ancillarisé.

Le verbe de contresens équivoque existentiel se conjugue avec l’auxiliaire être quand il est de sens ou de contresens intransitif.

Ex. : L’année est commencée.

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La grammaire du verbe

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- Etre a le même sujet que son ancillaire, (qui est-ce qui commence ?), c’est un

auxiliaire.

- Commencée est un adjectif attribut du sujet, (il est pronominalisable), être est

aussi un ancillaire.

- Or ce verbe se conjugue avec l’auxiliaire être seulement quand il est de contre-

sens intransitif. Celui-ci l’est incontestablement, il ne répond pas au test de l’état

passif : *L’année est commencée par… Etre est un auxiliaire employé avec le

contresens de l’ancillaire, c’est un auxiliaire ancillarisé, qui doit s’analyser

comme tel toutes les fois que le définitif est franchement intransitif. Ex. : Ils sont divorcés.

Ex. : Cet homme est changé.

Ex. : Les arbres sont fleuris.

Mais il reste un doute dans cet exemple.

Ex. : Le papier est jauni.

Etre est certainement un auxiliaire ancillarisé si jaunir est employé intransiti-

vement pour signifier que le papier a jauni de lui-même du fait de son vieillisse-

ment. Mais il ne s’analyse pas comme tel si le verbe est employé transitivement

pour signifier que le papier a été jauni par le soleil. La réponse à cette question

nous est donnée dans l’analyse du contresens de l’ancillaire auxiliarisé.

6b. L’ancillaire auxiliarisé C’est un verbe ancillaire qui prend l’apparence d’un auxiliaire.

Ex. : Le travail est commencé.

- Etre a le même sujet que son ancillaire, (qu’est-ce qui commence ?), c’est un

auxiliaire.

- Commencé est un adjectif attribut du sujet, (il est pronominalisable), être est

aussi un ancillaire.

Mais ce verbe univoque de sens transitif, qui se conjugue normalement avec

l’auxiliaire avoir, se conjugue aussi avec l’auxiliaire être quand il est employé

intransitivement. Or ici le verbe n’est pas intransitif, il répond au test de la voie

passive : Le travail est commencé par… les ouvriers. Le définitif commencé n’est

pas un verbe équivoque de contresens existentiel, c’est un verbe d’action uni-voque de sens transitif qui a pour sujet les ouvriers, (Qui est-ce qui commence ? –

Les ouvriers). Si dans cet exemple le définitif doit s’analyser comme un adjectif,

le verbe être n’est pas un auxiliaire, c’est un ancillaire auxiliarisé. Il s’analyse de

cette façon dans :

Ex. : La ville est embellie (…par le maire).

Ex. : Les prix sont augmentés (…par les commerçants).

Ex. : Le papier est jauni (…par le soleil).

En l’absence du complément sujet de l’adjectif attribut, ce dernier exemple dé-

montre qu’il est parfois impossible de faire la distinction entre l’auxiliaire et son

image en miroir : l’ancillaire auxiliarisé.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

259

5b. Le faux contresens

Il apparaît dans la voie équivectrice passive.

Ex. : Le travail est commencé par les ouvriers.

Etre pourrait bien être un auxiliaire puisqu’il a le même sujet que commencé

(Qu’est-ce qui commence ? - *Le travail). Hélas ! Le sujet est les ouvriers, com-

plément de l’adjectif définitif commencé, le test de la voie active en témoigne.

Ex. : Les ouvriers ont commencé le travail.

Ici, le verbe être est un ancillaire, il n’est pas employé avec le contresens d’un

auxiliaire. Poursuivons l’analyse avec l’exemple classique de la voie passive. Ex. : La souris est mangée par le chat.

- Si le verbe être est un auxiliaire, l’ancillaire définitif mangée doit s’analyser

comme une forme verbale à part entière, et le complément le chat doit être assi-

milé à un complément du verbe : le « complément d’agent ».

- Si le verbe être est un ancillaire, le définitif est un adjectif attribut du sujet, et le

complément qui suit est alors un complément de l’adjectif qui se nomme « le

sujet de l’adjectif attribut ».

Les arguments qui militent en faveur de l’auxiliaire ne sont pas convaincants. Il y

en a deux :

- 1. Le verbe être qui refuse le test de substitution par un ancillaire d’état est un

auxiliaire.

Ex. : La souris est mangée par le chat. / *La souris paraît mangée par… Est-ce vraiment certain ?

Ex. : Il est aimé de sa femme. / Il paraît aimé de sa femme.

Ex. : Il est admiré par ses amis. / Il semble admiré par ses amis.

Ex. : La mère est attendrie par l’enfant. / La mère reste attendrie par…

- 2. Le définitif est un verbe à part entière, il n’est pas modifiable par un adverbe

marquant le degré comme l’est un adjectif.

Ex. : La souris est mangée par le chat. / *La souris est très mangée par...

L’argument n’emporte pas la conviction.

Ex. : Jules est aimé de sa femme. / Jules est très aimé de sa femme.

Ex. : Il est admiré par ses amis. / Il est très admiré par ses amis.

Ex. : La mère est attendrie par l’enfant. / La mère est très attendrie par… Les arguments qui militent pour l’ancillaire font nettement pencher la balance en

sa faveur. Ils ne manquent pas :

- 1. Les définitions de l’auxiliaire et de l’ancillaire.

L’auxiliaire être signifie l’état essentiel du projet, il met en rapport le verbe et

son sujet, il n’est pas attributif.

Ex. : Marie est arrivée.

Le définitif arrivée montre l’état essentiel de l’existence de Marie (c’est elle

qui arrive), et non l’état de son essence. Ce n’est pas un adjectif attribut de

Marie, c’est un verbe.

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La grammaire du verbe

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L’ancillaire être montre l’état essentiel du sujet, il met en rapport l’attribut et

son sujet.

Ex. : La souris est mangée par le chat.

Le définitif mangée montre l’état essentiel de l’essence de la souris et non

l’état de son existence, ce n’est pas elle qui mange. C’est un attribut qualifi-

catif du sujet.

- 2. La règle selon laquelle l’auxiliaire et l’ancillaire ont le même sujet.

Ex. : La souris est mangée par le chat.

La souris n’est pas le sujet de mangée. - 3. Le test de pronominalisation.

L’adjectif en fonction attribut est pronominalisable.

Ex. : La souris est mangée par le chat. / Elle l’est.

Le verbe en fonction projet ne l’est pas.

Ex. : Marie est arrivée. / *Elle l’est.

- 4. L’auxiliaire est perfectif, l’ancillaire ne l’est pas.

L’auxiliaire être est perfectif :

Ex. : Marie est partie.

L’action de partir est achevée, elle est sentie comme un passé, être est un

auxiliaire.

L’ancillaire être n’est pas perfectif :

Ex. : La souris est mangée par le chat. L’action de manger n’est pas achevée, elle est sentie au présent, être est un

ancillaire.

4B. LES AUXILIAIRES FINIS

Contrairement aux auxiliaires infinis la forme des auxiliaires finis contient du

sens, mais il existe une grande différence entre :

- Le semi-auxiliaire indéfini qui manque du sens fini de l’existence concrète et qui se présente comme un auxiliaire « ouvert » susceptible de partager son sens

avec celui de l’ancillaire infinitif : (5A).

- Et l’hémi-auxiliaire défini, plein du sens fini de l’existence concrète. C’est une forme d’existence « fermée » qui n’est pas susceptible de partager son sens

avec celui de l’ancillaire indéfinitif : (5B).

5A. LE SEMI-AUXILIAIRE INDEFINI

Le semi-auxiliaire de l’infinitif est une forme verbale dont :

- Le manque de sens : (1a).

- N’apparaît qu’au moment de l’emploi : (1b).

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

261

1a. Le sens du semi-auxiliaire

Que signifie au juste manquer de sens ? Le sens doit-il manquer dans la forme du

semi-auxiliaire ou peut-il aussi manquer dans sa fonction ? Les deux sont pos-

sibles, et nous allons voir que les semi-auxiliaires se partagent en deux catégories,

selon qu’ils sont :

- Formels, s’ils manquent de sens dans leur forme.

- Fonctionnels, s’ils en manquent dans leur fonction.

Les semi-auxiliaires formels

Ex. (1) : Il vient de Paris.

Ex. (2) : Il vient de partir.

En (2) l’auxiliaire ne contient plus l’idée de mouvement qui a été soustraite du

sens plein de l’ancillaire en (1). Mais on constate aussi que le semi-auxiliaire contient un sens nouveau, celui d’une modalité temporelle indiquant un passé

proche. L’infinitif semble être le seul responsable de cette transformation.

S’il faut s’en tenir aux deux critères du manque de sens et du changement de sens

le nombre des semi-auxiliaires formels se limite à :

- Devoir qui perd le sens de l’obligation pour signifier la probabilité.

Ex. : Ce livre doit coûter cher.

- Pouvoir qui perd le sens de la capacité pour signifier la possibilité.

Ex. : Ce livre peut coûter cher.

- Vouloir qui perd le sens de la volonté pour signifier le futur.

Ex. : Il veut pleuvoir.

- Aller qui perd le sens du mouvement pour signifier le futur proche.

Ex. : Il va arriver. - Venir qui perd le sens du mouvement pour signifier le passé proche.

Ex. : Il vient d’arriver.

Les semi-auxiliaires fonctionnels

Un verbe est normalement programmé pour exercer une fonction vocale et une

fonction vectrice. Seule la fonction vectrice retiendra notre attention.

Ex. (1) : Les ouvriers commencent le travail.

Ex. (2) : Les invités commencent à arriver.

En (1) la fonction vectrice transitive du verbe commencer mène vers le complé-

ment d’objet le travail, (Les ouvriers commencent quoi ? Les ouvriers le com-

mencent). En (2) commencer conserve le même sens qu’en (1) mais il ne mène pas vers un complément d’objet, (*Les invités commencent quoi ? * Les invités le

commencent). Si ce verbe a perdu le sens de sa fonction vectrice transitive, à quoi

sert-il ? Il a tout simplement conservé sa fonction vocale pour dire qu’il a le

même sujet que l’infinitif et qu’il répond à la définition du verbe auxiliaire. La

liste des semi-auxiliaires est donc moins limitative qu’on pourrait le croire,

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La grammaire du verbe

262

puisqu’il suffit qu’un verbe abandonne sa fonction vectrice devant l’infinitif qu’il

introduit. Cette fonction vectrice est aussi :

- De sens attributif.

Ex. : Elle semble heureuse.

Le verbe ancillaire sembler conduit vers un qualificatif attribut, (Elle semble

comment ? Elle le semble).

Ex. : Elle semble dire la vérité.

C’est ici un semi auxiliaire qui ne conduit pas vers un attribut, (*Elle semble

comment ? *Elle semble quoi ? *Elle le semble). - Ou même de sens intransitif :

Ex. : Il vient de Paris.

Le verbe ancillaire venir conduit vers un complément circonstanciel spatial, (Il

vient d’où ? Il en vient).

Ex. : Il vient dire la vérité.

C’est ici un semi auxiliaire qui ne conduit pas vers un complément circonstanciel,

(* Il vient où, d’où ? *Il en, y vient).

Contrairement aux auxiliaires infinis les semi-auxiliaires indéfinis ont un sens

propre qui s’exprime, lui aussi, avec les deux valeurs :

- Du sens final : (2a).

- Et du sens formel : (2b).

2a. Le sens final du semi-auxiliaire

Curieusement, le sens final des semi-auxiliaires se partage entre :

- Le sens final téléologique des semi-auxiliaires fonctionnels : (3a).

- Le sens final chronologique des semi-auxiliaires formels : (3b).

3a. Le sens téléologique des semi-auxiliaires fonctionnels

Quelques semi-auxiliaires fonctionnels sont spécialisés dans la finalisation du sens téléologique concret :

- De la permanence de l’existence infinitive : (4a).

- Ou de sa cadence : (4b).

4a. Le sens de la permanence

Sous l’influence du semi-auxiliaire la permanence de l’infinitif endosse parfois un

contresens téléologique :

- Imperfectif : continuer à, ne pas arrêter de, persister à, persévérer à.

Ex. : Il continue à sortir la nuit.

Le semi-auxiliaire continuer apporte un contresens imperfectif à l’ancillaire de

sens perfectif sortir.

- Ou semi-perfectif : cesser de, arrêter de.

Ex. : Il cesse de vivre.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

263

Le semi-auxiliaire cesser apporte un contresens semi-perfectif à l’ancillaire de

sens imperfectif vivre. Ce sens semi-perfectif de l’auxiliaire indéfini est évidem-

ment beaucoup moins efficace que le sens perfectif de l’auxiliaire infini. Celui-ci

se fait d’ailleurs entendre en cas de besoin.

Ex. : Il a cessé de vivre.

4b. Le sens de la cadence

Certains semi-auxiliaires fonctionnels apportent à l’infinitif une cadence de sens :

- Ampliatif : Cursif, pour montrer le mouvement de l’existence dans son déroulement :

être à, être en train de, être en cours de.

Ex. : Il continue à pleuvoir.

Incursif pour montrer la phase initiale de l’existence infinitive : commencer

à, être sur le point de, se mettre à.

Ex. : Il commence à pleuvoir.

Excursif pour montrer sa phase terminale : achever de, terminer de, finir de.

Ex. : Il finit de pleuvoir.

- Ou fréquentatif pour signifier la répétition dans le temps : ne faire que, recom-

mencer à, ne pas arrêter de.

Ex. : Il recommence à pleuvoir.

Ex. : Il n’arrête pas de pleuvoir.

3b. Le sens chronologique des semi-auxiliaires formels

Il apparaît dans les formes :

- Venir de : qui s’emploie pour signifier un passé proche à tous les temps de

l’indicatif et au subjonctif. Mais pas à l’injonctif, il y prend le contresens d’un

semi-auxiliaire fonctionnel.

Ex. : Il vient de partir, il venait de partir, il viendra de partir.

Ex. : Viens travailler !

- Aller qui ne s’emploie :

Qu’au présent pour indiquer un futur proche.

Ex. : Il va dire une bêtise. Ou au passé indéfini pour signifier un événement non réalisé.

Ex. : Il a bien fait de se taire parce qu’il allait dire une bêtise.

2b. Le sens formel des semi-auxiliaires

Le sens formel des semi-auxiliaires se partage entre :

- Le sens morphologique des semi-auxiliaires fonctionnels : (3a).

- Le sens psychologique des semi-auxiliaires formels : (3b).

3a. Le sens morphologique des semi-auxiliaires fonctionnels

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La grammaire du verbe

264

Les semi-auxiliaires fonctionnels sont les seuls à posséder un sens morphologique

qui se trouve amputé d’une moitié : ils n’ont pas de forme vectrice, mais ils pos-

sèdent toujours une forme vocale :

- Univoque de l’état ou de l’action :

Ex. : Ces personnes semblent se diriger vers nous.

Sembler dit l’état des personnes mais il n’est pas de sens attributif.

Ex. : Nos amis commencent à arriver.

Commencer dit l’action des amis mais il n’est pas de sens transitif.

- Equivoque essentielle ou existentielle : Ex. : Nos amis se mettent à partir.

Se mettre dit l’action équivoque essentielle des amis.

Ex. : Jules vient prendre un livre.

Venir dit l’action équivoque existentielle de Jules.

3b. Le sens psychologique des semi-auxiliaires formels

Il apparaît uniquement dans le sens dubitatif des semi-auxiliaires pouvoir et de-

voir qui oscille entre :

- Le doute objectif de devoir.

Ex. : Il doit être midi passé.

- Et le doute subjectif de pouvoir.

Ex. : Il peut être midi passé. Les semi-auxiliaires formels n’ont pas de sens morphologique. Comme les auxi-

liaires infinis, ils n’ont ni forme vocale, ni forme vectrice.

Ex. : Jules peut (doit, va) être nommé. Jules vient d’être nommé.

Pouvoir, devoir, aller, venir, ne disent pas l’action du sujet. Ce n’est pas Jules qui

vient : Qui-est-ce qui vient ?

1b. L’emploi des semi-auxiliaires

Examinons l’emploi :

- Du sens du semi-auxiliaire : (2a).

- Et celui de son contresens : (2b).

2a. L’emploi du sens

Voyons :

- L’emploi du sens de la modité du semi-auxiliaire : (3a).

- Et celui des modalités qu’il apporte à son ancillaire : (3b).

3a. L’emploi du sens de la modité

Il découle de ce qui vient d’être dit. Le semi-auxiliaire :

- Formel s’emploie pour son sens chronologique ou psychologique. - Fonctionnel s’emploie pour son sens téléologique ou morphologique.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

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3b. L’emploi du sens des modalités

Le semi-auxiliaire s’emploie surtout pour le sens des modalités qu’il transporte au

profit de l’ancillaire infinitif. Celles-ci se partagent entre :

- Celles du sens de la personnalité du mode : (4a).

- Et celles du sens de la réalité du mode : (4b).

4a. Le sens de la personnalité du mode

On sait qu’il est :

- Impersonnalisé :

Impersonnifié en l’absence du sujet.

Ex. : Venir voir Naples et mourir.

Ex. : Aller accepter une chose pareille !

Personnifié si le sujet n’a pas de la personnalité grammaticale. Ex. : C’est à Jules de venir jouer avec nous.

Ex. : Moi aller vous trahir ?

- Ou personnalisé

Personnel.

Ex. : Elle va chanter.

Ex. : Elle semble partir.

Ou impersonnel.

Ex. : Il va pleuvoir.

Ex. : Il semble pleuvoir.

Contrairement à l’auxiliaire infini, on voit que le semi-auxiliaire est capable de

signifier l’état du verbe de sens impersonnel. En effet, n’ayant pas de fonction

vectrice il n’est pas de sens attributif.

4b. Le sens de la réalité

Il est :

- Irréalisé dans l’espace-temps pour les trois modes mineurs du fait de :

L’infinitif infinitif.

Ex. : C’est à Jules de venir travailler aujourd’hui.

L’indéfinitif infinitif.

Ex. : Je n’imagine pas Jules venant travailler aujourd’hui.

Du définitif infinitif.

Ex. : J’imagine Jules venu travailler aujourd’hui.

- Réalisé dans l’espace-temps pour les trois modes majeurs du fait de : L’objonctif infinitif.

Ex. : Jules peut (pourra, pouvait) travailler.

Du subjonctif infinitif.

Ex. : Qu’il puisse (pût) travailler, m’étonne.

De l’injonctif infinitif.

Ex. : Viens travailler !

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La grammaire du verbe

266

2b. L’emploi du contresens

Il est à l’origine d’un contresens :

- Entre semi-auxiliaires : (3a).

- Ou même entre l’ancillaire et le semi-auxiliaire : (3b).

3a. Le contresens entre semi-auxiliaires

Certains semi-auxiliaires sont parfois employés avec le contresens d’une autre

forme, c’est par exemple le cas :

- Entre les semi-auxiliaires formels.

Devoir est parfois employé avec le contresens d’un futur proche.

Ex. : Il doit arriver bientôt.

Aller est parfois employé dans le contresens de l’obligation.

Ex. : Tu vas me laisser tranquille maintenant. - Entre les semi-auxiliaires formels et fonctionnels.

Ex. : Jules vient de partir. (Formel).

Ex. : Jules vient prendre un livre. (Fonctionnel).

3b. Le contresens entre ancillaire et semi-auxiliaire

On procédera :

- À l’analyse différentielle de leur sens morphologique : (4a).

- Pour mieux comprendre leur contresens : (4b).

4a. L’analyse du sens

Elle repose sur les deux critères :

- De l’existence d’une fonction vocale de l’ancillaire infinitif : (5a).

- Et de l’inexistence d’une fonction vectrice du semi-auxiliaire : (5b).

5a. L’existence de la fonction vocale de l’ancillaire

L’infinitif est auxilié quand sa voix s’ajoute à celle du semi-auxiliaire fonctionnel

pour dire qu’ils ont le même sujet.

Ex. (1) : Jules semble dormir.

Ex. (2) : Jules entend chanter.

En (1) l’infinitif auxilié dormir a le même sujet que le semi-auxiliaire sembler. En (2) l’infinitif chanter n’a pas de sujet, il n’a pas de fonction vocale, ce n’est pas

un infinitif auxilié. Curieusement, cet infinitif n’est pas pronominalisable bien

qu’il réponde à la question quoi ? Quelle est la fonction de cet infinitif ? S’il n’a

pas de sujet ce n’est pas un verbe et s’il n’est pas pronominalisable ce n’est pas

un nom. Il est en réalité un authentique verbe ancillaire en attente de son sujet (Il

entend chanter les oiseaux). C’est une figurine grammaticale qui se nomme

« l’infinitif verbalisé ».

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

267

5b. L’inexistence de la fonction vectrice du semi-auxiliaire

Le semi-auxiliaire n’a pas de fonction vectrice, il mène vers un infinitif verbal, il

ne conduit pas vers un infinitif nominal qui exerce une fonction :

- De complément substantiel :

Objet.

Ex. (1) : Jules doit payer. / Jules doit quoi ? / Jules le doit.

Ex. (2) : Paul doit mesurer deux mètres / *Paul doit quoi ? / *Paul le doit.

En (1) devoir est un ancillaire qui conduit vers l’infinitif payer complément

d’objet. En (2) devoir est un semi-auxiliaire qui conduit vers son ancillaire infini-tif mesurer.

Attribut.

Ex. (1) : Il semble être heureux. / Il semble comment ? / Il le semble.

Ex. (2) : Il semble dormir. *Il semble quoi, comment ? / *Il le semble.

En (1) sembler est un ancillaire qui conduit vers l’infinitif nominal être heureux,

attribut qualificatif du sujet. En (2) sembler est un semi-auxiliaire qui conduit

vers son ancillaire infinitif dormir.

- De complément circonstanciel.

Ex. : Il va travailler.

L’exemple est ambigu : Si le verbe aller est pris dans son sens lexical signifiant le

mouvement, alors ce n’est pas un semi-auxiliaire, c’est un ancillaire qui introduit

l’infinitif nominal travailler complément circonstanciel de destination, pronomi-nalisable par y. Si le verbe aller est pris dans son sens grammatical signifiant un

futur proche, c’est alors un semi-auxiliaire accompagné de son ancillaire infinitif

qui n’est pas pronominalisable par y.

4b. L’analyse du contresens

L’analyse différentielle qui vient d’être exposée nous amène à examiner :

- Le vrai contresens : (5a).

- Et le faux de contresens : (5b).

5a. Le vrai contresens

Il apparaît lorsque :

- Le semi-auxiliaire prend le contresens d’un ancillaire : (6a).

- L’ancillaire prend le contresens d’un semi-auxiliaire : (6b).

6a. Le semi-auxiliaire ancillarisé

Le semi-auxiliaire donne l’impression d’être un ancillaire lorsqu’il conduit vers

un infinitif qui répond à la question quoi ?

Ex. : Il aime chanter. / Il aime quoi ? / *Il l’aime.

Ex. : Il déteste travailler. / Il déteste quoi ? / *Il le déteste. Ici l’infinitif est senti comme un nom, il répond à la question quoi ? Mais il ne

répond pas au test de pronominalisation permettant d’affirmer qu’il est complé-

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La grammaire du verbe

268

ment d’objet. Comme cet infinitif ne prend ni la forme ni la fonction du nom et

qu’il est malgré tout senti comme tel, c’est une figurine grammaticale du nom qui

se nomme « l’infinitif nominalisé ». Il s’analyse comme un ancillaire à part en-

tière, et le verbe aimer ou détester doit être considéré comme un semi-auxiliaire

« ancillarisé ».

6b. L’ancillaire semi-auxiliarisé

Dans l’exemple qui suit :

Ex. : Tu devras vendre la maison. Les verbes devoir et vendre ont le même sujet. Donc devoir est le semi-auxiliaire

de vendre. Mais ici l’infinitif se comporte comme un authentique équivalent

grammatical du nom, il est pronominalisable et répond à la question quoi.

Ex. : Tu dois vendre la maison. / Tu dois quoi ? / Tu le dois.

Devoir doit s’analyser comme un ancillaire semi-auxiliarisé.

5b. Le faux contresens

Certains ancillaires comme laisser, faire, voir, etc. sont facilement confondus

avec des semi-auxiliaires.

Ex. : Il fait travailler les ouvriers.

Ici, faire n’est pas un semi auxiliaire, l’infinitif travailler n’a pas le même sujet

que lui, il a pour sujet les ouvriers. La proposition infinitive travailler les ou-vriers pourrait être un complément d’objet du projet faire, elle répond à la ques-

tion quoi ? Mais le test de pronominalisation « ne passe pas » : *Il les fait. On

préfère dire : Il les fait travailler. Pourtant dans l’exemple « Il entend les oiseaux

chanter », le test de pronominalisation ne présente pas de difficulté : Il les entend.

Il semble que travailler ne soit pas l’infinitif verbal d’une proposition infinitive

complément d’objet, mais un infinitif verbal qui fait partie du verbe faire dans la

« locution verbale » : faire travailler.

Dans cette locution la forme vectrice du verbe faire est singulière, elle provoque

un état ou une action qui n’appartient pas au sujet. Cette forme vectrice justifie

qu’elle prenne le nom de voie « provocatrice ». Celle-ci sera :

Provocatrice active si la voix de l’ancillaire faire est univoque.

Ex. : Jules fait travailler les ouvriers. (Il les fait travailler).

La voix provocatrice univoque de l’ancillaire faire montre que le sujet Jules est le

provocateur actif d’une action de travailler qui appartient aux ouvriers.

Ex. : Les hauts talons font paraître Julie plus grande. (Ils la font paraître

plus grande).

La voix provocatrice univoque de l’ancillaire faire montre que le sujet les hauts

talons est le provocateur actif d’un état de paraître qui appartient à Marie.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

269

Provocatrice passive si la voix de l’ancillaire faire est équivoque.

Ex. : Jules se fait couper les cheveux par le coiffeur.

Le sujet Jules est le provocateur passif de l’action du coiffeur.

Ex. : Jules se voit décerner un prix par le jury.

Le sujet Jules est le provocateur passif de l’action du jury.

Pour conclure, le semi-auxiliaire donne vraiment l’impression d’être une forme

grammaticale transitionnelle entre le vrai auxiliaire et l’hémi-auxiliaire. Les semi-

auxiliaires formels ressemblent beaucoup aux auxiliaires vides de sens, alors que les semi-auxiliaires fonctionnels ressemblent beaucoup aux hémi-auxiliaires

pleins de sens.

5B. L’HEMI-AUXILIAIRE DEFINI

L’hémi-auxiliaire de l’indéfinitif est une forme verbale dont :

- Le sens plein : (1a).

- N’apparaît qu’au moment de son emploi : (1b).

1a. Le sens de l’hémi-auxiliaire

L’étude du sens de l’hémi-auxiliaire ne présente aucun intérêt, c’est celle du sens

de l’ancillaire. Le sens ne permet pas de distinguer l’hémi-auxiliaire d’un verbe

ancillaire quelconque. Le vrai problème reste celui de la reconnaissance de sa

forme grammaticale. Un premier élément de réponse pourrait être apporté par la

règle selon laquelle : l’hémi-auxiliaire a le même sujet que son ancillaire.

Ex. (1) : Ce livre, je te l’offre sachant que tu le liras. Ex. (2) : Ce livre, je te l’offre en sachant que tu le liras.

L’indéfinitif sachant et le verbe prêter ont le même sujet Je. On est en droit de

supposer que offrir est l’hémi-auxiliaire de l’ancillaire indéfinitif sachant dans les

deux cas. Pourtant il existe un doute sur la nature verbale de l’indéfinitif dans

l’exemple (1). En (2) la préposition en indique bien que le sujet exerce l’action de

savoir en même temps que celle d’offrir, expliquant pourquoi l’indéfinitif doit

être considéré comme un verbe. En (1) rien n’indique que le sujet exerce l’action

de savoir en même temps que celle d’offrir, le sujet donne bien plus l’impression

de se situer dans l’état d’un sachant. Ici l’indéfinitif ne doit pas être analysé

comme un verbe, c’est l’équivalent d’un adjectif invariable, complément qualifi-

catif du sujet. La sanction est immédiate : en (1) le verbe offrir n’est pas un hémi-auxiliaire, c’est un verbe ancillaire à part entière.

Il semble que la préposition en soit la seule responsable du processus de formali-

sation de l’hémi-auxiliaire. Cette préposition fait intégralement partie de la forme

modale indéfinitive, elle signale expressément que l’ancillaire indéfinitif se

trouve dans la dépendance de son hémi-auxiliaire. Comment évaluer l’expression

de ce lien de dépendance ?

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La grammaire du verbe

270

Ex. (1) : Il travaille en chantant.

Ex. (2) : En chantant, il travaille.

En (1) en chantant est incontestablement un indéfinitif verbal qui se situe dans la

dépendance de son hémi-auxiliaire travailler. En (2) la présence d’une virgule

indique formellement qu’il ne se situe plus dans la dépendance du verbe travail-

ler, et qu’il ne s’analyse pas comme un ancillaire indéfinitif, mais comme

l’équivalent d’un adverbe.

Reste à savoir dans quelle condition l’hémi-auxiliaire reste un hémi-auxiliaire. La

réponse est simple, en l’absence d’une virgule indiquant une volonté expresse de détachement de l’indéfinitif, l’hémi-auxiliaire conserve toutes ses prérogatives.

Cette affirmation s’appuie sur deux arguments :

- L’un ontogénique.

- L’autre ontologique.

L’argument ontogénique

L’hémi-auxiliaire se situe au terme de l’ontogenèse des auxiliaires. Celle-ci

commence avec l’auxiliaire infini qui n’a pas de forme vocale ni de forme vec-

trice. Puis vient le semi-auxiliaire fonctionnel qui fait le lien entre les deux, il

possède une forme vocale mais pas de forme vectrice. La symétrie de la gram-

maire commande que l’hémi-auxiliaire défini, qui se trouve à l’opposé de

l’auxiliaire infini soit nanti d’une forme vocale et d’une forme vectrice.

L’argument ontologique

On sait que l’ancillaire indéfinitif se finalise et se formalise dans le contenant

défini de son hémi auxiliaire conformément aux lois de l’ordre. Mais ici le rap-

port de complémentarité entre l’hémi auxiliaire et l’ancillaire s’opère sans fusion

ni confusion des sens. L’hémi-auxiliaire est défini, il est plein de sens, il ne de-

mande rien. C’est l’ancillaire indéfinitif qui sollicite l’auxiliation et par voie de

conséquence la reconnaissance de son statut de verbe. Pour que sa requête soit

acceptée, il doit nécessairement respecter la liberté de son hémi-auxiliaire, no-

tamment son droit d’exploiter toutes les ressources de l’expression de son sens

morphologique, particulièrement celui de sa forme vectrice. L’hémi-auxiliaire doit pouvoir s’entourer de tous ses compléments.

Ex. (1) : J’ai rencontré Jules dans la rue en quittant la maison.

Ex. (2) : *J’ai rencontré en quittant la maison Jules dans la rue.

Ex. (3) : J’ai rencontré, en quittant la maison, Jules dans la rue.

En (1) l’ancillaire indéfinitif en quittant s’inscrit harmonieusement dans la conti-

nuité du propos, il n’entrave pas l’expression de la forme vectrice de son hémi-

auxiliaire ai rencontré qui conduit vers l’objet direct Jules et vers le circonstan-

ciel spatial dans la rue.

En (2) bien qu’il s’inscrive dans l’ordre canonique « auxiliaire – ancillaire »

l’indéfinitif ne participe pas à la construction d’un propos harmonieux. Pour qu’il

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

271

soit accepté à cette place, il faut nécessairement qu’il soit détaché de son « pseu-

do auxiliaire » par la présence d’une virgule en (3). N’ayant pas respecté la vo-

lonté d’expression de son hémi-auxiliaire l’indéfinitif se voit interdire le droit de

s’exprimer comme un ancillaire auxilié. Ontologiquement il n’est plus une forme

grammaticale du verbe, ce n’est plus qu’une figure grammaticale : un verbe ad-

verbial appelé indéfinitif adverbial, qui modifie le sens du projet j’ai rencontré.

Pour conclure :

L’indéfinitif accompagné de la préposition en se trouve dans la dépen-dance du « verbe », et endosse la forme d’un :

- Indéfinitif verbal « auxilié » s’il n’est pas séparé de l’hémi-auxiliaire par une

virgule.

Ex. : Jules travaille en chantant.

En chantant, indéfinitif ancillaire auxilié par travaille, ayant pour sujet il.

- Indéfinitif adverbial s’il est séparé du projet par une virgule.

Ex. : J’ai rencontré Jules, en sortant du cinéma.

En sortant, indéfinitif adverbial modificatif du projet travaille.

L’indéfinitif non accompagné de la préposition en se trouve dans la dé-

pendance du « nom », et prend la forme d’un :

- Indéfinitif verbal « inauxilié » s’il est attaché au sujet. Ex. : J’ai surpris Jules fouillant dans mon sac.

Fouillant, indéfinitif ancillaire inauxilié ayant pour sujet Jules.

- Indéfinitif adjectival s’il est :

Détaché de la fonction du nom par une virgule.

Ex. : J’ai surpris Jules, fouillant dans mon sac.

Fouillant, indéfinitif adjectival qualificatif détaché de l’objet Jules.

Ex. : Julie te prête ce livre, sachant que tu en feras bon usage.

Sachant, indéfinitif adjectival qualificatif détaché du sujet Julie.

Rattaché à la fonction du nom par un verbe qui n’est pas son hémi-auxiliaire.

Ex. : L’ivrogne allait titubant vers le bistrot.

Titubant n’est pas précédé de la préposition en indiquant qu’il se trouve dans la dépendance de son hémiauxiliaire. Il se trouve dans la dépendance du nom.

C’est un indéfinitif adjectival qualificatif rattaché au sujet l’ivrogne.

1b. L’emploi de l’hémi-auxiliaire

Examinons l’emploi :

- Du sens de l’hémi-auxiliaire : (2a).

- Et celui de son contresens avec l’ancillaire : (2b).

2a. L’emploi du sens

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La grammaire du verbe

272

Voyons :

- L’emploi du sens de la modité de l’hémi-auxiliaire (3a).

- Et celui des modalités (3b).

3a. L’emploi du sens de la modité

On sait que l’hémi-auxiliaire s’associe au sens de l’ancillaire dans une conviviali-

té formelle sans contrainte où la liberté est totale (Voir p. 230). Mais liberté ne

veut pas dire anarchie, il y a tout de même trois règles à respecter.

La règle de complétude du sens de l’hémi-auxiliaire

L’hémi-auxiliaire doit pouvoir exprimer la totalité de son sens morphologique en

toute liberté. Il a le droit de se faire accompagner de tous les compléments dont il

a besoin, et repousser aussi loin qu’il le veut l’expression de son ancillaire indéfi-

nitif. Ex. : Tu as perdu maintenant tout espoir de réussir dans ta carrière en

abandonnant tes études.

La règle de latitude du sens de l’ancillaire

L’ancillaire indéfinitif a toute latitude pour s’exprimer, que ce soit :

- Après l’hémi-auxiliaire :

À proximité s’il est postposé :

Ex. : Il travaille en chantant.

Ou à distance lorsqu’il est post transposé :

Ex. : Il travaille le bois sur son établi toute la journée en chantant.

- Ou avant l’hémi-auxiliaire :

À proximité s’il est antéposé : Ex. : En se pressant on arrivera à temps.

Ou à distance lorsqu’il est antétransposé :

Ex. : En observant les délais qui nous sont impartis par le règlement on ar-

rivera à temps.

La règle de servitude de la pause ou de la virgule

Le locuteur ou le scripteur est libre de décider si le verbe qu’il emploie doit être

compris comme un hémi-auxiliaire ou comme un ancillaire.

- S’il prend le parti de l’hémi-auxiliaire il l’adjoindra à son ancillaire indéfinitif

sans pause dans l’expression orale, ou sans virgule dans l’expression écrite.

Ex. : Il travaille en chantant. Ex. : Il travaille le bois tous les jours dans l’atelier en chantant.

- S’il prend parti pour l’ancillaire il le séparera de l’indéfinitif adverbial par une

pause à l’oral et par une virgule à l’écrit.

Ex. : Il travaille, en chantant.

Ex. : Il travaille le bois, tous les jours, dans l’atelier, en chantant.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

273

3b. L’emploi du sens des modalités

L’hémi-auxiliaire s’emploie aussi pour le sens des modalités qu’il apporte à

l’ancillaire indéfinitif. Ces modalités sont celles :

- Du sens de la personnalité du mode : (4a).

- Et celles du sens de la réalité du mode : (4b).

4a. Le sens de la personnalité du mode

Il est :

- Impersonnalisé :

Impersonnifié s’il n’y a pas de sujet.

Ex. : Chanter en travaillant, c’est une honte !

Personnifié si le sujet n’a pas la personnalité grammaticale.

Ex. : C’est à Jules de chanter en travaillant. - Personnalisé :

Personnel si le sujet possède une identité.

Ex. : Jules chante en travaillant.

Impersonnel si le sujet n’a pas d’identité.

Ex. : Il tonne en pleuvant à verse.

La règle voulant que l’auxiliaire et l’ancillaire aient le même sujet interdit le

conflit de personnalité entre les deux. La personnalité personnelle ou imperson-

nelle de l’auxiliaire doit être exactement la même que celle de son ancillaire.

Ex. : *Il travaille en pleuvant.

4b. Le sens de la réalité du mode

Le mode est : - Irréalisé dans l’espace-temps pour les modes mineurs de :

L’infinitif indéfinitif.

Ex. : Je demande à Jules de venir en se hâtant.

L’indéfinitif indéfinitif.

Ex. : Je vois Jules venant en se hâtant.

Du définitif indéfinitif.

Ex. : Jules venu en se hâtant était épuisé.

- Réalisé dans l’espace-temps pour les modes majeurs de :

L’objonctif indéfinitif.

Ex. : Il vient (viendra, venait) en se hâtant.

Du subjonctif indéfinitif. Ex. : Qu’il vienne (vînt) en se hâtant, m’étonne.

De l’injonctif indéfinitif.

Ex. : Viens en te hâtant !

2b. L’emploi du contresens

Il est à l’origine :

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La grammaire du verbe

274

- D’une vraie confusion de sens avec l’ancillaire : (3a).

- Ou d’une fausse confusion de sens : (3b).

3a. Le vrai contresens

Il apparaît si :

- L’hémi-auxiliaire prend le contresens d’un ancillaire : (4a).

- L’ancillaire prend le contresens d’un hémi-auxiliaire : (4b).

4a. L’hémi-auxiliaire ancillarisé

On le rencontre toutes les fois qu’un hémi-auxiliaire authentique est confondu

avec un ancillaire défini. Surtout si l’ancillaire indéfinitif se trouve à distance de

son hémi-auxiliaire, et qu’il est post-transposé.

Ex. : En arrivant chez moi hier dans la soirée j’ai rencontré Julie.

Dans cet exemple rencontrer pourrait être analysé comme un ancillaire défini

compte tenu de son éloignement. Mais aucune virgule n’indique une volonté de

détachement de l’indéfinitif en arrivant. Rencontrer est l’hémi-auxiliaire ancilla-

risé de l’indéfinitif en arrivant.

4b. L’ancillaire hémi-auxiliarisé

Un ancillaire défini est facilement pris pour un hémi-auxiliaire s’il y a confusion

dans l’analyse du sujet de l’indéfinitif.

Ex. : Je l’ai entendu chanter en travaillant.

L’ancillaire défini ai entendu pourrait s’analyser comme un hémi-auxiliaire si

l’indéfinitif en travaillant avait pour sujet le pronom je. Mais ici l’indéfinitif a

pour hémi-auxiliaire l’infinitif chanter qui a pour sujet le complément d’objet du

verbe entendre.

3b. Le faux contresens

Un verbe ne s’analyse pas comme un hémi-auxiliaire toutes les fois que l’indéfinitif n’a pas le même sujet que lui. De son côté l’indéfinitif n’est plus un

verbe authentique, c’est un adverbe.

Ex. : L’appétit vient en mangeant.

En mangeant est un indéfinitif adverbial modificatif de la forme du verbe venir,

(ce n’est pas l’appétit qui mange). Il n’y a pas anacoluthe, c’est-à-dire rupture du

lien logique entre l’indéfinitif et le verbe dont il dépend, puisqu’il endosse la

forme grammaticale licite d’un adverbe. Si c’est un adverbe, il n’a pas de sujet, et

la règle de l’abbé d’Olivet voulant que l’indéfinitif et le verbe aient le même sujet

n’a donc pas de fondement logique. Il ne s’agit là que d’une règle lexicale à va-

leur artistique. Il est vrai que l’indéfinitif adverbial manque parfois d’élégance.

Ex. : En revenant de la chasse, ma femme m’a servi le dîner.

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Morphologie psychique - Le sens du verbe auxiliaire

275

Tout le monde a compris, ce n’est pas l’épouse qui chasse, mais l’époux. La con-

fusion ne trouble que celui qui s’obstine à ne pas comprendre. Voilà pourquoi

l’exemple qui suit n’est pas condamnable.

Ex. : En espérant avoir répondu à votre attente, veuillez agréer mes sin-

cères salutations.

Peut-on imaginer un seul instant que c’est le destinataire de la lettre qui agrée

tout en espérant. Cette construction est grammaticalement correcte, il s’agit là

d’un adverbe et non d’un verbe. La conformation de l’indéfinitif adverbial, en

espérant avoir répondu à votre attente est d’ailleurs facilement paraphrasable par un adverbe.

Ex. : Respectueusement, veuillez agréer…

2B. L’EMPLOI DU VERBE

L’emploi d’un verbe demande qu’il soit :

- Ordonné dans un mode : (3A).

- Qui s’harmonise avec les autres modes dans la phrase : (3B).

3A. L’ORDONNANCE DES MODES

Les modes du verbe s’organisent en deux grandes catégories :

Celles des modes mineurs (4A) dans lesquels la forme d’existence

s’exprime absolument, indépendamment de l’essence (ils sont impersonnalisés) et

de l’espace-temps (ils sont irréalisés). Ce sont : - L’infinitif : mode abstrait de l’existence virtualisée.

- L’indéfinitif : mode abstrait de l’existence idéalisée.

- Le définitif : mode abstrait de l’existence réalisée.

Et celles des modes majeurs (4B) dans lesquels la forme d’existence

s’exprime relativement, dépendamment de l’essence (ils sont personnalisés) et de

l’espace-temps (ils sont réalisés). Ces modes sont :

- L’objonctif : mode concret de l’existence réelle.

- Le subjonctif : mode concret de l’existence idéelle.

- L’injonctif : mode concret de l’existence virtuelle.

4A. LES MODES MINEURS

Ce sont les modes de la réalité abstraite. Ils se séparent en deux catégories selon

l’univers de la pensée dans laquelle ils gravitent :

- L’infinitif se conçoit dans l’espace d’une réalité virtualisée : (5A).

- Les modes finitif se conçoivent dans l’espace d’une réalité matérialisée: (5B).

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La grammaire du verbe

276

5A. LE MODE INFINITIF

Il a deux formes :

- Le fait infinitif de l’existence inachevée. Ex. : Chanter. Partir.

- Le parfait de l’infinitif de l’existence achevée. Ex. : Avoir chanté. Etre parti.

La forme psychique de l’infinitif s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (1a).

- Au moment de son emploi : (1b).

1a. Le sens de l’infinitif

L’existence infinitive n’a pas de fin, donc pas de matérialité.

Ex. : Chanter.

Elle reste immatérialisée en l’absence du sujet.

Ex. : Voir Naples et mourir. Ne pas fumer.

Mais il suffit que l’infinitif soit employé avec un sujet pour qu’il soit immédiate-ment senti comme une forme d’existence réelle.

Ex. : J’entends les oiseaux chanter.

L’expression du sens de l’infinitif dépend donc de son emploi.

1b. L’emploi de l’infinitif

Il s’emploie :

- Dans son propre mode.

- Et dans les autres modes.

Dans son propre mode, il s’exprime :

- Dans la forme de l’ancillaire en l’absence d’auxiliaires.

Ex. : Les vaches regardent passer le train.

- Et dans la forme des auxiliaires :

Les auxiliaires être et avoir dans le mode infinitif définitif.

Ex. : Avoir chanté, être parti, s’être assis.

Le semi-auxiliaire dans le mode infinitif infinitif. Ex. : Pouvoir coûter, venir dire.

L’hémi-auxiliaire dans le mode infinitif indéfinitif.

Ex. : Travailler en chantant.

Dans les autres modes, il s’exprime dans l’ancillaire :

- Des modes mineurs de :

L’indéfinitif infinitif.

Ex. : Pouvant coûter, venant dire.

Du définitif infinitif.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

277

Ex. : Pu coûter, venu dire.

- Des modes majeurs de :

L’objonctif infinitif.

Ex. : Il peut (pouvait, pourra) coûter, Elle vient (venait viendra) dire.

Du subjonctif infinitif.

Ex. : Qu’il puisse coûter, qu’elle vienne dire.

De l’injonctif infinitif.

Ex. : Viens travailler !

Reste à examiner l’emploi :

- Du sens téléologique de l’infinitif, s’il est utilisé comme verbe : (2a).

- De son contresens morphologique s’il sert comme un nom : (2b).

2a. L’emploi du sens téléologique

L’infinitif s’emploie :

- Sans sujet dans le propos réifié : (2a).

- Avec un sujet dans le propos réalisé : (2b).

3a. L’infinitif réifié

Il s’emploie sans sujet dans le propos infinitif réifié :

Déclaratif

- Enonciatif.

Ex. : Laisser faire et ne rien dire.

- Ou annonciatif.

Interrogatif : on parle ici d’infinitif délibératif.

Ex. : Où aller ? Partir à Tahiti ?

Ou exclamatif.

Ex. : Refuser un tel cadeau !

Impératif quand il signifie le commandement :

Ex. : Prendre un comprimé matin et soir.

Ex. : Faire cuire à feu doux.

3b. L’infinitif réalisé

Il s’emploie avec un sujet :

- Personnifié : (4a).

- Ou personnalisé : (4b).

4a. L’infinitif personnifié

Il s’emploie :

- Sous certaines conditions dans le propos infinitif : (5a).

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La grammaire du verbe

278

- Sans condition dans la proposition infinitive : (5b).

5a. Dans le propos infinitif

L’infinitif tolère mal la présence du sujet personnifié. On ne dit jamais :

Ex. : *Les oiseaux chanter.

Généralement l’infinitif ne signifie pas l’existence à lui tout seul, il contient trop

du sens de l’essence. Pour dire l’existence du sujet personnifié il a toujours besoin

d’un supplément de sens existentiel que lui apporte la préposition préverbale

« infinitive », dans l’infinitif dit de « narration ».

Ex. : Ainsi dit le renard, et flatteurs d’applaudir (Lafontaine).

5b. Dans la proposition infinitive

C’est le verbe dans la dépendance duquel se trouve la proposition infinitive qui

lui apporte le supplément de sens existentiel dont il a besoin. Cette proposition

subordonnée infinitive pourra exercer la fonction de sujet, objet, attribut, com-

plément circonstanciel, etc.

Ex. : Lui nous trahir est inconcevable.

Ex. : Il entend les oiseaux chanter.

Ex. : C’est à Jules de jouer.

Ex. : La fête de s’achever, nous partîmes.

4b. L’infinitif personnalisé

Le semi-auxiliaire apporte le sens de la personnalité et le sens de la réalité qui manquent à l’infinitif. Ce faisant, il quitte son propre mode pour s’engager dans

les modes majeurs de :

- L’objonctif infinitif.

Ex. : Ce bijou peut (pourra, pouvait) coûter cher.

- Du subjonctif infinitif.

Ex. : Qu’il puisse (pût) coûter si cher, m’étonne.

- De l’injonctif infinitif.

Ex. : Viens faire ton travail !

2b. L’emploi du contresens morphologique

L’infinitif s’emploie aussi pour signifier le sens de l’essence en prenant un con-tresens morphologique :

- Formel quand il intègre la catégorie grammaticale du nom : (3a).

- Figuratif quand il ne l’intègre pas : (3b).

3a. Le nom infinitif formel

L’infinitif précédé du prénom prend la forme grammaticale du nom.

Ex. : Le boire et le manger.

Ex. : On entendait leurs rires.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

279

3b. L’infinitif nominal figuratif

En l’absence du prénom l’infinitif n’est plus qu’un équivalent grammatical du

nom qui se nomme « l’infinitif nominal ». Cette figure exerce toutes les fonctions

du nom, qu’elles soient :

- Instructives : (4a).

- Ou constructives : (4b).

4a. L’infinitif nominal instructif

Il est complément identificatif :

- Formel du nom, du pronom, de l’adjectif.

Ex. : Le devoir de voter.

Ex. : Il n’y a rien à faire.

Ex. : Elle n’est pas belle à voir.

- Fonctionnel du sujet, de l’objet, de l’attribut, etc. Ex. : Lire, c’était sa passion.

Ex. : Il avait une passion, lire.

Ex. : C’était sa passion, lire.

4b. L’infinitif nominal constructif

Il exerce :

Les fonctions substantielles

Ex. : Souffler n’est pas jouer. (Sujet réel).

Ex. : C’est honteux de voler. (Sujet apparent).

Ex. : Souffler n’est pas jouer. (Attribut du sujet).

Ex. : Julie veut danser. (Objet réel).

Ex. : Il faut travailler. (Objet apparent). Ex. : Il le dissuade de partir. (Objet ablatif).

Ex. : Il s’attend à partir. (Objet datif).

La fonction complément circonstanciel

- Direct.

Ex. : Il part travailler. (Lieu).

- Indirect.

Ex. : Il faut travailler pour vivre. (But).

Ex. : Après avoir dîné, ils partirent. (Temps).

Ex. : Ce vieil ustensile est à jeter. (Manière).

5B. LES MODES FINITIFS

L’existence des modes finitifs se trouve matérialisée dans la limite d’une fin :

- Définie dans le mode définitif : (6A).

