Les

Jaquet-Droz et leurs automates

PAR

C. PERREGAUX

Publication faite sous les auspices de la Société d'histoire

et d'archéologie du canton de JVeuchâtel

NEUCHATEL IMPRIMERIE WOLFRATH & SPERLÉ

1 9 0 6

Reproduktion Bern : Schweizerische Landesbibliothek, 2004

Reproduction Berne : Bibliothèque nationale suisse, 2004

Riproduzione Berna : Biblioteca nazionale svizzera, 2004

LES JAQUET-DROZ ET LEURS AUTOMATES

LES MONTRES ANCIENNES

DE LA COLLECTION MARFELS

LES JAQUET-DROZ

ET LEURS AUTOMATES

Tin homme qui vient à point

Au milieu du XVHI1"13 siècle, l'industrie des Mon­tagnes neuchâteloises, créée par le forgeron Daniel JeanRichard, cherchait encore sa voie. Les apprentis du maître avaient formé des élèves qui répandaient la bonne manière nouvelle de travailler.

Les procédés de métier étaient bien primitifs et la division du travail à peine établie. On voyait encore le mécanicien horloger construire les mouvements de ses pendules et de ses montres, puis en orner tes cabinets et les boîtiers.

Il fallait lutter avec une industrie établie depuis deux siècles dans les pays voisins. Que ceux qui ont vu une montre de JeanRichard ou une horloge de ses élèves, les Brandt Gruyerin, pensent aux montres françaises si richement décorées de la même époque et aux admirables pendules Louis XIV et Louis XV. A cette comparaison, on mesure le chemin que les gens de chez nous avaient à parcourir, on admire l'effort puissant que cette population montagnarde fit pour gagner sa place au soleil et donner au pays son renom industriel. Le labeur patient apportait d'ingénieuses inventions et d'utiles perfectionnements. L'artisan intelligent et habile à se servir de ses doigts vivait dans la bonne joie du travail fécond.

Pierre Jaquet-Droz parut en ce moment. Sa culture intellectuelle, sa hardiesse de conception servie par l'extrême habileté de la main devaient le conduire à

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des résultats extraordinaires et faire avancer à grands pas la jeune industrie neuçhâteloise.

On a écrit bien des pages déjà sur cet homme et son fils, Henri Louis Jaquet-Droz, sur les chefs-d'œuvre qu'ils ont créés en mécanique. Et comme ces artistes sont morts depuis plus de cent ans, il s'est formé une légende qui les entoure comme d'une résille et dont leur gloire n'a pas besoin.

Leur histoire, allégée des aventures extraordinaires qu'on leur -a prêtées gratuitement et des exagérations que la tradition nous apporte, demeure captivante.

L'exposition des automates Jaquet-Droz, organisée sous les auspices de là Société d'histoire du canton de Neuchâtel, fournit l'occasion de présenter à nou­veau ces hommes et leur œuvre, en-utilisant des sources sérieuses d'information. Les portefeuilles des musées et des collectionneurs contiennent des docu­ments fort intéressants; puis des archives de famille ont bien voulu s'entr'ouvrir, ce qui fut d'un grand secours.

Pierre Jaquet-Droz, communier du Locle et de la Chaux-de-Fonds, bourgeois de Valangin, est né à la Chaux-de-Fonds le 28 juillet 1721. Ses parents, culti­vateurs aisés, remarquèrent l'intelligence précoce de l'enfant et son goût pour l'étude ; ils eurent l'ambition d'en faire un ministre.

Lors donc que le temps en est venu, on l'envoie à Bâle où il étudie la théologie; puis il subit ses examens à Neuchâtel.

A cet âge où, parfois, les fortes vocations se décident brusquement, le futur pasteur vient passer

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quelques semaines de vacances chez ses parents. Sa sœur, gagnée par le courant nouveau, a renoncé à l'industrie des Neuchâteloises du temps; elle a aban­donné la dentelle et s'occupe d'horlogerie. Le théolo­gien suit, amusé, les doigts agiles dans leur travail. Mais le voilà bientôt qui prend le jeu au sérieux et ne rêve plus que combinaisons mécaniques. Adieu les projets de ses parents!

Jaquet-Droz se fa­miliarise avec l'emploi des outils; il travaille avec une ardeur que rien n'arrête. Il voit, tracé devant lui, le chemin de sa vie.

Ses progrès sont ex­traordinaires, et ses premiers essais des coups de maître.

Il transforme et amé­liore les moyens de production. PIERRE JAQUET-DROZ

Son génie inventi f (Gravure Girurdôt, 1795).

s'éveille. Tiens, dit-on, ce jeune Jaquet-Droz vient de construire une horloge qui fait entendre un carillon et aussi un jeu de flûte. — Avez-vous vu son petit oiseau mécanique? il se dresse, sort de sa cage, bat des ailes et chante, chante. — Ah ! Jaquet-Droz nous en fera voir bien d'autres!

Qu'il serait intéressant de connaître la genèse de •»*

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son œuvre, l'ordre chronologique dans lequel il exé­cuta ses premiers travaux, les jours de dépression dont il a souffert, les heures d'enthousiasme qui l'ont porté en avant. Hélas, c'est si lointain! de tout cela nous ne savons rien.

Milord Maréchal et Jaquet-Droz

Le pays était alors gouverné pour le compte du roi Frédéric II, par lord Keith, seigneur écossais que l'on appelait Milord Maréchal. Or, un jour que lord Keith traversait le village des Ponts; le peintre émailleur Louis Benoit lui présenta Jaquet-Droz.

Milord Maréchal, avec une finesse de pénétration qu'il ne montra pas toujours, sent qu'il est en pré­sence d'un homme de grande valeur. Il l'encourage, s'intéresse à ses travaux,

Lord Keith a vécu à la cour d'Espagne, il engage son protégé à s'y rendre pour présenter au roi Ferdinand VI ses pendules et ses automates.

L'horlogeur Jaquet-Droz est alors âgé de 36 ans. Il a pris pour femme Marie Anne, fille d'Abram Louis Sandoz-Gendre, lieutenant civil de la Chaux-de-Fonds. Un fils, Henri Louis, leur est né le 13 octobre 1752. Une fillette, Charlotte, vint accroître la famille en 1755. Leur bonheur domestique ne devait pas être de longue durée, car Marie Anne Jaquet-Droz mourut en 1755, peu après Ja naissance de sa fille.

On comprend donc que Jaquet-Droz hésite à pro­fiter de l'occasion unique offerte par Milord Maréchal,

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car, comme en ce monde tout se paie, il faut aban­donner durant de longs mois les orphelins au logis, courir le risque de ne pas les revoir.

