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Les portraits Organique Antoni Gaudi (Barcelone, 1852 - 1926) «Unir comme jamais dans l’histoire de l’architecture la forme et la structure des espa- ces pour que ceux-ci se rapprochent de la nature, en forme, en couleur et en texture.» Architecte, coloriste, céramiste, sculpteur, pour Antoni Gaudi rien n’est mineur. Il ex- plorera tout au long de sa vie avec méthode et exigence la question des forces et des structures, en s’inspirant de l’art grec, de l’esthétique mudéjar et des constructions byzantines. Mais c’est surtout l’histoire catalane qui nourrit ses créations. Entre 1880 à 1925, il va marquer Barcelone de son empreinte personnelle au travers d’immeubles au style organique tels la Pedrera (Casa Mila) et la Casa Batlló, de parcs en hommage à la nature, tels que le Parc Güell, ou tel son chef d’oeuvre l’église de la Sagrada Familia. L’architecte affirmera souvent n’avoir rien inventé : pour lui, il n’y a pas de véritable création. Il n’y a qu’imitation et interprétation de la nature, il s’agit de «copier le grand livre toujours ouvert de la nature». Principales réalisations : Parc Guell, Sagrada Familia, Maison Pedrera. Frank O.Gehry (Né en 1929, Toronto) «J’essaie de composer avec les techniques de construction et les matériaux de ma- nière positive, de la composer comme un artiste joue du pinceau.» L’oeuvre de Frank O.Gehry se caractérise par un déconstructivisme inspiré du chaos, reflet de celui inhérent à la nature. Né en 1929 au Canada, Frank O.Gehry suit des études d’art puis se consacre à l’architecture et fonde son agence à Los Angeles en 1962. En 1970, proche de ce que l’on appelle l’antidesign, Frank O’Gehry se lance dans une recherche contre le rationalisme et le superflu avec un goût pour l’artisanat, le beau métier et le respect des matières. Ses conceptions de mobilier (chaises, tables et fauteuils comme «Easy Edge», réalisés en 1972) réalisé en carton d’emballage plié et collé qu’il commence à réaliser à ce moment là, témoigne de son goût pour les mises en oeuvre simples et les formes complexes. Sa méthode de travail donne une place essentielle à la structure de la matière, qu’il sait utiliser, dompter et magnifier sans perdre de vue la finalité de l’usage, qu’il s’agisse de mobilier ou d’architecture. Sa recherche se poursuit avec différents matériaux : 10 ans plus tard, dans les années 1980, O.Gehry conçoit une série de sièges avec du bois laminé. Ces dernières an- nées, il expérimente des prototypes de chaises en aluminium plié. 1

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Les portraits

Organique

Antoni Gaudi(Barcelone, 1852 - 1926)

«Unir comme jamais dans l’histoire de l’architecture la forme et la structure des espa-ces pour que ceux-ci se rapprochent de la nature, en forme, en couleur et en texture.»

Architecte, coloriste, céramiste, sculpteur, pour Antoni Gaudi rien n’est mineur. Il ex-plorera tout au long de sa vie avec méthode et exigence la question des forces et des structures, en s’inspirant de l’art grec, de l’esthétique mudéjar et des constructions byzantines. Mais c’est surtout l’histoire catalane qui nourrit ses créations.

Entre 1880 à 1925, il va marquer Barcelone de son empreinte personnelle au travers d’immeubles au style organique tels la Pedrera (Casa Mila) et la Casa Batlló, de parcs en hommage à la nature, tels que le Parc Güell, ou tel son chef d’oeuvre l’église de la Sagrada Familia.

L’architecte affirmera souvent n’avoir rien inventé : pour lui, il n’y a pas de véritable création. Il n’y a qu’imitation et interprétation de la nature, il s’agit de «copier le grand livre toujours ouvert de la nature».

Principales réalisations : Parc Guell, Sagrada Familia, Maison Pedrera.

