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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ------------------------------- FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ----------------------------------------------------------------------- Département Economie -------------------------------------------- Option : Macroéconomie et modélisation ---------------------------- MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAITRISE ES-SCIENCES ECONOMIQUES LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : QUELLE ALTERNATIVE POUR MADAGASCAR ? IMPETRANTE RAMANANDRAIBE Haingoniaina Murielle ENCADREUR Professeur RAZAFINDRAVONONA Jean Date de soutenance : 03 Mai 2014 Année universitaire : 2012- 2013

LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

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Page 1: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

UNIVERSITE D’ANTANANARIVO

-------------------------------

FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE

-----------------------------------------------------------------------

Département Economie

--------------------------------------------

Option : Macroéconomie et modélisation

----------------------------

MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAITRISE ES-SCIENCES ECONOMIQUES

LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU

LIBRE-ECHANGE : QUELLE ALTERNATIVE

POUR MADAGASCAR ?

IMPETRANTE

RAMANANDRAIBE Haingoniaina Murielle

ENCADREUR

Professeur RAZAFINDRAVONONA Jean

Date de soutenance : 03 Mai 2014

Année universitaire : 2012- 2013

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SOMMAIRE

INTRODUCTION

PARTIE I : ANALYSE DU RAPPORT LIBRE-ECHANGE

_CROISSANCE ECONOMIQUE

Chapitre I : Divergences théoriques en matière d’impact du libre-échange sur la croissance

économique

Section 1 : Théories afférentes à la nécessité du libre-échange

Section 2 : Libre –échange, entrave à la croissance économique

Chapitre II : Enjeux de la mondialisation et du libre-échange sur la croissance économique

Section 1 : Dimensions économiques de la mondialisation

Section 2 : Tendance du libre-échange sur la croissance économique dans le contexte de la

mondialisation

PARTIE II : PERSPECTIVES DE CROISSANCE ECONOMIQUE PAR LE BIAIS DU LIBRE

ECHANGE, LES CHANCES POUR MADAGASCAR

Chapitre I : Economie malgache et commerce extérieur

Section 1 : Etat des lieux de l’évolution de la situation économique et du commerce extérieur

malgache entre 2003 et 2013

Section 2 : Relation causale entre commerce extérieur et croissance économique

Chapitre II : Stratégies de développement du commerce extérieur

Section 1 : Atouts et potentiels de l’économie malgache

Section 2 : Perspectives d’avenir

CONCLUSION

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LISTE DES TABLEAUX STATISTIQUES

Tableau 1 : Exportation des entreprises de la Zone franche, six premiers mois, valeur en millions

de DTS, Volume en milliers de tonnes et Prix en DTS par Kg-------------------------------------p.46

Tableau 2 : Exportation des produits artisanaux de 2008 à 2012------------------------------p.47

LISTE DES FIGURES

Graphique 1 : Cycle de vie des produits-----------------------------------------------------------p.10

Graphique 2 : Demande représentative de Linder------------------------------------------------p.11

Graphique 3 : Marché de concurrence monopolistique------------------------------------------p.13

Graphique 4 : Evolution mensuelle des exportations en 2013---------------------------------p.48

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ACRONYMES

AGOA: African Growth Opportunity Act

APE: Accord de Partenariat Economique

BCM : Banque Centrale de Madagascar

BIT : Bureau International du Travail

CCIA: Chambre de Commerce et de l’Industrie d’Antananarivo

CIR: Communauté d’Intégration Régionale

CNUCED : Conférence des Nations-Unies pour le Commerce Et le Développement

COI: Commission de l’Océan Indien

COMESA: Common Market for Eastern and Southern Africa

CREAM: Centre de Recherche, d’Etude et d’Appui à l’Analyse Economique à Madagascar

DIT : Division Internationale du Travail

DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté

DTS: Droits de Tirages Spéciaux

EDBM: Economic Development Board of Madagascar ENSOMD: Enquête Nationale de Suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement

EPM : Enquêtes Périodiques auprès des Ménages

FMI: Fonds Monétaire International

FOB: Free On Board

GATT: General Agreements on Tarifs and Trade

HOS: Hechsher- Ohlin- Samuelson

Page 5: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

IDE : Investissement Direct Etranger

IDH: Indice de Développement Humain

INSTAT : Institut National de la STATistique

ITBM: International Trade Board of Madagascar

ITC: International Trade Center

MAP: Madagascar Action Plan

NPF : Nation la Plus Favorisée

NTIC: Nouvelle Technologie de l’Information et de la Communication

OMC: Organisation Mondiale du Commerce

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

PAE : Programme d’Appui aux Exportations

PAS : Programme d’Ajustement Structurel

PED: Pays En Développement

PIB: Produit Intérieur Brut

PIC: Pôle Intégré de Croissance

PMA: Pays les Moins Avancés

PME : Petite et Moyenne Entreprise

PNUD: Programme des Nations-Unies pour le Développement

PRC : Programme de Renforcement des Capacités dans les négociations internationales

QMM: QUIT Madagascar Minerals

SADC: Southern African Development Community

SPS: Sanitaire et Phyto-Sanitaire

TPS : Tarifs Préférentiels Spéciaux

Page 6: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

UE: Union Européenne

USD: United States Dollar

ZEE : Zone Economique Exclusive

ZLE : Zone de Libre Echange

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REMERCIEMENTS

Sans Dieu, je n’aurais eu le courage, la santé, ni les moyens pour réaliser ce présent

document. Mes remerciements Lui sont en premier lieu adressés.

Je tiens également à exprimer toute ma gratitude envers certaines personnes, en

particulier :

notre encadreur, le Professeur RAZAFINDRAVONONA Jean, pour tout son aide, son

temps et ses conseils tout au long de l’élaboration de ce mémoire ;

les enseignants et personnels administratifs du département d’Economie, ainsi que de

la faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie ;

les responsables des centres de documentation de l’INSTAT ;

les responsables du centre de documentation et personnels administratifs du Ministère

des Finances et du Budget ;

enfin, ma famille et mes amis.

Page 8: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

1

INTRODUCTION

Le commerce international fut longtemps considéré comme source de prospérité et de

croissance économique. Cette réalité s’affirmait davantage au lendemain de la seconde guerre

mondiale, via une plus grande connectivité et interdépendance entre les pays, favorisant la

libéralisation des biens, des capitaux, et des services ; en un mot, le libre-échange. Le monde

s’assimilait alors à un gigantesque marché, sur lequel chaque nation mise afin d’accumuler davantage

de richesses grâce à l’énorme potentialité présente. Si les pays industrialisés étaient les premiers à

percevoir les fruits issus du libre-échange, les pays en développement ne tardèrent à entrer sur la scène

du commerce mondial, notamment grâce aux séries de négociations tenues en 1994 à Uruguay ; sans

oublier celles de Doha. Cette intégration, facilitée entre autres par le vent de changement véhiculé par

la mondialisation au début du XXe siècle, débouche néanmoins sur un résultat mitigé : une nuance se

manifestant d’une part par l’essor des pays dits émergents dont au premier plan la Chine; et d’autre

part, par l’échec de quelques Etats asiatiques, et africains.

À l’instar des pays africains, Madagascar s’est engagé à se développer à travers les

différentes opportunités offertes par la libéralisation des échanges, une volonté matérialisée par

diverses séries de stratégies et plans d’action axés principalement sur le développement du

commerce extérieur. À vrai dire, le pays préconisait une croissance économique centrée sur la

promotion des exportations. Dans ce sens, Madagascar ratifia depuis la période de libéralisation

divers accords commerciaux, en ne citant le fait que la Grande-île fait partie intégrante des

Communautés d’Intégration Régionale : Southern African Development Community, Common

Market for Eastern and Southern Africa.

Malgré toutes ces initiatives cependant, la pauvreté de la population malgache persiste et

la situation s’empire chaque jour. Par ailleurs, la balance commerciale du pays se caractérise par

un déficit chronique. Ce constat conduit à développer ce thème visant à expliquer la

marginalisation au niveau du commerce mondial de la plupart des pays en développement en

général, et de Madagascar en particulier. D’où, l’intitulé : « les pays en développement face au

libre-échange : quelle alternative pour Madagascar ? ».

Ainsi compte tenu de toutes ces réalités aberrantes ; que dire des impacts du libre-

échange sur l’économie malgache ?

Page 9: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

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Comment se présente le commerce malgache face à la concurrence internationale, quelles

ont été les principales évolutions remarquées ?

Le commerce extérieur constitue-t-il un secteur-clé pour l’économie malgache ?

Et enfin, de quelle façon le rendre encore plus compétitif afin de servir de pilier pour un

développement économique durable ?

Toutes ces questions requièrent au préalable une certaine méthodologie en vue d’y apporter

des esquisses de réponses. Notre analyse se limitera également aux flux des biens et des services,

en faisant ainsi abstraction aux mouvements de capitaux, ceci afin d’éviter la confusion entre

« économie et commerce » international ; ainsi que de sortir du contexte thématique. Ainsi, en

s’appuyant sur des données issues de quelques ouvrages, articles, et des sites web ; cette étude

reposera sur deux grandes parties. La première sera axée sur l’analyse des différentes facettes du

libre-échange, ainsi que le positionnement des pays en développement dans ce cadre. La seconde

abordera l’état particulier du commerce malgache, en partant de son évolution, en passant par

l’analyse de ses principaux points forts et faibles, et en débouchant finalement sur les stratégies de

développement pour le futur.

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PARTIE I : ANALYSE DU RAPPORT LIBRE-ECHANGE

_CROISSANCE ECONOMIQUE

Les relations commerciales et l’interdépendance entre les pays se sont largement

renforcées à la suite de la seconde guerre mondiale. En se limitant dans un premier temps aux pays

industrialisés, les pays en développement ont progressivement perçu les gains issus des différents

accords commerciaux. Ainsi, le libre échange ou l’ouverture au commerce mondial constitue un

pilier de la croissance et du développement économique. Certains pays, n’ayant eu la chance de se

développer grâce à ce système, y sont cependant moins enclins. L’autarcie et l’autosuffisance leur

sont devenues une habitude. Ce point constitue un dilemme des pays africains, de ceux de l’Asie

du Sud et du Moyen Orient. Bref, les pays du Tiers monde présentent cet aspect commun : une

structure précaire ou déficitaire de la balance des paiements, constituant un trait de leur pauvreté.

Dans quelle mesure le libre-échange constituerait-il alors un frein ou un moteur pour la croissance

économique ?

Cette partie vise à cerner le lien entre ces deux variables économiques. Divers auteurs ont

d’ores et déjà souligné les impacts tant positifs que négatifs du libre-échange. Le premier chapitre

exposera leurs différents points de vue sous forme d’un débat théorique. Le second sera quant à lui

davantage axé sur les enjeux du libre-échange envers les pays en développement en général,

compte tenu du contexte actuel de la mondialisation.

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CHAPITRE I : DIVERGENCES THEORIQUES EN MATIERE D’IMPACT DU LIBRE-

ECHANGE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

On assiste depuis les années 50 à la prolifération des échanges internationaux, croissance

deux fois plus rapide que celle de la production mondiale ou du PIB. La spécialisation, le

développement des voies maritime et terrestre de la communication, l’industrialisation ont été

indissociables à ce contexte. Bien que l’attention de la plupart des théoriciens se concentrait

surtout sur les bienfaits du libre-échange, incitant les Etats à tirer profit de celui-ci ; la suppression

totale des protections douanières ne fit pas toujours l’unanimité entre les auteurs. Les libéraux ont

été les premiers à démontrer la nécessité du libre-échange, et à en avoir également posé les limites.

Section 1 : Théories afférentes à la nécessité du libre-échange

Les théories traditionnelles, plus tard celles modernes, du commerce international

constituent les plus marquantes des doctrines en faveur du libre-échange. Malgré leur différence

d’hypothèses, ces théories mettent toutes l’accent sur les gains tirés du libre-échange, et

permettent d’expliquer les flux commerciaux, la spécialisation des pays et surtout la position des

grandes puissances économiques mondiales de nos jours.

I. Théories traditionnelles du commerce international

Ces théories remirent en cause les principes mercantiles considérant le commerce à

l’époque comme étant un « jeu à somme nulle ». Elles contribuèrent également : à résoudre

certains marasmes économiques tels la loi des rendements décroissants. Les théoriciens libre-

échangistes, partant de Smith aux économistes suédois : Hecksher et Ohlin, en passant par Ricardo

soutiennent l’ouverture des frontières nationales.

A. De la théorie de l’avantage absolu de Smith à l’avantage comparatif de Ricardo

Adam Smith développait cette théorie de l’avantage absolu dans son fameux

ouvrage, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » publié en 1776. En se

basant sur le principe de la spécialisation des nations et l’exemple de la manufacture d’épingles, il

considère le commerce international comme étant une source de richesses. En effet, cet exemple

vise à montrer que la productivité du travail augmente avec la division technique du travail, plus

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tard étendue sur le plan macro-économique avec le concept de division internationale du travail ou

DIT. Selon Smith, « si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que

nous ne sommes en état de l’établir nous-mêmes, il vaut mieux que nous la lui achetons avec

quelques parties du produit de notre propre industrie employée dans le genre avec lequel nous

avons quelques avantages… » (Smith, 1776). Chaque pays a par conséquent intérêt à se spécialiser

dans la production pour laquelle il dégage un avantage absolu par rapport à ce que produisent ses

concurrents.

Bref, cette théorie smithienne repose sur le rapport : exportation des biens pour lesquels le

pays est performant ; et importation de ce que les producteurs étrangers produisent à un meilleur

compte. Il est question de comparer les coûts supposés plus faibles en valeur absolue que celui des

autres pays, d’où l’appellation de coûts absolus. Quid maintenant des pays ne disposant d’aucun

avantage absolu ? Cette question, sous-entendant une limite à cette théorie smithienne des

échanges internationaux, constituera le point de départ de l’avantage comparatif de Ricardo.

Le modèle ricardien conteste la conclusion de la théorie de l’avantage absolu, selon

laquelle : un pays ne disposant d’aucun avantage absolu ne peut participer à l’échange. Un pays

tire toujours profit du libre-échange, en favorisant la production dans laquelle il détient un

avantage comparatif ; autrement dit, où son désavantage s’avère le plus faible. Il illustrait son

principe en considérant deux pays uniquement : l’Angleterre et le Portugal, produisant deux types

de biens : le drap et le vin. L’Angleterre nécessite 100 h de travail pour fabriquer une unité de

drap, alors qu’il n’en faut que 90 pour le Portugal. Ce dernier se trouve également plus avantageux

dans la production de vin, en n’ayant besoin que de 80 h, pour produire un litre, si l’Angleterre ne

parvient à produire cette même quantité qu’au bout de 120 heures de travail (Ricardo, 1821). Deux

conclusions découlent de cet exemple : de un, l’Angleterre ne dispose d’aucune chance, et ne peut

participer au libre-échange ; de deux, en situation autarcique pour produire la quantité totale de

vins nécessaires aux deux pays, il faudrait 200 heures de travail, et 190 heures pour la production

de drap. Ricardo démontrait ainsi une fois de plus que le libre-échange constitue la meilleure

alternative pour un pays par rapport à l’autarcie ou le protectionnisme. En effet, dans cet exemple,

l’Angleterre aura toujours intérêt à profiter des gains de l’échange en se spécialisant dans la

production de drap. Ce pays dépense certes approximativement le même temps de travail pour

fabriquer une unité de drap s’il est, par contre, largement surpassé par le Portugal dans la

production de vin. Le but de cette analyse fut de démontrer l’impact du libre-échange sur

l’amélioration de la compétitivité d’une nation sans que ceux-ci aient à déployer d’énormes

efforts.

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Comme justification récente de cette théorie ricardienne, on peut citer l’échange entre la

France détenant un avantage comparatif dans la fabrication du vin soit 19% de la production

mondiale en 2006, et l’Indonésie dans l’huile de palme, soit 43% de la production mondiale.

B. Théorie de la dotation factorielle d’Heckscher-Ohlin-Samuelson

Il eut fallu attendre la période d’entre-deux-guerres, autrement dit presque plus d’un siècle

avec l’analyse de ces trois économistes, avant de pouvoir cerner les limites de l’approche

ricardienne du libre-échange. En 1919 certes, Eli Heckscher tentait d’appréhender l’origine de la

différence de coûts comparés. En admettant l’hypothèse selon laquelle les techniques de

production sont transférables d’un pays à un autre, il avançait que la différenciation des coûts

résulte de l’inégalité des prix des facteurs de production. Par exemple, dans les pays richement

dotés en facteur travail, le niveau des salaires se trouve à un niveau si bas tel que les entrepreneurs

utilisent davantage de main d’œuvre. Inversement, dans les pays industrialisés, les tâches sont plus

mécanisées ou robotisés. En 1933, Bertil Ohlin énonçait la loi des proportions des facteurs en se

fondant sur l’origine de la différenciation des coûts. Ainsi, un pays tend à se spécialiser dans des

produits relativement plus intensifs dans le facteur y existant en abondance, et à importer ceux

incorporant des facteurs dont il est moins doté. Cependant, cette inégalité en dotation factorielle

débouche certes sur des spécialisations différentes mais également sur des écarts de prix des

facteurs de production. Compte tenu de ce dernier constat, Paul Samuelson et Wolfgang Stopler

complétaient en 1941 les travaux de ces deux précédents économistes par un théorème sur les

rémunérations des facteurs, tel qu’à long terme, les prix tendent à s’égaliser. En effet, au moment

où les facteurs abondants dans un pays s’épuisent, c’est-à-dire deviennent plus rares, leurs valeurs

augmentent selon la loi de l’offre et de la demande. À la lumière du théorème HOS, la Chine riche

en facteur travail mais également en capital, peut être considérée comme l’atelier du monde et

domine le marché mondial à l’heure actuelle.

À la suite de la seconde guerre mondiale, les théories traditionnelles ne parvenaient plus à

rendre vraiment compte de la réalité des échanges. Cette approche dominante et ayant occupé la

place centrale au sein de la littérature économique sera désormais supplantée par la « nouvelle

théorie du commerce international ».

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II. Les nouvelles théories du commerce international

La principale limite de la dite ancienne théorie du commerce international est de détacher

l’analyse de la réalité, leur extrême simplicité ainsi que la non-utilisation d’outils économétriques.

L’utilisation d’une méthodologie plus efficiente entrera en vigueur depuis les années soixante dont

l’économie expérimentale, la théorie des jeux ainsi que l’économie industrielle. Par ailleurs, de

nouvelles hypothèses vont influencer ce renouveau théorique à savoir : les rendements d’échelle

croissants, la mobilité des facteurs de production, la concurrence imparfaite, la différenciation des

produits, l’innovation technologique, enfin le développement des firmes multinationales. Certaines

hypothèses de la théorie classique furent néanmoins toujours retenues et approfondies.

Plusieurs auteurs contemporains du libre-échange se sont inspirés des célèbres théories

classiques. Franck Graham s’est, par exemple, basé sur la théorie Smithienne pour élaborer son

approche par les rendements ou l’économie d’échelle, tandis que la différenciation technologique

relève de l’avantage absolu de Ricardo, enfin le paradoxe de Leontief se rattache au modèle

factoriel.

A. Rendement d’échelle

Les motivations poussant au libre-échange sont endogènes, autrement dit, elles relèvent de

la réalisation d’économie d’échelle et non pas de l’avantage absolu, qui sont exogènes.

L’ouverture au commerce international s’effectue sous la condition d’une augmentation de la

productivité. Cette influence de l’économie d’échelle sur le commerce fut développée par Franck

Graham en 1923, puis par Bertil Ohlin en 1933. Prenons l’exemple de deux pays identiques :

c’est-à-dire ayant le même niveau technique, la même dotation factorielle, et dont les

consommateurs ont les mêmes goûts ; puis de deux biens fabriqués dans les mêmes conditions

mais avec des rendements croissants. La hausse de la production dans l’un de ces biens produit des

gains de productivité.

On montre que malgré la similitude des coûts comparatifs qui ne justifierait aucun échange

entre les deux pays, chacun peut trouver avantage dans la spécialisation et le commerce

international pour obtenir plus de biens qu’en autarcie. En effet, l’augmentation de la production

dans l’un des biens génère des gains de productivité, grâce à l’économie d’échelle, et donc un

avantage comparatif. Mais celui-ci ne résulte pas des différences initiales entre les deux pays

puisque par hypothèse ils étaient parfaitement semblables ; en revanche, cet avantage comparatif

Page 15: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

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trouve son origine dans la spécialisation elle-même, recherchée pour bénéficier d’un rendement

croissant. C’est pourquoi, on qualifie cette explication de « théorie endogène », car la

spécialisation et l’échange international permettent de créer l’avantage comparatif issu de

l’économie d’échelle.

B. Différence technologique dynamique

Un économiste dénommé Michael Vivian Posner se base, en 1961, sur les travaux de

Schumpeter. L’avancée technologique procure un avantage comparatif en matière d’exportation

pour un pays. La structure des échanges est la suivante : les pays coéchangistes disposent de

performances technologiques voisines. Ceux avancés exportent des produits high-tech, et

importent des biens nécessitant des technologies moins pointues. Une autre possibilité se

présente : chaque pays se spécialise dans diverses branches permettant alors un échange croisé.

Dès que le produit en question se retrouve banalisé ou concurrencé, le pays perd cet avantage.

Cette imitation dépend de l’économie d’échelle, des tarifs douaniers, des coûts de transport, de la

demande locale et étrangère et prend ainsi un certains délai dit « Imitation Lag ». Le

développement des firmes multinationales et des IDE permet cependant de compenser les effets de

cette viscosité de la diffusion technologique. Ainsi, la prolifération et la maitrise de cette nouvelle

technologie par les pays étrangers mettent un terme au monopole du pays innovateur. Les propos

du modèle factoriel sont repris : la rareté des facteurs détermine le flux des échanges. Dans notre

cas, il s’agit de l’innovation et des facteurs technologiques. Par ailleurs, deux économistes

dénommés Michael Vivian Posner et Gary Clyde Hufbauer ont formulé une hypothèse dite de

« Posner-Hufbauer » (Mucchielli, 1987), stipulant que le commerce basé sur cette différenciation

technologique est « quelque chose de relativement désavantageux pour les pays

technologiquement moins avancés ».

