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L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

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Page 1: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

L'Echo mondain de l'Oranie.Revue littéraire, artistique,

sportive...

Page 2: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

. L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique, sportive....1919-07-13.

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Page 3: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

i "" ""Première Année ! )3 JUILLET 1919

r Numéro jj Le Numéro : 20 centimes

Page 4: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique
Page 5: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

••=?« Première Année «=§« 13 Juillet 1919 <%? Numéro 13, <=$=> .','

Les Fleurs n'auraient plus de Parfum

Si »ous n'ejcistief pas, Mesdames,.! I

Une femme ! Ce mot contient tout unpoème. C'est l'être le plus fin, le plus ruséde la création, qui sait démêler tous les plisde l'amour propre, les faiblesses secrètes,la fausse pudeur.Habile dans l'art de plaire,elle sait réunir et fixer autour d'elle touteune société d'admirateurs, elle: devine lesbesoins, encourage; les espérances, partagela joie des uns, les peines des autres. En unmot: ce bijoux, le plus mignon et le plusprécieux qui puisse exister, possède le se-cret d'attirer les plus indifférents, de poli-cer les êtres les plus grossiers.

Qu'elle est puissante ! alors qu'elle ré-sume dans un baiser toutes les jouissances,toutes les voluptés de la vie... elle versedans les coeurs cette ivresse délirante quiréduit nos sens à un seul : celui du bon-

heur.....

Là est son triomphe !... Homme,tu n'es que son esclave ! A ses pieds, pros-ternée, tù l'admires ; tu l'adores plein desoumission et d'espoir. Elle est l'ange detes rêves et la divinité qu'invoqué tes ar-dentes prières. C'est pour elle que tu con-voites la fortune et''la gloire; elle est le butde tes désirs. Enfin, c'est cette fféjtir>hu-mainequi est le charme dé ton coeur, l'idolede ton âme, l'espoir ef le bonheur de tavie.

Il faut l'aiinor dès qu'on là voit paraître,C'est un désir qu'on ne peut modérerjPlein du.bonhettrquesa beauté fait niiîtreL'homme vaincu la reconnaît i)our maître.O femme, il faut t'aimer, soupirer, t'adprer !

- - E.'M.

MONDANITÉS

Hyménée.

Jeudi 10 courant a eu lieu la bénédictionnuptiale de M. J. Laffont et de Mademoi-selle Herelle. Une très grande assistancedes plus sélectes emplissait la Cathédrale•où M. le Chanoine de Saint-Esprit pronon-

ça une allocution touchante en l'honneurdu jeune couple.

Sveite dans sa toilette virginale, Made-moiselle Herelle personnifiait le lys. Commelui, elle était frêle et jolie dans sa robe dedentelles. Une fine fleur d'oranger posée

Page 6: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

— 2 _délicatement dans sa chevelure, achevait lacoiffure arrangée avec art ; M. Joseph Laf-foni, dans son très imposant uniforme oiibrillait la croix des braves, rayonnait debonheur.

Nous ne pouvons, à notre grand regret,décrire les toilettes. Nous le ferons la se-maine prochaine.

L\Echo Mondain ne veut pas attendrepour offrir aux jeunes époux et à leursfamilles ses meilleurs voeux et vives félici-tations.

**ISous avons encore eu cette semaine, le

5 juillet, dans la plus stricte intimité, lemariage de Mademoiselle Madeleine Weber,fille de Monsieur et Madame Louis Weber,fondé de pouvoirs de la maison Louis Hue,avec MonsieurMarius Auge, fils de Monsieuret Madame J. Auge, fondé de pouvoirs dela maison Kruger Nissolle.

Vives félicitations.,

**L'Echo Mondain se fera un plaisir de

faire paraître toutes les mondanités de lasemaine que l'on voudra bien lui envoyer,6, rue Cavaignac.

Fiançailles.Dimanche dernier, s'est déroulé dans un •

cadre très coquettement aménagé, les fian-çailles de Mademoiselle July Benchetrit,-avec Monsieur Gabriel Taourel, négociantà Oran.

Jeunes filles et jeunes gens, tous amisdes familles si honorablement connues,avaient tenus à accepter l'invitation offertepar les parents de la mignonne fiancée.

Une franche gaîté n'a cessé de régnerpendant tout le repas et dans la soirée. Cen'est qu'après avoir copieusement arrosé^

ces joyeuses fiançailles que chacun seretira.