- Indéfinie dans le mode indéfinitif : (6B).

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La grammaire du verbe

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6A. LE MODE DEFINITIF

C’est le mode de l’existence définitive, abstraitement réalisée. Il a deux formes :

- Le fait définitif, encore nommé le « parfait », qui exprime l’idée d’une forme

d’existence achevée.

Ex. : Chanté. Parti.

- Le parfait du définitif ou « antéparfait » qui signifie l’idée d’une existence

achevée dans un temps achevé.

Ex. : Eu chanté. Eté parti.

La forme psychique du définitif s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (1a).

- Au moment de son emploi : (1b).

1a. Le sens du définitif

Il exprime l’idée d’une forme d’existence achevée indépendamment de l’espace-

temps de la pensée.

Ex. : Chanté.

Employé avec l’auxiliaire être ou sans auxiliaire, cette forme d’existence perd le

sens proprement « existentiel » de l’existence, pour ne conserver qu’un sens « es-

sentiel », dans lequel le sujet pourra montrer son identité en genre est en nombre.

Ex. : La chatte partie, les souris dansent.

1b. L’emploi du définitif

Le définitif s’emploie :

- Dans son propre mode.

- Et dans les autres modes.

Dans son propre mode, il s’exprime : - Dans la forme de l’ancillaire s’il est employé sans auxiliaire :

Ex. : Il prend les fruits restés sur la table.

- Ou dans la forme des auxiliaires :

L’auxiliaire avoir dans le mode définitif définitif ou antéparfait.

Ex : Eu eu, eu été, eu chanté, s’est eu assis.

Le semi-auxiliaire dans le définitif infinitif.

Ex. : Pu coûter, venu dire.

L’hémi-auxiliaire dans le définitif indéfinitif.

Ex. : Travaillé en chantant.

Dans les autres modes, il s’exprime dans l’ancillaire : - Des modes mineurs :

Infinitif définitif ou parfait de l’infinitif.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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Ex. : Avoir chanté, être parti.

Indéfinitif définitif ou parfait de l’indéfinitif.

Ex. : Ayant coûté, étant parti.

- Les modes majeurs :

Objonctif définitif ou parfait de l’objonctif.

Ex. : Il a (avait, aura) chanté, elle est (était, sera) partie.

Subjonctif définitif ou parfait du subjonctif.

Ex. : Qu’il ait chanté, qu’elle soit partie.

Injonctif définitif ou parfait de l’injonctif. Ex. : Ait chanté ! Soit parti !

Conformément au plan habituel, voyons maintenant :

- L’emploi du sens téléologique du définitif : (2a).

- Et l’emploi de son contresens morphologique : (2b).

2a. L’emploi du sens téléologique

Le verbe définitif s’emploie :

- Sans sujet dans le propos réifié : (3a).

- Avec un sujet dans le propos réalisé : (3b).

3a. Le définitif réifié

Il se rencontre dans un propos :

- Enonciatif.

Ex. : Vendu.

- Annonciatif.

Interrogatif.

Ex. : Etonnée ?

Exclamatif.

Ex. : Bien joué !

3b. Le définitif réalisé

Il s’emploie avec un sujet :

- Personnifié : (4a).

- Ou personnalisé : (4b).

4a. Le définitif personnifié

On le retrouve :

- Dans le propos définitif, sur une pancarte par exemple.

Ex. : Chevaux arrivés dans la première course.

- Ou dans une proposition définitive sujet, objet, attribut ou complément circons-

tanciel, etc.

Ex. : Les personnes nées en 1947 ont plus de soixante ans.

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La grammaire du verbe

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Ex. : Il a ramassé les fruits tombés de l’arbre.

Ex. : C’est un terme échu.

Ex. : Le printemps venu, les arbres sont en fleur.

4b. Le définitif personnalisé

L’auxiliaire apporte au définitif le sens de la personnalité et le sens de la réalité

qui lui manquent. Il quitte son mode pour s’engager dans les modes majeurs de :

- L’objonctif définitif.

Ex. : Elle a (aura, avait) passé ses examens. Ex. : Elle est (sera, était) venue hier.

- Du subjonctif définitif.

Ex. : Qu’elle ait passé ses examens, c’est une bonne chose.

Ex. : Qu’elle soit (fût) venue hier ne me regarde pas.

- De l’injonctif définitif.

Ex. : Aie passé tes examens avant de penser aux vacances !

Ex. : Sois venue avant midi !

2b. L’emploi du contresens morphologique

Quand le définitif est employé dans la dépendance d’un nom qui n’est pas son

sujet, il ne signifie plus l’existence de l’essence comme un verbe mais comme un

adjectif, en prenant un contresens morphologique :

- Formel s’il prend la forme de l’adjectif qualificatif : (3a).

- Figuratif s’il ne la prend pas : (3b).

3a. L’adjectif définitif formel Le définitif employé sans sujet prend la forme grammaticale de l’adjectif qualifi-

catif, s’il est désigné comme tel dans le dictionnaire.

Ex. : Un travail achevé. Un vin éventé. Un poisson évidé.

3b. Le définitif adjectival figuratif

Lorsqu’il est une figure grammaticale parfaite, il est variable comme un adjectif,

dont il exerce toutes les fonctions :

- Instructives : (4a).

- Ou constructives : (4b).

4a. Le définitif adjectival instructif

Il est complément instructif :

- Formel : qualificatif du nom, (mais pas du pronom, qui signifie la même réalité

que lui : la qualité).

Ex. : Elle a retrouvé l’être aimé. - Fonctionnel : qualificatif du sujet, de l’objet, de l’attribut, etc.

Ex. : Abandonné de tous, il est parti pour ne plus revenir.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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Ex. : Il mange sa salade assaisonnée.

Ex. : Emerveillée, elle l’était vraiment.

Le pronom qui exerce une fonction grammaticale dans le propos ne signifie plus

l’idée d’une qualité, il se comporte comme un nom qui exprime l’idée d’une

entité. Il est alors apte à recevoir le sens de la qualité, mais à la condition, que

celle-ci s’adresse au sens de sa fonction et non à celui de sa forme.

4b. Le définitif adjectival constructif

Il est complément constructif : - Fonctionnel : attribut qualificatif du sujet.

Ex. : Elle est écoeurée.

- Formel : attribut qualificatif du nom objet.

Ex. : Jules aime la salade assaisonnée.

6B. LE MODE INDEFINITIF

C’est le mode de l’existence indéfinitive, abstraitement idéalisée, dans la forme :

- Du fait indéfinitif de l’existence inachevée.

Ex. : Chantant. Partant.

- Du parfait de l’indéfinitif de l’existence achevée.

Ex. : Ayant chanté. Etant parti. Selon le plan habituel, examinons :

- Le sens de l’indéfinitif : (1a).

- Et son emploi : (1b).

1a. Le sens de l’indéfinitif

Il exprime une forme d’existence « idéalisée », qui semble ne pas avoir de fin,

sans pour autant donner l’impression d’être éternelle comme celle de l’infinitif.

Ex. : Chantant.

1b. L’emploi de l’indéfinitif

C’est un mode mineur qui s’emploie aussi :

- Dans son propre mode.

- Et dans tous les autres modes.

Dans son propre mode, il s’exprime :

- Dans la forme de l’ancillaire en l’absence de l’hémi-auxiliaire.

Ex. : Il recherche la monnaie manquant dans son portefeuille.

- Et dans la forme des auxiliaires :

Les auxiliaires être et avoir du mode indéfinitif définitif. Ex. : Ayant chanté, étant parti, s’étant assis.

Le semi-auxiliaire du mode indéfinitif infinitif.

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La grammaire du verbe

284

Ex. : Pouvant coûter, venant dire.

L’hémi-auxiliaire du mode indéfinitif indéfinitif.

Ex. : Travaillant en chantant.

Dans les autres modes, il s’exprime dans l’ancillaire, au niveau :

- Des modes mineurs :

Infinitif indéfinitif.

Ex. : Travailler en chantant.

Définitif indéfinitif. Ex. : Travaillé en chantant.

- Des modes majeurs :

Objonctif indéfinitif.

Ex. : Il travaille (travaillait, travaillera) en chantant.

Subjonctif indéfinitif.

Ex. : Qu’il travaille en chantant.

Injonctif indéfinitif :

Ex. : Travaille en chantant !

Pour clore le chapitre des modes mineurs reste à examiner :

- L’emploi du sens téléologique de l’indéfinitif en tant que verbe : (2a).

- Et l’emploi de son contresens morphologique : (2b).

2a. L’emploi du sens téléologique

Le verbe indéfinitif s’emploie :

- Sans sujet dans le propos réifié : (3a).

- Avec un sujet dans le propos réalisé : (3b).

3a. L’indéfinitif réifié

On le rencontre dans un propos :

- Enonciatif, par exemple dans le titre de la pièce de Samuel Beckett. Ex. : En attendant Godot.

- Annonciatif.

Interrogatif.

Ex. : Amusant votre plaisanterie ? Certainement pas.

Exclamatif.

Ex. : Révoltant, cette affaire !

3b. L’indéfinitif réalisé

Il s’emploie avec un sujet :

- Personnifié : (4a).

- Ou personnalisé : (4b).

4a. L’indéfinitif personnifié

On le rencontre dans :

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

285

- Le propos indéfinitif, par exemple dans le titre de l’œuvre de Rude François.

Ex. : Jeanne d’Arc écoutant ses voix.

- Et dans la proposition indéfinitive, qui est l’équivalent d’un nom, dont elle

exerce toutes les fonctions :

Substantielles, si l’indéfinitif peut être remplacée par une relative adjectivale.

Ex. : Les enfants ayant rédigé leur devoir, peuvent sortir. (Sujet).

(Les enfants qui ont rédigé leur devoir, peuvent sortir).

Ex. : Je recrute une vendeuse parlant anglais. (Objet).

Ex. : Ce sirop est un liquide contenant des colorants. (Attribut). Ex. : Il est interpellé par une personne parlant anglais. (Sujet de l’adjectif

attribut).

Circonstancielles, si la proposition indéfinitive est paraphrasable par une rela-

tive adverbiale ou une conjonctive.

Ex. : Le repas s’achevant, nous avons préféré partir.

(Nous avons préféré partir quand le repas s’achevait).

Ex. : La digestion aidant, les enfants s’endormirent.

(Les enfants s’endormirent parce que la digestion aidait).

4b. L’indéfinitif personnalisé

L’hémi-auxiliaire apporte à l’ancillaire indéfinitif le sens de la personnalité et le

sens de la réalité qui lui manquent. Ce faisant, il quitte son mode pour les modes majeurs de :

- L’objonctif indéfinitif.

Ex. : Il travaille (travaillera, travaillait) en chantant.

- Du subjonctif indéfinitif.

Ex. : Qu’il travaille (travaillât) en chantant !

- De l’injonctif indéfinitif.

Ex. : Travaille en chantant !

2b L’emploi du contresens morphologique

L’indéfinitif employé sans sujet devient :

- Un adjectif formel s’il intègre le dictionnaire : (3a).

- Un adjectif ou un adverbe figuratif s’il ne l’intègre pas : (3b).

3a. L’adjectif indéfinitif formel

On le distingue du verbe indéfinitif : - Toujours par la variabilité de sa forme.

Ex. : Une jeune fille souriante.

- Parfois par l’orthographe quand il se termine par :

-ent : adhérent (adhérant), affluent (affluant), coïncident (coïncidant), con-

fluent (confluant), convergent (convergeant), déférent (déférant), différent

(différant), divergent (divergeant), équivalent (équivalant), excellent (excel-

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La grammaire du verbe

286

lant), expédient (expédiant), influent (influant), négligent (négligeant), précé-

dent (précédant), somnolent (somnolant), violent (violant).

-cant : communicant (communiquant), convaincant (convainquant), provo-

cant (provoquant), suffocant (suffoquant), vacant (vaquant).

-gant : délégant (déléguant), extravagant (extravaguant), intrigant (intri-

guant), fatigant (fatiguant), navigant (naviguant), zigzagant (zigzaguant).

3b. L’indéfinitif figuratif

L’indéfinitif se situe à mi-chemin entre l’infinitif, forme de l’essence qui ne signi-fie pas encore l’existence, et le définitif, forme d’existence qui ne signifie plus

l’existence. Il est le seul qui exprime l’idée d’une forme « d’existence », apte à

choisir entre le sens de :

- L’essence, en prenant la figure « d’existence de l’essence » d’un adjectif.

- L’existence, en prenant la figure « d’existence de l’existence » d’un adverbe.

Employé sans sujet :

- Sa forme inauxiliée se retrouve dans la dépendance d’un nom et adopte la fi-gure d’un « indéfinitif adjectival » : (4a).

- Sa forme auxiliée se retrouve dans la dépendance d’un verbe et adopte la figure d’un « indéfinitif adverbial » : (4b).

4a. L’indéfinitif adjectival

L’indéfinitif n’est plus un verbe mais une figure adjectivale :

- Parfaite et variable s’il est « attaché » à un nom qui n’est pas son sujet.

Ex. : Une rue passante.

- Imparfaite et invariable s’il est « détaché » d’un nom qui n’est plus son sujet. Ex. : Jules te prête ce livre, sachant que tu le liras.

Sachant est un adjectif qualificatif du sujet Jules. Le test de la coordination avec

un adjectif démontre d’ailleurs qu’il se comporte comme tel.

Ex. : Jules te le prête, heureux qu’il te plaise et sachant que tu le liras.

L’indéfinitif adjectival parfait ou imparfait exerce toutes les fonctions de

l’adjectif complément :

Instructif

Formel s’il est qualificatif de la forme d’un nom qui n’est pas son sujet.

Ex. : Des couleurs voyantes. Ils sont partis tambour battant. Il a été payé argent comptant.

Fonctionnel s’il est qualificatif de la fonction d’un nom qui n’est plus son

sujet. Il est alors :

- Qualificatif du sujet :

Soit détaché du sujet par l’intermédiaire d’une virgule.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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Ex. : Etant ruiné, Jules ne pouvait plus payer.

Ex. : Jules est parti à la gare, portant lui-même ses bagages.

Soit rattaché au sujet par un verbe qui n’est pas son hémi-auxiliaire.

Ex. : Il court gesticulant et criant partout qu’on l’a volé.

Ex. : Les prix vont augmentant.

(Le verbe aller qui conserve l’idée de mouvement sans signifier un futur proche

ne s’analyse pas comme un semi-auxiliaire).

- Qualificatif de l’objet.

Ex. : J’ai vu Jules sortir du bistrot, titubant. - Qualificatif de l’attribut, etc.

Ex. : Il était…flottant dans une espèce de rêverie…

Constructif

Fonctionnel : Attribut qualificatif du sujet (rarement).

Ex1. : Il fut d’abord quelques minutes flottant dans une espèce de rêverie à

demi somnolente (V. Hugo).

Formel : Attribut qualificatif de l’objet.

L’indéfinitif est : - Attribut qualificatif du pronom objet qui se trouve détaché de lui par le verbe.

Ex. : Je l’imagine faisant fortune.

- Mais il est l’ancillaire d’une proposition indéfinitive objet lorsqu’il est rattaché

au nom objet.

Ex. : J’imagine Jules faisant fortune.

4b. L’indéfinitif adverbial

L’indéfinitif n’est plus un verbe mais un adverbe modificatif :

Formel s’il modifie la forme d’un verbe qui n’est pas son hémi-auxiliaire.

Ex. : La fortune vient en dormant.

Fonctionnel quand il modifie la fonction d’un verbe qui n’est plus son hémi-

auxiliaire s’il se trouve détaché de lui par une virgule.

Ex. : En travaillant, tu réussiras dans tes études.

Ex. : Un ivrogne allait, en titubant, vers son bistrot.

Ex. : Il est parti à la gare, en portant lui-même ses bagages.

1 Cité par R.L. Wagner et J. Pinchon, Grammaire du français classique et moderne, Paris, Hachette,

1962, p. 312

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La grammaire du verbe

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4B. LES MODES MAJEURS

Les modes majeurs sont les modes de la réalité concrète. Ils se partagent entre :

- Les modes jonctifs qui signifient la réalité matérielle concrète de l’existence dans la durée : (5A).

- Le mode injonctif qui signifie la réalité virtuelle concrète d’une forme d’existence sans durée : (5B).

5A. LES MODES JONCTIFS DE LA DUREE

Ils symbolisent l’union physique de l’essence et de l’existence dans la « jonc-

tion » de deux formes : celle du nom (ou du pronom) et celle du verbe. Il faut

encore distinguer entre le mode :

- Des « temps » de l’objonctif, mode de la réalité réelle et objective : (6A).

- Du « moment » du subjonctif, mode de la réalité idéelle et subjective : (6B).

6A. LES TEMPS DE L’OBJONCTIF

L’objonctif est le mode défini du réel. C’est le seul mode véritablement temporel,

il conçoit toujours l’existence réellement et corporellement dans le temps, serait-

elle éventuelle, spirituelle, ou même virtuelle. C’est la réalité de l’existence qui

engendre la réalité du temps. Si l’existence est présente, le temps est présent, si

elle est absente, le temps est absent lui aussi. Il faut donc examiner :

- Le temps présent de l’objonctif : (7A).

- Et les temps absents : (7B).

7A. LE TEMPS PRESENT

Le présent est un temps infini, c’est un néant temporel « qui n’est pas ». Mais il

est toujours senti comme un temps « qui est ». Comment expliquer ce paradoxe ?

Il faut chercher la réponse dans la définition du principe fondamental de l’ordre

naturel : le néant « est ce qui sera », et accepter que le présent soit un devenir du

temps, un temps qui avance, il est d’ailleurs senti comme tel. Le présent est la limite chronologique universelle de l’existence des choses dans

l’univers. C’est lui qui matérialise la temporalité définie de l’objonctif selon la

règle « l’infini finit le défini ». Le présent est une limite qui n’a pas de limite, il

ne se limite pas lui-même. Dans l’absolu cette absence de limite le prive du sens

de la durée. Mais s’il est envisagé relativement aux choses, sa durée se trouve

alors matérialisée par la durée de l’existence des choses. Le présent d’une chose

dure tant que dure son existence, elle-même limitée par une fin qui marque son

achèvement. C’est la fin de l’existence qui matérialise la fin du présent. Il existe

alors deux sortes de présents :

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

289

- Le fait présent d’une forme d’existence inachevée : (1a).

- Le parfait du présent d’une forme d’existence achevée : (1b).

1a. Le fait présent

Il signifie le temps ou le moment présent de l’existence inachevée dans la pensée

réelle « jective ». Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du présent

Le sens chronologique du présent n’a pas de valeur temporelle par lui-même,

puisqu’il « est » l’infini du temps. Il est particulièrement utile pour signifier

l’existence de l’être à l’instant même de l’acte d’énonciation. C’est particulière-

ment vrai pour certains verbes dits « performatifs » comme jurer, pardonner,

promettre, remercier, qui constituent l’acte d’exister par le fait même de leur

énonciation, quand ils sont employés à la première personne.

Ex. : Je jure de dire la vérité. Le présent performatif signifie l’existence de l’être à l’état pur, indépendamment

de toute description. Les autres nuances de sens du présent relèvent toutes de son

mode d’emploi et du contexte dans lequel il est employé.

2b. L’emploi du présent

Conformément au plan habituel, examinons :

- L’emploi du sens chronologique du présent : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens

On a recours au fait du présent pour signifier aussi bien :

- Le temps absolu du présent d’une durée infinie.

- Que le moment relatif du présent d’une durée finie.

Le temps présent d’une durée infinie.

C’est lui qui enveloppe le passé, le présent et le futur de toutes les formes

d’existence dans l’univers. Le présent infini prend le nom de :

- Présent de permanence ou de caractérisation.

Ex. : La terre tourne autour du soleil.

- Présent de cadence ou de répétition. Ex. : Il se lève tous les jours à cinq heures.

Le moment présent d’une durée finie.

Le présent dure tant que dure le mouvement de l’existence d’une chose qui n’est

pas éternelle. La durée du présent est alors finie, elle se nomme :

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La grammaire du verbe

290

- Le moment défini du présent si le sens de la permanence de l’existence est lui-

même défini. Ce présent prend le nom de « présent instantané » :

Avec un verbe de sens perfectif.

Ex. : Jules sort.

Ou de contresens perfectif.

Ex. : Le joueur tombe.

- Le moment indéfini du présent si le sens de la permanence de l’existence est

indéfini. On parle ici de « présent momentané ou actuel ou encore élargi » :

Avec un verbe de sens imperfectif. Ex. : Jules dort.

Ou de contresens imperfectif.

Ex. : La neige tombe.

3a. L’emploi du contresens

Le fait du présent prend un contresens :

- Chronologique s’il ne signifie plus le présent : (3a).

- Psychologique quand il ne signifie plus le temps : (3b).

4a. Le contresens chronologique

Puisque la durée du présent enveloppe le passé, le présent et le futur de toute

chose il n’éprouve aucune gêne pour signifier l’existence présente dans : - Le passé, qu’il soit :

Proche :

Ex. : Je reviens de Nice où j’ai passé une excellente journée.

Ou lointain : on parle de présent de narration ou de présent historique.

Ex. : Jeanne d’Arc meurt à Rouen le 30 mai 1431.

- Ou le futur, qu’il soit :

Proche :

Ex. : Je descends à la prochaine station.

Ou lointain : on parle de présent d’anticipation.

Ex. : L’année prochaine je vais à Tahiti.

4b. Le contresens psychologique

La valeur psychologique du présent n’est ni objective ni subjective, elle est sim-

plement « jective ». Le présent n’a pas d’état d’esprit ni d’état d’âme, il est neutre

et s’exprime indifféremment dans les trois registres de la pensée que sont :

- L’entendement, particulièrement quand il énonce des vérités universelles oppo-

sables à tous, ici on parle de présent gnomique.

Ex. : La terre tourne autour du soleil.

Ex. : Deux et deux font quatre.

Ex. : Le soleil se lève à l’est.

Ex. : Rien ne sert de courir, il faut partir à point (Lafontaine).

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

291

- L’accommodement pour tous les actes de la vie en société.

Ex. : Est-ce que tu m’aimes ?

Ex. : Vous m’êtes sympathique.

Ex. : Venez dîner demain soir à la maison.

Ex. : Pouvez-vous fermer la fenêtre, s’il vous plaît.

- Le commandement.

Ex. : Tu ranges tes affaires et tu vas te coucher.

Le commandement du présent ressemble beaucoup à celui de l’injonctif, mais sa

valeur jussive est plus limitée. L’auteur et le destinataire de l’ordre se trouvent ici confrontés dans une réalité « réelle » appréciable, donc discutable. Ce n’est pas le

cas pour l’injonctif qui situe son ordre dans une réalité « virtuelle » inaccessible

et indiscutable.

1b. Le parfait du présent

Le latin ne connaissait qu’une forme simple du parfait du présent (vidi = je vis).

Le bas latin a transféré cette forme simple dans le temps du passé pour en faire le

passé défini dont nous avons hérité. La place vacante fut reprise par une forme

composée avec les auxiliaires infinis et l’ancillaire définitif (habeo visum = j’ai

vu), pour donner le parfait du présent que nous utilisons.

Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (1a).

- Au moment de son emploi : (1b).

2a. Le sens du parfait du présent

Le parfait signifie l’instant présent et achevé d’une forme d’existence. En toute logique, si la forme d’existence est achevée il s’agit d’une forme d’existence

passée, mais elle est curieusement parfois sentie comme un présent.

Ex. : Le beaujolais nouveau est arrivé.

Ce temps est en soi un paradoxe temporel, il signifie une chose et son contraire.

L’explication de ce mystère est somme toute assez simple si l’on examine la

forme du verbe. On voit que l’auxiliaire contient le sens chronologique du temps

présent alors que l’ancillaire exprime le sens téléologique de l’existence passée.

Le parfait du présent signifie le passé de l’existence dans le temps présent, et l’on

soupçonne immédiatement qu’il pourra dire aussi bien le sens du passé que celui

du présent. Tout le problème est maintenant de savoir comment. L’analyse de ses

formes d’emploi l’explique.

2b. L’emploi du parfait du présent

Examinons :

- L’emploi du sens du parfait du présent : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

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3a. L’emploi du sens

Il s’analyse :

- Absolument, en soi : (4a).

- Et relativement par rapport aux autres temps : (4b).

4a. Le sens absolu

Considéré en soi le parfait du présent fait d’abord partie du temps présent. Or on

sait que le sens chronologique de ce temps n’exprime pas la durée par lui-même,

c’est le sens de la permanence de l’existence qui l’indique. Cette durée est définie

ou indéfinie selon que le verbe est de sens perfectif ou imperfectif. De son côté le

parfait apporte le sens téléologique supplémentaire d’une fin qui apparaît dans

l’ancillaire définitif. Cette fin n’est pas là par hasard, grâce à elle le sens de la

permanence de l’existence va se « finaliser » dans le temps conformément aux lois de l’achèvement de l’ordre naturel :

- Si le verbe est de sens perfectif, son sens défini se finit dans le sens infini du

temps présent pour signifier l’accompli au présent.

Ex. : J’ai trouvé la solution du problème.

Ex. : Elle est arrivée.

- Si le verbe est de sens imperfectif son sens indéfini se finit dans le sens défini

du temps passé pour exprimer l’accompli dans le passé.

Ex. : J’ai cherché la solution du problème.

Ex. : Elle a mangé.

Ici, le parfait du présent prend la valeur d’un passé accompli qui ressemble beau-

coup à celui du passé défini.

4b. Le sens relatif

Si le parfait du présent est employé dans la dépendance temporelle d’une proposi-

tion subordonnante, son sens prend une valeur :

- Téléologique simplement perfective s’il se trouve en rapport avec le moment

d’une forme d’existence passée.

Ex. : Je m’ennuyais quand il est arrivé.

- Ou chronologique antéperfective s’il est mis en rapport avec le moment d’une

forme d’existence présente.

Ex. : Je m’ennuie depuis qu’il est arrivé.

3a. L’emploi du contresens Le parfait du présent prend un contresens :

- Chronologique s’il ne signifie plus le présent du passé : (3a).

- Psychologique quand il ne signifie plus le temps : (3b).

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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4a. Le contresens chronologique

Le contexte dans lequel le parfait du présent est employé peut lui faire prendre le

contresens chronologique :

- Du passé défini.

Ex. : Jeanne d’Arc est morte à Rouen le 30 mai 1431.

- Ou d’un futur proche.

Ex. : Attends-moi j’ai fini dans cinq minutes.

4b. Le contresens psychologique Le parfait du présent est aussi un temps psychologique jectif. Il n’a pas d’état

d’esprit ni d’état d’âme, il s’exprime avec la même aisance dans les registres de :

- L’entendement.

Ex. : Un accident est vite arrivé.

- L’accommodement.

Ex. : Si tu n’as pas terminé ton travail ce soir, que feras-tu ?

- Le commandement.

Ex. : Je t’ai dit de ranger tes affaires !

7B. LES TEMPS ABSENTS

Le temps absent du passé et du futur est « fini », parfaitement limité, au sens ontologique du terme, et non pas au sens lexical signifiant « achevé » ou « termi-

né ». Il est « l’étant » du temps. Paradoxalement, il est toujours senti comme un

temps infini qui n’a pas de réalité matérielle, il n’est qu’une vue de l’esprit qui

n’existe pas en réalité. S’il donne l’impression d’exister dans l’esprit et non dans

la réalité tangible, il doit bien y avoir une raison. En chaussant ses lunettes on voit

qu’il n’a pas de limite finale propre, cette absence de limite suffit à expliquer à

elle seule cette sensation d’immatérialité qu’il suscite. L’absent n’existe que si la

fin du présent existe, l’absent ne vient à l’existence que si la fin infinie du présent

se réalise dans la pensée pour :

- Finir le temps défini du passé : (8A).

- Ou se finir dans le temps indéfini du futur : (8B).

8A. LE PASSE

Le passé est un temps défini, la présence de l’existence y est certaine car la pen-sée sait précisément où se trouve la fin du présent. Si le « temps » passé de

l’existence est certain, l’endroit de son « moment » dans le temps ne l’est pas

forcément, il pourra être :

- Défini s’il est certain : (9A).

- Indéfini s’il est incertain : (9B).

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La grammaire du verbe

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9A. LE PASSE DEFINI

Il signifie le moment certain du passé de l’existence dans la pensée réelle. Depuis

l’apparition du « parfait du présent » au XII siècle, le passé défini tend progressi-

vement à disparaître du langage courant, sauf encore du parler des personnes

âgées dans le Midi et dans l’Ouest de la France. Le parfait du présent a pour lui

l’immense avantage de la simplicité, ses auxiliaires se conjuguent au présent. Il

n’est pas surprenant que ce soit lui qui occupe en priorité le terrain du langage

parlé. Victime d’une concurrence déloyale, le passé défini ne faisait pas le poids, la forme de ses radicaux est souvent difficile et irrégulière. Sa déchéance fut

inéluctable lorsque les désinences des deux premières personnes de son pluriel

s’affublèrent d’un sens saugrenu qui était inconnu au siècle des lumières (Nous

chantâmes, vous finîtes). Pourtant, le passé défini demeure toujours en usage dans

le langage écrit et l’on peut parier que sa mort annoncée n’est pas pour demain.

C’est qu’il est irremplaçable ! Pour l’unique raison qu’il est le seul à pouvoir

signifier le vrai temps du passé, dans toute sa rigueur et dans toute sa pureté. Les

autres temps du passé ne sont pas vraiment des temps finis, ils collaborent avec

l’infini du présent. Collaboration franche pour le parfait du présent, plus sour-

noise pour le passé indéfini, suspect d’avoir été comparé à un « présent du pas-

sé ». Le passé défini est en situation de monopole, il a encore de beaux jours

devant lui. Dire que le passé défini évoque un moment certain de l’existence dans le temps

du passé ne suffit pas, il faut aussi savoir si l’instant de cette forme d’existence

est achevé ou non. C’est justement là le rôle :

- Du fait passé défini de l’instant inachevé de l’existence dans le passé : (1a).

- Et du parfait du passé défini qui montre son instant achevé : (1b).

1a. Le fait du passé défini

C’est un temps fondamentalement chronologique, il signifie toujours le constat

objectif d’un événement historique, complètement détaché du présent du locuteur.

Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du passé défini

Ce temps place d’emblée la forme d’existence dans un moment précis du passé

conçu dans sa totalité. Les limites de son commencement et de son achèvement

sont certaines, sa durée est parfaitement définie.

Ex. : Je fus hier au Buron (Mme de Sévigné).

S’il signifie la durée définie du temps, cela ne veut pas dire pour autant que cette durée soit brève. Elle peut être longue, s’étaler sur des jours, des années, voire des

siècles ou des millénaires, il suffit seulement qu’elle soit précise.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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Ex. : Il marcha trente jours, il marcha trente nuits (Victor Hugo).

Ex. : Ils vécurent pendant des années à Paris.

Ex. : Rome domina les peuples pendant plus d’un millénaire.

Durée définie ne signifie pas non plus l’éloignement dans le temps. On ne cho-

quera personne en disant :

Ex. : Cet enfant naquit il y a une heure.

La règle qui avait été établie par Henri Estienne au XVII siècle n’a plus de raison

d’être. Cette règle, reflet de l’esprit d’une époque, imposait l’usage du parfait du

présent pour le passé proche, et celui du passé défini pour le passé remontant à plus de vingt-quatre heures.

- Pourtant il est vrai que, de nos jours encore :

Ex. : Le facteur a sonné à la porte il y a une heure.

Ex. : Le facteur sonna à la porte il y a deux jours.

- Reste plus élégant que : Ex. : Le facteur sonna à la porte il y a une heure.

Ex. : Le facteur a sonné à la porte il y a deux jours.

Pourtant, quand on y songe, le deuil d’une forme d’existence achevée ne se réa-

lise vraiment dans la pensée que si le jour du décès est aussi achevé. La règle

n’est donc pas aussi illogique qu’elle en a l’air, le parfait du présent est le seul

temps capable de relier le passé au présent de l’aujourd’hui qui s’écoule. Ce serait

d’ailleurs lui rendre justice, condamné à l’expression d’un présent et d’un passé

qui ne lui appartiennent pas en propre, il trouverait là une occasion de se singula-

riser.

2b. L’emploi du passé défini

Le fait passé défini est exclusivement employé pour son sens chronologique, il

s’oppose en cela à son symétrique antagoniste situé à l’autre extrémité du temps

absent, le fait du futur indéfini, presque toujours employé pour son sens psycho-

logique. Examinons :

- L’emploi de son sens chronologique : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens

Ce sens chronologique s’analyse :

- Absolument, en soi : (4a).

- Et relativement par rapport aux autres temps : (4b).

4a. Le sens absolu

Employé indépendamment des autres temps, le passé défini formule deux sens

contradictoires :

- Le sens animé de l’existence.

- Et son sens achevé.

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La grammaire du verbe

296

Le sens animé

Le passé défini donne une image animée et vivante de l’existence, il scande la

cadence du temps, il aime le rythme et la compagnie de ses congénères. C’est le

temps de l’excitation, il bouge, il avance. Voilà pourquoi il s’emploie volontiers

pour signifier l’aspect itératif du temps :

Ex. : Il s’installa, alluma une cigarette, et prit un livre.

S’il signifie la « cadence », on comprend facilement qu’il ne puisse pas se consa-

crer au sens opposé de la « permanence » du temps. Le passé défini ne contient

pas vraiment le sens de la durée, il est incapable de saisir le déroulement du temps dans sa continuité, il ne montre pas le temps qui passe. On aurait beaucoup de

mal à dire :

Ex. : *Il fut en train de manger.

Le passé défini est en soi un paradoxe, il signifie une durée parfaitement définie

qui n’est pas sentie comme une durée ! Il y a là un tour de passe-passe qu’on

s’explique mal, puisque ce temps est capable de nous faire croire qu’un millénaire

ne dure pas.

Ex. : Mathusalem vécut 969 ans.

Le sens achevé

Autre paradoxe, le passé défini est le temps du passé qui montre le mieux la fin

de l’existence, comme si elle se trouvait rejetée dans un passé coupé du présent, expliquant pourquoi il ne trouve plus sa place dans le présent de la conversation

et qu’il ne s’emploie qu’à l’écrit.

Son sens « défini » implique que sa durée soit achevée. Il s’exprime comme s’il

était un « parfait » qui s’impose au sens de la permanence de l’existence pour

produire un effet de sens temporel :

- « Focal » si le verbe est déjà de sens perfectif.

Ex. : Il naquit en décembre.

- « Accéléré » si le passé défini impose au verbe un contresens perfectif.

Ex. : De nombreuses années s’écoulèrent.

S’il exprime si bien l’achèvement du temps passé, c’est au détriment de

l’expression du sens de son commencement. Employé seul, indépendamment du contexte, il n’évoque que la fin du passé, il n’est jamais senti comme son com-

mencement. Pour cette raison, on dira qu’il est « le temps de l’achèvement du

passé » ou encore « le temps passé du passé ».

4b. Le sens relatif

Il faut examiner ici comment le passé défini se distingue des autres temps du

passé. Nous allons voir que l’idée de « parfait » qu’il signifie s’oppose :

- Non seulement au parfait du présent.

- Mais aussi au sens imparfait du passé indéfini.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

297

Avec le parfait du présent

Le passé défini exprime l’idée d’un parfait contre lequel le parfait du présent ne

fait pas le poids.

Ex1. : Pison nous offensa, Pison s’est repenti (Arnault).

L’esprit fait immédiatement la différence, l’offense est effacée alors que la repen-

tance court toujours. Certes, le parfait du présent signifie aussi « l’accompli du

passé », il est même capable de se substituer au passé défini grâce à la facilité et à

l’élégance de son jeu.

Ex. : Pison nous a offensés, Pison s’est repenti. Mais qu’il le veuille ou non, le parfait du présent reste malgré tout un infirme

temporel, un nain du temps passé, incapable de rivaliser avec la sincérité du jeu

de son adversaire. C’est là l’atout majeur du passé défini, lui ne trahit pas le pas-

sé, il refuse de se commettre avec le temps du présent.

Quand le parfait du présent exprime l’accompli au présent d’un verbe de sens

perfectif.

Ex. : Nous sommes arrivés.

Il ne parvient pas à se substituer au passé défini qui lui, s’obstine dans la signifi-

cation de l’accompli pur et dur du passé.

Ex. : Nous arrivâmes.

Avec l’imparfait du passé indéfini Le sens perfectif du passé défini s’oppose au sens imperfectif du passé indéfini.

Celui-ci évoque toujours l’idée d’une forme d’existence passée qui ne connaît pas

d’achèvement, il contient le sens d’une durée que le passé défini est incapable

d’exprimer. Autrement dit, le passé défini est un temps fermé alors que le passé

indéfini reste un temps ouvert. Il est normal que ce soit lui qui accueille le passé

défini en toile de fond, qu’il lui serve de décor.

Ex. : Je lisais mon journal lorsqu’il entra.

3b. L’emploi du contresens

Le passé défini prend un contresens :

- Chronologique s’il signifie un autre temps : (4a). - Psychologique quand il ne signifie plus le temps : (4b).

4a. Le contresens chronologique

Si le contexte évoque la durée imprécise du temps, le passé défini prend le con-

tresens du passé indéfini, et parfois, si le besoin s’en fait sentir, c’est lui qui sert

de toile de fond au passé indéfini. Le renversement des rôles implique évidem-

ment que ce dernier endosse le contresens du passé défini.

1 Cité par Ferdinant Brunot. Grammaire Historique de la Langue Française. p 465. Paris. Masson.

1889.

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La grammaire du verbe

298

Ex1. : À partir de ce jour, je ne le perdis plus de vue ; et, chaque matin, il

recommençait son exercice invraisemblable (Maupassant).

4b. Le contresens psychologique

Le passé défini est un temps psychologique absolument objectif. Il n’a rien de

subjectif, il n’a pas d’état d’âme, il n’est qu’état d’esprit.

- Le commandement, qui vaut pour le futur, ne figure pas dans ses attributions.

- Ni l’accommodement qui vaut pour le présent, et qui suppose un minimum de

subjectivité. - Reste l’entendement qui vaut pour toujours et qui prendra la valeur :

D’une vérité.

Ex. : Dieu créa l’homme à son image.

D’une sentence.

Ex. : Qui ne sait se borner ne sut jamais écrire (Boileau).

D’une affirmation indiscutable.

Ex. : Un repas réchauffé ne valut jamais rien (Boileau).

Ex. : Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

Les grammairiens du XVII siècle ignoraient la valeur psychologique du temps.

Pour eux le passé défini ne pouvait pas signifier autre chose que le temps. Telle

était la conception de l’Académie lorsqu’elle condamna injustement Corneille

pour n’avoir pas respecté la règle des vingt-quatre heures qui exigeait un délai d’une nuit entre l’événement et le moment de son exposé. Toutes les grammaires

citent cet exemple du Cid, dans lequel le comte osait dire, bien après l’offense

faite à Don Diègue :

Ex. : Je l’avoue entre nous quand je lui fis l’affront...

Corneille corrigea :

Ex. : Je l’avoue entre nous, mon sang un peu trop chaud

S’est trop ému d’un mot, et l’a porté trop haut.

Maintenant, on est en droit de penser qu’il n’avait pas commis de faute, ce qui

comptait pour lui, ce n’était pas le sens chronologique du passé défini, mais sa

valeur psychologique. Au moment où Corneille écrit « je lui fis l’affront », dans

son esprit, ce n’est pas le sens du temps qui doit l’emporter, mais celui de l’entendement du comte, qui met tout son poids dans une affirmation indiscutable

qui prend la valeur d’une vérité.

1b. Le parfait du passé défini

Il signifie l’idée d’une forme d’existence achevée dans un moment certain du

passé. Sa forme psychique s’analyse :

- Au niveau du sens qu’elle contient : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

1 Cité par Marc Wilmet. Grammaire critique du français. p 405. Paris. Hachette supérieur. 1998.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

299

2a. Le sens du parfait du passé défini

Le sens téléologique du parfait qui se situe dans l’ancillaire définitif n’a pas le

même pouvoir « finalisant » du sens du temps que celui du parfait du présent. Ici,

le sens perfectif ou imperfectif de la permanence de l’existence n’a aucun pouvoir

d’expression. Contrairement à la durée infinie du présent qui autorise la libre

expression du sens de la permanence de l’existence, la durée du passé est définie,

connue, définitivement fixée, elle s’impose au sens du verbe, qu’il soit :

- De sens perfectif. Ex. : J’eus trouvé la solution du problème.

- De sens imperfectif.

Ex. : J’eus cherché la solution du problème.

2b. L’emploi du parfait du passé défini

Voyons :

- L’emploi du sens chronologique du parfait du passé défini : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens

Le sens absolu est purement téléologique. Il ne signifie que la fin de

l’existence dans le temps passé défini.

Le parfait du passé défini donne la même impression de brièveté que son homo-

logue du fait.

Ex. : Et le drôle eut lapé le tout en un moment (La Fontaine). Comme lui, il ne signifie pas le sens de la permanence du temps, il est beaucoup

plus apte à l’expression de sa cadence.

Ex. : Après qu’il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,

Janot Lapin retourne aux souterrains séjours (La Fontaine).

Le sens relatif est aussi chronologique, il signifie l’antériorité temporelle,

c’est-à-dire la fin du temps par rapport :

- Au fait du passé défini.

Ex. : Dès qu’il eut raconté son histoire, il changea de conversation.

- Au passé indéfini.

Ex. : Après qu’il eut terminé son repas, il s’installait toujours devant la té-lévision.

3b. L’emploi du contresens

Les occasions d’emploi de contresens du parfait du passé défini sont rares, qu’il

s’agisse :

- Du contresens chronologique du passé indéfini.

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La grammaire du verbe

300

Ex. : Quand il eut enfin fini, nous partions.

- Ou du contresens psychologique de l’entendement.

Ex. : Qui n’eut su se borner ne sut jamais écrire.

9B. LE PASSE INDEFINI

Il signifie le moment incertain du passé de l’existence dans la pensée réelle. Le

qualificatif « incertain » ne doit pas abuser, on sait que le passé est le temps de

l’existence certaine, ce n’est pas la présence de l’existence dans le temps qui est incertaine, mais la durée de son moment. C’est un temps mystérieux qui a sou-

vent été comparé à un présent du passé, certains ont même nié qu’il puisse être

« un temps » à part entière. Pourquoi ce mystère ? Comme toujours, il faut se

poser les bonnes questions et chercher ensuite une explication au niveau des prin-

cipes fondamentaux. Première question : Quelle est la nature de ce moment du

temps passé ? C’est un moment indéfini. Seconde question : Qu’est-ce que

l’indéfini ? Le principe d’universalité répond : L’indéfini confond consubstantiel-

lement l’infini et le défini conformément au principe d’incertitude absolue. Reste

à démêler l’écheveau. De quel infini ou défini s’agit-il ? Ceux du temps évidem-

ment, en l’occurrence le présent et le passé. Le passé indéfini serait alors un mo-

ment consubstantiel du temps présent infini et du temps passé défini permettant

de comprendre pourquoi il est parfois senti, non seulement comme un présent « ou » un passé, mais aussi comme un présent du passé.

Ici aussi, c’est le dernier paramètre de « l’instant » de l’existence dans le temps

qui fait la ligne de partage entre :

- Le fait du passé indéfini qui signifie l’instant inachevé de l’existence dans ce moment du passé : (1a).

- Et le parfait du passé indéfini qui exprime son instant achevé : (1b).

1a. Le fait du passé indéfini

Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (1a).

- Au moment de son emploi : (1b).

2a. Le sens du fait du passé indéfini

Ce temps conçoit la forme d’existence dans un moment incertain du passé. Cette

incertitude concerne :

- Non seulement l’instant de ce moment :

Ex. : Il était une fois.

- Mais aussi sa durée. Les limites de son commencement et de son achèvement

sont, elles aussi indéfinies. Ex. : Il chantait.

C’est le contexte qui apporte la précision manquante si le besoin s’en fait sentir.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

301

- Précision sur l’instant proche ou lointain dans le temps.

Ex. : Il était là, il y a trente secondes.

Ex. : Il était là depuis toujours.

- Précision sur la durée brève ou prolongée.

Ex. : Il avalait son repas en cinq minutes, puis il se remettait au travail

pendant des heures.

2b. L’emploi du fait du passé indéfini

De nos jours le passé indéfini est presque autant employé pour son sens chrono-logique que pour son contresens psychologique. Il est moitié chronologique,

moitié psychologique, comme le futur défini, son symétrique antagoniste du

temps absent. Mais il entre aussi en concurrence avec le futur indéfini, son symé-

trique protagoniste du temps absent. Pour s’en convaincre examinons :

- L’emploi de son sens chronologique : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens

Comme toujours le sens chronologique s’analyse :

- Absolument : (4a).

- Et relativement par rapport aux autres temps (4b).

4a. Le sens absolu

Employé absolument le fait du passé indéfini exprime aussi deux sens en appa-

rence contradictoires :

- Le sens inanimé de l’existence.

- Et son sens inachevé.

Le sens inanimé

Le passé indéfini donne l’impression d’une forme d’existence inanimée, statique, qui ne bouge pas, qui n’avance pas. Il dit la permanence de l’existence, il aime

l’équilibre, c’est le temps de l’extase.

Ex. : Maître corbeau, sur un arbre perché,

Tenait dans son bec un fromage.

Il s’oppose au passé défini, temps du rythme et de l’excitation.

Ex. : Maître renard, par l’odeur alléché,

Lui tint à peu près ce langage (La Fontaine).

C’est d’ailleurs là, dans le sens inanimé de l’existence, que se trouve l’explication

de l’incertitude de son moment. Comme il ne signifie pas vraiment le mouvement

de l’existence, il se trouve dans l’incapacité d’exprimer précisément l’idée de son

moment, puisque le « moment » est justement la tranche de durée qui contient le « mouvement » de l’existence dans le temps. Le passé indéfini est le temps de

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La grammaire du verbe

302

l’arrêt sur image, le temps de la réflexion, de la description, de la narration. Il

convient parfaitement à la description d’une ambiance.

Ex. : Il pleuvait fort sur la grand-route,

Ell’ cheminait sans parapluie (Brassens).

Comme il exprime la permanence, il ne suscite pas la sensation de la cadence. Il

ne signifie pas le caractère itératif des événements, il est plutôt cumulatif, il les

présente comme un ensemble d’images qui composent un tableau.

Ex. : Il s’installait, allumait une cigarette, et prenait un livre.

Le sens inachevé

Le sens « indéfini » de la durée implique que son achèvement soit inconnu. Le

passé indéfini s’exprime comme s’il était un temps inachevé, un « imparfait ».

Naturellement, ce sens imperfectif s’impose aussi au sens de la permanence de

l’existence pour produire un effet de sens :

- « Panoramique », si le verbe est de sens imperfectif.

Ex. : Deux vrais amis vivaient au Monomotapa (La Fontaine).

- « Ralenti », lorsqu’il impose au verbe un contresens imperfectif.

Ex. : En 1792 la tête du roi tombait sous le couteau de la guillotine.

Le sens inachevé du passé indéfini s’oppose au sens achevé du passé défini. Cette

remarque implique l’existence d’un ordre chronologique entre ces deux temps.

L’inachevé précède logiquement l’achevé, et le passé indéfini pourrait être « le temps du commencement du passé », qui précède le passé défini, « temps de

l’achèvement du passé ».

4b. Le sens relatif

On sait déjà que le passé indéfini entretient des rapports très étroits avec les temps

du passé défini et du parfait du présent. Mais il se comporte aussi comme un

« présent du passé », il est au sens propre du terme « le temps de la relation » :

- Du présent du discours direct :

Ex. : Julie demande : « Jules, que veux-tu faire maintenant ? ».

- Dans le passé du discours indirect :

Ex. : Julie demandait à Jules ce qu’il voulait faire dans l’immédiat.

3b. L’emploi du contresens

Le passé indéfini présente un grand intérêt :

- Pour le contresens chronologique quand il signifie les autres temps : (4a).

- Et pour son aptitude au contresens psychologique : (4b).

4a. Le contresens chronologique

Le passé indéfini s’acoquine avec le présent, comme lui, en fonction du contexte

il est capable d’exprimer :

- Le présent.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

303

Ponctuel.

Ex. : Leur as-tu dit que j’étais là ?

D’éternité.

Ex. : On m’a dit que c’était l’usage.

- Le passé défini.

Ex. : Le 30 mai 1431 Jeanne d’Arc mourrait à Rouen.

Ex. : Soudainement, l’immeuble s’effondrait.

- Le futur défini.

Ex. : Qu’est-ce que tu as dit qu’on faisait demain ? . - Le futur indéfini.

Ex. : Si nous donnions un bal, nos ennemis seraient confondus (Balzac).

4b. Le contresens psychologique

Le passé indéfini est le temps psychologique « relativement objectif » de la pen-

sée objective. Il contient une part de subjectivité qu’il doit à l’expression de son

état d’âme. Cette particularité en fait l’instrument psychologique édulcorant d’une

réalité qui, sans lui, pourrait paraître trop certaine et trop brutale. Il est le mode de

la gentillesse ou du rêve, il les exprime à sa manière dans les trois registres de

l’expression de la pensée :

- L’entendement y prend par exemple la forme d’une sentence.

Ex. : Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. - L’accommodement est son domaine de prédilection, il y prend des formes psy-

chologiques variées. On parle de passé indéfini :

D’atténuation quand il exprime la gêne.

Ex. : Je voulais vous demander un petit service.

Hypocoristique quand il s’adresse à l’enfant ou l’infirme.

Ex. : Comme il était mignon, le petit garçon.

Commercial quand il faut vendre sans en avoir l’air.

Ex. : Qu’est-ce qu’il lui fallait à la petite dame.

Onirique quand il exprime le rêve.

Ex. : Je me voyais déjà en haut de l’affiche (Aznavour).

Ludique quand l’enfant imagine son jeu. Ex. : Moi, j’étais le gendarme et toi le voleur.

De supposition quand il adopte ou écarte une éventualité.