C. Différenciation des produits

Les mutations technologiques confèrent aux entreprises les techniques nécessaires pour

une production variée. Certes, l’offre de nouvelles gammes de produits les prémunit face à la

concurrence étrangère. Les produits ordinaires ou standards tendent ainsi à être personnalisés, en

vue d’accumuler une plus grande part de marché. Ce principe de commerce basé sur la variété de

la production a été introduit par Chamberlin en 1933, puis repris par Dixit et Stiglitz en 1977, et

enfin par Krugman en 1980. Cette économie de variété permet d’améliorer le bien-être de la

population ou « effet de diversification ». La principale condition pour tous nouveaux-entrants est

Page 16: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

9

ainsi d’assurer la diversification de leurs productions, et d’en assumer les coûts relatifs. On assiste

dans ce sens à une concurrence monopolistique. À titre de remarque, d’autres auteurs figurent

dans le même sens que ceux vus précédemment en ne citant qu’Hotelling en 1929 et Lancaster en

1980, à travers le concept de diversité personnelle de goût des consommateurs. Selon toujours

Lancaster, la différenciation verticale ou en terme de qualité d’un produit confère un avantage

comparatif pour un pays.

Un exemple emblématique de cette croissance basée sur la différenciation de produit et de

technologie : le rapport commercial Nord-Sud. En effet, les pays du Sud n’exportent en général

que des produits à faible valeur ajoutée, tandis que les exportations de ceux du Nord regroupent

essentiellement des produits manufacturés de haute qualité, d’où cet écart croissant de

développement entre ces deux blocs. Ce fait s’explique par le retard technologique de la plupart

des pays du Sud.

D. Cycle de vie des produits de Vernon

Les avantages comparatifs tirés du libre-échange sont liés au cycle de vie d’un produit.

D’après les travaux de Raymond Vernon, ce concept se résume en ces étapes : l’innovation, la

croissance, la maturité, enfin le déclin. Les produits nouvellement conçus par les pays riches sont

d’abord vendus sur le marché local. Arrivé au stade de croissance, ces biens seront écoulés sur les

marchés étrangers, et fabriqués en plusieurs séries réduisant progressivement leur prix. Ces biens

commencent à être imités par les pays à bas salaire impliquant ainsi la délocalisation des pays

riches pour maintenir leur profit. La phase de déclin se caractérise par la consommation courante

du bien. L’innovation et l’accumulation du capital déterminent par conséquent la spécialisation

d’un pays.

Les innovations des firmes japonaises et européennes dans le domaine de la

télécommunication mettent en évidence ce prolongement de la théorie ricardienne. Les produits

high-tech comme le marché de la téléphonie mobile, et les ordinateurs portables sont à l’heure

actuelle accaparés par les opérateurs économiques chinois et japonais. Ces derniers exportent ces

produits vers les pays concepteurs comme les Etats-Unis ou l’Europe. Cet exemple et le schéma

ci-dessous permettront d’expliquer davantage cette théorie. À titre de remarque, deux autres

économistes ont élaboré en 1987 un modèle de cycle de vie de produits basé sur l’apparition de

nouveaux produits de haute qualité. Il s’agit de Flam et Helpman. En effet, selon ces derniers, les

consommateurs ne cessent de chercher des produits diversifiés et de haute gamme.

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Graphique 1 : Cycle de vie des produits de (Vernon, 1986)

Source : Vernon

E. Théorie de la demande représentative (Linder, 1961)

La demande ou les préférences du consommateur déterminent les échanges commerciaux,

selon Staffan Burenstam Linder. Ce dernier établit en 1961, une nouvelle approche contredisant la

théorie de la dotation factorielle. En effet, l’échange des biens manufacturés, contrairement aux

produits primaires, ne peut être expliqué par les seules dotations en facteurs de production.

La demande définit la nature des biens exportés. Elle en impose les normes de qualité.

Par ailleurs, les exportations constituent le surplus ou résidu de la consommation locale. Étant

donné que les pays ont un niveau comparable de développement, ils exporteront et importeront les

mêmes produits, par exemple des produits manufacturés. Cette similitude détermine, par

conséquent la part dans le revenu national du volume de ces biens. Les pays disposant d’un même

niveau de revenu ont intérêt à participer à l’échange. La proximité entre ces pays limite les coûts

de transport et de production : commerce bilatéral. L’appartenance à une zone de libre-échange

offre également ces divers atouts.

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Graphique 2 : Demande représentative de Linder

Source : Linder

Ce schéma sépare respectivement trois zones, en fonction de la qualité respective des

produits des pays. On distingue ainsi : un pays le plus riche noté C, et demandant une qualité

moyenne élevée située entre c et f. Selon un ordre décroissant, vient le pays B demandant un

produit de moindre qualité que le premier, enfin en dernier lieu, le pays A. La demande dépend

par conséquent du revenu par habitant, ainsi que des qualités similaires des produits. Le schéma

montre en effet l’intersection entre la demande de C et de B. Autrement dit, ces deux pays peuvent

s’échanger les produits de qualité incluse entre c et e. Idem, B et A effectueront leurs échanges sur

les produits de qualité entre b et d, et enfin C et A sur les produits entre b et c. Toujours, d’après le

graphe, les échanges entre deux pays de niveau similaire de développement : C et B ; ou B et A

sont plus importants que ceux entre deux autres ayant un écart élevé de niveau de vie : C et A.

F. Paradoxe de Leontief

Wassily Leontief tentait de vérifier les conclusions du modèle factoriel en se focalisant sur

l’analyse des exportations américaines vers le reste du monde. Le résultat diffère cependant de la

théorie de la dotation factorielle. En effet, l’intensité en capital des exportations de 1947 est

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inférieure à celle des importations de cette même année, soit 14 dollars par travailleurs contre 18

dollars par travailleurs. Or, les Etats-Unis se caractérisent par la rareté de sa main d’œuvre et

l’abondance relative de son capital.

G. Concurrence monopolistique

La nouvelle théorie du commerce international eût permis de considérer une importante

hypothèse qu’est l’imperfection du marché. Cette analyse est due aux travaux respectifs de

Hotelling (1929), Chamberlin(1933), Krugman (1979), Lancaster (1980), enfin Helpman (1981), à

travers le concept de la concurrence monopolistique. Elle reprend les trois aspects dont nous

venons de développer, autrement dit : le rendement d’échelle, l’innovation, et la diversification

des produits. Comme déjà anticipé supra, l’intégration d’une firme sur un marché s’effectue au

prix de supporter les coûts liés à la diversification de sa production. Certes, la variété de la

production confère un statut de monopoleur pour une entreprise mais uniquement sur le court

terme. Pour deux monopoleurs produisant les mêmes biens, la demande dépend évidemment du

prix. Dans le cas où la concurrence s’accentue sur un marché, le prix tend à se diminuer : courbe

de prix décroissante sur le schéma ci-dessous. Sur un autre plan, le raffermissement de cette

concurrence entrainera la baisse de la production par entreprise, vu l’augmentation de l’offre

global, or la demande totale ne suit pas ce même rythme. De cette baisse de la production découle

la hausse du coût moyen. Il n’existe plus d’économie d’échelle, l’entreprise supporte les mêmes

coûts, sans pouvoir dégager une plus grande production et ainsi un plus important profit : courbe

de coût croissant du même schéma.

Krugman tenta d’expliquer les échanges de produits différents en s’appuyant sur le modèle

de concurrence monopolistique (Krugman et Obstfeld et al. 2006) développé par son précurseur

Chamberlin. Il expliqua alors la manière dont le commerce international permet de restreindre le

conflit entre variétés des biens et échelle de production. Le développement des échanges

commerciaux réduit le prix soit p2<p1, par la même occasion, offre une plus grande quantité et

variété de produits : n2>n1.Ce plus vaste marché, dans le sens où les offreurs et l’offre elle-même

se sont accrus, permet toujours l’échange entre deux pays identiques en matière technologique et

de dotation factorielle.

Page 20: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

13

Graphique 3 : Marché de concurrence monopolistique

Source : Helpman et Krugman

H. Firmes multinationales

L’expansion du commerce international s’est accompagnée d’une explosion du nombre des

firmes multinationales. Diverses entreprises organisent leur production de manière à accumuler

une plus grande part de marché, grâce aux échanges entre les filiales. Cette prolifération des

firmes multinationales suscita la réflexion sur ses impacts sur la croissance économique. D’une

manière générale, les flux d’IDE complètent le commerce international. Cela se traduit par les

effets de la délocalisation des firmes étrangères dans les pays en développement. Nous

reviendrons sur ce point dans le second chapitre traitant des effets de la mondialisation et de la

globalisation des échanges sur la croissance économique.

Page 21: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

14

Section 2 : Libre –échange, entrave à la croissance économique

À partir du XVIe siècle, à une époque où le libre-échange a toujours été la règle et que le

protectionnisme était considéré comme une anomalie entravant le développement économique,

divers courants vont surgir afin d’ébranler ce pouvoir autorégulateur du marché et de recentrer

l’attention sur le rôle de l’Etat.

I. Protectionnisme

Le protectionnisme désigne toute mesure ou politique économique prise par l’Etat en vue

de protéger les industries locales de la concurrence étrangère.

A. Objectifs

Sur le plan micro-économique :

maintien de l’emploi dans certains secteurs d’activité car l’importation pénalise les

industries locales ;

privilège pour les entreprises nationales dans les appels d’offres de marchés publics ;

empêche les investisseurs étrangers de prendre le contrôle sur les entreprises nationales.

Sur le plan macro-économique :

réduit le déficit commercial : freine l’importation et encourage l’exportation ;

prépare une phase de croissance économique ;

constitue une source relativement solide de recette pour l’Etat via les tarifs douaniers ;

indépendance vis-à-vis de l’extérieur.

B. Instruments de protectionnisme ou de politique commerciale

Afin de comprendre par quel mécanisme l’Etat parvient à ces objectifs précédemment cités,

il serait convenable de rappeler la gestion des flux des échanges commerciaux par le biais des

outils de politique commerciale.

barrières tarifaires ou droits de douane :

Ce sont des taxes prélevées sur les importations en fonction de leur valeur. Les Etats-Unis

ont souvent recours à cette mesure, tel est le cas en 2000, la hausse des taxes douanières sur la

moutarde et le roquefort a largement fait chuter les exportations en provenance de la France. Les

pays émergents comme l’Inde tendent également vers cette politique économique : celui-ci

Page 22: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

15

augmentait en décembre 2008 ses droits de douane à 20% sur divers produits tel le soja, le fer

ainsi que l’acier.

barrières non tarifaires

Elles consistent en l’instauration des prohibitions ou des normes visant à interdire

l’importation de certains produits. Ces barrières peuvent être d’ordre sanitaire, morale ou

simplement politique. Font partie de ce type de mesures : l’embargo visant à interdire la libre

circulation des marchandises telles les armes, le contingentement limitant d’une façon arbitraire

l’entrée des biens.

mesures para-tarifaires et règlements administratifs

Elles comprennent les subventions à l’exportation, les crédits à l’exportation à taux

d’intérêt réduit. Certaines procédures rigoureuses tendent à décourager les exportateurs étrangers.

Cette mesure est qualifiée de « protectionnisme déguisé » et caractérise la politique commerciale

japonaise et française.

manipulation du taux de change ou politique de change

L’Etat peut intervenir sur l’économie par le biais d’une politique consistant à dévaluer de

la monnaie nationale. Cette dernière débouche sur deux alternatives. En effet, selon la condition de

Marshall Lerner, la dépréciation de la monnaie nationale suscite la détérioration des termes de

l’échange, suite à l’augmentation de la valeur des importations ; et l’effet de substitution : les

produits nationaux deviennent plus compétitifs par rapport à ceux étrangers entrainant ainsi

l’accroissement des exportations1. Cette politique se rencontre dans plusieurs pays tel la Chine et

les Etats-Unis accusés de maintenir leur monnaie à un niveau relativement bas pour les favoriser à

l’égard de l’euro2. Celle-ci étant, certes considérée comme une monnaie forte, se retrouve au

centre du problème de la zone euro dans son élaboration d’une politique de change favorable à ses

exportations.

Ces divers exemples ne suffisent cependant pas à justifier la nécessité du protectionnisme

et à tirer le fin mot sur ce débat théorique ; aussi est-il-préférable de rappeler toutes les théories en 1 Mr RAMIANDRISOA Olivier, 2013, Politique économique, 4è Année économie, macroéconomie et modélisation 2 Le monde diplomatique, mars 2009, Dossier : Le protectionnisme et ses ennemis, « Mille et une manières », p.19

Page 23: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

16

faveur de cette doctrine économique ? Ces dernières s’accordent sur le caractère nocif du libre-

échange, contrairement à ce que la plupart des écrits l’attestent.

II. Théories de la domination

Ces théories considèrent le libre-échange comme une entrave au développement et

divergent de la ligne des thèses libre-échangistes. Aussi, de quelle manière ces théoriciens

prétendent-ils affirmer les méfaits liés au libre-échange dans de telles circonstances de

globalisation de l’économie mondiale et d’interdépendance entre les pays ?

A. Théorie des inégalités :Bagwati, Arghiri Emmanuel et Karl Marx

Selon certains auteurs dont Jagdish Bagwati, le libre-échange ne profite aux PED. La

principale raison en est la mauvaise spécialisation de ces pays émanant notamment de l’héritage

ou pacte colonial3.Par conséquent, les PED reculent devant l’échange international. Dans cette

même perspective, ces derniers ne bénéficient d’aucun avantage comparatif : le solde déficitaire

de la balance commerciale, ainsi que la détérioration des termes de l’échange forment les traits

saillants de l’économie des PED. Un phénomène de « croissance appauvrissante », selon les

termes de Bhagwati. Face à ce concept, les PED doivent exporter davantage et limiter leurs

importations.

Arghiri Emmanuel adoptait en 1969 cette même vision. D’après cet auteur, le commerce

sous-entend un rapport de domination à l’égard des pauvres. En effet, dans n’importe quelle

circonstance, les PED resteront toujours perdants dans l’échange international. La principale cause

en est la grande différence entre les produits échangés soit des produits agricoles contre ceux

manufacturés, occasionnant également un écart de prix.

L’analyse de Karl Marx rejoint les constats et conclusions d’Arghiri Emmanuel. Il ne renie

pour autant pas les gains liés au libre-échange. En ces termes, ce théoricien considère le commerce

international comme étant générateur de profits pour la classe des capitalistes. L’échange

international se résume en un rapport de domination entre pays riches et pauvres.

B. Protection des industries naissantes

La recherche d’une voie pour s’industrialiser dans les pays en développement trouve son

fondement à travers l’application des mesures protectionnistes. Celles-ci permettent de réaliser des

3 Mme RAJAOSON Lalao 2013, Economie industrielle, 4è année économie

Page 24: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

17

économies d’échelles, de réduire le coût moyen par rapport à celui des entreprises étrangères, et se

trouvent donc nécessaires du moins jusqu’à ce que le pays dégage un avantage comparatif dans un

type de produit (Kaldor, 1966), Cohen et Zysman (1987) compléteront cette théorie tel que le

protectionnisme traduit une tendance pour un pays vers l’industrialisation. La protection des

importations contribue à promouvoir les exportations (Krugman, 1984). Les entreprises locales ne

seront tout autant performantes que celles étrangères sans avoir acquis une marge d’expérience

nécessaire.

C. Théorie du vol de l’oie sauvage : Kaname Akamatsu

Akamatsu admet la réalité et l’irréversibilité de l’épanouissement du commerce

international. Tous les pays trouvent un intérêt dans le commerce international. Ce dernier offre

aux pays industrialisés les matières premières et autres produits dont ils ont besoin ; et procure

parallèlement pour les pays en développement les recettes d’exportation nécessaires à leur

industrialisation et au remboursement des emprunts. Pourtant, chaque pays impliqué dans le

commerce international appartient à une branche particulière d’une hiérarchie industrielle donnée,

correspondant à leurs niveaux de développement. Autrement dit, la globalisation nécessite une

coopération entre pays industrialisés ou non. Kaname Akamatsu démontre ainsi qu’un pays doit

néanmoins se spécialiser dans les productions pour lesquelles ils sont plus ou moins efficaces,

promouvoir l’exportation mais également procéder à une industrialisation par étape. En outre, il

avance surtout que la libéralisation en général, et la concurrence internationale en particulier ne

peuvent être justes et équitables sans la mise en œuvre d’une législation concrète.

Ce fut dans ce sens que diverses institutions furent créées pour répondre à cette

conditionnalité réglementaire et en vue par dessus tout de développer les échanges internationaux.

Cette initiative eût apparemment porté ses fruits. La réalité actuelle, caractérisée par la

connectivité et l’interdépendance entre les pays et surtout l’évolution du commerce mondial,

témoigne largement de ce fait. Par conséquent, ce bref débat théorique eût le mérite de revoir la

genèse du commerce international, et d’exposer les différents points de vue théoriques sur ce sujet.

La conclusion en est claire : tout pays peut et doit profiter des gains issus du libre-échange. Le

libre-échange constitue à long terme une source de prospérité et de croissance économique, même

si certaines mesures de protection des industries et du marché local se trouvent, de temps à autre,

nécessaires.

Page 25: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

18

CHAPITRE II : ENJEUX DE LA MONDIALISATION ET DU LIBRE-ECHANGE SUR

LA CROISSANCE ECONOMIQUE

À la suite de cette simple rétrospective théorique, le présent chapitre se tournera

davantage vers les faits et réalités actuels, à l’appui quelques exemples de pays ayant perçu les

fruits du libre-échange, mais également ceux n’ayant pu s’intégrer entièrement au commerce

international.

La montée en puissance de la mondialisation constitue l’un des faits saillants de la fin

du XXe siècle. À ce concept doit toujours s’allier la libéralisation des échanges. Selon Kemel

Dervis : « on ne peut évidemment attribuer cette accélération de la croissance tout simplement à la

mondialisation. La croissance que les économistes mesurent est, par définition, due à

l‘augmentation des ressources investies et à l’augmentation de la productivité de ces ressources.

Mais l’accélération de la croissance est allée de pair avec l’évolution du commerce international,

en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), une augmentation des flux financiers

transfrontaliers et une intégration de plus en plus poussée des structures de production à l’échelle

mondiale »4.Ce chapitre vise ainsi à démontrer le rapport entre le libre-échange et la croissance

économique, dans le contexte de la mondialisation, à la lumière d’une étude des cas particuliers

des pays émergents et de ceux en développement.

Section 1 : Dimensions économiques de la mondialisation

I. Approche conceptuelle

Il convient au préalable de cerner ces trois concepts, avant d’entrer dans l’analyse des

enjeux du libre-échange sur la croissance économique face au contexte de la mondialisation.

A. Concept de mondialisation

Les définitions de ce terme soulignent l’indissociabilité de la mondialisation au libre-

échange. « La mondialisation peut se définir comme un processus par lequel

l’interdépendance entre les marchés et la production de différents pays s’accroissent sous

4 DERVIS Kemel, Août 2000, in « Croissance, mondialisation et pauvreté, élément de débat et perspectives d’avenir », leçons inaugurales n°8, IED.

Page 26: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

19

l’effet des échanges de biens et de services ainsi que des flux financiers et technologiques»

(Commission européenne, 1997).

Plusieurs auteurs tendaient également à concilier ces deux concepts, on entend par

mondialisation : «la propagation de la libre-circulation des biens, des services, des capitaux,

des hommes, des idées entre tous les pays en faisant abstraction aux frontières politiques qui

les séparent » (Antoine Ayoub, 1998).

Outre, l’expansion du commerce, le phénomène de la mondialisation se traduit également

par :

l’ « interdépendance » des pays due à l’échange, l’accroissement des flux financiers,

l’accélération des IDE ou Investissement Direct Etranger, l’évolution technologique et la diffusion

de l’information. Par conséquent, d’une manière abstraite l’espace géographique se trouve réduite

car les événements, décisions et activités à n’importe quel point du globe peuvent toucher les

individus nulle part ailleurs. Ce fait sous-entend également l’effacement des frontières nationales ;

un « conflit de souveraineté », issu directement de cette interdépendance croissante des

transnationaux. De ce point nait la réflexion si les récentes crises résulteraient de cet aspect de la

mondialisation ;

une « complexité systémique », du fait de l’intensification du système mondial, et affectant

directement les secteurs d’activités et leur autonomie.

.

B. De la pauvreté à la croissance économique

Le concept de pauvreté soulève un manque de ressources, d’éducation, de sécurité. Ainsi,

on distingue la pauvreté « absolue », mesurée par le minimum vital ; autrement dit, les exigences

minimales pour une vie décente. La pauvreté « relative » suppose la comparaison des conditions

de vie d’un groupe par rapport à un autre vivant dans un même milieu ou environnement. Cette

approche est fort innovante, et témoigne de l’inégalité de développement entre les régions, voire

les pays. En effet, un individu classé pauvre dans les pays développés disposera d’un revenu

supérieur à celui d’un autre appartenant à la classe aisée ou moyenne dans un pays moins

développé. La croissance économique est un changement durable de dimension, de structure et

conduisant, en principe, à des progrès économiques et sociaux5. Ce processus permet certes à la

5Lexique économique

Page 27: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

20

population d’accéder à un niveau de vie plus décent ; n’empêche, elle ne constitue pas une

condition suffisante pour réduire la pauvreté. Celle-ci constitue un phénomène

multidimensionnel : psychologique, politique, social, culturel. De récentes études dont celle

d’Amartya SEN6( Prix Nobel 1998) incluent des facteurs extra-économiques dans l’approche de la

pauvreté et du développement. Chaque individu devrait avoir les moyens et la liberté selon la

théorie de la justice de Rawls, pour améliorer leur niveau de vie. Divers points entrent dans cet

ordre d’idée, tels la promotion de l’éducation, l’accès à la santé, à un environnement stable.

II. Lien entre mondialisation et croissance économique

La portée de la mondialisation sur l’économie suscite d’énormes controverses à la suite de

la crise des Subprimes. Aussi, la mondialisation est-elle toujours porteuse de croissance

économique ? Cette question fut par ailleurs, l’objet d’un débat, afin de trancher entre deux points

de vue totalement contradictoires : d’un côté, le courant de la mondialisation reste un exemplaire

vecteur de croissance ; de l’autre, il constitue un facteur d’inégalités, de fragilités, en un mot de

pauvreté.