Lord Keith est pressant II fait les démarches nécessaires pour assurer au voyageur un bon accueil. Il le recommande chaudement à l'un de ses amis, don Jacinto Jo ver, grand seigneur madrilène,

Le 14 avril 1758, Jaquet-Droz se met en route, accompagné de son beau-père et de son ouvrier, Jacques Gévril. Ah! le long voyage! Le lieutenant civil Sandoz, un homme fort avisé, note les événe­ments et ses impressions. Nos voyageurs arrivent à Madrid le 2 juin.

Chez le roi d'Espagne

Les recommandations du gouverneur ont fait merveille. Bien plus, l'air honnête et intelligent des nouveaux arrivés gagne le cœur de leur hôte ; sa bienveillance ne se dément pas durant tout leur séjour dans la capitale. Laissons parler Jaquet-Droz, qui écrit, le 1^ juillet 1758 :

« Nous avons remis en bon état nos ouvrages en attendant l'arrivée du roi, que l'on juge devoir être environ dans trois semaines. Aujourd'hui nous sommes occupés à rhabiller les pendules du seigneur don Jacinto Jo ver, chevalier de l'ordre de Saint-Jacques, etc., chez qui nous sommes en princes et lequel, avec les douceurs dont il nous fait jouir, travaille à

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me procurer de bonnes connaissances et commis­sions. C'est principalement à cette occasion que j'ai lieu de reconnaître les bontés de Milord, en nous

SIGNATURE DE PIERRE JAQUET-DROZ.

Examinons maintenant les pièces mécaniques des­tinées au roi:

C'est un nègre, lequel, en frappant sur un gong, répond aux questions numériques qu'on lui pose.

une pendule qui sonne lorsqu'on l'interroge. Il est probable que le mécanisme, très bien équilibré, se déclanchait au choc du souffle.

Une horloge qui marche un temps très long sans être remontée. Elle était, dit-on, basée sur l'inégale dilatation des métaux.

Un orgue automatique.

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Une cigogne..., mais nous ne savons ce qu'elle faisait.

Un chien qui veille sur une corbeille de fruits. Qu'on y touche, le gar­dien aboie avec tant de naturel que les chiens du voisinage lui donnent la réplique.

Enfin, l'horloge dite Le Berger, qui va rete­nir notre attention. Les photographies très nettes que nous en donnons permettent de suivre mot à mot la description.

Le Berger est une pendule à grande sonne­rie, carillon, équation du temps, quantième perpé­tuel, lever et coucher du soleil, apparition en leur temps des principa­les étoiles, signes du zo­diaque, baromètre, auto­mates. Le cabinet, de style Louis XV, est ri­chement ciselél. L'heure LE BERCER.

* On peut voir à Berne, dans la salle des séances du Con­seil fédéral, une reproduction de ce cabinet, travail intéressant qui fut exécuté à l'Ecole d'Art de Genève par un jeune ciseleur loclois.

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sonne. On entend un carillon, puis l'écho. Une dame, assise sur un balcon, accompagne la musique du geste; elle prend de temps en temps une prise de tabac et s'incline quand on ouvre le verre de l'hor­loge. Tout auprès, un amour tient sur son poing un oiseau qui chante. Le chapiteau de la pendule nous pifre une scène rustique. Un berger joue de la flûte; un agneau bêle, un chien se tourne, caressant, vers son maître et aboie. Au-dessous de ces figures, deux enfants se balancent; brusquement l'un se renverse pour faire choir l'autre, puis il se tourne du côté des spectateurs, en montrant du doigt son compa­gnon. Dans l'intérieur de la pendule, nous voyons les leviers, arbres à cames, rouleaux à pointes, souf­flerie, carillons, logés en un si petit espace.

Nos Neuchâtelois attendent dans l'hospitalière mai­son de don Jacinto Jover la venue du roi à Madrid.

Par malheur, la reine, malade depuis quelque temps, meurt au mois d'août.

Le souverain lui-même est souffrant, de sorte que l'on renvoie de semaine en semaine l'audience promise.

Enfin Jaquet-Droz est reçu le 2 septembre par Ferdinand YI, qui se trouve en villégiature à Villavi-ciosa. L'artiste ne peut attendre de communiquer ses impressions à don Jacinto Jover. Le lendemain déjà il écrit:

a Monseigneur. J'ai l'honneur de vous infornier que hier à 9 heures du soir je fus appelé par Sa Majesté pour lui faire voir mes ouvrages. Vous ne sauriez croire comme il en est content. Il l'a déclaré

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en ma présence et aussi en mon absence, U était suivi de toute sa cour, qui ne pouvait témoigner assez de surprise. Ils ne pouvaient se lasser de voir les pendules, qui ont fonctionné en perfec­tion. Plusieurs sei­gneurs de la cour m'ont fait l'honneur de me complimenter sur la satisfaction du roi qui passe la moi­tié de son temps au­près de mes ouvra­ges... Je viens d'être auprès de Sa Majesté qui a daigné m'ho-norer de plusieurs marques de bonté et qui a fait elle-même jouer plus de 100 fois mes pendules, le sou­rire continuellement sur son visage, »

La tradition place ici un incident que le journal d'Abram Sandoz ne mentionne pas. Le grand inquisi­teur aurait été tenté de voir en Jaquet-Droz un sorcier et disposé à le traiter comme tel, sort peu enviable en Espagne et ailleurs, comme chacun le sait Notre

L E BERGER

(Tue du mécanisme).

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compatriote se serait empressé de démonter les pièces mécaniques devant ce personnage inquiétant, lequel voulut bien alors revenir à une appréciation plus juste de la situation.

L'état du roi qui était tombé en grande mélan­colie s'aggrava, ce qui rendait languissantes les négo­ciations de Jaquet-Droz et empêchait son retour. Le 13 octobre, il écrivait : * Je ne suis pas encore payé de mes ouvrages et les commissions que Sa Majesté voulait me faire l'honneur de me remettre se trouvent ainsi arrêtées jusqu'au rétablissement du roi. D

Le l1*1* janvier 1759, Jaquet-Droz envoie à sa famille les vœux usuels et dit : « Je ne m'attendais pas de vous écrire la présente de Madrid, croyant que nous ferions cette fête en route; mais bientôt nous aurons placé nos ouvrages, et avant la récep­tion de la présente, nous serons, Dieu aidant, en route pour la patrie. Je m'impatiente beaucoup de vous revoir. »

L'artiste achève l'installation de ses pièces mécani­ques au Palais Royal de Madrid. Il est assailli de requêtes; tous les nobles de la ville demandent à voir et entendre ces chefs-d'œuvre. Un jour, ce sont les religieux d'un couvent qui se présentent au palais. On les reçoit Les moines sont saisis d'une telle admiration qu'ils se jettent à genoux et demeurent dans cette posture durant toute la représentation.

Enfin les affaires de Jaquet-Droz s'arrangent. II serre en lieu sûr le prix de ses ouvrages, 2000 pistoles d'or, une vraie fortune, et s'apprête à partir, empor­tant de réjouissantes commandes. Les affaires du roi vont moins bien, car il meurt.