Ex. : Sans ton intervention, il ne passait pas ses examens.

De condition.

Ex. : Si j’avais de l’argent je m’achèterais une maison.

- Le commandement qui suppose l’absence d’état d’âme ne fait pas partie de ses

attributions, s’il veut l’exprimer, il devra prendre la forme d’une invitation polie :

Ex. : Si tu disais bonjour à la dame ?

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La grammaire du verbe

304

1b. Le parfait du passé indéfini

Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du parfait du passé indéfini

Il évoque une forme d’existence achevée dans un moment incertain du passé. Le

sens téléologique perfectif de ce temps passé n’a pas non plus le pouvoir « finali-

sant » du temps que possède le parfait du présent. La durée fixe du passé

s’impose au sens de la permanence du verbe, qu’il soit :

- De sens perfectif.

Ex. : J’avais trouvé la solution du problème.

- Ou de sens imperfectif. Ex. : J’avais cherché la solution du problème.

2b. L’emploi du parfait du passé indéfini

Comme son homologue inachevé, le parfait du passé indéfini est moitié chrono-

logique, moitié psychologique, comme l’attestent :

- L’emploi de son sens chronologique : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens

Le sens absolu est simplement téléologique. Il signifie la fin de l’existence

dans le temps passé indéfini.

Ex. : Tous les preux étaient morts, mais aucun n’avait fui (Alfred de Vi-

gny).

Le sens relatif est aussi chronologique, il signifie l’antériorité par rapport : - Au fait du passé défini :

Ex. : Il perdit le livre qu’il avait acheté.

- Au parfait du passé défini :

Ex. : Il a perdu le livre qu’il avait acheté.

- Au parfait du passé indéfini :

Ex. : Il avait perdu le livre qu’il avait acheté.

3a. L’emploi du contresens

Le contresens chronologique. Selon le contexte il exprime :

- Le passé défini. Ex. : En un instant l’incendie avait tout consumé.

- Le futur défini.

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Ex. : Qu’est-ce que tu avais dit qu’on faisait demain ? .

- Le futur indéfini.

Ex. : Si nous avions donné un bal, nos ennemis auraient été confondus.

Le contresens psychologique. Comme son homologue inachevé, le parfait

du passé indéfini est un temps psychologique relativement objectif.

- L’entendement pourrait y prendre la forme d’une sentence.

Ex. : Si jeunesse avait su, si vieillesse avait pu.

- L’accommodement y prend les formes du parfait du passé indéfini : D’atténuation :

Ex. : J’étais venu vous demander un petit service.

Hypocoristique :

Ex. : Le bébé l’avait bien bu son biberon !

Commercial :

Ex. : Qu’est-ce qu’elle avait demandé la petite dame.

Onirique :

Ex. : Je m’étais déjà vu premier.

De supposition :

Ex. : Sans ton intervention, il était écrasé.

Hypothétique :

Ex. : Si j’avais eu de l’argent je me serais acheté une maison.

8B. LE FUTUR

Le futur est un temps indéfini, l’existence y est incertaine car la pensée ignore ou

se trouve la fin du présent dans le futur. Etant indéfini, il est en quelque sorte

« intemporel », comme le subjonctif.

Que le « temps » de l’existence soit incertain n’implique pas que son « moment »

le soit aussi. Le temps du futur sera :

- Défini si le moment de l’existence est certain : (9A).

- Indéfini s’il est incertain : (9B).

9A. LE FUTUR DEFINI

Il signifie le moment certain du futur de l’existence dans une pensée globalement

objective mais psychologiquement « relativement subjective ». Le qualificatif « certain » se rapporte au moment de l’existence, il ne concerne pas le temps futur

qui reste toujours celui des formes d’existence incertaines. Comme le passé indé-

fini, son symétrique antagoniste du temps absent, le futur défini entretient une

relation étroite avec le présent. Mais là, il ne s’agit plus d’une relation psycholo-

gique, c’est une relation corporelle de nature morphologique, imaginée par la

grammaire pour engendrer la forme du futur défini. Au cours de son histoire

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La grammaire du verbe

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mouvementée, notre langue a perdu le sens des désinences latines du futur, et

s’est trouvée de facto dans l’obligation de recréer ce sens qui lui manquait. Com-

ment la grammaire pouvait-elle s’y prendre pour reproduire ce sens futur défini ?

- Il lui fallait d’abord le sens pur et simple de l’existence : il n’y en a pas de meil-

leur que celui de l’infinitif.

Ex. : Chanter.

- Il lui fallait ensuite trouver le sens qui est à l’origine du commencement du

futur. Or on sait que « le futur commence quand le présent s’achève ». Il n’y a

qu’un mot pour signifier l’achèvement du présent, c’est l’auxiliaire avoir conju-gué au présent de l’objonctif (J’ai chanté).

Ex. : Chanter + ai = Chanterai.

On voit que l’auxiliaire avoir n’indique plus la fin de l’existence en se plaçant

avant l’ancillaire définitif, son sens final « perfectif » a pris un contresens formel

« performatif » pour montrer la forme du temps en se plaçant après l’ancillaire

infinitif. Cette confusion des formes s’accompagne évidemment d’une confusion

des sens qui obéit aux lois de l’ordre naturel. L’exemple montre bien que c’est la

confusion du « temps » présent (contenu dans l’auxiliaire) et du « mouvement »

de l’existence infinie (contenu dans l’ancillaire infinitif) qui engendre le sens du

moment « défini » du temps futur « indéfini », de telle manière que :

- Pour le temps : selon l’ordre de l’achèvement, c’est le « temps » présent infini

qui se finit dans le « temps » indéfini du futur. - Pour le moment : selon l’ordre du commencement, c’est le « mouvement »

infini de l’existence infinitive qui finit le « moment » défini futur.

Conformément au principe d’incertitude absolue, l’infinitif (mode de l’existence

infinie virtualisée) et le présent de l’objonctif (mode du temps infini réalisée) ont

confondu leur sens respectif dans celui du futur défini, mélange consubstantiel du

temps réel et de l’existence virtuelle. Comme toujours, c’est « l’instant » de

l’existence dans le temps qui permet de différencier :

- Le fait du futur défini qui signifie l’instant inachevé de l’existence future : (1a).

- Et le parfait du futur défini qui exprime son instant achevé : (1b).

1a. Le fait du futur défini

Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du fait du futur défini

Il évoque une forme d’existence inachevée dans un moment du futur :

- Certain dans sa durée, puisqu’elle est définie. Mais l’expression de cette durée

n’a pas le même poids que celle du passé défini, on sent nettement que l’incertitude du futur plane toujours sur elle.

Ex. : Je chanterai.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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- Certain dans son commencement, quand bien même l’instant de l’existence

serait lui-même certain (1) ou incertain (2).

Ex. (1) : Je partirai demain.

Ex. (2) : Un jour, je partirai.

2b. L’emploi du fait du futur défini

Le futur défini s’emploie autant pour son sens chronologique que pour son con-

tresens psychologique, exactement comme le passé indéfini son symétrique anta-

goniste du temps absent. Examinons :

- L’emploi de son sens chronologique : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens Ce sens chronologique s’analyse :

- Absolument, en soi : (4a).

- Et relativement par rapport au contexte et aux autres temps : (4b).

4a. Le sens absolu

Employé seul, indépendamment du contexte et des autres temps, le futur défini

formule deux sens convergents :

- Le sens animé de l’existence.

- Et son sens commencé.

Le sens animé. Le futur défini donne une image animée et vivante de

l’existence. Comme le passé défini il exprime la cadence et le rythme du temps :

Ex. : Il s’allongera, allumera une cigarette, et prendra un livre.

Il ne signifie pas le sens de la « permanence » du temps à lui tout seul. Il a besoin

du contexte.

Ex. : Il vivra longtemps.

Le sens commencé. Le futur défini montre le commencement de l’existence

dans l’avenir, mais il ne montre pas son achèvement.

Ex. : Je chanterai.

Si le fait du commencement de chanter dans un moment certain de l’avenir se fait

bien sentir, il n’en va pas de même pour le fait de son achèvement.

Le sens défini de ce commencement du futur s’impose aussi au sens de la perma-

nence de l’existence pour produire un effet de sens temporel :

- « Focal » si le verbe est déjà de sens perfectif.

Ex. : Il naîtra en décembre.

- « Accéléré » s’il impose au verbe un contresens perfectif. Ex. : De nombreuses années s’écouleront.

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La grammaire du verbe

308

4b. Le sens relatif

Le futur défini exprime l’avenir du présent, qu’il s’agisse :

- Du fait du présent.

Ex. : Je me demande s’il viendra.

- Du parfait du présent.

Ex. : Il m’a insulté, je m’en souviendrai.

3a. L’emploi du contresens

Les formes de contresens du futur défini concernent :

- Peu, le contresens chronologique : (4a).

- Surtout, le contresens psychologique : (4b).

4a. Le contresens chronologique Le futur défini est parfois employé comme un « futur historique », dans un con-

texte narratif au passé.

Ex. : Jamais Napoléon n’oubliera sa défaite à Waterloo.

Il prend le contresens du présent quand il exprime son contresens psychologique.

Ex. : Cela vous fera cent francs.

4b. Le contresens psychologique

Le futur défini est un temps psychologique relativement subjectif. Il contient une

part de subjectivité qu’il doit au temps indéfini du futur et une part d’objectivité

qu’il tient du moment défini de son état d’esprit. Cette particularité en fait le

temps adapté à l’expression de toutes les formes de la pensée :

- L’entendement y prend la forme : D’une recommandation.

Ex. : Tu ne tueras point.

D’une vérité.

Ex. : Petit poisson deviendra grand (La Fontaine).

- L’accommodement, par’ nature subjectif, prend la forme du futur défini :

D’atténuation s’il exprime la politesse.

Ex. : Vous prendrez bien une tasse de thé ?

Hypocoristique lorssqu’il s’adresse à l’enfant ou l’infirme.

Ex. : Il fera attention de ne pas salir avec son yaourt, le bébé.

Commercial s’il faut exiger le paiement.

Ex. : Cela vous fera cent francs. Ludique quand l’enfant imagine son jeu :

Ex. : Moi, je serai le papa et toi la maman.

De supposition :

Ex. : Il aura encore fait une bêtise.

- Le commandement qui suppose l’absence d’état d’âme :

Ex. : Tu rangeras tes affaires et tu iras te coucher.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

309

1b. Le parfait du futur défini

Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du parfait du futur défini

Il signifie l’instant fini de l’existence dans un moment futur certain. Comme par-

tout dans le temps absent, ce sens perfectif s’impose au sens de la permanence :

- Du verbe de sens perfectif.

Ex. : J’aurai trouvé la solution du problème.

- Ou de sens imperfectif.

Ex. : J’aurai cherché la solution du problème.

2b. L’emploi du parfait du futur défini

Il s’emploie autant pour son sens chronologique que pour son sens psycholo-

gique, comme son homologue inachevé. Voyons :

- L’emploi de son sens chronologique : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens

Le sens absolu est simplement téléologique. Il signifie la fin de l’existence

dans un moment futur défini.

Ex. : Il aura chanté.

Le sens relatif est aussi chronologique lorsqu’il signifie l’antériorité par

rapport au fait du futur défini :

Ex. : Quand tu auras terminé tes devoirs, tu iras jouer.

3a. L’emploi du contresens

Le contresens chronologique

Le parfait du futur défini est parfois employé dans un contexte narratif au passé.

Ex. : Les Romains n’auront jamais abandonné l’idée de détruire Carthage.

Il signifie le présent quand son contresens est psychologique.

Ex. : S’il est si sage c’est qu’il aura fait une bêtise.

Le contresens psychologique s’exprime aussi sous la forme :

- De l’entendement : Ex. : Dieu aura créé l’homme à son image.

- De l’accommodement :

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La grammaire du verbe

310

D’atténuation s’il exprime la politesse :

Ex. : Vous aurez oublié votre veston ?

Hypocoristique pour féliciter l’enfant ou l’infirme :

Ex. : Il aura bien mangé son yaourt.

Commercial quand il faut remercier après paiement :

Ex. : Cela aura été un grand plaisir pour moi ma petite dame.

De supposition :

Ex. : S’il est si sage c’est qu’il aura fait une bêtise.

- Du commandement. Ex. : Tu auras rangé tes affaires avant d’aller te coucher.

9B. LE FUTUR INDEFINI

Il signifie le moment incertain du futur de l’existence dans une pensée globale-

ment objective mais psychologiquement « absolument subjective ». Contraire-

ment à son homologue défini, qui flirt avec le présent, le futur indéfini entretient

une relation étroite avec le passé, qu’il doit à ses origines. Il est né du mariage de

l’ancillaire infinitif et de l’auxiliaire avoir au passé indéfini. Voilà comment les

choses se sont passées. Pour créer le futur indéfini la grammaire avait besoin :

- Du sens primordial de l’existence : l’infinitif.

Ex. : Chanter. - Il lui fallait ensuite trouver le symétrique du sens qui se situe à l’opposé du

commencement du futur défini, celui de l’inachèvement du futur indéfini. Où le

trouver ? On sait que « le futur s’achève quand le passé commence », mais on ne

sait pas quand il ne s’achève pas. La logique de la grammaire a trouvé la réponse

en tenant ce raisonnement. Le passé qui commence ne peut pas être le passé défi-

ni qui est le passé achevé. Reste le passé indéfini qui est d’ailleurs le temps du

commencement du passé. Si le futur s’achève quand le passé indéfini commence,

a contrario, le futur ne s’achèvera pas si le passé indéfini est achevé. Or il n’y a

pas d’autre forme que la désinence de l’auxiliaire avoir pour signifier la fin du

passé indéfini (j’avais chanté).

Ex. : Chanter + (av) ais = Chanterais. L’auxiliaire avoir n’est plus perfectif, il a pris un contresens performatif pour

montrer la forme du futur indéfini en se plaçant derrière l’ancillaire infinitif. Cette

confusion des formes s’accompagne évidemment d’une confusion des sens qui

obéit aux lois de l’ordre naturel. L’exemple montre bien que c’est la confusion du

« temps » passé (contenu dans l’auxiliaire) et du « mouvement » de l’existence

infinie (contenu dans l’ancillaire infinitif) qui engendre le moment « indéfini » du

temps futur « indéfini ». Mais ici les lois de l’ordre doivent fonctionner à

l’inverse du futur défini, de telle façon que :

- Pour le temps : selon l’ordre du commencement, c’est le sens du

« temps » passé défini qui finit le « temps » futur indéfini.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

311

- Pour le moment : selon l’ordre de l’achèvement, c’est le « mouvement » infini

de l’existence infinitive qui se finit dans le « moment » indéfini du futur.

En application du principe d’incertitude absolue, l’infinitif (mode de l’existence

infinie virtualisée) et le passé de l’objonctif (mode du temps défini réel) ont con-

fondu leur sens respectif dans celui du futur indéfini, mélange consubstantiel du

temps réel et de l’existence virtuelle.

C’est toujours « l’instant » de l’existence dans le temps qui distingue :

- Le fait du futur indéfini montrant l’instant inachevé de l’existence dans son moment futur : (1a).

- Et le parfait du futur indéfini qui exprime son instant achevé : (1b).

1a. Le fait du futur indéfini

C’est le temps de l’existence inachevée dans un moment incertain du futur. Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du fait futur indéfini

Ce temps situe la forme d’existence dans une durée du futur qui est :

- Incertaine dans son moment.

Ex. : Je chanterais.

- Incertaine dans son instant, même s’il est déterminé :

Ex. : Il devrait partir demain à midi.

2b. L’emploi du fait futur indéfini

Il s’emploie presque exclusivement pour son sens psychologique, et s’oppose en

cela à son symétrique antagoniste situé à l’opposé du temps absent, le fait du

passé défini, presque toujours employé pour son sens chronologique. Examinons :

- L’emploi de son sens chronologique : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens

Ce sens chronologique s’analyse comme toujours :

- Absolument : (4a).

- Et relativement : (4b).

4a. Le sens absolu Dans l’absolu, le sens chronologique du futur indéfini est pratiquement nul. On y

décèle toutefois :

- Le sens inanimé de l’existence.

- Et son sens inachevé.

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La grammaire du verbe

312

Le sens inanimé

Comme le passé indéfini, son symétrique protagoniste du temps absent, le futur

indéfini donne l’impression d’une forme d’existence inanimée, statique. Il signi-

fie la permanence et l’équilibre de l’existence future, c’est le temps du rêve.

Ex. : J’irais bien à Tahiti.

Il n’évoque pas le rythme de l’existence, c’est « un temps de l’arrêt sur image et

de la narration.

Ex. : Il s’allongerait, allumerait une cigarette, et prendrait un livre.

Il ne signifie pas le caractère itératif du temps. On ne dit pas : Ex. : *Pendant huit jours, il refuserait de la voir.

Il a toujours besoin d’un complément temporel répétitif.

Ex. : Il aimerait la revoir tous les jours.

Le sens inachevé

Le sens « indéfini » de la durée implique que ce temps soit inachevé. Comme son

protagoniste indéfini du temps passé, le futur indéfini est un « imparfait » qui

impose son sens imperfectif au sens final de la permanence de l’existence pour

produire un effet de sens :

- « Panoramique » si le verbe est déjà de sens imperfectif.

Ex. : Il resterait volontiers là, à la regarder pendant des heures.

- « Ralenti » lorsqu’il impose au verbe un contresens imperfectif. Ex. : Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés (La Fontaine).

4b. Le sens relatif

Le sens chronologique relatif du futur indéfini dit l’avenir du passé.

Ex. : Il a annoncé qu’il viendrait. Il annonça qu’il viendrait. Il annonçait

qu’il viendrait.

Etant un « futur du passé », il sert de substitut au futur défini dans le discours

indirect. Il est « le temps de la relation du futur défini » du :

- Discours direct :

Ex. : Julie demande : « Jules, que veux-tu faire maintenant ? ». – Je reste-

rai ici ! - répond-il, je regarderai la télévision. - En discours indirect :

Ex. : Julie demanda à Jules ce qu’il voulait faire dans l’immédiat. Il ré-

pondit qu’il resterait là, et qu’il regarderait la télévision.

3a. L’emploi du contresens

Comme son homologue défini il endosse :

- Rarement un contresens chronologique : (4a).

- Presque exclusivement le contresens psychologique : (4b).

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

313

4a. Le contresens chronologique

Le futur indéfini prend le contresens du présent quand il signifie un contresens

psychologique, par exemple hypothétique.

Ex. : Il devrait être dans les parages.

4b. Le contresens psychologique

Son importance est telle, que ce temps a longtemps été pris pour un mode à part

entière : le « mode conditionnel ». Le futur indéfini est un temps absolument

subjectif, il n’a rien d’objectif, il n’est qu’état d’âme et sentiment. La réalité qu’il évoque n’est plus la réalité « réelle » mais une réalité « idéelle », celle de

l’imaginaire de l’être, qui n’a rien à voir avec le monde extérieur. Il se trouve

dans l’incapacité d’exprimer toute réalité réalisée ou réalisable dans l’univers, et

plus particulièrement celle de la condition qui sert à le nommer ! Voilà pourquoi

il ne peut pas se combiner avec l’adverbe de condition si. On ne dit pas :

Ex. : *Si je serais riche, je t’achèterais une maison.

Il faut dire.

Ex. (1) : Si j’étais riche, je t’achèterais une maison.

La raison est simple : Pour qu’une condition soit valable, il faut qu’elle soit su-

bordonnée à la survenance d’un événement qui est, certes futur et incertain, mais

il faut surtout que cet évènement soit réalisable dans la réalité. Si ce n’est pas le

cas, la condition n’existe pas, elle est nulle et non avenue, c’est d’ailleurs une exigence du Code civil français1.

Ex. (2) : *Si j’étais riche, je t’achèterais la lune.

En (2) la condition subordonnée à un événement irréalisable n’existe pas. En (1)

le passé indéfini si j’étais, mode de la pensée relativement objective, contient ce

minimum de sens objectif qui permet de croire que la condition sera réalisable. Le

futur indéfini, mode de la pensée absolument subjective, ne signifie jamais que le

fait puisse être réalisable dans l’univers. Il ne mérite pas son nom de « condition-

nel », tout au plus pourrait-il s’appeler « le suppositif ». Il suffit d’ailleurs que

l’adverbe si signifie la supposition ou l’hypothèse, (qui n’impliquent pas que le

fait soit réalisable dans l’univers), pour que le futur indéfini retrouve immédiate-

ment toutes ses prérogatives. Ex. : Je voudrais savoir si tu pourrais m’aider.

Employé pour son contresens psychologique le futur indéfini est le mode

d’expression d’une réalité qui n’existe pas dans l’univers mais seulement dans

l’esprit de l’être qui la conçoit. Il est le mode réel de l’idéel qui préfigure le mode

purement idéel du subjonctif. Comme il n’implique pas la réalisation du fait qu’il

signifie, il est le mode du rêve par excellence, mais aussi de la gentillesse et de la

discrétion. Il les exprime dans les trois registres de l’expression de la pensée.

- L’entendement y prend la forme :

1 Article 1172.

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La grammaire du verbe

314

D’une sentence.

Ex. : Bon sang ne saurait mentir.

D’une affirmation polémique.

Ex. : J’ouvrirais pour si peu le bec. (La Fontaine.)

- L’accommodement est son mode d’expression favori. Exactement comme le

passé indéfini, son symétrique protagoniste du temps absent, il y prend la forme

d’un futur indéfini :

D’atténuation.

Ex. : Je voudrais vous demander un petit service. Hypocoristique.

Ex. : C’est qu’il serait méchant le toutou.

Commercial.

Ex. : Qu’est-ce qu’il lui faudrait à la petite dame ?

Onirique :

Ex. : Je me verrais bien milliardaire.

Ludique.

Ex. : Moi, je serais le gendarme et toi le voleur.

De supposition ou journalistique.

Ex. : Carambolage sur l’autoroute, il y aurait trois morts.

Hypothétique.

Ex. : Il devrait être dans les parages. - Le commandement fait parfois partie de ses attributions à la condition qu’il soit

formulé comme un accommodement.

Ex. : Voudriez-vous faire silence maintenant ?

1b. Le parfait du futur indéfini

Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du parfait du futur indéfini

C’est aussi un temps absolument subjectif, purement sentimental et sans grande

valeur chronologique. Il signifie un moment incertain du futur dont l’instant

achevé de l’existence est lui-même certain (1) ou incertain (2).

Ex. (1) : J’aurais aimé terminer ce travail demain.

Ex. (2) : J’aurais aimé terminer ce travail dans l’avenir. Comme toujours dans le temps absent, ce sens perfectif s’impose au sens de la

permanence du verbe, qu’il soit perfectif (1) ou imperfectif (2).

Ex. (1) : J’aurais trouvé la solution du problème.

Ex. (2) : J’aurais cherché la solution du problème.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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2b. L’emploi du parfait du futur indéfini

Il s’emploie presque exclusivement pour son sens psychologique, voyons :

- L’emploi de son sens chronologique : (3a).

- Et celui de son contresens : (3b).

3a. L’emploi du sens

Le sens absolu est simplement téléologique. Il signifie la fin de l’existence

dans un moment indéfini du futur.

Ex. : Il aurait chanté.

Le sens relatif est aussi chronologique lorsqu’il signifie l’antériorité tempo-

relle par rapport : - Au fait du présent, du passé et du futur.

Ex. : Je pense qu’il aurait dû nous attendre.

Ex. : Je pensai qu’il aurait dû nous attendre.

Ex. : Je pensais qu’il aurait dû nous attendre.

Ex. : Je penserai qu’il aurait dû nous attendre.

- Au parfait du présent, du passé et du futur.

Ex. : J’ai pensé qu’il aurait dû nous attendre.

Ex. : J’eus pensé qu’il aurait dû nous attendre.

Ex. : J’avais pensé qu’il aurait dû nous attendre.

Ex. : J’aurai pensé qu’il aurait dû nous attendre.

3b. L’emploi du contresens

Le contresens chronologique

Le parfait du futur indéfini prend le contresens du présent quand il signifie un

contresens psychologique, par exemple d’atténuation.

Ex. : J’aurais voulu vous demander un petit service.

Le contresens psychologique

Il ressemble tellement à celui du parfait du subjonctif indéfini, qu’il a été un mo-

ment confondu avec lui sous le nom de conditionnel passé deuxième forme.

- L’entendement s’y exprime sous la forme d’une sentence :

Ex. : Bon sang n’aurait su mentir. - L’accommodement est son mode d’expression favori, avec le sens :

De l’atténuation.

Ex. : J’aurais voulu vous demander un petit service.

Ex. : Carambolage sur l’autoroute, il y aurait eu dix morts.

Hypocoristique.:

Ex. : C’est qu’il aurait été méchant le toutou.

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La grammaire du verbe

316

Commercial.

Ex. : Qu’est-ce qu’il lui aurait fallu à la petite dame ?

Onirique.

Ex. : Je me serais bien vu milliardaire.

Ludique.

Ex. : Moi, j’aurais été le gendarme et toi le voleur.

De la supposition.

Ex. : Aurait-il valu un euro, je n’en aurais pas voulu.

- Le commandement qui ne vaut que pour l’avenir ne fait normalement pas partie de ses attributions.

6B. LE MOMENT DU SUBJONCTIF

Le subjonctif est le mode indéfini de l’idéel. La réalité qu’il évoque n’est pas

celle des choses corporelles, mais celle des choses spirituelles. L’indéfini étant le

produit d’une confusion de l’infini et du défini, il faut en tirer que ce mode con-

fond la pensée virtuelle de l’injonctif infini et la pensée réelle de l’objonctif défi-

ni. Il est un mélange du réel défini et formel qui se voit, et du virtuel infini et

informel qui ne se voit pas. Il est capable de voir et d’exprimer ce qui ne se voit

pas, un sentiment par exemple, qui n’a pas de forme en soi et qui ne se dessine pas. Le subjonctif lui, le voit, parce qu’il regarde avec le cœur les choses qui ne

se voient pas.

Bref, le subjonctif est le mode d’expression de la pensée sentimentale.

Ex. : Je suis heureux que tu sois là.

Alors que l’objonctif est le mode d’expression de la pensée mentale.

Ex. : Je suis heureux de constater que tu es là.

Les livres de grammaire disent que ce mode est avant tout celui du doute et de

l’incertitude. C’est partiellement exact, le subjonctif est parfaitement capable

d’exprimer une certitude à la seule condition qu’elle soit conçue idéellement.

Ex. : Que tout le monde soit rassuré, il n’y a rien de grave.

La singularité et l’originalité de ce mode se trouvent là, il ne conçoit pas la chose telle qu’elle est dans la réalité de l’esprit, mais telle qu’elle est dans l’idéalité de

l’âme. Quand le subjonctif prend la parole, ce n’est pas l’esprit ni l’instinct de

l’être qui s’expriment chacun pour soi, mais l’âme, la seule qui soit capable de

dire à la fois, d’une seule voix et avec la même conviction :

- L’entendement de l’esprit.

Ex. : Il faut que jeunesse se passe.

- Ou le commandement de l’instinct.

Ex. : Qu’il vienne !

On entend dire aussi que le subjonctif n’est pas un mode temporel. Etant dans

l’incapacité d’exprimer le temps de la proposition subordonnée, il doit se calquer

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

317

sur la chronologie de la proposition subordonnante conformément à la règle de la

concordance des temps. Cette règle exige que le verbe subordonné au subjonctif

s’accorde automatiquement avec le temps du verbe subordonnant, sans possibilité

de choix. La norme trouve sa justification dans « l’esprit » du XVIIe siècle. En ce

temps-là, le futur indéfini (conditionnel) ne jouait pas le rôle qu’il connaît au-

jourd’hui, le subjonctif était encore senti comme un temps à part entière, le sub-

jonctif défini était compris comme un futur défini ou un présent, et le subjonctif

indéfini comme un futur indéfini ou un passé. Les gens de la cour disaient :

Ex. : Il eût été plus sage de réfléchir. Alors qu’aujourd’hui on dit :

Ex. : Il aurait été plus sage de réfléchir.

L’apparition du futur indéfini a eu deux conséquences :

- D’abord elle a provoqué la déchéance du subjonctif indéfini qui perdait sa rai-

son d’être, il faisait double emploi, et la complexité de ses formes ne pouvait pas

rivaliser avec celles du futur indéfini, qui sont beaucoup plus simples.

- Ensuite, elle a mis à bas l’opposition de sens temporel qui justifiait la distinc-

tion entre les formes définies et indéfinies du subjonctif. Si le subjonctif indéfini

n’était plus senti comme un temps, il n’y avait plus de raison pour que le subjonc-

tif défini le fût encore. Le subjonctif fut alors condamné à la déchéance tempo-

relle dans son ensemble. Il n’eut alors pas d’autre choix que d’abandonner une

partie de l’expression de son sens chronologique pour se consacrer à celle de son sens psychologique.

Il semble qu’aujourd’hui le subjonctif ne soit plus un mode temporel à part en-

tière. Tout au plus pourrait-on imaginer que c’est un mode mi-chronologique, mi-

psychologique et reconnaître qu’il contient malgré tout le sens du temps.

- Certes, l’expression de son « demi-sens » chronologique ne fait pas le poids

devant celle du temps subordonnant.

- Mais il suffit qu’on lui demande d’exprimer le temps à lui tout seul pour qu’il

retrouve toutes les prérogatives de son sens chronologique ! Le subjonctif est

parfaitement capable d’exprimer toutes les nuances du temps lorsqu’on le solli-

cite. Qu’il s’agisse :

Du présent. Ex. : Plaise au ciel de vous guérir.

Ex. : Que tout le monde soit rassuré, il n’y a rien de grave.

Du passé défini.

Ex. : S’il plût au ciel de vous guérir.

Ex. : S’il eût plu au ciel de vous guérir.

Du passé indéfini.

Ex. : Fût-il là, cela ne changerait rien. (S’il était là, …)

Ex. : Eût-il été là, cela n’aurait rien changé. (S’il avait été là, …)

Du futur défini.

Ex. : Qu’il parte demain.

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La grammaire du verbe

318

Ex. : Qu’il soit parti avant midi.

Du futur indéfini.

Ex. : Fût-il le plus adroit, il ne l’emporterait pas. (Serait-il le …).

Ex. : Rodrigue, qui l’eût cru ? (Qui l’aurait cru ?) (Corneille.)

Pour conclure, le subjonctif n’est pas un mode temporel, mais il n’est pas non

plus atemporel, il est les deux à la fois, il est intemporel. C’est un mode qui ex-

prime le sens du temps pour l’unique raison que l’existence existe. Elle existe non

pas dans la réalité mais dans l’idéalité de l’être spirituel. C’est justement cette

forme « idéelle » qui matérialise la fin « indéfinie » du subjonctif. On ne sait pas où se trouve cette fin du temps qui se réalise relativement à « l’omniprésence »

spirituelle de l’existence. Ce moment omniprésent de l’existence correspond au

subjonctif :

- Défini s’il est certain : (7A).

- Indéfini s’il est incertain : (7B).

7A. LE SUBJONCTIF DEFINI

Il signifie le moment certain de l’existence dans la pensée idéelle relativement

subjective. C’est toujours l’instant inachevé ou achevé de l’existence qui dis-

tingue entre :

- Le fait du subjonctif défini : (1a).

- Et le parfait du subjonctif défini : (1b).

1a. Le fait du subjonctif défini

Il signifie le moment certain d’une forme d’existence idéelle inachevée. Sa forme

psychique s’analyse :

- Dans le sens qu’elle contient : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du fait du subjonctif défini

Il confond :

- Le sens chronologique.

- Et le sens psychologique.

Le sens chronologique évoque :

- Le fait du futur défini s’il n’est pas finalisé dans le temps réel.

Ex. : Dites-lui qu’il vienne.

- Le fait du présent s’il est finalisé dans le temps réel.

Ex. : Que tout le monde se rassure, il n’y a rien de grave.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

319

Le sens psychologique Le sens psychologique du subjonctif défini est relativement subjectif, comme

celui du futur défini. Ce mode est un peu la bonne à tout faire de la pensée. Il

exprime tout, le réel et le virtuel, l’objectif et le projectif, mais il le fait à sa façon,

d’une manière toujours idéelle et subjective quel que soit le registre de la pensée.

- L’entendement y revêt la forme :

D’une vérité générale.

Ex. : Honni soit qui mal y pense.

Ex. : Il faut que jeunesse se passe. D’une affirmation laudative.

Ex. : Vive la France !

D’une affirmation polémique.

Ex. : Je ne sache pas qu’il soit le meilleur dans sa discipline !

- L’accommodement s’y exprime sous la forme :

Du souhait.

Ex. : Le ciel te bénisse !

Ex. : Puisse-t-il réussir !

De l’acceptation.

Ex. : Ainsi soit-il.

De la concession.

Ex. : Qu’il pleuve, neige ou vente, il sort. De la résignation.

Ex. : Vienne la pluie, sonne l’heure,

Les jours s’en vont, je demeure (Appolinaire).

Du rêve.

Ex. : Que reviennent les beaux jours d’autrefois.

De la supposition.

Ex. : Soit un triangle rectangle…

De l’hypothèse.

Ex. : Advienne que pourra.

De l’indignation.

Ex. : Que tu oses faire cela ! - Le commandement y prend les formes :

De l’ordre.

Ex. : Que la lumière soit, et la lumière fut.

De la défense.

Ex. : Qu’il se taise !

De l’exhortation.

Ex. : Que votre majesté ne se mette pas en colère ! (La Fontaine).

2b. L’emploi du fait du subjonctif défini

Le subjonctif défini s’emploie pour :

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La grammaire du verbe

320

- Son sens psycho-chronologique, c’est-à-dire son sens psychologique « et » chronologique : (3a).

- Et pour son contresens chronologique « ou » psychologique : (3b).

3a. L’emploi du sens

Le subjonctif défini s’emploie pour son sens psycho-chronologique :

- Sans condition dans le propos : (4a).

- Sous condition dans la proposition : (4b).

4a. Dans le propos

Il signifie :

Le fait idéel relativement subjectif, au présent.

Ex. : Que tu puisses penser cela de moi !

Ou le fait idéel relativement subjectif, au futur défini.

Ex. : Qu’il vienne me voir demain.

4b. Dans la proposition, Le sens psycho-chronologique du subjonctif défini apparaît dans la proposition :

- Subordonnante, à la seule condition qu’il impose la concordance des temps.

- Subordonnée, à la seule condition qu’il respecte la concordance des temps.

Dans la subordonnante, il impose la concordance des temps si la subordon-

née signifie le même temps que lui, le présent ou le futur défini qu’expriment :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du présent.

Ex. : Qu’il puisse dire que je fais (ai fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du futur défini.

Ex. : Qu’il puisse dire que je ferai (aurai fait) cela, m’étonne.

- Le fait ou le parfait du subjonctif défini. Ex. : Qu’il puisse dire que je fasse (aie fait) cela, m’étonne.

Dans la subordonnée, il respecte la concordance des temps s’il signifie le

même temps que la subordonnante, le présent et le futur défini qu’expriment :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du présent.

Ex. : Il peut (a pu) dire que je fasse cela.

Du fait ou du parfait du futur défini.

Ex. : Il pourra (aura pu) dire que je fasse cela.

- Le fait ou le parfait du subjonctif défini.

Ex. : Qu’il puisse (ait pu) dire que je fasse cela, m’étonne.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

321

3b. L’emploi du contresens

Le subjonctif défini s’emploie pour :

- Son contresens chronologique dans la subordonnante s’il n’impose pas la con-cordance des temps dans la subordonnée : (4a).

- Son contresens psychologique dans la subordonnée s’il ne respecte pas la con-cordance des temps : (4b).

4a. Le contresens chronologique

Le subjonctif défini signifie le temps à lui tout seul s’il n’impose pas la concor-

dance des temps dans la subordonnée. Ce déséquilibre qui s’établit au profit de

son sens chronologique se nomme le « contresens chronologique ». De son côté la

subordonnée prendra un contresens psychologique en signifiant un temps qui

s’oppose à celui du subjonctif défini, le passé ou le futur indéfini qu’expriment : - L’objonctif :

Du fait ou du parfait du passé défini.

Ex. : Qu’il puisse dire que je fis (eus fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du passé indéfini.

Ex. : Qu’il puisse dire que je faisais (avais fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du futur indéfini.

Ex. : Qu’il puisse dire que je ferais (aurais fait) cela, m’étonne.

- Le fait ou le parfait du subjonctif indéfini.

Ex. : Qu’il puisse dire que je fisse (eusse fait) cela, m’étonne.

4b. Le contresens psychologique

Il arrive parfois que le subjonctif défini subordonné exprime un temps discordant qui ne s’accorde pas logiquement avec celui de la subordonnante. Pour conserver

un lien de dépendance logique avec la subordonnante il va privilégier son sens

psychologique au détriment de son sens chronologique toutes les fois qu’il se

trouve confronté à des temps qu’il est incapable de signifier : le passé et le futur

indéfini, qu’expriment :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du passé défini.

Ex. : Il put (eut pu) dire que je fasse cela.

Du fait ou du parfait du passé indéfini.

Ex. : Il pouvait (avait pu) dire que je fasse cela.

Du fait ou du parfait du futur indéfini. Ex. : Il pourrait (aurait pu) dire que je fasse cela.

- Le fait ou le parfait du subjonctif indéfini.

Ex. : Qu’il pût (eût pu) dire que je fasse cela, m’étonne.

1b. Le parfait du subjonctif défini

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La grammaire du verbe

322

Il signifie le moment certain d’une forme d’existence achevée dans la pensée

idéelle relativement subjective. Sa forme psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du parfait du subjonctif défini

Il confond, lui aussi :

Un sens chronologique qui évoque : Le parfait du futur défini s’il n’est pas finalisé dans le temps réel.

Ex. : Qu’il ait terminé son travail quand je viendrai.

Le parfait du présent s’il est finalisé dans le temps réel.

Ex. : Que tout le monde soit rassuré, il n’y a rien de grave.

Et un sens psychologique qui formule :

- L’entendement sous la forme d’une vérité générale.

Ex. : Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

- L’accommodement s’exprime sous la forme :

De la concession.

Ex. : Qu’il ait plu, ou neigé, il sort.

Du souhait. Ex. : Qu’il soit damné !

De la supposition.

Ex. : Que je me sois trompé si lourdement ?

De l’indignation.

Ex. : Que tu aies osé faire cela !

- Le commandement y prend les formes :

De l’ordre.

Ex. : Que cela soit écrit et accompli.

De la défense.

Ex. : Qu’il se soit calmé avant que je ne me fâche !

2b. L’emploi du parfait du subjonctif défini

Le parfait du subjonctif défini s’emploie pour :

- Son sens psycho-chronologique, chronologique « et » psychologique : (3a).

- Et pour son contresens chronologique « ou » psychologique : (3b).

3a. L’emploi du sens

Son sens psycho-chronologique s’emploie :

- Sans condition dans le propos : (4a).

- Sous condition dans la proposition : (4b).

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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4a. Dans le propos

Il signifie :

Le parfait d’un présent idéel relativement subjectif.

Ex. : Que tu aies pu dire cela de moi !

Ou le parfait d’un futur défini idéel relativement subjectif.

Ex. : Qu’il soit parti avant ce soir !

4b. Dans la proposition

Le sens psycho-chronologique du parfait du subjonctif défini se fait sentir :

- Dans la subordonnante s’il impose la concordance des temps.

- Dans la subordonnée s’il respecte la concordance des temps. .

Dans la subordonnante, il impose la concordance des temps si la subordon-née signifie le même temps que lui : le présent ou le futur défini qu’expriment :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du présent.

Ex. : Qu’il ait pu dire que je fais (ai fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du futur défini.

Ex. : Qu’il ait pu dire que je ferai (aurai fait) cela, m’étonne.

- Le fait ou le parfait du subjonctif défini.

Ex. : Qu’il ait pu dire que je fasse (aie fait) cela, m’étonne.

Dans la subordonnée, il respecte la concordance, s’il se trouve dans la dé-

pendance d’une subordonnante au présent ou au futur défini qu’expriment :

- L’objonctif : Du fait ou du parfait du présent.

Ex. : Il peut (a pu) dire que j’aie fait cela.

Du fait ou du parfait du futur défini.

Ex. : Il pourra (aura pu) dire que j’aie fait cela.

- Du fait ou du parfait du subjonctif défini.

Ex. : Qu’il puisse (ait pu) dire que j’aie fait cela, m’étonne.

3b. L’emploi du contresens

Le parfait du subjonctif défini s’emploie pour :

- Son contresens chronologique dans la subordonnante s’il n’impose pas la con-cordance des temps dans la subordonnée : (4a).

- Son contresens psychologique dans la subordonnée s’il ne respecte pas la con-cordance des temps : (4b).

4a. Le contresens chronologique Le parfait du subjonctif défini joue la carte de son sens chronologique dans la

subordonnante toutes les fois qu’il ne réussit pas à imposer le parfait du présent

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La grammaire du verbe

324

ou du futur défini dans la subordonnée. De son côté la subordonnée prend un

contresens psychologique en exprimant le passé et le futur indéfini dans :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du passé défini.

Ex. : Qu’il ait pu dire que je fis (eus fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du passé indéfini.

Ex. : Qu’il ait pu dire que je faisais (avais fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du futur indéfini.

Ex. : Qu’il ait pu dire que je ferais (aurais fait) cela, m’étonne. - Du fait ou du parfait du subjonctif indéfini.

Ex. : Qu’il ait pu dire que je fisse (eusse fait) cela, m’étonne.

4b. Le contresens psychologique

Le parfait du subjonctif défini subordonné acquiert un contresens psychologique

toutes les fois qu’il ne respecte pas la concordance des temps avec :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du passé défini.

Ex. : Il put (eut pu) dire que j’aie fait cela.

Du fait ou du parfait du passé indéfini.

Ex. : Il pouvait (avait pu) dire que j’aie fait cela.

Du fait ou du parfait du futur indéfini. Ex. : Il pourrait (aurait pu) dire que j’aie fait cela.

- Du fait ou du parfait du subjonctif indéfini.

Ex. : Qu’il pût (eût pu) dire que j’aie fait cela, m’étonne.

7B. LE SUBJONCTIF INDEFINI

Il signifie le moment incertain de l’existence dans la pensée idéelle. C’est le mode

de l’idéalité subjective absolue, il ne contient pas une once de sens objectif, il est

uniquement subjectif. Depuis l’apparition du « futur indéfini », il tend à dispa-

raître du langage, comme le passé simple. Mais contrairement à lui, il n’a pas

l’exclusivité d’une expression temporelle qui pourrait garantir sa survie. Son concurrent est redoutable, non seulement il dispose d’un sens psychologique bien

plus nuancé, mais il est aussi nanti d’un sens chronologique que le subjonctif

indéfini est incapable de formuler pour son propre compte dans une subordonnée.

Il est d’ailleurs déjà condamné, personne ne l’emploie, sauf quelques originaux

qui ne craignent pas le ridicule des désinences de ses premières et deuxièmes

personnes du singulier et du pluriel (Que j’aimasse, que tu aimasses, que nous

aimassions, que vous aimassiez). Pourtant il ne manque pas de charme, il est

même parfois irremplaçable, qu’on en juge avec ce vers célèbre de Racine :

Ex. : On ne craint point qu’il venge un jour son père

On craint qu’il n’essuyât les larmes de sa mère (Racine).

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

325

Aujourd’hui on dirait : « On craint qu’il n’essuie les larmes de sa mère ». C’est

moins élégant, et surtout le sens n’est plus le même, la valeur du doute de

l’exemple moderne est loin de valoir celle de l’exemple classique. On serait porté

à croire que le subjonctif indéfini aurait encore quelque utilité et qu’il serait vrai-

ment dommage de le voir passer aux oubliettes. La déchéance du subjonctif indé-

fini ne l’empêche pas de respecter la règle selon laquelle c’est toujours l’instant

inachevé ou achevé de l’existence qui opère la distinction entre :

- Le fait du subjonctif indéfini : (1a).

- Et le parfait du subjonctif indéfini : (1b).

1a. Le fait du subjonctif indéfini

Il signifie le moment incertain d’une forme d’existence inachevée dans la pensée

idéelle absolument subjective. Sa forme psychique s’apprécie au niveau :

- Du sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du fait du subjonctif indéfini Il cumule :

Un sens chronologique évoquant :

- Le fait du futur indéfini s’il n’est pas finalisé dans le temps réel.

Ex. : Fût-il le meilleur, je ne l’aimerai pas. (Serait-il le meilleur…)

- Le fait du passé quand il est finalisé dans le temps réel.

Ex. : S’il fût plus honnête, je l’aurais estimé. (S’il était ou fut…).

Et un sens psychologique « absolument » subjectif.

- L’entendement qui suppose un minimum d’objectivité ne figure pas dans ses

attributions, il est bien trop subjectif.

- Ni le commandement qui suppose l’absence d’état d’âme. - Reste l’accommodement qui s’y exprime sous la forme :

Du souhait.

Ex. : Plût aux dieux que ce fût le dernier de ses crimes (Racine).

De la concession.

Ex. : Qu’il neigeât ou qu’il ventât, il sortait.

Du regret.

Ex. : J’aurais souhaité qu’il devînt un honnête homme (Gide).

De la supposition.

Ex. : On craint qu’il n’essuyât les larmes de sa mère (Racine).

De l’indignation.

Ex. : Qu’il osât faire cela !

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La grammaire du verbe

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2b. L’emploi du fait du subjonctif indéfini

Le subjonctif indéfini s’emploie pour :

- Son sens psycho-chronologique : (3a).

- Et pour son contresens chronologique ou psychologique : (3b).

3a. L’emploi du sens

Le sens psycho-chronologique du subjonctif indéfini s’emploie :

- Sans condition dans le propos : (4a).

- Sous condition dans la proposition : (4b).

4a. Dans le propos

Il signifie :

- Le fait idéel d’un futur indéfini absolument subjectif.

Ex. : On craint qu’il n’essuyât les larmes de sa mère (Racine).

- Ou le fait idéel d’un passé absolument subjectif.

Ex. : Qu’il osât faire cela !

4b. Dans la proposition,

Le sens psycho-chronologique du subjonctif indéfini apparaît :

- Dans la subordonnante s’il impose la concordance des temps.

- Dans la subordonnée s’il respecte la concordance des temps.

Dans la subordonnante, il impose la concordance si la subordonnée ex-

prime le passé ou le futur indéfini qui figurent dans :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du passé défini.

Ex. : Qu’il pût dire que je fis (eus fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du passé indéfini.

Ex. : Qu’il pût dire que je faisais (avais fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du futur indéfini.

Ex. : Qu’il pût dire que je ferais (aurais fait) cela, m’étonne.

- Le fait ou le parfait du subjonctif indéfini.

Ex. : Qu’il pût dire que je fisse (eusse fait) cela, m’étonne.

Dans la subordonnée, il respecte la concordance si la subordonnante signifie

le passé et le futur indéfini qu’expriment :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du passé défini.

Ex. : Il put (eut pu) dire que je fisse cela.

Du fait ou du parfait du passé indéfini.

Ex. : Il pouvait (avait pu) dire que je fisse cela.

Du fait ou du parfait du futur indéfini.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

327

Ex. : Il pourrait (aurait pu) dire que je fisse cela.

- Le fait ou le parfait du subjonctif indéfini.

Ex. : Qu’il pût (eût pu) dire que je fisse cela, m’étonne.

3b. L’emploi du contresens

Le fait du subjonctif indéfini s’emploie pour :

- Son contresens chronologique dans la subordonnante s’il n’impose pas la con-cordance des temps dans la subordonnée : (4a).

- Son contresens psychologique dans la subordonnée s’il ne respecte pas la con-cordance des temps : (4b).

4a. Le contresens chronologique

Le subjonctif indéfini subordonnant endosse un contresens chronologique toutes les fois qu’il signifie le passé ou le futur indéfini à lui tout seul. Pour sa part la

subordonnée prend un contresens psychologique en signifiant la discordance du

présent ou du futur défini, dans :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du présent.

Ex. : Qu’il pût dire que je fais (ai fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du futur défini.

Ex. : Qu’il pût dire que je ferai (aurai fait) cela, m’étonne.

- Du fait ou du parfait du subjonctif défini.

Ex. : Qu’il pût dire que je fasse (aie fait) cela, m’étonne.

4b. Le contresens psychologique Le fait du subjonctif indéfini subordonné acquiert un contresens psychologique

toutes les fois qu’il ne respecte pas les règles de la concordance des temps et qu’il

se trouve sous la dépendance du présent du futur défini qu’expriment :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du présent.

Ex. : Il peut (a pu) dire que je fisse cela.

Du fait ou du parfait du futur défini.

Ex. : Il pourra (aura pu) dire que je fisse cela.

- Du fait ou du parfait du subjonctif défini.

Ex. : Qu’il puisse (ait pu) dire que je fisse cela, m’étonne.

1b. Le parfait du subjonctif indéfini

Il signifie le moment incertain d’une forme d’existence achevée dans la pensée

idéelle absolument subjective. Il ressemble beaucoup au parfait du futur indéfini

qui l’a supplanté. À tel point que sa forme physique a été confondue avec lui, et

l’est parfois encore, sous le nom de conditionnel passé deuxième forme.

Sa forme psychique s’apprécie :

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La grammaire du verbe

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- Au niveau du sens qu’elle contient : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du parfait du subjonctif indéfini

Le parfait du subjonctif indéfini contient :

Un sens chronologique évoquant :

- Le parfait du futur indéfini s’il n’est pas finalisé dans le temps réel.

Ex. : J’eusse aimé vous revoir. (J’aurais aimé vous revoir).

- Un parfait du passé s’il est finalisé dans le temps réel.

Ex. : Le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court, toute la face de la terre

aurait changé (Pascal).

Et un sens psychologique « absolument » subjectif.

- L’entendement qui suppose un minimum d’objectivité ne figure pas dans ses

attributions, il est bien trop subjectif.

- Ni le commandement qui suppose l’absence d’état d’âme.