Félicitations et meilleurs voeux de bon-heur.

Ecole de Musique.Nous sommesheureux d'enregistrerdans-

nos colonnes que Mlle Juliette Nebot vientd'obtenir le premier prix à l'Ecole deMusique.

Nos félicitations à la jeune lauréate ainsi"qu'à ses distingués professeurs.

ESQUISSES & CROQUIS*»«-«

Otatiaiàe.Une cascade de cheveux bruns on-

dulés natutellemeat.Les yeux noirs, si noirs et si lumi-

neux, qu'on diiait deux charbonsardents.

Une figure de poupée, une bouchemtniaiutej? qui laisser entrevoie enâoueianfcj) une àéiie de jolies perlectj)fineA.

Gzande, mince. Détient le tecozd del'élégance et de la beauté.

Matiée à un homme de talent, mu--ôicien dans l'âme.

Habite son propre immeuble, amé-nagé pour elle par don mati, atchi-tecie très connu.

Maman de trois supeibes enfanta,me pardonnera cette esquisse malébauchée en souvenir d'une ancienne-sympathie.

E. M.

Cigarettes 13ÊI/ICIOSA — V. Jorro

Page 7: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

— 3 -

CONCOURS DE L' «ECHO MONDAIN »

LE PLUS JOLI DIALOGUE D'AHOOR

Un homme, une femme, complètement

étrangers l'un à Vautre, se rencontrent en

un lieu quelconque et lient conversation.Ils parlent d'amour.

Tel est le sujet que 110ns proposons autalent de nos lecteurs. Ils pourront donnerà leurs personnages l'âge et la positionsociale qui leur plaira et choisir le cadrequi leur paraîtra le plus convenable. lesinterlocuteurs pourront être des bébés, des

jeunes gens, des vieillards : noire seule

exigence est qu'ils parlent d'amour ou surl'amour. La forme dialoguée est de

rigueur, mais la conversation pourra êtreprécédée, coupée ou suivie de brèves

explications.

Un jury choisi classera les envois etattribuera les prix suivants :

1ev Prix : Un superbe encrier fantaisie.

2e "Prix : Un très joli sous-main debureau.

Du f au 20e Prix : Un abonnementd'un an à L'ECHO MONDAIN.

Les plus jolis dialogues primés serontpubliés par l'ECHO MONDAIN et untirage à part de 100 exemplaires des deuxpremiers prix sera fait pour les auteurs.

Les copies devront être adressées àMadame Ch. ïKorin, 6, rue Cavaignac.Le concours sera clos le 1} Août1919.

L'ÉVOCATION(Roman (Contemporain)

INITIATION(Suite)

Une fois maître des formules magiques,Pierre se prépara à lu grande opération ensuivant méliculeusement. les prescriptionsdu grimoire. En effet, il est de toute impor-tance d'observer avec une parfaite ponc-tualité les indications du rituel, faute dequoi — c'est le livre magique qui nousl'apprend — non seulement le sorcier s'ex-pose à un échec certain, mais encore tousses efforts se tournent à son détriment et ildevient la victime de ses propres manoeu-vres.

Le Grand Frisé détermina,avec soin l'é-

poque de l'évocation, car il n'est pas indif-férent que l'expérience se fasse tel ou teljour, il faut que ce soit en lune montante,condition essentielle, et pendant le quar-tier le plus rapproché de la St-Jean d'été."En outre, le jour le plus favorable pourappeler les puissances infernales est natu-rellement le samedi, jour du légendaireSabbat. Toutes indications lui lurent com-plaisainment fournies par le calendrier.Deux autres conditions, auxquelles cepen-dant il se conforma strictement, lui paru-rent quelque peu lyranniques : l'obligation

Cigarettes DÉLICIOSA— V. Jorro

Page 8: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

_4 —

de ne faire que deux repas par jour — midiet minuit — pendant cette singulière neu-vaine, et celle de n'avoir commerce, pen-dant la même période, avec aucune femme,pucelle ou mariée, afin de ne pas tomberen impureté, dit le texte.

Notre ami fut héroïque. 11 ne dévia pasuneseconde, durant cette préparation rigou-reuse, de la ligne qu'il s'était tracée.

Le moment, si longtemps attendu, allaitenfin sonner !

Pendant ce temps, la petite Jeannette,inconscientedu danger, volait à de folâtresamours. ***

L'APPEL A SATAN

Quand la nuit fatale fut venue, Pierre

sortit furtivement de son ermitage vers laonzième heure et se dirigea, d'un pas fer-me, sur le carrefour des Quatre-Pendus. Ils'était coiffé d'un vaste sombrero, qui em-pêchait de distinguer les traits de son vi-sage. Sa forte charpente disparaissait sousune sorte de cape espagnole. Dans unebrouette, dont il avait soigneusement mate-lassé la roue et graissé l'essieu, s'entas--saient-réchaud, charbon, cierges et autresobjets magiques requis pour la cérémonie.

II partit, le pied solide, tuais le coeur malà l'aise. La gravité de l'acte qu'il allaitentreprendre, le silense complice de la nuit,l'impressionnait malgré lui.

AsiIODÉE.;

(A Suivre).

IvA M^^^E^II^IvÀï£*E>

Para que les Prussiens nous avaient fait l'outrage

De la chanter après qu'Us nous eurent battus,

Le coeur tout frémissant de douleur et de rage,Dérouiéde avait dit : « qu'on ne ta chante plus 1

>

Mais notre Marseillaise est une enfant d'Alsace,

C'est dans Strasbourg, qu'un soir elle prit son essor ;

A ce titre l'affront fait à Sedan s'tfface

Et l'hymne retentit plus populaire encor ! ,-'

Nos coeurs inconsolés en font une prière.

Un demi-siècle elle est, entre l'Alsace et nous,La messagère en qui s'abolit la frontière,

La gardienne d'Espoir ensemble et du Courroux.

** *Mais Voici que l'orage inévitable gronde.

Pour la cinquième fois depuis cent vingt-cinq ans,L'Allemagne, qui dit devoir régir le Monde

Précipite sur nous ses soudards exultants.

* ' *C'était l'époque heureuse aux moissons consacrée.

Cérès occupait l'Homme à ses travaux profonds,

Pour r.ucciî WILHEMl'interprète unique de l'hymne national*

Que Messidor naissant dans sa chaleur sacrée,

Se plaisait à lui faire et Joveujc et féconds

Les essieux de nos chars craquaient sous les javelles,

L'Abondance exaltait le calme moissonneur,Courbé sur les labeurs des récoltes nouvelles

Qui lui faisaient prévoir de longs jours de bonheur.

** *

La France a laissé là sa tâche pacifique.

On la force à la guerre, elle saura tuer ;

Une suprême fois, sereine et magnifique,

Sur le féroce Hum, elle Va se ruer !

Miraculeusement elle redevient Une.

A l'appel du clairon ses fils se sont dressés.

Et d'un coeur unanime oubliant leur rancune,Vers l'Est qui s'embrase ils vont en rangs pressés.

Alors, tel un cantique, un chant monte des coeurs,Chacun respire mieux ! Chacun est mieux à l'aise !

On sait qu'on ne peut pas ne pas être vainqueurs,Et la chanson qu'on chante est notre Marseillaise !

Oran, 191'J.

Cigarettes OÉLICIOSA. — V. JORRO

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UJX SOIR! I33E> FÊTEQue peu de temps suffit pour changer toutes choses.

Victor HUGO.

I

Aujourd'hui, mardi 21 septembre, c'estma fête.

Se conformant à un usage traditionnelet louchant, mes amis et mes connaissanceséloignées m'ont fait tenir qui leurs voeux,qui leurs présents et leurs voeux.

Armand et Pierre, mes deux plus jeunesanus qui demeurent près de moi, ont étéles premiers à me donner l'accolade, et sid'ordinaire ils me témoignent un invariableattachement, aujourd'hui mieux que ja-mais, ils se sont montrés affectueux etexpansifs.

L'heure de la séparation étant venue, enme souhaitant le bonsoir, Pierre m'a dit :

« Votre fête est finie, mon grand ami. Espé-rons que l'année prochaine nous seronstoujours ensemble et que cet heureux jours'écoulera dans la même intimité gentilleoù il vient de se passer cette année ».

Après un silence longtemps prolongé,durant lequel je sentis mon coeur précipiterses battements, malgré moi, comme pen-sant haut, j'ai soupiré plutôt que pronon-ce : « L'an prochain, nous ne serons pasensemble, petit Pierre ».

