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Décembre 2018, Volume 2 Les nouvelles technologies à lécole : un vrai progrès? Journal des étudiants de français langue seconde LAURA AI HOMSI et INDI MUSALLARI PHOTO : Google Images Depuis plus dune décennie, les nouvelles technolo- gies sont utilisées dans les écoles dès le primaire. Les pédagogues pensent que leur utilisation en classe pré- sente de nombreux avantages. Pour comprendre lim- portance de la technologie dans lenseignement, nous nous demandons dans quelle mesure lordinateur ou la tablette peuvent stimuler les élèves à apprendre et les impliquent dans les activités dapprentissage et dacquisition. Pour répondre à ces questions, nous nous basons sur des études spécialisées en éducation qui vérifient les avantages de ces outils pédagogiques à lécole. Selon ces études, utiliser lordinateur ou la tablette en classe valoriserait les méthodes dapprentissage chez les apprenants. En fait, ces outils aident les élèves à améliorer leur capacité dapprendre et à développer leurs compétences dans le processus de lapprentis- sage. Grâce à ces outils pédagogiques, il semble que les élèves gèrent plus efficacement leur temps de tra- vail, se sentent plus motivés dapprendre et aient une meilleure estime de soi. Cependant, faut-il croire que lutilisation de cette technologie améliore et facilite lapprentissage à elle seule? Nous croyons que ce nest pas toujours le cas. Les capacités cognitives jouent un rôle important dans lacquisition de linformation. On peut penser que la technologie utilisée en classe ne garantit pas un ensei- gnement complet ni un apprentissage adéquat, car une utilisation inappropriée de ces outils technologiques peut rendre lapprentissage plus difficile. En utilisant une tablette ou un ordinateur, lélève nest pas tou- jours amené à réfléchir ni à résoudre des problèmes. Par exemple, lorsque lélève écrit un texte et quil de- mande au logiciel de correction de vérifier ses fautes, certes, le correcteur aide lélève, mais il lempêche dappliquer lui-même les règles de grammaire, de voir ses erreurs et de les comprendre. Donc, lapprentissage par le biais des nouvelles tech- nologies ne semble pas aussi efficace quon le pense. On peut ajouter que les explications de lenseignant améliore le niveau de lélève à lécole, car il donne directement des tâches à réaliser aux élèves et il de- meure en interaction avec eux, contrairement à l ordi- nateur ou à la tablette. À notre avis, linteraction enseignant-élève est la ma- nière la plus efficace dapprendre et mène à la réussite, car les élèves peuvent directement poser des questions à lenseignant. Lenseignant est donc essentiel dans le mécanisme dapprentissage, tant par les connaissances que les expériences quil partage. Finalement, il faut encourager lengagement actif, la motivation, l autono- mie et la responsabilité des élèves pour que l apprentis- sage scolaire soit efficace.

Les nouvelles technologies à l école : un vrai progrès?...feuilles mortes ou les mauvaises herbes. Ce sont là des résidus tous présents dans notre cuisine et dans notre jardin

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Page 1: Les nouvelles technologies à l école : un vrai progrès?...feuilles mortes ou les mauvaises herbes. Ce sont là des résidus tous présents dans notre cuisine et dans notre jardin

Décembre 2018, Volume 2

Les nouvelles technologies à l’école : un vrai progrès?

Journal des étudiants de français langue seconde

LAURA AI HOMSI et INDI MUSALLARI

PHOTO : Google Images

Depuis plus d’une décennie, les nouvelles technolo-

gies sont utilisées dans les écoles dès le primaire. Les

pédagogues pensent que leur utilisation en classe pré-

sente de nombreux avantages. Pour comprendre l’im-

portance de la technologie dans l’enseignement, nous

nous demandons dans quelle mesure l’ordinateur ou

la tablette peuvent stimuler les élèves à apprendre et

les impliquent dans les activités d’apprentissage et

d’acquisition. Pour répondre à ces questions, nous

nous basons sur des études spécialisées en éducation

qui vérifient les avantages de ces outils pédagogiques

à l’école.

Selon ces études, utiliser l’ordinateur ou la tablette en

classe valoriserait les méthodes d’apprentissage chez

les apprenants. En fait, ces outils aident les élèves à

améliorer leur capacité d’apprendre et à développer

leurs compétences dans le processus de l’apprentis-

sage. Grâce à ces outils pédagogiques, il semble que

les élèves gèrent plus efficacement leur temps de tra-

vail, se sentent plus motivés d’apprendre et aient une

meilleure estime de soi.

Cependant, faut-il croire que l’utilisation de cette

technologie améliore et facilite l’apprentissage à elle

seule? Nous croyons que ce n’est pas toujours le cas.

Les capacités cognitives jouent un rôle important dans

l’acquisition de l’information. On peut penser que la

technologie utilisée en classe ne garantit pas un ensei-

gnement complet ni un apprentissage adéquat, car une

utilisation inappropriée de ces outils technologiques

peut rendre l’apprentissage plus difficile. En utilisant

une tablette ou un ordinateur, l’élève n’est pas tou-

jours amené à réfléchir ni à résoudre des problèmes.

Par exemple, lorsque l’élève écrit un texte et qu’il de-

mande au logiciel de correction de vérifier ses fautes,

certes, le correcteur aide l’élève, mais il l’empêche

d’appliquer lui-même les règles de grammaire, de voir

ses erreurs et de les comprendre.

Donc, l’apprentissage par le biais des nouvelles tech-

nologies ne semble pas aussi efficace qu’on le pense.

On peut ajouter que les explications de l’enseignant

améliore le niveau de l’élève à l’école, car il donne

directement des tâches à réaliser aux élèves et il de-

meure en interaction avec eux, contrairement à l’ordi-

nateur ou à la tablette.

À notre avis, l’interaction enseignant-élève est la ma-

nière la plus efficace d’apprendre et mène à la réussite,

car les élèves peuvent directement poser des questions

à l’enseignant. L’enseignant est donc essentiel dans le

mécanisme d’apprentissage, tant par les connaissances

que les expériences qu’il partage. Finalement, il faut

encourager l’engagement actif, la motivation, l’autono-

mie et la responsabilité des élèves pour que l’apprentis-

sage scolaire soit efficace.

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Noémie St-Laurent Savaria est étudiante en théâtre à

l’UQAM. Elle travaille également comme animatrice

à l’UQAM-MIDI, le programme de francisation pour

les immigrants. Depuis 5 ans, elle rencontre beaucoup

de non-francophones qui cherchent à rencontrer

d’autres personnes, à pratiquer le français et à décou-

vrir la ville. C’est en raison de ce besoin que le projet

IMMI Montréal est né. Nous avons rencontré Noémie

pour en savoir un peu plus sur son travail.

Noémie, comment est née cette idée et pourquoi un

tel projet ?

IMMI Montréal est un projet que j’ai créé avec Marie

-Laura Marchand, aussi animatrice à l’UQAM-MIDI.

Nous avons eu l’idée de créer IMMI Montréal : un

lieu de rencontre, de partage, d’apprentissage, de

communication, d’amitié, d’intégration et d’inclusion

pour ceux et celles qui le désirent. Le nom IMMI est

un diminutif pour « immigrants », et c’était important

pour nous que la ville soit ancrée dans le projet, car

on sait à quel point la ville d’accueil est importante

pour ceux qui y immigrent.

Quel genre d’activités proposez-vous ?

On propose toute sorte d’activités. Cet été, nous

avons profité de plusieurs activités gratuites à Mon-

tréal. On a aussi fait une randonnée sur le Mont-

Royal, un barbecue sur le toit d’un hôtel et on a même

participé au spectacle L’Épigramme en collaboration

avec le Comptoir public.

Pourriez-vous nous raconter une des plus belles

expériences vécues avec le groupe IMMI ?