A. Mondialisation, source de croissance économique

Les privilèges liés à la mondialisation sont nombreux tel qu’elle constitue une opportunité

unique pour les pays en développement de relancer leur économie, et de se développer.

a. Mondialisation, spécialisation et IDE

Dans la course aux profits et vu la concurrence véhiculée par le vent de la mondialisation,

les firmes tendent à se délocaliser vers des endroits où ils pourront trouver un avantage

comparatif ; par exemple vers des pays où le facteur travail existe en abondance et à un coût moins

cher pour les industries à haute intensité de main-d’œuvre. Cette illustration rappelle la théorie

HOS. La mondialisation contribue à compléter les marchés nationaux par celui mondial, par le

biais de la réduction des tarifs douaniers et des coûts de transport. Elle permet également

l’amélioration de la productivité des facteurs grâce au transfert technologique. Cette diffusion

profite notamment aux pays du Sud. Par exemple, le décollage de l’économie japonaise s’explique

en partie par la formation d’étudiants dans le domaine de la technologie au sein des pays

6Mr RAKOTOVAO Hery, 2012, Développement et croissance, 3è année économie

Page 28: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

21

occidentaux. Ce transfert de compétence et de technologie s’élargit par les clauses au niveau des

IDE7. À partir de l’an 2000, les IDE représentaient 3,5% du PIB mondial.

b. Autres avantages liés à la mondialisation

Il est à noter d’abord que la mondialisation n’engendre de fuite de richesses car les

échanges s’équilibrent par la politique de change. En outre, d’autres critiques à l’égard de ce

courant se trouvent également infondées, dont l’hypothèse de destruction d’emploi dans les pays

du Nord issue de la délocalisation, vu les faits empiriques comme le développement industriel

mais également l’apparition de nouveaux secteurs-clé comme les nouvelles technologies de

l’information et de la communication ou les NTICs. Outre le paradoxe de Leontief justifie qu’un

pays, comme les Etats-Unis par exemple, ne doit pas obligatoirement se spécialiser selon sa

dotation factorielle. L’idée d’exploitation des pays riches ou du Nord par rapport à ceux du Sud,

est contredite. Un effort d’industrialisation de ces derniers suffit à les soulever du titre de

fournisseurs de matières premières. Ainsi ces pays ne seront plus forcément dépendants sur le plan

économique ou financier, du moins une certaine partie. Par ailleurs, selon le théorème de

Rybczynski, si un des facteurs de production tend à varier, la production d’un pays se déplace

aussitôt vers le bien le plus intensif en ce facteur. La Chine et l’Inde ont suivi cette théorie à la

lettre et ont abouti à leur niveau actuel de développement, soit : un taux de croissance ne

descendant généralement pas au dessous de 6% ces dernières années. Si tels sont les gains promis

par la mondialisation et le libre-échange, que dire de ses inconvénients ?

B. Mondialisation et pauvreté

Dans quelle mesure la mondialisation constitue-t-elle une source de distorsions

économiques ? L’emploi est principalement tributaire du vent de changement apporté par la

mondialisation, outre le fait que celle-ci peut engendrer des inégalités tant sur le plan économique

que social.

a. Mondialisation et emploi

Il faut au préalable remarquer que la mondialisation est tant créatrice que destructrice

d’emplois. Ce second effet l’emporte sur le premier, compte tenu surtout du fait de la

délocalisation des FMNs et de la mécanisation des tâches. Or le chômage constitue un trait

fondamental de la pauvreté. Force est de constater que ces suppressions d’emplois sont moins

7 Mr RAMIARISON Herinjatovo, 2013, Imperfections du marché,4è Année économie

Page 29: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

22

élevées à première vue, mais les difficultés y afférentes ne peuvent être négligées pour l’action

publique. Ces pertes d’emplois résultent notamment :

Des décisions politiques de libéralisation des échanges ainsi que de la hausse des

investissements, à travers la levée des droits de douane

La suppression des frontières douanières privilégie l’entrée des produits plus compétitifs

en provenance des pays étrangers. Les pays émergents tiennent un rang favorable concernant

leurs exportations vers les pays industrialisés. D’où, la baisse de la compétitivité des produits.

Même les pays développés n’exemptent à ce principe, on parle alors de désindustrialisation. Le

secteur textile accaparé par la Chine fut le premier à être touché par cet afflux des produits

étrangers des pays émergents sur le reste du monde.

Des processus de délocalisation

La perte d’emploi dans les pays de l’OCDE représente un fait saillant des conséquences

négatives de la mondialisation. La délocalisation des industries et des services de certains pays du

groupement, la moitié environ en 2004, vers l’Asie, l’Afrique du Nord et l’Europe centrale

entrainait le licenciement de bon nombre de salariés. Par ailleurs, les secteurs les plus touchés

sont ceux nécessitant une abondance en main d’œuvre. Par la même occasion, cette délocalisation

est source d’emplois pour d’autres membres de l’organisation à savoir : la Corée ou le Mexique,

permettant un rattrapage industriel pour ces derniers. Vue sous cet angle, la mondialisation

contribue à l’industrialisation des pays en developpement au détriment de ceux industrialisés,

d’autant plus qu’elle fut porteuse de nouveaux emplois dans le domaine de l’informatique. Il ne

faut cependant tirer une conclusion trop hâtive, la performance de ces pays ne s’en trouve pas

moins estompée : ils disposent certes d’autres potentiels en matière d’agro-alimentaire, ou dans le

domaine de la chimie. Aussi, les pays en développement ressentent malgré tout quelques

difficultés face aux autres aléas et risques de la mondialisation.

b. Mondialisation, vecteur de fragilités économiques

Avec l’avènement du phénomène de la mondialisation au début du XXe siècle, s’est accru

le fossé écartant le pays riches de ceux en développement. En fait, la production par habitant a

beau augmenté, n’empêche, la répartition du revenu dévoile cette grande différence. En d’autres

termes, il faut considérer les indicateurs sociaux de développement tel l’IDH, axés sur le niveau

d’éducation et l’espérance de vie ; et pas uniquement les données sur le revenu.

Page 30: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

23

Dépendance sur le plan économique et financière

Dans une optique, cependant à court terme, de fortes fluctuations peuvent détériorer la

balance des paiements. L’impact d’une chute du cours des matières premières ou la hausse du prix

du pétrole n’est pas nouveau. La spécialisation recommandée par les théories libre-échangistes et

imposée par le contexte actuel de la mondialisation, porte ainsi préjudice aux pays les moins

avancés et dont l’économie n’est pas assez diversifiée. On souligne également que la promotion

des exportations, bien que celles-ci aient un impact considérable en matière d’apport de devises et

donc d’appréciation de la monnaie nationale, contribue au détriment de la demande intérieure. Cet

impact n’est pas réellement concret en temps normal, à l’inverse, en période de crise, ses

retombées sont plus lourdes. Dans ce sens, la supériorité des investissements étrangers vis-à-vis de

ceux dits domestiques implique une plus grande dépendance envers l’extérieur. Or vu la crise des

Subprimes, une des évolutions permises par la mondialisation fut l’émergence d’un marché global

et une plus forte mobilité des capitaux. Ainsi, cette crise a suscité le rapatriement massif de

capitaux des pays du Sud, reposant sur les IDE vers ceux du Nord, pour pouvoir affronter les

difficultés financières et les risques de placement. Tous ces points rejoignent l’idée fondamentale

de protectionnisme éducateur de List afin de fonder au préalable une base solide pour l’économie,

avant de s’ouvrir aux risques du libre-échange et des aléas des investissements et financements

extérieurs en période d’instabilité économique. Le Japon a par exemple suivi sous la théorie du

« vol de l’oie sauvage d’Akamatsu » ce modèle de développement, en appliquant de fermes

barrières douanières et en renforçant le marché intérieur, période pendant laquelle, il a pu forger le

domaine technologique. Par ailleurs, les pays émergents sont presque tous passés par ce système

comme nous le verrons dans la section suivante.

Mondialisation, vecteur d’inégalités

La mondialisation ne détruit pas effectivement, comme vu supra, l’emploi mais y intègre

une plus grande marge de qualification. Par conséquent, les créations d’emplois concernent la

totalité d’entreprises et populations diffuses tandis que sa suppression est réservée à une fraction

moins qualifiée. Il s’agit donc plus précisément d’un déplacement de qualification et non de

destruction d’emplois. Cette inégalité s’est d’autant plus accrue compte tenu que le taux de

chômage ait grimpé à 188 millions de chômeurs dans le monde en 2003, d’après les estimations du

BIT. L’abolition des frontières rend la répartition des richesses ou revenus créées plus complexe,

car il est d’autant plus difficile de taxer compte tenu de la forte mobilité des capitaux. À ce fait

s’ajoutent les fraudes, détournements et corruption que le gouvernement ne parvient plus à

Page 31: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

24

contrôler. Outre le rapport gagnant-perdant entre ouvriers qualifiés et non qualifiés, ou encore

d’une manière plus générale entre personnes instruite et analphabète ; les impacts de la

mondialisation concernent également le plan social, notamment, la marginalisation des femmes.

D’où, les politiques de distorsion et les réglementations en faveur de la gent féminine au niveau de

l’entreprenariat des PME ou Petites et Moyennes Entreprises.

Le libre-échange favorise la croissance sur le long terme, mais des mesures

protectionnistes sont cependant à envisager dans certaines circonstances telles en période de crise.

La section suivante procédera ainsi à une vérification empirique de ce propos.

Section 2 : Tendance du libre-échange sur la croissance économique dans le contexte de la

mondialisation, des résultats empiriques concluant le débat protectionnisme versus libéralisme

L’ouverture au commerce international devient indéniable face aux défis de la

mondialisation. À l’heure actuelle, chaque pays perçoit différemment les fruits de la

mondialisation d’où une hétérogénéité croissante du monde. L’ouverture aux échanges

internationaux durant ces dernières décennies débouche certes sur deux principaux effets :

l’émergence de nouvelles puissances mondiales dont l’Europe de l’Ouest, l’Asie et l’Amérique du

Nord ou la triade ; et la marginalisation croissante de certaines régions dont celles africaines, et de

l’Amérique latine principalement.

I Libre-échange, une opportunité pour les pays en développement

Nul n’est sans savoir que le développement des échanges commerciaux au lendemain de la

révolution industrielle a contribué à l’accès de certains pays à leur rang actuel de premières

puissances mondiales. D’autres pays, comme ceux émergents et les nouveaux pays industrialisés,

ayant suivi cette lignée, collectent aujourd’hui les fruits du libre-échange. On peut citer dans ce

cadre, l’exemple aberrant de la Chine.

Cas de la Chine

Partant d’une économie isolée et autarcique, cette nouvelle puissance économique

mondiale8 trouve le fondement de son essor économique exceptionnel en partie dans la

8 Annexe 1 : Evolution du PIB et du taux d’intérêt de la Chine de 1998 à 2011

Page 32: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

25

libéralisation des échanges. En effet, il ne faut contredire le fait que ce pays avait auparavant

adopté certaines mesures de protectionnisme régional. Ce fait résulte des guerres commerciales

des produits tels la laine entre les régions dans les années 80. Ce protectionnisme forgeait d’une

certaine manière le système productif. Celui-ci acquiert une plus grande notoriété et compétitivité

en n’ayant à faire face à la concurrence étrangère : protectionnisme éducateur de List. Ce ne fut

que dans le cadre des reformes de politique économique que l’ouverture internationale de

l’économie chinoise et la baisse des droits de douane se sont réellement matérialisées. Cette

intégration interne va de pair avec une intégration interne marquée par la baisse du

protectionnisme régional9. La Chine a certes commencé à ouvrir son économie à la fin des années

70, et rompait avec sa totale autarcie en adhérant au sein du FMI ou Fonds Monétaire International

et de la Banque Mondiale ; puis au niveau du GATT ou General Agreement on Tarifs and Trade.

À l’heure actuelle, les conventions et accords commerciaux vis-à-vis de la Chine sont en

croissante perspective pour de nombreux PED, en ne parlant que ceux entre la Chine et

Madagascar. Divers autres pays dits émergents se sont développés par le libre-échange,

notamment grâce à ce protectionnisme éducateur, dont l’Inde, le Brésil, ou encore l’Afrique du

Sud.

II Pays en développement face aux aléas du libre-échange et la concurrence mondiale10

La libéralisation des échanges fondée sur une base industrielle solide constitue la recette du

développement et de la sortie de la pauvreté, en se basant sur le cas de la Chine. Cependant, bien

que cette politique figure au centre des stratégies économiques des pays en développement,

certains ne parviennent toujours pas à s’intégrer véritablement au commerce international.

L’analyse des contraintes des pays en développement à travers l’exemple de l’Afrique

subsaharienne contribuera à appréhender davantage cet obstacle commun aux PED.

Cas de l’Afrique subsaharienne

Selon le rapport sur le commerce et le développement de 2012, la balance commerciale de

l’Afrique subsaharienne s’avère défavorable, soit uniquement une hausse de 2,9% du volume des

exportations en 2011 par rapport à 2010, contre une forte augmentation de 7% des importations

9 Annexe 2 : Evolution de la balance commerciale de la Chine de 1998 à 2011 10 Annexe 3 : Comparaison des exportations et importations de quelques pays en développement de 1996 à 2011

Page 33: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

26

durant cette même période. Ces chiffres sont faibles à l’égard d’autres pays figurant dans cette

même catégorie c’est-à-dire en développement. Par exemple, la variation du volume des

exportations de l’Asie occidentale fut de 12,7% contre 3,8% pour les importations en 2011.

Compte tenu des statistiques et calculs du CNUCED, les pays en développement (à l’exception

évidemment de la Chine et de l’Inde et dans une moindre mesure de l’Afrique du Sud) surtout

ceux du continent africain présentent un mal commun qu’est le déficit commercial et

l’impossibilité d’intégration au commerce international. Ceci est dû à l’insuffisance et la précarité

des infrastructures de ces pays, mais peut également être appréhendé à un mauvais choix de

spécialisation. Selon un bref historique, depuis la période de libéralisation, ce pays eût toujours à

honorer ses importations malgré la détérioration des termes de l’échange. Par conséquent, il doit

toujours recourir à l’endettement. Durant ces dernières décennies, il n’y eût de grande évolution.

Divers pays évoluent autour de cette même tendance. Leurs principales contraintes résident

principalement dans les retombées du pacte colonial11 c’est-à-dire l’économie de traite, ainsi que

dans la faiblesse structurelle face à la concurrence étrangère.

Conclusion de la première partie

Les divers écrits et revue de littérature développés tout au long de cette première partie

ont permis de mettre en relief le caractère multidimensionnel, ainsi que les multiples facettes de la

libéralisation des échanges dans le contexte de la mondialisation. À long terme, la mondialisation

restera un facteur de croissance ; toutefois, des mesures protectionnistes s’imposent dans certaines

circonstances afin de favoriser un développement équilibré. L’exemple emblématique des pays

émergents vérifie une fois encore ce constat. Dès lors, si le libre-échange constitue a priori une

source de croissance économique ; comment expliquer le retard de développement des pays

comme Madagascar ?

11Mme RAJAOSON Lalao, 2013, Economie industrielle, 4è année économie

Page 34: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

27

PARTIE II : PERSPECTIVES DE CROISSANCE ECONOMIQUE

PAR LE BIAIS DU LIBRE ECHANGE, LES CHANCES POUR

MADAGASCAR

Au lendemain de l’indépendance, précisément au début des années 80, dans le cadre du

Programme d’Ajustement Structurel, la libéralisation des échanges a été placée au centre des

différentes séries de stratégie et plan de développement mises en œuvre à Madagascar. Celui-ci,

à l’instar de nombreux pays en développement, a décidé de profiter des gains issus du libre-

échange. Cependant, les faits l’attestent, et nul ne peut contredire l’état d’extrême pauvreté dans

lequel vit la quasi-majorité des malgaches. Outre, la balance des paiements de la Grande-île

affiche un solde commercial déficitaire. Comment expliquer ce déficit chronique, et comment le

résoudre surtout ? Cette présente partie mettra l’accent sur ces deux questions. Elle se

subdivisera en un premier chapitre traitant de la situation économique et du commerce extérieur

à Madagascar, le second sera consacré aux stratégies de développement de ce secteur d’activité,

notamment via la promotion des exportations.

Page 35: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

28

CHAPITRE I : ECONOMIE MALGACHE ET COMMERCE EXTERIEUR

La première partie a largement mis en exergue le lien de causalité entre le commerce

extérieur. En vue de consolider une fois de plus les propos théoriques développés antérieurement,

nous discuterons du cas propre de l’économie malgache. Pour ce faire, il est au préalable

nécessaire de rappeler brièvement l’évolution du commerce extérieur à Madagascar, de préférence

sur la période entre 2003 et 2013 afin d’y cerner l’impact de la double-crise. La seconde section

étalera par la suite les liens de causalité entre le développement des échanges commerciaux et la

croissance économique.

Section 1 : Etat des lieux de l’évolution de la situation économique et du commerce extérieur

malgache entre 2003 et 2013

I. Rétrospective de l’évolution de la situation économique du pays entre 2003 et 2013

A. Fragilité économique et situation de pauvreté à Madagascar

L’économie s’est progressivement rétablie à la suite de la récession de 2002, année

pendant laquelle le PIB a régressé de 12,7%. Ce redressement résulte essentiellement de la

stimulation de la demande12 tant au niveau interne qu’externe. Celle-ci fut boostée grâce au

renforcement des relations avec les partenaires commerciaux dont notamment les accords

avec les Etats-Unis dans le cadre de l’AGOA. Le PIB par habitant a connu une certaine

hausse en passant à 7%, s’il était de -14,7% en 2002, ceci peut s’expliquer par un faible taux

de croissance démographique de 2,8% enregistré sur l’année 2003. Il faut néanmoins noter

que cette croissance économique fut moins importante par rapport à celle affichée par la

période d’avant-crise. Certes, la crise de 2002 engendrait un coup d’arrêt sur l’évolution

économique de 200113. Le PIB ne retrouvera réellement ce niveau qu’en 2004. En effet, une

hausse du PIB de 14,3% fut constatée entre 2003 et 2004, c’est-à-dire cet indicateur est passé

de 1430,7 à 1635 milliards de FMG (prix de base de 1984). Cette reprise fut suivie d’une

période de ralentissement voire de récession économique durant l’année 2005. Ce fait est en

partie dû à une forte inflation ayant essentiellement frappé les produits de consommation. Par

conséquent, après une progression de 5,3% réalisée en 2004, le taux de croissance du PIB est

tombé à 4,6% en 2005. Cependant, cette inflation ne fut que temporaire car en 2006, la baisse

12Une relance de la demande via une politique monétaire et un système fiscal plus flexible 13 Annexe 4: Evolution du PIB 2001-2003

Page 36: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

29

du prix et la hausse de l’épargne contribueront de nouveau à améliorer la situation

économique malgache. Ainsi, le PIB a légèrement augmenté de 4,9% cette année contre les

4,6% de 2005. Les années 2007 et 2008 confirment également cette même tendance à la

hausse. Le taux de croissance a connu une augmentation de 6,2% en 2007, due à la mise en

œuvre des projets de gisement minier, à l’accroissement de la demande extérieure et enfin, au

développement des secteurs d’activités dont ceux primaire et secondaire particulièrement

(BCM,2007). Enfin concernant l’année 2008, la croissance économique se poursuivait par une

augmentation de 7,2%. Cette situation fut tirée par l’accélération des investissements et le

développement sectoriel dont en grande partie celui des services. Le PIB par habitant est

passé de 3,3% en 2007 à 7,6% en 2008.

L’ENSOMD ou l’Enquête Nationale de Suivi des Objectifs du Millénaire pour le

Développement note la précarité et la détérioration du niveau général de vie de la population

malgache14comme le montre le tableau sur l’évolution de l’indicateur de développement

humain ou IDH15 en annexe. Depuis 2009, Madagascar figure, avec la Mozambique et la

République Démocratique de Congo, parmi les pays à faible développement humain16.

B. Evolution actuelle

À une croissance négative de -1% en 2009, se succéda une reprise de l’économie

malgache avec un taux de 0,7% en 2010, puis diminuant à 0,5% en 2011. Les prix sont restés

stables. Si le taux annuel d’inflation avait été de 11,6% entre 2005 et 2008 ; ce taux connaitra une

notable baisse à 9,1% sur les trois années de 2009 à 2012, puis une légère hausse sur le premier

trimestre de 201317. Une trajectoire de croissance commençait néanmoins à se tracer malgré

également la crise mondiale ayant eu de lourdes conséquences sur de nombreux autres pays.

Parallèlement la croissance économique, encore faut-il parler de croissance car le mot est incorrect

vu le taux négatif de 2009, et faible ne dépassant les 1%, ne suit pas l’évolution démographique.

Les recensements montrent un accroissement de 2,5 millions de malgaches de plus qu’en 2008. Or

en 2012, le revenu par habitant était de $ 100 inferieur à la normale. L’année 2013 s’est

caractérisée par une légère reprise, précisément une constante évolution de la croissance

économique. En effet, la vulnérabilité du système économique malgache constitue toujours un fait

14 Annexe 5 : Evolution de la proportion de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté, à partir de 1993 par rapport à l’objectif cible 2015 15 Annexe 6 : Composantes de l’IDH 2003-2012 16Vice-Primature chargée de l’Economie et de l’Industrie, rapport de mise en œuvre des programmes, 2012 17 Annexe 7: Variation mensuelle du taux d’inflation 2011-2013

Page 37: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

30

saillant. Le rapport de la Banque Mondiale à travers une note de conjoncture économique

trimestrielle, le « Madagascar Economic Update » datant d’octobre 2012 avec une prévision pour

2013, montre en termes de PIB la récession de l’économie malgache sur ces cinq dernières

années18. Certes, plusieurs secteurs témoignent de cette précarité et fragilité, excepté quelques

uns ayant renoué avec la croissance. Cette période enregistrait en matière de création d’entreprise

un fort recul correspondant à -36,9 % en 2013 contre -4,4% pour 2012. En outre, la production

sectorielle est tributaire de la baisse des investissements et de l’emploi, soit une perte matérialisée

par la diminution de nombre de travailleurs affiliés à la CNAPS ou Caisse Nationale de

Prévoyance Sociale allant de 6,7% à -10,2% de 2012 à 2013. La consommation d’énergie

électrique toutes branches d’activités confondues a régressé de 7,7% au premier semestre de 2012

à 2,6 %, même période pour 2013. Par contre, le secteur financier s’est largement développé, cela

se traduit par la prolifération de la micro-finance, débouchant sur un rebond de la demande de

crédit de 11,5%, pour 4,6% seulement en 2012. En outre, ces dernières années se caractérisaient

par la recrudescence du secteur informel dont la contraction du marché du travail en est

partiellement la cause. L’enquête nationale sur le suivi des OMD ou ENSOMD à Madagascar

affichait un récent état des lieux sur l’évolution du pays sur le plan social et les efforts restant à

engager d’ici 2015. Il existe bon nombre de chemin à faire et « aucune des cibles fixées ne sera

atteinte » (ENSOMD, 2012)

Cette section a permis d’évaluer le retard économique, le degré de la pauvreté ainsi que la

dégradation du niveau de vie de la population à Madagascar. Que penser actuellement des

tendances du commerce international et de la place de la Grande-île dans ce contexte ?

II. Rétrospective sur l’évolution des échanges commerciaux de Madagascar entre 2003 et

2013

A. Structure du commerce extérieur de Madagascar

La compétitivité commerciale d’un pays se mesure à l’aide du solde de la balance

commerciale, ou de la différence entre la valeur des exportations et celle des importations. Il s’agit

de la valeur, c’est-à-dire de la quantité pondérée par le prix. Celui-ci permet en fait de gérer les

flux commerciaux par le biais d’une politique de change19. Nous verrons ce volet après un bref

aperçu de la situation du commerce extérieur malgache, caractérisé par un déficit chronique.