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Que le voyage de retour paraît long au père, pressé de revoir ses enfants! Enfin, on arrive à la Chaux-de-Fonds. Jaquet-Droz, heureux, franchit le seuil de sa. maison, située près de l'emplacement actuel du Casino. On en a conservé le souvenir par le nom-de la rue Jaquet-Droz.

Pierre Jaquet-Droz jouit dès son retour d'une grande considération et les travaux qu'il devait exé­cuter encore allaient le rendre célèbre.

La renommée que l'artiste avait acquise dans cette expédition proli ta largement au pays; elle fit con­naître les produits de son industrie; elle fît naître une louable émulation entre les mécaniciens horlo­gers. Or c'est Milord Maréchal qui eut l'idée première •de ce voyage et qui fraya le chemin à Jaquet-Droz. Lord Keith a contribué ainsi à la prospérité publi­que ; il a droit à notre gratitude.

Tel père, tel fils

A son retour d'Espagne, Pierre Jaquet-Droz avait retrouvé son fils âgé de 7 ans; le jeune garçon semblait aussi être très heureusement doué; son père s'occupa de lui avec grande sollicitude. En 1767, Henri Louis part pour Nancy, où il étudie les mathématiques, la physique, le dessin, la musique. Ce plan d'études paraît être incomplet et manquer d'unité; il est com­biné de manière heureuse pour le futur mécanicien artiste. Très jeune encore, Henri Louis regagne la maison où son père vient d'appeler ù la vie le

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célèbre automate l'Ecrivain. Alors commence la belle période du travail en commun, si merveilleusement productive.

Pierre Jaquet-Droz et son fils surent s'entourer de collaborateurs de valeur: Leschot, Maillardet, Jean Pierre Droz. Ce dernier devint directeur* de la

Monnaie de Paris. Mail­lardet était un habile mécanicien que Jaquet-Droz fils associa plus tard à son entreprise de Londres; Maillardet essaya de reproduire l'Ecrivain, mais sans grande réussite; le mu­sée de la Chaux-de-Fonds possède de lui une pièce intéressante, le Magicien. Nous par­lerons plus loin de Jules Frédéric Leschot qui avait été élevé avec Henri Louis dont il de­

meura toujours l'ami fidèle. Quelle glorieuse période pour l'industrie ueuchàte-

loise naissante ! Que d'œuvres superbes sont sorties de cet atelier: l'Ecrivain, le Dessinateur, la Musi­cienne, et d'autres pièces encore dont le souvenir s'est perdu!

HENRI-LOUIS JAQUET-DROZ

(Gravure Glrardet, 1795).

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La Grotte

En passant, que l'on nous permette de sauver de l'oubli un travail fort ingénieux de Jaquet-Droz fils et appelé par lui la Grotte, une bizarre composi­tion dans laquelle la fantaisie de l'artiste a mis à rude épreuve le savoir du mécanicien.

La planche que nous en donnons est tirée d'une gravure à l'eau tbrte (1776) que possède le musée historique de Neuchâtel, et qui fut elle-même exécutée d'après un dessin fait en 1775 en Angleterre. Il est fort probable que la Grotte n'existe plus. Dans l'in­ventaire de H, L, Jaquet-Drpz, en 1786, elle ligure par 12000 L.

En voici la description. Nous lisons que les divers personnages avaient quatre à cinq pouces de haut

Au premier plan, un jardin orné de statues et d'ifs taillés dans le goût du temps, des parterres où se trouvent des orangers sur lesquels apparaissent des boutons qui s'ouvrent, puis la fleur est <i succédée » par le fruit. Une joueuse de tympanon accompagne deux dames qui dansent un menuet. Arrangement imprévu, au-dessus d'un pavillon, tout un petit monde s'agite, une paysannerie. Un bonhomme, monté sur un âne, sort de sa cabane, passe le pont du ruisseau et se rend au moulin pour y charger de la farine. Des chèvres et des moutons broutent et bêlent ; une vache rumine, son veau tète. Alors que le paysan s'approche du troupeau, le chien

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aboie. Un berger sort d'une caverne, s'arrête, porte sa flûte aux lèvres et joue; l'écho lui répond. Il se remet en route, aperçoit la bergère qui dort, un bras replié sous sa tête. Il s'en approche et joue un air tendre. La jeune fille s'éveille, prend sa guitare et fait concert avec lui. Mais le paysan revient, poussant .JÊÊtËÊÉÊËÈ^, devant lui son âne

LA G R O T T E .

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chargé d'un sac de farine. Le flûtiste s'enfuit dans la grotte et la bergère feint de dormir. Derrière les rochers qui forment le fond du tableau, un soleil se lève, parvient à son midi, puis se couche, suivant exactement la marche du vrai soleil aux diverses saisons.

Un constructeur moderne pourra sourire en lisant cette description et dire : A quoi bon tant de talent dépensé dans ces eurieux agencements mécaniques? Où donc est le côté utilitaire?

Certes, les temps ont changé et qui dit aujourd'hui « machine automatique » entend par là un mécanisme qui remplace avantageusement la main de l'homme par l'exactitude et la rapidité du travail, une machine qui produit en. grande quantité des objets hâtivement absorbés par l'industrie ou la consommation directe.

Au temps des Jaquet-Droz, la vie laissait quelque loisir aux recherches individuelles et permettait à l'artiste mécanicien de suivre parfois les caprices de sa fantaisie.

Par leurs constructions si ingénieuses, par leur exemple, les Jaquet-Droz ont ouvert le chemin à ceux qui marchent fiévreusement aujourd'hui.

L'Ecrivain'

Les trois enfants célèbres attendent leur tour d'être présentés.

1 Les automates ont porté dans leurs derniers voyages les habits sans style que nos vigneues reproduisent; MUt Jenny Godet a bien voulu se charger de reconstituer pour l'exposition, d'après une ancienne gravure, leurs costumes du XVlIIm« siècle.

oo

Par droit d'aînesse, voici tout d'abord l'Ecrivain. C'est un bébé de deux ans. L'enfant est sagement assis devant sa petite table, dont la base est ornée de jolis cuivres Louis XV. La plume en main, il attend. Le voilà qui se met au travail. Il jette les yeux sur le carré de papier placé devant lui. Sa main se sou­lève, s'en va à l'encrier et y plonge la plume. Quelques petites secousses montrent qu'il désire se débar­rasser de l'excès d'encre. Puis, posément, lentement, comme un enfant qui s'applique, le petit bonhomme trace la phrase qu'on lui a imposée. C'est l'écriture simple et ferme des Neuchâtelois d'autrefois. Voyez comme il soigne ses majuscules. Les pleins sont fermes, les déliés fins. Il observe les distances néces­saires entre les lettres et les mots. Regardons, il va tracer un joli / : la pkune presse le papier et com­mence d'en haut la lettre. A mi-chemin, la main se soulève légèrement et, d'un coup bref, lance la barre du /; puis la plume reprend le trait plein et amène la lettre à bonne lin.

