5
LES ARMES DE PIERRE DE MARATHON Author(s): François Lenormant Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 15 (Janvier à Juin 1867), pp. 145-148 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734622 . Accessed: 22/05/2014 01:16 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.50 on Thu, 22 May 2014 01:16:02 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

LES ARMES DE PIERRE DE MARATHON

Embed Size (px)

Citation preview

LES ARMES DE PIERRE DE MARATHONAuthor(s): François LenormantSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 15 (Janvier à Juin 1867), pp. 145-148Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734622 .

Accessed: 22/05/2014 01:16

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to RevueArchéologique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 91.229.248.50 on Thu, 22 May 2014 01:16:02 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LfiS

ARMES DE PIERRE

DE MARATHON

On trouve fréquemment sur le champ de bataille de Marathon des objets antiques dont l'origine et la présence en ce lieu doivent être rapportés sans le moindre doute à l'immortelle victoire de Miltiade. Le Cabinet des médailles possède un cylindre et un beau pendant de collier de doryphore perse trouvés dans le marais où s'engloutit une partie de l'armée de Datis et ďArtapherne. J'ai vu moi-même entre les mains des paysans du village de Marathon, dans les cinq visites qu'il m'a été donné de faire à cette localité à jamais illustre, plusieurs dariques d'or, un scarabée phénicien en jaspe vert, et un cône de chalcédoine portant sous le plat un» gravure que son style indiquait indubitablement comme provenant des contrées situées sur les bords de l'Euphrate.

Mais les objets qui se découvrent le plus habituellement à Mara- thon sont des armes, et particulièrement des pointes de flèches.

Tout le monde sait qu'à l'extrémité de la plaine qui vit une poi- gnée d'Athéniens et de Platéens détruire les innombrables légions des Asiatiques, tout auprès du rivage de la mer, s'élève encore aujourd'hui le tumulus, mentionné par Pausauias, sous lequel les citoyens d'Athènes, tombés dans cette glorieuse journée, reçurent la sépulture. On n'y a encore jamais entrepris de fouilles régulières, mais il est impossible de donner quelques coups de pioche dans les flancs de ce tumulus sans amener au jour un assez grand nombre de pointes de flèches. Même chaque fois qu'une forte pluie en ravine les pentes on est sûr de trouver, en regardant attentivement le sol, quelqu'un de ces objets. Il semble que les Athéniens, pour honorer

XV. <0

This content downloaded from 91.229.248.50 on Thu, 22 May 2014 01:16:02 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

146 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. leurs morts, aient rassemblé les traits lancés par les archers perses, dont le sol était jonché, et les aient mêlés à la terre du tumulus, transformant ainsi la tombe des défenseurs de la patrie en une sorte de trophée et les faisant reposer sous un amoncellement des armes des vaincus.

La majorité des pointes de flèches que l'on trouve ainsi chaque année dans les terres du tumulus de Marathon, et dont les paysans ont toujours quelques échantillons à vendre aux voyageurs, sont en bronze, très-courts, barbelés, à trois faces, avec une douille creuse dans laquelle s'emmanchait l'extrémité du roseau mince avec lequel les Perses fabriquaient leurs flèches (1). Mais on en trouve en même temps un assez grand ombre en silex noir, circonstance déjà notée par Dodwell (2) et par le colonel Leake (3).

Ces pointes en silex sont plus longues que celles de bronze; elles ont de trois à quatre centimètres de longueur. Elles sont taillées par éclats et non polies. Leur forme, toujours la même, est très-particu- lière, et diffère complètement de celles des pointes de flèches en pierre que l'on trouve dans nos pays d'Occident, forme exactement reproduite dans les objets analogues exhumés des tombeaux des îles d'Amorgos et d'Anaphé, comme je le disais dans le dernier numéro de la Revue. Légèrement courbées au sommet, les pointes de flèches en silex de Marathon ont trois faces et offrent à leur base une section triangulaire. Un dessin pris sur une de ces pointes, que j'ai recueillie moi-même en 1860 à la surface du sol, à la suite d'une pluie d'orage, donnera de leur type au lecteur une idée plus exacte et plus complète que ne pourraient le faire toutes les descriptions.

