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GROUPE DE TRAVAIL mars 2006 C E N T R E D E R E S S O U R C E S LES FEMMES-RELAIS MÉDIATRICES SOCIALES ET CULTURELLES Des principes déontologiques, un métier

Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles€¦ · France, a-t-elle décidé de travailler sur les principes déontologiques qui précisent le cadre et les limites de

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C E N T R E D E R E S S O U R C E S

LES FEMMES-RELAIS

MÉDIATRICES SOCIALES

ET CULTURELLES

Des principes déontologiques,

un métier

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LES FEMMES-RELAIS MÉDIATRICES SOCIALES ET CULTURELLES

Des principes déontologiques, un métier

Fédération des associations de femmes-relais de Seine-Saint-DenisProfession Banlieue

Institut régional du travail social de Paris Île-de-France

– Mars 2006 –

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Les associations de femmes-relais médiatrices constituant la Fédération ayant participé à l’élaboration de ce rapport sur le métier et les principes déontologiques• L’Association des femmes médiatrices sociales et culturelles de Pantin• L’Arifa, association des femmes-relais de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil• L’Arc-en-ciel du Londeau de Noisy-le-Sec• L’Association communautaire Santé Bien-Être de Saint-Denis• Le Chemin, association de femmes-relais de Rosny-sous-Bois• L’Association femmes-relais médiatrices interculturelles d’Aulnay-sous-Bois• L’Association d’entraide sociale et interculturelle de Villepinte• Les femmes-relais du service Bondy-Insertion et la médiatrice scolaire de la

Maison des parents et de la famille de Bondy• L’Association nationale femmes-relais médiatrices interculturelles de Bobigny• L’Association des femmes-relais de Sevran

Les personnalités ayant apporté leur concours à ce rapport• Christine Garcette, déléguée du Comité départemental de liaison et de coor-

dination des services sociaux publics et privés (Clicoss 93)• Françoise Hickel, formatrice à la Protection judiciaire de la jeunesse• Sylviane Le Clerc, déléguée départementale Droits des femmes et Égalité• Sonia Fayman, sociologue

Ce rapport s’est également enrichi des apports des participants à la journée du 22 octobre 2004 organisée à Rosny-sous-Bois par Profession Banlieue et la Fédération des associations de femmes-relais de la Seine-Saint-Denis dans le cadre des États généraux du social, journée qui a permis de mettre en débat les travaux réalisés précédemment.

L’ensemble des travaux a été supervisé par Profession Banlieue et l’Institut régional du travail social (IRTS) de Paris Île-de-France, en les personnes de :• Thérèse Bouvier, responsable de formation à l’IRTS, • Danièle Onesti et Alix Lion, formatrices à l’IRTS.

Sont tout particulièrement remerciées pour leur relecture active et leurs remarques :• Margalit Cohen-Émerique, docteur en psychologie,

expert en relations et communications interculturelles• Michèle Guillaume-Hofnung, professeur des facultés de droit et médiatrice.

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Sommaire

Préambule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

I. Définir la médiation sociale et culturelle . . . . . . . . . . . . . 13

II. Les principes déontologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

III. Le champ d’intervention de la femme-relais médiatrice sociale et culturelle . . . . 23

IV. Le métierde la femme-relais médiatrice sociale et culturelle . . . . 29

Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39ANNEXE I – Textes juridiques de référence . . . . . . . . . . . . . . . 41ANNEXE II – Témoignages de femmes-relais

médiatrices sociales et culturelles . . . . . . . . . . . . 45

Deux éclairages fondateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

La médiation interculturelle, de quoi parle-t-on ? . . . . . . 55Margalit Cohen-Émerique,docteur en psychologie, expert en relations et communications interculturellesLes enjeux de la déontologie pour les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67Michèle Guillaume-Hofnung, professeur des facultés de droit et médiatrice,vice-présidente du Comité des droits de l’homme et des questions éthiques

Éléments bibliographiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

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DEPUIS 1995, ProfessionBanlieue et l’IRTS de Parisaccompagnent les associa-

tions de femmes-relais médiatricesdans une réflexion sur leur métier.Ces travaux ont notamment permisd’élaborer le Référentiel femmes-relais,d’évaluer leur intervention ou encorede participer à un programme trans-national européen sur la place desfemmes-relais médiatrices dans l’in-tégration des populations migrantes.

Pour comprendre l’émergence desfemmes-relais médiatrices dans lesquartiers, il est sans doute importantde rappeler quelques éléments ducontexte économique et social desannées quatre-vingt.

C’est d’abord la montée continue duchômage depuis 1975 et l’accroisse-ment des difficultés des familles. Lespremières lois de décentralisation de1982 ont modifié l’ensemble du

contexte institutionnel de l’action so-ciale avec le transfert des compé-tences vers les collectivités locales, lesvilles et les départements. La réorga-nisation des services a parfois en-traîné, dans un premier temps, unediminution du nombre des interve-nants sociaux, alors que les difficultéséconomiques et sociales des famillesaugmentaient.

Par ailleurs, depuis 1975, les ré-formes successives liées à l’habitatont eu pour effet de rassembler ma-joritairement dans les quartiers d’ha-bitat social les populations les plus endifficulté, et notamment les popula-tions immigrées. De fait, se retrou-vent enfermés dans une sorte de huisclos des populations en difficulté etdes intervenants sociaux dont la mis-sion est de les accompagner sans tou-jours avoir les moyens de leur inser-tion. Les relations entre usagers etprofessionnels se compliquent alors,

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Préambule

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tandis que les incompréhensions semultiplient. Le sentiment d’apparte-nance au quartier, nourri dans lemême temps d’un sentiment d’aban-don par les pouvoirs publics, se ren-force. Les habitants les plus en diffi-culté font appel à leurs pairs : les pre-mières femmes-relais médiatrices ap-paraissent.

Ces évolutions seront encouragéespar la politique de la ville, politiqueterritoriale qui entérine la relationentre problèmes sociaux et terri-toires. C’est également une politiquequi fait appel à la participation deshabitants, à l’ensemble des habitants,et donc à leurs initiatives, et qui, parses subventions, favorisera l’appari-tion des associations de femmes-re-lais médiatrices sociales et culturellesqui, quotidiennement, accueillent,orientent, accompagnent les familleslors de leurs démarches dans les ad-ministrations et les services. En réta-blissant la parole et la compréhen-sion entre les institutions et les habi-tants, les femmes-relais médiatricesfavorisent leur rapprochement etcréent les conditions favorables à unprocessus d’intégration.

POURQUOI DÉFINIR DES PRINCIPES DÉONTOLOGIQUES?

Aujourd’hui, alors que le travail desfemmes-relais est reconnu par les usa-gers comme par les responsables insti-tutionnels, il est très difficile de faireadmettre qu’il s’agit là d’un véritabletravail, voire d’un nouveau métier etnon d’une activité passagère. Pour-tant, l’intervention des femmes-relaismédiatrices exige une grande pro -fessionnalité : ces femmes sont quoti-diennement confrontées à des situa-tions complexes et délicates, par rap-port aux usagers ou aux institutions,situations auxquelles elles doiventfaire face avec beaucoup de compé-tences mais, actuellement, sans recon-naissance officielle de leur fonction.

Aussi la Fédération des associationsde femmes-relais de la Seine-Saint-Denis, en partenariat avec ProfessionBanlieue et l’IRTS de Paris Île-de-France, a-t-elle décidé de travaillersur les principes déontologiques quiprécisent le cadre et les limites de leurintervention. Ces principes viennentcompléter le référentiel métier éla-boré en 1997, les formations, lesgroupes de travail ou les séminairesqui contribuent à construire le mé-tier de femme-relais médiatrice.

Auprès des femmes-relais média-trices et de leurs employeurs, ces

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principes déontologiques ont pourobjet de donner des points de repèreafin de guider les pratiques profes-sionnelles en les référant spécifique-ment au champ de la médiationpour leur permettre de se position-ner en tant que tiers ; de circonscrireleurs domaines et leurs limites d’in-tervention ; de fixer des règles spéci-fiques, des devoirs et des obligationsainsi que les modalités et garantiesd’application.

Auprès des usagers, des institutionset des pouvoirs publics, ce rapport apour premier objet de clarifier lesrôle et place des femmes-relais mé-diatrices en affirmant leur positionde médiateurs ; d’énoncer en secondlieu des règles juridiques et éthiques,et d’en garantir le respect ; de valori-ser enfin le travail des femmes-relaismédiatrices en le référant à la média-tion sociale et culturelle.

L’unité fondamentale de la média-tion est structurante de ce rapportqui s’attache à en décliner un aspect,celui de la médiation sociale et cultu-relle. Ce rapport, écrit avec lesfemmes-relais médiatrices à partirdes situations concrètes qu’elles ren-contrent, rappelle les grands prin-cipes qui garantissent le processus demédiation : la confidentialité, l’indé-

pendance et l’absence de mandat ins-titutionnel, le libre consentement desintéressés et l’égalité entre les parties.Il rappelle également les textes de loiauxquels la femme-relais médiatricese réfère dans sa pratique et qu’elle sedoit de respecter et de faire respecter.L’écriture des principes déontolo-giques s’est appuyée sur les travauxréalisés en matière de médiation familiale par le Conseil nationalconsultatif de la médiation familiale :«Médiation familiale : un métier pourl’avenir », paru en mars 2004, et s’estenfin enrichie des apports de MichèleGuil laume-Hofnung, pro fesseur desfacultés de droit et médiatrice, et deMargalit Cohen- Émerique, docteuren psychologie, expert en relations etcommunications inter culturelles.

Ce rapport a été établi dans le but deconstituer un document de référencequi fixe le cadre d’exercice des com-pétences des femmes-relais média-trices. Les principes déontologiquessont proposés aux pouvoirs publics etaux institutions, ainsi qu’aux struc-tures employeurs et aux réseaux defemmes-relais médiatrices sociales etculturelles en France et en Europe.

Ils pourront ainsi constituer un outilde communication lisible et acces-sible à tous.

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Préambule

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LA médiation sociale et cultu -relle est un processus deconstruction-réparation du

lien social et de règlement desconflits de la vie quotidienne dans le-quel un tiers impartial, indépendant,et sans pouvoir institutionnel, lafemme-relais médiatrice sociale etculturelle, tente, à travers l’organisa-tion d’échanges entre les personnes(individus ou groupes) ou entre lespersonnes et les institutions, de lesaider à améliorer leur communica-tion ou de favoriser l’accès aux droitsdes personnes1.

La médiation sociale et culturellecontribue à l’évolution des institu-tions en leur permettant de trouverdes adaptations aux besoins spéci-fiques des personnes2.

Par ailleurs, la médiation culturelleconcernant tout particulièrement lespersonnes migrantes et leur famille

vise à résoudre les difficultés de com-munication ou les conflits liés à dessystèmes de valeurs différents3 : ausein des familles ou des groupes, oubien entre des personnes et des insti-tutions. Elle permet de dissiper lesmalentendus liés aux stéréotypes etaux préjugés, elle facilite la compré-hension réciproque et favorise ainsi lamodification du regard et des pra-tiques envers les migrants4. Elle per-

I. Définir la médiation sociale et culturelle

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1 Les exemples présentés en annexe II : «Média-tion sociale au sein d’un service public :l’exemple de La Poste » et «Médiation sociale,une approche globale », illustrent les aspects de lamédiation sociale qui favorisent la communica-tion et l’accès aux droits.2 Cet aspect est présent dans l’exemple situé enannexe II : «Médiation culturelle dans une situa-tion de placement d’enfants ».3 L’exemple «Médiation culturelle dans une fa-mille » situé en annexe II décrit un conflit lié àdes systèmes de valeurs différents.4 La modification du regard et des pratiques ap-paraît dans l’exemple «Médiation sociale au seind’un service public : l’exemple de La Poste », enannexe II.

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met d’établir des passerelles entre desunivers culturels différents. Enfin, lamédiation offre la possibilité aux in-

dividus et aux familles de vivre lesprocessus d’acculturation5 de façonharmonieuse6.

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5 «Acculturation», in R. Boudon, P. Besnard,M. Cherkaoui et B.-P. Lecuyer : Dictionnaire desociologie, Larousse, 1999 : «L’acculturation estl’ensemble des changements qui se produisentdans les modèles culturels originaux, lorsque desgroupes d’individus de cultures différentes en-trent en contact direct et continu. Cette défini-tion implique que chaque culture constitue unsystème, dont les divers éléments se réélaborent àl’occasion de ces contacts. Elle souligne que,quelles que soient les occasions (invasion, colo-nisation, migration), il existe des emprunts, deséchanges et des réinterprétations entre les deuxcultures et qu’aucune culture ne s’impose com-plètement à l’autre, bien que, de toute évidence,les conditions historiques créant toujours une si-tuation objective d’inégalité, l’apport des unes etdes autres soit inégal ».6 Le processus d’acculturation harmonieuse estillustré dans l’exemple « Médiation culturelledans une famille », en annexe II.

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LES principes déontologiquesprésentés dans cette chartesont reconnus, partagés et ap-

pliqués par les femmes-relais média-trices sociales et culturelles, leurs em-ployeurs ainsi que leurs partenaires etfinanceurs.

L’application de ces principes permetde garantir à la fois le processus demédiation mis en œuvre par lafemme-relais médiatrice et sa qualitéde médiateur.

La médiation sociale et culturelle re-pose sur un processus propre qui secaractérise par la liberté et l’égalité despartenaires, la confidentialité et le se-cret professionnel, ainsi que par l’ab-sence de pouvoir institutionnel. Ceprocessus requiert la présence d’untiers, le médiateur. Ce qui caractérisele médiateur social et culturel est : sonimpartialité, son rôle de passerelle etsa compétence à la médiation.

1. PRINCIPES GARANTISSANT LE PROCESSUS DE MÉDIATION SOCIALE ET CULTURELLE

La médiation sociale et culturellevise à :! permettre à la personne de

connaître et de faire reconnaître sesdroits,

! favoriser l’écoute et la prise encompte de la personne par les ins-titutions,

! permettre la reconnaissance de lapersonne dans son identité, sonhistoire personnelle, ses savoirsspécifiques,

! faire connaître aux personnesconcernées le fonctionnement, lesexigences et les contraintes des ins-titutions.

La médiation ne peut se substituer audroit.

II. Les principes déontologiques

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La femme-relais médiatrice sociale etculturelle peut refuser, interrompreou suspendre la médiation si les prin-cipes relatifs à son exercice ne sontpas respectés.

La femme-relais médiatrice s’attacheà la réussite du processus de média-tion, elle n’a cependant pas l’obliga-tion de parvenir à un accord.

Les cinq principes suivants garantis-sent le processus de médiation so-ciale.

1-1. Information et libre consentement des intéressés

La médiation sociale et culturelle re-quiert le libre consentement des inté-ressés – personnes, groupes ou insti-tutions – quel que soit l’interlocuteurà l’origine de la demande.

Pour cela, la femme-relais médiatricesociale et culturelle doit, auprès dechaque interlocuteur, au préalable etau cours de sa médiation si nécessaire1 :! présenter ou rappeler son rôle de

médiatrice, et non de traductrice-interprète ou de représentante del’un ou l’autre des demandeurs,

! informer sur les différentes modali-tés de son intervention,

! s’assurer de la bonne compréhen-sion des informations fournies,

! recueillir le libre consentement dechacun des intéressés en veillant àce qu’aucun d’entre eux ne soitsous l’emprise d’un tiers.

Face aux institutions, afin de per-mettre l’information et le libreconsentement des intéressés, c’est àl’association employeur des femmes-relais médiatrices sociales et culturellesde poser le cadre de l’intervention decelles-ci. L’association doit y veillertout particulièrement lorsque la fonc-tion de médiation de la femme-relaismédiatrice n’est pas reconnue ou priseen compte par un représentant insti-tutionnel (Justice, Police, Santé…).

1-2. Égalité entre les parties

Pour s’exercer, la médiation nécessiteune égalité entre les parties en pré-sence.

Or, quand la médiation sociale etculturelle concerne des personnes oufamilles migrantes et des institutions,les intéressés ne sont pas en positiond’égalité, car la médiation s’inscritdans un contexte marqué historique-ment par des relations de type domi-nant/dominé liées au passé colonialde la France et aux représentations

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

1 L’information préalable est présentée dansl’exemple «Médiation sociale, une approche glo-bale », en annexe II.

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négatives sur les travailleurs immigréset leur famille.

De plus, lorsque la médiation met enrelation des personnes fragilisées parleur situation (victimes de violences, pa-rents face aux sanctions scolaires ou pé-nales…) ou encore des personnes nemaîtrisant pas la langue française, celles-ci se trouvent en position de faiblesseface à l’interlocuteur institutionnel.

