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Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation Par le frère « Tassawwuf »

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Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation

Par le frère « Tassawwuf »

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Sommaire :

- Introduction page 4

- Le Soufisme et les Soufis : une introduction… page 5

- Les propos du détracteur page 9

- Plan de la réfutation page 13

- Les Confréries (Turûq) sont-elles en opposition ? page 14

- L'existence des Saints : les Abdal, les Aqtab et les Awtad... page 17

- L’Unicité de l’Être (Wahdatu-l-Wujûd) page 22

- Soufisme et Lutte dans le sentier d’Allâh (Jihâd) page 26

- La représentation du Shaykh dans l'esprit du disciple page 28

- Soufisme et Science de l'invisible (`Ilm al-Ghayb) page 32

- La création du monde pour le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa sallam) page 36

- Les évocations (adhkâr) et les litanies (awrâd) page 40

- Les nouvelles formulations de prière sur le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) page

41

- Les invocations des Pieux (qu’Allâh les agrée) et les paroles des savants à ce sujet page

47

- Note conclusive sur les litanies (awrâd) qui constituent la Voie (Tarîqah) de nos maîtres

les Soufis page 51

- L’Evocation par les Noms Allâh et Huwa page 58

- L'utilisation des talismans page 61

- A propos du noble Mawlîd page 64

- Réponses aux objections concernant l’usage de la poésie page 68

- L’audition spirituelle (Sama`) lors des séances d’évocation : la question de la Hadrah

page 73

- Les éléments de la Hadrah et leur justification page 76

- La fausse Hadrah et sa condamnation par les savants Soufis page 79

- Note importante page 82

- A propos des miracles et des prodiges page 86

- Mu`jizât et Karâmât ou la différence entre le miracle du Prophète et le prodige du Saint

page 89

- Le lien entre le miracle et le prodige et ce qu’il est possible de réaliser page 94

- Ce qui caractérise le Saint (Walî) en dehors du prodige page 98

- Quelques prodiges de Saints de notre Communauté (qu’Allâh les agrée) page 100

- La visite des tombes et la recherche de bénédiction page 108

- Des récitations et autres actes d’adoration donnés aux morts page 112

- Questions diverses en dehors de ce qui a déjà été traité page 116

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- L'invocation par entremise (at-tawassûl) et la demande de secours (al-istighâtha) page

118

- Des Hadîths prouvant la demande par entremise et la recherche de secours par les

Prophètes et les Saints page 122

- Paroles de Savants des 4 Ecoles sur le tawassûl page 127

- Complément sur la vie des morts dans l’intermonde (al-barzâkh) page 135

- Conclusion : Vers une meilleure compréhension du Soufisme… page 138

Tous les extraits proviennent du forum Aslama.

Source : http://www.aslama.com/forums/showthread.php/19565-Les-%C2%AB-arguments-%C2%BB-

contre-le-Soufisme-et-leur-r%C3%A9futation

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Bismi-l-lâhi-r-Rahmâni-r-Rahîmi-l-hamdu li-L-lâhi Rabbi-l-`âlamîn

Wa sallâ-L-lâhu `ala Sayyîdinâ Muhammadin-in-Nasîri-l-haqqi bi-l-haqq

Wa `alâ âlihi wa sahbihi wa sallam taslîman.

Ce texte est une réponse à une fatwâ produite par l’un des savants wahhabites contemporains très

répandu sur le web francophone. L’équipe Aslama propose cette réfutation afin de mettre fin aux

attaques et aux accusations infondées contre cette noble science qu’est le Tasawwuf (le Soufisme).

Nous demandons l’Assistance d’Allâh (subhânahu wa ta`ala) afin qu’il délie nos langues, nous facilite la

tâche et ouvre nos cœurs à Sa lumière et nous recherchons Son Amour et Sa Satisfaction en défendant

Ses Saints (al-Awliyâ), qu’Allâh les agrée tous.

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Le Soufisme et les Soufis : une introduction…

Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit dans le célèbre Hadîth de Jibrîl définissant la Religion

(ad-Dîn) que celle-ci comporte 3 parties :

Al-Islâm : Pratiquer les 5 piliers que sont le Témoignage (ash-Shahâda), la Prière(as-Salât), l’Aumône (az-

Zakât), le Jeûne du mois de Ramadan (as-Siyâm) et le Pèlerinage à la Maison Sacrée (al-Hâjj)

Les modalités d’accomplissement ont été établies par les savants du fiqh, du Hadîth et des diverses

sciences liées. Ils ont déduit des sources premières, le Qur-ân et la Sunna, chacun selon sa méthodologie

propre, les règles à suivre dans les aspects religieux et profanes de la vie du musulman. Il convient de s’y

référer en suivant les 4 écoles Sunnites transmises depuis les premières générations qui remontent à

nos maîtres : Abû Hanifa an-Nu`man, Mâlik ibn Anâs, Muhammad ibn Idrîs ash-Shafi`î et Ahmad ibn

Hanbal (qu’Allâh les agrée).

Al-Imân : Croire en Allâh, Ses Anges, Ses Livres, Ses Prophètes, au Jour Dernier et en la Prédestination

bonne ou mauvaise.

C’est l’objet d’étude de la science de la théologie (al-kalâm) qui permet d’avoir une foi saine. Cet objectif

est réalisé en s’affiliant aux 2 écoles de croyance (`aqidah) fondées par nos maîtres, Abû-l-Hasan al-

Ash`arî et Abû Mansûr al-Maturidî (qu’Allâh les agrée) et suivies par les théologiens (mutakallimûn)

Sunnites depuis des siècles.

Al-Ihsân : ( « C’est adorer Allâh comme si tu Le voyais, et si tu ne Le vois pas, certes Lui te voit. »

Un Shaykh (qu’Allâh l’agrée) a dit : « Lorsque Allâh ta`ala a déscendu les hommes sur terre, Il les a voilés.

Les Prophètes (paix sur eux) ont été envoyés pour nous faire traverser ses voiles. »

C’est le but de la science du Soufisme (at-Tasawwuf) qui consiste à purifier le cœur : le débarrasser des

mauvais penchants et acquérir les qualités nobles afin de parvenir à la sincérité et la servitude parfaite.

Les principaux moyens employés sont le compagnonnage d’un homme pieux et savant afin de

reproduire le lien d’amour entre le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam) et ses Compagnons (qu’Allâh

les agrée) et le rappel d’Allâh (adh-dhikr) individuellement et en groupe.

Allâh (subhânahu wa ta`ala) a dit :

« En vérité la Salât préserve de la turpitude et du blâmable… » (Sourate 29, verset 45)

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Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) rapporte ces Propos de Notre Seigneur dans un Hadîth Qudsî

authentique :

« Quiconque manifeste de l’hostilité envers l’un de Mes saints (awliyâ) Je lui déclare la guerre. Mon

serviteur ne se rapproche pas de Moi par quelque chose qui Me soit plus agréable que

l’accomplissement de ce que Je lui ai prescrit… »

Allâh (subhânahu wa ta`ala) dit dans ce même verset :

« …et le rappel d'Allâh (dhikru-Llâh) est certes plus grand. »

Et le Prophète (salla-Llâhu `alayhi wa-sallam) a rapporté de Notre Seigneur :

« …et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par des œuvres surérogatoires jusqu’à ce que Je

l’aime. Et quand Je l’aime, Je suis son ouïe par laquelle il entend, sa vue par laquelle il regarde, sa main

par laquelle il saisit et son pied avec lequel il marche. S’il M’adresse une demande, certes Je l’exauce !

S’il cherche refuge auprès de Moi, certes Je le lui accorde !... »

Tels sont les objectifs de cette noble science et des Voies fondées par nos maîtres, les grands Saints de

l’Islâm : Sayydunâ `Abd al-Qadîr al-Jilânî, Ahmad ar-Rifa`i, Shihâb ad-Dîn as-Suhrawardî, Mu`înu-d-Dîn

Shistî, Shah Naqshband, `Abd as-Salâm ibn Mashîsh, `Umar al-Khalwatî, Abû-l-Hasan ash-Shâdhilî,

Ahmad al-Badawî, `Abd al `Azîz ad-Dabbâgh, Ahmad at-Tijânî et tant d’autres qu’Allâh sanctifie leurs

âmes.

Ces Voies ont traversé les siècles et le monde islamique et ont chacune dans leur rang des Saints qui les

ont reformées et maintenues vivantes comme, entre autres, le Shaykh Muhammad ibn Nasîr, le Shaykh

Muhammad ibn Sulaymân al-Jazûlî, le Shaykh al `Arabî ad-Darqawî, le Shaykh Ahmad al-`Alawî, le Shaykh

Ahmad Farûq as-Sirhindî qu’Allâh sanctifie leurs âmes.

Le Soufisme a aussi eu ses théoriciens qui ont formulé les doctrines et défini les pratiques dans leurs

ouvrages. Citons en guise d’exemple nos maîtres Abû-l-Qasîm al-Qushayrî, Abû Tâlib al-Makkî, Hujjâtu-l-

Islâm Abû Hâmid al-Ghazâlî, Shaykh al-Akbarhyî-d-Dîn ibn `Arabî, Ibn `Atâ Allâh al-Iskandarî, `Abd al-

Wahhâb ash-Sha`ranî, qu’Allâh sanctifie leurs âmes.

Ces Voies remontent par des chaînes de garants au maître de l’Existence (As-Sayyîd al-wujûd) notre

maître Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), le Bien-Aimé d’Allâh, en passant par des

Compagnons et des Pieux Prédécesseurs comme Sayyîdunâ Abû Bakr as-Siddîq, Imâm `Alî (karram Allâh

wajhahu), Imâm al-Hasan et Imâm al-Husayn, Salmân al-Farisî, al-Hasan al-Basrî, Sahl at-Tustârî, Abû

Yazîd al-Bistâmî, Sarî as-Saqatî et as-Sayyîd at-Ta-îfâ Imâm Abû-l-Qasîm al-Junayd al Baghdâdî, qu’Allâh

les agrée tous.

La particularité de cette science réside dans le fait qu’elle ne peut s’acquérir uniquement par les livres et

l’instruction et nécessite une mise en pratique afin d’en bénéficier pleinement comme en témoigne

notre maître Hujjâtu-l-Islâm (la preuve de l’Islâm) Abû Hâmid al-Ghazâlî (qu’Allâh l’agrée) dans son

autobiographie al Munqidh min ad-Dalâl :

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Mu « J’ai alors appris la quintessence du dessein de leur science au moyen de l’enseignement et de

l’audition de leur Voie. Il m’apparut alors que ce qui leur est proprement spécifique ne peut être atteint

que par le goût intime (adh-dhawq), les états spirituels et les mutations des qualités et non pas par

l’étude. »

Fin de citation.

Notre maître, l’Imâm Abû-l-Qasîm al-Qushayrî introduit ainsi son Epître sur la ScienceRisalah al-

Qushayriyyah fî `Ilm at-Tasawwuf) :

de Soufisme (Ar- « Sache, qu’Allâh exalté soit-Il te fasse miséricorde, qu’après le départ du Messager

d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam), les meilleurs Musulmans de l’époque ont choisi de se désigner par

un terme qui renvoyait à leur compagnonnage avec le Messager d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam),

car aucune vertu n’est supérieure à cela. Ainsi, ils se nommèrent les Compagnons (sahaba). Lorsque les

gens de la génération suivante leur succédèrent, ceux qui ont côtoyé les Compagnons se nommèrent les

Suivants (tabi`ûn). Les Suivants considéraient ce nom comme le plus porteur de vertu. Quant à ceux qui

sont venus après, ils se nommèrent les Suivants des Suivants (tabi`u-t-tabi`ûn). Lorsque les gens se sont

diversifiés davantage, leurs rangs se sont distingués les uns des autres. Leur élite, qui avait un fort

attachement aux questions de la foi, ont fini par être désignés par les ascètes, ceux qui ont renoncé au

monde (zuhhâd pluriel de zahîd) ou les adorateurs (`ubbad pluriel de `abîd). Puis les innovations sont

apparues ainsi que les conflits entre les diverses factions. Chaque groupe prétendait que les vrais

ascètes étaient parmi eux. Quant à l’élite des adhérents à la Tradition Prophétique (Sunnah) dont

chaque souffle était fait pour Allâh et qui ont préservé leur cœur des assauts de la négligence, ils furent

distingués par le terme Soufisme (Tasawwuf). Ce nom devint largement répandu pour les désigner avant

le second siècle de l’Hégire. »

Fin de citation.

Le noble maître Ahmad ibn Habîbu-Llâh M’backé (qu’Allâh l’agrée), surnommé al-Khadîmu-r-Rasûl, le

serviteur du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit dans son Masâlik-al Jinân (Les Itinéraires du

Paradis) :

« Je dis que les générations de notre temps ignorent le Soufisme (at-Tasawwuf) et perdent par là

beaucoup d’avantages.

Ils ignorent que le Soufisme constitue un chemin menant jusqu’à l’Enceinte Scellée ; que leur perte est

lourde !

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Ils ignorent que le Soufisme constitue le meilleur viatique au jour de la désillusion, quand la grande peur

frappe les créatures.

Ils ignorent qu’il est la meilleure des sciences dans lesquelles l’homme passe sa vie entière.

Ils ignorent qu’il confère à l’homme la droiture et la garantie contre le blâme. »

Fin de citation.

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Les propos du détracteur

Nous reproduisons ici les propos du détracteur, qu’Allâh nous en préserve :

Le soufisme :

Il regroupe plusieurs confréries telles que le tidjanisme, la qadriya, la nakhchabandiya, la chadhliya, la

rifaiya, etc. chacune de ces confrérie prétend détenir la vérité et accuse les autres de s’être égarées. Or,

l’Islam interdit la ségrégation. Allah, le Tout-Puissant dit « Revenez repentants vers Lui; craignez- Le,

accomplissez la Salâ et ne soyez pas parmi les associateurs, parmi ceux qui ont divisé leur religion et sont

devenus des sectes, chaque parti exultant de ce qu' il détenait. » ( Coran, 30 : 31-32)

Les soufis et leurs disciples ont adoré les prophètes et les saints vivants ou morts à la place d’Allah. Ils

disent : ( ô Djaylanî, ô Rifa’î ou ô envoyé d’Allah assistez-nous ; ô envoyé d’Allah vous êtes notre appui).

Or, Allah interdit l’invocation d’un tiers pour la réalisation d’une chose que lui seule est capable de

réaliser et le considère comme un acte d’association. Il dit « et n' invoque pas, en dehors d' Allah, ce qui

ne peut te profiter ni te nuire. Et si tu le fais, tu seras alors du nombre des injustes". » ( Coran , 10 :106)

Ils pensent également qu’il y a des Badal, des Qutb et des Wali (catégories de saints) à qui Allah a confié

la marche des chose. Allah fait part de la réponse des idolâtres lorsqu’il leur demande « Dis: "Qui vous

attribue de la nourriture du ciel et de la terre? Qui détient l' ouïe et la vue, et qui fait sortir le vivant du

mort et fait sortir le mort du vivant, et qui administre tout?", Ils diront: "Allah". Dis alors: "Ne Le

craignez- vous donc pas?" » ( Coran, 10 :31). Les idolâtres arabes connaissent mieux Allah que ces soufis.

Ils cherchent aussi refuge auprès de quelqu’un d’autre qu’Allah lorsqu’il leur arrive un malheur. Or Allah

dit : « Et si Allah fait qu' un mal te touche, nul ne peut l' écarter en dehors de Lui. Et s' Il te veut un bien,

nul ne peut repousser Sa grâce. Il en gratifie qui Il veut parmi Ses serviteurs. Et c' est Lui le Pardonneur,

le Miséricordieux.. » ( Coran, 10 :107)

Certains soufis croient à l’unicité de l’être. Pour eux il n’y a pas de créateur et de créature. Tout est

créature et créateur.

Les soufis appellent à une vie frugale, à l’inertie et à l’abandon du djihad. Or Allah, le Très-Haut dit : « Et

recherche à travers ce qu' Allah t' a donné, la Demeure dernière. Et n' oublie pas ta part en cette vie. Et

sois bienfaisant comme Allah a été bienfaisant envers toi. Et ne recherche pas la corruption sur terre.

Car Allah n' aime point les corrupteurs". » ( Coran, 28 : 77 ), et « Et préparez (pour lutter) contre eux

tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d' effrayer l' ennemi d' Allah et

le vôtre, et d' autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu' Allah connaît. Et

tout ce que vous dépensez dans le sentier d' Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez

point lésés. » (Coran, 8 :60).

Les soufis attribuent la grade de Ihsan ( adorer Allah comme si on Le voyait) à leurs guides qui

demandent aux disciples de les avoir à l’esprit lorsqu’ils invoquent Allah et même au moment de leur

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prière. Aussi certains d’entre eux mettaient –ils devant eux la photo de leur maître au moment de prier.

Le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Al-Ihsan c’est adorer Allah comme si tu Le

voyais, car même si tu ne Le voit pas, Lui Il te voit » . (rapporté par Mouslim).

Les soufis autorisent la danse, les tam-tam, les flûtes et les invocations à haute voix. Or Allah, le Tout-

Puissant dit « Ceux qui accomplissent la Salâ et qui dépensent (dans le sentier d' Allah) de ce que Nous

leur avons attribué. » (Coran, 8 : 3)

Vous les voyez également prononcer le mot « Allah » en disant : Allah, Allah, Allah tout simplement. Or

ceci est un acte hérétique, des paroles inutiles du point de vue de la Charia. Ils en arrivent même à dire :

Ah, Ah, Ah ou Houwa, Houwa. Dans l’Islam, si le musulman invoque son Seigneur par des noms adéquats

tels que ( soubhana lahi wal hamdou lilahi wa la illaha illa lah wal lahou akbar) Allah l’en récompensera.

Les soufis scandent le nom des femmes et des enfants et chantent l’amour et la passion lors des séances

d’invocation, comme s’ils se trouvaient dans des endroits de gaieté où il y a de la danse accompagnée

d’applaudissement et de cris et où coule à profusion l’alcool. C’est là, une pure tradition des

polythéistes. Allah, le Très-Haut dit : « Et leur prière, auprès de la Maison, n' est que sifflement et

battements de mains: "Goûtez donc au châtiment, à cause de votre mécréance!". » (Coran, 8 : 35).

Certains sufis se donnent des coups de coupe-coupe, en criant « Ô grand-père » et Satan leur vient en

aide, car ils ont cherché secours auprès de quelqu’un d’autre qu’Allah . Allah dit : « Tout ce qui vous a

été donné (comme bien) n' est que jouissance de la vie présente; mais ce qui est auprès d' Allah est

meilleur et plus durable pour ceux qui ont cru et qui placent leur confiance en leur Seigneur, » ( Coran,

42 :36)

Les soufis prétendent être illuminés et détenir la science de l’invisible. Mais le Coran les a démentis ;

Allah, le Tout-Puissant dit : « Dis: "Nul de ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît l'

Inconnaissable, à part Allah". Et ils ne savent pas quand ils seront ressuscités! » (Coran, 27 :65)

Ils pensent également qu’Allah a crée le monde pour le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui),

mais le Coran les a démenti ; Allah dit : « Je n' ai créé les djinns et les hommes que pour qu' ils M'

adorent. » (Coran, 51 :56)

Allah s’est également adressé à son prophète en lui disant : « et adore ton Seigneur jusqu'à ce que te

vienne la certitude (la mort). » ( Coran, 15 :99).

Les soufis croient à la possibilité de voir Allah ici-bas, mais le Coran les a démentis lorsqu’il dit au nom de

Moise : « Et lorsque Moïse vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit: "ش mon

Seigneur, montre Toi à moi pour que je Te voie!" Il dit: "Tu ne Me verras pas; mais regarde le Mont: s' il

tient en sa place, alors tu Me verras." Mais lorsque son Seigneur Se manifesta au Mont, Il le pulvérisa, et

Moïse s’effondra foudroyé. Lorsqu' il se fut remis, il dit: "Gloire à Toi! Ô Toi je me repens; et je suis le

premier des croyants". » ( Coran 7 : 143)

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Les soufis pensent qu’ils reçoivent leur savoir directement d’Allah, sans l’intermédiaire du Prophète

(bénédiction et salut soient sur lui) et en état d’éveil. Sont-ils meilleurs que les compagnons du Prophète

(bénédiction et salut soient sur lui) ?

Les soufis pensent qu’ils reçoivent leur savoir directement d’Allah, sans l’intermédiaire du Prophète

(bénédiction et salut soient sur lui) et en état d’éveil. Ils disent également des choses telles que : mon

cœur m’a parlé de mon Seigneur.

Ils organisent des cérémonies de prière pour célébrer la naissance du Prophète (bénédiction et salut

soient sur lui) au cours des quelles ils élèvent leur voix pour faire des invocations, chanter et scander des

poèmes truffés de paroles d’idolâtrie. Qui du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui), d’Abu Bakr,

d’Omar, d’Outhmane, d’Ali, des quatre fondateurs des écoles juridiques et autres a – il célébré sa

naissance ? Qui des Soufis ou de ces gens sont plus savants en matière de pratiques cultuelles ?

Les soufis visitent les tombes pour gagner les bénédictions de ceux qui s’y trouvent, pour tourner au

tour ou pour leur faire des sacrifices, en violation des propos du Prophète (bénédiction et salut soient

sur lui) lorsqu’il dit « ne rendez visite qu’à trois mosquées, la Mosquée sacrée, ma mosquée et celle d’Al-

Aqsâ ». (rapporté par Boukhari et Mouslime.)

Ils se montrent fanatiques envers leurs maîtres, même si c’est en violation des ordres d’Allah et de son

Messager (bénédiction et salut soient sur lui). Allah, le Tout-Puissant dit : « Ô vous qui avez cru! Ne

devancez pas Allah et Son messager. Et craignez Allah. Allah est Audient et Omniscient. » ( Coran, 49 : 1)

Les soufis utilisent des figures magiques, des lettres et des chiffres pour consulter le sort et pour

fabriquer des gris-gris, des amulettes etc.

Les soufis ne se limitent pas aux prières et invocations rapportées du Prophète (bénédiction et salut

soient sur lui) ; Bien au contraire. Ils inventent des prières sur le Prophète (bénédiction et salut soient

sur lui) truffés de paroles d’idolâtrie par les quelles ils cherchent à être bénis. Mais celui pour qui ils le

font n’en est pas d’accord.

En outre, l’accès des Cheikhs soufis est direct au Satan, mais pas à Allah. Ils s’inspirent trompeusement

les uns aux autres des paroles enjolivées. Or Allah dit : « Ainsi, à chaque prophète avons- Nous assigné

un ennemi: des diables d' entre les hommes et les djinns, qui s' inspirent trompeusement les uns aux

autres des paroles enjolivées. Si ton Seigneur avait voulu, ils ne l' auraient pas fait; laisse- les donc avec

ce qu' ils inventent. » ( Coran, 6 :112) ; il dit également « Et ne mangez pas de ce sur quoi le nom d' Allah

n' a pas été prononcé, car ce serait (assurément) une perversité. Les diables inspirent à leurs alliés de

disputer avec vous. Si vous leur obéissez, vous deviendrez certes des associateurs. » (Coran, 6 : 121) et :

« Vous apprendrai- Je sur qui les diables descendent? Ils descendent sur tout calomniateur, pécheur.. »

(Coran, 26 :121-122).

C’est là le véritable accès qui a lieu, mais pas l’accès à Allah qu’ils croient à tort. Allah s’élève largement

au-dessus de tout cela. Voir Mu’jam Al-Bid’, p346-359.

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Certains Cheikhs soufis disparaissent parfois des regards de leurs disciples ; mais ceci est le fait du Satan

qui les amène peut être à des endroits lointains et les ramène le même jour pour les tromper.

En conséquence, la règle est que nous ne mesurons pas le poids des personnes en rapport aux prodiges

qu’ils accomplissent, mais par rapport à leur attachement ou leur éloignement des enseignements du

Coran et de la Sunna. Les véritables saints ne sont pas forcément ceux qui accomplissent des prodiges,

mais ce sont ceux qui adorent Allah conformément à ses lois et non en faisant recours à l’hérésie, ceux

qu’Allah a évoqué dans le hadith qudsî suivant rapporté par Boukhari dans « le Sahih 5/2384 » d’après

Abu Hourayrata et où le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) dit : ( Allah a dit : je déclare la

guerre à tous ceux qui se montrent hostiles à un saint et qu’un serviteur ne peut se rapprocher de moi

par une voie meilleure que celle que j’ai tracée. Le serviteur ne cesse de m’adorer jusqu’à ce que je

l’aime, et lorsque je fini par l’aimer, je deviens l’oreille par laquelle il entend, l’œil par lequel il voit, le

bras par lequel il agit et la jambe par laquelle il marche ; exauce ses prières et l’accueille lorsqu’il

cherche refuge auprès de moi ». Allah seul est garant du succès et conduit vers le droit chemin.

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Plan de la réfutation

Les sujets suivants seront donc abordés pour répondre à ces accusations (Cliquez sur les titres) :

- Les Confréries (Turûq) sont-elles en opposition ?

- L'existence des Saints : les Abdâl, les Aqtab et les Awtad...

- La doctrine de "l'unicité de l'être".

- Soufisme et Lutte dans le sentier d’Allâh (Jihâd).

- La représentation du Shaykh dans l'esprit du disciple.

- Soufisme et Science de l'invisible (`Ilm al-Ghayb).

- La création du monde pour le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam)

- Les évocations (adhkâr) et les litanies (awrâd) (part 2) (part 3) (part 4)

- L'évocation par les Noms Allâh et Huwa.

- L'utilisation des talismans.

- A propos du noble Mawlîd.

- Réponses aux objections concernant l’usage de la poésie.

- L’audition spirituelle (Sama`) lors des séances d’évocation : la question de la Hadrah (part 2) (part 3)

(part 4)

- A propos des miracles et des prodiges. (part 2) (part 3) (part 4) (part 5)

- La visite des tombes et le recherche de bénédiction. (part 2) (part 3)

- L'invocation par entremise (at-tawassûl) et la demande de secours (al-istighâtha) : preuves tirées du

Qur-ân, de la Sunnah et les paroles de savants sunnites des 4 écoles à ce sujet.

- Conclusion : pour une meilleure compréhension du Soufisme.

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Les Confréries (Turûq) sont-elles en opposition ?

Il regroupe plusieurs confréries telles que le tidjanisme, la qadriya, la nakhchabandiya, la chadhliya, la

rifaiya, etc. chacune de ces confrérie prétend détenir la vérité et accuse les autres de s’être égarées. Or,

l’Islam interdit la ségrégation. Allah, le Tout-Puissant dit « Revenez repentants vers Lui; craignez- Le,

accomplissez la Salâ et ne soyez pas parmi les associateurs, parmi ceux qui ont divisé leur religion et sont

devenus des sectes, chaque parti exultant de ce qu' il détenait. » (Coran, 30 : 31-32)

Les différentes Voies Spirituelles (turûq, pluriel de tarîqah) ne sont que des écoles fondées en vue de

réaliser les objectifs de la noble science qu’est le Soufisme (at-Tasawwuf). Il n’y a pas plus de

divergences entre elles qu’entre les 4 écoles de jurisprudence traditionnelle.

Les seules divergences sont d’ordre méthodologiques ou dans la formulation, l’objectif restant identique

comme le prouvent les propos qui suivent :

L’érudit al-Hâjj Mâlik ibn `Uthmân Sy (qu’Allâh l’agrée) a dit dans son Ifhâm al Munkîr al Jânî :

« Dans al Anwâr al Qudsiyyah fî at-Tarîq ash-Shâdhiliyya, ouvrage de notre maître Muhammad ibn

Muhammad Hasan ibn Hamza, après avoir mis l’accent sur ce que l’on peut résumer ainsi :

l’établissement des confréries des Gens (qu’Allâh les agrée) se fonde sur les règles de la Loi Islamique

pure et sur les principes établis de la Noble Tradition Prophétique, dit :

‘Même si la terminologie des fondateurs de confréries (Turûq) (qu’ils soient agréés d’Allâh), diffère dans

les divers paliers de l’éducation, selon les époques, les lieux et les dispositions des disciples, il reste que

l’objectif visé chez tous, est le même, à savoir la sincérité dans le culte voué à Allâh, ce qu’indique ce

verset : Que leur commande-t-on, si ce n’est d’adorer Allâh d’un culte sincère.

Aucun parmi eux n’a, dans sa confrérie (ndT : Tarîqah), préconisé autre chose ou indiqué une autre voie

que la piété et le respect scrupuleux des commandements du Seigneur, dans le secret, la confidence et

en toute circonstance. D’autre part, il existe, pour chaque endroit, un langage qui lui convient, pour

toute époque un état des hommes, et pour chaque confrérie une terminologie de circonstance,

élaborée compte tenu du moment, du lieu et des Frères. C’est pour cette raison qu’on voit des

différences entre la Shâdhiliyyah, et la Qâdiriyyah, et entre celle-ci et la Rifâ`iyyah.’

Plus loin il ajoutera (qu’Allâh l’ait en Sa miséricorde) :

‘Pourtant ils n’ont tous qu’un seul objectif : l’Essence Sublime et Elevée et les Attributs Transcendants.’

»

Fin de citation.

Page 15: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

15

Ainsi, le Shaykh nous informe que les différences sont liées à l’époque, au lieu et aux gens. Concernant

les divergences, il a dit dans son poème Fâkihatu-t-Tulâb (Fruit aux Sollicitants) :

« La différence des méthodes et doctrines tiens à celle des goûts et des Ecoles.

Aussi les Awliyâ se critiquaient-ils sans malveillance aucune cependant

Car Allâh donne à chacun d’eux un flux que l’autre ne reçoit. »

Les différents Saints fondateurs de Voies spirituelles et leurs disciples divergent à la manière des Imâms

du Fiqh et leurs adeptes (qu’Allâh les agrée tous). Wa-Llâhu a`lâm.

Le noble maître Ahmad ibn Habîbu-L-lâh M’backé, dit Ahmadu Bamba, (qu’Allâh l’agrée) a dit dans

Masâlik al Jinân, à propos des invocations (awrâd) constituant la Voie des divers Maîtres :

« Chaque Wird conduit le pratiquant vers l’Enceinte Scellée d’Allâh, sans déviation,

Peu importe que ce Wird vienne d’al Jîlânî, d’Ahmad al Tijânî ou d’un autre parmi les Aqtâb (Pôles) –

qu’Allâh soit satisfait d’eux.

Car ils sont tous dans la rectitude et la probité ; garde-toi d’en mépriser et n’en critique aucun dans ta

vie.»

Fin de citation.

Ces paroles indiquent clairement le respect mutuel que doivent se vouer les maîtres et adeptes des

diverses écoles de purification.

Le Shaykh al Islâm al Hâjj Ibrâhîm ibn `Abdu-Llâh Niass (qu’Allâh l’agrée) a dit dans son al-Bayân wa al-

tabyîn `ani-t-tijâniyyati wa-l-tijâniyyîn :

En se tolérant mutuellement, les gens se sont affiliés qui au Shaykh `Abdu-l-Qâdir al-Jîlânî, qui au

Shaykh Abî-l-Hasan ash-Shâdhilî, qui au Shaykh Ahmad at-Tijânî. Tout revient au même: les invocations

sont celles du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et il s'agit de rappel d’Allâh et non de rappel d'un

autre. »

Fin de citation.

Le Shaykh Ahmad at-Tijânî (qu’Allâh l’agrée), l’un des fondateurs de ces Voies, à l’instar des autres

maîtres et en conformité avec la noble Sunnah al-Muhammadiyyah, recommandait à ses disciples,

conformément au Hâdith authentique « Quiconque est hostile à l’un de mes saints (awliyâ), Je lui

déclare la guerre… » :

« On ne plaisante pas à propos de la sainteté de nos maîtres, les Saints (Awliyâ), ni ne prenons à la

légère leur éloge. Ainsi, faîtes l’éloge de la sainteté des Elus, qu’ils soient morts ou vivants, car celui qui

Page 16: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

16

glorifie leur sainteté verra la sienne glorifiée par Allâh. Quiconque les méprise, Allâh l’humiliera et Se

courroucera contre lui. Ne prenez pas à la légère l’éloge des Saints. »

Fin de citation.

Ces propos ont une portée générale et concernent tous les Saints quelque soit leur appartenance

d’école (Madhhab) ou de Voie spirituelle (Tarîqah). Ces paroles suffisent à elles seules pour réfuter

l’accusation mensongère. Al-hamdu li-Llâh `alâ dhalik.

Sources et compléments :

Fatwâ du Muftî `Alî Jum`a, Président du comité de la Fatwâ d’al-Azhar sur le Soufisme (qu’Allâh bénisse

le frère SalamùAleykum) :

http://aslama.com/forums/showpost.ph...45&postcount=2

Page 17: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

17

L'existence des Saints : les Abdal, les Aqtab et les Awtad...

Ils pensent également qu’il y a des Badal, des Qutb et des Wali (catégories de saints) à qui Allah a confié

la marche des chose. Allah fait part de la réponse des idolâtres lorsqu’il leur demande « Dis: "Qui vous

attribue de la nourriture du ciel et de la terre? Qui détient l' ouïe et la vue, et qui fait sortir le vivant du

mort et fait sortir le mort du vivant, et qui administre tout?", Ils diront: "Allah". Dis alors: "Ne Le

craignez- vous donc pas?" » ( Coran, 10 :31). Les idolâtres arabes connaissent mieux Allah que ces soufis.

L’auteur de ces propos entre, par cette parole, dans la description donnée par notre maître `Abdu-Llâh

ibn `Umar (qu’Allâh l’agrée) à propos des membres de la secte kharijite :

« Ces gens ont pris des versets révélés à propos des mécréants pour les appliquer à des Musulmans. »

(Rapporté par al-Bukhârî)

Allâh (subhânahu wa ta`ala) a dit :

« En vérité, les Bien-aimés d'Allâh (Inna awliyâ-L-lâh) seront à l'abri de toute crainte, et ils ne seront

point affligés, ceux qui croient et qui craignent [Allâh]. Il y a pour eux une bonne annonce dans la vie

d'ici-bas tout comme dans la vie ultime. - Il n'y aura pas de changement aux paroles d'Allah -. Voilà

l'énorme succès ! » (10 : 62-64)

La croyance en l’existence des Saints (awliyâ plur. de walî) et en leurs prodiges est un point de croyance

fondamental de la doctrine des Gens de la Sunna (Ahl as-Sunnah) comme en témoignent les propos de

l’Imâm at-Tahawî dans la al-`Aqidatu-t-Tahawiyyah :

« 99 - Nous croyons aux miracles produits par les Saints, ainsi qu'à ce qui est rapporté avec authenticité

à leur sujet. »

Seul un innovateur ou quelqu’un dont on craint la mauvaise fin rejette leur existence. Qu’Allâh nous en

préserve.

Concernant les termes Abdal (plur. de Badal), Aqtâb (plur. de Qutb)… etc. Ce sont des terminologies

employées par les savants pour qualifier certaines catégories de Saints décrites dans les Hadîths.

Voici des récits authentiques confirmant l’existence des saints (awliyâ) et des Abdal en particulier :

« Les Abdâl sont au nombre de 30 dans ma communauté : c’est par eux que la terre se maintient, que la

pluie vous parvient et que vous recevez le soutien d’Allâh. » (Rapporté par Tabarânî. Hadîth

authentique.)

Page 18: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

18

« Les Abdâl sont au nombre de 30 dans cette communauté : leur cœur est en affinité avec celui

d’Ibrâhîm, l’intime du Tout-Miséricordieux (Khalîl ar-Rahmân). Chaque fois que l’un d’entre eux meurt,

Allâh le remplace par un autre. » (Rapporté par Ahmad ibn Hanbal. Hadîth authentique.)

L'Imam Ahmad rapporte dans son Musnâd (1:112) :

« ... On a mentionné les gens de Syrie devant `Alî ibn Abî Tâlib (qu'Allâh l'agrée) alors qu'il était en Irak et

on lui dit : "Maudis-les ! Ô Commandeur des Croyants." Il répondit : "Non, j'ai entendu le Messager

d'Allâh dire : Les Abdâl sont en Syrie et sont 40 hommes, chaque fois que l'un d'eux meurt, Allâh le

remplace par un autre. Par leur cause, Allâh fait descendre la pluie, donne la victoire (aux Musulmans),

et éloigne le châtiment des gens de Syrie. » Al Haytamî a dit : "Les hommes de la chaîne sont tous ceux

du Sahih à part Sharih ibn `Ubayd qui est fiable (thiqa)" [Ce hadith est donc authentique.]

Al-Hâkim a rapporté ce qui suit et l'a considéré Sahih; ce qu'adh-Dhahabî a confirmé :

`Alî (qu’Allâh l’agrée) a dit : « Ne maudissez pas les gens de Syrie, car parmi eux se trouvent les Abdal,

mais maudissez leur injustice. »

Fin de citation.

Les propos qui précèdent sont tirés du site www.sunnah.org sous la responsabilité de Shaykh

Muhammad Hishâm al-Kabbanî et Sîdî Jibrîl Fouad Haddad.

On peut citer comme preuves les récits suivants rapportés par l'Imâm as-Suyûtî dans son épître dédiée à

la question :

Il est rapporté par Tabarani selon Ibn Omar (qu’Allah l’agrée) que le Prophète (que la prière et la paix

d’Allah soient sur lui) a dit : « Les Élus (Akhyar) de ma communauté sont au nombre de 500 pour chaque

siècle, et les Abdal sont au nombre de 40. Jamais ils ne sont en dessous de 500 ou de 40. À chaque fois

que l’un d’eux meurt, Allah le remplace et l’un des 500 remplace celui des 40 ». Il lui dit alors : « Ô

Messager, parle-nous de leurs œuvres ». Il dit (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) : Ils

pardonnent à ceux qui sont injustes envers eux, et ils se comportent bien avec ceux qui se comportent

mal avec eux et ils font largesses avec ce qu’Allah leur accorde ». (Rapporté aussi par Abou Nou’aim,

Tamam et Ibn Asaker selon la même chaîne et il existe des variantes avec d’autres chaînes).

Il est rapporté par El Khalal dans Karamat El Aouliyaselon Ibn Omar (qu’Allah l’agrée) que le Prophète

(que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit : « Il ne cessera d’y avoir 40 hommes par lesquels

Allah protège la terre. À chaque fois qu’un de ces hommes meurt, Allah le remplace par un autre, et ils

sont sur toute la terre ».

Il est rapporté par Abou Nou’aïm selon Abdallah Ibn Mess’oud (qu’Allah l’agrée) que le Prophète (que la

prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit :

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« Allah possède dans la création 300 hommes qui ont le cœur comme celui d’Adam ; Allah possède dans

la création 40 hommes qui ont le cœur comme celui de Moussa ; Allah possède dans la création 7

hommes qui ont le cœur comme celui d’Ibrahim ; Allah possède dans la création 5 hommes qui ont le

cœur comme celui de Djibril ; Allah possède dans la création 3 hommes dont le cœur est comme celui de

Mika-il ; Allah possède dans la création un homme dont le cœur est comme celui d’Isra-il (paix sur eux).

Si celui-ci meurt, Allah le remplace par un des 3. Si l’un des 3 meurt, Allah le remplace par l’un des 5. Si

l’un des 5 meurt, Allah le remplace par l’un des 7. Si l’un des 7 meurt, Allah le remplace par l’un des 40.

Si l’un des 40 meurt, Allah le remplace par l’un des 300. Si l’un des 300 meurt, Allah le remplace par

quelqu’un d’entre les communs. C’est par eux que l’on vit et que l’on meurt, qu’il pleut, que poussent

les moissons et que les calamités sont repoussées ».

Il fut demandé à Abdallah Ibn Mess’oud (qu’Allah l’agrée) : « Comment cela : par eux on vit et on meurt

? ». Il répondit (qu’Allah l’agrée) : « Car ils demanderont à Allah qu’augmente la communauté et elle

augmentera, ils imploreront contre les oppresseurs et ils mourront, ils demanderont la pluie et il

pleuvra, ils demanderont et la terre fera pousser sa moisson pour eux, ils imploreront et alors les

diverses calamités seront repoussées » (Rapporté par Ibn Asaker).

Il est rapporté par Tabarani dans El Kabir selon Abdallah Ibn Mess’oud (qu’Allah l’agrée) que le Prophète

(que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) a dit : « Il ne cessera d’y avoir 40 hommes dans ma

communauté dont les cœurs sont comme celui d’Ibrahim (paix sur lui), Allah en fait une protection pour

les habitants de la terre, on les appelle les Abdal, ils ne le sont pas devenus par les prières, le jeûne ou

l’aumône ». Ils lui dirent : « Ô Messager d’Allah ! Par quoi le sont-ils devenus ? ». Il répondit (que la

prière et la paix d’Allah soient sur lui) : « Par leur générosité et les bons conseils prodigués envers les

musulmans ».

Fin de citation (voir texte entier en lien plus loin).

Signalons que le pouvoir accordé aux Saints de repousser les calamités ou d’attirer les grâces ne sont

qu’un pouvoir d’intercession envers Allâh ta`ala à qui revient la Toute Puissance et la Souveraineté sur

toute la Création. Aucun Musulman n’a fait des Saints des égaux ou des partenaires à Allâh (subhânahu

wa ta`ala). Nous croyons qu’ils sont des serviteurs honorés et purifiés et qu’Allâh entend leur supplique

et exauce lorsque l’on se tourne vers eux, à cause de l’Amour qu’Il leur porte.

« Certes Allâh – qu’Il soit exalté – possède des serviteurs à qui il a confié la tâche de répondre aux

besoins des gens. Ainsi ces derniers trouvent un refuge auprès de ces serviteurs. Voilà les personnes

préservées du châtiment d’Allâh. » (Rapporté par Tabaranî. Hadîth valide, hasan)

« Il arrive qu’un homme vêtu de haillons et repoussé de toutes les portes, n’ait qu’à adjurer Allâh pour

qu’il l’exauce. » (Rapporté par Muslim. Hadîth authentique.)

Page 20: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

20

« Il est des serviteurs d’Allâh qui n’ont qu’à adjurer Allâh pour qu’Il les exauce. » (Rapporté par al-

Bukhârî. Hadîth authentique.)

Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a décrit ainsi notre maître `Uways al-Qarnî (qu’Allâh l’agrée)

qui pourtant ne faisait pas partie de ses Compagnons :

« II vous viendra avec les renforts du Yémen `Uways Ibn 'Amer, de la tribu de Murâd et du clan de

Qaran. Il était lépreux puis guérit n'en gardant qu'une marque de la grosseur du dirham. Il a une mère

qu'il traite avec piété filiale, s'il faisait à Allâh un serment pour qu’Allâh lui fasse quelque chose, Allâh ne

démentirait pas son serment. Si tu peux lui demander de prier pour ton absolution, fais-le... » (Rapporté

par Muslim)

Concernant le sujet, de nombreux autres récits sont cités par notre maître, Jalâlu-d-Dîn as-Suyûtî dans

son recueil d’avis juridiques Al-Hawî li-l-Fatawî, dans une Fatwâ intitulée al-Khabar al-dall `alâ wujûd al-

Qutb wa al-Awtâd wa an-Nujaba wa al-Abdal ou Les Récits qui indiquent l’Existence du Pôle (Qutb), des

Piliers (Awtâd), des Guides (Nujaba) et des Substituts (Abdal).

L’Imâm An-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte dans son Bustân al-`Arifîn :

« Nous rapportons aussi sur l’illustre maître Hammad ibn Salama (qu’Allâh lui fasse miséricorde) que

l’on considérait comme faisant partie des Abdâl… etc. »

Notre maître, l’Imâm as-Sakhawî, disciple d’al-Hâfidh ibn Hâjar al-`Asqalanî (qu’Allâh leur fasse

miséricorde) a écrit un ouvrage intitulé : Al-Manhal Al-Adhb Ar-Râwî fî Tarjamat Qutb al-Awliyâ’ An-

Nawawî (La Source d’Eau Douce dans la biographie du Pôle des Saints an-Nawawî). Il y cite des propos

de Saints et de Savants qui affirment que le maître an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a atteint

le grade de Pôle (Qutb) des Saints de son époque, c’est-à-dire le plus haut degré.

