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Les Catholiques et l'unité chrétienne du XIXe an XXe siècle; itinéraires européens d'expressionfrançaise by Etienne FouillouxReview by: Jean SéguyArchives de sciences sociales des religions, 28e Année, No. 55.2 (Apr. - Jun., 1983), pp. 229-230Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30121621 .

Accessed: 15/06/2014 16:46

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BULLETIN DES OUVRAGES

de leur opposition a la guerre du Vietnam. Dans ces trois cas, on voit comment la cau- tion donnee par un systeme chretien etait mise en cause au nom de temoignages legaux, me- dicaux ou politiques.

Dans sa reflexion sur le langage, R. K. F. differencie le discours liturgique, celui qui cree l'evenement en mime temps qu'il l'enonce, comme le kerygme des premiers chretiens (les paraboles, I'annonce du Royaume, l'affirmation que Jesus est le Christ, ne sauraient &tre prises pour des meta- phores), et le discours ((de seminaire , parole sur la parole, ou le langage religieux lui-mime est en proces et doit.se justifier dans un con- texte seculier. Or, on aboutit alors non plus a un discours prophetique et createur d'une re- alite, mais a une interpretation parmi d'autres de cette derniere. Tres souvent d'ailleurs, la secularisation du discours liturgique n'a pas besoin d'un contexte laique pour s'operer: il suffit que pritres et prophetes veuillent expli- citer leur message et traduisent en langage adapte a un auditoire etranger ce qui, pour eux est implicite, pour denaturer le sens de ce discours. C'est ce que l'on voit dans le proces Quinlan: lorsque vient temoigner un pr~tre catholique, affirmant que mettre fin au coma et a la vie de Karen serait conforme a la doc- trine et aux declarations pontificales, l'interro- gatoire qui suit lamine peu a peu son autorite de garant religieux, pour transformer ses affir- mations en une opinion parmi d'autres, sans plus de poids que celles du monde laique. Dans le cas Cueto et Nemikin, 1'Eglise comme l'Etat a perdu conscience de ses limi- tes: ni l'un ni l'autre ne savent ou commen- cent ou ou s'ach6vent les droits des conscien- ces individuelles et de l'autorite legale. Quant au proces Berrigan, le seul fait de porter l'af- faire devant une cour de justice laique trans- forme completement la fagon d'exposer le cas: face a des motivations de conscience dic- tees par la religion chretienne, le juge choisit toujours l'interpretation la plus litt6rale et la plus etroite des paroles prononcees, les de- pouillant de toute connotation morale; alors que les accuses demandaient que leur temoi- gnage prenne valeur universelle, il se voit re- duit ici aussi a une opinion parmi d'autres.

Ce travail res original utilise sous tous ses angles le theme du langage, pour mettre en evidence l'incommunicabilite du monde sacre et du monde seculier, et la progressive perte

d'influence du referent chretien dans l'univers americain d'aujourd'hui. C'est un livre p6ne- trant et stimulant, malgre des allusions techni- ques quelque peu deconcertantes pour l'histo- rien non sociologue.

Viviane Barrie.

55.345 FOUILLOUX (Etienne). Les Catholiques et I'unit6 chr~tienne du XIXe an XXe sidcle; itinbraires europeens d'expres- sion frangaise. Paris, Le Centurion, 1982, 1 007 p.

Sous le regard critique des acteurs encore en vie, un historien met de l'ordre dans un passe recent, celui de l'oecumenisme catholi- que europeen d'expression frangaise; par le mime mouvement, il tente de lui procurer un sens rigoureusement scientifique, loin de tou- tes les apologetiques. E. F. pratique une his- toire rigoureuse, a partir des documents les plus varies (dont beaucoup proviennent d'ar- chives privees et certains ont ete provoqu6s par la demande du chercheur). Ceci n'empi- che aucunement ce dernier de s'inquieter des modeles et hypotheses explicatives des socio- logues, et de s'en inspirer parfois discretement dans ses propres l61ucidations.

L'histoire ici rapportee commence par celle de l'unionisme, tourne vers la Russie, les Bal- kans, le Moyen-Orient, le monde des < Eglises orientales dont, a partir de Leon XIII, le Saint-Siege fait I'axe de sa politique inter- confessionnelle: ramener a l'unit6 romaine, dans le respect de leurs rites et de leurs coutu- mes, les chretiens schismatiques, constitue la tiche prioritaire assign6e a cette entreprise; sur place, elle se heurtera aux pratiques latini- santes et occidentalisantes des missionnaires. E. F. montre bien quels rapports se nouent en- tre cet unionisme et les jeux de la politique va- ticane, dans ses entrelacements avec les con- flits et les oppositions des grandes puissances au Moyen-Orient et dans les Balkans. Jusque dans l'entre-deux-guerres, l'unionisme domine la scene; il ne reculera vraiment qu'a partir de Vatican II. La s'imposera officiellement un autre ideal des relations entre Eglises, et du probleme de l'unite chretienne: l'oecumbnisme catholique.