18 Annexe 8 : Variation du PIB 2008-2013 19 Cf. partie I

Page 38: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

31

a. Déficit chronique des termes de l’échange

La reprise des activités économiques à la suite de la crise de 2002 émane en partie de

l’accroissement de la demande étrangère. Ce contexte fut par ailleurs marqué par l’adhésion de

Madagascar au niveau du COMESA, outre le développement des relations commerciales avec la

France, le Canada et récemment l’Inde et la Chine ; ainsi que par les divers autres projets afin de

promouvoir les entreprises exportatrices. Malgré toutes ces initiatives pourtant, la balance des

paiements affiche toujours un déficit au niveau du solde commercial. Nous allons justement

justifier ce constat.

Ce déficit est lié à la structure même du commerce extérieur, Madagascar exporte

généralement des produits à faible valeur ajoutée, or il lui est impossible de contracter ses

importations, celles-ci sont incompressibles : biens d’équipement, intrants et autres matières

nécessaires au développement industriel tel le pétrole. Par conséquent, une hausse des exportations

s’accompagne toujours en général d’une augmentation des importations.

En outre, la vulnérabilité du commerce extérieur dans un contexte de crise tant politique

qu’économique constitue un facteur explicatif de cette détérioration des termes de l’échange. Les

crises et instabilités politiques entrainent certes le dysfonctionnement, voire l’arrêt du cours

normal des activités économiques. L’année 2003 affichait un déficit de 181,5 millions de DTS,

contre un déficit de 36,4 millions de DTS en 2002 et un excédent de 11,6 millions de DTS en

2001. En effet, la hausse des exportations durant cette période s’est accompagnée d’une

augmentation des importations. Les exportations ont repris après 2002, passant de 375 à 611,6

millions de DTS, une hausse relativement considérable comparée à 2001 avec 757,9 millions de

DTS (BCM, 2002). Cette augmentation provenait d’une forte productivité des zones franches

industrielles, de la réexportation des produits pétroliers, enfin d’une hausse de 71% par rapport à

2001 des prix de la vanille. L’augmentation des importations quant à elle relève de la levée des

taxes sur les produits entrainant pour certains de ces derniers un taux d’accroissement supérieur à

100%.

L’état des importations et exportations suivra cette même tendance en 2004. Bien que

l’importation de certains produits comme ceux alimentaires ait été réduite, (soit une baisse de

27,3% pour cette catégorie de bien), d’autres groupes affichaient une augmentation. En font

respectivement partie : les produits pétroliers ( ayant varié de 43,4% par rapport à 2003 ), les

produits de la Zone Franche (avec une hausse de 79,8%), les biens d’équipement (+57,9%), et un

faible accroissement en ce qui est des matières premières et des biens d’équipement soit 15,3%.

Page 39: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

32

Ces hausses sont imputables à la mesure de détaxation entreprise depuis 2003, ainsi qu’au

développement des Zones Franches. L’évolution des exportations (soit une augmentation de 8,1%)

n’a pas suffit à combler cette hausse en valeur des exportations, d’où un déficit apparemment

moins élevé par rapport à 2003. Le déficit commercial va de nouveau se creuser en 2005, et

s’évalue à 100 millions de DTS. La raison en est la diminution des exportations respectives des

produits de la Zone Franche (baisse de 12,2%), de la vanille soit une chute de 70 millions de DTS

en une année seulement, enfin de la pèche crevettière, diminution imputable à la révision des

normes sanitaires des produits en destination de l’Union Européenne. Parallèlement, les

importations ont été en général restreintes de 3,3%, mis à part quelques produits à savoir l’énergie

et le riz, ayant subi une hausse des prix. Le déficit de la balance commerciale était passé de 401,8

à 371,7 millions de DTS entre 2005 et 2006. Les importations accusent une hausse de 5,3%,fondée

sur l’augmentation de 9,4% des matières premières importées, et de 29,5% concernant les

entreprises franches, enfin à l’inflation du pétrole engageant une hausse de 17,1% et une

diminution du volume importé de 0,4%. D’un autre côté, les exportations ont également augmenté.

En sont concernés : la vanille et le café après une hausse du prix international de ces types de

produits, la filière crevettière ; mais également et surtout les minerais, passant de 7,9 à 12,5

millions de DTS sur la période de 2005 à 200620. L’année 2007 fut caractérisée par la mise en

œuvre d’une stratégie de développement de relève au DSRP.

Il s’agit du MAP ou Madagascar Action Plan, dont nous approfondirons plus en détail

ultérieurement. Une forte hausse frappait la quasi-majorité des prix des produits importés en 2007.

Cela était dû à l’évolution des cours mondiaux, à l’accroissement des investissements, et aux aléas

climatiques, faisant alors grimper le volume importé de riz cette année. À titre de remarque,

l’Accord Multifibre21 n’a pu stopper l’accroissement annuel des importations des entreprises

franches. Les exportations ont également progressé de leur côté, mais pas au même rythme que les

importations, autrement dit une hausse de 20,7 contre 40,4%. Par conséquent, le déficit

commercial s’est aggravé par rapport à 2006, et se chiffre à 655,1 millions de DTS, s’il n’était que

de 372,4 millions de DTS en 2006. À la veille de la crise de 2008, l’état de la balance

commerciale faisait ressortir un important solde déficitaire, allant de 655,1 millions de DTS en

2007 à 1317,1 millions de DTS en 2008. Les exportations n’ont connu qu’une hausse de 1,9%

durant cette année comparativement aux 21,3% réalisée en 2007, or les importations aussi ont

relativement augmenté de 46,3%. Paradoxalement, le déficit commercial a été réduit sur l’année 20 Annexe 9 : Evolution de la balance des paiements 2003-2006 21Accord favorisant les flux commerciaux (import-export), entre les pays développés et les PED essentiellement les pays de l’Afrique Sub-saharienne en matière de produits textiles.

Page 40: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

33

2009, malgré le contexte de la crise politique. En effet, il est passé de 1204,9 à 1034,2 millions de

DTS pour 2009. Cette légère reprise est attribuable à une contraction de 15,9% des importations,

mais également des exportations avec une baisse de 18,4%. Cette baisse résulte du

dysfonctionnement voire l’arrêt de la vie économique issue de la crise, du recul des

investissements, et de la suspension de certains accords commerciaux. Ce dernier volet eut surtout

un impact sur les ZFI, ayant supprimé leurs carnets de commande. Concernant les importations, la

baisse à une valeur de 676 millions de DTS contre les 828,9 millions de DTS de 2009 réside

surtout dans la diminution des prix. Cette diminution touchant les produits traditionnels : cacao,

café, vanille, mais également le minerai de chrome et les produits de la Zone Franche. Néanmoins,

les volumes exportés de quelques produits n’ont pas baissé, à savoir le girofle et le sucre. Le

redressement de la balance commerciale en 2009, pour rappel 1081 millions de DTS, s’enchainait

en 2010 par la réduction du déficit de ce solde à 705 millions de DTS. Les importations ont été

réduites pour cette période, malgré une hausse constatée pour certains biens dont ceux

alimentaires surtout du fait de l’augmentation des cours mondiaux soit une baisse de 20,2%. Les

exportations ont par contre augmenté de 2,9% par rapport à l’année précédente, une hausse

relative à l’inflation (pour la vanille et le girofle surtout malgré une baisse du volume exporté pour

celui-ci). Les entreprises franches ont été par contre victimes de la suspension des accords de

l’AGOA, d’où une tendance à la baisse de leurs exportations. Les produits de la Zone Franche

occupent les 45,7%du total des exportations contre les 52,5% en 200922.

Le ralentissement de la production après la crise témoigne aussi du manque de

compétitivité de la filière crevettière en 2010, soit une pente décroissante de leur volume exporté :

3493,5 tonnes en 2009 et 2873,3 tonnes en 2010. Enfin, sur les trois dernières années, la situation

n’a guère changé, à titre d’exemple, pour 2012 la balance commerciale a enregistré un déficit de

815,7 millions DTS, contre les 631,6 millions de DTS en 2011. La hausse des exportations de

1,5% n’est pas considérable vis-à-vis de celle des importations soit 12,7%. Pourtant, divers plans

furent mises en œuvre en vue de promouvoir les exportations en ne parlant que de la

diversification des produits par les ZFI. Au-delà, la concurrence s’intensifie par exemple

concernant la filière vanille, les exportations ne représentent plus que la moitié de ce qu’elles

étaient en 2011. La hausse des importations s’explique par une forte accumulation d’énergie des

industries minières, et de la JIRAMA. Enfin, l’année 2013 était marquée par la baisse du déficit

commercial à 288,5 millions de DTS. La hausse des exportations de 31,1% de 2013 se traduit par

le développement d’autres produits porteurs de devises dont le minerais particulièrement : nickel,

22 Annexe 10: Evolution de la balance des paiements 2006-2009

Page 41: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

34

or, cobalt, minerais de titane et de chrome etc. Les importations ont connu par la même occasion

une légère baisse, expliquée par la baisse des importations des produits pétroliers, des biens

d’équipement et d’alimentation.

Ce rappel de l’évolution de la balance commerciale malgache eut permis de constater ce

déficit constant de la balance commerciale, ainsi que la volatilité des importations et exportations.

Ce dernier point trouve son fondement dans la politique commerciale adoptée par un pays afin de

gérer les flux commerciaux.

b. Politique commerciale malgache

1. Cadre général : mesures tarifaires et non tarifaires

La politique commerciale désigne toute forme de mesures de gestion des flux

commerciaux. La promotion du secteur privé et du commerce se trouve au centre des stratégies de

développement des pays africains. Cependant, l’analyse du cadre des affaires à Madagascar

dévoile certaines failles dans ce domaine. En effet, vu le rapport Doing Business 2011 de la

Banque Mondiale, les formalités et autres dispositions réglementaires laissent à désirer le

commence extérieur malgache ainsi que la création d’entreprises. Certes, le pays se situe au 140è

classement sur 183 pays, après ses principaux pays voisins à savoir le Mozambique, le Kenya,

l’Afrique du Sud, enfin l’île Maurice23. Madagascar fut au 148è rang sur 189(rapport Banque

Mondiale Doing Business, 2014). Les accords commerciaux tant multilatéraux que bilatéraux avec

les pays étrangers permettent de contrebalancer l’incapacité du pays à s’autofinancer. En effet,

malgré le développement relativement important d’institutions d’octroi de crédit, l’accès au titre

de propriété constitue un autre problème. À tous ces faits, s’ajoutent l’insécurité et la corruption

autant d’entraves à l’épanouissement de l’environnement des affaires à Madagascar.

La politique de libéralisation entamée par le gouvernement malgache, il y a à présent plus

d’une vingtaine d’années converge davantage vers des mesures non tarifaires. Autrement dit, la

restriction des tarifs douaniers, constituant la principale conditionnalité des ZLE ou Zone de

Libre - échange suscite une tendance vers un régime non tarifaire. Or celles-ci peuvent « faire

obstacle au commerce si les normes appliquées aux produits nationaux diffèrent fortement des

normes appliquées aux produits importés ou si les procédures de certification différent selon qu’il

s’agit de produits importés ou de produits nationaux » (DRAFT, Cadre Intégré Etude

Diagnostique sur l’Intégration du Commerce, 2003).

23Selon le classement Doing business, l’île Maurice fut classée 20ème, l’Afrique du Sud 34ème, le Kenya 98ème, finalement le Mozambique 126ème

Page 42: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

35

mesures tarifaires

Toutes marchandises importées doivent être imputées d’ :

une taxe sur la valeur ajoutée ou TVA ;

une taxe à l’importation ;

un droit de timbre ;

un droit de la NPF ou de la Nation la Plus Favorisée24 ;

une taxe statistique d’importation ;

enfin, des droits d’accises concernant les boissons alcoolisés, le tabac et les produits à base

de ce dernier, les biens en caoutchouc et les véhicules.

Trois principaux taux ont été en vigueur à Madagascar depuis 2008 :

5% pour les matières premières et les biens d’équipement ;

10% pour les produits intermédiaires ;

Finalement, 25% s’agissant des produits finis.

Il existe cependant des produits exonérés de droits de douane et de taxe à l’importation. Tel

est le cas pour le ciment, l’engrais, les fibres, les tissus et fils, mais également d’autres articles de

confection. À ceux-ci s’ajoutent les instruments pour l’agriculture et l’élevage, enfin les matériels

de construction. Il est cependant nécessaire de remarquer que ces exonérations ne signifient pas

appliquer un taux zéro à un produit, elles sous-entendent uniquement une réduction du taux réel

des recettes fiscales sur les importations en dessous d’un taux théorique. D’une manière générale,

les taxes sont dits ad valorem c’est-à-dire en proportion de la valeur des importations. Ce taux

moyen applicable aux biens non exonérés évolue de temps à autre. Ainsi, il fut de 11,7% en 2010.

Les produits agricoles sont taxés à un taux relativement plus élevé par rapport aux autres biens,

soit 14,6% contre 11,3% cette même année. L’instauration des droits anti-dumping, des mesures

de sauvegarde et des droits de compensation est actuellement préconisée. Ces taxes contribuent

activement à la caisse de l’Etat : elles représentaient en 2010 presque la moitié des recettes fiscales

de l’Etat malgache, à vrai dire les 42%. En outre, elles limitent l’afflux des produits importés et

protègent l’industrie locale. Outre l’application des tarifs douaniers, les mesures non tarifaires

visent également ce même but.

24 Concernant le cas de Madagascar, ce titre est accordé à tous ses partenaires commerciaux. Le tarif ad valorem au titre de NPF inclue sept taux allant de 0 à 30%

Page 43: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

36

mesures non tarifaires

Les mesures non tarifaires concernent les produits exportés et importés. L’Etat malgache

dispose des pleins pouvoirs, en plus de la politique tarifaire, pour l’établissement des normes et

règlements régissant le commerce de tout bien circulant sur son territoire. Concernant les

importations, diverses restrictions ont été établies depuis 2001, soit 63 normes de produits

différentes. À titre d’exemple : les produits agricoles caractérisés par de strictes normes en

matière de qualité, ont fait l’objet depuis cette année d’une sérieuse normalisation. Les produits de

la pêche doivent également suivre les normes sanitaires imposées par les marchés de l’Union

Européenne. Malgré la facilitation des échanges dans ce cadre, certaines concessions de droit sont

néanmoins applicables. En outre, une assistance technique fut instaurée dans le cadre du contrôle

des marchandises importées. Ces dernières doivent également correspondre aux mesures sanitaires

et phytosanitaires, selon les normes des organismes internationaux à savoir l’Organisation

mondiale de la santé animale ou l’OIE, la Convention internationale pour la protection des

végétaux CIPV et la Commission FAO/OMS du Codex Alimentarius. Concernant les

exportations, les produits halieutiques sont principalement soumis à de strictes réglementations.

Les bois sous forme brute ou semi-finie n’ont pu par exemple être exportés depuis juillet 2007.

Compte tenu du niveau d’industrialisation du pays, Madagascar ne peut guère sous-estimer

ses avantages comparatifs présents, ainsi divers plans d’action figurent dans ce sens afin de

promouvoir l’activité d’exportation des produits agricoles et miniers de la Grande-île.

B. Commerce extérieur au cœur des stratégies et plans de développement

Conformément au PAS, tout plan de développement doit comprendre comme axe

primordial la libéralisation des échanges en général et la promotion des exportations en particulier.

Il en fut le cas pour le DSRP, et en était également de même pour le MAP. Nous porterons en

particulier notre attention sur ce dernier.

a. Projet d’action en faveur du commerce extérieur

1. MAP ou Madagascar Action Plan

Assurer « une économie à forte croissance », tel est le sixième engagement de ce plan

d’action quinquennal de Madagascar. Celui-ci se fixa alors dix principaux défis dans la réalisation

Page 44: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

37

de cet engagement. Nous ne nous intéresserons qu’au défi numéro six également, c’est-à-dire,

celui de « renforcer la compétitivité commerciale ». En effet, selon le MAP, « les exportations

traditionnelles représentent une grande partie du commerce international de Madagascar. Cette

structure des exportations rend l’économie vulnérable face aux différents aléas comme ceux des

marchés internationaux et du climat ».25

objectif

Ce plan d’action se propose de renforcer la diversification des produits exportés, de respecter

les normes et qualités internationales, afin de développer l’exportation des produits à forte valeur

ajoutée.

stratégies26

Divers moyens, assurés par l’Economic Development Board of Madagascar ou l’EDBM

et différents ministères, entraient dans la réalisation de ces objectifs :

faciliter le marketing, l’assurance et le financement des exportations ;

construire des infrastructures et assurer des mesures d’accompagnement ;

développer les mécanismes pour la standardisation et la certification du produit ;

adopter une nouvelle stratégie industrielle pour pénétrer le marché avec des produits à forte

valeur ajoutée.

La mise en œuvre de ces stratégies se traduit par la facilitation de l’octroi de crédit grâce à un

fonds spécial pour les exportations, le développement des statistiques fiables au commerce,

l’accréditation des laboratoires chimiques, microbiologiques concernant les normes sanitaires,

l’instauration d’un guichet unique d’exportation etc.

2. PCI ou projet cadre intégré27

Outre le MAP, le PCI s’aligne sur cette même perspective d’amélioration, au niveau du

commerce extérieur des PMA en général, et de Madagascar en particulier. Deux grands volets

entrent dans ce cadre :

25MAP, Plan d’Action Madagascar 2007-2012, page 91 26 Idem 27 Ce projet fut initié par l’OMC, à l’appui du FMI, du Centre du Commerce International (ITC), de la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement(CNUCED), du Programme des Nations-Unies pour le Développement(PNUD), enfin de la Banque Mondiale.

Page 45: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

38

Le « Programme de Renforcement des capacités dans les négociations internationales ou

PRC, entamé en 2005 et ayant pris fin décembre 2007 ;

Et le « Programme d’Appui aux Exportations » ou PAE, réalisé entre le mois d’Octobre

2007 à fin décembre 2010.

Le Projet Cadre Intégré vise deux principaux objectifs :

Mise en œuvre d’une stratégie nationale de développement des PMA, axée principalement

sur la politique commerciale ;

Faciliter la coordination ainsi que la fourniture d’une Assistance technique liée au

commerce et destinée aux organisations membres et autres partenaires.

PRC ou Programme de Renforcement des Capacités

Objectifs28

L’objet de ce programme d’action se présente sous deux volets, à savoir :

Que Madagascar puisse profiter dudit projet ;

Que le commerce constitue un pivot de son plan de développement, ainsi que de tous les

participants à ce projet.

Ce projet concerne les accords et négociations commerciales et vise comme son nom l’indique à

renforcer les capacités des PMA dans ce domaine. Divers moyens corroborent à cet objectif :

la participation active des acteurs économique et politique tels ceux de l’Administration,

du secteur privé, de la Société civile, des milieux académiques ; et ce au niveau régional,

continental, multi et bilatéral voire international ;

la réalisation systématique et chronologique des résolutions des réunions assistées ;

l’évaluation des compétences existantes des négociateurs, de celles nécessaires et du gap à

pourvoir, et ce grâce à une solide équipe d’experts et de négociateurs ;

finalement, la diffusion des informations pertinentes sur l’état et l’avancée des

négociations, ainsi que sur la position des divers partis concernés.

Les négociations commerciales internationales : celles multilatérales ou de l’OMC et celles en

vigueur au niveau des communautés d’intégration régionale : SADC, COMESA, COI, APE/UE se

trouvent au cœur de ce programme d’action. 28OCDE, aide pour le commerce : cas d’expérience de Madagascar.

Page 46: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

39

PAE ou Programme d’Appui aux Exportations

Objectifs29

Tout comme le PRC, ce projet vise également deux principaux objectifs :

Instaurer un cadre favorable aux exportations ;

Favoriser les exportations vers les communautés d’intégration régionales ou CIR,

précisément les marchés de la SADC et du COMESA.

3. Projets d’appui sectoriel

Ces secteurs directement concernés sont : l’agriculture et le secteur privé, c’est-à-dire les

micro et moyennes entreprises. Dans ce domaine, on peut citer le Programme de Soutien aux

Rôles des micro-Entreprises Rurales et aux Economies Régionales. La population rurale constitue

la cible du projet par la création d’entreprises. Ces actions de cadrage du secteur privé sont dans la

majorité financées par la Banque Mondiale. Elles concernent la restauration et l’édification

d’infrastructures économiques. D’une manière ou d’une autre, ces projets en liaison directe ou non

avec l’exportation visent un même objet qui est de promouvoir le commerce extérieur. Outre ces

différents projets, la constitution des groupements et associations comme le Centre Technique

Horticole de Tamatave ou le CTHT contribue largement à favoriser les filières d’exportation à

Madagascar. Ce dernier œuvre par exemple pour une encore meilleure compétitivité30 de la filière

litchi grâce à la formation et au soutien aux producteurs. Enfin, il ne faut pas omettre les Pôles

Intégrés de Croissance ou PIC, opérant sur le système économique national. En effet, ce dernier se

concentre généralement sur les régions reconnues pour leurs potentialités, ainsi ce programme

corrobore relativement à stimuler les activités d’exportation à Madagascar. À titre d’exemple,

plusieurs régions ont bénéficié de ce plan d’action, on peut citer : Antananarivo et Antsirabe dans

les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’industrie textile et agro-

alimentaire ; Fort-Dauphin pour le secteur minier, sans oublier Nosy-Be pour le tourisme.

b. Impact de la politique de dévaluation sur le commerce extérieur

L’évolution de la monnaie nationale, par rapport aux devises servant de monnaie

d’échange, est déterminante sur l’ampleur des échanges surtout dans le cas d’élasticité de l’offre

29OCDE, aide pour le commerce : cas d’expérience de Madagascar 30 Madagascar constitue déjà le premier exportateur mondial de litchi

Page 47: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

40

malgache et de la demande extérieure pour un produit donné. D’une manière plus concrète, la

dépréciation de la monnaie nationale, allant de pair avec une plus grande productivité des

entreprises malgaches et une meilleure compétitivité en termes de prix, engendre l’accroissement

des exportations (effet substitution-condition de Marshall Lerner). Cette politique fut pratiquée à

Madagascar, le Fmg a fait l’objet d’une dépréciation de 8% moyen annuel, par rapport au dollar

américain. Contrairement à l’effet anticipé, les exportations ont diminué, dont celles vers le

marché européen, soit une baisse de 2004 à 2005, suivie d’une hausse moins considérable en

2006. Les exportations en direction des marchés asiatiques et de la SADC s’inscrivent également

sur cette même ligne. La principale raison de cette chute des exportations réside dans l’inélasticité

de la demande extérieure liée à l’intensification de la concurrence étrangère, d’autant plus que

Madagascar comme tout pays en développement exporte essentiellement des produits à faible

valeur ajoutée. Par conséquent, l’effet escompté de cette dépréciation ne s’est pas produit. Fort

heureusement, la hausse de la valeur des importations ne fut également pas constatée (effet de

détérioration des termes de l’échange- condition de Marshall Lerner). Celles-ci se sont

généralement stabilisées, à l’exception près des produits en provenance des marchés de la SADC

et de l’Asie, sensibles à l’appréciation du dollar.

