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Juillet 2007, vol. 7, n° 2 Droit, déontologie et soin 277 L U POUR VOUS Lectures Gilles DEVERS Avocat au Barreau de Lyon Grands thèmes sanitaires et sociaux Marie-Christine Denoyer, Masson, Guide Prépa, 6 e édition, 2007, 336 p. Référence incontournable, ce guide, entièrement remis à jour pour sa 6 e édition, traite toute l’actualité sanitaire et sociale, de façon exhaustive, à tra- vers 35 thèmes. Les thèmes sanitaires sont regroupés en 5 parties : la santé et l’état sanitaire, le système de protection sociale, les systèmes de santé, les patho- logies dominantes, les techniques médicales et la déontologie ; les thèmes sociaux englobent 6 parties : la démographie, la famille, l’immigration, les dys- fonctionnements sociaux, les toxicomanies et le cadre de vie. Ce guide offre un entraînement efficace grâce à des rappels de cours : défi- nitions, données statistiques, législation, exposé des grands problèmes et des mesures visant à leur apporter une solution. Suivent des exercices d’entraîne- ment à partir de textes et de questions pour se préparer aux épreuves orales et écrites des concours, accompagnés des corrigés qui apportent des réponses détaillées ainsi qu’un complément d’information. Des renvois entre le cours et les exercices permettent un apprentissage progressif et complet. En fin d’ouvrage, un index détaillé permet une recherche rapide et facile. Les travailleurs sociaux Amédée Thévenet et Jacques Desigaux, PUF, Que sais-je ?, 2006, 7 e édition, 128 p. « Travailleur » et … « Social » : c’est l’alliance de deux mots chargés de sens, une présence permanente dans les services de soins, et pourtant une large méconnaissance par le monde sanitaire des règles du social. Dans cet ouvrage qui en est à sa septième édition, les auteurs s’attachent à cerner le champ du travail social selon les quatre directions institutionnelles : aide, sécurité, action et prévention sociales. Et le texte, très didactique, invite aussi à la réflexion : chaque lecteur comprend très vite face à la notion de « libéralisation de l’état

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Juillet 2007, vol. 7, n° 2

Droit, déontologie et soin

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Lectures

Gilles D

EVERS

Avocat au Barreau de Lyon

Grands thèmes sanitaires et sociaux

Marie-Christine Denoyer, Masson, Guide Prépa, 6

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édition, 2007, 336 p.

Référence incontournable, ce guide, entièrement remis à jour pour sa6

e

édition, traite toute l’actualité sanitaire et sociale, de façon exhaustive, à tra-vers 35 thèmes. Les thèmes sanitaires sont regroupés en 5 parties : la santé etl’état sanitaire, le système de protection sociale, les systèmes de santé, les patho-logies dominantes, les techniques médicales et la déontologie ; les thèmessociaux englobent 6 parties : la démographie, la famille, l’immigration, les dys-fonctionnements sociaux, les toxicomanies et le cadre de vie.

Ce guide offre un entraînement efficace grâce à des rappels de cours : défi-nitions, données statistiques, législation, exposé des grands problèmes et desmesures visant à leur apporter une solution. Suivent des exercices d’entraîne-ment à partir de textes et de questions pour se préparer aux épreuves oraleset écrites des concours, accompagnés des corrigés qui apportent des réponsesdétaillées ainsi qu’un complément d’information. Des renvois entre le cours etles exercices permettent un apprentissage progressif et complet. En fin d’ouvrage,un index détaillé permet une recherche rapide et facile.

Les travailleurs sociaux

Amédée Thévenet et Jacques Desigaux, PUF, Que sais-je ?, 2006, 7

e

édition,128 p.