Frank O.Gehry (Né en 1929, Toronto)

«J’essaie de composer avec les techniques de construction et les matériaux de ma-nière positive, de la composer comme un artiste joue du pinceau.»

L’oeuvre de Frank O.Gehry se caractérise par un déconstructivisme inspiré du chaos, reflet de celui inhérent à la nature. Né en 1929 au Canada, Frank O.Gehry suit des études d’art puis se consacre à l’architecture et fonde son agence à Los Angeles en 1962.

En 1970, proche de ce que l’on appelle l’antidesign, Frank O’Gehry se lance dans une recherche contre le rationalisme et le superflu avec un goût pour l’artisanat, le beau métier et le respect des matières. Ses conceptions de mobilier (chaises, tables et fauteuils comme «Easy Edge», réalisés en 1972) réalisé en carton d’emballage plié et collé qu’il commence à réaliser à ce moment là, témoigne de son goût pour les mises en oeuvre simples et les formes complexes. Sa méthode de travail donne une place essentielle à la structure de la matière, qu’il sait utiliser, dompter et magnifier sans perdre de vue la finalité de l’usage, qu’il s’agisse de mobilier ou d’architecture. Sa recherche se poursuit avec différents matériaux : 10 ans plus tard, dans les années 1980, O.Gehry conçoit une série de sièges avec du bois laminé. Ces dernières an-nées, il expérimente des prototypes de chaises en aluminium plié.

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Son interprétation inhabituelle de l’espace, de la lumière, et de la matérialité, lui vaut d’être un des architectes les plus renommés aujourd’hui. Frank O.Gehry a reçu, en 1989, le prestigieux prix d’architecture Pritzker pour son oeuvre.

Parmi ses réalisations :

Le Vitra Design Museum représente un collage composé de tours, de rampes et de cubes. Fonctionnelles, ses formes expressives permettent de canaliser la lumière de façon optimale. Les surfaces d’exposition (soit 700 m2 au total) se répartissent sur deux étages. La lumière du jour pénètre par de larges ouvertures pratiquées dans le toit.Autres cons-tructions : l’American Center à Paris, la «Dancing House» à Prague, le musée Guggenheim à Bilbao...

Nature

Frank Lloyd Wright(1867 - 1959)

«Imaginer qu’un bâtiment entier puisse s’élever et se développer à partir de certaines conditions de même qu’une plante s’élève et se développe à partir du sol, tout en étant libre d’être lui-même.»

Architecte américain, Frank Lloyd Wright a démarré sa carrière en 1887 en travaillant à Chicago chez Louis Sullivan, fondateur de ce que l’on appelle l’ar-chitecture organique. Impreigné par cette première expérience, Wright ira plus loin en considérant chaque construction architecturale comme un ensemble d’organes autonomes capable de se développer à la manière d’un être vivant. Il cherchera à optimiser l’intégration des constructions humaines à l’environne-ment avec un grand respect des matériaux. Il exercera peu dans les grandes villes, s’intéressant davantage à des réalisations indépendantes, uniques, qui lui permettent de trouver des formes nouvelles, animé par le désir d’optimiser formes et fonctions et un refus de la standardisation.

Ses architectures combinent souvent matériaux traditionnels (la pierre na-turelle pour les façades et les sols) et matériaux nouveaux pour l’époque : béton, acier qui permettent des toits débordants, des terrasses ou de grandes baies. Hauteur sous plafond, taille des pièces prennent en compte lumière et ventilation.

Wright fut le précurseur d’une architecture nouvelle par des réalisations à l’ar-chitecture unique comme la «Maison de la cascade» («Fallingwater house») ou le musée Guggenheim à New York. Sa maison de Taliesin West (Arizona) «Front resplendissant», série de bâtiments à la fois communautaires, domes-tiques et agricoles est une oeuvre en perpétuel changement. Il l’entreprend au milieu de sa vie pour héberger sa famille. Taliesin brûlera deux fois, la premiè-re en emportant sa femme ; à chaque fois, Wright la fera reconstruire.