- Reste l’accommodement qui s’exprime sous la forme :

Du souhait.

Ex. : Ex. : J’eusse espéré vous revoir.

De la supposition.

Ex. : Il eût été préférable de ne pas insister.

Du regret.

Ex. : Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais ! (Baudelaire).

De l’indignation. Ex. : Qu’il eût osé faire cela !

2b. L’emploi du parfait du subjonctif indéfini

Le parfait du subjonctif indéfini s’emploie pour :

- Son sens psycho-chronologique : (3a).

- Ou pour son contresens chronologique ou psychologique : (3b).

3a. L’emploi du sens

Le sens psycho-chronologique de ce mode s’emploie :

- Sans condition dans le propos : (4a).

- Sous condition dans la proposition : (4b).

4a. Dans le propos

Il signifie le temps idéel :

Du parfait du futur indéfini.

Ex. : Il eût été préférable de ne rien dire. (Il aurait été…).

Ou du parfait du passé.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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Ex. : Que tu eusses osé faire cela ! (Tu eus / avais osé).

4b. Dans la proposition

Le sens psycho-chronologique du parfait du subjonctif indéfini apparaît :

- Dans la subordonnante s’il impose la concordance des temps.

- Dans la subordonnée s’il respecte la concordance des temps.

Dans la proposition subordonnante, il impose le temps du passé ou du

futur indéfini dans la subordonnée, qu’il s’agisse de :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du passé défini.

Ex. : Qu’il eût pu dire que je fis (eus fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du passé indéfini. Ex. : Qu’il eût pu dire que je faisais (avais fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du futur indéfini.

Ex. : Qu’il eût pu dire que je ferais (aurais fait) cela, m’étonne.

- Du fait ou du parfait du subjonctif indéfini.

Ex. : Qu’il eût pu dire que je fisse (eusse fait) cela, m’étonne.

Dans la proposition subordonnée, il s’accorde avec les temps du passé ou

du futur indéfini de la subordonnante, au mode :

- Objonctif :

Du fait ou du parfait du passé défini.

Ex. : Il put (eut pu) dire que j’eusse fait cela.

Du fait ou du parfait du passé indéfini. Ex. : Il pouvait (avait pu) dire que j’eusse fait cela.

Du fait ou du parfait du futur indéfini.

Ex. : Il pourrait (aurait pu) dire que j’eusse fait cela.

- Du fait ou du parfait du subjonctif indéfini.

Ex. : Qu’il pût (eût pu) dire que j’eusse fait cela, m’étonne.

3b. L’emploi du contresens

Le parfait du subjonctif indéfini s’emploie pour :

- Son contresens chronologique dans la subordonnante s’il n’impose pas la con-cordance des temps dans la subordonnée : (4a).

- Son contresens psychologique dans la subordonnée s’il ne respecte pas la con-cordance des temps : (4b).

4a. Le contresens chronologique

Dans la subordonnante le parfait du subjonctif indéfini prend un contresens chro-nologique toutes les fois qu’il exprime le temps à lui tout seul. De son côté la

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La grammaire du verbe

330

subordonnée prend un contresens psychologique en exprimant les temps du pré-

sent et du futur défini au mode :

- Objonctif :

Du fait ou du parfait du présent.

Ex. : Qu’il eût pu dire que je fais (ai fait) cela, m’étonne.

Du fait ou du parfait du futur défini.

Ex. : Qu’il eût pu dire que je ferai (aurai fait) cela, m’étonne.

- Du fait ou du parfait du subjonctif défini.

Ex. : Qu’il eût pu dire que je fasse (aie fait) cela, m’étonne.

4b. Le contresens psychologique

Le parfait du subjonctif indéfini subordonné acquiert un contresens psycholo-

gique s’il se trouve sous la dépendance du présent ou du futur défini et qu’il ne

respecte la concordance des temps avec :

- L’objonctif :

Du fait ou du parfait du présent.

Ex. : Il peut (a pu) dire que j’eusse fait cela.

Du fait ou du parfait du futur défini.

Ex. : Il pourra (aura pu) dire que j’eusse fait cela.

- Du fait ou du parfait du subjonctif défini.

Ex. : Qu’il puisse (ait pu) dire que j’eusse fait cela, m’étonne.

5B. LE MODE INJONCTIF DE L’INSTANT SANS DUREE

L’injonctif est le mode infini de la pensée virtuelle, il montre qu’une forme

d’existence existe en puissance dans la réalité.

Ex. : Chante !

La forme d’existence chanter existe incontestablement dans la réalité, elle appa-

raît dans la forme du verbe. Mais il est possible de dire aussi qu’elle n’existe pas,

on ne voit pas la personne qui chante. Comment une chose pourrait-elle être à la

fois inexistante et existante ? Les grands principes donnent la réponse. Si la forme

injonctive du verbe chanter « est ce qui n’est pas » elle est alors « ce qui sera » (Voir p 12). Autrement dit, l’injonctif serait le mode créateur de l’existence, il

serait « une raison d’être de l’ordre » qui régit l’existence des choses dans

l’univers.

Reste à savoir ce que signifie vraiment « l’infini » de l’injonctif. Pour le com-

prendre il faut se reporter à la définition de l’infini du présent de l’objonctif. C’est

un présent « chronologique » dont on sait qu’il est « la fin du temps » relative-

ment à l’existence. On entrevoit maintenant ce que veut dire l’infini de l’injonctif,

il est le présent téléologique de « l’instant infini de l’existence ».

Cet instant sans durée est :

- Inachevé dans le fait de l’injonctif : (1a).

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

331

- Achevé dans le parfait de l’injonctif : (1b).

1a. Le fait de l’injonctif

C’est le mode de l’instant inachevé d’une forme d’existence virtuelle. Sa forme

psychique s’apprécie selon :

- Le sens qu’elle exprime : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du fait de l’injonctif Le fait de l’injonctif est en soi un paradoxe qui associe :

- L’absence de sens chronologique.

- Et l’évidence du sens psychologique.

Le sens chronologique

Le sens chronologique de l’injonctif n’existe pas en théorie, c’est un mode infini,

fondamentalement atemporel. Pourtant le sens du présent se fait parfaitement

sentir dans sa forme, il y a là un mystère sur lequel il convient de s’interroger.

Ex. : Mange !

Le sujet de l’injonction n’exécute pas cet ordre dans le temps présent, cette forme

d’existence n’existe pas, et par voie de conséquence le temps n’existe pas lui

aussi, il est infini comme le présent de l’objonctif ! Voilà pourquoi le fait de l’injonctif est toujours senti comme un présent. Mais il n’est pas un présent chro-

nologique capable de signifier la durée d’un moment du temps, c’est un présent

téléologique seulement apte à dire un instant de l’existence qui ne s’inscrit pas

dans la durée.

Ex. : Marchons, marchons ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons !

Dans cet exemple, rien n’indique que l’action de marcher se « finalise » dans

l’instant présent ou même dans la durée du présent, l’injonctif signifie seulement

que ce temps n’existe qu’en puissance dans la pensée de celui qui le conçoit.

Le sens psychologique Si l’injonctif ne signifie pas le temps, on ne voit pas comment il pourrait signifier l’espace de la pensée. Pourtant il évoque formellement et indiscutablement la

pensée du commandement. Il y a, là aussi, une énigme qu’il faut résoudre en se

basant sur l’examen attentif des définitions. Le commandement est la cause de

l’existence d’une chose. Or on sait que la cause est elle-même l’impulsion téléo-

logique invisible de l’existence d’une chose visible. Il n’est pas besoin d’être

grand clerc pour deviner l’origine de cette « impulsion téléologique », de toute

évidence elle se trouve dans le présent de l’injonctif. C’est là, dans la pensée

nesciente virtuelle et sans forme de l’injonctif, que le sens de la fin prend forme.

Or l’idée primordiale de la forme se confond avec l’idée de l’ordre, voilà pour-

quoi l’injonctif ne peut pas signifier autre chose que l’idée d’un ordre, annoncia-

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La grammaire du verbe

332

teur du rapport qui doit s’établir entre le sujet parlant et le sujet de l’injonction.

On comprend maintenant pourquoi l’injonctif est « une raison d’être de l’ordre »

qui régit l’existence des choses dans l’univers.

L’apparition d’une forme appelle nécessairement la présence d’un espace pour

l’accueillir, quel est cet espace ? C’est évidemment l’espace préexistant de la

pensée objonctive ou subjonctive, qui est là, et qui attend chacun pour soi la

forme du commandement qui va paraître. L’injonctif est obligé d’emprunter ses

formes à l’objonctif et au subjonctif pour la simple raison qu’il est conçu dans

l’espace d’une pensée virtuelle qui ignore l’existence des formes. Mais cet em-prunt n’est pas entièrement libre, il doit répondre à certaines conditions :

- Les verbes « non commandables » pouvoir et devoir refusent l’injonctif, il ne

commande pas l’autonomie de la volonté de l’être.

Ex. : *Peut ! *Doit !

- Les verbes « uni-commandable » avoir et être n’acceptent que l’injonction

subjective qui respecte l’autonomie de la volonté se l’être.

Ex. : Soyez heureux !

Ex. : Ayez pitié !

- Les verbes « équi-commandables » vouloir et savoir acceptent les deux

formes : l’injonction objective et l’injonction subjective qui ne portent pas at-

teinte à l’autonomie de la volonté.

Vouloir accepte l’une « ou » l’autre selon les circonstances. Ex. : Ne m’en veut pas !

Ex. : Veuillez me pardonner !

Savoir accepte l’une « et » l’autre en toutes circonstances : (Le radical sach-

prend la forme du subjonctif, la désinence -ons/-ez prend celle de l’objonctif).

Ex. : Sachez vos leçons pour demain !

2b. L’emploi du fait de l’injonctif

L’injonctif est un mode essentiellement psychologique, dépourvu de sens chrono-

logique. Ce qui ne veut pas dire qu’il soit incapable de signifier le temps.

- S’il est principalement employé pour son sens psychologique : (3a).

- Il l’est aussi pour son contresens chronologique du présent : (3b).

3a. L’emploi du sens psychologique

L’injonctif est la raison d’être d’un ordre qui prend la forme :

- De l’entendement, par exemple sous forme de sentence.

Ex. : Connais-toi toi-même.

Ex. : Fais ce que voudras.

Ex. : Cueille le jour.

Ex. : Aide-toi, le ciel t’aidera (Lafontaine).

- De l’accommodement quand il formule :

Une demande.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

333

Ex. : Donne-moi cent balles !

Une invitation.

Ex. : Entrez mes amis !

Un vœu.

Ex. : Soyez bénie entre toutes les femmes.

Ex. : Soyez exaucé.

Un souhait.

Ex. : Plaise au ciel de vous guérir.

Une prière. Ex. : Veuillez fermer la fenêtre.

Une supplication.

Ex. : Seigneur, ayez pitié de nous !

Une imploration.

Ex. : Sauvez nos âmes.

Un conseil.

Ex. : Surveille ta santé.

- Et la forme du commandement lorsqu’il exprime :

L’alerte.

Ex. : Sauve qui peut !

Et surtout l’ordre dans sa forme la plus pure.

Ex. : Garde à vous !

3a. L’emploi du contresens chronologique

L’injonctif exprime l’idée d’un présent téléologique régulièrement confondu avec

le présent chronologique.

Ex. : Chante !

1b. Le parfait de l’injonctif

Le parfait de l’injonctif signifie l’instant achevé d’une forme d’existence dans la

pensée virtuelle. Sa forme psychique s’analyse :

- Au niveau du sens qu’elle contient : (2a).

- Au moment de son emploi : (2b).

2a. Le sens du parfait de l’injonctif

Le parfait de l’injonctif est, lui aussi, un paradoxe qui associe :

- L’absence de sens chronologique.

- Et l’évidence du sens psychologique.

Le sens chronologique

Si le parfait du présent évoque l’idée du passé, le parfait de l’injonctif signifie le

futur. La symétrie est frappante.

Ex. (1) : J’ai chanté. (Passé).

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La grammaire du verbe

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Ex. (2) : Ayez chanté. (Futur).

Si la grammaire est une raison, il doit y avoir une explication à ce paradoxe.

Comme toujours il faut chercher la réponse au niveau des principes fondamen-

taux. En (1) le définitif chanté est réellement définitif, il s’est construit en accord

avec les lois de l’ordre selon lesquelles l’infini (le présent de l’auxiliaire) finit le

défini (le définitif de l’ancillaire). Mais en (2) le définitif n’est pas réellement

définitif, puisqu’il n’a pas commencé ! C’est un définitif virtuel, au sens de

l’injonctif, et au sens ontologique du terme définitif « qui n’a plus de fin », qui est

donc infini. Pour finaliser temporellement cet infini définitif il n’y a qu’un seul mode possible, l’indéfini du subjonctif (dans l’auxiliaire) qui finit l’infini définitif

(dans l’ancillaire). Il faut remarquer au passage que la forme subjonctive de

l’auxiliaire avoir en (2) n’explique pas le sens du futur. Employé absolument ; le

parfait du subjonctif signifie le passé, comme celui de l’objonctif.

Ex. : Que vous ayez chanté.

Le sens du futur émane de la forme verbale injonctive elle-même, il lui appartient

en propre et ne vient pas du subjonctif. Mais qu’on le veuille ou non cette sensa-

tion n’est pas celle d’un vrai futur chronologique achevé.

Ex. : J’aurai chanté.

Le parfait de l’injonctif se fait sentir en puissance dans l’avenir mais il n’est pas

le temps du futur, son sens n’est pas chronologique.

Le sens psychologique

Le parfait de l’injonctif exprime le commandement comme son homologue du

fait, mais pas de la même façon. Un sens nouveau est apparu, le sens d’un ordre

idéel que l’injonctif doit à la forme subjonctive de son auxiliaire.

Ex. : Soyez revenus le plus tôt possible.

2b. L’emploi du parfait de l’injonctif

Le parfait de l’injonctif est, lui aussi, un mode :

- Principalement employé pour son sens psychologique : (3a).

- Mais capable d’endosser un contresens chronologique : (3b).

3a. L’emploi du sens psychologique

Il prend la forme :

- De l’entendement, par exemple sous forme d’une recommandation.

Ex. : Ayez récité vos prières tous les soirs avant de vous coucher.

- De l’accommodement, quand il formule par exemple une invitation.

Ex. : Sois-toi confortablement installé le temps que je revienne.

- Du commandement.

Ex. : Ayez terminé vos devoirs avant de vous mettre à table !

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Ordonnance des modes

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3a. L’emploi du contresens chronologique

Le parfait de l’injonctif exprime l’idée d’un futur téléologique achevé.

Ex. : Soyez partis avant ce soir.

Mais la pensée est parfaitement capable de finaliser ce temps dans le contresens

chronologique du temps présent.

Ex. : Aie terminé tes devoirs quand tu te mets à table !

3B. L’HARMONISATION DES MODES

On a longtemps pensé que l’harmonisation des modes se réduisait à la fameuse

règle de la concordance des temps qui avait été établie par les grammairiens du

XVIIe siècle pour se conformer aux usages de la syntaxe latine. Cette règle n’a

d’ailleurs jamais rallié le suffrage des usagers, ni même celui des écrivains. Flau-

bert se révoltait : « Je voudrais que la grammaire soit à tous les diables, et non pas

fût, entends-tu ? ». Le grand grammairien que fut F.Brunot n’hésitait pas à écrire :

« Le chapitre de la concordance des temps se résume en une ligne : Il n’y en a

pas ». La querelle n’est pas close, la règle est toujours défendue par de farouches

partisans. Faut-il prendre parti ? Sans aucun doute, en montrant qu’il existe effec-

tivement :

- Une règle de concordance chronologique : (4A).

- À laquelle s’ajoute une règle de concordance psychologique : (4B).

4A. LA CONCORDANCE CHRONOLOGIQUE

On ne dit pas :

Ex. : *Je savais qu’il vient. *Je savais qu’il viendra.

Il faut dire.

Ex. : Je savais qu’il viendrait.

Si le locuteur ne choisit pas librement le temps de sa proposition subordonnée,

c’est qu’il existe une loi grammaticale de concordance qui réglemente l’emploi

du temps du verbe subordonné. La règle trouve sa source dans les temps du futur.

Notre langue a décidé à notre insu qu’il existerait deux futurs, un futur défini qui est le futur du présent et un futur indéfini qui est le futur du passé, tous nos soucis

viennent de là. Ce choix ne résulte pas d’une bizarrerie de la grammaire, il est le

fruit d’une vraie « raison » qui se conforme aux lois de l’ordre naturel telles

qu’elles ont été exposées au chapitre de l’emploi du futur (Voir p 306 et p 310).

Examinons :

- Le sens des règles de la concordance chronologique : (1a).

- Avant d’aborder la question épineuse de leur emploi : (1b).

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La grammaire du verbe

336

1a. Le sens de la concordance chronologique

Ce sens signifie le « rapport » de simultanéité, d’antériorité ou de postériorité

temporelle qui existe entre le commandement chronologique des temps de

l’objonctif de la proposition subordonnante :

- Et l’accommodement des temps de l’objonctif subordonné : (2a).

- Ou l’accommodement du moment du subjonctif subordonné : (2b).

2a. L’accommodement de l’objonctif

Il s’exerce différemment selon qu’il émane du commandement :

- Des temps simples de l’objonctif subordonnant : (3a).

- Ou de ses temps composés : (3b).

3a. Le commandement des temps simples

Il est le même pour :

- Le présent et le futur défini.

- Le passé et le futur indéfini.

Le présent et le futur défini subordonnants commandent :

- Le fait subordonné :

Du présent pour signifier la simultanéité temporelle.

Ex. : Il affirme (-era) qu’il travaille.

Du passé pour l’antériorité temporelle. Ex. : Il affirme (-era) qu’il travailla (travaillait).

Du futur défini pour la postériorité temporelle.

Ex. : Il affirme (-era) qu’il travaillera.

- Le parfait subordonné :

Du présent et du passé pour signifier l’antériorité temporelle.

Ex. : Il affirme (-era) qu’il a (eut, avait) travaillé.

Du futur défini pour la postériorité temporelle.

Ex. : Il affirme (-era) qu’il aura travaillé.

Le passé et le futur indéfini commandent :

- Le fait subordonné : Du passé indéfini (le présent du passé) pour la simultanéité.

Ex. : Il affirma (-ait, -erait) qu’il travaillait.

Du passé défini (le passé du passé) pour l’antériorité.

Ex. : Il affirma (-ait, -erait) qu’il travailla.

Du futur indéfini pour la postériorité.

Ex. : Il affirma (-ait, -erait) qu’il travaillerait.

- Le parfait subordonné :

Du passé défini et indéfini pour signifier l’antériorité.

Ex. : Il affirma (-ait, -erait) qu’il eut (avait) travaillé.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

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Du futur indéfini pour la postériorité.

Ex. : Il affirma (-ait, -erait) qu’il aurait travaillé.

3b. Le commandement des temps composés

Il ne s’exerce pas de la même façon selon qu’il émane :

- Du parfait du présent : (4a).

- Ou du parfait des temps absents : (4b).

4a. Le commandement du parfait du présent

Le parfait du présent est un temps à part, c’est un temps à cheval sur le présent et

le passé. S’il est :

Senti comme un présent il commande : - Le fait subordonné :

Du présent pour signifier la simultanéité.

Ex. : Il a affirmé qu’il travaille.

Du passé défini pour l’antériorité.

Ex. : Il a affirmé qu’il travailla.

Du futur défini pour la postériorité.

Ex. : Il a affirmé qu’il travaillera.

- Le parfait subordonné :

Du présent et du passé défini pour signifier l’antériorité.

Ex. : Il a affirmé qu’il a (eut) travaillé.

Du futur défini pour la postériorité.

Ex. : Il a affirmé qu’il aura travaillé.

Senti comme un passé il commande :

- Le fait subordonné :

Du passé indéfini (le présent du passé) pour signifier pour la simultanéité.

Ex. : Il a affirmé qu’il travaillait.

Du passé défini pour l’antériorité.

Ex. : Il a affirmé qu’il travailla.

Du futur indéfini pour la postériorité.

Ex. : Il a affirmé qu’il travaillerait.

- Le parfait subordonné :

Du passé défini et indéfini pour signifier l’antériorité. Ex. : Il a affirmé qu’il eut (avait) travaillé.

Du futur indéfini pour la postériorité.

Ex. : Il a affirmé qu’il aurait travaillé.

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La grammaire du verbe

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4b. Le commandement du parfait des temps absents

Le parfait du futur défini subordonnant commande :

- Le fait subordonné :

Du présent pour signifier la simultanéité.

Ex. : Il aura affirmé qu’il travaille.

Du passé pour l’antériorité.

Ex. : Il aura affirmé qu’il travailla (travaillait).

Du futur défini pour la postériorité. Ex. : Il aura affirmé qu’il travaillera.

- Le parfait subordonné :

Du présent et du passé pour signifier l’antériorité.

Ex. : Il aura affirmé qu’il a (eut) (avait) travaillé.

Du futur défini pour la postériorité.

Ex. : Il aura affirmé qu’il aura travaillé.

Le parfait du futur indéfini subordonnant commande :

- Le fait subordonné :

Du passé indéfini pour signifier la simultanéité.

Ex. : Il aurait affirmé qu’il travaillait.

Du passé défini pour l’antériorité. Ex. : Il aurait affirmé qu’il travailla.

Du futur indéfini pour la postériorité.

Ex. : Il aurait affirmé qu’il travaillerait.

- Le parfait subordonné :

Du passé pour signifier l’antériorité.

Ex. : Il aurait affirmé qu’il eut (avait) travaillé.

Du futur indéfini pour la postériorité.

Ex. : Il aurait affirmé qu’il aurait travaillé.

Le parfait du passé défini ou indéfini commande :

- Le fait subordonné : Du passé indéfini pour signifier la simultanéité.

Ex. : Il eut (avait) affirmé qu’il travaillait.

Du passé défini pour l’antériorité.

Ex. : Il eut (avait) affirmé qu’il travailla.

Du futur indéfini pour la postériorité.

Ex. : Il eut (avait) affirmé qu’il travaillerait.

- Le parfait subordonné :

Du passé pour signifier l’antériorité.

Ex. : Il eut (avait) affirmé qu’il eut (avait) travaillé.

Du futur indéfini pour la postériorité.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

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Ex. : Il eut (avait) affirmé qu’il aurait travaillé.

2b. L’accommodement du subjonctif

Ici aussi, il s’exerce différemment selon qu’il émane du commandement :

- Des temps simples de l’objonctif subordonnant : (3a).

- Ou de ses temps composés : (3b).

3a. Le commandement des temps simples

La grammaire ordonne la concordance du temps :

- Présent et futur défini avec le subjonctif défini.

- Passé et futur indéfini avec le subjonctif indéfini.

Le présent ou le futur défini commandent :

- Le fait du subjonctif défini pour la simultanéité ou la postériorité.

Ex. : Il exige (-ra) qu’il parte.

- Le parfait du subjonctif défini pour l’antériorité.

Ex. : Il exige (-ra) qu’il soit parti.

Le passé et le futur indéfini subordonnants commandent :

- Le fait du subjonctif indéfini pour la simultanéité ou la postériorité.

Ex. : Il exigea (-ait, -rait) qu’il partît.

- Le parfait du subjonctif indéfini pour l’antériorité temporelle.

Ex. : Il exigea (-ait, -rait) qu’il fût parti.

3b. Le commandement des temps composés

Ce commandement diffère selon qu’il émane :

- Du parfait du présent : (4a).

- Ou du parfait des temps absents : (4b).

4a. Le commandement du parfait du présent

Si le parfait du présent subordonnant est senti :

- Comme un présent il commande :

Le fait du subjonctif défini pour la simultanéité ou la postériorité. Ex. : Il a exigé qu’il parte.

Le parfait du subjonctif défini pour l’antériorité.

Ex. : Il a exigé qu’il soit parti.

- Comme un passé il commande :

Le fait du subjonctif indéfini pour la simultanéité ou la postériorité.

Ex. : Il a exigé qu’il partît.

Le parfait du subjonctif indéfini pour l’antériorité.

Ex. : Il a exigé qu’il fût parti.

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La grammaire du verbe

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4b. Le commandement du parfait des temps absents

- Le parfait du passé défini subordonnant commande :

Le fait du subjonctif indéfini pour la simultanéité ou la postériorité.

Ex. : Il eut exigé qu’il partît.

Le parfait du subjonctif indéfini pour l’antériorité.

Ex. : Il eut exigé qu’il fût parti.

- Le parfait du passé indéfini subordonnant commande :

Le fait du subjonctif indéfini pour la simultanéité ou la postériorité. Ex. : Il avait exigé qu’il partît.

Le parfait du subjonctif indéfini pour l’antériorité.

Ex. : Il avait exigé qu’il fût parti.

- Le parfait du futur défini subordonnant commande :

Le fait du subjonctif défini pour la simultanéité ou la postériorité.

Ex. : Il aura exigé qu’il parte.

Le parfait du subjonctif défini pour l’antériorité.

Ex. : Il aura exigé qu’il soit parti.

- Le parfait du futur indéfini subordonnant commande :

Le fait du subjonctif indéfini pour la simultanéité ou la postériorité.

Ex. : Il aurait exigé qu’il partît.

Le parfait du subjonctif indéfini pour l’antériorité. Ex. : Il aurait exigé qu’il fût parti.

1b. L’emploi de la concordance chronologique

L’esprit de la langue française est ainsi fait qu’il supporte mal l’autorité d’un

commandement. La logique des règles qui viennent d’être énoncées ne s’applique

pas toujours en pratique. L’accommodement du sens chronologique de la subor-

donnée s’ordonne bien souvent comme il le veut, que celui- soit :

- Au mode objonctif, si le temps subordonnant :

Du présent ou du futur défini, s’accommode du fait (ou du parfait) d’un passé

ou d’un futur indéfini subordonné.

Ex. : Je constate (-terai) qu’il gagna une fois. Ex. : Je constate (-terai) qu’il gagnait toujours.

Ex. : Je constate (-terai) qu’il gagnerait toujours.

Du passé, ou du futur indéfini, s’accommode du fait (ou du parfait) d’un pré-

sent ou d’un futur défini subordonné.

Ex. : Je constatai (-tais, -terais) qu’il gagne toujours.

Ex. : Je constatai (-tais, -terais) qu’il gagnera toujours.

- Ou au mode subjonctif, si le temps subordonnant :

Du présent, ou du futur défini, s’accommode du fait (ou du parfait) du sub-

jonctif indéfini.

Ex. : On craint qu’il n’essuyât les larmes de sa mère.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

341

Ex. : On craindra qu’il n’essuyât les larmes de sa mère.

Du passé ou du futur indéfini, s’accommode du fait (ou du parfait) du sub-

jonctif défini.

Ex. : On craignit qu’il n’essuie les larmes de sa mère.

Ex. : On craignait qu’il n’essuie les larmes de sa mère.

Ex. : On craindrait qu’il n’essuie les larmes de sa mère.

Ces exemples, pour artificiels qu’ils soient, n’ont rien de choquant. Ils démon-

trent, du moins en ce qui les concerne, que de nos jours la règle de la concordance

des temps ne s’impose pas toujours. Elle ne s’impose ni au mode objonctif ni au mode subjonctif subordonnés qui expriment l’éventail de toutes leurs valeurs

chronologiques au mépris du temps subordonnant.

Ces exemples montrent bien qu’il est possible de dire :

Ex. (1) : Je constatais qu’il gagnera toujours.

Alors qu’on ne dit toujours pas :

Ex. (2) : *Je constatais qu’il gagnera.

Il faut dire :

Ex. (3) : Je constatais qu’il gagnerait.

Pourquoi la discordance des temps qui est permise dans l’exemple (1), ne l’est

plus dans l’exemple (2) ? Il doit y avoir une explication. Si le futur défini est

parfaitement accepté dans l’exemple (1) alors qu’il exprime un sens chronolo-

gique discordant, il faut en déduire qu’il a nécessairement pris un « contresens chronologique ». Celui-ci cache quelque chose : le sens d’une vérité générale qui

se trouve dissimulée dans l’adverbe toujours. Si la discordance des temps est

permise en (1) et refusée en (2) c’est que la logique de ces deux propositions n’est

pas la même. L’exemple (1) obéit à la logique d’un ordre psychologique,

l’exemple (3) obéit à la logique de l’ordre chronologique.

Examinons successivement l’emploi :

- Du sens chronologique dans la concordance des temps : (2a).

- Et celui du contresens chronologique s’il y a la discordance des temps : (2b).

2a. L’emploi du sens chronologique

Le sens chronologique qui commande la concordance des temps se faire sentir :

- Dans le sens général de la phrase : (3a).

- Et dans le sens particulier des mots : (3b).

3a. Le commandement chronologique de la phrase

C’est la forme assertive ou narrative de la phrase qui commande la concordance

des temps. On sait que :

- La phrase assertive emploie volontiers le présent et le futur défini, soit :

Le fait ou le parfait du présent. Ex. : Je crois qu’il se trompe. / S’est trompé.

Le fait ou le parfait du futur défini.

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La grammaire du verbe

342

Ex. : Je crois qu’il réalisera son projet. / Aura réalisé son projet.

- La phrase narrative emploie le passé indéfini à la place du présent, et le futur

indéfini à la place du futur défini, qu’il s’agisse :

Du fait ou du parfait du passé indéfini.

Ex. : Je croyais qu’il se trompait. / S’était trompé.

Du fait ou du parfait du futur indéfini.

Ex. : Je croyais qu’il réaliserait son projet. / Aurait réalisé son projet.

3b. Le commandement chronologique des mots Le temps du verbe subordonnant ne possède pas un pouvoir exclusif de direction

de la concordance des temps. Les autres mots contiennent aussi un sens chrono-

logique parfois très puissant, et parfaitement capable de venir perturber le jeu du

rapport de simultanéité, d’antériorité ou de postériorité de la concordance. Pour la

clarté de l’exposé on examinera séparément le sens chronologique qui émane :

- Non pas tant des mots ordinaires qui se situent dans la subordonnante ou dans la subordonnée : (4a).

- Que surtout des mots ordinants, instruments de subordination qui se situent entre la subordonnante et la subordonnée : (4b).

4a. Le commandement des mots ordinaires

Les mots qui signifient le temps influencent directement le sens chronologique du

verbe subordonné quelle que soit leur situation dans la subordonnante ou la su-

bordonnée. Qu’il s’agisse :

Du nom, quand son sens est à l’origine : - De la concordance des temps selon :

La simultanéité.

Ex. : Je ne crois pas qu’en ce moment tu travailles.

La postériorité.

Ex. : Je ne crois pas que dans l’avenir tu nous quitteras.

L’antériorité.

Ex. : Je ne crois pas qu’autrefois tu étais un bon élève.

- Ou de la discordance des temps.

Ex. : Je ne crois pas qu’en ce moment tu travaillais.

Ex. : Je ne crois pas que dans l’avenir, tu nous quitterais.

Du verbe lorsque son sens est à l’origine :

- De la concordance des temps en fonction de :

La simultanéité : dire, assurer, signifier, etc.

Ex. : Je dis qu’il arrive.

La postériorité : prévoir, prédire, projeter, pronostiquer, etc.

Ex. : Je prédis qu’il arrivera premier.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

343

L’antériorité : se rappeler, se remémorer, se souvenir, etc.

Ex. : Je me souviens que tu étais toujours premier en classe.

- Ou de la discordance des temps :

Ex. : Je prédisais qu’il arrive premier.

Ex. : Je me souvenais que tu seras toujours premier en classe.

De l’adjectif, si son sens est à l’origine :

- De la concordance des temps selon :

La simultanéité : actuel, présent, contemporain, etc. Ex. : Je sais que le cours actuel de la bourse est mauvais.

La postériorité : prochain, ultérieur, suivant, etc.

Ex. : Je sais que la semaine prochaine tu nous quitteras.

L’antériorité : précédent, ancien, passé, révolu, etc.

Ex. : Je me souviens que l’année dernière tu nous quittais.

- Ou de la discordance des temps :

Ex. : Je savais que le cours actuel de la bourse est mauvais.

Ex. : Je savais que la semaine prochaine tu nous quitteras.

De l’adverbe, quand son sens est à l’origine :

- De la concordance des temps en fonction de :

La simultanéité : aujourd'hui, maintenant, à présent, etc. Ex. : Je sais qu’actuellement tu ne travailles pas.

La postériorité : ultérieurement, après, ensuite, etc.

Ex. : Je sais que bientôt tu nous quitteras.

L’antériorité : hier, autrefois, jadis, naguère, etc.

Ex. : Je sais qu’autrefois tu étais un bon élève.

- Ou de la discordance des temps :

Ex. : Je constatais qu’il gagnera toujours.

Ex. : Je sais qu’éventuellement tu viendrais avec nous.

4b. Le commandement des mots ordinants

On comprend facilement que ces mots puissent jouer un rôle capital puisque ce sont des instruments de subordination qui se situent à la jonction de la subordon-

nante et de la subordonnée. Tous les exemples qui ont été proposés jusqu’à main-

tenant pour présenter les règles de la concordance employaient un instrument de

subordination « chronologiquement neutre » : la conjonction que. Mais il suffit

que les mots ordinants soient porteurs d’un sens temporel pour que toutes ces

règles soient inapplicables.

L’adnom relatif n’exprime pas le sens du temps. Il doit se faire aider par

une préposition pour signifier :

- La simultanéité : pendant lequel, durant lequel, au cours duquel, etc.

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La grammaire du verbe

344

Ex. : J’ai aimé ces années au cours desquelles j’ai voyagé.

- L’antériorité : avant lequel, avant quoi, etc.

Ex. : Il est venu les voir, avant quoi il avait acheté des cadeaux.

- La postériorité : après lequel, après quoi, etc.

Ex. : Tu peux sortir de table, après quoi tu feras tes devoirs.

L’adverbe relatif. Il est d’usage de le classer en fonction de la commande

temporelle qu’il exprime. Voici quelques exemples d’adverbes relatifs indiquant :

- La simultanéité : comme, quand, au moment où, etc. Ex. : Je partirai quand le moment sera venu.

- L’antériorité : auparavant, avant, que (= avant que), etc.

Ex. : Je ne te pardonnerai pas que tu ne m’aies répondu.

- La postériorité : ensuite, puis, après, etc.

Ex. : Tu vas jusqu’au feu rouge puis tu prendras à droite.

La conjonction que adopte le même mode de classement, tout en proposant

une plus grande variété de formes pour signifier :

- La simultanéité : alors que, lorsque, cependant que, en même temps que, pen-

dant que, tandis que, tant que, chaque fois que, etc.

Ex. : Je parle alors qu’il ne m’écoute pas.

Ex. : Tu iras jouer lorsque tu auras terminé tes devoirs. Ex. : Je lisais pendant qu’il jouait du violon.

- La postériorité : avant que, en attendant que, jusqu’à ce que, etc.

Ex. : J’attendrai jusqu’à ce que tu reviennes.

- L’antériorité : après que, dès que, une fois que, depuis que, etc.

Ex. : Je m’ennuie depuis que tu es parti.

2b. L’emploi du contresens chronologique

Dans le propos, le contresens chronologique apparaît toutes les fois que le verbe

exprime un temps qui ne concorde pas avec celui que le contexte indique. Par

exemple quand le présent est employé dans le contexte du passé ou du futur.

Ex. : Jeanne d’Arc meurt à Rouen le 30 mai 1431. Ex. : L’année prochaine je vais à Tahiti.

Dans la proposition, il apparaît toutes les fois qu’il y a discordance entre le temps

de la subordonnante et celui de la subordonnée. C’est là qu’il faut reconnaître :

- Le vrai contresens chronologique : (3a).

- Du faux contresens chronologique : (3b).

3a. Le vrai contresens chronologique

Le contresens chronologique est vrai toutes les fois qu’il ne permet pas de soup-

çonner l’existence d’un contresens psychologique.

Ex. (1) : Je savais que tu travailles à Paris.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

345

Tout le problème est de savoir si ce contresens se trouve dans la subordonnante

ou dans la subordonnée. Dans cet exemple, lequel du passé indéfini subordonnant

ou du présent subordonné a pris le contresens chronologique ? Ici, c’est la subor-

donnée qui donne le sens du temps, il faut en conclure que le contresens chrono-

logique du présent émane du passé indéfini du verbe subordonnant.

3b. Le faux contresens chronologique

Le contresens chronologique est faux toutes les fois qu’il permet de soupçonner

l’existence d’un contresens psychologique assez facile à déceler tant au niveau :

- De l’objonctif : (4a).

- Que du subjonctif : (4b).

4a. Le contresens psychologique de l’objonctif Ici aussi, le problème est de savoir où se situe ce contresens, dans la subordon-

nante ou dans la subordonnée ?

Ex. (1) : Galilée disait que la terre tourne.

Le contexte de cette phrase montre que le temps principal est celui du passé.

C’est donc le présent subordonné qui a pris un contresens psychologique évoca-

teur d’un présent de « vérité générale ».

Ex. (2) : Je voulais vous dire que je vous aime.

Ici le sens général de la phrase indique le présent, c’est donc le passé indéfini

subordonnant qui a pris un contresens psychologique « hypocoristique ».

4b. Le contresens psychologique du subjonctif

Gide est certainement celui qui avait le mieux compris les données du problème. Il écrivait dans son journal du 23 octobre 1927 : - Il est bon de dire « Je voudrais

qu’il devienne un honnête homme », et non « qu’il devînt » et garder ce temps

pour indiquer que ce désir ou souhait a pris fin, que l’on a cessé d’espérer-.

Ex. (1) : Je voudrais qu’il devînt un honnête homme.

Ex. (2) : Je voudrais qu’il devienne un honnête homme.

En (1) le subjonctif indéfini devînt respecte la concordance des temps, il exprime

le sens chronologique d’un passé idéel et incertain, indiquant que ce désir ou

souhait a pris fin. En (2) le subjonctif défini devienne ne respecte pas la concor-

dance des temps, il exprime le contresens psychologique d’un souhait, d’un pré-

sent idéel et certain qui vaut dans l’immédiat et pour toujours. La même méthode

d’analyse conviendrait à cet exemple de Chateaubriand. Ex. : Je doute que la cataracte du Niagara me causât la même admiration

qu’autrefois.

Chateaubriand utilise le faux contresens chronologique du subjonctif indéfini

causât pour susciter l’idée d’un contresens psychologique absolument subjectif

que le subjonctif défini ne parviendrait pas à évoquer.

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La grammaire du verbe

346

4B. LA CONCORDANCE PSYCHOLOGIQUE

Le verbe signifie le temps de la pensée, mais il montre aussi l’espace de la pensée

dans lequel se réalise le sens psychologique de l’existence dans la forme :

- Virtuelle de l’injonctif pour le commandement.

- Idéelle du subjonctif pour le sens de l’accommodement.

- Réelle de l’objonctif pour le sens de l’entendement.

Evidemment, il ne s’agit là que d’une présentation schématique grossière. La

complexité des formes d’expression de la pensée ne se résume pas dans un clas-sement aussi simpliste de toutes les nuances psychologiques qu’elle formule. Les

trois modes sont d’ailleurs parfaitement capables d’exprimer ces trois sens chacun

pour leur compte, mais ils le font toujours d’une façon qui n’appartient qu’à eux.

Le phénomène de la concordance psychologique traduit le rapport logique qui

s’établit entre la pensée objective ou subjective de la subordonnante et celle de la

subordonnée.

On voit qu’il manque l’expression de la pensée injonctive. Celle-ci n’obéit pas

aux règles de la concordance psychologique parce qu’elle s’exprime dans

l’absolu, en toute liberté, indépendamment de toute autre forme de pensée.

L’injonctif est le mode de l’ordre, il subordonne, il n’est jamais subordonné.

Ex. : Viens, que je t’embrasse !

Voyons maintenant comment fonctionne :

- Le sens de la concordance psychologique : (1a).

- Au moment de son emploi dans la phrase : (1b).

1a. Le sens de la concordance psychologique

Ce sens suppose qu’une règle grammaticale ordonne l’accord harmonieux :

- Du commandement psychologique de la proposition subordonnante.

- Et de l’accommodement psychologique de la subordonnée.

Le commandement psychologique subordonnant s’exprime :

- Soit au mode objonctif.

Ex. : Je suppose…

- Soit au mode subjonctif.

Ex. : Qu’on lui dise…

L’accommodement psychologique subordonné se fait :

- Soit au mode objonctif.

Ex. : Je suppose qu’il vient.

Ex. : Qu’on lui dise qu’il est à l’heure. - Soit au mode subjonctif.

Ex. : Je suppose qu’il vienne.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

347

Ex. : Qu’on lui dise qu’il soit à l’heure.

Ces exemples démontrent bien que la concordance psychologique de la subor-

donnée s’opére a priori sans contrainte, que la subordonnante soit au mode ob-

jonctif ou subjonctif.

1b. L’emploi de la concordance psychologique

On pourrait penser qu’aucune règle ne commande la concordance psychologique.

Pourtant on ne dit jamais :

Ex. : *Je veux que tu viens. Ex. : *Je suis heureux que tu viens.

De toute évidence l’harmonisation de la pensée obéit à une loi de concordance

qu’il convient d’examiner tant au niveau :

- De l’emploi du sens psychologique : (2a).

- Que de l’emploi du contresens psychologique : (2b).

2a. L’emploi du sens psychologique

Le commandement du sens psychologique se manifeste :

- Dans le sens général de la phrase : (3a).

- Ou dans le sens particulier des mots : (3b).

3a. Le sens psychologique de la phrase

Il apparaît au niveau :

- De la morphologie physique de la proposition subordonnante : (4a).

- Ou de sa syntaxe physique : (4b).

4a. Le commandement morphologique

Il dépend de la morphologie énonciative positive ou négative, ou encore annon-

ciative de la subordonnante. Par exemple avec le verbe penser :

- Si ce verbe se situe dans une subordonnante positive signifiant la connaissance

certaine d’une réalité :

Il commande le sens « objectif » de la subordonnée.

Ex. : Tu penses que je suis gagnant.

Tout en lui interdisant le sens psychologique « subjectif ». Ex. : *Tu penses que je sois gagnant.

- Mais lorsqu’il se situe dans une subordonnante interrogative ou négative on

découvre que ce verbe est un mot pusillanime capable de commander le sens

objectif ou le sens subjectif en fonction du besoin d’expression du locuteur.

Ex. : Penses-tu que je suis gagnant ?

Ex. : Penses-tu que je sois gagnant ?

Ex. : Tu ne penses pas que je suis gagnant.

Ex. : Tu ne penses pas que je sois gagnant.

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La grammaire du verbe

348

4b. Le commandement syntaxique

Le commandement psychologique de la subordonnante s’exprime aussi dans sa

syntaxe physique. Si la subordonnante est :

- Anté-disposée : elle provoque dans certaines conditions la disparition du sub-jonctif subordonné dans une « transformation infinitive » (5a).

- Post-disposée : elle provoque souvent l’apparition du subjonctif subordonné. Ici on parle de « transformation subjonctive » (5b).

5a. La transformation infinitive

L’être ou la chose ne peuvent exister à la fois dans le monde de la réalité objec-

tive et dans celui de l’idéalité subjective que si la grammaire le permet. En

l’absence de permission, le subjonctif sera éliminé toutes les fois que l’un ou

l’autre sera amené à participer aux deux modes de la pensée, en tant que :

- Sujet, ici le subjonctif se transforme en infinitif verbal ou nominal.

- Objet ou attribut, là il subira une transformation infinitive nominale.

Avec le sujet - La transformation infinitive verbale

On ne dit jamais :

Ex. (1) : *Jules aime qu’il ait de l’argent.

Mais on dit :

Ex. (2) : Jules aime avoir de l’argent.

En (1) le sujet il du subjonctif subordonné indique la même personne que le sujet

Jules de l’objonctif subordonnant. Cette personne se situerait à la fois dans

l’univers de la réalité objective de la subordonnante et dans celui de la réalité

subjective de la subordonnée. Sans permission de la grammaire le sujet ne peut

pas exister dans deux réalités contradictoires, il doit retrouver l’unité réelle de son

être. Si l’on supprime le sujet du subjonctif, le verbe avoir se retrouve dans la

situation d’un verbe qui se rapporte au sujet d’un autre verbe qui aurait pour fonc-tion de l’introduire et qui pourrait fort bien jouer le rôle d’un auxiliaire ! Le sub-

jonctif de avoir n’a plus d’autre ressource que d’endosser la forme d’un ancillaire

infinitif accompagné de son semi-auxiliaire fonctionnel aimer en (2).

- La transformation infinive nominale.

Ex. : (1) : *Jules croit qu’il ait de la chance.

Ex. : (2) : Jules croit avoir de la chance.

Ici le subjonctif du verbe avoir n’a pas d’autre choix que d’endosser la forme

d’un infinitif nominal, il n’y a que lui pour exercer la fonction de complément

d’objet. Cette contrainte n’existe plus si la grammaire accorde une permission de

confusion du sens des deux réalités, qui prendrait la forme d’une subordonnante

négative ou interrogative. Ex. : Jules croit avoir de la chance.

Ex. : Jules ne croit pas qu’il ait de la chance.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

349

Ex. : Jules croit-il qu’il ait de la chance ?

Mais cette permission n’est pas toujours accordée.

Ex. : Jules aime avoir de l’argent.

Ex. : *Jules n’aime pas qu’il ait de l’argent.

Ex. : *Jules aime-t-il qu’il ait de l’argent ?

Avec l’objet, la transformation infinitive nominale

Ex. (1) : *Il te souhaite que tu réussisses.

Ex. (2) : Il te souhaite de réussir. En (1) le sujet tu du subjonctif subordonné montre le même individu que l’objet

te de l’objonctif subordonnant. Comme le pronom tu se situe à la fois dans

l’univers de la réalité objective en tant qu’objet dans la subordonnante et dans

celui de la réalité subjective en tant que sujet dans la subordonnée, il doit

s’effacer. En (2) en l’absence du sujet tu le verbe réussir se retrouve dans la situa-

tion d’un verbe complément d’objet direct d’un autre verbe. Il se trouve dans

l’obligation de prendre la forme de l’infinitif, il n’y a que lui pour assumer la

fonction d’objet d’un autre verbe. Cette contrainte disparaît si la subordonnante

prend une forme interrogative ou négative ;

Ex. : Il te souhaite de réussir.

Ex. : Te souhaite-t-il que tu réussisses ?

Ex. : Il ne te souhaite pas que tu réussisses.

5b. La transformation subjonctive

Si la subordonnée au mode objonctif précède la subordonnante, la logique de-

mande que son verbe soit au subjonctif. Dans cette position la subordonnée ne

connaît pas le mot objectif dans la dépendance duquel elle se trouve, il est normal

qu’elle rejoigne le mode de l’idéalité subjective.

Ex. : Quelques personnes savent que Jules est malhonnête.

Ex. : Que Jules soit malhonnête, quelques personnes le savent.

Ex. : Je ne renoncerai pas, même si je dois perdre de l’argent.

Ex. : Dussé-je perdre de l’argent, je ne renoncerai pas.

Il n’est donc pas illogique de dire : Ex. : Qu’il l’ait fait, c’est certain.

Il s’agit là d’une transformation subjonctive licite, voulue par le commandement

d’une pensée idéelle qui n’a pas pris connaissance de l’adjectif objectif certain.

Ex. : C’est certain qu’il l’a fait.

3b. Le sens psychologique des mots

Tous les mots contiennent le sens d’une « idéalité » qui est objective ou/et subjec-

tive. Le sens de l’idéalité du mot ne figure pas dans le dictionnaire du fait qu’il

n’est pas un sens mental psychologiquement « visible » comme le sens de la

réalité, mais un sens sentimental psychologiquement « sensible ». C’est un sens

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La grammaire du verbe

350

qui se sent, bien plus qu’il se comprend, son expression ou sa compréhension

varient en fonction du degré de sensibilité du sujet parlant ou écoutant. C’est

pourquoi les exemples qui suivent pourront parfois paraître discutables selon

l’intuition que l’on a du subjonctif. L’analyse du sens de l’idéalité d’un mot est

loin d’être évidente, il semble que le test de subordination d’une proposition

comportant un verbe conjugué soit le meilleur moyen de l’apprécier, à la seule

condition d’employer un instrument psychologiquement neutre comme la con-

jonction que ou les pronoms relatifs qui, que, quoi.

- Le sens de l’idéalité du nom ou de l’adnom s’analyse dans les subordonnées relatives identificatives ou qualificatives.

- Celui du verbe dans les subordonnées conjonctives.

- Celui de l’adverbe ne s’analyse pas pour la raison qu’il n’a pas de complément,

hormis l’adverbe lui-même. Il se trouve dans l’impossibilité de subordonner pour

son propre compte une proposition qui permettrait d’analyser le sens de l’idéalité

qu’il exprime. Ce n’est évidemment plus le cas lorsqu’il devient un adverbe rela-

tif, c’est-à-dire l’instrument de subordination d’une subordonnée adverbiale dans

laquelle le sens de son idéalité pourra se faire sentir.

Le commandement psychologique individuel d’un mot sera :

- Unanime s’il est objectif ou subjectif : (5a).

- Equanime s’il est objectif et subjectif : (5b).

5a. Le commandement psychologique unanime

Il émane des mots qui possèdent un sens objectif « ou » subjectif.

- Les mots objectifs expriment le sens du réel « ou » du certain qui commande le

mode objonctif dans la subordonnée : (6a). Ex. : Je sais qu’il part.

- Les mots subjectifs contiennent un sens de l’idéel « ou » de l’incertain qui

commande l’accommodement du mode subjonctif : (6b).

Ex. : Je veux qu’il parte.

6a. Le commandement objectif

Voyons successivement celui qui émane :

- Des mots ordinaires : (7a).

- Et des mots ordinants : (7b).

7a. Le commandement objectif des mots ordinaires

Le verbe objectif signifie :

- L’affirmation : annoncer, avertir, juger, jurer, oublier, savoir, etc.