Note importante : Bien qu’Ibn Taymiyyah (qu’Allâh lui fasse miséricorde) ne soit pas une référence ni

dans le domaine de la Croyance ni dans celui du Soufisme, il est cité car il est considéré comme une

référence par les détracteurs contemporains du Soufisme. Il mentionne les Abdal dans la dernière partie

de al-`Aqidah Wasitiyyah en ces termes :

« Ce Groupe qui se tient fermement à l'Islâm pur est représenté par les gens de la Tradition et du

Consensus, il compte en son sein les Véridiques, les Martyrs et les Pieux, mais aussi les flambeaux de la

guidance qui dissipent les ténèbres et dont les vertus sont mémorables. Les Abdâl et les Imams de la

religion sont parmi eux et les Musulmans sont en parfait accord sur leur bonne guidance… »

Fin d citation.

Notons que ce passage a été supprimé de certaines éditions récentes.

La croyance en l’existence des Aqtâb, des Abdâl et d’autres Saints n’est pas une « doctrine soufie », une

hérésie ou une innovation et ne mérite en rien les insultes auxquelles l’auteur s’est adonné dans son

Page 21: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

21

texte. C’est plutôt une croyance basée sur des bases solides de la Sharî`a et des avis de Savants

reconnus.

Sources et textes complémentaires :

Texte sur le sujet :

http://www.tidjaniya.com/faq-existence_poles.php

A propos des Abdâl (en anglais) :

http://www.sunnah.org/publication/sa...veiled/p14.htm

Le saint sait-il qu’il est un saint ?

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=12156

Des preuves concernant les Awliyâ :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=12592

Ibn Taymiyya, les Abdâl, et la traduction de la Wasitiyyah :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=12653

Page 22: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

22

L’Unicité de l’Être (Wahdatu-l-Wujûd)

Certains soufis croient à l’unicité de l’être. Pour eux il n’y a pas de créateur et de créature. Tout est

créature et créateur.

« Point de divinité à part Lui. Tout doit périr, sauf Sa Face (wajh). » (28 : 88)

Les exégètes ont dit que dans ce verset le terme « Face » (wajh) désigne Allâh ta`âla Lui-même. Wa-

Llâhu a`lâm.

Notre maître, l’Imâm de la Mosquée des Omeyyades de son temps, le nobles Sharîf (descendant du

Prophète

sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam) Shaykh Ibrâhîm al-Ya`qûbî (qu’Allâh lui fasse miséricorde), écrit dans son

ouvrage Farâ-id al-Hisân (traduit sous le titre ‘La Doctrine de l’Unité dans le Sunnisme’) :

L’Attribut Essentiel (as-Sifâtu-n-Nafsiyyatu) :

L’Être (ndT : al-wujûd) est l’attribut essentiel (ou encore : personnel) de l’Essence Divine. Le décrire

comme ‘étant’ revient à nous parler de (litt : à indiquer) l’Essence même d’Allâh sans aucune description

supplémentaire.

L’Être est la source de l’existence. La preuve de l’Être est l’existence même de ce monde car la création

implique nécessairement un créateur et celui-ci n’est autre qu’Allâh (subhânahu wa ta`ala) Lui-même.

Le contraire de cet attribut est le néant qui est impossible en ce qui concerne Allâh.

Fin de citation.

Dans la traduction le terme « être » a été utilisé au lieu du terme « exister » car celui-ci signifie « être à

partir de », ce qui est impossible pour notre Seigneur (subhânahu wa ta`ala). Wa-Llâhu a`lâm.

L’Être (al-wujûd) est un Attribut qu’Allâh (subhânahu wa ta`ala) ne partage complètement avec

personne dans le sens complet et absolu de l’éternité et de l’indépendance totale. Ce n’est pas le cas

des créatures dont l’existence est conditionnée par de nombreux facteurs. Elles n’existent donc pas au

sens plein et entier du terme.

C’est dans ce sens qu’il faut comprendre l’unicité de l’existence. Allâh (subhânahu wa ta`ala) est le seul

Etre de même qu’il est le seul Agissant, le seul Savant, le seul Voulant…etc. Les créatures ne le sont que

d’une manière relative et non absolue.

Notre maître, la Preuve de l’Islâm (al-Hujjâtu-l-Islâm), Abû Hâmid al-Ghazâlî (qu’Allâh l’agrée) a dit dans

son noble ouvrage al-Ihyâ al-`Ulûmu-d-Dîn (La Revivification des Sciences de la Religion) :

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23

« Nous disons donc que le tawhîd (ndT : croyance en l’Unicité d’Allâh) est constitué de quatre degrés

(marâtib) :

Le noyau (al-lubb), le cœur du noyau (lubb al-lubb), l’écorce (al-qishr) et l’écorce de l’écorce. Pour en

faciliter la compréhension, nous prendrons l’exemple de la noix de coco et de son écorce supérieure,

puisqu’il se trouve que cette noix possède deux écorces, un noyau et une partie grasse à l’intérieur

même du noyau que nous appelons le cœur du noyau (lubb al-lubb).

Le premier degré du tawhîd est celui de l’homme qui professe « il n’y a point de divinité en dehors

d’Allâh », alors que son cœur est plongé dans l’insouciance ou encore nie ce qu’il professe. Cette

affirmation de l’Unicité divine correspond à celle des hypocrites (al-munâfiqîn).

Au second degré, le cœur croit en ce que l’on a prononcé : il s’agit ici de la croyance de la plupart des

musulmans et ce degré constitue le credo de la masse (i`tiqâd al `awwâm).

Le troisième degré consiste à contempler (cette Unicité divine) au moyen du dévoilement intuitif (al-

kashf) grâce à la lumière de l’Être-Vrai (al haqq), c’est la « Station des rapprochés » (maqâm al-

muqarrabîn) ; (celui qui l’atteint) voit une multiplicité de choses, mais en dépit de cette multiplicité, il ne

les voit que comme procédant de l’Unique, du Contraignant.

Le quatrième degré consiste à ne voir qu’un Seul Être dans l’existence. Il s’agit de la contemplation de

ceux qui n’accréditent que la Vérité (as-siddiqîn). Les Soufis nomment ce degré « l’extinction (al-fanâ)

dans l’Unicité » car celui qui y parvient – du fait qu’il ne voit qu’un Être Unique – perd la perception et la

conscience de sa propre personne car il est submergé par la perception de l’Unicité ; il est éteint à lui-

même au moment même où il proclame l’Unicité, c'est-à-dire qu’il ne se voit pas, ni a fortiori les autres

créatures. »

Fin de citation.

Les Soufis réalisent ce dernier degré par la méditation profonde de Lâ ilâha illa-L-lâh et adorent ainsi

Allâh (subhânahu wa ta`ala) comme s’ils le voyaient comme l’affirme l’Imâm al-Ghazâlî (qu’Allâh l’agrée)

un peu plus loin dans le même ouvrage :

« La quatrième affirmation de l’Unicité est celle du contemplatif qui, au cours de sa contemplation ne

voit apparaître que l’Unique. Il ne considère pas le tout sous le rapport de la multiplicité mais sous le

rapport de son unicité ; ce degré constitue l’ultime étape du tawhîd. »

Fin de citation.

Cela n’a donc rien à voir avec les doctrines panthéistes que les détracteurs attribuent à tort aux Soufis.

Le panthéisme consiste à croire que tout est Allâh et qu’Allâh est tout. Ce qui est une aberration autant

du point de vue de la Révélation que de la raison. Par extension, on attribue aussi aux Soufis la croyance

Page 24: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

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en l’incarnation (al-hulûl) ; qui est la présence d’une substance à l’intérieur d’un corps vide qui le reçoit,

ainsi qu’en l’assimilation, la fusion (al-itthâd).

Notre maître, l’Imâm Fakru-d-Dîn ar-Râzî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit :

« La réponse est la suivante : la doctrine de l'ittihâd, l'union ou l'unification, est sans fondement. En

effet, de trois choses l'une :

- Les deux choses subsistent et, de ce fait, restent deux réalités distinctes ;

- elles disparaissent toutes deux pour devenir une troisième chose différente ;

- il ne reste que l'une des deux, l'autre cessant d'être.

Mais, alors (dans chacun de ces trois cas) l'union reste impossible, car l'Existant ne peut être le même

que le non-existant. »

Dans une lettre qui lui est attribuée, l’Imâm al-Ghazâlî (qu’Allâh l’agrée) réfute ces doctrines qu’on

attribue faussement aux Soufis authentiques :

« Cependant, comme une certaine ivresse s’est emparée des élites de ce rang qui les rend sujettes à

deux sortes d’aberrations : l’une consiste à imaginer qu’une union (ittisâl), qu’elles qualifient

d’inhérence (hulûl), s’est produite et l’autre à croire qu’il s’est réalisé une assimilation (ittihâd) grâce à

laquelle elles assimilent Allâh ; les premières jugeant cette assimilation impossible, considèrent

néanmoins avoir abouti à une union, ce qui revient au même, car elles disent : « Je suis la Vérité,

louange à Moi » ; revenues à elles-mêmes elles s’aperçoivent de cette aberration, car l’inhérence (hulûl)

est un accident qui se traduit par la présence d’une substance ou d’une matière à l’intérieur d’un corps

vide ; or aucune de ces deux formes ne saurait être appliquée à Allâh. De même l’union de deux choses,

si elles sont créées, ne pouvant se présenter que sous un des trois aspects suivants, se révèle également

irréalisable : soit les deux sont dotées d’une existence à part entière, soit les deux sont inexistantes,

donc elles ne peuvent être unies, car elles n’existent ni l’une ni l’autre ; soit l’une est existante et l’autre

inexistante, ce qui enlève toute idée d’union. »

Fin de citation.

Concernant les paroles extatiques de certains maîtres auxquels fait allusion l’Imâm telles que : ‘Je suis la

Vérité, louange à Moi’ et d’autre propos similaires, elles ont été prononcées dans des états d’ivresse

spirituelle. Les états particuliers, tels qu’une joie intense par exemple, peuvent excuser ces paroles

comme le prouve le Hadîth authentique suivant :

« La satisfaction qu’Allâh éprouve lorsque Son serviteur se repent est plus forte que la joie qu’éprouva

l’un d’entre vous qui, traversant une terre désertique, vit sa monture lui échapper, emportant

Page 25: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

25

nourriture et boisson. Désespéré, il parvint à un arbre à l’ombre duquel il s’allongea. Il était tout à son

désespoir lorsque sa monture se dressa devant lui. Il la saisit par la bride s’écriant : ‘Ô Allâh, Tu es mon

serviteur et je suis Ton seigneur’ (Allâhumma Anta `abdî wa anâ rabbuk). Son excès de joie lui faisant

commettre un lapsus. » (Rapporté par Muslim)

Ce Hadîth figure dans Riyad as-Sâlihîn (le Jardin des Vertueux) de l’Imâm An-Nawawî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) au chapitre du Repentir (Hadîth no 15)

Sources et textes complémentaires :

Le Tawhîd est un joyau précieux :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=13179

Explication des paroles de Hallaj par l’Imâm ar-Razî :

http://aslama.com/forums/showpost.ph...1&postcount=21

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26

Soufisme et Lutte dans le sentier d’Allâh (Jihâd)

Les soufis appellent à une vie frugale, à l’inertie et à l’abandon du djihad. Or Allah, le Très-Haut dit : « Et

recherche à travers ce qu' Allah t' a donné, la Demeure dernière. Et n' oublie pas ta part en cette vie. Et

sois bienfaisant comme Allah a été bienfaisant envers toi. Et ne recherche pas la corruption sur terre.

Car Allah n' aime point les corrupteurs". » ( Coran, 28 : 77 ), et « Et préparez (pour lutter) contre eux

tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d' effrayer l' ennemi d' Allah et

le vôtre, et d' autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu' Allah connaît. Et

tout ce que vous dépensez dans le sentier d' Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez

point lésés. » (Coran, 8 :60).

Il suffira comme réfutation de citer les noms suivants. Ils sont mentionnés par le Shaykh Nûh Keller dans

sa traduction de l’ouvrage `Umdatu-s-Sâlik (les Provisions du Voyageur) :

Shaykh Shamîl ad-Daghestanî, Shaykh dans la Tarîqah an-Naqshbandiyyah, il a lutté dans le Caucase

contre les Russes au 19ième siècle.

Sayyîd Muhammad `Abdu-Llâh as-Sumalî, Shaykh dans la Tarîqah as-Salihiyyah, il a dirigé les Musulmans

dans la guerre qui les opposaient aux britanniques et aux italiens de 1899 à 1920.

Shaykh `Uthmân dan Fodio, Shaykh dans la Tarîqah al-Qâdiriyyah, il a mené la lutte dans le sentier

d’Allâh (Jihâd) contre les animistes au Nord du Nigéria pour établir un Etat Islamique de 1804 à 1808. Sa

guerre a été couronnée de succès.

Shaykh `Abd al-Qadîr al-Jaza`îrî, Shaykh dans la Tariqah al-Qâdiriyyah, il a dirigé les Algériens contre les

français de 1832 à 1847.

Al-Hâjj Muhammad al-Ahrash, disciple de la Tarîqah ad-Darqawiyyah, il a combattu les français en

Egypte en 1799.

Shaykh al-Hâjj `Umar Tall, Shaykh dans la Tarîqah at-Tijâniyyah, il a mené la lutte en Guinée, au Sénégal

et au Mali de 1852 à 1864.

Shaykh Ma`a-l-`Aynayn al-Qalqamî, Shaykh dans la Tarîqah al-Qadîriyyah, il a aidé dans la résistance

contre les Français au nord de la Mauritanie et au sud du Maroc de 1905 à 1909.

Nous pouvons aussi citer :

`Abd al-Karîm al-Khattâbi de la Tarîqah al-`Alawiyyah qui a chassé les espagnols au Rif (nord du Maroc)

dans les années 1920.

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27

Shaykh al-Hâjj `Abu-Llâh Niass et Mâ Bâ Diakhou Bâ de la Tarîqah at-Tijâniyyah qui ont lutté contre

l’invasion des français avant la colonisation du Sénégal.

Et tant d’autres que nous ne mentionnerons pas ici par souci de concision.

Qu’Allâh les agrée et accepte leurs sacrifices pour notre Ummah. Allâhumma âmîn.

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28

La représentation du Shaykh dans l'esprit du disciple

Les soufis attribuent la grade de Ihsan ( adorer Allah comme si on Le voyait) à leurs guides qui

demandent aux disciples de les avoir à l’esprit lorsqu’ils invoquent Allah et même au moment de leur

prière. Aussi certains d’entre eux mettaient –ils devant eux la photo de leur maître au moment de prier.

Le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) a dit : « Al-Ihsan c’est adorer Allah comme si tu Le

voyais, car même si tu ne Le voit pas, Lui Il te voit » (rapporté par Mouslim).

Allâh (subhânahu wa ta`ala) a dit :

« Fais preuve de patience [en restant] avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, désirant Sa

Face. Et que tes yeux (`aynaka) ne se détachent point d'eux, en cherchant (le faux) brillant de la vie sur

terre. Et n'obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur inattentif à Notre Rappel, qui poursuit sa

passion et dont le comportement est outrancier. » (18 : 28)

Ce verset est une preuve claire du bienfait qui réside dans la compagnie des gens pieux et dans le fait de

les regarder. D’autres preuves se trouvent dans la noble Sunnah.

On demanda au Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam) :

« Qui sont les Awliyâ ? Il répondit : ‘Les Awliyâ sont ceux qui lorsqu’ils sont vus, Allâh est évoqué.’ »

(Rapporté par Al-Bazzâr et les rapporteurs sont de confiance)

« Certes, certaines personnes sont des clefs pour l’évocation d’Allâh : ils suscitent l’évocation d’Allâh dès

qu’ils sont vus. » (Rapporté par at-Tabarânî. Hadîth valide, hasan)

« Les meilleurs d’entre vous sont ceux qui suscitent en vous l’évocation d’Allâh quand vous les voyez,

ceux dont le discours fait croître votre connaissance et dont les actions vous font désirer l’au-delà. »

(Rapporté par al-Hâkim. Hadîth authentique.)

« Les meilleurs d’entre vous sont ceux qui suscitent l’évocation d’Allâh lorsqu’ils sont vus et les pires

d’entre vous sont ceux qui répendent la calomnie, qui divisent ceux qui s’aiment et qui cherchent à faire

souffrir. » (Rapporté par al-Bayhaqî. Hadîth valide, hasan)

On rapporte parmi les rares Traditions transmises par notre maître Abû Bakr as-Siddîq (qu’Allâh l’agrée)

la suivante :

« Regarder `Alî est un acte d’adoration. » (Rapporté par Ibn `Asakîr)

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29

On a rapporté la même parole du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) d’après Ibn Mas`ûd (qu’Allâh

l’agrée) :

« Voir le visage de `Alî est un acte d’adoration. » (Rapporté par al-Hakîm. Hadîth authentique.)

Notre maître Ibn `Atâ Allâh al-Iskandarî (qu’Allâh l’agrée) dans son Miftâh al-Falâh (la Clé de

l’Illumination) dit à propos de l’évocation d’Allâh (dhikru-Llâh) :

« Le rappel d’Allâh (dhikru-Llâh) est une libération de l’ignorance et de notre propension à l’oubli et ce à

travers la présence, permanente, du cœur avec la Réalité. Il a été dit qu’il s’agit de la répétition du Nom

de l’Invoqué par le cœur et par la langue. Que l’on se souvienne d’Allâh Lui-même, d’un de Ses Attributs,

d’un de Ses commandements, d’une de Ses Actions ou que l’on tire une conclusion basée sur ceux-là,

cela revient au même. Se souvenir d’Allâh peut prendre la forme d’une supplication envers Lui, ou la

mention de Ses messagers, Ses prophètes, Ses saints ou toute personne proche renvoyant à Lui. Le

souvenir peut être procuré par une bonne action, comme celle de réciter le Qur-ân, par la mention du

Nom d’Allâh, par la poésie, le chant, une discussion ou bien une anecdote. »

Fin de citation.

Le souvenir des gens pieux est donc une chose recommandable et non condamnable aux yeux de la Loi

(ash-Sharî`a) puisque cela fait partie intégrante de l’évocation (adh-dhikr).

La pratique qui consiste à se représenter l’image du Shaykh est parfois nommée : la liaison (ar-Râbitah).

Elle permet au disciple de rester concentré et de ne pas se dissiper dans les mauvaises pensées et les

suggestions sataniques. Elle permet aussi d’augmenter l’amour et la nostalgie pour son maître, l’amour

en Allâh ta`ala (al-hubbu fî-Llâh) étant une chose recommandée par de nombreux textes qu’ils seraient

trop long de citer.

Le Shaykh est considéré comme la porte vers le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam), c’est lui qui est

la réalité la plus concrète de la Sunnah pour le disciple. A travers cet exercice, ce qui doit faire l’objet de

concentration est à la fois l’image du Shaykh, mais aussi ses enseignements, ses paroles, ses actes de

bien, ses vertus… etc. Ce que l’on recherche à travers cela c’est le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa

sallam). Certains savants recommandent d’ailleurs d’essayer de s’imaginer ses nobles traits lorsque l’on

prie sur lui (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam).

Le Shaykh Yusûf ibn Isma`îl an-Nabahanî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte dans son livre sur les

mérites de l’invocation de grâce (Afda-îl as-Salawât `ala-n-Nabî), après avoir rapporté une modalité de

prière sur le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa sallam) :

Page 30: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

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« Cette formule d’invocation est rapportée par le grand savant Ibn Hâjar al Haytamî dans son livre

Jawâhir al-Munazzam avant d’ajouter ceci : J’ai recueilli les éléments de cette formule d’invocation à

partir de toutes les formules rapportées et j’ai même puisé dans des formules que leurs auteurs

considèrent comme les meilleures d’entre toutes. Et j’ai indiqué dans mon livre comment cette formule

résume toutes les autres et les surpasse même. Aussi il convient pour toi de la répéter abondamment en

te représentant l’auguste face du Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa sallam), car tu auras ainsi accompli

l’invocation parfaite qui convient dans le tashshahud et en d’autres circonstances. »

On peut lire, à propos de la râbitah, dans l’ouvrage Al-Fuyûdât ar-Rabbâniyyah, une compilation

d’enseignements et d’invocations de notre maître, le noble Pôle Sayyidî `Abd al-Qadîr al-Jîlânî (qu’Allâh

sanctifie son secret), par le savant Shaykh Isma`îl Muhammad Sa`îd al-Qâdirî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) :

« Note importante : A propos d’ar-râbita (la liaison avec le Shaykh) et la nature de ce lien :

La pratique connue sous le nom de râbita (liaison avec le Shaykh) est supérieure à la pratique du dhikr.

Elle implique la représentation dans son esprit de l’apparence du Shaykh. Pour le disciple (murîd), [cette

pratique] est plus bénéfique et appropriée que celle du dhikr car le Shaykh et le moyen (wasita) par

lequel le disciple entre en ‘contact’ (wusûl) avec le Seigneur de la Vérité (qu’Il soit exalté et glorifié). Plus

le lien le connectant au Shaykh augmente, plus les émanations (fuyûdât) de son être intérieur (bâtin)

augmenteront, et il parviendra bientôt au but tant désiré. Il est nécessaire, avant tout, pour le disciple

de s’anéantir (yufnâ) en son Shaykh. Il atteindra alors l’annihilation (fanâ) en Allâh (qu’Il soit exalté). Et

Allâh sait certes mieux (wa-l-lâhu a`lâm). »

Fin de citation.

L’annihilation en Allâh c’est, selon les dires de notre maître al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde)

dans sa Risâlah, l’extinction des mauvais caractères. Wa-Llâhu a`lâm.

Concernant l’utilisation de la photographie à cet effet, c’est le fruit d’une initiative personnelle de

certains disciples. On leur demande plutôt de faire un effort spirituel et mental et non de s’attacher à

des choses matérielles. L’important, comme on l’a mentionné plus haut, ce n’est pas l’apparence du

Shaykh en elle-même mais ce qu’il représente.

Une pratique de liaison comparable est recommandée pour augmenter l’amour entre les frères en

religion par l’érudit Hasan al-Banna (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dans son ouvrage al-Ma`thûrât,

répertoriant les pratiques dévotionnelles quotidiennes qu’il recommande aux musulmans en général et

à ses disciples en particulier :

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« Wird ar-râbitah

L’objectif de ce wird est de consolider les liens (signification d’ar-râbitah) de fraternité entre les

croyants. On lit ce wird chaque soir lors du coucher du soleil. »

Fin de citation.

Il recommande ensuite la récitation de quelques versets et invocations, puis il ajoute les informations

suivantes sur le déroulement du wird. Nous reproduisons ici l’invocation intégrale afin d’en bénéficier :

« Ensuite, tout en se représentant les visages de ceux qu’il connaît parmi les frères en Allâh et le lien

spirituel qui le lie à ceux qu’il ne connaît pas, il prononce l’invocation suivante :

Ô Allâh ! Certes, tu sais que ces cœurs sont réunis pour Ton amour, se sont rencontrés pour T’obéir, se

sont unis autour de Ton appel et se sont engagés à soutenir Ta religion.

Consolide, ô Allâh, leur alliance !

Fais durer leur affection les uns envers les autres et guide-les dans le droit chemin ! Emplis-les de Ta

lumière qui ne s’éteint jamais !

Apaise-les en leur accordant une foi débordante en Toi et un abandon parfait à Ta volonté ! Fais que leur

vie soit dominée par Ta connaissance, et qu’ils meurent en martyrs pour Ta cause ; Tu es le meilleur

Maître et le meilleur Protecteur ! Âmîn !

Ô Allâh ! Prie et salue notre maître Muhammad, ainsi que sa famille et ses compagnons. »

Fin de citation.

Par la dignité de notre maître Muhammad, qu’Allâh consolide nos liens. Allâhumma âmîn.

Sources et textes complémentaires :

Discussion autour de la râbitah :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=16253

Les Héritiers des Prophètes :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=15761

Le Shaykh Authentique :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=13905

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32

Soufisme et Science de l'invisible (`Ilm al-Ghayb)

Les soufis prétendent être illuminés et détenir la science de l’invisible. Mais le Coran les a démentis ;

Allah, le Tout-Puissant dit : « Dis: "Nul de ceux qui sont dans les cieux et sur la terre ne connaît l'

Inconnaissable, à part Allah". Et ils ne savent pas quand ils seront ressuscités! » (Coran, 27 :65)

(…)

Les soufis pensent qu’ils reçoivent leur savoir directement d’Allah, sans l’intermédiaire du Prophète

(bénédiction et salut soient sur lui) et en état d’éveil. Sont-ils meilleurs que les compagnons du Prophète

(bénédiction et salut soient sur lui) ?

Les soufis pensent qu’ils reçoivent leur savoir directement d’Allah, sans l’intermédiaire du Prophète

(bénédiction et salut soient sur lui) et en état d’éveil. Ils disent également des choses telles que : mon

cœur m’a parlé de mon Seigneur.

« [C'est Lui] qui connaît le mystère. Il ne dévoile Son mystère à personne, sauf à celui qu'Il agrée comme

Messager et qu'Il fait précéder et suivre de gardiens vigilants » (72 : 26-27)

Ce noble verset s’applique aux Messagers, aux Prophètes et aux Saints comme le prouvent les versets

suivants :

« Ils trouvèrent l'un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous

avions enseigné une science émanant de Nous. » (18 : 65)

« (Rappelle-toi) quand les Anges dirent : "Ô Marie, certes Allah t'a élue au-dessus des femmes des

mondes… » (3 : 42)

« Et Nous révélâmes à la mère de Moïse [ceci]: "Allaite-le. Et quand tu craindras pour lui, jette-le dans le

flot. Et n'aie pas peur et ne t'attriste pas : Nous te le rendrons et ferons de lui un Messager." » (28 : 7)

Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit :

« Méfiez-vous de la clairvoyance (firâsah) du croyant, car il voit par la lumière d’Allâh. » (Rapporté par

at-Tirmidhî)

« Il y a parmi les nations qui vous ont précédées des Muhaddathûn (ceux à qui on parle) et s’il y en a un

dans ma communauté c’est`Umar. » (Rapporté par al-Bukhârî, Muslim, Abû Dâwûd, at-Tirmidhî et

Ahmad)

Concernant ce texte, notre maître l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) explique dans son

Sharh Muslim (Commentaire de Muslim) :

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« Les savants ont divergé sur [l’expression] ‘à qui on parle’. Ibn Wahb a dit que cela signifie ‘inspirés’

(mulhamûn). On a aussi dit : ‘ceux qui sont sur la vérité, et lorsqu’ils donnent une opinion, c’est comme

si on leur avait parlé et ensuite ils ont donné leur avis.’ On a aussi dit ‘les anges leur parlent’. Al-Bukhârî

a dit : ‘la vérité sort de leur bouche.’ Il y a dans ce Hadîth une confirmation des prodiges des Saints

(karamâtu-l-Awliyâ). »

Fin de citation.

Notre maître as-Suyutî dans son Târîkh al-Khulafâ (L’Histoire du Califat) rapporte :

« Ibn `Umar a dit : `Umar envoya une armée et mis à leur tête un homme appelé Sâriyah. Tandis que

`Umar donnait le sermon (khutbah), cria : ‘Sâriyah la montagne !’ par trois fois. Plus tard, le messager de

l’armée vint et dit à `Umar : Ô Commandeur des croyants (`Amîr al-Mu-minîn) ! Nous étions sur le point

de perdre et nous entendîmes dans cette situation une voix nous crier : ‘Sâriyah la montagne !’ par trois

fois. Nous avons contourné la montagne et Allâh nous a accordé la victoire. Quelqu’un dit à `Umar : ‘Tu

as crié ces paroles.’ Cette montagne, où était Sâriyah, se trouvait à Nahawand, en pays non-Arabe (Irak

Perse.) »

Fin de citation.

Ceci est un exemple de ce que les Soufis appellent le dévoilement (al-kashf) qui est une grâce par

laquelle Allâh ta`ala fait savoir au croyant des choses qu’il ignore.

D’autre part, le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit :

« Le rêve pieux (ru`ya) est un quarante-sixième de la Prophétie. » (Rapporté par Muslim selon plusieurs

chaînes. Hadîth authentique.)

Les savants sont d’accord pour dire que les rêves pieux ne sont en rien une preuve juridique, mais ils

permettent cependant de recevoir des bonnes nouvelles ou des informations par exemple. Wa-Llâhu

a`lâm.

Al-Imâm, al Hujjâtu-l-Islâm (la Preuve de l’Islâm), Abû Hamîd al Ghazâlî qu’Allâh l’agrée dit dans son

autobiographie al Munqidh min ad-Dalâl (La Délivrance de l’Erreur) :

« Dès le début de la voie, se succèdent les dévoilements (mukâshafât) et les visions (mushâhadât) au

point qu'en état de veille, les Soufis voient les Anges et les Esprits des Prophètes; ils entendent leurs voix

et tirent profit de leur présence. »

Fin de citation.

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34

Notre maître, Muhammad ibn `Alî at-Tirmidhî, dit le Sage, al-Hakîm (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit

dans sa réplique à ceux qui nient les états des Saints (qu’Allâh les agrée) extrait son Khatm al-Awliyâ (Le

Sceau des Saints) :

« Au sujet de Sa parole : Seul Allâh connaît le Mystère (Non-Manifesté, Ghayb) des cieux et de la terre

(27, 65), la science du Mystère non manifesté se trouve auprès d’Allâh, mais nombre de ces mystères

ont été révélés à Son Envoyé (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam). Quel argument peut contenir ce verset ? Ils

ne s’en servent qu’afin d’obtenir notoriété parmi les ignorants. Nombre de mystères de cet ordre ont

été révélés aux inspirés et aux Gens de la firâsah (ndT : clairvoyance) au point qu’ils s’exprimèrent à ce

sujet, c’est pourquoi Abû Dardâ (qu’Allâh l’agrée) a dit : ‘Prends garde à la science du croyant qui

permet de voir les choses par introspection, car par Allâh, c’est une réalité qu’Il a établi dans leur cœur

et leur regard.’ C’est aussi dans ce sens que Salmân dit à al-Hârith, compagnon de Mu`âdh (qu’Allâh les

agrée) : ‘Mon esprit a connu ton esprit.’ `Uways al-Qaranî a dit aussi : ‘Sur toi la paix ô Harima ibn

Hayyân. Celui-ci lui demanda : Comment sais-tu que je suis Harima ibn Hayyân ? Par le fait que mon

esprit a connu ton esprit.’

Ceci est une prérogative de l’esprit qui n’a cependant rien reçu de la part du cœur, ni accédé à ce niveau

élevé, qu’en serait-il donc d’un cœur tel que nous l’avons décrit ? Ce que dit `Uways provient du

Mystère du Non-Manifesté, comment n’en aurait-il pas la science ? Cela ne lui a-t-il pas été révélé ? Et la

parole de `Umar (qu’Allâh l’agrée) à al-Ashtar : ‘Je vois un grand malheur pour les musulmans en lui’, et

son autre parole : ‘Sâriyah la montagne !’ alors qu’il était en chaire. Les exemples de ce genre sont trop

nombreux pour tous les citer, comme ce qu’a dit Abû Bakr à `Aishâ (qu’Allâh les agrée) : ‘J’ai désiré

t’offrir en cadeau la bâtisse (al-jidâr) se situant à al-`Alyah, mais tu ne peux la posséder de droit

actuellement car c’est un bien qui fait partie de l’héritage qu’il te faudra partager avec ton frère et tes

sœurs. `Aïsha lui répondit : Mais père, je n’ai qu’une sœur. A quoi Abû Bakr rétorqua : J’ai été inspiré du

fait que la fille de Hâritha portait une fille en son sein.’ `Aïsha rapporta plus tard qu’effectivement, la fille

de Hâritha mit au monde une fille. Abû Bakr s’est appuyé dans son jugement sur l’inspiration qu’il a

reçue en disant : ‘Ce sont tes sœurs.’, et il affirma que son épouse portait bien un enfant de sexe

féminin. Ceci n’est-il pas un mystère non manifesté dont il a été informé par le mode de l’entretien ou

par celui de l’inspiration ?

Il est dit à ce prétentieux : le Non-Manifesté (bien qu’unique) regroupe de multiples aspects, sais-tu

donc de quel aspect il est parlé dans la parole d’Allâh : Dis, seul Allâh connaît le Mystère non manifesté

(ghayb) des cieux et de la terre, Il dit encore : Connaissant du Non-Manifesté, Il ne le révèle à personne

hormis à celui qu’Il agrée comme Envoyé (72 : 26-27). Nous trouvons des Prophètes (sur eux la paix) qui

n’ont pas accédé à la fonction d’Envoyé et pourtant Allâh leur a communiqué des mystères du Non-

Manifesté par le biais de la Révélation. Il y a donc des mystères qu’Il conserve sans les révéler, telle la

connaissance de l’Heure, et d’autres mystères qu’Il révèle aux Gens de l’entretien, et aux Saints, peux-tu

distinguer la particularité des ces différents types de mystères ? Ne constates-tu pas ta déficience

intellectuelle et ton mutisme ? Tu as entendu ce mot (ghayb) Mystère prononcé, alors tu répètes des

versets du Qur-ân exposant cela. Que tu es donc mesquin pour circonvenir au respect dû aux Saints. Tu

es un homme qui adore son âme, qui ne peut se libérer de la brume de ses passions qui finissent par se

retourner contre toi. Tu es sous l’emprise de l’âme et de la suggestion satanique. Prends garde, n’entre

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pas dans les demeures des Saints et ne te sers pas de leurs paroles, car tu ne possèdes rien de leur

science. »

Fin de citation.

Précisons enfin que toutes ces connaissances sont des dons d’Allâh ta`ala obtenus par le suivi scrupuleux

de la Sunnah du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam). Aucun bien spirituel ne se trouve en dehors de

son noble enseignement.

Qu’Allâh nous compte parmi les partisans des Saints sans jamais nous y opposer. Allâhumma âmîn.

Note importante : Ibn Taymiyyah, pourtant connu pour son hostilité à certains propos des Soufis,

affirme dans son Majmû` al-Fatâwâ :

« Allah Tout-puissant dévoilera à ses saints des états qui n'ont jamais été dévoilés auparavant et Il leur

donnera l'appui sans mesure. Si ce saint commence à parler des choses de l'invisible, passé ou présent

ou futur, cela est considéré comme la connaissance miraculeuse. Tout ce qu'un saint fait qui est de

l'invisible, pour les gens ou pour des auditeurs, de guérison ou de connaissance d'enseignement, c'est

accepté et nous devons remercier Allah pour cela. »

Fin de citation.

Source et compléments :

Article sur le dévoilement (en anglais) :

http://www.sunnah.org/publication/en...tml/unseen.htm

Article sur la connaissance de l’invisible :

http://www.tidjaniya.com/faq_connaitre_ghayb.php

Article sur la clairvoyance :

http://www.tidjaniya.com/faq-voir_avec_lumiere.php

Ibn Taymiyyah à propos des Saints et de la Sainteté :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=7261

Page 36: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

36

La création du monde pour le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa

sallam)

Ils pensent également qu’Allah a crée le monde pour le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui),

mais le Coran les a démenti ; Allah dit : « Je n' ai créé les djinns et les hommes que pour qu' ils M'

adorent. » (Coran, 51 :56)

Allah s’est également adressé à son prophète en lui disant : « et adore ton Seigneur jusqu'à ce que te

vienne la certitude (la mort). » ( Coran, 15 :99).

« Je n’ai créé les jinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent. » (51 : 56)

Ce verset ne contredit en rien le fait qu’Allâh ait créé le monde pour le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) mais le confirme plutôt. Car aucun Jinn, ni aucun Homme ne peut adorer son Créateur sans

aimer et croire en notre maître Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) qui n’a été envoyé qu’en tant

que miséricorde pour les mondes.

Ceci est aussi valable pour les générations précédant l’avènement de notre maître Muhammad (sallâ-

Llâhu `alayhi wa-sallam) comme le prouvent les propos de notre maître al-Qâdî `Iyâd (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) dans Kitâb ash-Shifâ :

« Allâh a dit, en recevant le pacte des prophètes : quoi que Je vous donne du Livre et de la Sagesse,

quand un messager viendra à vous, confirmant ce que vous possédez déjà, vous croirez en lui et vous

l’aiderez. Il dit : Êtes-vous résolus et acceptez-vous Mon alliance à cette condition ? Ils répondirent :

Nous y consentons ! Il dit : Soyez donc témoins, et Moi, Me voici avec vous, parmi les témoins. (3, 81)

Abû-l-Hasan al-Qabissî a dit à ce propos :

Allâh (qu’Il soit exalté) a réservé à Muhammad (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) une faveur qu’Il n’a

accordée à aucun autre, comme il est indiqué dans ce verset. En effet, selon l’exégèse traditionnelle,

Allâh a imposé les termes du pacte par révélation et Il n’a pas envoyé un seul prophète, depuis Âdam,

sans lui mentionner Muhammad (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam), sans le décrire pour lui et sans lui faire

prendre l’engagement de croire en lui s’il vivait à son époque et le soutenir.

On a dit aussi que ce pacte consiste, pour chaque prophète, à donner sa description aux gens de leur

peuple et à les engager à indiquer celle-ci aux générations suivantes. Tout cela a été retenu par `Alî ibn

Abî Tâlib. »

Fin de citation.

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37

Concernant les propos tels que « Allâh a créé le monde pour notre maître Muhammad (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) », on rapporte du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) d’après notre maître `Umar

ibn al-Khattâb (qu’Allâh l’agrée) :

« Après avoir commis le péché, Âdam s’adressa à Allâh en ces termes :

- Ô Seigneur ! En l’honneur de Muhammad, pardonne-moi ! (Yâ Rabbi as-aluka bi-haqqi Muhammadin

limâ ghafartu lî)

- Ô Âdam, comment connais-tu Muhammad alors que je ne l’ai pas encore créé ?

- Ô Seigneur ! Lorsque Tu me créas de Ta Main, et que Tu insufflas en moi de Ton Esprit, je relevai la tête

et vis inscrit sur le haut du Trône :

Point de divinité si ce n’est Allâh et Muhammad est l’Envoyé d’Allâh

J’ai compris alors que tu ne pouvais lier à Ton Nom que celui de la créature que Tu aimes le plus.

- Tu as dit vrai, ô Âdam ! C’est la créature que J’aime le plus. Implore-moi donc par son honneur car Je

t’ai pardonné : n’était Muhammad, Je ne t’aurais pas créé ! » (Rapporté par al-Hâkim qui l’a déclaré

authentique.)

On rapporte de même du Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) d’après notre maître `Abdu-Llâh ibn

`Abbâs (qu’Allâh agrée le père et le fils.)

« Allâh s’adressa ainsi à `Îsâ : Ô `Îsâ ! Crois en la mission de Muhammad et ordonne à ceux de ta

communauté qui le connaîtront d’y croire. En effet, n’était Muhammad, Je n’aurais pas créé Âdam ;

n’était Muhammad, Je n’aurais créé ni le Paradis ni l’Enfer. J’ai créé le Trône sur l’eau et il fut pris de

secousses : J’y ai inscrit ‘Point de divinité si ce n’est Allâh et Muhammad est l’Envoyé d’Allâh’ ; et il se

stabilisa. » (Rapporté par al-Hâkim qui l’a déclaré authentique.)

Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) est notre intermédiaire auprès d’Allâh ta`âla, sa prophétie fût

créée avant même notre maître Âdam (paix sur lui) comme en témoigne ce Hadîth :

« J’ai demandé à l’Envoyé d’Allâh (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) : Quand devins-tu prophète ? [Il

répondit : ] J’étais prophète alors qu’Âdam était entre l’esprit et le corps. » (Cité par al-Hâkim qui l’a

déclaré authentique.)

Les Prophètes sont nos guides vers Allâh subhânahu wa ta`ala, et personne ne peut L’adorer sans les

suivre. La parole « n’était Muhammad Allâh n’aurait pas créé le monde. » ne contredit en rien les

principes fondamentaux de l’Islam comme le dit notre maître, l’actuel Muftî d’Egypte, Shaykh `Alî Jum`a

dans son ouvrage al-Bayân limâ yashghal al-adhân :

Page 38: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

38

« La signification de la sentence ‘n’était Muhammad Allâh n’aurait pas créé le monde’ ne s’oppose en

rien aux fondements de la croyance (usûl al-`aqîdah) en Islam, ni aux bases de l’affirmation de l’Unicité

(tawhîd). Au contraire, cette sentence les confirme si l’on en comprend réellement le sens. »

Fin de citation.

Ces paroles ne font que confirmer l’interprétation donnée par notre maître Ibn `Abbâs (qu’Allâh agrée le

père et le fils) au verset : « Je n’ai créé les jinns et les hommes que pour qu’ils m’adorent. » (51 : 56). Il a

dit : « c’est à dire ‘Pour qu’ils Me connaissent.’ » et nul ne connait Allâh sans passer par son Bien-Aimé

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Wa-Llâhu a`lâm.

Note Importante : Bien qu’Ibn Taymiyyah (qu’Allâh lui pardonne) rejette l’authenticité du récit cité plus

haut mentionnant notre père Âdam (paix sur lui), il confirme dans le volume 11 de son Majmu`al-

Fatâwâ, consacré au Soufisme, que l’on peut dire que le monde a été créé pour le Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) :

« Muhammad est le Maître (Sayyîd) des Fils d’Âdam, le Meilleur de la Création, la plus noble d’entre [les

créatures] au regard d’Allâh. Pour cette raison, certains ont dit ‘Allâh a créé l’Univers pour lui’ où ‘n’était

lui, Il n’aurait créé ni le Trône, ni le Piédestal, ni le ciel, ni la terre, le soleil, ni la lune.’ bien que ce ne soit

pas un Hadîth qui remonte au Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam) (…) Mais cela peut être expliqué

d’une façon correcte (…)

Etant donné que le plus vertueux des fils d’Âdam est Muhammad, le créer était, plus que tout autre, un

but désiré et un acte d’une sagesse très profonde et ainsi, la plénitude de la création et l’atteinte de la

perfection furent accomplies Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) (…) Le Maître des Fils d’Âdam

est Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), Âdam et ses enfants seront sous sa bannière. Il (sallâ-

Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit : ‘Certes, j’étais écrit en tant que Sceau des Prophètes auprès d’Allâh,

quand Âdam était encore à l’état d’argile.’ ce qui signifie ‘ma Prophétie fût décrétée et manifestée

quand Âdam était créé mais avant qu’on n’insuffle l’Esprit en lui, tout comme Allâh décrète la

subsistance, la longévité, les actions, et l’heureuse ou la mauvaise issue de son serviteur lorsqu’Il est

créé à l’état d’embryon avant d’y insuffler l’Esprit.’

Puisque l’homme est le sceau de toute la création, et son microcosme, et étant donné que le meilleur

des hommes est ainsi la meilleure création dans l’absolue, donc Muhammad, étant la Prunelle de l’Oeil,

l’Axe du Moulin, le Distributeur, est tel l’Objectif Ultime de tous les objectifs de la création. On ne peut

donc pas nier les paroles comme « par sa cause tout a été créé. » ou « n’était lui, cela n’aurait pas été

créé » ; si ces paroles sont expliquées en accord avec ce que nous indiquent le Livre et la Sunnah, elles

sont acceptables. »

Fin de citation.

