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Revue trimestrielle 77e année
Le Numéro : 220 FB
N°2 - 2001
LES CHEMINEES...
UN DANGER DE TOUS LES TEMPS
Editeur responsable : M. George, rue du Couvent, 3-5100 Jambes
Rvec le soutien du Ministère de Iq Région wallonne,
Division du Patrimoine.
Société Royale
SAMBftC & MCUSC
(fl.S.B.L)
M6MBR6S D'HONNEUR :
M.L Damoiseau
J. Bovesse
CONSEIL D'RDMINISTRfiTION :
Président : Mme Françoise Jacquet-ladrier
Les Ravins 3-5100 UUépion - 081 /46. 05.42
Vice-Président : R. Falise
15, rue Piret-Pauchet - 5000 Namur.
Directeur de la revue : Mme Martine firickx-George
rue du Couvent, 3-5100 Jambes - Tél. 081/30.90.22
Secrétaire :Mme Rnne Mirasola-Mossiat
Rue des Trois Piliers, 104 - 5002 St-Servais - Tél. 081/73.24.07
Trésorière : Mme M.-Cl. Offermons
rue du Progrès, 12 - 5000 Namur
Membres : Mmes O. Maréchal-Pelouse, R. Liétart,
MM. J. Culot, G. Dereine, J. Godefroid, J. Lambert, L. Michaux.
Les articles publiés n'engagent que leurs auteurs.
Le directeur de la revue a essayé de toucher tous les ayants-droit au copyright des illustrations.
Néanmoins, si l'un d'entre eux constatait que des illustrations ont été publiées à son insu, qu'il veuille
bien prendre contact avec celui-ci.
Toute reproduction d'un article ou d'un extrait d'article, par quelque procédé que ce soit, est
strictement interdite, sauf autorisation préalable de l'éditeur.
Cotisation : 700 F8
Compte : 068-2009608-86 de Sombre et Meuse - Le Guetteur LUallon - 5000 Nomur
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1 SOMMAIRE
UNMETIER OUIRESERVEDESSURPRISES
□ Incendies et ramonages à Namur auxXVII3 et XVIIP
Fr. JACQUET-LADRIER
TRADITIONS
□ Mœurs et spots de Namur
F DANHA/VE (réédition)
COMPTES-RENDUS
ASSEMBLEEGENERALESTATUTAIRE
DU24MARS2001
ASSEMBLEEGENERALEEXTRAORDINAIRE
DU25AVRIL 2001
LISTEDESMEMBRES
COUVERTURE
Cheminées, rue des Brasseurs à Namur (cliché Fac-Photo).
2001-2
siècles p. 28
p. 37
p. 42
p. 47
p. 49
p. 50
UN METIER QUI RESERVE
DES SURPRISES
INCENDIES ET RAMONAGES A NAMUR
AUX XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES
Partout en Europe, les autorités urbaines ont pris diverses mesures, plus ou moins
efficaces, pour prévenir les incendies accidentels qui risquaient d'atteindre des propor
tions effrayantes. Le Magistrat de Namur n'a pas fait exception, d'autant plus conscient du
danger que la ville était enfermée dans ses remparts, puis dans son enceinte bastionnée,
et que sa vocation militaire la destinait à subir, un jour ou l'autre, siège ou bombardement.
II fit progressivement supprimer les toitures de chaume, les maisons en bois, obligea de
reculer les façades à la fois pour élargir les rues - et rendre la circulation plus aisée par
conséquent - et pour empêcher que ne se touchent les sommets de façades en encorbelle
ment. II fit paver les greniers et rejeta près des murailles, voire en dehors de celles-ci, les
ateliers dangereux1. Si l'on admit les tonneaux de goudron des feux de joie et les fusées des
feux d'artifice lors des réjouissances publiques, malgré les risques évidents qu'ils présen
taient, on interdit de lancer des ballons aérostatiques, depuis l'écrasement de l'un d'eux en
1785 sur un immeuble de la rue du Cul de Sac, auquel il avait mis le feu2!
Ces précautions portaient sur le long terme et il fallut du temps pour qu'un programme
aussi vaste se trouvât réalisé. En 1760, par exemple, le Magistrat se vit forcé de rappeler
la défense de couvrir de chaume non seulement les maisons mais aussi toutes leurs
nombreuses annexes3.
Et pourtant, au quotidien, le danger persistait: impossible d'empêcher la population de
se chauffer, de cuisiner, de s'éclairer, ce qui se faisait généralement à la flamme nue. Une
simple distraction, un faux mouvement, un peu de malchance, un courant d'air, la
panique, l'eau lointaine... et la maison s'embrasait. Le « grand feu » de Londres en 1666
avait frappé les esprits. II y en eut d'autres : notamment à Briançon en 1692, à Rennes en
1720. Le 30 mai 1770, l'incendie d'un quartier de Paris fit des centaines de victimes parmi
les spectateurs de la fête donnée à l'occasion du mariage du dauphin Louis et de
l'archiduchesse Marie-Antoinette4.
1. Voir L'initiative publique des communes en Belgique, fondements historiques (ancien régime), Actes (du)
llème Colloque international, Spa, 1-4 septembre 1982, Crédit communal de Belgique (Coït. Histoire, in 8°, n°
65, Bruxelles, 1984, spéc. p.191-192 (D. MORSA, pour Huy), p. 203-204 et 211 (F. JACQUET-LADRIER, pour
Namur), p. 238 Q. DUGNOILLE, pour Ath), p.247-256 (M. RYCKAERT.Brandbestrijdingen overheidmaatregelen
tegen brandgevaar tijdens het Ancien Régime).
2. D.-D. BROUWERS, Cartulaire de la commune de Namur, t.VI, 1692-1792, Namur, 1924, p.306
3. Ibid., p.250
4. J. DELUMEAU ET Y. LEQUIN (dir.), Les malheurs des temps. Histoire des fléaux et des calamités en
France, Paris, 1987, p.371 et sv.
28
ESSIEURS LES MAYEUR ET
CHEVINS de h vme de Namor>
informent le public , que Pkm fofqh Thiry
eft établi ramoneur pour cette Ville &
banlieue.
Fait au Magiftrat à Namur le zy Fé
vrier 1790. Paraphé LEG Vt,
PAR ORDONNANCE
Signé , S. J. Lafontaine
A NAMUR , chez Hinne Imprimeur
juré de la Ville,
29
Sièges et opérations militaires de 1692 à 1746
1692 Destructions minimes et fortuites, les belligérants ayant
respecté leur parole de ne pas tirer sur la ville. Emploi de
boulets rougis et de pots à feu.
1695 Démolitions stratégiques opérées par les Français au pied du
Château et rue Notre-Dame. Tirs alliés concentrés sur le
Grognon : au moins 30 maisons en ruines, aucune maison
intacte.
Dans la « corbeille», une trentaine de maisons démolies,
surtout vers la porte Saint-Nicolas.
Dégâts aux bâtiments publics, aux églises et couvents.
Dégâts importants à Jambes.
Effondrements et incendies.
1704 Bombardement hollandais depuis les collines de Jambes ; une
vingtaine de maisons détruites par les « boulets rouges » .
1746 , Démolitions stratégiques notamment à Jambes ( inachevées
. toutefois)
En conclusion : une centaine de maisons détruites en un demi-
siècle, en quatre opérations militaires différentes alors que Namur
comptait environ 1.200 maisons. C'est une estimation minimum qui
repose sur les déclarations des propriétaires demandant une exonéra
tion de la taille réelle (impôt foncier). II fallait, pour l'obtenir, avoir
commencé les travaux de réparation, ce que certains propriétaires n'ont
pu faire que longtemps après les événements. Les immeubles des
propriétaires exempts de taille (pour leur habitation uniquement)
n'apparaissent évidemment pas.
Pour en savoir davantage: Ph. et F. JACQUET-LADRIER (dir.),
Assiégeants etassiégés au cœurde l'Europe, Namur, 1688-1697, Bruxel
les, 1992 ; Destruction et reconstruction de villes du moyen âge à nos
jours, Actes (du) 18ème Colloque international, Spa, 10-12 septembre
1996, Crédit communal (Coll. Histoire, in 8°, n°100), Bruxelles, 1999,
spéc.p.225-231 (Ph. JACQUET et F. JACQUET-LADRIER, pour Namur,
1692-1704) ; L. LAROSSE, Le siège de Namuren 1746, la démolition des
bâtiments des faubourgs, dans Namurcum. Chronique de la Société
archéologique de Namur, 41e année, 1969, p.51-59.
30
Namur n'a pas connu de catastrophes de cette ampleur, même durant les sièges5.
Toutefois, chaque année, l'une ou l'autre maison, un moulin ou un atelier étaient la proie
des flammes6.
Il existait un embryon de service d'incendie certainement depuis 1642. Le gouverneur
du comté, le comte de La Motterie7, responsable de la sécurité de la place forte, avait
ordonné alors au Magistrat d'acheter des seaux et des échelles, et de les entreposer dans
des endroits jugés propices où les trouveraient les ardoisiers, les charpentiers et les maçons
appelés par le tocsin de la cloche-porte8. Les membres de ces corps de métier étaient, en
quelque sorte, réquisitionnés en cas de sinistre. Les habitants devaient également se munir
de seaux de cuir bouilli et les réserver au service exclusif de la lutte contre le feu.
C'est en 1734, que le Magistrat rationalisa celle-ci. II dressa un plan clair et logique qui,
l'espérait-il, éviterait à l'avenir la panique dans la population et la confusion chez les
sauveteurs. Du haut du château, les guetteurs qui avaient détecté les fumées suspectes,
donnaient aussitôt l'alerte bruyamment9 .Le lieutenant-maïeur, chargé de la police, prenait
le commandement des opérations, aidé de ses sergents. Le maître plombier assermenté
manœuvrait la pompe à bras roulante10, les couvreurs et les charpentiers dressaient les
échelles et y grimpaient, n'hésitant pas, le cas échéant, à faire la part du feu à la hache.
Pratique des échelles et bonne connaissance des bâtiments justifiaient à elles seules le
recours à ces hommes de métier. Les porteurs de tonneaux de bière formaient une chaîne
humaine pour transporter les seaux d'eau11. Si le sinistre avait lieu la nuit, les voisins
illuminaient leurs façades avec des chandelles pour pallier le manque d'éclairage public12.
Ce règlement fut mis à jour en 1770. Dans l'introduction, le Magistrat en souligne la
portée: Rien ne peut arrêter plus efficacement les progrès funestes des incendies que
l'activité des personnes chargées d'y apporter un prompt secours, dès qu'elle est conduite
dans un ordre capable d'éviter la confusion13.