Bref, ni les exportations ni les importations n’ont réagi à la politique de dépréciation du

Fmg. Nous analyserons en détail ci-dessous ces produits à faible valeur ajoutée faisant l’objet des

exportations malgaches, ainsi que l’importance en valeur des importations engendrant un déficit

chronique du solde commercial. Outre, la partie suivante reviendra sur le lien de causalité entre le

développement des échanges commerciaux et la croissance économique.

Section 2 : Relation causale entre commerce extérieur et croissance économique

I. Essor des échanges commerciaux

Afin d’évaluer le degré d’intégration du pays au commerce international, il est toujours

utile de rappeler les principaux partenaires commerciaux de Madagascar, et le type de produits

faisant l’objet de ses échanges, toutefois l’analyse se concentrera sur la période définie

précédemment, c’est-à-dire entre 2003 et 2013.

A. Principaux partenaires commerciaux de Madagascar31

a. Accords multilatéraux et bilatéraux

31 Cf. Annexe 11 : Structure des échanges vers les partenaires commerciaux de Madagascar

Page 48: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

41

Accords multilatéraux

Madagascar – Union Européenne

D’une manière générale, cette coopération entre dans le cadre de l’APE ou Accord de

Partenariat Economique entre les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) et l’Union Européenne.

À titre de remarque, l’ACP comprend six configurations régionales, en ne citant que :

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ;

La Communauté économique de l’Afrique Centrale (CEMAC) ;

La Communauté des Etats de l’Afrique Australe et Orientale (SADC) ;

L’Afrique Orientale et Australe (AFOA).

Cette relation fut régie de 1975 à 1999 par les conventions de Lomé. L’accord de Cotonou signé

en 2000 par 77 pays ACP et 15 pays membres de l’UE mettait l’accent sur le partenariat

commercial. Cet accord vise la suppression progressive des entraves aux échanges entre ces deux

parties, et à instaurer un régime de préférence commerciale par des relations compatibles aux

règles de l’OMC. Les Accords de Partenariat Economique ou APE furent ratifiés en septembre

2002 en vue de parvenir à cet objectif, mais ils ne seront en vigueur qu’au début de l’année 2008.

Ces conventions reposent également sur un appui financier et technique des pays membres.

L’Union Européenne demeure le principal partenaire commercial de Madagascar, dont la France

en particulier, ayant fourni 21,5% des importations malgaches en 2011. Quant aux importations de

la France et l’Allemagne, elles s’élevaient à 41% et 12% des produits exportés par Madagascar.

Ceux-ci comprennent des produits comme les crevettes (85% vers la France en 2011), le girofle

(53% cette même année), les épices, enfin les produits textiles. L’Allemagne, le Danemark

s’ajoutent dans une moindre mesure à ces deux pays.

Madagascar - OMC

Cette entité a été créée le premier janvier 1995, à Genève en Suisse. Elle constitue l’issue

des négociations du cycle d’Uruguay, entre 1986-1994 ; et le prolongement des activités menées

dans le cadre de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ou GATT. Cette

organisation internationale, établissant entre autre des règles régissant le commerce entre les pays,

vise à soutenir les échanges commerciaux extérieurs par le biais des subventions et de la formation

des acteurs économiques : producteurs, exportateurs, importateurs.

Page 49: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

42

Madagascar a adhéré à l’OMC le 17 novembre 1995 et bénéficie des avantages de cette

intégration à savoir la suppression des droits de douanes et autres restrictions commerciales.

Accords bilatéraux

Madagascar a conclu divers accords commerciaux avec de nombreux pays, permettant

l’accès aux marchés des pays développés. On peut citer à titre d’exemple :

La coopération Canada-Madagascar : existant depuis 1965, favorisée par diverses

initiatives comme l’instauration d’un Tarif Préférentiel Généralisé en 1974, des Tarifs des Pays

les Moins Avancés en 1983. Ces derniers permettront un accès préférentiel au marché canadien.

La coopération Japon-Madagascar : existant depuis les années soixante-dix, plus

exactement par l’instauration d’un régime de préférence en 1971.

Madagascar entretient des liens économiques et commerciaux récemment avec la Chine, l’Inde et

l’Indonésie, constituant autant de marchés potentiels comme nous le verrons ultérieurement.

b. Intégration économique régionale

Les pays membres de l’OUA ou Organisation de l’Union Africaine avaient en fait tous

pour obligation d’adhérer à une communauté économique régionale. Les échanges de Madagascar

sur les marchés régionaux sont plus faibles. L’île Maurice constitue son principal partenaire au

sein du COMESA, et l’Afrique du Sud au niveau de la SADC. Les produits textiles sont importés

principalement vers l’île Maurice, tandis que l’Afrique du Sud représente un marché potentiel

pour le girofle et la vanille, surtout depuis 2008. Ces derniers n’absorbent respectivement au total

que les 4% pour l’île Maurice et 1%pour l’Afrique du Sud. Par conséquent, Madagascar n’a pas

encore réellement exploité l’énorme potentialité de ces marchés régionaux. Cela est en partie dû à

l’intégration récente du pays au sein de ces communautés régionales. Madagascar ne fait partie

intégrante du COMESA qu’en 2005.

Réseaux d’échanges inter - régionaux de Madagascar

Madagascar – SADC

Cette communauté qu’est la SADC actuellement fut auparavant la SADCC ou Southern

African Development Co-ordination Council ; autrement dit, une conférence de coordination du

développement de l’Afrique australe32. À l’origine, dans les années 80 précisément, elle avait un

enjeu politique, dont la libéralisation de l’Afrique australe de l’Apartheid. Ce n’est qu’à la fin de

32Les pays concernés étaient : l’Angola, le Botswana, le Mozambique, la Tanzanie, et la Zambie

Page 50: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

43

ce mouvement que fut créée la SADC, conformément au traité signé à Namibie en Août 1992.

Divers pays africains y ont depuis intégré, dont Madagascar depuis 2005. Et ce groupement

comprend actuellement 15 pays : Afrique du Sud , Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar,

Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, RDC ou République Démocratique du Congo,

Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, et Zimbabwe.

Madagascar – COI

Cette Commission vise à raffermir le lien économique entre les îles de l’Océan Indien,

c’est-à-dire :l’île Maurice, les îles Comores, les îles Seychelles, la Réunion et enfin Madagascar.

Malgré certaines périodes de suspension de l’accord, les relations de la Grande-île avec ces

derniers sont actuellement en vue de reprendre.

Madagascar-COMESA

Cette institution fut créée à l’issue du traité de Kampala ratifié en décembre 1994, mais

Madagascar ne figure parmi ses 20 pays membres qu’à partir du 17 novembre 1995. En

remplaçant à l’origine la Zone d’Echange Préférentielle créée à Lusaka (Zambie) en 1981, cette

entité a établi une zone préférentielle d’échange jusqu’en 2000 par la mise en place d’une Zone se

Libre-échange, et tendait vers une union douanière en 2004, projet devenu réellement effectif

qu’en 2009 avec une perspective de passer à la prichaine phase : l’union économique et monétaire.

Madagascar-AGOA

Cet accord comme son nom l’indique : African Growth Opportunity Act offre des

privilèges ou avantages aux pays africains pour les produits exportés sur le territoire américain. Au

préalable, les pays bénéficiaires de cette clause doivent accepter et respecter certaines conditions,

dont particulièrement : le respect des libertés individuelles et collectives ainsi qu’un processus

politique ouvert dans la conduite des affaires de l’Etat. Madagascar a été exclu de l’AGOA en

2010, puis de nouveau en 2012. Une étude de rééligibilité du pays au sein de l’accord est à présent

en vue.

Compte tenu de ces données sur les échanges de Madagascar avec les autres pays, et vu

l’évolution sur cette dernière décennie de la balance commerciale malgache ; notre pays ne

parvient comme tout PED à s’intégrer totalement au commerce mondial. De récentes études ont

par ailleurs montré que Madagascar n’exploite pas tout son potentiel économique, au niveau des

marchés régionaux. « Pourtant, les chiffres de 2006 à 2010 ont montré que les exportations du

Page 51: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

44

pays vers ces deux blocs33 semblent loin des attentes. Ainsi, la part des exportations de

Madagascar vers ces deux groupements stagne autour de 5% de l’exportation totale du pays. De

plus, les partenaires commerciaux demeurent les mêmes à savoir l’île Maurice et l’Afrique du

Sud. Par contre, les potentialités du pays dans les marchés régionaux, évalués à travers le modèle

de gravité sont considérables » (CREAM, 2013).

B. Principaux produits, objet de l’échange

Madagascar regorge de nombreuses richesses naturelles et minières tel que ses exportations

se concentrent principalement sur ces derniers. À la place, le pays importe des produits à forte

valeur ajoutée. Cette structure des échanges explique le déficit de la balance commerciale

malgache. Certaines mutations se sont produites au cours de cette dernière décennie.

a. Exportations

Ces récentes années étaient caractérisées par le développement des zones franches dans la

production textile ainsi que de l’industrie extractive, compte tenu du processus de délocalisation

apporté par le phénomène de la mondialisation34. Ainsi en plus des produits comme la vanille, le

café vert, le sucre, la crevette, le litchi etc. ; des produits miniers comme le nickel, le cobalt, le

minerai de titane se rangent dans la liste des exportations malgaches. Le bilan des exportations

par branche d’activités et de produits se présente comme-suit au cours de l’année 2012.

Exportation de la vanille

Cette filière constitue un atout majeur pour le commerce et l’économie de Madagascar. Ce

dernier fut par ailleurs connu en tant que premier exportateur de la vanille ainsi que du litchi dans

le monde. La valeur courante de ce produit a largement progressé pendant les six premiers mois de

2013 en comparant à cette même période mais pour l’année 2012. À première vue, cette hausse fut

favorable car les exportations de vanille étaient passées de 10,9 millions de DTS en 2012 à 17,3

millions de DTS sur les six premiers mois de 2013.Ce fait est en partie dû à la flambée du prix sur

le marché mondial issue de la contraction de l’offre mondiale. Cette hausse du prix ne s’est pas

accompagnée d’une augmentation du volume exporté compte tenu de la stagnation de la

production locale. En effet, cette culture fut délaissée à la suite de la chute inferieure à 20 dollars

US par kg, du cours de ce produit fin 2012. À titre de remarque, le prix du kilogramme de vanille

est passé de 18,7 à 34 dollars US entre 2012 et 2013.

33 Autrement dit, la SADC et le COMESA 34Mme RAJAOSON Lalao, 2013, Economie industrielle, 4è Année économie

Page 52: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

45

Exportations du café

À l’instar de certains pays comme le Brésil, Madagascar détient un avantage comparatif

dans l’exportation du café. La campagne de vanille a également été favorable en ne considérant

que ces deux dernières années. Cette performance émane cette fois-ci d’une relative baisse du

prix. En effet, si celui-ci a été de 2401,3 dollars US sur le premier semestre de 2012, il a baissé à

1929,8 dollars US en 2013. Par conséquent, en raison d’une plus grande compétitivité liée à un

prix moins cher, le volume des exportations a augmenté soit de dix fois la quantité de 611,9 tonnes

en 2012 à 7419,6 tonnes en 2013.

Zones franches

Les exportations au niveau de cette branche affichent une hausse de 6,4% par rapport à

2012, passant de 197,6 millions de DTS à 210,2 millions de DTS en 2013.Cette augmentation est

surtout due à l’exportation des produits textiles et ceux de la pêche ayant le plus varié au cours de

l’année 2013. En 2013, une hausse de 16,4% a été constatée en ce qui concerne l’exportation de

cette catégorie de produits textiles. En ce qui est de l’exportation des crevettes et autres produits

de la pêche, Madagascar exporte des produits comme les langoustes, crustacés, et crevettes

particulièrement. Malgré diverses actions et projets en direction de cette filière, force est de

constater que la vente de crevettes et autres fruits de la mer n’ont évolué que très faiblement. Cette

constante progression résulte de la faible augmentation du volume embarqué, ainsi que de la

fluctuation du prix de vente sur le marché mondial. Ainsi, sur ces trois dernières années,

l’exportation des crevettes et autres produits de la pêche a connu une certaine instabilité. Partant

de 19,8 millions de DTS en 2010 à 21,6 millions de DTS en 2013, les années 2011 et 2012

enregistrent quelque reprise soit respectivement 23,8 millions de DTS et 21,3 millions de DTS.

Concernant l’évolution des prix de vente, ceux-ci sont passés de 11,7 dollars US par kilogramme

à 13,2 puis une légère baisse à 12,7 et finalement à 12,2 dollars US par kilogramme sur ces quatre

années successives.

Page 53: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

46

Tableau 1 : Exportation des entreprises de la Zone franche, six premiers mois, valeur en millions

de DTS, Volume en milliers de tonnes et Prix en DTS par Kg

Rubriques 2010 2011 2012 2013

Crevettes et autres produits

de pêche

Valeur

Volume

Prix unitaire

19,8

2,6

7,7

23,8

2,8

8,4

21,3

2,6

8,3

21,6

2,7

8,1

Textiles

Valeur

Volume

Prix unitaire

104,5

8,2

12,8

112, 9

7,4

15,2

126,3

7,4

17,0

142,2

8,6

16,5

Autres

Valeur

Volume

Prix unitaire

36,7

10,3

3,6

45,7

12,1

3,8

50,0

10,9

4,6

46,4

9,2

5,1

Total

161,0

182,4

197,6

210,2

Source : BCM

Produits artisanaux

Madagascar exporte également des produits artisanaux : tissus en soie, nappes, etc. Sur la

période de 2008 à 2011, comme le montre le tableau ci-dessous, l’exportation de ces produits

Page 54: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

47

artisanaux a connu une hausse, suivie plus tard d’une chute vertigineuse de plus de 11 millions

d’euros en 2012.

Tableau 2 : Exportation des produits artisanaux de 2008 à 2012

Indicateurs

2008

2009

2010

2011

2012

Exportation

des produits

artisanaux (en

euros)

7084710,12

9135447,73

10569640,77

11808336,30

487518,04

Source : Ministère pour la Promotion de l’Artisanat (MPA), Direction d’Appui à l’Artisanat

(DPA)

Madagascar exporte certes de nombreux produits, ces derniers ont été les plus marquants sur la

période entre 2003 et 2013. Le graphe ci-dessous permet un aperçu de l’évolution mensuelle des

exportations malgaches en 2013.

Page 55: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

48

Graphique 4 : Evolution mensuelle des exportations en 2013

Source : INSTAT/DSY

Industries extractives

À titre d’exemple, au cours de l’année 2013, les exportations de la branche extractive ont

corroboré aux 32% du total des exportations sur le premier semestre de 2003.

Dans cette part, le nickel dont les exportations ont débuté en octobre 2013 environ, détient le

premier rang avec un apport de 132,4 millions de DTS, valeur nominale FOB. L’exportation

de minerai de titane suit en seconde place, soit 28,4 millions de DTS, comparée à 2012 avec 22,1

millions de DTS et 14,1 millions de DTS pour 2011. L’exportation du cobalt a également

progressé depuis son commencement en 2012, soit 6,5 millions de DTS pendant les deux derniers

mois de cette année, cette quotte est passée en 2013 à 19,3 millions de DTS. Enfin, concernant le

minerai de zirconium, une légère baisse de l’exportation de ce produit s’est constatée pendant le

premier semestre de 2013. En effet, celles-ci sont passées de 12,3 millions de DTS en 2012 à

uniquement 6,4 millions de DTS en 2013. Il faut cependant remarquer une nette reprise du

volume de l’exportation de ce minerai à la fin de 2013 : 15 425 tonnes contre 14 527 tonnes au

cours de cette même période en 2012. Cette diminution résulte de la chute du prix moyen du

produit sur le plan international allant de 1297,4 dollars US en 2012 à 629,5 dollars US en 2013.

Page 56: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

49

À part le prix, plusieurs autres facteurs : interne qu’externe expliquent la variation des

exportations des minerais. Sur le plan interne, l’implantation d’IDE dans ce domaine : QMM Rio

Tinto, Sheritt, et Ambatovy ont contribué à l’exploitation et l’exportation de ces minerais.

L’augmentation de la demande internationale dont celle de l’acier inoxydable influe également ces

exportations.

Si tels ont été les principaux changements au niveau des exportations, afin de justifier la

tendance déficitaire du solde de la balance commerciale de Madagascar, il serait préférable de

rappeler les principales évolutions des importations ayant sévi ces dernières années.

b. Importations

Le faible degré d’industrialisation de l’île corrobore au fait que Madagascar importe des

produits quasiment manufacturés (biens d’équipements,…), outre la précarité de la production

rizicole entrainant l’approvisionnement de l’étranger à un meilleur prix de ce produit. Ainsi,

Madagascar importe des produits de différente nature, allant :

des produits de base ou de première nécessité comme le riz : blanchi ou semi-blanchi, la

farine de blé, le sucre et le saccarose brut ;

aux produits manufacturés : biens d’équipements, combustibles minéraux, produits

chimiques ;

en passant par d’autres produits tels ceux en cuirs et en bois, les aliments préparés,…

La période de 2003 à 2013 note une hausse relativement importante des importations. En effet,

l’augmentation des importations des biens d’alimentation, des matières premières a été compensé

par la baisse des importations des biens d’équipement, de consommation, et des produits

pétroliers. Ces types de biens figurent tous dans la liste des importations du pays. La faible hausse

remarquée en 2013 est due à l’accroissement des importations des biens d’alimentation, le riz

principalement, suivi des matières premières nécessaires aux zones franches. Par ailleurs,

Madagascar a réduit ses importations respectives de biens d’équipement, de consommation, enfin

des produits pétroliers.

Afin de clore sur ce premier chapitre traitant du lien existant entre le commerce extérieur et la

croissance économique, il convient de peser le pour et contre en ce qui est des impacts du libre-

échange.

Page 57: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

50

II. Libre-échange : un défi et une opportunité, retour sur les enjeux des accords commerciaux

malgaches

Les exportations des pays en développement s’étaient toujours cantonnées aux produits

bruts comme les matières premières, selon le pacte colonial et la DIT. Ce fait les avait toujours

désavantagés et marginalisés face à la concurrence des pays industrialisés. Qu’est-ce que

Madagascar peut-il alors espérer de bien dans ses relations commerciales avec les pays

étrangers ? Quels sont les principaux obstacles se dressant contre le développement de ses

échanges.

A. Madagascar-Chine

La coopération avec les pays émergents dont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine enfin

l’Afrique du Sud35 offre de nouveaux horizons pour l’Afrique. Les échanges commerciaux avec

ces économies émergentes supplantant celles entretenues avec le reste du monde, atteignaient les

340 milliards de dollars en 2012, et pourraient s’élever à 500 milliards en 2015 (Freemantle et

Stevens, 2013). Ces chiffres permettent de justifier pourquoi l’Union Européenne se trouve dans

ce sens détrôné (Morazan et al, 2012).Ce partenariat s’étend sur trois domaines respectifs : le

commerce, les IDE, enfin l’aide au développement. Si ce partenariat économique représente un

stimulant de la croissance économique, qu’est-ce que Madagascar pourrait espérer des accords

commerciaux entretenus avec le pays le plus actif de ce groupement à savoir la Chine36 ?

Les échanges commerciaux entre la Chine et Madagascar n’ont cessé d’évoluer depuis 1995.

Madagascar exporte des matières premières nécessaires aux industries chinoises, et importe des

biens alimentaires, ainsi que d’autres produits de différente nature : jouets, textile,

électroménagers, etc.37. En 2008 ; 21% du total des exportations de la Chine, également connu en

tant qu’atelier du monde, ont été destinées au marché malgache. Il convient de repérer les points

forts et faibles, ainsi que les opportunités et menaces de cet accord afin d’en anticiper les

perspectives futures, et les moyens pour dépasser ces divers obstacles.

35 À l’origine, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine ont fondé ce groupement à l’issue du premier sommet du BRIC en Russie en 2009. L’Afrique du Sud n’en fait partie qu’en 2010, d’où l’appellation BRICS. 36 La Chine et dans une moindre mesure l’Inde demeurent les principaux débouchés des matières premières de nature agricole soit plus de 90%, et 85% environ des combustibles issus des pays africains 37 Annexe 12 : Structure des importations en provenance de la Chine entre 1995 et 2006

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51

a. Les points forts et opportunités à saisir

La politique de dépréciation du Yuan contribue à une forte compétitivité-prix des produits

chinois. L’accès à ces biens, dont le prix est abordable, améliore le bien-être de la population

malgache en général, et augmente les investissements des producteurs de la Grande-ile en

particulier. En effet, l’implantation des industries chinoises sur le territoire malgache contribue

non seulement à réduire le prix mais également à l’amélioration de la qualité des produits par les

producteurs locaux pour pouvoir rester dans la concurrence.

Concernant les exportations, Madagascar regorge d’énormes ressources naturelles nécessaires aux

industries chinoises, d’autant plus que l’instauration des « Tarifs douaniers Préférentiels Spéciaux

sur les exportations des pays en développement vers la Chine depuis 2005 constitue une réelle

opportunité pour Madagascar. Ce régime tarifaire concerne tant les matières premières (richesses

minières, produits de la pêche, agricoles etc.) que les biens transformés ou manufacturés.

b. Points faibles et menaces

Compte tenu du niveau d’industrialisation du pays et malgré les TPS, la valeur des

exportations vers la Chine reste faible face à celle des importations issues de ce pays, d’où la

fragilisation croissante de l’Ariary par rapport au Yuan.

L’afflux des investisseurs et des produits chinois découragent également les producteurs locaux,

ainsi que l’initiative privée des nouveaux-entrants. Les produits chinois sont certes connus pour

leur forte compétitivité-prix, on ne peut cependant dire autant en ce qui concerne leur qualité.

« Les équipements chinois (transport, agriculture) très bon marché constituent une alternative à

des biens de meilleure qualité. Toutefois, la durée de vie de ces équipements n’est pas longue

comparée aux équipements de même type en provenance de l’Europe »38.