Ex. : Je sais qu’il travaille. - La constatation : constater, montrer, noter, remarquer, etc.

Ex. : J’observe que tu ne travailles pas.

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- La perception : s’apercevoir, apprendre, réaliser, trouver, voir, etc.

Ex. : Je vois qu’il travaille.

- Le sentiment réel : s’imaginer, sentir, etc.

Ex. : Je sens qu’il se passe des choses étranges.

- Le doute réel : se douter, se dire, etc.

Ex. : Je lui dis qu’il faut travailler.

Le nom objectif exprime la réalité d’une chose indiscutable : l’action, l’état,

le résultat, l’information, l’évidence, la décision, etc. Ex. : Le problème qu’il a résolu était difficile.

Ex. : Il publie les informations dont il a connaissance.

L’adnom objectif - Le prénom objectif est généralement un prénom défini permettant d’affirmer

avec certitude la réalité du nom qu’il présente : le, la, les, mon, ton, son, etc.

Ex. : Je cherche la secrétaire qui sait parler anglais.

Ex. : C’est mon ami qui me l’a offert.

- Le pronom objectif est, lui aussi, de sens défini : ce, cet, autre, chacun, l'un, le

même, on, etc.

Ex. : C’est cela qui est bon.

Ex. : C’est moi qui décide. Ex. : C’est toujours le même qui travaille.

L’adjectif objectif exact, faux, vrai, certifié, notoire, évident, etc.

Ex. : C’est exact qu’il a réussi.

Ex. : C’est vrai qu’il a bien travaillé.

7b. Le commandement objectif des mots ordinants

L’adnom relatif objectif est :

- Un prénom relatif nominal : quel.

Ex. : J’ignore quel tourment le tracasse. - Un pronom relatif adjectival : tel que.

Ex. : Il faut prendre les choses telles qu’elles sont.

- Un pronom relatif nominal : quel, tel, ce qui, ce que, celui qui, celle qui, ceux

qui, cela qui, cela que, à ce que, de ce que, etc.

Ex. : Je sais quelle est ma faute.

Ex. : Tel qui rit vendredi, dimanche, pleurera.

Ex. : Dis-moi ce que tu penses.

L’adverbe relatif objectif est très largement majoritaire dans sa catégorie. Il

est représenté par la quasi-totalité des adverbes relatifs.

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La grammaire du verbe

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Ex. : J’imagine quand il partira.

Ex. : Je ferai comme tu feras.

Ex. : Je vois comment il faut faire.

Ex. : Je constate combien cela t’attriste.

Ex. : Pourquoi tu fais cela, ne me regarde pas.

La conjonction que objective se rencontre dans toutes les subordonnées

conjonctives circonstancielles, par exemple :

- Une dispositive oppositive. Ex. : Hier il faisait beau alors qu’aujourd’hui il pleut.

- Une suppositive hypothétique.

Ex. : Il peut réussir alors même qu’il n’en aurait pas la capacité.

- Une inductive justificative.

Ex. : Attendu que le délit est prouvé, il sera condamné.

- Une déductive consécutive.

Ex. : Il pleuvait tant qu’ils sont allés au cinéma.

- Une temporelle.

Ex. : Tu iras te coucher lorsque tu auras terminé tes devoirs.

- Une spatiale :

Ex. : Je te suivrai jusqu’où tu iras.

- Une qualitative. Ex. : Le juge tranchera selon qu’il est écrit dans le code.

- Une quantitative.

Ex. : J’ai du travail plus qu’il n’en faut.

6b. Le commandement subjectif

7a. Le commandement subjectif des mots ordinaires

Le verbe subjectif exprime :

- Le jugement : approuver, déplorer, supporter, s’attendre à, etc.

Ex. : Je m’attends à ce qu’il vienne. - L’ordre : défendre, exiger, ordonner, prescrire, vouloir, etc.

Ex. : J’exige qu’il aille à l’école.

- L’obligation : attendre, falloir, obliger, etc.

Ex. : Il faut qu’il vienne.

- Le conseil : proposer, suggérer, etc.

Ex. : Je propose que tu fasses tes devoirs.

- Le choix : accepter, exclure, refuser, daigner, préférer, etc.

Ex. : J’accepte qu’il dise ce que bon lui semble.

- Le souhait : souhaiter, désirer, etc.

Ex. : Je désire que tu sois le gagnant.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

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- Le sentiment idéel : aimer, craindre, regretter, se réjouir, etc.

Ex. : J’aime qu’il soit à mes côtés.

- Le doute idéel : douter, redouter, etc.

Ex. : Je redoute qu’il échoue.

L’idéalité du verbe subjectif se fait d’autant mieux sentir qu’il est employé dans

les phrases impersonnelles.

Ex. : Il faut que tu sois prudent.

Ex. : Il arrive qu’il fasse mauvais temps dans cette région.

Le nom subjectif : le bonheur, la joie, la peur, la crainte, etc.

Ex. : La crainte qu’il ait échoué me paralyse.

Ex. : La peur qu’il vienne me terrorise.

L’adnom subjectif - Le prénom subjectif est un prénom indéfini qui ne dit pas avec certitude

l’existence de la réalité du nom qu’il présente : un, une, des, aucun, quelque,

n’importe quel, etc.

Ex. : Je cherche une secrétaire qui sache parler anglais.

Ex. : À quelque ami qu’il s’adressât, il essuyait un refus.

Ex. : N’importe quel choix qu’il fasse, il faut qu’il l’assume.

- Le pronom subjectif est habituellement un pronom indéfini qui exprime une négation : aucun, personne.

Ex. : Je n’en vois aucun qui me plaise.

Ex. : On ne connaît personne qui sache le faire.

L’adjectif subjectif : bon, désireux, douteux, fâcheux, fréquent, heureux,

triste, honteux, important, indifférent, possible, rare, etc.

Ex. : C’est possible qu’il soit arrivé.

Ex. : C’est bon qu’il fasse soleil.

Ex. : Je suis heureux qu’il vienne.

L’idéalité de l’adjectif subjectif se fait encore mieux sentir s’il est employé en

fonction d’attribut qualificatif du sujet apparent. Ex. : Il est utile que tu sois appliqué.

Ex. : Il est nécessaire que tout soit terminé avant ce soir.

Ex. : C’est impossible qu’il soit déjà là.

7b. Le commandement subjectif des mots ordinants

L’adnom relatif subjectif est représenté par :

- Le prénom relatif nominal : n’importe quel.

Ex. : Il s’accommode de n’importe quelle situation soit-elle.

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354

- Le pronom relatif adjectival : quel que, quelque…qui, quelque…que,

quelque…dont, quelque…auquel, quelque…à laquelle.

Ex. : Toute personne quelle qu’elle soit doit payer ses impôts.

Ex. : Tu le feras de quelque façon que ce soit.

- Le pronom relatif nominal : qui que, quoi que, quel que,

Ex. : Je m’adresserai à qui que ce soit.

Ex. : Quoi qu’il dise, ce monsieur ne m’intéresse pas.

L’adverbe relatif subjectif n’existe pas, il ne signifie pas l’idéel ou l’incertain du sens subjectif. Il doit probablement cette infirmité au don de lui-

même qu’il fait à la conjonction : l’adverbe d’affirmation subjective que (1), se

transforme immédiatement en conjonction dès qu’il devient relatif (2).

Ex. (1) : Qu’il en soit ainsi.

Ex. (2) : Je veux qu’il en soit ainsi.

Le que subjectif n’apparaît jamais dans la forme de l’adverbe relatif, il ne con-

serve pour lui que son alter ego : le que d’affirmation objective.

Ex. : Il triche que c’est une honte !

Ce sacrifice l’ampute de la plus belle moitié de lui-même, la spiritualité du sens

subjectif qui fait toute la richesse de la conjonction.

La conjonction que subjective se rencontre dans presque toutes les conjonc-tives circonstancielles, par exemple :

Une dispositive oppositive.

Ex. : Bien qu’il n’ait pas de diplôme, il trouve toujours du travail.

Une suppositive hypothétique.

Ex. : Nous irons en promenade, à moins qu’il ne pleuve.

Une inductive justificative.

Ex. : Non que cela me plaise, je t’aiderai.

Une déductive consécutive.

Ex. : Il dit trop de mensonges pour que je le croie.

Une temporelle.

Ex. : Je partirai avant qu’il ne vienne. Une spatiale.

Ex. : J’irai où que tu ailles.

Une qualitative.

Ex. : Nous ferons en sorte que tu viennes.

5b. Le commandement psychologique équanime

Il émane des mots qui ont un sens objectif « et » subjectif. Ces mots sont :

- Pusillanimes s’ils expriment le sens d’un « réel incertain » qui commande le

mode objonctif dans la subordonnée positive, et le mode subjonctif dans la subor-

donnée négative ou interrogative : (6a).

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

355

Ex. : Je crois qu’il part. / *Je crois qu’il parte.

Ex. : Crois-tu qu’il part ? / Crois-tu qu’il parte ?

Ex. : Je ne crois pas qu’il part. / Je ne crois pas qu’il parte.

- Magnanimes quand ils signifient un « idéel certain » qui commande

l’accommodement libre du mode objonctif ou du mode subjonctif dans la subor-

donnée. Il faut en tirer que l’accommodement du sens de l’idéalité objective ou

subjective n’est plus vraiment subordonné puisqu’il émane de la subordonnée

elle-même : (6b).

Ex. : Je suppose que tu es parti. Ex. : Je suppose que tu sois parti.

6a. Le commandement pusillanime

7a. Le commandement pusillanime des mots ordinaires

Le verbe pusillanime : croire, penser, estimer, prétendre, assurer, ajouter,

parier, certifier, confirmer, déclarer, garantir, etc.

Ex. : Tu penses que je suis riche.

Ex. : *Tu penses que je sois riche.

Ex. : Penses-tu que je sois riche ?

Ex. : Tu ne penses pas que je sois riche.

Le nom pusillanime : la conviction, la certitude, l’espérance, etc.

Ex. : Tu as la certitude qu’il ment.

Ex. : *Tu as la certitude qu’il mente.

Ex. : As-tu la certitude qu’il mente ?

Ex. : Tu n’as pas la certitude qu’il mente.

L’adnom pusillanime - Certains prénoms indéfinis deviennent pusillanimes lorsqu’ils sont employés

avec un contresens défini :

Ex. : Tu as quelques amis qui te sont chers. Ex. : *Tu as quelques amis qui te soient chers.

Ex. : As-tu quelques amis qui te soient chers ?

Ex. : Tu n’as pas quelques amis qui te soient chers.

- Quelques pronoms indéfinis sont aussi employés de cette manière, par

exemple : quelqu’un, quelque chose, tel, un.

Ex. : Il connaît quelqu’un qui sait le faire.

Ex. : *Il connaît quelqu’un qui sache le faire.

Ex. : Connaît-il quelqu’un qui sache le faire ?

Ex. : Il ne connaît pas quelqu’un qui sache le faire.

Ex. : Il y en a un qui est content.

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La grammaire du verbe

356

Ex. : *Il y en a un qui soit content.

Ex. : Y en a-t-il un qui soit content ?

Ex. : Il n’y en a pas un qui soit content.

L’adjectif pusillanime : exact, faux, vrai, certifié, etc.

Ex. : Je suis sûr qu’il vient.

Ex. : *Je suis sûr qu’il vienne.

Ex. : Je ne suis pas sûr qu’il vienne.

Ex. : Es-tu sûr qu’il vienne ?

7b. Le commandement pusillanime des mots ordinants

L’adnom relatif pusillanime est :

- Un pronom relatif adjectival : dont, lequel, duquel, auquel.

Ex. : Il y a un endroit dans lequel tu es tranquille.

Ex. : *Il y a un endroit dans lequel tu sois tranquille.

Ex. : Y a-t-il un endroit dans lequel tu sois tranquille ?

Ex. : Il n’y a pas un endroit dans lequel tu sois tranquille ?

- Un pronom relatif nominal : ce dont.

Ex. : C’est ce dont tu es le plus fier.

Ex. : *C’est ce dont tu sois le plus fier. Ex. : Ce n’est pas ce dont tu sois le plus fier.

Ex. : Est-ce ce dont tu sois le plus fier ?

L’adverbe relatif pusillanime n’existe pas, il est incapable de signifier le

sens hautement subjectif de « l’incertitude » qui caractérise le sens réel incertain

du mot pusillanime.

La conjonction que pusillanime se rencontre dans la majorité des conjonc-

tives circonstancielles, par exemple dans :

- Une dispositive oppositive.

Ex. : Il est bien arrivé sauf qu’il a perdu sa valise. Ex. : * Il est bien arrivé sauf qu’il ait perdu sa valise.

Ex. : Est-il bien arrivé sauf qu’il ait perdu sa valise ?

Ex. : Il n’est pas bien arrivé sauf qu’il ait retrouvé sa valise.

- Une suppositive conditionnelle.

Ex. : Il te pardonnera suivant que tu as menti ou non.

Ex. : * Il te pardonnera suivant que tu aies menti ou non.

Ex. : Te pardonnera-t-il suivant que tu aies menti ou non ?

Ex. : Il ne te pardonnera pas suivant que tu aies menti ou non.

- Une inductive justificative. Ex. : Il se faufilera sous prétexte qu’il est fatigué.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

357

Ex. : *Il se faufilera sous prétexte qu’il soit fatigué.

Ex. : Se faufilera-t-il sous prétexte qu’il soit fatigué.

Ex. : Il ne se faufilera pas sous prétexte qu’il soit fatigué.

- Une déductive consécutive.

Ex. : Il fait si froid qu’il faut se couvrir.

Ex. : *Il fait si froid qu’il faille se couvrir.

Ex. : Il ne fait pas si froid qu’il faille se couvrir.

Ex. : Fait-il si froid qu’il faille se couvrir ?

- Une spatiale. Ex. : Il ira aussi loin qu’il le peut.

Ex. : *Il ira aussi loin qu’il le puisse.

Ex. : Ira-t-il aussi loin qu’il le puisse ?

Ex. : Il n’ira pas aussi loin qu’il le puisse.

- Une quantitative.

Ex. : Il est si bête qu’il est incapable de s’assumer.

Ex. : *Il est si bête qu’il soit incapable de s’assumer.

Ex. : Il n’est pas si bête qu’il soit incapable de s’assumer.

Ex. : Est-il si bête qu’il soit incapable de s’assumer ?

6b. Le commandement magnanime

7a. Le commandement magnanime des mots ordinaires

Le verbe magnanime : admettre comprendre, démentir, imaginer, nier,

supposer, se plaindre, prétendre, sembler, ignorer, etc.

Ex. : J’admets qu’il a (ait) raison.

Ex. : Supposons que tu as (ais) réussi.

Le nom magnanime : le fait, l’idée, l’envie, le désir, etc.

Ex. : Le fait qu’il a (ait) gagné me réjouit.

Ex. : L’idée qu’il trahit (trahisse) ses amis me déplaît.

L’adnom magnanime est :

- Un prénom indéfini employé avec un contresens défini et objectif.

Ex. : Je cherche une secrétaire qui sait (sache) parler anglais.

Ex. : Il prend n’importe quelle décision qui est (soit) bonne.

Ex. : Il n’y a aucun fruit qui est (soit) bon.

- Un pronom indéfini employé avec un contresens défini.

Ex. : Je ne vois rien qui me plaît (me plaise).

Ex. : On ne connaît personne qui sait (sache) le faire.

L’adjectif magnanime : probable, plausible, vraisemblable, etc.

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La grammaire du verbe

358

Ex. : Il est probable que Jules est (soit) parti à Paris.

7b. Le commandement magnanime des mots ordinants

L’adnom relatif magnanime est représenté par :

- Le prénom relatif adjectival.

Ex. : Je lègue ce bijou, lequel bien sera (soit) donné à ma fille.

- Un pronom relatif adjectival : que, qui, quoi.

Ex. : La seule chose que je veux (veuille) n’est pas ici. Ex. : C’est la pire chose qui m’est (me soit) arrivée.

Ex. : Il n’y a rien sur quoi tu veux (veuilles) t’appliquer.

- Un pronom relatif nominal : qui, quoi, quiconque.

Ex. : Bien malin qui sait (sache) le faire.

Ex. : Quiconque serait-il (soit-il), cet homme ne m’intéresse pas.

L’adverbe relatif magnanime existe, il est capable de signifier le sens de

« l’idéel » à condition qu’il soit certain. Il compte parmi ses membres les trois

mots où, si, et que, qui parviennent, non sans mal, à exprimer le sens idéel certain

de la pensée magnanime.

- Que est :

Objectif quand il signifie l’affirmation. Ex. : Il triche, que c’est une honte !

Subjectif s’il signifie l’intention.

Ex. : Viens, que je te prenne dans mes bras.

- Si est :

Objectif quand il signifie la condition.

Ex. : Tu réussiras si tu t’appliques.

Subjectif s’il signifie la supposition.

Ex. : Si le nez de Cléopatre eût été plus long…

- Où est :

Objectif quand il signifie le lieu imposé.

Ex. : J’irai le chercher où il est. Subjectif s’il signifie le lieu supposé.

Ex. : Je le trouverai où soit-il.

La conjonction que magnanime est représentée par :

La forme simple qui instrumente :

- Les conjonctives instructives.

Ex. : Le fait qu’il vient (vienne) me réjouit.

Sauf s’il existe un commandement subordonnant contradictoire :

Objectif.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

359

Ex. : J’ai le sentiment qu’il vient. / *qu’il vienne.

Subjectif.

Ex. : J’ai peur qu’il vienne. / *qu’il vient.

Ou pusillanime.

Ex. : Tu es certain qu’il vient. / *Tu es certain qu’il vienne.

Ex. : Tu n’es pas certain qu’il vienne.

Ex. : Es-tu certain qu’il vienne ?

- Et les conjonctives constructives substantielles :

Sujet. Ex. : D’où vient qu’il est (soit) si prétentieux ?

Objet.

Ex. : Je comprends qu’il a (ait) fait une bêtise.

Ex. : Il se plaint que l’essence est (soit) chère.

Attribut.

Ex. : Sa joie est que tu es (sois) parmi nous.

Sujet de l’adjectif attribut.

Ex. : Je suis étonné de ce qu’il a (ait) avoué sa faute.

Attribut du nom objet.

Ex. : Jules ignore cet adage que le travail c’est (soit) la santé.

Sauf, ici aussi, commandement subordonnant contraire.

Et ses formes composées que l’on rencontre dans toutes les conjonctives circonstancielles, par exemple :

- Une dispositive positive.

Ex. : Il achète tout, sans compter qu’il est (soit) obligé de payer.

- Une suppositive conditionnelle :

Ex. : Je te le prête à condition que ce sera (soit) la dernière fois.

- Une inductive, explicative (objective) ou justificative (subjective).

Ex. : Il se retire de la partie du fait que tu t’es (te sois) présenté.

- Une déductive volitive du but (subjective) ou consécutive (objective) :

Ex. : Elle l’a averti de sorte qu’il est (soit) prévenu.

- Une temporelle.

Ex. : Elle viendra après que tu seras (sois) parti. - Une spatiale.

Ex. : Aussi loin que tu seras (sois) je ne t’oublierai pas.

- Une qualitative.

Ex. : Il s’applique de telle façon que son travail est (soit) correct.

- Une quantitative.

Ex. : Il n’est pas aussi malin que tu l’es (sois).

2b. L’emploi du contresens psychologique

Il y a contresens psychologique toutes les fois que l’objonctif ou le subjonctif

attendu n’apparaît pas dans la subordonnée. Le locuteur ou l’auteur a le droit de

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La grammaire du verbe

360

s’affranchir des lois de la grammaire…mais la liberté est surveillée, l’écart est

permis à condition qu’il ne soit pas excessif, les limites sont incertaines. C’est un

fait indiscutable que la frontière entre le correct et l’incorrect n’est pas toujours

très sûre, c’est une question de sensibilité. On ne sera pas étonné d’apprendre

qu’il existe ici aussi :

- Un vrai contresens psychologique : (3a).

- Et un faux contresens psychologique : (3b).

3a. Le vrai contresens psychologique

On sait que le contresens psychologique doit être soupçonné toutes les fois qu’il y

a discordance des temps, mais il faut aussi y penser toutes les fois qu’il y a dis-

cordance des modes. Ici on parle de :

- Contresens psychologique de l’objonctif : (4a).

- Ou de contresens psychologique du subjonctif : (4b).

4a. Le contresens psychologique de l’objonctif

Il faut y penser si le mode objonctif de la subordonnée contrevient aux règles qui viennent d’être énoncées. Deux exemples suffiront :

- Le refus du commandement subjectif de la subordonnante post-disposée.

Ex. (1) : Que la terre soit ronde personne ne l’ignore.

Ex. (2) : Que la terre est ronde personne ne l’ignore.

En (2) la certitude l’emporte, la logique de la règle ne joue plus, l’énonciateur

reprend le contrôle du commandement psychologique de la subordonnée en lui

imposant un contresens objectif.

- Le refus du commandement subjectif d’un mot, par exemple celui de la con-

jonction bien que. Danielle Leeman-Bouix1 rapporte cette phrase (orale), gram-

maticalement correcte, d’un étudiant commentant un passage de Montaigne.

Ex. : « Il admire beaucoup Caton, bien qu’il le critiquera dans un autre es-

sai ».

4b. Le contresens psychologique du subjonctif

On sait déjà qu’il apparaît lorsqu’il désobéit au commandement chronologique de

la subordonnante. Mais il faut aussi y penser toutes les fois qu’il apparaît dans

une subordonnée qui réclame le mode objonctif, par exemple après la conjonction

après que. Cette conjonction signifie la postériorité temporelle de la subordon-

nante et l’antériorité temporelle de la subordonnée qui se situe dans un passé en

principe connu, logiquement c’est l’objonctif, mode de la réalité qui s’impose :

Ex. (1) : J’arriverai après que tu seras parti.

Mais les usagers s’entêtent à employer le subjonctif :

Ex. (2) : J’arriverai après que tu sois parti.

1 Grammaire du verbe français. Des formes au sens. p 102. Nathan université.

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Morphologie psychique - L’emploi du verbe – Harmonisation des modes

361

Les grammairiens disent que cette « faute » est à mettre sur le compte de

l’analogie avec avant que. Si ce raisonnement par analogie est bon, il devrait

fonctionner en sens inverse. Or on ne dit jamais :

Ex. : *Je suis arrivé avant que tu pars.

Mais la grammaire obéit aux lois d’une logique naturelle qui n’a rien à voir avec

notre logique individuelle. L’exemple (2) n’a plus rien d’illogique, si l’on admet

que la pensée d’aujourd’hui n’est plus la même que celle du XVIIIe siècle, à

l’époque où le subjonctif possédait encore une valeur chronologique propre. En

(1) la pensée est d’ordre chronologique, l’arrivée se situe après un départ réel certain conçu temporellement. En (2) elle est d’ordre psychologique, l’arrivée se

situe après un départ idéel incertain conçu intemporellement.

3b. Le faux contresens psychologique

Le contresens psychologique de la subordonnée est faux lorsqu’il se situe dans la

subordonnante. Celle-ci est parfaitement capable d’endosser un contresens psy-

chologique qui s’imposera à la subordonnée. C’est particulièrement vrai lors-

qu’un mot objectif prend un contresens subjectif, ou inversement :

- Le mot objectif prend un contresens subjectif.

Ex. (1) : J’entends qu’il vient.

Ex. (2) : J’entends qu’il vienne.

En (1) le verbe entendre est un mot objectif signifiant « l’audition ». La subor-donnée s’ordonne au mode objonctif conformément au commandement qui lui est

imposé. En (2) le verbe entendre a pris un contresens subjectif pour signifier

« l’ordre ». La subordonnée s’harmonise au mode subjonctif comme l’exige le

sens de la subordonnante. On voit qu’ici le sens psychologique du mode de la

subordonnée s’accommode parfaitement avec le contresens psychologique du

verbe subordonnant. Cette aptitude au contresens psychologique est caractéris-

tique de certains verbes comme : admettre, comprendre, dire, écrire, entendre,

expliquer, imaginer, supposer, se plaindre, prétendre, téléphoner, être d’avis.

- Le mot subjectif prend un contresens objectif. Prenons par exemple le sens de

l’idéalité subjective du prénom indéfini.

Ex. (1) : Je cherche une personne qui sache parler anglais. Ex. (2) : Je cherche une personne qui sait parler anglais.

En (2) le prénom subjectif indéfini une a pris un contresens psychologique défini

et objectif qui exprime l’idée d’une certitude.

1B. LA MORPHOLOGIE PHYSIQUE

La morphologie physique du verbe s’apprécie autant :

- Dans les variétés : (2A).

- Que dans les variations de sa forme : (2B).

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La grammaire du verbe

362

2A. LES VARIETES DE LA FORME DU VERBE

La forme du verbe est :

- Simple : (1a).

- Ou complexe : (1b).

1a. La forme simple

Elle est constituée :

- D’un élément corporel qui se nomme la base : (2a).

- Et d’un appendice terminal, la désinence : (2b).

2a. La base

La base du verbe contient le sens de la modité. Elle est elle-même constituée d’un

radical, éventuellement accompagné d’affixes.

Le radical

C’est un mot qui sert à former d’autres mots. À partir de lui des liens de parenté étymologique et des familles de mots s’organisent :

- Dans le respect soucieux du radical : par exemple le radical chant du verbe

chanter sert à former chantonner, déchanter ; le verbe latin : parere « paraître » a

donné le radical -par- que l’on retrouve dans : paraître, apparaître, comparaître,

disparaître etc.

- Ou dans l’irrespect du radical : par exemple le verbe latin : esse « être » a don-

né par l’intermédiaire de ses dérivés des verbes aussi différents que : être, présen-

ter, s’absenter.

Les affixes Les affixes sont des fragments formels (des morphèmes), porteurs d’un sens non

autonome qui s’ajoutent dans, au début, ou à la fin du radical.

Les infixes se situent dans le radical. En français beaucoup de grammairiens

contestent leur existence, d’autres l’admettent. Par exemple l’infixe -sc- est un

infixe d’origine latine de sens incursif exprimant le commencement d’une action,

la progression, le devenir. On le rencontre dans des mots comme adolescence

(devenir adulte), déliquescence (devenir liquide), évanescence (qui s’évanouit),

sénescence (devenir vieux) etc. Cet infixe s’est transformé en -iss-, avec le même

sens, dans les verbes du deuxième groupe : nous fin-iss-ons, vous fin-iss-iez,

qu’ils fin-iss-ent.

Les préfixes se placent devant le radical. Ils sont :

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Morphologie physique – Les variétés de la forme

363

- D’origine latine : par exemple les préfixes ac-, ad- signifient « le rapproche-

ment » (admettre, accuser), co- « ensemble » (conjuguer, connaître), re « la répé-

tition (redire, refaire), etc.

- Ou d’origine grecque : ana- signifie « de bas en haut (analyser), poly- « plu-

sieurs » (polycopier), dia- « à travers » (diaboliser), etc.

Les suffixes

Outre qu’ils sont porteurs de sens, par exemple -ier signifie « faire » (statufier), -

ailler a un sens péjoratif, ils servent surtout à apprécier la cadence du mouvement de l’existence, on sait qu’ils sont de sens :

- Ampliatif si la cadence de l’existence n’a qu’une seule amplitude.

- cir : durcir, noircir, éclaircir.

- fier : statufier, modifier, qualifier, quantifier.

- iser : temporiser, banaliser, introniser, organiser, socialiser.

- oyer : foudroyer, larmoyer, festoyer, verdoyer, guerroyer.

- Fréquentatif quand elle a plusieurs mouvements dans le temps.

- ailler : criailler, disputailler, pinailler, tirailler, traînailler.

- asser : finasser, rêvasser, traînasser, pleuvasser.

- eler : bosseler, craqueler.

- eter : épousseter, voleter. - iller : fendiller, mordiller, sautiller, tortiller, grappiller, pétiller.

- iner : tambouriner, piétiner, dégouliner, trottiner, paginer.

- onner : chantonner, mâchonner, tâtonner.

- oter : clignoter, tapoter, suçoter, vivoter, crachoter, trembloter.

- ouiller : mâchouiller, pendouiller, glandouiller, gratouiller.

2b. La désinence

La désinence signifie les modalités de :

- La personnalité du verbe indiquant le nombre singulier ou pluriel et l’ordre de

la première, deuxième, ou troisième personne grammaticale.

- Et de la réalité de l’existence selon le mode et le temps.

Ex. : Ils chanteront. La désinence de ce verbe signifie la troisième personne du pluriel, du mode ob-

jonctif et du temps futur défini.

1b. La forme complexe

Il s’agit :

- D’une forme composée en un seul mot : (2a).

- D’une configuration composée de plusieurs mots : (2b).

2a. La forme composée en un seul mot.

Dans cette forme les mots sont :

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La grammaire du verbe

364

- Soudés : maintenir (tenir avec la main), saupoudrer (poudrer avec du sel).

- Apposés : Entr’apercevoir.

- Articulés par un trait d’union : Arc-bouter, court-circuiter, s’entre-tuer.

2b. La configuration de plusieurs mots

La configuration est une conformation de mots figés dans une unité de sens. On

dit que l’on a affaire à :

- Une « locution » si les mots confondent leur sens grammatical : (3a).

- Une « expression » quand ils confondent leur sens lexical : (3b).

3a. La locution verbale

La locution forme un tout indissociable, illustration parfaite du principe de confu-

sion. Dans la locution verbale, le complément perd sa forme et sa fonction pour

s’intégrer dans la forme grammaticale du verbe.

Ex. : Prendre congé. / Prendre un congé.

Ex. : Prendre garde. / Prendre la garde.

Ex. : Faire voile. / Faire une voile.

Dans ces trois locutions le nom complément d’objet n’est plus pronominalisable.

Il suffit d’ailleurs qu’il reprenne sa forme en se faisant précéder de son prénom

pour que la locution verbale n’existe plus et perde son sens.

Les locutions les plus courantes sont : crier famine (gare, vengeance), demander pardon (grâce), donner raison (congé, libre cours, prise, satisfaction), être en

passe (sur le point de, en voie de), faire appel (attention à, défaut, envie, fortune,

feu, merveille, mouche, pitié, rage, voile, silence, surface, tapisserie, faillite,

sensation.), perdre connaissance (contenance, patience, pied, haleine), prendre à

gages (à témoin, congé, date, feu, fin, garde, intérêt à, note, parti, prétexte, soin).

Il existe cependant des locutions dans lesquelles le nom conserve son prénom :

donner la chasse, prendre la fuite.

3b. L’expression

L’expression est une forme imagée de la réalité dans laquelle les compléments du

verbe conservent leur fonction grammaticale dans une unité de sens lexical : avaler des couleuvres, filer à l’anglaise, marcher à la baguette, avoir du plomb

dans l’aile, avoir l’avantage, briller par son absence, changer d’air, épater la

galerie, tenir la dragée haute, tenir le haut du pavé, tomber en quenouille, rouler

les mécaniques, prendre de la bouteille, aller au charbon, casser les pieds, etc.

2B. LES VARIATIONS DE LA FORME DU VERBE

Le verbe est un mot variable, il prend diverses formes qui s’énumèrent dans

l’ordre déterminé de la conjugaison. Celle-ci répond aux critères :

- De la régularité des formes : (1a).

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Morphologie physique – Les variations de la forme

365

- Et de la variabilité des formes : (1b).

1a. La régularité des formes

Ce critère permet d’opposer les conjugaisons :

- Régulières : (2a).

- Aux irrégulières : (2b).

2a. Les formes régulières

Elles englobent les formes :

- De la première conjugaison dont la désinence de l’infinitif est en -er.

Ex. : Chanter.

- Et de la deuxième conjugaison qui ont une désinence de l’infinitif en -ir et de

l’indéfinitif en -issant.

Ex. : Finir. Finissant.

Ce critère de la régularité doit être tempéré pour certains verbes de la première conjugaison (en -cer, -ger, -ayer, -uyer, -oyer, -eler, -eter) qui présentent des

modifications orthographiques ou d’accentuation au niveau de leur base.

2b. Les formes irrégulières

Elles comprennent :

- Les formes « effectives » de la troisième conjugaison qui ont une conjugaison

complète. Elle regroupe des verbes qui présentent des irrégularités formelles au

niveau de leur désinence et souvent au niveau de leur base. Il est d’usage de clas-

ser ces verbes selon la forme de leur désinence infinitive en :

- er : aller, envoyer.

- ir : dormir, partir, venir, etc. (Leur indéfinitif est en – ant).

- oir : avoir, vouloir, pouvoir, etc. - re : être, dire, paraître, etc.

- Les formes « défectives » qui n’ont pas une conjugaison complète. Par

exemple : choir, clore, férir, gésir, etc.

Ce qui est irrégulier ne connaît pas de règle, il n’y a pas de méthode simple et

fiable pour apprendre la conjugaison des verbes irréguliers. Pour vraiment les

connaître, force est de recourir à la consultation d’un manuel de conjugaison.

1b. La variabilité des formes

Elle diffère selon la conjugaison :

- Des modes mineurs : (2a).

- Ou des modes majeurs : (2b).

2a. Les modes mineurs

On oppose :

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La grammaire du verbe

366

Les formes invariables

- Du fait de l’infinitif.

Ex. : Chanter.

- Et du fait de l’indéfinitif.

Ex. : Chantant.

Ces modes signifient l’état existentiel d’une forme d’existence inachevée, ils sont

invariables.

À la forme variable du fait du définitifLe définitif employé seul ou avec l’auxiliaire être signifie l’état essentiel d’une forme d’existence achevée, il est

essentiellement variable en genre et en nombre.

Ex. : Chanté, chantés, chantée, chantées.

2b. Les modes majeurs

La forme des modes majeurs varie en fonction :

- De la forme de la personnalité du verbe : (3a).

- De la forme de sa réalité : (3b).

3a. Les variations formelles de la personnalité

Elles apparaissent autant dans :

- La forme du pronom qui sert à conjuguer le verbe : (4a).

- Que dans la terminaison de sa désinence : (4b).

4a. La forme du pronom

Elle correspond :

Au pronom personnalisé des modes jonctifs. C’est un :

- Pronom personnel de la :

1e personne qui varie en nombre : je, nous.

2e personne qui varie en nombre : tu, vous.

3e personne qui varie en genre et en nombre : il, elle, ils, elles.

- Pronom impersonnel de la 3e personne du masculin singulier : il.

Et au pronom personnifié dans la forme essentiellement équivoque

- Des modes mineurs et jonctifs. Ce pronom personnifié est un pronom de la :

1e personne qui varie en nombre : me, nous.

2e personne qui varie en nombre : te, vous. 3e personne qui ne varie ni en genre ni en nombre : se.

- Et dans celle du mode injonctif. toi, nous, vous.

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Morphologie physique – Les variations de la forme

367

4b. La terminaison de la désinence

- La terminaison des 1e et 3e personnes du singulier est irrégulière, surtout dans la

3e conjugaison. Mais la 2

e personne possède toujours une terminaison en s sauf

dans le mode injonctif.

- Les terminaisons des 3 personnes du pluriel sont régulières dans tous les modes

et tous les temps hormis celui du passé défini.

La terminaison de la :

1e personne est -ons, sauf -mes pour le passé défini.

2e personne est -ez, sauf -tes pour le passé défini. 3e personne est -ent.

3b. Les variations formelles de la réalité

Le sens de la réalité de l’existence transparaît dans les variations formelles de la

désinence qui expriment le mode et le temps. Le tableau qui suit affiche les dési-

nences des modes majeurs des deux premières conjugaisons et pour la troisième

celles des verbes qui se terminent en -oir (comme recevoir) et en -re (comme

prendre).

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La grammaire du verbe

368

MODE DESINENCES

er ir oir re

OB

JO

NC

TIF

Présent

e

es

e

ons

ez

ent

is

is

it

issons

issez

issent

ois

ois

oit

ons

ez

oivent

s

s

ons

ez

nent

Passé

Défini

ai

as

a

âmes

âtes

èrent

is

is

it

îmes

îtes

irent

us

us

ut

ûmes

ûtes

urent

is

is

it

îmes

îtes

irent

Indéfini

ais

ais

ait

ions

iez

aient

issais

issais

issait

issions

issiez

issaient

ais

ais

ait

ions

iez

aient

ais

ais

ait

ions

iez

aient

Futur

Défini

erai

eras

era

erons

erez

eront

irai

iras

ira

irons

irez

iront

rai

ras

ra

rons

rez

ront

rai

ras

ra

rons

rez

ront

Indéfini

erais

erais

erait

erions

eriez

eraient

irais

irais

irait

irions

iriez

iraient

rais

rais

rait

rions

riez

raient

rais

rais

rait

rions

riez

raient

SUBJONCTIF

Défini

e

es

e

ions

iez

ent

isse

isses

isse

issions

issiez

issent

oive

oives

oive

ions

iez

oivent

e

es

e

ions

iez

ent

Indéfini

asse

asses

ât

assions

assiez

assent

isse

isses

ît

issions

issiez

issent

usse

usses

ût

ussions

ussiez

ussent

isse

isses

ît

issions

issiez

issent

INJONCTIF

e

ons

ez

is

issons

issez

ois

ons

ez

s

ons

ez

AVOIR

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Morphologie physique – Les variations de la forme

369

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF avoir avoir eu

INDEFINITIF ayant ayant eu

DEFINITIF eu eu eu

OB

JO

NC

TIF

Présent

j' ai

tu as

il a

nous avons

vous avez

ils ont

j' ai eu

tu as eu

il a eu

nous avons eu

vous avez eu

ils ont eu

Passé

Défini

j' eus

tu eus

il eut

nous eûmes

vous eûtes

ils eurent

j' eus eu

tu eus eu

il eut eu

nous eûmes eu

vous eûtes eu

ils eurent eu

Indéfini

j' avais

tu avais

il avait

nous avions

vous aviez

ils avaient

j' avais eu

tu avais eu

il avait eu

nous avions eu

vous aviez eu

ils avaient eu

Futur

Défini

j' aurai

tu auras

il aura

nous aurons

vous aurez

ils auront

j' aurai eu

tu auras eu

il aura eu

nous aurons eu

vous aurez eu

ils auront eu

Indéfini

j' aurais

tu aurais

il aurait

nous aurions

vous auriez

ils auraient

j' aurais eu

tu aurais eu

il aurait eu

nous aurions eu

vous auriez eu

ils auraient eu

SUBJONCTIF

Défini

que j' aie

que tu aies

qu'il ait

que nous ayons

que vous ayez

qu'ils aient

que j' aie eu

que tu aies eu

qu'il ait eu

que nous ayons eu

que vous ayez eu

qu'ils aient eu

Indéfini

que j' eusse

que tu eusses

qu'il eût

que nous eussions

que vous eussiez

qu'ils eussent

que j' eusse eu

que tu eusses eu

qu'il eût eu

que nous eussions eu

que vous eussiez eu

qu’ils eussent eu

INJONCTIF

aie

ayons

ayez

aie eu

ayons eu

ayez eu

ETRE

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La grammaire du verbe

370

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF être avoir été

INDEFINITIF étant ayant été

DEFINITIF été eu été

OB

JO

NC

TIF

Présent

je suis

tu es

il est

nous sommes

vous êtes

ils sont

j' ai été

tu as été

il a été

nous avons été

vous avez été

ils ont été

Passé

Défini

je fus

tu fus

il fut

nous fûmes

vous fûtes

ils furent

j' eus été

tu eus été

il eut été

nous eûmes été

vous eûtes été

ils eurent été

Indéfini

j' étais

tu étais

il était

nous étions

vous étiez

ils étaient

j' avais été

tu avais été

il avait été

nous avions été

vous aviez été

ils avaient été

Futur

Défini

je serai

tu seras

il sera

nous serons

vous serez

ils seront

j' aurai été

tu auras été

il aura été

nous aurons été

vous aurez été

ils auront été

Indéfini

je serais

tu serais

il serait

nous serions

vous seriez

ils seraient

j' aurais été

tu aurais été

il aurait été

nous aurions été

vous auriez été

ils auraient été

SUBJONCTIF

Défini

que je sois

que tu sois

qu'il soit

que nous soyons

que vous soyez

qu'ils soient

que j' aie été

que tu aies été

qu'il ait été

que nous ayons été

que vous ayez été

qu'ils aient été

Indéfini

que je fusse

que tu fusses

qu'il fût

que nous fussions

que vous fussiez

qu'ils fussent

que j' eusse été

que tu eusses été

qu'il eût été

que nous eussions été

que vous eussiez été

qu’ils eussent été

INJONCTIF

sois

soyons

soyez

aie été

ayons été

ayez été

1e groupe en -er: CHANTER

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Morphologie physique – Les variations de la forme

371

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF chanter avoir chanté

INDEFINITIF chantant ayant chanté

DEFINITIF chanté eu chanté

OB

JO

NC

TIF

Présent

je chante

tu chantes

il chante

nous chantons

vous chantez

ils chantent

j' ai chanté

tu as chanté

il a chanté

nous avons chanté

vous avez chanté

ils ont chanté

Passé

Défini

je chantai

tu chantas

il chanta

nous chantâmes

vous chantâtes

ils chantèrent

j' eus chanté

tu eus chanté

il eut chanté

nous eûmes chanté

vous eûtes chanté

ils eurent chanté

Indéfini

je chantais

tu chantais

il chantait

nous chantions

vous chantiez

ils chantaient

j' avais chanté

tu avais chanté

il avait chanté

nous avions chanté

vous aviez chanté

ils avaient chanté

Futur

Défini

je chanterai

tu chanteras

il chantera

nous chanterons

vous chanterez

ils chanteront

j' aurai chanté

tu auras chanté

il aura chanté

nous aurons chanté

vous aurez chanté

ils auront chanté

Indéfini

je chanterais

tu chanterais

il chanterait

nous chanterions

vous chanteriez

ils chanteraient

j' aurais chanté

tu aurais chanté

il aurait chanté

nous aurions chanté

vous auriez chanté

ils auraient chanté

SUBJONCTIF

Défini

que je chante

que tu chantes

qu'il chante

que nous chantions

que vous chantiez

qu'ils chantent

que j' aie chanté

que tu aies chanté

qu'il ait chanté

que nous ayons chanté

que vous ayez chanté

qu'ils aient chanté

Indéfini

que je chantasse

que tu chantasses

qu'il chantât

que nous chantassions

que vous chantassiez

qu'ils chantassent

que j' eusse chanté

que tu eusses chanté

qu'il eût chanté

que nous eussions chanté

que vous eussiez chanté

qu'ils eussent chanté

INJONCTIF

chante

chantons

chantez

aie chanté

ayons chanté

ayez chanté

2e groupe en -ir: FINIR

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La grammaire du verbe

372

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF finir avoir fini

INDEFINITIF finissant ayant fini

DEFINITIF fini eu fini

OB

JO

NC

TIF

Présent

je finis

tu finis

il finit

nous finissons

vous finissez

ils finissent

j’ ai fini

tu as fini

il a fini

nous avons fini

vous avez fini

ils ont fini

Passé

Défini

je finis

tu finis

il finit

nous finîmes

vous finîtes

ils finirent

j' eus fini

tu eus fini

il eut fini

nous eûmes fini

vous eûtes fini

ils eurent fini

Indéfini

je finissais

tu finissais

il finissait

nous finissions

vous finissiez

ils finissaient

j' avais fini

tu avais fini

il avait fini

nous avions fini

vous aviez fini

ils avaient fini

Futur

Défini

je finirai

tu finiras

il finira

nous finirons

vous finirez

ils finiront

j' aurai fini

tu auras fini

il aura fini

nous aurons fini

vous aurez fini

ils auront fini

Indéfini

je finirais

tu finirais

il finirait

nous finirions

vous finiriez

ils finiraient

j' aurais fini

tu aurais fini

il aurait fini

nous aurions fini

vous auriez fini

ils auraient fini

SUBJONCTIF

Défini

que je finisse

que tu finisses

qu'il finisse

que nous finissions

que vous finissiez

qu'ils finissent

que j' aie fini

que tu aies fini

qu'il ait fini

que nous ayons fini

que vous ayez fini

qu'ils aient fini

Indéfini

que je finisse

que tu finisses

qu'il finît

que nous finissions

que vous finissiez

qu'ils finissent

que j' eusse fini

que tu eusses fini

qu'il eût fini

que nous eussions fini

que vous eussiez fini

qu'ils eussent fini

INJONCTIF

finis

finissons

finissez

aie fini

ayons fini

ayez fini

3e groupe en -er: ALLER

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Morphologie physique – Les variations de la forme

373

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF aller être allé

INDEFINITIF allant étant allé

DEFINITIF allé été allé

OB

JO

NC

TIF

Présent

je vais

tu vas

il va

nous allons

vous allez

ils vont

je suis allé

tu es allé

il est allé

nous sommes allés

vous êtes allés

ils sont allés

Passé

Défini

j' allai

tu allas

il alla

nous allâmes

vous allâtes

ils allèrent

je fus allé

tu fus allé

il fut allé

nous fûmes allés

vous fûtes allés

ils furent allés

Indéfini

j' allais

tu allais

il allait

nous allions

vous alliez

ils allaient

j' étais allé

tu étais allé

il était allé

nous étions allés

vous étiez allés

ils étaient allés

Futur

Défini

j' irai

tu iras

il ira

nous irons

vous irez

ils iront

je serai allé

tu seras allé

il sera allé

nous serons allés

vous serez allés

ils seront allés

Indéfini

j' irais

tu irais

il irait

nous irions

vous iriez

ils iraient

je serais allé

tu serais allé

il serait allé

nous serions allés

vous seriez allés

ils seraient allés

SUBJONCTIF

Défini

que j' aille

que tu ailles

qu'il aille

que nous allions

que vous alliez

qu'ils aillent

que je sois allé

que tu sois allé

qu'il soit allé

que nous soyons allés

que vous soyez allés

qu'ils soient allés

Indéfini

que j' allasse

que tu allasses

qu'il allât

que nous allassions

que vous allassiez

qu'ils allassent

que je fusse allé

que tu fusses allé

qu'il fût allé

que nous fussions allés

que vous fussiez allés

qu'ils fussent allés

INJONCTIF

va

allons

allez

sois allé

soyons allés

soyez allés

3e groupe en -ir: TENIR

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La grammaire du verbe

374

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF tenir avoir tenu

INDEFINITIF tenant ayant tenu

DEFINITIF tenu eu tenu

OB

JO

NC

TIF

Présent

je tiens

tu tiens

il tient

nous tenons

vous tenez

ils tiennent

j' ai tenu

tu as tenu

il a tenu

nous avons tenu

vous avez tenu

ils ont tenu

Passé

Défini

je tins

tu tins

il tint

nous tînmes

vous tîntes

ils tinrent

j' eus tenu

tu eus tenu

il eut tenu

nous eûmes tenu

vous eûtes tenu

ils eurent tenu

Indéfini

je tenais

tu tenais

il tenait

nous tenions

vous teniez

ils tenaient

j' avais tenu

tu avais tenu

il avait tenu

nous avions tenu

vous aviez tenu

ils avaient tenu

Futur

Défini

je tiendrai

tu tiendras

il tiendra

nous tiendrons

vous tiendrez

ils tiendront

j' aurai tenu

tu auras tenu

il aura tenu

nous aurons tenu

vous aurez tenu

ils auront tenu

Indéfini

je tiendrais

tu tiendrais

il tiendrait

nous tiendrions

vous tiendriez

ils tiendraient

j' aurais tenu

tu aurais tenu

il aurait tenu

nous aurions tenu

vous auriez tenu

ils auraient tenu

SUBJONCTIF

Défini

que je tienne

que tu tiennes

qu'il tienne

que nous tenions

que vous teniez

qu'ils tiennent

que j' aie tenu

que tu aies tenu

qu'il ait tenu

que nous ayons tenu

que vous ayez tenu

qu'ils aient tenu

Indéfini

que je tinsse

que tu tinsses

qu'il tînt

que nous tinssions

que vous tinssiez

qu'ils tinssent

que j' eusse tenu

que tu eusses tenu

qu'il eût tenu

que nous eussions tenu

que vous eussiez tenu

qu'ils eussent tenu

INJONCTIF

tiens

tenons

tenez

aie tenu

ayons tenu

ayez tenu

3e groupe en -oir: VOIR

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Morphologie physique – Les variations de la forme

375

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF voir avoir vu

INDEFINITIF voyant ayant vu

DEFINITIF vu eu vu

OB

JO

NC

TIF

Présent

je vois

tu vois

il voit

nous voyons

vous voyez

ils voient

j' ai vu

tu as vu

il a vu

nous avons vu

vous avez vu

ils ont vu

Passé

Défini

je vis

tu vis

il vit

nous vîmes

vous vîtes

ils virent

j' eus vu

tu eus vu

il eut vu

nous eûmes vu

vous eûtes vu

ils eurent vu

Indéfini

jje voyais

tu voyais

il voyait

nous voyions

vous voyiez

ils voyaient

j' avais vu

tu avais vu

il avait vu

nous avions vu

vous aviez vu

ils avaient vu

Futur

Défini

je verrai

tu verras

il verra

nous verrons

vous verrez

ils verront

j' aurai vu

tu auras vu

il aura vu

nous aurons vu

vous aurez vu

ils auront vu

Indéfini

je verrais

tu verrais

il verrait

nous verrions

vous verriez

ils verraient

j' aurais vu

tu aurais vu

il aurait vu

nous aurions vu

vous auriez vu

ils auraient vu

SUBJONCTIF

Défini

que je voie

que tu voies

qu'il voie

que nous voyions

que vous voyiez

qu'ils voient

que j' aie vu

que tu aies vu

qu'il ait vu

que nous ayons vu

que vous ayez vu

qu'ils aient vu

Indéfini

que je visse

que tu visses

qu'il vît

que nous vissions

que vous vissiez

qu'ils vissent

que j' eusse vu

que tu eusses vu

qu'il eût vu

que nous eussions vu

que vous eussiez vu

qu'ils eussent vu

INJONCTIF

vois

voyons

voyez

aie vu

ayons vu

ayez vu

3e groupe en –re : MOUDRE

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La grammaire du verbe

376

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF moudre avoir moulu

INDEFINITIF moulant ayant moulu

DEFINITIF moulu eu moulu

OB

JO

NC

TIF

Présent

je mouds

tu mouds

il moud

nous moulons

vous moulez

ils moulent

j' ai moulu

tu as moulu

il a moulu

nous avons moulu

vous avez moulu

ils ont moulu

Passé

Défini

je moulus

tu moulus

il moulut

nous moulûmes

vous moulûtes

ils moulurent

j' eus moulu

tu eus moulu

il eut moulu

nous eûmes moulu

vous eûtes moulu

ils eurent moulu

Indéfini

je moulais

tu moulais

il moulait

nous moulions

vous mouliez

ils moulaient

j' avais moulu

tu avais moulu

il avait moulu

nous avions moulu

vous aviez moulu

ils avaient moulu

Futur

Défini

je moudrai

tu moudras

il moudra

nous moudrons

vous moudrez

ils moudront

j' aurai moulu

tu auras moulu

il aura moulu

nous aurons moulu

vous aurez moulu

ils auront moulu

Indéfini

je moudrais

tu moudrais

il moudrait

nous moudrions

vous moudriez

ils moudraient

j' aurais moulu

tu aurais moulu

il aurait moulu

nous aurions moulu

vous auriez moulu

ils auraient moulu

SUBJONCTIF

Défini

que je moule

que tu moules

qu'il moule

que nous moulions

que vous mouliez

qu'ils moulent

que j' aie moulu

que tu aies moulu

qu'il ait moulu

que nous ayons moulu

que vous ayez moulu

qu'ils aient moulu

Indéfini

que je moulusse

que tu moulusses

qu'il moulût

que nous moulussions

que vous moulussiez

qu'ils moulussent

que j' eusse moulu

que tu eusses moulu

qu'il eût moulu

que nous eussions moulu

que vous eussiez moulu

qu'ils eussent moulu

INJONCTIF

mouds

moulons

moulez

aie moulu

ayons moulu

ayez moulu

Forme équivoque essentielle (conjuguée avec être): SE MARIER

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Morphologie physique – Les variations de la forme

377

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF se marier s’être marié

INDEFINITIF se mariant s’étant marié

DEFINITIF marié eu marié

OB

JO

NC

TIF

Présent

je me marie

tu te maries

il se marie

n. nous marions

v. vous mariez

ils se marient

je me suis marié

tu t' es marié

il s' est marié

n. nous sommes mariés

v. vous êtes mariés

ils se sont mariés

Passé

Défini

je me mariai

tu te marias

il se maria

n. nous mariâmes

v. vous mariâtes

ils se marièrent

je me fus marié

tu te fus marié

il se fut marié

n. nous fûmes mariés

v. vous fûtes mariés

ils se furent mariés

Indéfini

je me mariais

tu te mariais

il se mariait

n. nous mariions

v. vous mariiez

ils se mariaient

je m' étais marié

tu t' étais marié

il s' était marié

n. nous étions mariés

v. v. étiez mariés

ils s' étaient mariés

Futur

Défini

je me marierai

tu te marieras

il se mariera

n. nous marierons

v. vous marierez

ils se marieront

je me serai marié

tu te seras marié

il se sera marié

n. nous serons mariés

v. vous serez mariés

ils se seront mariés

Indéfini

je me marierais

tu te marierais

il se marierait

n. nous marierions

v. vous marieriez

ils se marieraient

je me serais marié

tu te serais marié

il se serait marié

n. nous serions mariés

v. vous seriez mariés

ils se seraient mariés

SUBJONCTIF

Défini

q. je me marie

q. tu te maries

q.’il se marie

q. n. n. mariions

q. v. v. mariiez

q.’ils se marient

q. je me sois marié

q. tu te sois marié

q.’il se soit marié

q. n. n. soyons mariés

q. v. v. soyez mariés

q.’ils se soient mariés

Indéfini

q. je me mariasse

q. tu te mariasses

q.’il se mariât

q. n. n. mariassions

q. v. v. mariassiez

q.’ils se mariassent

q. je me fusse marié

q. tu te fusses marié

q.’il se fût marié

q. n. n. fussions mariés

q. v. v. fussiez mariés

q.’ils se fussent mariés

INJONCTIF

marie-toi

marions-nous

mariez-vous

sois-toi marié

soyons-nous mariés

soyez-vous mariés

Forme équivoque existentielle (conjuguée avec être) : PARTIR

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La grammaire du verbe

378

MODE DU FAIT DU PARFAIT

INFINITIF partir être parti

INDEFINITIF partant étant parti

DEFINITIF parti été parti

OB

JO

NC

TIF

Présent

je pars

tu pars

il part

nous partons

vous partez

ils partent

je suis parti

tu es parti

il est parti

nous sommes partis

vous êtes partis

ils sont partis

Passé

Défini

je partis

tu partis

il partit

nous partîmes

vous partîtes

ils partirent

je fus parti

tu fus parti

il fut parti

nous fûmes partis

vous fûtes partis

ils furent partis

Indéfini

je partais

tu partais

il partait

nous partions

vous partiez

ils partaient

j' étais parti

tu étais parti

il était parti

nous étions partis

vous étiez partis

ils étaient partis

Futur

Défini

je partirai

tu partiras

il partira

nous partirons

vous partirez

ils partiront

je serai parti

tu seras parti

il sera parti

nous serons partis

vous serez partis

ils seront partis

Indéfini

je partirais

tu partirais

il partirait

nous partirions

vous partiriez

ils partiraient

je serais parti

tu serais parti

il serait parti

nous serions partis

vous seriez partis

ils seraient partis

SUBJONCTIF

Défini

que je parte

que tu partes

qu'il parte

que nous partions

que vous partiez

qu'ils partent

que je sois parti

que tu sois parti

qu'il soit parti

que nous soyons partis

que vous soyez partis

qu'ils soient partis

Indéfini

que je partisse

que tu partisses

qu'il partît

que nous partissions

que vous partissiez

qu'ils partissent

que je fusse parti

que tu fusses parti

qu'il fût parti

que nous fussions partis

que vous fussiez partis

qu'ils fussent partis

INJONCTIF

pars

partons

partez

sois parti

soyons partis

soyez parts

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Syntaxe psychique

379

CHAPITRE II : LA SYNTAXE DU VERBE

La syntaxe du verbe est la partie de la grammaire qui s’intéresse à la fonction

projet, c’est-à-dire au rapport psychique et physique que le verbe entretient avec

d’autres mots dans le propos. Cette définition implique l’étude :

- De la syntaxe psychique du projet : (1A).