La prévention demeure indispensable : prudence des gestes - il est depuis longtemps
interdit de pénétrer avec des flammes nues ou même des pipes allumées dans les greniers
ou les étables - sobriété dans la consommation des boissons alcoolisées qui rendent les
gestes incertains et surtout propreté des cheminées et des conduits à fumée.
Le Magistrat s'efforça de sensibiliser la population à la nécessité de les ramoner. Dès
1656, constatant la répugnance des Namurois h faire nettoyer comme il appartient les
5. Voir encadré. À Rennes, par exemple, 900 édifices avaient été détruits lors de l'incendie de
1720.Q.DELUMEAU et Y. LEQUIN, op. cit., p.374).
6. Les comptes du Magistrat de Namur et leurs acquits, ceux de la taille et leurs acquits, font mention des
incendies car ils suscitent des dépenses imprévues et des remises sur les impôts (ARCHIVES DE L'ÉTAT ÀNAMUR (=AÉN), Ville de Namur (=VN), 2ème section (=11), n°76-253, 269-544, 561-823,passim). Le moulin
de l'Étoile a brûlé notamment en 1709 [Ibid., n° 166, f 204v°).
7. Claude de Lannoy, comte de La Motterie (1580 -1643). Voir G. BAURIN, Les gouverneurs du Comté de
Namur, (1430-1794), Namur, 1984, p.182-187.
8. D.-D. BROUWERS, op. cit., t.V : 1621-1692, Namur, 1922, p.105. En 1709/10, par exemple, le Magistrat
avait réparti les 558 seaux en sa possession en 25 endroits différents : hôtel de ville, casernes, maisons nobles,
couvents, demeures d'échevins etc.. (VN, II, n°166, P 204r° et v°).
9. L. LAROSSE, Les guetteurs du château de Namur, dans Namurcum. Chronique de la Société archéolo
gique de Namur, 42ème année, 1970, p.1-9.
10. Le Magistrat de Namur avait acheté en 1709, pour une somme de 406 florins, une machine contenante
deux pompes ( ....) servante à éteindre le feu que lui fournit Martine Bourtombourg ( VN, Il,n° 166, f°238).
11. VN, 1ère section ( = I), n°51 et 322.
12. Ibid. et D.-D. BROUWERS, Cartulaire..., t. VI, p. 237-238.
13. VN, I, n°51.
31
cheminées de leurs maisons, ce qui a pour effet que lefeu se jette dans le souffre et ordures
y croupissantes, il ordonne de les faire nettoyer à temps et à heure, à peine de six florins
d'amende si le feu s'y met une première fois, du double pour la deuxième fois et d'amende
arbitraire en cas de récidive. Somme importante que six florins si l'on sait qu'un maître
maçon ou un maître charpentier gagnent moins d'un florin par jour! Cet édit fut proclamé
le 1er juin, à son de trompe, comme de coutume, aux carrefours et sur les marchés14.
En 1687, le Magistrat inclut l'obligation de ramoner les cheminées dans les Éditspolitiques (article 9 du chapitre 22), qui constituaient un règlement général de la vie
urbaine15. Il n ' y précisait malheureusement pas la fréquence de l'opération, se contentant
d'indiquer qu'elle devait se faire de temps en temps. Il désignait un seul ramoneur
assermenté et ses ouvriers, à l'exclusion des gens de passage qui offraient leurs services,
à moins que, vu la nécessité, il ne les autorisât spécialement à travailler. Un seul
responsable jouissant d'un monopole : c'était d'ailleurs le cas de beaucoup d'entrepreneurs
à l'époque16. Toutefois, le salaire du ramoneur était tarifé par le Magistrat. Une partie était
ristournée à ses hommes, qui, le plus souvent, avaient exécuté le travail : deux à trois sous
dans les petites maisons, quatre à cinq dans les grands logis. Le ramoneur était, en outre,
tenu de signaler aux propriétaires les réparations qui s'imposaient, sans avoir d'ailleurs
à surveiller si ses conseils étaient suivis d'effet.
Les Namurois, inconscients du danger ou trop ménagers de leurs deniers, demeuraient
souvent plusieurs années sans faire ramoner17. Le ramoneur officiel était donc loin d'être
débordé : en 1773, un ouvrier, Joseph Gallampion, attesta que son patron, Léonard-
François Jacqmart, perdait plus dans son entreprise qu'il n'y gagnait. La même année, ce
dernier se plaignit du manque de collaboration des habitants. Il était quasiment sans travail
et ses ouvriers le quittaient les uns après les autres, car ils ne pouvaient plus, disaient-ils,
nourrir leur famille. Les deux derniers venaient de s'engager dans l'armée au service des
États Généraux des Provinces-Unies qui, en vertu du Traité de la Barrière, occupait
militairement Namur. Jacqmart suggérait au Magistrat d'ordonner, dans l'intérêt de tous,
le ramonage semestriel des cheminées à bois tandis que, pour celles où l'on brûlait de la
houille ou des boulets de « terre houille », un nettoyage tous les deux ans pourrait être
toléré. Jacqmart proposait, en outre, de faire remettre au client par le responsable, après
chaque ramonage, une quittance qui servirait de preuve18. De son côté, ce dernier tiendrait
registre, rue par rue, de l'état des cheminées19.
Le Magistrat prit cet avis en considération. Le 13 janvier 1774, il rendit une ordonnance
dans laquelle il retint l'idée de la quittance obligatoire et du registre qui, seul, ferait foi, à
défaut de production de celle-ci. Une amende d'un florin frapperait tout propriétaire ou
locataire qui aurait omis de faire ramoner en temps prescrit. Et si, malgré toutes les
précautions, la suie s'embrasait, cet événement serait unepreuve que ces cheminéesferoient
14. Ibid., n° 48bis, f 108.
15. Les Édits politiques ont connu des éditions anciennes. Ils ont été publiés par J. GRANDGAGNAGE, dans
Coutumes de Namur et coutume de Philippeville, t. 1, Bruxelles, 1869, p.303-362 (art.9 du chap.22, p.340).
16. Cette clause d'exclusivité se trouvait dans les requêtes que les artisans et les industriels adressaient au
souverain pour obtenir l'autorisation d'installer leur fabrique. II s'agissait d'une exclusivité pour la ville, plus
rarement pour le comté.
17. VN, I, n°67.
18. Ibid.
19. Ces registres semblent avoir disparu.
32
plus de suiffe que d'autres, et qu 'elles doivent, par conséquent, être ramonées plus souvent.
L'amende prévue, en ce cas, était de trois florins le jour et du double, la nuit20.
Le ramoneur assermenté avait eu à défendre à maintes reprises son monopole, à la fois
contre ses propres ouvriers s'émancipant à travailler à leur propre compte21 et contre les
étrangers à Namur, originaires des Pays-Bas ou non. En 1739, un conflit éclata entre le
ramoneur « sermenté » de l'époque, Christophe Délabre, et un certain Jean-Claude
Hudrisier, né à Milan mais marié en 1733 à une Namuroise et vivant depuis lors avec elle
à Namur. Du fait de cette union, il se considérait comme namurois bien qu'il n'ait jamais
acquis le droit de bourgeoisie22. Il faisait concurrence à Délabre en ramonant.... «au noir»,
si l'on ose ce jeu de mots trop facile. II prétendait le faire avec succès. II traitait son rival
d'incompétent, de pleutre, l'accusait de laisser grimper ses ouvriers aux plus hautes
cheminées et de les payer fort mal. En bref, il demandait, par requête au Magistrat, de
pouvoir le remplacer officiellement. Le Magistrat le lui refusa, sans discuter d'abord le
moins du monde ses compétences mais au nom de la tradition : jamais à Namur, un ouvrier
assermenté n'avait été étranger! II le menaçait même de le chasser judiciairement de la ville
s'il persévérait dans ses travaux. Ce qui arriva. Hudrisier présenta aussitôt au Magistrat une
requête : il demanda à pouvoir rentrer à Namur, affirmant qu'il se conformerait aux
défences (....) au regard du ramonage des cheminées et laisserait en paix Délabre. Revenu,
il se tint tranquille quelque temps, puis recommença à travailler, se fondant sur un octroi
de Philippe IV d'Espagne, datant du 5 avril 1658 qu'il fit parvenir au Magistrat23. Ce texte
autorisait les marchands-ramoneurs lombards ( ses sujets comme duc de Milan) à travailler
dans les cloîtres et les villes des Pays-Bas, malgré les protestations des métiers des merciers
de certaines villes. Ce n'est pas de ramonage de cheminées qu'il s'agissait ! Mais bien de
la possibilité de vendre librement des merceries meslées dans les cases qu'ils portent sur
leur dos es boettes etpetits pacquets dessous le bras ou leurs mains, criantpar les rues ainsi
que de la cristallerie, de la quincaillerie et de minutes galanteries24. Ruse ou naïveté ?
Hudrisier confond-il, de bonne foi, dans sa requête les deux activités ? Se dit-il que ce qui
est admis pour le Lombard dans un cas doit l'être aussi dans l'autre ? Pensait-il peut être
abuser le Magistrat ? Celui-ci, en tout cas, a semblé le croire et considéra que l'usage de cet
octroi était un abus de confiance ; qu'en tout état de cause, il ne pouvait s'appliquer au cas
d'Hudrisier. Celui-ci ne lâcha pas prise et envoya une requête dans le même sens au
20. VN, I, n°51 (Minute publiée dans L'initiative publique..., p.211-212).
21. C'est le cas du « garçon-ramoneur » Minoret, en 1746. (VN, I, n° 67).
22. Au XVIIIe siècle, le droit de bourgeoisie se relevait si l'on était fils ou veuve de bourgeois. II s'acquérait,
dans le cas contraire, moyennant payement d'un droit tarifé suivant le lieu d'origine (ville et banlieue, comté,
Pays-Bas, étranger). II fallait fournir la preuve de son appartenance à la religion catholique au moyen d'un
extrait d'acte de baptême. Héritage des institutions médiévales, ce droit de bourgeoisie contribuait à faciliter
la recherche d'un emploi et donnait lieu à la jouissance de quelques privilèges. II semble bien qu'il y avait aussi
un aspect psychologique . Les gens du petit peuple semblaient fiers d'être bourgeois de Namur, ce qui les
distinguait des simples habitants de la ville.
