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1 Communiqué de presse Les expositions du Centre Pompidou-Metz en 2018-2019 Le Centre Pompidou-Metz présente à partir d’octobre l’exposition Peindre la nuit, consacrée à un thème central de l’histoire de l’art qui n’a jamais cessé d’inspirer les artistes. L’exposition propose une plongée dans la peinture moderne et contemporaine, à travers un parcours sur près de deux mille mètres carrés qui transforme le spectateur en noctambule et le mène de vertiges en vertiges : vertige des sens, de la raison, vertige cosmique. La nuit, à la fois refuge et fenêtre ouverte sur l’univers, se présente comme un territoire et une temporalité à explorer, pour celui qui choisit de veiller. Empruntant plusieurs directions («peindre la nuit» ne signifie-t-il pas à la fois représenter la nuit et peindre pendant la nuit ?), l’exposition rassemble plus de 200 œuvres d’artistes des XX e et XXI e siècles, figures majeures mais aussi découvertes ou redécouvertes, ainsi que de grandes installations redéfinissant la notion de peinture aujourd’hui. On croisera les peintres des nuits des années folles, aussi bien que les grands insomniaques du XX e siècle, les rêveurs qui font de la nuit leur médium, les peintres pour qui la nuit est abstraction sans limites, ou encore les tentatives d’artistes contemporains de se saisir de cette impalpable substance qui fait la nuit. L’immersion dans un espace-temps inédit se prolonge avec The Well-Tuned Piano in The Magenta Lights 87 V 10 6:43:00 PM – 87 V 11 01:07:45 AM NYC de La Monte Young et Marian Zazeela. Œuvre majeure du musicien, ce solo pour piano accompagné de l’environnement lumineux créé par son épouse Marian Zazeela poursuit la quête de La Monte Young d’une musique éternelle. En février, l’exposition monographique de l’artiste, poète et philosophe coréen Lee Ufan. Habiter le temps présente une traversée de son travail de la fin des années 1960 à nos jours. Ses peintures et ses sculptures y dévoilent sa définition très personnelle de l’art contemporain, détaché du langage et conçu comme une expérience sensible immédiate. L’exposition transdisciplinaire Rebecca Horn. Théâtre des métamorphoses, réalisée en correspondance avec le Musée Tinguely de Bâle, sera présentée en juin. Elle s’appuie sur le thème fondateur de la métamorphose dans l’œuvre de l’artiste. Le parcours retrace cinq décennies de création, faisant dialoguer ses œuvres avec celles d’artistes majeurs qui l’ont inspirée tels que Man Ray, Max Ernst ou encore Marcel Duchamp. Présentée en juin en résonance avec la célébration des 350 ans de l’Opéra national de Paris, l’exposition-événement Opéra Monde témoigne de la rencontre entre les arts visuels et le genre lyrique depuis le début du XX e siècle. Maquettes, costumes et autres éléments de scénographie sont présentés aux côtés d’imposantes installations et de nouvelles créations. Contacts presse Centre Pompidou-Metz Agathe Bataille Responsable des publics et de la communi- cation téléphone : 00 33 (0)3 87 15 39 83 mél : [email protected] Marion Petit Chargée de communication téléphone : 00 33 (0)3 87 15 52 76 mél : [email protected] Claudine Colin Communication Pénélope Ponchelet téléphone : 00 33 (0)1 42 72 60 01 mél : [email protected]

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Communiqué de presse

Les expositions du Centre Pompidou-Metz en 2018-2019Le Centre Pompidou-Metz présente à partir d’octobre l’exposition Peindre la nuit, consacrée à un thème central de l’histoire de l’art qui n’a jamais cessé d’inspirer les artistes. L’exposition propose une plongée dans la peinture moderne et contemporaine, à travers un parcours sur près de deux mille mètres carrés qui transforme le spectateur en noctambule et le mène de vertiges en vertiges : vertige des sens, de la raison, vertige cosmique. La nuit, à la fois refuge et fenêtre ouverte sur l’univers, se présente comme un territoire et une temporalité à explorer, pour celui qui choisit de veiller. Empruntant plusieurs directions («peindre la nuit» ne signifie-t-il pas à la fois représenter la nuit et peindre pendant la nuit ?), l’exposition rassemble plus de 200 œuvres d’artistes des XXe et XXIe siècles, figures majeures mais aussi découvertes ou redécouvertes, ainsi que de grandes installations redéfinissant la notion de peinture aujourd’hui. On croisera les peintres des nuits des années folles, aussi bien que les grands insomniaques du XXe siècle, les rêveurs qui font de la nuit leur médium, les peintres pour qui la nuit est abstraction sans limites, ou encore les tentatives d’artistes contemporains de se saisir de cette impalpable substance qui fait la nuit.

L’immersion dans un espace-temps inédit se prolonge avec The Well-Tuned Piano in The Magenta Lights 87 V 10 6:43:00 PM – 87 V 11 01:07:45 AM NYC de La Monte Young et Marian Zazeela. Œuvre majeure du musicien, ce solo pour piano accompagné de l’environnement lumineux créé par son épouse Marian Zazeela poursuit la quête de La Monte Young d’une musique éternelle.

En février, l’exposition monographique de l’artiste, poète et philosophe coréen Lee Ufan. Habiter le temps présente une traversée de son travail de la fin des années 1960 à nos jours. Ses peintures et ses sculptures y dévoilent sa définition très personnelle de l’art contemporain, détaché du langage et conçu comme une expérience sensible immédiate.

