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UNIVERSITE D’ANTANANARIVO
-------------------------------
FACULTE DE DROIT, D’ECONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE
-----------------------------------------------------------------------
Département Economie
--------------------------------------------
Option : Macroéconomie et modélisation
----------------------------
MEMOIRE DE FIN D’ETUDES POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAITRISE ES-SCIENCES ECONOMIQUES
LES PAYS EN DEVELOPPEMENT FACE AU
LIBRE-ECHANGE : QUELLE ALTERNATIVE
POUR MADAGASCAR ?
IMPETRANTE
RAMANANDRAIBE Haingoniaina Murielle
ENCADREUR
Professeur RAZAFINDRAVONONA Jean
Date de soutenance : 03 Mai 2014
Année universitaire : 2012- 2013
SOMMAIRE
INTRODUCTION
PARTIE I : ANALYSE DU RAPPORT LIBRE-ECHANGE
_CROISSANCE ECONOMIQUE
Chapitre I : Divergences théoriques en matière d’impact du libre-échange sur la croissance
économique
Section 1 : Théories afférentes à la nécessité du libre-échange
Section 2 : Libre –échange, entrave à la croissance économique
Chapitre II : Enjeux de la mondialisation et du libre-échange sur la croissance économique
Section 1 : Dimensions économiques de la mondialisation
Section 2 : Tendance du libre-échange sur la croissance économique dans le contexte de la
mondialisation
PARTIE II : PERSPECTIVES DE CROISSANCE ECONOMIQUE PAR LE BIAIS DU LIBRE
ECHANGE, LES CHANCES POUR MADAGASCAR
Chapitre I : Economie malgache et commerce extérieur
Section 1 : Etat des lieux de l’évolution de la situation économique et du commerce extérieur
malgache entre 2003 et 2013
Section 2 : Relation causale entre commerce extérieur et croissance économique
Chapitre II : Stratégies de développement du commerce extérieur
Section 1 : Atouts et potentiels de l’économie malgache
Section 2 : Perspectives d’avenir
CONCLUSION
LISTE DES TABLEAUX STATISTIQUES
Tableau 1 : Exportation des entreprises de la Zone franche, six premiers mois, valeur en millions
de DTS, Volume en milliers de tonnes et Prix en DTS par Kg-------------------------------------p.46
Tableau 2 : Exportation des produits artisanaux de 2008 à 2012------------------------------p.47
LISTE DES FIGURES
Graphique 1 : Cycle de vie des produits-----------------------------------------------------------p.10
Graphique 2 : Demande représentative de Linder------------------------------------------------p.11
Graphique 3 : Marché de concurrence monopolistique------------------------------------------p.13
Graphique 4 : Evolution mensuelle des exportations en 2013---------------------------------p.48
ACRONYMES
AGOA: African Growth Opportunity Act
APE: Accord de Partenariat Economique
BCM : Banque Centrale de Madagascar
BIT : Bureau International du Travail
CCIA: Chambre de Commerce et de l’Industrie d’Antananarivo
CIR: Communauté d’Intégration Régionale
CNUCED : Conférence des Nations-Unies pour le Commerce Et le Développement
COI: Commission de l’Océan Indien
COMESA: Common Market for Eastern and Southern Africa
CREAM: Centre de Recherche, d’Etude et d’Appui à l’Analyse Economique à Madagascar
DIT : Division Internationale du Travail
DSRP : Document Stratégique pour la Réduction de la Pauvreté
DTS: Droits de Tirages Spéciaux
EDBM: Economic Development Board of Madagascar ENSOMD: Enquête Nationale de Suivi des Objectifs du Millénaire pour le Développement
EPM : Enquêtes Périodiques auprès des Ménages
FMI: Fonds Monétaire International
FOB: Free On Board
GATT: General Agreements on Tarifs and Trade
HOS: Hechsher- Ohlin- Samuelson
IDE : Investissement Direct Etranger
IDH: Indice de Développement Humain
INSTAT : Institut National de la STATistique
ITBM: International Trade Board of Madagascar
ITC: International Trade Center
MAP: Madagascar Action Plan
NPF : Nation la Plus Favorisée
NTIC: Nouvelle Technologie de l’Information et de la Communication
OMC: Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement
PAE : Programme d’Appui aux Exportations
PAS : Programme d’Ajustement Structurel
PED: Pays En Développement
PIB: Produit Intérieur Brut
PIC: Pôle Intégré de Croissance
PMA: Pays les Moins Avancés
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNUD: Programme des Nations-Unies pour le Développement
PRC : Programme de Renforcement des Capacités dans les négociations internationales
QMM: QUIT Madagascar Minerals
SADC: Southern African Development Community
SPS: Sanitaire et Phyto-Sanitaire
TPS : Tarifs Préférentiels Spéciaux
UE: Union Européenne
USD: United States Dollar
ZEE : Zone Economique Exclusive
ZLE : Zone de Libre Echange
REMERCIEMENTS
Sans Dieu, je n’aurais eu le courage, la santé, ni les moyens pour réaliser ce présent
document. Mes remerciements Lui sont en premier lieu adressés.
Je tiens également à exprimer toute ma gratitude envers certaines personnes, en
particulier :
notre encadreur, le Professeur RAZAFINDRAVONONA Jean, pour tout son aide, son
temps et ses conseils tout au long de l’élaboration de ce mémoire ;
les enseignants et personnels administratifs du département d’Economie, ainsi que de
la faculté de Droit, d’Economie, de Gestion et de Sociologie ;
les responsables des centres de documentation de l’INSTAT ;
les responsables du centre de documentation et personnels administratifs du Ministère
des Finances et du Budget ;
enfin, ma famille et mes amis.
1
INTRODUCTION
Le commerce international fut longtemps considéré comme source de prospérité et de
croissance économique. Cette réalité s’affirmait davantage au lendemain de la seconde guerre
mondiale, via une plus grande connectivité et interdépendance entre les pays, favorisant la
libéralisation des biens, des capitaux, et des services ; en un mot, le libre-échange. Le monde
s’assimilait alors à un gigantesque marché, sur lequel chaque nation mise afin d’accumuler davantage
de richesses grâce à l’énorme potentialité présente. Si les pays industrialisés étaient les premiers à
percevoir les fruits issus du libre-échange, les pays en développement ne tardèrent à entrer sur la scène
du commerce mondial, notamment grâce aux séries de négociations tenues en 1994 à Uruguay ; sans
oublier celles de Doha. Cette intégration, facilitée entre autres par le vent de changement véhiculé par
la mondialisation au début du XXe siècle, débouche néanmoins sur un résultat mitigé : une nuance se
manifestant d’une part par l’essor des pays dits émergents dont au premier plan la Chine; et d’autre
part, par l’échec de quelques Etats asiatiques, et africains.
À l’instar des pays africains, Madagascar s’est engagé à se développer à travers les
différentes opportunités offertes par la libéralisation des échanges, une volonté matérialisée par
diverses séries de stratégies et plans d’action axés principalement sur le développement du
commerce extérieur. À vrai dire, le pays préconisait une croissance économique centrée sur la
promotion des exportations. Dans ce sens, Madagascar ratifia depuis la période de libéralisation
divers accords commerciaux, en ne citant le fait que la Grande-île fait partie intégrante des
Communautés d’Intégration Régionale : Southern African Development Community, Common
Market for Eastern and Southern Africa.
Malgré toutes ces initiatives cependant, la pauvreté de la population malgache persiste et
la situation s’empire chaque jour. Par ailleurs, la balance commerciale du pays se caractérise par
un déficit chronique. Ce constat conduit à développer ce thème visant à expliquer la
marginalisation au niveau du commerce mondial de la plupart des pays en développement en
général, et de Madagascar en particulier. D’où, l’intitulé : « les pays en développement face au
libre-échange : quelle alternative pour Madagascar ? ».
Ainsi compte tenu de toutes ces réalités aberrantes ; que dire des impacts du libre-
échange sur l’économie malgache ?
2
Comment se présente le commerce malgache face à la concurrence internationale, quelles
ont été les principales évolutions remarquées ?
Le commerce extérieur constitue-t-il un secteur-clé pour l’économie malgache ?
Et enfin, de quelle façon le rendre encore plus compétitif afin de servir de pilier pour un
développement économique durable ?
Toutes ces questions requièrent au préalable une certaine méthodologie en vue d’y apporter
des esquisses de réponses. Notre analyse se limitera également aux flux des biens et des services,
en faisant ainsi abstraction aux mouvements de capitaux, ceci afin d’éviter la confusion entre
« économie et commerce » international ; ainsi que de sortir du contexte thématique. Ainsi, en
s’appuyant sur des données issues de quelques ouvrages, articles, et des sites web ; cette étude
reposera sur deux grandes parties. La première sera axée sur l’analyse des différentes facettes du
libre-échange, ainsi que le positionnement des pays en développement dans ce cadre. La seconde
abordera l’état particulier du commerce malgache, en partant de son évolution, en passant par
l’analyse de ses principaux points forts et faibles, et en débouchant finalement sur les stratégies de
développement pour le futur.
3
PARTIE I : ANALYSE DU RAPPORT LIBRE-ECHANGE
_CROISSANCE ECONOMIQUE
Les relations commerciales et l’interdépendance entre les pays se sont largement
renforcées à la suite de la seconde guerre mondiale. En se limitant dans un premier temps aux pays
industrialisés, les pays en développement ont progressivement perçu les gains issus des différents
accords commerciaux. Ainsi, le libre échange ou l’ouverture au commerce mondial constitue un
pilier de la croissance et du développement économique. Certains pays, n’ayant eu la chance de se
développer grâce à ce système, y sont cependant moins enclins. L’autarcie et l’autosuffisance leur
sont devenues une habitude. Ce point constitue un dilemme des pays africains, de ceux de l’Asie
du Sud et du Moyen Orient. Bref, les pays du Tiers monde présentent cet aspect commun : une
structure précaire ou déficitaire de la balance des paiements, constituant un trait de leur pauvreté.
Dans quelle mesure le libre-échange constituerait-il alors un frein ou un moteur pour la croissance
économique ?
Cette partie vise à cerner le lien entre ces deux variables économiques. Divers auteurs ont
d’ores et déjà souligné les impacts tant positifs que négatifs du libre-échange. Le premier chapitre
exposera leurs différents points de vue sous forme d’un débat théorique. Le second sera quant à lui
davantage axé sur les enjeux du libre-échange envers les pays en développement en général,
compte tenu du contexte actuel de la mondialisation.
4
CHAPITRE I : DIVERGENCES THEORIQUES EN MATIERE D’IMPACT DU LIBRE-
ECHANGE SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE
On assiste depuis les années 50 à la prolifération des échanges internationaux, croissance
deux fois plus rapide que celle de la production mondiale ou du PIB. La spécialisation, le
développement des voies maritime et terrestre de la communication, l’industrialisation ont été
indissociables à ce contexte. Bien que l’attention de la plupart des théoriciens se concentrait
surtout sur les bienfaits du libre-échange, incitant les Etats à tirer profit de celui-ci ; la suppression
totale des protections douanières ne fit pas toujours l’unanimité entre les auteurs. Les libéraux ont
été les premiers à démontrer la nécessité du libre-échange, et à en avoir également posé les limites.
Section 1 : Théories afférentes à la nécessité du libre-échange
Les théories traditionnelles, plus tard celles modernes, du commerce international
constituent les plus marquantes des doctrines en faveur du libre-échange. Malgré leur différence
d’hypothèses, ces théories mettent toutes l’accent sur les gains tirés du libre-échange, et
permettent d’expliquer les flux commerciaux, la spécialisation des pays et surtout la position des
grandes puissances économiques mondiales de nos jours.
I. Théories traditionnelles du commerce international
Ces théories remirent en cause les principes mercantiles considérant le commerce à
l’époque comme étant un « jeu à somme nulle ». Elles contribuèrent également : à résoudre
certains marasmes économiques tels la loi des rendements décroissants. Les théoriciens libre-
échangistes, partant de Smith aux économistes suédois : Hecksher et Ohlin, en passant par Ricardo
soutiennent l’ouverture des frontières nationales.
A. De la théorie de l’avantage absolu de Smith à l’avantage comparatif de Ricardo
Adam Smith développait cette théorie de l’avantage absolu dans son fameux
ouvrage, « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations » publié en 1776. En se
basant sur le principe de la spécialisation des nations et l’exemple de la manufacture d’épingles, il
considère le commerce international comme étant une source de richesses. En effet, cet exemple
vise à montrer que la productivité du travail augmente avec la division technique du travail, plus
5
tard étendue sur le plan macro-économique avec le concept de division internationale du travail ou
DIT. Selon Smith, « si un pays étranger peut nous fournir une marchandise à meilleur marché que
nous ne sommes en état de l’établir nous-mêmes, il vaut mieux que nous la lui achetons avec
quelques parties du produit de notre propre industrie employée dans le genre avec lequel nous
avons quelques avantages… » (Smith, 1776). Chaque pays a par conséquent intérêt à se spécialiser
dans la production pour laquelle il dégage un avantage absolu par rapport à ce que produisent ses
concurrents.
Bref, cette théorie smithienne repose sur le rapport : exportation des biens pour lesquels le
pays est performant ; et importation de ce que les producteurs étrangers produisent à un meilleur
compte. Il est question de comparer les coûts supposés plus faibles en valeur absolue que celui des
autres pays, d’où l’appellation de coûts absolus. Quid maintenant des pays ne disposant d’aucun
avantage absolu ? Cette question, sous-entendant une limite à cette théorie smithienne des
échanges internationaux, constituera le point de départ de l’avantage comparatif de Ricardo.
Le modèle ricardien conteste la conclusion de la théorie de l’avantage absolu, selon
laquelle : un pays ne disposant d’aucun avantage absolu ne peut participer à l’échange. Un pays
tire toujours profit du libre-échange, en favorisant la production dans laquelle il détient un
avantage comparatif ; autrement dit, où son désavantage s’avère le plus faible. Il illustrait son
principe en considérant deux pays uniquement : l’Angleterre et le Portugal, produisant deux types
de biens : le drap et le vin. L’Angleterre nécessite 100 h de travail pour fabriquer une unité de
drap, alors qu’il n’en faut que 90 pour le Portugal. Ce dernier se trouve également plus avantageux
dans la production de vin, en n’ayant besoin que de 80 h, pour produire un litre, si l’Angleterre ne
parvient à produire cette même quantité qu’au bout de 120 heures de travail (Ricardo, 1821). Deux
conclusions découlent de cet exemple : de un, l’Angleterre ne dispose d’aucune chance, et ne peut
participer au libre-échange ; de deux, en situation autarcique pour produire la quantité totale de
vins nécessaires aux deux pays, il faudrait 200 heures de travail, et 190 heures pour la production
de drap. Ricardo démontrait ainsi une fois de plus que le libre-échange constitue la meilleure
alternative pour un pays par rapport à l’autarcie ou le protectionnisme. En effet, dans cet exemple,
l’Angleterre aura toujours intérêt à profiter des gains de l’échange en se spécialisant dans la
production de drap. Ce pays dépense certes approximativement le même temps de travail pour
fabriquer une unité de drap s’il est, par contre, largement surpassé par le Portugal dans la
production de vin. Le but de cette analyse fut de démontrer l’impact du libre-échange sur
l’amélioration de la compétitivité d’une nation sans que ceux-ci aient à déployer d’énormes
efforts.
6
Comme justification récente de cette théorie ricardienne, on peut citer l’échange entre la
France détenant un avantage comparatif dans la fabrication du vin soit 19% de la production
mondiale en 2006, et l’Indonésie dans l’huile de palme, soit 43% de la production mondiale.
B. Théorie de la dotation factorielle d’Heckscher-Ohlin-Samuelson
Il eut fallu attendre la période d’entre-deux-guerres, autrement dit presque plus d’un siècle
avec l’analyse de ces trois économistes, avant de pouvoir cerner les limites de l’approche
ricardienne du libre-échange. En 1919 certes, Eli Heckscher tentait d’appréhender l’origine de la
différence de coûts comparés. En admettant l’hypothèse selon laquelle les techniques de
production sont transférables d’un pays à un autre, il avançait que la différenciation des coûts
résulte de l’inégalité des prix des facteurs de production. Par exemple, dans les pays richement
dotés en facteur travail, le niveau des salaires se trouve à un niveau si bas tel que les entrepreneurs
utilisent davantage de main d’œuvre. Inversement, dans les pays industrialisés, les tâches sont plus
mécanisées ou robotisés. En 1933, Bertil Ohlin énonçait la loi des proportions des facteurs en se
fondant sur l’origine de la différenciation des coûts. Ainsi, un pays tend à se spécialiser dans des
produits relativement plus intensifs dans le facteur y existant en abondance, et à importer ceux
incorporant des facteurs dont il est moins doté. Cependant, cette inégalité en dotation factorielle
débouche certes sur des spécialisations différentes mais également sur des écarts de prix des
facteurs de production. Compte tenu de ce dernier constat, Paul Samuelson et Wolfgang Stopler
complétaient en 1941 les travaux de ces deux précédents économistes par un théorème sur les
rémunérations des facteurs, tel qu’à long terme, les prix tendent à s’égaliser. En effet, au moment
où les facteurs abondants dans un pays s’épuisent, c’est-à-dire deviennent plus rares, leurs valeurs
augmentent selon la loi de l’offre et de la demande. À la lumière du théorème HOS, la Chine riche
en facteur travail mais également en capital, peut être considérée comme l’atelier du monde et
domine le marché mondial à l’heure actuelle.
À la suite de la seconde guerre mondiale, les théories traditionnelles ne parvenaient plus à
rendre vraiment compte de la réalité des échanges. Cette approche dominante et ayant occupé la
place centrale au sein de la littérature économique sera désormais supplantée par la « nouvelle
théorie du commerce international ».
7
II. Les nouvelles théories du commerce international
La principale limite de la dite ancienne théorie du commerce international est de détacher
l’analyse de la réalité, leur extrême simplicité ainsi que la non-utilisation d’outils économétriques.
L’utilisation d’une méthodologie plus efficiente entrera en vigueur depuis les années soixante dont
l’économie expérimentale, la théorie des jeux ainsi que l’économie industrielle. Par ailleurs, de
nouvelles hypothèses vont influencer ce renouveau théorique à savoir : les rendements d’échelle
croissants, la mobilité des facteurs de production, la concurrence imparfaite, la différenciation des
produits, l’innovation technologique, enfin le développement des firmes multinationales. Certaines
hypothèses de la théorie classique furent néanmoins toujours retenues et approfondies.
Plusieurs auteurs contemporains du libre-échange se sont inspirés des célèbres théories
classiques. Franck Graham s’est, par exemple, basé sur la théorie Smithienne pour élaborer son
approche par les rendements ou l’économie d’échelle, tandis que la différenciation technologique
relève de l’avantage absolu de Ricardo, enfin le paradoxe de Leontief se rattache au modèle
factoriel.
A. Rendement d’échelle
Les motivations poussant au libre-échange sont endogènes, autrement dit, elles relèvent de
la réalisation d’économie d’échelle et non pas de l’avantage absolu, qui sont exogènes.
L’ouverture au commerce international s’effectue sous la condition d’une augmentation de la
productivité. Cette influence de l’économie d’échelle sur le commerce fut développée par Franck
Graham en 1923, puis par Bertil Ohlin en 1933. Prenons l’exemple de deux pays identiques :
c’est-à-dire ayant le même niveau technique, la même dotation factorielle, et dont les
consommateurs ont les mêmes goûts ; puis de deux biens fabriqués dans les mêmes conditions
mais avec des rendements croissants. La hausse de la production dans l’un de ces biens produit des
gains de productivité.
On montre que malgré la similitude des coûts comparatifs qui ne justifierait aucun échange
entre les deux pays, chacun peut trouver avantage dans la spécialisation et le commerce
international pour obtenir plus de biens qu’en autarcie. En effet, l’augmentation de la production
dans l’un des biens génère des gains de productivité, grâce à l’économie d’échelle, et donc un
avantage comparatif. Mais celui-ci ne résulte pas des différences initiales entre les deux pays
puisque par hypothèse ils étaient parfaitement semblables ; en revanche, cet avantage comparatif
8
trouve son origine dans la spécialisation elle-même, recherchée pour bénéficier d’un rendement
croissant. C’est pourquoi, on qualifie cette explication de « théorie endogène », car la
spécialisation et l’échange international permettent de créer l’avantage comparatif issu de
l’économie d’échelle.
B. Différence technologique dynamique
Un économiste dénommé Michael Vivian Posner se base, en 1961, sur les travaux de
Schumpeter. L’avancée technologique procure un avantage comparatif en matière d’exportation
pour un pays. La structure des échanges est la suivante : les pays coéchangistes disposent de
performances technologiques voisines. Ceux avancés exportent des produits high-tech, et
importent des biens nécessitant des technologies moins pointues. Une autre possibilité se
présente : chaque pays se spécialise dans diverses branches permettant alors un échange croisé.
Dès que le produit en question se retrouve banalisé ou concurrencé, le pays perd cet avantage.
Cette imitation dépend de l’économie d’échelle, des tarifs douaniers, des coûts de transport, de la
demande locale et étrangère et prend ainsi un certains délai dit « Imitation Lag ». Le
développement des firmes multinationales et des IDE permet cependant de compenser les effets de
cette viscosité de la diffusion technologique. Ainsi, la prolifération et la maitrise de cette nouvelle
technologie par les pays étrangers mettent un terme au monopole du pays innovateur. Les propos
du modèle factoriel sont repris : la rareté des facteurs détermine le flux des échanges. Dans notre
cas, il s’agit de l’innovation et des facteurs technologiques. Par ailleurs, deux économistes
dénommés Michael Vivian Posner et Gary Clyde Hufbauer ont formulé une hypothèse dite de
« Posner-Hufbauer » (Mucchielli, 1987), stipulant que le commerce basé sur cette différenciation
technologique est « quelque chose de relativement désavantageux pour les pays
technologiquement moins avancés ».
C. Différenciation des produits
Les mutations technologiques confèrent aux entreprises les techniques nécessaires pour
une production variée. Certes, l’offre de nouvelles gammes de produits les prémunit face à la
concurrence étrangère. Les produits ordinaires ou standards tendent ainsi à être personnalisés, en
vue d’accumuler une plus grande part de marché. Ce principe de commerce basé sur la variété de
la production a été introduit par Chamberlin en 1933, puis repris par Dixit et Stiglitz en 1977, et
enfin par Krugman en 1980. Cette économie de variété permet d’améliorer le bien-être de la
population ou « effet de diversification ». La principale condition pour tous nouveaux-entrants est
9
ainsi d’assurer la diversification de leurs productions, et d’en assumer les coûts relatifs. On assiste
dans ce sens à une concurrence monopolistique. À titre de remarque, d’autres auteurs figurent
dans le même sens que ceux vus précédemment en ne citant qu’Hotelling en 1929 et Lancaster en
1980, à travers le concept de diversité personnelle de goût des consommateurs. Selon toujours
Lancaster, la différenciation verticale ou en terme de qualité d’un produit confère un avantage
comparatif pour un pays.
