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Presses Universitaires du Mirail Les Amériques latines : une histoire économique by Guy MARTINIÈRE Review by: Pierre VAYSSIERE Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 33 (1979), pp. 234-235 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40850682 . Accessed: 14/06/2014 09:44 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.44.79.143 on Sat, 14 Jun 2014 09:44:23 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Les Amériques latines : une histoire économiqueby Guy MARTINIÈRE

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Les Amériques latines : une histoire économique by Guy MARTINIÈREReview by: Pierre VAYSSIERECahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 33 (1979), pp. 234-235Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40850682 .

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234 C.deCARAVELLE

Guy MARTINIÈRE. - Les Amériques latines : une histoire éco- nomique. - Grenoble, PUG, 1978. - 362 p.

D'aucuns pourront s'étonner de voir un jeune historien, qui plus est « spécialiste » du continent Brésil, s'aventurer dans une synthèse prématurée de l'histoire latino-américaine, des origines amérindien- nes jusqu'à nos jours. Le projet apparaîtra d'autant plus ambitieux, voire prétentieux, qu'il est expédié en moins de 370 pages, résultat avoué d'un « double enseignement à l'Université de Grenoble », avec toutes les imperfections du genre : incertitude du plan (donc de la conceptualisation), « oublis » inévitables, caractère allusif de nombreuses pages, style souvent « hâtif ». L'A. eût gagné à méditer ce conseil d'un historien positiviste : « Gardons-nous de publier nos cours !... ».

Malgré cette réserve de fond, ce travail se révélera utile : Guy Martinière a su réaliser une synthèse fidèle des travaux de ses pré- décesseurs, de Pierre Chaunu (1964) à François Chevalier (1977), tout en organisant la matière de son livre autour du concept central de la « dépendance », dans ses modalités coloniale et nationale; l'un des mérites de l'ouvrage est bien de suivre sur quatre siècles cette continuité dans la « passivité », face à la domination européenne qui impose successivement le « pacte colonial », la (fausse) crois- sance industrielle « induite » par l'exportation des biens primaires (jusque vers 1910), puis l'industrialisation « substitutive » qui tend à résoudre sur place les problèmes créés par le déséquilibre des balances des paiements.

Guy Martinière donne aussi à montrer une ligne de force essen- tielle de l'histoire en longue durée : les pulsations de la démogra- phie latino-américaine : reprenant les calculs des historiens de Berkeley et de quelques témoins prestigieux comme Alexandre de Humboldt, ou inconnus - tel ce Charles Calvo, défenseur avoué de l'expansionnisme français sous Napoléon III - , l'A. expose les avatars d'une démographie cahotante : forte hémorragie au 16e siè- cle, lente récupération après 1650, croissance de type exponentiel après 1750, apports migratoires de l'Europe « latine » après 1860...

Dans une histoire qui se veut plus « conceptuelle » que « fac- tuelle », G. Martinière innove par rapport à l'histoire traditionnelle; il propose, en effet, deux chapitres « neufs » de l'histoire du sous- continent. S'appuyant sur des travaux d'ethnologues et d'ethno- historiens, l'A. s'efforce de définir (plus que de décrire), les sociétés « d'avant l'écriture » : « communautés primitives » de l'âge proto- historique et/ou des forêts de l'Atlantique, Tupis, Arawak, Caraï-

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COMPTES RENDUS 235

bes, Gês du plateau central brésilien, définis comme prédateurs; Tupinambas, aptes à produire un « surplus », véritable amorce d'une différenciation sociale. Les sociétés à Etat, fondées sur une structure de classes et un pouvoir religieux fort, caractérisaient l'Amérique des Cordillères; l'A. les rattache selon le schéma marxien, au « mode de production asiatique » qu'on pourrait encore qualifier de tributaire. Mayas, Aztèques, Incas s'intègrent ainsi dans un véritable musée des formes sociétales, avant l'apparition du féodalisme espagnol et du capitalisme.

Les autres thèmes développés dans le livre sont assurément moins originaux : le premier chapitre de la deuxième partie, consa- cré à l'indépendance politique, est largement tributaire des idées de Pierre Chaunu; les chapitres 2 à 4 développent les thèmes de la croissance dans la dépendance, chers au regretté P. Léon. Quant aux descriptions de l'économie de plantation et des zones pionniè- res du Brésil, elles s'appuient sur les solides travaux de Pierre Mom- beig et J. de Castro. Au demeurant, on ne saurait faire grief à l'auteur de ses sources, dans la mesure où il s'agit ici d'un ouvrage qui se veut de synthèse.

Qu'il nous soit permis de formuler, pourtant, une réserve, à pro- pos du plan de l'ouvrage; la première partie, intitulée « Indépen- dance de l'Amérique ibérique coloniale » ignore précisément ce thème de l'Indépendance, tout au long des six chapitres qui la composent ! L'analyse des communautés primitives, en soi pré- cieuse, intervient tardivement, après un chapitre consacré à l'his- toire des indépendances politiques... Le chapitre « quatre » de cette deuxième partie, consacré à la « reconquête » (par l'Europe ?) des Amériques latines après 1880, n'est, en fait, qu'un long rappel de la croissance démographique du sous-continent...

Ainsi, le jugement d'ensemble apparaîtra nécessairement mitigé. Original par sa conception homogène d'une histoire de la longue durée, où les modes de production se succèdent tout en s'imbriquant; le travail de Guy Martinière rendra des services aux économistes et sociologues soucieux de rechercher dans un passé lointain les raci- nes des blocages économiques et de la dépendance. Mais, de par sa construction hâtive, ce livre risquera de surprendre 1'« honnête » lec- teur qui attend d'une table des matières qu'elle soit d'abord un guide dans le labyrinthe des faits. Moins qu'« une » histoire écono- mique - selon le sous-titre - , cet ouvrage est, avant tout, « un essai » sur l'histoire économique de l'Amérique latine.

Pierre VAYSSIERE.

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