L’exposition transdisciplinaire Rebecca Horn. Théâtre des métamorphoses, réalisée en correspondance avec le Musée Tinguely de Bâle, sera présentée en juin. Elle s’appuie sur le thème fondateur de la métamorphose dans l’œuvre de l’artiste. Le parcours retrace cinq décennies de création, faisant dialoguer ses œuvres avec celles d’artistes majeurs qui l’ont inspirée tels que Man Ray, Max Ernst ou encore Marcel Duchamp.

Présentée en juin en résonance avec la célébration des 350 ans de l’Opéra national de Paris, l’exposition-événement Opéra Monde témoigne de la rencontre entre les arts visuels et le genre lyrique depuis le début du XXe siècle. Maquettes, costumes et autres éléments de scénographie sont présentés aux côtés d’imposantes installations et de nouvelles créations.

Contacts presse

Centre Pompidou-MetzAgathe BatailleResponsable des publics et de la communi-cation

téléphone :00 33 (0)3 87 15 39 83mél : [email protected]

Marion Petit Chargée de communication téléphone :00 33 (0)3 87 15 52 76mél : [email protected]

Claudine Colin CommunicationPénélope Ponchelet

téléphone :00 33 (0)1 42 72 60 01mél : [email protected]

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En septembre, le Centre Pompidou-Metz consacre une exposition rétrospective L’Oeil extatique. Sergueï Eisenstein à la croisée des arts qui explore l’œuvre du cinéaste en regard de son rapport très personnel à l’histoire de l’art. L’exposition donne toute sa place à cet artiste majeur du XXe siècle, au-delà des interprétations idéologiques de son œuvre.

L’exposition L’Aventure de la couleur. Œuvres phares du Centre Pompidou se poursuit également jusqu’en juillet 2019. Véritable symphonie polychrome, elle invite ses visiteurs à découvrir l’environnement chromatique des artistes du début du XXe siècle à nos jours, à travers la collection exceptionnelle du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne.

La programmation du Centre Pompidou-Metz bénéficie du soutien de Wendel, mécène fondateur.

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Les expositions en 2018 et en 2019 :

• Peindre la nuit Du 13 octobre 2018 au 15 avril 2019 Galeries 2 et 3

• L’Aventure de la couleur. Œuvres phares du Centre Pompidou Jusqu’au 22 juillet 2019 Grande Nef

• La Monte Young et Marian Zazeela The Well-Tuned Piano in The Magenta Lights 87 V 10 6:43:00 PM – 87 V 11 01:07:45 AM NYC (1964/1973/1981/aujourd’hui) Du 22 septembre 2018 au 7 janvier 2019 Galerie 1 (installation)

• Lee Ufan. Habiter le temps Du 27 février au 30 septembre 2019 Galerie 1

• Rebecca Horn. Théâtre des métamorphoses Du 8 juin au 11 novembre 2019 Galerie 2

• Opéra Monde Du 22 juin 2019 au 27 janvier 2020 Galerie 3

• L’Oeil extatique. Sergueï Eisenstein à la croisée des arts Du 28 septembre 2019 au 24 février 2020 Grande Nef

DES VISUELS DES EXPOSITIONS SONT DISPONIBLES SUR LA PHOTOTHÈQUE centrepompidou-metz.fr/phototheque

IDENTIFIANT : presseMOT DE PASSE : Pomp1d57

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Peindre la nuit13.10.18 > 15.04.19Galeries 2 et 3

La nuit se retrouve au cœur des débats actuels, qu’ils soient sociétaux (faut-il ouvrir les magasins la nuit ou la consacrer au sommeil ?), écologiques (comment limiter la pollution lumineuse qui nous empêche de voir les étoiles ou qui dérègle le monde naturel ?), politiques (nuit debout, traversées clandestines de frontières) ou scientifiques (on repousse sans cesse notre connaissance de la nuit).

Ce monde de la nuit, avec tous ses questionnements, est omniprésent chez les artistes, notamment depuis la fin du XiXe siècle. La nuit a évolué et nous a transformés, à travers des révolutions majeures comme l’électrification et l’éclairage, la psychanalyse ou la conquête spatiale : autant de bouleversements dans la définition et le rapport que l’on entretient avec la nuit.

Source d’inspiration majeure de toute l’histoire de l’art, la nuit demeure aujourd’hui encore un terrain d’expériences fécond. Revenir à un sujet aussi vaste que la nuit permet de poser des questions essentielles sur notre condition et notre place dans l’univers, comme sur le rôle de l’art. La peinture en particulier, a régulièrement essayé de saisir la substance de la nuit. Si la proposition peut paraître d’emblée comme une contradiction, « peindre la nuit » se révèle au contraire riche de sens. Le titre contient

Peter Doig, Milky Way, 1989-90 © Peter Doig. All Rights Reserved, DACS/Artimage 2018. Photo: Jochen Littkemann / ADAGP Paris, 2018

« Écouter les battements du cœur de la terre. S’abandonner à cette crainte que les comètes et l’inconnu inspirent chez l’homme. Éteindre le soleil à la demande. Allumer les lampes du cerveau de la nuit. »Max Ernst

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volontairement une ambiguïté : soit peindre la nuit signifie représenter la nuit, soit peindre de nuit. Peindre l’obscurité ou peindre dans l’obscurité, c’est déjà faire un choix, celui d’affiner sa vision extérieure ou bien celui de l’abandonner. La nuit permet, tant sur le plan physique que symbolique, ce « détachement du monde » si cher à la modernité. Le moment du crépuscule pourrait d’ailleurs être la parfaite métaphore de la volatile frontière entre figuration et abstraction.