L'enfant leva sur moi un regard étonné,où il y avait du reproche et delà navrance.

i l ne comprit pas, je le conçois à présent,l'amertume mal celée de ma réponse. Etpar ma faute— involontaire certes — la finde cette douce journée fut attristée pour lui.

Pourquoi ai-je laissé tomber celte sen-tence, au moment précis où tout souriait àmon jeune ami 1

Mlais-ce pour provoquer son aimable pro-testation : « Si nous sommes séparés enréalité, rien n'empêchera que nous soyonsréunis par nos lettres ».

Misère de propos et des projets humains.

Héline PICARD.

Je me suis tu, mais je pensais :O bienheureux adolescent, bienheureux

petit Pierre qui contemple 1"Avenir avec lamême avidité Confiante que de l'aire ma-ternelle le jeune aiglon observe la plaine.

Oui, c'était pour cela un peu, peut-être ;c'était pour que tu me répète que ton affec-tion est vraie et forte, car un âge arrive,vois-tu, oîi l'on doute du bonheur, mêmele plus tangible, et, si l'on se convainc desa réalité, on le sait tellement éphémère,tellement fugitif, que la seule pensée qu'ilne sera plus demain qu'un souvenir dou-loureux, nous empêche d'en jouir eu l'em-poisonnant.

Mais surtout, ô c'était surtout parce quecette vie qui te captive et que tu es impa-tient de mordre à pleine bouche, je la saistellement dissemblable de ce que tu l'ima-gines, toi !

C'était parce que je sais, moi, que le Maî-tre unique et Tout Puissant ne s'inquiéterapoint s'il nous est nécessaire de vivre enintimité permanente pour vivre heureux —mais est-ce notre destinée ici-bas ! — Lors-qu'il lui en prendra le caprice, il nousséparera, nous arrachera l'un à l'autre avecla même cruauté aveugle que dans les fo-rêts vosgiennes j'ai vu des bûcherons fen-dre les sapins séculaires d'un formidablecoup de hache.

C'est que la vie est menteuse ! C'est queles hommes sont méchants ! C'est que détoute joie humaine résulte l'amertume !

C'est que tout enthousiasme est nécessaire-ment condamné à crever de dégoût !...

Mais ces acquisitions désolantes, fruitsamers de vingt années d'expériences, je nedevais pas te les énumérer. Je n'ai pas ledroit d'atténuer ta foi dans l'existence. Ah 1

Cigarettes DÉLICIOSA— V. Jtorro

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tu l'apprendras assez tôt, petit Pierre, qu'iln'est pas ici-bas de durable bonheur...

*-» *

L'enfant n'a pas deviné ce que souffraitmon coeur et. ce qu'a tu ma voix.

Après une nouvelle et dernière étreintede main, plus chargée de tendresse et pluslongue que toutes les précédentes, il estallé retrouver notre ami Armand.

IIMaintenant je suis seul.Dans leur appartement mes deux jeunes

amis se sont retirés. Grandissant côte àcôte, côte à côte ils reposent, et leurs jeuxétant les mêmes, mêmes aussi leurs études,leurs aspirations soeurs jumelles, nul dou-te que leurs rêves d'ephèbes intacts, n'atteignent, eux aussi, les mêmes inaccessibleshauteurs de l'idéal hardi et bleu qui lesexalte !

* *Sur ma table, encombrée de cartes et

d'enveloppes ouvertes aux écritures dispa-rates, toutes traduisant un tempérament etun caractère particuliers, s'entasse le mé-lange des présents que j'ai reçu dans lajournée : orfèvreries, tableautins,cigarettes,flacons de parfumeries, des livres, des bon-bons et des fleurs, beaucoup de rieurs, desroses surtout.

Des roses, encore des rosesJe les adore à la souffrance 1

Des roses dernières, rose d'arrière saisonaux chairs plus déiicatemenls nuaucées etqui exhalent dans mon revoir faiblementéclairé leurs senteurs subtiles et suaves.

Par ma porte entre-close, qui donne ac-cès à une longue galerie, laquelle sur-plombe la Méditerranée, une forte odeurd'embruns pénètre jusqu'à moi.

Pas de lune.Une nuit muette et somhrement bleue

qui semblerait un insondable abîme si,levant les yeux, le ciel n'apparaissait cri-blés de points d'or qui vacillent.