23. VN, I, n°67.
24. La copie de l'ordonnance de Philippe IV est jointe à la requête d'Hudrisier dans VN, I, n°67. Il s'agit ici
d'une copie libre. II en existe un autre exemplaire aux Archives de l'Etat à Namur (Manuscrits divers, annexe
au fonds du Conseil provincial du Comté de Namur) signalé comme unique dans la Liste chronologique des édits
et ordonnances des Pays-Bas (Règnes de Philippe W (1621'1665) et de Charles II (1665-1700), Commission
royale des anciennes lois et ordonnances de Belgique, Bruxelles, 1910, p. 113. Il s'agit là d'une copie due au
notaire Flahuteau, de Namur, à partir d'une copie du notaire bruxellois van der Noot mais authentifiée par
l'échevinage de Bruxelles, le 23 mai 1737. Les deux textes sont identiques quant au fond bien qu'ils présentent
de nombreuses variantes orthographiques.
33
Gouvernement général qui demanda le 7 août 1739 des explications écrites au Magistrat.
C'est ainsi qu'est venue jusqu'à nous cette petite bataille juridique dont le dénouement ne
nous est pas connu. Peu importe d'ailleurs.
Cette anecdote est exemplative à plus d'un titre. Elle témoigne de la xénophobie qui
régnait à Namur parmi la population qui, confrontée à une pénurie relative du travail,
conservait jalousement celui-ci pour les siens. Le Magistrat relayait cette opinion au nom
de la tradition. De plus, ne voulant sans doute pas perdre la face,il prétendait pouvoir
obliger Délabre, l'homme de son choix, qui avait prêté serment, à la moindre plainte que
la (sic) publique ou quelques particuliers pouroientfaire (...) de se pourvoir de domestiques
suffisons et capables et il n'en manque jamais(..). Pourtant, le métier de ramoneur est
acrobatique, voire dangereux; s' il ne tente guère les paisibles Namurois, c'est à cause
d'Hudrisier qui les débauche et les détourne pour avoir le prétexte d'exercer le métier de
ramoneur. Le Magistrat se sert d'arguments spécieux. Hudrisier a-t-il les faveurs du public
et non Délabre ? Il n'estpas surprenant qu 'il aitpu entrer dans une cheminée en laquele un
autre peut être plus gros que luy n'eutpas sceu entrer. Hudrisier a-t-il pu faire entendre sa
voix en haut lieu et intéresser le gouvernement central au sort qui lui était fait à Namur ?
C 'est pour renverser les usages et polices d'une ville qu'il s'est adressé à Sa Majesté dans
la croiance de surprendre sa religion et en obtenir une permission qui terniroit l'autorité de
la justice dont S. M. nous at confié l'administration. A travers ces phrases dont les
arguments juridiques sont bien absents, on entrevoit le type de correspondance sur les
affaires publiques que le Magistrat de Namur entretenait à la fin du règne de l'empereur
Charles VI25 avec la Cour de Bruxelles et que l'on connaît mal. Cette anecdote est
exemplative aussi lorsque l'on considère la... victime. Sans doute courageux et entrepre
nant, il est « l'étranger » malgré son mariage namurois mais, de par sa naissance milanaise,
il est sujet de l'empereur d'Autriche, tout comme les Namurois26. Peut -être est-ce pour ce
motif qu'il fut entendu à Bruxelles ?Son apparition fugace dans les archives de Namur jette
une lueur sur les colporteurs, objets de la méfiance populaire27 et pourtant vecteurs de tant
de nouveautés. Peut-on penser qu'enfants des Alpes, savoyards ou milanais, ils aient été
en même temps ramoneurs, parcourant le Namurois comme les Pays-Bas en offrant leurs
services avec plus ou moins de bonheur?
Et pourtant que l'on a de peine à imaginer le cumul des deux fonctions ! Etait-ce possible
que, descendant de son toit, couvert de suie, ses cordes enroulées autour de son corps, il
se mette à sourire et à vendre de ses mains noires de petites galanteries aux femmes du
quartier!
F. JACQUET-LADRIER
5100 Wépion
25. Charles VI, empereur d'Autriche (1685-1740). II est le père de Marie-Thérèse.
26. Les traités d'Utrecht (1713) et de Rastadt (1714) confirmèrent la conquête du Milanais par l'empereur
Joseph II et le firent passer de l'Espagne à l'Autriche.
27. Notamment à Namur. Vers 1760, les métiers namurois adressèrent au Procureur général une requête
(non datée), demandant que la ville soit interdite aux étrangers, savoyards, liégeois, français, normands, anglais
et autres qui courent de porte en porte avec toute sortes de marchandises, sans contribuer aux charges de la ville,
se servant de fausses mesures, faux poids, écoulant des marchandises volées( VN, I, n° 24).
34
ANNEXE
Octroi de Philippe IV roi d'Espagne autorisant les ramoneurs originaires du duché de
Milan à colporter certaines marchandises aux Pays-Bas.
Bruxelles, 5 avril 1658.
Copie notariale non datée par le notaire namurois Flahuteau d'une copie notariale
authentifiée par l'échevinage de la Ville de Bruxelles (23 mai 1737), due au notaire
bruxellois Van der Noot.
Archives de l'Etat à Namur, Manuscrits divers, annexe au fonds du Conseil provincial
du comté de Namur.
5 avril 1658, Ramoneurs, [en marge]
Philippe etc. à tous ceux qui ces présentes veront salut. Receu avons l'humble
supplication et requette des marchands rammoneurs des cheminées de notre pays de
Milan en Lombardie contenent que de tout temps ils sont été reçus dans tous les pays et
roiaumes de l'Europe ay rammoner les cheminées et y assister aux occasions du feu qui y
surviennent tant es cours , palais, châteaux, citadelles, villes et fortresses qu'autres lieux
esdits pays et leurs frontières selon qu'ils s'en sont toujours très fidèlement acquités, à
quelle considération et afin qu'ils pourraient tant mieux subsister avec leurs familles esdits
pays estrangers [s'] ils sont en possession d'y pouvoir librement vendre et débiter des
merceries mêlées dans les casses qu'ils portent sur leurs dos et boettes et petits pacquets
dessous les bras et en les mains, en criant par les rues pour les pouvoir débitter tant es
maisons cloitres qu'autres lieux, mêmes aussi à ceux qui viennent chercher dans leur logis
sans que jamais leur a été faittes difficulté pour cela, sauf que depuis quelque temps en ça,
les métiers des merciers des diverses villes de nosdits Pais Bas veuillent empêcher les
supplians de continuer leur ditte possession par où ils seroient réduits à ne pouvoir
subsister avec leur familles ; le gaing qu'ils font dudit ramonnement des cheminées ne
pouvant seul suffire à cela ; par où ils seroient obligez de quitter ces Pays Bas pour tacher
d'aller subsister ailleurs, ce qui tourneroit au déservice du public qui seroit dépourvu des
supplians qui sont les plus propres à ramonner lesdittes cheminées et assister aux
occasions du feu, comme ils ont souvent fait tant au palais de cette notre ville de Bruxelles
qu'ailleurs. Et comme il ne seroit pas resonnable que laditte utilité publique devroit venir
à cesser pour le caprice et malveillance particulier des marchands merciers, considéré
aussi que le débit que les supplians font desdittes merceries n'est de grande considération
pour ne consister la plus part qu'en menutés et galanteries y joint la raison deladitte
ancienne possession des supplians et bonne coutume générale de toute l'Europe selon qu!il
appert particulièrement par un privilège exprès qu'en ce regard leur a octroie le Roi de
France moderne avec consentement et avis de la Reine régente1 et du Parlement, le 6 de
février 1645, non obstant qu'ils ne sont pas nés ses sujets comme ils sont de nous en notre
dit Pais de Milan, y contribuant et portant les armes aux occasions pour notre service. A
cette cause, ils ont pris leur recours à nous, suppliant très humblement qu'en considération
des raisons susdittes, il nous plu leur accorder un acte par forme de privilège en vertu
duquel leur soit permis de pouvoir vendre et débiter leur dittes merceries en criant par les
rues comme dit est et les vendant tant en leurs chambres et logis que sur les rues et dans
les cloitres et maisons des seigneuries, bourgeois et autres personnes, selon que de tout
tems ils sont accoutumés et en possession de faire.
1. Anne d'Autriche, veuve de Louis XIII, au nom de son fils Louis XIV.
35
Pour ce est-il que nous, ces choses considérées et sur icelles eu l'avis des magistrats de
nos villes de Gand, Bruges, Tournay et Mons, inclinant favorablement à la requête des
marchands ramoneurs des cheminées étant nos sujets de l'Etat de Milan et Lombardie leur
avons permis, octroie et accordé, permettons, octroions et accordons par ces présentes
qu'ils pouissent et pouront porter, vendre et débiter es villes de nos Pais Bas et plas pays
d'iceluy par les rues, cloitres et maisons des particuliers toutes sortes de merceries, cristal
taillés, quinquailleries et autres minutés et galanteries le tout sans préjudice du droit et
privilèges qu'aucune des dittes villes où les méstiers d'icelles pouroient particulièrement
avoir au contraire en ce regard, donnons en mandement à nos très chères et féaulx les chefs
président et gens de nos privé et grand conseils et à tous autres nos justiciers et officiers
qui ce regarderat que de cette notre grâce, permission et octroi, ils fassent souffrent et
laissent lesdists supplians pleinement et paisiblement jouir et user sans leur faire ny
souffrir être fait aucun destourbiers ou empêchements au contraire. Car ainsi nous plaît-
il.
En témoin de ce, avons fait mettre notre scel à ces dittes présentes. Donné en notre ville
de Bruxelles, le cinquième du mois d'avril l'an de grâce mil six cents cinquante huict et de
nos règnes le 37e.
Plus bas étoit accordé à une minutte reposante aux Chartres du Conseil privé. Signé J.J.
Le Roy. Plus bas étoit escrit collatum verbo tenus concordari cum copia attestor. Signé
Vander Noot, not [arius] R[égis] 1737 et le plus bas : Nous bourguemaitres eschevins et
conseil de la ville de Bruxelles déclarons et certifions que maître Guilleaume Vardernoot
aiant collationé et signé lacté cy dessus est notaire publicq résident en cette ditte ville, aux
actes du quel ainsy par luy signez on donne pleine foy et croiance tant en jugement que hors
d'iceluy. En témoin de quoi avons la présente fait munir du cachet de cette ville et signer
par un de nos secrétaire ce 23 mai 1737. Signé J.A. Dégrevé. Y étant apposé ledit cachet sur
nieul (nielle) verde.
Concord à pareille copie en parchemin (s) Flahuteaux, no[tai]re (+ seing manuel).
36
TRADITIONS
Nous avions pris l'initiative, l'année dernière, de republier d'anciens articles du
Guetteur. Nous vous présentons encore, cette année un morceau de choix [Le Guetteur
Wallon, lère année, 1er octobre 1924). L'auteur F. Danhaive qui fonda le Guetteur Wallon
était membre de la Commission de toponymie et de dialectologie.