À travers une approche liée à la perception de la nuit plutôt qu’à son iconographie, l’exposition se présente elle-même comme une expérience nocturne, une déambulation qui transforme le visiteur en noctambule, et qui transmet ce vertige que procure la nuit : vertige des sens, un vertige intérieur, un vertige cosmique. On avance dans l’exposition comme on avance dans la nuit.

Fidèle à l’esprit des expositions du Centre Pompidou-Metz, l’exposition ne se limite pas de manière exclusive à la peinture, bien que centrale, mais offre des résonnances et parallèles avec la musique et la littérature notamment, ainsi qu’avec la vidéo et la photographie.

Elle rassemble une centaine d’artistes, de figures historiques (Winslow Homer, Francis Bacon, Anna-Eva Bergman, Louise Bourgeois, Brassaï, Max Ernst, Helen Frankenthaler, Martin Kippenberger, Paul Klee, Lee Krasner, Henri Michaux, Joan Mitchell, Amédée Ozenfant, etc.) et d’artistes contemporains (Etel Adnan, Charbel-joseph Boutros, Ann Craven, Peter Doig, Jennifer Douzenel, Rodney Graham, Paul Kneale, Olaf Nicolai, Gerhard Richter, etc.) ainsi que de spectaculaires installations dont certaines sont conçues spécialement pour ce projet (Harold Ancart, Raphaël Dallaporta, Spencer Finch, Daisuke Yokota, Navid Nuur, etc.).

Commissaire : Jean-Marie Gallais, responsable du pôle programmation, Centre Pompidou-MetzChargée de recherches et d’exposition : Alexandra Müller, Centre Pompidou-Metz

Avec le soutien du Département de la Moselle

Mécènes de l’exposition :

L’exposition bénéficie de prêts exceptionels du musée d’Orsay

Avec le concours des Pianos Schaeffer

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« Six nuits au musée » 8.11.18 > 04.04.19

Chaque mois une nocturne permet de découvrir l’exposition à la nuit tombée dans des circonstances exceptionnelles : après un programme musical présenté devant les œuvres, un ou plusieurs invités révèlent chacun, selon leur discipline (philosophie, astrophysique, danse, musique...), un visage différent de la nuit.Chacune de ces nocturnes est l’occasion pour le Conservatoire à Rayonnement Régional Gabriel Pierné de Metz Métropole d’investir les lieux pour des programmes musicaux donnés devant les œuvres ou dans la pénombre de la scénographie. Le centre d’art s’anime la nuit grâce à ces interventions qui font écho aux sections de l’exposition : se perdre dans la nuit, rythmes et présences, obsessions nocturnes, les yeux infinis, reliés aux étoiles, la nuit m’enveloppe.Chacune des nocturnes donne aussi lieu à une invitation, avec laquelle la soirée se prolonge dans l’exposition, le Studio ou l’Auditorium Wendel : philosophe, astrophysicien, danseur, musicien, cinéaste viennent partager leur définition de la nuit.

Partenaires de la programmation associée :

NOCTURNE #1 : LA NUIT DU HIBOUJeudi 8 novembre 2018 à 20h30ConférenceLa nuit, vivre sans témoinRencontre avec le philosophe Michaël FœsselDe 18h00 à 20h30 (en continu)Installation sonore de Zad Moultaka

NOCTURNE #2 : LA NUIT SACRÉEJeudi 6 décembre 2018 à 20h30DanseJérémy Demester, création pour le CCN-Ballet de Lorraine

NOCTURNE #3 : LA NUIT ÉTOILÉEJeudi 10 janvier 2019 à 19h30 ConférenceRencontre avec l’astrophysicien Trinh Xuan Thuan21h00DanseAlban Richard, Nombrer les étoiles

NOCTURNE #4 : LA NUIT DES MYSTÈRESJeudi 7 février 2019 à 20h30ConcertThérèse Malengreau, Clair de lune

NOCTURNE #5 : LA NUIT COUCHÉENuit du jeudi 7 mars au vendredi 8 mars 2019 de 23h30 à 6h00Traversée sonoreStéphane Garin/ensemble 0 et ses invités, Nuit#couchée

NOCTURNE #6 : LA NUIT SILENCIEUSEJeudi 4 avril 2019 de 18h00 à 20h30 (en continu)ProjectionMadeline Hollander, Flatwing21h00Concert-performance de Jeff Mills (sous réserve)

Avec le concours des Pianos Schaeffer

Avec le soutien de DODO®

Raymond Jonson, The Night, Chicago, 1921© The Raymond Jonson Collection, University of New Mexico Art Museum, Albuquerque, NM.Photo : © Courtesy of Michael Rosenfeld Gallery LLC, New York, NY

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L’Aventure de la couleur. Œuvres phares du Centre PompidouJusqu’au 22.07.19 Grande Nef

Dès les prémices de la création du Centre Pompidou en 1977, la couleur, employée comme un code, est au cœur du projet architectural de Renzo Piano et Richard Rogers. Ce sont ces mêmes couleurs pures qui ouvrent le bal polychrome de l’exposition L’Aventure de la couleur. Œuvres phares du Centre Pompidou, consacrée à la persistance des réflexions sur la couleur dans l’histoire de l’art moderne et contemporain.

Elle propose une exploration thématique de la couleur, tantôt appréhendée comme un puissant vecteur d’émotions et de sensations, tantôt comme un support infini de réflexions sur la matérialité et la spiritualité de la peinture.