Ainsi, pour pallier l’inégalité entre lesinterlocuteurs, éviter les situationsd’emprise et rendre la communica-tion symétrique, la femme-relais mé-diatrice peut être amenée à «déséqui-librer » la communication en faveurde la personne en situation d’infério-rité, en s’attachant à :! lui accorder le temps nécessaire à

l’exposé de sa situation,! l’encourager dans l’expression de

ses difficultés,! lui (re)donner confiance en don-

nant valeur à sa parole,! permettre que sa parole soit prise

en compte.

Cela contribue à redonner une placeà la personne en situation d’infério-rité, une position d’acteur2.

De plus, face aux institutions, lafemme-relais médiatrice elle-mêmepeut se trouver en situation d’infério-rité du fait de son origine étrangèreet/ou de l’absence de reconnaissance

de son statut de médiatrice. Dans cecas, c’est à l’association employeur decontribuer au (r)établissement desrôles, places et fonctions de lafemme-relais médiatrice.

1-3. Discrétion, confidentialité3

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle est tenue à une obligationde discrétion et de confidentialité etdoit respecter l’intimité et la vie pri-vée des personnes.

Elle ne peut utiliser les informationsdont elle dispose qu’avec l’accord despersonnes qui les lui ont confiées etla certitude que la divulgation ne leurportera pas préjudice.

1-4. Secret professionnel

Dans le contexte de la professionnali-sation, les structures employant desfemmes-relais médiatrices ont choisid’inscrire l’intervention de ces der-nières dans le cadre du secret profes-

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Les principes déontologiques

2 Pallier l’inégalité entre les interlocuteurs estillustré dans les exemples «Médiation sociale ausein d’un service public : l’exemple de La Poste »et «Médiation sociale, une approche globale », enannexe II.3 Cette dimension est présentée dans l’exemple«Médiation sociale, une approche globale », enannexe II.

Page 18: Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles€¦ · France, a-t-elle décidé de travailler sur les principes déontologiques qui précisent le cadre et les limites de

sionnel. La femme-relais médiatriceest soumise au secret professionnellorsque, dans le cadre de ses missionsou de ses fonctions, elle est déposi-taire de confidences ou d’informa-tions à caractère secret. De ce fait, ellene peut divulguer librement les confi-dences ou informations qu’elle dé-tient (article 226-13 du code pénal4).

• But du secret professionnel

Pour la femme-relais médiatrice, lesecret professionnel garantit le respectde la vie privée des personnes qui sontamenées à lui confier des informa-tions à caractère secret. Il assure lacrédibilité de celle-ci auprès des par-tenaires institutionnels et contribue àl’instauration de la confiance entreelle et la personne ou la famille.

• Levée du secret

La femme-relais médiatrice a la pos-sibilité ou l’obligation, selon la loi, delever le secret en communiquant àl’autorité judiciaire, médicale ou ad-ministrative les informations dontelle est détentrice notamment pourprotéger des personnes mineures ouvulnérables ou pour porter assistanceà une personne en danger.

De par la connaissance qu’elle a de laculture des personnes ou des familles

concernées, la femme-relais média-trice peut avoir une évaluation des si-tuations différente de celle faite parun autre professionnel. Aussi doit-elle bénéficier, au sein de son associa-tion ou dans le cadre d’une associa-tion départementale, par exemple,d’un groupe de soutien ou d’un co-mité d’éthique lui permettant d’évo-quer les difficultés rencontrées et deprendre une décision éclairée.

• Partage du secret

La femme-relais médiatrice peut,dans le cadre de son travail avecd’autres professionnels, transmettredes informations dont elle est déten-trice dans les conditions suivantes :! être sûre que les personnes à qui

elle transmet ces informations sontsoumises au secret professionnel,

! s’être assurée que la personne ou lafamille est d’accord ou du moinsinformée,

! enfin, ne transmettre que les élé-ments strictement nécessaires, dansl’intérêt de la personne ou de la fa-mille.

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

4 Voir annexe I.

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1-5. Indépendance et absence de pouvoir institutionnel

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle ne porte pas directementou indirectement les intérêts des per-sonnes, groupes ou institutions, etelle ne se substitue pas à l’un d’entreeux5. Dans sa relation aux personnesou aux groupes, elle veille à ne géné-rer et n’entretenir ni assistanat, ni dé-pendance.

La femme-relais médiatrice et son as-sociation ne sont investies d’aucunpouvoir ou mandat institutionnel.Elles veillent à ne pas perdre leur in-dépendance, en étant soit manipu-lées par des personnes, instrumenta-lisées par les institutions qui fontappel à elles, soit soumises à des pres-sions politiques, morales, commu-nautaires ou financières.

La femme-relais médiatrice et son as-sociation doivent être tout particuliè-rement attentives au respect desconditions garantissant le processusde médiation dans les situations où lafemme-relais médiatrice est interpel-lée en urgence.

2. PRINCIPES GARANTISSANT LA QUALITÉ DE MÉDIATEUR SOCIALET CULTUREL

Le respect des principes qui suiventpermet à la femme-relais médiatriced’agir en qualité de médiatrice socialeet culturelle et d’asseoir sa légitimité.

2-1. Position de tiers

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle intervient auprès de l’un etde l’autre des interlocuteurs de la mé-diation, sans se substituer à aucundes deux. Elle s’assure de sa positionde tiers tout au long de la médiation6

(le tiers se définissant par son exté-riorité, sachant que tout troisièmen’est pas nécessairement un tiers).

Cependant, face à des injustices fla-grantes qui frappent des personnesou des familles, la femme-relais mé-diatrice peut être amenée à exprimerauprès des institutions les intérêts de

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Les principes déontologiques

5 L’absence de pouvoir institutionnel est illustréedans les exemples «Médiation culturelle dansune situation de placement d’enfants » et «Mé-diation sociale au sein d’un service public :l’exemple de La Poste », en annexe II.6 La position de tiers est illustrée dans les exem -ples «Médiation sociale au sein d’un service pu-blic : l’exemple de La Poste » et «Médiation cul-turelle dans une famille », en annexe II.

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ces dernières, abandonnant pour untemps sa position de tiers.

De même, les associations employeursdoivent trouver un équilibre entre lanécessité de représenter un espacetiers entre les institutions et les po-pulations, et la volonté de dénoncerles situations intolérables ou injustesvécues parfois par les populations,voire être porteuses auprès des pou-voirs publics de leurs revendications.

2-2. Impartialité et bonne proximité

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle permet l’expression despoints de vue de chaque interlocu-teur – personne, groupe, représen-tant institutionnel.

Elle veille à ne pas donner son avis età ne pas orienter les choix des per-sonnes ; tout au long de la médiation,ce sont les intéressés qui prennent lesdécisions7.

Cependant, de par ses appartenancesculturelles, sociales ou géographiquescommunes avec les personnes auprèsdesquelles elle intervient, la femme-relais médiatrice a un positionne-ment spécifique.

De ce fait, elle est impliquée dansdes liens de proximité avec les per -

sonnes ; mais elle sait poser, grâce àsa posture de professionnelle, les li-mites qui lui permettent de se dif-férencier et de trouver la bonneproximité.

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle veille à ce que ses convic-tions et valeurs personnelles (poli-tiques, religieuses ou autres) n’inter-fèrent pas dans la médiation.

Si des éléments de la situation sus-citent des résonances personnellessusceptibles d’altérer son impartia-lité, la femme-relais médiatrice so-ciale et culturelle se devra de passerle relais à une autre médiatrice.

2-3. Rôle de passerelle

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle permet aux personnes mi-grantes ou d’origine étrangère detrouver des compromis entre les va-leurs de leur culture d’origine etcelles du pays d’accueil.

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

7 L’impartialité est illustrée dans l’exemple « Médiation culturelle dans une famille », enannexe II.

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Pour ce faire, la femme-relais média-trice ne force pas au changement maisn’incite pas non plus à perpétuer desvaleurs traditionnelles en l’état8.

Ce rôle de passerelle aide les per-sonnes à s’adapter à leur nouvel envi-ronnement culturel sans pour autantêtre en rupture avec les valeurs fon-damentales de leur culture d’origine.

De même, vis-à-vis des institutions,la femme-relais médiatrice rend in-telligibles des besoins spécifiques, desvaleurs et des comportements de per-sonnes et familles migrantes. Celacontribue à amener les institutions àadapter leurs pratiques profession-nelles pour prendre en compte lesspécificités de ces personnes tant surle plan culturel que sur celui de leurparcours et de leur situation sociale9.

2-4. Compétence à la médiationet veille professionnelle

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle possède des compétencesmultiples : elle s’appuie notammentsur l’expérience personnelle, sur ce quel’on appelle des savoirs expérientiels,des savoirs sociaux, des compétencesbiographiques, autrement dit liées àson histoire, à son parcours personnelet au dépassement de situations qu’ellea elle-même vécues. Ses compétencessont également acquises par une pra-

tique de terrain. Cependant, ces sa-voirs sociaux ne garantissent pas le po-sitionnement spécifique de médiateursocial et culturel. Aussi la femme-relaismédiatrice veillera, avec l’appui de sonemployeur, à acquérir ce dernier dansle cadre d’une formation de médiateursocial et culturel.

Elle s’engage à participer, sur sontemps de travail, à des séances, ré-unions, supervisions, contribuant àl’analyse de sa pratique.

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle consacre une partie de sontemps de travail à la mise à jour deses connaissances et de sa documen-tation professionnelle.

Il incombe à l’association employeurde permettre et/ou d’organiser lesmodalités d’accès à la qualification etle maintien de la compétence.

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Les principes déontologiques

8 Jean-François Six, «Changements sociaux etbesoins de médiation», in Massimo Bortolini(dir.), « Immigrations et médiations », Les Poli-tiques sociales, nos 3 et 4, pages 9-22, 2001 : «Lemédiateur n’est pas “un sachant”, un expert qui,du haut de sa science, de son savoir, donne uneréponse juridique, psychologique ; il est capablesoit de susciter des espaces tiers de transition, despasserelles qui rapprochent ceux qui sont éloi-gnés les uns des autres, que ce soit une famille,une école, un quartier, soit d’aider à tisser desliens à l’intérieur de l’individu» (p. 16).9 Le rôle de passerelle auprès des institutions est pré-sent dans les exemples «Médiation culturelle dansune situation de placement d’enfants» et «Média-tion culturelle dans une famille», en annexe II.

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1. MISSIONS

Les missions de la femme-relais mé-diatrice sociale et culturelle visent à :! promouvoir la vie sociale en déve-

loppant des liens de solidarité et enfacilitant le dialogue entre les cul-tures et au sein des familles mi-grantes,

! prévenir l’exclusion sociale etrompre l’isolement en assurantl’expression des habitants,

! permettre à toute personne d’accé-der à ses droits fondamentaux.

Son action a pour objectif de :! permettre à la personne de

connaître et de faire reconnaître sesdroits,

! favoriser l’écoute, la prise encompte de la personne par les ins-titutions,

! permettre la reconnaissance de lapersonne dans son identité, son

histoire propre, ses savoirs spéci-fiques,

! faire connaître à la personneconcernée le fonctionnement, lesexigences et les contraintes des ins-titutions.

Ces actions contribuent à l’évolutiondes institutions en modifiant le re-gard porté sur les usagers migrants etfrançais et permettent à ces derniersd’accéder à une situation de droit.

2. CADRE DE L’INTERVENTION

2-1. Auprès de qui intervient la femme-relais médiatricesociale et culturelle ?

La femme-relais médiatrice inter-vient auprès de nombreuses struc-

III. Le champ d’intervention de la femme-relais médiatrice sociale et culturelle

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tures relevant des domaines suivants :santé, social, école, éducation, jus-tice, immigration, logement, impôts,ban que et crédit, transport, emploi,loisirs…

La femme-relais médiatrice est en po-sition d’interface entre les personnes,les groupes et les institutions. Elle in-tervient à la demande des uns ou desautres et avec l’accord de chacun.

La femme-relais médiatrice travailleauprès de tout public de toute origineculturelle, dans une diversité qui re-flète la composition de la populationdes quartiers où sonassociation est im-plantée, essentiellement des famillesmigrantes, mais aussi des familles fran-çaises. Ces publics, confrontés à desproblèmes économiques et sociaux,peuvent être en situation d’isolementvoire d’exclusion, et/ou avoir des diffi-cultés pour accéder à leurs droits.

2-2. Rapport au droit1

La femme-relais médiatrice se réfèredans sa pratique au droit existant aurespect duquel elle doit veiller etqu’elle se doit elle-même de respec-ter. En effet, la médiation socialetend à une protection des personneset de leurs droits. Toute personneprésente sur le territoire français re-lève des lois françaises et des textesinternationaux applicables en France.

• Le droit français en vigueur2

! Il protège l’intimité de la vie privée,interdit toute discrimination, meten place une action sociale ayantpour objectif de répondre de façonadaptée aux besoins de chacun, or-ganise l’égal accès de tous dans lesrelations avec l’administration, pro-tège l’égal accès au travail et assurele conseil et la défense des salariés.

! Il est recensé notamment dans lescodes civil, pénal, administratif, del’action sociale et des familles, dutravail.

• Les grands textes fondamentaux

! La Déclaration des droits del’homme et du citoyen du 26 août1789.

! La Déclaration universelle desdroits de l’homme des Nationsunies du 10 décembre 1948.

! La Convention européenne de sau-vegarde des droits de l’homme et

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

1 Voir l’annexe I : «Textes juridiques de réfé-rence ».2 Cette dimension est présente dans l’exemple«Médiation sociale, une approche globale », enannexe II.

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des libertés fondamentales du4 novembre 1950.

! La Charte sociale européenne du18 octobre 1961.

! Le Pacte international relatif auxdroits civils et politiques du 16 dé-cembre 1966.

! La Convention internationale desdroits de l’enfant du 20 novembre1989.

! La Convention européenne surl’exercice des droits de l’enfant du28 septembre 1995.

2-3. Cadre et lieu d’exercice

La femme-relais médiatrice exerceson activité en majorité dans le cadred’une association et parfois d’un ser-vice municipal. Elle est tenue de res-pecter les missions qui lui sontconfiées par son association ou sonservice. Ce cadre assure la légitimitéde son intervention, garantit son in-dépendance et fixe les limites de sonaction.

La structure employeur joue un rôleessentiel tant auprès des institutionsqu’auprès de ses médiatrices salariéesou bénévoles.

Auprès des institutions, les structuresemployeurs se doivent :! d’expliquer le rôle des femmes-re-

lais médiatrices et les limites deleur intervention,

! de déterminer le cadre dans lequelpeut s’inscrire la demande des ins-titutions et de veiller à ce qu’ellesrespectent les limites et les possibi-lités d’intervention des femmes-re-lais médiatrices (ni pompiers, niavocats, ni travailleurs sociaux…),

! de diffuser et d’expliquer les prin-cipes déontologiques ; de veiller, lecas échéant, à leur inscription dansles conventions de partenariat,

! de développer une méthodologie decollaboration avec les partenaires.

Auprès des femmes-relais média-trices, les structures employeurs sedoivent :! d’assurer un encadrement en éla-

borant des protocoles d’interven-tion, notamment en urgence, enleur apportant un soutien lors-qu’elles sont confrontées à des si-tuations particulièrement difficiles,

! de leur permettre de s’informer et dese former pendant leur temps de tra-vail ; de mettre en place des séancesd’analyse de pratique, de supervi-sion…; de faciliter leur participa-tion à des formations qualifiantes,

! de prendre en compte les besoinsobservés par les femmes-relais mé-diatrices et de contribuer à la réali-sation d’actions adaptées.

25

Le champ d’intervention de la femme-relais médiatrice sociale et culturelle

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2-4. Niveau d’autonomie et de responsabilité de la femme-relais médiatrice

D’une façon générale, dans les asso-ciations de femmes-relais média-trices, les responsabilités sont répar-ties entre trois niveaux : le (la) prési-dent(e) de l’association, le (la) direc-teur (trice) et la femme-relais média-trice. Dans certaines associations,un(e) coordinateur(trice) assure laresponsabilité technique et d’organi-sation de l’équipe des femmes-relaismédiatrices, en référence avec sa di-rection.

Le niveau d’autonomie de la femme-relais médiatrice varie selon les associa-tions. Le plus souvent, la femme-relaismédiatrice assure de façon autonomel’accueil des personnes et décide dutype d’accompagnement qu’ilconvient de mettre en place. Cepen-dant, en cas de situation délicate, com-plexe ou d’urgence, elle en fait part àson/sa responsable (coordinateur/triceou directeur/trice de l’association3) ouà une femme-relais référente.

Dans certaines associations, desfemmes-relais médiatrices se sontspécialisées pour répondre aux situa-tions requérant une compétence spé-cifique ; par exemple, la médiationhospitalière, la régularisation destitres de séjour, les mariages forcés, lamédiation scolaire…

La capacité d’autonomie de lafemme-relais médiatrice dépend éga-lement de son ancienneté dans le mé-tier. Ainsi, une femme-relais média-trice expérimentée peut jouir d’unetrès grande autonomie et accéder à unniveau de responsabilité important.