- Et de sa syntaxe physique : (1B).

1A. LA SYNTAXE PSYCHIQUE

La syntaxe psychique s’occupe du sens et de l’emploi de la fonction projet. Cette

question a été suffisamment débattue dans l’ouvrage sans qu’il soit besoin d’y

revenir. Rappelons brièvement que le projet est le verbe qui dit l’état ou/et l’action du sujet :

Le sens de sa fonction doit s’analyser au niveau :

- Du sens de sa personnalité, dont on sait qu’elle est impersonnalisée ou person-

nalisée, personnelle ou impersonnelle.

- Et du sens de la réalité qu’il signifie par l’intermédiaire :

De sa fonction vocale, invocative ou évocative, univoque ou équivoque.

De sa fonction vectrice, invectrice ou évectrice, univectrice ou équivectrice.

L’emploi de sa fonction doit faire une large part à la distinction entre les

formes de sens et les formes de contresens qui commandent l’exercice de fonc-tions grammaticales propres à chacune d’entre elles.

1B. LA SYNTAXE PHYSIQUE

Elle édicte les règles :

- De l’ordonnance physique du projet dans le propos : (2A).

- Et du rapport physique qu’il entretient avec les autres mots : (2B).

2A. L’ORDONNANCE PHYSIQUE DU PROJET

L’ordonnance du projet dans le propos dépend :

- D’abord de son apport : (1a).

- Ensuite de son transport : (1b).

1a. L’apport du projet

L’apport du projet dans le propos laisse :

- Une trace explicite de son occurrence : (2a).

- Ou même une trace implicite de sa non-occurrence : (2b).

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La grammaire du verbe

380

2a. L’occurrence

Le propos réalisé comporte toujours un projet qui s’exprime en présence du sujet,

ou même en son absence.

La présence du sujet. Il peut y avoir :

Un sujet pour un projet, voire un sujet pour plusieurs projets.

Ex. : Jules chante.

Ex. : Jules rangea son sac, mit sa veste et nous quitta.

Ou plusieurs sujets.

- L’accord du projet se fait au pluriel avec « les » sujets.

Ex. : Jules, Julien, Julie et Juliette sont partis de la maison.

- Mais « le » sujet (singulier ou pluriel) ne se dédouble pas, la grammaire n’est

pas schizophrène, l’être est une unité, il ne se divise pas. Le « redoublement » ou

la « reprise » du sujet n’existent donc pas. Il faut savoir reconnaître un complé-

ment identificatif attributif du sujet qui est :

Détaché du sujet s’il est apposé ou exposé.

Ex. : Ce garçon, il est sympathique.

Ou rattaché au sujet, par l’intermédiaire du projet, dans un propos énonciatif ou interrogatif.

Ex. : Il est sympathique ce garçon. Ce garçon est-il sympathique ?

L’absence du sujet se rencontre en cas :

D’ellipse du sujet s’il est omis et sous-entendu :

- Dans le propos réalisé.

Ex. : Ton père et ta mère honoreras.

- Et dans le propos verbal réifié,

Ex. : Voir Naples et mourir.

Ex. : Fallait le faire !

Ou d’éclipse du sujet lorsqu’il n’est pas omis ni sous-entendu.

- Particulièrement dans le propos injonctif, qu’il soit univoque, ou même essen-

tiellement équivoque.

Ex. : Venez. Taisez-vous.

- Mais aussi parfois dans le propos subjonctif.

Ex. : Soit deux droites parallèles. (Qu’il soit deux droites parallèles).

2b. La non-occurrence

L’apport du projet se fait sentir même en son absence, ici aussi, en cas d’ellipse

ou d’éclipse du projet.

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Syntaxe physique – Ordonnance physique du projet

381

L’ellipse est une omission qui permet de raccourcir l’énoncé. Il y a ellipse du

projet lorsque son absence ne porte pas préjudice à la compréhension du propos

s’il est sous entendu et qu’on peut le restituer.

Ex. : Jules aime le vin, Julie la limonade, et moi les deux.

L’éclipse est une démission du mot qui fait partie de la syntaxe. Ici le mot

n’est pas omis ni sous entendu et le propos reste complet. Il y a éclipse du projet

toute les fois qu’il est occulté par un procédé de détachement ou de rattachement.

L’éclipse concerne :

L’ancillaire être si l’on est en présence d’un complément identificatif ou

qualificatif attributif. Précisons que ce complément est :

- Détaché, lorsqu’il se trouve séparé de la fonction du nom qu’il complète par un

moyen de ponctuation ou une intonation particulière.

Ex. : Il a une passion, la lecture. (Sa passion est la lecture).

L’identificatif attributif la lecture, de l’objet sa passion se construit en l’absence

du verbe être, comme le font d’autres langues (le russe, l’hébreux, etc.). Ici le

verbe être n’est pas utile à la compréhension du propos, il est occulté par la ponc-

tuation et l’intonation attributive du complément identificatif.

- Rattaché, s’il est complément attributif de la fonction du nom qu’il complète par l’intermédiaire du sens du verbe et qu’il se rattache naturellement au nom

sans être affecté d’une intonation particulière.

Ex. : Jules part soldat. (Jules est soldat).

Le sens du verbe être est occulté par le verbe d’action partir qui, d’une certaine

manière, signifie aussi l’existence d’un état essentiel du sujet.

L’ancillaire avoir si l’on est en présence d’un complément identificatif ou

qualificatif objectif qui est aussi :

- Détaché.

Ex. : Jules est parti, la mine piteuse. (Jules a la mine piteuse).

Le verbe avoir est occulté par la ponctuation et l’intonation attributive de

l’identificatif objectif du sujet. - Rattaché.

Ex. : On a vu Jules l’air inquiet. (Jules a l’air inquiet).

L’état existentiel de l’objet Jules émane du verbe d’action voir.

1b. Le transport du projet

On l’apprécie selon :

- Sa position, qui montre l’ordre du projet par rapport au sujet : (2a).

- Et sa disposition qui indique son ordonnance dans le propos : (2b).

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La grammaire du verbe

382

2a. La position

La position du projet s’analyse toujours par rapport à celle du sujet.

- Généralement il est postposé : (3a).

- Il est aussi antéposé en cas d’inversion du sujet : (3b).

3a. La postposition

Le projet se place après le sujet, qui prend alors le nom de sujet « subjectif ».

Ex. : Quand les cigognes passent.

Ex. : Paris est la capitale de la France.

3b. L’antéposition

Mais il est aussi antéposé si le sujet est « objectif ».

Ex. : Quand passent les cigognes.

Ex. : La capitale de la France est Paris.

L’antéposition du projet est :

- Obligatoire :

Avec un verbe au subjonctif sans que.

Ex. : Soit un triangle ABC.

Avec les pronoms tel et ce en position attribut subjectif.

Ex. : Telle est ma volonté.

Ex. : Ce sont nos amis. - Recommandée :

Dans le propos interrogatif et exclamatif.

Ex. : Qui êtes-vous ? Est-ce que tu viens ? Est-il maladroit !

Dans la proposition incise.

Ex. : Jules, demanda Julie, viens-tu avec nous ?

- Facultative après :

Un adverbe.

Ex. : Quand vient la nuit.

Un complément circonstanciel.

Ex. : Dans cette grotte vivait un moine.

Un attribut subjectif. Ex. : La capitale de la France est Paris.

Ex. : Mon mal sont des vapeurs (Mme de Sévigné).

Un pronom relatif ou un adverbe relatif.

Ex. : Une histoire que racontent certaines personnes.

Ex. : On sait où passe l’argent.

Un verbe qui assure la liaison avec un propos précédent.

Ex. : Après ce qui vient d’être dit, reste une dernière question.

2b. La disposition

Le projet est disposable de telle manière qu’il soit :

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Syntaxe physique – Ordonnance physique du projet

383

- Rattaché au sujet : (3a).

- Ou détaché de lui : (3b).

3a. La disposition rattachée

Le projet est habituellement rattaché au sujet, on dit qu’il y a :

Juxtaposition s’il se trouve au contact du sujet. Dans ce cas, il est :

- Post-juxtaposé s’il est disposé après.

Ex. : Il vient. - Anté-juxtaposé s’il est disposé avant.

Ex. : Vient-il ?

Transposition lorsqu’il est séparé de son sujet par d’autres mots et qu’il se

rattache normalement au sujet dans le cours naturel du propos. Il est :

- Post-transposé s’il est disposé après.

Ex. : Jules vous le dira lui-même.

- Anté-transposé s’il est disposé avant.

Ex. : Du bout de l’horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants (La Fontaine).

3b. La disposition détachée Le projet est détaché quand il est séparé du sujet par la ponctuation ou

l’intonation, et qu’il se trouve apposé ou exposé.

L’apposition est une juxtaposition détachée. Le projet est :

- Post-apposé s’il est juxtaposé et détaché après le sujet.

Ex. : Jules…devrait être avec les autres, je suppose.

- Anté-apposé s’il est juxtaposé et détaché avant le sujet.

Ex. : Voici qu’arrive, celui qu’on attendait plus !

L’exposition est une transposition détachée. Le projet est :

- Post-exposé s’il est transposé et détaché après le sujet. Ex. : Louis XI, l’universelle aragne, restaura le pouvoir royal.

- Anté-exposé s’il est transposé et détaché avant le sujet.

Ex. : Voici qu’arrive enfin, celui qu’on attendait plus !

2B. L’HARMONISATION PHYSIQUE DU PROJET

Elle s’apprécie au niveau :

- Du raccord : (1a).

- Et de l’accord physique du projet : (1b).

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La grammaire du verbe

384

1a. Le raccord physique du projet

L’implément projet exerce une fonction substantielle directe, à ce titre son rac-

cord physique au sujet est toujours de nature téléotaxique directe, qu’il soit :

- Non instrumenté.

Ex. : Les grenouilles sautent dans les ondes.

- Ou instrumenté par une préposition préverbale.

Ex. : Et grenouilles de sauter dans les ondes (La Fontaine).

1b. L’accord physique du projet Le projet s’accorde physiquement avec le sujet, et dans certaines conditions, il

s’accorde aussi avec l’objet. Cet accord est :

- Sylleptique s’il est implicite : (2a).

- Syntaxique s’il est explicite : (2b).

2a. L’accord sylleptique

L’accord psychique du projet domine son accord physique. En clair l’accord du

sens régit l’accord de la forme. Un mot provoque souvent l’accord du projet en

personne et en nombre ou en genre et en nombre, sans être lui-même explicite-

ment porteur de ces sens. Surtout quand il s’agit :

- Des pronoms de la première et deuxième personne qui n’ont pas de genre.

Ex. : Je suis arrivée.

- Des pronoms qui, quiconque, on.

Ex. : Qui est venue manger la confiture ?

- Des figures prénominales ou pronominales exprimant la quantité.

Ex. : Moins de trente secondes a suffi. Ex. : Beaucoup sont venues, mais la plupart sont absentes.

- D’un nom qui possède les deux genres.

Ex. : Les journalistes étaient parties.

- D’un titre.

Ex. : Les Rougon-Macquart est un roman de Zola.

- De l’expression du nombre.

Ex. : Sept heures a sonné.

- De l’injonctif, pour lequel l’accord se fait avec un sujet inapparent.

Ex. : Venez !

2b. L’accord syntaxique L’accord syntaxique du projet diffère selon qu’il s’agit d’une forme modale :

- Majeure, qui s’accorde existentiellement (en personne) « et » essentiellement (en nombre) : (3a).

- Ou de la forme mineure du définitif, qui s’accorde essentiellement (en genre et en nombre) « ou » existentiellement (au masculin singulier) : (3b).

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Syntaxe physique – Harmonisation physique du projet

385

3a. L’accord majeur

Il concerne autant l’ancillaire que l’auxiliaire et dépend :

- De la personne : (4a).

- Et du nombre de sujets : (4b).

4a. L’accord avec la personne du sujet

Il tient compte :

- De la personnalité du sujet : (5a).

- Et de l’absence de personnalité du pronom relatif qui : (5b).

5a. La personnalité du sujet

C’est celle :

- D’un sujet personnel qui provoque l’accord en personne et en nombre. Ex. : Je chante. Tu chantes. Il ou elle chante. Nous chantons. Vous chan-

tez. Ils ou elles chantent.

- Ou d’un sujet impersonnel qui provoque l’accord existentiel à la troisième

personne du masculin singulier.

Ex. : Il pleut des cordes. C’est les vacances. C’est nous. Est-ce vous ?

5b. Le pronom relatif qui

Le pronom relatif sujet qui n’a pas de personnalité propre, il emprunte celle de

son antécédent, le projet s’accorde avec lui.

Ex. : J’entends un enfant qui chante. J’entends des enfants qui chantent.

Avec les antécédents : le seul, le premier, le dernier, l’unique, etc. en fonction

attribut, l’accord se fait : - Soit avec l’antécédent attribut.

Ex. : Tu es le seul qui pourrait réussir.

- Soit avec l’antécédent sujet.

Ex. : Tu es le seul qui pourrais réussir.

4b. L’accord avec le nombre de sujets

Il diffère selon que le sujet est :

- Unique : (5a).

- Ou multiple : (5b).

5a. Avec un sujet unique

Des difficultés d’accord apparaissent parfois avec le sujet :

Numéral

- L’accord est au pluriel si le sujet est considéré comme un nombre. Ex. : Vingt ans ont passé. Sept heures ont sonné.

- Il se fait au singulier s’il est considéré comme une totalité.

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La grammaire du verbe

386

Ex. : Vingt ans est un bel age. Sept heures est le moment du dîner.

Collectif : Si le sujet est un nom collectif singulier suivi d’un complément

identificatif au pluriel, et que :

- Le collectif est précédé d’un prénom indéfini, l’accord se fait avec lui ou avec

le complément.

Ex. : Une troupe de soldats défile. Une troupe de soldats défilent.

- Mais si le collectif est défini c’est lui qui provoque l’accord.

Ex. : La (cette, ma) troupe de soldats défile.

Quotitatif: Ce mot signifie la partie, le quota d’un ensemble, comme une

fraction ou un pourcentage. Si le sujet est un quotitatif singulier suivi d’un com-

plément identificatif au pluriel, la règle précédente s’applique :

- Si le quotitatif est indéfini le choix de l’accord est possible.

Ex. : Un tiers des participants a voté. Un tiers des participants ont voté.

Ex. : Environ 30 % des participants a voté. Près de 30 % des participants

ont voté.

- S’il est défini le choix n’est plus possible, l’accord se fait :

Avec le singulier de la fraction.

Ex. : Le tiers des participants a voté.

Avec le pluriel du pourcentage. Ex. : 30 % des participants ont voté.

.

Quantitatif :

- Si le sujet est instrumenté par les figures prénominales quantitatives beaucoup

de, trop de, peu de, tant de, assez de, combien de, nombre de, quantité de, etc. :

L’accord en nombre se fait avec le nom sujet sans tenir compte du prénom.

Ex. : Beaucoup de monde est arrivé. Beaucoup de gens sont arrivés.

- Mais s’il est une figure pronominale quantitative, l’accord se fait au pluriel.

Ex. : Beaucoup viendront. Combien viendront ?

5b. Avec un sujet multiple

L’accord en personne se conforme à la règle suivante :

- La première personne domine les deux autres.

Ex. : Moi (1°) et toi (2°) irons (1°) à Paris.

Ex. : Moi (1°) et lui (3°) irons (1°) à Paris.

- La seconde l’emporte sur la troisième.

Ex. : Toi (2°) et lui (3°) irez (2°) à Paris.

L’accord en genre : le masculin l’emporte sur le féminin.

Ex. : Lui et sa sœur sont arrivés les premiers.

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Syntaxe physique – Harmonisation physique du projet

387

L’accord en nombre obéit au sens. Si les sujets sont :

Apposés, l’accord se fait :

- Au pluriel.

Ex. : Jules, Julie, Juliette, sont arrivés ce matin.

- Ou au singulier si le sens le demande.

Ex. : Un sourire, un regard, une simple attention suffit à la séduire.

Les sujets apposés ne doivent pas être confondus avec les compléments identifi-

catifs attributifs d’un pronom sujet qui commande le singulier. Ex. : Amour, gloire et beauté, rien ne lui manque.

Coordonnés

- S’ils sont coordonnés par et, ou, ni, l’accord se fait selon le sens :

Au pluriel.

Ex. : Jules et Jean sont arrivés ce matin.

Ex. : Je m’en vais ou je m’en vas car l’un et l’autre se dit ou se disent

(Vaugelas).

Ex. : Jules ou Jean devront partir. L’une ou l’autre seront présentes.

Ex. : Ni toi ni moi n’y pouvons rien. Ni l’un ni l’autre n’ont jamais rien su.

Au singulier. Ex. : Ceci et cela me plaît (Littré). Gémir et pleurer est lâche.

Ex. : Je m’en vais ou je m’en vas car l’un et l’autre se dit ou se disent

(Vaugelas).

Ex. : Jules ou Jean a triché. L’un ou l’autre a triché.

Ex. : Ni Jules ni Jean n’est excusé. Ni l’un ni l’autre n’est excusé.

- Coordonnés par ainsi que, de même que, comme, surtout, il n’y a pas d’accord

si le deuxième sujet est apposé, comme s’il était une parenthèse.

Ex. : Le fromage ainsi que le dessert étaient infects.

Ex. : Le fromage, ainsi que le dessert, était infect.

3b. L’accord mineur du définitif

L’ancillaire définitif s’accorde avec son sujet s’il est employé :

- Sans auxiliaire : (4a).

- Ou avec l’auxiliaire : (4b).

4a. Employé sans auxiliaire Lorsque le définitif est employé sans auxiliaire, il faut distinguer :

- La forme grammaticale du définitif qui s’accorde : (5a).

- De certaines figures qui s’accordent ou ne s’accordent pas : (5b).

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La grammaire du verbe

388

5a. La forme du définitif

Dans la proposition définitive, la forme verbale du définitif s’accorde essentiel-

lement avec le sujet personnifié comme un adjectif avec le nom.

Ex. : Ces personnes arrivées hier devront partir aujourd’hui.

Ex. : La nuit venue tous les chats sont gris.

5b. Les figures du définitif

Il faut ici distinguer entre :

- La figure du définitif adjectival qui s’accorde. - Des autres figures qui ne s’accordent pas.

Le définitif adjectival s’accorde toujours.

- Soit qu’il exerce la fonction instructive :

De qualificatif du nom.

Ex. : Il a retrouvé sa fille aimée.

De qualificatif attributif du sujet, de l’objet, de l’attribut, etc.

Ex. : Abandonné de tous, il est parti pour ne plus revenir.

Ex. : Il aime sa salade, assaisonnée.

Ex. : Charmée, elle l’était assurément.

- Soit qu’il exerce la fonction constructive :

D’attribut qualificatif du sujet. Ex. : La souris est mangée par le chat.

Ou d’attribut qualificatif du nom objet.

Ex. : Jules rend sa femme heureuse.

Deux figures du définitif ne s’accordent pas :

- Le définitif adverbial : ci-joint, ci-inclus, ci-annexé ne s’accordent pas quand ils

sont employés comme des adverbes placés après le verbe.

Ex. : Vous trouverez ci-joint les factures du produit.

Mais ils s’accordent s’ils sont des adjectifs placés après le nom.

Ex. : Je vous adresse les factures ci-jointes.

- Le définitif prépositionnel : vu, attendu, excepté, non compris, y compris, sup-posé, etc. ne s’accordent pas s’ils sont employés devant le nom comme des pré-

positions.

Ex. : Nous avons tout vendu excepté ces quelques babioles.

Mais ils s’accordent s’ils sont des adjectifs placés après le nom.

Ex. : Nous avons tout vendu, ces quelques babioles exceptées.

4b. Employé avec un auxiliaire

Employé avec un auxiliaire le définitif s’accorde avec l’être du sujet ou avec la

chose de l’objet.

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Syntaxe physique – Harmonisation physique du projet

389

- Le sujet est un être grammatical. L’essence et l’existence du sujet personnel

sont insépararables, ont dit qu’elles « procèdent » l’une de l’autre dans la mesure

où elles sont intimement liées. Mais au terme de l’existence, l’essence et

l’existence se séparent et le sujet finit d’exister :

Soit essentiellement si le définitif se conjugue avec l’auxiliaire être.

Ex. : Elles sont mortes.

Soit existentiellement s’il se conjugue avec avoir.

Ex. : Elles ont vécu.

- L’objet n’est pas un être, c’est une chose grammaticale dont l’essence et l’existence ne se confondent pas, elles sont séparées. L’objet n’existe que « essen-

tiellement » ou « existentiellement ».

Dans l’ordre de l’univers, une chose existe essentiellement si son essence

« précède » son existence. Elle ne finira d’exister essentiellement que si son

existence finit d’exister. Il en va de même dans l’ordre de la grammaire :

l’objet « essentiel » finira d’exister essentiellement, à la seule condition que

son essence précède la fin de son existence, en se plaçant avant le définitif.

Elle existe existentiellement, si son existence « précède » son essence, elle ne

pourra jamais finir d’exister essentiellement puisque son existence la précède.

Dans l’ordre de la grammaire, l’objet « existentiel » ne peut jamais signifier

qu’il finit d’exister essentiellement, même s’il se place avant le projet,

puisqu’il a déjà fini d’exister existentiellement.

Le projet définitif doit tenir compte de ces données, il devra :

- S’accorder en genre et en nombre avec le sujet ou l’objet qui finissent d’exister

essentiellement. Ici on dira qu’il y a « accord essentiel » : (5a).

- Ne pas s’accorder en genre et en nombre avec le sujet ou l’objet qui finissent

d’exister existentiellement. Ici on dira qu’il y a accord « existentiel » ou « non

accord essentiel » : (5b).

5a. L’accord essentiel

Voyons successivement l’accord avec :

- Le sujet : (6a).

- Et l’objet placé avant : (6b).

6a. L’accord essentiel avec le sujet

Le définitif s’accorde toujours en genre et en nombre avec son sujet lorsque l’auxiliaire être conjugue :

- La voix équivoque existentielle : (7a).

- Et la voix équivoque essentielle subjective : (7b).

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La grammaire du verbe

390

7a. La voix équivoque existentielle

Le verbe équivoque existentiel se conjugue avec l’auxiliaire être qui est le seul à

pouvoir révéler l’état essentiel qui se trouve dissimulé dans la forme

« d’existence » du verbe, en l’occurrence celle de l’ancillaire définitif qui

s’accorde en genre et en nombre avec lui.

Ex. : Ces personnes sont arrivées hier.

En présence de l’auxiliaire être le définitif arrivées montre un état essentiel de

l’existence du sujet ces personnes. Il s’accorde avec lui.

7b. La voix équivoque essentielle subjective

Dans cette voix l’auxiliaire être révèle l’état essentiel qui se trouve dissimulé dans

la forme du définitif ancillaire. On sait que cette voix est :

- Active si le pronom univoque exerce la fonction de sujet subjectif.

Ex. : Elles se sont assises.

En présence de l’auxiliaire être le définitif assises s’accorde essentiellement en

genre et en nombre avec le sujet..

- Passive si le pronom univoque exerce la fonction de sujet objectif.

Ex. : Elles se sont bien vendues. (Elles mis pour : les marchandises).

En présence de l’auxiliaire être le définitif vendues s’accorde essentiellement

avec le sujet.

6b. L’accord essentiel avec l’objet placé avant

L’accord essentiel avec l’objet obéit à la loi selon laquelle « l’essence précède

l’existence ». L’objet essentiel devra nécessairement se situer avant sa forme

d’existence définitive pour que celle-ci s’accorde avec lui. Le définitif s’accorde

en genre et en nombre avec l’objet direct placé avant, en présence :

- De l’auxiliaire avoir dans la voix univoque de l’action : (7a).

- De l’auxiliaire être dans la voix équivoque objective : (7b).

7a. Dans la voix univoque de l’action

Le projet définitif s’accorde essentiellement avec l’objet placé avant.

Ex. : Ces fraises, je les ai trouvées excellentes. Ex. : Les démarches que nous avons faites ont été inutiles.

En présence de l’auxiliaire avoir le définitif faites montre l’état essentiel de

l’objet les démarches, il s’accorde essentiellement en genre et en nombre avec lui.

7b. Dans la voix équivoque objective

Le définitif s’accorde avec l’objet placé avant, qu’il s’agisse de la voix :

Réfléchie, dans laquelle le pronom équivoque est :

- Soit objet direct actif.

Ex. : Julie s’est regardée dans la glace.

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Syntaxe physique – Harmonisation physique du projet

391

Le définitif regardées montre l’état essentiel de l’objet subjectif se placé avant, il

s’accorde avec lui.

- Soit objet indirect.

Ex. : Une robe que la couturière s’est cousue.

Le définitif cousue montre l’état essentiel de l’objet objectif une robe placé avant,

il s’accorde avec lui.

Ou réciproque dans laquelle le pronom équivoque est :

- Soit objet direct passif. Ex. : Julie et Marie se sont regardées méchamment.

Le définitif regardées montre l’état essentiel de l’objet objectif se placé avant, il

s’accorde avec lui.

- Soit objet indirect.

Ex. : Les recettes de cuisine qu’elles se sont données.

Le définitif données montre l’état essentiel de l’objet objectif les recettes de cui-

sine placé avant, Il s’accorde avec lui.

5b. L’accord existentiel (ou non accord essentiel)

L’accord existentiel montre que le définitif ne s’accorde pas essentiellement en

genre et en nombre avec le sujet ou l’objet. Voyons cet accord au niveau :

- Du sujet : (6a).

- Et de l’objet absent ou placé après : (6b).

6a. L’accord existentiel avec le sujet

Le projet définitif s’accorde existentiellement avec le sujet en l’absence de l’objet ou en présence de l’objet placé après, avec :

- L’auxiliaire avoir dans la voix univoque de l’action : (7a).

- L’auxiliaire être dans la voix équivoque objective : (7b).

7a. La voix univoque de l’action

Elle se conjugue avec avoir. L’accord existentiel avec le sujet se produit :

- En l’absence d’un complément d’objet : (8a).

- Ou en présence d’un complément d’objet placé après : (8b).

8a. En l’absence d’un complément d’objet

Ex. : Elle a chanté.

L’auxiliaire avoir dit l’état existentiel de l’ancillaire définitif chanté, celui-ci ne

s’accorde pas en genre et en nombre avec le sujet.

8b. En présence d’un complément d’objet placé après

Le définitif s’accorde existentiellement avec le sujet en présence d’un complé-

ment d’objet, à la condition qu’il se place après lui.

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La grammaire du verbe

392

Ex. : Elle a chanté la Marseillaise.

La reconnaissance de cet objet n’est pas toujours évidente, quand il s’agit :

- D’un objet en « que ».

- Ou d’un objet infinitif.

L’objet en « que » présente des difficultés d’analyse, notamment quand le

définitif se situe entre deux que.

Ex. : Ce sont des choses qu’il a demandé qu’on me remette.

L’objet direct du définitif demandé est ici la proposition conjonctive qu’on me

remette, placée après, il y a accord existentiel.

Ex. : Ceux que tu as prévenus que tu viendrais sont là.

L’objet direct du définitif prévenus est ici le pronom relatif que ayant pour anté-

cédent ceux, il est placé avant, il y a accord essentiel.

L’objet infinitif

La reconnaissance de l’objet infinitif est loin d’être évidente, qu’il soit explicite,

implicite, ou même non-infinitif.

L’objet infinitif explicite

- Il s’exprime comme un objet s’il est l’équivalent d’un nom.

Ex. : Les hymnes que j’ai entendu chanter.

Les hymnes n’est pas l’objet du définitif, on ne peut pas dire : *J’entends les

hymnes chanter. L’infinitif chanter est l’équivalent du nom chant, objet direct

placé après le définitif, l’accord est existentiel.

- L’infinitif ne s’exprime plus comme un objet s’il est un verbe. Nanti d’un sujet.

Ex. : Les oiseaux que j’ai entendus chanter.

L’infinitif chanter a pour sujet les oiseaux, qui est l’objet du définitif, on peut

dire : J’entends les oiseaux chanter.

Ou accompagné de son semi-auxiliaire.

Ex. : Les tâches que j’ai dû accomplir étaient épuisantes.

L’objet infinitif implicite

Les définitifs dit, cru, su, pu, dû, pu, voulu et apparentés ont parfois pour com-

plément d’objet un infinitif implicite, sous-entendu.

Ex. : Il n’a pas réalisé tous les travaux qu’il aurait dû (réaliser). Ex. : Il a fait toutes les bêtises qu’il a voulu (faire).

Un propos sous-entendu remplace parfois l’infinitif implicite.

Ex. : Il a fait toutes les bêtises qu’il a dit (qu’il ferait).

Cette règle ne joue plus s’il n’y a pas d’infinitif ou de propos sous-entendu.

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Syntaxe physique – Harmonisation physique du projet

393

L’objet non infinitif

Lorsque le définitif du verbe faire est suivi d’un infinitif celui-ci ne s’exprime

plus comme un objet, il fait partie d’une locution verbale et ne s’accorde pas.

Ex. : Les enfants que nous avons fait chanter.

7b. La voix équivoque objective

Elle se conjugue avec être. Le définitif s’accorde existentiellement avec le sujet :

- En l’absence d’un complément d’objet direct : (8a).

- Ou en présence d’un complément d’objet direct placé après : (8b).

8a. En l’absence d’un complément d’objet direct

Le définitif des verbes équivoques objectifs qui ne sont pas de sens transitif direct

s’accorde existentiellement avec le sujet, particulièrement quand ces verbes sont transitifs indirects ou équitransitifs indirects :

Réfléchis : se plaire (déplaire, complaire), se suffire, se rire, etc.

Ex. : Elle s’est ri de notre déconvenue.

Ex. : Elle s’est plu à me contredire.

Ex. : Elle s’est suffi de peu.

Réciproque : se convenir, se nuire, se parler, se succéder, etc.

Ex. : Ils se sont parlé de cette affaire.

Ex. : Les mauvaises nouvelles se sont succédé.

8b. En présence d’un complément d’objet placé après Le définitif des verbes équivoques objectifs suivi d’un objet direct s’accorde

existentiellement avec le sujet, tant au niveau de :

La voix réfléchie

Ex. : La couturière s’est cousu une robe.

L’auxiliaire être se comporte exactement comme s’il était l’auxiliaire avoir, il dit

l’état existentiel de l’ancillaire définitif cousu, qui s’accorde existentiellement

avec le sujet.

Que de la voix réciproque

Ex. : Elles se sont échangé des recettes de cuisine.

6b. L’accord existentiel avec l’objet

Il obéit au principe selon lequel : « l’existence précède l’essence ». L’objet

« existentiel » ne pourra jamais signifier qu’il finit d’exister essentiellement

même s’il se place avant le projet définitif.

Le définitif s’accorde existentiellement avec l’objet placé avant :

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La grammaire du verbe

394

- Quand il se trouve en présence d’un objet existentiel : (7a).

- Curieusement il s’accorde aussi en présence de certains objets essentiels

neutres, qui ont une apparence existentielle : (7b).

7a. L’objet existentiel

Il se reconnaît selon qu’il est :

- Un nom.

- Ou le pronom impersonnifié le.

Le nom objet existentiel est un objet apparent ou modificatif :

Un objet apparent qui est en réalité :

- Un vrai objet apparent s’il refuse le test de sujétion personnelle.

Ex. : Il fait grands froids. / * Grands froids font.

Ex. : Les grands froids qu’il a fait.

- Un sujet apparent qui accepte le test de sujétion et qui prend le contresens d’un

objet apparent placé avant.

Ex. : Il pleut des hallebardes. / Des hallebardes pleuvent.

Ex. : Les hallebardes qu’il a plu.

Ou un objet modificatif. On sait que cet objet est une forme de l’essence

(un nom) qui se comporte comme une forme d’existence grammaticale (un ad-

verbe). Il se rencontre après les verbes « métrologiques » coûter, mesurer, peser,

valoir, et quelques verbes tels que : faire, mettre, franchir, sauter, prendre, sentir,

goûter, marcher, courir, vivre, régner, etc.

- Quand ces verbes sont employés avec leur sens transitif modificatif, ils condui-

sent vers un objet existentiel qui provoque l’accord au masculin singulier du

définitif s’il est placé avant.

Ex. : Les cent euros que ces travaux m’ont couté.

Ex. : Les cent ans qu’elle a vécu.

Ex. : Les cent kilos qu’elle a pesé.

Ex. : Les sommes que ces acquisitions m’ont valu. Ex. : Les kilomètres qu’elle a couru.

- Mais s’ils sont employés avec un contresens accusatif ils conduisent vers un

objet essentiel qui provoque l’accord en genre et en nombre.

Ex. : Les efforts que ces travaux m’ont coûtés.

Ex. : Les histoires qu’elle a vécues.

Ex. : Les colis qu’elle a pesés.

Ex. : Les ennuis que ces acquisitions m’ont valus.

Ex. : Les risques qu’elle a courus.

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Syntaxe physique – Harmonisation physique du projet

395

Le pronom impersonnifié le

C’est un pronom qui signifie l’état existentiel sans genre ni nombre du mot qu’il

représente.

Ex. : Sont-elles heureuses ? – Oui, elles le sont.

Le pronom le représente l’état existentiel de l’adjectif qualificatif heureuses qui

montre un état d’existence de l’essence.

Si ce pronom impersonnifié est en fonction d’objet existentiel placé avant il pro-

voque l’accord existentiel du définitif.

Ex. : Ton idée est bien meilleure que je ne l’avais pensé.

7b. L’objet essentiel neutre

En français une forme neutre contient consubstantiellement le sens des deux

genres et celui des deux nombres. Elle ne signifie ni les uns ni les autres et se

comporte exactement comme une forme existentielle qui n’a ni genre ni nombre.

L’objet essentiel neutre est représenté par les pronoms personnifiés le et en.

Le pronom le est neutre quand il représente une proposition.

- On dit généralement :

Ex. : Les choses se passèrent telles que je les avais imaginées.

- Mais on dit aussi : Ex. : Les choses se passèrent telles que je l’avais imaginé.

Ici le pronom le ne représente plus les choses, il représente la proposition subor-

donnante dans sa totalité. Cette proposition fonctionne comme l’équivalent

grammatical d’un nom neutre, incapable de signifier son genre et son nombre.

Le pronom en est généralement partitif lorsqu’il est objet direct. Le sens

partitif contient consubstantiellement le sens du singulier et du pluriel. Dans ce

cas de figure, le pronom en est neutre lui aussi.

Ex. : Elle a cueilli des pommes et elle en a mangé.

Avant de conclure, que faut-il penser de cette règle artificielle, que nous devons à

Clément Marot ? Cette norme théorique est logique (Voir p 389), mais la pratique le démontre, les Français ne la respectent pas, il n’est pas dans leur « nature » de

tolérer un ordre qu’ils refusent viscéralement. Le refus de l’accord oral du défini-

tif avec l’objet est une révolution française permanente. Mais cette révolution

orale reste muette, respectueuse qu’elle est de l’autorité des savants de la gram-

maire. Faut-il condamner les récalcitrants ? Certainement pas, l’esprit de la

grammaire d’aujourd’hui leur donne raison, car la logique qui l’anime n’est plus

la même que celle d’hier. En ancien français le définitif était senti comme un

attribut du complément d’objet, on disait : « J’ai mes affaires rangées », là où

nous disons : « J’ai rangé mes affaires ». Mais de nos jours le définitif n’est plus

senti comme tel, il fait corps avec l’auxiliaire avoir pour composer le parfait du

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La grammaire du verbe

396

présent. Alors pourquoi ne pas redresser la barre et décider une fois pour toute

que le verbe s’accorde avec le sujet et non avec l’objet. Pour le définitif, cet ac-

cord se ferait :

- Existentiellement avec l’auxiliaire avoir. Ex. : Les pommes qu’elle a mangées. (Qui est-ce qui mange ?)

- Essentiellement avec l’auxiliaire être. En précisant bien que le définitif ne doit pas être considéré comme un adjectif, mais comme un verbe employé avec

l’auxiliaire être qui ne signifie pas l’état de l’essence, mais un état essentiel de

l’existence, comme dans : elle est partie.

Ex. : Elle s’est cousue une robe. (Qui est-ce qui coud ?)

Pour la voix équivoque, seul le pronom univoque serait titulaire de l’accord.

- Dans la voix équivoque subjective, il n’y aurait pas de changement : Pour la voix active.

Ex. : Elle s’est promenée.

Et la voix passive. Ex. : Les citrons se sont bien vendus.

- Dans la voix équivoque objective, la place de l’objet se verrait ignorée, tant au niveau :

De la voix réfléchie.

Ex. : Elle s’est regardée le visage dans le miroir.

Ex. : Le visage qu’elle s’est regardée dans le miroir.

Que de la voix réciproque.

Ex. : Elles se sont offertes des cadeaux.

Ex. : Les cadeaux qu’elles se sont offertes.

L’accord du définitif avec l’objet est un luxe de l’esprit, une élégance de la pen-

sée qui nous coûte cher. La suppression de cet accord rendrait à notre langue la

simplicité logique qui lui fait défaut. Nul besoin de légiférer, la raison de la

grammaire corrigera son ordre elle-même à notre insu, elle ne demande que ça. Il suffira de la laisser faire, en ignorant, sans mépriser ou admirer, ni condamner ou

approuver, la faute consciente ou inconsciente de l’accord du définitif avec

l’objet.

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397

CONCLUSION

Arrivé au terme du parcours, reste une dernière question. Si les lois de l’ordre

naturel éclairent celles de la grammaire, la réciproque est-elle possible ? L’ordre

de la grammaire pourrait-il à son tour expliquer celui de l’univers, dont on sait

qu’il enveloppe l’essence et l’existence des êtres et des choses dans l’espace-

temps.

La grammaire nous a montré que l’espace et le temps sont les deux aspects oppo-

sés d’une même réalité dont l’envers et l’endroit se confondent dans l’unité d’un

mot : le verbe (Voir p 239). En supposant que cette unité existe aussi dans la

nature, cela impliquerait que l’espace et le temps soient également l’envers et

l’endroit de l’univers, et que la fin du temps dont le rythme se mesure en seconde,

soit au verso de la forme de l’espace dont l’équilibre se mesure en mètres.

On sait que l’abstraction de l’espace s’apprécie dans trois dimensions, qui se

multiplient pour mesurer l’équilibre de trois formes visibles de l’essence.

- La première dimension de l’espace est la longueur qui mesure en mètres (m1) la

forme d’une droite.

- Sa deuxième dimension est la largeur qui sert à multiplier la longueur pour mesurer en mètres carrés (m2) la forme d’une surface.

- Sa troisième dimension est la hauteur qui sert à multiplier la surface pour mesu-

rer en mètres cubes (m3) la forme d’un volume.

Si la grammaire estime que le temps se situe au verso l’espace, dans ce cas

l’attraction du temps devrait s’apprécier dans trois dimensions qui se divisent

pour mesurer le rythme de trois fins invisibles de l’existence :

- La première dimension du temps est évidemment la durée qui mesure en se-

condes (s-1) la fin d’une quantité de mouvement.

- La deuxième dimension serait « l’intensité du temps » qui divise la quantité de

mouvement pour mesurer en secondes au carré (s-2) la fin d’une force. - Et la troisième dimension serait « l’éclat du temps » qui divise la force en mou-

vement pour mesurer en secondes au cube (s-3) la fin d’une puissance.

Il existe enfin deux équations dans lesquelles les dimensions de l’essence et de

l’existence dans l’espace-temps sont constantes en réalité, c’est-à-dire finies :

- La première équation mesure la réalité universelle et définie de la lumière, dont

la vitesse : c = m/s divise l’espace (m) par le temps (s). Si le principe de certitude

relative s’applique à cette réalité, cette « division » pourrait être alors l’expression

du rapport de « fusion » de l’espace et du temps dans l’énergie de la lumière.

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La grammaire du verbe

398

m / s = c

- La seconde mesure la réalité individuelle et indéfinie de la matière : c’est la

constante de Planck : h = f x m x s, qui est le produit de l’espace (m) et du temps

(s) par celui d’une force (f) qui se situe dans la matière. Si le principe

d’incertitude absolue s’applique à cette réalité, cette « multiplication » pourrait

être alors l’expression du rapport de « confusion » de l’espace et du temps dans la

masse de la matière.

m x s = h / f

Les lois de l’univers nous apprennent que les dimensions de l’existence et de

l’essence dans l’espace-temps sont « en réalité » invariables dans la constante c. De leur côté, les lois de la grammaire soupçonnent qu’elles sont « en vérité » les

deux versions d’une même grandeur. On pourrait alors imaginer que le mètre et la

seconde qui apparaissent différents et inconciliables « en réalité », sont conci-

liables et identiques « en vérité », avec pour conséquence l’identité : m = s.

En supposant que « V » soit la vérité constante du rapport espace/ temps, on est

alors en droit d’écrire : V = m/s = 1. Et si V = 1, l’univers espace-temps n’a pas

de dimension, pas de forme ni de fin, et se présente en vérité dans l’unité d’un

être incommensurable, informel et infini :

V = 1

Los Angeles, le 3 mars 2005.

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399

GLOSSAIRE

A

Ablatif. Qui est à l’origine. Absent. Temps fini du passé et du futur. Absolu. Qui est en soi. Complet.

Absolutif. Qui est sans rapport. Absolutivité. Caractère de ce qui est absolutif. Abstraction. Forme de l’individualité. Faculté de l’esprit d’individualiser par la pensée. Abstraire. Isoler, se retirer. Imaginer par abstraction. Accommodement. Arrangement. Expression formelle de l’harmonie. Forme d’expression dominante de la pensée idéelle. Accord. Harmonisation physique d’une fonction. - Accord syntaxique : qui est explicite.

- Accord sylleptique : qui est implicite. Accusatif. Forme ou fonction vectrice transitive du verbe d’action conduisant vers un complément d’objet essentiel. Cas complément d’objet des déclinaisons indo-européennes. Action. Forme d’existence animée signifiant l’idée d’un acte. Addition. Fonction ni nécessaire ni suffisante pour produire un propos. Adhérent. Qui s’unit. Adjectif. Forme grammaticale épithétique de l’essence exprimant un sens entificatif. - Adjectif identificatif : forme grammaticale d’essence de l’essence exprimant le sens

identificatif. - Adjectif qualificatif : forme grammaticale d’existence de l’essence exprimant le sens qualificatif. Adjonction. Forme grammaticale essentielle ou existentielle exprimant le sens d’une consistance. Adnom. Forme grammaticale prothétique ou épithétique de l’essence exprimant un sens entificatif. Adverbe. Forme grammaticale d’existence de l’existence exprimant le sens modificatif. Agglutination. Confusion de morphèmes.

Ame. Agent de la pensée présciente. Ampliatif. Relatif à l’amplitude. Anacoluthe. Rupture dans la construction du propos. Analytique (forme). Forme du mot composé de plusieurs formes. Ancillaire. Forme grammaticale du verbe principal. Animé. Relatif à l’âme ou au mouvement. Annonciatif. Qui produit un effet d’annonce exclamatif ou interrogatif. Apostrophe. Interpellation. Objet instanciel du propos réifié.

Apparence. Forme objective de la réalité. Apposition. Disposition d’une juxtaposition détachée. Art. Expression du sentir. Aspectif. Qui se rapporte à l’aspect. Assessif. Qui se rapporte à l’assiette. Assiette. Assise d’une chose. Atemporel. Qui n’est pas le temps. Temps infini. Attraction. Force d’universalité.