Dévoilant un certain nombre d’expériences physiques et sensibles, le parcours invite le visiteur à prendre progressivement conscience de l’incarnation de la couleur, à travers des dialogues riches de sens. L’iconique Bleu de ciel (1940) de Vassily Kandinsky

Martial Raysse, America America, 1964Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne© Centre Pompidou, MNAM-CCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP

© Adagp, Paris 2018

« Les couleurs sont des êtres vivants, [...] les véritables habitants de l’espace. »Yves Klein

ouvre ainsi la voie à l’environnement immersif Pier and Ocean (2014) de François Morellet et Tadashi Kawamata, invitant à accoster sur un îlot de néons bleutés, et faisant tout particulièrement résonner les mots de Gaston Bachelard dans L’air et les songes - « D’abord, il n’y a rien, ensuite un rien profond, puis une profondeur bleue. »

En 1810, explorant dans sa Théorie des couleurs les mécanismes optiques et physiologiques qui fondent le spectre chromatique, Goethe anticipait un affranchissement par la couleur pure et le monochrome. Cette aventure de la couleur provoquerait la conscience de l’universalité et de l’harmonie de l’homme avec l’unité fondamentale des choses. Pour Matisse, près d’un siècle plus tard, la couleur est une véritable libération. Ses papiers découpés sont une jubilation rythmique qui inspirent les recherches plastiques de Jean Dewasne, Simon Hantaï, Bridget Riley ou Sam Francis. Les planches de son œuvre manifeste, Jazz, ponctuent le parcours de manière à souligner combien l’influence de Matisse a été intense sur ses héritiers.

Engagé – dès 1946 – dans son Aventure monochrome, Yves Klein envisage la couleur comme un champ d’énergie, générant des espaces psychologiques. D’autres pensées monochromes cohabitent avec sa vision spirituelle de la couleur, parmi lesquelles celles de Claude Rutault, Dan Flavin ou encore Robert Ryman dont les peintures blanches, loin d’être rigoureusement monochromes, recèlent d’infinies variations qui permettent « à d’autres choses d’advenir ». Avec les énergies du Pop Art et du Nouveau Réalisme, la couleur devient pulsation, célèbre le réel. « Ce qui m’intéresse c’est la profusion colorée de l’article en série » affirme le Français Martial Raysse : « les Prisunic sont les musées de l’art moderne ». Avec America America, il troque le pinceau pour le néon : une « couleur vivante, une couleur par-

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delà la couleur ». Les artistes américains du Hard Edge et du Minimal Art s’engagent quant à eux dans une réduction des composantes de l’œuvre : la couleur est cadrée, normée, élémentarisée en nuanciers industriels. Pour Donald Judd et Ellsworth Kelly, l’œuvre doit provoquer une sensation visuelle immédiate, compréhensible. Elle ne doit référer à rien d’autre qu’elle-même. Sa forme, son matériau, sa couleur, poussent jusqu’à l’extrême la logique des papiers découpés de Matisse. Devenus champs colorés, ils interagissent avec l’espace et le spectateur, poursuivant la quête d’Yves Klein. Derrière cette ascèse, tapi dans la radicalité de la monochromie, sommeille le talent de la couleur pour réveiller l’émotion.

Commissaire : Emma Lavigne, directrice du Centre Pompidou-MetzChargée de recherches et de coordination : Anne Horvath, Centre Pompidou-Metz

Mécènes de l’exposition :

Au premier plan :Yves Klein, Pigments purs, 1957installation originale 1957 – recréation 2017 / Paris, Collection particulière© Succession Yves Klein c/o ADAGP Paris, 2018Au fond à gauche :Yves Klein, M72, Monochrome jaune “violet“, 1957, Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne / © Succession Yves Klein c/o ADAGP Paris, 2018Au centre ;Dan Flavin, “monument“ for V.Tatlin, 1974-1975 / © Adagp, Paris 2018Au fond à droite :Robert Ryman, Chapter, 1981© Adagp, Paris 2018Prise de vue : © Centre Pompidou-Metz / Photo Jacqueline Trichard / 2018 / Exposition L’Aventure de la couleur. Œuvres phares du Centre Pompidou, vues d’exposition

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La Monte Young et Marian ZazeelaThe Well-Tuned Piano in The Magenta Lights 87 V 10 6 :43 :00 PM – 87 V 11 01 :07 :45 AM NYC (1964/1973/1981/aujourd’hui)22.09.18 > 07.01.19Galerie 1 (installation)

En résonance avec L’Aventure de la couleur, et dans le prolongement de la présentation de la Dream House, installation lumineuse et musicale créée à quatre mains par le duo d’artistes La Monte Young et Marian Zazeela, le Centre Pompidou-Metz présente The Well-Tuned Piano in The Magenta Lights 87 V 10 6:43:00 PM – 87 V 11 01:07:45 AM NYC, considéré comme l’œuvre maîtresse de La Monte Young.

C’est en 1962 que le compositeur américain La Monte Young crée The Four Dreams of China et prend conscience de son désir de « construire des œuvres musicales qui pourraient être jouées très longtemps, voire indéfiniment ». La même année, il rencontre la plasticienne et musicienne Marian Zazeela et dès le mois d’août 1963, ils conçoivent ensemble la première installation visuelle et sonore du nom de Dream House. Marian Zazeela y développe un système de lumières évolutives et colorées qu’elle place sur des mobiles. La Monte Young utilise quant à lui différents oscillateurs d’ondes sinusoïdales, oscilloscopes, amplificateurs et haut-parleurs pour produire des environnements de fréquences continues.