Cependant, dans tous les cas, lafemme-relais médiatrice fait réguliè-rement le point sur son action avecle/la responsable, de façon quoti-dienne, hebdomadaire ou mensuelleselon les associations.

2-5. Travail d’équipe

Pour mener à bien tous les aspects deson action, la femme-relais média-trice s’inscrit dans un travail d’équipe.L’équipe travaille selon deux modali-tés – réunions, supervision ou régula-tion – qui recouvrent elles-mêmes desfonctions différentes :

• La supervision, dont le rythme varied’une association à l’autre (hebdoma-daire à mensuelle), permet à lafemme-relais médiatrice d’analyserses pratiques et d’aborder ainsi les si-tuations complexes ou délicates ouqui l’engagent au plan émotionnel.

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

3 L’exemple «Médiation culturelle dans une fa-mille » aborde la consultation de la responsablepar la femme-relais médiatrice (voir annexe II).

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Selon les associations et le contextede l’intervention, la supervision oula régulation de l’équipe desfemmes-relais médiatrices est menéepar un intervenant extérieur (psy-chologue, ethnopsychiatre, psycho-sociologue, professionnel expéri-menté…).

• Les réunions d’équipe sont hebdo-madaires et remplissent tout ou par-tie des fonctions suivantes :! partage d’informations sur le pu-

blic, les institutions, la vie lo-cale…

! rappel du cadre d’intervention desfemmes-relais médiatrices,

! organisation et répartition des in-terventions de chacun,

! articulation des actions indivi-duelles ou collectives avec des par-tenaires,

! décision sur les actions collectives àmettre en œuvre,

! mise en commun des situationsrencontrées et des médiations réali-

sées par chacun, pour permettreéventuellement la continuité dessuivis (utilisation de fiches de suiviou cahier de bord…), cela dans leslimites exigées par le respect de laconfidentialité,

! échange sur des situations difficilesafin d’aider à la prise de décision.

La femme-relais médiatrice a aussi auquotidien la possibilité de solliciter saresponsable en cas de difficulté.

2-6. Conditions de travail

S’adaptant aux besoins des usagers, lafemme-relais médiatrice est parfoisamenée à travailler le samedi, le di-manche ou le soir pour répondre àdes situations d’urgence ou dans lecadre des activités de l’association(réunions avec des partenaires, fêtede quartier, manifestations lo-cales…). Ces interventions se fontdans le cadre légal du code du travail.

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Le champ d’intervention de la femme-relais médiatrice sociale et culturelle

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1. QUI SONT LES FEMMES-RELAIS MÉDIATRICES SOCIALES ET CULTURELLES?

Au-delà de la diversité des profils etdes parcours de ces professionnelles –qui demeurent à ce jour quasi exclu-sivement des femmes – se dégagentdes caractéristiques communes et es-sentielles :

! Immigrées ou d’origine étrangère,françaises issues d’un mariage mixteou vivant en couple mixte, ouayant vécu et travaillé à l’étranger ;ces parcours personnels ou fami-liaux liés à la migration les ontconduites à la construction d’uneidentité culturellement métissée.

! Interculturalité reposant sur :– la connaissance d’univers culturels

différents, ainsi que des adapta-tions et des compromis nécessaires,

– la connaissance des limites au-delàdesquelles les migrants et les pro-fessionnels ne peuvent aller au re-gard des changements qui se pro-duisent dans les modèles culturelsoriginaux.

! Maîtrise du français oral et écrit etd’une ou de plusieurs autres lan -gues.

! Engagement personnel dans l’actionauprès de toutes personnes, quelleque soit leur origine culturelle, issuesdes mêmes milieux populaires et desmêmes quartiers et dont elles parta-gent généralement le quotidien.

! Motivation pour intervenir sur desquartiers où l’ensemble des services

IV. Le métier de femme-relais médiatrice sociale et culturelle

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publics est insuffisamment repré-senté au regard des besoins de lapopulation.

! Volonté de se professionnaliser et d’êtrereconnues comme des interlocu-trices et partenaires compétentespar les pouvoirs publics.

2. LES DOMAINES D’ACTIVITÉ DES FEMMES-RELAIS MÉDIATRICES SOCIALES ET CULTURELLES

Le métier des femmes-relais média-trices s’organise autour de quatre do-maines d’activité :! assurer une médiation sociale et

culturelle,! travailler en partenariat et en ré-

seau,! mener des actions collectives,! s’informer et se former.

Selon un travail d’enquête mené en2003 par Profession Banlieue auprèsdes associations de femmes-relais de laSeine-Saint-Denis, il apparaît que,quelles que soient l’histoire et les spéci-ficités des associations de femmes-relaismédiatrices, ces domaines occupentdans le temps de travail des proportionsconstantes, dessinant ainsi le profil dumétier de femme-relais médiatrice.

2-1. Assurer une médiation sociale et culturelle

Ce domaine d’activité représente75 % du travail des femmes-relaismédiatrices.

Il comprend deux fonctions principales:! accueillir la personne et assurer un

premier traitement de la demande,

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

Page 31: Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles€¦ · France, a-t-elle décidé de travailler sur les principes déontologiques qui précisent le cadre et les limites de

! accompagner et (r)établir la commu - nication entre personne(s), groupe(s)ou structure(s).

2-1-1. Accueillir la personne et assurer un premier traitement de la demande

Cette fonction recouvre les activitéssuivantes :! assurer la permanence de l’accueil,! poser le cadre et les limites de l’ac-

tion des femmes-relais médiatrices,! recevoir, écouter les personnes, éta-

blir une relation de confiance,! informer, expliquer, donner des re-

pères, orienter, mettre en relation,! aider à préparer ou engager des dé-

marches.

Cette fonction s’effectue lors de per-manences ouvertes à tous ou de ren-dez-vous, soit au local de l’association,soit dans une institution1. Elle repré-sente la majeure partie du temps detravail des femmes-relais médiatrices,soit en moyenne 56 %, dont deux tiersà l’association et un tiers dans une ins-titution. Pour les permanences en ins-titution, cette proportion varie enfonction du nombre de conventions.

La femme-relais médiatrice prend letemps d’un accueil chaleureux,convivial, avec les civilités d’usage,respectueux des personnes et où cha-

cun peut le plus souvent, selon sa de-mande, choisir d’être reçu indivi-duellement ou dans un espace ou-vert. C’est ainsi que, dès l’accueil, ellemet en œuvre ses missions liées à laprise en compte de la personne danssa singularité et qu’elle instaure undialogue avec et entre les habitants.

Par principe, les personnes sont re-çues indifféremment par l’une oul’autre des femmes-relais médiatricesprésentes. Cependant, lorsque toutecommunication est rendue impos-sible du fait de la méconnaissance dufrançais de la personne accueillie,celle-ci sera reçue par une femme-re-lais médiatrice pratiquant la mêmelangue. De même, lorsque la situa-tion requiert des éclairages culturels,l’intervention d’une femme-relaismédiatrice du même pays ou de lamême aire culturelle sera sollicitée.

2-1-2. Accompagner et (r)établir la communication entre personne(s),groupe(s) ou structure(s)

La plupart du temps, les situationsabordées au moment de l’accueildonnent lieu à un accompagnement.

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Le métier de la femme-relais médiatrice sociale et culturelle

1 L’exemple «Médiation sociale, une approcheglobale » situé en annexe II se déroule dans lecadre d’une permanence dans une institution.

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Celui-ci se caractérise par sa durée etpeut aussi revêtir la forme particulièred’un accompagnement physique2.

Cette médiation est exercée par lafemme-relais médiatrice sociale etculturelle tant auprès des personnesou des groupes qu’auprès des struc-tures.

Elle consiste à :! soutenir la personne tant morale-

ment que dans ses démarches, fa-voriser son expression et maintenirune relation de confiance,

! prendre et maintenir des contactsavec les interlocuteurs des struc-tures concernées,

! favoriser le dialogue et veiller aumaintien de la communication,voire à la résolution de litiges ou deconflits de valeurs entre la personneou le groupe et les structuresconcernées, en utilisant si nécessairela langue maternelle de la personne,

! veiller à l’évolution de la situationet à sa résolution auprès de chacundes intéressés,

! évaluer ses interventions.

L’accompagnement physique se ca-ractérise par une présence physiquede la femme-relais médiatrice auprèsde personnes non autonomes, soitlors de leurs différentes démarches ourendez-vous, soit à leur domicile3.

Cet accompagnement est décidé soit àla demande de la personne soit surproposition de la femme-relais média-trice ou de celle d’un professionnel.

L’accompagnement physique repré-sente en moyenne 20 %, soit un cin-quième du temps de travail desfemmes-relais médiatrices.

Il est à noter des pratiques variablesd’une association à l’autre en matièred’accompagnement :

! Pour certaines associations, les vi-sites à domicile ne répondent qu’àdes exigences précises et exception-nelles : personnes handicapées oune pouvant pas se déplacer, parexemple. Pour d’autres, les visites àdomicile font partie de l’éventaildes moyens d’intervention.

! Pour une autre association encore, lacréation d’une maison des services pu-blics (MSP) à proximité du local del’association a entraîné une baisse dunombre des accompagnements réali-sés par les femmes-relais médiatricesau profit de temps d’accueil dans lesinstitutions représentées à la MSP.

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

2 Les caractéristiques de durée et d’accompagne-ment physique sont illustrées dans l’exemple «Mé-diation sociale, une approche globale», en annexe II.3 L’exemple «Médiation culturelle dans une fa-mille », situé en annexe II, présente une situationde médiation à domicile.

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2-2. Travailler en partenariat et en réseau

Le travail en partenariat et en réseauconstitue de 5 % à 20 % du temps detravail. Il varie selon les périodes del’année, les projets menés et les dyna-miques locales de partenariat ou decollaboration.

Le travail en partenariat formalisé4

comprend des temps de réunion etde participation à des actions menéesen commun. Il est réalisé en grandepartie par les responsables d’associa-tion et est souvent partagé par cer-tains membres des équipes : desfemmes-relais médiatrices se spéciali-sant par thématique (santé, droit,école…). Ces dernières sont amenéesà être les interlocutrices privilégiéesde tel ou tel partenaire.

Au-delà des partenariats formalisés,la femme-relais médiatrice sociale etculturelle développe des liens avec unensemble d’acteurs locaux. Ces lienss’inscrivent soit dans la constitutiond’un partenariat, soit dans un travailplus informel de réseau, voire dansune articulation des interventions5.

C’est dans le cadre de l’accueil et del’accompagnement que la femme-re-lais médiatrice établit et maintientdes contacts réguliers avec des corres-pondants institutionnels. Elle consti-tue ainsi un réseau informel d’inter-

locuteurs lui permettant d’établir desrelais pertinents et adaptés à chaquesituation et parfois de développerune collaboration pour mener untravail en complémentarité.

Le réseau de la femme-relais média-trice repose le plus souvent sur : lestravailleurs sociaux, les services de lamairie et de la préfecture, ceux de laSécurité sociale, de la Caisse d’alloca-tions familiales, les services de santé(PMI, hôpitaux…), la police, lesbailleurs, les écoles, l’EDF, les asso-ciations de défense des femmes6.

2-3. Mener des actions collectives

Ce domaine d’activité vise à amorceret à renforcer le travail de médiationmené par la femme-relais médiatrice.Les actions collectives permettent decréer le contact avec les habitants duquartier, les associent à des actions lo-cales et facilitent leur accès ultérieuraux institutions7.

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Le métier de la femme-relais médiatrice sociale et culturelle

4 Le partenariat formalisé est illustré dansl’exemple «Médiation sociale au sein d’un ser-vice public : l’exemple de La Poste », en annexe II.5 Le travail en réseau et en partenariat est présentdans l’exemple «Médiation culturelle dans unesituation de placement d’enfants », en annexe II.6 Le réseau d’interlocuteurs institutionnels estillustré dans l’exemple «Médiation sociale, uneapproche globale », en annexe II.7 Cette activité apparaît dans l’exemple «Média-tion sociale, une approche globale », en annexe II.

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Si les actions collectives sont portéesdans leur globalité par les associa-tions, la femme-relais médiatrice s’yinvestit à travers tout ou partie desactivités suivantes :! identifier les besoins et mobiliser le

public visé,! participer à la conception du projet

et à son organisation,! mobiliser le réseau et établir des

partenariats,! mener et animer l’action,! évaluer l’action.

Les actions collectives peuventconsister à :! organiser des réunions d’informa-

tion collective ou de sensibilisationsur les droits, la santé, l’école…

! organiser des rencontres entre lesusagers et les institutionnels,

! être à l’initiative de sorties cultu-relles, de fêtes diverses,

! susciter la participation des habi-tants à des manifestations organi-sées par ou avec des partenaires.

Par ailleurs, les associations defemmes-relais médiatrices mènentdes actions diverses : cours d’alphabé-tisation, de couture, aide aux devoirs,activités qui requièrent des compé-tences autres que celles propres à lamédiation sociale et culturelle8.

2-4. S’informer et se former

Suivant les associations, ce domained’activité occupe une demi-journéede travail par semaine. Les tempsd’information et de formation néces-saires à l’action des femmes-relaismédiatrices se répartissent de façonirrégulière sur l’année et représententen moyenne 15 % de leur temps detravail.

Il s’agit de :! se documenter, collecter et actuali-

ser des informations,! participer à des réunions d’infor-

mation organisées par des parte-naires,

! participer à des réunions d’équipe,! participer à des séances d’analyse

de pratiques, de supervision,! suivre des formations sur leur

temps de travail.

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

8 L’exemple «Médiation sociale, une approcheglobale », en annexe II, montre cette dimensiondu métier.

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3. MODALITÉS SPÉCIFIQUESD’INTERVENTION

La femme-relais médiatrice se situeentre deux univers culturels et exerceun rôle spécifique d’intermédiaire, depasseur favorisant les transitions etles transformations tant auprès desmigrants que des institutions.

Pour ce faire, la femme-relais média-trice met en œuvre des modalitésd’intervention spécifiques qui luipermettent d’aborder ce champ com-plexe de la médiation sociale et cul-turelle. Cette dernière permet unprocessus d’intégration qui à la foisamène les migrants à trouver uneplace dans la société, mais aussiconduit la société d’accueil à adaptercertaines de ses procédures aux spéci-ficités des migrants.

3-1. Vis-à-vis des migrants

3-1-1. Partager la langue

La femme-relais médiatrice sociale etculturelle est plus et moins qu’unetraductrice – interprète profession-nelle : l’interprétariat s’inscrit pourelle dans le processus de médiation.

En effet, même si elle assure la fonc-tion de traduction lorsque les per-sonnes ne maîtrisent pas suffisam-ment la langue française, la femme-

relais médiatrice ne possède pas lescompétences d’une traductrice-inter-prète professionnelle (à savoir maî-trise parfaite des deux langues em-ployées, techniques d’interprétariatsimultané, précision du vocabulaire,rapidité). Elle est amenée à procéderdifféremment d’une interprète pro-fessionnelle. La femme-relais média-trice a besoin pour effectuer une mé-diation de connaître le contexte de lasituation pour laquelle elle inter-vient. Ainsi, elle est tour à tour ame-née à écouter, expliciter, demanderdes précisions, expliquer, synthétiserles propos tenus par les différents in-terlocuteurs.

De plus, allant au-delà des motséchangés, la femme-relais médiatricesait trouver des aménagements, despositions intermédiaires afin de sus-citer des compromis.

3-1-2. Prendre en compteet/ou utiliser les codesde communication traditionnels

Dans ses échanges avec les personnes etles familles, la femme-relais médiatriceadopte si nécessaire les règles et codesde communication liés aux hiérarchiesfamiliales, aux statuts, aux sexes et auxappartenances. Elle veille à ne jamais secomporter ou tenir des propos qui, endécalage avec les valeurs de(s) l’interlo-

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Le métier de la femme-relais médiatrice sociale et culturelle

Page 36: Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles€¦ · France, a-t-elle décidé de travailler sur les principes déontologiques qui précisent le cadre et les limites de

cuteur(s), pourraient le(s) heurter oului (leur) faire perdre la face9.

Pour mieux se faire comprendre, elles’appuie et illustre parfois ses proposde proverbes, citations et métaphorescouramment utilisés dans le langagede son interlocuteur.

Ces différentes méthodes peuventêtre interprétées par d’autres profes-sionnels comme une trop grande fa-miliarité, voire du repli communau-taire ; mais elles permettent à lafemme-relais médiatrice d’établir desrelations de confiance dans une justeet bonne proximité.

3-1-3. Faire comprendrel’écart entre ici et là-bas, s’appuyer sur sa propre expérience de vie

La femme-relais médiatrice aide lespersonnes à comprendre les écartsentre les valeurs traditionnelles etcelles de la société française actuelle,entre là-bas et ici : elle nomme, expli-cite et illustre les différences.