Et c'est bien un spectacle à faire l'hom-me songeur : ténèbres de la Terre et lumi-nosité du Ciel.

Mais pourquoi ce silence ambiant? Pour-quoi n'y a-t-il pas, cette nuit, de zéphyrdans les palmes ? Là-bas, pas de vent nonplus sur les dunes ; les vagues elles aussiont tu leurs litanies aux rythmes obees-seurs ; aucun trille échape aux cordes desguitares espagnoles et pas de cris des noc-turnes oiseaux au vol de ténèbres...

Tout se tait ! Tout se recueille ! Toutrêve !

L'immense clameur des hommes s'estéteinte, et les êtres moindres se taisent, etles choses ont l'air d'écouler je ne saisquel conseil taciturne.

C'est l'heure où le Poète avec Dieu,communie.

Le menton dans la main, le regard rivésur mes roses, je me sens comme imma-tériel.

TU

11 est fort tard déjà.Dormir ? Je ne puis ni ne veux.Il me plaît de m'attarder longtemps ainsi,

affranchi du fardeau de me sentir un hom-me. Je veux épuiser l'extase. 11 sera grandtemps, demain, de redescendre à la fasti-dieuse et dérisoire mimique humaine.

Oh ! nuit, nuit, ciénienle, nuit douceprolonge ton cours, dure, dure, éternise-toi... Continue à tenir le vulgaire endormi ;continue à estomper

1de mirages les lai-

deurs de la réalité.

Cigarettes DÉLICIOSA— V. Jorro

Page 12: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

— 8 —

O charitable, ô pitoyable, ô douce nuit,ae finis pas...

* *

Mais le Goq a chanté.Sur la' mer, l'Aube à la traîne opalescente

avance à pas timides. L'air, peu à peu, fraî-chi •; les étoiles, l'une après l'une, closentleurs yeux ; la lumière de ma lam pe s'étiole,les premiers bruits de la Ville se répercu-tent ; un brusque et soudain coup de ventclaque ma porte à me faire tressaillir... etvoilà oue nies roses, mes pâles et frêles

roses automnales, s'effeuillent en larmeslourdes et larges, semblables à celles donton parsème les catafalques.

Cependant qu'une voix, intérieureel poi-gnante, mè répète ma prédiction malheu-reuse : « L'an prochain nous ne serons pasensemble, petit Pierre».

VA le Iront abîmé sur h?s pétales meur-tris, silencieusement je pleure...

Ci-AUDK-MAUiiïOK ROBERT.

XXHI-IX-XV.

SÉLÉÎTAlïOstsssii ct'3Lïr»i-tî£s.-t3.os.-x tu lei Vie Occidentale

(Suite)

— Elle est d'une sensibilité ! —disent

les mamans.— Des fois, réponds-je.11 faut, en effet, distinguer. Je ne nie

point les organisations exquises, les épi-dermes que blesse un pétale de rose, lescoeurs nobles qu'un mot meurtrit, les sen-sitives qui replient au plus léger contactleurs frêles folioles, les âmes de cristalqu'un souffle embue ! Mais l'hydraulicUéoculaire n'est point l'infaillible marqued'une nature d'élite, et c'est sur quoi,Séléïta, j'appelle votre attention.

Afin de concrèter ma pensée, je profes-serai qu'il y a deux variétés de femmesfontaines : celles qui pleurent des yeux,celles qui pleurent du coeur ; celles chezqui une émotion de surface déchaîne des

cataracte?, celles chez qui les larmes succè-dent à un violent ébranlement interne —quelle que soit, d'ailleurs, la cause de cetébranlement.

Les premières s'affectent des douleurs dethéâtre ; elles suintent sur le roman, trem-pent leur mouchoir au mélodrame, arrosentéperduement les chambres mortuaires etfont jouer plus particulièrement les grandeseaux dans les circonstances où il leur estpossible de se substituer en imagination àla victime réelle ou supposée.

Les secondes sont émues par tous lesmalheurs réels, s'apitoient sur toutes lesmisères, compatissent à tous les maux.Moins abondants et moins fréquents, leursépavissernents sont moins éphémères.

Les premières ne pleurenl que sur elles :

Gigaréttes DÉ/I^ICIOSA. — V. JORRO

Page 13: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

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les secondes pleurent quelque fois sur lesautres.