Il y en a plusieurs, mais je crois que le lancement du

projet est l’un des plus beaux moments que nous

ayons vécus. D’abord, le lancement était un moment

très important pour nous, car c’était à cet événement

que nous parlions du projet pour la première fois «

publiquement ». C’était une très belle journée de juin,

au parc Jeanne-Mance. Nous avons eu plus d’une tren-

taine de personnes présentes où les sourires se fen-

daient jusqu’aux oreilles de chacun et où l’essence de

notre projet se concrétisait. C’était une journée mémo-

rable !

Avez-vous vécu de mauvaises expériences au fil des

ans ?

Il n’y a pas eu de mauvaises expériences jusqu’à main-

tenant, mais on apprend à gérer les réseaux sociaux, car

c’est une partie importante de notre projet. En fait,

c’est notre principal moyen de communication, mais

comme nous ne sommes pas des filles qui utilisent

énormément ces nouveaux médias, c’est toujours un

apprentissage pour nous. Nous pouvons voir immédia-

tement la différence entre un événement pour lequel

nous avons été présents sur les réseaux et un pour le-

quel nous l’étions moins. Le résultat est frappant : il y

a beaucoup moins de participants !

Pour les prochaines années, Noémie espère qu’IMMI

Montréal pourra s’inscrire officiellement auprès du

gouvernement en tant qu’organisme à but non lucratif

afin de recevoir une subvention et d’avoir un local.

Ainsi, l’équipe sera en mesure d’organiser d’autres

types d’activités comme des ateliers culinaires ou des

activités à l’extérieur de la ville. Si vous voulez contri-

buer au travail des organisatrices d’IMMI Montréal,

suivez-les et partagez leurs publications sur les réseaux

sociaux. Et surtout, participez à leurs activités !

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IMMI Montréal : un lieu de rencontre pour les nouveaux arrivants

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MARIA ALLON et KATHERINE ROMEO PINEDA

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Au Québec, 13 millions de tonnes de matières résiduelles sont pro-duites chaque année. Pour les ré-duire au minimum, nous devons bien les trier afin d’éviter qu’elles ne se retrouvent dans les sites d’enfouissement. Cette approche se fonde sur le réemploi et le recy-clage de ces matières.

Le réemploi est un geste simple comme employer des contenants et des sacs réutilisables, acheter des produits recyclés, se servir de piles rechargeables, entre autres. Le recyclage, est la transformation industrielle de matières récupérées comme des métaux, du plastique ou des déchets industriels. Par exemple, la fabrication de bou-teilles en verre à partir de bou-teilles usagées.

Les écocentres, quant à eux, ont pour objectif fondamental d’en-courager des comportements plus respectueux envers l’environne-ment et visent à créer une société sans gaspillage. Les écocentres acceptent, entre autres, les meubles, les articles de jardin, les instruments de musique, sauf de gros instruments, les mobiliers, les articles de décoration ainsi que les petits appareils électroniques. Par contre, certaines matières sont re-fusées telles que les bouteilles de gaz comprimé, les carcasses de véhicules automobiles, les déchets biomédicaux, les déchets radioac-tifs, les médicaments, les feux d’artifice, les ordures ménagères et les résidus alimentaires.

À Montréal, il existe environ sept centres de réemploi et de récupéra-tion de matières résiduelles acces-sibles pour tous les citoyens. Grâce aux écocentres, il nous est donc pos-sible de nous débarrasser des résidus de construction et de rénovation, des résidus domestiques dangereux et des articles pouvant être réutilisés et d’éviter ainsi l'enfouissement d’une quantité importante de matières rési-duelles.

Pour avoir accès aux écocentres, les Montréalais doivent présenter une preuve de résidence permanente et une pièce d'identité valide avec pho-to. En cas de doute sur la validité, d’autres preuves pourraient être exi-gées. Ces centres sont gratuits pour tous les résidents de Montréal. Le dépôt de matériel est aussi gratuit jusqu’à 12m3 par année pour un maximum de 15 visites par année pour les matériaux de construction, sauf pour La Salle et Saint-Laurent, où les visites sont illimitées. Les

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Les écocentres

KARLA ARRAZOLA et LUCIA ARANA UGAZ

centres de réemploi sont ouverts du 15 avril au 14 octobre, de 8 h à 18 h tous les jours et du 15 oc-tobre au 14 avril, de 10 h à 18 h, sauf les dimanches et les lundis.

Finalement, ces centres de réem-ploi et de récupération proposent une gestion des matières rési-duelles en faveur de l’environne-ment, car ils permettent de jeter ces matières de façon responsable.

PHOTO : hwww.villeenvert.ca

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Chaque fois qu’on jette quelque chose à la poubelle, il serait bien de se demander où ce déchet va aboutir. Nous possédons une Terre commune, donc il est de la responsabilité de tout un chacun de la protéger pour les générations futures en réduisant au maximum notre empreinte environnementale. En mettant en pratique de petits gestes de conscientisation dans notre vie quoti-dienne, on peut faire une grande différence pour l’ave-nir de la planète. Ces dernières années, les Québécois se sont habitués à trier leurs déchets. Le triage des matières recyclables est une excellente façon de valoriser les matières rési-duelles ; pourtant, on pourrait contribuer davantage. Par exemple, le compostage nous permet de nous im-pliquer efficacement dans la récupération de nos dé-chets et de rendre à la terre ce qu’elle nous a donné. Les Québécois figurent sur la liste des plus gros pro-ducteurs de déchets au monde. Chaque année, les ma-tières organiques représentent plus de 40 % du volume de déchets produits ici, soit environ 700 kilogrammes par famille de quatre personnes. Ces matières orga-niques proviennent en grande partie des résidus de cui-sine et de jardin. L’utilisation et le traitement de ces matières déterminent si elles demeureront une res-source ou si elles deviendront un déchet. Le compostage s’avère une méthode simple, naturelle, économique et écologique qui permet de transformer des matières organiques en un engrais riche et fertile. Les matériaux pour l’obtenir se trouvent dans notre consommation de tous les jours : des matières azotées

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Le compostage : simple, économique et à la portée de tous

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JING BEI et ROSANGELA DE RANGEL

telles que les pelures ou les restes de fruits et de lé-gumes ; des résidus putrescibles décomposés, comme des déchets de viande ; des matières carbonées, comme les feuilles mortes ou les mauvaises herbes. Ce sont là des résidus tous présents dans notre cuisine et dans notre jardin. Il suffit de bien les sélectionner et de les mélanger avec soin. Le compostage peut s’effectuer dans le jardin ou même sur un balcon. En effet, il suffit d’un mètre carré d’espace pour fabriquer son propre composteur. Hormis l’achat ou la fabrication d’un composteur, le compostage n’engendre aucune dépense. Il s’agit donc d’une pratique économique et accessible à tous. Le compostage est une pratique à adopter pour plusieurs raisons: faire du jardinage écologique, enrichir le sol qui nourrira les plantes, diminuer le volume de déchets et ainsi réduire la pollution du sol et de l’air puisque la dé-composition de la matière organique en milieu anaérobie, c’est-à-dire dans les sites d’enfouissement, dégage des biogaz dont le méthane qui est un des principaux gaz à effet de serre. Le compostage domestique est une tech-nique facile qui donne des résultats rapides. Comme pour toute recette culinaire, il suffit d’avoir les ou-tils adéquats, dans ce cas-ci un composteur, et de sélec-tionner les bons ingrédients. Certaines villes, comme la ville de Québec, offrent des formations gratuites sur le compostage et il est possible, dans certaines municipalités, d’obtenir une aide finan-cière pour l’achat d’un composteur. Alors, il nous faut juste nous renseigner davantage ainsi que trouver la mo-tivation et la détermination pour nous lancer dans la grande aventure du compostage.

Photo : www.pixabay.com

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L’idée de contrôler la race hu-maine en a intéressé plus d’un et elle s’est développée avec le temps. La sélection artificielle des êtres humains dès la naissance existe depuis des temps très an-ciens, du moins depuis Platon. Par la suite, Charles Darwin parlait d’une sélection naturelle avec sa théorie de l’évolution. Puis, il y a eu la sélection artificielle basée sur les lois de Mendel. De ce fait, de nombreuses théories et courants philosophiques ont émergé. Ainsi est apparu l’eugénisme, l’en-semble des méthodes et des pra-tiques visant à améliorer le patrimoine génétique de l’espèce humaine. Quant au malthusia-nisme, développé par l'économiste britannique Thomas Robert Mal-thus, cette théorie démographique soutenait que le rythme de crois-sance de la population répondait à une progression géométrique, alors que le taux d'augmentation des ressources pour la survie le faisait en progression arithmétique. Selon cette théorie, la naissance de nou-veaux êtres augmenterait la paupé-risation progressive de l’espèce humaine et pourrait même provo-quer son extinction. En outre, la faim, les guerres, les parasites, les catastrophes naturelles sont en quelque sorte des contrôleurs ou

des niveleurs naturels de la démo-graphie humaine, mais pas en nombre suffisant pour provoquer ce que Malthus décrit comme la catastrophe malthusienne. Toutes ces théories visent à favori-ser la naissance de personnes plus fortes, plus intelligentes, en meil-leure santé et issues d'un certain groupe ethnique ou social. Par contre, elles favorisent directement ou indirectement la non-création des êtres qui ne possèdent pas ces qualités de manière à pouvoir envi-sager leur application comme un avantage pour économiser les res-sources des pays. De nos jours, les méthodes eugé-niques modernes se concentrent sur le diagnostic prénatal, l'explo-ration fœtale, le conseil génétique, la fécondation in vitro et le génie génétique. Le génie génétique est la manipulation contrôlée et déli-bérée des gènes d’un organisme pour le rendre meilleur d’une ma-nière ou d’une autre. Actuellement, le génie génétique est particulière-ment utilisé dans le domaine de l'agriculture. Les adeptes des mani-pulations génétiques affirment que cette pratique permet la production de grandes quantités d'aliments à faible coût et aussi plus résistants afin de réduire la faim dans le

monde. D’un autre côté, sur le plan biologique, le génie génétique a rendu possible le clonage de plu-sieurs animaux, dont le mouton Dolly en 1996. De plus, il a rendu possible la guérison de certaines maladies. Sous prétexte que la manipulation génétique peut guérir des maladies, les scientifiques encouragent les autorités à la rendre légale. Cepen-dant, on doit faire une distinction entre la thérapie génique et le gé-nie génétique. La thérapie génique tente de guérir une pathologie chez une personne et non de créer un organisme dans un but spécifique. De plus, les modifications n’affec-tent qu’un groupe spécifique de cellules somatiques de l’orga-nisme. À l’inverse, le génie géné-tique redessine une personne en plus d’influencer sa progéniture. À cet égard, il est bon de se de-mander jusqu’où peut aller la science pour améliorer les caracté-ristiques d'un individu. Y aurait-il des limites à ce qui est possible de créer? Viendra-t-il le jour où la manipulation génétique de la race humaine sera une méthode cou-rante et privilégiée pour la procréa-tion?

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Autoriser ou non la manipulation génétique MANUEL COSSIO

Photo : Facebook Soupesoup

PHOTO : Unsplash

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Le joual est le nom donné au fran-çais québécois parlé par une partie de la population du Québec. Il était normalement associé à la classe ouvrière, raison pour la-quelle il est traité plus précisément comme un dialecte social ou un sociolecte. Le mot « joual » dérive de la manière singulière dont ses locuteurs prononçaient le mot che-val [jwal] en français du XVIIe siècle. Aujourd’hui, le joual est l’une des formes orales du français québécois : un mélange de fran-çais archaïque, de français popu-laire et de nombreux anglicismes qui s’explique par la proximité de la population francophone et an-glophone à Montréal. Cette forme langagière est très éloignée du français de France, du « véritable français », comme le soulignait le penseur québécois Raoul Rinfret. En d’autres termes, le joual s’éloigne de la norme. Au cours des années 1960, le joual est devenu le centre d’un débat opposant les défenseurs du bon français et les défenseurs de cette langue populaire, ce qui montre qu’il existe deux points de vue différents sur ce sujet très sensible pour le peuple québécois. D’une

part, le joual est condamné au nom du purisme. Par exemple, le Frère mariste Jean-Paul Desbiens, l’un de ses grands contradicteurs, est l’auteur de l’essai Les Insolences du Frère Untel où il critique sévè-rement ce dialecte social. Il re-grette le faible niveau de langue écrite et parlée au Québec. Pour le « Frère Untel », son pseudonyme, le joual est une décomposition de la langue française. Parmi les autres contradicteurs du joual, on peut citer le journaliste et éditeur en chef du journal Le Devoir, An-dré Laurendeau, qui, en 1957, associait le joual à un bas niveau de langue populaire. De son côté, l’artiste Georges Dor affirmait que « rien ne justifie l’usage du joual ». Pour sa part, l’écrivain Jean Marcel confirmait la nécessi-té d’un nouvel alignement avec le français universel, celui de la France. En 1973, La Presse publiait l’édi-torial suivant sur le joual: « Si l'on entend par là un mélange d'anglais et de français largement farci de jurons ou d'expressions ordu-rières... on ne peut hésiter un ins-tant. Il faut l'empêcher de triom-pher, car il s'agit alors d'un jargon

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pour initiés, d'un dialecte tribal quelconque qui ne saurait pré-tendre véhiculer une réelle culture. C'est un langage plus près de l'ani-mal que de l'homme ». D’autre part, le joual est loué au nom de l’identité nationale ou du séparatisme culturel et politique de cette époque-là. Dans le do-maine des arts et de la culture, plusieurs artistes québécois tels que des écrivains, des composi-teurs-interprètes, des humoristes, des cinéastes, entre autres, ont manifesté une grande reconnais-sance à cette variation du français. C’est le cas de Michel Tremblay, auteur de la célèbre pièce de théâtre Les Belles-Sœurs, qui af-firme qu’« on n’a plus besoin de défendre le joual, il se défend tout seul. […] Quelqu'un qui a honte du joual, c'est quelqu'un qui a honte de ses origines, de sa race, qui a honte d'être Québécois ». De plus, certains sont également cités comme de fervents défen-seurs de ce sociolecte, comme l’humoriste Yvon Deschamps avec ses monologues sur l’humour social; le linguiste et historien Léandre Bergeron avec son ou-vrage Dictionnaire de la langue québécoise; le compositeur Robert Charlebois avec ses chansons pleines d’anglicismes, pour ne nommer que ceux-là. Encore aujourd’hui, le débat sur ce qui est correct et ce qui n’est pas correct en matière de la langue française au Québec se poursuit. En effet, l’omniprésence de l’an-glais dans la province francophone demeure malgré l’adoption de la loi 101. Est-il donc valable d’affir-mer que le joual est toujours aussi représentatif de la culture québé-coise?

MASOUMEH RASHIDI et LUZ STELLA SEGURA MORA

Le joual : deux poids deux mesures

PHOTO : Google Images

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Toute la Francophonie parle la même langue, mais parfois il est difficile de comprendre quelqu’un qui parle un dialecte régional. Cet-te problématique est particulière-ment évidente quand vous arrivez à un nouvel endroit et c’est effecti-vement une expérience que nous avons tous vécue à notre arrivée au Québec. Malgré nos difficultés de compréhension, le français québé-cois n’est pas un  français mal par-lé comme beaucoup le disent (François, 2013). Il s’agit d’une langue distincte des autres varian-tes du français (COPAM, 2000). Outre l’accent, l’une des premières variations que nous entendons dès notre arrivée est la double utilisa-tion du « tu ». Donc, pour vous aider à mieux vous exprimer en français québécois, nous vous pro-posons une façon très québécoise de poser les questions et nous ex-pliquerons brièvement les origines de cette particularité linguistique.

En français, il y a deux principales catégories de questions. D’abord, les questions ouvertes, qui portent sur une partie de la phrase, néces-sitent une réponse concernant l’élément qui fait l’objet de la question. Ces questions se formu-lent avec les adverbes et les pro-noms interrogatifs (où, quoi, quand, etc.). Quant aux questions fermées, qui portent sur toute la phrase, elles requièrent une répon-se qui se limite souvent par « oui  » ou « non ». Celles-ci se réali-sent avec l’ajout de « Est-ce que » en début de phrase. Pourtant, au Québec, vous entendrez rarement cette construction à l’oral, car les Québécois tendent à employer la particule -tu après le verbe conju-gué pour marquer les questions fermées. Donc, la question « Est-ce que tu aimes les chats? » est souvent réalisée comme « Tu ai-mes-tu les chats ? ». Tant les fran-cophones qui viennent d’ailleurs dans la francophonie que les per-sonnes pour lesquelles le français n’est pas leur langue maternelle

trouveront cette construction bizarre au premier abord, mais, comme plusieurs variations du français qué-bécois, elle a une origine, une cer-taine régularité et un usage bien diffusé. Le linguiste québécois Marc Picard a proposé une explication fort plau-sible selon laquelle plusieurs fac-teurs auraient contribué à l’appari-tion de « -tu » dans la phrase inte-rrogative fermée. (1992). À partir du XVe siècle, le pronom « il » se prononçait i soit devant une conson-ne, soit après les voyelles i, u et ou. Donc, la phrase « Il vient. » se pro-nonçait i vient et le mot « gentil » se prononçait genti (ibid.). Cette pro-nonciation de « Il » est encore pré-sente dans le français oral au Qué-bec.

La structure de la phrase interrogati-ve a également connu une évolu-tion. Au XIVe siècle, lorsque le sujet était un nom, on ajoutait un pronom après le verbe. Une ques-tion comme « Est ta mère morte? » a été restructurée par l’ajout du pro-nom elle après le verbe et la ques-tion devenait : « Ta mère est-elle morte ? » (ibid.). Dans ce contexte, il est fort possible que cette structu-re s’appliquait aussi aux pronoms masculins de troisième personne (il, ils,) comme dans les exemples sui-

vants (Picard, 1992) :

a. I vient-i?

b. I viennent-ti?

Dans les deux cas (sujet singulier et sujet pluriel), la syllabe finale était -ti. Le sujet se trouvait tou-jours après le verbe et ce pronom postverbal, malgré sa redondance, s’est vu attribué un rôle sémanti-que d’interrogation (ibid.). Par la suite, cette structure s’est générali-sée à toutes les personnes gramma-ticales. Actuellement, la particule -ti est encore trouvée dans des dia-lectes d’oïl, par exemple, en nor-mand (Dagnac, 2013). Au Québec, -ti a été remplacé par -tu vers le milieu du XXe siècle (Picard, 1992), et c’est cette forme que nous entendons encore aujourd’hui au Québec.

Il est vrai qu’il est parfois difficile de comprendre l’accent et le lexi-que d’ici, mais au Québec, on parle aussi la langue de Molière. Avec un peu de patience et de pratique, vous serez en mesure de reconnaî-tre facilement cette forme interro-gative très répandue. Même si vous ne maîtrisez pas encore cette forme d'interrogation, il est important de pouvoir la reconnaître pour ainsi améliorer votre compréhension orale en français québécois.

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Tu veux-tu savoir... JIELIN LIU et JESSE OWENS

PHOTO : Pixabay

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« Je me souviens », cette devise du Québec que la plupart d’entre nous ont sans doute remarquée sur les plaques d’immatriculation des voitures au Québec, attire beau-coup l'attention. Toutefois, peu de gens connaissent son origine et ce qu’elle signifie. Il existe plusieurs interprétations de cette devise québécoise. Cer-tains disent que c’est en souvenir de la bataille des Plaines d’Abra-ham. D’autres pensent que c’est pour se rappeler que les Anglais avaient battu les Français. Pour mieux comprendre, il vaut mieux fouiller plus en profondeur dans l’histoire du Québec et exposer des faits historiques qui donnent une bonne explication. En 1978, après la Révolution tran-quille, le gouvernement du Parti québécois de René Lévesque dé-cide, sans fournir de justifications, de remplacer le slogan « La Belle Province » par l'actuel « Je me souviens » sur les plaques d'imma-triculation des véhicules routiers au Québec. Cette décision était une initiative de Lise Payette, an-

cienne ministre des Consomma-teurs, Coopératives et Institutions financières dans le gouvernement de René Lévesque. À la même époque, le Parti québécois avait déjà changé le nom de la fête de la Saint-Jean-Baptiste pour « la fête nationale du Québec ». En fait, le Parti québécois s’est servi de l’his-toire et de la culture pour son pro-jet de la souveraineté. Toutefois, tous ces changements n’expliquent toujours pas le sens de la citation « Je me souviens » sur les plaques. L’origine de cette devise remonte-rait à la fin du 19e siècle, lors de l’Acte de l’Amérique du Nord britannique par lequel l’Angleterre voulait fédérer toutes les colonies anglaises de l’Amérique du Nord et leur déléguer des pouvoirs. Pour ce faire, des conseils législatifs sont ainsi créés. Au Québec, l’ar-chitecte Eugène-Étienne Taché obtient le mandat de faire les plans de l’Hôtel du Parlement actuel. Inspiré par l’architecture du Louvre, il fait graver au-dessus du fronton de l’édifice la devise « Je me souviens », rendant ainsi hom-mage à la mémoire des héros de

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Je me souviens

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l’histoire du Québec. Cette pre-mière explication signifierait que les Québécois doivent se souvenir des grands hommes qui se sont battus pour ce territoire franco-phone. Pour l’historien Gaston Des-chênes, il s’agit d’une devise simple, inclusive. Il pense qu’elle est remarquablement modeste. Selon lui, Eugène-Étienne Taché invitait les Québécois de toutes origines à se souvenir de leur his-toire. Il justifie cette affirmation en attirant notre attention sur le fait que la devise avait été inscrite sur la façade de l'Hôtel du Parle-ment, sous les pieds des statues de Montcalm et de Wolfe. Pour conclure, tous ces faits s’ex-pliquent d’un point de vue histo-rique. Finalement, on peut dire que la devise « Je me souviens » n’est que l’un des nombreux sym-boles québécois qui font appel à un passé commun pour que le peuple puisse se distinguer au sein d’une Amérique du Nord anglo-phone et ainsi rester une société distincte.

EDNA PRIETO et HORIYA SAAL

PHOTO : Wikipedia

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Les expressions québécoises sont très variées et originales, elles sont souvent différentes des expres-sions utilisées ailleurs dans la francophonie. Toutefois, nous pouvons affirmer qu’elles sortent toutes de l’ordinaire. Notre intérêt s’est porté sur une expression so-ciétale ayant une idéologie cultu-relle. Nous l’avons entendue pour la première fois dans le documen-taire intitulé « Nés pour un petit pain – les grands moyens ». D’où vient cette expression et quelle est son origine? Nous avons posé ces questions à nos collègues québé-cois et voici leurs réponses. Selon Marc Beausoleil, l’expres-sion « être né pour un petit pain » comprend deux niveaux : un pre-mier qui est plus collectif ou so-cial et qui se rapporte à l’histoire du peuple québécois. En effet, l’expression serait apparue après la conquête de 1760. Elle dési-gnait l’avenir sans espoir des Ca-nadiens français à la suite de la défaite contre les troupes britan-niques. L’écrivain français Louis Hémon a d’ailleurs popularisé cette expression dans son roman Maria-Chapdeleine, publié en 1913. C’était une vision très pessi-miste de la vie des Québécois et d’une province immobiliste et traditionaliste sans espérance ni avenir et aussi très résignée (on était au début des années 1900). Un deuxième sens à cette expres-sion serait plus individuel et ac-tuel. En effet, aujourd’hui, l’ex-pression sert davantage à décrire le manque d’ambition de certaines personnes et leur fatalisme. Elle décrit également une attitude de résignation et d’acceptation « fata-liste » face aux événements et aux conditions difficiles dans les-quelles se retrouvent certaines personnes. Pour sa part, Daniel Boismenu mentionne qu’il s’agit d’une ex-

pression qu’on pourrait considérer comme désuète puisque la généra-tion actuelle ne l’utilise pas cou-ramment. De plus, on ne connaît pas avec exactitude à quel moment elle est apparue dans l’histoire du Québec francophone. Selon lui, elle exprime la résignation à vivre dans un environnement financière-ment pauvre, sans aucun espoir d’améliorer sa condition sociale et économique. Elle sous-entend que la destinée d’un francophone au Québec est établie par sa nais-sance dans la strate sociale la plus miséreuse et qu’il ne pourra ja-mais s’en échapper pour atteindre une vie meilleure. Quant à Camille, une Française installée au Québec depuis bientôt 3 ans, elle n’a jamais entendu l’ex-pression « être né pour un petit pain » ni en France ni même ici, au Québec. Cela peut s’expliquer par le fait qu’elle côtoie peu de Québécois d’origine dans sa vie personnelle. De notre côté, pour répondre à notre question de départ, nous avons réalisé une petite recherche historique. À partir de 1534, le

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Être né pour un petit pain

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territoire du Québec actuel faisait partie de la colonie française nom-mée la Nouvelle-France. Deux cent ans plus tard, après l’échec de la guerre de la Conquête, Montréal a été prise par les colons britan-niques. Cet événement a eu un impact considérable dans la vie des francophones du Québec et la situation économique est devenue difficile pour eux. Toutes les classes de la société ont été tou-chées et les postes à haute respon-sabilité ont été occupés par des anglophones. Ce contexte a donné naissance à une mentalité fataliste avec l’idée que les Canadiens français n’avaient d’autre choix que de vivre sous le contrôle des anglo-phones. L’expression « être né pour un petit pain » découlerait de cette partie de l’histoire. Même si l’on fait référence à une époque bien ancienne, ce sentiment est encore parfois présent dans l’âme de la société québécoise franco-phone.

ELENA GARANINA et ANASTASIA SAPRYKINA

PHOTO : pages 225 et 50 du roman Maria-Chapdeleine / Source : Flickr

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Au Québec, de nombreuses expressions, déjà très parti-culières par leur sens et leur originalité, embellissent le langage familier de ses locuteurs. En qualité d’immi-grants, les entendre et essayer de comprendre leur si-gnification quand nous parlons avec des Québécois n’est pas toujours facile. Parfois, notre interprétation de ces expressions n’est pas correcte, ce qui peut créer des situations cocasses, mais contribue à favoriser notre intégration à la société québécoise. Puisque l’apprentissage d’une langue peut se faire dans différents contextes, nous avons beaucoup appris sur notre lieu de travail en tant que serveuses. Notre pa-tron, un Québécois avec l’accent marqué, s’est adressé à nous en nous disant d’arrêter de « nous pogner le beigne »; autrement dit, il fallait arrêter de perdre notre temps et se mettre au travail. De plus, cette remarque fut accompagnée d’un « icitte », au lieu de « ici ». Il a ajouté que nous devions « être vite sur nos patins »; en d’autres mots, nous avions à faire nos tâches le plus vite possible sinon notre travail n’était pas assuré. Au cours de la soirée, une collègue « avait la chienne ». En essayant de la consoler, nous nous sommes rendu compte que sa chienne n’était pas la cause de son in-quiétude, mais bien la perte de son emploi, car elle était en retard au travail. Nous avons alors compris que, pour garder notre emploi, nous devions nous « fendre en quatre », c’est-à-dire nous dévouer au maxi-mum à la tâche. Non seulement au travail, mais aussi dans la rue, nous avons entendu différentes élocutions. Par exemple, lors d’une occasion, nous avons rencontré un ami qui nous a demandé si nous avions « passé la nuit sur la corde à linge » après avoir vu nos visages fatigués. Bien sûr que notre réponse négative à cette affirmation l’a fait rire et l’a poussé à nous expliquer que son expression faisait référence au fait de rentrer aux petites heures du matin sans avoir dormi de la nuit. L’envie d’en apprendre plus sur les expressions québé-coises nous a motivées à écouter quelques émissions à la radio et à la télé. Un jour, nous avons entendu dans l’une de ces émissions que les adolescents « avaient de la mine dans le crayon ». À la première écoute, nous avons pensé que les jeunes étaient très responsables à l’école. Par contre, deux jours plus tard, nous avons entendu la même expression à la télévision et nous

avons alors compris qu’elle signifiait que les jeunes avaient une vie sexuellement active. Le casse-tête idiomatique devenait une réalité quoti-dienne. Un jour, nous avons rencontré une Québécoise qui, après avoir reconnu notre accent, nous a demandé comment nous imaginions l’hiver ici, suivi de « atta-chez votre tuque! ». Nous étions intriguées, car l’été commençait et nous ne portions aucune tuque, c’est pourquoi la confusion prenait place dans nos visages. Le doute s’est dissipé après avoir compris que cette expression voulait dire de nous tenir prêtes au moment où l’hiver arriverait. Comprendre la culture québécoise ne consiste pas seu-lement à manger de la poutine ou à dire « là, là » à la fin de chaque phrase. Cela est une expérience remplie d’humour, d’anecdotes et de beaucoup de patience. Les expressions québécoises sont aussi nombreuses que les nids-de-poule au printemps et peuvent souvent nous surprendre. Laissez-vous donc « chanter la pomme » par les Québécois et leur langue colorée et pittoresque.

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Les expressions québécoises : un casse-tête pour les immigrants IVONNE TULENA SALOM et MISHELLE VALENCIA

PHOTO : Pixabay

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Jusqu’au 18e siècle, partout dans le monde, les femmes n’avaient pas les mêmes droits que les hommes. Elles devaient s’occuper des enfants, veiller au foyer, jouer le rôle d’une mère attachante et d’une épouse obéis-sante. Même quand elles ont commencé à travailler à l’extérieur de la maison, leur salaire était toujours plus bas que celui des hommes. Étaient-elles considérées inférieures, moins intelli-gentes, peu instruites, faibles et fragiles ? Oui et, de plus, il était indigne pour elles d’occuper une fonction publique. Aussi, on prétendait que la présence d’une femme dans la vie sociale la rendrait trop occupée et la distrairait de ses obligations familiales. Malheureuse-ment, la société patriarcale imposait des restrictions au sexe féminin. L’intégration des femmes dans la société civile a duré des décennies. C’est donc dire que le pro-cessus a été long et difficile. En fait, elles ont seule-ment obtenu le droit de vote en Europe au 19e siècle. Québec, la dernière province canadienne à avoir

accordé ce droit aux femmes

Au Québec, il a fallu attendre le 20e siècle pour que le mouvement de lutte pour l’abolition de la discrimina-tion électorale commence. Dans d’autres provinces anglophones, comme le Manitoba, la Saskatchewan, l’Ontario, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard, le droit de vote a été adopté dès 1916. D’où vient ce retard pour le Québec ? À l’époque, les femmes en milieu urbain vivaient une réalité précaire et elles étaient préoccupées par leur

survie. En 1930, il y a eu la crise économique et la ten-sion entre les classes sociales était palpable, alors que l’église jouait encore un grand rôle. Dans le milieu rural, même des Cercles des fermières avaient fait si-gner des pétitions contre le vote des femmes, considé-rant ce mouvement perturbateur pour la paix dans les foyers. La discrimination était totale pour les femmes mariées qui étaient représentées par la voix de leur mari. Les suffragettes québécoises étaient alors consi-dérées comme des bourgeoises. Par ailleurs, Thérèse Casgrain, qui se trouvait à la tête du Comité provincial pour le suffrage féminin, était surnommée la suffra-gette au collier de perles. Petit à petit, les militantes entreprennent des actions médiatiques auprès de la population et elles demandent aux parlementaires de proposer des projets de lois en faveur des femmes. À la fin d’une longue lutte, le 25 avril 1940, elles réussis-sent à obtenir le droit de vote au Québec. Sur le plan politique, Thérèse Casgrain devient enfin chef de la branche provinciale du Parti social-démocratique au Québec en 1951 après huit tentatives vouées à l’échec comme candidate à un parti politique lors des élections provinciales et fédérales entre 1942 et 1962. Peu de temps après, elle crée la Fédération des femmes du Québec. En 1975, quand la Charte québécoise des droits et li-bertés est adoptée, toute discrimination fondée sur le sexe est interdite. Pourtant, selon des études, les Qué-bécoises se trouvaient encore loin d’un système égali-taire entre les hommes et les femmes conformément aux valeurs humaines. Compte tenu de l’équité sociale, le statut des femmes restait important afin d'avoir une société progressive. Plusieurs dossiers concernant l’égalité économique des époux, les pensions alimen-taires, l’équité salariale et l’assurance parentale ont progressé depuis. Au fil des ans, les Québécoises ont obtenu plus de postes comme représentantes au sein de l’Assemblée nationale, mais une proportion égale de femmes et d’hommes reste encore un idéal à atteindre même si, en 2012, le Québec élit pour la première fois une femme comme première ministre, Madame Pauline Marois. Il est encourageant de voir que la lutte des femmes pour leurs droits a récolté des gains pas à pas. Comme le disait Thérèse Casgrain à propos du combat des mili-tantes pour le suffrage universel : « Si on y met le temps, on arrive à cuire un éléphant dans un petit pot! ».

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Le droit de vote des femmes au Québec MAHBOUBEH ABDI et GABRIELA CHINDEA

PHOTO : http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca

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L’accouchement à domicile semble exceptionnel, mais cette pratique existe depuis toujours. On compte 90% des femmes qui accouchent de cette manière dans le monde. Au Québec, on estime que plus de 83 900 femmes ont accouché à domicile cette année. L’accouchement à domicile est un service offert par une sage-femme ou un médecin qui se rend chez la patiente pour l’assister. La sage-femme est une spécia-liste de la santé qui offre aux femmes enceintes et aux nouveau-nés les soins nécessaires tout au long de la grossesse et, plus particulièrement, durant l’accouche-ment. Pour être sage-femme au Québec, il faut suivre un programme de baccalauréat de quatre ans et être membre de l’Ordre des sages-femmes du Québec. La profession de sage-femme a été légalisée en 1999 au Québec. Parmi les raisons pour lesquelles les femmes enceintes préfèrent accoucher à la maison, on retrouve la rapidité d’intervention et l’environnement familial. Pour la deuxième raison, l’avantage est qu’elles peuvent rester entourées de tous leurs proches. Aujourd’hui, il y a une forte tendance qui incite certaines femmes à vouloir accoucher dans un milieu chaleureux et familial. Par ailleurs, des études démontrent que le risque d’infec-tion pour le nouveau-né et la mère est moins élevé lors-que l’accouchement est effectué à domicile. Cette in-formation encourage davantage les femmes à prendre la décision d’accoucher chez soi. En outre, l’avantage

le plus important est que cette méthode coûte beaucoup moins cher que l’accouchement dans un hôpital, ce qui peut être un impact considérable pour les gens avec peu de moyens. Les avantages énumérés précédemment encouragent certaines femmes enceintes à accoucher à la maison. Toutefois, elles doivent aussi être au courant des dan-gers qu’elles risquent en optant pour cette pratique. En cas de problèmes, la maison n’est pas un lieu adéquat pour soigner les problèmes associés à l’injection de l’épidurale, à l’accouchement par césarienne ou à l’hé-morragie interne chez la mère. Dans ces cas, il faudrait que la mère soit transportée d’urgence à l’hôpital afin de pouvoir sauver le bébé. D’un côté, il y a le manque de matériel et d’équipement à domicile ainsi que le manque de personnel pour donner les soins néces-saires. D’un autre côté, il faut s’assurer que les femmes enceintes ne sont pas atteintes de maladies chroniques telles que l’hypertension ou le diabète puisque ces pro-blèmes de santé sont toujours suivis par un médecin. Il faut se rendre à l’évidence que l’accouchement à domicile a ses avantages et ses inconvénients. Toute-fois, chaque femme doit opter pour ce qui lui convient le mieux. Il serait intéressant de connaître le taux de satisfaction des femmes qui accouchent à la maison, comparativement à celui des mamans qui accouchent à l’hôpital.

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L’accouchement à domicile SOUHILA DAOUD-BRIKCI et SADAF KHALESI

PHOTO : Pixabay

PHOTO : Pixabay

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Il est très important d’analyser les problèmes liés à la violence conju-gale du point de vue de la santé mentale, car son ampleur et sa gravité peuvent causer des dom-mages physiques et psycholo-giques aux femmes et même à leurs enfants, car ceux-ci peuvent également souffrir de dépression, d’anxiété et de troubles de com-portement à cause de ce problème familial. La violence conjugale est considé-rée comme un moyen d’exercer une domination sur une personne ou de la placer dans une position d’infériorité. Cette violence au sein du couple peut se manifester de différentes façons. D’abord, la violence peut être physique et elle comprend des blessures de toutes sortes, comme des brûlures, des pincements et des rapports sexuels forcés. En second lieu, la violence peut être verbale et elle se mani-feste par des insultes, des me-naces, du chantage ou des cri-tiques. Finalement, le harcèlement psychologique, est une autre forme de violence conjugale basée sur l’humiliation subie par une personne au point de la déstabili-ser psychiquement, ce qui peut mener à la détérioration de la san-té, à des problèmes de sommeil, au manque de concentration et, surtout, au stress. Au Québec, les données policières montrent que les femmes sont majoritaires parmi les victimes d’infractions commises dans un contexte conjugal (80 %), leur nombre s’établissant à 15 790 comparativement à 3 941 pour les hommes. Les ressources d’aide que les vic-times peuvent trouver en premier plan sont les amis, un membre de la famille ou un voisin comme

réseau primaire. Mais elles peu-vent aussi se tourner vers les res-sources institutionnelles (centres hospitaliers, la police, les centres communautaires ou les ressources juridiques) où elles peuvent rece-voir une aide personnalisée qui se développe dans un climat de res-pect et de confiance, car ces vic-times ont besoin d’être écoutées et d’être protégées. Il existe une politique d’interven-tion par le gouvernement du Qué-bec en matière de violence conju-gale qui aide les femmes agressées par leur partenaire. Il faut souli-gner que les professionnels de la santé ont une lourde responsabilité pour que les victimes reçoivent l’assistance nécessaire en matière d’intervention. Il existe plusieurs centres d’aide comme l’Arrêt-Source, une maison d'héberge-ment pour jeunes femmes en difficulté de 18 à 30 ans, qui offre un programme d’intervention adapté, un accompagnement personnalisé et un service de post-hébergement

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Pour venir en aide aux victimes de violence conjugale

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après un séjour à l’Arrêt-Source. Le centre SOS violence conjugale offre des services d’accueil, d’éva-luation, d’information, de sensibi-lisation, de soutien 24 h sur 24 – sept jours sur sept aux victimes de violence conjugale, et ces services sont gratuits, anonymes et confi-dentiels. Finalement, on peut en conclure que la violence conjugale est une réalité préoccupante qui touche les femmes, mais aussi les hommes. Malheureusement, avec les an-nées, ce phénomène a pris de l’ampleur, c’est pourquoi des or-ganismes et des centres ont été créés dans différentes régions du Québec afin de venir en aide aux victimes. Il serait souhaitable que cette forme de violence diminue grâce à toutes les ressources qui existent et aux intervenants qui sont formés pour intervenir dans une telle situation.

AZITA KHORSHIDI et VERONICA SERRANO

PHOTO : Pixabay

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L’euthanasie signifie littéralement « mort douce » ou « mort sans souffrance ». Selon le Larousse, c’est un acte volontaire d'un médecin qui provoque la mort d'un malade incurable pour abréger ses souffrances. Elle est légale en Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg et au Canada. En décembre 2015, la Cour suprême du Canada a décidé de permettre aux patients adultes at-teints de maladies incurables de faire le choix de mettre fin à leur vie par une aide médicale. Dans ce débat de société actuel, l'enjeu du droit de mourir dans la dignité est beaucoup remis en cause. Malgré l’adoption de la loi autorisant l’aide médicale à mourir, l’opinion des Canadiens demeure partagée sur le droit à la fin de vie. Il est donc nécessaire d’aborder le sujet en observant les différents points de vue afin de bien peser le pour et le contre de ce débat de société. Tout d’abord, l’euthanasie est interdite dans certaines religions ; elle est considérée comme un crime puisque c’est un meurtre commis par un médecin qui, selon le serment d’Hippocrate est censé protéger et soigner ses patients. L’être humain ne dispose pas de sa vie : elle est un don. De ce fait, l’euthanasie suscite une opposi-tion forte de la part de certains médecins qui la compa-rent à un assassinat. De plus, on ne peut jamais garantir que l’euthanasie soit vraiment volontaire. C’est sans contredit une situation délicate de devoir décider de la

vie de ceux qui se sentent comme un fardeau pour eux-mêmes, leur famille ou pour la société. Aussi, la plu-part des médecins considèrent que les progrès en ma-tière d’antidouleurs et de soins palliatifs tranquillisants rendent l’euthanasie inutile. D’un autre côté, des arguments appuient l’euthanasie. Dans le cas d’une maladie incurable, en stade terminal, prolonger la vie signifie parfois prolonger la maladie, l’agonie et les souffrances. La souffrance peut être physique ou morale, mais elle demeure d’abord et avant tout celle du patient. Comme le médecin ne sait comment calmer la douleur, l’euthanasie devient par-fois la solution. Même si les soins palliatifs peuvent souvent diminuer la souffrance des malades, ils ne l’at-ténuent pas complètement et ne donnent pas aux ma-lades la possibilité de reprendre un semblant de vie normale. D’ailleurs, l’être humain est le seul proprié-taire de son existence. Il est donc en mesure de pouvoir décider s’il veut mourir ou rester en vie en cas de mala-die incurable. Pour conclure, l’aide médicale à mourir reste encore un sujet tabou dans plusieurs pays. Il est difficile d'avoir l’unanimité sur la question qui satisferait tout le monde du point de vue de l’éthique, du droit humain, de la religion, ou encore, de la dignité.

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L’aime médicale à mourir MARIAM ATAOUI

PHOTO : Pixabay

PHOTO : Unsplash

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Le tourisme au Québec est une ressource essentielle pour l’écono-mie québécoise, car il rapporte plus de 13 milliards de dollars avec plus de 50 millions de tou-ristes par année. Par ailleurs, 70% de l’industrie touristique du Qué-bec se trouve à la ville de Québec et à Montréal. La ville de Québec, capitale de la province, attire beaucoup de tou-ristes par son architecture euro-péenne au cœur de l’Amérique du Nord. Ses sites historiques procu-rent une expérience exceptionnelle aux visiteurs. Par exemple, le Vieux-Québec, Le Château Fron-tenac, les Plaines d’Abraham et le Musée de la civilisation sont les sites incontournables de cette ville. Au centre de la ville se trouve le Vieux-Québec qui est considéré comme un joyau patri-monial mondial par l’UNESCO depuis 1985. Il est un héritage culturel et historique avec son histoire de 400 ans. Un des plus beaux sites du Vieux-Québec demeure Le Château Frontenac construit par l’archi-tecte américain Bruce Prince en 1893. Il est un hôtel, mais aussi l’établissement le plus photogra-phié par un grand nombre de visi-teurs en raison de sa beauté et du paysage qui l’entoure, notamment le fleuve Saint-Laurent et la pointe de l’Ile d’Orléans. Cette année, le château célèbre son 125e anniver-saire. Outre le Château Frontenac, on retrouve à proximité du Vieux-Québec l’Hôtel du Parlement du Québec qui a été construit en 1886. Il abrite l’Assemblée natio-nale et il est ouvert au public pour que les visiteurs puissent connaître l’histoire du parlement québécois et son fonctionnement.

Non loin du Parlement, il est pos-sible de se rendre sur les Plaines d’Abraham, un ancien champ de bataille entre les armées française et anglaise en 1759, qui est aussi une zone touristique importante non seulement pour sa valeur his-torique, mais aussi pour les nom-breux festivals et évènements que ce lieu accueille. Située tout près de Québec, la chute Montmorency est la destina-tion des touristes qui aiment la nature. Ils peuvent marcher sur la passerelle qui se trouve juste au-dessus ou prendre le téléphérique pour accéder au sommet. Ils peu-vent aussi prendre la tyrolienne pour admirer une vue aérienne du paysage. Un lieu également très couru est l’Aquarium du Québec où vivent plus de 10 000 animaux marins variés tels que différents types de

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poissons, des ours blancs et des phoques. L’aquarium est ouvert pendant toute l’année et il propose le Festilumières, une balade noc-turne dans des sentiers illuminés durant la saison hivernale. Pour les adeptes de musées, il y en a plusieurs, mais les plus populaires sont le Musée national des Beaux-Arts du Québec, qui présente l’art québécois et international, et le Musée de la civilisation, qui se spécialise dans les expositions thématiques sur les sciences hu-maines et sociales. Pour conclure, la ville de Québec est une ville très charmante et très agréable pour ses visiteurs grâce à ses merveilleux sites qui sont ou-verts en toutes saisons. Les tou-ristes peuvent aussi profiter de plusieurs festivals et diverses acti-vités afin d’apprécier les splen-deurs de cette ville magnifique.

ABRAHAM KARA OGHLANIAN et LICET LOZANO REVELO

Québec, ville de culture et de nature

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Depuis que je suis arrivée au Québec, je suis attirée par les films québécois en raison de la culture et de la langue québécoise. « Et au pire, on se mariera » est l'un des films québécois que j’ai vu dernièrement et qui m’a beaucoup plu. Ce film, qui est l’adaptation du roman éponyme de Sophie Bienvenu, a été réalisé par la ci-néaste Léa Pool en 2017. Ce film fait une description intéressante de la vie ur-baine au sein d'une famille monoparentale montréa-laise. Dans la plupart des scènes, Aïcha, le personnage principal, raconte son histoire en voix hors champ. Par ailleurs, plusieurs images de misère urbaine sont pré-sentées dans ce film, comme des prostituées attendant leurs clients dans la rue, un ivrogne couché sur un banc de parc et, souvent, de petites ruelles sales.

L’histoire du film se déroule dans un des quartiers pauvres de Montréal, Hochelaga. Aïcha Saint-Pierre, une adolescente de 14 ans, manque énormément d’amour paternel et d’attention de la part de sa mère. Elle n'a jamais connu son père biologique ni entendu sa mère parler de lui. Quand Aïcha était plus jeune, elle passait de très bons moments avec son beau-père, un homme originaire d’Algérie. Ce dernier s’occupait d’elle pendant que sa mère travaillait. Cependant, cet homme était malhonnête, il ne travaillait pas et vivait comme un parasite chez Aïcha et sa mère. Pire encore, il amenait Aïcha dans des endroits non appropriés pour les enfants et il avait aussi tendance à poser des gestes déplacés envers la petite. D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle la mère d’Aïcha l’a mis à la porte. Quant au personnage d’Isabelle Saint-Pierre, la mère d’Aïcha, elle est infirmière et travaille sans compter ses heures pour pouvoir nourrir sa famille. Elle élève seule sa fille depuis qu’elle a chassé son ex-copain de la maison. Un autre personnage important dans ce film est Baz, un jeune musicien et chef de restaurant avec qui Aïcha est follement tombée amoureuse. Toutefois, ce fol amour est impossible puisque c’est un amour imaginaire. Aïcha s’imagine qu’elle et Baz s’ai-ment très fort. Or, Baz la considère plutôt comme une petite sœur, il a seulement pitié d'elle et veut donc ai-der cette adolescente à sortir de sa vie misérable. Bien que Baz lui ait expliqué mille fois qu’il ne l’aimait pas, Aïcha n'a rien voulu entendre. Elle pense que Baz l'a trompée étant donné qu'il a rencontré une autre fille à peu près du même âge que lui. La jalousie et la peine provoquent une grande colère chez Aïcha qui finit par tuer la nouvelle copine de Baz. Quel drame! Sophie Nélisse pourrait sembler trop mature pour jouer le rôle d’une adolescente de 14 ans puisqu’elle avait presque 18 ans lors du tournage du film. Cependant, malgré son âge, elle interprète parfaitement Aïcha, cette adolescente rebelle. Karine Vanasse est excellente et convaincante dans le rôle de cette mère monoparen-tale qui a un problème de communication avec sa fille. Quant à Jean-Simon Leduc, il incarne Baz, ce copain «grand frère», avec justesse et une grande sensibilité.

« Et au pire, on se mariera » est un film très touchant dans lequel les acteurs jouent de façon remarquable. Je le recommande à tous.

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Critique du film Et au pire on se mariera LIN WANG

PHOTO : lepetitseptieme.ca

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« Monsieur Lazhar » est un film québécois réalisé par Philippe Falardeau. Ce film raconte l’histoire d’un ré-fugié politique, Bachir Lazhar, qui est venu au Canada pour fuir le danger et les menaces qu’il vivait en Algé-rie, son pays d’origine. Apprenant dans le journal le suicide d’une enseignante dans une école primaire à Montréal, Bachir se présente à titre d’ancien ensei-gnant en Algérie pour remplacer la disparue. Rapide-ment embauché, Bachir intrigue d’abord les élèves par son niveau de langage en leur faisant découvrir la litté-rature française. Ensuite, il réussit à les aider à vaincre leur traumatisme causé par le suicide de leur ensei-gnante, alors que cela restait un sujet tabou à l’école. En fait, personne dans le corps enseignant ne voulait en parler ouvertement. Comme ce personnage a lui-même connu des traumatismes dans son pays, il se sent proche des élèves et il peut ressentir leurs souffrances.

J’ai beaucoup aimé ce film, car il aborde des sujets actuels de la société québécoise. Il présente à la fois le sort des réfugiés politiques, l’immigration, la diffé-rence de culture et le deuil. J’ai aussi aimé ce film pour la langue utilisée : le vocabulaire que Monsieur Lazhar emploie avec ses élèves est adéquat et juste. Ce person-

nage développe une relation positive avec les enfants qui viennent de vivre un deuil à l’école et il fait aussi preuve d’empathie envers eux. Grâce à sa sincérité et à sa capacité d’écoute, il parvient à gagner l’intérêt et le respect de ses élèves.

L’acteur qui interprète Bachir Lazhar est excellent, il incarne avec justesse un réfugié qui veut oublier son passé et changer de vie. Les jeunes acteurs du film sont extraordinaires, en particulier les deux qui interprè-tent Alice et Simon. Ils sont naturels et vrais. La mu-sique utilisée dans le film est une musique calme et douce qui se termine avec des voix d’enfants, ce qui permet de suivre le contexte dramatique des évène-ments. En général, ce film est instructif et profond. Il se con-centre sur les relations humaines entre les adultes et les enfants, c’est-à-dire comment chacun d’eux peut vivre une situation difficile et l’accepter. Le film présente également une image positive sur les différences cultu-relles et sociales à savoir comment on s’adapte à l’autre en acceptant les points de vue différents. Finale-ment, ce film nous montre que la différence est enri-chissante.

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Critique du film Monsieur Lazhar LATIFA ACHOUAL

PHOTO : lepetitseptieme.ca

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La manière de se nourrir est de plus en plus au centre des préoc-cupations de la population mon-diale, comme le montre un article de Hayn (2009). Une inquiétude naît donc de l’impact que peut avoir chaque régime alimentaire sur l'environnement. Donc, on se demande ce qu'est une bonne ou une mauvaise alimentation. Sommes-nous conscients de l'im-pact des styles de vie que nous adoptons tous les jours ? De notre point de vue, cela implique, d’une part, les émotions, les sentiments, les procédures et, d’autre part, la prise de décision, le respect de nous-mêmes, de notre environne-ment et de nos traditions. Pour commencer, les différentes études et les manuels sur la nutri-tion concluent que manger, c'est plus que se nourrir. D’un point de vue sociologique, l'individu est né au sein d'un groupe social qui dé-terminera ses habitudes et ses cou-tumes relatives au mode de l’ali-mentation. C'est ainsi qu’une per-sonne acquiert son identité et son appartenance. Toutefois, selon Dossogne (2008), manger n'est plus une affaire de famille, mais de plus en plus une question de choix et de décisions individuelles dans la société contemporaine, de sorte que ce mouvement d'indivi-

dualisation modifie les modes de consommation alimentaire. D'autre part, l'environnement dans lequel nous vivons, le manque de temps et la quantité de travail sont des variables qui poussent les gens à préférer de plus en plus s'asseoir seuls pour manger. En raison de ce train de vie, nous mangeons à l'extérieur de la maison ou à des moments qui ne conviennent pas à notre organisme. C’est donc dire que nous mangeons ce que nous voulons quand nous le voulons. Cependant, selon les chercheurs, bien que les repas soient moins pris en famille, manger reste un acte social autour duquel les gens se retrouvent. Compte tenu de ce qui précède, une perspective socio-écologique émerge et tient compte à la fois de la disponibilité des aliments et de celle des individus qui les con-somment. Dans cette perspective, Maire & Delpeuch (2004) quali-fient d’« insécurité alimentaire » le fait que des pays industrialisés soient de plus en plus confrontés à des maladies chroniques liées à des styles alimentaires modifiés de manière permanente. Les grandes villes sont en effet les premières touchées par ces changements en raison de leur exposition aux im-

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portations massives de produits alimentaires fabriqués dans le monde. La publicité active et la commercialisation de groupes agroalimentaires encouragent un régime alimentaire riche en gras et en sucres accompagné d'une varié-té de boissons gazeuses ou alcoo-lisées. Nous pouvons en conclure que l’alimentation est déterminée par l'évolution successive de la société à s'adapter aux changements de l'environnement et aux modes de vie ainsi créés. Toutefois, il serait important de souligner que l’ali-mentation est plus que des pro-duits nutritionnels ; elle comprend un ensemble d’activités comme faire les courses, cuisiner et man-ger. Elle est également influencée par des besoins et un ensemble de valeurs. Se nourrir quotidienne-ment de manière correcte, cons-ciente, saine et respectueuse de l'environnement demeure un enga-gement envers nous-mêmes. De nos jours, ce n’est pas suffisant de savoir ce que nous consommons. Nous voulons être conscients de la fabrication des produits, des subs-tances chimiques utilisées lors de leur production et de leur impact sur la santé et l'environnement.

ANDREA PADILLA et SOL REDONDO

Manger, c’est plus que se nourrir

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Page 19: Les nouvelles technologies à l école : un vrai progrès?...feuilles mortes ou les mauvaises herbes. Ce sont là des résidus tous présents dans notre cuisine et dans notre jardin

Étudiants-journalistes : 1. Laura Al Homsi et Indi Musallari 2. Maria Allon et Katherine Romeo Pineda 3. Karla Arrazola et Lucia Arana Ugaz 4. Jing Bei et Rosangela Rojas de Rangel 5. Manuel Cossio 6. Masoumeh Rashidi et Luz Stella Segura Mora 7. Jielin Liu et Jesse Owens 8. Edna Prieto et Horiya Saal 9. Elena Garanina et Anastasia Saprykina 10. Ivonne Tulena Salom et Mishelle Valencia 11. Mahboubeh Abdi et Gabriela Chindea 12. Souhila Daoud-Brikci et Sadaf Khalesi 13. Azita Khorshidi et Veronica Serrano 14. Mariam Ataoui 15. Abraham Kara Oghlanian et Licet Lozano Revelo 16. Lin Wang 17. Latifa Achoual 18. Andrea Padilla et Sol Redondo

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Certificat de perfectionnement en français langue seconde

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Mise en page : Erika Morin Créatrice du logo : Marianne Yousef Enseignante responsable : Hélène Tétreault