Ainsi, au cours de son intervention au-près des personnes ou des familles, elleutilise parfois son expérience de vie, demigration et d’adaptation à la sociétéfrançaise pour en tirer des exemplesappropriés. Elle peut être amenée à se

citer en exemple afin de rassurer un in-terlocuteur sur ses propres difficultésliées à son acculturation ou à l’éduca-tion de ses enfants, ou bien encore defavoriser des identifications positives.

3-1-4. Prendre en compte une autre conceptionde la famille10

Dans ses interventions, la femme-re-lais médiatrice s’appuie sur le fonc-tionnement de la famille dans les so-ciétés traditionnelles, notammentlors de conflits familiaux et inter- générationnels. Elle peut éventuelle-ment faire appel, dans sa médiation,à une personne de la famille, de l’en-tourage ou de la communauté, se ré-férant alors à des modèles tradition-nels de médiation11.

Elle prend en compte la famille élar-gie et sait que l’équilibre de celle-cirepose sur l’interdépendance de cha-cun de ses membres.

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

9 Le respect des hiérarchies familiales et des codes decommunication est illustré dans l’exemple «Média-tion culturelle dans une famille», en annexe II.10 Les exemples «Médiation culturelle dans unefamille » et «Médiation culturelle dans une situa-tion de placement d’enfants », en annexe II, pré-sentent la prise en compte d’une autre concep-tion de la famille.11 Ce type de médiation est illustré dansl’exemple «Médiation culturelle dans une fa-mille », en annexe II.

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La femme-relais médiatrice connaîtles limites au-delà desquelles elle nepeut aller si elle veut préserver à lafois les aspirations des individus auchangement et la cohésion de la fa-mille.

3-1-5. Réaliser une approche globaledes situations et des personnes

Afin de permettre une meilleure re-connaissance de la personne et de sesdroits et de l’amener à plus d’autono-mie, l’intervention de la femme-re-lais médiatrice ne se limite pas à la ré-solution d’un premier problème ex-posé par la personne ou la famille.

Une analyse et une prise en compteglobale de la situation permet à lafemme-relais médiatrice de guiderl’ensemble de ses interventions et deles articuler, si nécessaire, avec cellesd’autres professionnels12.

3-1-6. Travailler dans la durée

L’action de la femme-relais média-trice s’inscrit dans la durée. En effet,la médiation requiert du temps pourque la communication s’instaure,que les points de vue se rapprochent.Ainsi la femme-relais médiatriceprend le temps de l’écoute, temps né-

cessaire à l’instauration d’une rela-tion de confiance. De plus, commeelle procède à une approche globaledes difficultés des personnes et deleur famille, elle prend le temps qu’ilfaut pour que se règlent les pro-blèmes13.

3-2. Vis-à-vis des institutions

3-2-1. Apporter des connaissances aux professionnels

La femme-relais médiatrice connaîtles modèles de référence, les codes etles valeurs culturels des personnes etdes familles accompagnées. Ainsi,elle est en mesure de comprendre etde rendre lisibles aux interlocuteursinstitutionnels les situations dansleur dimension culturelle14. Elle peutles assurer si nécessaire de la réalitédes propos et de la situation des per-sonnes.

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Le métier de la femme-relais médiatrice sociale et culturelle

12 L’approche globale est présentée dansl’exemple «Médiation sociale, une approche glo-bale », en annexe II.13 La médiation inscrite dans le temps est illus-trée dans les exemples «Médiation sociale, uneapproche globale » et «Médiation culturelle dansune famille », en annexe II.14 Cet aspect est présent en annexe II dansl’exemple «Médiation culturelle dans une situa-tion de placement d’enfants ».

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3-2-2. Prendre en compte les contraintes des professionnels et leur culture professionnelle

La femme-relais médiatrice développeune connaissance des vocabulaires,des fonctionnements, des cadres de ré-férence et des valeurs des institutionset des professionnels qui y travaillent.Cela lui permet d’adapter son accom-pagnement, sa médiation, aux diffé-rents acteurs institutionnels. Ainsi,elle connaît et fait connaître aux per-sonnes les limites au-delà desquelles leprofessionnel ne peut aller, ce qui peutcontribuer à conforter les missions,rôles et place des professionnels.

Cette approche spécifique desfemmes-relais médiatrices contribueà rapprocher les points de vue dans lerespect mutuel et favorise une per-ception nouvelle des situations et desproblèmes par les professionnels15.

3-2-3. Intervenir dans différents champsprofessionnels

La médiation sociale et culturelle, parson approche généraliste, amène lafemme-relais médiatrice à pouvoirintervenir dans des champs aussi di-vers que la santé, l’éducation, l’actionsociale…

De plus, certaines femmes-relais mé-diatrices qui développent des connais-sances dans un domaine plus spécia-lisé sont reconnues par les institutionset leurs pairs dans ce domaine.

3-2-4. Développer des coopérations propices à la médiationsociale et culturelle

La recherche et la constitution de co-opérations et de partenariats avec les ac-teurs institutionnels sont indissociablesdu travail de la femme-relais médiatrice.

Pour accomplir son travail de média-tion, la femme-relais médiatrice estamenée à articuler ses interventionsavec celles d’autres professionnels,notamment les travailleurs sociaux.Cette articulation nécessite, en vued’une réelle complémentarité, unedéfinition réciproque des objets etmodalités de son action, chacun po-sant ainsi ses spécificités et ses limites.

Ces coopérations et partenariats peu-vent favoriser l’émergence de rap-ports nouveaux entre les personnes etles institutions, et modifier les repré-sentations de part et d’autre.

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Profession Banlieue – Les femmes-relais médiatrices sociales et culturelles : des principes déontologiques, un métier

15 Rapprocher les points de vue et favoriser uneperception nouvelle est illustré dans l’exemple«Médiation culturelle dans une situation de pla-cement d’enfants », en annexe II.

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Annexes

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Annexe I

TEXTES JURIDIQUES DE RÉFÉRENCE

A. LE DROIT FRANÇAIS

Le droit français est recensé dans différents codes.

1. Le code civil régit notamment les relations entre les personnes

Il protège la vie privée, en particulier dans son article 9 : «Chacun a droit au res-pect de sa vie privée. »

Il peut s’agir par exemple pour la femme-relais médiatrice de faire respecter la dis-crétion d’un entretien aux guichets des services publics.

2. Le code pénal définit les infractions et leur attribue des sanctions

Il qualifie dans son article 225-1 de «discrimination, toute distinction opéréeentre les personnes physiques à raison de leur origine […] de leur apparencephysique […] de leur appartenance […] vraie ou supposée, à une ethnie, unenation, une race ou une religion déterminée» et fixe les peines relatives à cetteinfraction dans son article 225-2.

Il peut s’agir par exemple pour la femme-relais médiatrice de faire prendre en consi-dération l’importance d’une fête non chômée en France.

Concernant le secret professionnel, il stipule :

! dans son article 226-13 : «La révélation d’une information à caractère secretpar une personne qui en est dépositaire soit par état ou par profession, soiten raison d’une fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un and’emprisonnement et de 15000 euros d’amende» ;

! et dans son article 226-14 : «L’article 226-13 n’est pas applicable dans les cas oùla loi impose ou autorise la révélation du secret. En outre, il n’est pas applicable :

! 1) À celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives, de priva-tions ou de sévices, y compris lorsqu’il s’agit d’atteintes sexuelles dont il a eu connais-sance et qui ont été infligées à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesurede se protéger en raison de son âge ou de son état physique ou psychique. »

! 2) […].

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3. Le code de l’action sociale et des familles

Il stipule dans son article L.116-2 : «L’action sociale et médico-sociale estconduite dans le respect de l’égale dignité de tous les êtres humains avec l’ob-jectif de répondre de façon adaptée aux besoins de chacun d’entre eux et enleur garantissant un accès équitable sur l’ensemble du territoire. »

Il peut s’agir par exemple pour la femme-relais médiatrice de traduire les exigencesd’une administration pour la constitution d’un dossier.

4. Le code du travail rassemble les règles applicables aux relationsentre employeurs privés et salariés

Dans son livre III, il organise l’accès à l’emploi des étrangers et réglemente lalutte contre les discriminations, notamment dans son article L.122-45 alinéa 1 :«Aucune personne ne peut être écartée d’une procédure de recrutement oude l’accès à un stage ou à une période de formation en entreprise, aucun sala-rié ne peut être sanctionné, licencié ou faire l’objet d’une mesure discrimina-toire, directe ou indirecte, notamment en matière de rémunération, de forma-tion, de reclassement, de classification, de promotion professionnelle, de muta-tion ou de renouvellement de contrat en raison de son origine, de son sexe, deses mœurs, de son orientation sexuelle, de son âge, de sa situation de famille, deson appartenance ou de sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie,une nation ou une race, de ses opinions politiques, de ses activités syndicales oumutualistes, de ses convictions religieuses, de son apparence physique, de sonpatronyme ou, sauf inaptitude constatée par le médecin du travail dans le cadredu titre IV du livre II du présent code, en raison de son état de santé ou de sonhandicap. »

Il peut s’agir par exemple pour la femme-relais médiatrice d’expliquer cette règle auxpersonnes qu’elle accompagne.

5. Le code administratif rassemble les règles organisant les rapportsdes citoyens avec l’administration

Dans la loi du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs relationsavec les administrations, l’article 2, alinéa 2 stipule : «Les autorités administra-tives sont tenues d’organiser un accès simple aux règles de droit qu’elles édic-tent. »

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B. LES GRANDS TEXTES FONDAMENTAUX

En voici quelques extraits.

1. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789

Article 1 : «Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.» Ceprincipe d’égalité est réaffirmé dans le préambule de la Constitution de 1946 (ar-ticle 2), auquel se réfère notre Constitution de 1958 qui stipule dans son article 1que la France est une République «démocratique et sociale». Il est repris par laDéclaration universelle des droits de l’homme du 10 décembre 1948 (article 2).

2. La Convention européenne de sauvegarde des droits de l’hommeet des libertés fondamentales du 4 novembre 1950

Articles : 8, alinéa 1 : «Toute personne a droit au respect de sa vie privée et fa-miliale, de son domicile et de sa correspondance» ; 9, alinéa 1 : «Toute personnea droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion» ; 10, alinéa 1 : «Toutepersonne a droit à la liberté d’expression. »

3. La Charte sociale européenne du 18 octobre 1961

Article 19, «Droit des travailleurs migrants et de leur famille à la protection età l’assistance» :

«En vue d’assurer l’exercice effectif du droit des travailleurs migrants et de leursfamilles à la protection et à l’assistance sur le territoire de toute autre Partie,les Parties s’engagent […] à garantir à ces travailleurs se trouvant légalement surleur territoire […] un traitement non moins favorable qu’à leurs nationaux[…].»

4. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 16 dé-cembre 1966

Article 2, alinéa 1 : «Les États parties au présent Pacte s’engagent à respecter età garantir à tous les individus se trouvant sur leur territoire et relevant de leurcompétence les droits reconnus dans le présent Pacte, sans distinction aucune,notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion poli-tique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, denaissance ou de toute autre situation. »

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ANNEXE I : Textes juridiques de référence

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5. La Convention internationale des droits de l’enfant du 20 novembre1989

Article 3, alinéa 2 : «Les États parties s’engagent à assurer à l’enfant la protec-tion et les soins nécessaires à son bien-être […].»

6. La Convention européenne sur l’exercice des droits de l’enfant du28 septembre 1995

Article 1, alinéa 2 : «L’objet de la présente Convention vise à promouvoir, dansl’intérêt supérieur des enfants, leurs droits, à leur accorder des droits procédu-raux et à en faciliter l’exercice en veillant à ce qu’ils puissent, eux-mêmes, ou parl’intermédiaire d’autres personnes ou organes, être informés et autorisés à par-ticiper aux procédures les intéressant devant une autorité judiciaire. »

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Annexe II

TÉMOIGNAGES DE FEMMES-RELAIS MÉDIATRICES SOCIALES ET CULTURELLES

MÉDIATION SOCIALE, UNE APPROCHE GLOBALE

En tant que femme-relais médiatrice, j’ai été amenée à aider une mère de familleà résoudre ses difficultés d’ordre social et familial.

Mme Z est mère de trois enfants, l’un de onze ans est diabétique, l’autre a six anset le dernier trois ans. Mme Z est femme au foyer et n’a jamais travaillé. Elle a étéabandonnée par son mari, celui-ci s’étant toujours chargé seul des démarchesnécessaires à la famille et du suivi du budget familial. Au moment de son départ,il lui a laissé six mois de loyers impayés et le propriétaire menace de mettretoute la famille à la rue.

Une voisine a alerté l’association des femmes-relais sur la situation de Mme Z :déprimée, elle n’arrive pas à faire face aux problèmes qu’elle rencontre. Je mesuis donc rendue à son domicile, car Mme Z n’avait plus de téléphone.

Au début, Mme Z ne voulait pas me parler de ses problèmes. Je lui ai expliqué lerôle des femmes-relais médiatrices et le soutien que je pouvais lui apporter.Venue pour l’aider à résoudre ses difficultés, je l’ai assurée de ma discrétion. Cequ’elle allait me dire resterait entre nous.

Nous parlions en français car je suis ivoirienne et Mme Z est turque.

Concernant le problème des loyers, Mme Z et moi avons contacté le proprié-taire. Nous l’avons rencontré, et nous lui avons décrit la situation de Mme Z enl’assurant que le nécessaire serait fait pour payer les retards de loyer. Mon ex-plication l’a sensibilisé et il a accepté de patienter quelque temps. Parallèlement,j’ai accompagné Mme Z chez l’assistante sociale de secteur. Après analyse de sasituation, l’assistante sociale a ouvert un dossier FSL (Fonds de solidarité pourle logement) pour la prise en charge de la dette de loyer et nous a conseillé deretirer un dossier à la Caisse d’allocations familiales (CAF).

Nous sommes allées à la CAF pour récupérer un dossier afin de déclarer lechangement de situation de Mme Z. On a rempli ensemble le dossier, j’ai fait la

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photocopie de tous les documents demandés. Après étude de son dossier, laCAF a attribué à Mme Z l’allocation personnalisée au logement ainsi que l’allo-cation de parent isolé. Le loyer en retard a été pris en charge par le FSL.

Quelque temps après, Mme Z est revenue me voir car l’état de santé de son filsdiabétique s’était aggravé. L’enfant a été hospitalisé à l’hôpital Robert-Debré, àParis. J’ai accompagné Mme Z à plusieurs reprises à l’hôpital pour voir son fils, luifaire de la lecture. Parallèlement, Mme Z a trouvé des heures de ménage, mais ellene savait pas comment s’organiser pour concilier son nouvel emploi avec sescontraintes familiales. Qui allait emmener ses jeunes enfants à l’école ? Je l’aiorientée vers les assistantes sociales qui lui ont trouvé une personne pour ac-compagner ses enfants de six et trois ans à l’école. Ainsi, Mme Z a pu se rendreà son travail le matin avant d’aller voir son fils de onze ans à l’hôpital.

Comme notre association organise des sorties culturelles à Paris les mercredis,j’ai invité Mme Z à se joindre au groupe afin de rompre son isolement, car elleétait très déprimée, se sentant seule et abandonnée.

Enfin, pour que les enfants de Mme Z puissent fréquenter le centre de loisirs dumercredi, je suis aussi intervenue auprès de l’assistante sociale pour qu’ils bé-néficient de tarifs réduits.

Aujourd’hui, le fils de Mme Z va beaucoup mieux, il est sorti de l’hôpital. Mme Z amaintenant le temps de suivre l’après-midi les cours d’alphabétisation qui sontdonnés à l’association, avant d’aller chercher ses enfants à l’école.

MOTS CLÉS :

Médiation sociale – cf. chapitre I

Égalité entre les parties – cf. chapitre II 1-2

Accompagnement dans la durée – cf. chapitre IV 3-1-6

Accompagnement physique – cf. chapitre IV 2-1-2

Travailler en collaboration – cf. chapitre IV 2-2

Mener des actions collectives – cf. chapitre IV 2-3

Approche globale – cf. chapitre IV 3-1-5

Discrétion et confidentialité – cf. chapitre II 1-3

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MÉDIATION SOCIALE AU SEIN D’UN SERVICE PUBLIC:L’EXEMPLE DE LA POSTE

De nationalité sénégalaise, je suis femme-relais médiatrice au sein d’une asso-ciation de médiatrices sociales et culturelles.

Dans le cadre d’une convention passée entre notre association, la Direction dé-partementale de la Seine-Saint-Denis de La Poste et la Préfecture au titre de lapolitique de la ville, je tiens une permanence de deux demi-journées par semainedans un bureau de poste. Mon rôle est de faciliter la communication entreLa Poste et ses usagers : aider ces derniers à remplir les bordereaux, leur faireconnaître le fonctionnement de La Poste et les différents services proposés,désengorger les files d’attente en orientant les usagers vers les automates.

Un jour, un homme d’une cinquantaine d’années d’origine maghrébine se pré-sente au bureau de poste pour envoyer un mandat cash ; je lui remets le borde-reau en lui demandant de passer au guichet après m’être assurée qu’il n’a pasbesoin de mes services pour remplir l’imprimé.