Un exemple emblématique de cette croissance basée sur la différenciation de produit et de
technologie : le rapport commercial Nord-Sud. En effet, les pays du Sud n’exportent en général
que des produits à faible valeur ajoutée, tandis que les exportations de ceux du Nord regroupent
essentiellement des produits manufacturés de haute qualité, d’où cet écart croissant de
développement entre ces deux blocs. Ce fait s’explique par le retard technologique de la plupart
des pays du Sud.
D. Cycle de vie des produits de Vernon
Les avantages comparatifs tirés du libre-échange sont liés au cycle de vie d’un produit.
D’après les travaux de Raymond Vernon, ce concept se résume en ces étapes : l’innovation, la
croissance, la maturité, enfin le déclin. Les produits nouvellement conçus par les pays riches sont
d’abord vendus sur le marché local. Arrivé au stade de croissance, ces biens seront écoulés sur les
marchés étrangers, et fabriqués en plusieurs séries réduisant progressivement leur prix. Ces biens
commencent à être imités par les pays à bas salaire impliquant ainsi la délocalisation des pays
riches pour maintenir leur profit. La phase de déclin se caractérise par la consommation courante
du bien. L’innovation et l’accumulation du capital déterminent par conséquent la spécialisation
d’un pays.
Les innovations des firmes japonaises et européennes dans le domaine de la
télécommunication mettent en évidence ce prolongement de la théorie ricardienne. Les produits
high-tech comme le marché de la téléphonie mobile, et les ordinateurs portables sont à l’heure
actuelle accaparés par les opérateurs économiques chinois et japonais. Ces derniers exportent ces
produits vers les pays concepteurs comme les Etats-Unis ou l’Europe. Cet exemple et le schéma
ci-dessous permettront d’expliquer davantage cette théorie. À titre de remarque, deux autres
économistes ont élaboré en 1987 un modèle de cycle de vie de produits basé sur l’apparition de
nouveaux produits de haute qualité. Il s’agit de Flam et Helpman. En effet, selon ces derniers, les
consommateurs ne cessent de chercher des produits diversifiés et de haute gamme.
10
Graphique 1 : Cycle de vie des produits de (Vernon, 1986)
Source : Vernon
E. Théorie de la demande représentative (Linder, 1961)
La demande ou les préférences du consommateur déterminent les échanges commerciaux,
selon Staffan Burenstam Linder. Ce dernier établit en 1961, une nouvelle approche contredisant la
théorie de la dotation factorielle. En effet, l’échange des biens manufacturés, contrairement aux
produits primaires, ne peut être expliqué par les seules dotations en facteurs de production.
La demande définit la nature des biens exportés. Elle en impose les normes de qualité.
Par ailleurs, les exportations constituent le surplus ou résidu de la consommation locale. Étant
donné que les pays ont un niveau comparable de développement, ils exporteront et importeront les
mêmes produits, par exemple des produits manufacturés. Cette similitude détermine, par
conséquent la part dans le revenu national du volume de ces biens. Les pays disposant d’un même
niveau de revenu ont intérêt à participer à l’échange. La proximité entre ces pays limite les coûts
de transport et de production : commerce bilatéral. L’appartenance à une zone de libre-échange
offre également ces divers atouts.
11
Graphique 2 : Demande représentative de Linder
Source : Linder
Ce schéma sépare respectivement trois zones, en fonction de la qualité respective des
produits des pays. On distingue ainsi : un pays le plus riche noté C, et demandant une qualité
moyenne élevée située entre c et f. Selon un ordre décroissant, vient le pays B demandant un
produit de moindre qualité que le premier, enfin en dernier lieu, le pays A. La demande dépend
par conséquent du revenu par habitant, ainsi que des qualités similaires des produits. Le schéma
montre en effet l’intersection entre la demande de C et de B. Autrement dit, ces deux pays peuvent
s’échanger les produits de qualité incluse entre c et e. Idem, B et A effectueront leurs échanges sur
les produits de qualité entre b et d, et enfin C et A sur les produits entre b et c. Toujours, d’après le
graphe, les échanges entre deux pays de niveau similaire de développement : C et B ; ou B et A
sont plus importants que ceux entre deux autres ayant un écart élevé de niveau de vie : C et A.
F. Paradoxe de Leontief
Wassily Leontief tentait de vérifier les conclusions du modèle factoriel en se focalisant sur
l’analyse des exportations américaines vers le reste du monde. Le résultat diffère cependant de la
théorie de la dotation factorielle. En effet, l’intensité en capital des exportations de 1947 est
12
inférieure à celle des importations de cette même année, soit 14 dollars par travailleurs contre 18
dollars par travailleurs. Or, les Etats-Unis se caractérisent par la rareté de sa main d’œuvre et
l’abondance relative de son capital.
G. Concurrence monopolistique
La nouvelle théorie du commerce international eût permis de considérer une importante
hypothèse qu’est l’imperfection du marché. Cette analyse est due aux travaux respectifs de
Hotelling (1929), Chamberlin(1933), Krugman (1979), Lancaster (1980), enfin Helpman (1981), à
travers le concept de la concurrence monopolistique. Elle reprend les trois aspects dont nous
venons de développer, autrement dit : le rendement d’échelle, l’innovation, et la diversification
des produits. Comme déjà anticipé supra, l’intégration d’une firme sur un marché s’effectue au
prix de supporter les coûts liés à la diversification de sa production. Certes, la variété de la
production confère un statut de monopoleur pour une entreprise mais uniquement sur le court
terme. Pour deux monopoleurs produisant les mêmes biens, la demande dépend évidemment du
prix. Dans le cas où la concurrence s’accentue sur un marché, le prix tend à se diminuer : courbe
de prix décroissante sur le schéma ci-dessous. Sur un autre plan, le raffermissement de cette
concurrence entrainera la baisse de la production par entreprise, vu l’augmentation de l’offre
global, or la demande totale ne suit pas ce même rythme. De cette baisse de la production découle
la hausse du coût moyen. Il n’existe plus d’économie d’échelle, l’entreprise supporte les mêmes
coûts, sans pouvoir dégager une plus grande production et ainsi un plus important profit : courbe
de coût croissant du même schéma.
Krugman tenta d’expliquer les échanges de produits différents en s’appuyant sur le modèle
de concurrence monopolistique (Krugman et Obstfeld et al. 2006) développé par son précurseur
Chamberlin. Il expliqua alors la manière dont le commerce international permet de restreindre le
conflit entre variétés des biens et échelle de production. Le développement des échanges
commerciaux réduit le prix soit p2<p1, par la même occasion, offre une plus grande quantité et
variété de produits : n2>n1.Ce plus vaste marché, dans le sens où les offreurs et l’offre elle-même
se sont accrus, permet toujours l’échange entre deux pays identiques en matière technologique et
de dotation factorielle.
13
Graphique 3 : Marché de concurrence monopolistique
Source : Helpman et Krugman
H. Firmes multinationales
L’expansion du commerce international s’est accompagnée d’une explosion du nombre des
firmes multinationales. Diverses entreprises organisent leur production de manière à accumuler
une plus grande part de marché, grâce aux échanges entre les filiales. Cette prolifération des
firmes multinationales suscita la réflexion sur ses impacts sur la croissance économique. D’une
manière générale, les flux d’IDE complètent le commerce international. Cela se traduit par les
effets de la délocalisation des firmes étrangères dans les pays en développement. Nous
reviendrons sur ce point dans le second chapitre traitant des effets de la mondialisation et de la
globalisation des échanges sur la croissance économique.
14
Section 2 : Libre –échange, entrave à la croissance économique
À partir du XVIe siècle, à une époque où le libre-échange a toujours été la règle et que le
protectionnisme était considéré comme une anomalie entravant le développement économique,
divers courants vont surgir afin d’ébranler ce pouvoir autorégulateur du marché et de recentrer
l’attention sur le rôle de l’Etat.
I. Protectionnisme
Le protectionnisme désigne toute mesure ou politique économique prise par l’Etat en vue
de protéger les industries locales de la concurrence étrangère.
A. Objectifs
Sur le plan micro-économique :
maintien de l’emploi dans certains secteurs d’activité car l’importation pénalise les
industries locales ;
privilège pour les entreprises nationales dans les appels d’offres de marchés publics ;
empêche les investisseurs étrangers de prendre le contrôle sur les entreprises nationales.
Sur le plan macro-économique :
réduit le déficit commercial : freine l’importation et encourage l’exportation ;
prépare une phase de croissance économique ;
constitue une source relativement solide de recette pour l’Etat via les tarifs douaniers ;
indépendance vis-à-vis de l’extérieur.
B. Instruments de protectionnisme ou de politique commerciale
Afin de comprendre par quel mécanisme l’Etat parvient à ces objectifs précédemment cités,
il serait convenable de rappeler la gestion des flux des échanges commerciaux par le biais des
outils de politique commerciale.
barrières tarifaires ou droits de douane :
Ce sont des taxes prélevées sur les importations en fonction de leur valeur. Les Etats-Unis
ont souvent recours à cette mesure, tel est le cas en 2000, la hausse des taxes douanières sur la
moutarde et le roquefort a largement fait chuter les exportations en provenance de la France. Les
pays émergents comme l’Inde tendent également vers cette politique économique : celui-ci
15
augmentait en décembre 2008 ses droits de douane à 20% sur divers produits tel le soja, le fer
ainsi que l’acier.
barrières non tarifaires
Elles consistent en l’instauration des prohibitions ou des normes visant à interdire
l’importation de certains produits. Ces barrières peuvent être d’ordre sanitaire, morale ou
simplement politique. Font partie de ce type de mesures : l’embargo visant à interdire la libre
circulation des marchandises telles les armes, le contingentement limitant d’une façon arbitraire
l’entrée des biens.
mesures para-tarifaires et règlements administratifs
Elles comprennent les subventions à l’exportation, les crédits à l’exportation à taux
d’intérêt réduit. Certaines procédures rigoureuses tendent à décourager les exportateurs étrangers.
Cette mesure est qualifiée de « protectionnisme déguisé » et caractérise la politique commerciale
japonaise et française.
manipulation du taux de change ou politique de change
L’Etat peut intervenir sur l’économie par le biais d’une politique consistant à dévaluer de
la monnaie nationale. Cette dernière débouche sur deux alternatives. En effet, selon la condition de
Marshall Lerner, la dépréciation de la monnaie nationale suscite la détérioration des termes de
l’échange, suite à l’augmentation de la valeur des importations ; et l’effet de substitution : les
produits nationaux deviennent plus compétitifs par rapport à ceux étrangers entrainant ainsi
l’accroissement des exportations1. Cette politique se rencontre dans plusieurs pays tel la Chine et
les Etats-Unis accusés de maintenir leur monnaie à un niveau relativement bas pour les favoriser à
l’égard de l’euro2. Celle-ci étant, certes considérée comme une monnaie forte, se retrouve au
centre du problème de la zone euro dans son élaboration d’une politique de change favorable à ses
exportations.
Ces divers exemples ne suffisent cependant pas à justifier la nécessité du protectionnisme
et à tirer le fin mot sur ce débat théorique ; aussi est-il-préférable de rappeler toutes les théories en 1 Mr RAMIANDRISOA Olivier, 2013, Politique économique, 4è Année économie, macroéconomie et modélisation 2 Le monde diplomatique, mars 2009, Dossier : Le protectionnisme et ses ennemis, « Mille et une manières », p.19
16
faveur de cette doctrine économique ? Ces dernières s’accordent sur le caractère nocif du libre-
échange, contrairement à ce que la plupart des écrits l’attestent.
II. Théories de la domination
Ces théories considèrent le libre-échange comme une entrave au développement et
divergent de la ligne des thèses libre-échangistes. Aussi, de quelle manière ces théoriciens
prétendent-ils affirmer les méfaits liés au libre-échange dans de telles circonstances de
globalisation de l’économie mondiale et d’interdépendance entre les pays ?
A. Théorie des inégalités :Bagwati, Arghiri Emmanuel et Karl Marx
Selon certains auteurs dont Jagdish Bagwati, le libre-échange ne profite aux PED. La
principale raison en est la mauvaise spécialisation de ces pays émanant notamment de l’héritage
ou pacte colonial3.Par conséquent, les PED reculent devant l’échange international. Dans cette
même perspective, ces derniers ne bénéficient d’aucun avantage comparatif : le solde déficitaire
de la balance commerciale, ainsi que la détérioration des termes de l’échange forment les traits
saillants de l’économie des PED. Un phénomène de « croissance appauvrissante », selon les
termes de Bhagwati. Face à ce concept, les PED doivent exporter davantage et limiter leurs
importations.
Arghiri Emmanuel adoptait en 1969 cette même vision. D’après cet auteur, le commerce
sous-entend un rapport de domination à l’égard des pauvres. En effet, dans n’importe quelle
circonstance, les PED resteront toujours perdants dans l’échange international. La principale cause
en est la grande différence entre les produits échangés soit des produits agricoles contre ceux
manufacturés, occasionnant également un écart de prix.
L’analyse de Karl Marx rejoint les constats et conclusions d’Arghiri Emmanuel. Il ne renie
pour autant pas les gains liés au libre-échange. En ces termes, ce théoricien considère le commerce
international comme étant générateur de profits pour la classe des capitalistes. L’échange
international se résume en un rapport de domination entre pays riches et pauvres.
B. Protection des industries naissantes
La recherche d’une voie pour s’industrialiser dans les pays en développement trouve son
fondement à travers l’application des mesures protectionnistes. Celles-ci permettent de réaliser des
3 Mme RAJAOSON Lalao 2013, Economie industrielle, 4è année économie
17
économies d’échelles, de réduire le coût moyen par rapport à celui des entreprises étrangères, et se
trouvent donc nécessaires du moins jusqu’à ce que le pays dégage un avantage comparatif dans un
type de produit (Kaldor, 1966), Cohen et Zysman (1987) compléteront cette théorie tel que le
protectionnisme traduit une tendance pour un pays vers l’industrialisation. La protection des
importations contribue à promouvoir les exportations (Krugman, 1984). Les entreprises locales ne
seront tout autant performantes que celles étrangères sans avoir acquis une marge d’expérience
nécessaire.
C. Théorie du vol de l’oie sauvage : Kaname Akamatsu
Akamatsu admet la réalité et l’irréversibilité de l’épanouissement du commerce
international. Tous les pays trouvent un intérêt dans le commerce international. Ce dernier offre
aux pays industrialisés les matières premières et autres produits dont ils ont besoin ; et procure
parallèlement pour les pays en développement les recettes d’exportation nécessaires à leur
industrialisation et au remboursement des emprunts. Pourtant, chaque pays impliqué dans le
commerce international appartient à une branche particulière d’une hiérarchie industrielle donnée,
correspondant à leurs niveaux de développement. Autrement dit, la globalisation nécessite une
coopération entre pays industrialisés ou non. Kaname Akamatsu démontre ainsi qu’un pays doit
néanmoins se spécialiser dans les productions pour lesquelles ils sont plus ou moins efficaces,
promouvoir l’exportation mais également procéder à une industrialisation par étape. En outre, il
avance surtout que la libéralisation en général, et la concurrence internationale en particulier ne
peuvent être justes et équitables sans la mise en œuvre d’une législation concrète.
Ce fut dans ce sens que diverses institutions furent créées pour répondre à cette
conditionnalité réglementaire et en vue par dessus tout de développer les échanges internationaux.
Cette initiative eût apparemment porté ses fruits. La réalité actuelle, caractérisée par la
connectivité et l’interdépendance entre les pays et surtout l’évolution du commerce mondial,
témoigne largement de ce fait. Par conséquent, ce bref débat théorique eût le mérite de revoir la
genèse du commerce international, et d’exposer les différents points de vue théoriques sur ce sujet.
La conclusion en est claire : tout pays peut et doit profiter des gains issus du libre-échange. Le
libre-échange constitue à long terme une source de prospérité et de croissance économique, même
si certaines mesures de protection des industries et du marché local se trouvent, de temps à autre,
nécessaires.
18
CHAPITRE II : ENJEUX DE LA MONDIALISATION ET DU LIBRE-ECHANGE SUR
LA CROISSANCE ECONOMIQUE
À la suite de cette simple rétrospective théorique, le présent chapitre se tournera
davantage vers les faits et réalités actuels, à l’appui quelques exemples de pays ayant perçu les
fruits du libre-échange, mais également ceux n’ayant pu s’intégrer entièrement au commerce
international.
La montée en puissance de la mondialisation constitue l’un des faits saillants de la fin
du XXe siècle. À ce concept doit toujours s’allier la libéralisation des échanges. Selon Kemel
Dervis : « on ne peut évidemment attribuer cette accélération de la croissance tout simplement à la
mondialisation. La croissance que les économistes mesurent est, par définition, due à
l‘augmentation des ressources investies et à l’augmentation de la productivité de ces ressources.
Mais l’accélération de la croissance est allée de pair avec l’évolution du commerce international,
en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), une augmentation des flux financiers
transfrontaliers et une intégration de plus en plus poussée des structures de production à l’échelle
mondiale »4.Ce chapitre vise ainsi à démontrer le rapport entre le libre-échange et la croissance
économique, dans le contexte de la mondialisation, à la lumière d’une étude des cas particuliers
des pays émergents et de ceux en développement.
Section 1 : Dimensions économiques de la mondialisation
I. Approche conceptuelle
Il convient au préalable de cerner ces trois concepts, avant d’entrer dans l’analyse des
enjeux du libre-échange sur la croissance économique face au contexte de la mondialisation.
A. Concept de mondialisation
Les définitions de ce terme soulignent l’indissociabilité de la mondialisation au libre-
échange. « La mondialisation peut se définir comme un processus par lequel
l’interdépendance entre les marchés et la production de différents pays s’accroissent sous
4 DERVIS Kemel, Août 2000, in « Croissance, mondialisation et pauvreté, élément de débat et perspectives d’avenir », leçons inaugurales n°8, IED.
19
l’effet des échanges de biens et de services ainsi que des flux financiers et technologiques»
(Commission européenne, 1997).
Plusieurs auteurs tendaient également à concilier ces deux concepts, on entend par
mondialisation : «la propagation de la libre-circulation des biens, des services, des capitaux,
des hommes, des idées entre tous les pays en faisant abstraction aux frontières politiques qui
les séparent » (Antoine Ayoub, 1998).
Outre, l’expansion du commerce, le phénomène de la mondialisation se traduit également
par :
l’ « interdépendance » des pays due à l’échange, l’accroissement des flux financiers,
l’accélération des IDE ou Investissement Direct Etranger, l’évolution technologique et la diffusion
de l’information. Par conséquent, d’une manière abstraite l’espace géographique se trouve réduite
car les événements, décisions et activités à n’importe quel point du globe peuvent toucher les
individus nulle part ailleurs. Ce fait sous-entend également l’effacement des frontières nationales ;
un « conflit de souveraineté », issu directement de cette interdépendance croissante des
transnationaux. De ce point nait la réflexion si les récentes crises résulteraient de cet aspect de la
mondialisation ;
une « complexité systémique », du fait de l’intensification du système mondial, et affectant
directement les secteurs d’activités et leur autonomie.
.
B. De la pauvreté à la croissance économique
Le concept de pauvreté soulève un manque de ressources, d’éducation, de sécurité. Ainsi,
on distingue la pauvreté « absolue », mesurée par le minimum vital ; autrement dit, les exigences
minimales pour une vie décente. La pauvreté « relative » suppose la comparaison des conditions
de vie d’un groupe par rapport à un autre vivant dans un même milieu ou environnement. Cette
approche est fort innovante, et témoigne de l’inégalité de développement entre les régions, voire
les pays. En effet, un individu classé pauvre dans les pays développés disposera d’un revenu
supérieur à celui d’un autre appartenant à la classe aisée ou moyenne dans un pays moins
développé. La croissance économique est un changement durable de dimension, de structure et
conduisant, en principe, à des progrès économiques et sociaux5. Ce processus permet certes à la
5Lexique économique
20
population d’accéder à un niveau de vie plus décent ; n’empêche, elle ne constitue pas une
condition suffisante pour réduire la pauvreté. Celle-ci constitue un phénomène
multidimensionnel : psychologique, politique, social, culturel. De récentes études dont celle
d’Amartya SEN6( Prix Nobel 1998) incluent des facteurs extra-économiques dans l’approche de la
pauvreté et du développement. Chaque individu devrait avoir les moyens et la liberté selon la
théorie de la justice de Rawls, pour améliorer leur niveau de vie. Divers points entrent dans cet
ordre d’idée, tels la promotion de l’éducation, l’accès à la santé, à un environnement stable.
II. Lien entre mondialisation et croissance économique
La portée de la mondialisation sur l’économie suscite d’énormes controverses à la suite de
la crise des Subprimes. Aussi, la mondialisation est-elle toujours porteuse de croissance
économique ? Cette question fut par ailleurs, l’objet d’un débat, afin de trancher entre deux points
de vue totalement contradictoires : d’un côté, le courant de la mondialisation reste un exemplaire
vecteur de croissance ; de l’autre, il constitue un facteur d’inégalités, de fragilités, en un mot de
pauvreté.
