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,300DF« &8/785$ ವ :(77(5(1 Les Quaestiones ad Antiochum ducem d’un Pseudo-Athanase (CPG 2257). Un état de la question Caroline Macé (Louvain) 1. Introduction Une importante collection de Questions et Réponses (QR) 1 , con- nue sous le titre de Quaestiones ad Antiochum ducem (Quaest. Ant.) (CPG 2257), a été transmise sous le nom d’Athanase d’Alexandrie. Cette compilation, qui semble à peu près contemporaine des QR « authentiques » d’Anastase le Sinaïte, a connu un grand succès, comme l’attestent l’étendue de la tradition manuscrite 2 , les traduc- tions médiévales dont elle a fait l’objet (en arménien, en arabe et en slavon 3 ) et les nombreuses citations de certaines questions dans 1 Sur le genre voir Y. Papadogiannakis, « Instruction by Question and Answer in Late Antiquity : the Case of Late Antique and Byzantine Erota- pokriseis », dans Greek Literature in Late Antiquity : Dynamism, Didacticism, Classicism, éd. par S. Johnson, Ashgate, 2006, pp. 91-105. 2 La base de données « Pinakes » de la section grecque de l’I.R.H.T. (http :// pinakes.irht.cnrs.fr/) recense plus de 250 manuscrits grecs contenant au moins l’une des Quaest. Ant. 3 La traduction arménienne des Quaestiones ad Antiochum a été éditée parmi les œuvres d’Athanase : E. Tayec’i, At’anasi Ałek’sandrwoy hayrapeti c ˇar ˇk’, t’ułt’k’ ew ĕnddimasc’ut’iwnk’, Venise, 1899, pp. 347-481. Elle contient 56 QR (numérotées de 1 à 54 en Arménien, mais il y a deux numéros bis) qui corres- pondent aux QR suivantes en grec : 16-23, 25-36, 67-71, 81, 83-98, 101-102, 105 (= 43bis en arménien), 107 (= 44bis en arménien), 113-116, 127-128, 133-135, « 136 » (d’après l’éditeur arménien, mais en fait il s’agit de la QR 55 en grec). Je remercie Tara Andrews pour son aide à propos de cette traduction. Sur la traduction arabe de 45 QR, voir G. Graf, Geschichte der christlichen arabischen Literatur, vol. I : Die Ubersetzungen, Cité du Vatican, 1944 (Studi e testi, 118), pp. 312-313 (le plus ancien manuscrit, conservé à Strasbourg, daterait du neuvième siècle). Francis Thomson a eu la gentillesse de me communiquer que le texte a été traduit deux fois en slavon au dixième siècle et que DOI 10.1484/M.IPM-EB.1.101149

Les Quaestiones ad Antiochum ducem d'un Pseudo-Athanase (CPG

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IPM-64.indbLes Quaestiones ad Antiochum ducem d’un Pseudo-Athanase (CPG 2257).
Un état de la question
Caroline Macé
1. Introduction
Une importante collection de Questions et Réponses (QR)1, con- nue sous le titre de Quaestiones ad Antiochum ducem (Quaest. Ant.) (CPG 2257), a été transmise sous le nom d’Athanase d’Alexandrie. Cette compilation, qui semble à peu près contemporaine des QR « authentiques » d’Anastase le Sinaïte, a connu un grand succès, comme l’attestent l’étendue de la tradition manuscrite2, les traduc- tions médiévales dont elle a fait l’objet (en arménien, en arabe et en slavon3) et les nombreuses citations de certaines questions dans
1 Sur le genre voir Y. Papadogiannakis, « Instruction by Question and Answer in Late Antiquity : the Case of Late Antique and Byzantine Erota- pokriseis », dans Greek Literature in Late Antiquity : Dynamism, Didacticism, Classicism, éd. par S. Johnson, Ashgate, 2006, pp. 91-105.
2 La base de données « Pinakes » de la section grecque de l’I.R.H.T. (http :// pinakes.irht.cnrs.fr/) recense plus de 250 manuscrits grecs contenant au moins l’une des Quaest. Ant.