B. Madagascar au niveau de l’intégration économique régionale

Les échanges commerciaux du pays s’effectuent certes surtout avec les grandes puissances

économiques tels le BRICS ou encore l’Union Européenne : France, Canada. La part destinée aux

organisations régionales reste encore relativement faible : en 2010, la part des importations de

Madagascar issues du continent africain s’évaluait en moyenne à 17%. Entre 2006 et 2010,

Madagascar importait 11% de ses besoins sur le marché de la SADC, et 7% sur celui du

38« Étude sur les échanges entre Chine et Madagascar », Jean RAZAFINDRAVONONA, Eric RAKOTOMANANA, Jimmy RAOBELINA, 2008

Page 59: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

52

COMESA39. Sur cette même période, Madagascar assurait les 5% des exportations des marchés de

la SADC. Notre pays s’approvisionnait des 66,92% du total de ses importations auprès de

l’Afrique du Sud en 2003, contre 21,85% issues de l’île Maurice. Entre 2006 et 2010, les 90% des

exportations totales malgaches ont été destinées à ces deux principaux partenaires de l’île.

Les CIR constituent donc d’énormes atouts pour les pays membres, en ne parlant que de la

proximité entre ces derniers, réduisant par conséquent le coût de transport. Ce fait incite à restituer

brièvement l’évolution des échanges de Madagascar avec les pays des CIR, particulièrement à en

identifier les principaux potentiels et facteurs de blocage.

a. Points forts, avantages et opportunités à saisir

Madagascar dispose d’une plus grande performance comparée aux autres pays

membres des CIR en termes d’avantage comparatif. Les marchés régionaux stimuleront

également l’industrie locale, via le non paiement des droits de douanes, toutefois certains

protocoles régissent les flux de quelques produits. Dans le cadre de la COI, les produits ne

respectant pas les règles dudit protocole sont imputables aux tarifs douaniers. La COI, le

COMESA et la SADC offrent de large gamme de produits à bas prix pour les consommateurs

et producteurs malgaches, favorisant ainsi l’investissement dans le pays par l’accès à des

matériels de production plus sophistiqués.

L’appartenance de Madagascar à la COI en particulier et aux CIR en général, lui permet en

outre de faciliter son intégration sur le marché mondial En effet, les pays membres des

organisations régionales détiennent un plus grand pouvoir de décision et d’action par effet de

synergie. L’adhésion aux CIR constitue alors un « tremplin pour l’intégration plus large sur le

marché international »40. L’intégration régionale dégage d’autres externalités à savoir la

préservation de l’environnement41, la bonne gouvernance : développer les valeurs politiques,

les systèmes et les établissements communs, favoriser et défendre la paix et la sécurité,

assurer un développement auto-entretenu sur la base de l'indépendance collective, et de

l'interdépendance des Etats membres42.

39 Annexe 13 : Evolution de la répartition des flux commerciaux (import-export) de Madagascar avec le COMESA entre 2006 et 2010 40SCHIFF Maurice, WINTERS Alan, Intégration régionale et développement, p.32 41 Objectif de la COI dans Colloque sur l’intégration régionale de Madagascar 28-29 Juin 2011, p.67 42 Objectif de la SADC dans Colloque sur l’intégration régionale de Madagascar 28-29 Juin 2011, p.72

Page 60: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

53

b. Points faibles, inconvénients et menaces

Des obstacles inhérents à la structure conjoncturelle même de l’économie malgache

expliquent le retard de développement de celui-ci ainsi que sa marginalisation au niveau du

commerce mondial. On peut citer : la défaillance des infrastructures routières et portuaires,

l’instabilité politique, le manque d’information sur le marché, le retard technologique et

industriel, etc. Par ailleurs, notre pays ne parvient à exploiter son énorme potentialité au

niveau des marchés régionaux, en particulier le COMESA et la SADC. La part leur étant

destinée représente 5% du total des exportations malgaches. Or les pays membres de ces

groupements ressentent d’énormes besoins. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement43.

Le tarif douanier à taux zéro imposé par les ZLE du COMESA et de la SADC, pénalise les

recettes étatiques. Ces ressources douanières occupent environ la moitié des recettes fiscales,

d’où un manque à gagner pour l’Etat creusant son déficit budgétaire. Le gouvernement

malgache n’aura plus ainsi comme seul recours que l’aide et l’endettement extérieur, compte

tenu de la faiblesse de l’épargne locale. Par ailleurs, la hausse de l’emprunt interne via

l’émission d’obligations pouvant être achetées par les banques et les ménages induit un effet

d’éviction. En effet, la hausse du taux d’intérêt entraine la diminution de l’investissement et le

ralentissement de l’activité économique du pays en général.

Après ce bref aperçu de l’évolution du commerce extérieur malgache au cours de ces

dernières années, quelles stratégies adopter en vue de surmonter ces points faibles et menaces,

et d’exploiter au contraire ces forces et opportunités ? Ce second et dernier chapitre visera à

proposer quelques alternatives pour redresser le déficit chronique de la balance commerciale

malgache, notamment par le biais de la promotion des exportations.

43Cf. chapitre II, section 1, B

Page 61: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

54

CHAPITRE II : STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DU COMMERCE

EXTERIEUR MALGACHE

Madagascar est un pays à vocation agricole. Malgré la volonté de promouvoir d’autres

secteurs dont le commerce extérieur notamment : acheminement vers une croissance voire un

développement durable via la libéralisation des échanges, la réalité en est une structure

défavorable de la balance commerciale du pays. Compte tenu de son insularité, notre pays devrait

profiter de l’opportunité véhiculée par le vent de la mondialisation. Comment par conséquent

développer toutes les potentialités de l’économie malgache ?

Nous sommes à présent parvenus au centre de la réflexion, ainsi il convient au préalable

de réunir les atouts présents et enfouis ou sous-exploités de l’économie malgache (section 1) et de

les développer (section 2), afin d’aboutir à cet objectif que les pays en développement se sont

toujours fixé à savoir celui de sortir définitivement de la pauvreté.

Section 1 : Atouts et potentiels de l’économie malgache

I. Atouts en matière de produits exportés44

A. Produits agricoles

Sur ces trois dernières années, Madagascar fut classé troisième producteur en Afrique : avec

une production de 3,6 millions de tonnes de riz : dépassant l’offre mondiale du reste des pays de la

SADC. En outre, il se trouve au premier rang en matière de production et d’exportation de litchi et

assure les 70% de l’offre mondiale. Il détient cette même place en ce qui est de

l’approvisionnement mondial des épices, des huiles essentielles ; sans parler du café, du thé enfin

du cacao. Dans la filière vanille, Madagascar détient la moitié du marché mondial, soit 50%

malgré la concurrence des produits artificiels comme la vanilline.

44 Annexe 14 : Liste des produits pour lesquels Madagascar dispose d’un avantage comparatif

Page 62: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

55

L’exportation du pays s’agissant des produits comme les féculents : maïs, manioc, pomme

de terre, légumineuses ; ainsi que les céréales ; s’élève à plus d’un million de tonnes.

B. Minerais

Le sol malgache regorge de nombreuses richesses :

Des ressources énergétiques et stratégiques : uranium, hydrocarbure et charbon ;

Des minéraux industriels et métalliques :graphite, calcaire, silice, mica, dolomie, ilménite,

gypse, titane, quartz, or, fer, argent, platinoïde, cuivre, zinc, nickel, cobalt, chromite,…

Des pierres précieuses et semi-précieuses tel le rubis, l’émeraude, le saphir, l’aigue-marine,

le béryl, la tourmaline, le topaze, le grenat, le quartz rose, l’améthyste, la citrine, le diamant, et la

cordiérite ;

Egalement des pierres ornementales : marbre, jaspe, bois silicifié.

Selon l’analyse de la Banque Mondiale, la balance commerciale s’est améliorée de 67

millions USD pendant le premier semestre de 2013, grâce notamment à l’exportation de produits

miniers dont le nickel au premier plan, soit une valeur de 30 millions USD par mois.

L’exportation de la chromite, figurant parmi les grandes substances minières, avec le mica et le

graphite, a largement évolué au cours de 2005-2006. Parallèlement l’existence du « Kraomita

malagasy » et de nombreuses autres industries extractives nationales ou étrangères45 constituent un

atout pour Madagascar. Ces minerais sont dans la plupart exportés vers la Chine, le Japon et la

Suède. Après la chromite, l’exportation des pierres précieuses brutes comme le saphir, le rubis et

l’émeraude renfloue en partie les caisses de l’Etat. En 2005, leur valeur était déjà estimée à ariary

6 042 753100.

C. Richesses marines

En faisant abstraction aux produits de la pêche : langoustes, crevettes, thons ; Madagascar

affiche un important potentiel halieutique soit plus de 500000 tonnes par an rapportant 60%

d’intérêt commercial. En outre, le pays dispose d’une ZEE ou Zone Economique Exclusive. Cette

superficie comprend 115 millions d’hectares, plus 12 millions ha (plateau continental), 5600 km

de littoral, 300.000 ha de mangroves avec 50000ha de tonnes, et 30000 ha sur lequel peut se

développer une culture de crevettes ; 160000 ha de surfaces d’eau naturelles sont favorables à la

pisciculture en cage ou en clos. Autre, sur une espace irriguée de rizières de 150000 ha, 34000 45Madagascar compte environ 95 entreprises œuvrant dans l’extraction et l’exportation des richesses minières, selon l’annuaire des entreprises exportatrices malgaches

Page 63: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

56

peuvent être accès à la rizipisciculture, et 20000 aménageables en étang. En outre, plus de 50%

des algues à Madagascar sont utiles à l’homme.

II. Atouts en matière de marchés potentiels

Madagascar dispose de certains atouts par rapport aux autres pays membres des

communautés d’intégration régionale, en ne parlant du fait qu’elle se trouve à une place assez

favorable en matière d’exportation de certains produits (litchi, café, vanille,…). Par ailleurs, elle

appartient à diverses zones de libre-échange et peut par conséquent, y écouler cette production,

outre le fait de bénéficier d’un allégement douanier en matière d’importation.

A. Capacité d’approvisionnement en matière de produits de la pêche et d’élevage

L’Egypte et l’île Maurice constituent les plus gros importateurs des produits de la pêche,

dont le thon en particulier. La période d’entre 2006 et 2010 enregistre 300000 tonnes de volumes

exportés de ces produits.

Madagascar fait certes face à la concurrence de l’Ethiopie, le Kenya et l’Ouganda en ce qui

concerne l’exportation de la viande bovine. Les besoins annuels de ce marché pour ce type de

produit a été de 350000 tonnes, soit 600 millions d’USD en terme de valeur. Ses besoins annuels

de volailles étaient également de 55 millions d’USD entre 2006 et 2010.

B. Capacité d’approvisionnement en matière de produits de l’agro-industrie

Les besoins en produits agricoles et de l’industrie alimentaire des pays membres de la

SADC et du COMESA sont importants en parlant des produits agro-alimentaire. Ces derniers

concernent le maÏs, l’huile de soja, de palme et de tournesol, le blé et la farine de blé, enfin le riz.

On distingue huit produits d’importation des pays membres du COMESA. Ces derniers

importent apparemment en grande partie du blé et de la farine de blé, soit 9 millions de tonnes par

an, dont 7,5 millions de tonnes de blé dur représentant une valeur de 2,8 milliards d’USD.

L’importation de l’Egypte s’est élevée à 6 millions de tonnes de blé dur, 927400 tonnés pour le

Soudan, 577428 tonnes pour le Kenya. Concernant le blé tendre, le Kenya nécessitait 629699

tonnes, puis viennent l’Ouganda avec 331046 tonnes et l’Ethiopie : 216995 tonnes. Madagascar

quant à lui n’en importe que 404 tonnes.

Page 64: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

57

Le riz et le maïs se trouvent au second rang sur la liste d’importation de ces deux

communautés régionales en fonction de leur degré d’importance. En effet, le COMESA a importé

environ 5 millions de tonnes de maïs, donnant une valeur de 1,1 milliards d’USD. L’Egypte

accapare toujours la plus grande partie de ces importations, soit les 3,5 millions de tonnes, après

on trouve le Swaziland et le Zimbabwe avec 500000 tonnes chacun. Le COMESA absorbe en

outre près de 400000 tonnes de riz brisé.

Ensuite, les pays du COMESA importent également de l’huile alimentaire : de soja, de

carthame, de tournesol et de palme, soit une valeur de 2 milliards d’USD. L’Egypte nécessite à

elle seule plus de 600000 tonnes de grains de soja. Par ailleurs, l’huile de palme que cela soit sous

sa forme brute ou raffinée, est la plus recherchée.

Les produits laitiers dont le lait et le beurre particulièrement figurent également parmi les

importations de ce bloc qu’est le COMESA. Ces importations estimées à 400 millions d’USD

entre 2006 et 2010, sont en grande partie destinées à l’Egypte, l’île Maurice et le Soudan. En outre

quatre autres produits viennent grossir le rang des produits d’importation du COMESA, à savoir :

les graines : lentilles séchées, le sucre, et autres cultures industrielles comme le tabac et le malte,

et enfin les fruits : particulièrement les pommes fraîches.

Les importations de la SADC englobent l’huile alimentaire brute et/ou raffinée affichant une

valeur annuelle de 1,1 milliards d’USD. Le marché sud-africain est le plus grand demandeur de

l’huile de palme et de soja, c’est-à-dire les variétés les plus recherchées. En outre, les pays de cette

Communauté d’Intégration Régionale présente des besoins relativement importants en blé tendre,

évalués à 700 millions d’USD par an, correspondant à 2,7 millions de tonnes. Ces produits sont

destinés en grande partie à l’Afrique du Sud (1 million de tonnes), la Tanzanie 700000 tonnes et

290050 tonnes pour le Mozambique. Le besoin de la SADC pour le riz s’évalue à un million de

tonnes annuel soit une équivalence de 600 millions d’USD. L’Afrique en acquiert les 750000

tonnes, le Mozambique : les 150000 tonnes environ, et enfin Madagascar : les 134674 tonnes. À

titre de remarque, la SADC importe également de la malte, du lait et du sucre. La valeur

d’importation de ces derniers était d’environ plus de 50 millions d’USD par an entre 2006 et 2010.

C. Quelques opportunités en vue

« Depuis 2002, l’économie de Madagascar a enregistré une croissance réelle soutenue, avec

un taux moyen annuel de 6,2 pour cent, attribuable notamment aux reformes de libéralisation des

Page 65: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

58

échanges »46.Inversement, cette croissance économique contribuerait à financer les projets d’appui

au commerce extérieur comme la promotion des exportations. Sur ces dernières années, force est

de constater le progrès réalisé dans ce domaine, mais certains ajustements restent toujours à

engager.

De nouveaux horizons s’ouvrent actuellement à l’économie et surtout au commerce

extérieur de Madagascar à travers les différents accords conclus par ce dernier.

Le commerce avec l’Inde, une opportunité à saisir

L’Inde entretenait déjà des liens historiques avec Madagascar depuis le 18è siècle. Cette

relation s’est renforcée surtout dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Dans ce sens, la stratégie

d’approche de l’Inde réside surtout dans le partage de son savoir-faire, à travers la formation

d’opérateurs économiques malgaches. Celles-ci se manifestent par la collaboration du

gouvernement indien représenté par son ambassade à Madagascar, avec l’EDBM, le CCIA et enfin

l’ITBM ou International Trade Board of Madagascar. Ces entités partent d’un processus basé sur

le développement du secteur privé pour atteindre l’objectif de croissance économique.

Malgré l’étroitesse et la fragilité actuelle des échanges avec ce pays : soit les 3% du

commerce extérieur, due en partie au basculement de l’ordre constitutionnel à Madagascar; une

prometteuse perspective s’offre à présent pour le pays. Les échanges commerciaux entre

Madagascar et l’Inde certes chiffraient un montant de 132millions de dollars en 2013, une légère

baisse par rapport aux 228 millions de dollars de 2012. Cette coopération donnera lieu à un

marché potentiel, pouvant absorber quatre-cent variétés de produits. Par ailleurs, comme il s’agit

d’un accord de libre-échange, ces produits seront exemptés de taxes à l’importation et de droits de

douane, ce qui est favorable pour Madagascar car les 65% des flux commerciaux représentent des

importations. Dans ce sens également, la création de la Chambre de Commerce et d’Industrie

Inde-Madagascar est à présent en cours.

Un des effets néfastes de la crise fut la rupture des accords avec l’AGOA, ainsi la réintégration au

sein de cette organisation sera décisive quant aux perspectives futures de l’économie malgache.

La reprise des négociations avec l’AGOA

Le retour de Madagascar au sein de l’AGOA se trouve à présent en cours d’examen, à

travers un processus de révision de l’éligibilité du pays par les Etats-Unis. Ce fait promet de 46OMC, Examen des politiques commerciales : Madagascar, avril 2008

Page 66: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

59

nouvelles coopérations plus solides. Plus de la moitié de la production textile en particulier, sont à

destination du marché américain. Par ailleurs, la performance des entreprises malgaches dans le

domaine du textile n’est plus méconnue : mailles, broderies main, produits issus du coton, etc. Ce

renouement fera revivre les activités des PME à Madagascar et contribuera à absorber le taux de

chômage. Certes, le secteur et l’industrie textile occupent les 30% des employés malgaches, et

constitue la seconde source de devises du pays. À titre de rappel, les gains générés par cet accord

qu’est l’AGOA étaient en 2008 de 324 millions $ US. Avec cette perspective de ré-adhésion, les

prévisions économiques affichent l’accumulation des 85 % des exportations malgaches par ce

marché.

Coopération commerciale Madagascar-Indonésie

Le raffermissement de la coopération commerciale entre Madagascar et l’Indonésie se

confirmait ces dernières années. L’exportation de soja ne suffit plus aux besoins du marché

indonésien, malgré la capacité et les conditions climatiques des régions productrices de soja à

Madagascar. Ce besoin s’apprécie à des millions de tonnes de soja en sachant qu’une seule région

indonésienne en consomme les 200000 tonnes environ. En outre, Madagascar bénéficie de la

coopération agricole avec ce pays. Celle-ci pourra contribuer à rehausser la production de ce type

de produit à 3 tonnes par hectares, en étant jusqu’à présent que de 0,8 tonnes par hectares.

Section 2 : Perspectives d’avenir

L’amélioration des échanges commerciaux du pays repose essentiellement sur un

environnement politique et économique viable : bonne gouvernance, sécurité, etc. Du moment où

Madagascar ne dispose pas encore des moyens suffisants pour renforcer son tissu industriel, le

pays devra se contenter de promouvoir ses exportations en produits primaires. Cependant, avant

d’analyser par quels moyens parvenir au développement des activités d’exportations de la Grande-

île, il convient de prime abord d’en rappeler en quelques lignes les principaux obstacles.

I. Freins au développement des exportations à Madagascar

Les activités d’exportation malgache ne sont à l’abri de freins et d’obstacles. Le climat des

affaires dans la Grande île, la défaillance des infrastructures (plusieurs régions à forte potentialité

économique restent encore enclavées), l’instabilité macro-économique, le coût élevé d’énergie,

Page 67: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

60

l’insécurité foncière, le cadre législatif, la corruption entrainent le dysfonctionnement de ce

secteur d’activité. Il faut cependant retenir parmi tout ceci ces principales contraintes :

A. Des produits non diversifiés et un marché restreint

Outre, le fait que les exportations malgaches se concentrent autour des mêmes

produits, ceux-ci sont également destinés sur les mêmes marchés. Il s’agit essentiellement de

la France47 (37%) et d’autres pays occidentaux : Mexique, Canada, les pays asiatiques :

Chine, Japon, Corée. Ce non diversification des marchés accentue la dépendance du pays

quant aux normes et prix imposés par ces derniers. Comme vu plus haut, le retour de notre

pays au sein de l’AGOA et ses attentes face cette ré-adhésion justifient sa dépendance envers

ses principaux marchés. La fragilité du système agricole (utilisation d’outils rudimentaires), la

dégradation de l’environnement rendant le sol stérile ; expliquent la marginalisation du pays

en terme de qualité et de quantité de production. À quoi servirait de promouvoir les

exportations alors que la production locale n’évolue guère au même rythme ? En outre, les

problèmes infrastructurels ne permettent d’exploiter les richesses de certaines zones restant

encore enclavées, en plus d’alourdir le coût du transport, etc. Pour pouvoir exporter vers les

marchés étrangers tels les États-Unis, les exportateurs doivent payer une somme énorme pour

le transbordement ; certes les vols ne sont qu’à destination de la France uniquement. Sinon, la

voie maritime reste une option. Toutefois, comme ce sont des compagnies maritimes

étrangères qui sont les propriétaires des bateaux, peu d’argent reviennent aux exportateurs au

final.

B. Ouverture croissante aux importations

La variation annuelle des importations entre 2000 et 2006 atteint la moyenne des 9 % par

an sur le marché mondial ; et 10 à 12% annuel pour les flux au sein des marchés régionaux.

Concernant ce dernier cas, les importations y représentent plus de la moitié des échanges : avec

une part de 52% pour la COI, 64% pour le COMESA, et 79% pour la SADC. Autrement dit,

Madagascar n’exploite pas l’énorme potentialité et besoins présents au sein de ces groupements

47 À titre de remarque, l’Union Européenne absorbait plus de la moitié, 56% précisément, des exportations malgaches en 2011

Page 68: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

61

régionaux. Par ailleurs, le pays n’y a pas encore expiré ses principales capacités. Cette accélération

des importations annuelles s’accompagne d’une hausse modérée voire médiocre du taux

d’exportation, soit une variation annuelle de 2% uniquement. Spécialement sur les marchés

régionaux, la situation des échanges commerciaux reflète une chute de 4% annuelle. La

dépréciation de la monnaie nationale de 8% par an au cours de cette période, explique en partie ce

fait, en outre cela témoigne du degré d’intégration des ZFI dans l’économie malgache. Les

importations de biens d’équipement et de matières premières n’ont cessé de grimper au cours de

cette période. Le développement des divers autres produits des entreprises franches est à retenir :

tissu en coton, produits de papeterie et cartons d’emballage.

Dans cette optique, les importations favorisent les entreprises étrangères. Par contre, celles

nationales en sont tributaires.

C. Le manque de connectivité interne et externe des entreprises exportatrices malgaches

L’insularité de Madagascar, sous entendant ainsi un certains éloignement par rapport à ses

partenaires commerciaux et l’alourdissement des frets et coûts de transport, la précarité de ses

infrastructures routières aéroportuaires et portuaires dont celle de Tamatave essentiellement,

découragent les exportateurs malgaches. En effet, ces éléments pèsent sur le coût d’affrètement

des marchandises, outre les frais de transit48 et de lourdes procédures administratives et

douanières. En effet, il faut environ en moyenne cinq jours pour effectuer une procédure de

dédouanement, et ce malgré de notables progrès entre 2002 et 2008. En outre, les entreprises

exportatrices ne bénéficient pas du remboursement de la TVA, malgré leur titre d’entreprises

franches.

D. L’absence de normes de qualité des produits

Madagascar n’exporte en grande partie que des produits de la pêche et agricoles, or ceux-

ci sont facilement périssables. D’un autre côté, les normes imposées par le marché international

sont strictes. À titre d’exemple, les mesures prises par l’Union Européenne à l’encontre du secteur

crevettier en 2006. Cependant, les PME malgaches ne disposent pas de ressources nécessaires

pour pouvoir assurer de sérieux contrôle de qualité et d’hygiène. À titre de justification,

48 Le coût de dédouanement varie environ au cours de ces dernières années entre 1,8 à 5% et ce en fonction du type de marchandises et de sa destination.