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39

Sources et compléments :

Les Enseignements Spirituels du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) (Vol II) :

http://www.iqrashop.com/Les_Enseigne...ite-7285-.html

Article en anglais :

http://www.sunnah.org/publication/en...l/tawassul.htm

Page 40: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

40

Les évocations (adhkâr) et les litanies (awrâd)

Les soufis ne se limitent pas aux prières et invocations rapportées du Prophète (bénédiction et salut

soient sur lui) ; Bien au contraire. Ils inventent des prières sur le Prophète (bénédiction et salut soient

sur lui) truffés de paroles d’idolâtrie par les quelles ils cherchent à être bénis. Mais celui pour qui ils le

font n’en est pas d’accord.

La question des invocations récitées au sein des Voies Spirituelles nécessite un développement.

La permission d’inventer de nouvelles formulations d’après la noble Sunnah :

Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) nous a transmis le Religion et n’a rien omis de ce qui pouvait

nous rapprocher d’Allâh ta`ala ou nous écarter de Lui. Le rappel (adh-dhikr) et l’invocation (ad-du`a) ont

été institués comme moyens pour le croyant de s’élever. Aucune restriction n’a été rapportée

concernant les formulations. Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a approuvé le fait d’inventer

des invocations comme le prouvent les textes suivants.

L’Imâm, notre maître, Sharâf-ad-Dîn an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte dans Kitâb al-

Adhkâr (Le Livre des Invocations) :

« Nous extrayons des « Sunans » d’Abû Dawûd et d’après une chaîne de transmetteurs fiables, ces

propos du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam) transmis par Abû Sâlih Dhakwân, qui les tenait de

certains Compagnons du Prophète – qu’Allâh les agrée - : « Le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa sallam)

demanda à un homme :Que récites-tu dans ta prière ? Celui-ci répondit : Je lis le tashshahud, puis

j’ajoute ceci :

Seigneur, je Te demande le Paradis et je Te demande de me préserver de l’Enfer

(Allâhumma innî as-aluka-l-jannah wa a`ûdhu bika mina-n-nâr).

En dehors de cela, je ne sais inventer de paroles intelligibles [c’est-à-dire inventer des paroles dont le

sens échappe au commun des mortels comme moi] semblables aux tiennes ou à celles de Mu`âdh. Le

Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) lui dit alors : Mais invente donc des paroles sur ce thème [le

Paradis et l’Enfer] ! »

Plus loin dans le même ouvrage il cite les traditions suivantes :

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« Nous rapportons des « Sunans » d’Abû Dâwûd, de Tirmidhî, de Nasâ-î et d’ibn Mâjah, ces propos de

Burayda – qu’Allâh soit satisfait de lui - : « L’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) entendit un

homme invoquer Allâh [en ces termes] :

Ô Allâh, je te demande en vertu de mon témoignage que Tu es Allâh et qu’il n’y a d’autre dieu que Toi,

l’Unique qui se suffit à Lui-même, qui n’a pas engendré et n’a pas été engendré et qui n’a aucun égal.

(Allâhumma innî as-aluka bi-annî ash-hadu annaka Anta-L-lâhu lâ ilâha illa Anta-l-Ahadu-s-Samâdu-l-

ladhî lâm yalid wa lâm yûlad wa lâm yakun-lâhu kufuwan Ahad.)

Le Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam) lui dit alors :Tu as imploré Allâh – exalté soit-Il – en invoquant

le Nom par lequel Il donne à qui Lui demande et exauce qui L’invoque.»

Dans une autre version on trouve ceci : «Tu as invoqué Allâh – exalté soit-Il – en usant de Son Nom

Suprême.» Tirmidhî tient ce Hadîth pour fiable.

Nous rapportons des « Sunans » d’Abû Dâwûd et de Nasâ-î : Anas – qu’Allâh soit satisfait de lui – était

assis aux côtés du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) tandis qu’un homme faisait sa prière ; [après

l’avoir terminée], il fit cette invocation :

Ô Allâh, je Te demande en vertu de la louange qui T’appartient ; il n’est de dieu que Toi, le Bienfaiteur,

Créateur des cieux et de la terre, Celui qui est emprunt de Majesté et de Générosité, le Vivant, Celui qui

subsiste par Lui-même !

(Allâhumma innî as-aluka bi-anna laka-l-hamdu lâ ilâha illa Anta-l-Mannânu Badî`u-s-samawâti wa-l-ardi

yâ Dhâ-l-jalâli wa-l-ikrâmi yâ Hayyu yâ Qayyûm)

En l’entendant, le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) dit :Il vient d’invoquer Allâh – exalté soit-Il –

par Son Nom Sublime (`adhîm), celui par lequel Il exauce (les invocations) et accède [à la requête] de

celui qui Lui adresse une demande. »

Fin de citation.

Ces textes suffisent comme preuve qu’il est permis d’inventer des invocations et que cette pratique a

été encouragée par notre noble Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et mise en œuvre par les

Compagnons (qu’Allâh les agrée). Les nombreux textes qui invitent à l’évocation (dhikr) et à l’invocation

(du`a) ont une portée générale qui n’interdit pas les nouvelles formulations.

Page 42: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

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Les nouvelles formulations de prière sur le Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam)

La formulation de la prière sur le Prophète (sallâ-Llâhu alayhi wa sallam), qui compte parmi les formules

d’évocations (adhkâr), n’échappe pas à cette règle. Nous avons des exemples de ces prières qui ont été

formulées par des Sahaba, des Pieux Devanciers (As-Salâf), des Saints et des Savants de la communauté

(qu’Allâh les agrée).

Notre maître, le Qadî `Iyâd al-Mâlikî (qu’Allâh l’agrée et le récompense abondamment) a rapporté les

narrations suivantes dans son chef d’œuvre Kitâb al Shifâ :

« On rapporte également que `Alî (ndT : karram Allâhu wajhahu) disait en matière d’invocation sur le

Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) :

‘Certes Allâh et Ses anges bénissent le Prophète. Ô vous qui croyez ! Invoquez sur lui la grâce et la paix !

Me voici ô Allâh ! Mon Seigneur ! Le bien est dans Tes Mains. Que les grâces du Dieu Bon et

Miséricordieux ainsi que celles des Anges Rapprochés, des Prophètes, des Véridiques, des Martyrs, des

Vertueux et de tout ce qui Te glorifie, ô Seigneur des mondes, soient sur Muhammad ibn `Abdullâh, le

Sceau des Prophètes, le Maître des Messagers, le Chef de file des Pieux, l’Envoyé du Seigneur des

mondes, le Témoin, l’Annonciateur de la bonne nouvelle, celui qui appelle à Toi avec Ta permission et le

brillant Luminaire, que le paix soit sur lui !’

De même `Abdullâh ibn Mas`ûd (qu’Allâh l’agrée) rapporte cette forme d’invocation de grâce : ‘Ô Allâh !

Accorde Ta grâce, Tes bénédictions et Ta Miséricorde au Maître des Messagers, au Chef de file des

Pieux, au Sceau des Prophètes, Muhammad, Ton Serviteur et Ton Messager, l’Imâm du bien et le

Messager de la Miséricorde ! Ô Allâh ! Ressuscite-le dans une Station glorieuse que lui envieront les

premiers et les derniers ! Ô Allâh ! Accorde la grâce à Muhammad et à la famille de Muhammad comme

Tu l’as accordée à Ibrâhîm. Tu es le Digne de louange, le Glorieux !’ Il disait : « Lorsque vous invoquez la

grâce sur le Prophète (salla-L-lâhu `alayhi wa-sallam) faites-le de la meilleure façon qui vous soit

possible, car vous ignorez si cela lui sera présenté. »

Al-Hasan al Basrî disait : Que celui qui veut boire avec la coupe parfaite du Bassin de l’Elu (sallâ-L-lâhu

`alayhi wa-sallam) dise ceci : ‘Ô Allâh ! Accorde la grâce à Muhammad, à sa famille, à ses Compagnons, à

ses enfants, à ses épouses, à ses descendants, aux gens de sa maison, à ses alliés, à ses partisans, à ses

auxiliaires, à ses disciples, à ses adeptes, à sa Communauté ainsi qu’à nous ! Ô Le Plus Miséricordieux

des Miséricordieux !’

Tâwûs rapporte de son côté qu’Ibn `Abbâs (qu’Allâh l’agrée) disait : ‘Ô Allâh ! Agrée l’intercession

grandiose de Muhammad ! Elève son degré sublime et comble sa demande dans la vie future et dans le

bas monde comme Tu as comblé Ibrâhîm et Mûsâ !’

Page 43: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

43

On rapporte également que Wuhayb Ibn al-Ward disait dans son invocation : ‘Ô Allâh ! Accorde à

Muhammad le meilleur de ce qu’il T’a demandé pour lui-même ! Accorde à Muhammad le meilleur

qu’une créature a pu te demander ! Accorde à Muhammad le meilleur de ce qu’on Te demandera

jusqu’au Jour de la Résurrection !’

Du reste, on a rapporté beaucoup de Traditions sur l’allongement de l’invocation de grâce et la

multiplication de l’éloge en faveur des gens de la maison prophétique et des Compagnons… etc. »

Fin de citation du Kitâb al Shifâ.

Sayyîdunâ `Alî, `Abdullâh Ibn `Abbâs et `Abdullâh Ibn Mas`ûd étaient des Compagnons tandis qu’al

Hasan al-Basrî, Tâwûs (Ibn Kaylan) et Wuhayb Ibn al-Ward étaient des Suivants (Tabi`în). Qu’Allâh les

agrée tous et les récompense abondamment. Âmîn.

Les savants ont depuis toujours rivalisé dans la composition de prières sur le Prophète (sallallâhu `alayhi

wa sallam) ceci par amour ardent pour lui et conformément à la Parole d’Allâh « Rivalisez dans les

bonnes œuvres. » (2 : 148) Ainsi, le Shaykh Yusûf ibn Isma`îl an-Nabahânî (qu’Allâh lui fasse miséricorde)

rapporte dans son livre sur les mérites de l’invocation de grâce, Afda-îl as-Salawât `ala-n-Nabî, soixante-

dix formules de prières comme il l’affirme dans l’introduction :

« La deuxième partie est constituée de soixante-dix formules de prière sur le Prophète (sallallâhu `alayhi

wa sallam) et la soixante-dixième prière est celle du Shaykh, `Abd al-Qadîr al-Jilânî, le Sultan des Saints,

et à elle seule, elle comporte soixante-dix formules différentes, elle est rapportée d’après `Abd al-Ghanî

an-Nabulusî. »

Fin de citation.

Dans ce même livre, le Shaykh nous fait part des discussions entre les savants portant sur la formule la

plus méritoire. Après avoir mentionné la prière intitulée As-Salât al-Ibrâhîmiyyah, Shaykh an-Nabahânî

dit :

« Pour sa part le grand imam Qastallanî souligne dans ses Mawâhîb que les savants ont déduit de

l’initiation des compagnons par le Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam) lorsqu’ils l’interrogeaient qu’il

s’agit de la meilleure formule d’invocation de grâce sur le Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam) parce

qu’il ne choisit pour lui que ce qui est meilleur et sublime. Par conséquent, si un fidèle fait le serment de

faire la meilleure formule d’invocation de grâce sur le Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam), la voie de

bien consiste à faire l’invocation sur le Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam) d’après cette formule,

c’est ce qu’indique an-Nawawî dans sa Rawda après avoir évoqué l’opinion d’Ibrâhîm al-Marûzî qui a dit

que l’homme qui ferait un tel serment l’honorerait s’il dit : ‘Ô Allâh ! Accorde la grâce à notre maître

Muhammad et à la famille de notre maître Muhammad autant qu’il est évoqué par ceux qui le

mentionnent et autant que son évocation a été omise par les insouciants (Allâhumma salli `ala sayyidina

Page 44: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

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Muhammadin wa `ala âli sayyidina Muhammad kullama dhakraha-dh-dhâkirûn wa ghafala-an dhikrihi-l-

ghâfilûn)’ An-Nawawî ajoute qu’il semble que ce rapporteur se soit inspiré d’Ash-Shâfi`î qui mentionne

cette modalité dans le prologue de sa Risâlah avec une petite variante de vocabulaire qui ne change rien

au sens. Pour sa part, al Qadi Husayn indique que la voie de bien consiste à dire : ‘Ô Allâh ! Accorde la

grâce à Muhammad comme il le mérite et sied à son rang’. C’est ce que rapporte également al-Baghawî.

Du reste si le fidèle use de la formule habituelle attestée dans le Hadîth en y ajoutant les indications

d’Ash-Shâfi`î et d’al-Qadî Husayn c’est une bonne chose. De même on a dit que s’il sélectionne une

formule d’invocation à partir des différentes versions sûres, ce serait également une bonne chose.

De son côté, al-Barizî souligne qu’à son avis la voie de bien se réalise en disant : ‘Ô Allâh ! Accorde Ta

meilleure grâce à Muhammad et à la famille de Muhammad autant que Tu as de connaissances !’

(Allâhumma salli `ala Muhammadin wa `ala âli Muhammad `adada `ilmik) car selon lui cela est meilleur

et plus performant.

De même on a rapporté que l’homme qui jure de faire la meilleure invocation de grâce (divine) en

faveur du Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa sallam) honorerait son serment s’il dit : ‘Ô Allâh ! Accorde Ta

grâce à notre maître Muhammad, à tous les Prophètes, à tout Ange et à tout Saint autant de fois que le

nombre des prières de Shaf` et du Witr accomplies par les hommes et autant de fois que le nombre des

Paroles parfaites et bénies de notre Seigneur !’

On a rapporté également cette autre formule : Ô Allâh ! Accorde la grâce à Muhammad, Ton Serviteur,

Ton Prophète et Ton Messager, le Prophète illettré et sa famille, ses épouses et sa descendance, et

accorde leur la paix autant de fois que le nombre de Tes créatures, que Tu es satisfait, autant de fois que

le poids de Ton Trône et que l’encre nécessaire pour transcrire Tes Paroles. (Allâhumma salli `ala

Muhammadin `adbika wa nabiyyika wa rasûlika an-nabiyyi-l-ummî wa `ala âlihi wa azjwâjihi wa

dhuriyyatihi wa sallim `adada khalqika wa ridâ nafsika wa zinâta `arshika wa midâda kalimâtik)

D’autres auteurs ont préféré la formule suivante : Ô Allâh ! Ô Seigneur de Muhammad et de la famille de

Muhammad ! Accorde la grâce à Muhammad et à la famille de Muhammad ! Récompense Muhammad

(sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) comme il le mérite !

Al-Majd souligne que dans cette affaire il y a beaucoup de latitude et qu’elle n’implique pas des termes

déterminés dans des moments déterminés. Mais ce qui est plus parfait c’est ce que nous avons appris

du Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) comme cela a été indiqué plus haut. »

Plus loin dans l’ouvrage le Shaykh rapporte cette formulation dont l’auteur est l’Imâm Ibn Hajâr al-

Haytamî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

« Ô Allâh! Accorde la grâce à Muhammad, Ton Serviteur et Ton Messager, le Prophète illettré et à la

famille de Muhammad, à ses épouses, les mères des croyants, à sa descendance, et aux gens de sa

maison comme Tu as accordé Ta grâce à Ibrâhîm et à la famille d’Ibrâhîm dans les mondes. Tu es le

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Digne de Louange, le Glorieux ! Bénis Muhammad, Ton Serviteur et Ton Messager, le Prophète illettré et

la famille de Muhammad, ses épouses, les mères des croyants, sa descendance, et les gens de sa maison

comme Tu as béni Ibrâhîm et la famille d’Ibrâhîm dans les mondes. Tu es le Digne de Louange, le

Glorieux ! Comme il sied à la grandeur de sa noblesse et de sa perfection, à Ton agrément à son sujet et

à ce que Tu aimes et agrées pour lui durablement et perpétuellement, autant de fois que le monde de

Tes connaissances, l’encre nécessaire pour transcrire Tes paroles, autant de fois que Tu es satisfait et

autant de fois que le poids de Ton Trône. Accorde lui la meilleure grâce, la plus complète et la plus

parfaite chaque fois que Ton Nom et le sien sont mentionnés par les invocateurs et qu’ils sont omis par

les insouciants, accorde lui et à sa famille ainsi qu’à nous la paix en abondance !

Cette formule d’invocation est rapportée par le grand savant Ibn Hajâr al-Haytamî dans son livre Jawâhir

al-Munazzam avant d’ajouter ceci : J’ai recueilli les éléments de cette formule d’invocation à partir de

toutes les formules rapportées et j’ai même puisé dans des formules que leurs auteurs considèrent

comme les meilleures d’entre toutes. Et j’ai indiqué dans mon livre comment cette formule résume

toutes les autres et les surpasse même. Aussi il convient pour toi de la répéter abondamment en te

représentant l’auguste face du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam), car tu auras ainsi accompli

l’invocation parfaite qui convient dans le tashshahud et en d’autres circonstances. »

Fin de citation.

Comme le fait remarquer le maître, Sayyîdî al-Hâjj Mâlik Sy (qu’Allâh l’agrée) dans son ouvrage al-Ifhâm

al-Munkîr al-Jânî (Réduction au Silence du Dénégateur) :

« Allâh a-t-Il dit ou indiqué une prière précise lorsqu’il dit, qu’Il soit exalté : ‘Priez sur lui (sallû `alayhi)’

ou le Hadîth authentique où le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam), en disant : ‘Celui qui prie sur

moi…’, entendait telle ou telle prière ? »

Fin de citation.

Pour appuyer cette parole, en plus des propos déjà citées, le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) a

transmis aux croyants diverses formulations de prières sur lui :

Ô Allâh prie sur Muhammad et la famille de Muhammad…

Ô Allâh prie sur Muhammad, Ton serviteur et Ton messager…

Ô Allâh prie sur Muhammad, le Prophète illettré…

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Ô Allâh prie sur Muhammad, le Prophète, et sur ses épouses, les Mères des croyants…

Ô Allâh prie sur Muhammad et la famille de Muhammad comme tu as prié sur Ibrâhîm…

Cette dernière prière sur le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallâm) comporte, à elle seule, des dizaines

de versions rapportées par les savants et que l’on peut retrouver dans des ouvrages comme Dala-îl al-

Khayrât (les Preuves des Bienfaits) du maître, le noble Muhammad ibn Sulaymân al-Jazûlî (qu’Allâh

l’agrée) et ailleurs.

La parole citée plus haut d’après notre maître Ibn Mas`ûd (qu’Allâh l’agrée) est très claire :

« Lorsque vous invoquez la grâce sur le Prophète (sallallâhu `alayhi wa sallam) faites-le de la meilleure

façon qui vous soit possible, car vous ignorez si cela lui sera présenté. »

Shaykh Muhammad al-Hâfîdh (qu’Allâh l’agrée), le maître du Hadîth d’al-Azhar de son temps, précise

que ce Hadîth est rapporté par Ibn Majâh d’après une bonne chaîne (hasan). Wa-Llâhu a`lâm.

Page 47: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

47

Les invocations des Pieux (qu’Allâh les agrée) et les paroles des

savants à ce sujet

Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam) a dit :

« Un serviteur parmi les serviteurs a dit : Seigneur ! A Toi la louange comme il sied à la majesté de ta

Face et à l’immensité de Ton Pouvoir. Ces paroles mirent les Anges scribes dans l’embarras et ils ne

surent quoi écrire. Ils montèrent au ciel et dirent : Ô notre Seigneur ! Ton serviteur a prononcé des

paroles que nous ne savons comment copier. Allâh leur a dit, bien qu’Il sache ce qu’a dit Son serviteur :

Qu’a dit Mon serviteur ? Ils répondirent : Il a dit Seigneur ! A Toi la louange comme il sied à la majesté

de ta Face et à l’immensité de Ton Pouvoir. Allâh leur dit : Copiez-les comme Mon serviteur les a

prononcées, jusqu’à ce qu’il Me retrouve et que Je le récompense à cause d’elles. » (Rapporté par An-

Nasâ-î)

Il (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a lui même indiqué une invocation d'un pieux serviteur et l'a

recommandée aux Compagnons (qu'Allâh les agrée).

Notre maître al-Hâjj Mâlik Sy (qu’Allâh l’agrée) rapporte les propos suivants dans al-Ifhâm al-Munkîr al-

Jânî (Réduction au Silence du Dénégateur) :

« Dans Jâmî` as-saghîr (ndT : d’as-Suyûtî) on lit :M’asseoir avec des gens qui évoquent Allâh le Très Haut

depuis la prière de l’aube jusqu’à l’apparition du soleil est plus préférable pour moi que d’affranchir

quatre descendants d’Ismaël. S’asseoir aux côtés de gens qui évoquent Allâh à l’issue de la prière de `Asr

jusqu’au coucher du soleil, est plus préférable pour moi que d’affranchir quatre esclaves.»

Fin de citation.

Il ajoute plus loin à propos de ce Hadîth :

«Que je m’asseye avec des gens qui évoquent le Nom d’Allâh depuis la prière de l’aube… etc.Il a déjà été

cité plus haut. Et il a été rapporté par Abû Dâwûd, d’après Anâs. Le qualifiant d’appréciable (hasan) as-

Suyûtî dit : L’évocation peut s’inspirer d’hommes de mérite dont la bénédiction est recherchée, qu’ils

soient encore vivants ou non. Puisse Allâh nous insiprer le respect des Saints (ndT : Awliyâ) par la dignité

de notre maître Muhammad (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) et de Sa Famille (ndT : bi-jâhi Sayyîdinâ

Muhammad wa âlihi) ! »

Fin de citation.

Comme le fait remarquer al-Hâjj Mâlik Sy, toujours dans le même ouvrage :

Page 48: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

48

« Il y a également dans la Hâshiyah de mon maître Muhammad ibn Qâsim une remarque importante : le

wird (ndT : invocations à réciter quotidiennement) de notre ancêtre et maître `Abd al-Qadîr al-Jilânî et

ses semblables parmi les morts, est utile. Et la thèse qui soutient que le wird du Walî (ndT : Saint) mort

n’est pas utile est irrecevable car l’expérience prouve le contraire.

En effet, nous avons toujours constaté que celui qui reçoit le wird d’un Walî notoirement connu, en tire

toujours du profit selon le degré de son attachement à la Sunnah et selon sa bonne foi envers son

maître. »

Fin de citation.

L’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte les invocations suivantes héritées des Pieux

Prédécesseurs (qu’Allâh les agrée) dans le chapitre réservé aux ablutions de son ouvrage Kitâb al-Adhkâr

(le Livre des Invocations) :

« En ce qui concerne les invocations propres à chacun des membres de l’ablution, rien ne nous a été

transmis par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) en la matière. Selon les juristes, il y a toutefois

des invocations recommandées quei nous ont été léguées par nos pieux ancêtres avec quelques

variantes. En voici la teneur en bref :

Après la Basmala, il dire : Louange à Allâh qui a fait de l’eau un élément purificateur !

En se rinçant la bouche il dira : Ô Allâh ! Fais moi boire à la fontaine de Ton Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) une eau qui m’épargnera à jamais la soif !

En se rinçant le ne, il dira : Ô Allâh ! Ne me prive pas de l’effluve de Tes faveurs ni de Tes jardins (ou : de

Ton Paradis) !

Au moment de se laver le visage, il dira : Ô Allâh ! Rends mon visage éclatant, le jour où des visages

seront radieux et d’autres noircis.

En lavant les avant-bras, il dira : Ô Allâh ! Fais que je reçoive le livre de mes œuvres de la main droite et

non de la main gauche.

En passant les mains sur la tête il dira : Ô Allâh ! Interdis au feu de toucher ma chevelure et ma peau et

abrite-moi à l’ombre de Ton Trône le jour où il n’y aura d’autre ombre que la sienne.

En passant les doigts dans les oreilles il dira : Ô Allâh ! Fais que je sois parmi ceux qui écoutent la bonne

parole en la suivant en ce qu’elle a de meilleur.

En lavant les pieds, il dira : Ô Allâh ! Affermis mon pied sur le Sirât.

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49

Et Allâh est le plus savant. »

Des invocations similaires se trouvent dans Bidayat al-Hidayah (les Débuts de la Guidance) du maître al-

Ghazâlî (qu’Allâh l’agrée).

Notre maître, l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte d’autre part dans son Bustân

al-`Arifîn (le Jardin des Gnostiques) :

« Nous rapportons d'après la Risâlah d'al-Qushayrî dans le chapitre sur les prodiges des saints que Ja`far

al-Khuldî avait un chaton qui tomba un jour dans le Tigre. Comme il avait une invocation qu'il a déjà

expérimentée à propos des objets, il fit donc cette invocation et il trouva le chaton au milieu de ses

papiers en les feuilletant. A ce propos, al-Qushayrî rapporte d'après Abû Hatim as-Sijistanî qu'il a

entendu Abû an-Nasr as-Sarrâj dire que l'invocation en question est la suivante :

O Toi qui rassemblera les Hommes au cours du Jour Indiscutable, rassemble moi avec mon objet perdu !

Je dis pour ma part que j'ai expérimenté cette invocation et que j'ai trouvé qu'elle était un moyen utile

pour retrouver l'objet perdu souvent pas très loin sans qu'il ne soit endommagé. Du reste, j'ai entendu la

même chose de la part de notre maitre Abû al-Baqa qui m'a appris cette invocation. Cela dit l'auteur de

cette invocation, Ja`far al-Khuldî est l'un des grands maitres du Soufisme qui était réputé pour ses

prodiges célèbres. »

Fin de citation.

A propos de la bénédiction (barâka) des invocations des Saints, notre maître Ibn al-Jawzî (qu’Allâh lui

fasse miséricorde) rapporte dans son Manâqib Ma`rûf al-Karkhî (La Biographie de Ma`rûf al-Karkhî) :

« De son côté, `Abdu-r-Rahmân ibn Muhammad nous a rapporté d’après une chaîne de plusieurs

transmetteurs qui remonte jusqu’à Khalaf ibn Hisham : ‘J’ai entendu Ma`rûf al-Karkhî dire ceci : On

faisait l’invocation suivante pour les pauvres ou pour une dette ; le doute vient du transmetteur Khalaf,

le serviteur répète 25 fois à l’aube :

Il n’y a d’autre dieu qu’Allâh. Allâh est infiniment Grand. Gloire à Allâh infiniment. Ô Allâh ! Je te

demande de Ta Faveur et de Ta Miséricorde car elles T’appartiennent en propre et personne d’autre

que Toi ne les possède. ’

De même Muhammad ibn Abî Mansûr nous a rapporté d’après une chaîne de plusieurs transmetteurs

qui remonte à Abû Bakr ibn Hammad al-Muqrî : ‘J’ai dit à Ma`rûf : Ô Abû Mahfûdh ! J’ai une dette

pesante. Il m’a dit : Je vais t’apprendre une chose grâce à laquelle Allâh règlera ta dette à ta place. Tu

répètes 25 fois à l’aube :

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Il n’y a d’autre dieu qu’Allâh. Allâh est infiniment Grand. Gloire à Allâh et louange à Allâh infiniment.

Gloire à Allâh matin et soir. ’

Abû Bakr ibn Hammad ajoute : J’ai fait cela et Allâh a réglé ma dette et m’accorda beaucoup de biens. Je

suis donc allé voir Ma`rûf et lui ai dit : J’ai fait ce que m’as dit et Allâh a réglé ma dette et m’a accordé

beaucoup de biens. Ma`rûf m’a dit alors : On disait que cette invocation constitue l’argent de l’homme

avisé.

De son côté Abû at-Tayyîb al-Mu`ddib a dit : Moi aussi j’ai répété cette formule à la suite d’une dette

que j’ai contractée et Allâh a réglé ma dette. C’est le cas également d’Ahmad ibn Muhammad qui a dit la

même chose . »

Fin de citation.

Sîdî Ma`rûf (qu’Allâh l’agrée) était un Pieux appartenant aux 3 premiers siècles de l’Islâm. Il y a tout un

chapitre dédié à ses invocations dans l’ouvrage d’Ibn al-Jawzî (qu’Allâh lui fasse miséricorde).

Les exemples d’invocations rapportées par les pieux et pratiquées depuis des siècles par la Ummah sont

très nombreux. Ce qui a été cité suffit à celui qui bénéficie de l’assistance Divine. Wa-Llâhu a`lâm.

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51

Note conclusive sur les litanies (awrâd) qui constituent la Voie

(Tarîqah) de nos maîtres les Soufis

Les Voies Spirituelles (Turûq, plur. de Tarîqah) sont fondées sur l’observance régulière du wird, les

évocations régulières que le disciple se doit d’accomplir en guise d’entrainement spirituel. Il n’y a point

d’innovation en cela car les awrâd (plur. de wird) sont fondés sur des formules de demandes de pardon,

de prières sur le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), la formule d’unicité (Lâ ilâha illa-Llâh), des

Noms, des versets et sourates coraniques… etc.

Comme le dit notre le Shaykh al-Islâm al-Hâjj Ibrâhîm Niass (qu’Allâh l’agrée) : « Il s’agit du rappel

d’Allâh et non du rappel d’un autre. »

La prise d’engagement : le pacte d’allégeance (bay`a) trouve son origine dans le Noble Qur-ân :

« Ceux qui te prêtent serment d'allégeance ne font que prêter serment à Allah : la main d'Allah est au-

dessus de leurs mains. Quiconque viole le serment, ne le viole qu'à son propre détriment; et quiconque

remplit son engagement envers Allah, Il lui apportera bientôt une énorme récompense. » (48, 10)

On désigné souvent cet acte par les expressions « prendre le wird » de telle Voie ou tel Maître ou encore

« porter la cape (khirqa) » de telle Voie ou tel Maître.

Le fait d’apprendre les litanies (awrâd) de la part d’un homme pieux n’est en rien une innovation. Cette

pratique trouve sa source dans la noble Sunnah al-Muhammadiyyahhammadienne). C’est ce qu’on

appelle l’initiation. Notre maître, l’érudit al-Hâjj Mâlik Sy (qu’Allâh l’agrée) dans son ouvrage déjà

précité, al-Ifhâm, nous informe sur les origines de cette pratique :

(la Tradition Mu « L’origine de l’initiation remonte à ce qu’ont rapporté at-Tabarânî, Al-Bazzâz et tant

d’autres à savoir que le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a initié Ses Compagnons à la formule «

lâ ilaha illâ-L-lâh », collectivement et individuellement, alors qu’ils la prononçaient depuis l’avènement

de l’Islam jusqu’à ce moment-là.

Pour ce qui concerne l’initiation collective des Compagnons par le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-

sallam), Chaddâd Ibn Aws (qu’Allâh l’agrée) a dit : Nous étions chez le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa

sallam) lorsque celui-ci dit : ‘Y a-t-il un étranger parmi nous ?’ C’est-à-dire qui fait partie des Gens du

Livre. Nous répondîmes : ‘Non Ô Envoyé d’Allâh’. Après nous avoir demandé de fermer la porte, il a dit :

‘Levez-les mains et dites lâ ilaha illâ-L-lâh.’ Ayant obtempéré, il s’écria : ‘Réjouissez-vous ! Allâh a remis

tous vos péchés.’ »

Fin de citation.

Ce Hadîth est aussi rapporté d’après al-Hâkim qui l’a déclaré authentique.

Page 52: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

52

Notre maître, le Shaykh Ahmad al-`Alawî (qu’Allâh l’agrée) commente ce Hadîth dans son ouvrage al-

Qawl al-Ma`rûf `alâ man ankara-t-Tasawwûf (traduit sous le titre : Lettre Ouverte à Celui qui critique le

Soufisme) :

« Ce Hadîth constitue le premier maillon de la chaîne de transmission de l’enseignement des Soufis. Le

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a ordonné que l’on ferme la porte avant de commencer

l’instruction des Compagnons en groupe, demandant : ‘Y a-t-il un étranger parmi vous ?’ pour montrer

que la Voie des Soufis est fondée sur le secret car ceux qui lui sont étrangers et n’y croient pas ne

peuvent assister à un tel enseignement ; leur absence est nécessaire, car leur défaut de qualification

pourrait les conduirs à dénigrer ce dont ils sont témoins. »

Fin de citation.

Pour cette raison, le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit, d’après notre maître `Alî ibn Abî Tâlib

(qu’Allâh l’agrée et honore son visage) :

« Parlez aux gens selon leur entendement. Aimeriez-vous que l’on réfute Allâh et Son Envoyé ? »

(Rapporté par al-Bukhârî)

Le maître, Sayyîdî al-Hâjj Mâlik Sy (qu’Allâh l’agrée) continue ainsi son explication et donne un

commentaire sur le texte qui précède :

« Quant à l’initiation individuelle, l’origine remonte à `Alî Ibn Abî Tâlib (qu’Allâh honore son visage) qui a

dit : « J’avais demandé à l’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) de m’indiquer, pour arriver à

Allâh, le chemin le plus court (ndT : aqrab at-turuq ilâ-L-lâh), le moins difficile pour Ses fidèles, et le

meilleur à Ses yeux (qu’Il soit exalté). ‘Ô Alî ! – Me dit l’envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) - je

te recommande d’évoquer Allâh à tout moment, secrètement et publiquement.’ J’ajoutai : ‘Ô Envoyé

d’Allâh ! Tout le monde évoque, mais je voudrais quelque chose qui me soit exclusivement destiné.’

‘Doucement `Alî, sache que la meilleure chose que nous ayons dit moi et les Prophètes qui m’ont

précédé, est lâ ilâha illâ-l-lâh. Sache aussi que si l’on plaçait sur un plateau d’une balance, les sept Cieux

et les sept Terres, et cette formule dans l’autre, celle-ci l’emporterait largement sur ceux-là.’ Comment

dois-je évoquer Allâh, demanda `Alî ? Ferme les yeux répondit l’Envoyé d’Allâh (sallâ-L-lâhu `alayhi wa

sallam) et écoute moi répéter trois fois lâ ilâha illâ-Llâh et répète-le le même nombre de fois après moi.

Après avoir dressé la tête, les yeux fermés et la voix modulée, il prononça lâ ilâha illâ-Llâh trois fois.

Ayant fini d’écouter, `Alî (qu’Allâh l’agrée) fit de même. Telle est l’origine servant de référence aux Gens

(ndT : les Soufis) en matière d’initiation. L’ordre de fermer la porte donné par le Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa sallam) à ses Compagnons (qu’Allâh les agrée), atteste que le système des Gens est fondé sur

la discrétion et l’opportunité du moment, et que l’on ne doit pas rapporter leurs propos en présence de

gens qui leurs sont étrangers ou qui ne partagent pas leurs vues.

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Par ailleurs, sache que l’un des avantages de l’initiation est l’union des cœurs formant une chaîne

aboutissant à Allâh (qu’Il soit exalté) en passant par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Et le

moins que puisse obtenir le disciple adhérant à la doctrine des Gens par le biais de l’initiation est qu’en

remuant la langue, en évoquant Allâh, les âmes des Saints, en passant par celle de son propre maître, se

passent l’écho, qui passe par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) avant de parvenir à la Présence

d’Allâh (qu’Il soit glorifié et exalté). Celui qui ne s’affilie pas à leurs ordres par le biais de l’initiation, ne

fait pas partie d’eux. Et s’il pratique par lui-même, personne ne lui répondra. »

Le Hadîth concernant l’initiation individuelle est rapporté par at-Tabarânî qui l’a déclaré valide (hasan).

Bien qu’il s’agisse d’une formule commune à tous les musulmans, on voit que dans ce texte, l’accent est

porté sur la transmission et aussi que l’évocation (dhikr) est enseignée de manière particulière dans un

but, un dessein, une intention particulière, à savoir se débarasser des mauvais penchants de l’âme et

acquérir les qualités pour atteindre la Proximité Divine.

« Les actes ne valent que par leurs intentions… » (Rapporté par al-Bukhârî et Muslim)

C’est ce qui fonde la pratique qui consiste à s’attacher à un Shaykh et prendre de lui l’autorisation de

réciter les awrâd de sa Tarîqah selon une chaîne de transmission qui remonte à la meilleure des

créatures (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). D’ailleurs les chaînes des Voies Spirituelles de l’Islam remonte,

pour la grande majorité, à notre maître `Alî ibn Abî Tâlib (qu’Allâh l’agrée et honore son visage) car il

était le principal dépositaire de la science du Tasawwuf parmi les Compagnons (qu’Allâh les agrée)

comme en témoignent les textes cités plus haut.

L’importance se situe plus au niveau de l’autorisation et de l’intention qu’au niveau des formules

enseignées. Certains maîtres éduquent avec Lâ ilâha illa-Llâh d’autres avec le l’invocation du Nom Isolé

(Allâh) ou d’autre encore par la prière sur le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) par exemple.

Chauqe formule produit des effets sur le cœur. Chaque maître produit un effort d’interprétation (ijtihâd)

afin de trouver la meilleure Voie vers Allâh ta`ala pour fonder sa Tarîqah. Les maîtres qui suivent ne font

que transmettre la méthodologie, parfois en l’adaptant.

C’est ce qu’explique notre maître, le savant `Abd al-Qâdir `Îsâ dans son ouvrage Fadâ-il adh-Dhikr (les

Vertus de l’Evocation), en disant que l’évocation (adh-dhikr) se divise en 2 parties : celui de la masse

(dhikr al-`amm) et celui de l’élite ou encore le dhikr spécial ou particulier (dhikr al-khâs) :

« Le dhikr de la masse : C’est celui qui vise la récompense et la rétribution. Dans ce cas le serviteur

invoque Son Maître (ndT : il s’agit d’Allâh ta`ala et non du guide spirituel ) et mentionne ce qu’il veut

dans son invocation, mais garde ses attributs blâmables tels que la duplicité, l’orgueil, l’émerveillement

de soi, la fatuité… etc.

Le dhikr de l’élite : C’est celui de la présence. Le serviteur invoque Son Maître (ndT : cf remarque

précédente ;)) selon des formules connues en se revêtant d’attributs particuliers. Il accédera à la

connaissance d’Allâh au moyen de la purification de son âme de tout caractère répréhensible et de son

adoucissement par un caractère noble. Il recherchera à se libérer de l’obscurité du sensible dans l’espoir

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d’accéder aux secrets spirituels. Le plus souvent en utilisant un chapelet qui lui permet de compter ce

qu’il veut atteindre comme nombre désiré sans se fatiguer par un comptage mental. »

Fin de citation.

Ouvrons une courte parenthèse pour parler du chapelet et du comptage dans l’évocation (dhikr).

Selon Sâfiya (qu’Allah l’agrée) il est rapporté que le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallâm) entra auprès

d’elle et elle avait entre les mains 4000 noyaux avec lesquels elle faisait son Tasbih, il lui dit : « Ô fille de

tribu, que fais-tu avec cela ? ». Elle répondit : « Je fais mon Tasbih avec. ». Il lui dit : « Sache que j’ai fait

le Tasbih depuis que je me suis levé de ton lit bien plus que cela ». Elle lui dit : « Apprends-moi au

Messager d’Allah ». Il dit : « Tu dis : Gloire et Pureté à Allah autant que de choses qu’Il a créées ».

(Rapporté par at-Tirmidhî, al-Hâkim et Ibn Hibban, qui l’a authentifié.)

Il est rapporté par `Abdu-Llâh fils de l’Imâm Ahmad ibn Hanbal dans le livre Zawâ-id az-Zuhd selon Na’im

fils de Mouhraz fils d'Abû Hurayrah (qu’Allah l’agrée), que son grand-père Abû Hurayrah (qu’Allah

l’agrée) avait un fil contenant 1000 nœuds et il ne s'endormait pas sans s'en être servi pour l’évocation.

Il est rapporté aussi selon lui, qu'il avait un petit sac contenant des cailloux ou des noyaux de dattes qu'il

utilisait pour évoquer Allâh (qu’Il soit Glorifié et Exalté).

Il est rapporté par Abû Dâwûd qu’Abû Hurayrah (qu’Allah l’agrée) possédait un sac contenant des

cailloux ou des noyaux avec lesquels il faisait la glorification (at-tasbîh), Al-Hâfidh ibn Rajâb al-Hanbalî a

mentionné qu’il contenait 12.000 cailloux.

Ces preuves suffisent amplement pour établir la permission de l’utilisation du chapelet. Il y a, en outre,

beaucoup d’avis juridiques produits par des savants des 4 écoles sur le sujet.

A propos de la délimitation du nombre d’évocation, notre maître, le savant du Hadîth d’al-Azhar de son

époque, Shaykh Muhammad al-Hâfidh (qu’Allâh l’agrée) a à ceux qui disent qu’il s’agit d’une innovation

blâmable (bid`a) dans une lettre consacrée au sujet :

« Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit : « Les œuvres les plus aimées d’Allâh sont celles qui

durent constamment même si elles sont peu » (Rapporté par les deux Shaykh i.e al-Bukhârî et Muslim).

Il ne fait aucun doute, pour celui qui a une connaissance de la langue, qu’être constant dans une

adoration (dawama) ne peut qu’impliquer pour une personne qu’elle a une limite connue et cette

délimitation dépend de la capacité de chaque individu. »

Plus loin il a dit :

« La sagesse contenue dans la délimitation du dhikr est d’alléger la communauté, d’organiser

l’adoration, de s’y accoutumer autant que possible, dans le peu ou le beaucoup, avec persistance et sans

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55

difficulté afin que les effets s’impriment en nous. Et s’accoutumer à l’accomplissement du bien permet

d’implanter fermement le bien. »

Fin de citaiton.

Le lien vers l’intégralité de l’épître est fourni plus loin. Cela est suffisant pour clore cette parenthèse.

Concernant le maître spirituel et le but de son compagnonnage, l’Imâm Hujjâtu-l-Islâm Abû Hâmid al-

Ghazâlî (qu’Allâh l’agrée) dit dans son épître Yâ ayyuha-l-Walâd (Ô mon fils !, traduit en français sous le

titre : Lettre au disciple) :

« Je t’expliquerai à présent ce que l’itinérant sur la voie de la Vérité est tenu d’observer.

Sache qu’il est indispensable pour l’itinérant d’avoir un Maître qui soit guide (murshîd) et éducateur

(murrabî), de manière à le débarrasser de ses mauvaises manières, grâce à l’éducation, et à les

remplacer par de bonnes manières. L’essence de l’éducation est comparable à la tâche du paysan qui

arrache les ronces et les mauvaises herbes de son champ, afin que sa culture pousse dans les meilleures

conditions et qu’elle s’épanouisse. Il est donc indispensable pour l’itinérant d’avoir un maître qui

l’éduque et le guide vers le sentier d’Allâh — Exalté soit-Il — car Allâh envoya à Ses serviteurs un

Messager afin de les guider vers Son sentier. Après que ce messager — paix et bénédictions sur lui —

eut décédé, il laissa derrière lui des successeurs afin de guider les gens vers Allâh — Exalté soit-Il —.

Pour être qualifié au successorat (khilafa) du Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —, ce

maître doit être un savant. Mais les savants ne sont pas tous qualifiés pour le successorat. Je t’exposerai

ci-après certaines des caractéristiques générales d’un tel maître afin que le statut de guide ne soit pas

usurpé par tout un chacun. Ce doit être un savant détaché de l’amour de l’ici-bas et du prestige et

rattaché par sa formation à un Maître, lui-même rattaché via les maillons successifs de la formation au

Maître des messagers — paix et bénédictions sur lui —. Il doit être au point personnellement au plan de

l’exercice spirituel en limitant sa dose de nourriture, de parole, et de sommeil, et en multipliant les

prières, les aumônes et le jeûne. Grâce à la compagnie de son Maître et éducateur, il doit être pétri de

bonnes manières telles que la patience, la prière, la gratitude, la confiance totale en Allâh, la certitude,

la générosité, le contentement, la sérénité, la clémence, l’humilité, la science, la franchise, la pudeur, la

fidélité, l’estime, la quiétude, la circonspection et ainsi de suite. Ainsi représenterait-il l’une des lumières

du Prophète — paix et bénédictions sur lui — que l’on peut prendre comme guide. Cependant, un tel

savant est plus rare que le soufre rouge.»

Fin de citation.

L’histoire de l’Islam a connu de tels hommes et nous bénéficions encore aujourd’hui de leurs

enseignements (al-hamdu li-Llâh). Les savants ont voué un grand respect à ces hommes comme peuvent

en témoigner les propos suivants.