3 La traduction arménienne des Quaestiones ad Antiochum a été éditée parmi les œuvres d’Athanase : E. Tayec’i, At’anasi Aek’sandrwoy hayrapeti cark’, t’ut’k’ ew nddimasc’ut’iwnk’, Venise, 1899, pp. 347-481. Elle contient 56 QR (numérotées de 1 à 54 en Arménien, mais il y a deux numéros bis) qui corres- pondent aux QR suivantes en grec : 16-23, 25-36, 67-71, 81, 83-98, 101-102, 105 (= 43bis en arménien), 107 (= 44bis en arménien), 113-116, 127-128, 133-135, « 136 » (d’après l’éditeur arménien, mais en fait il s’agit de la QR 55 en grec). Je remercie Tara Andrews pour son aide à propos de cette traduction. Sur la traduction arabe de 45 QR, voir G. Graf, Geschichte der christlichen arabi schen Literatur, vol. I : Die Ubersetzungen, Cité du Vatican, 1944 (Studi e testi, 118), pp. 312-313 (le plus ancien manuscrit, conservé à Strasbourg, daterait du neuvième siècle). Francis Thomson a eu la gentillesse de me communiquer que le texte a été traduit deux fois en slavon au dixième siècle et que
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la littérature postérieure (dans le Florilège Coislin4 ou chez Michel Glycas5, par exemple). Ce succès explique sans doute en partie le fait que cette collection n’ait pas encore fait l’objet d’une édition critique. L’état de la question que je présente ici ne peut donc être que provisoire et il faut espérer que la recherche le rendra rapide- ment obsolète.
Je me propose dans cet article (1) de présenter les éditions existantes des Quaest. Ant., (2) d’examiner la tradition indirecte ancienne de la QR 39 afin d’en tirer quelques éléments pour la datation et la forme primitive de la collection, (3) enfin, de faire le point sur ce qui a déjà été dit à propos de la relation entre les Quaest. Ant. et les QR d’Anastase le Sinaïte.
Les QR du pseudo-Athanase sont adressées (dans tous les manuscrits ?) à un certain Antiochos ρχων. S’agit-il d’un person- nage réel et qui est-il ? Tout ce que je peux dire dans l’état actuel, c’est que deux autres œuvres attribuées à Athanase, et toutes deux inauthentiques, sont adressées, elles aussi, à un Antiochos : la Doc- trina ad Antiochum ducem (CPG 2255)6, dont une grande partie est tirée du Pasteur d’Hermas (CPG 1052)7, comme Montfaucon l’avait déjà remarqué ; et un Sermo ad Antiochum ducem (CPG 2256), qui est un extrait d’une lettre de Maxime le Confesseur (Ep. 1, ad Geor- gium hyparchum Africae ; CPG 7699,1 ; PG, 91, col. 380B-392A).
presque toutes les questions ont été traduites, sauf les QR 123 et 126 et une partie de la QR 137.
4 Cf. T. Fernandez, « Byzantine Tears. A pseudo-Chrysostomic Fragment on Weeping in the Florilegium Coislinianum », dans Encyclopaedic Trends in Byzantium? Proceedings of the International Conference, Leuven 6-8 May 2009, éd. par C. Macé et P. Van Deun (Orientalia Lovaniensia Analecta) (à paraître).
5 Y. Papadogiannakis, « Michael Glycas and the afterlife in twelfth-century Byzantium », dans The Church, the afterlife and the fate of the soul. Papers read at the 2007 summer meetings and the 2008 winter meetings of the ecclesiastical his- tory society, éd. par P. Clarke et T. Claydon, Woodbridge, 2009 (Studies in Church History, 46), pp. 130-142 (spécialement p. 133).
6 La seconde partie de la Doctrina (ch. 14-21) raconte la vie d’Antiochos, probablement un moine d’un monastère proche de St-Sabas en Palestine (M. Bandini, « La doctrina ad Antiochum ducem pseudo-atanasiana. Tradi- zione diretta, struttura, datazione », Prometheus, 23 (1997), pp. 181 et 184-185).