Ne vous laissez pas prendre aux crisesde nerfs de Marthe et aux torrents qu'ellerépand. Elle a perdu sa tante bien aimée ;

son chagrin est immense. Cette boîte desapin lui rappelle si vivement qu'elle seraun jour étendue dans une boîîe toute pa-reille î Et te long deuil, les robes noires, lesplaisirs interrompus ! Et les jolis cadeauxque la défunte avait coutume de lui faire !

Et les gouttes roulent, lourdes et pres-sées, sur les joues roses. Et vous en êtesdupe, et j'en su.is dupe, et le diable lui mê-

me eu serait dupe !

Revenons demain. L'orage est passé, lesoleil luit. On feuillette des catalogues, oncherche en riant des étoffes peu sévères,des noirs peu noirs et des gris presqueblancs. Partez de la morle : son souvenirn'assombrira même pas le visage de Mar-the et c'est Alice dont les yeux se mouil-leront, Alice dont la douleur discrète con-trastait hier avec le désespoir de sa soeur.

— J'épouserai donc Alice, dit Oscar.

— Oui, jeune homme! Allez toujours àla plus étanche, à ruois;s que vous ne soyezscaphandrier.

*•»*Un peu de bicarbonate de soude, une

tasse de thé bien chaud et le sourire fleuritde nouveau sur les lèvres...

Ctio3@3 de Corse

Voici quelques années, blonde Séléïta.j'ai eu l'insigne honneur d'êlre présenté àl'illustre bandit Paoli, qui détient le record«lu meurtre in tha worîd

C'était à Ajaccio. Le préfet de la Corse,m'avait conduit au Grand Théâtre où l'on

jouait ce soir là... que diable jouait-on1?...une vague opérette dont le nom ne me re-vient pas.

Gomme le rideau allait se lever sur ledeuxième acte, un vif mouvement de curio-sité admirative se manifesta dans la salle.Un jeune homme de grande beauté, vêtu ducostume traditionnel des bandits : gilet develours, ample pilone, bonnet pinsùtù. ve-nait de s'asseoir aux fauteuils de balcon. Ilportait sur l'épaule gauche une carabineWinchester à trente-deux coups, et de salarge ceinture rouge émergeaient les cros-ses de quatre revolvers de la maison Brow-ning & C° ainsi que les poignées de deuxyalagaus et d'un cimeterre à lame recour-bée.

A peine installé, le nouveau venu jeta,de ses magnifiques yeux noirs, un regardcirculaire sur la salle. Il dirigea vers notreavant-scène un gracieux salut auquel lepréfet répondit par un signe amical.

« C'est le fameux Paoli, me souffla monhôte. Je vous le présenterai à l'entracte ».

La toile monta doucement, découvrant un.paysage champêtre, mais l'attention géné-rale allait plutôt à Paoli qu'au spectacle.Les acteurs débitaient leurs couplets sansobtenir le moindre applaudissement.

À un certain moment huit ou dix figu-rants, déguisés en gendarmes, entrèrent euscène du côté cour. Us venaient arrêter lejeune premier comique que le maire deTrèpigny-ies-Alouettescroyait être l'auteurdu rapt de la pelile marquise Rosette {ladugazon)...

P. DKI.AIU;K-CONT[.

(A Suivre)

Page 14: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

Nouveau confrère.On nous annonce la parution de La Voix

des Colons, organe officiel de la Confédéra-tion des Agriculteurs du département d'Al-ger, journal hebdomadaire.

Nos voeux de longue vie à notre nouveauconfrère.

lies fenêtres de la Victoire.Voulez-vous louer un balcon pour le

14 Juillet à Paris ?

Voici les prix : Balcon de 30 mètres defaçade avec la vue sur l'Avenue de l'Etoileà la Concorde, cent mille francs.

100.000 ? Oui, et ce n'est pas cher. Vouspouvez sous-louer250placesà mille francs...Vous avez donc un petit bénéfice !

Le livre du jour.Marcelle Adam, qui nous a déjà donné

« Moussé » et dans « L'ombre d'une Fem-me », vient de nous o.frir « Jim et Jo »,roman émouvant, tout vibrant d'amour etde volupté sous sa plume incomparable.

Sur la vie clière.

Quand fout le monde gagnera trente millefrancs par an, nous serons sauvés !

Le boeuf coûtera peut-être 25 francs lekilo ; les haricots 8 francs la livre. Maisnous gagnerons 30.000 francs !...