Cela paraît fort simple. Ouvrons le dos de l'en­fant. Voici un cadran avec les lettres de l'alphabet et un index. Une porte intérieure, bientôt ouverte à son tour, met le mécanisme à nu devant nos yeux.

Un disque vertical a sur son pourtour autant de coches qu'il y a de lettres et de signes. Derrière lui se trouvent, en piles, des roues à cames dont cha­cune a une forme déterminée. Cet ensemble figure assez bien la colonne vertébrale de l'enfant, et c'est la partie principale du mécanisme.

Lorsque l'automate doit écrire une lettre, on fait

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glisser un taquet dans la coche correspondant à cette lettre. Le taquet soulève la colonne; par de multi­ples leviers, par des joints à la Cardan placés dans le coude, l'ordre de tra­cer la lettre est transmis h la main, qui obéit fidè­lement. Il n'y a pas moins de cinq centres de mou­vement reliés les uns aux autres par des chaînes, nous dit-on. Il faut voir la plume se déplacer latéralement, puis en mouvement tour­nant, puis en hau­teur pour modifier la largeur du trait. L'enfant écrit, mais c'est loin d'être simple.

On dit que Pierre Jaquet-Droz agissait à dis­tance sur le mé­canisme del'au-tomate et sans y toucher en aucune façon. De la voix, il arrêtait le travail d'écriture et lui dictait le nom d'une personne présente. On raconte qu'il se servait à cet effet d'un

L'ECRIVAIN.

petit bonhomme dans son

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aimant caché sous ses vêtements, puis aussi que son secret ne fut jamais découvert et s'est perdu avec lui. C'est la tradition. Elle résiste mal à l'examen*

L'ECHIVAIN

(mécanisme intérieur).

alors que l'on sait comment la phrase se compose dans la machine. Tout récemment, lors des répara­tions faites à l'Ecrivain en 1905, on découvrit que

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l'une des colonnettes du piédestal qui supporte la table est percée de part en part, dans le sens de la longueur, et que des vis avaient été fixées à l'ori­fice de ce canal. On crut trouver là l'explication cherchée. Des fils métalliques traversaient la colonne creuse et se reliaient au mécanisme; un ensemble de leviers dissimulé sous le plancher permettait à Jaquet-Droz de composer les mots à distance, par la pression du pied. Mais ces colonnettes sont de style empire; elles furent placées sous la petite table bien longtemps après la mort de Jaquet-Droz. Ainsi donc, l'hypothèse tombe.

L'Ecrivain passe à tort pour être l'œuvre de Pierre Jaquet-Droz seul. En eilet, nous voyons ce dernier, par acte de 1786, céder à son fils *lè dit Ecrivain pour 4800 L., disant que diverses modifica­tions ont été apportées au mécanisme par Henri Louis et lui appartiennent en propre.

Le Dessinateur

De même que l'Ecrivain, le Dessinateur a son mécanisme dans le corps. À large poitrine,; il fallait grosse tête. De là l'aspect un peu lourd de nos deux bébés.

Le voici, assis devant sa petite table, impatient de montrer son savoir-faire. Le papier est en place. La main, armée du crayon, esquisse quelques traits. A coups pressés elle marque les ombres. Un petit chien apparaît sur la feuille. Le bonhomme examine en

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connaisseur son travail. Il chasse du souffle la pous­sière, fait quelques dernières retouches et s'arrête un instant: Puis, rapidement, il écrit au-dessous: «Mon Toutou».

Les mouvements sont na­turels et le dessin très fin.

Sur notre désir il se re­met à l'œuvre et nous pré­sente Louis XV, Georges III d'Angleterre, Louis XVI et Marie-Antoinette, enfin l'A­mour conduit par un pa­pillon.

Et comme on se fait à tout dans ce monde, le Dessi­

nateur utilise le crayon Faber, de même que son irère aîné, l'Ecri­vain, ne dédaigne point la moderne plume d'or.

M»lti de Genlis, dans ses Veil­lées du Châ­teau, racon­te que Louis-Philippe en­fant se montra

fort étonné de ce que ce petit dessinateur, qui fai-sait de si jolis dessins, refusait de l'embrasser.

L E DKSSINATEUU.

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La Joueuse de clavecin

La Musicienne est une jeune personne, très correcte, âgée d'une douzaine d'années.

Elle fut autrefois assise devant un clavecin; elle joue maintenant d'un instrument qui paraît être un harmonium. Nous l'avons vue a« repos seulement :

L'AMOUR CONDUIT PAR UN PAPILLON,

elle gardait un silence sévère, son mécanisme étant en réparation. C'est donc par ouï-dire que nous contons ses prouesses. La fillette se penche en avant pour mieux voir son cahier de musique ; la respira­tion soulève régulièrement sa poitrine. Ses doigts courent sur le clavier; si on la soulève, ils continuent en l'air leur jeu agile. La jeune dame a cinq mélodies dans son répertoire. Elle n'oublie pas de clôturer ses productions musicales par une gracieuse révérence.

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Qui saura reconnaître les airs qu'elle joue et nous en dire les auteurs?

Regardez la Musicienne pimpante, telle qu'elle était au XVIIImü siècle, dans son ravissant costume Louis XV.

L'inventaire de H. L. Jaquet-Droz, en 1786, évalue la Joueuse de clavecin à 4800 L. et le Dessinateur à 7200 L.

L A MUSICIENNE.

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A la cour de Trance

En 1774, Henri Louis Jaquet-Droz avait terminé le Dessinateur et la Joueuse de clavecin; il s'apprêtait à les conduire à Paris en compagnie de l'Ecrivain.

LA JOU EU S E D E CLAVECIN AU: XWW S IÈCLE.

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A cette occasion, on ouvrit au public l'atelier de la Chaux-de-Fonds, et ce fut corame une grande revue avant l'entrée en campagne.

On s'y rendait de toutes parts comme en pèleri­nage. Un contemporain écrit que le jardin et la grand'route étaient journellement occupés par les carrosses et que les pluies faisaient retirer peu de monde. Cela commençait à 6 heures du matin et durait jusqu'à 8 heures du soir. Les Jaquet-Droz, aidés de deux ouvriers, se relayaient à faire jouer les automates. On voyait défiler là les seigneurs des pays voisins, des baülifs des cantons avec leur famille; l'ambassadeur de France lui-même y fut incognito.

Ce succès était d'heureux présage et le mécani­cien ncuchâtelois dut arriver sans appréhension à Paris, où les trois enfants animés éveillèrent la plus vive curiosité.