L'auteur decrit par le detail la longue et pa- tiente lutte que durent mener les partisans et les inspirateurs de cette derniere orientation;

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

pour eux, I'ouverture en direction des Eglises protestantes et de l'emigration orthodoxe s'impose prioritairement; elle d6bouche sur une 6valuation relativement positive de la tra- dition spirituelle de ces frbres s6pares ,. Cet aecumenisme catholique, dont le P. Congar apparut vite comme le thtoricien principal, inspirait a la hierarchie des craintes souvent exprimees: ne risquait-il pas de favoriser le re- lativisme, et mime l'indiff6rentisme?

Le singulier, ici, ne doit pas abuser: le monde longtemps un peu souterrain, fort dis- cret, de l'oecumenisme catholique, ne fut pas d'une seule piece: E. F. le montre bien en s'es- sayant a une typologie de ses tendances lors- que, apres 1945, le mouvement se developpe plus ouvertement: les P. P. Bouyer, Danielou, Rouquette, occupent la droite de l'eventail; I' aile gauche) met la priere au-dessus de la recherche intellectuelle et s'exprime dans le milieu lyonnais autour de la ((Semaine de l'Unite et de l'abbe Couturier; au centre, enfin, des hauts lieux tels qu'Istina et Cheveto- gne, et -last but not least- le P. Congar, theoricien d'un rapprochement theologique et institutionnel entre les Eglises.

Phenomene de portee numeriquement limi- tee, impliquant des clercs bloignes des lieux de decision institutionnelle, des intellectuels lai'cs depourvus, par definition, de tout pouvoir dans l'Eglise, suspect dans son ensemble en depit de ses prudences, l'oecumenisme dut sa diffusion a des contacts personnels, mais aussi a des conferences, des sessions, des rencon- tres, des publications diverses. L'initiative la plus connue en ce domaine est celle de la ( Se- maine de l'UniteA promue par l'abbe Coutu- rier. E. F. en parle longuement dans son tra- vail, en des pages d'une 6tonnante precision eu egard a la nature de la documentation en la matiere.

L'ouvrage accorde aussi une attention bien- venue aux ( salons oecumeniques caracteristi- ques des annees 1945-50, ainsi qu'a certains ( petits prophetes de l'oecumenisme: les epoux Chasles, Louis Gillot, et quelques au- tres laics dont l'activite a laisse des traces dis- seminmes.

E.F. montre encore quels liens unissent l'cecumenisme catholique aux renouveaux bi- blique, patristique, liturgique et a toute la fer- mentation intellectuelle des milieux catholi- que frangais dans l'entre-deux-guerres et

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apres 1945. I1 note que le phenomene 6tudie represente une des facettes d'un mouvement plus vaste qui voit les elites catholiques s'ef- forcer de penser la place du christianisme dans un monde moderne laicise de plus en plus. Dans cette perspective, l'union- si pos- sible institutionnelle- des chretiens apparait necessaire, comme un moyen en vue d'une fin: la reconciliation du christianisme et du monde moderne, dans la fidelite a une tradition chre- tienne, elle-mime redefinie. De fait, pour les oecumenistes catholiques, I'union doit procu- rer l'occasion d'une reforme de l'Eglise: le P. Congar qui enonce les ((Principes d'un aecumenisme catholique ,, n'articule pas par hasard, ensuite, les criteres d'une ((vraie re- forme dans l'Eglise . Et les choses vont plus loin encore, puisque a certaines pages du tra- vail d'E.F. on voit apparaitre des artisans du catholicisme social, et mime se profiler -in- quietante ou attirante ?- l'ombre du moder- nisme.

Mal requ par les autorites catholiques, manoeuvrant, au plus pres et pendant plusieurs decennies, entre les 6cueils, I'oecumenisme ca- tholique s'imposa finalement; mais sans que I'unionisme ait pour autant cesse d'exister, ni les oppositions, accepte de se replier. E. F. est sans illusion: c<au defi sectaire, aux re- surgences fondamentalistes se sont ajout6es (des) reticences... previsibles... Et le Slave Jean-Paul II n'est-il pas en train de reinventer l'unionisme ? > (p. 932). Quoi qu'il en soit, un tournant a ete pris a Vatican II; le present ou- vrage (une these de doctorat es-lettres et scien- ces humaines soutenue a Paris X - Nanterre en 1980) fait magistralement I'histoire des hommes et des idees qui ont rendu possible cette evolution. De Mortalium animos de- nongant, en 1928, les erreurs et les dangers de l'oecumenisme a Unitatis redintegratio sanc- tionnant, en 1964, son entree en catholicisme le parcours serait-il contradictoire? E.F. montre bien que le changement ne va pas ici sans ses continuitis: il n'y a pas rupture mais mutations maitris~es; et I'histoire continue...

Jean Seguy.

55.346 FUCHS (Eberhard)

Jugendsekten, Kinder Gottes - Mun Sekte - Hare Krishna - Transzendentale Meditation - Scientology-Kirche - Ananda Marga. Munich, Wilhelm Goldmann Verlag, 1979, 256 p.

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