7 Cf. G. Lusini, « Nouvelles recherches sur le texte du Pasteur d’Hermas », Apocrypha, 12 (2001), pp. 79-98, à propos de la nouvelle édition de U. H. J. Körtner et M. Leutzsch, Papiasfragmente. Hirt des Hermas, Darmstadt, 1998 (Schriften des Urchristentums, 3).
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2. État des éditions
La seule édition complète des Quaest. Ant. disponible pour le moment est celle que l’on lit dans la PG, parmi les œuvres d’Athanase (vol. 28, col. 597-700), elle comprend 137 QR. La pre- mière édition des œuvres complètes d’Athanase a été préparée par Peter Felckmann sur base de manuscrits qui n’ont pas tous pu être identifiés, mais parmi lesquels on a reconnu un manuscrit de Bâle du quatorzième siècle, le Basel, U.B., gr. 32 (A.III.4), que Felck- mann datait à tort entre le neuvième et le dixième siècle, ainsi que le Cambridge, Trin. Coll. B.9.8 (204) (« Codex Christophorsoni »), du seizième siècle8. Cette édition est parue en 1600-1601, en deux vol- umes, à Heidelberg. Bernard de Montfaucon, pour son édition de Paris parue en 1698 en trois volumes, a repris le texte de Felck- mann, mais il a collationné plusieurs manuscrits de Paris, dont les variantes se retrouvent parfois dans les notes de la PG9. C’est la révision de Montfaucon, rééditée par Giustiniani en 4 volumes en 1777 à Padoue, qui a été imprimée dans la PG en 1857-1887 (vol. 25-28).
Quelques QR ont reçu un traitement particulier. Tout d’abord, Wilhelm Dindorf, dans l’introduction de son édition de la Doctrina ad Antiochum ducem (1857), présente, en deux colonnes, d’une part l’édition de la QR 136 par Montfaucon et d’autre part sa propre transcription d’un manuscrit de Wolfenbüttel, le Gudianus gr. 51 (4238) (Xe s.)10, qui contient tant les Quaest. Ant. (f. 9-50) que la
8 Felckmann a en outre utilisé un « Codex Goblerianus », daté de 1319 et qui a également servi à Petrus Nannius pour sa traduction latine (1556), mais il n’est pas identifié. Cf. A select library of Nicene and post-Nicene Fathers of the christian Church, Transl. into English with prolegomena and explanatory notes under the supervision of P. Schaff and H. Wace, 1890-1900 (réimpr. Grands Rapids [Mich.], 1978-1979), vol. IV, Prolegomena (j’ai consulté une des ver- sions disponibles en ligne). Voir aussi C. Butterweck, Athanasius von Alexan- drien. Bibliographie, Düsseldorf, 1995 (Abhandlungen der Nordrhein-Westfäli- schen Akademie der Wissenschaft, 90), pp. 33-34 (sur l’édition de Heidelberg, 1600-1601), pp. 37-38 (sur celle de Paris, 1698).
9 Cf. PG 28, col. 21 : Reg. 2431 = Paris, B.n.F., gr. 854, f. 99-105 (XIIIe s.) ; Reg. 2892 = Paris, B.n.F., gr. 955, f. 121r-183v (XIe s.) ; Reg. 2910 = Paris, B.n.F., gr. 1085 (1000/1001 AD), f. 273r-332r ; Reg. 2937 = Paris, B.n.F., gr. 1092, f. 112-155 (XIVe s.).
10 M. Bandini, « Doctrina », pp. 179-180 estime que la recension du manu- scrit de Wolfenbüttel (italo-grec) (pour la bibliographie sur ce manuscrit, voir
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Doctrina (f. 1-8) (W. Dindorf, Athanasii Alexandrini praecepta ad Antiochum, Leipzig, 1857, pp. vii-ix)11. En outre, Dindorf, à la fin de son édition de la Doctrina, a publié des notes à l’édition par Montfaucon des Quaest. Ant. (W. Dindorf, Athanasii Alexandrini praecepta ad Antiochum, pp. 63-77).