Une dizaine de minutes après, je suis interpellée par les insultes qu’échangentcet homme et l’agent de la poste. Le conflit porte sur le fait que l’usager sou-haite ajouter un renseignement (numéro de sécurité sociale) sur le bordereaud’envoi qui ne comporte pas de rubrique à cet effet.

Je suis intervenue afin d’écouter, de comprendre et de proposer mon aide ententant de calmer la situation. Je demande d’abord à l’agent ce qui s’est passé :elle me dit que ce monsieur est incapable de remplir un bordereau ; et le mon-sieur, que madame ne sait pas écouter.

Le bureau de poste était très fréquenté ce jour-là et la guichetière très occupée.

Mon objectif étant d’essayer de comprendre les raisons de cette tension, j’aiproposé au monsieur de me suivre dans un bureau, il a accepté. Là, il m’expliqueque l’envoi est destiné à sa mutuelle et qu’il est impératif d’y noter le numérode sécurité sociale. Dans la discussion, il m’apprend que sa femme est hospitali-sée et souffre d’un cancer, il se retrouve seul et avoue que, ces derniers temps,il perd souvent patience.

La guichetière ne pouvant pas se déplacer, il m’a semblé important de faire appelau directeur de la poste, qui nous a rejoints. Je l’ai brièvement mis au courant dela situation et laissé au monsieur le soin de s’exprimer. Le directeur a été trèsattentif, ensemble nous avons rempli un autre bordereau en essayant de trouverune place pour inscrire toutes les informations nécessaires pour que le courrierparvienne à la mutuelle sans erreur. Le directeur s’est excusé auprès du mon-

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ANNEXE II : Témoignages de femmes-relais médiatrices sociales et culturelles

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sieur, en lui assurant qu’il aurait un entretien avec ses agents pour éviter à l’ave-nir ce genre d’incident.

Après cet entretien, le monsieur paraissait satisfait, il a pu parler et s’est sentisurtout écouté et compris.

En tant que médiatrice, ma mission est, entre autres, d’apaiser les tensions etd’attirer l’attention du directeur sur les plaintes des usagers. Le bureau de posteest très fréquenté par une majorité de personnes qui maîtrisent mal la languefrançaise. Le délai d’attente y est très long. Je constate que c’est le manque decompréhension et de patience qui est souvent à l’origine des incidents.

MOTS CLÉS :

Médiation sociale – cf. chapitre I

Absence de pouvoir institutionnel – cf. chapitre II 1-5

Inégalité entre interlocuteurs – cf. chapitre II 1-2

Position de tiers – cf. chapitre II 2-1

Partenariat formalisé – cf. chapitre IV 2-2

Permanence dans une institution – cf. chapitre IV 2-1-1

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MÉDIATION CULTURELLE DANS UNE SITUATION DE PLACEMENT D’ENFANTS

Femme-relais médiatrice de nationalité malienne, je connais bien les familles ma-liennes de ma commune, et j’ai été amenée à intervenir pour la situation décriteci-dessous.

Il s’agit d’une famille polygame de six enfants, tous scolarisés. La premièreépouse est enceinte, elle rencontre des problèmes de santé et doit être hospi-talisée, alors que la deuxième épouse, dont le père est décédé au Mali, est par-tie avec son mari au Mali.

Avant son hospitalisation, la première épouse, restée seule, avait organisé avecdes femmes de sa communauté la prise en charge des six enfants en son ab-sence.

La première journée, l’accompagnement à l’école, le repas du midi, l’accueil lesoir et le repas devaient être assurés par des femmes de la communauté, letemps qu’une personne de la famille arrive au domicile pour prendre le relais.

Cependant, une voisine, en accompagnant l’un des enfants à l’école, a prévenul’institutrice de l’hospitalisation de la mère et du départ au Mali du père et de ladeuxième épouse. L’institutrice a alors contacté l’assistante sociale de l’hôpitaloù la mère était hospitalisée qui a elle-même appelé l’assistante sociale du sec-teur. Toutes les deux ont trouvé une famille d’accueil pour les six enfants qui de-vaient y être placés le jour même sans que la mère en soit avertie.

Les assistantes sociales ont également informé la directrice de la Protection ma-ternelle infantile (PMI) où sont suivis les enfants.

Cette dernière, travaillant régulièrement avec l’association des femmes-relaismédiatrices, nous a contactés pour savoir si nous connaissions la famille et siquelque chose avait été mis en place pour les enfants.

Je me suis rendue dans l’immeuble où habite cette famille où j’ai pu constaterque toutes les voisines étaient au courant de la situation et que la prise encharge des enfants avait été organisée : accueil, repas, retour après la classe, dansl’attente de l’arrivée prévue le soir même d’une personne de la famille.

Ainsi, j’ai averti la directrice de la PMI du dispositif mis en place par les femmesde la communauté et demandé l’arrêt de la procédure de placement qui risquaitde conduire la mère à interrompre son hospitalisation lorsqu’elle apprendrait leplacement de ses enfants. La demande de placement a été ainsi annulée.

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ANNEXE II : Témoignages de femmes-relais médiatrices sociales et culturelles

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MOTS CLÉS :

Médiation sociale – cf. chapitre I

Rôle de passerelle – cf. chapitre II 2-3

Absence de pouvoir institutionnel – cf. chapitre II 1-5

Travail en réseau et en partenariat – cf. chapitre IV 2-2

Autre conception de la famille – cf. chapitre IV 3-1-4

Apport de connaissances aux professionnels – cf. chapitre IV 3-2-1

Favoriser une perception nouvelle des situations – cf. chapitre IV 3-2-2

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MÉDIATION CULTURELLE DANS UNE FAMILLE

Dans le cadre de mon activité comme médiatrice dans une commune de la ban-lieue parisienne, je reçois une jeune fille d’origine ivoirienne pour une médiationavec ses parents. Elle me connaît, puisque j’ai déjà accompagné sa mère dans sesrecherches de logement et pour des problèmes familiaux.

Les parents de la jeune fille refusent de lui donner leur bénédiction afin qu’ellese marie avec son copain d’origine antillaise. Il s’agit donc d’un conflit de valeursentre la fille et ses parents.

Les parents, musulmans très pratiquants, s’opposent à cette union parce que lejeune homme n’est ni ivoirien, ni musulman. Ce mariage porterait fortement at-teinte à leur identité culturelle.

Je rencontre la jeune fille à sa demande à la maison de quartier plutôt qu’au localde l’association situé au même endroit, dans un souci de discrétion.

Ma première démarche a été d’écouter la jeune fille. Âgée de 27 ans, elle est l’aî-née d’une fratrie composée de trois garçons et de deux filles. Pour ses parents, elledoit respecter leurs décisions et donner l’exemple à la fratrie. La décision finale dumariage ne doit revenir qu’au père. En l’écoutant, je remarque le manque de dia-logue entre les membres de la famille et la jeune fille, chacun se donnant raison.

J’ai discuté de ce sujet à trois reprises avec elle. Voilà plus de quatre mois qu’elle tentede convaincre ses parents de son choix, mais en vain. À chaque fois qu’elle aborde laquestion, son père reste totalement fermé et pendant des jours ils ne se parlent plus.

J’essaie d’entrer en contact avec cette famille, doucement, malgré les difficultésd’instaurer un dialogue. Je comprends qu’il est impossible pour le moment deparler au père, alors je tente de rencontrer dans un premier temps la mère etla fille à leur domicile, car il est d’usage que les problèmes familiaux se traitentà la maison. Nous parlons français, car je ne connais pas leur langue.

Mon objectif est d’essayer d’instaurer le dialogue. La mère accepte d’écouter sa fille parmon intermédiaire; j’ai donc essayé de faire en sorte qu’elles s’écoutent l’une l’autresans se heurter afin qu’elles puissent trouver un compromis. La mère paraît sensible auxarguments de sa fille, elle semble la comprendre. L’identité du jeune homme, le fait qu’ilne soit pas musulman ne sont pas trop graves pour elle. C’est le côté humain le plusimportant: qu’il soit respectueux, ouvert aux valeurs culturelles et religieuses de sa fille.

Nous avons également discuté de leurs relations au quotidien dans la famille. J’aisuggéré à la mère de favoriser le dialogue afin d’éviter des conflits douloureux pourtous. La mère a compris l’importance d’engager des démarches auprès du père.

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ANNEXE II : Témoignages de femmes-relais médiatrices sociales et culturelles

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Malgré mes appréhensions, le père a accepté de me rencontrer, il m’a bien reçue dufait de la bonne réputation des femmes-relais médiatrices dans le quartier. Il sait aussique sa femme m’a déjà sollicitée comme médiatrice et il me connaît par ailleurs entant que voisine. Nous avons abordé le problème du mariage, mais il m’a fait com-prendre poliment que sa décision était irrévocable, qu’il était incapable de concevoirque sa fille s’unisse avec un non musulman et qu’il ne souhaitait absolument pas ren-contrer ce garçon. Après cet entretien, la mère et sa fille étaient très affectées.

Il me fallait un peu de temps pour réfléchir. Avec l’aide de ma responsable, j’aicompris que, du fait de ma position, de mon âge, de la nature du conflit, quiconcernait des générations différentes, j’avais atteint les limites de mon inter-vention directe. Je devais trouver une autre stratégie afin de rassurer ce pèrepour qu’il dialogue avec sa fille. J’ai pensé au modèle traditionnel de médiationau sein des familles où une personne plus âgée, influente au sein de la commu-nauté, est souvent un bon interlocuteur.

J’en ai parlé avec la mère et la fille. Elles ont décidé de faire appel à un ami de lafamille qui a vécu une situation similaire avec sa fille aînée, qui fréquente la mos-quée et qui, comme le père, a effectué le pèlerinage à La Mecque.

Je n’ai pas assisté à l’intervention de cet homme, mais j’ai appris par la jeunefemme et sa maman que le père s’est finalement montré assez compréhensif.Dans un premier temps, il n’a pas totalement donné sa bénédiction pour le ma-riage, mais il a accepté que le jeune homme fréquente la famille.

Depuis, la situation a beaucoup évolué : le papa a fait beaucoup d’efforts, le ma-riage a été célébré et aujourd’hui la jeune femme vit à Bruxelles avec son mari.

MOTS CLÉS :

Processus d’acculturation – cf. chapitre I

Impartialité – cf. chapitre II 2-2

Autre conception de la famille – cf. chapitre IV 3-1-4

Rôle de passerelle – cf. chapitre II 2-3

Conflit de valeurs – cf. chapitre I

Autonomie et responsabilité – cf. chapitre III 2-4

Respect des hiérarchies familiales et des codes – cf. chapitre IV 3-1-2

Médiation au domicile – cf. chapitre IV 2-1-2

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Deux éclairages fondateurs

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MÉDIATION INSTITUTIONNALISÉE ET MÉDIATION PROPREMENT DITE

[Deux ouvrages de Jean-François Six(Six, 1999 et 20012) travaillent lesdéfinitions mêmes des médiations etpermettent d’établir des différencia-tions selon le contexte.]

• [La première médiation, médiationinstitutionnalisée], que Six nomme«médiation-maison», vient toujoursdu pouvoir au sens de l’institution

quelle qu’elle soit : mairie, conseil ré-gional, juge qui la sollicite et la dirige ;elle fonctionne à l’ombre du pouvoir.Elle a, sous un gant de velours, unepoigne ferme qui peut agir. Aussi, depar le pouvoir qui lui est sous-jacent,elle s’apparente plus à un arbitragequ’à une véritable médiation. D’ail -leurs, beaucoup de personnes qui de-mandent une médiation vont vers des

La médiation interculturelle, de quoi parle-t-on ?

Margalit Cohen-Émerique, docteur en psychologie, expert en relations et communications interculturelles

Le texte présenté ici est extrait d’un article de Margalit Cohen-Émerique publié dansl’ouvrage Corpi individuali et Contesti interculturali1 : «La médiation intercultu-relle, les médiateurs et leur formation ». Pour faciliter la lecture dans un contexte dif-férent, les intertitres ont parfois été revus par Profession Banlieue ; les textes entre cro-chets sont des ajouts de la rédaction.

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1 Turin (Italie), L’Harmattan Italia, 2003.2 On trouvera la bibliographie de MargalitCohen-Émerique intégrée à la bibliographie gé-nérale, page 81.

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juges ou des arbitres ; beaucoup demédiations, sociale, juridique, fami-liale, entrent dans cette catégorie.

• [La seconde médiation, médiationproprement dite], que Six nomme« médiation-jardin », ou « véritablemédiation », vient d’en bas et resteen bas, « en ce sens qu’aucun pouvoirne la suscite ou ne la protège. Elle estnon-pouvoir. Sa caractéristique pri-mordiale est sa capacité de recréerdes liens ; c’est sa finalité même, et,si elle s’applique à un conflit, ce n’estpas pour le faire disparaître par en-chantement, mais pour pousser ceuxqui sont en opposition à le dépasseren créant de nouvelles relations :c’est là une difficulté extrême » (Six,1999, p. 143).

On peut dire que la médiation cultu-relle entre dans la seconde catégorie,car elle tente de recréer des liens, detrouver des passerelles autour de dif-ficultés de communication ou deconflits. Elle sert de trait d’unionentre la société et les populations,conduit à une réconciliation mais n’aaucun pouvoir de décision.

Sur le terrain, cette différenciationpose la question : les médiateurs doi-vent-ils travailler pour une institutionou doivent-ils être autonomes ? Lameilleure réponse est l’indépendancedes médiateurs ; mais dans la réalité,les choses sont plus complexes,

comme le montrent les travaux deFayman (2000) ainsi que nos obser-vations. En effet, les associations demédiateurs municipalisées se plai-gnent de n’être sollicitées que dansl’urgence par les services des mairiesalors qu’il pourrait y avoir deséchanges d’informations et des ré-flexions communes ; et lorsque lesmédiateurs s’organisent en associa-tions indépendantes apparaissent lesproblèmes de subventions qui rédui-sent leur liberté. De plus, les associa-tions se plaignent de n’être pas recon-nues par les institutions, qui ne leurfont que peu de demandes ou nefonctionnent qu’en urgence.

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3 Selon Jean-François Six, le médiateur travailleen amont de la réconciliation, dans la recherchede vérité et de justice qui sont les fondements dela réconciliation. « Son but n’est pas la solution[…] : la médiation ne vit pas sous la loi de l’offreet de la demande, mais dans l’ordre de la relationet du partage » (Six, 2001, p. 13).

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MÉDIATION NATURELLE ET MÉDIATION PROPREMENT DITE, OU FORMELLE

La première, la médiation naturelle,consiste à mettre en relation, à infor-mer, à faciliter et à rendre plus acces-sible aux migrants l’accès aux droitset aux services. Tous les profession-nels du champ social, éducatif et mé-dico-social, font de la médiation na-turelle en informant les usagers deleurs droits, en facilitant l’accès auxservices, en accompagnant et en mo-bilisant les individus et les ressources.En tant que citoyen, nous faisonstous de la médiation naturelle.

La seconde, la médiation formelle,ou proprement dite, répond à desdéfinitions bien précises dévelop-pées ci-dessous. La tendance seraitde considérer uniquement ce secondtype comme une véritable média-tion. Toutefois de nombreusesétudes réalisées ses dernières annéesen France (Bertaux et al., 1996 ; Del-croix, 1996 ; Évaluation fem mes- relais, 1999 ; Timera, 1999) mon-trent que beaucoup de médiationssur le terrain sont de l’ordre de lamédiation naturelle. Aussi doit-onles inclure dans la médiation propre-ment dite, même si elles ne corres-pondent pas aux sens véritables don-nés à la médiation. Quels sont doncces sens ?

DÉFINITIONS

Trois sens sont donnés au terme mé-diation dans le dictionnaire Le PetitRobert ; à chacun d’eux correspondun type de médiation repéré dans lespratiques sociales ou une étape d’unprocessus.

• Le premier sens de médiation est lesuivant : « Entremise destinée àmettre d’accord, à concilier ou à ré-concilier des personnes, des parties. »Ce sens renvoie à une situation où unconflit, une opposition, un antago-nisme rendent nécessaire l’interven-tion d’un tiers. La négociation a cemême sens, mais sans l’interventiond’un tiers. Sur le terrain, c’est unemédiation qui intervient dans la ré-solution des conflits de valeurs, qu’ilsse situent entre la société d’accueil etles migrants ou au sein des famillestraversées par les processus d’accultu-ration ou engluées dans de grandesdifficultés d’adaptation.

• Une autre définition assimile la mé-diation à l’intervention d’intermé-diaires dans des situations où il nes’agit pas de conflit mais plutôt d’im-possibilité à communiquer : là en-core, c’est une tierce personne qui ré-tablit la relation. Sur le terrain, cettemédiation consiste à faciliter la com-munication et la compréhensionentre les personnes ou les groupes decultures différentes, et en particulier

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à régler les malentendus entre les ac-teurs sociaux et les migrants qui peu-vent évoluer vers des tensions et desactes inadéquats. Cette médiationest très importante quand il s’agit del’accueil des migrants et de leur inté-gration.