A. Mondialisation, source de croissance économique
Les privilèges liés à la mondialisation sont nombreux tel qu’elle constitue une opportunité
unique pour les pays en développement de relancer leur économie, et de se développer.
a. Mondialisation, spécialisation et IDE
Dans la course aux profits et vu la concurrence véhiculée par le vent de la mondialisation,
les firmes tendent à se délocaliser vers des endroits où ils pourront trouver un avantage
comparatif ; par exemple vers des pays où le facteur travail existe en abondance et à un coût moins
cher pour les industries à haute intensité de main-d’œuvre. Cette illustration rappelle la théorie
HOS. La mondialisation contribue à compléter les marchés nationaux par celui mondial, par le
biais de la réduction des tarifs douaniers et des coûts de transport. Elle permet également
l’amélioration de la productivité des facteurs grâce au transfert technologique. Cette diffusion
profite notamment aux pays du Sud. Par exemple, le décollage de l’économie japonaise s’explique
en partie par la formation d’étudiants dans le domaine de la technologie au sein des pays
6Mr RAKOTOVAO Hery, 2012, Développement et croissance, 3è année économie
21
occidentaux. Ce transfert de compétence et de technologie s’élargit par les clauses au niveau des
IDE7. À partir de l’an 2000, les IDE représentaient 3,5% du PIB mondial.
b. Autres avantages liés à la mondialisation
Il est à noter d’abord que la mondialisation n’engendre de fuite de richesses car les
échanges s’équilibrent par la politique de change. En outre, d’autres critiques à l’égard de ce
courant se trouvent également infondées, dont l’hypothèse de destruction d’emploi dans les pays
du Nord issue de la délocalisation, vu les faits empiriques comme le développement industriel
mais également l’apparition de nouveaux secteurs-clé comme les nouvelles technologies de
l’information et de la communication ou les NTICs. Outre le paradoxe de Leontief justifie qu’un
pays, comme les Etats-Unis par exemple, ne doit pas obligatoirement se spécialiser selon sa
dotation factorielle. L’idée d’exploitation des pays riches ou du Nord par rapport à ceux du Sud,
est contredite. Un effort d’industrialisation de ces derniers suffit à les soulever du titre de
fournisseurs de matières premières. Ainsi ces pays ne seront plus forcément dépendants sur le plan
économique ou financier, du moins une certaine partie. Par ailleurs, selon le théorème de
Rybczynski, si un des facteurs de production tend à varier, la production d’un pays se déplace
aussitôt vers le bien le plus intensif en ce facteur. La Chine et l’Inde ont suivi cette théorie à la
lettre et ont abouti à leur niveau actuel de développement, soit : un taux de croissance ne
descendant généralement pas au dessous de 6% ces dernières années. Si tels sont les gains promis
par la mondialisation et le libre-échange, que dire de ses inconvénients ?
B. Mondialisation et pauvreté
Dans quelle mesure la mondialisation constitue-t-elle une source de distorsions
économiques ? L’emploi est principalement tributaire du vent de changement apporté par la
mondialisation, outre le fait que celle-ci peut engendrer des inégalités tant sur le plan économique
que social.
a. Mondialisation et emploi
Il faut au préalable remarquer que la mondialisation est tant créatrice que destructrice
d’emplois. Ce second effet l’emporte sur le premier, compte tenu surtout du fait de la
délocalisation des FMNs et de la mécanisation des tâches. Or le chômage constitue un trait
fondamental de la pauvreté. Force est de constater que ces suppressions d’emplois sont moins
7 Mr RAMIARISON Herinjatovo, 2013, Imperfections du marché,4è Année économie
22
élevées à première vue, mais les difficultés y afférentes ne peuvent être négligées pour l’action
publique. Ces pertes d’emplois résultent notamment :
Des décisions politiques de libéralisation des échanges ainsi que de la hausse des
investissements, à travers la levée des droits de douane
La suppression des frontières douanières privilégie l’entrée des produits plus compétitifs
en provenance des pays étrangers. Les pays émergents tiennent un rang favorable concernant
leurs exportations vers les pays industrialisés. D’où, la baisse de la compétitivité des produits.
Même les pays développés n’exemptent à ce principe, on parle alors de désindustrialisation. Le
secteur textile accaparé par la Chine fut le premier à être touché par cet afflux des produits
étrangers des pays émergents sur le reste du monde.
Des processus de délocalisation
La perte d’emploi dans les pays de l’OCDE représente un fait saillant des conséquences
négatives de la mondialisation. La délocalisation des industries et des services de certains pays du
groupement, la moitié environ en 2004, vers l’Asie, l’Afrique du Nord et l’Europe centrale
entrainait le licenciement de bon nombre de salariés. Par ailleurs, les secteurs les plus touchés
sont ceux nécessitant une abondance en main d’œuvre. Par la même occasion, cette délocalisation
est source d’emplois pour d’autres membres de l’organisation à savoir : la Corée ou le Mexique,
permettant un rattrapage industriel pour ces derniers. Vue sous cet angle, la mondialisation
contribue à l’industrialisation des pays en developpement au détriment de ceux industrialisés,
d’autant plus qu’elle fut porteuse de nouveaux emplois dans le domaine de l’informatique. Il ne
faut cependant tirer une conclusion trop hâtive, la performance de ces pays ne s’en trouve pas
moins estompée : ils disposent certes d’autres potentiels en matière d’agro-alimentaire, ou dans le
domaine de la chimie. Aussi, les pays en développement ressentent malgré tout quelques
difficultés face aux autres aléas et risques de la mondialisation.
b. Mondialisation, vecteur de fragilités économiques
Avec l’avènement du phénomène de la mondialisation au début du XXe siècle, s’est accru
le fossé écartant le pays riches de ceux en développement. En fait, la production par habitant a
beau augmenté, n’empêche, la répartition du revenu dévoile cette grande différence. En d’autres
termes, il faut considérer les indicateurs sociaux de développement tel l’IDH, axés sur le niveau
d’éducation et l’espérance de vie ; et pas uniquement les données sur le revenu.
23
Dépendance sur le plan économique et financière
Dans une optique, cependant à court terme, de fortes fluctuations peuvent détériorer la
balance des paiements. L’impact d’une chute du cours des matières premières ou la hausse du prix
du pétrole n’est pas nouveau. La spécialisation recommandée par les théories libre-échangistes et
imposée par le contexte actuel de la mondialisation, porte ainsi préjudice aux pays les moins
avancés et dont l’économie n’est pas assez diversifiée. On souligne également que la promotion
des exportations, bien que celles-ci aient un impact considérable en matière d’apport de devises et
donc d’appréciation de la monnaie nationale, contribue au détriment de la demande intérieure. Cet
impact n’est pas réellement concret en temps normal, à l’inverse, en période de crise, ses
retombées sont plus lourdes. Dans ce sens, la supériorité des investissements étrangers vis-à-vis de
ceux dits domestiques implique une plus grande dépendance envers l’extérieur. Or vu la crise des
Subprimes, une des évolutions permises par la mondialisation fut l’émergence d’un marché global
et une plus forte mobilité des capitaux. Ainsi, cette crise a suscité le rapatriement massif de
capitaux des pays du Sud, reposant sur les IDE vers ceux du Nord, pour pouvoir affronter les
difficultés financières et les risques de placement. Tous ces points rejoignent l’idée fondamentale
de protectionnisme éducateur de List afin de fonder au préalable une base solide pour l’économie,
avant de s’ouvrir aux risques du libre-échange et des aléas des investissements et financements
extérieurs en période d’instabilité économique. Le Japon a par exemple suivi sous la théorie du
« vol de l’oie sauvage d’Akamatsu » ce modèle de développement, en appliquant de fermes
barrières douanières et en renforçant le marché intérieur, période pendant laquelle, il a pu forger le
domaine technologique. Par ailleurs, les pays émergents sont presque tous passés par ce système
comme nous le verrons dans la section suivante.
Mondialisation, vecteur d’inégalités
La mondialisation ne détruit pas effectivement, comme vu supra, l’emploi mais y intègre
une plus grande marge de qualification. Par conséquent, les créations d’emplois concernent la
totalité d’entreprises et populations diffuses tandis que sa suppression est réservée à une fraction
moins qualifiée. Il s’agit donc plus précisément d’un déplacement de qualification et non de
destruction d’emplois. Cette inégalité s’est d’autant plus accrue compte tenu que le taux de
chômage ait grimpé à 188 millions de chômeurs dans le monde en 2003, d’après les estimations du
BIT. L’abolition des frontières rend la répartition des richesses ou revenus créées plus complexe,
car il est d’autant plus difficile de taxer compte tenu de la forte mobilité des capitaux. À ce fait
s’ajoutent les fraudes, détournements et corruption que le gouvernement ne parvient plus à
24
contrôler. Outre le rapport gagnant-perdant entre ouvriers qualifiés et non qualifiés, ou encore
d’une manière plus générale entre personnes instruite et analphabète ; les impacts de la
mondialisation concernent également le plan social, notamment, la marginalisation des femmes.
D’où, les politiques de distorsion et les réglementations en faveur de la gent féminine au niveau de
l’entreprenariat des PME ou Petites et Moyennes Entreprises.
Le libre-échange favorise la croissance sur le long terme, mais des mesures
protectionnistes sont cependant à envisager dans certaines circonstances telles en période de crise.
La section suivante procédera ainsi à une vérification empirique de ce propos.
Section 2 : Tendance du libre-échange sur la croissance économique dans le contexte de la
mondialisation, des résultats empiriques concluant le débat protectionnisme versus libéralisme
L’ouverture au commerce international devient indéniable face aux défis de la
mondialisation. À l’heure actuelle, chaque pays perçoit différemment les fruits de la
mondialisation d’où une hétérogénéité croissante du monde. L’ouverture aux échanges
internationaux durant ces dernières décennies débouche certes sur deux principaux effets :
l’émergence de nouvelles puissances mondiales dont l’Europe de l’Ouest, l’Asie et l’Amérique du
Nord ou la triade ; et la marginalisation croissante de certaines régions dont celles africaines, et de
l’Amérique latine principalement.
I Libre-échange, une opportunité pour les pays en développement
Nul n’est sans savoir que le développement des échanges commerciaux au lendemain de la
révolution industrielle a contribué à l’accès de certains pays à leur rang actuel de premières
puissances mondiales. D’autres pays, comme ceux émergents et les nouveaux pays industrialisés,
ayant suivi cette lignée, collectent aujourd’hui les fruits du libre-échange. On peut citer dans ce
cadre, l’exemple aberrant de la Chine.
Cas de la Chine
Partant d’une économie isolée et autarcique, cette nouvelle puissance économique
mondiale8 trouve le fondement de son essor économique exceptionnel en partie dans la
8 Annexe 1 : Evolution du PIB et du taux d’intérêt de la Chine de 1998 à 2011
25
libéralisation des échanges. En effet, il ne faut contredire le fait que ce pays avait auparavant
adopté certaines mesures de protectionnisme régional. Ce fait résulte des guerres commerciales
des produits tels la laine entre les régions dans les années 80. Ce protectionnisme forgeait d’une
certaine manière le système productif. Celui-ci acquiert une plus grande notoriété et compétitivité
en n’ayant à faire face à la concurrence étrangère : protectionnisme éducateur de List. Ce ne fut
que dans le cadre des reformes de politique économique que l’ouverture internationale de
l’économie chinoise et la baisse des droits de douane se sont réellement matérialisées. Cette
intégration interne va de pair avec une intégration interne marquée par la baisse du
protectionnisme régional9. La Chine a certes commencé à ouvrir son économie à la fin des années
70, et rompait avec sa totale autarcie en adhérant au sein du FMI ou Fonds Monétaire International
et de la Banque Mondiale ; puis au niveau du GATT ou General Agreement on Tarifs and Trade.
À l’heure actuelle, les conventions et accords commerciaux vis-à-vis de la Chine sont en
croissante perspective pour de nombreux PED, en ne parlant que ceux entre la Chine et
Madagascar. Divers autres pays dits émergents se sont développés par le libre-échange,
notamment grâce à ce protectionnisme éducateur, dont l’Inde, le Brésil, ou encore l’Afrique du
Sud.
II Pays en développement face aux aléas du libre-échange et la concurrence mondiale10
La libéralisation des échanges fondée sur une base industrielle solide constitue la recette du
développement et de la sortie de la pauvreté, en se basant sur le cas de la Chine. Cependant, bien
que cette politique figure au centre des stratégies économiques des pays en développement,
certains ne parviennent toujours pas à s’intégrer véritablement au commerce international.
L’analyse des contraintes des pays en développement à travers l’exemple de l’Afrique
subsaharienne contribuera à appréhender davantage cet obstacle commun aux PED.
Cas de l’Afrique subsaharienne
Selon le rapport sur le commerce et le développement de 2012, la balance commerciale de
l’Afrique subsaharienne s’avère défavorable, soit uniquement une hausse de 2,9% du volume des
exportations en 2011 par rapport à 2010, contre une forte augmentation de 7% des importations
9 Annexe 2 : Evolution de la balance commerciale de la Chine de 1998 à 2011 10 Annexe 3 : Comparaison des exportations et importations de quelques pays en développement de 1996 à 2011
26
durant cette même période. Ces chiffres sont faibles à l’égard d’autres pays figurant dans cette
même catégorie c’est-à-dire en développement. Par exemple, la variation du volume des
exportations de l’Asie occidentale fut de 12,7% contre 3,8% pour les importations en 2011.
Compte tenu des statistiques et calculs du CNUCED, les pays en développement (à l’exception
évidemment de la Chine et de l’Inde et dans une moindre mesure de l’Afrique du Sud) surtout
ceux du continent africain présentent un mal commun qu’est le déficit commercial et
l’impossibilité d’intégration au commerce international. Ceci est dû à l’insuffisance et la précarité
des infrastructures de ces pays, mais peut également être appréhendé à un mauvais choix de
spécialisation. Selon un bref historique, depuis la période de libéralisation, ce pays eût toujours à
honorer ses importations malgré la détérioration des termes de l’échange. Par conséquent, il doit
toujours recourir à l’endettement. Durant ces dernières décennies, il n’y eût de grande évolution.
Divers pays évoluent autour de cette même tendance. Leurs principales contraintes résident
principalement dans les retombées du pacte colonial11 c’est-à-dire l’économie de traite, ainsi que
dans la faiblesse structurelle face à la concurrence étrangère.
Conclusion de la première partie
Les divers écrits et revue de littérature développés tout au long de cette première partie
ont permis de mettre en relief le caractère multidimensionnel, ainsi que les multiples facettes de la
libéralisation des échanges dans le contexte de la mondialisation. À long terme, la mondialisation
restera un facteur de croissance ; toutefois, des mesures protectionnistes s’imposent dans certaines
circonstances afin de favoriser un développement équilibré. L’exemple emblématique des pays
émergents vérifie une fois encore ce constat. Dès lors, si le libre-échange constitue a priori une
source de croissance économique ; comment expliquer le retard de développement des pays
comme Madagascar ?
11Mme RAJAOSON Lalao, 2013, Economie industrielle, 4è année économie
27
PARTIE II : PERSPECTIVES DE CROISSANCE ECONOMIQUE
PAR LE BIAIS DU LIBRE ECHANGE, LES CHANCES POUR
MADAGASCAR
Au lendemain de l’indépendance, précisément au début des années 80, dans le cadre du
Programme d’Ajustement Structurel, la libéralisation des échanges a été placée au centre des
différentes séries de stratégie et plan de développement mises en œuvre à Madagascar. Celui-ci,
à l’instar de nombreux pays en développement, a décidé de profiter des gains issus du libre-
échange. Cependant, les faits l’attestent, et nul ne peut contredire l’état d’extrême pauvreté dans
lequel vit la quasi-majorité des malgaches. Outre, la balance des paiements de la Grande-île
affiche un solde commercial déficitaire. Comment expliquer ce déficit chronique, et comment le
résoudre surtout ? Cette présente partie mettra l’accent sur ces deux questions. Elle se
subdivisera en un premier chapitre traitant de la situation économique et du commerce extérieur
à Madagascar, le second sera consacré aux stratégies de développement de ce secteur d’activité,
notamment via la promotion des exportations.
28
CHAPITRE I : ECONOMIE MALGACHE ET COMMERCE EXTERIEUR
La première partie a largement mis en exergue le lien de causalité entre le commerce
extérieur. En vue de consolider une fois de plus les propos théoriques développés antérieurement,
nous discuterons du cas propre de l’économie malgache. Pour ce faire, il est au préalable
nécessaire de rappeler brièvement l’évolution du commerce extérieur à Madagascar, de préférence
sur la période entre 2003 et 2013 afin d’y cerner l’impact de la double-crise. La seconde section
étalera par la suite les liens de causalité entre le développement des échanges commerciaux et la
croissance économique.
Section 1 : Etat des lieux de l’évolution de la situation économique et du commerce extérieur
malgache entre 2003 et 2013
I. Rétrospective de l’évolution de la situation économique du pays entre 2003 et 2013
A. Fragilité économique et situation de pauvreté à Madagascar
L’économie s’est progressivement rétablie à la suite de la récession de 2002, année
pendant laquelle le PIB a régressé de 12,7%. Ce redressement résulte essentiellement de la
stimulation de la demande12 tant au niveau interne qu’externe. Celle-ci fut boostée grâce au
renforcement des relations avec les partenaires commerciaux dont notamment les accords
avec les Etats-Unis dans le cadre de l’AGOA. Le PIB par habitant a connu une certaine
hausse en passant à 7%, s’il était de -14,7% en 2002, ceci peut s’expliquer par un faible taux
de croissance démographique de 2,8% enregistré sur l’année 2003. Il faut néanmoins noter
que cette croissance économique fut moins importante par rapport à celle affichée par la
période d’avant-crise. Certes, la crise de 2002 engendrait un coup d’arrêt sur l’évolution
économique de 200113. Le PIB ne retrouvera réellement ce niveau qu’en 2004. En effet, une
hausse du PIB de 14,3% fut constatée entre 2003 et 2004, c’est-à-dire cet indicateur est passé
de 1430,7 à 1635 milliards de FMG (prix de base de 1984). Cette reprise fut suivie d’une
période de ralentissement voire de récession économique durant l’année 2005. Ce fait est en
partie dû à une forte inflation ayant essentiellement frappé les produits de consommation. Par
conséquent, après une progression de 5,3% réalisée en 2004, le taux de croissance du PIB est
tombé à 4,6% en 2005. Cependant, cette inflation ne fut que temporaire car en 2006, la baisse
12Une relance de la demande via une politique monétaire et un système fiscal plus flexible 13 Annexe 4: Evolution du PIB 2001-2003
29
du prix et la hausse de l’épargne contribueront de nouveau à améliorer la situation
économique malgache. Ainsi, le PIB a légèrement augmenté de 4,9% cette année contre les
4,6% de 2005. Les années 2007 et 2008 confirment également cette même tendance à la
hausse. Le taux de croissance a connu une augmentation de 6,2% en 2007, due à la mise en
œuvre des projets de gisement minier, à l’accroissement de la demande extérieure et enfin, au
développement des secteurs d’activités dont ceux primaire et secondaire particulièrement
(BCM,2007). Enfin concernant l’année 2008, la croissance économique se poursuivait par une
augmentation de 7,2%. Cette situation fut tirée par l’accélération des investissements et le
développement sectoriel dont en grande partie celui des services. Le PIB par habitant est
passé de 3,3% en 2007 à 7,6% en 2008.
L’ENSOMD ou l’Enquête Nationale de Suivi des Objectifs du Millénaire pour le
Développement note la précarité et la détérioration du niveau général de vie de la population
malgache14comme le montre le tableau sur l’évolution de l’indicateur de développement
humain ou IDH15 en annexe. Depuis 2009, Madagascar figure, avec la Mozambique et la
République Démocratique de Congo, parmi les pays à faible développement humain16.
B. Evolution actuelle
À une croissance négative de -1% en 2009, se succéda une reprise de l’économie
malgache avec un taux de 0,7% en 2010, puis diminuant à 0,5% en 2011. Les prix sont restés
stables. Si le taux annuel d’inflation avait été de 11,6% entre 2005 et 2008 ; ce taux connaitra une
notable baisse à 9,1% sur les trois années de 2009 à 2012, puis une légère hausse sur le premier
trimestre de 201317. Une trajectoire de croissance commençait néanmoins à se tracer malgré
également la crise mondiale ayant eu de lourdes conséquences sur de nombreux autres pays.
Parallèlement la croissance économique, encore faut-il parler de croissance car le mot est incorrect
vu le taux négatif de 2009, et faible ne dépassant les 1%, ne suit pas l’évolution démographique.
Les recensements montrent un accroissement de 2,5 millions de malgaches de plus qu’en 2008. Or
en 2012, le revenu par habitant était de $ 100 inferieur à la normale. L’année 2013 s’est
caractérisée par une légère reprise, précisément une constante évolution de la croissance
économique. En effet, la vulnérabilité du système économique malgache constitue toujours un fait
14 Annexe 5 : Evolution de la proportion de la population vivant en dessous du seuil de la pauvreté, à partir de 1993 par rapport à l’objectif cible 2015 15 Annexe 6 : Composantes de l’IDH 2003-2012 16Vice-Primature chargée de l’Economie et de l’Industrie, rapport de mise en œuvre des programmes, 2012 17 Annexe 7: Variation mensuelle du taux d’inflation 2011-2013
30
saillant. Le rapport de la Banque Mondiale à travers une note de conjoncture économique
trimestrielle, le « Madagascar Economic Update » datant d’octobre 2012 avec une prévision pour
2013, montre en termes de PIB la récession de l’économie malgache sur ces cinq dernières
années18. Certes, plusieurs secteurs témoignent de cette précarité et fragilité, excepté quelques
uns ayant renoué avec la croissance. Cette période enregistrait en matière de création d’entreprise
un fort recul correspondant à -36,9 % en 2013 contre -4,4% pour 2012. En outre, la production
sectorielle est tributaire de la baisse des investissements et de l’emploi, soit une perte matérialisée
par la diminution de nombre de travailleurs affiliés à la CNAPS ou Caisse Nationale de
Prévoyance Sociale allant de 6,7% à -10,2% de 2012 à 2013. La consommation d’énergie
électrique toutes branches d’activités confondues a régressé de 7,7% au premier semestre de 2012
à 2,6 %, même période pour 2013. Par contre, le secteur financier s’est largement développé, cela
se traduit par la prolifération de la micro-finance, débouchant sur un rebond de la demande de
crédit de 11,5%, pour 4,6% seulement en 2012. En outre, ces dernières années se caractérisaient
par la recrudescence du secteur informel dont la contraction du marché du travail en est
partiellement la cause. L’enquête nationale sur le suivi des OMD ou ENSOMD à Madagascar
affichait un récent état des lieux sur l’évolution du pays sur le plan social et les efforts restant à
engager d’ici 2015. Il existe bon nombre de chemin à faire et « aucune des cibles fixées ne sera
atteinte » (ENSOMD, 2012)
Cette section a permis d’évaluer le retard économique, le degré de la pauvreté ainsi que la
dégradation du niveau de vie de la population à Madagascar. Que penser actuellement des
tendances du commerce international et de la place de la Grande-île dans ce contexte ?
II. Rétrospective sur l’évolution des échanges commerciaux de Madagascar entre 2003 et
2013
A. Structure du commerce extérieur de Madagascar
La compétitivité commerciale d’un pays se mesure à l’aide du solde de la balance
commerciale, ou de la différence entre la valeur des exportations et celle des importations. Il s’agit
de la valeur, c’est-à-dire de la quantité pondérée par le prix. Celui-ci permet en fait de gérer les
flux commerciaux par le biais d’une politique de change19. Nous verrons ce volet après un bref
aperçu de la situation du commerce extérieur malgache, caractérisé par un déficit chronique.