Mœurs et SPOTS de terroir (Namur-Nord)
IEN de plus savoureux que les
dialogues dans lesquels Cervan
tes opposa le fol idéaliste Don
Quichotte au réaliste et candide
Sancho Pança. Dans la bouche
de ce dernier se succèdent, com
me des litanies, des proverbes et
des dictons populaires qui exaspèrent prodi
gieusement Don Quichotte. La tête de Don
Quichotte était farcie de romans d'aventures;
Sancho était sage, par tradition. Fidèle à son
maître, au demeurant, âme sensible, pourvu
de quelques autres belles qualités, Sancho ne
pouvait cependant devenir un Paladin ; com
me un simple mortel il voyait les choses telles
qu'elles étaient.
Nous ne croyons pas pouvoir rivaliser avec
l'Espagne du XVP siècle pour le nombre des
proverbes. Au reste nous appelons spots tan
tôt des proverbes et des dictons, tantôt de
simples périphrases, des circonlocutions ou
des sobriquets. Tels que, ils sont en quelque
sorte le Livre de La Sagesse de notre terroir.
Ils nous viennent aux lèvres comme des ré
flexes, quand nous éprouvons une émotion ou
quand nous feignons d'en ressentir une. et
aussi par pure complaisance. D'ordinaire ils
sont un appel, nous nous inclinons devant
la vertu du spot. SU pro rationc! Certes ce
sont des expressions stéréotypées (1). Comme
les gestes d'un maître ouvrier seront répétés
par ses apprentis, les spots des parents sont
repris par les enfants. Mais c'est par là pré
cisément qu'ils sont la vraie richesse des pa
tois, et ils fournissent une documentation
abondante pour l'étude de l'histoire. Des spots
ont été étudiés par des érudits. Qui savait,
avant que M. Haust eût écrit ses recherches
étymologiques, wallonnes et françaises, que
l'expression « dwarmu cotne on sodwartnan »
rappelait le souvenir d'une légende orientale
des Sept dormeurs? A présent le sodwarman
wallon est le loir français. Ou encore, que
l'expression: « one chique di permission »
était due à une réminiscence d'expressions bi-
(1) On spot est on spot; c'est one sakwè qu'on dit ainsi.
bliques, ainsi que l'a expliqué M. A. Maré
chal?
Par l'étude des mœurs et de la langue de
notre région nous pénétrons mieux dans notre
être intime et nous affinons nos sentiments.
Et puis, nous apprenons à mieux connaître
notre langue française. M. Jules Lemaître écri
vait dans une des pages de ses Contemporains:
« Le peu de sagesse, de douceur d'âme et de
modération, je le dois à ceci, qu'avant d'être
un homme de lettres (hélas!) qui exerce son
métier à Paris, je suis un paysan qui a son clo
cher, sa maison et sa prairie ».
J'ai essayé de rassembler ici un grand nom
bre de spots autour du récit des principaux
faits de la vie familiale que menaient les ter
riens, dans la banlieue namuroise. Ces exprès
sions étaient employées il y a un siècle, quand
il n'existait ni vélocipèdes, ni chemins de fer.
Nos grands parents les citaient continuelle
ment. Or presque toutes sont encore em
ployées aujourd'hui; et pourtant les diverses
conditions de la vie sociale se sont transfor
mées. Nous devpns donc voir en nos spots
l'âme de résistance de notre patois, ce par
quoi notre wallon résiste le mieux aux incur
sions des langues littéraires.
L'enfant est nécessaire au foyer: c'est /' prit-
mî meûbel Parrain et marraine sont choisis
parmi les proches parents mais leurs fonctions
n'étaient pas une sinécure. Ils èlèvinnent leu
fiyou (1) et intervenaient dans ies principaux
actes de sa vie, pour donner des conseils ou
pour formuler des reproches. Si les douleurs de
l'enfantement (2) durent longtemps, pas de
doute! c'est une petite fille qui va naître, car
coquette: elle fait y' twèlctte divant d' sôitrti.
(1) Us élevaient réellement leur filleul au baptême; à pré
sent ils n'en font plus que le geste.
(2) Les expressions employées dans l.-i viHe de Nnmur
pour désigner la grossesse sont d'un naturalisme grossier,
cynique même. Klles choquent les gens de la banlieue. • -
Les douleurs de l'enfantement sont traduites chez nous :
Yesse dins les- maux. Chaque fois que quelqu'un paraît se
trouver dans une situation critique, ou simplement embar
rassante (au jeu de cartes par ex.); on lui demande: « Es-ce
dins les maux? »
37
Le Benjamin d'une maisonnée est le racu-
Ipt (1) ; et chez les poussins aussi.
Des bébés naissent coiffés de la « Coiffe
de la Vierge ». Les parents enlevaient cettemembrane et la serraient précieusement. L
y a quinze ans encore une Coiffe de la Vierge
était un porte-bonheur pour ceux qui devaienttirer au sort. Les conscrits qui n'en possédaient
pas se faisaient coudre dans le gilet un mor
ceau de leur Béguin de baptême, gardé pré
cieusement dans le coffre de la famille (2).L'on n'a pas encore perdu le souvenir, à
Namur du tour (tourniquet) de l'hôpital Saint-Gilles. Autrefois des mamans pauvres, desfilles-mères honteuses y abandonnaient furtivement leur enfant. Celui-ci tombait à charge
de l'assistance publique qui payait une sommede 10 francs par mois à la personne qui acceptait d'entretenir un petit abandonné. Parfois
la vraie mère se présentait comme nourrice etreprenait son propre enfant en taisant sa qua
lité de mère. Ainsi elle recevait une indemnitémensuelle. Dans la banlieue namuroisc et spé
cialement à Bomel et à Vedrin ou aux Como-ques l'on hospitalisait un grand nombre de cesenfants, pourvus par l'Etat civil de prénomset de noms baroques.
A l'âge de sept ans, le « nourrisson » devaitrentrer à l'hospice pour y apprendre un
métier. Mais vous savez que le pauvre est
^ (1)- Skirlou, à Dînant, horion à Fronville, hotdo plus àl'Iîst. — L'enfant au maillot est r'fachi (idée du faisceauserré); les langes sont les laines (.«. b. un torchon est un
lagnet). L'enfant sevré = spunni {ex-pannis = hors des pans
ou langes). Quand il se tient bien raide sur les bras de sa
maman, il est tôt rwè, tôt skerpu. — Quand In petite fille
commence à marcher: elle est rèvaléye, (comme l'oiselet,
du nid). Les termes d'affection: mi p'tit tchèt; mi p'titc
fèfèye; mi p'iii stritchon, etc.
Dans l'Entre-Sambre-et-Meuse nous notons comme ter
mes d'affection: mi p'tit godi, mi p'tit cuchet!
(2) Comme coutumes curieuses signalons que souvent les
parturiantes tenaient en main un cierge, donné par le pa*
teur; ce cierge devait avoir brûlé le Jeudi-Saint dans l'E
glise. On l'allumait au commencement des souffrances; il
ne s'éteindrait pas avant que tout se fût bien passé! Sainte
Marguerite est honorée a Bouge, depuis des siècles, po'ip
obtenir une heureuse délivrance. — Une superstition à
notet : Dans la Basse-Sambre, dès que l'enfant paraît, le
père ou un proche parent se précipite vers l'accoucheuse
et lui glisse quelque argent en main « pour acheter
l'enfant », pour le soustraire à un mauvais sort. Avec cette
idée que l'on garde, de droit irrévocable, ce que l'on a payé.
soutenu par le pauvre (1). Des familles ne
voulaient plus se séparer de ces petits êtres
qu'elles avaient réchauffé durant sept ans, et
les gardaient-- pro Deo. Chez M. Creve-
cœur, à Bomel, l'on compta un moment quatre
enfants recueillis; ailleurs il n'était pas rare
d'en rencontrer deux ou trois.
Quand un bébé est de structure délicate ou
de santé fragile: « C'est on tchèt d'après V
Sint Dian-. » (2). Par contre peu importe que
l'enfant soit d'une taille mignonne car: i fait
wôu pa d'zeur H », dira-t-on avec une noble
confiance. L'on veut indiquer par la qu'il y a
au-dessus de lui, de l'espace pour s'étendre-.,
l'infini. La cérémonie des relevailles est tou
jours en honneur: râler à messe (3). La ma
man ne manquera pas d'aller présenter, ce
jour-là, le nouveau-né aux plus proches pa
rents, au parrain et à la marraine.
Pour distraire l'enfant on le porte à dos:
à crau bodet, ou à califourchon sur les épaules:
à crau Uyrtchette, ou à raraye (4). Pour le
norter à Sinte Mâriye (à Meux) et à /' cimère
Marîye Gotère (S. Servais) ou à /' tchimèreGodère (Namur) deux personnes soulèvent le
bébé sur leurs mains entrecroisées et le promènent installé de la sorte.
Evidemment il ressemble à son père cornedeux gotes d'aiwe et c'est s' pére tôt fatchî,ou bien il rappelle l'image d'un arrière grand
père défunt: c'est s' pére tôuye riv'nu. Suivantles circonstances, suivant les visites qu'il faitou qu'il reçoit il a onc sakwc di s' grand mo-man...
(1) Une publication très importante est celle de M. F.
Cohrtoy, sur la Bienfaisance publique à Namur et dans ■
la banlieue en 1772. AA. SAN. t. 29. — II est piquant d*y
lire les plaintes que formulaient les hôpitaux de Saint-
Gilles et de Saint-Jacques, sur la diminution des libéralités
pieuses « à proportion des progrès que faisait un luxe
immodéré... B —. Combien de riches recueillent des pauvres?
(2) Les chattes ont deux portées annuelles. Les chatons
de la 1™ nitéye ou djonneléyc sont estimés plus sains et plus
forts que ceux de la seconde (= d'après la Saint Jean, 2<1juin).
(3) Cette expression a un autre sens. Si un individu be
donnant vient à maigrir, il dira en parlant de son ventre
effacé: il est râlé à messe.
(4) C. à d. « a l'amazone », les jambes du petit garçon
pendant sur une seule épaule du porteur. Les charretiers
ne chevauchent pas leurs chevaux mais les montent à
raraye.
38
Les berceuses wallonnes me sont peu con
nues. L'une d'elles évoquait les malheurs de
la Pologne; on la chantait surtout à Leuze-
Longchamps. Parfois le papa fait sauter sur
ses genoux et scande la cadence:
Youp la Youp su li spiria
Djarnho di bwès n'a pou d'oucha!