L'extrême jeunesse de l'artiste, — il avait 22 ans, — faisait sensation. Et puis il apportait dans ses bagages deux mains artificielles, habilement cons­truites et destinées au fils du fermier général de la Reynière. Ces mains firent la joie du pauvre mutilé, et c'est à cette occasion que le célèbre mécanicien Vaucanson dit à Jaquet-Droz : « Jeune homme, vous débutez par où je voudrais finir. »

Or, en cette année-là, 1774, avons-nous dit, Louis XV mourut, laissant le trône à son petit-fils Louis XVI.

Les collectionneurs

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Ce

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automates à Louis XV. C'est de la fantaisie. — Par contre, Marie-Antoinette les vit fonctionner, la chose paraît certaine. On a conservé dans la famille Les­chot un souvenir amusant à ce sujet : Jaquet-Droz annonce que le Dessinateur va faire le portrait de la reine. Leschot, qui assiste son ami, met en marche l'automate. Mais il se trouble, manœuvre de travers et Marie-Antoinette voit apparaître sur le papier

Louis XVI E T MARIE-ANTOINETTE.

« Mon Toutou ». Cette méprise fâcheuse jette un cer tain froid dans l'assis tance.

Hélas! l'ouragan s'est déchaîné, il a balayé la malheureuse reine et son trône; les régimes ont suc­cédé aux régimes, les générations ont passé; le Des­sinateur, fidèle à son premier modèle, avec la même application, crayonne encore sa Marie-Antoinette.

En 1905, la Bibliothèque uniuerselle a publié un travail fort curieux, intitulé: Louis XVII. Son ami:

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Frederic Leschot. D'après l'auteur, M. E.-Â. Naville, les automates auraient mis Leschot en rapport avec la famille royale de France. Après l'évasion si discu­tée du Temple, Leschot aurait accueilli le malheureux dauphin à Genève, et l'un de ses fils, Frédéric Les­chot, se serait trouvé intimement lié à la vie de Naundorff, le présumé Louis XVII.

En Angleterre

La complète réussite de Jaquet-Droz à Paris l'en­gage à passer en Angleterre où, à ce que l'on rap­porte, le roi Georges III lui fait grand accueil. C'est en 1775. Il fonde à Londres une manufacture de pièces mécaniques et de montres qui trouvent leur écoulement en Chine ; ce point est à retenir. Il associe à son entreprise Maillardet et charge des employés de sa maison de parcourir les Pays-Bas et la France avec les automates. Son ami Leschot était avec lui à Londres, nous le verrons tantôt.

Ah! les belles choses que fit Jaquet-Droz en Angleterre! Voyez cette boîte rectangulaire, d'or massif, richement émaillée et peinte. Une légère pression sur un imperceptible bouton, voilà le cou­vercle qui saute. Un petit oiseau se dresse, se trémousse, bat des ailes; son bec s'ouvre le plus naturellement du monde. Il siffle d'abord un air, ensuite il gazouille. En fermant les yeux, on se croirait près de la cage d'un canari. Puis, gentiment, l'oiseau se couche dans la boîte et le couvercle retombe.

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Cette merveille est signée: « Jaquet-Droz et Leschot, London». Les Jaquet-Droz avaient inventé et rais à la mode ces oiseaux chantants; on en fabrique aujourd'hui encore, mais il y a loin du modèle à la copie.

Puis c'est une superbe montre au cadran entouré

OISEAU CHANTANT

(signé Jaquet-Droz et Leschot, London).

d'une couronne de perles et de rubis d'Inde. Le bâti est orné de feuillage en or ciselé de diverses cou­leurs. Le fond de la boîte est en émail flinqué. Au centre, dans un cadre de perles, une minuscule et ravissante ciselure d'ivoire.

L'oiseau et cette montre font partie d'un ensemble de bijoux de grande valeur, déposés au musée du

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Technicum du Locle. Ils appartiennent à M. James Favre-Brandt à Yokohama. L'histoire de cette collec­tion vaut la peine d'être contée.

Nous venons de voir que Jaquet-Droz expédiait eu Chine les produits de sa fabrication. Or,.en 1860, après le pillage du Palais d'Eté de Pékin, on vendit au Japon, en particulier dans le port de Nagasaki, de riches objets... empruntés à la Chine.

Les Japonais des hautes classes furent de tout temps collectionneurs; ils ne négligèrent probable­ment pas cette occasion-là. En 1868, après la chute du régime féodal au Japon, les daïmios furent privés du droit de prélever les impôts dans leurs provinces; les chefs militaires qu'Us entretenaient virent aussi l'abondance quitter le logis. Dans ces circonstances difficiles, on vendit des objets précieux, et c'est ainsi que la collection citée plus haut put être formée par un Neuchâtelois. Or les étuis qui renferment ces bijoux sont garnis de soie chinoise, et non d'étoffe japonaise, ce qui porte à croire qu'ils venaient du pays voisin.

Ainsi donc l'oiseau de Jaquet-Droz que nous venons d'admirer, oiseau voyageur par excellence, se serait rendu d'Angleterre à Pékin, de là au Japon, pour venir ensuite chanter au pays.

La collection Favre-Brandt contient encore deux autres montres signées Jaquet-Droz. M. Martels en possède un très riphe exemplaire. Enfin, on trouve au musée de la Chaux-d.e-Fonds deux mouvements portant la signature célèbre ; dans l'un, l'échappement est à double roue.

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Henri Louis Jaquet-Droz ne paraît pas s'être fixé complètement en Angleterre; nous voyons qu'il est nommé lieutenant dans les milices neuchâteloises en 1779. Le gouvernement le relève de cette charge, en 1785, sur sa demande, et le rapport du lieutenant-colonel Gaudot affirme que l'officier à rempli fidèle­ment son emploi. Il faisait probablement de fréquents voyages de la Chaux-de-Fonds ou se trouvait l'atelier de son père, à Londres où il avait son personnel.

A Genève

En 1784, Henri Louis Jaquet-Droz ne peut plus sup­porter le climat de ses deux lieux habituels de rési­dence, Il s'établit à Genève. Ici aussi nous devons chercher querelle à la tradition. On raconte que, quittant l'Angleterre, et avant de se fixer aux bords du Léman, il se rendit en Espagne, fit naufrage, ce dont les automates eurent grand dommage.^ A peine les avait-il réparés que la Sainte Inquisition le jeta dans un cachot où il fut maltraité et retenu longtemps. Remis en liberté, il regagna son pays. Un spéculateur anglais, qui avait entraîné Jaquet-Droz dans cette aventure, réussit à remettre la main sur les automates. Il les vendit à un amateur qui les conserva trente-cinq ans dans son château de Mattignon, près Bayonne. Puis ils passèrent par plusieurs mains et on les revit à Paris en 1825. D'après une autre version, ils quit­tèrent l'Espagne daus les bagages de l'armée fran­çaise, en 1812.