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L’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte dans Bustân al-`Arifîn (le Jardin des

Connaissants) :

« Il faut dire que le maître Shihâbu-d-Dîn (ndT : as-Suhrawardî) ne perdait jamais son temps qu’il

consacrait entièrement à la dévotion sous forme de prière, de dhikr, et de lecture du Qur-ân. Ajoutons

que notre propre maître à reçu la khirqa (signe de rattachement spirituel) des mains du Shaykh Shihâbu-

d-Dîn dans le Ribat de Baghdad et a été son discple un certain temps.

De même j’ai entendu notre maître, derner des maîtres de la Tarîqah… »

Notre maître, Sayyîdî Shihâbu-d-Dîn as-Suhrawardî (qu’Allâh l’agrée) n’est autre que le fondateur d’une

Voie spirituelle qui porte son nom : at-Tarîqah as-Suhrawardiyyah.

Consatons le respect qu’un savant du niveau de l’Imâm an-Nawawî témoigne à cet homme et qu’il avait

lui-même un maître attaché à cette Voie.

De même notre maître, le Hâfîdh adh-Dhahabî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit dans son Siyar A`lam

an-Nubala, recueil de biographies de savants :

« Notre maître, l’ascète, le Traditionniste (Muhaddith) Diya-ad-Dîn ibn Yahyâ al-Ansarî m’a revêtu de la

cape de Soufi (khirqa) au Caire en disant : Shaykh Shihâb ad-Dîn as-Suhrawardî me l’a transmise à la

Mecque d’après son oncle Abû an-Najîb. »

Fin de citation.

Cette référence parmi les traditionnistes était donc affiliée à cette Voie. Wa-Llâhu a`lâm.

Concluons par la Fatwâ de notre maître, le Muftî Shâfî`ite, Ibn Hajâr al-Haytamî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) dans ses Fatâwâ al-Hadîthiyyah (traduit depuis l’anglais présent dans Reliance of the

Traveller du Shaykh Nûh Keller) :

« Les litanies (awrâd) que les Soufis récitent habituellement après les prières, en fonction de leur

avancement spirituel, ont une base légale dans le Hadîth rapporté par al-Bayhaqî selon lequel le

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) :

Evoquer Allâh exalté avec des gens après l’aube jusqu’au lever du soleil m’est plus aimé que ce monde

et ce qu’il contient. Evoquer Allâh exalté avec des gens après l’après-midi jusqu’au coucher du soleil

m’est plus aimé que ce monde et ce qu’il contient.

Comme la pratique des Soufis [consiste à] se rassembler pour réciter des awrâd et des adhkâr après

l’aube et à d’autre moments possède une base authentique dans la Sunnah, à savoir le Hadîth précité, il

n’y a pas d’objection à faire. »

Fin de citation.

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57

Qu’Allâh nous mène vers les Voies qui nous mèneront à Lui et nous fasse aimer et persister dans Son

évocation.

Allâhumma âmîn !

Sources et textes complémentaires :

Biographie du Shaykh `Abd al-Qadîr `Îsâ :

http://www.islamophile.org/spip/Shei...Al-Halabi.html

Les Vertus de l’Evocation :

http://www.iqrafrance.com/product_in...roducts_id=782

Kitâb al-Adhkâr traduit sous le titre « Le livre des invocations » :

http://www.iqrashop.com/Le_Livre_des...ions-348-.html

Kitâb ash-Shifâ :

http://www.iqrashop.com/Ach_chifa_su...ite-2075-.html

Afdâ-îl as-Salawât traduit sous le titre « l’Invocation de Grâce sur le Prophète (sallallâhu `alayhi wa

sallam) :

http://www.iqrashop.com/L_invocation...1461-1_85.html

Sufism of Putative Salafi References:

http://www.livingislam.org/o/spsr_e.html

L’origine de l’initiation :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=13509

Réciter les invocations de nos maîtres les Soufis :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=19776

Les invocations de pieux et leur bénédiction :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=19809

Page 58: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

58

L’Evocation par les Noms Allâh et Huwa

Vous les voyez également prononcer le mot « Allah » en disant : Allah, Allah, Allah tout simplement. Or

ceci est un acte hérétique, des paroles inutiles du point de vue de la Charia. Ils en arrivent même à dire :

Ah, Ah, Ah ou Houwa, Houwa. Dans l’Islam, si le musulman invoque son Seigneur par des noms adéquats

tels que ( soubhana lahi wal hamdou lilahi wa la illaha illa lah wal lahou akbar) Allah l’en récompensera.

« Dis : Allâh ! (Qûli-L-lâh) Et laisse les dans leur égarement. » (6 : 91)

Qu’Allâh nous préserve de qualifier l’évocation de son noble Nom « d’acte hérétique » ou de « paroles

inutiles. » Allâhumma âmîn.

Allâh (subhânahu wa ta`ala) a dit :

« Rappelle-toi le Nom de ton Seigneur et consacre-toi totalement à Lui. » (73 : 8)

« Invoque le Nom de ton Seigneur, matin et après-midi. » (76 : 25)

Le Prophète (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) a dit :

« L’Heure ne viendra pas tant qu’il y aura quelqu’un qui dit : Allâh ! Allâh ! » (Rapporté par Muslim, at-

Tirmidhî et Ahmad.)

Notre maîtresse Asmâ bint `Umays, la femme de notre maître Abû Bakr et la mère de `Abdu-Llâh ibn

Ja`far ibn Abî Tâlib (qu’Allâh les agrée tous) a rapporté :

« Le Messager d’Allâh (sallâ-L-lâhu `alayhi wa-sallam) m’a enseigné des paroles à prononcer en temps de

difficulté : Allâh ! Allâh est mon Seigneur à qui je n’associe rien ! (Allâh Allâh Rabbî lâ sharikalah). »

(Rapporté par Abû Dâwûd et Ibn Majâh avec une bonne chaîne.)

Le savant, Shaykh `Abd al-Qadîr `Îsâ (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dans son ouvrage Fadâ-il adh-Dhikr

(les Mérites de l’Evocation) fait les remarques suivantes :

« Les versets et les Hadîths qui font désirer le dhikr, revêtent un caractère général et libre. Ils ne

précisent pas un dhikr particulier. Il n’y a aucun texte légal qui interdise la mention du Nom Allâh d’une

manière isolée.

A partir de là, nous constatons l’erreur commise par certains qui, par précipitation, s’opposent à la

mention du Nom Divin Allâh d’une manière isolée, argumentant qu’il n’existe aucun texte dans le Livre

et la Sunnah, qui en fasse référence. Pourtant, comme nous venons de le citer, les versets à ce sujet sont

bien clairs. »

Fin de citation.

Page 59: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

59

Cette permission s’étend à tous les Noms que l’on trouve dans le Qur-ân et le Hadîth. Il est donc permis

d’utiliser le Nom « Hû » ou « Huwa » (Litt : Lui) pour évoquer Allâh conformément aux versets :

« Dis : Il est Allâh Unique (Qûl Huwa-L-lâhu Ahad) » (112 : 1)

« C'est Lui Allah (Huwa-Llâh). Nulle divinité autre que Lui (lâ ilâha illa Huwa), le Connaisseur de l'Invisible

tout comme du visible. Lui (Huwa), le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. » (59 : 22)

« Allah ! Pas de divinité à part Lui (Allâhu lâ ilâha illa Hû), le Vivant, Celui qui subsiste par Lui-même et

par qui tout subsiste. » (2 : 255)

« Alîf, Lâm, Mîm. Allah ! Pas de divinité à part Lui (Allâhu lâ ilâha illa Hû), le Vivant, Celui qui subsiste par

Lui-même et par qui tout subsiste. » (3 : 1-2)

Concernant l’objection de certains savants qui font remarquer que les expressions isolées comme Allâh

ou Huwa n’ont pas de signification, notre maître, le Shaykh `Abd al-Qadîr `Îsâ répond :

« D’autres manifestent la même opposition sous prétexte qu’on ne peut construire une phrase

significative avec un seul mot, comme c’est le cas si on dit Allâh le Majestueux (Allâhu Jalîl).

La réponse à opposer à ces objections est : l’invocateur qui recourt à l’énoncé de ce Nom d’une manière

isolée, ne s’adresse pas à une créature. Aussi la parole qu’il prononce ne doit pas nécessairement revêtir

un sens aussi complet qu’utile. C’est parce qu’il mentionne Allâh qui connaît bien l’âme de l’invocateur

et Il est informé sur son cœur. »

Fin de citation.

Le Shaykh rapporte ensuite que le Nom Allâh est considéré comme le Nom le Plus Sublime (al-Ism al-

A`dhâm) par l’Imâm Abû Hanifa et d’autres (qu’Allâh leur fasse miséricorde).

Wa-Llâhu a`lâm.

Précisons enfin qu'en ce qui concerne la répétition de "Ah !", il y a divergence parmi les Soufis, certains

ne l'acceptent pas. Mais ceux qui sont partisans de cette pratique ont des preuves solides (voir textes en

référence plus loin.)

Qu’Allâh nous fasse mourir la langue évoquant son Noble Nom. Allâhumma amîn.

Sources et compléments :

Biographie du Shaykh `Abd al-Qadîr `Îsâ :

http://www.islamophile.org/spip/Shei...Al-Halabi.html

Page 60: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

60

Les Vertus de l’Evocation :

http://www.iqrafrance.com/product_in...roducts_id=782

Concernant le dhikr « Ah ! Ah ! » :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=9962

Article en anglais sur le dhikr « Allah ! Allâh ! » :

http://www.livingislam.org/naw/daa_e.html

Al-Ism al-Mufrâd du Shaykh al-`Alawî (qu’Allâh l’agrée) en anglais :

http://www.bogvaerker.dk/alismalmufrad.html

Page 61: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

61

L'utilisation des talismans

Les soufis utilisent des figures magiques, des lettres et des chiffres pour consulter le sort et pour

fabriquer des gris-gris, des amulettes etc.

Nous faisons descendre du Coran, ce qui est une guérison et une miséricorde pour les croyants

cependant. Cependant, cela ne fait qu'accroître la perdition des injustes. (17 : 82)

Il y a dans le Qur-ân et les invocations de la Sunnah de quoi guérir les corps et les cœurs. La Parole

Divine s’adresse au Fils d’Âdam dans toutes ses dimensions. Les compagnons, pour se protéger,

récitaient des invocations et les écrivaient parfois pour les enfants. On appelle cela ta`wîz ou hirz en

arabe (talisman ou amulette).

L'Imâm an-Nawâwî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte dans Kitâb al-Adhkâr, au chapitre « Que

doit-on dire lorsqu'on est effrayé dans le sommeil » :

« Nous extrayons des Sunans d'Abû Dâwûd, Tirmidhî, Ibn as-Sunnî et d'autres, ces propos de `Amr b.

Shu`ayb, qu'il tenait de son père et de son grand-père : "L'Envoyé d'Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam)

leur enseignait comment se prémunir de la frayeur [pendant le sommeil] par ces mots :

Je demande à Allâh de me préserver, en vertu de Ses paroles parfaites, de Sa colère, des méfaits (litt : du

mal) de Ses serviteurs, des suggestions perverses des démons et leur présence.

A`ûdhu bi-kalimati-Llâhi-t-tammati min ghadabihi wa sharri `abdihi wa min hamazâti-sh-shayâtîn wa-an

yahdurûn

`Amr ajoute : "Mon père enseignait ces mots à ses enfants en âge de raison, et quant aux plus petits, il

les écrivait [sur un papier] et les leur suspendait [au cou]."

Tirmidhî estime ce Hadîth fiable. »

Fin de citation.

Il est rapporté dans ar-Risâlah (l’Epître) de notre maître Ibn Abî Zayd al-Qayrawanî (qu’Allâh lui fasse

miséricode), un ouvrage de référence dans l’école Mâlikite :

« Il n’y a pas de mal à faire usage de la thérapie par les nobles paroles (ruqya), contre le mauvais œil et

d’autres mots, à s’aider de la récitation des paroles protectrices, ainsi que des remèdes médicaux, des

médicaments de la phlébotomie, de la cautérisation. La saignée est un traitement recommandé. »

Page 62: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

62

Plus loin il dit :

« Il n’y a pas d’inconvénient dans la cautérisation, ainsi que dans la thérapie par le Livre d’Allâh et la

bonne parole. Il n’y a pas de mal à porter sur soi des inscriptions protectrices (ma`âdha) issue du Qur-ân.

»

Fin de citation.

Le terme ma`âdha désigne des écritures qu’on recouvre par du tissu, ou du cuir.

Notre maître, le savant Shâfi`ite, l’Imâm al-Habîb Zayn Ibn Sumayt (qu’Allâh le préserve) a répondu ainsi

à des questions sur le sujet :

« Quel est le statut juridique de l’écriture et du port des amulettes ?

Réponse : Il est permis d’écrire des amulettes qui ne comportent pas de termes inconnus. D’après la

position correcte tenue par les savants fiables de la nation Muhammadienne, il est permis, pour un

homme ou un animal, de les porter. Dans Zâd al-Ma`âd, Ibn al-Qayyîm mentionne un récit d’après Ibn

Hibbân :

‘J’ai questionné Ja`far ibn Muhammad ibn `Alî (ndT : as-Sâdiq) à propos du port des amulettes pour la

protection (ta`wîdh). Il dit : Si elles sont issues du Livre d’Allâh ou des paroles du Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam), portez –les et recherchez la guérison à travers elles.

Il a aussi été rapporté par l’Imâm Ahmad qu’on l’a intérrogé sur les amulettes que l’on porte après une

affliction. Il a dit : J’espère qu’il n’y a rien de mal à cela.

`Abdu-Llâh, le fils de l’Imâm Ahmad a dit : J’ai vu mon père écrire une amulette pour quelqu’un qui

souffrait de crises d’angoisse (aladhî yafza`) et pour celui qui souffrait de fièvre après une affliction.’

Ibn Taymiyya a dit dans ses jugements légaux : ‘Ils disent, d’après Ibn `Abbâs (qu’Allâh les agrée), qu’il

avait pour habitude d’écrire des paroles du Qur-ân et des évocations et d’ordonner aux malades de les

diluer dans l’eau et les boire. Cela implique qu’un tel acte contient de la bénédiction et l’Imâm Ahmad

s’est exprimé sur sa permission.’

Quels types d’amulette sont interdits par le Hadîth : ‘Quiconque porte une amulette à commis un acte

d’idolâtrie’ ?

Réponse : Les savants ont dit que le terme ‘amulette’ employé dans ce Hadîth désigne la guirlande ou le

collier qui étaient portés par les gens du temps de l’ignorance. Ils croyaient que cela repoussait les

afflictions. Ceci est considéré comme de l’idolâtrie car ils voulaient repousser, à l’aide de ces choses, le

mal ou attirer le bien sans l’intervention d’Allâh. Une amulette qui contient les Noms d’Allâh ou Ses

Paroles n’a rien à voir avec cela. »

Fin de citaiton.

Page 63: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

63

Les savants Ibn Taymiyya et Ibn al-Qayyîm sont cités par le Shaykh car ils sont tenus pour des références

incontestables par les gens qui s’opposent à ces pratiques.

Ce qui est donc interdit par la noble Sharî`a sont les écritures comportant de l’association ou de la

sorcellerie. Mais après l’avènement de l’Islam, cela a été remplacé par de meilleurs moyens de

protection qui ne font appel qu’à la Puissance d’Allâh ta`ala, comme Ses Noms ou Ses versets. Wa-Llâhu

a`lâm.

Sources et compléments :

Biographie d’al-Habîb Zayn ibn Sumayt :

http://www.islamophile.org/spip/Al-H...bn-Sumayt.html

Issues of Controversies (al-Habîb Zayn ibn Sumayt) :

http://marifah.net/articles/Issuesof...-HabibZayn.pdf

Using Ta`wiz :

http://qa.sunnipath.com/issue_view.a...D=1999&CATE=99

Le port des talismans :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=1021

L'effet curatif des versets coraniques :

http://www.islamophile.org/spip/L-ef...s-versets.html

Page 64: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

64

A propos du noble Mawlîd

Ils organisent des cérémonies de prière pour célébrer la naissance du Prophète (bénédiction et salut

soient sur lui) au cours des quelles ils élèvent leur voix pour faire des invocations, chanter et scander des

poèmes truffés de paroles d’idolâtrie. Qui du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui), d’Abu Bakr,

d’Omar, d’Outhmane, d’Ali, des quatre fondateurs des écoles juridiques et autres a – il célébré sa

naissance ? Qui des Soufis ou de ces gens sont plus savants en matière de pratiques cultuelles ?

La célébration du noble Mawlîd, la commémoration de la naissance de la Meilleure des créatures, notre

maître Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a toujours été vue par les Savants de la Ummah

comme un acte apprécié et recommandable.

Le fait que les Compagnons et les Pieux Prédécesseurs (qu’Allâh les agrée tous) ne s’y soient pas

adonnés n’est pas un argument car ils n’avaient pas besoin de raviver l’amour et le souvenir du

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) puisqu’il était présent parmi eux. C’est justement parce que

nous ne sommes pas à un niveau d’amour comparable au leur que nous avons besoin de telles

manifestations qui n’ont pour but que d’augmenter cet amour. C’est la cause de l’institution de cette

cérémonie pour que les musulmans se réjouissent de ce bienfait.

Comment ne pas se réjouir de la naissance de celui dont la bonne nouvelle a été annoncé par les

Prophètes avant lui ?

Allâh (suhbhânahu wa ta`ala) a certes dit :

« Et quand Jésus fils de Marie dit : "Ô Enfants d'Israël, je suis vraiment le Messager d'Allah [envoyé] à

vous, confirmateur de ce qui, dans la Thora, est antérieur à moi, et annonciateur d'un Messager à venir

après moi, dont le nom sera "Ahmad" » (61 : 6)

Comment ne pas faire l’éloge de celui dont Allâh (suhbhânahu wa ta`ala) a Lui-même fait l’éloge en

disant :

« En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en

Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment. » (33, 21)

« Et tu es certes, d'une moralité imminente. » (68, 4)

Comment ne pas faire de « cérémonies de prière » pour celui sur lequel Allâh (suhbhânahu wa ta`ala)

Lui-même a prié avant d’ordonner aux croyants de le faire en disant :

« Certes, Allah est Ses Anges prient sur le Prophète; ô vous qui croyez priez sur lui et adresses [lui] vos

salutations. » (33, 56)

Comment ne pas se réjouir de la naissance de celui qui n’a été envoyé que comme une miséricorde pour

tous les mondes ?

Page 65: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

65

Allâh (suhbhânahu wa ta`ala) a dit en effet :

« Et Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour l'univers. » (21, 107)

Les preuves permettant de se réunir en vue de commémorer cet évènement sont innombrables, mais

nous n’en citerons que quelques une pour ne pas être long.

Notre maître, l’ancien président du Comité de la Fatwâ d’al-Azhar, `Atiyyah Saqr (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) cite dans sa Fatwâ sur le sujet le texte suivant :

« Dans le Sahîh de Muslim selon Abû Qatâdah Al-Ansâri : Lorsque le Prophète - paix et bénédiction

d’Allah sur lui - fut interrogé au sujet du jeûne du lundi, il dit : ‘C’est le jour où je suis né, c’est le jour où

je fus envoyé et c’est le jour où la révélation descendit sur moi’. »

Fin de citation.

Ce texte permet d’établir la permission d’accomplir des actes d’adoration spécifiques pour honorer le

jour de la naissance de notre maître Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et pour remercier Allâh

ta`ala de ce bienfait.

Plus loin dans cet avis juridique, il dit :

« Az-Zurqânî dit dans son commentaire d’Al-Mawâhib d’Al-Qastillânî : ‘Ibn Al-Jazrî, l’Imâm des

lectionnaires coraniques, décédé en 833 A.H., commenté la tradition rapportée par al-Bukhârî et

d’autres au sujet d’Abû Lahab selon laquelle il fut si heureux par la naissance du Messager qu’il

affranchît Thuwaybah son esclave quand elle lui annonça la bonne nouvelle ; et que pour cela Allah

allégea son châtiment en Enfer. Il [Ibn Al-Jazrî] dit : "Si le mécréant condamné dans le Coran, fut rétribué

en Enfer pour avoir été heureux pour la naissance du Prophète, qu’en est-il du musulman, le Muwahhid

(monothéiste) de sa communauté, qui éprouve un bonheur pour sa naissance et fait tout ce qu’il peut

pour son amour."

Le savant-mémorisateur Shamsuddîn Muhammad Ibn Nâsir dit :

Si pour un mécréant condamné dont les deux mains en Enfer périront éternellement, il est établi que le

jour du lundi le châtiment lui sera allégé pour sa joie pour Ahmad, que penser alors du serviteur qui,

toute sa vie, fut heureux par Ahmad et mourut en monothéiste ?»

Fin de citation.

Ces propos sont assez clairs pour ne pas trop nous attarder sur le sujet cependant voici quelques paroles

en complément :

Page 66: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

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Notre maître al-Habîb Zayn ibn Sumayt (qu’Allâh le préserve a répondu ainsi concernant cet évènement

:

« Quel est le statut juridique des rassemblements et des participations au Mawlîd ?

Réponse : Participer au Mawlîd dans la mesure où il comporte des récits sur les débuts de la vie du

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et les signes et prodiges qui se sont passés lors de sa naissance

est une bonne innovation. Celui qui y participe en sera récompensé car cela implique l’exaltation de son

rang et la manifestation de la réjouissance et de la joie concernant sa noble naissance. »

Note importante : On lit souvent sur certains sites le texte suivant :

Le Sheikh Al Islâm Ibn Taymiyya (qu’Allah lui fasse miséricorde) a dit dans son ouvrage intitulé "Iqtidâ As-

Sirâte Al Mustaqîm : Mukhâlafatu Ashâb Al Jahîm " :

« L’institution, par certains, d’une fête commémorant la naissance du Prophète malgré les divergences

existant quant à sa date exacte -et qui vise, soit à ressembler aux chrétiens dans leur commémoration

de la naissance de ’Îssa (’alayhi salam), soit à exprimer leur amour et leur vénération pour le Prophète

لى) ص هلل يه ا ل لم ع س n’était pas pratiquée par les anciens bien qu’ils aient eu raisons de le faire et - (و

que rien ne les en empêchait.

Et si une telle démarche comportait un bien, qu’il soit absolu ou même prépondérant, ces derniers

seraient plus en droit de l’appliquer que nous. L’amour et la vénération qu’ils avaient à l’égard du

Prophète (لى ص هلل يه ا ل لم ع س étaient en effet bien plus intenses que les nôtres et ils étaient on ne (و

peut plus soucieux que nous de pratiquer le bien. Leur amour et leur vénération s’exprimaient donc

uniquement dans leur mise en conformité avec la voie du Prophète, l’obéissance qu’ils lui vouaient,

l’application de ses commandements, la revivification tant dans la forme que dans le fond- de sa Sunna,

la propagation [du message] avec lequel il fut dépêché et enfin dans tous les efforts qu’ils déployèrent

dans leur coeur, par leur langue ou par les actes- dans cette voie.

Or, force est de constater que la plupart de ces personnes soucieuses de pratiquer de telles innovations

sont dans une totale léthargie lorsqu’il s’agit d’oeuvrer là où l’ordre du Prophète (لى ص هلل يه ا ل لم ع س (و

leur est parvenu. On ne peut que les comparer à ceux qui ornent et embellissent le Coran sans le lire ou

encore à ceux qui le lisent sans l’appliquer. »

Ce que l'on nous cite pas c'est la conclusion du texte qui dit :

(Même si) nos prédécesseurs ne le faisaient pas (comprendre : ne célébraient pas le Mawlîd) et qu’ils

avaient de bonnes raisons, il n’y a rien qui soit contre (cette célébration).

On peut trouver les scans de cette parole ici :

Page 67: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

67

http://aslama.com/forums/showpost.ph...3&postcount=11

Un autre avis est rapporté dans son encyclopédie de Fatawa ("Majma' Fatawi Ibn Taymiyya") Vol. 23, p.

163: "fa-t'adheem al-Mawlid wat-tikhaadhuhu mawsiman qad yaf'alahu ba'ad an-naasi wa yakunu lahu

feehi ajra `adheem lihusni qasdihi t'adheemihi li-Rasulillahi, salla-Allahu `alayhi wa-sallam"

« Célébrer et honorer la naissance du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et en faire un moment

exceptionnel, comme le font certains, est une bonne chose en laquelle réside une grande récompense, à

cause de la bonne intention d'honorer le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). »

Fin de citation.

Enfin, chose étonnante, les mêmes personnes qui interdisent de fêter la naissance de notre maître

Muhammad, le meilleur des Messagers (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) ont rédigé une fatwa pour

autoriser de commémorer le fondateur du wahhabisme :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=8590

Qu’Allâh augmente sans cesse notre amour pour le maître de l’existence (as-Sayyîd al-wujûd) que la

prière et la paix soient sur lui, sa Famille, ses Compagnons et tous ceux qui l’honorent.

Allâhumma âmîn.

Sources et compléments :

Dossier sur le Mawlîd :

http://www.islamophile.org/spip/mot284.html

Réponses aux sujets controversés (Anglais) :

http://www.islamophile.org/spip/mot284.html

Encyclopédia of Islamic Doctrines : Mawlîd (Anglais) :

http://www.sunnah.org/publication/en...tml/mawlid.htm

[Manipulation] Ibn Taymiyyah et le Mawlîd :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=11469

Sujet sur le noble Mawlîd :

http://www.aslama.com/forums/showthread.php?t=1122

Page 68: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

68

Réponses aux objections concernant l’usage de la poésie

Ils organisent des cérémonies de prière pour célébrer la naissance du Prophète (bénédiction et salut

soient sur lui) au cours des quelles ils élèvent leur voix pour faire des invocations, chanter et scander des

poèmes truffés de paroles d’idolâtrie.

D’après `Â-isha (qu’Allâh l’agrée) : « Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) mettait dans la mosquée

un minbâr à la disposition de Hasân. Celui-ci montait dessus et faisait l’éloge de l’Envoyé d’Allâh (sallâ-

Llâhu `alayhi wa-sallam). Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) disait de lui : En vérité, Allâh assiste

Hasân par l’Esprit de sainteté (Rûh al-Quds) lorsqu’il fait l’éloge de l’Envoyé d’Allâh. » (Rapporté par at-

Tirmidhî qui le considère authentique.)

D’après al-Barrâ ibn Âzib (qu’Allâh l’agrée) : « Le Prophète a dit à Hasân : Compose un poème pour les

railler et que Jibrîl t’assiste ! » (Rapporté par al-Bukhârî. Hadîth authentique)

« Certes, il y a dans la poésie, une sagesse. » (Rapporté par al-Bukhârî. Hadîth authentique)

« La parole la plus véridique prononcée par un poète est celle de Labîd : En dehors d’Allâh toute chose

n’est-elle pas illusoire ? » (Rapporté par al-Bukhârî. Hadîth authentique)

Ces textes établissent que la poésie pour faire l’éloge d’Allâh et de Son Envoyé (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) est un acte méritoire et peut même être fait sous l’inspiration d’un Ange. Il n’y a donc aucune

raison de s’y opposer. Les textes condamnant la poésie concernent celle qui ne parle que de choses

futiles ou interdites telles que ce bas-monde ou le péché. Wa-Llâhu a`lâm.

Les propos des savants sont clairs à ce sujet. Notre maître l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh l’agrée) a dit

dans son Sharh Sahîh Muslim (Commentaire de l’Authentique de Muslim) :

« Il n’y a aucun inconvénient à déclamer la poésie à la mosquée si elle chante les louanges de la

Prophétie et de l’Islam ou si elle porte sur les vertus morales ou encore si elle traite de l’ascétisme ou

d’autres thèmes de bien. »

Fin de citation.

Notre maître al-Qadî Abû Bakr ibn al-`Arabî al-Mâlikî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit dans son

commentaire des Sunân d’at-Tirmidhî intitulé Tuffatu-l-ahwadhî :

« Il n’y a aucun inconvénient à déclamer la poésie dans la mosquée si elle chante les louanges de la

religion et de la Sharî`a. »

Fin de citation.

Page 69: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

69

On peut retrouver ces avis, ainsi que d’autres, dans l’ouvrage du Shaykh `Abd al-Qadîr `Îsâ al-Halabî

(qu’Allâh lui fasse miséricorde) intitulé Fadâ-il adh-Dhikr (traduit sous le titre « Les Vertus du Dhikr »).

Notre maître, l’Imâm Ibn Hajâr al-Haytamî (qu’Allâh lui fasse miséricorde), référence dans la noble école

Shafi`ite, dit dans son ouvrage Kaff al-ra'a' 'an muharramat al-lahw wa al-sama', extrait reproduit dans le

Reliance of the Travellers du Shaykh Nûh Keller :

« En ce qui concerne le chant qui n’est pas accompagné d’instruments, il faut savoir que chanter et

écouter les chants est préjudiciable sauf sous certaines circonstances mentionnées dans ce qui suit.

Certains savants ont soutenu que chanter est sunnah (ndT : recommandé) durant les mariages et autre,

et parmi nos Imâms, al-Ghazâlî et al-`Izz ibn `Abdu-s-Salâm disent que c’est sunnah si cela fait passer une

personne dans un noble état d’esprit et lui rappelle l’Au-delà. Il est clair d’après cela que toute poésie

qui encourage les bonnes actions, la sagesse, les nobles qualités, l’abstention des choses de ce bas

monde, ou des caractères pieux similaires comme inviter à l’obéissance d’Allâh, suivre la Sunnah, ou

s’éloigner de la désobéissance ; il est évidant qu’il est sunna de l’écrire, de la chanter ou de l’écouter,

comme plus d’un de nos Imâms l’ont dit, étant donné que tous moyen menant au bien est un bien lui-

même. »

Fin de citaiton.

La poésie recommandable est même considérée comme faisant partie intégrante de l’évocation (adh-

dhikr) comme on l’a rapporté plus haut de notre maître Ibn `Atâ Allâh al-Iskandarî (qu’Allâh l’agrée) dans

son Miftâh al-Falâh (la Clé de l’Illumination) :

« Le rappel d’Allâh (dhikru-Llâh) est une libération de l’ignorance et de notre propension à l’oubli et ce à

travers la présence, permanente, du cœur avec la Réalité. Il a été dit qu’il s’agit de la répétition du Nom

de l’Invoqué par le cœur et par la langue. Que l’on se souvienne d’Allâh Lui-même, d’un de Ses Attributs,

d’un de Ses commandements, d’une de Ses Actions ou que l’on tire une conclusion basée sur ceux-là,

cela revient au même. Se souvenir d’Allâh peut prendre la forme d’une supplication envers Lui, ou la

mention de Ses messagers, Ses prophètes, Ses saints ou toute personne proche renvoyant à Lui. Le

souvenir peut être procuré par une bonne action, comme celle de réciter le Qur-ân, par la mention du

Nom d’Allâh, par la poésie, le chant, une discussion ou bien une anecdote. »

Fin de citation.

Notre maître, le noble savant Shafi`ite, l’Imâm Ahmad Mashhûr al-Haddâd (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) dit dans son ouvrage Miftâh al-Jannah (la Clef du Paradis) :

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70

« Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) avait une chaire (ndT : minbâr) à la mosquée d’où Hasân

ibn Thâbit avait coutume de se tenir pour défendre et louer les mérites du Messager d’Allâh (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam), si bien que le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) dit :

‘Allâh soutient Hasân de l’Esprit Saint chaque fois qu’il défend ou loue les mérites du Messager d’Allâh.’

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam)

[Note en bas de page : Muslim (2490), Tirmidhî (2846), Abû Dâwûd (5015)]

Il le faisait par la poésie et dans la mosquée, alors vois ce que peut-être le rang atteint par un poète qui

se lève pour défendre la religion et pour proclamer les bonnes qualités du Maître des Messager (sallâ-

Llâhu `alayhi wa-sallam) ! Son degré n’est pas moindre que celui d’un prêcheur qui appelle et guide, car

tous deux se tiennent sur la chaire d’où on appelle à Allâh, où l’on défend la religion et où l’on soumet

ses ennemis. »

Fin de citation.

D’ailleurs la poésie est utilisée par des savants à des fins pédagogiques pour transmettre des sagesses

ou encore la science. On peut citer comme exemple des poêmes comme al-Jawharat at-Tawhîd du

Shaykh al-Laqqanî ou al-Murshîd al-Mu`în de notre maître Ibn `Ashîr al-Mâlikî (qu’Allâh leur fasse

miséricorde.)

On cite souvent le texte authentique suivant pour condamner l’éloge du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallâm) :

« N’exagérez pas dans mon éloge comme les chrétiens l’ont fait avec le fils de Maryam, car je ne suis

qu’un serviteur. Désignez moi donc comme le Serviteur d’Allâh et Son Messager. » (Sahih al-Bukhârî, no

: 3261)

Notre maître al-Hafîdh ibn Hajâr al-`Asqalânî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a commenté ainsi ce texte

dans son célèbre commentaire de l’Authentique d’al-Bukhârî, al-Fath al-Barî en citant sur le sujet le

savant Ibn al-Jawzî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

« La raison derrière cette interdiction [c’est-à-dire d’exagérer dans l’éloge du Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa sallam)] est due à ce qui a été mentionné dans le hadith de Mu`adh, lorsqu’il a demandé la

permission au Messager d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) de se prosterner devant lui. Le Messager

d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) lui interdit. Ainsi, le Messager d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) craignait qu’une personne puisse exagérer encore plus, il a donc été prompt dans l’interdiction

de telles exagérations en insistant dessus. Ibn at-Tîn a dit : la signification de « n’exagérer pas dans mon

éloge » est de ne pas faire l’éloge comme les chrétiens. A tel point que certains ont exagéré jusqu’à le

considérer (Sayyidinâ `Isa, la paix soit sur lui) un associé de Dieu. D’autres ont prétendu qu’il était Dieu

Page 71: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

71

Lui-Même, tandis que d’autres disent qu’il est le fils de Dieu. » (Ibn Hajâr al-`Asqalanî, Fath al-Barî,

12/183-184)

Ce Hadîth interdit donc de faire de notre maître Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) un égal ou

un partenaire de notre Seigneur (subhânahu wa ta`ala). Il permet implicetement toute éloge qui ne va

pas jusque là.

Comme l’a dit l’auteur d’al-Qâsidatu-l-Burdah, l’Imâm al-Busayrî (qu’Allâh le prenne en miséricorde) :

Délaisse ce que les chrétiens prétendent sur leur Prophète.

Puis décide de dire ce que tu souhaites concernant son éloge.

C’est d’ailleurs ce célèbre chef d’œuvre de la littérature poétique Musulmane qui est souvent visé par

les critiques. Certains esprits voient dans certains vers des paroles d’idolâtrie. C’est à ces objections que

répond le savant Wahbah az-Zuhaylî, directeur du département de la Jurisprudence (Fiqh) de la faculté

de Loi Islamique (Sharî`a) à l’université de Damas (traduction approximative) :

« Question : Quel est le statut juridque de ceux qui chantent de tels vers :

Ô la plus noble des créatures ! Je n’aurai personne auprès de qui trouver refuge le jour de l’Evènement

Universel (ndT : le Jour Dernier) en dehors de toi !...

Car ce bas monde et l’Autre relèvent de ta longanimité et la science contenue dans la Table Gardée et

du Calame font partie de ton savoir…

Par la dignité de celui dont la maison est dans la Terre Pure et dont le nom est un serment parmi les plus

grands serments !...

En gardant à l’esprit que j’aime beaucoup ce poême d’al-Busayrî et que je demande à Allâh d’être

sincère dans mon amour pour le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Certains disent cependant que

ces paroles s’opposent l’Unicité divine (at-tawhîd) ?

Réponse : Le premier vers contient la foi en l’intrecession du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et

son affirmation. Son intercession est de deux types : la grande intercession pour que toute la création

soit délivrée de la terreur de l’attente avant d’aller vers la reddition des comptes et la seconde

intercession pour les Musulmans désobéissants.

Le second vers n’implique pas une création indépendante et le fait d’amener à l’existence mais il signifie

plutôt que le bien de ce monde et de l’autre [réside] dans la foi au message du plus grand des Envoyés

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Concernant ce qui est désigné par « science », il s’agit du savoir qu’Allâh

lui a ensigné via la révélation uniquement et non de choses concernant l’invisible qui auraient été

apprises sans la révélation.

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72

La signification du troisème vers est qu’Allâh a juré par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam)

lorsqu’il a dit : « Par ta vie ! Ils sont rendus aveugles par leur ivresse. » (15, 72)

Après avoir mis en garde contre une compréhension incorrecte, je mets en garde contre la confusion

des confus en profitant des idiots qui ne comprennent pas les intentions d’al-Busayrî ainsi que celles

d’autres personnes. Nous sommes les plus à même de professer une doctrine authentique et les

mauvaises compréhensions des ignorants ne peuvent en rien nous nuire. »

Fin de citation.

Nous reviendrons plus tard sur la demande d’intercession. Qu’Allâh nous compte toujours parmi ceux

qui feront l’éloge de son Messager (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et qu’il récompense abondamment

celui qui a composé les vers suivant, connus par de nombreux musulmans depuis des siècles :

Mawlâya salli wa-sallim dâ-iman abadâ

`Alâ Habîbika khayri khalqi kullîhîmi

Yâ Rabbi salli `alâ Muhammadin wa `alâ

Sadatinâ âlihi wa-sahbihi-l-kirâmi

Ô mon Maître ! Prie et salue continuellement et pour toujours

Sur Ton Bien-Aimé, le Meilleur de toute la création

O Seigneur prie sur Muhammad ainsi que sur

Nos maîtres : sa famille et ses nobles compagnons.

Sources et compléments :

Biographie de l’Imâm Ahmad Mashhûr al-Haddâd (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

http://www.islamophile.org/spip/article1227.html

Les Enseignements Spirituels du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) de Tayyeb Shouiref :

http://www.iqrashop.com/Les_Enseigne...ite-7285-.html

Réponses aux objections sur al-Burdah (en anglais) :

http://marifah.net/articles/burdah-alzuhayli.pdf

Page 73: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

73

L’audition spirituelle (Sama`) lors des séances d’évocation : la

question de la Hadrah

Les soufis autorisent la danse, les tam-tam, les flûtes et les invocations à haute voix. Or Allah, le Tout-

Puissant dit « Ceux qui accomplissent la Salâ et qui dépensent (dans le sentier d' Allah) de ce que Nous

leur avons attribué. » (Coran, 8 : 3)

[…]

Les soufis scandent le nom des femmes et des enfants et chantent l’amour et la passion lors des séances

d’invocation, comme s’ils se trouvaient dans des endroits de gaieté où il y a de la danse accompagnée

d’applaudissement et de cris et où coule à profusion l’alcool. C’est là, une pure tradition des

polythéistes. Allah, le Très-Haut dit : « Et leur prière, auprès de la Maison, n' est que sifflement et

battements de mains: "Goûtez donc au châtiment, à cause de votre mécréance!". » (Coran, 8 : 35).

Certains sufis se donnent des coups de coupe-coupe, en criant « Ô grand-père » et Satan leur vient en

aide, car ils ont cherché secours auprès de quelqu’un d’autre qu’Allah . Allah dit : « Tout ce qui vous a

été donné (comme bien) n' est que jouissance de la vie présente; mais ce qui est auprès d' Allah est

meilleur et plus durable pour ceux qui ont cru et qui placent leur confiance en leur Seigneur, » ( Coran,

42 :36)

Nous allons voir que les réunions d’évocations auxquels s’adonnent les Soufis sont bien loin des délires

décrits dans ce texte.

Les mérites de l’évocation en groupe :

« Allâh le Très-Haut a dit : Je réponds à l’attente de Mon serviteur. Je suis avec lui quand il se souvient

de Moi. S’il M’invoque dans une assemblée, Je Me rappelle de lui dans une assemblée meilleure que la

sienne. » (Rapporté par Ahmad ibn Hanbal, al-Bukhârî, Muslim et Ibn Mâjah.)

Ce Hadîth suffit à lui seul pour établir le mérite de s’assembler pour accomplir l’évocation en chœur.à

haute voix car aucune modalité n’est précisée. Mais nous allons ajouter d’autres textes pour être plus

complet et profiter de la bénédiction d’encourager aux assemblées d’évocation.

« Nul groupe ne s’assoit pour invoquer Allâh (yadhkurûna-Llâh) sans que les anges ne les entourent, que

la miséricorde ne les enveloppe, que la Sakînah(quiétude) ne déscende sur eux et qu’Allâh les

mentionne à ceux qui sont auprès de Lui. » (Rapporté par Muslim. Hadîth authentique.)

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« Allâh, le Très-Haut, a des Anges qui parcourent les routes à la recherche des cercles d'évocation

d’Allâh. Dès qu'ils trouvent des gens en train d'évoquer Allâh honoré et glorifié, ils s'appellent les uns les

autres : ‘Venez à l'objet de vos recherches !’. Ils étendent sur eux leurs ailes jusqu'au ciel inférieur.

Leur Seigneur leur demande (et II sait mieux qu'eux): ‘Que disent Mes esclaves.’

Ils disent: ‘Ils Te glorifient, Te purifient, proclament Ta grandeur, Ta louange et Ta gloire.’

Il dit: ‘Est-ce qu'ils M'ont jamais vu ?’

Ils disent: ‘Non, par Allâh. Ils ne T'ont jamais vu.’

Il dit: ‘Que eraient-ils donc s'ils Me voyaient ?’

Ils disent: ‘S'ils Te voyaient ils mettraient encore plus d'ardeur à T'adorer, à Te louer et à Te glorifier.’

Il dit: ‘Que demandent-ils ?’

Ils disent: ‘Ils Te demandent le Paradis’.

Il dit: ‘Est-ce qu'ils l'ont jamais vu ?’

Ils disent: ‘Non, par Dieu. Ils ne l'ont jamais vu.’

Il dit: ‘Que erait-ce s'ils l'avaient vu ?’

Ils disent: ‘S'ils l'avaient vu, ils y tiendraient encore pus, le demanderaient avec plus de force et le

désireraient avec plus d'ardeur.’

Il dit: ‘Contre quoi demandent-ils Ma protection ?’

Ils disent: ‘Contre l'Enfer.’

Il dit: ‘L'ont-ils jamais vu ?’

Ils disent: ‘Non, par Allâh. Ils ne l'ont jamais vu.’

Il dit: ‘Que serait-ce donc s'ils l'avaient vu ?’

Ils disent: ‘S'ils l'avaient vu ils le fuiraient encore plus et le craindraient davantage.’

Il dit: ‘Je vous prends à témoins que Je les ai absous.’

L'un des Anges dit: ‘II y a parmi eux untel qui ne fait pas partie de leur cercle. Il y est seulement venu

pour une affaire le concernant.’

Il dit: ‘Ils représentent le cercle idéal et celui qui leur tient compagnie ne saurait être misérable.’

(Rapporté par al-Bukhârî et Muslim. Hadîth unanimement reconnu authentique.)

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Ce hadîth établi clairement la permission de se rassembler pour réciter en groupe des évocation comme

la glorification (at-tasbîh), la louange (at-tahmîd), la proclamation de la grandeur (at-takbîr), la noble

phrase (al-kalimâtu-t-tayyîb i.e Lâ ilâha illa-Llâh) et diverses autres litanies et prières de demandes. Les

savants indiquent aussi que les cercles de dhikr comprennent toutes les réunions qui visent à apprendre

la science. Wa-Llâhu a`lâm.