Au total, Wright a dessiné près de 800 projets, dont une bonne moitié ont été

réalisés.

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W. Mc Donough(Né en 1951)

«Ce que nous essayons de faire est d’équilibrer écologie, équité sociale et écono-mie».

Architecte et designer, W. Mc Donough est né au Japon, a passé son enfance à Hong-Kong, et fait ses études aux Etats-Unis.

Sa réputation «d’architecte-écolologiste» s’est établie lorsqu’en rentrant d’Irlande, il annoncera la création de sa première maison chauffée au soleil, dans les an-nées 70. Il est aujourd’hui conseiller pour de nombreux universitaires, maires, élus locaux, patrons de multinationales.

Selon William McDonough, tout étudiant en design apprend à l’école : coût, perfor-mance, esthétique. L’architecture, comme tout autre secteur industriel, veut tant et si bien être profitable qu’elle en oublie les règles essentielles.

Il préconise un «retour aux fondamentaux» avec des principes simples : un sys-tème d’aération qui utilise le vent, un chauffage qui provient du soleil, un program-me d’abattement du bois étudié pour prévenir le pillage des forêts, cherhcher la lumière du jour plutot que celle des abats jours.

Sa philosophie «cradle to cradle»(«du berceau au berceau») s’inspire des éco-systèmes naturels : ce qui est rejeté par l’un est réutilisé par l’autre, s’attachant à réduire le problème des déchets.

Pour les produits organiques (alimentation, fibres naturelles...), il suffit de s’assurer qu’ils retournent bien à la terre, comme nutriment, et non dans les décharges.Pour les produits techniques (voitures, ordinateurs...), au recyclage difficile, voire impossible, le fabricant se charge de démanteler les éléments pour approvision-ner d’autres cycles industriels. Les bâtiments délaissés peuvent servir à d’autres constructions.

Parmi ses réalisations :

• Le siège de Nike Europe, à Hilversum, bâtiment de 35 000 m2 considéré comme le bâtiment le plus éco-efficace des Pays-Bas, est conçu pour pouvoir facilement se transformer en habitations, si l’entreprise le délaissait. Chez Nike Europe, on estime que les gains de productivité ont été de 6% à 16%, grâce à la réduction de l’absentéisme et à l’amélioration de la qualité du travail.

• Restauration du site historique de Ford à Rouge (Michigan), symbole de la 1ère révolution industrielle, qui va devenir un modèle d’éco-usine : concevant chaque bâtiment comme un écosystème, William Mc Donough montre qu’un bâtiment peut être totalement neutre pour son environnement, produisant autant d’énergie qu’il n’en consomme, conçu pour retourner à la terre ou être recyclé.

• Le concept automobile « Modèle U « (design Ford et Mc Donough) qui repose sur une recherche d’un modèle nouveau qui utilise la contrainte environnementale comme moteur d’idées pour imaginer un modèle entièrement nouveau et ludique.

• Les bureaux de l’entreprise Gap : la climatisation utilise l’air frais nocturne pour pré-climatiser les locaux.

• La faculté des sciences d’Oberlin, dans l’Ohio, conçue comme une structure fé-conde, «capable de purifier son eau et produire de l’oxygène et de la nourriture.»

• Entrepôts de Wal-Mart...

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Légèreté

Alvar Aalto(1898 - 1976, Finlande)

«L’Architecture doit être au service de l’Homme».

Architecte et designer finlandais qualifié souvent de fonctionnaliste, Alvar Aalto s’écarte pourtant de l’architecture et du design international par un refus de l’uniformisation, une recherche de formes fluides et sinueuses, l’utilisation de matériaux comme le bois, la brique, le contreplaqué moulé et le verre.