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Or, Jaquet-Droz fils se rendit directement d'Angle­terre à Genève, en 1784. A son arrivée et avant de les envoyer en Espagne, d'où ils passeront au Mexique, il fit jouer les automates en faveur d'œuvres de cha­

rité. Les deux tiers de la re­cette qui se montait àl8û louis d'or furent donnés aux pauvres de l'hôpital de Genève et le der­nier tiers à ceux de la Chaux-de-Fonds. Il n'est pas allé lui-même en Espagne. Ainsi tombe

le récit qui se rap­porte à sa personne. H. L. Jaquet-Droz ne quitte plus guère le pays que pour de ra­pides voyages en An­gleterre où il a con­servé des intérêts, car il existe un inventaire de la société a Jaquet-Droz & Maillardet » à Londres, en 1787.

Il installe à Genève une maison de fabri­cation. Son nom a une

réputation européenne et on lui fait grand accueil. Il implantera au pays les procédés anglais de tra­vail. Il ouvrira aux produits industriels le chemin dé la Chine et celui des Indes.

Il a pour associé son ami d'enfance Jules Frédéric

MONTRE SIGNÉE JAQUET-DROZ,

LONDON.

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Leschot dont le nom est encore connu et respecté à Genève aujourd'hui. Nous lisons qu'ils ne furent rivaux que dans les marques d'estime, d!amitié et de préve­nance qu'ils ne cessèrent jamais de se donner.

L'activité de Jaquet-Droz à Genève est très grande. Son.dévouement à la chose publique n'est pas moins louable. Nous en voyons les traces dans les procès-verbaux de la Société des Arts, dont il est un des membres les plus en vue, s'occupant avec un zèle entraînant et une grande compétence de questions d'art et d'industrie.

En 1785, la ville lui décerne la bourgeoisie d'hon­neur.

Une famille qui disparaît

Nous avons vu Pierre Jaquet-Droz céder l'Ecrivain à son fils en 1786.

Après cette année-là, le vieil artiste construit encore une grande pendule astronomique. Mais il est fatigué, ses forces déclinent et il ne peut plus sup­porter l'hiver à la montagne. Il s'installe à Bienne, pour peu de temps seulement, car la mort vient l'enlever, le 28 novembre 1790, à l'âge de 69 ans.

Henri Louis avait épousé en 1787 Louise Susanne Benelle, la fille d'un pasteur genevois. Le bonheur du ménage ne futjpas de longue durée, car la santé de l'artiste, précaire depuis longtemps, inquiétait son entourage. Un surmenage extrême a sans doute favorisé le développement de la maladie de poitrine

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qui le minait. Bientôt le climat de Genève lui est devenu trop rude, il faut partir à la recherche d'un ciel plus doux, en Provence, puis à̂ Naples. C'est là qu'il repose. Il est mort le 15 novembre 1791, âgé de 39 ans.

Ainsi ont disparu, presque au même moment, ces deux Ncuchâtelois qui ont laissé le souvenir de grands artistes et de braves gens.

Et comme Henri Louis Jaquet-Droz n'a pas eu de fils, la lamille s'est éteinte.

De îjyi à jcfo6

Que devinrent, après la disparition de leurs créa­teurs, les trois automates? Il y a là un blanc bien difficile à remplir.

La tradition veut qu'ils soient restés longtemps en Espagne. On dit qu'ils furent exhibés à Paris en 1825. Nous les retrouvons sûrement en 1830. M. le profes­seur F. Landry, à Neuchâtel, conserve précieusement des dessins et une feuille d'écriture qu'il tient de ses parents, lesquels virent les automates à la Fleur-de-Lys, au Locle, en 1830. Le musée historique de Neuchâtel a de pareils objets qui portent la date de 1834. Puis c'est le silence, soixante ans durant; il est entendu que les automates ont disparu; d'aucuns admettent que l'Ecrivain se trouve à la cour de Russie.

En 1894, le Musée Neuchàteloîs indique leur pré­sence à Dresde où ils sont depuis fort longtemps

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dans la famille d'un mécanicien allemand nommé Martin. Voici ce qu'on nous a conté là-bas.

Le grand-père Martin les acheta à Paris dans la première moitié du XIXmc siècle. Il les exposa publi­quement en divers pays avec d'autres curiosités mécaniques.

Bientôt il associe à son entreprise son fils Henri, un habile mécanicien, puis un horloger bernois, H, L. Bourquin. Certaines pièces de l'Ecrivain portent

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ECRITURE DE I8fl6.

la marque H. L. 13., parce qu'elles ont été réparées par Bourquin. Ce dernier meurt au cours d'une de ces expéditions; ses compagnons l'enterrent à Brunn, en Autriche. Puis c'est le grand-père Martin qui s'en va; enfin, Henri Martin.

Sa veuve, qui vit seule avec un fils, renonce aux voyages ; elle installe les automates dans une chambre de sa maison à Dresde. Ils ont ainsi de bonnes années de tranquillité!

Dès le moment où Muw Agnès Martin entra en relations avec quelques personnes du canton de Neu-

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châtel, en 1894, elle conçut le projet de faire rentrer dans notre pays les a androïdes », comme on les appelle en Allemagne. Le prix qu'elle en demandait fit reculer les plus braves.

Cependant les pourparlers se continuèrent par intermittence.

Les dernières offres de la propriétaire étaient abor­dables. A ce moment, des membres de la Société

MON TOUTOU.

d'histoire que des liens de parenté relient encore aux Jaquet-Droz, intervinrent. Par leur > généreux appui, ils mirent le comité à même de tenter l'aven­ture. Fâcheux contretemps, Mwe Martin, lasse d'atten­dre, venait de prendre une grave détermination et de vendre les automates à M. Cari Marfels, collec­tionneur connu de Berlin.

Dès lors, des négociations furent ouvertes avec le nouveau possesseur; mais elles nont point encore

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abouti. M. Martels a très gracieusement consenti à l'organisation d'une exposition des automates Jaquet-Droz. Il a bien voulu la rendre plus attrayante encore en y joignant sa célèbre collection de montres ancien­nes. Lé public neuchâtelois est donc à même de voir et de juger.

Jadis et aujourd'hui

Une question s'impose, tenace, à notre esprit: Par quelles transformations ont passé ces auto­

mates? Les Jaquet-Droz pourraient-ils encore les reconnaître pour leur œuvre?

Certes, on ne court pas les pays les plus variés, on ne traverse pas les mers, on ne se donne pas en spectacle pendant plus d'un siècle, sans laisser de la laine aux épines du chemin, sans se friper un peu et s'user aussi.

Puis ils ont changé souvent de maître et furent peut-être aux mains d'hommes brutaux et ignorants ou encore de présomptueux qui prétendirent les per­fectionner.

Chez les Martin, on les entourait de grands soins; on ne leur faisait subir que les réparations urgentes. On préférait un méchant rhabillage à l'introduction d'une pièce nouvelle. Il nous a paru que le départ des automates a fait dans cette maison un vide, comme celui que laisse la mort d'un ami bien cher.