La Monte Young, Marian Zazeela, The Well-Tuned Piano in The Magenta Lights, New York, Photo : John Cliett. Copyright © La Monte Young, Marian Zazeela 1981, 2018

« Quand j’ai imaginé qu’une pièce musicale pourrait se développer et évoluer en permanence si elle pouvait avoir une place permanente où les musiciens peuvent jouer chaque jour, j’ai eu l’idée originelle de la Dream House : un bâtiment où les musiciens peuvent vivre et travailler. » La Monte Young

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La musique jouée, constituée de notes tenues pouvant être prolongées à l’infini, fait réagir de manière infime les mobiles suspendus. L’ombre projetée, résultant de la combinaison de plusieurs éclairages, crée de nouvelles formes en trois dimensions.

En 1967, La Monte Young et Marian Zazeela rencontrent Pandit Prân Nath, spécialiste du raga indien et du style Kirana. Ils en deviennent les disciples en 1970 et le resteront jusqu’à sa mort en 1996. La Monte Young déclare à propos de Pandit Prân Nath : « C’est avec lui que j’ai véritablement compris ce que signifiait la transformation progressive d’une note continue. » La première installation de la Dream House au sein d’un lieu d’art a lieu dans la galerie Friedrich à Munich en juillet 1969, et de nombreuses autres sont présentées dans des musées et galeries d’art en Europe et aux États-Unis les années suivantes, pour des durées de quelques jours à plusieurs années : Fondation Maeght, Saint Paul de Vence (1970) ; Documenta V, Kassel (1972) ; Dia Art Foundation, New York (de 1979 à 1985, puis en 1989-1990) ; Ruine der Künste, Berlin (1992) ; Centre Pompidou, Paris (1994-1995). En 1993, une Dream House est installée de façon permanente à la MELA Foundation de New York. En 1998, le Musée d’art contemporain de Lyon propose à Marian Zazeela et La Monte Young d’exposer l’œuvre dans une version définitive, qui entre dans la collection à l’issue de l’exposition.

C’est ainsi dans cette maison de rêve que La Monte Young diffuse et interprète ses œuvres, parmi lesquelles The Well-Tuned Piano composé et performé pour la première fois en 1964. Cette pièce majeure dans l’histoire de la musique, faisant écho à un cycle de préludes et fugues de Jean-Sébastien Bach regroupés sous le titre de Clavier bien tempéré, continue jusqu’à aujourd’hui à évoluer et s’étendre au gré des improvisations de La Monte Young. Dans cette vidéo projetée dans l’environnement lumineux imaginé par son épouse Marian Zazeela, l’artiste improvise un solo pour piano pendant 6 heures et 43 minutes sur le principe d’intonation juste, performant des sons éternels qui se déploient dans l’espace magenta. Cette composition mythique invite à une nouvelle expérience de la musique, brouillant les repères spatio-temporels du visiteur.

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Lee Ufan. Habiter le temps27.02 > 30.09.19Galerie 1

Le Centre Pompidou-Metz présente à partir du 27 février 2019 une exposition monographique consacrée à l’artiste coréen Lee Ufan, dessinant un parcours au sein de son œuvre peint et sculpté depuis les premières réalisations de la fin des années 1960, jusqu’aux créations les plus récentes. L’exposition s’attache à montrer la manière dont le vocabulaire de l’artiste s’est transformé et a évolué au cours des cinq dernières décennies de sa création, chaque série d’œuvres engendrant la suivante.

Né en 1936 dans une Corée alors sous domination japonaise, l’éducation traditionnelle et confucéenne que Lee Ufan reçoit marque profondément l’artiste qu’il va devenir. Depuis les années 1960, Lee Ufan cherche l’équilibre entre ses racines coréennes et ses attaches au Japon, puis en Occident, ainsi qu’entre la philosophie et l’art. Ses œuvres se présentent comme autant de rencontres et d’expériences à vivre. Si ses sculptures et environnements jouent avec l’espace, ses peintures davantage avec le temps, Lee Ufan cherche toujours à apprivoiser l’infini. Chacune de ses œuvres a la puissance d’un aphorisme et traduit visuellement et physiquement des principes philosophiques essentiels.

Le parcours met en dialogue ses célèbres séries From Points, Line, Winds ; Dialogue ; Correspondance et Relatum, avec des œuvres et installations rarement montrées au public, souvent charnières dans sa réflexion, qui permettent d’appréhender les phases successives ou concomitantes de son travail, tissant un lien étroit entre peinture et sculpture. Autour de ses grands thèmes de prédilection que sont les relations entre les

Peinture à l’eau sur les pierres, 1998, Vallée Hakone © Atelier Lee Ufan et tous droits réservés

« Ce n’est pas l’univers qui est infini, c’est l’infini qui est l’univers. » Lee Ufan

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choses et l’espace qui les environne, entre le plein et le vide, mais aussi le dialogue entre le naturel et l’industriel, entre l’intérieur et l’extérieur, Lee Ufan propose une déambulation-méditation où s’incarne une définition très personnelle de l’art contemporain, détachée du langage et qui s’appréhende comme une expérience sensible immédiate.