« Travailleur » et … « Social » : c’est l’alliance de deux mots chargés desens, une présence permanente dans les services de soins, et pourtant une largeméconnaissance par le monde sanitaire des règles du social. Dans cet ouvragequi en est à sa septième édition, les auteurs s’attachent à cerner le champ dutravail social selon les quatre directions institutionnelles : aide, sécurité, actionet prévention sociales. Et le texte, très didactique, invite aussi à la réflexion :chaque lecteur comprend très vite face à la notion de « libéralisation de l’état

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de besoin » les défis auxquels sont confrontés aujourd’hui l’ensemble des tra-vailleurs sociaux. Le livre examine successivement la notion de travail social,puis le statut du travailleur social, à travers son rôle, sa formation, son diplômeIl s’interroge ensuite sur « la fin des professions sociales », et en conclusion,pose la question : Quel avenir pour le travail social ? Très utile, est publié enannexe un tableau de la répartition des compétences entre l’État et la Régionen matière de formation des travailleurs sociaux.

Santé et environnement

William Dab, PUF, Que sais-je ?, 2007, 122 p.

Passionnant et très actuel, ce petit livre de William Dab qui traite des rap-ports de la santé et de l’environnement. Et si c’était l’une des grandes questionsde notre temps, de celles qui vont structurer les siècles à venir ? C’est bien le sen-timent qui résulte de cette lecture. L’environnement est un déterminant de notresanté, et l’auteur développe le contexte de « santé environnementale ». Mais lesoutils classiques de mesures ne sont pas évidents. Le livre tente dépeindre les nou-veaux visages des risques sanitaires liés à l’environnement avant de proposer denouvelles approches pour évaluer l’impact de l’environnement sur la santé. Avec,pour conclure, un examen des grands enjeux de la gestion des risques, écartelésentre la demande de précaution, et l’indispensable acceptabilité des risques. Cetouvrage présente les méthodes qui permettent d’évaluer les risques liés à l’envi-ronnement et de les gérer dans un contexte d’incertitude des connaissances. Ilmontre comment une politique de santé environnementale fondée sur une appro-che rationnelle du principe de précaution est possible et nécessaire. Et l’auteurn’est pas pessimiste, développant l’espoir autour du concept d’éco-santé.

Philosophie du corps

Michela Marzano, PUF, Que sais-je ?, 2007, 128 p.

Les soignants réfléchissent au corps, les juristes apportent leurs références,pour se retrouver sur un incontournable postulat : le corps

est

la personne. Plusinattendue est l’approche des philosophes. Pourtant elle est essentielle, et conver-gente : « L’être humain, une personne incarnée ». Les philosophes ont souventpréféré méditer sur l’âme et ses passions, faire des enquêtes sur l’entendementhumain, ou critiquer la raison pure plutôt que se pencher sur la réalité du corpset la finitude de la condition humaine. Cet ouvrage analyse les paradoxes denotre rapport au corps et la manière dont chaque époque a invité à le repenser.Le plan de cet ouvrage, facile à lire, mérite d’être reproduit, pour donner goût àcette lecture :

– Le dualisme et ses étapes : Le corps, une prison pour l’âme ; Pensée etétendue ; L’union de l’âme et du corps ; Le corps, un fardeau ; La sculpture de soi.

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– Du monisme à la phénoménologie : Le monisme métaphysique de Spi-noza ; Le réductionnisme matérialiste, de l’homme-machine à l’homme neuronal ;Nietzsche et le corps libéré ; Être et avoir.

– Le corps entre nature et culture : L’inné et l’acquis ; Les pièges du construc-tivisme ; La différence des sexes.

– Abjection et réification, l’opacité de la matière : Le corps et l’abject ; Laréduction de l’homme à son corps ; Un corps sans âme

– Sexualité et subjectivité, l’accomplissement de la chair : Autrui, un objetde désir ; Le jeu des pulsions ; Aliénation et respect.