• Enfin, en philosophie, toujoursselon Le Petit Robert, la médiation estle processus créateur par lequel onpasse d’un terme initial à un termefinal. Cette définition implique l’idéed’une transformation, donc d’unprocessus dynamique actif, voirecréateur, à rapprocher du sens de«médiateur chimique » (substance li-bérée par des fibres nerveuses et pro-duisant un effet sur les cellules voi-sines). Sur le terrain, cette médiationconsiste en un processus de transfor-mation de normes, de création denouvelles approches, de développe-ment d’initiatives créatrices fondéessur de nouvelles relations entre lesparties en présence.

Nous évoquerons ici des initiativesintéressantes qui commencent à sedévelopper en France et que l’onqualifie de médiation sociale et cul-turelle. Elles consistent en des ac-tions collectives dans des quartiersfragilisés pour faciliter les échangesautour de sujets préoccupant les ha-bitants et nécessitant une préven-tion au premier degré, commel’éducation de l’enfant, l’école et ses

exigences, la maltraitance, le ma-riage forcé.

Passons plus en détail ces trois typesde médiation culturelle ; nous com-mencerons par la médiation facilita-trice de la communication, car elleest la plus importante sur le terrain.

LA MÉDIATION FACILITATRICE DE LA COMMUNICATION

Lorsque le migrant ne connaît pas lalangue du pays d’accueil, la fonctionde traduction du médiateur culturelest souvent invoquée comme la plusimportante. Les recherches mettenten évidence que les partenaires insti-tutionnels ont tendance à les canton-ner dans ce rôle d’interprètes ; par-fois, ce sont les médiateurs eux-mêmes qui se définissent unique-ment par cette fonction. Or le mé-diateur est plus qu’un traducteur et,comme le dit Fayman (2000), « lors-qu’on le limite à cette fonction ou s’ils’y réduit lui-même, c’est sans doutele signe d’une maturité moindre danssa conception» (p. 9).

En effet – sans enlever au traducteurl’importance de son rôle, car il ne se li-mite pas à passer des messages, iléclaire sur les codes et valeurs qui lessous-tendent et le fait en donnant lesens caché des choses –, le médiateur,

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en plus des dimensions de sens qu’ilajoute à la communication4, crée desliens, des espaces de transition, posedes passerelles et rapproche les pointsde vue entre les acteurs sociaux et lesmigrants, évitant ainsi une évolutionvers des incompréhensions et des ac-tions inadéquates. Cette médiation sesubdivise en deux sous-types : la mé-diation relais, qui est une médiationspontanée ou naturelle, et la média-tion formelle, proprement dite – tellesqu’elles ont été définies plus haut.

En assurant le relais entre différentsservices et les migrants, la médiation-relais facilite l’accessibilité à diffé-rents services (notion notammentd’accès aux droits pour les popula-tions étrangères, dont on connaîttoutes les difficultés tant de langueque de repérages dans les dédales ad-ministratifs de nos sociétés mo-dernes). Elle facilite la compréhen-sion des acteurs sociaux qui ont dumal à décoder les demandes et les be-soins de ces populations.

C’est la « fonction relais » de Delcroix(1996), qui est définie comme « ins-trumentale », c’est-à-dire commemoyen, pour les professionnels oupour les migrants. Elle consiste à in-former, traduire, accompagner,orienter. Mais elle ne modifie en rienles attitudes des professionnels et neconduit pas à des transformations despratiques.

La médiation formelle, proprementdite, sert à dissiper les malentendus,et les ressentiments, liés à deux typesde cause (Cohen-Émerique 1999 et2000).

• La première cause est la méconnais-sance des codes et valeurs culturelsrespectifs, source de mésinterpréta-tions et d’incompréhensions et, de là,d’actions inefficaces chez les agentsde l’intégration. Dans ces cas, lafonction du médiateur est de donnersens aux valeurs et aux comporte-ments de l’autre différent, sens quidissipera les malentendus dans l’in-teraction et les représentations néga-tives des agents, institutionnels,concernant le migrant. Aussi le mé-diateur est-il facilitateur, non seule-ment de la communication maisaussi du respect mutuel des deuxcôtés.

En voici trois exemples.

Dans le domaine de la santé : une psy-chiatre suédoise qui exerçait en Mau-ritanie dans le cadre d’une action hu-manitaire diagnostiquait un «délirehypochondriaque » chez une femmevenue consulter pour des angoissesqu’elle exprimait dans un langageimagé : « crampes dans la gorge, pe-

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4 Mais il n’a pas les compétences linguistiquesd’un traducteur.

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tits marteaux dans la tête, flux diversdans le corps ». Le rôle de la traduc-trice-médiatrice présente a été d’ex-pliquer que c’était ainsi qu’on expri-mait ses souffrances morales enAfrique du Nord5.

À l’école : la façon abrupte de nom-breux instituteurs, dans un souci declarté et d’efficacité, d’aborder avecles parents des questions épineuses,comme l’échec scolaire de leur en-fant, est souvent source chez ces der-niers d’une attitude de retrait vis-à-vis de l’école. Pour les enseignants, ils’agit de transparence dans la com-munication, une des valeurs de lamodernité ; mais pour les parents,c’est une gifle, une atteinte à l’hon-neur. Une médiatrice turque expri-mait bien cette difficulté à une ensei-gnante : «Vous ne vous rendez pascompte de l’effet catastrophique quevous provoquez lorsque vous déclarezà un père : “Votre fils ne travaille pasbien à l’école.” Il se voit devant unecatastrophe et il perd la face devantvous parce que vous nommez le pro-blème. Alors que si vous lui dites :“Votre fils, en se faisant aider aprèsles cours, pourrait progresser”, l’effetserait tout autre. »

Dans le cadre du travail social : citonsle malaise fréquent, chez les assis-tantes sociales, provoqué par les ca-deaux offerts par leurs clients mi-grants (très souvent ramenés du pays

d’origine). En effet, ce cadeau n’a pasla même signification pour les deuxparties. Pour les premières, il est sou-vent perçu comme une tentative decorruption ou au travers de l’idée quel’on n’a rien à recevoir puisque l’onfait un travail rémunéré. Pour les mi-grants, le cadeau entre dans le cadrede la notion de «don» de la sociététraditionnelle (Mauss, 1968).

• La deuxième cause des malentendusréside dans les préjugés et les repré-sentations négatives ou irréelles desacteurs institutionnels sur les mi-grants, préjugés qui engendrent unedynamique identitaire où se jouenttoujours les différences de statuts liésà l’histoire, au politique et à l’écono-mique (Abdallah-Pretceille, 1986).Cette dynamique implique toujoursune relation : dominant/dominé, ma-joritaire/minoritaire, développé/ sous- développé, menaçant/menacé, le mi-grant étant généralement en positioninférieure et dévalorisée. Dans ce cas,le rôle du médiateur sera de dissiperces images généralement négativesqui engendrent des attitudes dévalori-santes du professionnel sur les mi-grants et des ressentiments mutuels.

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5 Comme le dit Bensmaïl (1990-1991), il fautêtre très prudent concernant les diagnostics psy-chiatriques : l’investissement privilégié du corps,le langage du corps est une donnée très fréquentedans la société maghrébine et la plupart des af-fections prennent une coloration somato-forméedu fait de facteurs divers (p. 312).

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Ainsi, une médiatrice que nousavons suivie dans son action de rap-prochement de directeurs d’école etd’une association d’hommes afri-cains avait dû travailler plusieursmois avec l’association africainepour dissiper les représentations né-gatives que ces hommes percevaientà leur égard chez les directeurs etleur redonner une confiance en soisuffisante pour qu’ils acceptent unerencontre avec eux. De même, elleavait dû rencontrer parallèlement lesdirecteurs pour qu’ils modifientl’image qu’ils avaient de ces hom -mes : des pères absents ou démis-sionnaires.

Quelle que soit la cause des difficul-tés de communication à l’origine dela médiation, Delcroix nomme cettemédiation « la fonction de médiationproprement dite », car elle va au-delàde l’instrumental en pratiquant unevéritable négociation des deux côtés,modifiant ainsi les représentationsmutuelles.

Grâce à l’intervention du médiateur,les deux parties peuvent s’accepter, serespecter, communiquer, et mêmefaire des choses ensemble. Cette mé-diation proprement dite est très im-portante, voire incontournable, maisest moins bien cernée par les profes-sionnels, qui recherchent surtout lamédiation-relais. Elle caractérise lesdeux autres médiations.

LA MÉDIATION, INSTRUMENT DE RÉSOLUTION DES CONFLITS DE VALEURS

Les conflits de valeurs apparaissentdans des contextes divers ; soit entrela société d’accueil et les migrantsautour de questions relatives à lasanté (certains examens médicauxrefusés par des patients) ou à l’édu-cation (le foulard islamique àl’école, les enfants battus, la concep-tion de l’école et du rôle de l’institu-teur, etc.) ; soit au sein des famillestraversées par les processus d’accul-turation ou engluées dans des situa-tions d’adaptation difficiles, sourcesde conflits entre parents et enfants(transgression des filles au coded’honneur traditionnel, mariageforcé, manque de respect des gar-çons envers le père) ou même deconflits au sein des couples pouvantaller jusqu’à l’éclatement des fa-milles.

Dans ces cas, le médiateur aide à larecherche de compromis qui respec-tent les identités de chacun tout enétant capable de montrer que lemalentendu, voire le conflit de va-leurs entre le migrant et les institu-tions, ne vient pas d’une différencede valeurs, car elles sont univer-selles, mais d’une différence dans lahiérarchisation de ces valeurs, selonles milieux sociaux ou culturels.

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C’est la place qu’on leur donne dansla hiérarchie qui est différente6.

Ici le médiateur fonctionne avec sapropre interculturalité qui lui a donnéles repères du comment et sous quellesconditions rétablir des ponts, jeter despasserelles pour que soit trouvé uncompromis négocié entre les partiesou même à l’intérieur des individus.Conflit où se joue très souvent l’oppo-sition: culture d’origine/culture d’ac-cueil, tradition/modernité, fidélité/ -tra hison. Cette interculturalité consti-tue la spécificité du médiateur, qu’ilne partage avec aucun autre opérateurprofessionnel. C’est sa force, son ex-pertise.

LA MÉDIATION CRÉATRICEDE TRANSFORMATION DE NORMES, DE NOUVELLES APPROCHESET D’INITIATIVES INNOVANTES

Dans ce troisième type de médiation,le médiateur est agent d’un change-ment qui aura pu se réaliser parce qu’ily aura eu discussion, affrontements,mais aussi confiance et compétenceréelle dans la connaissance des besoinsdes populations et du cadre de fonc-tionnement institutionnel.

Le médiateur peut initier des actionsnovatrices qui, non seulement n’étaient

pas prévues au début de l’intervention,mais n’avaient aucun rapport avec lesmissions institutionnelles.

Ainsi, la médiatrice précédemmentcitée qui avait tenté, après de nom-breuses rencontres séparées avec lespères africains pour les aider à retrou-ver dignité et volonté d’agir, de rap-procher les directeurs d’école et l’asso-ciation africaine, a non seulementpermis que se réalisent des rencontrescommunes, mais a aussi facilité la réa-lisation d’actions en collabo ration :aide scolaire menée par l’associationelle-même mais soutenue par l’école,contes africains dans les classes assu-rés par des membres de l’association,actions non pressenties au départ.

Une équipe de la Protection mater-nelle et infantile (PMI), constatantl’impossibilité de fixer aux mères

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6 Exemple : une famille africaine demande uneaide à un service social pour acheter des habits etdes fournitures scolaires pour les enfants. L’aideest accordée, mais la famille l’utilise pour partiravec les enfants en vacances au pays. Colère de laprofessionnelle qui fait appel à une médiatrice. Enfait, tous veulent le bien de l’enfant : pour l’insti-tution, l’aide accordée a comme objectif d’assureren priorité des conditions matérielles optimalespour une bonne socialisation de l’enfant. Pour lesparents, en renouant les liens avec la famille restéeau pays, leurs enfants pourront ainsi connaîtreleurs racines, acquérir l’identité de leurs groupesd’appartenance, ce qui est primordial à leurs yeuxconcernant leur éducation. La médiation expli-quera ces différences, mais tentera aussi de trouverun compromis acceptable pour les deux parties.

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d’origine étrangère des rendez-vous àheures fixes, décide d’utiliser defaçon positive la présence continuede ces femmes dans la salle d’attenteplutôt que de sanctionner le bruit etl’agitation qui en découlent. Sur lesconseils d’une médiatrice-traduc-trice, elle organise un cours de fran-çais pour les mères avec, dans lesmêmes locaux, une halte-garderiepour les petits. Ces séances évoluentensuite, à la demande des femmes,vers un travail d’éducation à la santé.

Dans tous ces cas, la médiatrice a étéagent de changement, en initiant desactions novatrices qui non seulementn’étaient pas prévues au début del’intervention, mais pouvaient mêmeêtre sans rapport avec les missionsinstitutionnelles. Ce changement apu se réaliser parce qu’il y a eu dis-cussions, affrontements, mais aussiconfiance mutuelle et sentiment dereconnaissance chez les migrants.

EXAMEN CRITIQUE DE CES DIFFÉRENCIATIONS

Ces développements sur les troistypes de médiation permettent debien cerner la différence entre « mé-diation relais » et « médiation pro-prement dite ». La première a unefonction instrumentale où les mé-diateurs sont les « instruments » desprofessionnels. Delcroix (1996), ens’inspirant de Friedberg (1988), laqualifie de « participation par assi-milation », qui implique une infor-mation des deux côtés, sans forcecritique du côté du médiateur. Cedernier joue un rôle de relais des po-litiques sociales et aide à l’intégra-tion, en particulier dans les pre-mières phases de l’arrivée. Mais cen’est pas la vraie médiation, « la mé-diation proprement dite ». Cettedernière est, selon Friedberg, « uneparticipation critique » qui impliquediscussion et négociation, pouvantentraîner dans un premier temps desconflits et des tensions avec les deuxparties pour aboutir à des transfor-mations des représentations et descomportements du côté des institu-tions comme du côté des migrants,et même à des innovations dans lespratiques. Toutes ces modificationsse fondent sur de nouvelles relationsentre les parties en présence, rela-tions en interdépendance, en coopé-ration et non plus en ignorance ouen affrontement.

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Certes, sur le terrain, il n’y a pas defrontières rigides entre « la médiationassimilation» ou « instrumentale» et lamédiation «participation critique» ou«proprement dite». Mais il est impor-tant que ces différenciations soientclaires, tant aux yeux des acteurs insti-tutionnels que pour les médiateurs.Car, comme les recherches le mon-trent (Delcroix, 1996; Fayman 2000),cette dimension de transformation desparties en présence est peu perçue tantpar les institutions que par les média-teurs eux-mêmes et leurs associationsou organismes de rattachement. Tou-tefois, certains médiateurs se sententfrustrés de ne pas pouvoir mettre enœuvre la médiation proprement dite etFayman mentionne que les média-trices qui ont une vision stratégique deleur action perçoivent la dimension detransformation de leur travail. Elles sa-vent que la mise en œuvre de cette di-mension prend du temps et que c’estune évolution à long terme dont il estquestion, notamment chez les acteursinstitutionnels.

Certes, « la médiation critique» neconstitue pas une tâche facile pour lesmédiateurs, en particulier le dialoguecritique avec les institutions et les pra-ticiens qui sont réticents à se modifieret minimisent ou refusent la média-tion proprement dite. Parfois, la diffi-culté peut venir des migrants qui secrispent dans une attitude rigide, pourpréserver une identité bafouée, en

particulier par le chômage. De plus, laposition de femme-médiatrice est in-confortable. Les médiatrices subissenten effet des pressions à la fois de lapart des institutions, qui poussent àl’émancipation, en particulier dansdes situations, nombreuses, où lafemme est infériorisée, opprimée parle mari ou la famille, et de la part descompatriotes masculins qui les pla-cent du côté de leurs femmes contreeux. À la lueur de ces constats, il estévident que ce ne sont pas tous les mé-diateurs qui peuvent réaliser la média-tion véritable, car elle exige beaucoupd’expérience.