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62

l’exportation de raisin en Inde a engagé des coûts de 1,5 millions $ annuel afin de répondre aux

normes de qualité imposés par l’U.E.49.

E. L’insuffisance d’informations et d’économie d’échelle

La difficulté d’accès des exportateurs aux informations relatives aux marchés : acheteurs,

produits potentiels, etc. constitue une autre entrave. Plusieurs initiatives entrent dans cadre afin de

surtout favoriser les PME et nouveaux entrants ne disposant pas de moyens suffisants pour se

permettre cet avantage. Ainsi, furent mises en œuvre le Programme Cadre Intégré, les actions du

CCIA ou Chambre de Commerce et de l’Industrie d’Antananarivo, l’EDBM dans le cadre du

MAP, enfin l’ITBM. À cela s’ajoutent les actions gouvernementales via le ministère du commerce

et de l’industrie ; ainsi que celui de l’agriculture, de la pêche et des mines. Compte tenu du constat

déjà souligné auparavant, c’est-à-dire de la spécialisation des PED en produits agricoles, il n’est

pas étonnant que ces derniers ne parviennent pas à dégager une économie d’échelle, d’autant plus

qu’ils doivent se soumettre aux prix déterminés par leurs clients du moins s’ils désirent toujours

garder leur part de marché. L’existence des produits de substitution et ceux artificiels tels la

vanilline pour la vanille intensifie davantage cette concurrence.

F. L’instabilité et le niveau de taux de change

Comme on l’a déjà anticipé précédemment, il existe en général un lien de causalité entre

l’évolution du taux de change et le commerce extérieur. Exceptionnellement, le commerce

extérieur malgache déroge à ce principe. L’évolution des importations résulte des intrants ou

matières premières, par exemple, la production de l’industrie textile renferme 60% de tissus

importés. Or la dépréciation de la monnaie nationale renchérit le prix de ces matières importées,

donc le coût de production des industries locales et enfin, le prix de vente à l’exportation de ces

produits textiles. En outre, la variation du taux de change génère un climat d’incertitude ainsi

qu’une fluctuation des marges bénéficiaires au fur du temps. Contrairement à Madagascar, des

dispositifs financiers de protection contre les risques de change ou hedging existent au niveau de

marchés internationaux.

À tout cela s’ajoute l’insuffisance des moyens financiers pour développer ces secteurs

d’activité. En effet, le milieu rural bénéficie moins de financement bancaire compte tenu de la

faible rentabilité et des risques associés au recouvrement des crédits. Par conséquent, les

producteurs se contentent de la culture d’autosubsistance. En 2005, par exemple, 16% du crédit

49 Banque Mondiale, 2008, « A la recherche du temps perdu, vers une croissance soutenue »

Page 70: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

63

était attribué au secteur primaire, 33% pour le secondaire et 51% pour le secondaire. Cela

témoigne sûrement d’un effort d’industrialisation du pays mais contribue également au détriment

du secteur agricole. En outre, l’insécurité foncière dans la Grande-île constitue un obstacle majeur

pour le développement de l’agriculture. Cette insécurité foncière constitue parallèlement un frein

pour l’accès au crédit bancaire.

Bref, le libre échange offre de nombreux avantages malgré le fait qu’il représente un défi de

taille pour les pays en développement. Comment à présent supplanter ces entraves liées à

l’intégration au commerce international ?

II. Discussions et recommandations

Cette sous-section se propose de définir des solutions en vue de surpasser les freins

précédemment cités, et d’améliorer l’état des échanges extérieurs de Madagascar. Nous

envisagerons pour ce faire quelques alternatives de relance des exportations en général, ensuite

celles relatives à l’intégration aux différentes ZLE en particulier.

A. Stratégies de promotion des exportations

Elles passent par la création d’un cadre favorable pour le secteur privé, toutefois compte

tenu de la délicatesse de la structure financière du pays, le choix d’investissement est judicieux

pour la Grande-île. En effet, vu les produits pour lesquels Madagascar dispose d’un avantage

comparatif, et conformément au théorème HOS, il serait favorable pour le pays de se consacrer sur

les secteurs de transformation. Les subventions doivent ainsi être orientées vers le secteur agricole

et halieutique, ensuite vers le textile.

a. Favoriser le secteur privé

L’initiative privée se trouve confrontée à quelques obstacles. Sur la base expérimentale des

pays développés de nos jours, certaines prescriptions s’inscrivent pour Madagascar.

1. Amélioration de l’accès des entreprises aux marchés internationaux via la réduction des coûts

Au préalable, le rétablissement voire la construction d’infrastructures routières, portuaires

et aéroportuaires doit être prioritaire. L’accroissement de la concurrence entre les compagnies de

Page 71: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

64

transport contribue à réduire ce coût outre l’amélioration des infrastructures et le redéploiement

des voies ferrées, particulièrement pour l’acheminement des produits non périssables tels le

ciment, les hydrocarbures, le riz. Pour ce faire, il faudra un suivi régulier des prix et de la marge

générée par ces transporteurs. La délocalisation des industries en périphérie des ports ou « portes

de sortie » vers les marchés internationaux, comme le cas pour plusieurs autres pays est à

envisager. C’est exactement dans ce cadre que s’inscrivent les PIC ou Pôles Intégrés de

Croissance. Certes, celles-ci reposent sur la disponibilité de voies de transport permettant l’accès

aux marchés internationaux. À titre de remarque, les PIC placent comme actions prioritaires: la

construction et la réhabilitation des infrastructures portuaires, routières, énergétiques et de

marché ; l’instauration de mesures d’incitations dont la Loi sur les investissements et la Loi sur les

exportations.

2. Restriction des délais de dédouanement

Cela se traduit par la mise en place d’outils informatiques, c’est-à-dire l’informatisation

des tâches au sein de l’agence douanière. Cette mesure fut par ailleurs déjà appliquée, avec un

certains degré de ralentissement.

En outre, conformément aux clauses de libre-échange, le remboursement de la TVA doit être

respecté afin de ne pas alourdir les coûts de trésorerie des entreprises exportatrices.

3. Des opérations de transit transparentes

Cette transparence sera assurée par la mise à la disposition des exportateurs des

renseignements nécessaires et des tarifs pratiqués afin de leur permettre d’entreprendre et de

prendre librement des décisions. La création d’associations d’exportateurs, de transitaires, ou juste

la simple publication de ces informations sur internet contribuent à assurer la transparence du

marché et la concurrence parfaite entre les acteurs dans ce domaine.

4. Respect des normes sanitaires

L’expérience des autres pays enseigne que l’adoption des normes d’hygiène et de qualité

repose sur :

L’instauration d’un cadre législatif et institutionnel ;

L’amélioration des infrastructures de contrôle et d’inspection, de certification, d’assurance-

qualité;

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65

La formation du personnel en matière de certification et d’accréditation des produits

exportés ;

L’amélioration des techniques de production ;

L’amélioration de la traçabilité des produits ;

La diffusion de l’information aux acteurs économiques et dirigeants politiques via les

ateliers et séminaires.

L’apposition d’une marque ou d’un label signifie que les produits suivent exactement les

conditions SPS et constitue ainsi une vraie garantie pour la clientèle. Les produits halieutiques

malgaches font déjà l’objet de cette procédure (certification ISO 9001-2000). Toutefois le suivi de

ces normes déploye certains moyens financiers, aussi convient-il d’étudier les potentiels ou

possibilités de reconversion vers des marchés moins exigeants, ou alors des produits soumis à des

normes moins strictes ?

5. Coordination des efforts de promotion des exportations via les programmes d’assistance

L’implantation d’une Agence de promotion des exportations a porté ses fruits dans divers

pays émergents, en ne citant que la Malaisie à, travers la Malaysia Board Trade ou le Chili :

Fundacion Chili. Ces agences de promotion auront pour mission de :

Présentation d’image favorable du pays à l’échelle internationale, et ce à travers les

campagnes de publicité, l’organisation des salons et d’autres grands événements ;

Soutien aux exportateurs grâce à leur formation et assistance technique, à la fourniture

d’information sur les flux commerciaux entre les pays, les procédures douanières, etc. ;

Appui aux activités de promotion marketing pour les entreprises par le biais des foires

internationales en vue de rencontrer de nouveaux marchés et partenaires commerciaux.

Il faut noter que ces actions sont déjà observées à Madagascar et doivent être renforcées.

En outre, les résultats d’action de ces Agences ne sont pas concrètement visibles. Enfin, il

convient de définir radicalement avant tout projet les domaines-clé qui devraient en bénéficier.

Autrement dit, il faut concentrer ces prérogatives sur les filières à fort taux d’expansion comme le

café, la vanille, les matières précieuses. Ces agences encadreront le secteur privé de manière à ce

qu’il puisse tirer le meilleur parti de ces négociations avec les pays étrangers, et de réaliser ainsi

une économie d’échelle.

Page 73: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

66

6. Mesures face aux risques de change

Il s’avère nécessaire compte tenu des retombées du climat d’incertitude rattaché aux

fluctuations des changes d’instaurer des instruments financiers. On peut citer par exemple : le

swap export50, les options de devises, enfin le marché de change à terme. Ce dernier fit l’objet

d’un projet de la BCM en 2009, qui n’a pu commencer jusqu’à l’heure actuelle. Or ce marché

pourrait permettre aux exportateurs de se protéger contre les aléas des variations du taux de

change.

b. Renforcement des autres secteurs d’activité

1. Secteur agricole

Les différents projets doivent en particulier cibler les producteurs locaux, et mettre à leur

portée des politiques avantageuses pour augmenter leurs recettes. Comme vu plus haut, la

réduction des coûts permet d’améliorer la marge bénéficiaire ; par conséquent le gouvernement

malgache devrait orienter les projets de construction de routes et chemins de fer vers ces régions-

cibles. Généralement, d’autres mesures se trouvent être nécessaires, mais elles rejoignent celles

abordées précédemment : apposition d’un label, contrôle des normes-qualité, octroi de crédit,

matériels sophistiqués, etc.

2. Secteur textile

Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, Madagascar constitue un concurrent non

moins considérable des pays asiatiques dans ce domaine. En effet, les conditions climatiques du

pays lui procurent un avantage comparatif dans la culture du coton. Ce secteur figure parmi les

plus rentables malgré certains problèmes relatifs à l’exportation de cette catégorie de produits dont

récemment les retombées de la suspension de l’accord avec l’AGOA. Outre, la concurrence féroce

d’autres pays dont au premier plan la Chine, dans une moindre mesure le Pakistan. La théorie

d’égalisation des prix des facteurs de production de Samuelson trouve tout son sens à travers le

constat ci-après. Certes, la main d’œuvre abondante peut actuellement favoriser la Chine. À

mesure que ce pays se développe le coût de ce facteur augmente également. Faute de pouvoir

dégager une économie d’échelle, la Chine ne sera plus aussi compétitive qu’à l’heure actuelle.

50 Les Swap Export sont des avoirs et devises consentis par les banques aux exportateurs, convertibles à la Banque Centrale et remboursés au moment du règlement des exportateurs.

Page 74: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

67

Cette perspective offre un créneau pour les entrepreneurs malgaches. Toutefois, il serait

prétentieux de s’attaquer aux marchés des pays développés, le pays doit pour un début se focaliser

sur les réseaux d’échange africains (COMESA, SADC,..).

La valorisation du secteur minier dans la grande-île devrait également retenir l’attention du

gouvernement malgache. Si tel est la recette pour la promotion des exportations ; comment tirer

profit des privilèges liés à l’adhésion aux différentes ZLE ?

B. Optimiser les privilèges liés à l’adhésion aux ZLE

Nous allons à présent voir quelques pistes pour favoriser l’intégration de l’économie

malgache au commerce mondial. Comparativement à la précédente sous-section, celle-ci mettra

l’accent sur l’amélioration des échanges de la Grande-île avec ses principaux partenaires

actuellement en retenant toujours l’exemple de la Chine, et des pays membres des CIR.

a. Perspectives d’amélioration des échanges avec la Chine

La vulnérabilité face aux industries chinoises se trouve être le problème fondamental en ce

qui concerne l’ouverture économique et aux échanges commerciaux avec ce pays. Afin de pallier

ces retombées négatives, l’Etat malgache devrait sans plus tarder engager une fois de plus de

sérieuses actions en faveur des industries locales : adoption d’une politique fiscale moins stricte,

allégement des procédures de création d’entreprise. En outre, il faut également favoriser les projets

de recherche et développement, l’innovation technologique, promouvoir la formation industrielle

des ouvriers, voire des étudiants malgaches : privilégier l’enseignement technique et scientifique.

b. Perspectives d’amélioration des échanges au niveau des marchés régionaux

Outre les recommandations permettant de relever les défis rattachés au libre-échange en

général, et la promotion des exportations en particulier ; certaines mesures s’imposent pour

réveiller l’énorme potentialité économique de Madagascar restant encore non exploitée. Ces

principales mesures furent le fruit d’études et de recherche quant à la difficulté d’intégration de

certains pays comme Madagascar au niveau des marchés régionaux. Ainsi, ce plan d’action de

développement des échanges commerciaux avec les pays étrangers, comprend :

La diversification des produits ;

Page 75: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

68

La diversification des marchés ;

Enfin, la diversification des entreprises exportatrices.

Ces trois axes constituent le pivot des reformes et initiatives entreprises par la Chambre du

Commerce et de l’Industrie d’Antananarivo depuis 2002. La Coalition pour des Accords de Pêche

Equitables ou CAPE a entamé cette démarche de promotion des exportations à Madagascar. Cette

coalition fut validée à l’issue des négociations internationales : COMESA, SADC, Indian Ocean

RIM et enfin le FIVIMPAMA ou FIVondronan’Ireo MPAndraharaha MAlagasy. Cet accord

concrétise les Accords de Partenariat Economique ou APE.

1. Diversification des produits

Cette diversification est nécessaire pour se prémunir de la volatilité ou fluctuation des prix,

ainsi que de l’intensification de la concurrence étrangère. Les exportations ne doivent donc plus se

limiter aux produits classiques ou traditionnels, et doivent également se conformer aux besoins des

marchés étrangers. L’analyse de l’indice de complémentarité commerciale montre en effet que

Madagascar exporte et importe presque les mêmes produits. L’exploitation de nouveaux produits

comme les huiles essentielles se concrétise. Celle-ci s’affiche dans une perspective très

prometteuse : produits à forte valeur ajoutée, demande croissante et récemment aussi la perte de

compétitivité de la Chine dans ce produit compte tenu du cataclysme naturel ayant sévi dans le

pays. Malgré tout, des actions restent à entreprendre afin de propulser cette nouvelle variété de

produits d’exportation. Outre, la canne à sucre constitue également une « filière d’avenir51 .

Néanmoins, sur ces dernières années, l’apport de cette filière dans le PIB ne dépassait les 1%, et la

production était en grande partie destinée au marché local. La stratégie de développement,

d’adaptation de cette filière, entamée en avril 2006 et censée prendre fin en 2014 devrait

s’enchainer et se renforcer afin de pouvoir satisfaire le marché intérieur et extérieur.

2. Diversification des marchés

Les échanges commerciaux malgaches se cantonnent principalement sur ses partenaires

traditionnels. Par ailleurs, son faible niveau d’indice de complémentarité commerciale démontre

que Madagascar exporte et importe presque toujours les mêmes produits. La ré-adhésion au sein

51Donas Hanitriniony RALAY, dans le journal « la Vérité »,31 juillet 2013

Page 76: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

69

de l’AGOA, comme vu supra ainsi que la coopération avec de nouveaux partenaires commerciaux

pourront appuyer cette initiative de promotion des exportations.

3. Diversification des entreprises exportatrices

Dans la mise en œuvre de cet objectif, un système de formation des exportateurs

contribuera à améliorer leur expérience, mais également à nouer des accords de partenariat avec

les entreprises étrangères. Les ateliers, séminaires et autres manifestations internationales dans le

domaine des échanges commerciaux internationaux doivent être encouragés ?

En outre, la contribution active des autres acteurs ; que ce soit dans le secteur privé, public

ou qu’il s’agisse des institutions internationales ; est toujours favorablement accueillie, tant en

période normale qu’en temps de crise. Ces entités serviront d’appui aux entreprises d’exportations

dans ces contextes, par exemple : octroi de subventions, de crédits, rétablissement des

infrastructures routières afin d’accéder aux régions isolées, réduire le coût de transport, le prix des

produits exportés ; bref, pour assurer une toujours meilleure compétitivité à l’égard de la

concurrence étrangère. Outre ce fait, le renforcement des secteurs comme l’artisanat, la pêche ou

l’agro-industrie constitue une autre condition pour promouvoir l’exportation dans un pays donné.

Il ne faut également pas omettre un détail important, celui réglementaire et législatif. Une

législation claire déboucherait sur l’accès optimal des entrepreneurs aux dernières technologies

telles la fibre optique, ou d’autres découvertes, dont de nouvelles potentialités marines. Une loi

explicite doit être mise en vigueur sur ce sujet.

Conclusion de la seconde partie

Le ralentissement de la croissance économique de Madagascar s’explique par le déficit

de sa balance commerciale. Divers projets de promotion des exportations ont cependant été

entrepris en vue de redresser cette situation. Des efforts en vain, la réalité en est cependant que

Madagascar dispose d’énormes potentiels en termes de produits et de marchés non encore

exploités. Des mesures de diversification, de révision de textes réglementaires doivent alors être

mis en œuvre en vue de résoudre ces principaux problèmes, de promouvoir les rapports

commerciaux de Madagascar afin de constituer un pilier pour son développement.

Page 77: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

70

CONCLUSION

De nombreux théoriciens s’accordent sur les bienfaits du libre-échange, malgré certaines

nécessités des mesures de renforcement des barrières douanières sur le court terme, dans le but de

protéger les industries locales. Les pays en développement doivent inévitablement profiter des gains

issus du libre-échange. Ces derniers ne peuvent tourner le dos à cette unique opportunité pour

pouvoir sortir de la pauvreté, assurer une forte croissance économique et un développement durable.

Certes, le libre-échange eût porté ses fruits sur la plupart des pays en développement. Il ne faut

néanmoins pas négliger quelques uns n’ayant pu s’intégrer totalement au système commercial

mondial. Leur réinsertion dans ce système va toutefois déployer des actions sur bon nombre de

domaines tant au niveau intérieur que sur le plan international, d’autant plus que la concurrence

s’intensifie chaque jour.

Ce constat concerne également Madagascar. Certes, les efforts de libéralisation de la

Grande-île connurent de satisfaisants résultats sur les dix premières années avant de ne réellement

basculer à partir des années 90. Les effets ne correspondent pas à ceux escomptés : le pays ne peut

restreindre ses importations du fait de son faible niveau d’industrialisation, alors que ses exportations

tendent davantage à la baisse. La double-crise ne fit également qu’accentuer cette précarité de la

balance commerciale malgache. Bien cependant que la croissance économique soit faiblement

sensible à la variation des exportations, nul ne peut contredire les apports de ce secteur sur

l’économie malgache. Par ailleurs, aucun pays ne peut à première vue survivre en autarcie en cette

période de la mondialisation. Pour supplanter ces divers obstacles au développement des échanges

commerciaux, le gouvernement devrait continuer les efforts déjà entamés, favoriser l’industrialisation

et le secteur privé afin de compresser l’importation et de redresser ce déficit chronique ; enfin

stimuler et diversifier les exportations tant en produit qu’en couverture géographique. L’ouverture

croissante des échanges avec les pays voisins de la Grande-île, ainsi qu’avec ceux membres des

Communautés d’Intégration Régionale, devrait également servir de priorité. L’enjeu est sans doute de

taille. Cependant, personne ne peut contredire l’énorme potentialité de la Grande-île. Le problème

réside sur la manière d’exploiter convenablement cette richesse ainsi que de l’utiliser de la manière la

plus optimale possible.

Page 78: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES

BERNARD A. P., 2008, Développement d’une stratégie nationale d’exportation dans le cadre

de l’AGOA pour Madagascar

DERVIS K., 2000, Croissance, mondialisation et pauvreté, élément de débat et perspectives

d’avenir, leçons inaugurales n°8, IUED

GUILLOCHON B., KAWECKI A., 2009. Economie internationale. Paris, Dunod

HUWART J.-Y.et VERDIER L, La mondialisation est-elle bénéfique à l’emploi dans La

mondialisation économique : Origines et conséquences. Editions OCDE.

Http://dx.doi.org/10.1787/978264111929-7-fr

KRUGMAN P., OBSTFELD M., et al. 2006, Economie internationale. Paris, 7édition

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LINDER S. B., 1961, An Essay on Trade and Transformation”, New York, John Wiley and

Sons

RAHARIJAONA A- L., Initiation aux nouvelles règles du commerce international

RAINELLI M, 1992. La Nouvelle théorie du commerce international, Paris, La découverte,

collection « Repères »

RICARDO D., 1817, Principes de l’économie politique et de l’impôt, Flamarion

SMITH A., 1776, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, PUF 1995

VERNON R., 1970, The Technology Factor in International Trade, N.B.E.R., New York.