Paroles d’amour

Textes recueillis par Jean-Pierre Guéno, Librio, 2007

«

Parlez-moi d’amour

». Un petit livre délicieux qui propose une série detémoignages exceptionnels, recueillis par Jean-Pierre Guéno auprès des 14 mil-lions d’auditeurs de Radio France. Ces extraits de lettres, de journaux intimes etde récits autobiographiques sont authentiques, tendres et poignants. Ils illustrentnotre mémoire collective et rendent à l’histoire sa dimension humaine. Alors quele vingtième siècle commence à peine à s’estomper, à devenir le « siècle dernier »,celui qui nous vit naître, les auditeurs de Radio France ont accepté de partagerles plus belles lettres d’amour qui dormaient dans leurs archives ou encore cellesqui couvaient dans leur âme et qu’ils n’avaient jamais pris le temps d’écrire...Cette moisson a été complétée avec des lettres rares, déjà publiées mais souventinconnues du grand public, et qui prouvent que l’amour nous met tous sur unpied d’égalité puisque les plus grands génies redeviennent des gens très simpleslorsqu’ils sont amoureux. Avec une proposition : et si dans les établissements desanté, on distribuait ce livre plutôt que la charte des droits du patient ?

Marie Curie, femme savante ou Sainte Vierge de la science

Françoise Balibar, Gallimard – Découvertes, 2007, 128 p.

La vie de Marie Curie appartient à la légende. Qui ne connaît l’étonnantdestin de la jeune et pauvre Polonaise venue étudier à Paris, qui obtient brillam-ment sa licence de physique, rencontre Pierre Curie, l’épouse et découvre aveclui la radioactivité, ce qui leur vaut le prix Nobel de physique ? Françoise Balibarretrace ce parcours d’exception et brosse le portrait d’une femme dont l’intelli-gence, l’opiniâtreté et l’indépendance d’esprit dérangeaient une société dominéepar les hommes. Deux fois prix Nobel, Marie a été transfigurée en Sainte Viergede la science, pur esprit entièrement au service de l’humanité. Le mythe a gomméla femme jeune, belle, amoureuse, vivante... et fait oublier que Marie Curie étaità la fois femme et savante.

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Petit lexique d’optimisme officiel

Armand Farrachi, Fayard, 2007, 198 p.

Le juristes auraient un langage infranchissable… mais les professionnelsde santé tout autant… et les gestionnaires… Et si c’était tout le monde quise cachait derrière les mots ? Ne dites pas « précarité », dites « flexibilité ». Nedites pas « antitechnicien », dites « obscurantiste ». Ne dites pas « réforme »,dites « modernisation ». Ne dites pas « empoisonner » ni « polluer », dites « fer-tiliser ». Nier l’évidence, rassurer à tout prix, même et surtout quand l’incendiefait rage, tel semble être l’objectif du pouvoir et des « communicants » face auxquestions soulevées par des situations ou des risques de plus en plus inquiétants.En particulier dans le domaine sensible de l’« environnement », la réponse esttoujours la même : tout va bien, les mauvais signes apparents sont trompeurs,anodins, inexistants. Dans un monde où les paysans sont devenus « exploitantsagricoles » et les patrons « entrepreneurs », où la charité se déguise en « actionhumanitaire », où derrière un « plan social » se cache un licenciement massif,ce

Petit lexique

nous aide à saisir comment la sémantique officielle s’appliqueà ne pas voir la réalité, à minimiser les périls, à désigner en termes positifs lesphénomènes qui le sont le moins. Il relève à la fois les « faux amis » et les para-doxes qui signifient autre chose que ce qu’ils désignent, voire le contraire (abon-dance, liberté, croissance, bonne nouvelle…), les conduites aberrantesconstituées en véritables syndromes (de l’autruche, du Père Noël…) ou en direc-tives (s’obstiner dans l’erreur, jouer avec le feu…) et la contamination du langagepar l’économisme (gérer ses relations, optimiser…). L’« élimination des motsindésirables » (et donc des concepts interdits) que craignait Orwell est-elle entrain de triompher ? Un jour, les droits des patients s’effaceront derrière lesdroits des malades et tout le monde y gagnera.