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Master Retic
Lectures d’auteurs
Norbert Elias
B. Lafon, 2014-2015
Avant propos
1. Biographie, contexte de
recherche
2. Une conception dynamique de
la société
3. Elias et les questions
communicationnelles
1. Biographie,
contexte de
recherche
Avant propos
1. Biographie, contexte de
recherche• Un parcours au cœur du XXe s.,
• en marge des écoles de pensée,
• entre socio-anthropologie, histoire
et psychanalyse
2. Une conception
dynamique de la société
3. Elias et les questions
communicationnelles
• Un parcours au cœur du XXe s.,
Né en 1897, à Breslau (empire Allemand)
dans une famille bourgeoise de
commerçants de confession juive.
Mobilisé à 18 ans en 1915 : expérience de la
guerre (1 an au front dans la Somme)
Etudes de médecine (stoppées) et de
philosophie
1924 : doctorat de philosophie (Idée et individu. Une étude critique de la notion d’histoire). Puis études de sociologie.
1930 : installation à Francfort, assistant du
sociologue d'origine hongroise Karl
Mannheim
1933 : Thèse en sociologie non soutenue sur
La société de cour (finalement publiée en
1969). Fuite de l’Allemagne nazie (Suisse,
France)
1935 : établissement à Londres
1941 : déportation et mort de sa mère à
Auschwitz.
Enseignant à Londres, puis poste à
l’université de Leicester en 1954 (57 ans).
1962-1964 : séjour au Ghana
1984 : établissement à Amsterdam.
Publications nombreuses + rééditions.
Reconnaissance internationale.
Constat : l’œuvre de N. Elias,
patiemment construite, n’est publiée et
écrite dans sa majorité qu’après ses 60
ans.
N. Heinich analyse la « longue
patience » de N. Elias à l’aune de son
rapport au temps long (p. 55).
A noter pour comprendre Elias :
• Conscience aigüe de son but (être
chercheur), par ex. vie familiale sacrifiée
• Vocation scientifique forte : travail de
découverte
• Etablissement de liens : « je vois des
relations… » (cf. NH, p. 56)
• Rôle à tenir dans sa génération
• en marge des écoles de pensée,
En premier lieu en marge des écoles et
des institutions académiques.
(Cf. texte de Lacroix et Garrigou)
N. Elias dans son exil après 1933 ne
trouve de poste ni en France, ni en
Grande-Bretagne
⇒ Volonté de s’extraire des
contingences de la vie quotidienne
en construisant son œuvre : écriture
de Über den Prozess der Zivilisation à
l‘aide d‘une bourse de soutien.
⇒ Volonté de creuser un sillon
scientifique tout en critiquant la
culture allemande :
En marge des universités et champs
académiques, N. Elias est un précurseur
(en même temps qu’ancré dans son
temps).
⇒ Production d’une pensée décalée
des grands paradigmes
Au milieu du XXe s. :
− Sociologie davantage axée sur l’économie et
les rapports de classe (issus de la révolution
industrielle), micro-sociologie
essentiellement nord-américaine après les
1960’s.
− Science politique centrée sur l’analyse de
l’Etat (influence du droit), essor d’une
sociologie du politique (classes, socio
électorale)
− Histoire classique se rénove avec l’école des
Annales (années 30 -> aujourd’hui) : intérêt
porté à l’histoire sociale et culturelle, mais
la micro-histoire n’émergera que dans les
1970’s, l’histoire globale que dans les
1990’s.
− Anthropologie avant les 1970’s centrée sur
les structures et fonctions des sociétés
« non occidentales », question de la
temporalité annexe.
⇒ N. Elias va questionner ces disciplines et les croiser :
- Sociologie des affects (autocontrainte)
- Politologie des structures de pouvoir (société de
cour, « curialisation »)
- Histoire des pratiques sociales (civilisation des
mœurs)
- Anthropologie (habitus national, anthropologie de
la mort, du sport…)
⇒ Innovations théoriques par croisements non
académiques
• entre socio-anthropologie, histoire
et psychanalyse
La spécificité d’Elias est d’avoir su croiser en
permanence 3 axes :
- Le temps historicisé
- L’échelle individuelle
- L’échelle sociale
… et de rénover les disciplines concernées de
manière iconoclaste
Le temps historique constitue la base,
qui permet à Elias de comprendre les
transformations conjointes :
- des individus
- des structures sociales
⇒ D’où le fait que P. Corcuff qualifie la démarche
d’Elias de constructiviste.
Clé pour comprendre Elias : la
psychanalyse. Pourquoi ?
1. Au tournant du XXe s.,
conceptualisation de l’inconscient
par Freud = déterminant pour les
SHS qui avaient intégré l’économie
politique de Marx
(=> struturalisme).
2. Elias a une formation médicale
(études de médecine, expérience
de la guerre), sensible aux
questions psychologiques
3. Il soutient une thèse sur la question
de la philosophie de l’histoire.
En somme, pour résumer trivialement :
Marx + Freud => Elias
Œuvre d’Elias construite sur une
articulation critique de Marx et de
Freud :
Début années 1930, il est à l’université
de Francfort (qui compte un institut de
psychanalyse) et côtoie l’école critique
avec Adorno & Horkheimer.
-> contexte fécond
Marc Joly indique, dans Au-delà de Freud,
qu’Elias a trouvé dans ce contexte de
Francfort 1930 :« les moyens (…) de se distinguer des
orthodoxies marxiste et freudienne,
concentrées respectivement sur la réalité
sociale de la lutte des classes dans la société
industrielle et sur la réalité psychique du
névrosé des classes bourgeoises » (p. 10)
=> Approche socio-historico-psychanalytique
Comprendre Elias nécessite d’avoir à l’esprit
ces fondements :
� une démarche critique et synthétique
des sciences humaines et sociales,
� un sens de l’historicité
� une référence sous-jacente à la
psychanalyse comme ébauche de
compréhension de l’animal humain
Cf. pour conclure cette présentation de la
genèse de la pensée d’Elias, extrait d’un
courrier adressé en 1959 à un jeune
psychologue qui l’assistait dans ses cours à
l’université de Leicester
(cf. Au-delà de Freud, p. 12) :