18 Annexe 8 : Variation du PIB 2008-2013 19 Cf. partie I
31
a. Déficit chronique des termes de l’échange
La reprise des activités économiques à la suite de la crise de 2002 émane en partie de
l’accroissement de la demande étrangère. Ce contexte fut par ailleurs marqué par l’adhésion de
Madagascar au niveau du COMESA, outre le développement des relations commerciales avec la
France, le Canada et récemment l’Inde et la Chine ; ainsi que par les divers autres projets afin de
promouvoir les entreprises exportatrices. Malgré toutes ces initiatives pourtant, la balance des
paiements affiche toujours un déficit au niveau du solde commercial. Nous allons justement
justifier ce constat.
Ce déficit est lié à la structure même du commerce extérieur, Madagascar exporte
généralement des produits à faible valeur ajoutée, or il lui est impossible de contracter ses
importations, celles-ci sont incompressibles : biens d’équipement, intrants et autres matières
nécessaires au développement industriel tel le pétrole. Par conséquent, une hausse des exportations
s’accompagne toujours en général d’une augmentation des importations.
En outre, la vulnérabilité du commerce extérieur dans un contexte de crise tant politique
qu’économique constitue un facteur explicatif de cette détérioration des termes de l’échange. Les
crises et instabilités politiques entrainent certes le dysfonctionnement, voire l’arrêt du cours
normal des activités économiques. L’année 2003 affichait un déficit de 181,5 millions de DTS,
contre un déficit de 36,4 millions de DTS en 2002 et un excédent de 11,6 millions de DTS en
2001. En effet, la hausse des exportations durant cette période s’est accompagnée d’une
augmentation des importations. Les exportations ont repris après 2002, passant de 375 à 611,6
millions de DTS, une hausse relativement considérable comparée à 2001 avec 757,9 millions de
DTS (BCM, 2002). Cette augmentation provenait d’une forte productivité des zones franches
industrielles, de la réexportation des produits pétroliers, enfin d’une hausse de 71% par rapport à
2001 des prix de la vanille. L’augmentation des importations quant à elle relève de la levée des
taxes sur les produits entrainant pour certains de ces derniers un taux d’accroissement supérieur à
100%.
L’état des importations et exportations suivra cette même tendance en 2004. Bien que
l’importation de certains produits comme ceux alimentaires ait été réduite, (soit une baisse de
27,3% pour cette catégorie de bien), d’autres groupes affichaient une augmentation. En font
respectivement partie : les produits pétroliers ( ayant varié de 43,4% par rapport à 2003 ), les
produits de la Zone Franche (avec une hausse de 79,8%), les biens d’équipement (+57,9%), et un
faible accroissement en ce qui est des matières premières et des biens d’équipement soit 15,3%.
32
Ces hausses sont imputables à la mesure de détaxation entreprise depuis 2003, ainsi qu’au
développement des Zones Franches. L’évolution des exportations (soit une augmentation de 8,1%)
n’a pas suffit à combler cette hausse en valeur des exportations, d’où un déficit apparemment
moins élevé par rapport à 2003. Le déficit commercial va de nouveau se creuser en 2005, et
s’évalue à 100 millions de DTS. La raison en est la diminution des exportations respectives des
produits de la Zone Franche (baisse de 12,2%), de la vanille soit une chute de 70 millions de DTS
en une année seulement, enfin de la pèche crevettière, diminution imputable à la révision des
normes sanitaires des produits en destination de l’Union Européenne. Parallèlement, les
importations ont été en général restreintes de 3,3%, mis à part quelques produits à savoir l’énergie
et le riz, ayant subi une hausse des prix. Le déficit de la balance commerciale était passé de 401,8
à 371,7 millions de DTS entre 2005 et 2006. Les importations accusent une hausse de 5,3%,fondée
sur l’augmentation de 9,4% des matières premières importées, et de 29,5% concernant les
entreprises franches, enfin à l’inflation du pétrole engageant une hausse de 17,1% et une
diminution du volume importé de 0,4%. D’un autre côté, les exportations ont également augmenté.
En sont concernés : la vanille et le café après une hausse du prix international de ces types de
produits, la filière crevettière ; mais également et surtout les minerais, passant de 7,9 à 12,5
millions de DTS sur la période de 2005 à 200620. L’année 2007 fut caractérisée par la mise en
œuvre d’une stratégie de développement de relève au DSRP.
Il s’agit du MAP ou Madagascar Action Plan, dont nous approfondirons plus en détail
ultérieurement. Une forte hausse frappait la quasi-majorité des prix des produits importés en 2007.
Cela était dû à l’évolution des cours mondiaux, à l’accroissement des investissements, et aux aléas
climatiques, faisant alors grimper le volume importé de riz cette année. À titre de remarque,
l’Accord Multifibre21 n’a pu stopper l’accroissement annuel des importations des entreprises
franches. Les exportations ont également progressé de leur côté, mais pas au même rythme que les
importations, autrement dit une hausse de 20,7 contre 40,4%. Par conséquent, le déficit
commercial s’est aggravé par rapport à 2006, et se chiffre à 655,1 millions de DTS, s’il n’était que
de 372,4 millions de DTS en 2006. À la veille de la crise de 2008, l’état de la balance
commerciale faisait ressortir un important solde déficitaire, allant de 655,1 millions de DTS en
2007 à 1317,1 millions de DTS en 2008. Les exportations n’ont connu qu’une hausse de 1,9%
durant cette année comparativement aux 21,3% réalisée en 2007, or les importations aussi ont
relativement augmenté de 46,3%. Paradoxalement, le déficit commercial a été réduit sur l’année 20 Annexe 9 : Evolution de la balance des paiements 2003-2006 21Accord favorisant les flux commerciaux (import-export), entre les pays développés et les PED essentiellement les pays de l’Afrique Sub-saharienne en matière de produits textiles.
33
2009, malgré le contexte de la crise politique. En effet, il est passé de 1204,9 à 1034,2 millions de
DTS pour 2009. Cette légère reprise est attribuable à une contraction de 15,9% des importations,
mais également des exportations avec une baisse de 18,4%. Cette baisse résulte du
dysfonctionnement voire l’arrêt de la vie économique issue de la crise, du recul des
investissements, et de la suspension de certains accords commerciaux. Ce dernier volet eut surtout
un impact sur les ZFI, ayant supprimé leurs carnets de commande. Concernant les importations, la
baisse à une valeur de 676 millions de DTS contre les 828,9 millions de DTS de 2009 réside
surtout dans la diminution des prix. Cette diminution touchant les produits traditionnels : cacao,
café, vanille, mais également le minerai de chrome et les produits de la Zone Franche. Néanmoins,
les volumes exportés de quelques produits n’ont pas baissé, à savoir le girofle et le sucre. Le
redressement de la balance commerciale en 2009, pour rappel 1081 millions de DTS, s’enchainait
en 2010 par la réduction du déficit de ce solde à 705 millions de DTS. Les importations ont été
réduites pour cette période, malgré une hausse constatée pour certains biens dont ceux
alimentaires surtout du fait de l’augmentation des cours mondiaux soit une baisse de 20,2%. Les
exportations ont par contre augmenté de 2,9% par rapport à l’année précédente, une hausse
relative à l’inflation (pour la vanille et le girofle surtout malgré une baisse du volume exporté pour
celui-ci). Les entreprises franches ont été par contre victimes de la suspension des accords de
l’AGOA, d’où une tendance à la baisse de leurs exportations. Les produits de la Zone Franche
occupent les 45,7%du total des exportations contre les 52,5% en 200922.
Le ralentissement de la production après la crise témoigne aussi du manque de
compétitivité de la filière crevettière en 2010, soit une pente décroissante de leur volume exporté :
3493,5 tonnes en 2009 et 2873,3 tonnes en 2010. Enfin, sur les trois dernières années, la situation
n’a guère changé, à titre d’exemple, pour 2012 la balance commerciale a enregistré un déficit de
815,7 millions DTS, contre les 631,6 millions de DTS en 2011. La hausse des exportations de
1,5% n’est pas considérable vis-à-vis de celle des importations soit 12,7%. Pourtant, divers plans
furent mises en œuvre en vue de promouvoir les exportations en ne parlant que de la
diversification des produits par les ZFI. Au-delà, la concurrence s’intensifie par exemple
concernant la filière vanille, les exportations ne représentent plus que la moitié de ce qu’elles
étaient en 2011. La hausse des importations s’explique par une forte accumulation d’énergie des
industries minières, et de la JIRAMA. Enfin, l’année 2013 était marquée par la baisse du déficit
commercial à 288,5 millions de DTS. La hausse des exportations de 31,1% de 2013 se traduit par
le développement d’autres produits porteurs de devises dont le minerais particulièrement : nickel,
22 Annexe 10: Evolution de la balance des paiements 2006-2009
34
or, cobalt, minerais de titane et de chrome etc. Les importations ont connu par la même occasion
une légère baisse, expliquée par la baisse des importations des produits pétroliers, des biens
d’équipement et d’alimentation.
Ce rappel de l’évolution de la balance commerciale malgache eut permis de constater ce
déficit constant de la balance commerciale, ainsi que la volatilité des importations et exportations.
Ce dernier point trouve son fondement dans la politique commerciale adoptée par un pays afin de
gérer les flux commerciaux.
b. Politique commerciale malgache
1. Cadre général : mesures tarifaires et non tarifaires
La politique commerciale désigne toute forme de mesures de gestion des flux
commerciaux. La promotion du secteur privé et du commerce se trouve au centre des stratégies de
développement des pays africains. Cependant, l’analyse du cadre des affaires à Madagascar
dévoile certaines failles dans ce domaine. En effet, vu le rapport Doing Business 2011 de la
Banque Mondiale, les formalités et autres dispositions réglementaires laissent à désirer le
commence extérieur malgache ainsi que la création d’entreprises. Certes, le pays se situe au 140è
classement sur 183 pays, après ses principaux pays voisins à savoir le Mozambique, le Kenya,
l’Afrique du Sud, enfin l’île Maurice23. Madagascar fut au 148è rang sur 189(rapport Banque
Mondiale Doing Business, 2014). Les accords commerciaux tant multilatéraux que bilatéraux avec
les pays étrangers permettent de contrebalancer l’incapacité du pays à s’autofinancer. En effet,
malgré le développement relativement important d’institutions d’octroi de crédit, l’accès au titre
de propriété constitue un autre problème. À tous ces faits, s’ajoutent l’insécurité et la corruption
autant d’entraves à l’épanouissement de l’environnement des affaires à Madagascar.
La politique de libéralisation entamée par le gouvernement malgache, il y a à présent plus
d’une vingtaine d’années converge davantage vers des mesures non tarifaires. Autrement dit, la
restriction des tarifs douaniers, constituant la principale conditionnalité des ZLE ou Zone de
Libre - échange suscite une tendance vers un régime non tarifaire. Or celles-ci peuvent « faire
obstacle au commerce si les normes appliquées aux produits nationaux diffèrent fortement des
normes appliquées aux produits importés ou si les procédures de certification différent selon qu’il
s’agit de produits importés ou de produits nationaux » (DRAFT, Cadre Intégré Etude
Diagnostique sur l’Intégration du Commerce, 2003).
23Selon le classement Doing business, l’île Maurice fut classée 20ème, l’Afrique du Sud 34ème, le Kenya 98ème, finalement le Mozambique 126ème
35
mesures tarifaires
Toutes marchandises importées doivent être imputées d’ :
une taxe sur la valeur ajoutée ou TVA ;
une taxe à l’importation ;
un droit de timbre ;
un droit de la NPF ou de la Nation la Plus Favorisée24 ;
une taxe statistique d’importation ;
enfin, des droits d’accises concernant les boissons alcoolisés, le tabac et les produits à base
de ce dernier, les biens en caoutchouc et les véhicules.
Trois principaux taux ont été en vigueur à Madagascar depuis 2008 :
5% pour les matières premières et les biens d’équipement ;
10% pour les produits intermédiaires ;
Finalement, 25% s’agissant des produits finis.
Il existe cependant des produits exonérés de droits de douane et de taxe à l’importation. Tel
est le cas pour le ciment, l’engrais, les fibres, les tissus et fils, mais également d’autres articles de
confection. À ceux-ci s’ajoutent les instruments pour l’agriculture et l’élevage, enfin les matériels
de construction. Il est cependant nécessaire de remarquer que ces exonérations ne signifient pas
appliquer un taux zéro à un produit, elles sous-entendent uniquement une réduction du taux réel
des recettes fiscales sur les importations en dessous d’un taux théorique. D’une manière générale,
les taxes sont dits ad valorem c’est-à-dire en proportion de la valeur des importations. Ce taux
moyen applicable aux biens non exonérés évolue de temps à autre. Ainsi, il fut de 11,7% en 2010.
Les produits agricoles sont taxés à un taux relativement plus élevé par rapport aux autres biens,
soit 14,6% contre 11,3% cette même année. L’instauration des droits anti-dumping, des mesures
de sauvegarde et des droits de compensation est actuellement préconisée. Ces taxes contribuent
activement à la caisse de l’Etat : elles représentaient en 2010 presque la moitié des recettes fiscales
de l’Etat malgache, à vrai dire les 42%. En outre, elles limitent l’afflux des produits importés et
protègent l’industrie locale. Outre l’application des tarifs douaniers, les mesures non tarifaires
visent également ce même but.
24 Concernant le cas de Madagascar, ce titre est accordé à tous ses partenaires commerciaux. Le tarif ad valorem au titre de NPF inclue sept taux allant de 0 à 30%
36
mesures non tarifaires
Les mesures non tarifaires concernent les produits exportés et importés. L’Etat malgache
dispose des pleins pouvoirs, en plus de la politique tarifaire, pour l’établissement des normes et
règlements régissant le commerce de tout bien circulant sur son territoire. Concernant les
importations, diverses restrictions ont été établies depuis 2001, soit 63 normes de produits
différentes. À titre d’exemple : les produits agricoles caractérisés par de strictes normes en
matière de qualité, ont fait l’objet depuis cette année d’une sérieuse normalisation. Les produits de
la pêche doivent également suivre les normes sanitaires imposées par les marchés de l’Union
Européenne. Malgré la facilitation des échanges dans ce cadre, certaines concessions de droit sont
néanmoins applicables. En outre, une assistance technique fut instaurée dans le cadre du contrôle
des marchandises importées. Ces dernières doivent également correspondre aux mesures sanitaires
et phytosanitaires, selon les normes des organismes internationaux à savoir l’Organisation
mondiale de la santé animale ou l’OIE, la Convention internationale pour la protection des
végétaux CIPV et la Commission FAO/OMS du Codex Alimentarius. Concernant les
exportations, les produits halieutiques sont principalement soumis à de strictes réglementations.
Les bois sous forme brute ou semi-finie n’ont pu par exemple être exportés depuis juillet 2007.
Compte tenu du niveau d’industrialisation du pays, Madagascar ne peut guère sous-estimer
ses avantages comparatifs présents, ainsi divers plans d’action figurent dans ce sens afin de
promouvoir l’activité d’exportation des produits agricoles et miniers de la Grande-île.
B. Commerce extérieur au cœur des stratégies et plans de développement
Conformément au PAS, tout plan de développement doit comprendre comme axe
primordial la libéralisation des échanges en général et la promotion des exportations en particulier.
Il en fut le cas pour le DSRP, et en était également de même pour le MAP. Nous porterons en
particulier notre attention sur ce dernier.
a. Projet d’action en faveur du commerce extérieur
1. MAP ou Madagascar Action Plan
Assurer « une économie à forte croissance », tel est le sixième engagement de ce plan
d’action quinquennal de Madagascar. Celui-ci se fixa alors dix principaux défis dans la réalisation
37
de cet engagement. Nous ne nous intéresserons qu’au défi numéro six également, c’est-à-dire,
celui de « renforcer la compétitivité commerciale ». En effet, selon le MAP, « les exportations
traditionnelles représentent une grande partie du commerce international de Madagascar. Cette
structure des exportations rend l’économie vulnérable face aux différents aléas comme ceux des
marchés internationaux et du climat ».25
objectif
Ce plan d’action se propose de renforcer la diversification des produits exportés, de respecter
les normes et qualités internationales, afin de développer l’exportation des produits à forte valeur
ajoutée.
stratégies26
Divers moyens, assurés par l’Economic Development Board of Madagascar ou l’EDBM
et différents ministères, entraient dans la réalisation de ces objectifs :
faciliter le marketing, l’assurance et le financement des exportations ;
construire des infrastructures et assurer des mesures d’accompagnement ;
développer les mécanismes pour la standardisation et la certification du produit ;
adopter une nouvelle stratégie industrielle pour pénétrer le marché avec des produits à forte
valeur ajoutée.
La mise en œuvre de ces stratégies se traduit par la facilitation de l’octroi de crédit grâce à un
fonds spécial pour les exportations, le développement des statistiques fiables au commerce,
l’accréditation des laboratoires chimiques, microbiologiques concernant les normes sanitaires,
l’instauration d’un guichet unique d’exportation etc.
2. PCI ou projet cadre intégré27
Outre le MAP, le PCI s’aligne sur cette même perspective d’amélioration, au niveau du
commerce extérieur des PMA en général, et de Madagascar en particulier. Deux grands volets
entrent dans ce cadre :
25MAP, Plan d’Action Madagascar 2007-2012, page 91 26 Idem 27 Ce projet fut initié par l’OMC, à l’appui du FMI, du Centre du Commerce International (ITC), de la Conférence des Nations-Unies sur le Commerce et le Développement(CNUCED), du Programme des Nations-Unies pour le Développement(PNUD), enfin de la Banque Mondiale.
38
Le « Programme de Renforcement des capacités dans les négociations internationales ou
PRC, entamé en 2005 et ayant pris fin décembre 2007 ;
Et le « Programme d’Appui aux Exportations » ou PAE, réalisé entre le mois d’Octobre
2007 à fin décembre 2010.
Le Projet Cadre Intégré vise deux principaux objectifs :
Mise en œuvre d’une stratégie nationale de développement des PMA, axée principalement
sur la politique commerciale ;
Faciliter la coordination ainsi que la fourniture d’une Assistance technique liée au
commerce et destinée aux organisations membres et autres partenaires.
PRC ou Programme de Renforcement des Capacités
Objectifs28
L’objet de ce programme d’action se présente sous deux volets, à savoir :
Que Madagascar puisse profiter dudit projet ;
Que le commerce constitue un pivot de son plan de développement, ainsi que de tous les
participants à ce projet.
Ce projet concerne les accords et négociations commerciales et vise comme son nom l’indique à
renforcer les capacités des PMA dans ce domaine. Divers moyens corroborent à cet objectif :
la participation active des acteurs économique et politique tels ceux de l’Administration,
du secteur privé, de la Société civile, des milieux académiques ; et ce au niveau régional,
continental, multi et bilatéral voire international ;
la réalisation systématique et chronologique des résolutions des réunions assistées ;
l’évaluation des compétences existantes des négociateurs, de celles nécessaires et du gap à
pourvoir, et ce grâce à une solide équipe d’experts et de négociateurs ;
finalement, la diffusion des informations pertinentes sur l’état et l’avancée des
négociations, ainsi que sur la position des divers partis concernés.
Les négociations commerciales internationales : celles multilatérales ou de l’OMC et celles en
vigueur au niveau des communautés d’intégration régionale : SADC, COMESA, COI, APE/UE se
trouvent au cœur de ce programme d’action. 28OCDE, aide pour le commerce : cas d’expérience de Madagascar.
39
PAE ou Programme d’Appui aux Exportations
Objectifs29
Tout comme le PRC, ce projet vise également deux principaux objectifs :
Instaurer un cadre favorable aux exportations ;
Favoriser les exportations vers les communautés d’intégration régionales ou CIR,
précisément les marchés de la SADC et du COMESA.
3. Projets d’appui sectoriel
Ces secteurs directement concernés sont : l’agriculture et le secteur privé, c’est-à-dire les
micro et moyennes entreprises. Dans ce domaine, on peut citer le Programme de Soutien aux
Rôles des micro-Entreprises Rurales et aux Economies Régionales. La population rurale constitue
la cible du projet par la création d’entreprises. Ces actions de cadrage du secteur privé sont dans la
majorité financées par la Banque Mondiale. Elles concernent la restauration et l’édification
d’infrastructures économiques. D’une manière ou d’une autre, ces projets en liaison directe ou non
avec l’exportation visent un même objet qui est de promouvoir le commerce extérieur. Outre ces
différents projets, la constitution des groupements et associations comme le Centre Technique
Horticole de Tamatave ou le CTHT contribue largement à favoriser les filières d’exportation à
Madagascar. Ce dernier œuvre par exemple pour une encore meilleure compétitivité30 de la filière
litchi grâce à la formation et au soutien aux producteurs. Enfin, il ne faut pas omettre les Pôles
Intégrés de Croissance ou PIC, opérant sur le système économique national. En effet, ce dernier se
concentre généralement sur les régions reconnues pour leurs potentialités, ainsi ce programme
corrobore relativement à stimuler les activités d’exportation à Madagascar. À titre d’exemple,
plusieurs régions ont bénéficié de ce plan d’action, on peut citer : Antananarivo et Antsirabe dans
les nouvelles technologies de l’information et de la communication, l’industrie textile et agro-
alimentaire ; Fort-Dauphin pour le secteur minier, sans oublier Nosy-Be pour le tourisme.
b. Impact de la politique de dévaluation sur le commerce extérieur
L’évolution de la monnaie nationale, par rapport aux devises servant de monnaie
d’échange, est déterminante sur l’ampleur des échanges surtout dans le cas d’élasticité de l’offre
29OCDE, aide pour le commerce : cas d’expérience de Madagascar 30 Madagascar constitue déjà le premier exportateur mondial de litchi
40
malgache et de la demande extérieure pour un produit donné. D’une manière plus concrète, la
dépréciation de la monnaie nationale, allant de pair avec une plus grande productivité des
entreprises malgaches et une meilleure compétitivité en termes de prix, engendre l’accroissement
des exportations (effet substitution-condition de Marshall Lerner). Cette politique fut pratiquée à
Madagascar, le Fmg a fait l’objet d’une dépréciation de 8% moyen annuel, par rapport au dollar
américain. Contrairement à l’effet anticipé, les exportations ont diminué, dont celles vers le
marché européen, soit une baisse de 2004 à 2005, suivie d’une hausse moins considérable en
2006. Les exportations en direction des marchés asiatiques et de la SADC s’inscrivent également
sur cette même ligne. La principale raison de cette chute des exportations réside dans l’inélasticité
de la demande extérieure liée à l’intensification de la concurrence étrangère, d’autant plus que
Madagascar comme tout pays en développement exporte essentiellement des produits à faible
valeur ajoutée. Par conséquent, l’effet escompté de cette dépréciation ne s’est pas produit. Fort
heureusement, la hausse de la valeur des importations ne fut également pas constatée (effet de
détérioration des termes de l’échange- condition de Marshall Lerner). Celles-ci se sont
généralement stabilisées, à l’exception près des produits en provenance des marchés de la SADC
et de l’Asie, sensibles à l’appréciation du dollar.
Bref, ni les exportations ni les importations n’ont réagi à la politique de dépréciation du
Fmg. Nous analyserons en détail ci-dessous ces produits à faible valeur ajoutée faisant l’objet des
exportations malgaches, ainsi que l’importance en valeur des importations engendrant un déficit
chronique du solde commercial. Outre, la partie suivante reviendra sur le lien de causalité entre le
développement des échanges commerciaux et la croissance économique.
Section 2 : Relation causale entre commerce extérieur et croissance économique
I. Essor des échanges commerciaux
Afin d’évaluer le degré d’intégration du pays au commerce international, il est toujours
utile de rappeler les principaux partenaires commerciaux de Madagascar, et le type de produits
faisant l’objet de ses échanges, toutefois l’analyse se concentrera sur la période définie
précédemment, c’est-à-dire entre 2003 et 2013.
A. Principaux partenaires commerciaux de Madagascar31
a. Accords multilatéraux et bilatéraux
31 Cf. Annexe 11 : Structure des échanges vers les partenaires commerciaux de Madagascar
41
Accords multilatéraux
Madagascar – Union Européenne
D’une manière générale, cette coopération entre dans le cadre de l’APE ou Accord de
Partenariat Economique entre les pays ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique) et l’Union Européenne.
À titre de remarque, l’ACP comprend six configurations régionales, en ne citant que :
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ;
La Communauté économique de l’Afrique Centrale (CEMAC) ;
La Communauté des Etats de l’Afrique Australe et Orientale (SADC) ;
L’Afrique Orientale et Australe (AFOA).
Cette relation fut régie de 1975 à 1999 par les conventions de Lomé. L’accord de Cotonou signé
en 2000 par 77 pays ACP et 15 pays membres de l’UE mettait l’accent sur le partenariat
commercial. Cet accord vise la suppression progressive des entraves aux échanges entre ces deux
parties, et à instaurer un régime de préférence commerciale par des relations compatibles aux
règles de l’OMC. Les Accords de Partenariat Economique ou APE furent ratifiés en septembre
2002 en vue de parvenir à cet objectif, mais ils ne seront en vigueur qu’au début de l’année 2008.
Ces conventions reposent également sur un appui financier et technique des pays membres.
L’Union Européenne demeure le principal partenaire commercial de Madagascar, dont la France
en particulier, ayant fourni 21,5% des importations malgaches en 2011. Quant aux importations de
la France et l’Allemagne, elles s’élevaient à 41% et 12% des produits exportés par Madagascar.
Ceux-ci comprennent des produits comme les crevettes (85% vers la France en 2011), le girofle
(53% cette même année), les épices, enfin les produits textiles. L’Allemagne, le Danemark
s’ajoutent dans une moindre mesure à ces deux pays.
Madagascar - OMC
Cette entité a été créée le premier janvier 1995, à Genève en Suisse. Elle constitue l’issue
des négociations du cycle d’Uruguay, entre 1986-1994 ; et le prolongement des activités menées
dans le cadre de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ou GATT. Cette
organisation internationale, établissant entre autre des règles régissant le commerce entre les pays,
vise à soutenir les échanges commerciaux extérieurs par le biais des subventions et de la formation
des acteurs économiques : producteurs, exportateurs, importateurs.
42
Madagascar a adhéré à l’OMC le 17 novembre 1995 et bénéficie des avantages de cette
intégration à savoir la suppression des droits de douanes et autres restrictions commerciales.
Accords bilatéraux
Madagascar a conclu divers accords commerciaux avec de nombreux pays, permettant
l’accès aux marchés des pays développés. On peut citer à titre d’exemple :
La coopération Canada-Madagascar : existant depuis 1965, favorisée par diverses
initiatives comme l’instauration d’un Tarif Préférentiel Généralisé en 1974, des Tarifs des Pays
les Moins Avancés en 1983. Ces derniers permettront un accès préférentiel au marché canadien.
La coopération Japon-Madagascar : existant depuis les années soixante-dix, plus
exactement par l’instauration d’un régime de préférence en 1971.
Madagascar entretient des liens économiques et commerciaux récemment avec la Chine, l’Inde et
l’Indonésie, constituant autant de marchés potentiels comme nous le verrons ultérieurement.
b. Intégration économique régionale
Les pays membres de l’OUA ou Organisation de l’Union Africaine avaient en fait tous
pour obligation d’adhérer à une communauté économique régionale. Les échanges de Madagascar
sur les marchés régionaux sont plus faibles. L’île Maurice constitue son principal partenaire au
sein du COMESA, et l’Afrique du Sud au niveau de la SADC. Les produits textiles sont importés
principalement vers l’île Maurice, tandis que l’Afrique du Sud représente un marché potentiel
pour le girofle et la vanille, surtout depuis 2008. Ces derniers n’absorbent respectivement au total
que les 4% pour l’île Maurice et 1%pour l’Afrique du Sud. Par conséquent, Madagascar n’a pas
encore réellement exploité l’énorme potentialité de ces marchés régionaux. Cela est en partie dû à
l’intégration récente du pays au sein de ces communautés régionales. Madagascar ne fait partie
intégrante du COMESA qu’en 2005.
Réseaux d’échanges inter - régionaux de Madagascar
Madagascar – SADC
Cette communauté qu’est la SADC actuellement fut auparavant la SADCC ou Southern
African Development Co-ordination Council ; autrement dit, une conférence de coordination du
développement de l’Afrique australe32. À l’origine, dans les années 80 précisément, elle avait un
enjeu politique, dont la libéralisation de l’Afrique australe de l’Apartheid. Ce n’est qu’à la fin de
32Les pays concernés étaient : l’Angola, le Botswana, le Mozambique, la Tanzanie, et la Zambie
43
ce mouvement que fut créée la SADC, conformément au traité signé à Namibie en Août 1992.
Divers pays africains y ont depuis intégré, dont Madagascar depuis 2005. Et ce groupement
comprend actuellement 15 pays : Afrique du Sud , Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar,
Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, RDC ou République Démocratique du Congo,
Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie, et Zimbabwe.
Madagascar – COI
Cette Commission vise à raffermir le lien économique entre les îles de l’Océan Indien,
c’est-à-dire :l’île Maurice, les îles Comores, les îles Seychelles, la Réunion et enfin Madagascar.
Malgré certaines périodes de suspension de l’accord, les relations de la Grande-île avec ces
derniers sont actuellement en vue de reprendre.
Madagascar-COMESA
Cette institution fut créée à l’issue du traité de Kampala ratifié en décembre 1994, mais
Madagascar ne figure parmi ses 20 pays membres qu’à partir du 17 novembre 1995. En
remplaçant à l’origine la Zone d’Echange Préférentielle créée à Lusaka (Zambie) en 1981, cette
entité a établi une zone préférentielle d’échange jusqu’en 2000 par la mise en place d’une Zone se
Libre-échange, et tendait vers une union douanière en 2004, projet devenu réellement effectif
qu’en 2009 avec une perspective de passer à la prichaine phase : l’union économique et monétaire.
Madagascar-AGOA
Cet accord comme son nom l’indique : African Growth Opportunity Act offre des
privilèges ou avantages aux pays africains pour les produits exportés sur le territoire américain. Au
préalable, les pays bénéficiaires de cette clause doivent accepter et respecter certaines conditions,
dont particulièrement : le respect des libertés individuelles et collectives ainsi qu’un processus
politique ouvert dans la conduite des affaires de l’Etat. Madagascar a été exclu de l’AGOA en
2010, puis de nouveau en 2012. Une étude de rééligibilité du pays au sein de l’accord est à présent
en vue.
Compte tenu de ces données sur les échanges de Madagascar avec les autres pays, et vu
l’évolution sur cette dernière décennie de la balance commerciale malgache ; notre pays ne
parvient comme tout PED à s’intégrer totalement au commerce mondial. De récentes études ont
par ailleurs montré que Madagascar n’exploite pas tout son potentiel économique, au niveau des
marchés régionaux. « Pourtant, les chiffres de 2006 à 2010 ont montré que les exportations du
44
pays vers ces deux blocs33 semblent loin des attentes. Ainsi, la part des exportations de
Madagascar vers ces deux groupements stagne autour de 5% de l’exportation totale du pays. De
plus, les partenaires commerciaux demeurent les mêmes à savoir l’île Maurice et l’Afrique du
Sud. Par contre, les potentialités du pays dans les marchés régionaux, évalués à travers le modèle
de gravité sont considérables » (CREAM, 2013).
B. Principaux produits, objet de l’échange
Madagascar regorge de nombreuses richesses naturelles et minières tel que ses exportations
se concentrent principalement sur ces derniers. À la place, le pays importe des produits à forte
valeur ajoutée. Cette structure des échanges explique le déficit de la balance commerciale
malgache. Certaines mutations se sont produites au cours de cette dernière décennie.
a. Exportations
Ces récentes années étaient caractérisées par le développement des zones franches dans la
production textile ainsi que de l’industrie extractive, compte tenu du processus de délocalisation
apporté par le phénomène de la mondialisation34. Ainsi en plus des produits comme la vanille, le
café vert, le sucre, la crevette, le litchi etc. ; des produits miniers comme le nickel, le cobalt, le
minerai de titane se rangent dans la liste des exportations malgaches. Le bilan des exportations
par branche d’activités et de produits se présente comme-suit au cours de l’année 2012.
Exportation de la vanille
Cette filière constitue un atout majeur pour le commerce et l’économie de Madagascar. Ce
dernier fut par ailleurs connu en tant que premier exportateur de la vanille ainsi que du litchi dans
le monde. La valeur courante de ce produit a largement progressé pendant les six premiers mois de
2013 en comparant à cette même période mais pour l’année 2012. À première vue, cette hausse fut
favorable car les exportations de vanille étaient passées de 10,9 millions de DTS en 2012 à 17,3
millions de DTS sur les six premiers mois de 2013.Ce fait est en partie dû à la flambée du prix sur
le marché mondial issue de la contraction de l’offre mondiale. Cette hausse du prix ne s’est pas
accompagnée d’une augmentation du volume exporté compte tenu de la stagnation de la
production locale. En effet, cette culture fut délaissée à la suite de la chute inferieure à 20 dollars
US par kg, du cours de ce produit fin 2012. À titre de remarque, le prix du kilogramme de vanille
est passé de 18,7 à 34 dollars US entre 2012 et 2013.
33 Autrement dit, la SADC et le COMESA 34Mme RAJAOSON Lalao, 2013, Economie industrielle, 4è Année économie
45
Exportations du café
À l’instar de certains pays comme le Brésil, Madagascar détient un avantage comparatif
dans l’exportation du café. La campagne de vanille a également été favorable en ne considérant
que ces deux dernières années. Cette performance émane cette fois-ci d’une relative baisse du
prix. En effet, si celui-ci a été de 2401,3 dollars US sur le premier semestre de 2012, il a baissé à
1929,8 dollars US en 2013. Par conséquent, en raison d’une plus grande compétitivité liée à un
prix moins cher, le volume des exportations a augmenté soit de dix fois la quantité de 611,9 tonnes
en 2012 à 7419,6 tonnes en 2013.
Zones franches
Les exportations au niveau de cette branche affichent une hausse de 6,4% par rapport à
2012, passant de 197,6 millions de DTS à 210,2 millions de DTS en 2013.Cette augmentation est
surtout due à l’exportation des produits textiles et ceux de la pêche ayant le plus varié au cours de
l’année 2013. En 2013, une hausse de 16,4% a été constatée en ce qui concerne l’exportation de
cette catégorie de produits textiles. En ce qui est de l’exportation des crevettes et autres produits
de la pêche, Madagascar exporte des produits comme les langoustes, crustacés, et crevettes
particulièrement. Malgré diverses actions et projets en direction de cette filière, force est de
constater que la vente de crevettes et autres fruits de la mer n’ont évolué que très faiblement. Cette
constante progression résulte de la faible augmentation du volume embarqué, ainsi que de la
fluctuation du prix de vente sur le marché mondial. Ainsi, sur ces trois dernières années,
l’exportation des crevettes et autres produits de la pêche a connu une certaine instabilité. Partant
de 19,8 millions de DTS en 2010 à 21,6 millions de DTS en 2013, les années 2011 et 2012
enregistrent quelque reprise soit respectivement 23,8 millions de DTS et 21,3 millions de DTS.
Concernant l’évolution des prix de vente, ceux-ci sont passés de 11,7 dollars US par kilogramme
à 13,2 puis une légère baisse à 12,7 et finalement à 12,2 dollars US par kilogramme sur ces quatre
années successives.
46
Tableau 1 : Exportation des entreprises de la Zone franche, six premiers mois, valeur en millions
de DTS, Volume en milliers de tonnes et Prix en DTS par Kg
Rubriques 2010 2011 2012 2013
Crevettes et autres produits
de pêche
Valeur
Volume
Prix unitaire
19,8
2,6
7,7
23,8
2,8
8,4
21,3
2,6
8,3
21,6
2,7
8,1
Textiles
Valeur
Volume
Prix unitaire
104,5
8,2
12,8
112, 9
7,4
15,2
126,3
7,4
17,0
142,2
8,6
16,5
Autres
Valeur
Volume
Prix unitaire
36,7
10,3
3,6
45,7
12,1
3,8
50,0
10,9
4,6
46,4
9,2
5,1
Total
161,0
182,4
197,6
210,2
Source : BCM
Produits artisanaux
Madagascar exporte également des produits artisanaux : tissus en soie, nappes, etc. Sur la
période de 2008 à 2011, comme le montre le tableau ci-dessous, l’exportation de ces produits
47
artisanaux a connu une hausse, suivie plus tard d’une chute vertigineuse de plus de 11 millions
d’euros en 2012.
Tableau 2 : Exportation des produits artisanaux de 2008 à 2012
Indicateurs
2008
2009
2010
2011
2012
Exportation
des produits
artisanaux (en
euros)
7084710,12
9135447,73
10569640,77
11808336,30
487518,04
Source : Ministère pour la Promotion de l’Artisanat (MPA), Direction d’Appui à l’Artisanat
(DPA)
Madagascar exporte certes de nombreux produits, ces derniers ont été les plus marquants sur la
période entre 2003 et 2013. Le graphe ci-dessous permet un aperçu de l’évolution mensuelle des
exportations malgaches en 2013.
48
Graphique 4 : Evolution mensuelle des exportations en 2013
Source : INSTAT/DSY
Industries extractives
À titre d’exemple, au cours de l’année 2013, les exportations de la branche extractive ont
corroboré aux 32% du total des exportations sur le premier semestre de 2003.
Dans cette part, le nickel dont les exportations ont débuté en octobre 2013 environ, détient le
premier rang avec un apport de 132,4 millions de DTS, valeur nominale FOB. L’exportation
de minerai de titane suit en seconde place, soit 28,4 millions de DTS, comparée à 2012 avec 22,1
millions de DTS et 14,1 millions de DTS pour 2011. L’exportation du cobalt a également
progressé depuis son commencement en 2012, soit 6,5 millions de DTS pendant les deux derniers
mois de cette année, cette quotte est passée en 2013 à 19,3 millions de DTS. Enfin, concernant le
minerai de zirconium, une légère baisse de l’exportation de ce produit s’est constatée pendant le
premier semestre de 2013. En effet, celles-ci sont passées de 12,3 millions de DTS en 2012 à
uniquement 6,4 millions de DTS en 2013. Il faut cependant remarquer une nette reprise du
volume de l’exportation de ce minerai à la fin de 2013 : 15 425 tonnes contre 14 527 tonnes au
cours de cette même période en 2012. Cette diminution résulte de la chute du prix moyen du
produit sur le plan international allant de 1297,4 dollars US en 2012 à 629,5 dollars US en 2013.
49
À part le prix, plusieurs autres facteurs : interne qu’externe expliquent la variation des
exportations des minerais. Sur le plan interne, l’implantation d’IDE dans ce domaine : QMM Rio
Tinto, Sheritt, et Ambatovy ont contribué à l’exploitation et l’exportation de ces minerais.
L’augmentation de la demande internationale dont celle de l’acier inoxydable influe également ces
exportations.
Si tels ont été les principaux changements au niveau des exportations, afin de justifier la
tendance déficitaire du solde de la balance commerciale de Madagascar, il serait préférable de
rappeler les principales évolutions des importations ayant sévi ces dernières années.
b. Importations
Le faible degré d’industrialisation de l’île corrobore au fait que Madagascar importe des
produits quasiment manufacturés (biens d’équipements,…), outre la précarité de la production
rizicole entrainant l’approvisionnement de l’étranger à un meilleur prix de ce produit. Ainsi,
Madagascar importe des produits de différente nature, allant :
des produits de base ou de première nécessité comme le riz : blanchi ou semi-blanchi, la
farine de blé, le sucre et le saccarose brut ;
aux produits manufacturés : biens d’équipements, combustibles minéraux, produits
chimiques ;
en passant par d’autres produits tels ceux en cuirs et en bois, les aliments préparés,…
La période de 2003 à 2013 note une hausse relativement importante des importations. En effet,
l’augmentation des importations des biens d’alimentation, des matières premières a été compensé
par la baisse des importations des biens d’équipement, de consommation, et des produits
pétroliers. Ces types de biens figurent tous dans la liste des importations du pays. La faible hausse
remarquée en 2013 est due à l’accroissement des importations des biens d’alimentation, le riz
principalement, suivi des matières premières nécessaires aux zones franches. Par ailleurs,
Madagascar a réduit ses importations respectives de biens d’équipement, de consommation, enfin
des produits pétroliers.
Afin de clore sur ce premier chapitre traitant du lien existant entre le commerce extérieur et la
croissance économique, il convient de peser le pour et contre en ce qui est des impacts du libre-
échange.
50
II. Libre-échange : un défi et une opportunité, retour sur les enjeux des accords commerciaux
malgaches
Les exportations des pays en développement s’étaient toujours cantonnées aux produits
bruts comme les matières premières, selon le pacte colonial et la DIT. Ce fait les avait toujours
désavantagés et marginalisés face à la concurrence des pays industrialisés. Qu’est-ce que
Madagascar peut-il alors espérer de bien dans ses relations commerciales avec les pays
étrangers ? Quels sont les principaux obstacles se dressant contre le développement de ses
échanges.
A. Madagascar-Chine
La coopération avec les pays émergents dont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine enfin
l’Afrique du Sud35 offre de nouveaux horizons pour l’Afrique. Les échanges commerciaux avec
ces économies émergentes supplantant celles entretenues avec le reste du monde, atteignaient les
340 milliards de dollars en 2012, et pourraient s’élever à 500 milliards en 2015 (Freemantle et
Stevens, 2013). Ces chiffres permettent de justifier pourquoi l’Union Européenne se trouve dans
ce sens détrôné (Morazan et al, 2012).Ce partenariat s’étend sur trois domaines respectifs : le
commerce, les IDE, enfin l’aide au développement. Si ce partenariat économique représente un
stimulant de la croissance économique, qu’est-ce que Madagascar pourrait espérer des accords
commerciaux entretenus avec le pays le plus actif de ce groupement à savoir la Chine36 ?
Les échanges commerciaux entre la Chine et Madagascar n’ont cessé d’évoluer depuis 1995.
Madagascar exporte des matières premières nécessaires aux industries chinoises, et importe des
biens alimentaires, ainsi que d’autres produits de différente nature : jouets, textile,
électroménagers, etc.37. En 2008 ; 21% du total des exportations de la Chine, également connu en
tant qu’atelier du monde, ont été destinées au marché malgache. Il convient de repérer les points
forts et faibles, ainsi que les opportunités et menaces de cet accord afin d’en anticiper les
perspectives futures, et les moyens pour dépasser ces divers obstacles.
35 À l’origine, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine ont fondé ce groupement à l’issue du premier sommet du BRIC en Russie en 2009. L’Afrique du Sud n’en fait partie qu’en 2010, d’où l’appellation BRICS. 36 La Chine et dans une moindre mesure l’Inde demeurent les principaux débouchés des matières premières de nature agricole soit plus de 90%, et 85% environ des combustibles issus des pays africains 37 Annexe 12 : Structure des importations en provenance de la Chine entre 1995 et 2006
51
a. Les points forts et opportunités à saisir
La politique de dépréciation du Yuan contribue à une forte compétitivité-prix des produits
chinois. L’accès à ces biens, dont le prix est abordable, améliore le bien-être de la population
malgache en général, et augmente les investissements des producteurs de la Grande-ile en
particulier. En effet, l’implantation des industries chinoises sur le territoire malgache contribue
non seulement à réduire le prix mais également à l’amélioration de la qualité des produits par les
producteurs locaux pour pouvoir rester dans la concurrence.
Concernant les exportations, Madagascar regorge d’énormes ressources naturelles nécessaires aux
industries chinoises, d’autant plus que l’instauration des « Tarifs douaniers Préférentiels Spéciaux
sur les exportations des pays en développement vers la Chine depuis 2005 constitue une réelle
opportunité pour Madagascar. Ce régime tarifaire concerne tant les matières premières (richesses
minières, produits de la pêche, agricoles etc.) que les biens transformés ou manufacturés.
b. Points faibles et menaces
Compte tenu du niveau d’industrialisation du pays et malgré les TPS, la valeur des
exportations vers la Chine reste faible face à celle des importations issues de ce pays, d’où la
fragilisation croissante de l’Ariary par rapport au Yuan.
L’afflux des investisseurs et des produits chinois découragent également les producteurs locaux,
ainsi que l’initiative privée des nouveaux-entrants. Les produits chinois sont certes connus pour
leur forte compétitivité-prix, on ne peut cependant dire autant en ce qui concerne leur qualité.
« Les équipements chinois (transport, agriculture) très bon marché constituent une alternative à
des biens de meilleure qualité. Toutefois, la durée de vie de ces équipements n’est pas longue
comparée aux équipements de même type en provenance de l’Europe »38.
B. Madagascar au niveau de l’intégration économique régionale
Les échanges commerciaux du pays s’effectuent certes surtout avec les grandes puissances
économiques tels le BRICS ou encore l’Union Européenne : France, Canada. La part destinée aux
organisations régionales reste encore relativement faible : en 2010, la part des importations de
Madagascar issues du continent africain s’évaluait en moyenne à 17%. Entre 2006 et 2010,
Madagascar importait 11% de ses besoins sur le marché de la SADC, et 7% sur celui du
38« Étude sur les échanges entre Chine et Madagascar », Jean RAZAFINDRAVONONA, Eric RAKOTOMANANA, Jimmy RAOBELINA, 2008
52
COMESA39. Sur cette même période, Madagascar assurait les 5% des exportations des marchés de
la SADC. Notre pays s’approvisionnait des 66,92% du total de ses importations auprès de
l’Afrique du Sud en 2003, contre 21,85% issues de l’île Maurice. Entre 2006 et 2010, les 90% des
exportations totales malgaches ont été destinées à ces deux principaux partenaires de l’île.
Les CIR constituent donc d’énormes atouts pour les pays membres, en ne parlant que de la
proximité entre ces derniers, réduisant par conséquent le coût de transport. Ce fait incite à restituer
brièvement l’évolution des échanges de Madagascar avec les pays des CIR, particulièrement à en
identifier les principaux potentiels et facteurs de blocage.
a. Points forts, avantages et opportunités à saisir
Madagascar dispose d’une plus grande performance comparée aux autres pays
membres des CIR en termes d’avantage comparatif. Les marchés régionaux stimuleront
également l’industrie locale, via le non paiement des droits de douanes, toutefois certains
protocoles régissent les flux de quelques produits. Dans le cadre de la COI, les produits ne
respectant pas les règles dudit protocole sont imputables aux tarifs douaniers. La COI, le
COMESA et la SADC offrent de large gamme de produits à bas prix pour les consommateurs
et producteurs malgaches, favorisant ainsi l’investissement dans le pays par l’accès à des
matériels de production plus sophistiqués.
L’appartenance de Madagascar à la COI en particulier et aux CIR en général, lui permet en
outre de faciliter son intégration sur le marché mondial En effet, les pays membres des
organisations régionales détiennent un plus grand pouvoir de décision et d’action par effet de
synergie. L’adhésion aux CIR constitue alors un « tremplin pour l’intégration plus large sur le
marché international »40. L’intégration régionale dégage d’autres externalités à savoir la
préservation de l’environnement41, la bonne gouvernance : développer les valeurs politiques,
les systèmes et les établissements communs, favoriser et défendre la paix et la sécurité,
assurer un développement auto-entretenu sur la base de l'indépendance collective, et de
l'interdépendance des Etats membres42.
39 Annexe 13 : Evolution de la répartition des flux commerciaux (import-export) de Madagascar avec le COMESA entre 2006 et 2010 40SCHIFF Maurice, WINTERS Alan, Intégration régionale et développement, p.32 41 Objectif de la COI dans Colloque sur l’intégration régionale de Madagascar 28-29 Juin 2011, p.67 42 Objectif de la SADC dans Colloque sur l’intégration régionale de Madagascar 28-29 Juin 2011, p.72
53
b. Points faibles, inconvénients et menaces
Des obstacles inhérents à la structure conjoncturelle même de l’économie malgache
expliquent le retard de développement de celui-ci ainsi que sa marginalisation au niveau du
commerce mondial. On peut citer : la défaillance des infrastructures routières et portuaires,
l’instabilité politique, le manque d’information sur le marché, le retard technologique et
industriel, etc. Par ailleurs, notre pays ne parvient à exploiter son énorme potentialité au
niveau des marchés régionaux, en particulier le COMESA et la SADC. La part leur étant
destinée représente 5% du total des exportations malgaches. Or les pays membres de ces
groupements ressentent d’énormes besoins. Nous reviendrons sur ce point ultérieurement43.
Le tarif douanier à taux zéro imposé par les ZLE du COMESA et de la SADC, pénalise les
recettes étatiques. Ces ressources douanières occupent environ la moitié des recettes fiscales,
d’où un manque à gagner pour l’Etat creusant son déficit budgétaire. Le gouvernement
malgache n’aura plus ainsi comme seul recours que l’aide et l’endettement extérieur, compte
tenu de la faiblesse de l’épargne locale. Par ailleurs, la hausse de l’emprunt interne via
l’émission d’obligations pouvant être achetées par les banques et les ménages induit un effet
d’éviction. En effet, la hausse du taux d’intérêt entraine la diminution de l’investissement et le
ralentissement de l’activité économique du pays en général.
Après ce bref aperçu de l’évolution du commerce extérieur malgache au cours de ces
dernières années, quelles stratégies adopter en vue de surmonter ces points faibles et menaces,
et d’exploiter au contraire ces forces et opportunités ? Ce second et dernier chapitre visera à
proposer quelques alternatives pour redresser le déficit chronique de la balance commerciale
malgache, notamment par le biais de la promotion des exportations.
43Cf. chapitre II, section 1, B
54
CHAPITRE II : STRATEGIES DE DEVELOPPEMENT DU COMMERCE
EXTERIEUR MALGACHE
Madagascar est un pays à vocation agricole. Malgré la volonté de promouvoir d’autres
secteurs dont le commerce extérieur notamment : acheminement vers une croissance voire un
développement durable via la libéralisation des échanges, la réalité en est une structure
défavorable de la balance commerciale du pays. Compte tenu de son insularité, notre pays devrait
profiter de l’opportunité véhiculée par le vent de la mondialisation. Comment par conséquent
développer toutes les potentialités de l’économie malgache ?
Nous sommes à présent parvenus au centre de la réflexion, ainsi il convient au préalable
de réunir les atouts présents et enfouis ou sous-exploités de l’économie malgache (section 1) et de
les développer (section 2), afin d’aboutir à cet objectif que les pays en développement se sont
toujours fixé à savoir celui de sortir définitivement de la pauvreté.
Section 1 : Atouts et potentiels de l’économie malgache
I. Atouts en matière de produits exportés44
A. Produits agricoles
Sur ces trois dernières années, Madagascar fut classé troisième producteur en Afrique : avec
une production de 3,6 millions de tonnes de riz : dépassant l’offre mondiale du reste des pays de la
SADC. En outre, il se trouve au premier rang en matière de production et d’exportation de litchi et
assure les 70% de l’offre mondiale. Il détient cette même place en ce qui est de
l’approvisionnement mondial des épices, des huiles essentielles ; sans parler du café, du thé enfin
du cacao. Dans la filière vanille, Madagascar détient la moitié du marché mondial, soit 50%
malgré la concurrence des produits artificiels comme la vanilline.
44 Annexe 14 : Liste des produits pour lesquels Madagascar dispose d’un avantage comparatif
55
L’exportation du pays s’agissant des produits comme les féculents : maïs, manioc, pomme
de terre, légumineuses ; ainsi que les céréales ; s’élève à plus d’un million de tonnes.
B. Minerais
Le sol malgache regorge de nombreuses richesses :
Des ressources énergétiques et stratégiques : uranium, hydrocarbure et charbon ;
Des minéraux industriels et métalliques :graphite, calcaire, silice, mica, dolomie, ilménite,
gypse, titane, quartz, or, fer, argent, platinoïde, cuivre, zinc, nickel, cobalt, chromite,…
Des pierres précieuses et semi-précieuses tel le rubis, l’émeraude, le saphir, l’aigue-marine,
le béryl, la tourmaline, le topaze, le grenat, le quartz rose, l’améthyste, la citrine, le diamant, et la
cordiérite ;
Egalement des pierres ornementales : marbre, jaspe, bois silicifié.
Selon l’analyse de la Banque Mondiale, la balance commerciale s’est améliorée de 67
millions USD pendant le premier semestre de 2013, grâce notamment à l’exportation de produits
miniers dont le nickel au premier plan, soit une valeur de 30 millions USD par mois.
L’exportation de la chromite, figurant parmi les grandes substances minières, avec le mica et le
graphite, a largement évolué au cours de 2005-2006. Parallèlement l’existence du « Kraomita
malagasy » et de nombreuses autres industries extractives nationales ou étrangères45 constituent un
atout pour Madagascar. Ces minerais sont dans la plupart exportés vers la Chine, le Japon et la
Suède. Après la chromite, l’exportation des pierres précieuses brutes comme le saphir, le rubis et
l’émeraude renfloue en partie les caisses de l’Etat. En 2005, leur valeur était déjà estimée à ariary
6 042 753100.
C. Richesses marines
En faisant abstraction aux produits de la pêche : langoustes, crevettes, thons ; Madagascar
affiche un important potentiel halieutique soit plus de 500000 tonnes par an rapportant 60%
d’intérêt commercial. En outre, le pays dispose d’une ZEE ou Zone Economique Exclusive. Cette
superficie comprend 115 millions d’hectares, plus 12 millions ha (plateau continental), 5600 km
de littoral, 300.000 ha de mangroves avec 50000ha de tonnes, et 30000 ha sur lequel peut se
développer une culture de crevettes ; 160000 ha de surfaces d’eau naturelles sont favorables à la
pisciculture en cage ou en clos. Autre, sur une espace irriguée de rizières de 150000 ha, 34000 45Madagascar compte environ 95 entreprises œuvrant dans l’extraction et l’exportation des richesses minières, selon l’annuaire des entreprises exportatrices malgaches
56
peuvent être accès à la rizipisciculture, et 20000 aménageables en étang. En outre, plus de 50%
des algues à Madagascar sont utiles à l’homme.
II. Atouts en matière de marchés potentiels
Madagascar dispose de certains atouts par rapport aux autres pays membres des
communautés d’intégration régionale, en ne parlant du fait qu’elle se trouve à une place assez
favorable en matière d’exportation de certains produits (litchi, café, vanille,…). Par ailleurs, elle
appartient à diverses zones de libre-échange et peut par conséquent, y écouler cette production,
outre le fait de bénéficier d’un allégement douanier en matière d’importation.
A. Capacité d’approvisionnement en matière de produits de la pêche et d’élevage
L’Egypte et l’île Maurice constituent les plus gros importateurs des produits de la pêche,
dont le thon en particulier. La période d’entre 2006 et 2010 enregistre 300000 tonnes de volumes
exportés de ces produits.
Madagascar fait certes face à la concurrence de l’Ethiopie, le Kenya et l’Ouganda en ce qui
concerne l’exportation de la viande bovine. Les besoins annuels de ce marché pour ce type de
produit a été de 350000 tonnes, soit 600 millions d’USD en terme de valeur. Ses besoins annuels
de volailles étaient également de 55 millions d’USD entre 2006 et 2010.
B. Capacité d’approvisionnement en matière de produits de l’agro-industrie
Les besoins en produits agricoles et de l’industrie alimentaire des pays membres de la
SADC et du COMESA sont importants en parlant des produits agro-alimentaire. Ces derniers
concernent le maÏs, l’huile de soja, de palme et de tournesol, le blé et la farine de blé, enfin le riz.
On distingue huit produits d’importation des pays membres du COMESA. Ces derniers
importent apparemment en grande partie du blé et de la farine de blé, soit 9 millions de tonnes par
an, dont 7,5 millions de tonnes de blé dur représentant une valeur de 2,8 milliards d’USD.
L’importation de l’Egypte s’est élevée à 6 millions de tonnes de blé dur, 927400 tonnés pour le
Soudan, 577428 tonnes pour le Kenya. Concernant le blé tendre, le Kenya nécessitait 629699
tonnes, puis viennent l’Ouganda avec 331046 tonnes et l’Ethiopie : 216995 tonnes. Madagascar
quant à lui n’en importe que 404 tonnes.
57
Le riz et le maïs se trouvent au second rang sur la liste d’importation de ces deux
communautés régionales en fonction de leur degré d’importance. En effet, le COMESA a importé
environ 5 millions de tonnes de maïs, donnant une valeur de 1,1 milliards d’USD. L’Egypte
accapare toujours la plus grande partie de ces importations, soit les 3,5 millions de tonnes, après
on trouve le Swaziland et le Zimbabwe avec 500000 tonnes chacun. Le COMESA absorbe en
outre près de 400000 tonnes de riz brisé.
Ensuite, les pays du COMESA importent également de l’huile alimentaire : de soja, de
carthame, de tournesol et de palme, soit une valeur de 2 milliards d’USD. L’Egypte nécessite à
elle seule plus de 600000 tonnes de grains de soja. Par ailleurs, l’huile de palme que cela soit sous
sa forme brute ou raffinée, est la plus recherchée.
Les produits laitiers dont le lait et le beurre particulièrement figurent également parmi les
importations de ce bloc qu’est le COMESA. Ces importations estimées à 400 millions d’USD
entre 2006 et 2010, sont en grande partie destinées à l’Egypte, l’île Maurice et le Soudan. En outre
quatre autres produits viennent grossir le rang des produits d’importation du COMESA, à savoir :
les graines : lentilles séchées, le sucre, et autres cultures industrielles comme le tabac et le malte,
et enfin les fruits : particulièrement les pommes fraîches.
Les importations de la SADC englobent l’huile alimentaire brute et/ou raffinée affichant une
valeur annuelle de 1,1 milliards d’USD. Le marché sud-africain est le plus grand demandeur de
l’huile de palme et de soja, c’est-à-dire les variétés les plus recherchées. En outre, les pays de cette
Communauté d’Intégration Régionale présente des besoins relativement importants en blé tendre,
évalués à 700 millions d’USD par an, correspondant à 2,7 millions de tonnes. Ces produits sont
destinés en grande partie à l’Afrique du Sud (1 million de tonnes), la Tanzanie 700000 tonnes et
290050 tonnes pour le Mozambique. Le besoin de la SADC pour le riz s’évalue à un million de
tonnes annuel soit une équivalence de 600 millions d’USD. L’Afrique en acquiert les 750000
tonnes, le Mozambique : les 150000 tonnes environ, et enfin Madagascar : les 134674 tonnes. À
titre de remarque, la SADC importe également de la malte, du lait et du sucre. La valeur
d’importation de ces derniers était d’environ plus de 50 millions d’USD par an entre 2006 et 2010.
C. Quelques opportunités en vue
« Depuis 2002, l’économie de Madagascar a enregistré une croissance réelle soutenue, avec
un taux moyen annuel de 6,2 pour cent, attribuable notamment aux reformes de libéralisation des
58
échanges »46.Inversement, cette croissance économique contribuerait à financer les projets d’appui
au commerce extérieur comme la promotion des exportations. Sur ces dernières années, force est
de constater le progrès réalisé dans ce domaine, mais certains ajustements restent toujours à
engager.
De nouveaux horizons s’ouvrent actuellement à l’économie et surtout au commerce
extérieur de Madagascar à travers les différents accords conclus par ce dernier.
Le commerce avec l’Inde, une opportunité à saisir
L’Inde entretenait déjà des liens historiques avec Madagascar depuis le 18è siècle. Cette
relation s’est renforcée surtout dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Dans ce sens, la stratégie
d’approche de l’Inde réside surtout dans le partage de son savoir-faire, à travers la formation
d’opérateurs économiques malgaches. Celles-ci se manifestent par la collaboration du
gouvernement indien représenté par son ambassade à Madagascar, avec l’EDBM, le CCIA et enfin
l’ITBM ou International Trade Board of Madagascar. Ces entités partent d’un processus basé sur
le développement du secteur privé pour atteindre l’objectif de croissance économique.
Malgré l’étroitesse et la fragilité actuelle des échanges avec ce pays : soit les 3% du
commerce extérieur, due en partie au basculement de l’ordre constitutionnel à Madagascar; une
prometteuse perspective s’offre à présent pour le pays. Les échanges commerciaux entre
Madagascar et l’Inde certes chiffraient un montant de 132millions de dollars en 2013, une légère
baisse par rapport aux 228 millions de dollars de 2012. Cette coopération donnera lieu à un
marché potentiel, pouvant absorber quatre-cent variétés de produits. Par ailleurs, comme il s’agit
d’un accord de libre-échange, ces produits seront exemptés de taxes à l’importation et de droits de
douane, ce qui est favorable pour Madagascar car les 65% des flux commerciaux représentent des
importations. Dans ce sens également, la création de la Chambre de Commerce et d’Industrie
Inde-Madagascar est à présent en cours.
Un des effets néfastes de la crise fut la rupture des accords avec l’AGOA, ainsi la réintégration au
sein de cette organisation sera décisive quant aux perspectives futures de l’économie malgache.
La reprise des négociations avec l’AGOA
Le retour de Madagascar au sein de l’AGOA se trouve à présent en cours d’examen, à
travers un processus de révision de l’éligibilité du pays par les Etats-Unis. Ce fait promet de 46OMC, Examen des politiques commerciales : Madagascar, avril 2008
59
nouvelles coopérations plus solides. Plus de la moitié de la production textile en particulier, sont à
destination du marché américain. Par ailleurs, la performance des entreprises malgaches dans le
domaine du textile n’est plus méconnue : mailles, broderies main, produits issus du coton, etc. Ce
renouement fera revivre les activités des PME à Madagascar et contribuera à absorber le taux de
chômage. Certes, le secteur et l’industrie textile occupent les 30% des employés malgaches, et
constitue la seconde source de devises du pays. À titre de rappel, les gains générés par cet accord
qu’est l’AGOA étaient en 2008 de 324 millions $ US. Avec cette perspective de ré-adhésion, les
prévisions économiques affichent l’accumulation des 85 % des exportations malgaches par ce
marché.
Coopération commerciale Madagascar-Indonésie
Le raffermissement de la coopération commerciale entre Madagascar et l’Indonésie se
confirmait ces dernières années. L’exportation de soja ne suffit plus aux besoins du marché
indonésien, malgré la capacité et les conditions climatiques des régions productrices de soja à
Madagascar. Ce besoin s’apprécie à des millions de tonnes de soja en sachant qu’une seule région
indonésienne en consomme les 200000 tonnes environ. En outre, Madagascar bénéficie de la
coopération agricole avec ce pays. Celle-ci pourra contribuer à rehausser la production de ce type
de produit à 3 tonnes par hectares, en étant jusqu’à présent que de 0,8 tonnes par hectares.
Section 2 : Perspectives d’avenir
L’amélioration des échanges commerciaux du pays repose essentiellement sur un
environnement politique et économique viable : bonne gouvernance, sécurité, etc. Du moment où
Madagascar ne dispose pas encore des moyens suffisants pour renforcer son tissu industriel, le
pays devra se contenter de promouvoir ses exportations en produits primaires. Cependant, avant
d’analyser par quels moyens parvenir au développement des activités d’exportations de la Grande-
île, il convient de prime abord d’en rappeler en quelques lignes les principaux obstacles.
I. Freins au développement des exportations à Madagascar
Les activités d’exportation malgache ne sont à l’abri de freins et d’obstacles. Le climat des
affaires dans la Grande île, la défaillance des infrastructures (plusieurs régions à forte potentialité
économique restent encore enclavées), l’instabilité macro-économique, le coût élevé d’énergie,
60
l’insécurité foncière, le cadre législatif, la corruption entrainent le dysfonctionnement de ce
secteur d’activité. Il faut cependant retenir parmi tout ceci ces principales contraintes :
A. Des produits non diversifiés et un marché restreint
Outre, le fait que les exportations malgaches se concentrent autour des mêmes
produits, ceux-ci sont également destinés sur les mêmes marchés. Il s’agit essentiellement de
la France47 (37%) et d’autres pays occidentaux : Mexique, Canada, les pays asiatiques :
Chine, Japon, Corée. Ce non diversification des marchés accentue la dépendance du pays
quant aux normes et prix imposés par ces derniers. Comme vu plus haut, le retour de notre
pays au sein de l’AGOA et ses attentes face cette ré-adhésion justifient sa dépendance envers
ses principaux marchés. La fragilité du système agricole (utilisation d’outils rudimentaires), la
dégradation de l’environnement rendant le sol stérile ; expliquent la marginalisation du pays
en terme de qualité et de quantité de production. À quoi servirait de promouvoir les
exportations alors que la production locale n’évolue guère au même rythme ? En outre, les
problèmes infrastructurels ne permettent d’exploiter les richesses de certaines zones restant
encore enclavées, en plus d’alourdir le coût du transport, etc. Pour pouvoir exporter vers les
marchés étrangers tels les États-Unis, les exportateurs doivent payer une somme énorme pour
le transbordement ; certes les vols ne sont qu’à destination de la France uniquement. Sinon, la
voie maritime reste une option. Toutefois, comme ce sont des compagnies maritimes
étrangères qui sont les propriétaires des bateaux, peu d’argent reviennent aux exportateurs au
final.
B. Ouverture croissante aux importations
La variation annuelle des importations entre 2000 et 2006 atteint la moyenne des 9 % par
an sur le marché mondial ; et 10 à 12% annuel pour les flux au sein des marchés régionaux.
Concernant ce dernier cas, les importations y représentent plus de la moitié des échanges : avec
une part de 52% pour la COI, 64% pour le COMESA, et 79% pour la SADC. Autrement dit,
Madagascar n’exploite pas l’énorme potentialité et besoins présents au sein de ces groupements
47 À titre de remarque, l’Union Européenne absorbait plus de la moitié, 56% précisément, des exportations malgaches en 2011
61
régionaux. Par ailleurs, le pays n’y a pas encore expiré ses principales capacités. Cette accélération
des importations annuelles s’accompagne d’une hausse modérée voire médiocre du taux
d’exportation, soit une variation annuelle de 2% uniquement. Spécialement sur les marchés
régionaux, la situation des échanges commerciaux reflète une chute de 4% annuelle. La
dépréciation de la monnaie nationale de 8% par an au cours de cette période, explique en partie ce
fait, en outre cela témoigne du degré d’intégration des ZFI dans l’économie malgache. Les
importations de biens d’équipement et de matières premières n’ont cessé de grimper au cours de
cette période. Le développement des divers autres produits des entreprises franches est à retenir :
tissu en coton, produits de papeterie et cartons d’emballage.
Dans cette optique, les importations favorisent les entreprises étrangères. Par contre, celles
nationales en sont tributaires.
C. Le manque de connectivité interne et externe des entreprises exportatrices malgaches
L’insularité de Madagascar, sous entendant ainsi un certains éloignement par rapport à ses
partenaires commerciaux et l’alourdissement des frets et coûts de transport, la précarité de ses
infrastructures routières aéroportuaires et portuaires dont celle de Tamatave essentiellement,
découragent les exportateurs malgaches. En effet, ces éléments pèsent sur le coût d’affrètement
des marchandises, outre les frais de transit48 et de lourdes procédures administratives et
douanières. En effet, il faut environ en moyenne cinq jours pour effectuer une procédure de
dédouanement, et ce malgré de notables progrès entre 2002 et 2008. En outre, les entreprises
exportatrices ne bénéficient pas du remboursement de la TVA, malgré leur titre d’entreprises
franches.
D. L’absence de normes de qualité des produits
Madagascar n’exporte en grande partie que des produits de la pêche et agricoles, or ceux-
ci sont facilement périssables. D’un autre côté, les normes imposées par le marché international
sont strictes. À titre d’exemple, les mesures prises par l’Union Européenne à l’encontre du secteur
crevettier en 2006. Cependant, les PME malgaches ne disposent pas de ressources nécessaires
pour pouvoir assurer de sérieux contrôle de qualité et d’hygiène. À titre de justification,
48 Le coût de dédouanement varie environ au cours de ces dernières années entre 1,8 à 5% et ce en fonction du type de marchandises et de sa destination.
62
l’exportation de raisin en Inde a engagé des coûts de 1,5 millions $ annuel afin de répondre aux
normes de qualité imposés par l’U.E.49.
E. L’insuffisance d’informations et d’économie d’échelle
La difficulté d’accès des exportateurs aux informations relatives aux marchés : acheteurs,
produits potentiels, etc. constitue une autre entrave. Plusieurs initiatives entrent dans cadre afin de
surtout favoriser les PME et nouveaux entrants ne disposant pas de moyens suffisants pour se
permettre cet avantage. Ainsi, furent mises en œuvre le Programme Cadre Intégré, les actions du
CCIA ou Chambre de Commerce et de l’Industrie d’Antananarivo, l’EDBM dans le cadre du
MAP, enfin l’ITBM. À cela s’ajoutent les actions gouvernementales via le ministère du commerce
et de l’industrie ; ainsi que celui de l’agriculture, de la pêche et des mines. Compte tenu du constat
déjà souligné auparavant, c’est-à-dire de la spécialisation des PED en produits agricoles, il n’est
pas étonnant que ces derniers ne parviennent pas à dégager une économie d’échelle, d’autant plus
qu’ils doivent se soumettre aux prix déterminés par leurs clients du moins s’ils désirent toujours
garder leur part de marché. L’existence des produits de substitution et ceux artificiels tels la
vanilline pour la vanille intensifie davantage cette concurrence.
F. L’instabilité et le niveau de taux de change
Comme on l’a déjà anticipé précédemment, il existe en général un lien de causalité entre
l’évolution du taux de change et le commerce extérieur. Exceptionnellement, le commerce
extérieur malgache déroge à ce principe. L’évolution des importations résulte des intrants ou
matières premières, par exemple, la production de l’industrie textile renferme 60% de tissus
importés. Or la dépréciation de la monnaie nationale renchérit le prix de ces matières importées,
donc le coût de production des industries locales et enfin, le prix de vente à l’exportation de ces
produits textiles. En outre, la variation du taux de change génère un climat d’incertitude ainsi
qu’une fluctuation des marges bénéficiaires au fur du temps. Contrairement à Madagascar, des
dispositifs financiers de protection contre les risques de change ou hedging existent au niveau de
marchés internationaux.
À tout cela s’ajoute l’insuffisance des moyens financiers pour développer ces secteurs
d’activité. En effet, le milieu rural bénéficie moins de financement bancaire compte tenu de la
faible rentabilité et des risques associés au recouvrement des crédits. Par conséquent, les
producteurs se contentent de la culture d’autosubsistance. En 2005, par exemple, 16% du crédit
49 Banque Mondiale, 2008, « A la recherche du temps perdu, vers une croissance soutenue »
63
était attribué au secteur primaire, 33% pour le secondaire et 51% pour le secondaire. Cela
témoigne sûrement d’un effort d’industrialisation du pays mais contribue également au détriment
du secteur agricole. En outre, l’insécurité foncière dans la Grande-île constitue un obstacle majeur
pour le développement de l’agriculture. Cette insécurité foncière constitue parallèlement un frein
pour l’accès au crédit bancaire.
Bref, le libre échange offre de nombreux avantages malgré le fait qu’il représente un défi de
taille pour les pays en développement. Comment à présent supplanter ces entraves liées à
l’intégration au commerce international ?
II. Discussions et recommandations
Cette sous-section se propose de définir des solutions en vue de surpasser les freins
précédemment cités, et d’améliorer l’état des échanges extérieurs de Madagascar. Nous
envisagerons pour ce faire quelques alternatives de relance des exportations en général, ensuite
celles relatives à l’intégration aux différentes ZLE en particulier.
A. Stratégies de promotion des exportations
Elles passent par la création d’un cadre favorable pour le secteur privé, toutefois compte
tenu de la délicatesse de la structure financière du pays, le choix d’investissement est judicieux
pour la Grande-île. En effet, vu les produits pour lesquels Madagascar dispose d’un avantage
comparatif, et conformément au théorème HOS, il serait favorable pour le pays de se consacrer sur
les secteurs de transformation. Les subventions doivent ainsi être orientées vers le secteur agricole
et halieutique, ensuite vers le textile.
a. Favoriser le secteur privé
L’initiative privée se trouve confrontée à quelques obstacles. Sur la base expérimentale des
pays développés de nos jours, certaines prescriptions s’inscrivent pour Madagascar.
1. Amélioration de l’accès des entreprises aux marchés internationaux via la réduction des coûts
Au préalable, le rétablissement voire la construction d’infrastructures routières, portuaires
et aéroportuaires doit être prioritaire. L’accroissement de la concurrence entre les compagnies de
64
transport contribue à réduire ce coût outre l’amélioration des infrastructures et le redéploiement
des voies ferrées, particulièrement pour l’acheminement des produits non périssables tels le
ciment, les hydrocarbures, le riz. Pour ce faire, il faudra un suivi régulier des prix et de la marge
générée par ces transporteurs. La délocalisation des industries en périphérie des ports ou « portes
de sortie » vers les marchés internationaux, comme le cas pour plusieurs autres pays est à
envisager. C’est exactement dans ce cadre que s’inscrivent les PIC ou Pôles Intégrés de
Croissance. Certes, celles-ci reposent sur la disponibilité de voies de transport permettant l’accès
aux marchés internationaux. À titre de remarque, les PIC placent comme actions prioritaires: la
construction et la réhabilitation des infrastructures portuaires, routières, énergétiques et de
marché ; l’instauration de mesures d’incitations dont la Loi sur les investissements et la Loi sur les
exportations.
2. Restriction des délais de dédouanement
Cela se traduit par la mise en place d’outils informatiques, c’est-à-dire l’informatisation
des tâches au sein de l’agence douanière. Cette mesure fut par ailleurs déjà appliquée, avec un
certains degré de ralentissement.
En outre, conformément aux clauses de libre-échange, le remboursement de la TVA doit être
respecté afin de ne pas alourdir les coûts de trésorerie des entreprises exportatrices.
3. Des opérations de transit transparentes
Cette transparence sera assurée par la mise à la disposition des exportateurs des
renseignements nécessaires et des tarifs pratiqués afin de leur permettre d’entreprendre et de
prendre librement des décisions. La création d’associations d’exportateurs, de transitaires, ou juste
la simple publication de ces informations sur internet contribuent à assurer la transparence du
marché et la concurrence parfaite entre les acteurs dans ce domaine.
4. Respect des normes sanitaires
L’expérience des autres pays enseigne que l’adoption des normes d’hygiène et de qualité
repose sur :
L’instauration d’un cadre législatif et institutionnel ;
L’amélioration des infrastructures de contrôle et d’inspection, de certification, d’assurance-
qualité;
65
La formation du personnel en matière de certification et d’accréditation des produits
exportés ;
L’amélioration des techniques de production ;
L’amélioration de la traçabilité des produits ;
La diffusion de l’information aux acteurs économiques et dirigeants politiques via les
ateliers et séminaires.
L’apposition d’une marque ou d’un label signifie que les produits suivent exactement les
conditions SPS et constitue ainsi une vraie garantie pour la clientèle. Les produits halieutiques
malgaches font déjà l’objet de cette procédure (certification ISO 9001-2000). Toutefois le suivi de
ces normes déploye certains moyens financiers, aussi convient-il d’étudier les potentiels ou
possibilités de reconversion vers des marchés moins exigeants, ou alors des produits soumis à des
normes moins strictes ?
5. Coordination des efforts de promotion des exportations via les programmes d’assistance
L’implantation d’une Agence de promotion des exportations a porté ses fruits dans divers
pays émergents, en ne citant que la Malaisie à, travers la Malaysia Board Trade ou le Chili :
Fundacion Chili. Ces agences de promotion auront pour mission de :
Présentation d’image favorable du pays à l’échelle internationale, et ce à travers les
campagnes de publicité, l’organisation des salons et d’autres grands événements ;
Soutien aux exportateurs grâce à leur formation et assistance technique, à la fourniture
d’information sur les flux commerciaux entre les pays, les procédures douanières, etc. ;
Appui aux activités de promotion marketing pour les entreprises par le biais des foires
internationales en vue de rencontrer de nouveaux marchés et partenaires commerciaux.
Il faut noter que ces actions sont déjà observées à Madagascar et doivent être renforcées.
En outre, les résultats d’action de ces Agences ne sont pas concrètement visibles. Enfin, il
convient de définir radicalement avant tout projet les domaines-clé qui devraient en bénéficier.
Autrement dit, il faut concentrer ces prérogatives sur les filières à fort taux d’expansion comme le
café, la vanille, les matières précieuses. Ces agences encadreront le secteur privé de manière à ce
qu’il puisse tirer le meilleur parti de ces négociations avec les pays étrangers, et de réaliser ainsi
une économie d’échelle.
66
6. Mesures face aux risques de change
Il s’avère nécessaire compte tenu des retombées du climat d’incertitude rattaché aux
fluctuations des changes d’instaurer des instruments financiers. On peut citer par exemple : le
swap export50, les options de devises, enfin le marché de change à terme. Ce dernier fit l’objet
d’un projet de la BCM en 2009, qui n’a pu commencer jusqu’à l’heure actuelle. Or ce marché
pourrait permettre aux exportateurs de se protéger contre les aléas des variations du taux de
change.
b. Renforcement des autres secteurs d’activité
1. Secteur agricole
Les différents projets doivent en particulier cibler les producteurs locaux, et mettre à leur
portée des politiques avantageuses pour augmenter leurs recettes. Comme vu plus haut, la
réduction des coûts permet d’améliorer la marge bénéficiaire ; par conséquent le gouvernement
malgache devrait orienter les projets de construction de routes et chemins de fer vers ces régions-
cibles. Généralement, d’autres mesures se trouvent être nécessaires, mais elles rejoignent celles
abordées précédemment : apposition d’un label, contrôle des normes-qualité, octroi de crédit,
matériels sophistiqués, etc.
2. Secteur textile
Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, Madagascar constitue un concurrent non
moins considérable des pays asiatiques dans ce domaine. En effet, les conditions climatiques du
pays lui procurent un avantage comparatif dans la culture du coton. Ce secteur figure parmi les
plus rentables malgré certains problèmes relatifs à l’exportation de cette catégorie de produits dont
récemment les retombées de la suspension de l’accord avec l’AGOA. Outre, la concurrence féroce
d’autres pays dont au premier plan la Chine, dans une moindre mesure le Pakistan. La théorie
d’égalisation des prix des facteurs de production de Samuelson trouve tout son sens à travers le
constat ci-après. Certes, la main d’œuvre abondante peut actuellement favoriser la Chine. À
mesure que ce pays se développe le coût de ce facteur augmente également. Faute de pouvoir
dégager une économie d’échelle, la Chine ne sera plus aussi compétitive qu’à l’heure actuelle.
50 Les Swap Export sont des avoirs et devises consentis par les banques aux exportateurs, convertibles à la Banque Centrale et remboursés au moment du règlement des exportateurs.
67
Cette perspective offre un créneau pour les entrepreneurs malgaches. Toutefois, il serait
prétentieux de s’attaquer aux marchés des pays développés, le pays doit pour un début se focaliser
sur les réseaux d’échange africains (COMESA, SADC,..).
La valorisation du secteur minier dans la grande-île devrait également retenir l’attention du
gouvernement malgache. Si tel est la recette pour la promotion des exportations ; comment tirer
profit des privilèges liés à l’adhésion aux différentes ZLE ?
B. Optimiser les privilèges liés à l’adhésion aux ZLE
Nous allons à présent voir quelques pistes pour favoriser l’intégration de l’économie
malgache au commerce mondial. Comparativement à la précédente sous-section, celle-ci mettra
l’accent sur l’amélioration des échanges de la Grande-île avec ses principaux partenaires
actuellement en retenant toujours l’exemple de la Chine, et des pays membres des CIR.
a. Perspectives d’amélioration des échanges avec la Chine
La vulnérabilité face aux industries chinoises se trouve être le problème fondamental en ce
qui concerne l’ouverture économique et aux échanges commerciaux avec ce pays. Afin de pallier
ces retombées négatives, l’Etat malgache devrait sans plus tarder engager une fois de plus de
sérieuses actions en faveur des industries locales : adoption d’une politique fiscale moins stricte,
allégement des procédures de création d’entreprise. En outre, il faut également favoriser les projets
de recherche et développement, l’innovation technologique, promouvoir la formation industrielle
des ouvriers, voire des étudiants malgaches : privilégier l’enseignement technique et scientifique.
b. Perspectives d’amélioration des échanges au niveau des marchés régionaux
Outre les recommandations permettant de relever les défis rattachés au libre-échange en
général, et la promotion des exportations en particulier ; certaines mesures s’imposent pour
réveiller l’énorme potentialité économique de Madagascar restant encore non exploitée. Ces
principales mesures furent le fruit d’études et de recherche quant à la difficulté d’intégration de
certains pays comme Madagascar au niveau des marchés régionaux. Ainsi, ce plan d’action de
développement des échanges commerciaux avec les pays étrangers, comprend :
La diversification des produits ;
68
La diversification des marchés ;
Enfin, la diversification des entreprises exportatrices.
Ces trois axes constituent le pivot des reformes et initiatives entreprises par la Chambre du
Commerce et de l’Industrie d’Antananarivo depuis 2002. La Coalition pour des Accords de Pêche
Equitables ou CAPE a entamé cette démarche de promotion des exportations à Madagascar. Cette
coalition fut validée à l’issue des négociations internationales : COMESA, SADC, Indian Ocean
RIM et enfin le FIVIMPAMA ou FIVondronan’Ireo MPAndraharaha MAlagasy. Cet accord
concrétise les Accords de Partenariat Economique ou APE.
1. Diversification des produits
Cette diversification est nécessaire pour se prémunir de la volatilité ou fluctuation des prix,
ainsi que de l’intensification de la concurrence étrangère. Les exportations ne doivent donc plus se
limiter aux produits classiques ou traditionnels, et doivent également se conformer aux besoins des
marchés étrangers. L’analyse de l’indice de complémentarité commerciale montre en effet que
Madagascar exporte et importe presque les mêmes produits. L’exploitation de nouveaux produits
comme les huiles essentielles se concrétise. Celle-ci s’affiche dans une perspective très
prometteuse : produits à forte valeur ajoutée, demande croissante et récemment aussi la perte de
compétitivité de la Chine dans ce produit compte tenu du cataclysme naturel ayant sévi dans le
pays. Malgré tout, des actions restent à entreprendre afin de propulser cette nouvelle variété de
produits d’exportation. Outre, la canne à sucre constitue également une « filière d’avenir51 .
Néanmoins, sur ces dernières années, l’apport de cette filière dans le PIB ne dépassait les 1%, et la
production était en grande partie destinée au marché local. La stratégie de développement,
d’adaptation de cette filière, entamée en avril 2006 et censée prendre fin en 2014 devrait
s’enchainer et se renforcer afin de pouvoir satisfaire le marché intérieur et extérieur.
2. Diversification des marchés
Les échanges commerciaux malgaches se cantonnent principalement sur ses partenaires
traditionnels. Par ailleurs, son faible niveau d’indice de complémentarité commerciale démontre
que Madagascar exporte et importe presque toujours les mêmes produits. La ré-adhésion au sein
51Donas Hanitriniony RALAY, dans le journal « la Vérité »,31 juillet 2013
69
de l’AGOA, comme vu supra ainsi que la coopération avec de nouveaux partenaires commerciaux
pourront appuyer cette initiative de promotion des exportations.
3. Diversification des entreprises exportatrices
Dans la mise en œuvre de cet objectif, un système de formation des exportateurs
contribuera à améliorer leur expérience, mais également à nouer des accords de partenariat avec
les entreprises étrangères. Les ateliers, séminaires et autres manifestations internationales dans le
domaine des échanges commerciaux internationaux doivent être encouragés ?
En outre, la contribution active des autres acteurs ; que ce soit dans le secteur privé, public
ou qu’il s’agisse des institutions internationales ; est toujours favorablement accueillie, tant en
période normale qu’en temps de crise. Ces entités serviront d’appui aux entreprises d’exportations
dans ces contextes, par exemple : octroi de subventions, de crédits, rétablissement des
infrastructures routières afin d’accéder aux régions isolées, réduire le coût de transport, le prix des
produits exportés ; bref, pour assurer une toujours meilleure compétitivité à l’égard de la
concurrence étrangère. Outre ce fait, le renforcement des secteurs comme l’artisanat, la pêche ou
l’agro-industrie constitue une autre condition pour promouvoir l’exportation dans un pays donné.
Il ne faut également pas omettre un détail important, celui réglementaire et législatif. Une
législation claire déboucherait sur l’accès optimal des entrepreneurs aux dernières technologies
telles la fibre optique, ou d’autres découvertes, dont de nouvelles potentialités marines. Une loi
explicite doit être mise en vigueur sur ce sujet.
Conclusion de la seconde partie
Le ralentissement de la croissance économique de Madagascar s’explique par le déficit
de sa balance commerciale. Divers projets de promotion des exportations ont cependant été
entrepris en vue de redresser cette situation. Des efforts en vain, la réalité en est cependant que
Madagascar dispose d’énormes potentiels en termes de produits et de marchés non encore
exploités. Des mesures de diversification, de révision de textes réglementaires doivent alors être
mis en œuvre en vue de résoudre ces principaux problèmes, de promouvoir les rapports
commerciaux de Madagascar afin de constituer un pilier pour son développement.
70
CONCLUSION
De nombreux théoriciens s’accordent sur les bienfaits du libre-échange, malgré certaines
nécessités des mesures de renforcement des barrières douanières sur le court terme, dans le but de
protéger les industries locales. Les pays en développement doivent inévitablement profiter des gains
issus du libre-échange. Ces derniers ne peuvent tourner le dos à cette unique opportunité pour
pouvoir sortir de la pauvreté, assurer une forte croissance économique et un développement durable.
Certes, le libre-échange eût porté ses fruits sur la plupart des pays en développement. Il ne faut
néanmoins pas négliger quelques uns n’ayant pu s’intégrer totalement au système commercial
mondial. Leur réinsertion dans ce système va toutefois déployer des actions sur bon nombre de
domaines tant au niveau intérieur que sur le plan international, d’autant plus que la concurrence
s’intensifie chaque jour.
Ce constat concerne également Madagascar. Certes, les efforts de libéralisation de la
Grande-île connurent de satisfaisants résultats sur les dix premières années avant de ne réellement
basculer à partir des années 90. Les effets ne correspondent pas à ceux escomptés : le pays ne peut
restreindre ses importations du fait de son faible niveau d’industrialisation, alors que ses exportations
tendent davantage à la baisse. La double-crise ne fit également qu’accentuer cette précarité de la
balance commerciale malgache. Bien cependant que la croissance économique soit faiblement
sensible à la variation des exportations, nul ne peut contredire les apports de ce secteur sur
l’économie malgache. Par ailleurs, aucun pays ne peut à première vue survivre en autarcie en cette
période de la mondialisation. Pour supplanter ces divers obstacles au développement des échanges
commerciaux, le gouvernement devrait continuer les efforts déjà entamés, favoriser l’industrialisation
et le secteur privé afin de compresser l’importation et de redresser ce déficit chronique ; enfin
stimuler et diversifier les exportations tant en produit qu’en couverture géographique. L’ouverture
croissante des échanges avec les pays voisins de la Grande-île, ainsi qu’avec ceux membres des
Communautés d’Intégration Régionale, devrait également servir de priorité. L’enjeu est sans doute de
taille. Cependant, personne ne peut contredire l’énorme potentialité de la Grande-île. Le problème
réside sur la manière d’exploiter convenablement cette richesse ainsi que de l’utiliser de la manière la
plus optimale possible.
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES
BERNARD A. P., 2008, Développement d’une stratégie nationale d’exportation dans le cadre
de l’AGOA pour Madagascar
DERVIS K., 2000, Croissance, mondialisation et pauvreté, élément de débat et perspectives
d’avenir, leçons inaugurales n°8, IUED
GUILLOCHON B., KAWECKI A., 2009. Economie internationale. Paris, Dunod
HUWART J.-Y.et VERDIER L, La mondialisation est-elle bénéfique à l’emploi dans La
mondialisation économique : Origines et conséquences. Editions OCDE.
Http://dx.doi.org/10.1787/978264111929-7-fr
KRUGMAN P., OBSTFELD M., et al. 2006, Economie internationale. Paris, 7édition
Pearson
Education France,
LINDER S. B., 1961, An Essay on Trade and Transformation”, New York, John Wiley and
Sons
RAHARIJAONA A- L., Initiation aux nouvelles règles du commerce international
RAINELLI M, 1992. La Nouvelle théorie du commerce international, Paris, La découverte,
collection « Repères »
RICARDO D., 1817, Principes de l’économie politique et de l’impôt, Flamarion
SMITH A., 1776, Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations, PUF 1995
VERNON R., 1970, The Technology Factor in International Trade, N.B.E.R., New York.
ENQUETES ET PUBLICATIONS
Banque Centrale de Madagascar : 2003, 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2012,
2013 ; « Bulletin de la Banque Centrale de Madagascar »
Banque mondiale, 2008, « Madagascar : A la recherché du temps perdu, vers une croissance
soutenue et équilibrée »
CREAM, 2005 « Etude d’impacts des APE pour Madagascar »
CREAM ; 2009, « Etude de la compétitivité de Madagascar sur le marché régional de la
SADC »
CREAM ; 2013, « EXPORTATIONS, CROISSANCE ECONOMIQUE ET INTEGRATION
REGIONALE, La relation entre exportations et croissance économique à Madagascar »
CREAM ; 2013, « EXPORTATIONS, CROISSANCE ECONOMIQUE ET INTEGRATION
REGIONALE, Quels produits à exporter pour répondre aux potentialités commerciales de
Madagascar sur les marchés régionaux ? »
Friedrich Ebert Stiftung, brochure
INSTAT, 2013, Enquête Nationale sur le Suivi des Objectifs du Millénaire pour le
développement ENSOMD,
INSTAT, 2014, Tableau de bord économie
Le monde diplomatique, mars 2009, Dossier : Le protectionnisme et ses ennemis, « Mille et
une manières », p.19
Ministère de l’économie et de l’industrie, Vice-Primature chargée de l’économie et de
l’Industrie, 2012, Rapport de mise en œuvre des programmes
RAZAFINDRAVONONA Jean, RAKOTOMANANA Eric ; RAJAOBELINA Jimmy,
«Etude sur les échanges économiques entre la Chine et Madagascar », Janvier 2008.