La CPG signale que la QR 112 a été éditée par Périclès-Pierre Joannou dans les Fonti ; cette édition se retrouve comme édition séparée dans le TLG. Mais il s’agit en fait d’une citation de la QR 112 dans les « lettres canoniques », éditées par Joannou sur base de manuscrits datant des onzième et douzième siècles12. La deuxième partie du texte (pp. 81,19-82,3) est en fait tirée de l’Expositio fidei de Jean Damascène (CPG 8043), § 86, l. 173-179 (B. Kotter, Die Schriften des Johannes von Damaskos, vol. II, Berlin/New York, 1973 [Patristische Texte und Studien, 12], p. 198).
Le Fragmentum sermonis de imaginibus, lui aussi attribué à Athanase et édité séparément par Montfaucon13 (CPG 2259 ; PG
M. Bandini, « Doctrina », p. 176) doit être antérieure à celle du manuscrit de Paris (d’origine chypriote), qui est l’« unico testimone greco della seconda reda- zione, ampliata, della Doctrina » (M. Bandini, « Doctrina », p. 187). M. Bandini, « Doctrina », p. 185 situe la composition de la Doctrina au début du septième siècle en Palestine. Ce manuscrit formait un tout avec un le Gudianus gr. 53 (4240), le manuscrit W de la collection originale des QR d’Anastase (voir plus loin, et Anastasii Sinaitae Quaestiones et responsiones, éd. M. Richard (†) et J. A. Munitiz, Louvain, 2006 [Corpus Christianorum. Series Graeca, 59], pp. xxxiv-xxxv).
11 Le TLG a intégré cette double édition de la QR 136, mais la préface de W. Dindorf a peut-être été mal comprise : le texte que Dindorf présente comme celui de Montfaucon a reçu dans le TLG le titre « Quaestio 136 e quaestionibus ad Antiochum ducem (e cod. Paris. 635) », mais le Paris, B.n.F., gr. 635 (XIVe s.), que Montfaucon a en effet utilisé pour son editio princeps de la Doctrina, qui n’avait pas été éditée par Felckmann (cf. PG 28, col. 555 n. 36 : « Colbert. 4249 » et la préface de W. Dindorf, Athanasii Alexandrini praecepta ad Antio- chum, p. iii), ne contient pas les Quaest. Ant.
12 P.-P. Joannou, Fonti, Fasc. ix : Discipline générale antique (IVe-IXe s.), t. II : Les canons des pères grecs, Rome, 1963, pp. 80.24-82.6. Le texte cité est attribué à Athanase et identifié comme un extrait d’un texte adressé à Antio- chos (το ατο πρς ντοχον).
13 Sur base du « Regius 2981 » (cf. PG 28, 21) = Paris, B.n.F., gr. 1308 (copié en 1389), f. 165v (cf. H. Omont, Inventaire sommaire des manuscrits grecs de la Bibliothèque nationale et des autres bibliothèques de Paris et des départements, 1ère partie : Ancien fonds grec. Théologie, Paris, 1886, p. 295). La base de données « Pinakes » rencense sept autres manuscrits pour ce texte, le plus ancien étant le Vat. gr. 511 (entre le Xe et le XIe s.) (sur ce manuscrit, voir Eustratii Pres-
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28, col. 709), amalgame les premières lignes de la QR 39 (et non pas la QR 42, comme indiqué dans la CPG) avec la QR 41 (quasi- ment dans son intégralité, mais paraphrasée), quelques lignes pour lesquelles je n’ai pas pu trouver de parallèle dans le TLG, et un extrait du troisième discours contre les Ariens d’Athanase (CPG 2093) (PG 26, col. 329.38-332.23) (Montfaucon l’avait déjà vu).