La méthode de M. C. Marfels, le propriétaire actuel, est différente. Après mûr examen de la situa-

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pallili

LOUIS XV Uiesbia de 1830).

LOUts XV (Detain de 18U6).

LOUIS XV (Dessin de 1906).

tion, M. Marfels a chargé un des plus habiles hor­logers de Berlin de rem­placer les pièces des mé­canismes qui lui paraî­traient ne pouvoir être conservées. M. Frölich, qui a accepté cette tâche, vient de terminer son tra­vail, auquel il s'est con­sacré complètement du­rant de longs mois. Nous pensons qu'il a agi tou­jours avec prudence et discernement.

Mais on reconnaît l'ar­bre à son fruit. Confron­tons donc ce que font les automates aujourd'hui avec ce qu'ils firent jadis.

Si nous ne pouvons remonter jusqu'à la mort des Jaquet - Droz, nous avons des pièces de com­paraison des années 1830 et 1834... et ce n'est déjà pas mal. Il y a celles qui datent de la période Martin (1896); puis nous en avons de 1906, après les réparations Marfels.

Comparons de très près

-T- 43 -

ces dessins et écrits d'époques si différentes et que le hasard a réunis. Ils sont tous pareils, l l y a identité absolue.

Les automates ont subi, au cours des âges, d'iné­vitables modifications, mais ils sont encore eux-mêmes. La preuve nous semble être parfaite.

Le retour

Nous avons eu le privilège d'évoquer la figure des Jaquet-Droz. A travers les années, nous avons suivi leurs chefs-d'œuvre, ces étranges figures animées qui ont étonné le monde. Elles ont visité la France et

<Jej ^Jtiorcwej vitrifient revcir

leur paus. ÉCRITURE DE 1906.

l'Espagne. Elles ont zigzagué en Suisse, en Allemagne, en Russie, peut-être. Un lourd chariot les conduisait à travers l'Autriche. Elles ont navigué sur les canaux de la Hollande. Elles furent au Nouveau-Monde.

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Elles émerveillèrent les gens du peuple. Les maisons princières leur étaient familières. Le Dessinateur fai­sait le portrait des souverains. Les grands seigneurs complimentaient la Joueuse de clavecin. Les meil­leurs mécaniciens se mirent martel en tête pour deviner le fonctionnement de l'Ecrivain.

Si le Dessinateur pouvait reproduire les scènes qu'il a vues, si la Musicienne pouvait faire redire à son clavecin les ariettes, et puis les cris de guerre, et encore les chants patriotiques qu'elle a entendus, si l'Ecrivain pouvait nous donner ses mémoires, quel cours d'histoire cela ferait î.

Ils nous reviennent, les trois enfants, unis encore dans leur touchante amitié, vieillots d'aspect et jeunes toujours, car une belle œuvre ne vieillit pas.

Petits automates Jaquet-Droz, témoins vivants d'un passé respectable et aimé, allez-vous demeurer chez nous ou reprendre le chemin de l'exil?

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AUTOMATES JAQUET-DROZ <*»

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AUTOMATES JAQUET-DROZ

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LES MONTRES ANCIENNES

DE LA COLLECTION MARFELS

L'année dernière, la ville de Nuremberg inau­gurait une statue élevée à Peter Henlein qui inventa la montre vers l'an 1500, à ce que l'on croit. Les Nurembergeois avaient organisé à cette occasion une exposition de montres et pendules anciennes. La riche collection de montres des XVI^ XVII*"6 et XVIIIm« siècles qui appartient à M. C. Marfels y occupait la première place.

M. Marfels a bien voulu confier ses trésors pour quelques semaines à la Société neuchûteloise d'his­toire. L'artiste et l'horloger sauront mettre à profit l'occasion qui leur est offerte de voir et d'étudier ces chefs-d'œuvre des temps passés.

La collection Marfels compte quatre-vingts numé­ros. Chaque montre est un objet de grande valeur, caractéristique d'une époque ou d'un procédé artisti­que. Certaines montres portent un millésime ; l'âge approximatif dçs autres a pu être déterminé. La classification, faite par siècles, permet au public de s'orienter sans peine.

48

XVIme S I È C L E

N° i . Mou tre de table, des premiers temps de l'horlogerie. Mouvement de fer ; réglage obtenu par une soie de porc fixée au balancier. Intéressante boîte de bronze.

N8 2. Boite de bronze, travaillée à jour, avec inscription de devises.

N° 3. MonU-e en cristal de roche ; montée en or avec rubis et émeraudes. Miniatures.

N° 4. Petite montre d'or, en forme d'œuf ; très riche décora­tion en émail avec relief; su­jet: saint Georges et le dra­gon ; signée N. Valuer.

N° 2.

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N° 5. Montre d'or, en forme de prisme. Email, gravure, ciselure; sujet: la tête de Charles-Quint avec les armes de l'empire d'Allemagne et la date 1564; signée J. Valuer, Lyon.

N° 6. Montre octogonale, en cris­tal de roche, belle gravure du cadran ; signée J. Trami eri, à Turin.

Ntt 7. Montre médaillon, argent, cadran d'or. Chef-d'œuvre de gra­vure; sujets bibliques; ornementa­tion d'après Théodore de Bry; signée James VautvoUier.

N° 8. La boite de la montre en cristal de ro­che; belle gravure du cadran; signée Johann Georg. Reinbold.

N° 9. Montre de po­che représentant un livre de prière à, gravée, cise­lée, repercée.

Ntt 10. Montre d'or émaillé, tour de boite et cadran en argent grave.

N* 11. Montre dont la boite est une croix en cristal de roche. Scènes bibliques gravées sur le cadran ; signée Anthoine Arlaud.

N° 12. Montre dorée, forme d'œuf, boite gra­vée et travaillée à jour ; signée N. Forfaict, Paris.

No 13. Forme octogonale; sujet de chasse; signée Le Blond. N<> 14. Montre de selle, boîte ciselée et travaillée à jour;

signée A. Driaen, Rotterdam. N° 15. Montre en forme d'œuf, boîte de topaze, montée en

or émaillé.

N° 14.

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XVIIme S I È C L E

N° 16. Montre d'or émaillé, Louis XIII, scène biblique, 1650. N« 17. Montre d'or émaillé ; sujet: le jugement de Paris, 1650.

N° 18. Montre d'argent, en forme de croix, travail à jour; sujets de chasse; signée Carl Bauer, Amsterdam, 1650.

N° 19. Montre en forme d'œuf, réveil, boite d'argent gravée et en partie dorée ;

I l iËi signée Jacob Ducinien, Amsterdam, 1650. N° 20. Petite montre

médaillon en or, belle gra­vure, travail à jour avec fond émail ; signée Daniel à Paris, 1650,

N° 21. Montre en cris­tal de roche, en forme de coquille, beau cadran gravé; 1650.