Toutes ces différenciations ont desimplications concernant la formationinitiale et continue des médiateurs.Elles mettent en lumière la nécessité :– de travailler théoriquement et pra-

tiquement sur ces trois types demédiation, pour qu’ils soient bienidentifiés, même si dans les pra-tiques des glissements peuvent sefaire de l’un à l’autre ;

– de préparer les médiateurs à passerd’une approche « instrumentale » àune approche de complémentaritéet de créativité, d’une «participa-tion par assimilation» à «une parti-cipation critique », tout en sachantque tous n’en sont pas capables ;

– de faire le même travail avec les as-sociations ou organismes dont fontpartie les médiateurs, afin qu’ils in-tègrent leur fonction de transmis-

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sion du sens profond de « la média-tion proprement dite » ;

– de donner aux institutions et àleurs représentants une informa-tion sur le rôle de la médiation cul-turelle, qui va bien au-delà de lamédiation-relais et de l’interpréta-riat, ses finalités étant une aide à lacommunication, à la gestion desconflits de valeurs et une plusgrande adéquation des pratiquesinstitutionnelles à certaines catégo-ries de populations ;

– de former les médiateurs culturels àune intervention des deux côtés ; ilsdevront tenter de transformer lesreprésentations des institutions àl’égard des migrants et de les ame-ner à passer d’une perception où ils

sont vus comme marginaux et dé-viants à une vision plus positive etplus réelle. Ils sauront aussi fairecomprendre aux professionnels jus-qu’où les migrants peuvent allerdans l’aménagement de leurscroyances et de leurs valeurs pourse conformer aux exigences de lasociété d’accueil ;

– de faire passer aux usagers migrantsles exigences des administrationsen termes compréhensibles.

Grâce à toutes ces démarches, les mé-diateurs pourraient réussir à ce que lesadministrations soient en mesured’écouter les besoins et les aspirationsde ces usagers: être reconnus et accom-pagnés dans le respect de leur dignité.

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LES ENJEUX STRATÉGIQUES

Quand on se lance dans la construc-tion d’une charte de déontologie, ilfaut essayer d’évaluer ce que pourraêtre la réaction future des parte-naires ; il semble que les femmes-re-lais médiatrices en ont déjà prisconscience. Si elles ne font pas cet ef-fort d’élaboration d’une charte, celle-ci leur sera certainement imposée del’extérieur.

En France, la tendance à légiférer surtous les sujets est forte et nousconnaissons un prurit législatif quis’accompagne d’un prurit réglemen-

taire. Même le président du Sénat,René Monory, a publié dansLe Monde du 1er juin 1994 un articleintitulé : «Trop de lois tue la loi. Ne

Les enjeux de la déontologie pour les femmes-relaismédiatrices sociales et culturelles1

Michèle Guillaume-Hofnung, professeur des facultés de droit2 et médiatrice,vice-présidente du Comité des droits de l’homme et des questions éthiques

Pourquoi construire une charte de déontologie3 ? Que doit-elle contenir ? Autour dela charte de déontologie des femmes-relais médiatrices, deux grandes catégories d’en-jeux se dessinent : des enjeux stratégiques et des enjeux de contenus.

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1 Intervention du 22 octobre 2004 à Rosny-sous-Bois lors de la rencontre organisée par ProfessionBanlieue et la Fédération des associations defemmes-relais de la Seine-Saint-Denis dans lecadre des États généraux du social.2 Michèle Guillaume-Hofnung est l’auteure de LaMédiation, PUF, collection «Que sais-je ?», 2000.3 Au 22 octobre 2004, Profession Banlieue, la Fédération des associations de femmes-relais deSeine-Saint-Denis et l’IRTS de Paris Île-de-Francepensaient produire une charte de déontologie à la-quelle Michèle Guillaume-Hofnung fait référencedans ce texte. Depuis, le travail engagé et présentédans ce rapport est devenu une réflexion plus géné-rale sur la médiation pratiquée par les femmes-relais.

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plus légiférer à crédit ». La réglemen-tation de la médiation nous «pendau bout du nez comme un soufflet àdouze ronds » – c’est une expressionun peu triviale, mais que je trouveimagée. Pour l’avoir vu faire, pouravoir été témoin du mode d’élabora-tion des textes normatifs, j’enconnais les limites méthodologiqueset les imperfections. On ne peut pascomparer la qualité du travail que lesfemmes-relais médiatrices fournis-sent depuis des années avec la piètrequalité du travail législatif ou du tra-vail réglementaire en matière de mé-diation.

Quand on regarde le bilan de l’inter-vention législative ou réglementaireen matière de médiation, on doit aumieux déplorer une absence de va-leurs ajoutées, mais, au pire, s’at-tendre à une dénaturation de la mé-diation dans les textes de loi (mêmesi je crois que le pire est réalisé par lesdeux exemples qui suivent).

Deux exemples de loi

La loi du 4 janvier 1993 sur la mé-diation pénale est une des pireschoses qui soit arrivée à la médiation.Dans les années qui ont précédé sonadoption, la politique pénale de laChancellerie était dans une phase deconception managériale de la média-tion ; ce que j’appelle la «médiation

destop», pour désengorger les tuyauxde la justice. Si bien que la médiationpénale a été pensée uniquementcomme une alternative au procèspénal. Mais dans la mesure où celui-ci fait partie des modes d’action réga-liens de l’État, il n’était pas pensablede laisser la médiation pénale sanscontrôle. Les magistrats prennentprogressivement conscience que cen’est pas une bonne piste et certainsreconnaissent publiquement que lemédiateur est le bras armé de la jus-tice. Le premier grand texte législatifsur la médiation n’a donc pas étéheureux, car la médiation pénale nepermet pas pleinement de restitueraux personnes concernées l’autono-mie et la responsabilité de la gestionde leur situation.

La loi du 8 février 1995 sur la mé-diation judiciaire est un texte à valeurlégislative ajoutée nulle. Dans cetexte, les mots « médiation » et« conciliation» sont utilisés sans quela loi fournisse de critères permettantde distinguer l’une et l’autre. Résul-tat, les juristes disent qu’il n’y a pasde différence de nature entre la mé-diation et la conciliation. Effective-ment, les juristes, qui appréhendentla médiation à travers la loi, ne peu-vent pas dire autre chose.

Ces deux exemples prouvent que laloi ne donne aucune garantie de qua-lité en matière de médiation, tout

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simplement parce que le législateurne sait pas ce qu’est la médiation.

Le pouvoir réglementaire, c’est-à-direle gouvernement, donne-t-il plus degaranties ? Pas tellement. Quand onregarde les expériences publiques re-latées dans les actes du séminaire deCréteil4 sur la médiation sociale et lamanière dont les représentants dupouvoir exécutif s’expriment sur lamédiation, on s’aperçoit qu’ils voientdans la médiation une manièred’épauler soit une action de police,soit une action de sécurité, soit uneaction juridictionnelle. Dans le cadredes contrats locaux de sécurité, lespouvoirs publics montent des opéra-tions tout à fait respectables, et utilespour la population, mais qui placentla médiation dans un dispositif extrê-mement équivoque pour elle. La mé-diation devient un instrument de lapolitique de la ville, un instrumentde politique pénale, un instrumentde politique sécuritaire. Ces objectifsont leur intérêt, mais il n’est pas cer-tain que la médiation ne s’en trouvepas dénaturée.

En résumé, les femmes-relais média-trices sont bien inspirées deconstruire une charte de déon -tologie ; si elles ne le font pas, lespouvoirs publics s’en chargeront, etils sont moins bien placés que lesfemmes-relais médiatrices pour lefaire.

LES ENJEUX DE CONTENU

Il y a des contenus qui sont indis-pensables dans un code de déontolo-gie, ou dans une charte. Le terme decharte est plus conforme à la naturedu travail des femmes-relais média-trices. Le mot code de déontologie,ou tout autre vocable plus normatif,risquerait de créer parmi leurs parte-naires une confusion : ils pourraientavoir l’impression que ce texte a étéélaboré par le législateur ou par lepouvoir réglementaire.

Ce qui me semble indispensable dansl’élaboration d’une charte, c’estd’abord d’établir un socle destinénon seulement aux médiateurs, auxmédiatrices, mais impliquant aussileurs employeurs et les prescripteursde médiation. Si ces deux derniersn’y adhèrent pas, les médiateurs et lesmédiatrices ne pourront les respecter,en particulier dans leur relation avecles services publics. Il est très impor-tant que des municipalités oud’autres collectivités locales sachentque l’association à laquelle ils vonts’adresser a adopté une charte qui, sielle est respectée, assure aux usagersun travail de qualité. Tous les parte-naires des femmes-relais médiatrices

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4 Médiation sociale et nouveaux modes de résolu-tion des conflits de la vie quotidienne, Créteil,21 au 22 septembre 2000, Délégation interminis-térielle à la ville, 2001.

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doivent en prendre conscience et ré-fléchir à la manière dont ils respecte-ront les valeurs contenues dans lacharte.

Pour parler du contenu de la charte,je m’appuierai sur un travail quin’est pas de nature associative, celuidu Conseil national consultatif de lamédiation familiale (CNCMF),dont je suis membre. Ce Conseil estun peu un miracle, dans la mesure,où pour une fois, les pouvoirs pu-blics ont eu recours, en matière demédiation, à un conseil composé es-sentiellement d’acteurs de terrain.Les associations pionnières en matièrede médiation familiale y étaient pré-sentes. L’autre atout de ce Conseil,c’est qu’il a été présidé par MoniqueSassier, directrice générale del’Union nationale des associationsfamiliales (UNAF), et qu’il a tou-jours eu comme objectif de ne pas –selon son expression – produire un« effet lasagne » en proposant destextes qui auraient vocation à deve-nir des lois ou des décrets supplé-mentaires. L’autre préoccupation duConseil était de penser la médiationfamiliale comme si tout ce que nousallions élaborer pouvait être trans-posé à tous les secteurs de la média-tion. Ainsi, à chaque définition oupréconisation, on se demandait : se-rait-ce applicable si on enlevait l’ad-jectif « familial » ? peut-on le rempla-cer par « social » par exemple ?

Un des éléments qui est de plus enplus remarqué par les acteurs est quel’on ne peut pas cloisonner la média-tion et qu’il faut avoir conscience deson unité fondamentale : il n’y a pasla médiation scolaire, la médiationfamiliale, la médiation en entre-prise… Dans chaque situation, c’estle même concept qui est à l’œuvre.Sans cela, les pratiques seront telle-ment segmentées qu’à la fin il faudrades médiations interculturelles pourque les médiateurs se comprennententre secteurs de la médiation !

Dans le cadre de ses prérogatives, leConseil de la médiation familiale a ré-fléchi à la définition de la médiationet aux principes fondamentaux de dé-ontologie applicables à tout secteurde médiation. Dans quelle mesure lesfemmes-relais médiatrices pourraient-elles se référer à cette définition? S’yreconnaissent-elles ? S’il y avait unmail lage des grands secteurs en ma-tière déontologique, cela pourrait êtreremarquablement fédérateur.

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5 Le CNCMF a été créé par un arrêté du 8 oc-tobre 2001 par la garde des Sceaux, Marylise Lebranchu, et la ministre chargée de la Famille, Ségolène Royal. Sa mission était de proposer lesmesures utiles pour favoriser l’organisation de lamédiation familiale et promouvoir son dévelop-pement. Son mandat a expiré en décembre 2004.

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PREMIER PRINCIPE : DÉFINIR LA MÉDIATION

Dans le texte élaboré par le Conseilde la médiation familiale, la présen-tation des principes déontologiquescommence par une définition de lamédiation. Définir la médiation estessentiel pour éviter de se lancerdans des pratiques qui n’auraient demédiation que le nom.

Quand on regarde les pratiques demédiation des quinze premières an-nées, la première faille déontolo-gique a été d’estimer que ce quicompte c’est de faire, peu importaitle mot, que ce soit de la médiation,de la conciliation, de l’assistance. Cefut un premier coup de canif dans ladéontologie de la médiation.

La première règle déontologique àl’égard de la médiation consiste àprendre conscience du primat del’urgence théorique.

Ce qui a vraiment fondé mon admi-ration pour les femmes-relais média-trices a été de constater qu’ellesn’étaient pas dupes du primat de l’ur-gence pratique. Je n’ai jamais rencon-tré de femmes-relais médiatrices di-sant : ce n’est pas très important deréfléchir sur le mot médiation, sur laquestion de savoir si l’on fait vrai-ment de la médiation ou de la conci-liation, ou de la lutte contre les dis-

criminations. Les femmes-relais mé-diatrices ont toujours eu cetteconscience du primat de l’urgencethéorique ; alors que j’ai souvent ren-contré des pouvoirs publics qui met-taient en avant le primat de l’urgencepratique. Pour eux, devant une diffi-culté sociale, créer un service de mé-diation, sans se préoccuper de savoirsi ce dispositif de médiation corres-pondait vraiment à la définition de lamédiation, semblait un gage de réa-lisme.

La définition de la médiation élabo-rée par ce Conseil consultatif se rap-proche de la définition adoptée à l’is-sue du séminaire de Créteil, trèsproche aussi de celle à laquelle vousme faites l’honneur de vous référer,puisque j’avais reçu mandat de réflé-chir à une définition de la médiationsociale et d’assurer l’organisationscientifique des travaux6. La parentén’est d’ailleurs pas due au hasard,mais à l’unité fondamentale de lamédiation.

Voici la définition de la médiation duConseil national consultatif de lamédiation familiale (où l’on peut soitenlever mentalement soit mettreentre parenthèses l’adjectif « fami-

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6 Médiation sociale et nouveaux modes de résolu-tion des conflits de la vie quotidienne, Créteil,21 au 22 septembre 2000, Délégation interminis-térielle à la ville, 2001, p. 12, 70 et 129.

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lial », soit le remplacer par un autre) :«La médiation familiale est un pro-cessus de construction ou de recons-truction du lien familial [“lien so-cial”, pour votre charte] axé sur l’au-tonomie et la responsabilité des per-sonnes concernées par des situationsde rupture ou de séparation dans le-quel un tiers impartial, indépendant,qualifié et sans pouvoir de décision,le médiateur familial, favorise, à tra-vers l’organisation d’entretiens confi-dentiels, la communication, la ges-tion de leur conflit, dans le domainefamilial entendu dans sa diversité etson évolution. »

Commencer une charte de déontolo-gie par une définition est symbo-lique. Il est très important de ne passe lancer sans savoir où l’on va.

Le premier principe déontologiqueen matière de médiation consiste àdire : est-ce qu’on fait bien de la mé-diation ? Les femmes-relais média-trices devront toujours se référer à ladéfinition choisie comme définitionde référence.

Une charte de déontologie impliqueles médiateurs comme les em-ployeurs, car tous deux sont respon-sables de l’application des principesdéontologiques. Au début du texte,le Conseil consultatif recommandeque les principes déontologiquessoient diffusés au moment de la

séance d’information auprès des mé-diés.

Quand le Conseil a commencé à tra-vailler sur ces principes déontolo-giques, une liste de rubriques a étéconstituée. Soucieux de ne pas se dis-perser, les membres du Conseil sou-haitaient proposer un texte pédago-gique, car la charte de déontologiedoit éclairer les médiateurs, les parte-naires et les médiés. Cela impliquaitdes principes déontologiques claire-ment exposés.

Le Conseil a regroupé ces principesautour de deux idées essentielles :– « les principes garants du processus

de médiation familiale », où sontrassemblés tous les principes quigarantissent que l’on fait vraimentde la médiation ;

– « les principes garants de la qualité demédiateur». On avait d’abord choisi«principes garants de la qualité dumédiateur». Mais on s’est dit que cen’était pas suffisant. On a préférécette formulation pour assurer auxmédiés que la personne qui se pré-sente devant eux comme médiateurest vraiment, grâce au respect de cesprincipes déontologiques, un média-teur et pas un trompe-l’œil.

Respecter l’unité de ces principes dé-ontologiques, c’est éviter la média-tion en trompe-l’œil. C’est la pre-mière des déontologies.

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PRINCIPES DÉONTOLOGIQUES GARANTISSANT LE PROCESSUS DE MÉDIATION

Le médiateur doit être garant d’unvéritable processus. Beaucoup de dis-positifs de médiation n’utilisent pasle processus tel que le pratiquent lesfemmes-relais médiatrices, c’est-à-dire cette maïeutique qui consiste àaccoucher les médiés de la prise deconscience de leur situation, puisd’éléments de solution.

Ce processus repose sur l’écoute, surla reformulation. C’est un travail quiest un art de la communication, quirepose sur une éthique et demandeun réel investissement, une mise enprésence des partenaires.

Or le mot médiation est tellementutilisé que beaucoup d’institutions,tant privées que publiques, «pon-dent » des médiateurs : les banques,les compagnies d’assurance… Cesmédiateurs, dans la mesure où ils seréfèrent à une logique managériale,très proche de la conciliation, tra-vaillent sur dossiers, pratiquent uneprocédure allégée. Si bien que jamaisils ne font se rencontrer les médiés.Au mieux, ils auront donné un coupde téléphone au service dont le com-portement fait l’objet de la réclama-tion, ou éventuellement rappellerontle réclamant, mais il n’y a jamais deprocessus.

Le mot processus est si importantque le Conseil a pensé qu’il était in-dispensable d’avoir toute une série deprincipes déontologiques le garantis-sant.