Lee Ufan vit et travaille à Kamakura (Japon) et à Paris. Son travail a fait l’objet de multiples présentations dans le monde entier au sein d’institutions telles que le Musée de l’Ermitage à Saint Pétersbourg, la Serpentine Gallery et la Pace Gallery à Londres, le Guggenheim Museum de New York, le Centre de Création Contemporaine Olivier Debré, le Château de Versailles, le Musée d’art moderne de Saint Etienne, et la Galerie Nationale du Jeu de Paume, le Kunstmuseum de Bonn et le Städel Museum de Francfort, ou encore le National Museum of Contemporary Art de Seoul ; ainsi que dans le cadre de nombreuses manifestations artistiques telles que les Biennales de Venise (2007, 2011), de Gwangju (2000, 2006), de Shanghai (2000), de Sydney (1976), de São Paulo (1973) et de Paris (1971). En 2014 et 2017, l’œuvre de Lee Ufan a été présenté au Centre Pompidou-Metz dans le cadre des expositions Formes simples (2014) et Japanorama. Nouveau regard sur la création contemporaine (2017).

Commissaire : Jean-Marie Gallais, responsable du pôle programmation, Centre Pompidou-MetzChargée de recherches et d’exposition : Pauline Créteur, Centre Pompidou-Metz

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Rebecca Horn. Théâtre des métamorphoses08.06 > 11.11.19Galerie 2

Le Centre Pompidou-Metz et le Musée Tinguely de Bâle s’associent pour organiser à partir de juin 2019 deux expositions consacrées à Rebecca Horn (née en 1944 à Michelstadt, en Allemagne) : Théâtre des métamorphoses à Metz et Fantasmagories corporelles à Bâle. Présentées simultanément, les expositions explorent les processus de métamorphoses, tour à tour animale, maniériste et cinématographiques à Metz et machiniste ou cinétique à Bâle. Elles offrent des perspectives complémentaires d’envergure sur l’œuvre d’une des artistes les plus singulières de sa génération, dont certains pans de création restent encore méconnus.

L’exposition Rebecca Horn. Théâtre des métamorphoses du Centre Pompidou-Metz met en lumière l’éventail extraordinairement large de formes d’expression déployées par l’artiste. Elle soulignera également le rôle de matrice

créatrice qu’a pu avoir sa pratique cinématographique, véritable mise en scène de ses oeuvres soutenue par une énergie libératrice et anarchique où la poésie et l’humour seront au coeur du propos.

Le projet retrace le subtil dialogue reliant les œuvres de cinq décennies de création. « Tout est imbriqué. Je commence toujours par une idée, une histoire qui évolue vers un texte, puis du texte viennent des croquis, ensuite un film, et de tout cela naissent les sculptures et les installations »1. L’exposition met ainsi l’accent sur le répertoire de matériaux et d’objets fétiches, comme l’éventail ou les escarpins, que l’artiste soumet à de constantes mutations. Le parcours de l’exposition est conçu comme un voyage à travers une composition, avec ses résurgences de thèmes, réverbérations d’images et sensations prégnantes. Le visiteur est pris dans le flux du cycle créatif de l’artiste, dans la danse des pensées et des images mouvantes.

À travers son goût prononcé pour les associations paradoxales, Rebecca Horn met inlassablement en scène les antagonismes qui sous-tendent nos vies : sujet et objet, corps et machine, humain et animal, désir et violence, force et infirmité. Le vivant et l’inerte apparaissent transfigurés, dans des rôles que nous ne leur conférons habituellement pas ; l’objet est doué d’âme, l’individu est caractérisé par sa déficience physique. De là naît l’« inquiétante étrangeté » de son œuvre. Rebecca Horn perpétue de manière unique des thèmes légués par la mythologie et les contes : la métamorphose en créature mythique ou hybride, la vie secrète du monde des objets, les secrets de l’alchimie ou les fantasmes de corps-automates. Ces thèmes fondateurs, qui ont peuplé de nombreux courants de l’histoire de l’art tel que le maniérisme ou le surréalisme, sont au cœur de l’exposition. Celle-ci met aussi en lumière des « pairs » spirituels de l’artiste qui ont nourri son imaginaire : Man Ray, Meret Oppenheim, Marcel Duchamp, Jean Cocteau ou Luis Buñuel et qui éclairent l’œuvre de Rebecca Horn.

« C’est la façon dont nous abritons en nous les émotions, des forces opposées (par exemple la tendresse et l’agressivité, qui sont reliées par un fil tendu, par un arc) c’est cette sensation d’un flux perpétuel d’énergie qui maintient les choses en mouvement. »Rebecca Horn en entretien avec Michael Stefanowski, dans: Rebecca Horn au Guggenheim Museum New York, Mayence : ZDF, 1993, 12 min.

Rebecca Horn The feathered prison fan (Die sanfte Gefangene) 1978Extrait du film Le Danseur (Der Eintänzer) Daros Collection, Zürich© ADAGP Paris 2018

1 Rebecca Horn dans John Dornberg, « Rebecca Horn. The Alchemist’s Tales », ArtNews, Dezember 1991, p. 94-99, ici p. 99 ; dans l’original : « It all interlocks. I always start with an idea, a story, which develops into a text, go from the text into sketches, then a film, and out of that come the sculptures and installations ».