Ces pointes n'ont certainement pas été fabriquées en Grèce. D'abord leur forme, je le répète, est tout à fait différente de celle des pointes de flèches en pierre dont se servaient les populations primitives des contrées helléniques. Puis leur matière, le silex noir, ne se trouve

(1) Herodot. VII. 61. (2) Classical tour in Greece , t. II, p. 159. (3) Demi of Attica, 2e édition, p, 100.

This content downloaded from 91.229.248.50 on Thu, 22 May 2014 01:16:02 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

LES ARMES DE PIERRE DE MARATHON, 147

que très-rarement en Grèce. Elles faisaient donc partie de l'arme- ment de certains archers de l'armée perse, qui les avaient apportées avec eux.

Or, Hérodote, décrivant avec de grands détails l'armée à la tête de laquelle Xerxès envahit la Grèce, remarque que les Éthiopiens, qui formaient une portion considérable des archers dans les troupes des rois Achéménides, avaient des flèches courtes en roseau, avec une pointe de la même pierre dans laquelle ils gravaient leurs cachets : xaXa(x(vouç ôtVroùç [/.txpob;, avrt Ss aiS^pou £Tcy¡v X(ôoç, ô£ùç 7re7CoiY)(ji£Voç, tw xat t&ç (jcppyiYtSaç Y^cpouat (1). Les lances des mêmes Éthiopiens avaient à leur extrémité une corne ďantilope aiguisée en guise de fer : 7cpòç

afy(jAç ei^ov • Im Se xspaç SopxdcSoç £7rr¡v ô$> TreTronqfjievov, Tpo-rcov Il est difficile de ne pas croire qu'Artapherne et Datis avaient de ces

. archers éthiopiens dans leur armée et que ce sont eux qui ont laissé comme monuments de leur passage les pointes de flèches en silex noir que Ton découvre dans le tumulus de Marathon.

Mais, si nous ne nous faisons illusion, ce fait et le passage d'Hé- rodote, qui en fournit l'explication, ont une véritable importance archéologique. Voilà des armes de pierre dont la date, bien constatée, est seulement 490 avant Jésus-Christ, et dont se servaient des soldats embrigadés dans les armées du roi de Perse, exactement comme certains escadrons de Baskirs, qui servent dans les troupes de l'em- pereur de Russie, font encore usage de l'arc et des flèches en l'an de grâce 1867. Et les Éthiopiens qui employaient dans les guerres contre les Grecs ces traits à pointes de pierre n'étaient pas des sau- vages, comme les Libyens armées de javelots en bois durci au feu, que Xerxès traîna à sa suite jusqu'à Salamine (2). Hérodote parle des cachets qu'ils se gravaient, dcppr^TSa ç yXú <pou<ri, ce qui indique un état de culture déjà avancé et ce que n'ont jamais fait les peuples encore à l'âge de pierre. Il nous dit d'ailleurs formellement que c'étaient les Éthiopiens habitant les bords du Nil, immédiatement au- dessus de l'Égypte, oí òrap Aî^tou AíôiWç, nation dont nous connais- sons par de nombreux et importants monuments la civilisation et qui, des textes positifs nous l'apprennent, avaient été instruite par les Égyptiens, au moins neuf siècles avant Darius, dans l'art de la métallurgie et dans l'usage des instruments non-seulement de cuivre, mais encore de fer. Ce n'était donc pas faute de connaître les métaux et de s'en servir qu'ils faisaient en pierre la pointe de

(1) Herodot. VII, 69. (2) Herodot. VII, 71.

This content downloaded from 91.229.248.50 on Thu, 22 May 2014 01:16:02 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

148 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

jeurs flèches et avec des cornes aiguisées celle de leurs lances, mais sans doute parce que les métaux étaient rares chez eux et qu'ils les réservaient pour des usages où il eût élé plus difficile de les sup- pléer. N'y a-t-il pas là un précieux enseignement de prudence dans la distinction des âges du bronze et de la pierre, un avertissement de se tenir en garde contre la tentation d'attribuer immédiatement loute arme de pierre que l'on rencontre aux temps antéhistoriques et à l'état encore sauvage de l'humanité?

François Lrnormant.

This content downloaded from 91.229.248.50 on Thu, 22 May 2014 01:16:02 AMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions