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Céline Guillemin CPD Arts Plastiques DSDEN 52 Les éléments plastiques de l’image 1. Le format Le format d’une image dépend du support utilisé. Ce dernier peut être naturel (les parois d’une grotte) ou manufacturé (papier photo, feuille…). Pour des raisons culturelles, pratiques ou technologiques, ce support est majoritairement rectangle. Neutre, le rectangle s’efface au profit de l’image qu’il porte. Un format paysage ou italien (rectangle horizontal) favorisera les horizontales, les paysages, des compositions nécessitant de nombreux détails. Edouard Manet - Les coquelicots - 1973 Un format portrait ou français (rectangle vertical) favorisera les verticales, l’image humaine, principalement le visage et donc des éléments psychologiques. Amedeo Modigliani - Portrait de Jeanne Hébuterne - 1919

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Les éléments plastiques de l’image

1. Le format

Le format d’une image dépend du support utilisé. Ce dernier peut être naturel (les parois d’une grotte) ou manufacturé (papier photo, feuille…). Pour des raisons culturelles, pratiques ou technologiques, ce support est majoritairement rectangle. Neutre, le rectangle s’efface au profit de l’image qu’il porte.

Un format paysage ou italien (rectangle horizontal) favorisera les horizontales, les paysages, des compositions nécessitant de nombreux détails.

Edouard Manet - Les coquelicots - 1973

Un format portrait ou français (rectangle vertical) favorisera les verticales, l’image humaine, principalement le visage et donc des éléments psychologiques.

Amedeo Modigliani - Portrait de Jeanne Hébuterne - 1919

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2. Le cadre ou le plan Le cadre définit les limites de l’image. Il permet de sélectionner ou d’encadrer un élément précis. Cadrer, c’est isoler, choisir, éliminer, former une image.

Les échelles de plan Si le sujet occupe toute la place dans le cadre, il s’agit d’un gros plan ou d’un plan serré. Si le sujet est petit dans le cadre, c’est un cadrage (ou plan) d’ensemble.

Plan large ou plan d’ensemble

Plan moyen

ou portrait en pied

Plan américain (aux cuisses)

Cadrage serré

Le plan large favorise la description, l’information objective ; il est utilisé en géographie par exemple.

Le plan moyen correspond à notre vision naturelle ; il favorise la mise en valeur des actions ; il est utilisé par exemple en photo de presse.

Le plan serré offre une proximité avec le sujet, il implique le spectateur dans la scène ; c’est le plan de la publicité.

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Le champ et le hors-champ Le champ, c’est la partie d’espace visible, montré. Le hors-champ, c’est tout ce que nous ne voyons pas et qui peut potentiellement exister : se joue le rapport entre l’espace réel et l’espace représenté.

Edouard Boubat - Enfant devant la vitrine - Paris - 1948

Selon le désir de l’auteur, le hors-champ est invité ou non à participer à la dynamique de l’image vue. Le hors-champ est reconstruit par des images mentales en fonction :

- des indices visuels de l’image, - de notre imaginaire, - des références culturelles, - de notre expérience personnelle, - de la connaissance des codes de l’image.

Le hors champ peut produire des effets : - il suscite la curiosité, l’attente, la surprise, - il introduit aussi une dimension temporelle (avant, après), - dans les codes de l’image, le hors champ est le plus souvent perçu latéralement (droite, gauche)

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3. Le point de vue

C’est la position par rapport au sujet. Cette position est porteuse de sens, c’est le point de vue.

Frontal (en face)

Point de vue neutre, sans déformation du sujet.

Plongée (du dessus) Prend de la distance,

mais peut écraser le sujet.

Contre-plongée (du dessous)

Accentue la perspective, donne de l’importance au sujet.

Lorsque l’opérateur prend la place d’un personnage de la scène, on parle de point de vue subjectif.

Ce qu’on voit au niveau du sol.

Ce que voit le passager à l’arrière de la moto.

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4. La profondeur L’image en deux dimensions donne l’illusion de la profondeur, donc de l’existence de la troisième dimension.