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Rebecca Horn vit et travaille à Bad König, en Allemagne. Dès 1972, elle participe en tant que plus jeune artiste à la documenta 5, organisée par Harald Szeemann à Cassel. Trois autres participations à la prestigieuse manifestation suivront. Elle est également présente lors des Skulptur Projekte de Münster de 1987 et 1997. Son travail est exposé dans des institutions telles que le Museum of Contemporary Art de Tokyo, la Neue Nationalgalerie de Berlin, la Tate Gallery et la Serpentine Gallery de Londres, le Solomon R. Guggenheim Museum de New York ou encore le Museum of Contemporary Art de Los Angeles. Son travail remporte de nombreuses distinctions, dont le Prix Carnegie (1988), le Goslarer Kaiserring (1992), le Prix Alexej-von-Jawlensky de la ville de Wiesbaden (2007), le Praemium Imperiale (2010), la Grande Médaille des Arts Plastiques de l’Académie d’Architecture de Paris (2011) et le Prix Lehmbruck (2017).Les visiteurs du Centre Pompidou-Metz ont déjà pu découvrir une de ses installations dans le cadre de l’exposition Jardin infini. De Giverny à l’Amazonie (2017). L’exposition Rebecca Horn. Théâtre des métamorphoses sera la première grande monographie dédiée à l’artiste en France depuis sa présentation au Musée de Grenoble en 1995 et au Carré d’Art de Nimes en 2000.

Commissaires : Emma Lavigne, directrice et Alexandra Müller, chargée de recherches et d’exposition, Centre Pompidou-Metz

L’exposition Rebecca Horn. Fantasmagories corporelles sera présentée par le musée Tinguely de Bâle du 5 juin au 22 septembre 2019.

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Opéra Monde22.06.19 > 27.01.20Galerie 3

L’exposition Opéra Monde témoigne de la rencontre entre les arts visuels et le genre lyrique aux XXe et XXie siècles. Plus qu’une exposition consacrée aux scénographies d’opéra réalisées par des artistes, elle entend explorer, en résonance, ou au contraire en tension avec l’héritage du « Gesamtkunstwerk » (le concept d’œuvre d’art totale) wagnérien, comment les arts visuels et le genre lyrique se sont nourris mutuellement, et parfois même influencés de manière radicale. Dans ce mouvement de va-et-vient, l’opéra sert ainsi de terrain fertile d’expérimentations et de ferment pour de nouvelles sensibilités esthétiques et politiques.

Exposer aujourd’hui l’opéra a plus d’un sens. C’en est fini avec le mythe du « dernier opéra ». Si la célèbre déclaration de Pierre Boulez en 1967 – « Il faut faire

Grazia Toderi, Semper eadem, 2004 Projet spécial pour le théatre La Fenice de Venise

sauter les maisons d’opéra » – semblait tomber comme un verdict fatal et définitif dans les années 1970, on peut constater que le genre a, au contraire, donné lieu tout au long du XXe siècle et précisément ces dernières décennies, à d’importantes et remarquables créations. La spectacularisation dénoncée alors, a

amplement touché les autres domaines artistiques. L’opéra comme lieu du spectaculaire permet, dès lors, d’explorer sous un angle nouveau cette théâtralité innervant de plus en plus, après des années d’un art plus conceptuel, le champ de l’art contemporain.

Présentant des maquettes, costumes, éléments de scénographie, autant que d’imposantes installations et de nouvelles créations, le parcours, qui mêle images et sons, montre comment l’opéra est la fois une manufacture de désirs artistiques partagés autant qu’un symbole de liberté. Des expériences scéniques des premières avant-gardes, tels que La Main heureuse (1910-1913) d’Arnold Schönberg aux partitions durablement inscrites au programme des grandes salles comme Saint-François d’Assise (1983) d’Olivier Messiaen, en passant par des formes plus expérimentales mais ô combien emblématiques comme Einstein on the Beach (1974) de Philip Glass et Bob Wilson, Opéra Monde esquissera une cartographie différente de l’interdisciplinarité. Se déployant en différentes sections thématiques, allant de la scène comme peinture en mouvement, aux projets politiques et parfois utopiques de formes plus radicales et de nouveaux lieux d’opéra, en passant par la fééerie ou encore la fureur des mythes, le projet prend essentiellement pour focus une sélection de créations particulièrement représentatives de ces relations fructueuses scène-artiste. Certains grands classiques - tel que La Flûte enchantée, ou Norma seront également exposés, montrant comment le répertoire manié avec audace, a servi à la fois de lieu de transgression, de transformation, tout en garantissant une certaine pérennité du genre.L’exposition questionnera la capacité même d’une exposition, sinon à restituer, du moins à évoquer le pouvoir sensoriel de l’opéra et son caractère envoûtant. Un important travail de réactivation de certaines créations du passé, de même que certaines commandes passées à des artistes contemporains, permettront de montrer la passion que suscite encore le

« Il ne s’agit pas de re-composer un opéra avec ses hiérarchies, mais plutôt de fabriquer un instrument à produire de la liberté. »Pascal Dusapin à propos de « To Be

Sung »

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genre aujourd’hui, et de plonger le visiteur dans la magie singulière du spectacle lyrique.

Commissaire : Stéphane Ghislain RousselChargée de recherches et de coordination : Anne Horvath, Centre Pompidou-Metz Une riche programmation associée de spectacles vivants sera proposée en lien avec l’exposition.

L’exposition Opéra Monde est réalisée en résonance avec la célébration des 350 ans de l’Opéra national de Paris.