Certains savants, notamment l’Imâm Mâlik (qu’Allâh l’agrée), ont émis des réprobations concernant

l’évocation en goupe à voix haute en chœur. La raison en est que les textes établissant le mérite de ce

genre de réunion ne leur est pas parvenu. La majorité des savants se sont prononcés favorablement à

travers le temps et le monde islamique comme le rapporte le maître al-Hâjj Mâlik Sy (qu’Allâh l’agrée)

dans son ouvrage Ifhâm al-Munkîr al-Jânî :

« Sîdî Abû Bakr ibn Muhammad Bannânî a dit, dans son ouvrage Madârij as-sulûk :

‘L’évocation en chœur telle que connue chez les Soufis consistant entre autre à former un cercle et à se

balancer, est un fait établi dont la pratique s’est répandue tant en Orient qu’en Occident, au point que

s’il était possible de parler de consensus autre que celui des Compagnons, nous pourrions toujours dire

qu’il y a bel et bien ici un consensus à ce propos, car les textes de la Sharî`a existent dans ce domaine et

que la Sunnah en a abondamment parlé.’

Plus loin, il ajoute :

‘Concernant ce qui à trait au caractère blâmable d’un tel rassemblement, rapporté de l’Imâm Mâlik qui

aurait dit que chacun doit évoquer individuellement, le maître Zarrûq a dit : Même si chacun devait

évoquer individuellement à voix basse, l’efficacité n’en serait pas plus marquée. Et si l’évocation est

faire à haute voix et individuellement, on voit nettement ce que cela comporte comme désordre et

manque de respect…etc. qui ne convient même pas pour une simple causerie, à plus forte raison pour

l’évocation d’Allâh. Dès lors, il ne reste plus qu’à le permettre ou même l’apprécier si les conditions

requises sont respectées. On peut justifier la position de l’Imâm Mâlik en disant que celui-ci n’a peut-

être pas pris connaissance du Hadîth qui encourage, ou qu’ayant assité à une évocation en chœur

exécutée d’une manière qu’il n’apprécie pas, il a fini par le réprouver.’ »

Fin de citation.

On trouve, en outre, dans la littérature des 4 écoles de nombreux avis juridiques qui encouragent

l’évocation en groupe. Mais ce qui a été déjà cité suffira pour ne pas être long. Wa-Llâhu a`lâm.

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76

Les éléments de la Hadrah et leur justification

Comme nous l’avons vu plus haut, la poésie est un moyen d’accomplir la recommandation générale de

s’adonner à l’évocation (adh-dhikr) d’Allâh ta`âla. Les séances d’audition spirituelle (sama`) consiste en

l’écoute de poèmes spirituels. Lorsque cette écoute est accompagnée de balancements rythmiques du

corps, on appelle cela la Hadrah. Cette pratique est une forme particulière d’évocation en groupe et une

manière de réalisé ce noble objectif recommandé par les textes authentiques cité plus haut.

Concernant l’usage de la poésie lors des séances d’évocation, notre maître Ahmad Mashhûr al-Haddâd

explique dans son ouvrage Miftâh al-Jannah (la Clef du Paradis) :

« Pour les gens de l'amour Divin et des bonnes manières, il n'y a aucun mal dans le balancement en

rythme, la récitation de la poésie, l'utilisation d'accords purs et le déploiement de bannières au cours

des assemblées de dhikr. Car c'est là qu'ils sont réunifiés, c'est là qu'ils sont pardonnés, comme le dit le

Hadîth : Je vous prends à témoin que Je leur ai pardonné.Et s'ils sont ceux dont les compagnons ne sont

jamais dans la misère, alors que leur rang dit être éminent !

[Plus loin…]

Il est évident que les harmonies en rythme émeuvent les coeurs endurcis, touchent les âmes endormies

et ont pour effet d'attendrir les caractères et de rendre les perceptions plus subtiles. Elles peuvent

transformer les poltrons en héros, les avares en philanthropes, aider à supporter les malheurs et

soulager les chagrins. Les Soufis ont toujours su l'effet que produisait les sons sur les âmes, et l'ont par

conséquent utilisé pour les purifier, les attirer vers la vertu, leur rappeler leur origine et leur Bien-Aimé

primordial, lorsqu'Il les a haranguées de la plus belle manière dans le monde des atomes et du

témoignange ('âlam udh dharr wal 'ish-hâd) ces vers de l'Imâm Al-Ghazâlî, Al-Hujjâtu-l-Islâm (la preuve

de l'Islâm), l'illustrent bien :

J'ai renoncé à l'amour de Su'dâ et de Laylâ

Et je suis parti voir le compagnon

De la toute première demeure.

Les désirs m'ont appelé : " doucement !

Car voilà les demeures de ton bien-aimé.

Ralentis, arrête-toi !

Il est donc peu surprenant qu'ils en embellissent leurs fêtes et qu'ils le chantent au cours de leurs

célébrations, de leurs rassemblements saisonniers et de leurs assemblées, comme un moyen de capter

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77

l'attention, tandis que la coupe de leurs significations circule parmi ceux qui sont présents. Les moyens

doivent être jugés selon leur fin. »

Fin de citation.

Quant à la pratique de mouvements pendant l’évocation, il n’y a rien de mal à cela comme le prouve le

Hadîth rapporté par notre maître `Abd al-Qadîr `Isâ (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dans son ouvrage

Fadâ-il adh-dhikr (les Vertus du Dhikr) :

« Le mouvement qui peut accompagner le dhikr est apprécié, parce qu’il stimule le corps dans

l’accomplissement du rituel de l’invocation. Il est légalement permis. La preuve en a été donnée par

l’Imâm Ahmad dans son Musnâd et al-Hâfidh al-Maqdisî d’après ce témoignage d’Anas (qu’Allâh l’agrée)

:

Les Abysséens dansaient devant l’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) en disant avec leur

langue :

Muhammad est un serviteur vertueux

‘Que disent-ils ?’ Demanda le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam).

‘Ils disent : Muhammad est un serviteur vertueux.’

Lorsque le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) les vit dans cet état, il n’a pas désapprouvé leurs

chants en mouvement. Au contraire, il les a laissés dans ce qu’ils faisaient. Or il est notoire que les

dispositons légales sont déduites des dires, des actes et des décisions de l’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam). Dès lors qu’il n’a pas interdit ce qu’ils faisaient, il les a approuvés, il en résulte que les

chants en mouvements, même dans une mosquée, sont permis. »

Fin de citation.

Notre maître al-Khâtib al-Shirbinî, rapporté les propos suivants de notre maître an-Nawawî (qu’Allâh les

agrée) en les commentant dans son ouvrage Mughnî al-Muhtaj (extrait reproduit dans the Reliance of

the Travellers) :

« [An Nawawî] Il n’est pas interdit de danser (Shirbinî : ce n’est pas interdit car ce ne sont que des

mouvements effectués alors que l’on est debout ou penché. Furanî et d’autres ont dit explicitement que

cela n’est pas préjudiciable mais plutôt permis, comme en témoigne la Hadîth rapporté dans le Sahîh

d’al Bukharî et celui de Muslim dans lequel le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) s’est mis devant

`A-îshah (qu’Allâh l’agrée) pour lui permettre de voir les Abyssins en train de faire du sport et danser) à

moins que cela soit langoureux, comme les mouvements des efféminés. »

Fin de citation.

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78

Ce genre de séance ne peut donc pas être condamné au regard de la Loi. Précisons tout de même que

tous les Soufis ne pratiquent pas la Hadrah. Mais ceux qui le font ne peuvent en rien être blâmés.

Il convient cependant de ne pas confondre les vrais Soufis et les faux prétendants qui accomplissent des

réunions non conformes à la Sharî`a. C’est ce genre de séances (faussement appelées « Hadrah ») que

les savants ont critiqué dans leurs avis juridiques.

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79

La fausse Hadrah et sa condamnation par les savants Soufis

Les Soufis eux-mêmes se sont opposés à de telles pratiques où se mêlent les actes interdits par la Loi

tels que la mixité ou les instruments de musique.

Notre maître, Shaykh `Abd al-Qâdir `Isâ (qu’Allâh lui fasse miséricorde), Shaykh dans la noble Tarîqah

ash-Shâdhiliyyah, met en garde contre de telles personnes :

« Certes il y a un groupe d’étrangers au Soufisme, ils s’assimilent aux soufis bien que ceux-ci les

désavouent. Ils ont altéré les cercles de dhikr à causes des innovations répréhensibles qu’ils ont

introduites etd des actes détestables que la Sharî`a interdit sans conteste. Il en est ainsi des instruments

de musique prohibés, des réunions animées par des palabres sans but et des chants pervers. Ces

procédés ne peuvent être considérés comme un moyen pratique en vie de la purification du cœur de ses

défectuosités ni comme un moyen pour être en contact avec Allâh. Au contraire, le dhikr est devenu

chez un moyen de distraction qui encorauge l’insouciance, l’indifférence et la réalisation de vils desseins.

Ce qui est regrettable, c’est que certains qui se réclament des savants musulmans, se sont attaqués aux

cercles de dhikr, sans distinguer les étrangers, dont nous avons parlé ci-dessus, des invocateurs sincères

qui cheminent dans la voie d’Allâh et dont le dhikr ne fait que les enraciner dans la foi, les élever à une

morale sublime et leur procurter la sérénité du cœur.»

Fin de citation.

De même, Al-Hâjj Mâlik Sy (qu’Allâh l’agrée), maître dans la noble Tarîqah at-Tijâniyyah, dénonce les

imposteurs. Il cite dans son ouvrage al-Ifhâm les propos suivants du savant historien Ahmad ibn Khâlid

an-Nâsirî as-Salâwî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) extrait de son Istiqsâ li-akhbâr duwal al-maghrib al-

aqsâ:

« Il est apparu dans les pays du Maghreb, comme ailleurs, depuis longtemps, surtout au dixième siècle

de l’Hégire et après, une répugnante innovation : un groupe de la masse, composé d’adeptes d’un

maître de leur époque ou de l’époque antérieure ou de quelqu’autre maître parmi ceux que l’on

soupçonne de sainteté (wilâya) et de pouvoirs spirituels à qui ils manifestent une grande estime et des

égards sans limites, s’attachent à ses services, aux fin de se rapprocher outre mesure de lui ou d’un

autre maître de manière si excessive qu’il fasse jour dans l’imagination des ignorants parmi eux, que leur

maître est au-dessus de tous les autres maîtres ou de la plupart d’entre eux, eu égard au rang qu’ils

occuperaient auprès d’Allâh (qu’Il soit exalté).

[Plus loin…]

S’enfonçant dans leur égarement, ces cliques finissent, chacun pour son compte, par se réunir en des

heures précises, dans un lieu particulier ou non, pour s’adonner à leur pratique innovatrice appelée

hadrah (présence), où l’on trouve tout ce que l’on veut tels que des cuvettes, des flûtes, des tambourins,

des chants, de la danse, des trépignements et des dévoielments.

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Il s’y ajoute même souvent l’emploi du feu qu’ils parviennent à allumer par un tour de passe-passe qu’ils

appellent prodige. A ces pratiques, ils consacrent un temps assez long et laissent volontiers passer une à

deux prières canoniques, tout en entendant l’appel à la prière. Plongé dans leur égarement aveugle, ils

ne font même plus attention à rien, n’ayant rien trouvé de mal à ce qu’ils font : ils sont d’ailleurs

souvent même convaincus que ce qu’ils sont en train de faire est l’une des meilleurs dévotions vouées à

Allâh, dont la Grandeur est au-dessus de tels égarements. On ne trouve d’ailleurs souvent dans ces

congrégations sataniques :

Que des gens qui, au paroxysme de la grossièreté et de l’ignorance, ne savent réciter qu’impafaitement

la Fâtihah, à fortiori d’autres sourates, et qui ne savent que faire des prières canoniques qu’ils laissent

passer toute leur vie ; et des gens du même acabit parmi les aliénés mentaux.

Combien ces libertins ont besoin de censeurs capables de réduire en eux ces fatras d’énormités et

d’obscurantisme ancré ! Et le pire est que c’est dans les mosuqées qu’ils s’adonnent le plus souvent à

cette « hadrah ». Ils construisent une zâwiya au nom de leur maître spirituel et le prennent pour

oratoire, dotée d’une niche et d’un minaret…etc. Puis fréquentée par ceux-là, qui y déversent les

innovations abominables que voilà. Combien de fois avons-nous vu dans les oratoires, des luths, des

guitares et des flûtes de l’espèce la plus grossière !

[Plus loin…]

Ils ont eu aussi l’audace d’appeler leur innovation « hadrah » l’assimilant à la hadrah (présence) d’Allâh

comme dans la pure tradition et selon la terminologie des sommités de la Gnose dont par l’Epître d’al-

Qushayrî (ndT : un ouvrage de référence du Tasawwûf).

Usant ainsi de ce vocable, ces satans font croire qu’au moment où ils s’adonnent à cette innovation, ils

sont de plein pied dans la hadrah d’Allâh (qu’Il soit exalté !) Et ils vont jusqu’à considérer leur folie, leurs

trépignements et la cacophonieémise par leurs tambours et leur flûtes, comme moyen d’accès à l’Etat

spirituel (hâl), par assimilation au hâl qui submerge le sâlik (l’itinérant) cheminant vers l’étape ultime en

passant par les différentes Stations de la Gnose, dans l’ascension spirituelle vers Allâh (qu’Il soit exalté !)

Une telle prétention (j’en jure par Allâh !) est certainement la plus grossière des déviations et la plus

horribles des ignorances. Il y en a aussi d’autres qui sont manifestes que, connues de tous et de partout,

il est inutile de rapporter ici.

Et ce que nous venons de souligner ne signfie pas, d’autre part, que nous dénigrons les Awliyâ d’Allâh et

ceux parmi eux qui ont des dons spirituels particuliers, ou ceux qui cheminent avec eux conformément

aux règles édictées dans les ouvrages des grands maîtres, qui font figure de modèles exemplaires en ce

domaine. Loin de là !

Nous avons seulement attiré l’attention sur des gens, partout où ils sont, en levant le voile sur les

agissements des ignorantins qui n’ont pas abordé les choses tel qu’ils devraient le faire et n’y ont pas pu

être initiés par des spécialistes. » Fin de citation.

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C’est ce qui explique que l’on trouve dans la littérature islamique des avis juridiques qui interdisent ces

séances, mais il y a dans chaque école juridique des savants qui l’acceptent et le recommande (voir liens

plus loin).

Ce texte résume bien la problématique et met en évidence la différence entre les véritables Soufis et les

imposteurs qui sont dénoncés par les Soufis eux-mêmes comme on vient de le montrer. Il convient donc

de ne pas mélanger les séances de rappel des Soufis authentiques avec les séances de perversions des

imposteurs.

Les propos des références de cette science sont assez explicites et nombreux pour ne pas trop nous

attarder sur cette question.

Qu’Allâh nous préserve de la confusion. Allâhumma âmîn.

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Note importante

Concernant les pratiques excessives auxquelles s’adonnent certaines personnes affiliées à des Voies

comme l’utilisation des couteaux, le fait de charmer les serpents… etc. Nous reproduisons la réponse

fournie par Sîdî Gibrîl Fouad Haddâd suite à des recherches de sa part (qu’Allâh l’en récompense) :

« Question : Wa `alaykum as-Salam : J’ai interrogé auparavant les frères du groupe Hanafî à propos des

practices des Rifâ`is (ndT : membres de la Tarîqah Rifâ`iyyah) qui se percent avec des couteaux ou autre

[pour savoir] si cela était permis et ils ne connaissaient pas la réponse. Vous savez peut-être ou alors

pourriez-vous interroger une personne qui connaisse le sujet ? J’aimerai savoir car de beaucoup parmi

les égarés et en particulier les membres des lâ-madhhabiyya (les « Sans écoles ») utilisent cela en Bosnie

pour attaquer les Soufis [en les insultant] d’innovateurs et de bande de fous. Aidez-moi s’il vous plait car

j’ai tenté d’obtenir des infos sur ce sujet dans de nombreux livres en vain. Qu’Allâh vous bénisse et vous

agrée

Réponse : Qu’Allâh vous bénisse et vous agrée en retour. Une simple parole n’est pas suffisante pour

rendre justice au fondateur de la Voie Soufie Rifâ`î, As-Sayyîd Ahmad ar-Rifâ`î (qu’Allâh l’agrée), mais il

doit être su de tous qu’il était l’un des plus grands amis d’Allâh (Awliyâ) et véritable héritier du Messager

d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) à marcher sur cette terre. Ses paroles portent la marque des

enseignements Prophétiques comme s’il était l’un des Califes Bien-guidés (Khulafâ ar-Râshidûn). Parmi

les travaux qui lui sont authentiquement attribués, il y a les Sagesses (al-Hikâm) au début desquelles il

dit : « L’apogée de la connaissance d’Allâh consiste à savoir qu’il existe sans direction ni lieu. » Il fût aussi

un Traditionniste (Muhaddith) qui a compilé un livre, [actuellement] imprimé, de 40 Hadîths essentiels

et leur commentaire. Bien qu’il fût parmi les gens dotés de dons Divins (karamât), parmi lesquels la

capacité de pousser les gens à la répentance par son discours, il fût malgré tout marqué par la plus

profonde humilité envers lui-même et envers les autres. Il se nommait lui-même « al-lâ shay Uhaymid »

qui signifie « le petit Ahmad de rien du tout ». Qu’Allâh sanctifie son secret et bénisses ses disciples

sincères et les grands Awliyâ parmi la Maison du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Sayyîd Yûsuf

Hâshim ar-Rifâ`î, le courageux et infatiguable conseiller de la Ummah est peut-être le plus éminent

leader dans le monde Musulman actuel ainsi qu’un déscendant du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) à travers Ahmad ar-Rifâ`î. Sayyîd Yûsuf a écrit dans son livre daté de 2001 as-Sufiyyah wa-t-

Tasawwuf fi Daw` al-Kitâb wa-s-Sunnah (« Les Soufis et le Soufisme à la lumière du Qur-ân et de la

Sunnah.) p. 162-163 :

« Aujourd’hui, la Voie Rifâ`î est célèbre pour 2 raisons : le fait de se percer avec des armes et le dressage

de serpent venimeux et autres animaux dangereux [comme les scorpions]. Ces 2 choses n’existaient pas

du temps du fondateur de la Tarîqah. Rien d’authentique n’est rapporté disant qu’il utilisait des armes

Page 83: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

83

ou manipulait des serpents dans ses réunions. Ces 2 choses se trouvent parmi ses successeurs tardifs.

Environ 100 ans après la mort de Sayyîd Ahmad ar-Rifâ`î, les Tatars ont envahi Baghdad en 656, pillé de

la manière la plus brutale et tué de nombreux musulmans. Par conséquent, certaines Califes (ndT :

représentants, successeurs) de Sayyîd ar-Rifâ`î en sont venus à montrer à cette nation matérialiste que

ne croyaient qu’en ce qui est palpable et tangible, les Tatars, que la force brute dont ils étaient si fiers

pouvaient parfaitement être mise à disposition d’autres personnes par Allâh (ta`âla). Ils ont commencé à

montrer au Tatars de nombreux tours de force comme le fait de se frapper et de se percer avec des

armes de fer, embrasser les serpents venimeux, entrer dans des fournaises, et d’autres actes. Ces tours

de force ont beaucoup impressionné les Tatars et furent la cause de l’entre en Islâm de beaucoup

d’entre ainsi que de l’arrêt des hostilités contre les Musulmans.

Il est donc possible de dire que de telles choses ne sont pas une innovation dans la Religion parce que ce

qui est possible comme miracle en guise de preuve (mu`jiza) pour un Prophète l’es aussi en tant que

prodige [litt : don miraculeux] (karama) pour un Ami d’Allâh (Walî). Ibrâhim (paix sur lui) fût jeté dans le

feu et celui-ci ne lui a fait aucun mal. Allâh le Très-Haut est capable de soumettre le feu aux pieux

hommes de la Communauté de Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa âlihi wa-sallam). C’est préciséement

ce qui est arrivé au grand [Tabi`î] Abpu Muslim al-Khawlânî (ndT : Voir son histoire plus loin dans le

chapitre consacré aux miracles) comme il est rapporté dans le Sifât as-Safwa Ibn al-Jawzî ou az-Zuhd de

l’Imâm Ahmad.

De même, Allâh le Très-Haut a assujetti le feu aux disciples d’as-Sayyîd Ahmad ar-Rifâ`î. Ils l’ont utilisé,

et continuent à le faire, pour y entrer et le tenir sans qu’il leur soit nuisible en quoique ce soit.

Cependant, ils le font au Nom d’Allâh, non par vantaridse mais en guise de dons miraculeux. De la même

manière que les gens furent impressionnés par Mûsâ (paix sur lui qui a manipulé un serpent venimeux

sans qu’il ne lui nuise, de nos jours, il y a ceux qui le font parmi les disciples de Sayyîd Ahmad ar-Rifâ`î

(qu’Allâh l’agrée)…

C’est une chose parmi les Maître Rifâ`î, qui n’est utilisée qu’en temps de besoin et de nécessité et

comme un challenge [des non croyants]. Ma préference personnelle (ndT : en tant que Maître Rifâ`î

puisque le Shaykh est un guide dans cette Voie) est de rester clair vis-à-vis de telles choses, d’en réduire

l’importance, et de garder mes popres réunions libres de cela. Cependant, je dis que si cela est permis,

ce n’est qu’en guise de challenge. Cela s’est produit avec les experts Russes qui sont venus en Syrie. Les

disciples de la Tarîqah [Rifâ`î] ont annoncé qu’ils les défieront afin qu’ils rentrent en Islam, et ils l’ont

fait. De même, les tours de force avec les serpents, tant que les gens sont hors de danger, ne présente

aucun mal. Nous avons tous besoin, actuellement, de réaffirmer la croyance en certains [aspects] de

l’invisible (ndT : ghayb) qui pourraient éveiller les consciences de ceux qui sont inattentifs et fournir des

preuves irréfutables au matérialsites et aux athés. »

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84

(NdT : Fin de citation du Shaykh Yûsuf ar-Rifâ`î)

J’ai eu l’honneur de m’asseoir dans de nombreuses réunions du Diwân de Sayyîd Yûsuf (qui a

maintenant 70 ans) et je peux les décrire en tant que réunion de Qur-ân, de Prière sur le Prophète (sallâ-

Llâhu `alayhi wa-sallam), d’invocation pour la Ummah, de Nasiha (ndT : conseils) aux visiteurs, et de

Prières [obligatoires] en groupe au début de son temps. Je crois qu’il s’agit de sa pratique depuis les

années 60 avec ceux qu’ils visitent et qui lui rendent visite, qu’ils soient présidents ou gens du commun.

Il n’est jamais question de se percer avec des épées autour de lui.

Il est aussi bien connu que Mawlânâ ash-Shaykh Nâzim an-Naqshbandî al-Haqqanî, a interdit le fait de se

percer avec des couteaux lorsqu’il fût invité dans des réunions de Rifâ`î en Syrie et ailleurs. Le grand

Saint (Walî) Marocain, Sayyîdî `Abd al-`Azîz ad-Dabbâgh (qu’Allâh l’agrée) a fait remarqué dans son livre

al-Ibrîz que les dons miraculeux (karâmât) sont une caractéristique exclusive des Gens de la SunnahAhl

as-Sunnah) passés et présents, et que de tels prodiges sont absolument absent de toutes les sectes non

Sunnites de la première à la dernière. Il est donc normal que les partisans de telles sectes formulent des

objections sur ce qu’ils ne possèdent pas ni ne comprennent. De nombreux détracteurs sont, de plus,

confus par le fait que les actes extérieurs comme marcher sur des charbons [ardents] ou voler dans les

airs ne sont pas nécessairement qualifiés en tant que prodige (karama) mais peuvent être accomplis par

des non Musulmans comme les yogis ou autres. Selon les termes de Sahl at-Tustarî (ndT : un des Soufis

des trois premiers siècles et un maître incontesté dans cette science, qu’Allâh l’agrée) : « Les futilités

sont données aux enfants. » tandis que le plus grand des prodiges est de pratiquer et d’inculquer la

droiture de jour comme de nuit. Ad-Dabbâgh (qu’Allâh l’agrée) a dit que ce dernier est lié au monde

supérieur lumineux (al-`alam al-`ulwî an-nurânî) et déconnecté du monde inférieur, le monde ténébreux

(al-`alâm as-suflî adh-dhalâmî) où les tours matériel peuvent arriver des deux façons (ndT : c’est-à-dire

que les prodiges extérieurs dans le monde inférieur, comme marcher sur l’eau ou manipuler des

serpents peuvent être produits par des musulmans ou des non musulmans, tandis que ce n’est pas le

cas pour les grands prodiges comme la droiture permanente. Wa-Llahu a`lâm.) Et Allâh sait mieux. (

Hâjj Gibril

GF Haddad

2002-01-05 »

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85

Cette réponse (qu’Allâh récompense son auteur) permet de faire la transition vers un autre sujet que

nous allons développer, les prodiges et les dons des Saints (Awliyâ). Qu’Allâh nous compte pour toujours

parmi leurs partisans. Allâhumma âmîn.

Sources et compléments :

Avis de savants des 4 écoles sur la Hadrah :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=2053

Hadrah en vidéo :

http://www.dailymotion.com/relevance...rahma_politics

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=20040

Sur l’origine des « danses mystiques » des Soufis :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=15093

Discussion sur les derviches tourneurs :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=17192

La Hadra Soufie : avis juridique :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=19812

Rifa`i knife-piercing feats :

http://mac.abc.se/home/onesr/f/Rifa%...ng%20feats.htm

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86

A propos des miracles et des prodiges

Certains Cheikhs soufis disparaissent parfois des regards de leurs disciples ; mais ceci est le fait du Satan

qui les amène peut être à des endroits lointains et les ramène le même jour pour les tromper.

Il est étonnant de vouloir toujours ainsi attribuer les prodiges des Soufis ou leurs connaissances

spirituelles à satan le maudit alors que des évènements comme les déplacements instanées sont

mentionnés dans le Qur-ân, dans un épisode mettant en scène notre maître Sulaymân (paix sur lui) :

« Il dit : "Ô notables ! Qui de vous m'apportera son trône avant qu'ils ne viennent à moi soumi.s" Un

djinn redoutable dit : "Je te l'apporterai avant que tu ne te lèves de ta place : pour cela.Je suis fort et

digne de confiance". Quelqu'un qui avait une connaissance du Livre dit : "Je te l'apporterai avant que tu

n'aies cligné de l'oeil". Quand ensuite, Salomon a vu le trône installé auprès de lui, il dit : "Cela est de la

grâce de mon Seigneur, pour éprouver si je suis reconnaissant ou si je suis ingrat. Quiconque est

reconnaissant, c'est dans son propre intérêt qu'il le fait, et quiconque est ingrat… Alors mon Seigneur Se

suffit à Lui-même et Il est Généreux." » (27 : 38-40)

Selon notre maître al-Qurtûbî (qu’Allâh lui fasse miséricorde), la majorité des commentateurs

(mufassirîn) sont d’avis qu’il s’agissait d’un proche de notre maître Sulaymân (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) qui avant connaissance du Nom le plus Sublime d’Allâh (Ismu-Llâhi a`dhâm). On a dit

ailleurs que le nom de cet homme est Âsif ibn Barkhiya. Wa-Llâhu a`lâm.

« Il arrive qu’un homme vêtu de haillons et repoussé de toutes les portes, n’ait qu’à adjurer Allâh pour

qu’Il l’exauce. » (Rapporté par Muslim. Hadîth authentique.)

« Il est des serviteurs d’Allâh qui n’ont qu’à adjurer Allâh pour qu’Il les exauce. » (Rapporté par al-

Bukhârî. Hadîth authentique.)

Comment Allâh ta`âla pourrait priver à un tel serviteur de traverser des distances en peu de temps, de

multiplier la nourriture, de la faire apparaître ou d’autres prodiges alors qu’Il est tout Puissant et Celui

qui exauce les demandes des créatures ? Nous allons citer plus loin des exemples de tels prodiges inchâ

Allâh.

Notre maître, l’Imâm at-Tahâwî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit dans son ouvrage de Croyance (al-

`Aqîdah at-Tahâwiyyah) :

« 99- Nous croyons aux prodiges produits par les saints, ainsi qu'à ce qui est rapporté avec authenticité à

leur sujet. »

Fin de citation.

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87

La croyance aux prodiges des Saints (Awliyâ) est un point de dogme obligatoire dans la doctrine des

Gens de la Sunnah et du Groupe (Ahlu-s-Sunnah wa-l-Jamâ`ah) : la bonne croyance (al-`âqidatu-s-

sahîhah). Les seuls à s’y opposer sont parmi les gens de l’innovation tels que les mu`tazilites, les

wahhabites et ceux qui leur ressemblent. Les premiers réfutent carrément l’existence des miracles

tandis que les seconds l’acceptent de manière théorique mais dès lors qu’on leur rapporte les prodiges

des Saints, ils les réfutent, émettent des objections ou les attribuent à satan le maudit ou bien à l’usage

de la sorcellerie (qu’Allâh nous en préserve.) Comme on l’a noté plus haut, ils s’opposent à ce qu’ils ne

possèdent pas, et c’est une caractéristoques des jaloux, et à ce qu’ils ne comprennent pas. Comme on a

dit :

« On est souvent l’ennemi de ce que l’on ignore. »

Nous allons donc citer les propos du maître, l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde)

concernant le sujet dans son ouvrage Bustân al-`Arifîn, puis rapporter quelques récits de prodiges pour

qu’Allâh ta`âla nous fasse profiter de la bénédiction qu’Il a accordée à Ses pieux serviteurs.

« Allâh (subhânahu wa ta`âla) a dit :

N’est-il pas vrai que les protégés d’Allâh (awliyâ-u-Llâh) ne connaissent ni la peur ni l’affliction ? Et ceux

qui ont eu la foi se sont prémunis, la bonne nouvelle est annoncée dans la vie de ce monde et dans

l’Ultime Demeure. Les décisions d’Allâh sont irréversibles, telle est la réussite sublime (10 : 62-64).

Sache que la doctrine des adeptes de la vérité stipule l’affirmation de l’existence des prodiges (karâmât)

des Saints et soutient qu’ils existent, qu’ils sont réels et qu’ils continuent à toutes les époques. Ceci est

attesté par les preuves de la raison et les textes scripturaires tout à fait clairs à ce sujet. S’agissant des

preuves de la raison, c’est quelque chose qui peut exister et dont l’existence ne contredit aucun

fondement de la religion. Il convient donc de demander à Allâh (subhânauhu wa ta`âla) de pouvoir de le

réaliser. Or ce qui est en Sa puissance peut se réaliser et s’accomplir. Quant aux textes scripturaires, il

exsite plusieurs versets et Hadîths qui l’attestent.

S’agissant des versets coraniques, il y a la Parole divine dans le récit relatif à Maryâm (que la paix soit sur

elle) : Secoue vers toi le tronc de ce palmier afin d’en faire tomber sur toi des dattes mûres. (19 :25) A ce

sujet, l’Imâm Abû-l-Ma`ali al-Juwaynî (qu’Allâh lui fasse miséricorde), surnommé Imâm al-Harâmayn

(ndT : L’Imâm des Deux Lieux Saints) a dit comme l’affirment unanimement les savants, que Maryâm

n’était pas une prophétesse mais qu’elle était une Sainte et une Juste comme Allâh (subhânahu wa

ta`âla) l’a indiqué.

Il y a aussi la Parole divine qui dit : Chaque fois que Zakariya pénétrait chez elle dans l’oratoire, il y

trouvait des vivres : Ô Maryâm ! D’où te cela te vient-il ? Lui demandait-il. Elle répondit : Cela vient

d’Allâh. (3 :37)

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Il y a également l’histoire du compagnon de Sulaymân (paix sur lui) qui a dit : C’est moi qui te

l’apporterai avant même que tu n’aies cligné de l’œil (27 : 40) Pourtant les savants disent qu’il n’était

pas prophète.

Il en va de même des preuves tirées par l’Imâm al-Harâmayn al-Juwaynî de l’histoire de la mère de Mûsâ

(paix sur lui).Il en est ainsi également des preuves tirées par Abû-l-Qasîm al-Qushayrî de l’histoire de

Dhû-l-Qarnayn.

De même al-Qushayrî et d’autres savants ont invoqué comme preuve en ce sens l’histoire d’al-Khidr

avec Mûsâ (paix sur eux) en disant qu’al-Khidr n’était pas un prophète mais un Saint. Mais cela contredit

la position de la majorité des savants qui estiment qu’il était un prophète. On a dit ailleurs, qu’al-Khidr

était un prophète envoyé mais on a dit aussi qu’il était un Saint et même un roi. Du reste, j’ai longuemet

expliqué ces divergences dans mes deux ouvrages intitulés : Tahdhîb al-Asmâ wa-l-Lughâh et Sharh al-

Muhadhdhab.

C’est le cas aussi de l’histoire des gens de la caverne avec ses faits extraordinaires et ses prodiges. Or

l’Imâm al-Harâmayn et d’autres savants disent que ces gens sont considérés comme des non prophètes.

S’agissant des Hadîths sur les prodiges, ils sont bien nombreux. Ainsi, il y a le Hadîth que rapporte Anâs

ibn Mâlik sur les deux hommes parmi les compagnons du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) qui

sont sorti de chez le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) au cours d’une nuit sombre en ayant deux

lumières semblables à deux lampes qui leur éclairait le chemin. Lorsqu’ils se sont quittés pour se rendre

chacun à sa maison ils furent, chacun d’eux, suivis par l’une de ces deux lumières jusque chez lui. Ce

Hadîth est recensé par al-Bukhârî dans la partie sur la Prière de son Recueil. »

Fin de citation.

Al-Khidr (paix sur lui) n’est autre que le personnage auquel notre maître Mûsâ tient compagnie dans la

sourate la Caverne (al-Kahf) et décrit ainsi :

« Ils trouvèrent l'un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous

avions enseigné une science émanant de Nous. » (18 : 65)

Pour plus de détails sur ce récit, on pourra lire l’épisode dans la sourate en question.

L’Imâm continue en citant d’autres récits authentiques dont celui déjà rapporté dans un chapitre

précédent concernant les connaissances spirituelles :

« Il y a aussi le Hadîth que rapporte Abû Hurayrah (qu’Allâh l’agrée) où le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) a dit : Il y a parmi les nations qui nous ont devancées des Muhaddithûn (ceux qui annoncent

des nouvelles réelles) et s’il y en a un dans ma communauté, c’est bien `Umar. Il est dit dans une autre

version : Il y avait parmi les fils d’Israël des hommes qui annonçaient des choses sans qu’ils soient pour

autant des Prophètes. » Fin de citation.

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89

Concernant ce texte, rappelon ce que l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) explique dans

son Sharh Muslim (Commentaire de Muslim) :

« Les savants ont divergé sur [l’expression] ‘à qui on parle’. Ibn Wahb a dit que cela signifie ‘inspirés’

(mulhamûn). On a aussi dit : ‘ceux qui sont sur la vérité, et lorsqu’ils donnent une opinion, c’est comme

si on leur avait parlé et ensuite ils ont donné leur avis.’ On a aussi dit ‘les anges leur parlent’. Al-Bukhârî

a dit : ‘la vérité sort de leur bouche.’ Il y a dans ce Hadîth une confirmation des prodiges des Saints

(karamâtu-l-Awliyâ). »

Fin de citation.

Comment après cela peut-on dire que les Soufis ont un « accès direct à satan mais pas à Allâh » et dire

qu’ils sont vicitimes d’inspirations sataniques alors que l’on compte parmi eux les plus grands savants et

les plus pieux de notre Communauté ? Qu’Allâh nous préserve d’une telle mauvaise opinion et de la

jalousie à l’égard des bienfaits qu’Il donne à qui Il veut. Allâhumma âmîn.

Il y a encore, dans l’ouvrage d’an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) d’autres récits que nous ne

reproduisons pas pour ne pas être long. Il cite enfin un dernier prodige :

« Il y a également le Hadîth célèbre dans le Sahîh d’al-Bukhârî et dans d’autres Recueils à propos de

l’histoire de Khabib al-Ansarî (qu’Allâh l’agrée), le Compagnon de l’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) et ce que dit à son sujet Khawla bint al-Harîth qui affirme ceci : Par Allâh, je n’ai jamais vu un

homme meilleur que Khabib, je l’ai trouvé un jour en train de manger une grappe de raisin dans sa main

alors qu’il était enchaîné dans le fer et qu’il n’y avait pas de fruits à cette époque à la Mecque, où il était

emprisonné !Elle disait aussi à son sujet : Ce sont des subsistances de la part d’Allâh qu’il a accordé à

Khabib.

Cela dit, les Hadîths ainsi que les Traditions et les dires des anciens pieux et ceux des générations

suivantes à ce sujet sont trop nombreux pour être recensés ici exhaustivement. Contentons-nous de ce

que nous avons indiqué. »

Fin de citation.

Il n’est donc pas valable de limiter ses prodiges aux seuls premières générations de Musulmans comme

en témogne ces dernières paroles. Wa-Llâhu a`lâm.

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Mu`jizât et Karâmât ou la différence entre le miracle du Prophète et le

prodige du Saint

Toujours dans le même ouvrage, l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh l’agrée) nous éclaire sur la différence

entre les miracles (mu`jizât) et les prodiges (karâmât) en citant le maître al-Juwaynî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde), après avoir cité les diverses opinions sur le sujet :

« Quant à la différence entre le miracle et le prodige, dit-il, ils ne diffèrent, quant à la possibilité pour la

raison, que par le fait que le miracle apparaît selon la prétention d’assumer la Prophétie et que le

prodige arrive sans qu’on prétende à la Prophétie. L’Imâm Abû al-Ma` alî (ndT : al-Juwaynî) ajoute qu’à

l’occasion de la naissance de l’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) il y eut des signes qu’aucun

homme appartenant à l’Islâm ne peut nier et ceci est arrivé avant l’avènement de la prophétie et de la

mission. Or le miracle ne précède pas la prétention à la Prophétie, donc c’est un prodige. »

Fin de citation.

Ensuite, il nous éclaire sur la différence entre la magie et le prodige :

« Puis l’Imâm Abû al-Ma`alî ajoute avec d’autres savants que la magie n’apparaît que chez le libertin et

que cela ne relève pas des exigences de la raison mais il est exclu (ndT : basé sur, extrait) du consensus

de la communauté. Ensuite, dit-il, le prodige qui n’apparaît pas chez le libertin qui manifeste son

libertinage n‘atteste nullement la Sainteté car si le prodige confirme la Sainteté ceux qui l’assument

deviennent rassurés contre les mauvaises conséquences. Or cela est exclu pour celui qui prétend dans

ces conditions incarner la Sainteté. Voilà ce que dit l’Imâm al-Harâmayn Abû al-Ma`alî al-Juwaynî

(qu’Allâh lui fasse miséricorde). »

Fin de citation.

Ce paroles sont en parfait accord avec les enseignements des maîtres Soufis qui interdisent à leurs

disciples de se fier aux prodiges afin de ne pas se sentir à l’abri de la Ruse d’Allâh ta`âla. D’ailleurs, dans

ce même chapitre, l’Imâm an-Nawawî rapporte une parole de l’Imâm al-Qushayrî (qu’Allâh leur fasse

miséricorde) à ce propos :

« Sache que le saint ne se fie pas au prodige et n’y prête pas attention. »

Fin de citation.

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L’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) continue ainsi concernant les prodiges :

« Pour sa part, le maître Abû-l-Qasîm al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit dans sa Risâlah

(Epître) que l’apparition des prodiges constitue un signe de véracité des états spirituels de celui chez qui

ils apparaissent car chez celui qui n’est pas véridique, l’apparition de tels faits extraordinaires est

inconcevable. Et il faut que le prodige soit un fait sortant de l’ordinaire, en assumant les obligations

légales et qu’il se manifeste chez celui qui incarne la sainteté pour confirmer ses états spirituels. »

Plus loin l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) nous explique que le saint peut savoir qu’il

est un saint en tant que prodige et apporte d’autres explications concernant le rôle de ce dernier,

toujours en citant le maître al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

« Par ailleurs, les gens de la vérité ont divergé à propos de la question : est-il concevable que le Saint

puisse savoir ou non qu’il est un saint ? Pour l’Imâm Abû Bakr ibn Fawrak, il ne peut le savoir parce que

cela le prive de la crainte révérencielle et lui donne de l’assurance. En revanche, selon le maître Abû `Alî

ad-Daqqâq cela est possible et c’est ce que nous admettons et préférons. Mais ce n’est pas une

nécessité chez tous les Saints, de sorte que chaque Saint sache nécessairement qu’il est un saint. Donc il

est concevable que certains d’entre eux le sachent et que d’autres l’ignorent. Et si l’un d’entre eux sait

qu’il est un Saint, cette connaissance constitue chez lui un prodige qui lui est propre. Or un prodige

particulier ne doit pas être le même chez tous les Saints. Nous dirons même que si un Saint reste dans ce

bas monde dépourvu de prodige manifeste, cela ne nie pas sa Sainteté contrairement aux Prophètes qui

doivent avoir nécessairement des miracles, parce que le Prophète est envoyé aux créatures. Or les gens

ont besoin de croire en lui et on ne peut le reconnaître que grâce au miracle. Et ceci constitue tout à fait

le contraire du Saint, parce que ce dernier ne s’impose pas aux créatures. De même que le Saint n’est

pas tenu de savoir qu’il est un Saint. Voilà (ndT : comme exemple) les Dix Compagnons qui ont cru à la

parole de l’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) lorsqu’il leur a dit qu’ils font partie des

habitants du Paradis. Quant à celui qui affirme qu’il est inconcevable que le Saint puisse savoir qu’il est

un Saint parce que cela fait sortir le Saint de la crainte, il n’y pas de mal à ce qu’ils ne redoutent pas les

changements d’issue, d’autant plus qu’ils ressentent dans leurs cœurs comme une crainte révérencielle,

révérence et respect pour Allâh (subhânahu wa ta`âla) qui dépasse de beaucoup la crainte ordinaire. »

Fin de citation

Parmi ce qui appuie cet avis : à savoir qu’il n’y a pas de mal à ce que le Saint sache qu’il est un Saint et

que cela est possible et n’implique pas forcément de se sentir à l’abri, la parole du maître al-Hâjj Mâlik

Sy (qu’Allâh l’agrée) dans son Kifayat ar-Râghîbin, (la Suffisance du bon Croyant) en s’adressant à de faux

maîtres qui promettaient le Paradis à quiconque satisfaisait leur besoin personnel :

« Si les Dix Compagnons auxquels le Paradis est incontestablement assuré, selon une tradition

authentique tenue du Dépositaire de la Révélation (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), au lieu de se

contenter de cela pour ne plus adorer le Seigneur, ont plutôt redoublé d’efforts en matière d’adoration

et de crainte d’Allâh, le privilégié devant avoir beaucoup plus d’appréhension d’être déchu que le non

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privilégié, comment pourrait alors abandonner la dévotion celui qui n’a reçu la promesse d’entrer au

Paradis que d’un annonciateur de bonnes nouvelles intéressé et incertain ou d’un audacieux se croyant

à l’abri de la riposte imprévisible d’Allâh (makr Allâh) ? Et l’on n’ignore pas les conséquences de se croire

à l’abri de cette riposte, car dans le Qur-ân, Allâh (qu’Il soit exalté) a dit : Seuls ceux qui courent à leur

perte se croient à l’abri de la riposte imprévisible d’Allâh. »

Fin de citation.

De même, il y a la parole du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) concernant les Gens de Badr

(qu’Allâh les agrée) : « Peut-être qu’Allâh a regardé les cœurs des guerrier de Badr puis à dit : Faites ce

que vous voulez, vous êtes pardonnés !» (Rapporté par al-Bukhârî et Muslim)

Il fait partie de la bonne croyance de croire que les gens de Badr sont parmi les meilleurs de cette

Ummah al-Muhammadiyyah comme en témoigne notre maître Ibrâhîm al-Laqqanî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) dans son poême al-Jawharât at-Tawhîd (le Diamant de l’Unicité) :

« 75. Les Compagnons du Prophète sont la meilleure génération donc écoute ! Ensuite ceux qui ont suivi

ceux qui ont suivi.