N° 22. Montre en forme d'œuf, argent doré. Elle donne les jours de la se­maine, les dates, l'âge d*-la lune, les signes du zo­diaque, les phases de la lune, 1650.

N° 23. Petite montre médaillon, boîte d'agate veinée montée en or avec émail en relief; signée Charles Bobinet, 1650.

N° 24. La plus petite montre d'autrefois, diamètre 9mui, or émaillé, 1650.

N° 25. Montre d'or émaillé, sujet : Antoine et Cléopâtre ; signée G. Gounod à Paris, 1650.

N° 18.

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N* 26. Montre d'or émaillé. sujets mythologiques; signée Auguste Breteneau à Paris, 1650,

N° 27. Montre d'or, Louis XIII, riche travail d'émail, sujet : Rebecca auprès du puits; 1650.

N° 28. Petite montre Louis Xm, or émaillé, sujet: Judith; signée Mattheus Halaicher, Au­gusta, 1650.

N° 29. Montre médaillon en or, Louis Xm; signée J. Scheult à Paris, 1650.

N» 80. Montre d'argent, tra­vail à jour, fleurs en repoussé ; signée Geyger, Lindau, 1650.

N° 31. Montre d'or émaillé, Louis XTV, 1680.

N« 32. Montre d'or émaillé, Louis XIV, portrait: der Grosse Kurfürst, peint par, « Huaut le puis né », 1700.

N» 38. Montre à boîte de na­cre avec incrustations d'or émaillé, figures mobiles en or émaillé, 1700.

N° 34. Montre d'or émaillé, peinture de Von Huaut frères, 1700.

XVIIIme S I È C L E

N» 35. Montre d'or à répéti­tion, travail en repoussé et à jour, mouvement repercé ; signée Fish London, 1715. - N° 36. Montre d'or, décoration Neuber, pierres serties, avec châtelaine, 1750.

N* 37. Boîte d'agate grise, montée en or eiselé ; signée R. Williamson, Londres, 1750.

N° a l .

52 —

Jî° 24.

NÄ 38. Montre d'or émaillé, Louis XV; signée Thomson, London, 1750.

N« 89. Montre à répétition, travail à jour; boîte d'agate, montée en or avec brillants et pierres précieuses; signée 0. Goodman, London.

N* 4Q. Montre d'or, répétition, cadran avec heures chinoises; la double boîte est d'agate, mon­tée en or avec pierres précieuses et perles ; signée In Champion» London.

N° 41 . Montre d'or, très riche décoration ro­coco ; brillants, rubis, émeraudes formant un bou­

quet, pendant et anneau ornés aussi de pierres précieuses; signée Duterire à Paris,

N° 42. Répétition, or émaillé, la double boite sertie de dia­mants; signée J. Perigal, London.

N° 43. Répétition ; double boîte peinte au vernis Martin ; quatre portraits de famille de Pêmpereur d'Allemagne, Jo­seph II; aignée G.rH. Haehnel, London.

N° 44. Montre d*or avec 400 pierres serties, travail de Neuber à Dresde; signée Leroy à Pa­ris.

»o 45. Répéti­tion, or travaillé à jour; la double boîte richement ornée de diamants; la châ­telaine avec dia­mants, rubis, éme­raudes; signée Pe­rigal, London.

K« 46. Montre à boite de jaspe

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montée en or, gravure et brillants ; signée Geo. Dutens, London.

N° 47. Montre d'or émaillé, avec fleurs; signée Julien Le Roy, à Paris.

Nu 48. Montre d'or émaillé; signée Perigal et Duterau, London.

N* 49. Montre d'or, émail translucide; signée Jacob Melly, Paris.

N° 50. Montre japonaise, heures mobiles, cloisonné; travail .exécuté en Europe.

N« 64.

Nft 51. Montre à boite d'or, travaillée à jour; fond d'agate; signée Schmid, London.

N* 52. Montre dont tous les organes sont faits d'ivoire; le cadran est de nacre, .

N° 53. Montre d'or, travaillée à jour; au centre un por­trait sur champ d'émail translucide entouré de perles, 1780.

N« 54. Montre d'or émaillé, en forme de flacon, 1780. N° 55. Montre d'or émaillé, avec pierres précieuses ; signée

Imer à Paris, 1780. N« 56. Bague d'or avec montre, décor Louis XVI, dia­

mants, 1780.

54 -

N° 57. Petite montre en forme de pyramide, or émaillé, style Louis XVI, 1790.

N°58. Montre d'or, travail à joui-, émail translucide et perles, 1790.

M» 59. Grande montre à mu­sique et automates, boite d'or, gra­vée, ciselée et travaillée à joui*, avec perles, 1790.

N° 60. Montre d'or avec perles, peinture sur émail, 1790.

N« 61. Répétition, or émaillé, avec perles, 1790.

Na 62. Montre à répétition avec musique; peinture sur or émaillé, avec perles, 1790.

N° 63. Montre d'or émaillé, perles, rubis, émail irisé; signée Jaquet-Droz, 1790.

N* 64. Tabatière avec montre, musique et automates, or et émail translucide, ciselure, perles, 1790.

Na 66. Grande montre à répé­tition, or, émail translucide; signée Ilbery, London, 1790.

N° 66. Bonbonnière en or émaillé. Lorsqu'on l'ouvre, on aper­çoit la montre. Un colibri siffle une mélodie et se meut en ouvrant le bec et battant des ailes, 1790.

N° 67. Bonbonnière avec mon­tre et musique; le tout en forme d'un papillon, or émaillé, 1790.

N° 68. Montre faite entière­ment de bois. 1800.

N8 69. Montre dont tous les orga­nes sont de nacre, la boite est mon-

K« 77. tée en or; signée Jos. Wurtl., 1800.

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N* 70. Montre d'or émaillé, avec automates. 1800. N° 71. Montre d'or en forme de coquille, avec perles. 1800. N° 72. Montre d'or, en forme de poire, peinture sur émail,

1800. Nu 73. Montre avec cadran divisé en 12 et 34 heures; or

de quatre couleurs ; signée Delisle et Moricaud. 1800. N° 74. Montre empire, or émaillé; signée llbery, London,

1800. Nc 75. Montre d'or, émail translucide, perles ; signée llbery,

London, 1800. N° 76. Nécessaire avec montre et contenant flacon, étui à

aiguilles, crayon, cure-dents et anneau à clefs; le tout en or émaillé et orné de perles. 1800.

N° 77. Montre d'or, en forme de tulipe, émail et perles, 1800.

Nu 78. Petite montre en forme de mandoline, or émaillé avec pierres précieuses. 1800.

Na 79. Montre en forme de mandoline, or et perles, fili­grane. 1800.

N° 80. Montre d'or, en forme de lyre, ornée de rubis et diamants; musique, automates. 1800.

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