Le processus a pour objectif de res-taurer la communication, de préser-ver ou de reconstruire les liens entreles membres de la famille. Pour lesfemmes-relais médiatrices, ça pourraêtre de préserver ou de reconstruireles liens entre les habitants du quar-tier, et de prévenir les conséquencesd’une éventuelle dissociation dugroupe familial. Donner les moyensaux personnes de chercher par elles-mêmes dans le respect de leurs droitset obligations respectifs des issues àleur situation, qu’elles relèvent ounon du champ du judiciaire.

Par le mot processus, on ne se réfèrepratiquement pas à l’idée de conflit.Les temps archaïques de la médiationsont dépassés, comme en 1985,lorsque certains courants de média-tion ont cloné d’une manière quasi-ment mécanique le modèle nord-américain. À cette époque, la média-tion était très souvent présentée uni-quement sous l’angle d’un mode al-ternatif de règlement des conflits. Undes apports du séminaire de Créteil aété de constater que, en France,comme dans tous les pays de l’Unioneuropéenne, des mouvements « indi-gènes », émanant de la société civile,

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pratiquaient différentes formes demédiation, des médiations ci-toyennes qui ne se limitaient pas à ré-gler des conflits, mais qui essayaientaussi de créer du lien, de prévenir lesconflits – et pourquoi pas ? – de lesrégler. Il est très significatif deconstater que, au sein du Conseil dela médiation familiale, comme àl’époque du séminaire de Créteil, laréférence au conflit soit reléguée enfin de définition.

Les principes garants du processus demédiation familiale sont axés autourde l’idée de communication. Le mé-diateur contribue à une « communi-cation éthique » parce que, dans lessituations pour lesquelles il est amenéà intervenir, les partenaires sont rare-ment au même niveau hiérarchique.La hiérarchie familiale, par exemple,peut placer la femme ou les enfantsdans une situation délicate. Demême, la famille peut se trouver dansune position d’infériorité face à l’ins-titution scolaire. L’essentiel du pro-cessus de médiation sera de garantirune communication équilibrée, ceque j’appelle la « communicationéthique ». Veiller au respect du tempsde parole n’est plus suffisant. Il estimportant que le médiateur, dans sadéontologie, ait toujours à cœur defaire en sorte que la parole du plusvulnérable soit entendue et « ser-tie » d’une manière aussi soigneuseque la parole du dominant, que ce

soit un individu de sa famille ou uneinstitution privée ou publique. Lerappel des objectifs du processus fi-gure en début de présentation desprincipes.

Enfin, deux principes déontolo-giques sont essentiels pour garantir laréalité du processus : la garantie duconsentement et la garantie du carac-tère confidentiel du processus.

• La garantie du consentement

La garantie du consentement im-plique que le médiateur doive avanttout donner une information claireet complète sur les principes de la dé-ontologie de la médiation et sur lesmodalités du processus. Il doit s’assu-rer que les informations données ontété bien comprises. Il doit être parti-culièrement attentif aux situationsd’emprise et de violence susceptiblesd’altérer le consentement de l’une oude l’autre partie. Le médiateur refu-sera la médiation s’il considère queces conditions ne sont pas réunies. Ilnous a paru important de prévoirune rubrique concernant l’éventuelrefus de la médiation, parce qu’uncertain nombre de médiateurs sontdans des dispositifs institutionnelsqui font d’eux des «distributeurs au-tomatiques de médiation». À partirdu moment où ils sont médiateurs,

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ils se sentent obligés d’aller jusqu’aubout. Il me semble que, d’un pointde vue pédagogique, il est importantque le médiateur puisse dire, au mo-ment où il donne l’information auxmédiés : « Sur la base de ce que l’onva se dire maintenant à propos duprocessus de médiation, j’accepteraiou pas la médiation. » Si le médiateurne donne pas cette information, lesmédiés risquent de s’embarquer avecun esprit d’assistance, considérantque le médiateur est là pour « faire »la médiation. Ils ne prendront pasconscience qu’ils sont les partenairesessentiels du processus. Il est doncimportant que le médiateur puissedire : « Je verrai, sur la base de ce quiva ressortir de cet entretien, si l’onpeut faire la médiation. » Le média-teur n’étant pas un distributeur auto-matique de médiation, il pourra dire,quand il aura l’impression que leconsentement n’est pas garanti :«Écoutez, voilà ce que l’on va faire,mais ce n’est pas de la médiation. »

• Le caractère confidentiel

Le caractère confidentiel garantit leprocessus. Si les médiés n’ont pas lagarantie totale de confidentialité, ilsne peuvent pas sortir d’eux-mêmestout ce qui est nécessaire à la réussitede la médiation, en disant : «ça je nesais pas si je peux le dire, parce que siça sort du cercle et que ça arrive de-

vant un juge, ou le maire, ou lebailleur ou quelque autorité que cesoit, je vais être en difficulté». Il n’y apas de médiation sans la certitude,sans la tranquillité, sans la sécuritéqu’ont les médiés de la confidentialité.

Sous réserve des dispositions de laloi, le médiateur ne peut ni divulguerni transmettre à quiconque lecontenu des entretiens ou toute in-formation recueillie dans le cadre dela médiation. Au terme de la média-tion, les accords sont conclus par lespersonnes. Je n’utilise pas le terme de«partie » pour éviter de reproduire laterminologie des conflits, les partiesétant des personnes qui sont séparéespar un conflit. Je préfère parler depersonnes, car, à la différence desparties, elles ne sont pas forcémenten conflit, mais peut-être en grandedistance sociale… Tandis que dans lemot partie, il y a l’idée de séparation.Le plus souvent, j’utilise le terme departenaire. Même dans un conflit, onest partenaire ; son conflit, on se l’estfabriqué. Même quand on en est lavictime qui se croit passive, il est im-portant de se vivre comme partenaireau moins dans la recherche de solu-tions.

Au terme de la médiation, les accordsconclus par les personnes peuventfaire l’objet d’un document écrit etsigné par elles seules. Ce documentest à l’usage exclusif des personnes.

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Le Conseil a voulu éviter d’avoir desprincipes déontologiques avec unerafale de rubriques. Il a voulu insistersur l’essentiel : garantir le consente-ment et la confidentialité. Il nous asemblé que, quand ces deux élémentsétaient garantis, le processus pouvaits’enclencher.

PRINCIPES DÉONTOLOGIQUES GARANTS DE LA QUALITÉDE MÉDIATEUR

Au début de cette série de principesgarants de la qualité de médiateur, leConseil mentionne deux petitesphra ses en italique qui rejoignent lespréoccupations des femmes-relais.

«Le médiateur familial agit dans le cadre de la loi et le respect des personnes. »

Quels sont les rapports entre la mé-diation et le droit ? Dans les tempsarchaïques de la médiation, on en-tendait la phrase apparemment debon sens : « une médiation vautmieux qu’un bon procès ». Mais c’estoublier un aspect du droit, et cetoubli présente beaucoup de danger.Une société de droit est une sociétédans laquelle il y a des contraintes,parfois tatillonnes. Mais que seraitune société sans droit ? Le droit a une

fonction éminente de protection del’individu. Par ailleurs, la justice d’É-tat est une construction que l’on nepeut pas balayer d’un revers de lamain. Il lui a fallu des siècles pourtriompher des justices communauta-ristes, des justices féodales, des jus-tices des corporations. Le fait quetout le monde relève de la même jus-tice est la traduction de la Déclara-tion des droits de l’homme et du ci-toyen du 26 août 1789. La justice etla loi sont les premiers protecteurs del’individu. Il est donc important derappeler aux médiateurs qu’ils n’ontpas pour fonction d’essayer à toutprix d’obtenir des solutions, surtoutquand ces solutions se font au détri-ment du respect des personnes et deslois.

J’ai eu l’occasion d’assister à certainesréunions de recueils des archivesorales des femmes-relais médiatrices,il y a des questions très aiguës quipeuvent se poser aux femmes-relaismédiatrices concernant des pratiquesqui sont considérées en France et enEurope comme des atteintes aux per-sonnes.

Dans ce domaine, un travail déonto-logique relevant d’une démarcheéthique est vraiment nécessaire.L’éthique est une recherche constanted’arbitrage entre plusieurs valeurs.Mais pour arbitrer entre des valeurs,il faut considérer que certaines doi-

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vent l’emporter sur d’autres. Il y aune hiérarchie des valeurs. Et parmielles, il y a les droits de l’homme, quine sont pas uniquement des bonssentiments ou une idéologie. Lesdroits de l’homme sont des règles dedroit qui, depuis une décision duConseil constitutionnel dejuillet 1971, ont valeur égale à laConstitution.

La Déclaration de 1789, le préam-bule de la Constitution de 1946 ontvaleur constitutionnelle. Et un cer-tain nombre des grands principesproclamés par les lois de la Répu-blique, y compris celle de 1905 quipose les bases de la laïcité, sont desprincipes de valeur constitutionnelle,c’est-à-dire supérieure à la loi, supé-rieure à toute règle de droit enFrance. Enfin, dans la hiérarchie desrègles de droit figurent aussi les traitésinternationaux. La charte de déonto-logie des femmes-relais médiatrices seréfère aux textes internationaux sur letravail, à la Convention européennedes droits de l’homme, ce qui est unindice supplémentaire de la qualité,du sérieux du travail de réflexion desfemmes-relais médiatrices. Un média-teur qui ne respecterait pas ces loispourrait encourir une responsabilitépénale. Les principes déontologiquesne doivent donc pas être uniquementdes arrangements des praticiens de lamême profession, mais s’inscrire dansun ensemble juridique.

«Le médiateur doit s’assurer de sa position de tiers tout au long de la médiation. »

• … Le tiers

Je m’intéresse à la médiation depuis1986 et je l’ai vraiment vue évoluer.Le point sur lequel le consensus estmaintenant le plus solide, c’est celuiselon lequel il n’y a pas de média-tion sans tiers. Le tiers, c’est la cléde voûte de la médiation, c’est grâceau tiers que l’on peut distinguer lamédiation de la conciliation : onpeut se concilier à deux, alors quel’on ne peut pas se médier à deux.

Mais il y a un certain nombre detroisièmes qui ne sont pas des tiers.On peut être trois dans une piècesans être pour autant assurés que letroisième est un tiers. Le troisièmene sera pas un tiers s’il est le défen-seur d’une des parties ou s’il estlancé dans un objectif politique,parce qu’il verra les deux commedes éléments de sa politique. Letiers, c’est quelqu’un qui est exté-rieur.

Avant d’accepter la médiation, ettout au long du processus, le média-teur doit s’assurer qu’il est tiers,sinon, il ne sera pas médiateur. C’estl’un des principes essentiels qui ga-rantit de la qualité de médiateur.

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• L’impartialité

Autre qualité du médiateur : l’impar-tialité. Il s’agit d’un qualificatif redon-dant, car si le médiateur n’est pas im-partial, il n’est pas tiers. La recherched’impartialité est un devoir, uneconquête, une construction. Dès ledépart, avant d’accepter, le médiateurdoit s’interroger et n’accepter la mé-diation que si, face aux personnes etau problème auquel on le confronte,il est impartial. S’il n’y parvient pas, ilne peut pas être médiateur.

Votre charte se réfère à la neutralité.J’ai évolué sur l’emploi de ce terme.Dans les deux premières éditions demon livre La Médiation, j’utilise lemot neutralité. Dans la troisième édi-tion, je préfère le terme « impartia-lité», que je combine avec la neutra-lité. Mais je distingue deux stades deneutralité. À un premier stade, la neu-tralité correspondrait à une aspirationd’insensibilité impossible à atteindre,sauf à devenir des «eunuques» affec-tifs. En tant qu’être vivant, on ne peutêtre totalement neutre. En revanche,on doit s’efforcer de ne pas peser sur lerésultat, ce qui constitue le deuxièmestade de la neutralité. En ce sens, laneutralité respecte les valeurs de lamédiation qui visent à permettre auxmédiés de trouver eux-mêmes les is-sues à la situation ou au conflit qui lesenferme. Ce qui nous rapproche del’autonomie.

• L’autonomie

Le médiateur doit s’assurer qu’il res-pecte l’autonomie des personnes etqu’il n’a pas tendance à leur vendreclé en main une solution en leur di-sant que c’est bon pour elles. S’il faitcela, il n’est pas médiateur. Son inter-vention aura pu être utile, commecelle d’une assistante sociale, d’unthérapeute, ou d’un arbitre, mais iln’aura pas respecté l’autonomie despersonnes, qui doivent trouver elles-mêmes leur solution. Et le travail del’assistante sociale à l’égard de l’auto-nomie des personnes n’est pas exacte-ment le même que le travail du mé-diateur à l’égard de l’autonomie.

• La formation

La compétence garantit la qualitéd’un médiateur, qui doit avoir reçuune formation. Actuellement, dèsqu’un problème social émerge, desdispositifs institutionnels d’urgencesont créés, des médiateurs sont nom-més. On leur colle un dossard de mé-diateur (ou une plaque, selon le stan-ding), mais tout se passe comme si lefait d’être nommé médiateur infusaitun savoir-faire. Or les femmes-relaismédiatrices qui pratiquent la média-tion, ou moi-même, qui pratique lamédiation depuis 1986, nous savonsbien qu’il est difficile de faire des mé-diations sans y être formé. Celui qui

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s’y aventure sera rapidement dépasséet sera en outre dangereux. Il vautmieux rien du tout qu’une médiationfaite par un néophyte. Respecter lamédiation est la première règle déon-tologique. Et pour respecter la mé-diation, il faut s’y former. Il y a uneexigence de compétences. Il mesemble qu’il serait intéressant de ré-fléchir à ce que requiert une forma-tion à la médiation et d’éviter de for-mer un médiateur en une semaine,comme cela peut se pratiquer dans lemilieu des juristes. Des avocats, parexemple, participent à des forma-tions organisées par leur barreau eten une semaine ressortent avec unbeau diplôme de médiateur. C’est unmanque de respect à l’égard de la mé-

diation. Quelqu’un qui a cette formede pseudo-formation n’est pas en étatde garantir vraiment qu’il sera média-teur.

Sans compter qu’une formation dequalité assure la meilleure des légiti-mités et permet d’éviter l’instrumen-talisation par les prescripteurs de mé-diation.

Naturellement, il y aurait beaucoup àdire sur ces principes de déontolo-gie… Il me semble que finalementl’intervention des pouvoirs publicsne donne pas toujours autant de ga-ranties que ce que le souci spontanéd’associations comme les vôtres a per-mis de faire.

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centre de ressources pour les profes-sionnels de la politique de la ville enSeine-Saint-Denis, a été créé en no-vembre 1993 suite aux travaux prépa-ratoires à l’élaboration des contrats deville de Seine-Saint-Denis. Ces étudesmettaient en évidence le besoin d’unlieu d’échange, de rencontre, deconfrontation, de qualification pourles professionnels.

Cette notion de professionnalisationfaisait dans le même temps l’objetd’une étude menée par une équiped’universitaires, Les Professionnels et laprofessionnalisation en banlieue, étuderéalisée pour le compte du ministèrede l’Enseignement supérieur et duministère de l’Équipement, des Trans-ports et du Tourisme.

Profession Banlieue est une associa-tion et tient une place particulièreparmi l’ensemble des acteurs de lapolitique de la ville. L’association tra-vaille avec des partenaires aussi diversque les représentants de l’État ou descollectivités territoriales, des chefs deprojet, des bailleurs sociaux ou desentreprises, les chambres consulairesou des associations. Le statut associa-tif donne au centre de ressources uneposition de neutralité qui s’inscritdans l’objectif de qualification et deprofessionnalisation de l’ensembledes intervenants du développementsocial urbain.

Pour atteindre cet objectif, ProfessionBanlieue s’appuie sur des éléments denature différente :

Une méthode : la mise en synergie descompétences locales et des chercheurs.Un comité scientifique suit les travauxde l’association et permet aux profes-sionnels de confronter projets et ac-tions à l’état de la recherche en matièrede développement social urbain.

Un ancrage territorial : l’inscriptiongéographique de Profession Banlieueen Seine-Saint-Denis, un départe-ment qui présente des caractéristiquesfortes liées à son histoire politique,économique, sociale. Cette positionspécifique contraste avec l’ensemblede l’Île-de-France, l’une des premièresmétropoles internationales.

Une conviction : la mise en réseau desprofessionnels de la politique de laville comme outil de transformationdes logiques d’acteurs. L’échange d’ex-périences, la confrontation des savoir-faire, le débat avec la recherche favori-sent la qualification, la professionnali-sation des opérateurs.

Un consensus et une volonté pour tra-vailler autrement : l’adhésion des par-ticipants. Les différentes instances detravail organisées par Profession Ban-lieue se sont toujours constituées surle volontariat des professionnels : ellesne sont pas imposées par les hiérar-chies institutionnelles, même si cesdernières valident ou « cautionnent »la participation de leurs salariés à cesinstances de travail.

Profession Banlieue,

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Mars 2006.Maquette : Claire Péraro – Impression Buroprim

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GROUPE D

E TRAVAI

L

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Fax : 01 48 20 73 88

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