Ou encore :
Youp la Youp! Colau Robin,Noss' tchivau n'a pou d'awinne1 »' u' aurèt qu'à l'ôute samwinne
Ce cheval a connu plus d'une infortune:
// a yen I' eu tôt pelé
O'awè mougni do struin d' blé!
En balançant le petit, d'avant en arrière,
doucement, l'on récitait une sorte de com
plainte où il est question du hobereau (li mon-
sieû) et de sa femme et du Roi d'Espagne qui
paraissent avoir pris le meilleur de la récolte.
Tchê hou! Tchê vatche (Tombe bœuf, tombevache)
One tchèréye di crau fromatche!Po qui? Po Monsieû !
Po qui? Po Madame!
Po qui? Po tos les rwès d'Espagne.!
Et le drame du chat et du pain trempé dans
la sauce. Pour le bien raconter papa serre les
menottes dans ses larges paumes, et voilà:
On p'tit bokèt di pwin muet,li gros gris tchèt l'a pris,
il a couru o stauve avou,
A kat! A hall (au chat!)
Bon Die! Minou!
Une verge est placée sur la cheminée « po
r'mète li paix » au cas où les héritiers seraient
trop turbulents. La ceinture de cuir qui ceint
les reins paternels (// cingle) interviendra aussi
si c'est nécessaire, contre les chiens, les chats...
et les enfants. Ceux-ci doivent être l'objet
d'une surveillance continuelle, pour être préservés des dangers. Vous me direz peut-êtrequ'ils n'ont garde: i n' pol'nu mau. La sagesse
populaire répondra: « pou mau a tchèyu V eu
dans l'eau, mi-wallon, mi-français (1).
(1) L'on raconte aux enfants que dans les mares, surtout
dans la fosse à purin des cot'lîs, se cache Madeleine aux
longs cheveux et qu'ils doivent la redouter: elle les atti
rerait au fond du Souffre s'ils approchaient trop près du
bord. Ainsi en Ardenne méridionale l'on menace les enfants
de Pêpé Cotchet; de vieux habitants de Profondeville si
gnalent la présence dans les eaux de la Meuse, du Morne
Aveu (av'ler, accrocher) qui attire dans le fleuve les enfantsdésobéissants.
Si Bébé n'obéit pas, gare au Bâhon! (1)
Mais les garçons doivent être espiègles (2) et
les petites filles acquièrent bon renomj^ être
aussi espiègles que leurs frères (des ga\)\ins
juins!) Qui ne faisait l'école buissonnière?
Carrières du Moulin-à-Vent, Rivage Douxfilsf
au bord de la Sambre (li Dodinne des tchets),
Masuadje de Jambes, et, peut-être au vieux
temps, Bois des chats de Saint-Servais, quelle
attraction vous exerciez! (3) A 1er è seule quand
les niaisses alinnent mèch'ner, ce n'était pas
un bien grand déshonneur, non! Evidem
ment les parents se déclaraient aisément satis
faits de leur enfant; dès qu'il manifeste quel
que disposition pour le calcul: il è r'njostréyc-
reâve à s' maisse.
A la maison c'est à qui poussera des « colles »
à l'écolier rempli de suffisance: « On fiermin
qu'est èrèni (rouillé) comin est-ce qu'on /' dis-
rènirètf » La réponse? « / s' disrènirèt conte
i s'a èrèni ».
(Test l'équivalent de la scie: quand un gen
darme rit dans la gendarmerie ...
Une autre :
Dj'aveûve des tnouch'wès à ourler, broder,
timirJiflicoter, dj'el z'a pwârtc à V comére
oûrleuse, brodeuse, timirliflicotcûsc,'po les je
ourler, etc.
Li comére oûrleuse- ■ ■ n'est cuve nin là-..Et cette histoire se termine comme elle
commence: j'ai dû broder moi-même ces fa
meux mouchoirs.
Une devinette: aton racaton? ou, à tondreun rat qu'a-t-on?
(1) Au XVII0 s., à Namur, l'on donnait ce nom à des
membres de la Confrérie Saint Jean le Décollé, ou S. J.
de la Miséricorde, qui collectaient en faveur des familles
des condamnés à mort, ou pour assurer à ceux-ci 'des funé
railles religieuses. Tels les Pénitents, ils avaient la tête
couverte d'une cagoule; l'on en faisait une sorte d'épouvan-
tails pour les enfants indisciplinés. Annules de la S. A. —
A Profondeville l'on menace encore les petits garnements
de l'arrivée de l'homme a 1' rodje linwe. Note de M. J.
Hayot. — Songeons à l'Amcrovfe des Liégeois, ou au
Père Fouettard.
(2) Les bébés nerveux sont zwal'; éveillés: wespiunts;
remuants et espiègles: ârsouyes, ârnauches; d'instinct vaga
bond: raupins, i n'ont pvn d' bonès nanches. Si des instincts
pervers se manifestent : ganaches, djonnes loss'.
(3) Opinion de M. Del Marmol dans les A. S. A. N. t.
IX. — Mais le « Bois des Chats » portait ce nom dès le
XVIe siècle, pour le moins.
Réponse. : des pwcls.
Une autre: on s'pèl et s' mougne? C'est on
canada fwarbolu ou è pureite, ou en chemise,
ou si vous aimez mieux: une pomme de terre
non épluchée et bouillie. On la pèle et on la
mange.
Et: Saperlipopettc! Tirlicipettc? Çà Père!Le pot pette (se fêle). Tire-le s'il pette.
Il y a une vingtaine d'années j'entendis
chanter de façon monotone une petite fable
qui ne semble pas avoir eu de la vogue chez
nous. Cependnnt elle était connue de plusieurs
familles; il n'est donc pas sans intérêt de lareproduire ici:
Nost' agne (notre âne)
Nost' agne avèt si peu d' ses pîs, (craignaitpour ses pieds---)
au' noss' pa lî a fait des bias mignons solesà rider (pour glisser),
des bèlès tcliattsses, des bèlès p'titès culotesavou des djârtîyes
à fîotches, on bia p'tit moustakot avou desbotons d'ôur, etc.
Hi Hun! Les tcherdons sont bin pu bous. (1)
' Momie. L'âne pour lequel on a fait de si
beaux préparatifs brait: je préfère les chardons !
Une ronde enfantine semble rappeler des
souvenirs historiques. Les ducs de Bourgogne
ne furent pas aussi populaires qu'on pourrait
le croire. Evidemment ils étaient abhorresdans le pays de Liège.
Voici un fragment de cette ronde, dont le
chant est assez alerte. Un enfant est debout
sur un petit tertre, ou sur une grosse pierre.
Ses compagnons tournent tout autour de luien chantant:
La tour prends garde (bis) de te laisser abattre!Réponse:
Nous n'avons garde (bis) de nous laisser abattre...Un peu plus loin :
J'irai me plaindre au grand Duc de Bourgogne.Réponse :
Va-t-en te plaindre (bis) à ce vieux cornichon
(1) A rapprocher de la chanson « de l'âne... et des »ou-
l:ers lilas... » dont une variante française a été reproduite
par E. Zola. — Certains mots ne sont pas propres à notre
région. Nous disons aveûve et non avèt; bouriqnc et nona'ne; mèyeu au lieu de nu bon.
Les noms .qui désignent les différentes pièces du costume
pourraient faire dater le récit de la fin du XVIII" siècle.
Les petites filles jouaient avec des escargots
Quand ceux-ci se dérobaient dans leur coquille
les petites filles les excitaient à sortir:
Mais il y a des variantes (1).
Caracole grihnle! M<>sse tes cicanes, caracole! (2)
Quelque Rclî recherchera sans doute, un
iour, les anciens jeux de nos petits conci
toyens. Rude tâche! Quand notre chansonnier
Wérotte publia « one sov'nance des dieux di
nossc d:onne timps » il ne songea pas à doter
son énumeration d'un commentaire bien
développé. Aussi ne comprenons-nous pas
svms peine de quels jeux il faisait mention en
7861. Nos anciens jeux de billes, de « gui
ses « (3), de « caléates » semblent démodés.
Nous jouions encore aux échasses en 1900!
Rn évidant des branches de sureau (sayu)
nous fabriquions, comme nos pères l'avaient
Hit autrefois, des pistolets (bouffas) et des
seringues (spritchettes). Les ressorts nécessai
res furent fournis pendant des années par les
pièces qui armaient les crinolines de nos
grand'mères. Les betteraves taillées et creu
sées figuraient des têtes de squelettes, éclai
rées à l'intérieur par un bout de chandelle.
Amère volupté d'inspirer de l'effroi!
Aucune tradition n'a gardé le souvenir du
Noël. Au reste dès le XVIP siècle les étrenness'échangeaient au 1er janvier et des textes indiquent la remise de «boun'ans, comme douceurs » (4).
La fête de Saint-Nicolas est actuellementla fête de nos enfants, comme elle est celle, e elle est celle
(1) Un crnmijJnon est encore connu; les enfants font la
haîne en chantant: l.i-li caroli estannes Ion assez? Non-on Camion cor one miette pu Ion!...
Commune
p
(2) M. De Raadt dans ses tabrique
159 signale qu'à Bouge pyi d
vol les enfants disent qu
est mouillé on l'écrase, parce qu'il a la gale. Observons
ici que <c Le pot d' caurs » était un estaminet bien fréquenté;
il y a dans cette chanson l'indication des points cardinaux.
(3) Noter à ce sujet deux articles qui furent publiés l'hiverdernier par l.a Province de Namur.
(<l) Par exemple des Çulcltcs, ou gauffres. Archives Jês
Croisiers. Nous appelons encore hounan un morceau de
oate étirée et aplatie pour être placée dans le fer à galettes.
Les chansons de Noël, wallonnes, sont presqu'exclusivement liégeoises ou ardennaises.
40
des petits flamands. « Apportez-moi des pru
nes séchées, des pommes, des noix... » avec
quelques figues, du sucre candi, des orèyes di
hèguennes (tranches de pommes évaporées),
des noisettes, quelque neûjes di bolèdji (peti
tes boules de pâte durcies et brunies au four),
une couque représentant Saint-Nicolas de
pied en cap (astampé). Tout cela était dissé
miné dans quelques cornets de papier (ca-
wotes): One cawote d'one censé! (1) Telle
était la Saint-Nicolas de nos vieux parents.
Parfois un Polichinel. Si le petit garçon récla
mait intempestivement des cadeaux on lui
promettait : one liesse avou des dints, un
épouvantail, quoi! Et il se taisait. Moyen
nant deux francs les désirs des enfants de la
petite bourgeoisie rurale étaient comblés vers
1840. En 1890 il eût fallu de 12 à 15 francs; en
1900 plus de 20 francs, pour les satisfaire. Que
de besoins l'on s'est créés.