76. Les meilleurs compagnons sont les Califes et leur rang suit l’ordre de leur Califat.

77. Et ensuite après les Quatre Califes viennent les autres parmi ceux à qui le Paradis est promis par le

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam).

78. Après eux viennent les gens de Badr, puis ceux qui ont assisté à la Bataille de Uhûd, puis ceux

présents au pacte de Ridwân. »

Fin de citation.

Chez les hommes pieux, l’annonce de la bonne nouvelle ne fait qu’augmenter la reconnaissance envers

Allâh ta`âla. Ils suivent en cela les pas de notre maître, Sayyidinâ Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) lorsque notre Mère `A-îshah (qu’Allâh l’agrée ainsi que son père) interrogea un jour le Prophète

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), alors que celui-ci avait prié au point de fendre ses nobles pieds, sur la

raison de telles efforts alors qu’Allâh lui a pardonné ses péchés passés et futurs. Il (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) répondit : « Ne serais-je pas un serviteur reconnaissant ? » (Rapporté par al-Bukhârî et

Muslim)

En effet comme l’indique le Qur-ân :

« En vérité Nous t'avons accordé une victoire éclatante, afin qu'Allah te pardonne tes péchés, passés et

futurs, qu'Il parachève sur toi Son bienfait et te guide sur une voie droite. » (48, 1-2)

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93

Notons que le pardon dont il est question dans ce verset est une grâce et un honneur d’Allâh envers le

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et non relatif à une quelconque faute de sa part. Wa-Llâhu

a`lâm.

Ainsi les hommes pieux suivent les pas du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) en ne se laissant pas

distraire par les bonnes nouvelles. Ils adorent Allâh ta`âla pour Sa Face et parce qu’Il est le Dieu digne

d’adoration, ne recherchant ainsi que Sa Satisfaction et Son Amour conformément au Hadîth :

« Le bas-monde est illicite pour les gens de l’Au-delà ; l’Au-delà est illicite pour les gens du bas-monde ;

et les deux sont illicites pour les gens d’Allâh.» (Rapporté par ad-Daylamî. Hadîth valide, hasan)

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94

Le lien entre le miracle et le prodige et ce qu’il est possible de réaliser

« … Les Savants sont les Héritiers des Prophètes… » (Rapporté par Abû Dâwûd et at-Tirmidhî)

Parmi ce que les Savants d’une Ummah hérite d’un Prophète, il y a les prodiges et ceux-ci font partie des

miracles des Prophètes. C’est ce qu’explique l’Imâm an-Nawawî dans les propos qui suivent, toujours

basés sur les paroles d’al-Qushayrî (qu’Allâh leur fasse miséricorde) :

« Al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit également :

Comment peut-il être concevable qu’on puisse manifester des prodiges qui se rajoutent aux miracles

des Messagers ? Nous dirons que ce prodige est rattaché aux miracles notre Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) parce que tout homme qui n’est pas sincère dans sa foi de musulman, les prodiges

sont exclus. En somme pour chaque Prophète en faveur duquel un prodige est apparu à travers l’un des

membres de sa communauté, ce prodige relève de ses propres miracles, car si ce Prophète n’était pas

véridique, le miracle qu’est le prodige du membre de sa communauté, n’apparaîtrait pas chez ce

dernier. »

Fin de citation.

En effet, tout charisme qui apparaît chez un Saint (Walî) n’est que par la bénédiction du Prophète (sallâ-

Llâhu `alayhi wa-sallam). Telle est la doctrine des Gens de la Sunnah (Ahl as-Sunnah) dont les Soufis font

partie.

Dans le passage qui suit on peut lire :

« Al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit aussi : Ces prodiges peuvent apparaître sous forme de

l’exaucement d’une invocation ou d’une nourriture à des moments de disette sans cause apparente ou

l’obtention d’eau à des momens de grande soif ou la facilité à couvrir une certaine distance en un temps

record ou la délivrance des mains de l’ennemi, l’écoute d’un discours venant d’une voix invisible et ainsi

de suite parmi les faits qui sortent de l’ordinaire. Il dit également qu’on sait d’une manière certaine

aujourd’hui, que beaucoup parmi les choses prédestinées ne peuvent être violées par égard pour les

Saints, comme le fait de naître sans parents ou la transformation d’un objet inerte en un animal vivant.

Et les exemples sont nombreux en ce domaine. »

Fin de citation.

Note importante :

Les soufis croient à la possibilité de voir Allah ici-bas, mais le Coran les a démentis lorsqu’il dit au nom de

Moise : « Et lorsque Moïse vint à Notre rendez-vous et que son Seigneur lui eut parlé, il dit: "mon

Seigneur, montre Toi à moi pour que je Te voie!" Il dit: "Tu ne Me verras pas; mais regarde le Mont: s' il

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tient en sa place, alors tu Me verras." Mais lorsque son Seigneur Se manifesta au Mont, Il le pulvérisa, et

Moïse s' effondra foudroyé. Lorsqu' il se fut remis, il dit: "Gloire à Toi! Ô Toi je me repens; et je suis le

premier des croyants". » ( Coran 7 : 143)

Concernant la possibilité de la Vison d’Allâh ta`âla dans cette vie en guise de prodige, l’Imâm an-Nawawî

(qu’Allâh lui fasse miséricorde) s’exprime ainsi :

« Al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit encore : Si on demande est-ce qu’il est possible de voir

Allâh subhânahu wa ta`âla avec les yeux, maintenant, dans ce bas monde, grâce au prodige ? Nous

dirons que la position la plus solide c’est que cela est impossible en raison du consensus à ce sujet. Il

ajoute : J’ai entendu l’Imâm Abû Bakr Ibn Fawrâk rapporter d’Abû-l-Hasan al-Ash`arî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) a adopté deux positions à ce sujet. Nous (an-Nawawî) disons pour notre par que certains

estiment que le consensus c’est que la vision d’Allâh subhânahu wa ta`âla ne se réalise pas pour les

Saints dans ce bas-monde non pas en raison de son impossibilité, car elle est possible rationnellement

pour les gens de la vérité. D’ailleurs les Compagnons et ceux des générations suivantes ont divergé à

propos de la vision par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) de son Seigneur au cours de la nuit de

son ascension. Mais la plupart ou la majorité considèrent qu’il L’a vu et c’est ce que stipule Ibn `Abbâs

(qu’Allâh agrée le père et le fils). Il faut dire que j’ai longuement traité ce thème au début de mon

commentaire du Sahîh Muslim. »

Fin de citation.

Telle est la doctrine des Gens de la Sunnah : la Vision d’Allâh subhânahu wa ta`âla est possible

rationnellement pour un homme vivant, mais elle ne s’est réalisée, d’après certains, que pour le

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) qui est le seul être à pouvoir supporter cette vision. Les versets

cités par le détracteur sont une preuve contre son avis car notre maître Mûsâ (paix sur lui) a demandé :

« Ô mon Seigneur ! Montre-toi à moi afin que je te voie ! » Or un Prophète sait nécessairement ce qui

est impossible du point de vue de la croyance alors comment aurait-il pu demander l’impossible ?

Ce qui appuie ses propos sont les paroles de notre maître, le noble Qadî `Iyâd (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) dans son Kitâb ash-Shifâ (Le Livre de la Guérison) :

« Ibn Ishâq, lui rapporte, que `Umar (qu’Allâh l’agrée) l’a envoyé auprès d’Ibn `Abbâs (qu’Allâh agrée le

père et le fils) pour l’interroger en ces termes : Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a-t-il vu son

Seigneur ? Et il répondit : Oui.

En effet la position la plus notoire rapportée sur Ibn `Abbâs (qu’Allâh agrée le père et le fils) est qu’il

soutient que le Prophète (sallâ-Llâhu`alayhi wa-sallam) a vu Son Seigneur avec ses yeux. Il dit : Allâh

(subhânahu wa ta`âla) a réservé à Mûsâ la Parole, à Ibrâhîm l’Amitié et à Muhammad la vision (sallâ-

Llâhu `alayhim wa-sallam). Il invoque comme argument le verset : Le cœur n’a pas inventé ce qu’il a vu.

Allez-vous donc élever des doutes sur ce qu’il voit ? Il L’a vu, en vérité, une autre fois (53 : 11-13) Al-

Mawardî fait la même remarque quant à Mûsâ et Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhim wa-sallam). Ainsi,

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dit-il, Muhammad l’a vu deux fois et Mûsâ lui a parlé deux fois (sallâ-Llâhu `alayhim wa-sallam). C’est

une tradition que rapporte Abû-l-Fath ar-Razî et Abû-l-Layth as-Samarqandî d’après Ka`b al-Ahbar

(qu’Allâh l’agrée). »

Fin de citation.

Il est aussi rapporté les divergences à ce sujet en mentionnant que d’autres disent qu’il (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) ne l’a pas vu en sa basant sur une parole de notre mère `Â-îshah (qu’Allâh l’agrée), et

d’autres disent qu’il (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) l’a vu avec son cœur comme c’est le cas de grands

Salâf comme nos maître `Atâ, Ahmad ibn Hanbal et beaucoup d’autres. Ainsi la majorité est d’avis que

notre maître Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a vu Son Seigneur, la divergence ne concerne

que la modalité, à savoir si c’est avec les yeux ou le cœur. Wa-Llâhu a`lâm.

Notre maître `Iyâd (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte ensuite la doctrine de l’Imâm Abû-l-Hasan al-

Ash`ârî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) sur cette question :

« Mais la position de Abû-l-Hasan `Alî ibn Ismâ`îl al-Ash`arî et de tout un groupe parmi ses disciples est

claire : ils soutiennent qu’il a vu Allâh ta`âla avec son regard et ses yeux.

Al-Ash`arî a dit : Notre Prophète a reçu chacun des signes donnés aux autres prophètes (sallâ-Llâhu

`alayhim wa-sallam). Et il a reçu en plus la vision comme privilège distinctif par rapport à eux. »

Fin de citation.

La maître, al-Qadî `Iyâd affirme ensuite la position à adopter sur la possibilité d’une telle vision :

« La vérité qui ne supporte aucun doute, c’est que la vision d’Allâh ta`âla est tout à fait concevable et

rien ne l’interdit rationnellement. On en trouve une preuve dans l’attitude de Mûsâ (paix sur lui) qui

l’avait demandée. Or, il est impossible qu’un Prophète ignore ce qui est permis (ndT : ou possible) avec

Allâh et ce qui ne l’est pas. En effet, il n’a demandé que ce qui est possible sans être interdit (ndT : ou

impossible). Mais la concrétisation de cette demande et la possibilité relève des mystères que seul

connaît celui qui a été initié par Allâh. Voilà pourquoi Allâh ta`âla lui a dit tu ne Me verras pas (7 : 143),

c’est-à-dire tu ne peux pas supporter Ma vue. Puis Il S’est manifesté à la montagne qui, cependant plus

forte et plus solide que lui fut réduit en poussière. »

Fin de citation.

Il rapporte ensuite les arguments en faveur de cet avis, à savoir que la vision est possible, que nous ne

reproduirons pas pour ne pas trop s’attarder sur la question. Nous renvoyons au livre en question au

chapitre concerné.

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Notons aussi qu’aucun parmi les Soufis n’a prétendu avoir eu accès à cette Vision ou encore à la Parole

comme notre maître Muhammad et notre maître Mûsâ (sallâ-Llâhu `alayhim wa-sallam). Qu’Allâh les

agrée tous. Allâhumma âmîn.

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Ce qui caractérise le Saint (Walî) en dehors du prodige

Toujours en citant l’Imâm al-Qushayrî, l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh leur fasse miséricorde) nous éclaire

sur les caractéristiques du Saint (Walî) :

« Al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit encore :

Qu’est-ce qui domine chez le Saint dans ses moments de sobriété et de lucidité ? Nous dirons que c’est

sa sincérité dans l’accomplissement des Droits d’Allâh subhânahu wa ta`âla puis sa bonté et sa

bienveillance envers les créatures dans tous ses états, puis le déploiement de Sa miséricorde pour

toutes les créatures puis le fait de les supporter avec bonté, puis le fait de prendre l’initiative d’implorer

Allâh subhânauhu wa ta`âla de leur accorder des faveurs, sans qu’ils le lui demandent eux-mêmes, puis

le fait de prendre garde à sentir qu’il a des droits sur eux tout en s’abstenant de toucher à leurs biens,

de les convoiter, de retenir sa langue pour ne pas leur nuire, de fermer les yeux sur leurs défauts et de

ne pas être pour eux un adversaire ni dans ce bas monde ni dans la vie future. Ceci veut dire à mon (ndT

: an-Nawawî) sens qu’il abandonne les droits dans ce bas monde pour qu’il ne les leur réclame pas dans

cette vie d’ici-bas, de manière à ce qu’il ne lui reste rien chez eux qu’il leur réclamera dans la vie future.

Allâh (subhânahu wa ta`âla) a dit :

Et faire preuve de constance et d’indulgence témoigne de votre force de caractère. (42 : 43)

Il a également dit :

Ceux qui contiennent leur colère et qui se montrent indulgent envers les gens. Allâh aime les êtres

vertueux. (3 :134) »

Fin de citation

Toujours sur le même sujet, ce qui caractérise le Saint (Walî), l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) rapporte ce qu’on a déjà dit plus haut :

« Al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dit aussi : Sache que le plus grand prodige qui arrive aux

Saints, c’est de réussir en permanence l’obéissance et d’être préservés des péchés et des fautes. Je dis

pour ma part (ndT : an-Nawawî) que les fautes englobent ce qui n’est pas proprement une

désobéissance comme ce qu’on désapprouve par esprit de purification ou comme l’abandon des plaisirs

qu’on recommande de délaisser. »

Fin de citation.

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Ainsi, la préservation (hifdh) est un prodige qui peut être accordé au Saint, si bien qu’il est préservé des

péchés et des fautes. Elle diffère de l’infaillibilié (isma`) des Prophètes car elle est acquise et non innée

et peu ne pas être permanente. Wa-Llâhu a`lâm.

Ce qui précède est en accord avec l’enseignement des maîtres Soufis (qu’Allâh nous fasse bénéficier de

leur bénédiction) qui disent :

« La droiture vaut mieux que mille prodiges. »

Nous rejoignons donc l’auteur de la fatwâ lorsqu’il dit :

En conséquence, la règle est que nous ne mesurons pas le poids des personnes en rapport aux prodiges

qu’ils accomplissent, mais par rapport à leur attachement ou leur éloignement des enseignements du

Coran et de la Sunna. Les véritables saints ne sont pas forcément ceux qui accomplissent des prodiges,

mais ce sont ceux qui adorent Allah conformément à ses lois et non en faisant recours à l’hérésie, ceux

qu’Allah a évoqué dans le hadith qudsî suivant rapporté par Boukhari dans « le Sahih 5/2384 » d’après

Abu Hourayrata et où le Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) dit : ( Allah a dit : je déclare la

guerre à tous ceux qui se montrent hostiles à un saint et qu’un serviteur ne peut se rapprocher de moi

par une voie meilleure que celle que j’ai tracée. Le serviteur ne cesse de m’adorer jusqu’à ce que je

l’aime, et lorsque je fini par l’aimer, je deviens l’oreille par laquelle il entend, l’œil par lequel il voit, le

bras par lequel il agit et la jambe par laquelle il marche ; exauce ses prières et l’accueille lorsqu’il

cherche refuge auprès de moi ». Allah seul est garant du succès et conduit vers le droit chemin.

Mentionnons maintenant quelques prodiges de Saints afin de profiter de cette bénédiction accordée la

Communauté du Prophète Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) la noble Ummah al-

Muhammadiyyah. Qu’Allâh nous compte toujours dans ses rangs. Allâhumma âmîn.

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Quelques prodiges de Saints de notre Communauté (qu’Allâh les

agrée)

L’Imâm al Nawawî qu’Allâh l’agrée, dans son Bustân al `ârifîn ainsi que l’érudit Ibn Qudâma al Maqdisî

dans son Kitâb ar-Riqqa wa-l Bukâ rapportent l’anecdote suivante à propos du Tabi`î (Suivant : membre

de la seconde génération après les Compagnons, qu’Allâh les agrée) Abû Muslim al-Khawlânî (qu’Allâh

l’agrée) :

« De même qu’al Hâfidh rapporte d’après Sharhabil Ibn Muslim que lorsque al-Aswad Ibn Qays al-`Anassî

l’imposteur, prétendit au Yémen qu’il était prophète, il envoya chercher Abû Muslim al Khawlânî.

Lorsque ce dernier arriva auprès de lui il lui dit : ‘Témoigne que je suis l’envoyé d’Allâh’. Abû Muslim

répondit : ‘je n’ai pas entendu’. Il lui dit encore : ‘Témoigne que Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa

sallam) est l’Envoyé d’Allâh’. A ces mots Abû Muslim dit : ‘oui’. Al Aswad lui répéta la même question

mais la réponse d’Abû Muslim fut toujours la même.

Alors al-Aswad al `Anassî ordonna qu’on allume un grand feu dans lequel on jeta Abû Muslim mais ce

feu ne lui fit rien. Les gens de son entourage ont dit à al-Aswad al`Anassî : ‘Bannis-le sinon il risque de

corrompre ceux qui sont autour de toi !’ Al-Aswad al `Anassî lui ordonna alors de partir.

Abû Muslim arriva à Médine au moment de la mort de l’Envoyé d’Allâh (sallallâhu `alayhi wa sallam) et

au début du Califat d’Abû Bakr (qu’Allâh l’agrée), Abû Muslim fit baraquer sa monture devant la porte

de la grande Mosquée où il entra prier près de l’une de ses colonnes. En le voyant, `Umar ibn al Khattab

(qu’Allâh l’agrée) alla vers lui et demanda ‘qui es tu ?’ Abû Muslim répondit : ‘Je suis originaire du

Yémen.’ `Umar (qu’Allâh l’agrée) lui demanda : ‘Serais-tu l’homme que l’imposteur avait fait brûler dans

le feu ?’ Abû Muslim répondit ‘Cet homme s’appelle `Abdullâh ibn Thawb ». `Umar (qu’Allâh l’agrée) lui

dit : ‘Je t’implore au Nom d’Allâh, es-tu cet homme ?’ Abû Muslim répondit : ‘oui’. `Umar (qu’Allâh

l’agrée) l’embrassa et pleura longuement puis il le reprit par la main et l’installa entre lui et Abû Bakr

(qu’Allâh les agrée). Ensuite `Umar (qu’Allâh l’agrée) dit : ‘Louange à Allâh, qui ne m’a pas fait mourir

avant de m’avoir fait voir parmi la communauté de Muhammad (sallallâhu `alayhi wa sallam) un homme

qu’on a traité comme on a traité l’Ami du Miséricordieux (al Khalîl ar-Rahmân), Ibrâhîm (sur lui la paix.)’

»

Fin de citation du Bustân al `ârifîn.

C’est à cette histoire qu’à faire référence le Shaykh Yûsuf ar-Rifâ`î plus haut et est rapporté par plusieurs

autres autorités. Wa-Llâhu a`lâm.

Le savant Ibn al-Jawzî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte dans le chapitre consacré aux prodiges de

notre maître Ma`rûf al-Karkhî, un ascète parmi les Pieux Prédécesseurs (qu’Allâh les agrée) l’anecdote

suivante (parmi d’autres récits extraordinaires) :

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« De son côté Abû Mansûr `Abdu-r-Rahmân ibn Muhammad al-Qazzâz nous a rapporté d’après une

chaîne de plusieurs transmetteurs qui remonte jusqu’à Muhammad ibn Mansûr :

Je suis allé un jour voir Ma`rûf al-Karkhî puis je suis revenu le lendemain chez lui et j’ai vu les traces

d’une bosse sur son visage. Mais je n’ai pu l’interroger à ce sujet par respect pour lui. Toutefois, il y avait

ce jour-là chez lui un homme plus audacieux que moi. Il lui demanda : Nous étions hier chez toi en

compagnie de Muhammad ibn Mansûr et nous n’avons pas remarqué cela sur ton visage ! Ma`rûf lui dit

: Adore ce qui peut être profitable pour toi. L’homme lui dit : Je te le demande au Nom d’Allâh ! Ma`rûf

demanda alors pardon à Allâh puis il dit : Qu’as-tu, pourquoi as-tu besoin de cela ? Je me suis rendu hier

soir dans la Maison Sacrée d’Allâh puis je suis allé à la source de Zamzam pour boire de son eau mais

mon pied a glissé et mon visage a heurté la porte. Voilà la cause de ce que tu vois. »

Notons que notre maître Ma`rûf al-Karkhî (qu’Allâh l’agrée) vivait à Baghdâd. Ce récit fait référence à un

déplacement miraculeux qui lui aurait permis d’aller aux Lieux Saints en une nuit. Wa-Llâhu a`lâm.

Le savant Ibn al-Qayyîm al-Jawziyyah, référence chez les détracteurs du Soufisme, rapporte dans son

ouvrage Kitâb ar-Rûh (le Livre de l’Esprit) les propos suivants de la part d’un certain `Alî ibn abî Tâlib al-

Qayrawanî al-`Abar (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

« Il y avait chez nous un homme appelé Abû Muhammad `Abdu-Llâh al-Baghanshî, qui était un homme

pieux et réputé pour sa vision des morts, en rêve, et ses entretiens avec eux, en les interrogeant aux

sujet de différentes choses. On venait chez lui et lui racontait qu’un tel est mort sans faire un leg et

possédant une fortune sans avoir indiqué sa place. Il lui promettait d’invoquer Allâh la nuit. Il voyait le

mort en rêve qui lui racontait tout au sujet de cet argent. »

Fin de citation.

Puis il a rapporté plusieurs récits où l’homme en question met à profit ce don pour aider des gens.

Notre maître al-Hâjj Mâlik Sy (qu’Allâh l’agrée) rapporte dans al-Kifayat ar-Râghibîn :

« Le maître Zarrûq dans le commentaire d’al-Waghlîsiyya, a dit : L’Imâm Ahmad ibn Hanbal (qu’Allâh

l’agrée) a rapporté : ‘J’ai vu le Souverain Absolu en songe, à qui j’ai demandé : Quelle action rapproche

le mieux de Toi ? – (Par la lecture de) Ma Parole, répondit-Il. Qu’elle soit comprise ou non ? Ai-je

répondu – Qu’elle soit ou non comprise, ajouta-t-Il’. »

Fin de citation

L’un des prodiges les plus précieux consistent à voir, à l’état de veille, les Prophètes et les hommes pieux

décédés ou invisibles à la plupart des gens. Ce qui fonde cette possibilité dans la Sunnah est que notre

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a lui-même vu d’autres Prophètes et a conversé avec eux

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notamment durant la nuit de son Ascension (Mir`âj). Les récits sont assez nombreux, connus et

authentiques pour ne pas être rapportés ici.

L’Imâm, al-Hujjâtu-l-Islâm (la Preuve de l’Islâm), Abû Hamîd al-Ghazâlî (qu’Allâh l’agrée) dit dans son

autobiographie al-Munqîdh min ad-Dalâl :

« Dès le début de la voie, se succèdent les dévoilements (mukâshafât) et les visions (mushâhadât) au

point qu'en état de veille, les Soufis voient les Anges et les Esprits des Prophètes; ils entendent leurs voix

et tirent profit de leur présence. »

Fin de citation.

Ces profits sont souvent des sciences, des invocations, des litanies, des conseils … etc. Wa-Llâhu a`lâm.

Les Savants rapportent ainsi de nombreux récits de Pieux qui ont vu à l’état de veille des Prophètes ou

des personnages comme al-Khidr (que la paix soit sur eux). Cela est un héritage du Prophète

Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) qui a lui-même vu les Prophètes lors de son ascension

nocturne. Nous reviendrons plus tard sur les preuves qui fondent la croyance en la vie spirituelles des

Prophètes et des pieux après leur départ de la vie terrestre inchâ Allâh.

Notre maître, al-Hâfîdh as-Sakhâwî, disciple du grand Hâfîdh Ibn Hajâr al-`Asqalânî rapporte dans sa

biographie de l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh leur fasse miséricorde) intitulée Tarjîmat Shaykh al-Islâm

Qutb al-Awliyâ Abî Zakariyya an-Nawawî :

« Il est connu qu’il (l’Imâm an-Nawawî) rencontrait régulièrement al-Khidr et discutait avec lui parmi

bien d’autres dévoilement (mukashafât). »

Fin de citation.

Le maître Ibn `Abd al-Hakam, disciple de l’Imâm Mâlik et savants parmi les Pieux prédécesseurs (qu’Allâh

les agrée tous), rapporte dans sa biographie de notre maître, le Calife `Umar ibn `Abd al-`Azîz (qu’Allâh

l’agrée) :

« `Umar sortit seul, une nuit, sur sa monture et Muzâhim le suivit. Celui-ci vit `Umar qui l’avait précédé

et laissé en retrait, faire son chemin en compagnie d’un homme. Ce dernier, seul avec lui, avait posé sa

main sur l’épaule de `Umar, et Muzâhim se dit alors : Qui est cet homme ? Il semble lui être familier.

Muzâhim poursuivit : Je me suis mis alors à activer ma monture pour le rejoindre, mais arrivé jusqu’à lui,

il était seul et je ne voyais personne d’autre avec lui. Je lui dis : J’ai vu un homme avec toi, il y a peu. Il

avait sa main sur ton épaule et faisait son chemin avec toi. Je me dis alors : Qui est cet homme ? Il

semble lui être très familier. Je vous ai donc rejoins, mais je n’ai vu personne d’autre que toi !

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- L’as-tu bien vu Muzâhim ? dit `Umar.

- Oui !

- Je pense que tu es un homme vertueux. Cet homme, ô Muzâhim, c’est al-Khidr. Il m’a appris que je

serai investi du Khalîfah et que je serai assisté en cela. »

Fin de citation.

Notre maître, l’Imâm al-Qushayrî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dans Sa Risâlah (Epître) rapporte dans

la biographie de notre maître Ibrâhîm ibn Adham, l’un des Soufis parmi les Pieux Prédécesseurs

(qu’Allâh les agrée) :

« Un jour qu’il était dans le désert, il rencontra un homme qui lui appris le Grand Nom d’Allâh (ndT :

Ismu-Llâh al-a`dhâm). Lorsque l’homme le quitta, il s’adressa à Allâh par ce Nom et vit al-Khidr qui lui dit

: Mon frère, [le Prophète] Dâwûd vient juste de t’apprendre le Grand Nom d’Allâh. »

Fin de citation.

Parmi les dons les plus précieux et les plus prodigieux, la vision du Prophète Muhammad (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) à l’état de veille et non en rêve. On rapporte qu’elle a eu lieu pour de nombreux

Saints de la Ummah (qu’Allâh les agrée).

« Quiconque me voit en rêve, me verra à l'état de veille et satan ne peut pas prendre mon apparence. »

(Rapporté par al-Bukhârî, Muslim et Abû Dâwûd. Hadîth authentique.)

L’Imâm as-Suyûtî (qu’Allâh l’agrée) dit dans son ouvrage Nuzûl `Îsâ fî âkhiri-z-zamân (La déscente de `Isâ

à la fin des Temps) :

« Beaucoup de maîtres des sciences de la Loi religieuse s’accordent à considérer que le prodige dont

bénéficie le Saint consiste, entre autre, à voir le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), à le rencontrer

à l’état d’éveil, à recevoir de lui la part qui lui est allouée en matière de connaissance spirituelle et de

dons. Parmi les chefs de l’école Shâfi`ite qui l’ont prôné, il y a l’Imâm al-Ghazâlî, Sharafu-d-Dîn al-Barîzî,

Tâj ad-Dîn as-Subkî et al-`Afifiî al-Yafi`î. Parmi les chefs de l’école Mâlikite, il y a al-Qurtûbî, Ibn Abî

Hamza et Ibn al-Hâjj dans son Madkhâl.

On rapporte qu’un Saint a assisté à une séance tenue par un Faqih, au cours de laquelle ce dernier a cité

un Hadîth. Le saint lui dit : ce Hadîth est faux. Le Faqih lui demanda : Comment le sais-tu ? Le Saint lui dit

: ce Hadîth est faux. Le Faqih lui demanda : Comment le sais-tu ? Le Saint répondit : Voici le Prophète

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) debout auprès de toi et qui dit : Je n’ai jamais dit ce Hadîth. Ensuite le

Saint le dévoila au Faqih et il put le voir. »

Fin de citation.

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104

On a posé au maître, le Muftî de la Mecque de son époque Ibn Hajâr al-Haytamî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) la question suivante : Est-il possible de voir le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) à

l’état de veille à notre époque ? Il donna la réponse suivante consignée dans son ourvage al-Fatâwa al-

Hadîthiyyah :

« Oui, c’est possible. Cela est considéré en tant que prodiges des Saints (karâmât al-Awliyâ) par al-

Ghazâlî, al-Barîzî, at-Tâj as-Subkî, et al-Yafi`î parmi les Shafi`ites et par al-Qurtûbî et Ibn Abî Jamra parmi

les Mâlikites. Il est rapporté que l’un des Saints était assis dans l’assemblée d’un juriste (faqih) tandis

que ce dernier rapportait un Hadîth, sur ce le walî dit : Ce Hadîth est faux ! Le juriste demanda :

Comment le sais-tu ? Le walî répondit : Il y a le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) à tes côtés et il

dit : je n’ai jamais dit ça. Lorsqu’il lui dit ça, le voie sur la vision du juriste fût retiré et il pu voir le

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). »

Fin de citation.

Notre maître, le Shaykh al-Hâjj `Umar ibn Sa`îd al-Fûtî Tall (qu’Allâh l’agrée), grand Saint et combattant

de la foi en Afrique de l’Ouest, rapporte l’anecdote suivante dans son ouvrage Rimâh al-Hizb ar-Rahîm

`alâ-n-nuhûr al-hizb ar-rajîm (les Lances du Parti du Très Misércordieux sur les nuques des membres du

parti du maudit) :

« Un jour, j’ai vu le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) alors que j’étais en train de prêcher les gens

et des les appeler à Allâh tantôt avec encouragement tantôt avec intimidation. Il (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) était présent et silencieux jusqu’à ce que je dise : Le Feu viendra en direction de l’Ouest et alors

les gens seront entrainés vers le Lieu de l’Assemblée (ndT : au Jour de la Résurrection). Le Prophète

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) dit alors : J’ai gardé le silence depuis le début de ton discours jusque là car

tout ce que tu disais était vrai. J’ai ensuite voulu l’interroger à ce sujet mais la révérence m’a empêché

de le faire, je me suis donc abstenu. »

Fin de citation.

Notre maître le savant Azharî, Ibn `Atâ Allâh al-Iskandarî qu’Allâh l’agrée rapporte dans Latâ-if al Minan

concernant le maître Sîdî Abû-l-`Abbâs al-Mursî (qu’Allâh l’agrée) :

« Le Shaykh (ndT : Sîdî Abu-l-`Abbâs al Mursî) affirma également : Par Allâh ! Si le Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) m’était caché un seul instant, je ne me compterais plus parmi les musulmans. »

Fin de citation.

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105

Citons aussi l’avis de l’ancien président du comité de la Fatwâ d’al-Azhar, Shaykh `Atiyyah Saqr (qu’Allâh

lui fasse miséricorde), afin de ne pas faire passer cet avis pour une « doctrine soufie ». A la question :

Peut-on voir le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) à l’état de veille ? Il a répondu :

« Al-Bukhârî et Muslim et d’autres compilateurs de Hadîth on rapporté que le Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) a dit : Quiconque me voit en rêve, me verra à l’état de veille et satan ne peut pas

prendre ma forme.

Ce Hadîth indique clairement que le Musulman peut voir le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam)

alors qu’il est éveillé.

L’Imâm as-Suyûtî rapporte qu’il a vu le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) en étant éveillé. De

nombreux savants dignes de confiance ont rapporté la même chose.

Ayant examiné les divers narrations sur la possibilité de voir le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam),

je suis parvenu aux conclusions suivantes :

1. Il est possible de voir le Prophète Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) en rêve, de même que

l’on peut rêver d’une personne que l’on aime.

2. Quiconque voit le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) en rêve, le verra en étant éveillé ; ceci en

conformité avec la promesse faite dans le Hadîth. Les savants Musulmans, cependant, ont divergé sur le

fait que cette promesse se réalise dans cette vie ou dans la Vie Future.

3. Il n’y a aucune preuve textuelle qui va à l’encontre de [la possibilité] de voir le Prophète lorsque l’on

est éveillé. En principe, cela est possible de le voir en vision ou sous sa forme réelle.

4. De nombreuses histoires relatent que le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a été vu par de

nombreuses personnes. Cependant, la majorité de ces récits ont de chaînes de narrateurs faibles. Par

conséquent, s’il y a des gens qui ne croient pas en de telles histoires, il ne faut pas en penser du mal ou

les accuser de mécréance. Voir le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) n’est pas un artcile de la foi

dont dépent la croyance ou la mécréance d’une personne.

5. Celui qui déclare avoir vu le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) doit être une personne de

confiance, fiable, saine d’esprit et remplissant les conditions pour être témoin.

6. Quiconque déclare avoir vu le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) ne doit pas utiliser cela pour

réaliser des objectifs personnel ou l’exploiter à des fins qui contredisent les bases de la Religion. »

Fin de citation.

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106

On rapporte aussi ce prodige de maîtres comme Sayyîdî Abû-l-Hasan `Alî ash-Shâdhilî, Shaykh `Abd al-

`Azîz ad-Dabbâgh ou plus récemment le maître, Sayyîdî Abû-l-`Abbâs Ahmad at-Tijânî ainsi que

beaucoup d’autres, qu’Allâh les agrée.

Note importante : Certains objectent à ce qui précède en demandant comment les Saints de la

Communauté pouvaient avoir de tels dons (notamment la vision du Prophète sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam à l’état de veille) alors que les Compagnons étaient plus élevés qu’eux sans avoir obtenu de tels

prodiges (qu’Allâh les agrée tous) ?

La réponse à cette objection est qu’il ne faut pas confondre la particularité et la supériorité. On peut

citer comme preuves les propos suivants du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) :

« Le premier qui sera vêtu le Jour Dernier ce sera Ibrâhîm. » (Rapporté par al-Bukhârî)

Al-Hafîdh Ibn Hajâr al `Asqalanî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) commente ainsi ce Hadîth dans al-Fath

al-Barî :

« Cette particularité qui lui est désignée n’implique point qu’il soit supérieur à notre Prophète

Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam) car Le Bienfaiteur a voulu le particulariser par quelque chose

pour lui mais n’impliquant point sa supériorité absolue. »

Fin de citation.

Et les musulmans sont unanimes à dire que le Prophète (salla-Llâhu `alayhi wa-sallam) est la meilleure

des créatures.

On peut citer d’autres preuves comme le récit d’Abû Muslim (qu’Allâh l’agrée) un peu plus haut, il a

bénéficié d’un prodige identique au miracle que notre maître Ibrâhîm (paix sur lui) sans pour autant être

supérieur aux Compagnons (qu’Allâh les agrée). Les exemples sont nombreux.

Gardons à l’esprit qu’il n’y a pas de grâce plus grande auprès d’Allâh que d’avoir vécu avec le Prophète

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), l’avoir soutenu, aidé et participé au triomphe de la Religion. Aucune

grâce n’est supérieure à cela, mais Allâh est Détenteur de Trésors infinis, et c’est de ce Trésor

inépuisable qu’ont puisé les Saints des générations suivantes. Qu’Allâh agrée pour toujours les nobles

Compagnons et les Saints de cette Communauté.

Qu’Allâh nous fasse bénéficier de Ses bienfaits. Allâhumma âmîn.

Sources et compléments :

Biographie de l’Imâm al-Ghazâlî (qu’Allâh l’agrée) :

http://www.islamophile.org/spip/L-Im...l-Ghazali.html

Page 107: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

107

Biographie d’al-Qadî `Iyâd (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

http://www.islamophile.org/spip/Al-Qadi-Iyad.html

Biographie de l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

http://www.islamophile.org/spip/L-Imam-An-Nawawi.html

Biographie de l’Imâm as-Suyûtî (qu’Allâh l’agrée) :

http://www.islamophile.org/spip/L-Im...cherche=suyuti

Biographie du Shaykh `Atiyyah Saqr (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

http://www.islamophile.org/spip/Shei...yyah-Saqr.html

Fatwâ du Shaykh `Atiyyah Saqr (qu’Allâh lui fasse miséricorde) sur la vision du Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) :

http://www.islamonline.net/servlet/S...=1119503544206

A propos de la connaissance de l’invisible (Anglais) :

http://www.sunnah.org/publication/en...tml/unseen.htm

80 Hadîths sur la connaissance de l’invisible du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) :

http://www.sunnah.org/sources/hadith...tKnowledge.htm

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108

La visite des tombes et la recherche de bénédiction

Les soufis visitent les tombes pour gagner les bénédictions de ceux qui s’y trouvent, pour tourner au

tour ou pour leur faire des sacrifices, en violation des propos du Prophète (bénédiction et salut soient

sur lui) lorsqu’il dit « ne rendez visite qu’à trois mosquées, la Mosquée sacrée, ma mosquée et celle d’Al-

Aqsâ ». (rapporté par Boukhari et Mouslime).

« Je vous avais interdit de visiter les tombeaux. Dorénavent faîtes-le, car cela permet de se détacher du

monde et constitue un rappel de l’Au-delà. » (Ibn Mâjah. Hadîth validé, hasan)

Il y a ici, chez le détracteur, une nette confusion entre la visite des tombes et celle des mosquées. La

visite des tombes est recommandée par la Sunnah comme le prouve le texte cité. On trouve, en outre,

de nombreuses incitations à cette pratique et des invocations à faire en cette circonstance.

D’après notre Mère `Â-ishâh (qu’Allâh l’agrée), le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) se rendait à la

fin de la nuit au cimetière de Baqî` en disant aux morts : Que la paix soit sur vous, demeure du peuple

des croyants. Ce qui vous a été promis vous est advenu en son temps, et nous allons, si Allâh le veut,

vous rejoindre. Ô Allâh ! Pardonne aux gens du Baqî` al-Gharqâd. (Rapporté par Muslim, Hadîth

authentique)

Toujours selon elle (qu’Allâh l’agrée) : « Je demandais : que dois-je dire, ô Envoyé d’Allâh [lors de la

visite aux cimetières]? Il me répondit : Dis : Que la paix soit sur les habitants de ces demeures, ceux

d’entre eux qui sont croyants et musulmans. Qu’Allâh fasse miséricorde aux premiers et aux derniers

d’entre vous. Nous allons, si Allâh le veut, vous rejoindre. » (Rapporté par Muslim, Hadîth authentique)

Nous nous limiterons à ces preuves pour ne pas être long. L’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh l’agrée) ajoute à

la fin du chapitre dédié au sujet dans l’ouvrage Kitâb al-Adhkâr (le Livre des Evocations) :

« Il est recommandé au visiteur de réciter du Coran et de faire des litanies (dhikr) et des invocations en

faveur des habitants du cimetière, ainsi qu'en faveur des autres morts et de l'ensemble des musulmans.

Il convient également de faire des visites fréquentes aux cimetières, et de rester auprès des tombes des

gens de bien et de vertu. Mais Allâh est le plus Savant. »

Fin de citation.

Notre maître, Le Shaykh Habîb Zayn ibn Sumayt a répondu ainsi aux interrogations sur le sujet :

« Quel est le statut juridique de la visite des tombes des Prophètes, des Pieux et des autres ?

Réponse : Visiter leur tombe ainsi qu’entreprendre un voyage dans ce but est recommandé et un acte

qui rapproche [d’Allâh]. Les savants, qu’Allâh leur fasse miséricorde, on dit qu’au début de l’Islâm, la

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visite des tombes était interdite puis que cela a été abrogé à la fois par les paroles et les actions du

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam).

Quelle est la preuve de cette permission ?

Réponse : La preuve est le récit authentique extrait du recueil de Muslim dans lequel il est rapporté qu’il

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit : ‘Je vous avais interdit de visiter les tombes, maintenant visitez-les’

Et dans la version d’al-Bayhaqî : ‘Je vous avais interdit de visiter les tombes, mais maintenant visitez-les

car cela adoucit le cœur, pousse les yeux à pleurer et rappelle la vie future.’ `Â-ishah (qu’Allâh soit

satisfait d’elle) a dit que le Messager d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) avait l’habitude de sortir la

nuit pour aller au cimetière et dire : Que la paix soient sur vous, demeures de croyants. Vous allez

bientôt recevoir ce qui vous a été promis, et si Allâh le veut, nous allons vous rejoindre. Ô Allâh !

Pardonne aux gens de Baqî` al-Gharqad. Cela a été rapporté par Muslim.

Quel est le statut de la visite des tombes par les femmes ?

Réponse : Les savants, qu’Allâh leur fasse miséricorde), ont mentionné que la visite des tombes est

Sunna pour les hommes et déconseillée (makrûh) pour les femmes sauf lorsqu’il est question de

recherche de bénédiction comme la visite des Prophètes, des saints et des savants. Dans un tel cas, cela

est recommandée pour elles comme pour les hommes. Certains ont dit qu’il est strictement permis (ndT

: sans restriction) pour les femmes de visiter les tombes en raison du Hadîth rapporté par al-Bukhârî et

Muslim disant qu’il (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a vu, un jour, une femme pleurer auprès de la tombe

de son fils. Il lui ordonna d’être patiente et ne l’a pas empêché. Muslim rapporte qu’il (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) a enseigné à `Â-ishâh (qu’Allâh l’agrée) l’invocation après sa demande : ‘Que dois-je leur dire

?’ Il (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) répondit : ‘Dis : que la paix soit sur vous, ô gens de la demeure des

croyants et des Musulmans. Qu’Allâh vous fasse miséricorde à ceux d’entre nous qui nous on précédés

et ceux qui ne sont pas encore partis. Si Allâh veut, nous allons bientôt vous rejoindre.’

Quel est le sens de la parole du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) : ‘Qu’Allâh maudisse les femmes

qui visitent fréquemment les tombes’ ?

Réponse : Les savants ont interprété ce Hadîth en disant qu’il fait référence aux femmes qui visitent les

tombes pour pleurer et se lamenter comme c’était la coutume. Une telle visite est interdite

contrairement à la visite qui ne comporte pas de telles choses.

Quel est le sens de la parole du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) : ‘N’entreprenez aucun voyage si

ce n’est vers trois Mosquées…’ ?

Réponse : Les gens de science ont dit que ce Hadîth signifie que l’on ne doit pas entreprendre de voyage

vers une Mosquée pour sa vertu propre si ce n’est les trois Mosquées (ndT : La Mecque, Médine et

Jérusalem) dans lesquelles le mérite de la prière est multipliée. Si ce n’était pas le sens du Hadîth, cela

signifierait qu’on ne peut entreprendre un voyage vers `Arâfat ou Minâ, ou pour visiter ses parents et

ses proches, ou pour rechercher la science, ou pour le commerce, ou pour mener une campagne de

Jihâd et aucun parmi les Musulmans n’affirme une telle chose. » Fin de citation.

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Ces dernières paroles réfutent ceux qui affirment que voyager dans la but de visiter la noble tombe du

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) est interdit à cause de ce Hadîth.

Note importante : Certains ont exagéré au point de s’attaquer à la pratique qui consiste à voyager pour

rendre visite à la tombe du noble Messager (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Cette pratique compte

pourtant parmi les meilleurs actes d’adoration et est une Sunnah qui fait l’objet du Consensus de la

Communauté.

Notre maître al-Qadî `Iyâd (qu’Allâh lui fasse misécorde) a dit dans son Kitâb ash-Shifâ :

« La visite de la tombe du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) est une Sunnah qui fait l’unanimité

des musulmans et une vertu vivement recommandée, comme le rapporte Ibn `Umar (qu’Allâh agrée le

père et le fils). En effet, al-Qâdî Abû `Alî nous a rapporté, d’après une chaîne de transmetteurs qui

remonte jusqu’à Ibn `Umar que le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit:

‘A celui qui visite ma tombe, mon intercession lui est acquise.’