Tout au long de la saison 2018/2019 et jusqu’au 31 décembre 2019, l’Opéra national de Paris célébrera son 350ème anniversaire : c’est en 1669, le 28 juin, que Louis XIV a signé la lettre patente autorisant le conseiller Pierre Perrin à établir une Académie royale d’opéra, qui prendra le nom d’Académie royale de Musique.Cet anniversaire est une occasion unique dans la vie de l’Opéra national de Paris de rendre un hommage à son histoire.En parallèle de sa programmation conçue autour de ces trois siècles et demi d’histoire, l’Opéra national de Paris se devait de sortir de ses murs et c’est légitimement qu’il s’associe au Musée d’Orsay, au Centre Pompidou Paris et Metz, à la Bibliothèque nationale de France pour de grandes expositions, mais aussi en répondant à l’invitation du Collège de France et de nombreux théâtres en région.Ces institutions et l’Opéra ont coordonné leurs projets en vue de couvrir la plupart des grandes époques de l’histoire de l’Opéra de Paris et de dresser un ample panorama historique. Des expositions, conférences, master classes et rencontres permettront de croiser l’héritage d’une institution avec ses aspirations futures.

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L’Oeil extatique. Sergueï Eisenstein à la croisée des arts 28.09.19 > 24.02.20Grande Nef

Sergueï Eisenstein, réalisateur mythique qui fit la gloire du cinéma russe, est bien plus qu’un cinéaste. Cultivant l’art du montage et de la lumière au point d’inventer un nouveau langage visuel au milieu des années 1920, Eisenstein s’est toujours placé à la croisée des arts. Homme de théâtre et de littérature, dessinateur, théoricien, passionné d’archéologie et d’anthropologie, il n’a cessé de se nourrir de l’histoire de l’art tout au long de sa carrière. Le Centre Pompidou-Metz propose une rétrospective de son œuvre en regard de l’influence de cet héritage universel. On y retrouve les grands films qui l’on fait connaître (La Grève, 1924 ; Le Cuirassé Potemkine, 1925 ; Octobre, 1927 ; La Ligne Générale, 1929 ; Que Viva Mexico !, 1932 ; Alexandre Nevski, 1938 ou encore Ivan le Terrible, 1944-46), mais aussi ses expérimentations théâtrales, ses dessins riches de symboles, tracés à la ligne claire, ou ses projets inachevés. L’exposition retrace la méthodologie et l’approche visionnaire du cinéaste, aux productions fortement liées à l’histoire russe mais aussi à ses nombreux voyages en Europe, au Mexique et aux Etats-Unis, à ses lectures et à ses rencontres. Si, de son vivant, Eisenstein fut un artiste que le monde entier s’arrachait et dont le travail et la pensée bouleversaient les esprits, cette aura s’est aujourd’hui considérablement amoindrie, du fait que l’œuvre cinématographique d’Eisenstein n’est plus diffusée de manière systématique via les ciné-clubs. De même, la complexité et la portée des accomplissements d’Eisenstein ont été longtemps sous-estimées en raison d’interprétations essentiellement idéologiques réduisant son travail au seul contexte de l’URSS communiste et à ses relations avec Staline. L’exposition L’Oeil extatique. Sergueï Eisenstein à la croisée des arts entend donc faire découvrir et redécouvrir au public français et européen un nom majeur du septième art et de la culture mondiale, un homme considéré comme le « Léonard de Vinci russe », et qui, le premier, se présenta comme un cinéaste en habits d’artiste. Il s’agit ainsi d’insister sur l’Eisenstein faiseur, amateur,

Sergueï Eisenstein, Ivan le Terrible, 1945

« Il semble que tous les arts aient, à travers les siècles, tendu vers le ci-néma. Inversement, le cinéma aide à comprendre leurs méthodes. » Sergueï Eisenstein

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collectionneur commentateur et monteur d’images, un Eisenstein visionnaire, toujours soucieux d’expérimentation radicale et d’affecter profondément et durablement le spectateur. En s’appuyant sur le vaste éventail de références mobilisées par Eisenstein dans son travail, cette confrontation entre images fixes et images en mouvement permet de dévoiler de manière exemplaire la manière dont un créateur fabrique ses images, à un moment où la question de la genèse artistique est devenue centrale. L’exposition s’appuie sur un dialogue avec l’histoire de l’art, il s’agit de montrer comment Eisenstein se nourrit, dans ses travaux, des chefs-d’œuvre de l’histoire de l’art mondial, d’œuvres de ses contemporains russes et étrangers, mais aussi et surtout du patrimoine artistique précédant l’apparition du cinéma, aussi bien peinture, sculpture, gravure, dessin, architecture. L’exposition montre aussi l’intérêt et l’appétence d’Eisenstein pour les cultures populaires (américaine, russe, européenne), dans une abolition des hiérarchies qui est représentative de sa logique associative. Eisenstein, en tant que théoricien, relit l’histoire de l’art à la lumière du cinéma. En effet, le cinéma ne représente pas tant pour Eisenstein un médium qu’une opération de pensée, une matérialisation de processus psychologiques profondément ancrés en l’homme depuis la nuit des temps. A cet égard, le cinéma lui permet de repenser l’intégralité de l’histoire de l’art et de la culture mondiale, ce qui se traduit dans l’exposition par une galerie de peintures et de sculptures qu’Eisenstein analyse en termes cinématographiques et dont certaines peuvent également, à sa suite, être interprétées à travers le prisme du cinéma. L’histoire de l’art eisensteinienne est délibérément anachronique et déhiérarchisée, ouverte aux cultures extra-occidentales. Le Centre Pompidou-Metz propose avec cette exposition une redécouverte du septième art, à travers l’une des figures les plus marquantes de son histoire.

Commissaires : Ada Ackerman, chargée de Recherches au CNRS/THALIM, historienne de l’art et Philippe-Alain Michaud, conservateur au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, chef du service du cinéma expérimentalChargée de recherches : Olga Kataeva, artiste et chercheuse