Avant tout concerné par les matériaux naturels «inspirateurs de formes et proches de l’homme», Aalto développe une vision «humanisé» du design. Le travail du bois et des formes organiques souples feront sa renommée interna-tionale. Comment introduire plus de lumière avec moins de matière, comment s’intégrer avec légereté dans le site environnant, comment doter l’architecture d’une dimension poétique ? Ses bâtiments s’intègrent de façon harmonieuse dans le paysage. Le bois et la brique constituent ses matériaux de prédilection.

Il commence à travailler comme architecte à Jyväskylä et à Turku, de 1927 à 1933. (théâtre de Turku ; bibliothèque de Viipuri, 1927-1935). Créateur d’objets et de meubles qui vont marquer leur siècle, Aalto fonde la société Artek avec sa femme Aino Marsio en 1935. Son design à la fois fonctionnel et séduisant va immédiatement signaler à l’avant-garde internationale l’émergence d’un vocabulaire de formes plus douces et chaleureuses, caractéristiques du design scandinave d’après-guerre.Il va aussi réaliser une oeuvre abondante et diverse dans le domaine de l’architecture collective industrielle ou privée (dortoir du MIT à Cambridge, Massachusetts, 1947-1949 ; maison de la culture à Helsinki, 1955-1958 etc.).

Expositions au Moma en 1938, 1984, 1997

Parmi ses réalisations :

• «Fauteuil 41», 1929 : meuble en bois en lamellé collé, (au moment du déve-loppement de l’acier tubulaire du Mouvement moderne)

• «Vase Savoy», 1936 : recherche d’une légereté et d’une fluidité. Sa forme sinueuse pourrait aussi être une allusion à son nom, qui signifie «vague» en finlandais.

• Opéra d’Essen, 1959 : une composition organique par agglutination.

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Ilkka Suppanen(Né en 1968, Finlande)

Elu «Jeune designer finlandais de l’année 2001», Ilkka Suppanen est le fonda-teur de l’agence Snow Crash. Architecte «complet», designer particulièrement inventif, comme en témoigne le canapé «Flying Carpet» (1998), une chaise longue produite par le fabricant italien Cappellini, le siège «Air bag» produit par «Snow Crash» en Suède, et le fauteuil «Gap» produit par Ferlea, en Italie.

Ilkka Suppanen continue à concevoir bâtiments et mobilier s’y intégrant : «Nor-malement ça ne se fait plus depuis longtemps puisque tout le monde est censé se spécialiser. Mais je reste une exception ! Après tout Mies van der Rohe, Le Corbusier et Aalto l’ont fait, alors pourquoi pas moi ?». Ilkka Suppanen perçoit chez Aalto un humanisme traduit par le bois utilisé et la chaleur des atmosphè-res ; chez Le Corbusier la combinaison novatrice d’éléments divers ; chez Mies van der Rohe la prédominance de la technologie, des systèmes de construction

et le minimalisme dont la plupart des architectes se sont par la suite inspirés.

Eco-efficacité

Richard Buckminster Fuller(1895 - 1983)

«Faire le plus possible avec le moins possible».

Architecte, designer, créateur, inventeur et écrivain américain, Richard Buckminster Fuller fut notamment le concepteur du dôme géodésique. Le dôme géodésique a été utilisé entre autres pour le pavillon des États-Unis à l’exposition internationale de 1967 à Montréal. Il accueille maintenant la Biosphère. Il est aussi connu pour sa carte Dymaxion, représentation très économique des continents de la planète sur un icosaèdre modifié. Lorsque celui-ci est déplié, les continents en apparaissent tous contigus. Une fois replié, il prend une forme suffisamment voisine d’un globe terrestre pour permettre des fonctions d’enseignement.

Les Fullerènes, famille de molécules de carbone formant des dômes géodé-siques, ont été nommés ainsi en référence à Buckminster Fuller.