Enfin, la QR 137 (de loin la plus longue des Quaest. Ant., en 13 chapitres, elle contient une foule de citations bibliques) est réper- toriée à part dans la CPG sous le n° 7795 (parmi les Scripta ano- nyma adversus Iudaeos, CPG, vol. III, pp. 466-468). Cette question circule isolément et peut avoir été ajoutée après coup à la compila- tion pseudo-athanasienne14. Elle a été souvent rapprochée d’autres textes de polémique anti-judaïque datant du septième siècle, à savoir le Dialogue de Papiscus (CPG 7796)15, les Trophées de Damas (CPG 7797)16 et la Doctrina Jacobi (CPG 7793)17.
byteri Constantinopolitani De statu animarum post mortem (CPG 7522), éd. par P. Van Deun, Louvain, 2006, [Corpus Christianorum. Series Graeca, 60], pp. xxviii-xxx).
14 Cf. V. Déroche, « La polémique anti-judaïque au VIe et au VIIe siècle. Un mémento inédit, les Képhalaia », Travaux et Mémoires, 11 (1991), p. 279 ; P. Andrist, « Pour un répertoire des manuscrits de polémique antijudaïque », Byzantion, 70 (2000), p. 288 affirme avoir repéré plus de 90 témoins de ce texte.
15 I. Aulisa et C. Schiano, Dialogo di Papisco e Filone giudei con un monaco. Testo, traduzione e commento, Bari, 2005 (Quaderni di Vetera christiano- rum, 30), pp. 336-338 ; la QR 137 est citée dans une recension longue du Dialo- gue, représentée par le manuscrit P (voir aussi le compte rendu de P. Andrist, « Immacolata Aulisa/Claudio Schiano, Dialogo di Papisco e Filone giudei con un monaco », Byzantinische Zeitschrift 101/2 [2008], pp. 787-802). Voir aussi V. Déroche, « Polémique anti-judaïque », p. 279.
16 Le texte est édité par G. Bardy, « Les Trophées de Damas, controverse judéo-chrétienne du VIIe siècle », dans Patrologia Orientalis, 15 (1927), pp. 173- 275 (sur base du Paris, B.n.F., Coisl. 299, un manuscrit du onzième siècle). Voir aussi V. Déroche, « Polémique anti-judaïque », p. 280. P. Andrist, « Pour un répertoire », p. 289 ne connaît que deux témoins de ce texte.
17 Cf. J. Haldon, « The Works of Anastasius of Sinai : A Key Source for the History of Seventh-Century East Mediterranean Society and Belief », dans The Byzantine and Early Islamic Near East, I : Problems in the Literary Source Material, éd. par A. Cameron et L.I. Conrad, Princeton, 1992 (Studies in Late Antiquity and Early Islam, 1), pp. 120-121. Une nouvelle édition du texte grec se trouve dans G. Dagron et V. Déroche, « Juifs et Chrétiens dans l’Orient du VIIe siècle », Travaux et Mémoires, 11 (1991), pp. 17-273 (texte grec avec traduction française pp. 75-219).
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Comme le montrera la comparaison avec la tradition indirecte ancienne, l’édition des Quaest. Ant. dans la PG est déficiente sur bien des points. Je me suis servie de deux manuscrits de Paris, que Montfaucon avait déjà utilisés, afin de contrôler l’édition de la PG. Il s’agit des manuscrits suivants18 : A : Paris, B.n.F., gr. 955 (XIe s.)19. Ce manuscrit en parchemin contient les neuf homélies sur l’Hexaéméron de Basile de Césarée (CPG 2835) (f. 1r-112v) : Stig Y. Rudberg et Emmanuel Amand de Mandieta le considèrent comme « totalement contaminé » et donc inclassable20. Le texte des Quaest. Ant. se trouve aux f. 121r-183v. Au f. 121r, avant le pinax, on peut lire le titre suivant : τδε νεστιν ν τδε τ ββλ το γου θανασου ρχιεπισκπου λεξανδρεας περ πλεστων κα ναγκαων ζητημτων κα ν τας θεαις γραφας πορουμνων κα παρ πσι χριστιανος γινσκεσθαι φειλουμνων. Un feuillet a dû être perdu entre le f. 124v, où le pinax s’achève après les premiers mots de la QR 129 (« ρκη [128] ν τς ληστς κα| »), et le f. 125r, qui débute par les mots « ε μν να προσ[κυ] νομεν θεν », c’est-à-dire la QR 1 amputée du début (PG 28, col. 597.42). La QR 137, qui s’achève au f. 183v et est suivie des Sen- tences d’Hésychius (CPG 6583a) jusqu’au f. 185v (il semble que le manuscrit soit mutilé à la fin), devait porter le numéro 136 (ρλ), mais, à nouveau, un feuillet a disparu entre le f. 178v, qui s’achève au début de la QR 136 (« ρλε ρτησις — τος τ εαγγελ μ πιστεοντας λληνας| ») et le f. 179r, qui commence par les mots « |γας τοιμος κα », c’est-à-dire QR 137 § 9 (PG 28, col. 693.12). Le manuscrit a été acheté à Venise chez Gian Francesco d’Asola par Guillaume Pélicier pour le roi de France et est ainsi entré dans la Bibliothèque de Fontainebleau21.