JOURNAUX
Le journal « la Vérité »,31 juillet 2013
ARTICLES
BOUCHER Michel, « List et la théorie de l’industrie naissante », L'Actualité économique,
vol. 49, n° 2, 1973, p. 259-268
KATSHINGU Remy K, « Protectionnisme et entraves au commerce international », octobre
2012, 06p http://www.dissertationsgratuites.com/dissertations/Protectionnisme-Et-Libre-
Echange/426813.html
SUPPORTS DE COURS
Mme RAJAOSON Lalao, 2013, Economie Industrielle, 4ème Année Economie
Mr RAKOTOVAO Hery, 2012, Développement et croissance, 3ème Année Economie
Mr RAMIANDRISOA Olivier, 2013, Politique économique, 4ème Année Economie
Mr RAMIARISON Herinjantovo Aimé, 2013, Imperfection des marchés, 4ème Année
Economie
WEBOGRAPHIE
http://www.commerce.gov/
http://web.worldbank.org/
http://www.mbf.mg/
http://dx.doi.org/10.1787/978264111929-7-fr
http://www.fmi.org
ANNEXE
Annexe 1 : Evolution du PIB et du taux d’intérêt de la Chine entre 1998 et 2011
Source : Datastream,EIU et NATIXIS
Annexe 2 : Evolution de la balance commerciale et des capitaux de la Chine entre 1998 et
2011
Source : Datastream, EIU et NATIXIS
Annexe 3 : Comparaison des exportations et importations de quelques pays en développement
entre 1996 et 2011
Exportations Importations
1996-
2000
2001-2006 2007-2011 1996-2000 2001-2006 2007-2011
Pays en
développement
d’Afrique
9,7 9,8 10,9 13,3 13,5 12,7
Afrique de
l’Est
12,4 14,1 13,9 8,8 9,3 7,1
Afrique
centrale
1,2 1,0 1,3 2,6 2,5 3,1
Afrique du
Nord
3,2 2,9 3,9 2,8 3,7 3,8
Afrique
australe
4,4 2,1 2,1 11,9 10,7 7,9
Afrique de
l’Ouest
10,2 10,0 9,0 11,3 12,5 10,2
Pays en
développement
d’Amérique
19,1 17,6 20,6 17,6 19,0 21,1
Pays en
développement
d’Asie
41,5 45,1 50,1 40,6 49,3 53,0
Pays en
développement
d’Océanie
1,3 3,0 3,3 0,9 2,3 2,7
Europe 67,3 71,4 70,0 68,3 67,0 64,4
Source : Base de données UNCTADstat.
Annexe 4 : Evolution du PIB 2001-2003
Le tableau suivant indique l’évolution du PIB entre 2001 et 2003 (en milliards d’Ariary) et
leur variation entre ces périodes.
Source : BCM
2001 2002 2003 2001/2002 2002/2003 PIB au prix du marché
2471 2158 2369 -12,7 9,8
Ressources Secteur primaire
774 764 774 -1,3 1,3
Secteur secondaire
304 241 276 -20,7 14,5
Secteur tertiaire dont
1196 1016 1124 -15,1 10,6
Secteur public 110 113 119 2,7 5,3 Charges non imputées
646 49 -55 6,5 12,2
PIB au coût des facteurs
2228 1973 2119 -11,4 7,4
Impôts indirects 243 186 250 -23,5 34,4 Emplois Investissements Publics
147 72 154 -51,0 113,9
Investissements privés
245 173 215 -29,4 24,3
Consommation publique
207 179 232 -13,5 29,6
Consommation privée
1941 1883 1948 -3,0 3,5
Exportations BSNF
463 250 349 -46,0 39,6
Importations BSNF
532 399 529 -25,0 32,6
Epargne intérieure 322 95 189 -70,5 98,9 Déflateurs Secteur primaire 992,1 1173,2 1172,2 18,3 -0,1 Secteur secondaire
1320,7 1692,1 1706,9 28,1 0,9
Secteur tertiaire 1343,6 1517,8 1562,5 13,0 2,9 PIB 1207,7 1392,1 1430,7 15,3 2,8
Annexe 5 : Evolution de la proportion de la population vivant au dessous du seuil de la
pauvreté, à partir de 1993 par rapport à l’objectif cible 2015
Source : INSTAT/EPM
Annexe 6 : Composantes de l’IDH 2003 - 2012
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2011 2012
Esperance de vie 53,8 54,2 54,7 55,2 55,7 56,2 66,7 66,9
Taux de
scolarisation(%)
56,3 64,7 67,0 69,9 71,7 74,0 - -
Taux
d’alphabétisation(%)
73,1 73,1 59,6 74,1 74,4 74,8 71,4 -
Revenu en USD
(PPA constant en
2005)
863,1 823,5 435,0 951,7 1225,8 1450,7 824,0 828,0
IDH 0,505 0,514 0,467 0,535 0,555 0,571 0,480 0,483
Source : INSTAT, RMDH 2013/UNDP
Annexe 7: Variation du taux d’inflation 2011-2013
rubriques Variation mensuelle en
%
Variation de la période
en %
Variation annuelle en %
2011 2012 2013 2011 2012 2013 2011 2012 2013
Janvier 2,3 0,9 0,9 2,3 0,9 0,9 11,1 5,4 5,8
Février 1,9 0,6 0,4 4,2 1,5 1,4 12,0 4,1 5,6
Mars 0,0 0,7 0,4 4,2 2,2 1,8 11,2 4,9 5,4
Avril -0,4 0,5 3,7 2,7 10,5 4,9
Mai -0,5 0,1 3,2 2,8 10,1 6,5
Juin 0,1 0,1 3,3 3,0 9,6 6,6
Juillet 0,3 -0,1 3,6 2,9 9,3 6,2
Aout 0,2 0,3 3,7 3,1 8,7 6,3
Septembre 0,5 0,4 4,3 3,5 8,4 6,1
Octobre 0,6 0,5 4,9 4,0 7,9 6,0
Novembre 0,8 0,7 5,6 4,7 7,3 6,0
Décembre 1,2 1,0 6,9 5,8 6,9 5,8
moyenne 9,4 5,8
Source : BCM
Annexe 8 : Variation du PIB 2008-2013 2008 2009 2010 2011* 2012*
PRODUIT INTERIEUR BRUT Produit Intérieur
Brut (milliards d’Ariary) TAUX DE
CROISSANCE DU PIB(en
pourcentage) INFLATION
ANNUELLE DU PIB Déflateur du PIB
TAUX DE CROISSANCE PAR
SECTEUR Secteur primaire
Secteur secondaire Secteur tertiaire
TAUX DE CROISSANCE PAR
BRANCHE D’ACTIVITE Agriculture
Elevage et pêche Sylviculture
Agro-industrie Industrie extractive
Energie Industrie
alimentaire Industrie des
boissons Industrie du tabac Industrie du corps
gras Industrie textile Industrie du cuir Industrie du bois
Matériaux de construction Bâtiments et
travaux publics Transport de marchandises Transport de
voyageurs Auxiliaire du
transport Télécommunication
Commerce Banque
Assurance Services rendus aux entreprises et aux
ménages
16081
7,1
8,9
2,9 3,6 8,2
4,5 1,6 1,0 0,0 9,0 6,9
12,5
3,0
-9,1 -5,5
-4,4 -5,1 9,2
12,0
27,6
7,3
4,7
5,9
20,9 3,3 4,0
14,2 8,3
16729
-4,1
8,5
8,5 -7,8 -7,5
10,7 1,8
30,4 57,3 -11,2 -0,4 -5,9
0,1
5,9
-19,3
-24,6 -6,2
-33,7 -4,2
-17,7
-10,3
-18,6
-13,3
9,2 3,9
16,7 7,5
-14,4
18273
0,4
8,6
-3,4 -7,5 0,9
-0,6 -8,0 0,8
34,0 -61,2 7,5 -1,8
17,3
-14,5 3,0
7,3 0,0
-12,7 3,3
2,6
1,0
6,7
-0,4
9,9 -4,5 9,8
16,7 0,7
20088
1,6
8,5
0,7 3,2 -0,3
-1,2 4,2 -3,3 0,4 3,1 -0,9 7,5
7,01
-4,8 14,4
-0,7 1,4 -2,9 4,4
3,7
-1,6
-1,2
-14,1
4,4 1,7 1,3
10,8 -1,5
21989
3,1
6,2
1,7 10,0 2,6
3,8 0,8 -7,4 28,9
139,4 6,1 2,7
3,0
2,8 3,4
1,9 1,4
-17,0 0,5
0,5
3,5
1,6
7,1
4,4 4,7 1,3 1,4 0,7
Source : DSY INSTAT/2011* et 2012* : provisoires
Annexe 9 : Evolution de la balance des paiements 2003-2006 (en millions de DTS)
Rubriques 2003 2004 2005 2006
1- Transactions courantes
Balance commerciale
Exportations FOB
Importations FOB
Services nets
Revenus des investissements
2-Opérations en capital
3-Opérations financières
Investissements directs
4-Erreurs et omissions
5-Balance globale
6-Financement
-231,5
-181,5
611,6
-793,1
-212,9
-55,0
100,4
35,3
9,1
98,5
-27,3
27,3
-268,5
-249,5
669,1
-963,6
-142,3
-51,7
121,9
152,8
35,7
-30,4
-24,3
24,3
-371,1
-401,8
579,9
-981,7
-79,8
-53,1
108,6
171,2
58,0
64,3
-26,9
26,9
-328,7
-371,7
662,3
-1034,0
-47,9
-54,5
1750,3
-1187,2
150,5
-75,3
159,1
-159,1
Source : BCM
Annexe 10 : Evolution de la balance des paiements 2006-2009 (en millions de DTS)
Rubriques 2006 2007 2008 2009 (*)
1-Transactions courantes
1-1-biens et services
Balance commerciale
Exportations FOB
Importations FOB
Services nets
1-2-revenus des investissements
1-3-transferts courants
2-Opérations en capital et financière
2-1- opérations en capital
2-2-opérations financières
Investissements directs
Investissements en portefeuille
Autres investissements
3-Erreurs et omissions
4-Balance globale
5-Financement
-357,0
-466,0
-384,2
657,7
1041,9
-81,8
-56,3
165,3
615,5
1750,4
-1135,0
192,4
0,0
-1327,5
-99,1
159,3
-159,3
-572,9
-769,7
-654,7
808,6
-1463,3
-115,0
-36,8
233,6
765,5
178,3
587,3
483,8
0,0
103,5
-44,2
148,5
-148,5
-1115,2
-1383,5
-1204,9
828,9
-2033,8
-178,5
-31,7
299,9
1146,5
156,5
990,1
718,7
0,2
271,2
34,8
66,1
-66,1
-1074,2
1213,7
-1034,2
676,0
-1710,2
-179,5
-59,3
198,8
1016,3
43,3
973,0
882,1
0,0
90,9
42,4
-15,5
15,5
Source : BCM
Annexe 11 : Structure des échanges vers les partenaires commerciaux de Madagascar
Source : Calculs de l’ITC sur la base de données Trade Map 2011, à l’exclusion des armes,
munitions et minerais
Annexe 12 : Structure des importations en provenance de la Chine entre 1995 et 2006
Source : INSTAT
Annexe 13: Evolution de la répartition des flux commerciaux (import-export) de Madagascar
avec le COMESA entre 2006 et 2010
Source : cahier n°13, CREAM
Évolution de la répartition des flux commerciaux (import-export) de Madagascar au niveau de
la SADC entre 2006 et 2010
Source : cahier n°13, CREAM
Annexe 14 : Liste des produits pour lesquels Madagascar dispose d’un avantage comparatif (données du mois de février 2013)
Catégorie Exportations (milliards d’ariary)
Textile Poisson et crustacé Café, thé et épices Autres minerais Pièces de machines Bois Poissons et viandes conservés Minerai Huiles essentielles Fruits et noix Coco Sucre Légumes Cuir Autres légumes Livres Sel, sulfures, minerais Fruit et légumes conservés Coton Machine électrique Bateau Corde Autres fibres textiles Autres produits végétaux Montre Fourniture Papier Herbes Articles de sport et de loisir Autres produits manufacturés Peau Autres produits textiles Machine pour photo Fil manufacturé Textile crochet Pelote Art et collection Autre produit chimique Fibre manufacturé Vinaigre et boisson Animal vivant Produit d’origine animal Article à base de métal Métaux précieux Arbres et plantes céréales
788,42 226,63 215,39 143,66 128,44 102,93 90,53 75,81 72,04 59,31 52,07 38,93 32,81 28,72 27,00 24,67 24,32 23,53 23,31 22,26 21,83 17,34 16,69 16,10 15,62 14,84 11,93 8,10 7,80 6,56 5,85 5,79 5,52 4,66 3,56 3,34 2,04 1,66 1,43 1,33 0,73 0,50 0,46 0,36 0,33 0,05
Source : WITS, Banque Mondiale
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX STATISTIQUES
LISTE DES FIGURES
ACRONYMES
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION-----------------------------------------------------------------------------------------1
PARTIE I : ANALYSE DU RAPPORT LIBRE-ECHANGE
_CROISSANCE ECONOMIQUE----------------------------------------------------------------------3
Chapitre I : Divergences théoriques en matière d’impact du libre-échange sur la croissance
économique----------------------------------------------------------------------------------------------------4
Section 1 : Théories afférentes à la nécessité du libre-échange----------------------------------------4
I. Théories traditionnelles du commerce international---------------------------------------------4
A. De la théorie de l’avantage absolu de Smith à l’Avantage comparatif de Ricardo----4
B. Théorie de la dotation factorielle d’Heckcher-Ohlin-Samuelson---------------------------6
II. Les nouvelles théories du commerce international--------------------------------------------7
A. Rendement d’échelle-------------------------------------------------------------------------------7
B. Différence technologique dynamique----------------------------------------------------------8
C. Différenciation des produits---------------------------------------------------------------------8
D. Cycle de vie des produits de Vernon-----------------------------------------------------------9
E. Théorie de la demande représentative de Linder--------------------------------------------10
F. Paradoxe de Leontief---------------------------------------------------------------------------11
G. Concurrence monopolistique------------------------------------------------------------------12
H. Firmes multinationales------------------------------------------------------------------------13
Section 2 : Libre –échange, entrave à la croissance économique----------------------------------14
I. Protectionnisme----------------------------------------------------------------------------------14
A. Objectifs-------------------------------------------------------------------------------------------14
B. Instruments de protectionnisme ou de politique commerciale-----------------------------14
II. Théories de la domination-----------------------------------------------------------------------16
A. Théorie des inégalités : Bagwati, Arghiri Emmanuel et Karl Marx-----------------------16
B. Protection des industries naissantes------------------------------------------------------------16
C. Théorie du vol de l’oie sauvage : Kaname Akamatsu---------------------------------------17
Chapitre II : Enjeux de la mondialisation et du libre-échange sur la croissance économique------18
Section 1 : Dimensions économiques de la mondialisation----------------------------------------------18
I. Approche conceptuelle-----------------------------------------------------------------------------18
A. Concept de mondialisation-------------------------------------------------------------------------18
B. De la pauvreté à la croissance économique------------------------------------------------------19
II. Lien entre mondialisation, et croissance économique------------------------------------------20
A. Mondialisation, source de croissance économique---------------------------------------------20
a. Mondialisation, spécialisation et IDE------------------------------------------------------------20
b. Autres avantages liés à la mondialisation-------------------------------------------------------21
B. Mondialisation et pauvreté-------------------------------------------------------------------------21
a. Mondialisation et emploi---------------------------------------------------------------------------21
b. Mondialisation, vecteur de fragilités économiques--------------------------------------------22
Section 2 : Tendances du libre-échange sur la croissance économique dans le contexte de la
mondialisation------------------------------------------------------------------------------------------------24
I. Libre-échange, une opportunité pour les pays en voie de développement-------------------24
II. Pays en développement face aux aléas du libre-échange et la concurrence mondiale------25
PARTIE II : PERSPECTIVES DE CROISSANCE ECONOMIQUE PAR LE BIAIS DU LIBRE
ECHANGE, LES CHANCES POUR MADAGASCAR--------------------------------------------------27
Chapitre I : Economie malgache et commerce extérieur---------------------------------------------28
Section 1 : Etat des lieux de l’évolution de la situation économique et du commerce
extérieur malgache entre 2003 et 2013---------------------------------------------------------—----28
I. Rétrospective de l’évolution de la situation économique du pays entre 2003 et 2013 ----28
A. Fragilité économique et situation de pauvreté à Madagascar-----------------------------28
B. Evolution actuelle------------------------------------------------------------------------------29
II. Rétrospective sur l’évolution des échanges commerciaux du pays entre 2003 et 2013---30
C. Structure du commerce extérieur du pays------------------------------------------------------30
a. Déficit chronique des termes de l’échange---------------------------------------------31
b. Politique commerciale malgache------------------------------------------------------34
D. Commerce extérieur au cœur des stratégies et plans de développement---------------------36
a. Projet d’action en faveur du commerce extérieur---------------------------------------36
1. MAP----------------------------------------------------------------------------------36
2. Projet Cadre Intégré---------------------------------------------------------------37
3. Projets d’appui sectoriel----------------------------------------------------------39
b. Impact de la politique de dévaluation sur le commerce extérieur----------------------39
Section 2 : Relation causale entre commerce extérieur et croissance économique ------------------40
I. Essor des échanges commerciaux----------------------------------------------------------------40
A. Principaux partenaires commerciaux de Madagascar------------------------------------------40
a. Accords multilatéraux et bilatéraux--------------------------------------------------------40
b. Intégration économique régionale----------------------------------------------------------42
B. Principaux produits, objet de l’échange----------------------------------------------------------44
a. Exportations----------------------------------------------------------------------------------------44
b. Importations----------------------------------------------------------------------------------------49
II. Libre-échange : un défi et une opportunité, retour sur les enjeux des accords commerciaux
malgaches --------------------------------------------------------------------------------------------50
A. Madagascar-Chine----------------------------------------------------------------------------------50
a. Les points forts et opportunités à saisir-----------------------------------------------------51
b. Points faibles et menaces----------------------------------------------------------------------51
B. Madagascar au niveau de l’intégration économique régionale--------------------------------51
a. Points forts, avantages et opportunités à saisir---------------------------------------------52
b. Points faibles,
inconvénients et menaces---------------------------------------------------------------------53
Chapitre II : Stratégies de développement du commerce extérieur-----------------------------------54
Section 1 : Atouts et potentiels de l’économie malgache----------------------------------------------54
I. Atouts en termes de produits exportés-----------------------------------------------------------54
A. Produits agricoles----------------------------------------------------------------------------------54
B. Minerais----------------------------------------------------------------------------------------------55
C. Richesses marines----------------------------------------------------------------------------------55
II. Atouts en matière de marchés potentiels--------------------------------------------------------56
A. Capacité d’approvisionnement en matière de produits de la pêche et de l’élevage--------56
B. Capacité d’approvisionnement en matière de produits de l’agro-industrie------------------56
C. Quelques opportunités en vue---------------------------------------------------------------------57
Section 2 : Perspectives d’avenir---------------------------------------------------------------------------59
I. Freins au développement des exportations à Madagascar-------------------------------------59
A. Des produits non diversifiés et un marché restreint---------------------------------------------60
B. Ouverture croissante aux importations------------------------------------------------------------60
C. Le manque de connectivité interne et externe des entreprises exportatrices malgaches –--61
D. L’absence de normes de qualité des produits-----------------------------------------------------61
E. L’insuffisance d’informations et d’économie d’échelle---------------------------------------62
F. L’instabilité et le niveau de taux de change-----------------------------------------------------62
II. Discussions et recommandations------------------------------------------------------------------63
A. Stratégies de promotion des exportations--------------------------------------------------------63
a. Favoriser le secteur privé---------------------------------------------------------------------------63
1. Amélioration de l’accès des entreprises aux marchés internationaux via la réduction des
coûts-----------------------------------------------------------------------------------------------63
2. Restriction des délais de dédouanement-----------------------------------------------------64
3. Des opérations de transit transparentes------------------------------------------------------64
4. Respect des normes sanitaires-----------------------------------------------------------------64
5. Coordination des efforts de promotion des exportations via les programmes
d’assistance---------------------------------------------------------------------------------------65
6. Mesures liées face aux risques de change---------------------------------------------------66
b. Renforcement des autres secteurs d’activité-----------------------------------------------------66
1. Secteur agricole--------------------------------------------------------------------------------------66
2. Secteur textile----------------------------------------------------------------------------------------66
B. Optimiser les privilèges liés à l’adhésion aux ZLE---------------------------------------------67
a. Perspectives d’amélioration des échanges avec la Chine---------------------------------------67
b. Perspectives d’amélioration des échanges au niveau des marchés régionaux---------------67
1. Diversification des produits---------------------------------------------------------------68
2. Diversification des marchés---------------------------------------------------------------68
3. Diversification des entreprises exportatrices--------------------------------------------69
CONCLUSION-----------------------------------------------------------------------------------------------70
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE
TABLE DES MATIERES
Nom : RAMANANDRAIBE
Prénoms : Haingoniaina Murielle
Titre : Les pays en developpement face au libre-echange : Quelle alternative pour Madagascar ?
Nombre de pages : 70
Nombre de tableaux : 2
Nombre de graphiques : 4
RESUME
A l’instar des pays en developpement, Madagascar vit les changements vehiculés par
le courant de la mondialisation. Ce dernier constitue tant un défi, qu’une grande opportunité
pour le pays. Durant ces dernières décennies de libéralisation, Madagascar a puisé toutes ses
ressources afin de parvenir à son ultime objectif d’assurer une forte croissance économique
voire un développement durable. Certaines améliorations ne sont négligables, pourtant ce but
reste encore un grand défi pour la Grande-île. De meilleures perspectives s’ouvrent pour
l’économie malgache à condition d’exploiter ses avantages comparatifs d’une manière plus
optimale, de chercher des marchés potentiels, de diversifier sa production, enfin d’améliorer
le cadre des affaires via le renforcement du cadre législatif et règlementaire.
Mots clés : pays en développement, changements, mondialisation, défi, opportunité,
libéralisation, croissance économique, perspectives, avantages comparatifs, optimale, marchés
potentiels, diversifier, améliorer, cadre des affaires, renforcement du cadre législatif et
règlementaire
Encadreur: Professeur RAZAFINDRAVONONA Jean
Adresse de l’auteur : LOT IB 53 ANDOHARANOFOTSY