Fustigeant ces matérialistes ou «matter-over-mindists» qui cherchent à contrôler la société, il imagine un monde dans lequel chacun se déplacerait librement au gré de son inspiration, plantant sa maison là où il veut, des Pôles à l’Equateur, comme le ferait un explorateur avec une tente. Dans ce monde, la propriété individuelle ne serait pas abolie - Fuller ne partagera

jamais les idéaux communistes -, mais elle perdrait tout sens véritable avec le développement de toute une série de services. Au lieu de posséder une automobile, le «world citizen» s’adresserait par exemple à des compagnies de location, de même que l’on ne possède pas véritablement un téléphone mais que l’on s’abonne à un prestataire de services pour en disposer.Dans le monde de Buckminster Fuller, les villes ne seraient plus des lieux d’habitation mais de simples centres d’administration et de commerce. Disposant de ressources technologiques étendues, l’homme

serait également proche de la nature dans son quotidien.

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Shigeru Ban (Né en 1957)

Architecte japonais, Shigeru Ban réalise avec pour seul matériau des tubes de carton, des maisons pour des SDF, des logements pour les rescapés d’un tremblement de terre en Turquie ou un prestigieux pavillon d’exposition.

Économie de moyens, économie de matière et recherche de nouvelles utilisations des matériaux existants donnent à l’architecture de Ban une extrême légèreté, un confort immédiat avec le souci constant de répondre au besoin essentiel d’habiter.

Dès 1986, les recherches sur les tubes en carton rejoignent les préoccupations huma-nitaires de l’architecte qui a été conseiller auprès du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unis (UNHCR) de 1995 à 2000 et qui est le fondateur d’un réseau d’ar-chitectes bénévoles, VAN (Voluntary Architect’s Network). En 1995, l’architecte réalise pour le Rwanda, ravagé par la guerre civile, un projet d’abri pour les populations qui sera adopté par les Nations Unies (UNHCR). En réponse aux catastrophes qui privent les populations de logements, la Paper Log House - constituée principalement de tubes de carton - a été conçue suite aux trem-

blements de terre qui détruirent les villes de Kobe au Japon (1995) et d’Ankara en Turquie (1999). Le carton répond aux contraintes des situations d’urgence, mais Shigeru Ban va aussi l’utiliser dans ses expérimenta-tions sur la maison.Le spectaculaire dôme du Pavillon du Japon constitué d’une structure de tubes de carton a permis au public de dé-couvrir Shigeru Ban, lors de l’Exposition universelle de Hanovre en 2000. Shigeru Ban fait ses études d’architecture à la Sci-Arc (Los Angeles) et à la Cooper Union (New York) avant de tra-vailler dans l’agence de Arata Isozaki à Tokyo. En 1985, il ouvre sa propre agence d’architecture. Entre 1995 et 2000, il a été professeur-invité dans de nombreuses universités au Japon et aux États-Unis. En 1995, sa proposition d’abris préfabriqués pour le Rwanda est adoptée par les Nations Unies.Depuis 2001, il est professeur à l’université de Keio au Japon.Le travail de Shigeru Ban a été récompensé à plusieurs reprises, notamment avec le Grand Prix d’Architecture de Kansaï en 1996, le prix du Meilleur Jeune Architecte du Japon en 1997 et le prix de l’Architecture mondiale en 2001 pour le pavillon du Japon à l’Exposition universelle 2000 à Hanovre.

Parmi ses réalisations :• «Paper Loghouse,» abri temporaire• Pavillon Exposition universelle de Hanovre en 2000• Pouilly en Auxois : abri semi-cylindrique qui sert de protection à un bateau-pousseur sur le canal de Bourgogne. Sa

structure légère et innovante est constituée de matériaux tels que le carton, l’aluminium et le polycarbonate.

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Justesse

Charlotte Perriand(1903 - 1999)

Une approche de l’art d’habiter toujours en rapport harmonieux avec l’homme et son milieu.