18 Je remercie Johanna Michels, étudiante de doctorat à la K.U.Leuven, qui a largement contribué à la description et à l’examen des manuscrits.
19 H. Omont, Inventaire sommaire, p. 184. 20 E. Amand de Mendieta, S. Y. Rudberg, Basile de Césarée, la tradition
manuscrite directe des neuf homélies sur l’Hexaéméron. Étude philologique, Berlin, 1980 (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur, 123), pp. 252-255.
21 H. Omont, Catalogues des manuscrits grecs de Fontainebleau sous François Ier et Henri II, Paris, 1889, p. vi (à propos du rôle de Guillaume Pélicier), p. 29 (pour ce manuscrit, qui porte le n° 78 dans le catalogue de 1550).
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B : Paris, B.n.F., gr. 1085 (1000/1001 AD)22. Le RgK indique que les ff. 1-280v ont été copiés par un certain Λων, « Kleriker, in Ägypten »23, mais on n’observe pas de changement de main entre le f. 280v et le f. 281r et le colophon qui identifie le copiste se trouve au f. 272v24. Les Quaest. Ant. se lisent aux f. 273r-332r, la première partie du manuscrit est occupée par les QR d’Anastase, les deux collections, aussi bien les Quaest. Ant. que celles d’Anastase, sont citées sous le nom de ce dernier dans le catalogue d’Omont. Le manuscrit n’est mentionné ni dans l’édition de Joseph Munitiz, ni dans l’article de Marcel Richard25. Au f. 273r, le texte porte le titre suivant : « θανασου ρχιεπισκπου λεξανδρεας πρς ντοχον ρχοντα περ πλεστων κα διαφρων ζητημτων κα ν τας θεαις γραφας παρ πολλος πορουμνων κα παρ πσι χριστιανος γινσκεσθαι φειλουμνων ». La QR 137 est bien la dernière QR de la collection, mais elle porte dans ce manuscrit le numéro 138 (ρλη, f. 322v).
Les sondages que j’ai pu réaliser dans ces deux manuscrits, que j’ai choisis seulement parce qu’ils m’étaient facilement accessibles, ne sont évidemment pas suffisants, mais ils permettent de montrer que l’édition de la PG doit être utilisée avec prudence. Je ne don- nerai qu’un seul exemple. D’après la PG, la QR 3 contiendrait une citation du Panarion d’Épiphane de Salamine (CPG 3745) :
« δ ν γοις Πατρ μν κα θαυματουργς πιφνιος ρχιεπσκοπος Κπρου, ες τν λγον ατο τν κατ Παλου το Σαμοσατως26, ες τ Πανρια πλατυτρως ξθετο, μα οραν κα γ τοτους δημιουργηθναι, κα οχ πρτερον, νατρπων δι
22 H. Omont, Inventaire sommaire, p. 217. 23 E. Gamillscheg , D. Harlfinger, et H. Hunger, Repertorium der
griechischen Kopisten 800-1600 : 2. Handschriften aus Bibliotheken Frankreichs, Vienne, 1989 (Österreichische Akademie der Wissenschaften. Philosophisch-histo- rische Klasse. Veröffentlichungen der Kommission für Byzantinistik, III), n° 331.