Jusqu'en 1875 environ les enfants ne rece
vaient pas de friandises, au cours de l'année.
Bien avant dans le XIX'' siècle le confiseur
surnommé Caramitchc vint étaler ses sucrâdcs
sous les yeux des petits paroissiens, qui sor
taient de l'église des Carmes (Saint-Joseph).
Une sorte de ces sucreries étaient les babu-
laires, une variété de ces babulaircs: les cara-
mitches; et enfin les loios gluants qui s'éti
raient en longs fils. Des textes vénérables
(XIV'-XVe s.) signalent les « niels », mies ou
oublies dont nos marraines étaient encore
friandes. Par contre les galopins du pays re
cherchaient avidemment les meures di tchin
ou mûres sauvages, et la saveur acidulée de
l'oseille sauvage était bien goûtée par les petits
namurois (2).
A suivre
i) Le sucre Candi était une denrée prêteuse, cha^u.
ménage possédait une pince spéciale pour le croquer. — De
lu cassonade fondue dans du beurre bruni, voilà le secret
de la fabrication des anciennes nwarès bnles, vendues au
prix de 2 c. les 5, il y a 65 ans.
(2) La partie la plus acide est le buk, appelé bourdon en
Hesbaye (Moxhe). La fravque surate cultivée dans les jar
dins est bien moins aigre. Notons que les habitants de la
banlieue n'éprouvent pas pour les fruits verts ni pour les
saveurs acides l'engouement qu'éprouvent les citadins. Seuls
les fruits purs sont cueillis, chez nous, pour la consomma
tion.
41
COMPTES-RENDUS
J. Toussaint (sous la dir. de) Hôtels de maître à Namur du style Louis XIV
au 1er empire. Namur, Société archéologique, 2001.
JS DE MAÎTRE À NAMUR' an premier Empire
Belle, riche, précise, l'étude sur
les hôtels de maître était attendue
et ne déçoit certes pas. De nom
breux historiens, archéologues et
conservateurs, qu'il est impossible
de citer ici sans en oublier d'excel
lents, s'étaient déjà intéressés à cet
aspect de notre patrimoine. D'un
Ferdinand Courtoy en 1936 à Jac
ques Toussaint aujourd'hui, en pas
sant par de remarquables recher
ches signées Bastin, Douxchamps,
Javaux, Jacquet et bien d'autres,
nous avons pu suivre leur passion
pour une ville souvent détruite et
toujours reconstruite ou restaurée.
Les grands hôtels et les riches
maisons nobles ou bourgeoises de
Namur font la gloire de nos vieux
quartiers. L'œuvre présentée nous
apprend beaucoup - presque tout -
sur les concepteurs, les propriétai
res, l'architecture, la décoration de
ces grandes demeures.
Sur 94 grands hôtels et maisons
de maître, il en reste 67. Sans doute,
les guerres sont-elles responsables
de destructions, mais aussi, hélas,
l'inconscience de certains pour les
quels un grand axe traversant la
vieille ville et le besoin urgent de créer des logements utilitaires ont eu plus d'importance
que la sauvegarde onéreuse de demeures anciennes dont on ne mesurait pas, il y a 50 ans,
l'importance culturelle. Soixante-sept demeures à regarder et à détailler, cela fait tout de
même un joli tour de ville pour les amateurs d'histoire et les touristes.
Les hôtels les plus importants sont déjà connus du grand public. La plupart ont reçu une
nouvelle destination administrative ou culturelle depuis la fin du 19e et le 2 0e siècle. Faut-il
rappeler le gouvernement provincial, somptueux évêché du 18e siècle, le palais de justice
qui, à l'origine et compte non tenu des modifications, était résidence comtale, l'actuel
42
évêché, ancien refuge de l'abbaye de Malonne, l'hôtel de Groesbeeck-Croix, un des plus
beaux musées namurois, et surtout le remarquable hôtel de Gaiffier situé en plein cœur de
la ville, cadeau inestimable de la dernière héritière du nom ?
Mais à côté de ces demeures prestigieuses, Mr. Toussaint et ses collaborateurs nous
révèlent l'existence de nombreuses petites merveilles, tout en leur rendant leur première
appellation: hôtel de Montpellier (rue de Fer), hôtel Westmael (quai des Joghiers), hôtel
Kessel (plusieurs maisons rue des Brasseurs), hôtel Le Bidart (rue Saint-Jean), etc , sans
oublier les vestiges des couvents, construits aux temps modernes, dont le souvenir est plus
vivant dans le nom des rues que dans le sol namurois (rue des Carmes, des Croisiers, par
ex.) et dont les chantiers trop nombreux ont parfois retardé, au grand dam des bourgeois,
la construction de maisons privées.
Il n'y a jamais eu d'académie d'architecture à Namur, tout au plus une douzaine de
grands professionnels du bâtiment. Ville militaire où, au 18ème siècle, la petite bourgeoisie
prend conscience de son importance et de son désir de confort et de prestige, Namur n'a
pas connu le développement architectural des grands villes flamandes et brabançonnes.
Ses demeures restent apparemment modestes. Toutefois, la beauté des matériaux em
ployés, la richesse de la décoration intérieure, l'importance des portails, portes-cochères,
cours intérieures et jardins, créent des maisons raffinées et belles.
Il ne faut pas oublier les «couleurs de la ville», comme dit Francis Tourneur après avoir
parlé des matériaux, grès, schistes (beiges ou bruns), calcaire bleu de Meuse, ardoises
mauves, briques rouges ou enduit blanc. L'ouvrage décrit aussi l'art interne de ces
demeures, stucs, cuirs dorés, papier peint, admirables départs d'escaliers et rampes en
chêne massif - très influencés par l'art français (Louis XIV, Louis XV) - les cheminées de
marbre, les toiles peintes murales et même les faïences des cuisines.
Est-ce un livre d'architecture, un livre d'histoire, un album de la décoration namuroise ?
C'est plutôt, me semble-t-il, tout cela à la fois. Livre de références surtout, à consulter et
à regarder longuement avant d'aller vérifier sur place la beauté discrète que peut encore
cacher à ses citoyens une vieille ville.
Odette MARECHAL-PELOUSE
Rue Henri Lemaître 79
5000 NAMUR
43
P. Dandoy et J. Vandenbroucke, 1960-2000, 40 ans de Fêtes de Wallonie à
Namur, Bruxelles, Ed. Luc Pire, 2000. Format A 4, 192 pp.
i960
Pierre Dandoy
Jacques Vandenbroucke
2000
Né de la complicité amicale d'un photogra
phe bien connu et d'un historien de forma
tion, le présent ouvrage ne vieillira pas. Ou
plutôt, il vieillira bien, car nous parions que
les fêtes de septembre à Namur lui assureront
de manière récurrente et pour plusieurs an
nées encore, le succès d'intérêt et de curiosité
qu'il mérite largement.
Pourquoi s'être limité à l'évocation des
quatre dernières décennies de festivités qui
en compteront bientôt le double ? Par réfé
rence à l'activité professionnelle de Pierre
Dandoy qui a « couvert » l'événement depuis
1959-1960, pour l'édition namuroise du jour
nal La Meuse. Année après année, sont ainsi
illustrés par quelque deux cents photos et
commentés par J. Vandenbroucke les petits et
les grands moments de ces réjouissances po
pulaires (p.45-165). Tout y passe : quantité
de visages connus ou anonymes, les cérémo
nies officielles, les animations de quartier,
l'envers du décor autant que le devant de la
scène.... On sent que Pierre Dandoy s'est pris
au jeu. Il s'est bien diverti en « croquant » ses concitoyens et les autres et nous devenons
sans peine, à notre tour, les complices au regard amusé de ce « photographe pour qui la
patrie ne s'est jamais étendue au-delà de Namur », évoqué par J. Vandenbroucke (p. 15-
17). Celui-ci s'est basé sur des sources inédites — dont les archives du Comité central de
Wallonie — une quarantaine de travaux, eh oui, concernant directement ou non le sujet
(p. 181-182), les comptes rendus de la presse locale, le tout scrupuleusement justifié dans
un apparat critique de plus de trois cents notes (p. 183-189), digne des meilleures
publications scientifiques. Gageons que voici l'ouvrage idéal à potasser par les candidats
à quelque quiz ou trivialpursuit sur le thème des Wallonies. Depuis quand l'abbé Malherbe
prononce-t-il son homélie en wallon à la messe du lundi ? Qui a obtenu la gaillarde
d'argent en 1973, gagné l'échasse d'or en 1985 ? Et cetera.
On peut regretter le gigantisme, le côté « grande bouffe et beuverie » des fêtes de
Wallonie. A parcourir ce kaléidoscope des quarante dernières années, on ne manque pas
non plus d'être frappé par la quantité assez stupéfiante de plaques dévoilées, de plaquettes,
de médailles, de cravates d'honneur distribuées sur fond de congratulations réciproques !
Tant mieux, tout le monde est content et on s'amuse bien ! Les débuts furent pourtant
difficiles. A la suite de l'avant-propos de l'abbé Paul Malherbe (p. 9-10), de la préface du
Ministre-Président du Gouvernement wallon, Monsieur Jean-Claude Van Cauwenberghe
(p. 11-12), et de l'introduction de Jacques Vandenbroucke (p. 13-14), ce dernier dresse un
utile « historique du Comité central de Wallonie » (p. 19-44), ou le chemin parcouru
44
depuis les années 1920 marquées par« la frilosité des autorités namuroises » à l'égard des
premières manifestations, jusqu'à l'investissement des autorités régionales wallonnes au
sein des fêtes depuis 1993. Au passage, est rappelé le soutien apporté dès 1924 par le
Guetteur wallon aux efforts de François Bovesse et du tout jeune « Comité de Wallonie »
(p. 24).
En fin de volume, le lecteur trouvera la liste des personnalités ayant reçu la gaillarde
d'argent, les paroles de quelques chansons namuroises incontournables, un « Petit lexique
namurois des fêtes de Wallonie » inspiré du journal La Meuse (p. 175-179).
Deux petites inexactitudes relevées au fil de la lecture : le curé de Saint-Jean Baptiste
qui a donné son nom à une place de la ville était le chanoine Descamps et non Deschamps
(passim) ; c'est à l'Université de Liège que Félix Rousseau a enseigné le folklore wallon
(p. 32) comme le fit son collègue Joseph Roland — qui fut président de la Société royale
Sambre et Meuse/Le Guetteur wallon — à celle de Louvain.