ENQUETES ET PUBLICATIONS

Banque Centrale de Madagascar : 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2012,

2013 ; « Bulletin de la Banque Centrale de Madagascar »

Banque mondiale, 2008, « Madagascar : A la recherché du temps perdu, vers une croissance

soutenue et équilibrée »

CREAM, 2005 « Etude d’impacts des APE pour Madagascar »

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CREAM ; 2009, « Etude de la compétitivité de Madagascar sur le marché régional de la

SADC »

CREAM ; 2013, « EXPORTATIONS, CROISSANCE ECONOMIQUE ET INTEGRATION

REGIONALE, La relation entre exportations et croissance économique à Madagascar »

CREAM ; 2013, « EXPORTATIONS, CROISSANCE ECONOMIQUE ET INTEGRATION

REGIONALE, Quels produits à exporter pour répondre aux potentialités commerciales de

Madagascar sur les marchés régionaux ? »

Friedrich Ebert Stiftung, brochure

INSTAT, 2013, Enquête Nationale sur le Suivi des Objectifs du Millénaire pour le

développement ENSOMD,

INSTAT, 2014, Tableau de bord économie

Le monde diplomatique, mars 2009, Dossier : Le protectionnisme et ses ennemis, « Mille et

une manières », p.19

Ministère de l’économie et de l’industrie, Vice-Primature chargée de l’économie et de

l’Industrie, 2012, Rapport de mise en œuvre des programmes

RAZAFINDRAVONONA Jean, RAKOTOMANANA Eric ; RAJAOBELINA Jimmy,

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JOURNAUX

Le journal « la Vérité »,31 juillet 2013

ARTICLES

BOUCHER Michel, « List et la théorie de l’industrie naissante », L'Actualité économique,

vol. 49, n° 2, 1973, p. 259-268

KATSHINGU Remy K, « Protectionnisme et entraves au commerce international », octobre

2012, 06p http://www.dissertationsgratuites.com/dissertations/Protectionnisme-Et-Libre-

Echange/426813.html

SUPPORTS DE COURS

Mme RAJAOSON Lalao, 2013, Economie Industrielle, 4ème Année Economie

Page 80: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Mr RAKOTOVAO Hery, 2012, Développement et croissance, 3ème Année Economie

Mr RAMIANDRISOA Olivier, 2013, Politique économique, 4ème Année Economie

Mr RAMIARISON Herinjantovo Aimé, 2013, Imperfection des marchés, 4ème Année

Economie

WEBOGRAPHIE

http://www.commerce.gov/

http://web.worldbank.org/

http://www.mbf.mg/

http://dx.doi.org/10.1787/978264111929-7-fr

http://www.fmi.org

Page 81: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

ANNEXE

Annexe 1 : Evolution du PIB et du taux d’intérêt de la Chine entre 1998 et 2011

Source : Datastream,EIU et NATIXIS

Page 82: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 2 : Evolution de la balance commerciale et des capitaux de la Chine entre 1998 et

2011

Source : Datastream, EIU et NATIXIS

Page 83: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 3 : Comparaison des exportations et importations de quelques pays en développement

entre 1996 et 2011

Exportations Importations

1996-

2000

2001-2006 2007-2011 1996-2000 2001-2006 2007-2011

Pays en

développement

d’Afrique

9,7 9,8 10,9 13,3 13,5 12,7

Afrique de

l’Est

12,4 14,1 13,9 8,8 9,3 7,1

Afrique

centrale

1,2 1,0 1,3 2,6 2,5 3,1

Afrique du

Nord

3,2 2,9 3,9 2,8 3,7 3,8

Afrique

australe

4,4 2,1 2,1 11,9 10,7 7,9

Afrique de

l’Ouest

10,2 10,0 9,0 11,3 12,5 10,2

Pays en

développement

d’Amérique

19,1 17,6 20,6 17,6 19,0 21,1

Pays en

développement

d’Asie

41,5 45,1 50,1 40,6 49,3 53,0

Pays en

développement

d’Océanie

1,3 3,0 3,3 0,9 2,3 2,7

Europe 67,3 71,4 70,0 68,3 67,0 64,4

Source : Base de données UNCTADstat.

Page 84: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 4 : Evolution du PIB 2001-2003

Le tableau suivant indique l’évolution du PIB entre 2001 et 2003 (en milliards d’Ariary) et

leur variation entre ces périodes.

Page 85: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Source : BCM

2001 2002 2003 2001/2002 2002/2003 PIB au prix du marché

2471 2158 2369 -12,7 9,8

Ressources Secteur primaire

774 764 774 -1,3 1,3

Secteur secondaire

304 241 276 -20,7 14,5

Secteur tertiaire dont

1196 1016 1124 -15,1 10,6

Secteur public 110 113 119 2,7 5,3 Charges non imputées

646 49 -55 6,5 12,2

PIB au coût des facteurs

2228 1973 2119 -11,4 7,4

Impôts indirects 243 186 250 -23,5 34,4 Emplois Investissements Publics

147 72 154 -51,0 113,9

Investissements privés

245 173 215 -29,4 24,3

Consommation publique

207 179 232 -13,5 29,6

Consommation privée

1941 1883 1948 -3,0 3,5

Exportations BSNF

463 250 349 -46,0 39,6

Importations BSNF

532 399 529 -25,0 32,6

Epargne intérieure 322 95 189 -70,5 98,9 Déflateurs Secteur primaire 992,1 1173,2 1172,2 18,3 -0,1 Secteur secondaire

1320,7 1692,1 1706,9 28,1 0,9

Secteur tertiaire 1343,6 1517,8 1562,5 13,0 2,9 PIB 1207,7 1392,1 1430,7 15,3 2,8

Page 86: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 5 : Evolution de la proportion de la population vivant au dessous du seuil de la

pauvreté, à partir de 1993 par rapport à l’objectif cible 2015

Source : INSTAT/EPM

Page 87: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 6 : Composantes de l’IDH 2003 - 2012

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2011 2012

Esperance de vie 53,8 54,2 54,7 55,2 55,7 56,2 66,7 66,9

Taux de

scolarisation(%)

56,3 64,7 67,0 69,9 71,7 74,0 - -

Taux

d’alphabétisation(%)

73,1 73,1 59,6 74,1 74,4 74,8 71,4 -

Revenu en USD

(PPA constant en

2005)

863,1 823,5 435,0 951,7 1225,8 1450,7 824,0 828,0

IDH 0,505 0,514 0,467 0,535 0,555 0,571 0,480 0,483

Source : INSTAT, RMDH 2013/UNDP

Annexe 7: Variation du taux d’inflation 2011-2013

rubriques Variation mensuelle en

%

Variation de la période

en %

Variation annuelle en %

2011 2012 2013 2011 2012 2013 2011 2012 2013

Janvier 2,3 0,9 0,9 2,3 0,9 0,9 11,1 5,4 5,8

Février 1,9 0,6 0,4 4,2 1,5 1,4 12,0 4,1 5,6

Mars 0,0 0,7 0,4 4,2 2,2 1,8 11,2 4,9 5,4

Avril -0,4 0,5 3,7 2,7 10,5 4,9

Mai -0,5 0,1 3,2 2,8 10,1 6,5

Juin 0,1 0,1 3,3 3,0 9,6 6,6

Juillet 0,3 -0,1 3,6 2,9 9,3 6,2

Aout 0,2 0,3 3,7 3,1 8,7 6,3

Septembre 0,5 0,4 4,3 3,5 8,4 6,1

Octobre 0,6 0,5 4,9 4,0 7,9 6,0

Novembre 0,8 0,7 5,6 4,7 7,3 6,0

Décembre 1,2 1,0 6,9 5,8 6,9 5,8

moyenne 9,4 5,8

Source : BCM

Page 88: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 8 : Variation du PIB 2008-2013 2008 2009 2010 2011* 2012*

PRODUIT INTERIEUR BRUT Produit Intérieur

Brut (milliards d’Ariary) TAUX DE

CROISSANCE DU PIB(en

pourcentage) INFLATION

ANNUELLE DU PIB Déflateur du PIB

TAUX DE CROISSANCE PAR

SECTEUR Secteur primaire

Secteur secondaire Secteur tertiaire

TAUX DE CROISSANCE PAR

BRANCHE D’ACTIVITE Agriculture

Elevage et pêche Sylviculture

Agro-industrie Industrie extractive

Energie Industrie

alimentaire Industrie des

boissons Industrie du tabac Industrie du corps

gras Industrie textile Industrie du cuir Industrie du bois

Matériaux de construction Bâtiments et

travaux publics Transport de marchandises Transport de

voyageurs Auxiliaire du

transport Télécommunication

Commerce Banque

Assurance Services rendus aux entreprises et aux

ménages

16081

7,1

8,9

2,9 3,6 8,2

4,5 1,6 1,0 0,0 9,0 6,9

12,5

3,0

-9,1 -5,5

-4,4 -5,1 9,2

12,0

27,6

7,3

4,7

5,9

20,9 3,3 4,0

14,2 8,3

16729

-4,1

8,5

8,5 -7,8 -7,5

10,7 1,8

30,4 57,3 -11,2 -0,4 -5,9

0,1

5,9

-19,3

-24,6 -6,2

-33,7 -4,2

-17,7

-10,3

-18,6

-13,3

9,2 3,9

16,7 7,5

-14,4

18273

0,4

8,6

-3,4 -7,5 0,9

-0,6 -8,0 0,8

34,0 -61,2 7,5 -1,8

17,3

-14,5 3,0

7,3 0,0

-12,7 3,3

2,6

1,0

6,7

-0,4

9,9 -4,5 9,8

16,7 0,7

20088

1,6

8,5

0,7 3,2 -0,3

-1,2 4,2 -3,3 0,4 3,1 -0,9 7,5

7,01

-4,8 14,4

-0,7 1,4 -2,9 4,4

3,7

-1,6

-1,2

-14,1

4,4 1,7 1,3

10,8 -1,5

21989

3,1

6,2

1,7 10,0 2,6

3,8 0,8 -7,4 28,9

139,4 6,1 2,7

3,0

2,8 3,4

1,9 1,4

-17,0 0,5

0,5

3,5

1,6

7,1

4,4 4,7 1,3 1,4 0,7

Source : DSY INSTAT/2011* et 2012* : provisoires

Page 89: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 9 : Evolution de la balance des paiements 2003-2006 (en millions de DTS)

Rubriques 2003 2004 2005 2006

1- Transactions courantes

Balance commerciale

Exportations FOB

Importations FOB

Services nets

Revenus des investissements

2-Opérations en capital

3-Opérations financières

Investissements directs

4-Erreurs et omissions

5-Balance globale

6-Financement

-231,5

-181,5

611,6

-793,1

-212,9

-55,0

100,4

35,3

9,1

98,5

-27,3

27,3

-268,5

-249,5

669,1

-963,6

-142,3

-51,7

121,9

152,8

35,7

-30,4

-24,3

24,3

-371,1

-401,8

579,9

-981,7

-79,8

-53,1

108,6

171,2

58,0

64,3

-26,9

26,9

-328,7

-371,7

662,3

-1034,0

-47,9

-54,5

1750,3

-1187,2

150,5

-75,3

159,1

-159,1

Source : BCM

Page 90: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 10 : Evolution de la balance des paiements 2006-2009 (en millions de DTS)

Rubriques 2006 2007 2008 2009 (*)

1-Transactions courantes

1-1-biens et services

Balance commerciale

Exportations FOB

Importations FOB

Services nets

1-2-revenus des investissements

1-3-transferts courants

2-Opérations en capital et financière

2-1- opérations en capital

2-2-opérations financières

Investissements directs

Investissements en portefeuille

Autres investissements

3-Erreurs et omissions

4-Balance globale

5-Financement

-357,0

-466,0

-384,2

657,7

1041,9

-81,8

-56,3

165,3

615,5

1750,4

-1135,0

192,4

0,0

-1327,5

-99,1

159,3

-159,3

-572,9

-769,7

-654,7

808,6

-1463,3

-115,0

-36,8

233,6

765,5

178,3

587,3

483,8

0,0

103,5

-44,2

148,5

-148,5

-1115,2

-1383,5

-1204,9

828,9

-2033,8

-178,5

-31,7

299,9

1146,5

156,5

990,1

718,7

0,2

271,2

34,8

66,1

-66,1

-1074,2

1213,7

-1034,2

676,0

-1710,2

-179,5

-59,3

198,8

1016,3

43,3

973,0

882,1

0,0

90,9

42,4

-15,5

15,5

Source : BCM

Page 91: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 11 : Structure des échanges vers les partenaires commerciaux de Madagascar

Source : Calculs de l’ITC sur la base de données Trade Map 2011, à l’exclusion des armes,

munitions et minerais

Annexe 12 : Structure des importations en provenance de la Chine entre 1995 et 2006

Source : INSTAT

Page 92: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 13: Evolution de la répartition des flux commerciaux (import-export) de Madagascar

avec le COMESA entre 2006 et 2010

Source : cahier n°13, CREAM

Page 93: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Évolution de la répartition des flux commerciaux (import-export) de Madagascar au niveau de

la SADC entre 2006 et 2010

Source : cahier n°13, CREAM

Page 94: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Annexe 14 : Liste des produits pour lesquels Madagascar dispose d’un avantage comparatif (données du mois de février 2013)

Catégorie Exportations (milliards d’ariary)

Textile Poisson et crustacé Café, thé et épices Autres minerais Pièces de machines Bois Poissons et viandes conservés Minerai Huiles essentielles Fruits et noix Coco Sucre Légumes Cuir Autres légumes Livres Sel, sulfures, minerais Fruit et légumes conservés Coton Machine électrique Bateau Corde Autres fibres textiles Autres produits végétaux Montre Fourniture Papier Herbes Articles de sport et de loisir Autres produits manufacturés Peau Autres produits textiles Machine pour photo Fil manufacturé Textile crochet Pelote Art et collection Autre produit chimique Fibre manufacturé Vinaigre et boisson Animal vivant Produit d’origine animal Article à base de métal Métaux précieux Arbres et plantes céréales

788,42 226,63 215,39 143,66 128,44 102,93 90,53 75,81 72,04 59,31 52,07 38,93 32,81 28,72 27,00 24,67 24,32 23,53 23,31 22,26 21,83 17,34 16,69 16,10 15,62 14,84 11,93 8,10 7,80 6,56 5,85 5,79 5,52 4,66 3,56 3,34 2,04 1,66 1,43 1,33 0,73 0,50 0,46 0,36 0,33 0,05

Source : WITS, Banque Mondiale

Page 95: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

TABLE DES MATIERES

SOMMAIRE

LISTE DES TABLEAUX STATISTIQUES

LISTE DES FIGURES

ACRONYMES

REMERCIEMENTS

INTRODUCTION-----------------------------------------------------------------------------------------1

PARTIE I : ANALYSE DU RAPPORT LIBRE-ECHANGE

_CROISSANCE ECONOMIQUE----------------------------------------------------------------------3

Chapitre I : Divergences théoriques en matière d’impact du libre-échange sur la croissance

économique----------------------------------------------------------------------------------------------------4

Section 1 : Théories afférentes à la nécessité du libre-échange----------------------------------------4

I. Théories traditionnelles du commerce international---------------------------------------------4

A. De la théorie de l’avantage absolu de Smith à l’Avantage comparatif de Ricardo----4

B. Théorie de la dotation factorielle d’Heckcher-Ohlin-Samuelson---------------------------6

II. Les nouvelles théories du commerce international--------------------------------------------7

A. Rendement d’échelle-------------------------------------------------------------------------------7

B. Différence technologique dynamique----------------------------------------------------------8

C. Différenciation des produits---------------------------------------------------------------------8

D. Cycle de vie des produits de Vernon-----------------------------------------------------------9

E. Théorie de la demande représentative de Linder--------------------------------------------10

F. Paradoxe de Leontief---------------------------------------------------------------------------11

G. Concurrence monopolistique------------------------------------------------------------------12

H. Firmes multinationales------------------------------------------------------------------------13

Section 2 : Libre –échange, entrave à la croissance économique----------------------------------14

Page 96: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

I. Protectionnisme----------------------------------------------------------------------------------14

A. Objectifs-------------------------------------------------------------------------------------------14

B. Instruments de protectionnisme ou de politique commerciale-----------------------------14

II. Théories de la domination-----------------------------------------------------------------------16

A. Théorie des inégalités : Bagwati, Arghiri Emmanuel et Karl Marx-----------------------16

B. Protection des industries naissantes------------------------------------------------------------16

C. Théorie du vol de l’oie sauvage : Kaname Akamatsu---------------------------------------17

Chapitre II : Enjeux de la mondialisation et du libre-échange sur la croissance économique------18

Section 1 : Dimensions économiques de la mondialisation----------------------------------------------18

I. Approche conceptuelle-----------------------------------------------------------------------------18

A. Concept de mondialisation-------------------------------------------------------------------------18

B. De la pauvreté à la croissance économique------------------------------------------------------19

II. Lien entre mondialisation, et croissance économique------------------------------------------20

A. Mondialisation, source de croissance économique---------------------------------------------20

a. Mondialisation, spécialisation et IDE------------------------------------------------------------20

b. Autres avantages liés à la mondialisation-------------------------------------------------------21

B. Mondialisation et pauvreté-------------------------------------------------------------------------21

a. Mondialisation et emploi---------------------------------------------------------------------------21

b. Mondialisation, vecteur de fragilités économiques--------------------------------------------22

Section 2 : Tendances du libre-échange sur la croissance économique dans le contexte de la

mondialisation------------------------------------------------------------------------------------------------24

I. Libre-échange, une opportunité pour les pays en voie de développement-------------------24

II. Pays en développement face aux aléas du libre-échange et la concurrence mondiale------25

PARTIE II : PERSPECTIVES DE CROISSANCE ECONOMIQUE PAR LE BIAIS DU LIBRE

ECHANGE, LES CHANCES POUR MADAGASCAR--------------------------------------------------27

Chapitre I : Economie malgache et commerce extérieur---------------------------------------------28

Page 97: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Section 1 : Etat des lieux de l’évolution de la situation économique et du commerce

extérieur malgache entre 2003 et 2013---------------------------------------------------------—----28

I. Rétrospective de l’évolution de la situation économique du pays entre 2003 et 2013 ----28

A. Fragilité économique et situation de pauvreté à Madagascar-----------------------------28

B. Evolution actuelle------------------------------------------------------------------------------29

II. Rétrospective sur l’évolution des échanges commerciaux du pays entre 2003 et 2013---30

C. Structure du commerce extérieur du pays------------------------------------------------------30

a. Déficit chronique des termes de l’échange---------------------------------------------31

b. Politique commerciale malgache------------------------------------------------------34

D. Commerce extérieur au cœur des stratégies et plans de développement---------------------36

a. Projet d’action en faveur du commerce extérieur---------------------------------------36

1. MAP----------------------------------------------------------------------------------36

2. Projet Cadre Intégré---------------------------------------------------------------37

3. Projets d’appui sectoriel----------------------------------------------------------39

b. Impact de la politique de dévaluation sur le commerce extérieur----------------------39

Section 2 : Relation causale entre commerce extérieur et croissance économique ------------------40

I. Essor des échanges commerciaux----------------------------------------------------------------40

A. Principaux partenaires commerciaux de Madagascar------------------------------------------40

a. Accords multilatéraux et bilatéraux--------------------------------------------------------40

b. Intégration économique régionale----------------------------------------------------------42

B. Principaux produits, objet de l’échange----------------------------------------------------------44

a. Exportations----------------------------------------------------------------------------------------44

b. Importations----------------------------------------------------------------------------------------49

II. Libre-échange : un défi et une opportunité, retour sur les enjeux des accords commerciaux

malgaches --------------------------------------------------------------------------------------------50

A. Madagascar-Chine----------------------------------------------------------------------------------50

a. Les points forts et opportunités à saisir-----------------------------------------------------51

b. Points faibles et menaces----------------------------------------------------------------------51

B. Madagascar au niveau de l’intégration économique régionale--------------------------------51

a. Points forts, avantages et opportunités à saisir---------------------------------------------52

b. Points faibles,

Page 98: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

inconvénients et menaces---------------------------------------------------------------------53

Chapitre II : Stratégies de développement du commerce extérieur-----------------------------------54

Section 1 : Atouts et potentiels de l’économie malgache----------------------------------------------54

I. Atouts en termes de produits exportés-----------------------------------------------------------54

A. Produits agricoles----------------------------------------------------------------------------------54

B. Minerais----------------------------------------------------------------------------------------------55

C. Richesses marines----------------------------------------------------------------------------------55

II. Atouts en matière de marchés potentiels--------------------------------------------------------56

A. Capacité d’approvisionnement en matière de produits de la pêche et de l’élevage--------56

B. Capacité d’approvisionnement en matière de produits de l’agro-industrie------------------56

C. Quelques opportunités en vue---------------------------------------------------------------------57

Section 2 : Perspectives d’avenir---------------------------------------------------------------------------59

I. Freins au développement des exportations à Madagascar-------------------------------------59

A. Des produits non diversifiés et un marché restreint---------------------------------------------60

B. Ouverture croissante aux importations------------------------------------------------------------60

C. Le manque de connectivité interne et externe des entreprises exportatrices malgaches –--61

D. L’absence de normes de qualité des produits-----------------------------------------------------61

E. L’insuffisance d’informations et d’économie d’échelle---------------------------------------62

F. L’instabilité et le niveau de taux de change-----------------------------------------------------62

II. Discussions et recommandations------------------------------------------------------------------63

A. Stratégies de promotion des exportations--------------------------------------------------------63

a. Favoriser le secteur privé---------------------------------------------------------------------------63

1. Amélioration de l’accès des entreprises aux marchés internationaux via la réduction des

coûts-----------------------------------------------------------------------------------------------63

2. Restriction des délais de dédouanement-----------------------------------------------------64

3. Des opérations de transit transparentes------------------------------------------------------64

4. Respect des normes sanitaires-----------------------------------------------------------------64

5. Coordination des efforts de promotion des exportations via les programmes

d’assistance---------------------------------------------------------------------------------------65

6. Mesures liées face aux risques de change---------------------------------------------------66

b. Renforcement des autres secteurs d’activité-----------------------------------------------------66

Page 99: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

1. Secteur agricole--------------------------------------------------------------------------------------66

2. Secteur textile----------------------------------------------------------------------------------------66

B. Optimiser les privilèges liés à l’adhésion aux ZLE---------------------------------------------67

a. Perspectives d’amélioration des échanges avec la Chine---------------------------------------67

b. Perspectives d’amélioration des échanges au niveau des marchés régionaux---------------67

1. Diversification des produits---------------------------------------------------------------68

2. Diversification des marchés---------------------------------------------------------------68

3. Diversification des entreprises exportatrices--------------------------------------------69

CONCLUSION-----------------------------------------------------------------------------------------------70

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXE

TABLE DES MATIERES

Page 100: LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU LIBRE-ECHANGE : …

Nom : RAMANANDRAIBE

Prénoms : Haingoniaina Murielle

Titre : Les pays en developpement face au libre-echange : Quelle alternative pour Madagascar ?

Nombre de pages : 70

Nombre de tableaux : 2

Nombre de graphiques : 4

RESUME

A l’instar des pays en developpement, Madagascar vit les changements vehiculés par

le courant de la mondialisation. Ce dernier constitue tant un défi, qu’une grande opportunité

pour le pays. Durant ces dernières décennies de libéralisation, Madagascar a puisé toutes ses

ressources afin de parvenir à son ultime objectif d’assurer une forte croissance économique

voire un développement durable. Certaines améliorations ne sont négligables, pourtant ce but

reste encore un grand défi pour la Grande-île. De meilleures perspectives s’ouvrent pour

l’économie malgache à condition d’exploiter ses avantages comparatifs d’une manière plus

optimale, de chercher des marchés potentiels, de diversifier sa production, enfin d’améliorer

le cadre des affaires via le renforcement du cadre législatif et règlementaire.

Mots clés : pays en développement, changements, mondialisation, défi, opportunité,

libéralisation, croissance économique, perspectives, avantages comparatifs, optimale, marchés

potentiels, diversifier, améliorer, cadre des affaires, renforcement du cadre législatif et

règlementaire

Encadreur: Professeur RAZAFINDRAVONONA Jean

Adresse de l’auteur : LOT IB 53 ANDOHARANOFOTSY