24 Le colophon est reproduit et transcrit dans R. Barbour, Greek literary hands, A.D. 400-1600, Oxford, 1982 (réimpression avec corrections de l’édition de 1981), n° 54.
25 M. Richard, « Les véritables ‘Questions et réponses’ d’Anastase le Sinaïte », Bulletin d’information de l’IRHT, 15 (1967-1968), p. 39-56; réimprimé dans M. Richard, Opera minora, III, Louvain, 1977, n° 64.
26 R. M. Hübner, « Die Hauptquelle des Epiphanius (Panarion, haer. 65) über Paulus von Samosata : Ps. Athanasius, Contra Sabellianos », Zeitschrift für Kirchengeschichte, 90 (1979), pp. 201-220.
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συλλογισμν τος τοτο λγοντας27. Κα ν τρ δ ατο λγ τοτ φησιν » (PG 28, col. 601.18-24).
Or tout ce passage est absent des deux manuscrits collationnés. De même dans la QR 8, la référence au De opificio hominis de Gré- goire de Nysse (CPG 3154) « Περ μις οσας γγλων κα γιος Γρηγριος Νσσης λγει ες τ πτακαιδκατον κεφλαιον το Ες τν νθρωπον λγου ατο »28 (PG 28, col. 604.15-17) ne se lit ni en A ni en B, et Montfaucon notait déjà : « desunt in mss. fere omni- bus, et videntur adjectitia » (PG 28, col. 603, n. 3).
3. La tradition indirecte ancienne
Le plus ancien témoignage connu sur les Quaest. Ant. dans la lit- térature grecque est une citation de la QR 39 dans le florilège qui accompagne la troisième homélie sur les images de Jean Da mascène (CPG 8045) : Ioh. Dam., Imag. III 59 (B. Kotter, Die Schriften des Johannes von Damaskos, vol. III, Berlin/New York, 1975 [Patristische Texte und Studien, 17], p. 169) = QR 39, PG 28, col. 621.16-31. Dans le florilège, la citation est introdu- ite comme ceci : « το γου θανασου κ τν γραφντων κατν κεφαλαων πρς ντοχον τν ρχοντα κατ πεσιν κα πκρισιν κεφλαιον λη » (c’est-à-dire 38 au lieu de 39). La collection que Jean Da mascène a utilisée comprenait donc 100 QR, elle était adressée à Antiochos et attribuée à Athanase29. Le florilège damas- cénien cite encore un autre extrait de la même QR 39 : Ioh. Dam., Imag. III 115 (B. Kotter, vol. III, p. 191) = QR 39, PG 28, col. 621.45-48 (« το ατο πρς ντοχον ρχοντα »). L’authenticité damascénienne du florilège accompagnant la troisième homélie a
27 Épiphane de Salamine, Panarion, éd. K. Holl (GSC), 2. bearbeitete Auflage hrsg. von J. Dummer, Berlin, 1985, vol. III, pp. 7 ; 9-10 : « στερεματς τε γς κα ορανο, κα γγλων μα σν τοτοις γεγοντων· ε μ γρ μα οραν κα γ κα γγελοι κτσθησαν, οκ ν λεγε τ β τι... ».
28 De op. hom., PG 44, col. 189.17-18 (ch. 17) : « κα μα οσα ντες, κα ν πολλος ριθμομενοι ».
29 La centurie est souvent utilisée dans la composition littéraire au Moyen Âge, surtout dans le monde grec. Voir I. Hausherr, art. « Centuries », dans Dictionnaire de Spiritualité, t. III, Paris, 1953, col. 416-418 : la centurie est généralement l’œuvre d’un seul auteur et « le choix de ce nombre peut avoir plusieurs raisons : la préoccupation de prévenir les interpolations [...] ; mais sur- tout la mystique des nombres ».