Tout au long de sa carrière, Charlotte Perriand s’est profondément attachée à maintenir une qualité de vie : des maisons ouvrières, citadines ou champêtre, aux refuges et hôtels de montagne, elle a sauvegardé l’homme et son environnement en créant un mobilier à la fois confortable et fonctionnel.

Après une longue collaboration avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret, avec les-quels elle réalise dès 1927 plusieurs meubles en métal - dont la célèbre «Chaise longue», Charlotte Perriand oriente son esprit vers le travail du bois où elle trouve son épanouissement à la suite d’un séjour de quatre ans au Japon. La paille, le bambou, les branches d’arbre deviennent ses matériaux de prédilection : par les diverses combinaisons qui en émanent, elle ne conserve que les volumes essen-tiels et s’éloigne ainsi d’un logique formalisme. C’est surtout après la seconde guerre mondiale que Charlotte Perriand élabore une conception nouvelle de l’ha-

bitat en conférant à ses réalisations une dimension humaine : par l’emploi souple des matériaux, et par son rapport privilégié avec la nature, elle impose un style pur et puissant par un certain art de vivre. Consciente cependant des réalités économiques et sociales, elle opte pour la production en série, élaborant une synthèse entre la tradition et l’in-dustrie. Soucieuse d’innover et non d’affirmer une formule de rénovation, elle réalisera de nombreux aménagements tels que les logements de l’Unité d’Habitation de Marseille, avec Le Corbusier, en 1949, et les chambres d’étudiants de la Cité Universitaire de Paris en 1953.

Parmi ses réalisations :

Le «Refuge Bivouac», (Charlotte Perriand, architecte, André Tournon, ingénieur) 1936-1937. Lors de la construction d’un refuge de haute montagne, en collaboration avec André Tournon, Charlotte Perriand s’applique à mettre en prati-que le concept de préfabrication. Le refuge bivouac conçu pour 6 personnes s’élève sur le col du Mont-Joly, en Haute-Savoie. Tous les éléments sont préfabriqués et s’organisent autour d’une ossature métallique tubulaire. L’aluminium est utilisé pour ses qualités de légèreté (le transport peut donc se faire à dos d’homme), de robustesse (il peut résister aux difficiles conditions atmosphériques), d’isolant thermique et son coût réduit.

Les Arcs ont mobilisé ingénieurs, architectes et urbanistes de renom, animés par le même esprit novateur. Trois règles fondamentales ont présidé à leur réalisation pour faire sortir de terre un bâti fonctionnel et esthétique en phase avec le développement touristique de l’époque : le respect du site et du milieu naturel, la conservation des vieux cha-lets d’alpage existant que l’architecture moderne ne doit pas chercher à imiter pour plus d’authenticité, et l’utilisation de matériaux locaux.

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Humberto et Fernando Campana

Humberto (né en 1953) et Fernando (né en 1961)

La créativité des frères Campana en matière de design est mondialement reconnue. Leurs créations imprévisibles et ludiques ont donné une nouvelle dimension au design de mobilier au Brésil. Ils travaillent essentiellement à partir de déchets industriels qu’ils récupèrent et transforment. En ce début de siècle, les frères Campana ont initié un véritable «style brésilien».

Leurs oeuvres figurent dans des collections permanentes de musées tels que le Mu-sée d’Art Moderne de New York (Etats-Unis d’Amérique) et le Musée du Design Vitra

(Allemagne).

Eco-design

Victor Papanek(1926 - 1998)

Un débat s’ouvre aujourd’hui autour du design de Victor Papanek, dont les premiers termes avaient été posés dans les années 1960. À l’origine du mouvement « Design for Need », Papanek questionne le design dans sa relation aux pays en voie de déve-loppement et privilégie de nouveaux modes d’appropriation et de diffusion de l’objet.

Ce «design pour un monde réel» voit sa pertinence et sa dimension politique mul-tipliée aujourd’hui. Car c’est dans la pensée du devenir du monde, des inégalités sociales et économiques, des nouvelles formes de coopérations sociales, des risques environnementaux que s’investissent la réflexion et la création.