Philippe JACQUET
5100 Wépion
J. Jeanmart (dir.), Œuvres restaurées au Musée diocésain de Namur,
Namur, 2001. Format A 4, 44 pp.
Dans le premier numéro du Guetteur de
cette année (p. 5-6), le conservateur du Musée
diocésain de Namur, Monsieur l'abbé
Jeanmart, a opportunément attiré l'attention
sur l'histoire, les collections et les problèmes
actuels de ce lieu de culture trop peu connu,
tapi depuis près d'un siècle à l'ombre de la
cathédrale de Namur, place du Chapitre.
Nous en reparlons aujourd'hui à l'occa
sion d'une exposition et d'un catalogue dus à
l'initiative du conservateur et destinés à inci
ter le public à visiter le Musée, dans une
perspective de dynamisation, de rénovation
de celui-ci. Dix œuvres du Musée et du Trésor
de la cathédrale viennent d'être restaurées
par des élèves de l'Ecole nationale supérieure
des arts visuels de la Cambre, sous la direc
tion de leurs professeurs. Chaque restaura
trice décrit celle qui lui a été confiée, l'état de
conservation et le traitement spécifique de
restauration qui a été appliqué. Des photos
couleurs prises avant et après restauration
illustrent ces données techniques. Mise à part
45
une croix de procession en bois peint d'origine et d'époque indéterminées (inv. 141), ces
œuvres peintes — la plupart sur bois — datent des XVIe et XVIIe siècles. On a successive
ment une prédelle de retable provenant de Florenville (inv. 298 B), un Saint Jérôme de
l'école flamande, reproduit sur la couverture du catalogue et sur celle du numéro précédent
du Guetteur (inv. 76), un Ecce homo (inv. 415), un Noli me tangere paraissant inspiré du
style d'Henri Blés (inv. 306). Viennent ensuite quatre tableaux de la cathédrale de Namur :
une Invention de la sainte Croix, un Martyre de saint Sébastien attribué à Otto Venius, un
Ecce homo de facture rubénienne et un Christ en croix, copie de celui de Rubens conservé
au Musée des beaux-arts d'Anvers. Enfin, une seule œuvre signée : le Christ au tombeau
de P.-M. de Lovinfosse (Liège, 1745-1821). Comme le rappelle Madame M. Pacco,
présidente de la toute jeune ASBL « Amis du Musée diocésain de Namur », « chaque
œuvre (y) est porteuse d'un message artistique et spirituel que nous ne pouvons ignorer et
qu'il est de notre devoir de transmettre à ceux qui nous suivent ». Et le Musée peut « servir
à sensibiliser les jeunes générations à la richesse culturelle des chrétiens des siècles passés,
révélatrice de leur foi profonde » (préface, p. 5).
Un don, si petit soit-il, au compte 068-2232464 -36 de ladite ASBL, donne libre accès
au Musée et informations le concernant.
Philippe JACQUET
5100 Wépion
La photo de couverture nous a été gracieusement prêtée par Fac-Photo,
Cercle photographique des Facultés Notre-Dame de la Paix. C'est un
club où se donnent des cours de photographie de septembre à fin avril.
Si cela vous intéresse, prenez un grand bol d'air et de jeunesse et
contactez Monsieur Marcel Gérard, Fac-Photo, rue de Bruxelles, 61 ou
téléphonez au 081/72.40.69.
46
ASSEMBLEE GENERALE
ASSEMBLEE GENERALE STATUTAIRE DU 24 MARS 2001
Le samedi 24 mars 2001, la Société Royale « Sambre et Meuse - Le Guetteur wallon »
a tenu sa 76e assemblée générale, dans les bâtiments de l'école « L'Ilon St Jacques », rue
des Carmes.
Mme Fr. Jacquet-Ladrier ouvre la séance en remerciant les personnes présentes de leur
fidélité à notre cause. Certains membres de notre Société, et non des moindres, ne sont
malheureusement plus de ce monde. La présidente rend ainsi hommage au général Baurin,
rappelant ses travaux sur les gouverneurs et les lieutenants-gouverneurs du comté de
Namur, sur la numismatique namuroise, sur le déroulement des opérations militaires
autour de Namur, à la fin du 17e s. ou en 1914. Ce sera ensuite le tour du frère Jean Hockay,
professeur à l'institut St-Berthuin à Malonne, qui collabora souvent au Guetteur wallon et
qui écrivit notamment un ouvrage d'une grande rigueur historique, tout en étant très
attrayant : « Vivre à Malonne au 17e s ». Récemment, il avait également rédigé certaines
notices du « Dictionnaire biographique namurois ». Jean Fivet, quant à lui, avait la même
passion d'instruire, à sa manière. Par la plume et le dessin, il présentait l'histoire de Namur
à travers sa revue Pays de Namur, avec simplicité et exactitude. Mr Fivet n'était ni un érudit
ni, un chercheur mais il était d'une grande honnêteté intellectuelle. Michel Gilles, enfin,
dont le décès inopiné nous prit tellement de court. Le Guetteurwallon avait, en 2000, publié
son article sur François Bovesse littérateur, article original qui lui avait coûté de longues
recherches. M. Gilles était l'une des chevilles ouvrières de la vie culturelle namuroise.
Poète et humaniste, c'était un ami fidèle de notre Société, laquelle lui doit beaucoup.
Après une minute de recueillement, Mme Jacquet nous annonce quand même une
bonne nouvelle. Tout dernièrement, le déménagement de la bibliothèque du Guetteurvers
la Bibliothèque principale de la Ville de Namur a été mené à bonne fin. Les livres et revues
composant notre bibliothèque seront donc prochainement mis à la disposition du public.
C'est ensuite au tour de notre Secrétaire, Anne Mossiat, de présenter le rapport moral
de l'année écoulée. Comme un bon petit soldat, le Guetteur wallon a livré un bon cru 2000,
mêlant littérature, histoire et traditions. Citons ainsi, outre l'article de M. Gilles sur Fr.
Bovesse, l'exposé très complet de P. Wynants sur l'itinéraire du Guetteur wallon (1924-
1932) en pleine mêlée linguistique, les récits de Ph. et F. Jacquet nous contant tantôt un
épisode de la vie de Vauban, tantôt les tribulations d'un jeune officier namurois au 17e s. ,
ceux d'O. Maréchal relatifs aux commerces d'autrefois à Namur et enfin l'étude de J.-L.
Javaux sur les fontaines d'Andenne sans oublier les comptes rendus de livres et d'expo
sitions... A. Mossiat constate aussi que les « excursions 2000 », d'Anvers à Valenciennes,
ont encore fait le plein d'amateurs.
La trésorière du Guetteur, Marie-Claire Offermans, nous fait part de la situation
financière de notre Société. Le Guetteur a heureusement pu faire face aux dépenses
47
occasionnées par la parution du dictionnaire. Les ventes de ce dernier sont satisfaisantes
et les bénéfices ultérieurs sont encore à engranger. Le nombre d'abonnements reste stable
et les subsides (Communauté et Région) demeurent indispensables à la bonne santé du
Guetteur. Les comptes ont été contrôlés par Mr Tombal et Mr Martinelle et déclarés
conformes. Mme Offermans est félicitée une fois de plus pour son sérieux et sa rigueur.
Mme Jacquet reprend la parole pour nous faire part de nos projets d'excursions pour
2001. Quatre excursions encore une fois :1e 31 mai, à Marche où nous visiterons le Musée
des Francs et de la Famenne ainsi que le château d'Hargimont ; le 2 7 juillet nous verra dans
l'Eifel allemand et le 2 3 août, dans la région de Cambrai tandis que nous visiterons Stavelot
fin septembre.
Ceci dit, le conseil d'administration actuel du Guetteur wallon arrivera au terme de son
mandat de 6 ans le 26 avril prochain. Il était entré en fonction après une assemblée générale
extraordinaire le 26 avril 1995, au cour de laquelle on avait supprimé le mandat « à vie ».
De ce fait, une assemblée extraordinaire aura lieu le 25 avril à 17h30, à la faculté de
Philosophie et Lettres de Namur, département Histoire. Tous les administrateurs en fin de
mandat sont rééligibles. Tous les membres effectifs sont éligibles et les candidatures
devront être adressées à Mme Jacquet avant la date du 25 avril 2001.
Ces importantes décisions précisées, nous passons sans plus tarder à notre conféren
cière, Mme Marie-Sylvie Dupont-Bouchat. Cette dernière n'est pas une inconnue pour la
plupart d'entre nous puisque, une fois n'est pas coutume, nous accueillons ici une vraie
namuroise. Mme Dupont-Bouchat fit ses études à l'UCL (Licence et doctorat en Histoire).
Toujours à l'UCL, elle fut chargée des cours d'histoire à la faculté de Philosophie et Lettres
et surtout à la faculté de Droit. Elle s'est intéressée à la situation féminine face à la
délinquance et à sa répression : le sort des enfants abandonnés, souvent délinquants, l'a
a également interpellée. Avec l'équipe de jeunes chercheurs qu'elle a formée, elle a étudié
les sources d'archives pénales ou pénitentiaires, touchant ainsi de près la grande misère
de la condition féminine au 19e siècle. Virent ainsi le jour des études sur la justice pénale
au temps des révolutions en Europe, sur la justice réparatrice, sur les pénitenciers pour
enfants en Belgique, sur la criminalité d'Ancien Régime en Wallonie et sur la sorcellerie.
Mme Dupont-Bouchat a, à plusieurs reprises, collaboré à notre revue. Nous pensons ici à
son article sur le chanoine de Hautregard, précurseur de réformes des prisons ainsi qu'aux
notices rédigées pour notre Dictionnaire.
Son exposé de ce soir - « Misère et délinquance, les prisons de femmes à Namur au
19esiècle. » - a conquis le public par sa densité, sa complexité mais aussi par son approche
très humaine, au-delà des chiffres et des statistiques, d'une réalité sociale extrêmement
dure. Le 19e siècle, n'était assurément pas tendre pour les faibles et les mal lotis, surtout
du sexe féminin.
48
ASSEMBLEE GENERALE EXTRAORDINAIRE DU 25 AVRIL 2001
L'assemblée de ce jour se justifie par la nécessité de renouveler les mandats des
différents membres du Conseil d'administration de la Société royale Sambre et Meuse/Le
Guetteur wallon. En effet, ces mandats, d'une durée de 6 ans, arrivent à expiration le 26
avril 2001.
A l'issue du vote, tous les membres du Conseil d'administration sont réélus, à
l'exception de Mr Jean Culot qui n'a pas atteint le quorum requis et de Mr J. Godefroid qui
n'a pas souhaité prolonger son mandat. Par contre, Mr Oscar Martinelle qui avait posé sa
candidature au poste d'administrateur, a été élu.