Anas Ibn Mâlik rapporte de son côté que l’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit:

‘Celui qui me rend visite à Médine en ne recherchant que la récompense, sera à mes côtés et je serai son

intercesseur au Jour de la Résurrection.’

Il a dit dans un autre Hadîth:

‘Celui qui me rend visite après ma mort, c’est comme s’il m’avait visité de mon vivant.’»

Fin de citation.

Notre maître an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit dans son Livre des Evocations (Kitâb al-

Adhkâr) :

« Sache, que toute personne ayant accompli le pèlerinage se doit de rendre une visite à l'Envoyé d'Allâh

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) même si Médine n'est pas située sur son chemin de retour. La visite du

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) est en effet l'un des meilleurs moyens de se rapprocher d'Allâh,

l'une des quêtes les plus profitables et le meilleur objectif que l'on puisse se fixer. »

Fin de citation.

Ajoutons que l’Imâm Mâlik (qu’Allâh l’agrée) n’aimait pas que l’on parle de visiter la noble Mosquée de

Médine ou la noble tombe mais plutôt de ‘visiter le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam)’ comme

nous l’apprend le maître `Iyâd (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dans l’ouvrage cité plus haut :

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« Cela dit, l’imâm Mâlik n’aime pas qu’on dise: Nous avons visité la tombe du Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam). On a divergé sur la signification de cette attitude. On l’a expliqué par la répugnance

qu’inspire le nom ‘visiteur’, conformément à la parole du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) : ‘Allâh

maudit les visiteurs des tombes’. Mais ceci est réfuté par son autre parole: ‘On vous a interdit la visite

des tombes. Mais maintenant visitez-les’ et par son expression: ‘Celui qui visite ma tombe…’ et il a

formulé expressément le terme de ziyarât (visite). De plus, on a rapporté dans le Hadîth sur les habitants

du Paradis qu’ils rendront visite à leur Seigneur. Ainsi, l’application de ce terme de ‘visite’ n’est pas

interdite.

Abû ‘Imrân dit ceci: L’Imâm Mâlik déteste seulement que l’on dise: tawâf az-ziyarât (jour de la visite)

lorsqu’on visite la tombe du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) parce que les gens utilisent ces

expressions entre eux dans l’échange des visites. Aussi, il déteste que le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) soit placé sur le même plan que les gens en utilisant ce terme. Il préfère lui réserver une

expression particulière en disant: Nous avons salué le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam).

En plus, la visite est quelque chose qui est simplement permis entre les gens, tandis que le fait de se

rendre à sa tombe relève de la recommandation et de l’incitation, même s’il ne n’agit pas d’une

obligation.

A mon avis cette répugnance de Mâlik s’explique par le fait qu’il n’aime pas entendre les termes ‘visite’

et ‘tombe du Prophète’. Autrement dit, si le visiteur dit: ‘J’ai visité le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam)’, cela lui semble acceptable. »

Fin de citation.

Toujours selon le même ouvrage, il est recommandé, en cette circonstance, de se tourner vers la tombe

du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et non vers la Qibla :

« Mâlik dit, d’après la version que rapporte Ibn Wahb, lorsque le fidèle salue le Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam), et fait son invocation, qu’il se mette debout en ayant la face tournée vers l’auguste

tombe et non pas vers la qibla. Qu’il se rapproche et salue, sans toucher la tombe de sa main.»

Fin de citation.

Mentionnons enfin que les savants divergent sur la question du mérite entre la Mecque et Médine.

Certains affirment que l’endroit le plus béni de ce monde est la parcelle de terre où se trouve le Bien

Aimé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) car il est la meilleure de toute la création. Wa-Llâhu a`lâm.

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112

Des récitations et autres actes d’adoration donnés aux morts

Plus loin le Shaykh nous éclaire sur certaines pratiques effectuées lors des visites des tombes des

Prophètes (que la paix soit sur eux) et des Pieux (qu’Allâh les agrée) :

« Quel est le statut de la récitation du Qur-ân auprès des tombes et d’en donner la récompense au mort

?

Réponse : Sachez que la récitation du Qur-ân des Musulmans et leur attestation de l’Unicité Divine sur

leur mort est [un acte] véridique et correct et leur récompense atteint le mort d’après le consensus des

savants de l’Islâm. Ceci car après leur récitation et leurs attestations de foi, ils disent : Ô Allâh ! Permets

que la récompense de ce que nous avons récité parvienne à un tel et un tel… Le seul désaccord est

lorsqu’il n’y a pas une telle invocation. L’opinion populaire (ndT : mashhûr) de l’école de l’Imâm ash-

Shâfi`î est que cette récompense n’atteint pas le mort. D’autre part, les savants Shâfi`ites tardifs ont

adopté le point de vue des trois autres écoles [à savoir] que les récompenses d’une telle récitation et

évocation atteint le mort. C’est en accord avec cela que les gens ont agi et ce qui est bon au regard des

musulmans est bon au regard d’Allâh. Notre maître et Imâm, la Preuve et le Pôle, `Abdu-Llâh b. `Alawî

al-Haddâd, qu’Allâh nous fasse bénéficier de lui, a dit :

La chose la plus bénie et bénéfique que l’on puisse offrir aux morts est la récitation du Qur-ân en leur

donnant la récompense. Ce fût la pratique des Musulmans à travers les époques et les régions. C’est le

point de vue de la majorité des savants et des pieux qu’il s’agisse des prédécesseurs (ndT : des

premières époques, as-salâf) ou de leurs successeurs (ndT : des dernières époques, al-khalâf).

C’est ce qu’il a dit dans son livre Sabîl al-Adhkâr.

Quelle est la preuve de la permission de réciter le Qur-ân sur les morts ?

Réponse: La preuve de cela est ce qui est rapporté par Ahmad, Abû Dâwûd et Ibn Mâjah d’après Ma`qal

ibn Yassâr : ‘Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit : Lisez la sourate Yâ Sîn sur vos morts.’ Les

savants ont dit que ce Hadîth n’est pas restreint et qu’il inclut la récitation à la fois avant la mort et

après. Al-Jabarânî et al-Bayhaqî (dans Shi`ab al-Îmân) on rapporté une tradition élevée (marfu`) depuis

Ibn `Umar (qu’Allâh les agrée) qui a dit : ‘Lorsque l’un d’entre vous meurt, ne tardez pas et hâtez sa mise

en terre, et récitez le début de la sourate al-Baqarha près de sa tête et la fin près de ses pieds.’ Cela fût

mentionné par l’Imâm as-Suyûtî dans Jama` al-Jawâmi. Dans Kitâb ar-Rûh, Ibn al-Qayyîm rapporte ce qui

soutient que la récitation auprès des tombes est recommandée [après leur mort]. Parmi cela, le fait

qu’Ibn `Umar a recommandé à d’autres de lire sourate al-Baqarah à sa tombe. Aussil, le fait que lorsque

l’un des Ansâr mourrait, on allait à sa tombe et on y récitait le Qur-ân. Les savants ont dit qu’il était

permis à une personne de donner la récompense de ses propres œuvres à une autre qu’il s’agisse de

prières, de récitations ou autres. Cela est prouvé par la narration mentionnée par Ad-Darâqutnî où un

homme a dit : Ô Messager d’Allâh ! J’ai deux parents que j’ai bien traités durant ma vie : comment puis-

je faire de même après leur mort ? Le Messager d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a répondu : ‘Il fait

partie de la bonté de prier pour lorsque tu pries et de jeûner pour eux lorsque tu jeûnes.’ » Fin de

citation.

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113

Ce qui est rapporté est souteni par ce que dit notre maître an-Nawawî (qu’Allâh l’agrée) dans son Livre

des Evocations (Kitâb al-Adhkâr) :

« Les savants sont unanimes pour dire que les invocations en faveur des morts leur sont profitables et

que le mérite de ces invocations leur revient. Ils en veulent pour preuve cette parole d’Allâh qu'Il soit

exalté :

Ceux qui sont venus après eux en disant : Seigneur pardonne-nous ainsi qu'à nos frères qui nous ont

précédés dans la foi. (59 : 10)

Ainsi que d'autres versets et Hadîths connus qui vont dans le même sens, telle que cette parole du

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) : ‘Ô Allâh, pardonne aux gens de Baqî` al-Gharqâd’ou cette

autre parole : ‘Ô Allâh, pardonne à nos vivants ainsi qu'à nos morts.’

Les savants divergent par contre sur le fait de savoir si la rétribution de la récitation du Coran parvient

au mort ou non ? En effet, selon le groupe majoritaire de l'école shafi`ite, cette rétribution ne lui

parvient pas, alors que selon les autres, qui rejoignent en cela l'Imâm Ahmad b. Hanbal (qu’Allâh le

couvre de sa miséricorde) et d'autres savants, le mort reçoit cette rétribution.

Aussi la solution choisie consiste à dire à la fin de la récitation faite en faveur du mort : ‘Ô Allâh, fait

parvenir la rétribution de cette lecture.’ Mais Allâh est le plus Savant. Il est également recommandé de

faire l'éloge du mort et de rappeler ces bienfaits. »

Fin de citation.

Parmi les preuves qui fondent cette pratique, le Hadîth authentique suivant :

« Le Messager d'Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) est passé devant deux tombes et a dit : Ces deux

hommes sont tourmentés pour des actes futiles. Mais non, rétorqua-t-il, L'un d'eux ne se purifiait pas de

son urine, l'autre s'adonnait à la calomnie. Puis, il a pris une branche verte, l'a coupée en deux et sur

chaque tombe a mis une partie en disant : j'espère que cette branche allégera leur souffrance tant

qu'elle restera verte » (Hadîth reconnu unanimement authentique.)

Fin de citation.

Notre maître l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) donne l’explication suivante dans son

Commentaire du Sahîh Muslim (Sharh Muslim) :

« A partir de ce Hadith, les savants ont jugé qu'il est recommandé de réciter le Qur-ân sur les tombes,

car si la glorification rendue par la palme verte peut alléger le supplice, la lecture du Qur-ân est à fortiori

mieux placée pour réaliser cet objectif et Allâh sait mieux. » Fin de citation.

Page 114: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

114

La glorification de la palme fait référence au verset suivant :

« Les sept cieux et la terre et ceux qui s'y trouvent, célèbrent Sa gloire. Et il n'existe rien qui ne célèbre

Sa gloire et Ses louanges. Mais vous ne comprenez pas leur façon de Le glorifier. Certes c'est Lui qui est

Indulgent et Pardonneur. » (17, 44)

Wa-Llâhu a`lâm.

On cite souvent pour réfuter la pratique de donner la récompense des récitations coraniques ou

d’autres bonnes œuvres aux morts le verset suivant :

« ..et en vérité, l’homme n’obtient que les fruits de ses efforts » (53 : 39)

Notre maître al-Habîb Zayn as-Sumayt nous donne l’explication de ce noble verset :

« Quelle est la signification de la Parole d’Allâh : ‘Et l’homme n’obtient que ce pour quoi il a œuvré.’ Et la

parole du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) : ‘Lorsque le fils d’Âdam meurt, toutes ses œuvres

cessent.’ ?

Réponse : Dans Kitâb ar-Rûh, Ibn al-Qayyîm a dit : le Qur-ân ne nie pas que l’homme puisse bénéficier

des efforts d’un autre mais il informe plutôt une telle personne qu’il ne possède rien en dehors de ce

pour quoi il a œuvré. En ce qui concerne [le fruit] des efforts des autres, il est en leur possession : s’ils le

souhaitent, ils peuvent le donner à d’autres ou les garder pour eux-mêmes. Il (subhânahu wa ta`âla) n’a

pas dit qu’une telle personne ne peut bénéficier que de ses propres efforts. Le Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) a dit [dans un Hadîth] que les œuvres [du fils d’Âdam] cessent, et non que le bénéfice

cesse. Il (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a seulement informé de l’arrêt des œuvres de [l’homme]. En ce

qui concerne les œuvres des autres, elles leur appartiennent ; s’ils les lui offrent, la récompense des

actes l’atteindra et non la récompense de ses œuvres à lui. Ce qui cesse est une chose et ce qui lui

parvient en est une autre. Comprends-le bien. Les savants de l’interprétation du Qur-ân ont mentionné

d’après Ibn `Abbâs (qu’Allâh agrée le père et le fils) que la règle extraite des Paroles d’Allâh : ‘Et

l’homme n’aura rien en dehors de ce pour quoi il a œuvré’ est abrogé dans la Loi Sacrée (Sharî`a) par ‘Et

ceux qui ont cru et dont leur déscendance les ont suivi dans la foi : nous mettrons ces derniers avec eux.’

Ce verset indique donc qu’Il (subhânahu wa ta`âla) fera entrer l’enfant au Paradis à cause de la droiture

de ses parents. `Ikrima (qu’Allâh l’agrée) a dit que cela (ndT : de ne profiter que de ses propres oeuvres)

était réservé au peuple de Mûsâ et Ibrâhîm (que la paix soit sur eux) et qu’en ce qui concerne cette

communauté, ils auront [la récompense] de leurs œuvres et de celles accomplies par d’autres comme

cela est rapporté : une femme ayant enterré son fils a dit : ‘Ô Messager d’Allâh ! Cet enfant a-t-il un

Pèlerinage (Hâjj)?’ Il (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) répondit : ‘Oui et pour toi sera la récompense.’

Quelqu’un lui demanda : ‘Ma mère est morte sera-t-elle récompensée si je donne l’aumône de sa part ?’

Il répondit : ‘Oui’. Et Allâh sait mieux. » Fin de citation.

Page 115: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

115

Questions diverses en dehors de ce qui a déjà été traité

Notre maître al-Habîb Zayn as-Sumayt répond ainsi aux diverses questions tournant autour de la visite

des morts :

« Quel est le statut juridique du fait d’embrasser les tombes et de s’y frotter ?

Réponse : D’après la majorité des savants, le jugement est que cela est seulement déconseillé. D’autres

ont dit que cela était permis dans le but d’en tirer de la bénédiction, personne n’a dit que cela était

interdit.

Quel est la preuve de la permission ?

Réponse : Il est prouvé par le Loi que cela est permis parce qu’il n’y a rien qui l’interdit, ni de preuve qui

établisse sont interdiction. Il a été rapporté que lorsque Bilâl (qu’Allâh l’agrée) visita l’Elu (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam), il a commencé à pleurer et frotter ses joues contre la noble tombe. Il est aussi

rapporté que Ibn `Umar (qu’Allâh l’agrée) plaçait sa main droite sur la tombe. Cela est mentionné par al-

Khatîb Ibn Jamâ. Il est établi que l’Imâm Ahmad, qu’Allâh lui fasse miséricorde, a été interrogé sur le fait

d’embrasser le pupître du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et il a répondu : ‘Il n’y a pas de mal à

cela.’

Quel est le statut du fait de plâtrer les tombes et de construire sur elles ?

Réponse : D’après la majorité des savants, plâtrer les tombes est déconseillé. Abû Hanîfa (qu’Allâh lui

fasse miséricorde) a dit que cela était déconseillé. Il n’y a rien dans la Loi qui prouve son interdiction, et

en ce qui concerne le Hadîth qui interdit de plâtrer les tombes, de construire dessus ou de s’y asseoir, la

majorité des savants sont d’avis que cette interdiction est une reprobation (makrûh) et non une

prohibition (harâm).

Y a-t-il un objectif pour lequel les gens de diverses contrées plâtrent les tombes où le font-ils sans raison

?

Réponse : Ils ne le font pas sans raison, juste pour décorer. Mais leur intention le faisant est bonne et

contient un profit. Parmi les bénéfices figure le fait que les tombes soient rendues reconnaissables, ainsi

l’humilité est montrée lors de la visite, le respect est affiché et elles ne sont pas profanées. Un autre

profit en cela est d’empêcher l’exhumation des tombes car cela est interdit par la Loi et le fait que cela

permet à la famille du mort de s’y réunir comme on rapporte dans la Sunna qu’on a placé une pierre sur

la tombe de `Uthmân ibn Mahzûn (qu’Allâh l’agrée) et dit : ‘C’est pour marquer la tombe de notre mon

frère afin que je puisse être enterré ici ceux qui mourront parmi ma famille.’ Ce fût rapporté par Abû

Page 116: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

116

Dâwûd et al-Bayhaqî. En ce qui concerne le fait de construire des structuers sur les tombes, les savants

ont mentionné quelques détails sur ce sujet : si la structure est sur une parcelle de terre détenue soit

par le mort, soit par quelqu’un d’autre qui a donné sa permission, alors cela est déconseillé. Ce n’est pas

interdit que la structure soit un dôme ou autre chose. Si la structure est dans un terrain vague se

trouvant sur une parcelle de terre donnée en charité au Trésor Publique (Waqf), alors c’est interdit. La

raison de l’interdiction réside dans le fait de construire et d’occuper le terrain vague. Certes, il est vrai

qu’ils [les savants] ont exclu [de ce règlement] les tombes des pieux et des Imâms des Musulmans. Il est

permis de construire des structures sur les leur même si cela se trouve dans une propriété offerte car

cela incite à la visite des morts, ce qui est commandé par la Loi et permet la recherche de bénédiction et

le profit dont jouissent les vivants grâce aux morts en y récitant [le Qur-ân]. Les savants ont déduit la

permission des actes des Musulmans des temps anciens et plus récents, car selon eux, cela constitue

une preuve.

Quelle est la signification du Hadîth : ‘Qu’Allâh maudisse les juifs et les chrétiens : ils ont pris les tombes

de leurs Prophètes comme mosquées (masjîd)’ ?

Réponse : Les savants ont mentionné que ce Hadîth désigne la prosternation sur les tombes et la prière

en leur direction avec l’intention de les révérer ; comme le font les juifs et les chrétiens lorsqu’ils se

prosternent devant les tombes de leurs Prophètes et en font leur qibla en se dirigeant vers elles par

révérence. Cela est clairement interdit. La prohibition [dans le Hadîth] se trouve donc dans le fait de les

imiter et de se prosterner vers les tombes et ce n’est pas correct d’agir ainsi pour un Musulman et nulle

part on ne le trouve dans l’Islam à cause de la parole du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) : ‘satan

a désespéré d’être adoré par ceux qui prient cependant il cherche à causer la dissenssion entre eux.’

Muslim, at-Tirmidhî et Ahmad l’ont rapporté. »

Fin de citation.

Sources et compléments :

Réponse du Shaykh al-Sumayt :

http://marifah.net/articles/Issuesof...-HabibZayn.pdf

Texte sur les oeuvres pour les morts :

http://www.tidjaniya.com/faq-continuite_oeuvres.php

Est-il permis de construire sur les tombes ?

http://qa.sunnipath.com/issue_view.a...17446&CATE=331

Une autre réponse sur la question :

http://qa.sunnipath.com/issue_view.a...cate=331&t=rss

Page 117: Les « arguments » contre le Soufisme et leur réfutation.pdf

117

L'invocation par entremise (at-tawassûl) et la demande de secours (al-

istighâtha)

Ils cherchent aussi refuge auprès de quelqu’un d’autre qu’Allah lorsqu’il leur arrive un malheur. Or Allah

dit : « Et si Allah fait qu' un mal te touche, nul ne peut l' écarter en dehors de Lui. Et s' Il te veut un bien,

nul ne peut repousser Sa grâce. Il en gratifie qui Il veut parmi Ses serviteurs. Et c' est Lui le Pardonneur,

le Miséricordieux.. » (Coran, 10 :107)

(…)

Les soufis et leurs disciples ont adoré les prophètes et les saints vivants ou morts à la place d’Allah. Ils

disent : ( ô Djaylanî, ô Rifa’î ou ô envoyé d’Allah assistez-nous ; ô envoyé d’Allah vous êtes notre appui).

Or, Allah interdit l’invocation d’un tiers pour la réalisation d’une chose que lui seule est capable de

réaliser et le considère comme un acte d’association. Il dit « et n' invoque pas, en dehors d' Allah, ce qui

ne peut te profiter ni te nuire. Et si tu le fais, tu seras alors du nombre des injustes". » ( Coran , 10 :106)

La pratique de la demande par entremise (at-tawassûl) et de l’appel au secours (al-istighâthah) des

Prophètes et des Saints est l’un des points les moins compris de la doctrine Sunnite par les détracteurs

des Gens de la Sunnah et des Soufis parmi eux.

Les fondements de cette pratique et les avis des Savants seront exposés dans les lignes qui suivent afin

de clarifier cette notion de notre noble religion.

Des versets coraniques et leur exégèse (tafsîr) :

Il est établi en Islâm que certains serviteurs au Jour Dernier auront la faveur d’intercéder, qu’il s’agisse

des Prophètes, des Saints ou encore du commun des croyants (qu’Allâh nous compte parmi eux.)

Parmi les versets qui le prouvent le suivant :

« Et ceux qu'ils invoquent en dehors de Lui n'ont aucun pouvoir d'intercession, à l'exception de ceux qui

auront témoigné de la vérité en pleine connaissance de cause. » (46 : 83)

Cependant, le pouvoir d’intercession octroyé par Allâh ta`âla à Ses serviteurs peut être sollicité dans

cette vie, de leur vivant par des demandes d’invocation. Il peut être aussi recherché en l’absence des

pieux, qu’ils soient vivants ou morts, par les formules d’invocation par entremise comme Ô Allâh ! Je te

demande par le degré d’un tel auprès de Toi ou encore Je Te demande par le droit d’un tel… etc. Ce que

les musulmans recherchent par une telle pratique est de faciliter l’exaucement de leur invocation par

une cause : la mention de ce qu’Allâh ta`âla aime et à quoi il a octroyé une valeur auprès de Lui.

« Ô les croyants ! Craignez Allah, cherchez le moyen (wasîlah) de vous rapprocher de Lui… » (5 : 35)

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118

Selon le savant Ibn Kathîr (qu’Allâh lui fasse miséricorde), le terme wasîlah désigne ce qui permet d’avoir

ce que l’on veut. Et c’est de ce mot que dérive le terme tawassûl. Wa-Llâhu a`lâm.

Allâh ta`âla a, dans Son Infinie Sagesse, créé des causes et leurs effets dans la création. Certaines causes

facilitent la guérison comme les médicaments, d’autres le déplacement comme les montures ou les

différents moyens de transport. Le crédo des Gens de la Sunnah (Ahl as-Sunnah) est qu’Allâh ta`âla agit

directement et que les causes n’ont pas de pouvoir en elles-mêmes. On nous a cependant ordonné d’y

avoir recours. Certaines d’entre elles permettent de faciliter l’exaucement des invocations : ces causes

peuvent être un homme pieux, qu’il s’agisse de sa personne, son rang ou ses invocations, qu’il soit

vivant ou mort ou encore la mention des bonnes œuvres ou des Noms d’Allâh ta`âla. Il n’y a pas de

divergence concernant le statut de l’invocation par les deux derniers éléments cités. La discussion

portera sur ce qui fait l’objet des attaques.

Parmi les bienfaits qui ont été rappelés aux Juifs par Allâh ta`âla dans la sourate al-Baqarah, le suivant :

« Et quand leur vint d'Allâh un Livre confirmant celui qu'ils avaient déjà, - alors qu'auparavant ils

cherchaient la suprématie sur les mécréants, - quand donc leur vint cela même qu'ils reconnaissaient, ils

refusèrent d'y croire. Que la malédiction d'Allâh soit sur les mécréants ! » (2 : 89)

Notre maître, le Savant de l’Exégèse (Tafsîr), al-Hâfidh ibn Kathîr (qu’Allâh lui fasse miséricorde)

rapporte l’explication suivante :

« Le segment Et quand leur est venu d’Allâh un écrit avérant ce qu’ils ont avec eux parle du Qur-ân qui

est déscendu aux Juifs aussi, pour avérer (ndT ou confimer) la Torah. Le segment et bien que jusque-là

ils eussent imploré l’ouverture (ndT ou encore la victoire ou la suprématie) contre les dénégateurs : les

Juifs imploraient l’arrivée du Prophète indiqué dans leur Livre, qui combattra et vaincra les associateurs

qui leur faisaient du mal. En effet, Les Juifs répétaient sans cesse qu’Allâh enverrait un Prophète qu’ils

rallieraient pour combattre les dénégateurs. Mais quand Allâh a envoyé son Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam), de la tribu des Quraysh, ils lui ont opposé un déni. Ibn `Abbâs (qu’Allâh agrée le père et le

fils) dit : Les Juifs imploraient l’ouverture (ndT : ou la victoire) par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) contre les `Aws et les Khazraj. Mais lorsqu’Allâh l’a envoyé d’entre les Arabes, ils ont renié ce

qu’ils disaient. Mu`âdh ibn Jabal (qu’Allâh l’agrée) leur a dit : Vous les Juifs, prémunissez-vous d’Allâh, en

embrassant l’Islâm. Vous imploriez l’ouverture (par l’arrivée) de Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam), pendant que nous étions des associateurs, vous nous disiez qu’il serait envoyé et vous nous le

décriviez par ses qualités. Sallâm ibn Mushkim, le frère des banu an-Nadhîr a répondu : Il ne nous a rien

apporté de ce que nous connaissons, et puis ce n’est pas lui dont nous vous parlions. C’est alors qu’Allâh

a fait déscendre Et quand leur est venu d’Allâh un Ecrit… »

Fin de citation.

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119

On lit, à propos de ce même verset, dans le Tafsîr al-Jalalayn de notre maître, l’Imâm as-Suyûtî (qu’Allâh

l’agrée) :

« En recevant de la part d’Allâh un Livre – le Qur-ân – qui corrobore leur Ecriture – le Pentateuque (ndT :

ou la Torah) –, et auparavant ils demandaient à Allâh la victoire sur les mécréants par l’intermédiaire du

dernier Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), ils mécrurent en lui, renièrent la prophétie par jalousie

et peur de perdre leur suprématie. Qu’Allâh les maudisse ainsi que les incrédules. »

Fin de citation.

Ibn `Abbâs (qu’Allâh agrée le père et le fils) a dit :

« Chaque fois que les Juifs combattaient contre la tribu de Ghatafan, ils essuyaient un échec. Ils

s’adressèrent à Allâh en faisant cette invocation : Ô Allâh ! Nous te demandons par Muhammad, le

Prophète Illettré que Tu nous [a promis] d’envoyer à la fin des temps, de nous accorder la victoire sur

notre ennemi. Après cela, ils purent vaincre les Ghatafan. Mais après la venue du Prophète (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) ils mécrurent en lui. Allâh fit déscendre … bien qu’auparavant ils eussent cherché

assistance… » (Rapporté par al-Hâkim)

A part quelques rares exceptions, aucun Savant de la Communauté n’a objecté contre la pratique qui

consiste à demander à Allâh ta`âla par Ses pieux serviteurs. Quant à dire que c’est du polythéisme, de

tels propos sont sans fondement.

On pourrait contredire ce qui précède en disant que cette pratique était permise chez les Juifs mais que

rien ne prouve qu’elle soit valable dans notre religion, car elle abroge les autres. Le verset qui suit coupe

court à une telle réponse :

« Nous n'avons envoyé de Messager que pour qu'il soit obéi, par la permission d'Allâh. Si lorsqu'ils ont

fait du tort à leurs propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon d'Allah et si le Messager

demandait le pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Allâh, Très Accueillant au repentir,

Miséricordieux. » (4 : 64)

Le maître Ibn Kathîr (qu’Allâh lui fasse miséricorde) écrit à propos de ce verset :

« Le segment Quant à eux, si victimes de leur propre iniquité… oriente les pêcheurs et les fautifs à aller

auprès du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) pour demander le pardon et l’intercession en leur

faveur : s’ils font cela, Allâh passera sur leurs péchés, sera Miséricordieux pour eux. C’est pourquoi il est

dit ils trouveraient Allâh Enclin au repentir, Miséricordieux. Al-`Utbî : J’étais assis près de la tombe du

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) quand un bédouin vint et dit si, lorsqu'ils ont fait du tort à leurs

propres personnes ils venaient à toi en implorant le pardon d'Allah et si le Messager demandait le

pardon pour eux, ils trouveraient, certes, Allah, Très Accueillant au repentir, Miséricordieux. Alors, je

viens à toi pour que mon péché soit pardonné et pour que tu sois intercesseur en ma faveur auprès de

mon Maître… Après quoi, le bédouin se retira. Je m’endormis ensuite et vis le Prophète (sallâ-Llâhu

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120

`alayhi wa-sallam) dans mon sommeil qui me disait : Ô `Utbî ! Rejoins le bédouin et annonce-lui la bonne

nouvelle qu’Allâh vient de lui pardonner. »

Fin de citation.

Notre maître, l’Imâm al-Qurtubî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte une explication similaire de ce

verset dans son Exégèse (Tafsîr). Wa-Llâhu a`lâm.

On trouve plus de détails sur la place de cette pratique dans notre religion chez les musulmans dans la

noble Sunnah al-Muhammadiyyah.

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121

Des Hadîths prouvant la demande par entremise et la recherche de

secours par les Prophètes et les Saints

Voici quelques preuves tirées de la noble Sunnah assortis de quelques commentaires de Savants

Sunnites.

Le Hadîth le plus souvent cité est le Hadîth dit « de l’aveugle ». Il sert de base pour démontrer la

permission de la demande par entremise (tawassûl) ainsi que de sa formulation particulière appelée

demande de secours (istighâthah). Cette manière d’invoquer nous a été enseignée par le Prophète

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) lui-même.

« Un aveugle vint voir le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et lui demanda : invoque Allâh afin qu’il

me guérisse. Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) lui répondit : Si tu veux, je L’invoquerai en ta

faveur ; mais si tu consens à supporter et à endurer l’épreuve, ce sera meilleur pour toi. L’homme insista

cependant : Invoque-Le pour moi ! Le Prophète (salla-Llâhu `alayhi wa sallam) ordonna alors de faire

soigneusement ses ablutions, puis de faire cette invocation :

Ô Allâh ! Je t’implore et je m’adresse à Toi au nom de Ton Prophète Muhammad, le Prophète de la

Miséricorde – que la grâce et la paix soient sur lui –.

Ô Muhammad, je m’adresse à mon Seigneur en ton nom pour que ma présente demande soit exaucée.

Ô Allâh ! Fais que son intercession se réalise en ma faveur. » (Rapporté par at-Tirmidhî, ibn Mâjah, at-

Tabarânî, al-Bayhaqî. Hadîth authentique)

La version reproduite est celle-citée dans le Kitâb al-Adhkâr d’an-Nawawî. Elle se trouve dans la section

dédiée aux invocations à dire lorsqu’on a un besoin urgent. Ce qui prouve que l’avis de ce grand Imâm

est qu’une telle formulation est tout à fait licite. Nous reviendrons sur son avis plus tard.

Le noble savant Hanafî; le maître Muhammad al-Hâmid (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit à propos de

ce célèbre Hadîth, comme le rapporte le Shaykh NûhReliance of the Travellers depuis l’ouvrage Rudûd

`alâ Abatîl wa-Rasâ-il ash-Shaykh Muhammad al-Hâmid :

« En ce qui concerne le fait d’appeler (nidâ) les pieux (lorsqu’ils sont physiquement absents, comme

dans la parole Yâ Muhammad dans le Hadîth précédent), la demande (tawassûl) à Allâh ta`âla par leur

intermédiaire est permise, l’invocation étant [destinée] à Allâh ta`âla, et il y a de nombreuses preuves de

cette permission.

Ceux qui les appellent avec l’intention du tawassûl ne peuvent pas être blâmés. En ce qui concerne celui

qui croit que ceux qu’il appelle peuvent causer des effets, des bénéfices ou des nuisances, qu’ils créent

ou mènent à l’existence comme Allâh le fait, [un tel individu] est un idolâtre qui a quitté l’Islâm – en

Allâh nous cherchons refuge ! Ceci étant dit, une certaine personne a écrit un article [disant] que la

demande (tawassûl) à Allâh ta`âla par l’entremise des pieux était interdite, alors que l’écrasante

majorité des savants soutiennent sa permission, et les preuves que l’auteur utilise pour défendre son

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122

point de vue sont dénuées de tout argument en faveur de ce qu’il essaie de démontrer. En déclarant le

tawassûl permis, nous ne nous aventurons pas vers les limites de l’idolâtrie (shirk) ni même ne

l’approchons, car la conviction qu’Allâh ta`âla seul à une influence sur quoi que ce soit, intérieurement

et extérieurement, est une conviction qui coule en nous comme le sang. Si le tawassûl était de

l’association (shirk), ou s’il y avait la moindre suspicion d’idolâtrie, le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) ne l’aurait pas appris à l’aveugle lorsque celui-ci lui a demandé d’invoquer Allâh ta`âla pour lui,

bien qu’en fait, il lui a enseigné la demande (tawassûl) à Allâh par lui (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Et le

fait de dire (litt. La notion) de la permission du tawassûl uniquement du vivant de la personne par qui il

est accompli et non après sa mort n’est supporté par aucun fondement dans la Loi Sacré (Sharî`ah). »

Fin de citation. Keller dans son

Concernant l’objection selon laquelle cela n’est valable que du vivant du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) ou en sa présence, personne n’a eu cette compréhension à part quelques cas isolés dans

l’histoire. De plus elle s’oppose à un autre récit authentique que voici, rapporté par Mâlik ad-Dâr, le

trésorier de notre maître `Umar (qu’Allâh l’agrée) :

« Les gens ont souffert de la sécheresse pendant le califat de `Umar, et un homme est allé à la tombe du

Prophète et a dit : O Messager d'Allâh, demande de la pluie pour ta communauté, car vraiment ils sont

exténués, après quoi le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) lui est apparu en rêve et lui a dit : Va

voir `Umar et salue le de ma part, puis dis lui qu'ils recevront de la pluie. Dis lui : sois attentif, sois

attentif ! L'homme est allé le dire à `Umar. Ce dernier a dit : O mon Seigneur, ne n'épargne nul effort

sauf ce qui est au delà de mes capacités ! » (Rapporté par Ibn Kathîr, al-Bayhaqî, ibn Hâjar al-`Asqalânî,

ibn Abî Shaybah. Récit authentique.)

Certains savants ont tenté de réfuter l’authenticité de ce récit, sans succès. Les paroles détaillées des

grands Traditionnistes de la Communauté se trouvent plus loin pour ceux qui voudraient plus de détails.

D’autre part, voici ce que rapporte le maître al-Bukhârî dans son ouvrage Adâb al-Mufrâd :

« Ibn `Umar (qu’Allâh l’agrée) eût une crampe au pied et homme lui dit : Mentionne la personne que tu

aimes le plus. Il dit : Muhammad ! »

On trouve la formulation Yâ Muhammad ou Muhammad tout court selon les versions.

Des récits similaires se trouvent dans le Kitâb al-Adhkâr d’an-Nawawî dans la section dédiée à ce qu’il

faut dire lorsqu’on a la jambe engourdie.

Une autre preuve que la demande par entremise est permise même après la mort des Prophètes et des

Saints est le récit suivant survenu à la mort de notre maîtresse Fâtimah bint Asad, la mère de notre

maître `Alî (qu’Allâh les agrée) :

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123

« Lorsque Fâtimah bint Asad, la mère de `Alî ibn Abî Tâlib qui avait pris soin du Messager d’Allâh (sallâ-

Llâhu `alayhi wa-sallam) durant l’année qu’il a passé chez son oncle, mourrut, il (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) entra chez elle, s’assit à côté et dit : Qu’Allâh te fasse miséricorde ô ma mère après ma mère

puis il fit son éloge, offrit son vêtement en guise de linceul et ordonna qu’on lui creuse une tombe. Il

creusa lui aussi, pris de la terre dans ses mets et la jeta en disait : Ô Allâh, [Toi] qui donne la vie, la

reprend, et ne meurt pas. Pardonne ma mère Fatimah fille d’Asad et accorde-lui facilité dans son trépas

par le droit (bi-haqqi) de Ton Prophète et des Prophètes avant moi. Tu es le plus Miséricordieux. »

(Rapporté par at-Tabarânî, hadith authentique selon les critères de Ibn Hibban et al-Hakîm)

La discussion sur l’authenticité de ce texte se trouve plus loin pour ceux qui veulent s’y référer.

Notre maître ibn Hâjar al-Haytamî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) donne l’explication suivante de

l’expression bi-haqqi :

« La signification de ‘par son droit’ (bi-haqqihi) est son rang et sa station auprès du Très Haut, ou le droit

(haqq) qu’Allâh, qu’Il soit glorifié et magnifié, lui a accordé sur la création, ou encore le droit qu’Allâh

exalté s’est tenu de lui accorder par Sa grâce comme dans le Hadîth sahîh ‘il a dit : quel est le droit des

serviteurs sur Allâh ?...’ et non du droit qui s’impose à Allâh puisque rien ne s’impose à Lui. »

Fin citation.

Une autre preuve de la permission d’utiliser l’expression « par le droit d’un tel », est le récit suivant qui,

de plus, prouve la permission d’effectuer le tawassûl par les pieux :

« Celui qui quitte sa maison pour prier et dit :

Ô Allâh je te demande par le droit de ceux qui te demandent et par le droit de ceux qui marchent vers

Toi que ma sortie ne soit pas par arrogance, fierté ou prétention, ni faite pour ma réputation. Je suis

sorti pour écarter Ton Courroux et rechercher Ton Agrément. Je Te demande donc de m’accorder un

refuge contre le Feu et de me pardonner mes péchés car personne ne pardonne les péchés si ce n’est

Toi.

Allâh accepte [sa requête] et soixante dix mille anges demandent pardon pour lui. » (Rapporté par

Ahmad, Hadîth hasan)

Ce texte se trouve dans l’Ihyâ al-`Ulumu-d-dîn, la Revivification des Sciences de la Religion d’al-Ghazâlî

(qu’Allâh l’agrée) et le Traditionniste al-Hâfidh al-`Irâqî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) l’a déclaré

hasan.dans son authentification des Hadîths de l’ouvrage. C’est aussi le cas du maître al-`Asqalanî

(qu’Allâh lui fasse misécorde).

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124

Une autre preuve authentique de la permission de demander par les Saints est le texte suivant :

« En période de sécheresse, `Umar ibn al-Khattâb (qu’Allâh l’agrée) récitait l’imploration de demande de

la pluie en appuyant sa demande sur al-`Abbâs ibn `Abd al-Muttalib (qu’Allâh l’agrée) en ces termes :

Ô Allâh nous cherchions accès auprès de Toi par notre Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et Tu

nous accordais la pluie : désormais, nous cherchons accès auprès de Toi par l’oncle de notre Prophète

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) aussi accorde-nous la pluie. »

Le rapporteur, notre maître Anâs ibn Mâlik (qu’Allâh l’agrée) ajouta : « La pluie était ainsi accordée. »

(Rapporté par al-Bukhârî. Authentique)

Ce texte est une preuve explicite de la permission de la demande par les pieux. Il est incohérent de

l’interpréter comme une preuve de l’interdiction du tawassûl par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) après sa mort, surtout que le texte en fait mention. En disant « nous cherchions accès auprès de

Toi par notre Prophète », on effectue une demande implicite par lui, ensuite par son oncle (qu’Allâh

l’agrée). Wa-Llâhu a`lâm.

Remarque : On cite souvent comme argument qu’il faut s’éloigner de ce qui provoque le doute pour

critiquer cette pratique. Pourtant les savants avant nous ne doutaient pas de la permission ni de la

recommandation de ce type de demande. Ceci parce qu’ils avaient la foi correcte et authentique que les

causes n’agissent que par la permission d’Allâh et qu’il est le Seul digne d’adoration. Malheureusement,

de nos jours, ce qui relève du monothéisme et de l’associationnisme n’est pas clair dans l’esprit de

nombreux musulmans. Il est étonnant de voir les gens demander de l’aide au médecin pour les soigner,

demander de l’aide aux savants pour les conseillers ou les guider, et refuser la demande par entremise

car tous ces exemples ne sont que des recours aux causes secondes, tout en sachant que c’est Allâh

ta`âla qui agit à travers les causes. Par sa sagesse il nous a demandé d’y recourir pour faciliter

l’obtention de ce que l’on recherche. Cela fait partie de l’Islâm et de la Sunnah et n’est pas une

adoration d’un autre qu’Allâh. Nous avons une preuve de cela dans le récit suivant :

« Lorsque la monture de l’un d’entre vous s’échappe en plein désert, qu’il lance cet appel : Ô serviteurs

d’Allâh retenez-la ! Ô serviteurs d’Allâh retenez-la ! Car Allâh (qu’Il soit exalté) a sur cette terre des

serviteurs qui l’immobiliseront. » (Rapporté par ibn as-Sunnî et at-Tabarânî, cité aussi dans le Livre des

Evocations d’An-Nawawî. Texte hasan, valide.)

Le savant Azharite contemporain, Shaykh Yûsuf al-Khattâr fait le commentaire suivant sur ce texte :

« L’Imâm at-Tabarânî ainsi que l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh leura fasse miséricorde) ajoutent après

avoir cité ce Hadîth, qu’ils l’ont mis en pratique et ont utilisé cette imploration. Le sens de ce Hadîth

qu’ils ont mis en pratique est clair et point n’est besoin d’en faire une interprétation. Dans une situation

comme celle que décrit ce Hadîth, il serait naturel et spontané d’implorer Allâh ta`âla puisqu’il n’y a

personne aux alentours. Malgré cela, le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) enseigne à implorer en

disant : Ô serviteurs d’Allâh ! Retenez-la ! Afin d’inciter les hommes à utiliser qu’Allâh ta`âla a mis à leur

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125

disposition dans la création. » (al-Mawsû`a al-yûsufiyyah, traduit dans les Enseignements Spirituels du

Prophète sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam vol II.)

Fin de citation.

L’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh l’agrée) rapporte l’anecdote suivant après avoir cité le texte :

« L’un de mes maîtres vénérés m’a raconté que sa monture (je crois qu’il s’agissait d’une mule) lui ayant

échappé, il répéta les paroles rapportées dans ce Hadîth ; Allâh arrêta alors sa monture sur le champ.

Un jour, je me trouvais moi-même avec un groupe de gens, lorsqu’une de leurs bêtes s’échappa, et ils

furent incapables de la rattrapper. Je répétai alors ce Hadîth et la bête s’arrêta aussitôt, sans autre

raison que les paroles que je venais de prononcer. »

Fin de citation.

On voit que nos savants pieux n’ont aucun doute à ce sujet.

Les preuves précitées suffisent en ce qui concerne la Sunnah. Nous allons maintenant citer quelques

propos de références parmi les savants des 4 Ecoles.

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Paroles de Savants des 4 Ecoles sur le tawassûl

Dans le chapitre de son chef d’œuvre Kitâb ash-Shifâ intitulé Sur les traditions authentiques et célèbres

relatives à son éminente dignité et sa grande position auprès de son Seigneur, notre maître, al-Qadî

`Iyâd al-Mâlikî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) rapporte :

« Abû Muhammad Makkî, Abû-l-Layth as-Samarqandî et bien d’autres traditionnistes rapportent que

lorsqu’il a désobéi, Âdam a dit : ‘Ô Allâh ! Au nom de Muhammad ! Pardonne-moi mon péché ! Accepte

ma repentance.’ Dans une autre version : ‘Allâh lui dit : D’où connais-tu Muhammad ? il répondit : J’ai vu

inscrit partout au Paradis il n’y a de dieu qu’Allâh et Muhammad est l’Envoyé d’Allâh’. Ou, selon une

variante : ‘Muhammad est Mon serviteur et Mon Messager’. ‘J’ai su alors qu’il était la plus noble des

créatures auprès de Toi’. Et Allâh lui accorda le repentir et lui pardonna. Ceci correspond à la Parole

Divine : ‘Âdam accueillit les Paroles de son Seigneur et revint à Lui, repentant…’ (2 :37) »

Ailleurs dans le même ouvrage, il rapporte :

« Puis Abû Ja`fâr interrogea : Dois-je me mettre en direction de la qibla et faire mes invocations ou me

mettre en face de l’Envoyé d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) ? L’Imâm Mâlik (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) lui répondit : Et pourquoi détournerais-tu ton visage de lui alors qu’il est ta médiation

(wasîlah) et celle de ton père Âdam (paix sur lui) auprès d’Allâh au Jour de la Résurrection ? Tourne-toi

plutôt vers lui et implore son intercession (istashfi` bihi) et Allâh te l’accordera. En effet Allâh (qu’Il soit

exalté) a dit : ‘… Si ces gens qui se sont fait du tort à eux-mêmes venaient à toi en implorant le pardon

d’Allâh et si le Prophète demandait pardon pour eux, ils trouveraient sûrement Allâh prêt à revenir vers

eux et à leur faire miséricorde.’ (4 : 64) »

Fin de citation.