Eric Prinvault - Rue de la Mare - 1989

Ce qui se trouve en bas de l’image (le robinet et le parpaing ici) est au plus près du photographe et, inversement, ce qui figure en haut (l’extrémité du trottoir) en est le plus éloigné. C’est ce qu’on nomme l’étagement vertical des plans.

Martine Franck - Bibliothèque pour enfants - Clamart - 1965

La grosseur des têtes des enfants diminue : plus on s’éloigne du premier plan, plus les motifs sont perçus de petite taille. C’est ce qu’on nomme la perspective.

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Henri Matisse – Nature morte aux oignons roses – 1906

Un motif qui en cache un autre est donne l’impression d’être situé devant lui : c’est la superposition.

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5. Les lignes de composition de l’image Par habitude culturelle, notre œil occidental a tendance à balayer un document de gauche à droite et de haut en bas, comme il le fait pour la lecture de textes.

En maillant son œuvre de lignes directrices de composition sur lesquelles l’œuvre va glisser, l’auteur de l’image sait passer outre ces habitudes en étant plus dirigiste avec l’œil.

Pablo Picasso - Guernica - 1937

Dans ce tableau, l'espace est incertain, les corps sont distendus, cassés par l'éclatement des plans, emboîtés autant que disloqués. Mais ce chaos apparent est contrebalancé par la gradation des gris et les forts contrastes noir/blanc qui apportent à la composition sa cohérence. L'œuvre est tendue entre destruction et construction. De nombreux auteurs ont noté qu'il était possible de diviser la composition du tableau en trois, ce qui offre une analogie avec la tradition du triptyque.

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La règle des tiers : C’est l’héritage du nombre d’or, issu de la tradition grecque. Il

part de l’idée que la nature, considérée comme beauté et harmonie, est régie par des

proportions dont la clé logique est le nombre 1, 618 034. Il est resté de cette

tradition une habitude à sectionner par tiers les côtés d’une image.

Eugène Delacroix – La liberté guidant le peuple - 1830

La ligne horizontale supérieure amène le regard du spectateur sur les personnages

entourant la femme et isole l’allégorie de la Liberté comme seule représentation

humaine dans la partie haute du tableau.

La ligne horizontale inférieure délimite l’ensemble le plus sombre du tableau, où

figure la barricade et les cadavres.

Les lignes verticales encadrent la figure de la femme, la présentant seule au centre

du tableau.

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6. La lumière Elle se caractérise par son intensité et par sa direction : de face, de côté, de dessus, de dessous, en contre-jour. Sa qualité est variable : dure, ponctuelle, douce, étendue.

Lumière dure, latérale

Les ombres sont marquées.

Lumière douce, latérale

La transition entre la lumière et la zone d’ombre est progressive.

Contre-jour

La source de lumière est face au photographe et éclaire le sujet par derrière.

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7. La couleur Directement liées à la lumière, les couleurs jouent de leurs nuances et de leurs oppositions pour avoir dans les images des rôles multiples. Il est de tradition, en peinture, de composer les premiers plans avec des couleurs chaudes (rouge, jaune, orangé…), celles-ci rapprochant les motifs qui les portent. L’arrière-plan étant est alors teinté de couleurs froides (bleu, vert…). Une couleur ne vit vraiment qu’en opposition avec d’autres.

Piet Mondrian – Composition II en rouge, bleu et jaune – 1930

Les impressionnistes jouent des oppositions de couleurs pour donner l’illusion de la profondeur.

Vincent Van Gogh – La méridienne – 1890

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Bibliographie

Lire et comprendre les images à l’école Battut Eric, Bensimhom Daniel Retz (2001)

Voir, comprendre et analyser les images Gervereau Laurent Collection Grands repères guides (2004)

Le monde des images Comprendre les images pour ne pas se faire manipuler Cabu, Gervereau Laurent Robert Laffont (2004)

Comment parler d’art aux enfants ? Barbe-Gall Françoise Le baron perché (2007)