Sakashita K., Design news, Octobre 98, JIDPO, «The Questions posed by the Work of Victor Papanek».

«Si le design tient compte de l’écologie, il devient aussitôt révolutionnaire. Tous les systèmes actuels (...) se fondent tous sur le même postulat : nous devons acheter davantage, consommer davantage, éliminer davantage, c’est-à-dire couler le radeau Terre. Un design écologiquement responsable se doit de rester indépendant du Pro-duit national brut. On ne dira jamais assez que, dans les problèmes de pollution, le designer est plus lourdement impliqué que la plupart des gens. A l’heure qu’il est, le boom démographique a été dépassé par le boom des détritus.»

Papanek Victor, 1971, Design for the Real World: Human Ecology and Social Change, New York, Pantheon Books

VF, Design pour un monde réel, 1974, p 260, Chap. Consommation ostentatoire : design et environnement.

« Le design s’il veut assumer ses responsabilités écologiques et sociales, doit être révolutionnaire et radical (au sens strictement étymologique). Il doit revendiquer pour lui-même « le principe du moin-dre effort » de la nature : un minimum d’inventaire pour un maximum de catalogue (...) ou encore faire le plus avec le moins. Cela implique que nous consommions moins, que nous fassions durer les choses plus longtemps, que nous

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recyclions les matériaux et probablement que nous cessions de gâcher du papier pour imprimer les livres tels que celui ci.»

Papanek Victor, 1971, Design for the Real World: Human Ecology and Social Change, New York, Pantheon Books

VF, Design pour un monde réel, 1974, p 361, Chap. Survie par le design.

Thierry Kazazian(1961 - 2006)

« Les objets de notre quotidien sont appelés à changer radicalement, il ne s’agit pas de faire moins mais de faire différemment [...] faire évoluer nos modes de vie et faire en sorte que cela soit agréable.»

« Notre société a besoin d’un énorme bond créatif : il devra s’accomplir au travers d’objets conçus pour tisser un lien nouveau entre l’homme et la nature. »

Thierry Kazazian est un être hybride. De mère grecque, de père arménien, il est fran-çais de naissance et marié à une hollandaise. Faire dialoguer les cultures et se mêler les univers, c’est dans sa nature, et, bien évidemment, son métier aussi le situe à la croisée de chemins inattendus.

Thierry est le premier en France à avoir parlé d’éco-design, un design qui se préoc-cupe d’environnement. En 1988, alors qu’après l’accident de Tchernobyl, la ville de Milan interdit la consommation de laitages et de légumes, il crée avec des camarades de l’Université de Design O2, le premier réseau européen d’écodesigners. Sa prise de conscience des dangers environnementaux ne date pas de cette époque puisqu’il nous avoue que la marée noire du Torre Canyon en 1969 est l’un de ses premiers souvenirs d’enfants...

« L’éco-design c’est intégrer des critères environnementaux dans le cycle de vie complet d’un produit en s’inspirant de quelques grands principes naturels » nous dit Thierry Kazazian. Le souci premier du designer même « éco », reste de créer un pro-duit qui soit fonctionnel et réponde à un besoin. Mais le travail du designer se situant en amont de toute la chaîne de production, une analyse a priori des futurs impacts sur

la nature de l’objet, dans sa création, son utilisation et son rejet permet d’éviter bien des erreurs...

Si l’on prend l’exemple de l’ampoule Fluocompacte de 20 W par rapport à une ampoule classique de 100 W. Certes son coût d’acquisition est plus élevé (multiplié par 10) mais en prenant en compte sa durée de vie (huit fois supérieu-re) et sa consommation moyenne (5 fois moindre), on se rend compte que son coût total est en moyenne plus de trois fois inférieur aux ampoules classiques successives nécessaires pour éclairer autant. Rendre les objets plus « légers » est souvent une opportunité de dépenser moins.