Ce dernier récit rapporté avec une chaîne authentique e trouve dans d’autres sources :

Khulasat al-Wafâ de Shaykh as-Samhudî

Shifâs as-Siqâm du Shaykh al-Islam as-Subkî

Al-Mawâhib al-Laduniyyah de l’Imâm al-Qastallanî

Al-Jawhâr al-Munazzam de l’Imâm al-Haytamî ainsi que dans Tuhfât az-Zuwwar

As-Sarîm al-Munkî du Shaykh Ibn `Abd al-Hâdî

Hidayât as-Sâlik de Shaykh Ibn Jama`a qui y dit à propos de ce récit : ‘Cela est rapporté par les deux

Hûffadh Ibn Bashkuwal et al-Qadî `Iyâd dans ash-Shifa

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Qu’Allâh leur fasse miséricorde à tous. Allâhumma âmîn. après lui, et aucune attention n’est faite à ceux

qui prétendent que c’est forgé en se basant uniquement sur leur passion.’

On peut citer de nombreux exemple dans l’école Shafi`ite. Nous nous limiterons à quelques extraits :

L’Imâm, notre maître, Ibn Hâjar al-Haytamî, le Muftî de le Mecque de son temps et l’une des références

pour les avis juridique du rite Shafi`ite, a dit dans al-Jawhar al-Munazzam :

« Parmi les contre vérités d’ibn Taymiyyah que personne n’a dites avant lui, et qui a créé des dissensions

au sein des adeptes de l’Islâm, [figure] sa dénonciation du tawassûl (demande par intermédiaire) et de

l’istighâtha (demande de secours) par lui [Le Prophète] (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), alors que ce n’est

pas ce qu’il a décrété (à savoir que c’est interdit). Le tawassûl par lui est plutôt un bien en toute

situation : avant et après sa création, dans cette vie (dunya) et dans l’Autre (al-âkhirah).

Parmi ce qui prouve la demande (litt : faire le tawassûl) par lui (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) avant sa

création et qu’il s’agit de la voie des Pieux prédécesseurs, des Prophètes, des Saints (Awliyâ) et des

autres – et donc que le point de vue d’Ibn Taymyya n’a aucun fondement et est un produit de sa propre

fabrication – se trouve la parole qui est rapportée et authentifiée par al-Hâkim :

« Lorsque Âdam (`alayhi-s-salâm) commit son erreur, il dit : Ô mon Seigneur, je te demande de me

pardonner par le droit de Muhammad. Allâh a dit : Ô Âdam, comment connais-tu Muhammad alors que

Je ne l’ai pas encore créé ? Âdam répondit : Ô mon Seigneur, après que Tu m’aies créé de Tes mains et

insufflé en moi de Ton Esprit, j’ai levé ma tête et ai vu écrit sur les hauteurs du Trône : Lâ ilaha illa-Llâh

Muhammadun-Rasûl Allâh. Et j’ai compris que Tu ne placerais près de Ton Nom que le Plus Aimé de Ta

création. Allâh dit : Ô Âdam, Je t’ai pardonné, et n’eût été Muhammad, Je ne t’aurais pas créé. »

Le signification de ‘par son droit’ (bi-haqqihi) est son rang et sa station auprès du Très Haut, ou le droit

(haqq) qu’Allâh, qu’Il soit glorifié et magnifié, lui a accordé sur la création, ou encore le droit qu’Allâh

exalté s’est tenu de lui accorder par Sa grâce comme dans le Hadîth sahîh ‘il a dit : quel est le droit des

serviteurs sur Allâh ?...’ et non du droit qui s’impose à Allâh puisque rien ne s’impose à Lui.

Ensuite, demander par lui (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) est différent de lui demander des choses telles

que cela pourrait être considéré comme de l’associationnisme. Il ne s’agit en réalité de rien d’autre que

de demander à Allâh ta`âla par celui qui possède un haut prestige, un rang élevé et une grande

distinction auprès de Lui. Parmi ses miracles (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) accordés par son Seigneur, le

fait qu’Il ne refuse pas [d’exaucer] celui qui demande par lui, en le prenant comme intermédiaire vers

Lui par son rang. Il suffit comme humiliation pour le dénégateur d’être privé de cette bénédiction.

(Parmi les preuves du tawassûl par lui) durant sa vie, se trouve ce qui nous a été transmis par an-Nasâ-î

et at-Tirmidhî qui l’a authentifié :

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« Un homme affligé (ndT : aveugle) est allé voir le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et dit :

‘Invoque Allâh afin qu’il me soigne’. Il répondit : ‘si tu veux j’invoquerai en ta faveur, et si tu veux tu

peux patienter et ce sera meilleur pour toi.’ Il a dit : ‘Invoque-le’ Et dans une autre version : ‘Je n’ai pas

de guide et cela est difficile pour moi’, alors le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) lui a ordonné

d’accomplir parfaitement les ablutions (wudû) et d’invoquer par ces paroles : Ô Allâh, Je Te demande et

me tourne vers Toi par mon Prophète Muhammad, le Prophète de la Miséricorde. Ô Muhammad, je

recherche ton intercession pour mon besoin afin qu’il soit satisfait. Ô Allâh ! Accepte son intercession en

ma faveur.’ » Al-Bayhaqî l’a aussi authentifié et a ajouté : ‘il s’est levé et a retrouvé la vue’ et dans une

autre version : ‘Ô Allâh ! Accepte son intercession en ma faveur et accepte la mienne.’

Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) le savait mais n’a pas invoqué en sa faveur car il voulait le

pousser à la concentration et à l’épreuve de la difficulté de la pauvreté, de la peine [du cœur] et du

désespoir, en recherchant son secours (istighâtha) afin de lui faire atteindre parfaitement son objectif.

Et une telle implication [de sa part] et possible de son vivant ainsi qu’après sa mort ; ainsi les

Prédécesseurs (Salâf) ont utilisé cette invocation pour leur besoin après son départ de cette vie (sallâ-

Llâhu `alayhi wa-sallam). `Uthmân ibn Hunayf (qu’Allâh l’agrée) a enseigné cette invocation à un

compagnon… At-Tabarânî et al-Bayhaqî ont rapporté, at-Tabarânî avec une bonne (jayyîd) chaîne, qu’il

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a mentionné dans son invocation : ‘Par le droit de Ton Prophète et des

Prophètes avant moi.’

Il n’y a aucune différence entre la demande par intermédiaire (tawassûl), l’appel au secours

(istighâthah), le recherche d’intercession (tashaffu`), ou l’orientation (tawajjuh) vers lui (sallâ-Llâhu

`alayhi wa-sallam) et les autres Prophètes et de même pour les Awliyâ. Ceci parce que la permission du

tawassûl par les actions, comme mentionné dans le Hadîth authentique de la caverne, a été mentionné

bien que les actions furent périssables et les âmes pieuses sont donc préférables ; et parce qu’Umar ibn

al-Khattâb (qu’Allâh l’agrée) a demandé la pluie par l’intermédiaire d’al-`Abbâs (qu’Allâh l’agrée) et

celui-ci ne l’a pas refusé. C’est comme si la sagesse de la demande par son intermédiaire et non par celui

du Prophète (salla-Llâhu `alayhi wa-sallam) et de sa tombe était de montrer de la pudeur à son égard, et

d’élever sa famille et ainsi, par sa demande par al-`Abbâs (qu’Allâh l’agrée), il accomplit une demande

par le Prophète (salla-Llâhu `alayhi wa-sallam) et plus encore.

Les expressions ‘se tourner’ (tawajjuh), et ‘chercher secours’ (istighâthah) présupposent, bien entendu,

que celui dont on recherche l’aide (al-mustaghah bihi) est plus élevé que celui qui la lui demande

(mustaghath ilayhi). Car ‘s’orienter’ (tawajjuh) vient du mot jâh qui signifie ‘le haut degré’. La demande

par intermédiaire (tawassûl) d’une personne d’un certain rang peut être faite à celui qui possède un

rang plus élevé que lui.

Al-istighâtha c’est la recherche de secours, celui qui demande l’aide recherche l’assistance d’un tiers afin

d’obtenir une aide extérieure, même si le premier est supérieur à ce dernier. Ainsi, se tourner (tawajjuh)

vers le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et rechercher son assistance (istighâthah) n’a pas d’autre

signification dans le cœur des Musulmans et ils n’ont pas d’autre intention dans ses deux pratiques que

se tourner (tawajjuh) vers Allâh et rechercher Son secours (istighâthah). Donc quiconque n’a pas le cœur

ouvert en ce qui concerne ce sujet, qu’il pleure sur lui-même. Nous demandons à Allâh la préservation.

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Celui dont l’aide est recherchée est en réalité Allâh le Très Haut, et le Prophète (salla-Llâhu `alayhi wa-

sallam) est un intermédiaire entre Lui et celui qui recherche Son aide. Donc l’aide n’est recherchée que

de Lui, qu’Il soit exalté, et l’aide ne provient que de Lui à la fois en ce qui concerne sa création et son

arrivée. Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) est celui dont l’aide est recherchée en tant que cause

intermédiaire et acquisition (kasb) et le secours ne lui ai demandé que métaphoriquement.

En général, utiliser le terme istighâthah dans un sens absolu (litt : non restreint) pour celui dont on

cherche l’assistance, même s’il s’agit de causes intermédiaires ou d’acquisition (kasb), est une chose

connue sur laquelle il n’y a aucun doute que ce soit du point de vue linguistique ou de la Loi Sacrée

(Sharî`ah). Ainsi, à la lumière de la narration rapportée dans al Bukhari – qu’Allâh lui fasse miséricorde –

qui concerne l’intercession au Jour du Jugement, il n’y a aucune différence entre cela et le fait de

demander

Comme ils étaient dans cet état (ndT : de frayeur au Jour Dernier), ils ont recherché l’aide (istaghâthû)

d’Âdam, puis Mûsâ, puis Muhammad (salla-Llâhu `alayhim wa-sallam)

Le tawassûl peut aussi designer une invocation de sa part car il est certes vivant et entend les questions

de celui qui lui demande. Il a été rapporté authentiquement dans un long Hadîth :

« Les gens ont souffert de la sécheresse durant le califat de `Umar (qu’Allâh l’agrée), quand un homme

vint à la tombe du Prophète (salla-Llâhu `alayhi wa-sallam) et dit :

Ô Messager d’Allâh, demande la pluie pour ta Communauté, car elle ne fait que périr. Après quoi le

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) lui est apparu en rêve pour lui dire que la pluie allait tomber. Et

dans ce récit apparaît aussi : ‘Va voir `Umar et salue le, dis lui que la pluie va tomber. Dis lui : tu dois être

perspicace (clever), tu dois être perspicace (clever) !’ »

Qui signifie ‘douceur’, car il était sévère en ce qui concerne la religion d’Allâh. Il est alors allé à lui pour

l’informer, après quoi il pleura et dit : ‘Ô mon Seigneur, je n’épargne aucun effort à part ce qui échappe

à mon pouvoir !’

Dans une autre narration, il est dit que celui qui a vu le rêve fut Bilâl ibn al-Harîth al-Muzanî, le

compagnon, qu’Allâh l’agrée. »

Fin de citation.

Qu’Allâh pardonne les approximations et les erreurs de traductions. Allâhumma âmîn.

Cette fatwâ a été reproduite en entier car elle explique les termes avec beaucoup de précision. Par la

suite, nous allons nous limiter à des extraits.

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Voici un extrait de l’ouvrage Shifâ as-Siqâm fî-z-Ziyarât Khayr al-Anâm consacré à la visite du Prophète

(sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) écrit par le maître Taqîyu-d-Dîn as-Subkî (qu’Allâh leur fasse miséricorde) :

« Sache qu’il est permis et recommandé d’accomplir la demande par entremise (tawassûl), la demande

de secours (istighâthah) et la recherche d’intercession (tashaffu`) par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) auprès de son Seigneur. La permission et le caractère méritoire de ces actes comptent parmi les

choses bien connues des gens de Religion, des Prophètes et des Messagers, ainsi que du reste des Pieux

Prédécesseurs (Salâf), des savants, et du commun des Musulmans. La demande par l’entremise

(tawassûl) du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) est permise dans toute situation, à la fois avant sa

création et après celle-ci du temps de sa vie terrestre, ainsi qu’après sa mort durant sa vie dans l’inter-

monde (barzâkh), au Jour du Jugement et au Paradis.

Elle (ndT : le demande par entremise, tawassûl) est de trois sortes : une personne accomplit le tawassûl

à travers lui (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) - c’est-à-dire qu’elle demande (l’exaucement de notre besoin)

à Allâh – par lui ou par son rang ou par sa bénédiction. C’est permis dans les trois cas. Ils sont supportés

par des récits authentiques. Il n’y a aucune différence de signification lorsqu’ils sont exprimés par une

demande par entremise (tawassûl), un appel au secours (istighâthah) et une recherche d’intercession

(tashaffu`). Celui qui invoque de cette manière accomplit le tawassûl par le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) et en a fait un intermédiaire (ndT : ou moyen, cause) pour qu’Allâh réponde à sa demande. Il

l’appelle au secours (istighâthah) car il appelle le secours d’Allâh (subhânahu wa-ta`âla) à travers lui afin

que ses besoins soient comblés. Il recherche sont intercession car il demande à Allâh (subhânahu wa-

ta`âla) par son rang. Notre but ici (est d’affirmer) qu’il est permis aux serviteurs de demander à Allâh

(subhânahu wa-ta`âla) par celui dont ils sont sûr qu’il possède un rang et une valeur auprès d’Allâh

(subhânahu wa-ta`âla). Il n’y a aucun doute que le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) possède un

haut rang, une grande valeur et un immense degré auprès d’Allâh (subhânahu wa-ta`âla).

Habituellement, si celui qui a un rang auprès de quelqu’un d’autre accomplit une intercession, alors

celle-ci est acceptée. Si quelqu’un se réfère à quelqu’un d’autre en l’absence de se dernier et accomplit

le tawassûl, il intercèdera pour lui. Si celui (par qui la demande est effectuée) n’était pas présent ou en

train d’intercéder, cette personne, qui est aimée et estimée, sera une cause (ndT : ou moyen) pour

(l’acceptation de la demande) [du sollicitant]. » Fin de citation.

On peut aussi citer les recommandations de l’Imâm an-Nawawî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dans la

section dédiée à la visite de la noble tombe dans son ouvrage Kitâb al-Adhkâr :

« Enfin, il reviendra à sa place initiale, en faisant face au tombeau de l'Envoyé d'Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi

wa-sallam) en [lui] demandant son intercession pour lui-même, et en en faisant son médiateur auprès

de son Seigneur - exalté soit-Il. Il invoquera alors Allâh pour lui-même, ses parents, ses amis, ses bien-

aimés, ceux qui se sont montrés bons à son égard, ainsi que pour l'ensemble des musulmans ; il

s'efforcera en ce lieu de multiplier les invocations et il profitera de cette circonstance pour louer Allâh,

Le glorifier, Le magnifier et proclamer Son Unicité. »

Fin de citation.

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Parmi les savants Hanafites, citons la parole déjà mentionnée du maître Muhammad al-Hamîd (qu’Allâh

lui fasse miséricorde) :

« En ce qui concerne le fait d’appeler (nidâ) les pieux (lorsqu’ils sont physiquement absents, comme

dans la parole Yâ Muhammad dans le Hadîth précédent), la demande (tawassûl) à Allâh ta`âla par leur

intermédiaire est permise, l’invocation étant [destinée] à Allâh ta`âla, et il y a de nombreuses preuves de

cette permission.

Ceux qui les appellent avec l’intention du tawassûl ne peuvent pas être blâmés. En ce qui concerne celui

qui croit que ceux qu’il appelle peuvent causer des effets, des bénéfices ou des nuisances, qu’ils créent

ou mènent à l’existence comme Allâh le fait, [un tel individu] est un idolâtre qui a quitté l’Islâm – en

Allâh nous cherchons refuge ! Ceci étant dit, une certaine personne a écrit un article [disant] que la

demande (tawassûl) à Allâh ta`âla par l’entremise des pieux était interdite, alors que l’écrasante

majorité des savants soutiennent sa permission, et les preuves que l’auteur utilise pour défendre son

point de vue sont dénués de tout argument en faveur de ce qu’il essaie de démontrer. En déclarant le

tawassûl permis, nous ne nous aventurons pas vers les limites de l’idolâtrie (shirk) ni même ne

l’approchons, car la conviction qu’Allâh ta`âla seul à une influence sur quoi que ce soit, intérieurement

et extérieurement, est une conviction qui coule en nous comme le sang. Si le tawassûl était de

l’association (shirk), ou s’il y avait la moindre suspicion d’idolâtrie, le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) ne l’aurait pas appris à l’aveugle lorsque celui-ci lui a demandé d’invoquer Allâh ta`âla pour lui,

bien qu’en fait, il lui a enseigné la demande (tawassûl) à Allâh par lui (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Et le

fait de dire (litt. La notion) de la permission du tawassûl uniquement du vivant de la personne par qui il

est accompli et non après sa mort n’est supporté par aucun fondement dans la Loi Sacré (Sharî`ah). »

Fin de citation.

Citons aussi les paroles qu’il est recommandé de dire par notre maître ash-Shurunbulâlî (qu’Allâh lui

fasse miséricorde) dans la section consacrée à la visite du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) dans

son ouvrage référence de fiqh de l’école intitulé Nûr al-Îdâh :

« Tu es le médiateur, l’intercesseur auquel a été promise la grandiose intercession, tu es le détenteur de

la station glorieuse, le maître de l’intercession. Allâh a dit à ton endroit : Si, après qu’ils se soient fait du

tort à eux-mêmes, ils s’étaient rendus auprès de toi et qu’ils aient demandé pardon à Allâh, et que

l’Envoyé ait aussi demandé leur pardon [à Allâh] ils auraient trouvé Allâh disposé au repentir et

Miséricordieux.

Nous nous sommes donc rendus auprès de toi après nous être fait du tort, en demandant pardon de nos

péchés. Intercède pour nous auprès de ton Seigneur et demande-Lui de nous faire périr en conformité

avec ta Tradition (Sunnah) et de nous réunir au sein de ta communauté sous ta bannière. Qu’il nous

fasse boire à ta fontaine, qu’Il nous abreuve de ta coupe sans être humiliés ni éprouver de regrets.

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Ton intercession, ton intercession, ton intercession, ô notre seigneur l’Envoyé d’Allâh !

Ton intercession, ton intercession, ton intercession, ô notre seigneur l’Envoyé d’Allâh !

Ton intercession, ton intercession, ton intercession, ô notre seigneur l’Envoyé d’Allâh ! »

Fin de citation.

On trouve dans l’ouvrage de jurisprudence Hanbalite du Shaykh al-Mardawî (qu’Allâh lui fasse

miséricorde) intitulé al-Insâf fî-ma`rifah ar-rajih min al-khilaf `alâ madhhab al-Imâm al-Mubajjal Ahmad

ibn Hanbal :

« La Position correcte de l’école [Hanbalite] est qu’il est permis dans sa demande (du`â) d’utiliser une

personne pieuse en tant qu’intermédiaire, et que cela est souhaitable (mustahab). L’Imâm Ahmad a dit à

[ndT : son disciple] Abû Bakr al-Marwazî : Qu’il fasse ses demandes à Allâh par le Prophète (yatawassalu

bi-n-nabî fî du` âhi) !) »

Fin de citation.

Citons aussi la parole du maître Ibn al-Jawzî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) dans son Muthir al-Gharam

as-Sakîn ilâ Ashraf al-Amakin consacré aux anecdotes survenues à des savants lors de leur visite de la

noble tombe :

« Muhammad ibn Harb al-Hilâlî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) a dit : « Je suis entré à Médine et suis allé

à la Tombe du Messager d’Allâh (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam). Un Bédouin est venu le visiter en disant :

Ô Meilleur des Prophètes ! Allâh t’a révélé le Livre Véridique et y a dit : Si jamais, s’étant montré injustes

envers eux-mêmes, ils viennent à toi et demandent le pardon d’Allâh, et que le Messager demande

pardon en leur faveur, ils trouveront certes Allâh Pardonnant et Miséricordieux. (4 :64) Je suis donc venu

à toi en demandant le pardon pour mes péchés, recherchant ton intercession auprès de mon Seigneur.

Puis il se mit à réciter ce poème :

Ô Meilleur de ceux dont les os sont enterrés au fond de la terre

Et dont le parfum a rendu agréable les profondeurs ainsi que les hauteurs

Que je sois la rançon pour une Tombe que tu occupes

Et dans laquelle se trouvent pureté, bonté et merveille

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133

Puis il est parti, je me suis assoupi et ai vu le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) dans mon sommeil.

Il m’a dit : Rattrape le Bédouin et annonce lui la bonne nouvelle qu’Allâh lui a pardonné par mon

intercession. »

Fin de citation.

Nous nous limiterons à cela pour ne pas être long car il est impossible de citer tout ce qui a été dit dans

ce domaine. On remarque que les Savants cités sont des références dans leurs écoles respectives. Cela

est amplement suffisant pour celui qui cherche à comprendre.

Comme l’a dit le maître al-Haytâmî (qu’Allâh lui fasse miséricorde) :

« Parmi ses miracles (sallâ-Llâhu `alayhi wa sallam) accordés par Allâh, le fait que celui qui demande par

lui, en le prenant comme intermédiaire vers Lui par son rang, ne se verra pas rejeté [son invocation]. Il

suffit comme humiliation pour le dénégateur d’être privé de sa bénédiction. »

Fin de citation.

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134

Complément sur la vie des morts dans l’intermonde (al-barzâkh)

Nous revenons ici sur les paroles du maître al-Haytâmî (qu’Allâh l’agrée) :

« Le tawassûl peut aussi designer une invocation de sa part car il est certes vivant et entend les

questions de celui qui lui demande. »

Allâh (subhânahu wa ta`âla) a dit :

« Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d'Allah, soient morts. Au contraire, ils sont

vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus. » (3, 169)

Le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) a dit :

« Ma vie est un bien pour vous car vous me parlez et je vous parle, et ma mort sera un bien pour vous

car vos œuvres me seront montrées : pour le bien que je verrai, je louerai Allâh, et pour le mal que je

verrai, j’implorerai son pardon pour vous. » (Rapporté par al-Bazzâr, texte authentique.)

L’activité spirituelle des Prophètes et des Saints ne s’arrêtent pas après leur mort. Les preuves sont,

entre autres, les récits authentiques sur le Voyage nocturne où le Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-

sallam) a rencontré les autres Prophètes (paix sur eux) qui ont prié avec lui et certains d’entre eux ont

même fait des invocations en sa faveur.

« Les Prophètes sont vivants dans leur tombe et ils prient. » (Rapporté par Abû Ya`lâ, Hadîth valide,

hasan)

Cela fait partie des enseignements authentiques de la croyance sunnites et on craint de celui qui nie cela

qu’il soit dans l’égarement ou l’innovation. Qu’Allâh nous en préserve.

Pour illustrer cela, citons les paroles du savant Ibn al-Qayyîm al-Jawziyya qui est une référence chez ceux

qui nient le tawassûl et la vie des saints dans l’intermonde. Il dit dans son ouvrage Kitâb ar-Rûh, le Livre

de l’Esprit :

« Il faut savoir que les âmes sont différentes les unes des autres suivant leurs forces, faiblesses,

grandeurs… etc., car les grandes d’entre elles ont des particularités qu’on ne trouve pas chez les autres.

Et ces âmes se sont débarrassées des entraves du corps, comme on le constate en ce monde. Elles sont

munies d’une force qui leur permet de traverser l’espace pour monter vers Allâh et s’accrochent à Lui,

c'est-à-dire qu’elles ne cessent pas d’obéir à Ses ordres, l’évoquent toujours et L’aiment. Ce qui n’est pas

le cas des autres âmes qui sont enfermées dans les corps. Mais une fois libérées, elles deviennent

purifiées des fautes, en jouissant d’une force particulière. Et d’après la tradition, on a vu en rêve le

Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam), Abû Bakr et `Umar (qu’Allâh les agrée) dont les âmes avaient

mis en déroute les armées des mécréants malgré leur multitude. »

Fin de citation.

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135

Certaines personnes de nos jours critiquent l’attribution de ce livre à Ibn al-Qayyîm, pourtant ce livre lui

est attribué par plus d’une dizaine de savants qui lui sont contemporains pour certains comme le note

Sîdî Gibril Fouad Haddâd dans sa biographie :

« Al-Dhahabi (m. 748) dans al-Mu‘jam al-Mukhtass bi al-Muhaddithin (fo 145), al-Safadi (m. 764) dans

A‘yan al-‘Asr (fo 129) et al-Wafi bi al-Wafayat (2:170-172), al-Husayni (m. 765) dans Dhayl al-‘Ibar

(5:282), Ibn Kathir (m. 774) dans al-Bidaya wa al-Nihaya (14:234), Ibn Rafi‘ (m. 774) dans al-Wafayat (2:6-

7), Ibn Rajab (m. 795) dans Dhayl Tabaqat al-Hanabila (2:447), Ibn Nasir al-Din (m. 842) dans al-Radd al-

Wafir (p. 68), Ibn Hajar (m. 852) dans al-Durar al-Kamina (3:400), al-Biqa‘i (m. 885) dans Sirr al-Ruh

(introduction), etc. »

Fin de citation.

On a aussi prétendu que ce livre a été écrit dans une période où Ibn al-Qayyîm ne connaissait pas Ibn

Taymiyyah et était enclin à accepter les doctrines de Soufis. Cela est refuté par le fait qu’Ibn Taymiyyah

est cité dans le livre. Ce qui prouve qu’il était déjà son étudiant. Ici se ferme cette parenthèse.

Cette question de particularités des âmes pieuses des Awliyâ, morts ou vivants, est expliquée par le

maître al Hâjj Mâlik Sy qu’Allâh l’agrée dans son Ifhâm al Munkîr al Jânî. Citant le noble Sharîf, le pieux

Shaykh, notre maître l’Imâm al-Haddâd du Yémen (qu’Allâh l’agrée) il écrit :

« Toujours dans Taqrîb al Wusûl, le maître al-Haddâd dit : ‘Le souci que le maître spirituel se fait après sa

mort, pour ses disciples, pour ses proches et pour ceux qui sont attachés à lui, est beaucoup plus

accentué que pendant sa vie où il reste tout occupé par des obligations individuelles. Tandis qu’une fois

mort, il en est déchargé. L’être vivant peut avoir des particularités (ndT : khusûsiyyat), mais il est

également soumis à la condition humaine. Souvent, l’une peut l’emporter sur les autres. Surtout de nos

jours où la condition humaine l’emporte sur les particularités. Le mort n’a que des particularités.’

Il a dit aussi : ‘Avec la mort des hommes de mérite, on ne perd en eux que l’être physique et les traits.

Mais leurs réalités essentielles continuent d’exister. Ils vivent dans leur tombe. Si les Awliyâ vivent dans

la tombe, ils ne perdent rien de leurs connaissances, de leur intelligence, de leur force spirituelle. Une

fois morts, leurs âmes gagnent en pénétration, en connaissance, en vie spirituelle et s’orientent

davantage vers Allâh (qu’Il soit exalté). Aussi si leurs âmes sont sollicitées pour quelque dessein que ce

soit, Allâh réalise ce dessein pour leur faire honneur. C’est le sens qu’il faut donner aux propos de

certains d’entre eux : « Ils ont le pouvoir d’agir sur les choses ». Et le véritable pouvoir d’agir consiste à

influer sur les choses.

Mais la création ex nihilo (ndT : à partir de rien) n’appartient qu’à Allâh, à Lui Seul. Il n’a pas d’associé.

Ainsi le Walî mort ou vivant, n’a, à proprement parler, aucune influence sur quoi que ce soit. Quiconque

à donc la conviction que le Walî a une quelconque influence sur quoi que ce soit, est un mécréant. Il y a

ainsi parmi les habitants de l’Intermonde (barzâkh) des Awliyâ qui sont dans la Hadra (Présence) d’Allâh

(qu’Il soit exalté !) Si quelqu’un s’adresse à eux pour l’intercession, à leur tour ils s’adressent à Allâh

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pour la réalisation de ce dessein. Le pouvoir d’agir qui émane d’eux est favorisé par leur entière

confiance placée en Allâh et exprimée par le biais de leurs âmes. Aussi, le véritable pouvoir d’agir est

détenu par Allâh, Lui Seul. Le pouvoir d’agir qui émane d’eux, fait partie des faits ordinaires qui ne

requièrent aucun pouvoir. Seulement ce dessein peut se réaliser au moment même où ils (les Awliyâ)

agissent selon les lois universelles établies par Allâh et non grâce à leur action elle-même. C’est dans ce

sens qu’on explique la déchéance que l’on attribue aux Awliyâ lorsqu’on dit : ‘un tel a déchu un tel’.

S’adressant à Allâh pour que la déchéance ait lieu, elle s’accomplit si telle est la volonté d’Allâh, mais

non par l’action du Walî.

Soit donc prudent pour ne pas confondre les deux notions. Sinon tu ferais un faux pas. Puisse Allâh nous

diriger dans le droit chemin ! »

Fin de citation.

Voilà qui complète cette dernière partie. Al-hamdu li-Llâh.

Sources et compléments :

Biographie d’Ibn al-Qayyîm :

http://www.livingislam.org/qayy_e.html

La visite de la noble tombe parmi les meilleurs actes surérogatoires.

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=20426

Rechercher l'intercession des Prophètes et des Saints (tawassûl, istighâthah...etc.)

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=20467

Les preuves du tawassûl et leur authenticité :

http://hadithproofsfortawassul.blogspot.com/

Réfutation de l’affaiblissement de la narration de Mâlik ad-Dar :

http://aslama.com/forums/showthread.php?t=11605

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137

Conclusion : Vers une meilleure compréhension du Soufisme…

Comme l’a dit le Shaykh Ibn `Atâ Allâh al-Iskandarî (qu’Allâh l’agrée) dans ses Hikâm :

Gloire à Celui qui a fait en sorte que l’accès à Ses Saints n’est possible qu’en cherchant un accès à Lui, et

qui ne fait parvenir à eux que ceux qu’Il veut faire parvenir à Lui.

Nous ajoutons :

Louange à Allâh qui guide ceux qui L’aiment vers ceux qu’Il aime.

Il n’y a d’autre dieu qu’Allâh qui dirige qui Il veut par sa Miséricorde vers sa Miséricorde.

Allâh est plus Grand, sans comparaison avec aucun.

Il n’y a de force et de puissance qu’en Allâh, force et puissance par laquelle Il nous fait Le glorifier, Le

louer, proclamer Son unicité et Sa Grandeur, l’adorer soir et matin et chercher Accès auprès de Lui.

Ainsi nous louons Allâh pour nous avoir permis de réaliser ce texte en espérant que, par Sa générosité, Il

accepte ce travail et en face, malgré sa médiocrité, une œuvre utile ne serait-ce que pour un seul

musulman.

Nous conclurons par un texte de l’Imâm Ahmad Mashhûr al-Haddâd (qu’Allâh lui fasse miséricorde)

expliquant le but de la Tarîqah et la méthode de ses gens. C’est un extrait de son excellent ouvrage

Miftâh al-Jannah (la Clé du Paradis) :

« Le but premier de la tarîqah est de combattre l’égo (ndT : an-nafs), de le purifier en lui faisant acquérir

des traits de caractères agréables, et de lui imposer la Sharî`ah Muhammadienne, intérieurement et

extérieurement, tout cela selon le modèle de nos prédécesseurs vertueux. Tel est le Soufisme qui

découle de l’affirmation d’Allâh – qu’Il soit exalté - : Réussit, certes celui qui se purifie, se rappele le nom

de son Seigneur, puis accomplis la prière (84 : 14-15) A cause de sa nature frivole et dispendieuse, l’égo

ne peut se soumettre qu’à un pouvoir implacable, à des preuves évidentes, ou aux soins d’un médecin

compétent. Le pouvoir de la vérité et de la guidance a disparu il y a longtemps, lorsque le pouvoir

temporel et le Qur-ân ont pris des chemins séparés, ainsi que l’avait prédit le Véridique, le Confirmé,

que les prières et la paix d’Allâh soit sur lui. Alors un Etat fondé sur le favoritisme et la tyrannie apparut,

qui rejeta la religion, se préoccupa de ses propres intérêts et entreprit d’établir solidement son autorité

et sa puissance propres. Au fur et à mesure que le temps passait et que les générations où la guidance et

les bonnes choses avaient été d’une importance capitale s’éloignaient, les caprices égoïstes et les

passions furent portées au pinacle, si bien que les hommes devinrent aveugles aux preuves éclairantes

de la Sharî`ah. Allâh affecta par conséquent, dans chaque génération, un groupe de gens à la

préservation de Sa religion, qui doivent continuer à la soutenir, hors d’atteinte de ceux qui s’opposent à

eux jusqu’à ce que viennent le commandemant d’Allâh (ndT : C'est-à-dire la fin du monde comme

l’indique la note en bas de pages.)

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Ces gens sont précisément ceux qui maintiennent et protègent leur Livre, la Sunnah et la Voie de leurs

prédécesseurs. Ils prennent la direction à laquelle les appelaient le Livre et la Sunnah : ils respectent les

injonctions qu’ils contiennent et appellent, par des voies douces et sages, les âmes indisciplinées à s’y

soumettre. Ils les rendent conciliantes, et iles les attirent par des plaisirs et des moyens licites qui

procurent un jour et un plaisir auquel l’égo ne résiste pas, comme l’audition [de poèmes et de chants],

les différentes assemblées vertueuses de rappel, et d’autres pratiques qui aident à purifier l’âme et lui

apprennent à acquérir d’excellents traits de caractère et de bonnes habitudes.

Telle a toujours été la façon de faire des guides sur la Voie et des personnages éminents de la nation de

Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) qui ont appelé à Allâh. Ces hommes s’enfonçaient loin dans

des territoires éloignés des terres où l’Islâm était pratiqué, et ils atteignaient des lieux inexplorés, où

ceux qui invitent les gnes à rejoindre l’Islâm ne pénètrent que rarement, sauf ceux qui se sont voués à

Allâh et qui acceptent d’endurer les épreuves telles qu’elles terrifieraient les gens habitués au confort.

Ils l’on fait pour obéir à leur Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) qui a dit : Transmettez [un peu de

mon message] en mon nom, même si cela ne dépasse pas un verset. (Rapporté par al-Bukhârî et

Muslim) Ils ont ainsi rejoint ces gens de la « Satisfaction d’Allâh », qui sont parmi les meilleurs de la

Nation de Muhammad (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam).

Ainsi sont les remplaçants des prophètes,

Suscités par le mérite du Messager d’Allâh

Dans la meilleure des religions.

Ils mettent en œuvre leur guidance et ils forment leurs disciples en leurs adeptes en les faisant adhérer

à cette excellente méthode. »

Fin de citation.

Ailleurs dans l’ouvrage, il fournit cette excellente explication de la sourate al-Fâtihah donnée par

l’illustre maître Abû Bakr ibn `Abdu-Llâh al-`Aydarûs (qu’Allâh l’agrée) qui explique le lien entre la

Sharî`ah (Loi) et la HaqîqahSharî`ah) combinée avec la Voie qui mène à la réalisation (Tarîqah). Il affirme

que celui qui nie la Haqîqah, et donc le Soufisme qui est la science qui permet d’y accéder n’a pas

pratiqué la Sharî`ah. Cela sera la conclusion finale de cette réfutation : (Réalité). Cette réalité ne peut

être que le fruit de la mise en pratique de la Loi (

« Quant à toi qui te répands en parole sur la Haqîqah, tu ne recevras pas la guidance tant que tu

n’observeras pas les injonctions et les prohibitions de la Sharî`ah. C’est comme si tu ignorais ce qu’Allâh

dit à Ses serviteurs dans la Fâtihah de Son Livre.

(NdT : Louange à Allâh Seigneur des Univers)

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Il leur enseigne d’abord comme Le louer et Le remercier, et leur dit qu’Il mérite la louange à cause de Sa

Seigneurie sur tous les mondes. Il utilise le mot « Seigneur » en raison de l’extrême douceur et

gentillesse qu’il implique.

(NdT : Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux)

Puis Il les réconforte en leur disant qu’Il est pour eux ar-Rahmân (le Tout Miséricordieux) dans cette vie

et ar-Rahîm (le Très Miséricordieux) dans le monde à venir, et Ses serviteurs exultent alors d’espoir.

(NdT : Roi du Jour du Jugement)

Et pour éviter qu’ils outrepassent leurs limites, Il les soument à en proclamant qu’Il est le Maître du Jour

du Jugement. Car la vraie nature de la royauté est la justice, et le Jour du Jugement représente le

moment de la rétribution. Il leur donne donc les ailes à la fois de la crainte et de l’espoir, et Il leur

montre comment les utiliser pour qu’ils prennent leur essor vers Sa Présence, leur ordonnant de dire :

C’est Toi que nous adorons.

Et c’est la Sharî`ah. Quand Il les a installé dans l’adoration, ils se sont imaginés qu’ils étaient porteur

d’une volition (ndT : ou volonté) porpore et ils ont été envahis d’orgueil et d’ostentation, aussi souhaite-

t-Il leur apprendre qu’ils ne pevent Lui obéir que par Son aide. Alors Il leur dit :

Et c’est Toi dont nous implorons le secours.

Ce qui est la Réalité (al-Haqîqah). Les serviteurs d’Allâh qui bénéficient de ce soutien providentiel

apprennent ainsi que, bien qu’ils soient eux-mêmes possesseurs d’une volition, c’est d’Allâh, Exalté soit-

Il, que vient leur capacité à respecter les injonctions et les prohibitions de la Sharî`ah, qui est la station

de la rectitude. [Le Hadîth] « Dis : Je crois en Allâh. Puis sois droit ! » Signifie que l’on doit être

persévérant dans l’obéissance à Lui, en sachant que si ce n’avait été avant tout par Son Soutien

providentiel et Sa Guidance continuelle, il n’y aurat eu ni Haqîqah, ni volition. L’orgueil et l’ostentation

disparaissent donc ici, pusique Ses serviteurs subsistent alors de et par Lui. Secret de la capacité divine,

ceci représente le premier pas sur le chemin de la Haqîqah vers la subsistance (ndT : Baqâ) par Lui et

vers l’extinction (ndT : Fanâ) de soi-même.

(NdT : Comme l’affirme le maître al-Qushayrî dans Son Epître Qushayirienne sur La Science du Soufisme,

Risâlah al-Qushayriyyah fî-`Ilm at-Tasawwûf :

« Par extinction (ndT : ou annihilation, Fanâ) les Soufis font référence à la disparition des caractères

blamâbles, tandis que par subsitance (Baqâ), ils font référence à la persistence des bonnes qualités. Le

serviteur d’Allâh ne peut qu’avoir ces deux types (de caractèrisitques), car il est connu que celui qui n’a

pas l’une possède inévitablement l’autre. Lorsque ses attributs blâmables sont annihiliés, il en possèdera

de bons. De même, s’il est dominé par des caractères blâmables, il sera dépouillé des louables. »

Fin de citation.)

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A ce moment, le serviteur d’Allâh qui bénéficie du soutien providentiel d’Allâh doit nécessairement

retourner à Lui, n’ayant trouvé aucun recours autre que Sa satisfaction ni acune échelle jusqu’à Lui autre

que l’appel à Lui, et on en reste perplexe. Il lui est alors ordonné de dire :

Guide nous dans le droit chemin, le chemin de ceux qui Tu as comblés de faveurs, et non pas de ceux qui

ont encourus Ta colère ni des égarés.

En bref, la Sharî`ah consiste pour toi à suivre les commandements d’Allâh, et ceci constitue la

Soumission (Islâm) et la Foi (Imân). La Haqîqah, c’est qu’Il t’y établisse fermement, comme si tu Le voyais

alors que Lui te voit, ce qui constitue la station de l’Excellence (Ihsân).

Tu peux, si tu veux, dire que la Sharî`ah est une science, dont le contenu est la Tarîqah – c’est-à-dire

l’action – et dont le résultat consiste à atteindre Allâh, ce qui est la Haqîqah. Le fait de l’atteindre ne

tient pas au mouvement physique, ni à la distance petite ou grande. Ton effort vers Lui est au contraire

le seul fait de Sa Providence, et s’Il s’approche de toi, c’est par un effet de Sa Miséricorde. Certains

savent cela, et d’autres l’ignorent, et sous cette connaissance réside une science vaste et un secret

caché.

Les gens vivent dans des rêves embrouillés (12 : 44).

‘Ô Allâh, pardonne à mon peuple, car ils ne savent pas !’»

Fin de citation.

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Allâhumma, Nous te demandons par Tes Noms connus et ignorés, par Ton Livre préservé, notre maître

Muhammad, Ton Prophète, Ton Envoyé, par Ses Compagnons agrées, par Sa Noble famille purifiée,

par toute œuvre acceptée, d’accorder ta prière la plus complète et ta paix la plus parfaite à notre

maître Muhammad ainsi qu’à la Pure Famille de notre maître Muhammad et ses Nobles Compagnons,

Les nobles Saints de Sa Communauté, Les savants bien guidés et tous ceux qui les suivent jusqu’au Jour

Dernier.

Allâhumma prie sur notre maître Muhammad, Celui qui a ouvert ce qui était fermé et Celui qui a scellé

ce qui a précédé, Défenseur de la Vérité par la Vérité et le Guide sur le droit chemin, ainsi que sur sa

famille selon son degré et ce degré [que Tu lui as accordé] est immense.

Prière par laquelle Tu nous délivres de tout malheur et de toute crainte, Tu combles nos besoins, Tu

nous purifies de nos souillures, Tu élèves notre degré au plus haut auprès de Toi et Nous mènes au

meilleur dans l’ensemble du bien, dans la vie et après la mort.

Prière par laquelle Tu ouvres les portes de la Satisfaction et de la facilté, et Tu fermes les portes du mal

et de la difficulté, et par laquelle Tu seras pour nous un Allié et un Soutien. Tu es certe le meilleur Allié

et le meilleur Soutien.

Allâhumma pardonne nous, nos familles, nos ascendants, nos déscendants, nos proches et ceux qui

nous veulent et nous font du bien parmi les musulmans. Nous te demandons, l’absolution complète,

l’intégrité, l’immunité, la réussite dans notre vie, après notre mort, dans notre religion et notre

quotidien.

Allâhumma ouvre nos cœurs à l’amour de Ton Prophète Elu, fais nous mourir dans sa Sunnah et

permet nous d’emprunter la Voie qui nous mènera vers ceux qui nous mèneront vers lui.

Allâhumma amîn par la dignité du Prophète (sallâ-Llâhu `alayhi wa-sallam) et de tous ses

Compagnons et par la bénédiction de mon maître et appui auprès de mon Seigneur, Abû-l-`Abbâs

Ahmad at-Tijânî al-Hasanî, qu’Allâh les agrée.

Achevé le 22/18 de Rabi` ath-Thânî/Avril 1431/2009. Wa-l-hamdu li-Llâhi Rabbi-l-`Alamîn.

Source : http://www.aslama.com/forums/showthread.php/19565-Les-%C2%AB-arguments-

%C2%BB-contre-le-Soufisme-et-leur-r%C3%A9futation