Profession... cainoise..11 existe en Chine, une profession pour

dames assez étrange.Chaque jour de vieilles femmes s'ache-

minent vers les maisons riches, annonçantleur venue en battant du tambour. Ellesoffrent leurs services pour amuser les richesennuyés.

L'offre est elle acceptée, elles s'installentdans un coin, sur une natte, et racontentles derniers scandales, les histoires égrillar-des, les on-dit les plus croustillants.

On les paie généralement une demi-cou-ronne l'heure, mais si la marchande descandales détient une nouvelle à sensationsur les moeurs des comédiens, l'intérêtgrandit... et le prix est doublé.

Dans ce dernier cas, il n'est pas rare devoiries «chroniqueuses» se retirer au boutd'une heure, avec de magnifiques présents.

Cigarettes DÉLICIOSA — V. Jorro

Page 15: L'Echo mondain de l'Oranie. Revue littéraire, artistique

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Le Merveilleux Combatdes Heures et des Grâces

(Suite)

Mais nous avons avancé dans les avenuesdu progrès et vous souriez, n'est-ce pas.Madame, en lisant que les duchesses d'il ya cent treize ans ne se baignaient que tousles deux jours... Et vous qui êtes mainte-nant si prodigalement, si magnifiquementservie par le Génie des odeurs suaves, voussouriez encore en évoquant ces pauvres etmodestes senteurs qui suffisaient au bon-heur de nos arrière-grand'mères.

Oui, Madame, tout est métamorphosé enPerfection ! Et c'est là un bien précieux etbien inestirnableenchantemenl delaScienceet de l'Art, qu'en le siècle où nous vivons,tous les secrets de l'Orient magique, ettoutes les découvertes du laboratoire etloules les âmes de toutes les fleurs, se puis-sent donner rendez-vous dans votre cham-bre, à l'heure de votre lever, pour vousencenser, vous griser, pour composer au-tour de vous une suave et idéale atmos-phère où, rose vous-même parmi les essen-

ces distillées en les plus subtils calices,vous voyez s'épanouir, chaque matin davantage, une beauté qui désormais narguel'injure des ans.

Votre beauté ! Oh ! Madame, ne l'ou-bliez pas : il importe qu'elle rayonne surcette terre comme cette planète Junon qui,si claire et si radieuse, pareille à l'impéris^sable diamant, étincelle dans l'immensitédes paysages stellaires ! Votre beauté 1

Vous la portez comme la déesse, type purde la féminité, portantson diadème. Junon,sur sacouronne,avait fait graver les Heureset les Grâces. Conservez dans vos traits,Madame, les Grâces, et, vite, effacez, s'il yprétend paraître, le mélancolique souvenirdes Heures ! Au sablier, ces heures, ellescoulent, cruelles et qui se croient inexo-rables... Les folles! Pour déjouer leurstraîtrises et retarder, arrêter leur cours,nous vous tendons des armes.

.Si dans la journée qui prélude, votrebeauté sait triompher de la méchanceté dala première heure toutes les autres heuresseront vaincues... ET VOUS NE VIEILLI-REZ PAS, CE JOUR-LA !

(ASuivre)

' ESPRIT DES AUTRES»*-—

Le candidat aux élections s'emporte vio-lemment contre son valet de chambre quivient de lui briser un objet d'art.

— Idiot, crétin, fripouille, rugit-il.Le valet de chambre dignement :J'aime à croire que Monsieur compose, en

ce moment, son affiche de la dernière heurecontre son adversaire !...

*•**X... porte au guichet du télégraphe une

dépêche ainsi conçue, en déposant unfranc :

« Vous annonce avec douleur la mortd'oncle Jacques. Arrivez vite pour entendrelecture testament. Je crois que nous som-mes ses héritiers. »

L'employé, après avoir compté les mots •.

— 11 y a deux mots de trop, monsieur.— Alors, biffez « avec douleur ».

GERBE OE PENSÉES

On aime d'ordinaire les jolies femmespar inclination, les laides par iulérêt et lesvertueuses par raison.

wL'amour est à la vie ce que le salut est

au jour. L'amour ressemble à la lune : il ases phases de croissance et de décroissance.

».Les femmes ont naturellement l'avantage

de mieux parler que les hommes, leurs ex-pressions sont fines, délicates, tendres etspirituelles.

Cigarettes DÊLICIOSA — V. Jorro

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