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La grammaire du verbe

400

Attraire. Unir, attirer. Attribut. Fonction grammaticale signifiant la réalité de « l’essence » de l’être. - Attribut instanciel : implément du propos réifié.

- Attribut substantiel : complément du sujet. - Attribut nominatif propre : qui partage et exerce l’état. - Attribut nominatif commun : qui partage l’état mais ne l’exerce pas. - Attribut qualificatif : qui ne partage pas et n’exerce pas l’état. - Attribut direct : complément substantiel uniponent du sujet. - Attribut indirect : complément substantiel équiponent du sujet. - Attribut constructif formel : attribut du nom objet. - Attribut constructif fonctionnel : attribut du sujet.

- Attribut réel : attribut du sujet apparent. - Attribut apparent : attribut du sujet impersonnel. - Attribut réifié : attribut instanciel. - Attribut essentiel : forme de l’essence attribut. - Attribut existentiel : forme d’existence attribut. - Attribut actif : qui subit activement l’état. - Attribut passif : qui subit passivement l’état. - Attribut subjectif : qui se situe dans un état actif.

- Attribut objectif : qui se situe dans un état passif. Attributif. Qui attribue une identité ou une qualité. Fonction vectrice du verbe d’état. Autonyme. Mot qui se désigne lui-même. Auxiliaire. Verbe accessoire de l’ancillaire. Avènement. Ordonnance d’une chose dans l’espace de l’univers, ou d’un mot dans l’espace du propos. Avoir. Verbe d’action ancillaire signifiant l’état existentiel de « l’essence » du sujet. Verbe d’action auxiliaire signifiant l’état existentiel de « l’existence » du sujet.

C Cadence. Rythme de l’existence et du temps. Equivalent existentiel de l’occurrence de l’essence dans l’espace. Causal. Qui se rapporte à la cause. Causatif. Qui fait la cause. Cause. Qui produit un effet. Chosatif. Qui fait la chose. Chose. Ce qui est en réalité. - Chose grammaticale : forme qui existe en réalité.

- Chose lexicale : forme d’essence inanimée. Circonstanciel. Fonction grammaticale signifiant une réalité non instancielle. Qui se situe hors de l’état ou de l’action, hors de l’instance de l’être. Cohérent. Qui produit une cohésion. Commandement. Expression formelle de l’ordre. Forme dominante de la pensée virtuelle. Complément. Fonction qui dispense un gain de sens à la forme ou à la fonction d’un autre mot ou du propos. Complétif. Caractère d’une fonction effaçable ou déplaçable.

Conditionnel. Qui se rapporte à la condition. Configuration. Conformation figée dans une unité de sens. Conformation. Association libre de plusieurs formes (mots) dans une unité de sens.

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Glossaire 401

Confusion. Rapport de neutralité conçu comme une multiplication des contraires dans l’unité d’une forme. Conjonction. Forme grammaticale essentielle ou existentielle exprimant le sens d’une

consistance. Instrument subordonnant de la proposition. Conscience. Connaissance de sa vérité. Conscient. Siège de la pensée définie, « qui sait qu’elle sait ». Consistance. Qui tient le sens ensemble. Sens contenu dans l’adjonction. Constructif. Qui « construit » la conformation du propos. Coordination. Mise en ordre d’une fonction lexicale. Coordonnant. Forme grammaticale essentielle « ou » existentielle exprimant le sens d’une consistance lexicale.

Corrélatif. Qui est en corrélation. Corrélation. Confusion des fonctions de subordination et de coordination. Covectrive. Voie substantielle et circonstancielle. Crase. Contraction phonétique de deux mots en un seul. Cursif. Qui se rapporte à la totalité de la course.

D Datif. Qui signifie la destination. Cas complément d’attribution des déclinaisons indo-européennes.

Déclinaison. Flexion de la forme du mot selon sa fonction grammaticale. Décursif. Qui se rapporte à une partie de la course. Déductif. Qui déduit un effet final comme le but ou la conséquence. Défectif. Verbe qui se conjugue irrégulièrement et incomplètement. Défini. Parfaitement limité par une fin. Contenant de l’indéfini et contenu dans l’infini. Définitif. Mode irréalisé de l’existence réalisée. Déglutination. Division d’un morphème. Démonstratif. Qui montre extrinsèquement.

Direct. Lien de dépendance logique d’une fonction grammaticale qui s’exprime en l’absence d’un instrument si son raccord est de nature morphotaxique, ou même en pré-sence d’un instrument s’il est de nature téléotaxique. Discours. Forme du langage issue de l’écrit. Dispositif. Qui dispose. Disposition. Ordonnance du détachement ou du rattachement d’un mot dans le propos. Durée. Mesure du temps, du moment et de l’instant.

E Eclipse. Mot ni omis ni sous-entendu, occulté par l’intonation ou la ponctuation, ou par la

présence d’un autre mot. Edition. Fonction nécessaire et suffisante pour produire un propos. Effectif. Verbe qui se conjugue irrégulièrement et complètement. Effet. Qui résulte d’une cause. Ellipse. Omission d’un mot sous-entendu. Enonciatif. Qui énonce. Entendement. Faculté de comprendre. Forme dominante de la pensée réelle. Entificatif. Qui fait l’entité. Sens contenu dans la forme de l’adnom et dans certaines

fonctions. Entité. Ce qui est l’essence. Sens contenu dans la forme du nom. Epithétique. Qui se place accessoirement.

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La grammaire du verbe

402

Equanime. Sens de l’idéalité objective et subjective. Equi-attributif. De sens attributif direct « et » indirect. Equilibre. Etat ou position stable. Permanence de l’existence. Evidence de l’essence.

Harmonie des formes. Expression de l’unité. Equipollent. Qui contient la confusion du sens positif et oppositif. Equiponent. Qui se situe dans « et » hors de l’état ou de l’action. Equipotent. Qui complète le sens de la forme « et » de la fonction d’un mot. Equitransitif. De sens transitif direct « et » indirect. Equivalent. De forme ou de sens essentiel « et » existentiel. Qui a la même valeur gram-maticale. Equivecteur-trice. Qui transporte le sens de l’action « et » de l’état.

Equivoque. Qui dit le sens de l’action « et » de l’état. Escient. Siège de la pensée finie. Espace. Limite universelle de l’essence. Esprit. Agent de la pensée consciente. Essence. « Ce qui est » abstraction faite de l’existence. Etant. « Ce qui est » opposé au néant « qui n’est pas ». Etat. Forme d’existence inanimée signifiant l’étant de l’essence. - Etat essentiel : état variable en genre et en nombre.

- Etat existentiel : état invariable, sans genre ni nombre. Etre. Ce qui est en vérité. - Etre grammatical : forme de l’essence qui existe en vérité. - Etre lexical : forme d’essence animée. - Verbe d’état ancillaire signifiant l’état essentiel de « l’essence » du sujet. - Verbe d’état auxiliaire signifiant l’état essentiel de « l’existence » du sujet. Evecteur-trice. Forme ou fonction du verbe ancillaire qui transporte sur la voie des com-pléments substantiels.

Evènement. Ordonnance d’une chose dans le temps de l’univers, ou d’un mot dans le temps du propos. Evidence. Vision d’une forme de l’essence dans l’espace. Exclamatif. Forme annonciative d’un état affectif. Excursif. Qui se rapporte à la sortie de la course. Existence. « Ce qui est » abstraction faite de l’essence. Exposition. Disposition d’une transposition détachée. Expression. Configuration lexicale.

F

Facture. Façon dont la chose est faite. Fait. Instant inachevé de l’existence. Fin. Limite individuelle de l’existence, limite universelle du temps. Finaliser. Apporter le sens d’une fin. Fini. Limité par une fin. Contenu dans l’infini et contenant de l’infini. Fonction grammaticale. Raison, cause du rapport entre deux mots. Formaliser. Apporter le sens d’une forme. Forme. Limite individuelle de l’essence, limite universelle de l’espace.

- Forme du mot : image de la réalité. - Forme psychique : forme spirituelle du sens et de l’emploi du mot. - Forme physique : forme corporelle sonore ou graphique du mot.

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Glossaire 403

Formellement. De façon formelle. - Formellement infini : qui n’est pas limité par une forme. - Formellement indéfini : qui est imparfaitement limité par une forme.

- Formellement défini : qui est parfaitement limité par une forme. Fréquence. Mesure du rythme. Fréquentatif. Relatif à la fréquence. Fusion. Rapport de polarité, division des contraires dans l’unité d’une forme. Futur. Temps indéfini de l’objonctif.

G Gallicisme. Propre à la langue française. Générique. En général. De nature essentielle.

Gnomique. Relatif à la sentence.

H Harmonie. Rapport de résonance entre les êtres. Versant sensuel de l’ordre. Horizon. Limite informelle de l’espace. Hypocoristique. Ton affectueux sur lequel on s’adresse à l’enfant. Hypothétique. Qui se rapporte à l’hypothèse.

I Idéalité. Espace de la pensée subjonctive. Sens de l’esprit du mot.

Idéel. Qui existe spirituellement dans la réalité. Espace de la pensée formelle indéfinie, contenant des choses spirituelles. Identifiant. Qui fait l’identité principale. Sens contenu dans la forme du prénom. Identificatif. Qui fait l’identité accessoire. Sens contenu dans la forme de l’adjectif identi-ficatif est dans certaines fonctions instructives ou constructives. Identifier. Faire l’identité. Identité. La même entité. Sens contenu dans la forme du prénom. Idiotisme. Propre à la langue. Intraduisible.

Imparfait. Qui n’est pas parfait. Impartitif. Qui ne signifie pas une partie. Impersonnalisé. Qui justifie ou non de son identité mais pas de sa qualité. Impersonnel. Qui justifie de sa qualité mais pas de son identité. Impersonnifié. Qui ne justifie ni de son identité ni de sa qualité. Implément. Fonction constructive du propos. - Implément substantiel : fonction constructive du propos réalisé. - Implément instanciel : fonction constructive du propos réifié. - Implément sujet : fonction du nom sujet.

- Implément projet : fonction du verbe projet. - Implément du sujet : le projet. - Implément du projet : le sujet. - Implément essentiel : fonction sujet du propos réalisé, ou attribut du propos réifié. - Implément existentiel : fonction projet du propos réalisé, ou objet du propos réifié. Implétif. : Caractère d’une fonction ni effaçable ni déplaçable. Inanimé. Qui n’a pas de mouvement. Inattributif. Qui n’attribue pas.

Incohérent. Qui ne produit pas une cohésion. Incursif. Qui se rapporte à l’entrée dans la course. Indéfini. Imparfaitement limité par une fin. Contenant de l’infini et contenu du défini.

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La grammaire du verbe

404

Indéfinitif. Mode irréalisé de l’existence idéalisée. Indice. Signe matériel. Indirect. Lien de dépendance logique d’une fonction grammaticale qui s’exprime en

présence d’un instrument si son raccord est de nature morphotaxique, ou même en l’absence d’un instrument s’il est de nature téléotaxique. Individualité. Unité du rapport d’abstraction. Inductif. Qui induit la cause initiale, comme l’explication ou la justification. Infini. Qui n’est pas limité par une fin. Contenant du défini et contenu dans l’indéfini. Infinitif. Mode irréalisé de l’existence virtualisée. Informel. Qui n’est pas limité par une forme. Inhérent. Qui s’appartient à soi-même.

Injonctif. Mode réalisé de l’existence virtuelle. Insistance. Sens contenu dans l’interjection. Instance. Lieu grammatical de l’être. Instanciel. Qui se rapporte à l’instance. Qui se situe dans l’état ou/et dans l’action. Fonc-tion grammaticale signifiant la vérité de l’être réalisé ou de la chose réifiée. Instant. Qui n’a pas de durée. Durée infinie. Instinct. Agent de la pensée nesciente. Instructif. Qui « instruit » la conformation du mot.

Instrument. Synonyme de supplément. Intemporel. Temps indéfini. Intention. Volonté d’un effet. Interjection. Forme grammaticale essentielle et existentielle exprimant le sens d’une insistance. Interrogatif. Forme annonciative de la question. Intransitif. Qui ne conduit pas l’action du sujet vers un complément d’objet. Introjectif. Qui suppose une introspection objective ou subjective. Valeur psychologique

de l’absent. Invecteur-trice. Forme ou fonction du verbe qui ne transporte pas sur la voie des com-pléments substantiels.

J Jectif. Valeur psychologique ni objective ni subjective du présent. Jussif. Relatif à l’ordre. Juxtaposition. Disposition d’un mot rattaché au contact d’un autre mot dans le propos.

L Langage. Forme d’expression de l’oraison du logos.

Langue. Forme d’expression de la raison du logos. Lapsus. Emploi involontaire d’un mot pour un autre. Lexique. Ensemble des mots de la langue. Liberté. Ordonnance du rapport de vérité. Limite. Enveloppe physique ou psychique de la matérialité d’une chose. Frontière entre le contenant et le contenu. Linguistique. Science du logos. Locution. Configuration grammaticale.

Logique. Rapport entre une chose et sa cause. Qui se rapporte à la raison. Logos. Faculté propre à l’homme de signifier sa raison par l’oraison.

M

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Glossaire 405

Magnanime. Sens de l’idéalité constamment objective et subjective. Matérialité. Caractère de ce qui est contenu dans la limite d’une fin ou d’une forme. Matière. Substance physique ou psychique de l’essence.

Métaphore. Figure de rhétorique désignant une chose avec le nom d’une autre chose par un lien d’identité. Métonymie. Figure de rhétorique désignant une chose avec le nom d’une autre chose par un lien de causalité. Modalité. Caractéristique formelle de la personnalité ou de la réalité du mode. Mode. Variété formelle de la manière d’exister dans la réalité. - Modes mineurs : modes irréalisés. - Mode infinitif : mode irréalisé de l’existence virtualisée.

- Modes finitifs : modes irréalisés de l’existence matérialisée. - Mode indéfinitif : mode irréalisé de l’existence idéalisée. - Mode définitif : mode irréalisé de l’existence réalisée. - Modes majeurs : modes réalisés. - Modes jonctifs : modes réalisés de l’existence matérielle. - Mode objonctif : mode réalisé de l’existence réelle. - Mode subjonctif : mode réalisé de l’existence idéelle. - Mode injonctif : mode réalisé de l’existence virtuelle.

Modificatif. Qui se rapporte à la manière d’être de l’existence. Sens contenu dans l’adverbe et dans certaines fonctions instructives ou constructives. Forme ou fonction vectrice transitive du verbe d’action conduisant vers un complément d’objet existentiel. Modité. Manière d’exister. Sens contenu dans le verbe. Moment. Durée du mouvement de l’existence. Monstratif. Qui montre intrinsèquement. Morphème. Unité de sens défini. Morphologie. Science des formes du logos (mot, propos, proposition, phrase).

- Morphologie théorique : science de la raison des formes. - Morphologie pratique : science de l’oraison des formes. - Morphologie physique : science du son et l’écrit des formes. - Morphologie psychique : science du sens et de l’emploi des formes. Morphologique. Qui se rapporte à la forme. Morphonomique. Qui se rapporte aux lois de l’ordre des formes. Morphotaxique. Raccord logique formel qui s’exprime dans la forme de l’instrument. Mot. Elément formel de la langue signifiant l’idée de réalité d’une chose. Le mot est un signe spirituel, une forme de la raison du logos.

- Mots imposants : le nom et le verbe imposent l’image de la réalité. - Mots composants : l’adnom et l’adverbe composent l’image de la réalité. - Mots supposants : l’adjonction et l’interjection supposent l’image de la réalité.

N Nature. Principe d’ordre et d’harmonie des choses dans l’univers. Ce que l’être ou la chose est. Néant. « Ce qui n’est pas », opposé à l’étant « qui est ». Nescient. Siège de la pensée infinie, « qui ne sait pas qu’elle sait ».

Neutralité. Rapport de confusion des choses contraires. Nom. Forme grammaticale de l’essence exprimant le sens de l’entité.

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La grammaire du verbe

406

Nominatif. Qui nomme. Qui apporte l’identité du nom. Forme ou fonction vectrice attribu-tive du verbe d’état conduisant vers un complément attribut essentiel. Cas sujet ou attribut des déclinaisons indo-européennes.

O Objectif. Qui se rapporte réellement à l’objet. Valeur psychologique de l’objonctif. Objet. Fonction grammaticale signifiant la réalité de « l’existence » de l’être. - Objet substantiel : complément du projet. - Objet Instanciel : implément du propos réifié. - Objet accusatif propre : qui partage et subit l’action. - Objet accusatif commun : qui partage l’action sans la subir. - Objet modificatif : qui ne partage pas et ne subit pas l’action.

- Objet direct : complément substantiel uniponent du projet. - Objet indirect : complément substantiel équiponent du projet. - Objet réel : complément du projet apparent. - Objet apparent : complément du projet impersonnel. - Objet réifié : implément instanciel. - Objet essentiel : forme de l’essence objet. - Objet existentiel : forme d’existence objet. - Objet actif : qui subit activement l’action.

- Objet passif : qui subit passivement l’action. - Objet subjectif : qui se situe dans un état actif. - Objet objectif : qui se situe dans un état passif. Objonctif. Mode réalisé de l’existence réelle. Occurrence. Avènement d’une forme dans l’espace ou d’un mot dans le propos. Ontogénèse. Genèse de l’être. L’ontogénèse résume la phylogénèse. Ontologie. Science de l’être. Oppositif. Sens certain qui s’oppose.

Oraison. Faculté propre à l’homme de parler. Ordinaire. Qui participe l’ordre des formes. Ordinant. Qui participe à l’ordre des fonctions. Ordre. Rapport de raisonance entre les choses. Versant formel de l’harmonie.

P Parence. Forme subjective de la réalité. Parfait. Instant achevé de l’existence. Parole. Forme du langage issue de l’oral. Fonction réelle du projet. Partitif. Qui signifie la partie d’un tout.

Passé. Temps défini de l’objonctif. Permanence. Equilibre de l’existence dans le temps. Equivalent existentiel de l’évidence de l’essence dans l’espace. Personnalisé. Qui justifie de sa qualité et de son identité. Personnalité. Forme de la personne. Personne. Forme de l’essence qui existe. - Personne grammaticale : être qui existe « en vérité ». - Personne lexicale : chose qui existe « en réalité ».

Personnel. Qui justifie de sa qualité et de son identité. Personnifié. Qui justifie de son identité mais pas de sa qualité. Perspectif. Qui se rapporte à l’espace-temps.

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Glossaire 407

Phone. Unité sonore de sens infini. Phonème. Unité sonore distinctive du sens. Phrase. Forme de l’oraison des propositions.

Phylogénèse. Genèse des êtres. Polarité. Rapport de fusion et de division des choses contraires. Positif. Sens certain qui pose. Position. Place d’un mot par rapport à un autre mot dans le propos. Possessif. Qui signifie l’appartenance. Prénom. Forme grammaticale essentielle de l’essence exprimant le sens identifiant. Préposition. Forme grammaticale essentielle ou existentielle exprimant le sens de la con-sistance grammaticale. Instrument de subordination du mot.

- Préposition partitive : qui signifie le sens partitif. - Préposition impartitive : qui ne signifie pas le sens partitif. Prescient. Siège de la pensée indéfinie, « qui sait qu’elle ne sait pas ». Présent. Temps infini de l’objonctif. Principe. Cause première. - Principes de l’ordre naturel : ensemble des principes ci-dessous énoncés. - Principe d’unité : cause première de l’ordre de l’univers. - Principe de vérité : qui ordonne l’être dans l’univers.

- Principe de réalité : qui ordonne les choses dans l’univers. - Principe de l’absolutivité de l’être : cause de la vérité de l’être. - Principe de la relativité des choses : cause de la réalité des choses. - Principe d’individualité : qui ordonne l’abstraction des formes. - Principe d’universalité : qui ordonne l’attraction des formes. - Principe de fusion : qui unit relativement les choses contraires. - Principe de confusion : qui unit absolument les choses contraires. - Principe de certitude relative : qui ordonne la réalité publique des choses.

- Principe d’incertitude absolue : qui ordonne la vérité intime de l’être. - Principe de neutralité : synonyme du principe de confusion. - Principe de polarité : synonyme du principe de fusion. - Principe d’abstraction : synonyme du principe d’individualité.. - Principe d’attraction : synonyme du principe d’universalité. Projectif. Valeur psychologique de l’injonctif. Qui précède l’objectif et le subjectif. Projet. Fonction implément signifiant la vérité de « l’existence » de l’être. - Projet personnel : implément du sujet personnel. - Projet impersonnel : implément du sujet impersonnel.

- Projet apparent : Implément du sujet apparent. Pronom. Forme grammaticale existentielle de l’essence exprimant le sens qualifiant. - Pronom nominal : figure du nom en l’absence de l’entité qu’il représente. - Pronom pronominal : forme du pronom en présence de l’entité référente qu’il représente. - Pronom adjectival : figure de l’adjectif en présence de l’entité antécédente qu’il repré-sente. Instrumente une proposition relative, complément adjectival de l’antécédent. Propos. Elément formel du langage signifiant l’idée de vérité d’un être. Le propos est un signe spirituel, une forme de l’oraison du logos.

Proposition. Forme du propos dans la phrase. Prosodie. Prononciation correcte et régulière des mots dans le langage. Prothétique. Qui place ou qui remplace principalement.

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La grammaire du verbe

408

Puissance. - Puissance conjugale : degré d’attachement d’une fonction. - Puissance structurale : niveau d’attachement d’une fonction.

Pusillanime. Sens de l’idéalité inconstamment objective et subjective.

Q Qualifiant. Qui qualifie principalement. Sens contenu dans la forme du pronom. Qualificatif. Qui qualifie accessoirement. Sens contenu dans la forme de l’adjectif qualifi-catif et dans certaines fonctions instructives ou constructives. Forme ou fonction vectrice attributive du verbe d’état conduisant vers un complément attribut existentiel. Qualitatif. Qui concerne la qualité. Qualité. Forme existentielle de l’essence.

Quantitatif. Qui concerne la quantité. Quotitatif. Qui concerne le quota, c’est-à-dire la fraction ou le pourcentage.

R Raccord. Lien de dépendance logique entre deux fonctions. Harmonisation physique de l’ordre d’une fonction. Raison. Cause d’une chose. Faculté de l’esprit qui rapporte les choses à leurs causes. Raisonance. Cause de l’ordre. Raisonnement. Mouvement de la raison.

Rapport. Relation entre deux choses. Effet de l’ordre. Réaliser. Faire exister en réalité. Réalité. « C’est ce qui est », relativement. Sens de la lettre du mot. - Réalité mentale : espace de la pensée objonctive. - Réalité sentimentale : espace de la pensée subjonctive. - Réalité comportementale : espace de la pensée injonctive. Réel. Qui existe corporellement dans la réalité. Espace de la pensée formelle définie, contenant des choses corporelles.

Réifier. Faire exister comme une chose. Relatif. Qui est en rapport. Relativité. Caractère de ce qui est relatif. Résonance. Phénomène physique qui s’établit entre deux systèmes vibratoires de telle façon que la fréquence des vibrations de l’un, nommé « excitateur », provoque la même fréquence de vibration de l’autre, nommé « résonateur ». Cause de l’harmonie. Rythme. Régularité des temps forts et des temps faibles. Cadence de l’existence. Occur-rence de l’essence. Harmonie des fins. Expression de la totalité.

S

Science. Expression du savoir. Sémantique. Science des signes linguistiques. Sémiologie. Science des signes matériels. Sémiotique. Science des signes. Sens. Faculté de connaître par le sentir ou le savoir. - Sens lexical : sens spécifique de la forme du mot. - Sens grammatical : sens spécifique de la fonction du mot. - Sens de la réalité : sens de la lettre du mot.

- Sens de l’idéalité : sens de l’esprit du mot. - Sens final : sens générique de la fin. - Sens formel : sens générique de la forme.

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Glossaire 409

- Sens téléologique : sens spécifique de la fin de l’existence. - Sens morphologique : sens spécifique de la forme d’existence. - Sens chronologique : sens spécifique de la fin du temps.

- Sens psychologique : sens spécifique de la forme de l’espace. - Sens spirituel : sens porteur d’une causalité intentionnelle. - Sens matériel : sens porteur d’une causalité non intentionnelle. Signe. Forme qui contient un sens. - Signe spirituel : qui contient un sens spirituel, comme le mot. - Signe matériel : qui contient un sens matériel, comme l’indice. Société. Ordonnance du rapport de réalité. Spécifique. En particulier. De facture existentielle.

Spirituel. Qui se rapporte à l’esprit. Strument. Ensemble des impléments et des compléments. Subjectif. Qui se rapporte idéellement au sujet. Valeur psychologique du subjonctif. Subjonctif. Mode réalisé de l’existence idéelle. Subordination. Mise en ordre d’une fonction grammaticale. Subordonnant. Forme grammaticale essentielle « ou » existentielle exprimant le sens d’une consistance grammaticale. Substance. Matière de l’essence et manière de l’existence.

Substantiel. Fonction grammaticale signifiant la vérité ou la réalité de l’être. Qui est dans l’action ou l’état. Qui se rapporte à la substance. Sujet. Fonction implément signifiant la vérité de « l’essence » de l’être. - Sujet personnel : implément du projet signifiant son identité et sa qualité. - Sujet impersonnel : implément du projet signifiant sa qualité. - Sujet réel : implément du projet signifiant son identité et/ou sa qualité. - Sujet parent : synonyme du sujet réel. - Sujet inapparent : synonyme du sujet réel.

- Sujet apparent : complément du projet impersonnel. - Sujet de l’adjectif attribut : complément constructif formel de l’adjectif attribut. - Sujet actif : qui exerce activement l’action ou l’état. - Sujet passif : qui exerce passivement l’action ou l’état. - Sujet subjectif : qui se situe dans un état actif. - Sujet objectif : qui se situe dans un état passif. Supplément. Fonction qui compense le manque de sens de la forme ou de la fonction d’un mot ou du propos. Supplétif. Caractère d’une fonction effaçable et déplaçable.

Suppositif. Sens incertain, qui suppose. Syntaxe. Science des fonctions (mot, proposition). - Syntaxe théorique : science de la raison des fonctions. - Syntaxe pratique : science de l’oraison des fonctions. - Syntaxe physique : science de l’oral et de l’écrit des fonctions. - Syntaxe psychique : science du sens et de l’emploi des fonctions. Synthétique (forme). Forme du mot composé d’une seule forme.

T

Téléologique. Qui se rapporte à la fin. Téléonomique. Qui se rapporte aux lois de l’ordre des fins. Téléotaxique. Raccord logique fonctionnel qui s’exprime dans le sens de la fonction.

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La grammaire du verbe

410

Temporel. Qui est le temps. Qui se rapporte au temps. Temps. Contenant infini universel de l’existence des êtres et des choses. Test. Procédé d’évaluation ou de reconnaissance d’une forme ou d’une fonction.

- Test de la question essentielle : interrogation d’une forme ou d’une fonction par qui est-ce qui, qui, quoi, pourquoi, etc. - Test de la question existentielle : interrogation d’une forme ou d’une fonction par où quand comment combien. - Test de l’état essentiel : simulation de l’état d’être. - Test de l’état existentiel : simulation de l’état d’avoir. - Test de l’état actif : remplacement du sujet par l’attribut nominatif propre. - Test de l’état passif : remplacement du sujet par l’objet accusatif propre.

- Test de la voie passive : synonyme du précédent. - Test de sujétion personnelle : remplacement du sujet impersonnel par le sujet apparent. - Test d’objection essentielle : déplacement de l’objet avant le sujet de telle manière qu’il provoque l’accord « essentiel » du définitif. - Test de pronominalisation substantielle : remplacement d’un complément substantiel par un pronom personnifié. - Test de pronominalisation existentielle : remplacement du sujet apparent par un pronom impersonnifié.

- Test de substitution : remplacement d’un mot par un autre mot de la même catégorie grammaticale. Théorie. Contemplation d’une cause. Transitif. Fonction vectrice du projet conduisant l’action du sujet vers l’objet. Transposition. Disposition d’un mot rattaché à distance d’un autre mot dans le propos.

U Unanime. Sens de l’idéalité objective ou subjective. Uni-attributif. De sens attributif direct « ou » indirect.

Unipollent. Qui ne confond pas le sens positif et oppositif. Uniponent. Qui se situe dans « ou » hors de l’état ou de l’action. Unipotent. Qui complète le sens de la forme « ou » de la fonction d’un mot. Unitransitif. Fonction vectrice de sens transitif direct « ou » indirect. Univalent. De forme ou de sens essentiel « ou » existentiel. Univecteur. Qui conduit l’action « ou » l’état. Univers. Contenant spatio-temporel des êtres et des choses. Universalité. Unité du rapport d’attraction. Univoque. Qui dit le sens de l’action « ou » de l’état.

V Valence. Valeur essentielle ou existentielle du sens lexical ou grammatical. Verbe. Principe d’unité. Forme grammaticale de l’existence qui exprime le sens de la modité. Vérité. Elle « est ce qui est », absolument. Virtuel. Qui existe potentiellement dans la réalité. Espace de la pensée informelle, conte-nant des choses potentielles. Voie. Forme du verbe ou fonction vectrice du projet.

Voix. Forme du verbe ou fonction vocale du projet. Volonté. Cause spirituelle. Voyonne. Qui confond la voyelle et la consonne.

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Index

411

INDEX

A

Absent ........................................... 235

Absolu ............................................. 11 Accomodement ....................... 339, 346 Accord

Du définitif ................................ 387 Essentiel .................................... 389 Existentiel .................................. 391 Majeur ....................................... 385 Mineur ....................................... 387

Sylleptique................................. 384 Syntaxique ................................. 384

Action ............................................ 181 Addition (fonction)........................... 45 Adjectif

Adverbial ................................... 124 Définitif ..................................... 282 Figure ........................................ 123

Forme .......................................... 29 Identificatif ............................. 28, 50 Indéfinitif .................................. 285 Nominal..................................... 123 Qualificatif ............................. 29, 50 Sens............................................. 29 Verbal ................................ 123, 224

Adjonction ....................................... 33

Adnom ............................................. 22 Annonciatif .................................. 72 Enonciatif .................................... 71 Epithétique .................................. 28 Prothétique .................................. 23 Relatif .... 91, Voir prénom et pronom

relatif Adverbe ........................................... 29

Adjectival .................................. 124

Annonciatif .................................. 73 Aspectif ....................................... 32 Causatif ....................................... 32 Chosatif ....................................... 30 Conditionnel ................................ 31 Déductif....................................... 32

Dispositif ..................................... 30 Exclamatif ................................... 73 Figure ........................................ 124

Forme .......................................... 30 Générique .................................... 30 Hypothétique ............................... 32 Interrogatif................................... 73 Modificatif................................... 50 Nominal..................................... 124 Oppositif ..................................... 31 Perspectif ..................................... 32

Positif .......................................... 30 Qualitatif ..................................... 32 Quantitatif ................................... 33 Relatif ............... Voir adverbe relatif Sens............................................. 30 Spatial ......................................... 32 Spécifique .................................... 32 Suppositif .................................... 31

Temporel ..................................... 32 Adverbe relatif ............................... 101

Entiftcatif .................................. 103 Essentiel .................................... 102 Existentiel .................................. 103 Figurant ..................................... 104 Figuratif..................................... 104 Figuré ........................................ 104 Forme ........................................ 101

Formel ....................................... 103 Modificatif................................. 103 Qualificatif ................................ 103 Sens........................................... 102

Ame........................................ 147, 163 Ampliatif ....................................... 178 Ancillaire ......................................... 20

Auxiliarisé ................................. 258

Hémi-auxiliarisé ........................ 274 Personnalité ............................... 170 Semi-auxiliarisé ......................... 268 Sens........................................... 169

Annonciatif Adnom ........................................ 72 Adverbe ....................................... 73

Antéparfait ..................................... 250

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La grammaire du verbe

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De l’indéfinitif ............................ 250 De l’infinitif ............................... 250 De l’objonctif ............................. 251

Du subjonctif .............................. 251 Article .............................................. 24

Défini ........................................... 24 Indéfini ........................................ 24

Aspectif Adverbe ....................................... 32 Circonstanciel............................... 61 Conjonction .................................. 38

Préposition ................................... 36 Assessif

Prénom......................................... 24 Préposition ................................... 35 Pronom ........................................ 25

Atemporel ........................................ 15 Attribut

Ablatif ........................... 56, 198, 210

Apparent .................................... 211 Commun .............................. 52, 198 Datif.............................. 56, 199, 210 Direct .................... 52, 197, 199, 210 Du nom objet ........................ 62, 208 Du sujet ........................................ 52 Essentiel ............................... 52, 197 Existentiel ............................ 53, 198

Indirect.......................... 55, 198, 200 Instanciel ...................................... 45 Nominatif ...................... 52, 197, 210 Propre .................................. 52, 197 Qualificatif .................... 53, 198, 210 Réifié ........................................... 45 Substantiel.................................... 52

Auxiliaire ................................. 21, 228 Ancillarisé .................................. 257

Avoir.......................................... 253 Avoir mis pour être ..................... 255 Contresens (faux) ....................... 259 Contresens (vrai) ........................ 255 Etre ............................................ 253 Etre mis pour avoir ..................... 255 Sens ........................................... 256 Sens chronologique..................... 250

Sens final ................................... 249 Sens formel ................................ 251 Sens morphologique ................... 251

Sens psychologique .................... 252 Sens téléologique ........................ 249

Avoir .............................................. 181

Ancillaire ................................... 181 Auxiliaire ........................... 182, 248

C

Cadence.......................................... 178 Causatif ............................................ 32

Adverbe ....................................... 32

Circonstanciel............................... 60 Conjonction .................................. 38 Préposition ................................... 36

Chosatif Adverbe ....................................... 30 Circonstanciel............................... 59 Conjonction .................................. 37 Préposition ................................... 35

Chose

Corporelle .................................... 16 Potentielle .................................... 16 Rapport ........................................ 16 Spirituelle ..................................... 16

Circonstanciel ................................... 56 Aspectif........................................ 61 Causatif ........................................ 60 Chosatif........................................ 59

Conditionnel ................................. 60 Déductif ....................................... 60 Direct ........................................... 57 Dispositif ..................................... 59 Générique ..................................... 59 Hypothétique ................................ 60 Indirect......................................... 58 Inductif ........................................ 60

Oppositif ...................................... 60 Perspectif ..................................... 60 Positif .......................................... 59 Qualitatif ................................ 58, 61 Quantitatif .................................... 61 Spatial .................................... 57, 60 Spécifique .................................... 60 Suppositif ..................................... 60

Temporel ................................ 58, 61 Commande ..................................... 145 Commandement chronologique ....... 341

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Index

413

De la phrase ............................... 341 Des mots.................................... 342

Commandement psychologique ...... 346

De la phrase ............................... 347 Des mots.................................... 349 Equanime .................................. 354 Magnanime ................................ 357 Objectif ..................................... 350 Pusillanime ................................ 355 Subjectif .................................... 352 Unanime .................................... 350

Complément ............................. 46, 111 Complétif ......................................... 47 Concordance chronologique

Contresens ................................. 344 Emploi ....................................... 341 Sens........................................... 336

Concordance des temps .................. 335 Concordance psychologique ........... 346

Contresens .......................... 345, 359 Emploi ....................................... 347 Sens........................................... 346

Conditionnel Adverbe ....................................... 31 Circonstanciel .............................. 60 Conjonction ................................. 38 Préposition................................... 35

Configuration ................................. 113 Conformation

Constructive .............................. 111 Instructive .................................. 109

Confusion Des formes ................................ 120 Du sens ...................................... 119 Figurative .................................. 121 Formelle .................................... 120

Grammaticale ............................ 119 Lexicale ..................................... 116 Morphologique .......................... 119 Physique .................................... 115 Psychique .................................. 115 Syntaxique ................................. 125

Conjonction ..................................... 36 Aspective ..................................... 38

Causative ..................................... 38 Chosative ..................................... 37 Conditionnelle ............................. 38

Déductive .................................... 38 Dispositive................................... 37 Entificative ............................. 89, 90

Essentielle .............................. 37, 89 Existentielle ............................ 37, 89 Fonction ................................. 86, 89 Forme ..................................... 36, 88 Forme physique ........................... 88 Forme psychique .......................... 88 Générique .................................... 37 Hypothétique ............................... 38

Inductive ..................................... 38 Modificative ........................... 89, 90 Oppositive ................................... 37 Perspective .................................. 38 Positive........................................ 37 Qualificative ................................ 89 Qualitative ................................... 38 Quantitative ................................. 38

Sens........................................ 37, 86 Spatiale........................................ 38 Spécifique .................................... 38 Suppositive .................................. 38 Temporelle .................................. 38

Conjonctive (subordonnée) Circonstancielle ........................... 90 Constructive ................................ 90

Instructive .................................... 89 Substantielle ................................ 90

Conscient ....................................... 149 Constructif ....................................... 46

Fonctionnel .................................. 51 Formel ......................................... 61

Coordonnant Fonction .................................... 107 Forme .......................................... 39

Sens............................................. 39 Culture ........................................... 133 Cursif ............................................ 178

D

Décodage ....................................... 162 Décursif ......................................... 179

Déductif Adverbe ....................................... 32 Circonstanciel .............................. 60

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La grammaire du verbe

414

Conjonction .................................. 38 Préposition ................................... 36

Définitif

Adjectival ........................... 231, 282 Emploi ....................................... 280 Figuratif ..................................... 231 Indéfinitif ........................... 280, 284 Infinitif............................... 276, 280 Informel ..................................... 224 Personnalisé ....................... 228, 282 Personnifié .................. 226, 227, 281

Réalisé ....................................... 281 Réifié ................................. 225, 281 Sens ........................................... 280

Démonstratif Prénom......................................... 24 Pronom ........................................ 27

Dépendance ...................................... 47 Morphotaxique ............................. 47

Téléotaxique ................................. 47 Diachronique .................................. 140 Dictionnaire .................................... 107 Direct ............................................... 47 Discours ......................................... 163

Artistique ................................... 164 Complexe ................................... 166 Esotérique .................................. 166

Exotérique .................................. 167 Morphonomique ......................... 166 Passionnel .................................. 167 Poétique ..................................... 164 Pratique ...................................... 166 Rationnel .................................... 167 Romantique ................................ 165 Scientifique ................................ 165 Simple ........................................ 164

Téléonomique............................. 165 Théorique ................................... 164

Dispositif Adverbe ....................................... 30 Circonstanciel............................... 59 Conjonction .................................. 37 Préposition ................................... 35

Durée

Instant ........................................ 234 Moment...................................... 234 Temps ........................................ 234

E

Edition (fonction) ............................. 40 Encodage ........................................ 158 Enonciatif

Adnom ......................................... 71 Equipollent ..................................... 116 Equiponent ....................................... 51 Equipotent .................................. 46, 61 Equivalent ........................................ 48

Equivecteur .................................... 208 Equivoque ...................................... 183 Escient ........................................... 146 Esprit ..................................... 149, 163 Essentiel

Attribut ........................................ 52 Conjonction .................................. 37 Constructif ............................. 52, 53 Implément .................................... 40

Instructif....................................... 49 Objet ............................................ 53 Prénom......................................... 23 Préposition ................................... 34 Valence ........................................ 48

Etant........................................... 12, 14 Etat ................................................ 181

Essentiel ..................................... 252

Existentiel .................................. 252 Etre

Ancillaire ................................... 181 Auxiliaire ........................... 181, 248

Evocatif .......................................... 180 Exclamatif

Adverbe ....................................... 73 Prénom......................................... 72

Pronom ........................................ 73 Excursif .......................................... 179 Existence

Fin ............................................... 15 Forme .......................................... 15

Existentiel Attribut ........................................ 53 Conjonction .................................. 37

Constructif ............................. 53, 54 Implément .................................... 40 Instructif....................................... 50 Objet ............................................ 54

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Index

415

Préposition................................... 35 Pronom ........................................ 25 Valence ....................................... 48

Expression ..................................... 113

F

Figure ............................................ 121 De l’adjectif ............................... 123 De l’adverbe .............................. 124 Du nom ..................................... 121

Du verbe .................................... 122 Imparfaite .................................. 121 Parfaite ...................................... 121

Figurine ......................................... 124 Fin

De l’existence .............................. 15 De l'être ....................................... 12 Du temps ...................... 15, 235, 288

Fini .................................................. 12

Fonction........................................... 40 Addition ...................................... 45 Edition ......................................... 40

Forme De contresens............................. 119 De l’espace .................................. 15 De l’existence .............................. 15 De l'être ....................................... 14

De sens ...................................... 119 Grammaticale .............................. 19

Formel Défini .......................................... 14 Indéfini ........................................ 14 Infini ........................................... 14

Fréquentatif.................................... 179 Futur ....................................... 236, 305

Défini ........................................ 237 Forme chronologique ................. 236 Forme psychologique ................. 244

Futur défini (Fait du) ............... 237, 306 Accomod. chronologique............ 340 Commande chronologique ... 336, 339 Contresens chronologique .......... 308 Contresens psychologique .......... 308

Emploi ....................................... 307 Sens........................................... 306

Futur défini (Parfait du) ........... 237, 309

Accomod. chronologique............ 340 Commande chronologique ... 338, 340 Contresens chronologique .......... 309

Contresens psychologique .......... 309 Emploi ....................................... 309 Sens........................................... 309

Futur indéfini (Fait du) ............ 237, 311 Accomod. chronologique............ 340 Commande chronologique ... 336, 339 Contresens chronologique .......... 313 Contresens psychologique .......... 313

Emploi ....................................... 311 Sens........................................... 311

Futur indéfini (Parfait du) ............... 314 Accomod. chronologique............ 340 Commande chronologique ... 338, 340 Contresens chronologique .......... 315 Contresens psychologique .......... 315 Emploi ....................................... 315

Sens........................................... 314

G

Générique ......... Voir assessif, possessif, chosatif, causatif. Adverbe ....................................... 30 Circonstanciel .............................. 59 Conjonction ................................. 37

Prénom ........................................ 24 Préposition................................... 35 Pronom ........................................ 25

Grammaire ................................ 18, 109

H

Harmonie ....................................... 127 De la grammaire ........................ 128

De l'univers................................ 127 Hémi-auxiliaire ................. 21, 230, 269

Ancillarisé ................................. 274 Contresens (faux) ....................... 274 Contresens (vrai) ........................ 274 Les 3 règles d’emploi ................. 272 Sens........................................... 269

Hypothétique

Adverbe ....................................... 32 Circonstanciel .............................. 60

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La grammaire du verbe

416

Conjonction .................................. 38 Préposition ................................... 35

I

Idée ................................................ 147 Identifiant ......................................... 71 Identificatif

Adjectif .................................. 28, 50 Attributif ...................................... 63 De l'adjectif .................................. 49

De l'attribut .................................. 65 De l'objet ...................................... 64 Détaché .................................. 63, 67 Du circonstanciel .......................... 66 Du nom ........................................ 49 Du pronom ................................... 49 Du sujet ........................................ 64 Entificatif ..................................... 77 Fontionnel .................................... 62

Modificatif ................................... 78 Objectif ........................................ 66 Qualificatif ............................. 78, 96 Rattaché ................................. 64, 67 Syntaxique ................................... 75

Il en est........................................... 195 Il y a ............................................... 193 Imperfectif...................................... 177

Impersonnalisé Mode.......................................... 217 Projet ........................................... 43 Pronom ........................................ 26

Impersonnel Contresens.................................. 173 Emploi ....................................... 172 Pronom ........................................ 26

Sens ........................................... 172 Sujet............................................. 41 Verbe ......................................... 172

Impersonnifié Pronom ........................................ 27

Implément ...................................... 111 Instanciel ...................................... 45 Projet ........................................... 43

Substantiel.................................... 40 Sujet....................................... 40, 42

Implétif ............................................ 46

Incursif ........................................... 179 Indéfini............................................. 13 Indéfinitif

Adjectival ........................... 231, 286 Adverbial ........................... 232, 287 Adverbialisé ............................... 125 Définitif ............................. 281, 283 Emploi ....................................... 283 Figuratif ..................................... 232 Indéfinitif ................................... 284 Infinitif............................... 276, 283

Informel ..................................... 224 Personnalisé ....................... 230, 285 Personnifié .................. 226, 227, 284 Réalisé ....................................... 284 Réifié ................................. 225, 284 Sens ........................................... 283

Indirect ............................................. 47 Individualité

Principe .................................. 16, 18 Inductif

Circonstanciel............................... 60 Conjonction .................................. 38 Préposition ................................... 36

Infini ................................................ 12 Infinitif

Définitif ............................. 276, 280

Emploi ....................................... 276 Figuratif ..................................... 231 Indéfinitif ........................... 276, 284 Infinitif....................................... 276 Informel ..................................... 224 Nominal ..................................... 279 Nominalisé ................................. 125 Personnalisé ....................... 229, 278 Personnifié .................. 226, 227, 277

Réalisé ....................................... 277 Réifié ................................. 225, 277 Sens ........................................... 276 Verbalisé .................................... 125

Injonctif.................................. 288, 330 Définitif ..................................... 281 Forme chronologique .................. 239 Forme de la spatialité .................. 242

Forme de la temporalité .............. 234 Forme psychologique .................. 247 Indéfinitif ........................... 284, 285

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Index

417

Infinitif ...................................... 277 Injonctif (Fait de) .................... 239, 331

Contresens chronologique .......... 333

Emploi ....................................... 332 Sens........................................... 331 Sens psychologique .................... 332

Injonctif (Parfait de) ................ 239, 333 Contresens chronologique .......... 335 Emploi ....................................... 334 Sens........................................... 333 Sens chronologique .................... 334

Instanciel (fonction) . 45, Voir attribut et objet réifié

Instinct .................................... 143, 144 Instructif .......................................... 48

Essentiel ...................................... 49 Existentiel .................................... 50 Fonctionnel .................................. 62 Formel ......................................... 48

Instrument ........................................ 71 Annonciatif .................................. 72 Conjonctif .................................... 86 Coordination .............................. 107 Enonciatif .................................... 71 Ordinaire ..................................... 71 Ordinant ...................................... 73 Relatif ......................................... 91

Subordination .............................. 74 Intemporel ....................................... 15 Interjection....................................... 39

Forme .......................................... 39 Sens............................................. 39

Interrogatif Adverbe ....................................... 73 Prénom ........................................ 72 Pronom ........................................ 73

Irréalisé Mode .................................. 218, 219

L

Langage Inné ........................................... 155 Temps du ................................... 139

Langue Acquis ....................................... 156 Espace de la ............................... 131

Locution ........................................ 114 Impersonnelle ............................ 173

Loi ...................................... Voir ordre

M

Mental ........................................... 149 Mode ..... Voir aussi: Infinitif, indéfinitif,

définitif, objonctif, subjonctif, injonctif. Définitif ..................................... 280

Emploi ....................................... 275 Figuratif..................................... 230 Finitif ........................................ 279 Forme chronologique .......... 232, 234 Forme de la spatialité ................. 241 Forme de la temporalité .............. 233 Forme morphologique ................ 222 Forme psychologique .......... 239, 242 Forme téléologique .................... 220

Harmonisation ........................... 335 Impersonnalisé ........................... 217 Informel..................................... 224 Irréalisé .............................. 218, 219 Jonctif ................................ 218, 288 Majeur ....................................... 288 Mineur ....................................... 275 Personnalisé ............................... 228

Personnalité ............................... 217 Personnifié................................. 226 Réalisé ........................ 219, 225, 232 Réalité ....................................... 218 Réifié ........................................ 225 Sens........................................... 217

Modificatif Adverbe ....................................... 50

Du projet ..................................... 70 Fonctionnel .................................. 70 Formel ......................................... 50 Objet ........................................... 54

Modité ........................................... 170 Monstratif

Prénom ........................................ 24 Pronom ........................................ 26

Morphème ..................................... 159 Morphotaxique ................................. 47 Mot................................... 17, 149, 154

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La grammaire du verbe

418

Composant ................................... 22 Création ..................................... 150 Emploi abstractif ........................ 134

Essence ...................................... 129 Existence .................................... 133 Exposant ...................................... 22 Fonction attractive ...................... 136 Forme abstractive ....................... 130 Imposant ...................................... 19 Mise en forme ............................ 158 Ordonnance .................................. 18

Ordre............................................ 17 Pensée ........................................ 143 Sens attractif............................... 129 Supposant ..................................... 33

N

Nature ............................................ 131 Néant ......................................... 12, 14

Nescient ......................................... 143 Nom ................................................. 19

Adjectival ................................... 121 Adverbial ................................... 122 Figure ........................................ 121 Forme .......................................... 19 Identificatif................................... 49 Sens ............................................. 20

Verbal ................................ 121, 224

O

Objet ................................................ 53 Ablatif .................................. 56, 205 Accusatif ....................... 53, 201, 207 Apparent .................................... 212 Commun ....................... 54, 201, 207

Datif..................................... 56, 205 Direct ................................. 201, 206 Essentiel ............................... 53, 201 Existentiel ............................ 54, 203 Indirect.................. 56, 204, 206, 207 Instanciel ...................................... 45 Modificatif .................... 54, 203, 207 Propre ........................... 53, 201, 207

Réifié ........................................... 45 Substantiel.................................... 53

Objonctif ..... Voir aussi: Présent, passé, futur. Définitif ..................................... 281

Forme chronologique .................. 234 Forme de la spatialité .................. 241 Forme de la temporalité .............. 233 Forme psychologique .................. 243 Indéfinitif ........................... 284, 285 Infinitif....................................... 277

Oppositif Adverbe ....................................... 31

Circonstanciel............................... 60 Conjonction .................................. 37 Préposition ................................... 35

Oraison Du logos ..................................... 133

Ordonnance Mots............................................. 18

Ordre

Choses ......................................... 11 Lois.............................................. 14 Morphologique ........................... 240 Mots..................................... 17, 397 Naturel ......................................... 14 Téléologique .............................. 240

P

Parfait ............................................ 249 Parole ............................................. 154

Apprentissage ............................. 154 Message ..................................... 158

Passé .............................................. 236 Défini ................................. 236, 294 Forme chronologique .................. 236 Forme psychologique .................. 244

Indéfini .............................. 236, 300 Passé défini (Fait du) .............. 236, 294

Accomod. chronologique ............ 340 Commande chronologique .. 336, 339 Contresens chronologique ........... 297 Contresens psychologique ........... 298 Emploi ....................................... 295 Sens ................................... 294, 297

Passé défini (Parfait du) .......... 236, 298 Accomod. chronologique ............ 340 Commande chronologique .. 338, 340

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Index

419

Contresens chronologique .......... 299 Contresens psychologique .......... 299 Emploi ....................................... 299

Sens........................................... 299 Passé indéfini (Fait du) ............ 236, 300

Accomod. chronologique............ 340 Commande chronologique ... 336, 339 Contresens chronologique .......... 302 Contresens psychologique .......... 303 Emploi ....................................... 301 Sens........................................... 300

Passé indéfini (Parfait du) ........ 236, 304 Accomod. chronologique............ 340 Commande chronologique ... 338, 340 Contresens chronologique .......... 304 Contresens psychologique .......... 305 Emploi ....................................... 304 Sens........................................... 304

Pensée ........................................... 154

Perfectif ......................................... 176 Permanence.................................... 176 Personnalisé

Définitif ..................................... 228 Indéfinitif .................................. 230 Infinitif ...................................... 229 Mode ......................................... 228 Projet ........................................... 43

Pronom ........................................ 26 Personnalité

Ancillaire ................................... 170 Mode ......................................... 217 Projet ........................................... 43 Pronom ........................................ 26 Sujet ............................................ 41

Personnel Contresens ................................. 171

Emploi ....................................... 171 Pronom ........................................ 26 Sens........................................... 171 Sujet ............................................ 41 Verbe ........................................ 171

Personnifié Définitif .............................. 226, 227 Indéfinitif ........................... 226, 227

Infinitif ............................... 226, 227 Mode ......................................... 226 Pronom ........................................ 27

Perspectif Adverbe ....................................... 32 Circonstanciel .............................. 60

Conjonction ................................. 38 Préposition................................... 36

Phone ............................................ 159 Phonème ................................. 159, 160 Positif

Adverbe ....................................... 30 Circonstanciel .............................. 59 Conjonction ................................. 37

Préposition................................... 35 Possessif

Prénom ........................................ 24 Préposition................................... 35 Pronom ........................................ 27

Prénom ............................................ 23 Annonciatif .................................. 72 Assessif ....................................... 24

Démonstratif ................................ 24 Exclamatif ................................... 72 Forme .......................................... 23 Générique .................................... 24 Identifiant .................................... 71 Interrogatif................................... 72 Monstratif .................................... 24 Numéral....................................... 25

Ordinal ........................................ 24 Possessif ...................................... 24 Qualitatif ..................................... 24 Quantitatif ................................... 24 Relatif ............... Voir Prénom relatif Sens............................................. 23 Spécifique .................................... 24

Prénom relatif .................................. 92 Adjectival .................................... 92

Entificatif .................................... 94 Modificatif................................... 94 Nominal....................................... 93 Qualificatif .................................. 92

Préposition ....................................... 34 Aspective ..................................... 36 Assessive ..................................... 35 Causative ..................................... 36

Chosative ..................................... 35 Conditionnelle ............................. 35 Déductive .................................... 36

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La grammaire du verbe

420

Dispositive ................................... 35 Entificative ....................... 77, 80, 84 Essentielle .............................. 34, 77

Existentielle............................ 35, 78 Figurative ..................................... 78 Fonction ................................. 74, 82 Forme .................................... 34, 74 Forme physique ............................ 74 Forme psychique .......................... 75 Formelle ....................................... 77 Générique ..................................... 35

Hypothétique ................................ 35 Impartitive.................................... 80 Indéfinitive ................................... 82 Inductive ...................................... 36 Infinitive ................................... Voir Moddificative ............................... 78 Modificative ..................... 80, 84, 86 Oppositive .................................... 35

Partitive........................................ 79 Perspective ................................... 36 Positive ........................................ 35 Possessive .................................... 35 Prénominale ................................. 79 Préverbale .................................... 82 Qualificative ..................... 78, 80, 84 Qualitative.................................... 36

Quantitative .................................. 36 Sens ............................................. 35 Spatiale ........................................ 36 Spécifique .................................... 36 Suppositive................................... 35 Temporelle ................................... 36

Prescient ......................................... 147 Présent ........................................... 235

Défini ......................................... 235

Forme chronologique .................. 235 Forme psychologique .................. 243 Indéfini ...................................... 235 Infini .......................................... 235

Présent (Fait du) ..................... 235, 289 Accomod. chronologique ............ 340 Commande chronologique .. 336, 339 Contresens chronologique ........... 290

Contresens psychologique ........... 290 Emploi ....................................... 289 Sens ........................................... 289

Présent (Parfait du) ................. 235, 291 Accomod. chronologique ............ 340 Commande chronologique .. 337, 339

Contresens chronologique ........... 293 Contresens psychologique ........... 293 Emploi ....................................... 291 Sens ........................................... 291

Principe D’individualité ....................... 16, 18 D’unité ......................................... 11 D’universalité ......................... 17, 18

De certitude relative .................... 117 De confusion ................................ 17 De fusion...................................... 17 De réalité................................ 14, 16 De vérité ................................ 11, 16 D'incertitude absolue .................. 116 Du jeu de dés ..................................4

Projet ............................................... 43

Accord ................... 384, Voir accord Apport ........................................ 379 Disposition ................................. 382 Fonction vectrice ............... Voir voie. Fonction vocale ................. Voir voix. Impersonnalisé ............................. 43 Non-occurence ........................... 380 Occurence .................................. 380

Personnalisé ................................. 43 Personnalité .................................. 43 Position ...................................... 382 Raccord ...................................... 384 Réalité .......................................... 43 Transport .................................... 381

Pronom............................................. 25 Adjectival ..................................... 95 Annonciatif .................................. 73

Assessif ........................................ 25 Démonstratif ................................ 27 Equivoque .......................... 184, 187 Exclamatif .................................... 73 Forme .......................................... 25 Générique ..................................... 25 Impersonnalisé ............................. 26 Impersonnel.................................. 26

Impersonnifié ............................... 27 Interrogatif ................................... 73 Monstratif .................................... 26

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Index

421

Nominal....................................... 25 Personnalisé ................................. 26 Personnalité ................................. 26

Personnel ..................................... 26 Personnifié................................... 27 Possessif ...................................... 27 Pronominal .................................. 25 Qualifiant ............................... 25, 72 Qualitatif ..................................... 28 Quantitatif ................................... 28 Relatif ............... Voir pronom relatif.