Le nouveau Conseil d'administration procède ensuite à l'attribution des charges en son
sein.
En voici la composition à la date du 25 avril 2001.
Président : Françoise Jacquet-Ladrier
Vice-Président : Alain Falise
Directeur de la revue : Martine Arickx-George
Secrétaire : Anne Mirasola-Mossiat
Trésorière : Marie-Claire Offermans
Membres : A. Liétart., O. Maréchal-Pelouse
MM. G. Dereine, J. Lambert, O. Martinelle, L. Michaux.
L'ordre du jour étant épuisé, la présidente lève la séance.
M. ARICKX -GEORGE
5100 JAMBES
49
LISTE DES MEMBRES
Comme nous vous l'avions annoncé dans un précédent numéro, voici la liste
des membres de notre association, liste arrêtée à la date du 1er juin 2001.
Mr et Mme ABEL-STENUIT
LES AMIS DE POILVACHE
Monsieur ANGOT
Archives Générales du Royaume
Madame
Madame
Madame
Monsieur
Madame
Monsieur
Madame
Le docteur
Monsieur
Mademoiselle
Monsieur
Bibliothèque ULB
Bibliothèque
Bibliothèque univ.
Monsieur
Mr et Mme
Madame
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Madame
Monsieur
Mademoiselle
Madame
Madame
Mademoiselle
Madame
Madame
Monsieur
Madame
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Madame
Madame
Mademoiselle
Madame
Mr et Mme
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Mademoiselle
Madame
Monsieur
Mr et Mme
Mr et Mme
Monsieur
ARICKX-GEORGE
AZARKADON
BAEKEN
BAILY
BALTHAZART
BASTIN
BAUDHUIN-DOSSOGNE
BAUDUIN
BELVAUX
BERTRAND
BERWART
Départ. Se. Humaines
LANGLOIS
MORETUS-PLANTIN
BODSON
BOUCHAT-HENRION
BOUCHOMS-RAMIAH
BOULANGER
BOULON
BOUTON
BOUTY
BOVESSE
BRUWIER
BUCHET
BULTOT
CHANTRAÎNE
CHARLES-PASLEAU
CHATELAIN-CAMBERLIN
CHINTINE
CLOSE-BOVESSE
COGNIAUX
COHEUR
CRUCIFIX
CULOT
COLLIGNON-PIRE
DAFFE-THIRIFAYS
DAMOISEAU
DAXHELET
DAVID-ELIAS
DEBARSY
DECLEVE
DEFENSE
DELAHAUT
DELLIEU
DELMOTTE
DELVAUX
DELVAUX-DIEUDONNE
DEREINE
Roger
Martine
Michèle
M.
Alexandre
M.
Jean
Jacqueline
Louis
Marc
Florence
François
Jean
A.
Marie-Louise
Michel
Paul
Jacques
Nicole
Jean
Marinette
Geneviève
Monique
Marie-Anne
L.
Marc
Gilbert
Louis
Charles
Jean
Mimie
Marie-Paule
Marie-Louise
Gisèle
Hubert
Th.
Francis
J.M.
Mariette
Jean
Etienne
Guy
Jean
Georges
5000
5530
5020
1000
5100
5002
5500
5020
5300
5190
5002
5620
5644
5000
5002
1050
6000
5000
5000
5000
5001
5020
5300
5000
5680
5100
7020
5000
1420
5000
5070
5100
5621
5100
5020
2400
5170
5377
5000
5330
5000
5000
5376
2000
7020
5190
5101
5330
5170
5000
4910
5000
NAMUR
GODINNE
MALONNE
BRUXELLES
JAMBES
SAINT-SERVAIS
DINANT
MALONNE
ANDENNE
SPY
SAINT-SERVAIS
FLORENNES
ERMETON-sur-BIERT
NAMUR
SAINT-SERVAIS
BRUXELLES
CHARLEROI
NAMUR
NAMUR
NAMUR
BELGRADE
FLAWINNE
ANDENNE
NAMUR
VODELEE
JAMBES
MAISIERES
NAMUR
BRAINE-LALLEUD
NAMUR
VITRIVAL
JAMBES
THY-LE-BAUDUIN
JAMBES
MALONNE
MOL
LUSTIN
BAILLONVILLE
NAMUR
SART-BERNARD
NAMUR
NAMUR
MIECRET
ANTWERPEN
MAISIERES
ONOZ
ERPENT
ASSESSE
PROFONDEVILLE
NAMUR
LA REID
NAMUR
50
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Madame
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Le docteur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Madame
Monsieur
M. et Mme
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Madame
Madame
Monsieur
Monsieur
Madame
Madame
Mr l'Abbé
Monsieur
Monsieur
Madame
Monsieur
Monsieur
Mr le Chanoine
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Mr et Mme
Madame
Monsieur
Mademoiselle
Madame
Mademoiselle
Monsieur
Madame
Monsieur
Monsieur
Madame
Mademoiselle
Mr le Chanoine
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
DERMONNE
DESCAMPS
de SURAY
DETIEGE
de WASSEIGE
DOSOGNE
DRAYE
DRICOT
DRUART
DUBOIS
DUBOIS
DUBUCQ
DUBUCQ
DUJARDIN
DULIERE
DUPONT
DUPONT
DURY
ELOY
FALISE
FANUEL
FEUILLEN
FINFE
FROIDMONT
GARÇOUS-DUMONT
GENETTE
GEORIS
GHENNE-CORNETTE
GILBERT
GILLAIN
GILLON
GODEFROID
GOFFIN-MILLET
GOLENVAUX
HAUREGARD
HAVET
HELLAS
HODY
HOEBEKE
HOUZIAUX
HUBERT-PAIRON
HUNIN-SALMON
HUYVAERT
ISTASSE
JACQUET-LADRIER
JACQUET
JAVAUX
JONAS
JONCKERS
LAMBERT
LAMBINON
LAMBOT
LANOTTE
LECOMTE
LECOMTE
LENSELAER
LESIRE
LIBOIS-DELMOTTE
Camille
L.
H.
Georgette
Jean
Camille
Jean-Claude
Eric
Jacques
M.
Michel
Christian
Jacques
Jean-Claude
A.
Aimé
P.P
Jean-Michel
Jean-Claude
Alain
R.
Bernard
Willy
C.
R.
Louis
W.
Jacqueline
Jacqueline
P.
Victor
Jean
Adrienne
Bernard
L.
Joseph
Claude
Willy
Francis
Léo
Simone
Jacques
Anne-Marie
Françoise
Thérèse
Jean-Louis
Madeleine
Joseph
Jacques
Colette
Marie-Reine
André
Jean-Yves
Jean
Georges
Louis
José
5020
1200
1390
5002
5100
5300
5032
5020
5000
7330
5001
5640
5030
5081
5100
6280
1060
5020
5537
5000
5651
5000
5500
5100
5000
5360
1082
1450
5000
5190
5651
5000
5000
1160
4032
5000
5000
5060
5020
4180
5336
1380
5030
5170
5100
5000
5000
5020
6211
5330
5100
5651
5000
5101
5070
5000
5150
5380
MALONNE
BRUXELLES
BIEZ
SAINT-SERVAIS
DAVE
ANDENNE
BOTHEY
MALONNE
NAMUR
SAINT-GHISLAIN
BELGRADE
SAINT-GERARD
BEUZET
MEUX
JAMBES
LOVERVAL
BRUXELLES
FLAWINNE
ANNEVOIE-ROUILLON
NAMUR
WALCOURT
NAMUR
DINANT
JAMBES
NAMUR
HAMOIS
BRUXELLES
CORTIL-NOIRMONT
NAMUR
MOUSTIER-sur-
SAMBRE
THY-LE-CHÂTEAU
NAMUR
NAMUR
BRUXELLES
CHÊNEE
NAMUR
NAMUR
TAMINES
MALONNE
HAMOIR
COURRIERE
LASNE
GEMBLOUX
BOIS-DE-VILLERS
WEPION
NAMUR
NAMUR
VEDRIN
MELLET
ASSESSE
JAMBES
TARCIENNES
NAMUR
ERPENT
FOSSES-LA-VILLE
NAMUR
SOYE
HINGEON
51
LI CHWES asbl
Mademoiselle
Monsieur
Monsieur
Madame
Monsieur
Mr et Mme
Madame
Mr l'Abbé
Mr et Mme
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Mr le baron
Le docteur
Monsieur
Madame
Min. Com.. Française
MRW.Serv.archéologie
Madame
Dom
Mr. le baron
Monsieur
Madame
Monsieur
Monsieur
Madame
Monsieur
Mademoiselle
Monsieur
Monsieur
Madame
Monsieur
Monssieur
Monsieur
Monsieur
Madame
Révérend Père
M. et Mme
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Le docteur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Monsieur
Madame
Monsieur
Monsieur
Mademoiselle
LIETART
LIMET
MANIQUET-WULLUS
MARCHAL
MARCHAL
MARECHAL-HERRIER
MARECHAL-PELOUSE
MALHERBE
MARION
MARTINELLE
MASSART
MASSET
MATHOT
MELOT
MEYER
MICHAUX
MIKOLAJCZAK-CANIVET
Service Affaires générales
c/o M.DUHAUT
MIRASSOLA-MOSSIAT
MISONNE
de MOFFART
MONJOIE
MORELLE-MASSART
MORET
MOUZELART
NIGOT-FURNEMONT
NOËL
OFFERMANS
OGER
PICARD
PIERLOT-MAQUESTRIAU
PINON
PIRSON
POSKIN
PROUVEUR
PRUDENT
RATY
RONVAUX-RAPPE
SELVAIS
SMETZ
SOLBREUX
THOME
TOMBAL
TOURNEUR
TRUSSART
URY
VAN CRAESBEECK
VAN OVERSTRAETEN
VAN ROY
VERHAEGEN
VISSER
WAUTELET
WILLEM
WITRY
Annie
Jean
F.
Gabrielle
Jacky
Odette
Paul
Jacques
Oscar
Claude
François
René
A.
Jean
Lucien
Anne
D.
Yvan
Serge
R.
Paul
Christophe
A.
E.
Marie-Claire
Jean
M.H.
Roger
Jean-Claude
André
Adolphe
Marcelle
Gérard
Joseph
A.
Richard
José
Jacques
Francis
Jules
Mireille
Henri
Daniel
Théo
Paul
Marie-Jeanne
Philippe
Bernard
Maria
5100
5100
5002
5020
5000
5100
5310
5000
5000
5004
5000
6001
1030
5660
5000
5000
6211
5003
5100
5000
5002
5537
5003
5000
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