Forte de cette nouvelle approche, O2 France devient une entreprise dès 1992 grâce à une bourse de la fondation Jacques Douce et une commande pour des emballages du ministère de l’industrie. Mais ce n’est qu’à partir de 1999 que Thierry Kazazian se consacre exclusivement à O2. Aujourd’hui O2 peut se targuer d’avoir convaincu de grandes entreprises. Que de chemin parcouru depuis 1988 où Thierry était alors l’un des rares à parler d’environnement à des patrons qui le prenaient alors pour un doux rêveur.

Démocratiser la question des impacts environnementaux (et sociaux) dans les travaux de conception de produits, voilà ce qui fait courir Thierry Kazazian. A ce jour, O2 est la seule agence de design française exclusivement dédiée à l’éco-conception. A son actif, une gamme de mobiliers éco-conçus, des sacs à dos de randonnée, des produits ména-gers respectueux de l’environnement...Thierry Kazazian compte sur les avancées technologiques, la prise de cons-cience des enjeux du développement durable et les changements comportementaux qu’ils impliquent comme des leviers formidables permettant enfin de découpler notre croissance de l’épuisement des ressources. Une croissance durable ne peut être que de plus en plus immatérielle.

Pour conclure, la notion de possession, selon lui, sera, dans certains cas, remise en cause. L’intérêt n’étant plus de posséder mais de pouvoir utiliser. Le succès de services comme ceux de Kiloutou, qui permet à des centaines de per-sonnes de « partager » une perceuse, permet d’éviter la fabrication d’autant d’objets, qui ne seraient utilisés qu’une heure par an. On comprend bien qu’au-delà des améliorations d’impact, une réflexion d’ecodesign favorise le passage d’une économie de bien à une économie de services et est une solution tangible et concrète pour un développement durable.

Mathieu Leroux, extrait du Tour du Monde en 80 hommes, www.80hommes.com9

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Liens :

> http://www.gaudiallgaudi.com

Site Gaudi et art nouveau en Catalogne, consacré à Gaudi et à son oeuvre.Français, anglais, espagnol.

> http://fr.wikipedia.org/wiki/Frank_Gehry

L’encyclopédie collaborative Wikipedia consacre une page à l’architecte Frank Owen Gehry.Français.

> http://fr.wikipedia.org/wiki/Frank_Lloyd_Wright

L’encyclopédie collaborative Wikipedia consacre une page à l’architecte Frank Lloyd Wright.Français.

> http://www.mcdonough.com

Site consacré au designer William Mac Dounough et à son oeuvre.Anglais.

> http://www.alvaraalto.fi

Site consacré à l’architecte et designer Alvar Alto et à son oeuvre.Anglais.

> http://www.suppanen.com

Site professionnel du designer Ilkka Suppanen.Anglais.

> http://www.bfi.org

L’Institut Buckminster Fuller présente la biographie de Richard Buckminster Fuller et son oeuvre ainsi que les activités de la fondation.Anglais.

> http://www.shigerubanarchitects.com

Site professionnel de l’architecte et designer Shigeru BanAnglais.

> http://www.peripheries.net/g-perrd.htm

Cette page du site Périphéries propose un portrait de Charlotte Perriand.Français.

> http://www.campanabrothers.com

Site professionnel des designers Humberto et Fernando Campana.Anglais.

> http://en.wikipedia.org/wiki/Victor_Papanek

L’encyclopédie collaborative Wikipedia consacre une page à Victor Papanek.Anglais.

> http://www.80hommes.com

Le site Tour du monde en 80 hommes est la création de deux voyageurs, partis durant 15 mois pour découvrir et valoriser des initiatives de développement durable. On peut consulter les carnets de route et visionner des portraits de personnes à l’origine de ces initiatives. On y trouve un portrait de Thierry Kazazian. Français, anglais, espagnol.