Sens............................................. 25 Spécifique .................................... 28 Univoque ............................ 184, 187

Pronom relatif .................................. 94 Adjectival .................................... 94 Bivalent .................................. 95, 98 Entificatif .................................. 100 Modificatif................................. 100

Monovalent............................. 95, 98 Nominal....................................... 97 Qualificatif .................................. 96

Propos ............................................. 18 Création ..................................... 150 Impersonnel ............................... 173 Indéfinitif .................................. 285 Infinitif ...................................... 278

Réifié ........................................ 225 Proposition

Indéfinitive ................................ 285 Infinitive .................................... 278 Personnifiée ............................... 226 Subordonnée ....... Voir conjonctive et

relative Puissance ......................................... 46

Conjugale .................................... 46

Structurale ................................... 46

Q

Qualifiant ......................................... 72 Pronom ........................................ 25

Qualificatif Adjectif .................................. 29, 50

Attribut du sujet ........................... 53 Attributif ..................................... 68 Commun ...................................... 50

De l'identificatif ........................... 69 De l'objet ..................................... 68 Détaché ....................................... 68

Du circonstanciel ......................... 69 Du sujet ....................................... 68 Fonctionnel .................................. 67 Formel ......................................... 50 Objectif ....................................... 69 Propre .......................................... 50 Rattaché....................................... 68

Qualitatif

Adverbe ....................................... 32 Circonstanciel ......................... 58, 61 Conjonction ................................. 38 Prénom ........................................ 24 Préposition................................... 36 Pronom ........................................ 28

Quantitatif Adverbe ....................................... 33

Circonstanciel .............................. 61 Conjonction ................................. 38 Prénom ........................................ 24 Préposition................................... 36 Pronom ........................................ 28

R

Raccord ........................................... 47

Direct .......................................... 47 Indirect ........................................ 47 Morphotaxique............................. 47 Téléotaxique ................................ 47

Raison .................................... 128, 149 Raisonance....................................... 11

De la grammaire ........................ 128 De l'univers................................ 127

Escient ....................................... 146 Raisonnement ................................ 152 Rapport

Chose .......................................... 16 Confusion .................................. 114 Fusion ....................................... 109 Mots .......................................... 107 Réalité ....................................... 108

Vérité ................................. 107, 108 Réalisé

Mode .......................... 219, 225, 232

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La grammaire du verbe

422

Réalité De l’univers .................................. 15 De l'ancillaire ............................. 175

Du projet ...................................... 43 Du sujet ........................................ 41 Idéelle .......................................... 16 Mode.......................................... 218 Réelle ........................................... 16 Virtuelle ....................................... 16

Réifié Attribut ........................................ 45

Définitif ..................................... 225 Indéfinitif ................................... 225 Infinitif....................................... 225 Mode.......................................... 225 Objet ............................................ 45 Propos .......................................... 45

Relatif .............................................. 14 Relative adverbiale (subordonnée)

Annonciative .............................. 105 Circonstancielle .......................... 105 Constructive ............................... 105 Enonciative ................................ 105 Exclamative................................ 105 Instructive .................................. 105 Interrogative ............................... 105 Substantielle ............................... 105

Relative prénominale (subordonnée) Adjectivale ................................... 92 Annonciative ................................ 93 Circonstancielle ............................ 94 Constructive ................................. 94 Enonciative .................................. 93 Exclamative.................................. 93 Interrogative ................................. 93 Nominale ..................................... 94

Substantielle ................................. 94 Relative pronominale (subordonnée)

Adjectivale ................................... 96 Annonciative ................................ 98 Circonstancielle .......................... 100 Constructive ............................... 100 Enonciative .................................. 98 Exclamative.................................. 98

Instructive .................................... 99 Interrogative ................................. 98 Nominale ..................................... 99

Substantielle ............................... 100 Résonance

De la grammaire ......................... 142

De l'univers ................................ 127 Nescient ..................................... 143

S

Semi-auxiliaire .................. 21, 229, 260 Ancillarisé .................................. 267 Contresens (faux) ....................... 268

Contresens (vrai) ........................ 266 Fonctionnel ................................ 261 Formel ....................................... 261 Sens ........................................... 261 Sens chronologique..................... 263 Sens final ................................... 262 Sens formel ................................ 263 Sens morphologique ................... 264 Sens psychologique .................... 264

Sens téléologique ........................ 262 Sens

De la réalité ................................ 116 De l'idéalité ................................ 117 Dépendance .................................. 47 Equanime ................................... 118 Equipollent ................................. 116 Impersonnel................................ 172

Magnanime ................................ 118 Morphologique ........................... 222 Objectif ...................................... 117 Personnel ................................... 171 Psychologique ............................ 239 Puissance ..................................... 46 Pusillanime................................. 118 Subjectif ..................................... 117

Téléologique .............................. 220 Unanime..................................... 117 Unipollent .................................. 116 Valence ........................................ 47

Sens final De l’auxilliaire ........................... 249 De l'ancillaire ..................... 176, 178 Du mode .................................... 220

Du semi-auxilliaire ..................... 262 Sens formel

De l’ancillaire ............................. 180

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Index

423

De l’auxilliaire ........................... 251 Du mode ............................. 221, 223 Du semi-auxilliaire ..................... 263

Sentimental .................................... 147 Spatial

Adverbe ....................................... 32 Circonstanciel ......................... 57, 60 Conjonction ................................. 38 Préposition................................... 36

Spécifique ........................................ 32 Adverbe ....................................... 32

Circonstanciel .............................. 60 Conjonction ................................. 38 Prénom ........................................ 24 Préposition................................... 36 Pronom ........................................ 28

Subjonctif ...................................... 316 Accomodement .......................... 339 Défini ........................................ 318

Définitif ..................................... 281 Forme chronologique ................. 237 Forme de la spatialité ................. 242 Forme de la temporalité .............. 233 Forme psychologique ................. 245 Indéfini ...................................... 324 Indéfinitif ........................... 284, 285 Infinitif ...................................... 277

Subjonctif défini (Fait du)........ 238, 318 Accomod. chronologique............ 341 Contresens chronologique .......... 321 Contresens psychologique .......... 321 Emploi ....................................... 319 Sens........................................... 318 Sens chronologique .................... 318 Sens psychologique .................... 319

Subjonctif défini (Parfait du) ... 238, 321

Accomod. chronologique............ 341 Contresens chronologique .......... 323 Contresens psychologique .......... 324 Emploi ....................................... 322 Sens........................................... 322 Sens chronologique .................... 322 Sens psychologique .................... 322

Subjonctif indéfini (Fait du) ..... 238, 325

Accomod. chronologique............ 340 Contresens chronologique .......... 327 Contresens psychologique .......... 327

Emploi ....................................... 326 Sens chronologique .................... 325 Sens psychologique .................... 325

Subjonctif indéfini (Parfait du). 238, 327 Accomod. chronologique............ 340 Contresens chronologique .......... 329 Contresens psychologique .......... 330 Emploi ....................................... 328 Sens........................................... 328 Sens chronologique .................... 328 Sens psychologique .................... 328

Subordonnant .............................. 34, 74 Substantiel ....................................... 51

Direct .......................................... 52 Indirect ........................................ 55

Sujet ................................................ 40 Apparent ...................................... 42 Complément ........................... 42, 62 De l'adjectif attribut ............... 62, 208

Impersonnel ................................. 41 Implément ................................... 42 Parent ou réel ............................... 42 Personnalité ................................. 41 Personnel ..................................... 41 Réalité ......................................... 41 Vérité .......................................... 42

Supplément ............ 71, Voir instrument.

Supplétif .......................................... 47 Suppositif

Adverbe ....................................... 31 Circonstanciel .............................. 60 Conjonction ................................. 38 Préposition................................... 35

Synchronique ................................. 139

T

Temporalité.................................... 233 Atemporelle de l’injonctif........... 234 Intemporelle du subjonctif .......... 233 Temporelle de l’objonctif ........... 233

Temporel ......................................... 15 Adverbe ....................................... 32 Circonstanciel ......................... 58, 61

Conjonction ................................. 38 Préposition................................... 36

Temps

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La grammaire du verbe

424

Absent ................................ 236, 293 Présent ............................... 235, 288

Test

D’objection essentielle .......... 53, 201 De l’état actif ...................... 197, 198 De l’état passif.............................. 53 De la question essentielle . 40, 47, 55,

197, 201 De la question existentielle..... 48, 54,

198, 203 De la voie passive ................. 53, 258

De pronominalisation existentielle 57, 216

De pronominalisation substantielle 51 De substitution ............................. 54 De sujétion personnelle ............... 209

Transitif.................................. Voir voie

U

Unipollent ...................................... 116 Uniponent ........... 51, Voir substantiel et

circonstanciel direct Unipotent ......................................... 48 Univalent .......................................... 48 Univecteur ...................................... 196 Universalité

Principe .................................. 17, 18

V

Valence ............................................ 47 Grammaticale ............................... 48 Lexicale ....................................... 47

Verbe ............................................... 20 Adjectival ................................... 122 Adverbial ................................... 123

Emploi ....................................... 275 Figure ........................................ 122 Fonction ..................................... 379 Forme .......................................... 20 Forme physique .......................... 361 Forme psychique ........................ 169 Grammaire ................................. 169 Nominal ..................................... 122

Sens ..................................... 22, 169 Syntaxe physique ........................ 379

Syntaxe psychique ...................... 379 Variations de la forme ................. 364 Variétés de la forme .................... 362

Vérité Sujet............................................. 42

Voie ............................................... 196 Covectrice .................................. 214 De la parence .............................. 196 Du sujet apparent ........................ 209 Du sujet inapparent ..................... 211 Equivectrice ......................... 44, 208

Evectrice 196, Voir voie attributive et transitive

Impersonnelle ............................. 208 Invectrice212, Voir voie inattributive,

intransitive, instancielle, circonstancielle

Personnelle ................................. 196 Univectrice ........................... 44, 196

Voie attributive Ablative ..................................... 198 Commune ................................... 198 Dative ........................................ 199 De contresens attributif ............... 200 De l’attribut apparent .................. 211 De sens attributif ........................ 196 Directe ............................... 197, 199

Equi-attributive................... 199, 210 Essentielle .................................. 197 Existentielle................................ 198 Indirecte ............................. 198, 200 Nominative................................. 197 Propre ........................................ 197 Qualificative ............................... 198 Uni-attributive .................... 196, 210

Voie circonstancielle

Impersonnelle ............................. 217 Personnelle ................................. 214

Voie inattributive Impersonnelle ............................. 214 Personnelle ................................. 213

Voie instancielle Impersonnelle ............................. 214 Personnelle ................................. 212

Voie intransitive De contresens intransitif.............. 213 De sens intransitif ....................... 213

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Index

425

Du sujet apparent ....................... 215 Equivoque .......................... 213, 216 Impersonnelle ............................ 215

Personnelle ................................ 213 Univoque ................................... 213

Voie transitive Ablative ..................................... 205 Accusative ................................. 201 Dative ........................................ 205 De contresens transitif ................ 207 De l’objet apparent ..................... 212

De sens transitif ......................... 200 Directe ................................ 201, 206 Equitransitive ............................. 206 Essentielle ................................. 201 Existentielle ............................... 203 Impersonnelle ............................ 210 Indirecte ............................. 204, 206 Modificative .............................. 203

Personnelle ................................ 200 Unitransitive .............................. 200

Voix .............................................. 180 Evocative . 180, Voir voix univoque et

équivoque Impersonnelle ............................ 190 Invocative .................................. 195 Personnelle ................................ 180

Provocatrice active ..................... 268

Provocatrice passive ................... 269 Voix équivoque ......................... 44, 183

De sens équivoque ..................... 183

De sens essentiel ........................ 184 De sens existentiel...................... 183 De sens personnel ...................... 183 Du contresens actif ..................... 187 Du contresens équivoque ............ 185 Du contresens essentiel .............. 187 Du contresens existentiel ............ 186 Du contresens impersonnel ......... 191

Du contresens objectif ................ 189 Du contresens passif ................... 188 Du contresens réciproque ........... 189 Du contresens réfléchi ................ 189 Du contresens subjectif .............. 187

Voix univoque .......................... 44, 181 De sens essentiel ........................ 181 De sens existentiel...................... 181

De sens impersonnel .................. 190 De sens personnel ...................... 180 De sens univoque ....................... 181 Du contresens de l’action ........... 182 Du contresens de l’état ............... 182 Du contresens impersonnel ......... 190 Du contresens personnel ............. 171 Du contresens univoque ............. 182

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TABLE DES MATIERES AVANT PROPOS ............................................................................................................... 3 INTRODUCTION................................................................................................................ 5 PLAN .............................................................................................................................. 7 LIVRE PREMIER : L’UNIVERS DU VERBE ......................................................... 11

CHAPITRE I : L’ORDRE ......................................................................................... 11

1A. L’ORDRE DES CHOSES .............................................................................................. 11

2A. L’ORDONNANCE DES CHOSES ................................................................................... 11

1a. Le principe de vérité ........................................................................................... 11

2a. La raison d’être .............................................................................................. 12 3a. La fin de l’être............................................................................................ 12 3b. La forme de l’être....................................................................................... 14

2b. L’ordre naturel ............................................................................................... 14

1b. Le principe de réalité .......................................................................................... 14

2a. La réalité des choses ....................................................................................... 15 2b. La réalité de l’univers ..................................................................................... 15

2B. LE RAPPORT ENTRE LES CHOSES ................................................................................ 16

1B. L’ORDRE DES MOTS ................................................................................................. 17

2A. L’ORDONNANCE DES MOTS....................................................................................... 18

3A. LES FORMES GRAMMATICALES ................................................................................. 19

1a. Les mots imposants ............................................................................................ 19

2a. Le nom........................................................................................................... 19

2b. Le verbe ......................................................................................................... 20

1b. Les mots exposants ............................................................................................. 22

2a. Les mots composants ...................................................................................... 22 3a. L’adnom .................................................................................................... 22

4a. L’adnom prothétique .............................................................................. 23 5a. Le prénom identifiant ......................................................................... 23 5a. Le pronom qualifiant .......................................................................... 25

4b. L’adnom épithétique .............................................................................. 28 5a. L’adjectif identificatif ........................................................................ 28

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La grammaire du verbe

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5b. L’adjectif qualificatif .......................................................................... 29 3b. L’adverbe ................................................................................................... 29

2b. Les mots supposants ....................................................................................... 33

3a. L’adjonction ............................................................................................... 33 4a. Les subordonnants .................................................................................. 34

5a. La préposition .................................................................................... 34 5b. La conjonction que ............................................................................. 36

4b. Le coordonnant ...................................................................................... 38 3b. L’interjection .............................................................................................. 39

3B. LES FONCTIONS GRAMMATICALES ............................................................................. 40

1a. Les fonctions d’édition ........................................................................................ 40

2a. Les impléments substantiels ............................................................................ 40 3a. Le sujet....................................................................................................... 40

3b. Le projet ..................................................................................................... 43

2b. Les impléments instanciels .............................................................................. 45

3a. L’attribut réifié ........................................................................................... 45 3b. L’objet réifié .............................................................................................. 45

1b. Les fonctions d’addition ...................................................................................... 45

2a. La fonction des compléments .......................................................................... 46

3a. Les compléments unipotents ........................................................................ 48

4a. Les compléments instructifs formels ........................................................ 48 5a. Les compléments instructifs essentiels ................................................. 49

6a. Le nom identificatif ........................................................................ 49 6b. L’adjectif identificatif ..................................................................... 50

5b. Les compléments instructifs existentiels .............................................. 50 6a. L’adjectif qualificatif ...................................................................... 50 6b. L’adverbe modificatif ..................................................................... 50

4b. Les compléments constructifs fonctionnels .............................................. 51 5a. Les compléments substantiels ............................................................. 51

6a. Les compléments substantiels directs .............................................. 52 7a. L’attribut direct du sujet ............................................................. 52 7b. L’objet direct du projet ............................................................... 53

6b. Les compléments substantiels indirects ........................................... 55 7a. L’attribut indirect ....................................................................... 55 7b. L’objet indirect .......................................................................... 56

5b. Les compléments circonstanciels ........................................................ 56 6a. Les compléments circonstanciels directs.......................................... 57 6b. Les compléments circonstanciels indirects ...................................... 58

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La grammaire du verbe

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3b. Les compléments équipotents ...................................................................... 61 4a. Les compléments constructifs formels ..................................................... 61 4b. Les compléments instructifs fonctionnels ................................................ 62

2b. La fonction des suppléments............................................................................ 71

3a. Les instruments ordinaires ........................................................................... 71 4a. Les instruments énonciatifs ..................................................................... 71 4b. Les instruments annonciatifs ................................................................... 72

5a. L’adnom annonciatif ........................................................................... 72 5b. L’adverbe annonciatif ......................................................................... 73

3b. Les instruments ordinants............................................................................ 74

4a. Les instruments de subordination ............................................................ 74 5a. Le subordonnant du mot : la préposition .............................................. 74

6a. La forme de la préposition .............................................................. 74 6b. La fonction de la préposition........................................................... 83

5b. Les subordonnants de la proposition .................................................... 86 6a. La conjonction « que » ................................................................... 86

7a. La forme de la conjonction que ................................................... 88 7b. La fonction de la conjonction que ............................................... 89

6b. Les instruments relatifs ................................................................... 91 7a. L’adnom relatif .......................................................................... 92

8a. Le prénom relatif.................................................................... 92 8b. Le pronom relatif ................................................................... 95

7b. L’adverbe relatif ...................................................................... 101 8a. La forme de l’adverbe relatif ................................................ 102 8b. La fonction de l’adverbe relatif ............................................. 105

4b. L’instrument de coordination ................................................................ 107

2B. LE RAPPORT ENTRE LES MOTS .................................................................................. 107

3A. DANS LE DICTIONNAIRE .......................................................................................... 108

1a. Le rapport de vérité ........................................................................................... 108 1b. Le rapport de réalité .......................................................................................... 108

3B. DANS LA GRAMMAIRE ............................................................................................ 109

4A. LE RAPPORT DE FUSION .......................................................................................... 109

5A. LA CONFORMATION................................................................................................ 109

1a. La conformation instructive ............................................................................... 110 2a. La conformation du nom ............................................................................... 110 2b. La conformation du verbe ............................................................................. 110

1b. La conformation constructive ............................................................................ 111

2a. La conformation des impléments ................................................................... 111

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431

2b. La conformation des compléments ................................................................ 111

5B. LA CONFIGURATION ............................................................................................... 113

1a. L’expression ..................................................................................................... 113

1b. La locution ....................................................................................................... 114

4B. LE RAPPORT DE CONFUSION .................................................................................... 114

5A. LA CONFUSION PHYSIQUE ....................................................................................... 115

5B. LA CONFUSION PSYCHIQUE ..................................................................................... 115

1a. La confusion lexicale ........................................................................................ 116

2a. Le sens de la réalité du mot ........................................................................... 116 2b. Le sens de l’idéalité du mot .......................................................................... 117

3a. Les mots unanimes ................................................................................... 117 3b. Les mots équanimes ................................................................................. 118

1b. La confusion grammaticale ............................................................................... 119

2a. La confusion morphologique ......................................................................... 119 3a. La confusion du sens ................................................................................ 119

3b. La confusion des formes ........................................................................... 120 2b. La confusion syntaxique ............................................................................... 125

3a. La confusion dans la fonction du sujet ....................................................... 125 3b. La confusion dans la fonction de l’objet .................................................... 126

CHAPITRE II : L’HARMONIE .............................................................................. 127

1A. L’HARMONIE DE L’UNIVERS ................................................................................... 127

1B. L’HARMONIE DE LA GRAMMAIRE ............................................................................ 128

2A. LA RAISONANCE UNIVERSELLE DE LA GRAMMAIRE ................................................... 128

3A. LA RAISON DU LOGOS ............................................................................................ 128

1a. L’essence des mots ........................................................................................... 129 2a. Le sens attractif du mot ................................................................................. 129 2b. La forme abstractive du mot ......................................................................... 130

1b. L’espace de la langue ....................................................................................... 131

2a. Le miroir de la nature ................................................................................... 131 2b. Le miroir de la culture .................................................................................. 133

3B. L’ORAISON DU LOGOS ............................................................................................ 133

1a. L’existence des mots......................................................................................... 133

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La grammaire du verbe

432

2a. L’emploi abstractif du mot ............................................................................ 134 2b. La fonction attractive du mot ......................................................................... 136

1b. Le temps du langage ......................................................................................... 139

2a. L’état synchronique du langage. .................................................................... 139 2b. L’évolution diachronique du langage. ............................................................ 140

2B. LA RESONANCE INDIVIDUELLE DE LA GRAMMAIRE .................................................... 142

3A. DE LA PENSEE AUX MOTS ........................................................................................ 143

4A. LA RESONANCE DU NESCIENT COMPORTEMENTAL ..................................................... 143

1a. Le nescient ........................................................................................................ 144 1b. L’instinct .......................................................................................................... 144

4B. LA RAISONANCE DE L’ESCIENT ................................................................................ 146

5A. LES IDEES DU PRESCIENT SENTIMENTAL ................................................................... 147

1a. Le prescient ...................................................................................................... 147 1b. L’âme ............................................................................................................... 147

5B. LES MOTS DU CONSCIENT MENTAL ........................................................................... 149

1a. Le conscient ...................................................................................................... 149

1b. L’esprit ............................................................................................................. 149 3B. DES MOTS A LA PENSEE........................................................................................... 154

4A. L’INTIMITE DE LA PAROLE ...................................................................................... 154

1a. L’apprentissage de la parole .............................................................................. 154 2a. L’inné du langage ......................................................................................... 155 2b. L’acquis de la langue .................................................................................... 156

1b. Le message de la parole ..................................................................................... 158

2a. L’encodage du message ................................................................................. 158 2b. Le décodage du message ............................................................................... 162

4B. LA PUBLICITE DU DISCOURS .................................................................................... 163

1a. Le discours simple............................................................................................. 164 2a. Le discours théorique .................................................................................... 164 2b. Le discours pratique ...................................................................................... 166

1b. Le discours complexe ........................................................................................ 166

2a. Le discours ésotérique ................................................................................... 166 2b. Le discours exotérique .................................................................................. 167

3a. Le discours passionnel .............................................................................. 167 3b. Le discours rationnel ................................................................................. 167

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433

LIVRE SECOND : LA GRAMMAIRE DU VERBE ............................................... 169

CHAPITRE I : LA MORPHOLOGIE DU VERBE169

1A. LA MORPHOLOGIE PSYCHIQUE ................................................................................ 169

2A. LE SENS DU VERBE ................................................................................................ 169

3A. LE SENS DU VERBE ANCILLAIRE .............................................................................. 169

4A. LE SENS DE LA MODITE .......................................................................................... 170

5A. LA FORME DE LA PERSONNALITE DE L’ANCILLAIRE ................................................... 170

6A. LA FORME PERSONNELLE ....................................................................................... 170

1a. Le sens personnel ............................................................................................. 171 1b. L’emploi personnel........................................................................................... 171

6B. LA FORME IMPERSONNELLE .................................................................................... 172

1a. Le sens impersonnel ......................................................................................... 172 1b. L’emploi impersonnel ....................................................................................... 172

5B. LA FORME DE LA REALITE DE L’ANCILLAIRE ............................................................ 175

6A. LE SENS FINAL DE L’ANCILLAIRE ............................................................................ 176

7A. LA FORME DE LA PERMANENCE ............................................................................... 176

1a. La forme perfective .......................................................................................... 176 1b. La forme imperfective ...................................................................................... 177

7B. LA FORME DE LA CADENCE ..................................................................................... 178

1a. La forme ampliative .......................................................................................... 178 1b. La forme fréquentative ..................................................................................... 179

6B. LE SENS FORMEL DE L’ANCILLAIRE ......................................................................... 180

7A. LA FORME VOCALE ................................................................................................ 180

8A. LA VOIX EVOCATIVE .............................................................................................. 180

9A. LA VOIX PERSONNELLE .......................................................................................... 180

1a. La forme univoque............................................................................................ 180 2a. Le sens univoque .......................................................................................... 181 2b. L’emploi univoque ....................................................................................... 182

1b. La forme équivoque .......................................................................................... 183

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La grammaire du verbe

434

2a. Le sens équivoque ......................................................................................... 183 2b L’emploi équivoque ....................................................................................... 184

9B. LA VOIX IMPERSONNELLE ....................................................................................... 190

1a. La voix de sens impersonnel .............................................................................. 190 1b. La voix de contresens impersonnel .................................................................... 190

2a. La voix univoque de contresens impersonnel.................................................. 190 2b. La voix équivoque de contresens impersonnel ................................................ 191

3a. Le contresens impersonnel équivoque existentiel ....................................... 191 3b. Le contresens impersonnel équivoque essentiel .......................................... 192

8B. LA VOIX INVOCATIVE ............................................................................................. 195

1a. La voix invocative personnelle........................................................................... 195 1b. La voix invocative impersonnelle ...................................................................... 195

7B. LA FORME VECTRICE .............................................................................................. 196

8A. LA VOIE EVECTRICE ............................................................................................... 196

9A. LA VOIE EVECTRICE PERSONNELLE .......................................................................... 196

1a. La forme univectrice ......................................................................................... 196

2a. La forme attributive....................................................................................... 196 3a. Le sens attributif ....................................................................................... 196

4a. Le sens uni-attributif ............................................................................. 197 5a. Le sens attributif direct ..................................................................... 197 5b. Le sens attributif indirect .................................................................. 198

4b. Le sens équi-attributif ........................................................................... 199 3b. L’emploi attributif .................................................................................... 199

2b. La forme transitive ........................................................................................ 200

3a. Le sens du verbe transitif ........................................................................... 200 4a. Le sens unitransitif................................................................................ 200

5a. Le sens transitif direct ....................................................................... 201 5b. Le sens transitif indirect .................................................................... 204

4b. Le sens équitransitif .............................................................................. 206 3b. L’emploi du verbe transitif ........................................................................ 206

1b. La forme équivectrice........................................................................................ 208

2a. La forme attributive-transitive ou équivectrice passive ................................... 208 2b. La forme transitive-attributive ou équivectrice active ..................................... 208

9B. LA VOIE EVECTRICE IMPERSONNELLE ....................................................................... 208

1a. La voie du sujet apparent ................................................................................... 209 2a. Le sujet apparent de l’état attributif ................................................................ 209 2b. Le sujet apparent de l’action transitive ........................................................... 210

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435

1b. La voie du sujet inapparent ............................................................................... 211 2a. L’attribut apparent ........................................................................................ 211 2b. L’objet apparent ........................................................................................... 212

8B. LA VOIE INVECTRICE .............................................................................................. 212

9B. LA VOIE INVECTRICE PERSONNELLE......................................................................... 212

1a. La voie instancielle ........................................................................................... 212 2a. La forme inattributive ................................................................................... 213 2b. La forme intransitive .................................................................................... 213

1b. La voie circonstancielle .................................................................................... 214

9B. LA VOIE INVECTRICE IMPERSONNELLE ..................................................................... 214

1a. La voie instancielle impersonnelle ..................................................................... 214 2a. La forme inattributive impersonnelle ............................................................. 214 2b. La forme intransitive impersonnelle .............................................................. 215

1b. La voie circonstancielle impersonnelle .............................................................. 217

4B. LE SENS DU MODE .................................................................................................. 217

5A. LA FORME DE LA PERSONNALITE DU MODE............................................................... 217

6A. LES MODES IMPERSONNALISES................................................................................ 217

6B. LES MODES PERSONNALISES ................................................................................... 218

5B. LA FORME DE LA REALITE DU MODE ......................................................................... 218

6A. LES MODES IRREALISES .......................................................................................... 219

7A. LA FORME « TELEOLOGIQUE » DU MODE .................................................................. 220

8A. LE SENS FINAL ABSTRAIT ....................................................................................... 220

1a. Le sens final abstrait infini ou « infinitif » ......................................................... 220 1b. Le sens final abstrait fini ................................................................................... 220

8B. LE SENS FORMEL ABSTRAIT .................................................................................... 221

1a. Le sens formel abstrait infini ou « virtualisé » .................................................... 221 1b. Le sens formel abstrait fini ................................................................................ 221

7B. LA FORME « MORPHOLOGIQUE » DU MODE............................................................... 222

8A. LE SENS FINAL CONCRET ........................................................................................ 222

1a. Le sens final concret fini ................................................................................... 222

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La grammaire du verbe

436

1b. Le sens final concret infini ................................................................................ 223

8B. LE SENS FORMEL CONCRET...................................................................................... 223

1a. Le sens formel concret infini ou « informel » ..................................................... 224

1b. Le sens formel concret fini ................................................................................ 224 2a. Le sens formel concret défini ou formel ......................................................... 224 2b. Le sens formel concret indéfini ou « figuratif » .............................................. 230

6B. LES MODES REALISES ............................................................................................. 232

7A. LA FORME « CHRONOLOGIQUE » DU MODE ............................................................... 232

1a. Le sens de la temporalité du mode ..................................................................... 233 2a. La temporalité finie des modes jonctifs .......................................................... 233 2b. La temporalité infinie ou atemporelle de l’injonctif ........................................ 234

1b. Le sens chronologique du mode ......................................................................... 234

2a. La durée des modes jonctifs ........................................................................... 234 3a. Les temps de l’objonctif ............................................................................ 234

4a. Le temps présent ................................................................................... 235 4b. Le temps absent .................................................................................... 235

5a. Le temps passé ................................................................................. 236 5b. Le temps futur .................................................................................. 236

3b. Le moment du subjonctif.......................................................................... 237 4a. Le moment intemporel du subjonctif ..................................................... 237 4b. Le moment temporel du subjonctif ........................................................ 238

2b. L’instant sans durée de l’injonctif .................................................................. 239

7B. LA FORME « PSYCHOLOGIQUE » DU MODE ............................................................... 239

1a. Le sens de la spatialité du mode ......................................................................... 241 2a. La spatialité formelle des modes jonctifs ........................................................ 241

3a. La spatialité réelle de l’objonctif ................................................................ 241 3b. La spatialité idéelle du subjonctif .............................................................. 242

2b. La spatialité informelle ou virtuelle de l’injonctif ........................................... 242

1b. Le sens psychologique du mode......................................................................... 242

2a. La pensée esciente des modes jonctifs ............................................................ 243 3a. La pensée consciente de l’objonctif ........................................................... 243

4a. La psychologie jective du présent .......................................................... 243

4b. La psychologie introjective de l’absent .................................................. 243 5a. La psychologie objective du passé ..................................................... 244

6a. L’état d’esprit objectif du passé défini ........................................... 244 6b. L’état d’âme subjectif du passé indéfini ........................................ 244

5b. La psychologie subjective du futur .................................................... 244 6a. L’état d’esprit objectif du futur défini ............................................ 245 6b. L’état d’âme subjectif du futur indéfini ......................................... 245

3b. La pensée presciente du subjonctif ............................................................ 245

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437

4a. L’état d’esprit objectif du subjonctif défini ............................................ 246 4b. L’état d’âme du subjonctif indéfini ....................................................... 246

2b. La pensée nesciente de l’injonctif.................................................................. 247

3B. LE SENS DU VERBE AUXILIAIRE ............................................................................... 248

4A. LES AUXILIAIRES INFINIS : ETRE ET AVOIR ............................................................... 248

1a. Le sens des auxiliaires infinis ............................................................................ 248 2a. Le sens final des auxiliaires .......................................................................... 249 2b. Le sens formel de l’auxiliaire ........................................................................ 251

1b. L’emploi des auxiliaires infinis ......................................................................... 253

2a. L’emploi du sens de l’auxiliaire .................................................................... 253 2b. L’emploi du contresens................................................................................. 254

4B. LES AUXILIAIRES FINIS ........................................................................................... 260

5A. LE SEMI-AUXILIAIRE INDEFINI ................................................................................ 260

1a. Le sens du semi-auxiliaire ................................................................................. 261

2a. Le sens final du semi-auxiliaire ..................................................................... 262 2b. Le sens formel des semi-auxiliaires ............................................................... 263

1b. L’emploi des semi-auxiliaires ........................................................................... 264

2a. L’emploi du sens .......................................................................................... 264 2b. L’emploi du contresens................................................................................. 266

5B. L’HEMI-AUXILIAIRE DEFINI .................................................................................... 269

1a. Le sens de l’hémi-auxiliaire .............................................................................. 269

1b. L’emploi de l’hémi-auxiliaire ........................................................................... 271

2a. L’emploi du sens .......................................................................................... 271 2b. L’emploi du contresens................................................................................. 273

2B. L’EMPLOI DU VERBE .............................................................................................. 275

3A. L’ORDONNANCE DES MODES .................................................................................. 275

4A. LES MODES MINEURS ............................................................................................. 275

5A. LE MODE INFINITIF ................................................................................................ 276

1a. Le sens de l’infinitif .......................................................................................... 276 1b. L’emploi de l’infinitif ....................................................................................... 276

2a. L’emploi du sens téléologique ....................................................................... 277 2b. L’emploi du contresens morphologique ......................................................... 278

5B. LES MODES FINITIFS ............................................................................................... 279

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La grammaire du verbe

438

6A. LE MODE DEFINITIF ................................................................................................ 280 1a. Le sens du définitif ............................................................................................ 280 1b. L’emploi du définitif ......................................................................................... 280

2a. L’emploi du sens téléologique ....................................................................... 281 2b. L’emploi du contresens morphologique ......................................................... 282

6B. LE MODE INDEFINITIF ............................................................................................. 283

1a. Le sens de l’indéfinitif ....................................................................................... 283 1b. L’emploi de l’indéfinitif .................................................................................... 283

2a. L’emploi du sens téléologique ....................................................................... 284 3a. L’adjectif indéfinitif formel ....................................................................... 285 3b. L’indéfinitif figuratif ................................................................................ 286

4B. LES MODES MAJEURS .............................................................................................. 288

5A. LES MODES JONCTIFS DE LA DUREE .......................................................................... 288

6A. LES TEMPS DE L’OBJONCTIF .................................................................................... 288

7A. LE TEMPS PRESENT ................................................................................................. 288

1a. Le fait présent ................................................................................................... 289 2a. Le sens du présent ......................................................................................... 289 2b. L’emploi du présent ...................................................................................... 289

3a. L’emploi du sens....................................................................................... 289 3a. L’emploi du contresens ............................................................................. 290

1b. Le parfait du présent ......................................................................................... 291

2a. Le sens du parfait du présent.......................................................................... 291 2b. L’emploi du parfait du présent ....................................................................... 291

3a. L’emploi du sens....................................................................................... 292 3a. L’emploi du contresens ............................................................................. 292

7B. LES TEMPS ABSENTS ............................................................................................... 293

8A. LE PASSE ............................................................................................................... 293

9A. LE PASSE DEFINI .................................................................................................... 294

1a. Le fait du passé défini........................................................................................ 294 2a. Le sens du passé défini .................................................................................. 294 2b. L’emploi du passé défini ............................................................................... 295

3a. L’emploi du sens....................................................................................... 295 3b. L’emploi du contresens ............................................................................. 297

1b. Le parfait du passé défini................................................................................... 298

2a. Le sens du parfait du passé défini................................................................... 299 2b. L’emploi du parfait du passé défini ................................................................ 299

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3a. L’emploi du sens ...................................................................................... 299 3b. L’emploi du contresens ............................................................................ 299

9B. LE PASSE INDEFINI ................................................................................................ 300

1a. Le fait du passé indéfini .................................................................................... 300 2a. Le sens du fait du passé indéfini .................................................................... 300 2b. L’emploi du fait du passé indéfini ................................................................. 301

3a. L’emploi du sens ...................................................................................... 301 3b. L’emploi du contresens ............................................................................ 302

1b. Le parfait du passé indéfini ............................................................................... 304

2a. Le sens du parfait du passé indéfini ............................................................... 304 2b. L’emploi du parfait du passé indéfini ............................................................ 304

3a. L’emploi du sens ...................................................................................... 304

3a. L’emploi du contresens............................................................................. 304

8B. LE FUTUR ............................................................................................................. 305

9A. LE FUTUR DEFINI ................................................................................................... 305

1a. Le fait du futur défini ........................................................................................ 306 2a. Le sens du fait du futur défini........................................................................ 306 2b. L’emploi du fait du futur défini ..................................................................... 307

3a. L’emploi du sens ...................................................................................... 307 3a. L’emploi du contresens............................................................................. 308

1b. Le parfait du futur défini ................................................................................... 309

2a. Le sens du parfait du futur défini ................................................................... 309 2b. L’emploi du parfait du futur défini ................................................................ 309

3a. L’emploi du sens ...................................................................................... 309 3a. L’emploi du contresens............................................................................. 309

9B. LE FUTUR INDEFINI ................................................................................................ 310

1a. Le fait du futur indéfini ..................................................................................... 311 2a. Le sens du fait du futur indéfini ..................................................................... 311 2b. L’emploi du fait du futur indéfini .................................................................. 311

3a. L’emploi du sens ...................................................................................... 311 3a. L’emploi du contresens............................................................................. 312

1b. Le parfait du futur indéfini ................................................................................ 314

2a. Le sens du parfait du futur indéfini ................................................................ 314 2b. L’emploi du parfait du futur indéfini ............................................................. 315

3a. L’emploi du sens ...................................................................................... 315 3b. L’emploi du contresens ............................................................................ 315

6B. LE MOMENT DU SUBJONCTIF ................................................................................... 316

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La grammaire du verbe

440

7A. LE SUBJONCTIF DEFINI ........................................................................................... 318 1a. Le fait du subjonctif défini ................................................................................. 318

2a. Le sens du fait du subjonctif défini ................................................................ 318

2b. L’emploi du fait du subjonctif défini .............................................................. 319 3a. L’emploi du sens....................................................................................... 320 3b. L’emploi du contresens ............................................................................. 321

1b. Le parfait du subjonctif défini ............................................................................ 321 2a. Le sens du parfait du subjonctif défini ............................................................ 322 2b. L’emploi du parfait du subjonctif défini ......................................................... 322

3a. L’emploi du sens....................................................................................... 322 3b. L’emploi du contresens ............................................................................. 323

7B. LE SUBJONCTIF INDEFINI ......................................................................................... 324

1a. Le fait du subjonctif indéfini .............................................................................. 325 2a. Le sens du fait du subjonctif indéfini.............................................................. 325 2b. L’emploi du fait du subjonctif indéfini ........................................................... 326

3a. L’emploi du sens....................................................................................... 326 3b. L’emploi du contresens ............................................................................. 327

1b. Le parfait du subjonctif indéfini ......................................................................... 327

2a. Le sens du parfait du subjonctif indéfini ......................................................... 328 2b. L’emploi du parfait du subjonctif indéfini ...................................................... 328

3a. L’emploi du sens....................................................................................... 328 3b. L’emploi du contresens ............................................................................. 329

5B. LE MODE INJONCTIF DE L’INSTANT SANS DUREE ........................................................ 330

1a. Le fait de l’injonctif........................................................................................... 331 2a. Le sens du fait de l’injonctif .......................................................................... 331 2b. L’emploi du fait de l’injonctif........................................................................ 332

3a. L’emploi du sens psychologique ................................................................ 332 3a. L’emploi du contresens chronologique....................................................... 333

1b. Le parfait de l’injonctif...................................................................................... 333

2a. Le sens du parfait de l’injonctif...................................................................... 333

2b. L’emploi du parfait de l’injonctif ................................................................... 334 3a. L’emploi du sens psychologique ................................................................ 334 3a. L’emploi du contresens chronologique....................................................... 335

3B. L’HARMONISATION DES MODES ............................................................................... 335

4A. LA CONCORDANCE CHRONOLOGIQUE ....................................................................... 335

1a. Le sens de la concordance chronologique ........................................................... 336 2a. L’accommodement de l’objonctif .................................................................. 336 2b. L’accommodement du subjonctif ................................................................... 339

1b. L’emploi de la concordance chronologique ........................................................ 339 2a. L’emploi du sens chronologique .................................................................... 341

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441

3a. Le commandement chronologique de la phrase .......................................... 341 3b. Le commandement chronologique des mots .............................................. 342

4a. Le commandement des mots ordinaires ................................................. 342

4b. Le commandement des mots ordinants .................................................. 343 2b. L’emploi du contresens chronologique .......................................................... 344

4B. LA CONCORDANCE PSYCHOLOGIQUE ....................................................................... 346

1a. Le sens de la concordance psychologique .......................................................... 346

1b. L’emploi de la concordance psychologique ....................................................... 347

2a. L’emploi du sens psychologique ................................................................... 347 3a. Le sens psychologique de la phrase ........................................................... 347

4a. Le commandement morphologique ....................................................... 347 4b. Le commandement syntaxique.............................................................. 348

3b. Le sens psychologique des mots ............................................................... 349 5a. Le commandement psychologique unanime ...................................... 350

6a. Le commandement objectif .......................................................... 350 6b. Le commandement subjectif......................................................... 352

5b. Le commandement psychologique équanime .................................... 354 6a. Le commandement pusillanime .................................................... 355 6b. Le commandement magnanime .................................................... 357

2b. L’emploi du contresens psychologique .......................................................... 359

1B. LA MORPHOLOGIE PHYSIQUE .................................................................................. 361

2A. LES VARIETES DE LA FORME DU VERBE .................................................................... 362

1a. La forme simple ............................................................................................... 362

1b. La forme complexe ........................................................................................... 363

2B. LES VARIATIONS DE LA FORME DU VERBE ................................................................ 364

1a. La régularité des formes .................................................................................... 365 1b. La variabilité des formes ................................................................................... 365

2a. Les modes mineurs ....................................................................................... 365 2b. Les modes majeurs ....................................................................................... 366

CHAPITRE II : LA SYNTAXE DU VERBE ........................................................... 379

1A. LA SYNTAXE PSYCHIQUE ........................................................................................ 379

1B. LA SYNTAXE PHYSIQUE .......................................................................................... 379

2A. L’ORDONNANCE PHYSIQUE DU PROJET .................................................................... 379

1a. L’apport du projet ............................................................................................. 379

1b. Le transport du projet ....................................................................................... 381 2a. La position ................................................................................................... 382

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La grammaire du verbe

442

2b. La disposition ............................................................................................... 382

2B. L’HARMONISATION PHYSIQUE DU PROJET ................................................................. 383

1a. Le raccord physique du projet ............................................................................ 384

1b. L’accord physique du projet .............................................................................. 384 2a. L’accord sylleptique ...................................................................................... 384 2b. L’accord syntaxique ...................................................................................... 384

3a. L’accord majeur ........................................................................................ 385 4a. L’accord avec la personne du sujet ........................................................ 385 4b. L’accord avec le nombre de sujets ......................................................... 385

3b. L’accord mineur du définitif...................................................................... 387 4a. Employé sans auxiliaire ........................................................................ 387 4b. Employé avec un auxiliaire ................................................................... 388

5a. L’accord essentiel ............................................................................. 389 6a. L’accord essentiel avec le sujet ..................................................... 389 6b. L’accord essentiel avec l’objet placé avant .................................... 390

5b. L’accord existentiel (ou non accord essentiel) .................................... 391 6a. L’accord existentiel avec le sujet ................................................... 391 6b. L’accord existentiel avec l’objet ................................................... 393

7a. L’objet existentiel .................................................................... 394 7b. L’objet essentiel neutre ............................................................ 395

CONCLUSION ............................................................................................................... 397 GLOSSAIRE .................................................................................................................. 399 INDEX ......................................................................................................................... 411 TABLE DES MATIERES ................................................................................................... 427