129LES QUAESTIONES AD ANTIOCHUM DUCEM
parfois été mise en doute, mais elle est acceptée par l’éditeur Boni- fatius Kotter30. Si c’est bien le cas, cela signifie que la compilation des Quaest. Ant. (en tout cas de cent de ces QR) et leur attribution à Athanase doivent être antérieures à 750. La même question est citée in extenso dans la Doctrina Patrum, chap. 45, VIII (Doctrina Patrum de incarnatione Verbi : ein griechisches Florilegium aus der Wende des 7. und 8. Jahrhunderts, éd. F. Diekamp, Münster, 1907 [2. Aufl. mit Korrekturen und Nachtragen von B. Phanourgakis, éd. E. Chrysos, Münster, 1981], p. 327,11-328, 22). La Doctrina Patrum (CPG 7781), attribuée à un Anastase d’origine incertaine, est datée entre le septième et le huitième siècle. Notre texte est cité, dans la Doctrina Patrum, exactement sous le même titre que dans le florilège damascénien, avec la même mention de cent QR et le même numéro 38 : « κ τν γραφντων ρ κεφαλαων πρς ντοχον τν ρχοντα κατ πεσιν κα πκρισιν κεφλαιον λη ». L’auteur n’est pas formellement identifié, mais notre texte suit immédiatement une citation du De incarnatione Verbi d’Athanase, sans « το ατο » cependant, ce qui n’est pas habituel. La Doctrina Patrum a servi de source pour 28 des 133 extraits qui composent le florilège iconodoule contenu dans le Parisinus gr. 1115, et l’une des citations extraites de la Doctrina Patrum est précisément la Quaest. Ant. 39 (= citation 6 dans le florilège du Parisinus)31. Alexander Alexakis a étudié cette citation et conclut :
« The second conclusion gives us the terminus ante quem for the Doctrina-P version of the Greek fragment, which is the year 731. The fact also that John of Damascus (III 59) provides less than this fragment is an indication that either the critical edition of Kotter needs further improvements or that John of Damascus already copied other florilegia and not actual books »32.
Enfin, la même QR 39 pourrait avoir été l’une des sources utili- sées dans les Objections des Hébreux, un texte que Paolo Eleuteri et Antonio Rigo datent de la période du second iconoclasme (813-
30 B. Kotter, vol. III, pp. 4-5, 23-24, 31-32 ; voir V. Déroche, « L’Apologie contre les Juifs de Léontios de Néapolis », Travaux et Mémoires, 12 (1994), pp. 55-56.
31 A. Alexakis, Codex Parisinus Graecus 1115 and its archetype, Washington DC, 1996 (Dumbarton Oaks Studies, 34), pp. 39 et 92.
32 A. Alexakis, Parisinus Graecus 1115, pp. 116-118.
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843)33, mais que Patrick Andrist date d’avant le concile de Nicée II (787)34.
Les textes cités par Damascène et dans la Doctrina Patrum sont très semblables entre eux et diffèrent sur certains points de l’édition des Quaest. Ant. dans la PG (contrôlée à l’aide de A et de B) : le florilège damascénien et la Doctrina patrum proviennent de la même source. On trouvera ci-dessous une comparaison des trois textes. Le texte des Quaest. Ant. est cité selon la PG, mais dans quelques cas évidents le texte est corrigé sur la base des deux manuscrits collationnés. Les variantes des manuscrits sont signa- lées en notes.
Quaest. Ant. 39 (début) « ρτησις λθ35 Το Θεο δι τν προφητν πιτρποντος μ προσκυνεν χειροποητα, δι τ προσκυνομεν εκνας κα σταυρν36, ργα τεκτνων πρχοντα, καθς κα τ εδωλα τυγχνουσιν37 ; πκρισις Οχ ς θεος προσκυνομεν τς εκνας ο πιστο38· μ γνοιτο! ς ο λληνες39· λλ μνον τν σχσιν κα τν γπην τς ψυχς μν τν40 πρς τν χαρακτρα τς εκνος μφανζοντες41 θεν42 πολλκις το χαρακτρος λειανθντος43, ς ξλον ργν
33 P. Eleuteri et A. Rigo, Eretici, dissidenti, Musulmani ed Ebrei a Bisan- zio : una raccolta eresiologica del XII secolo, Venise, 1993 (Ricerche. Collana della Facoltà di Lettere e Filosofia dell’Università di Venezia), pp. 109-113 pour l’in- troduction (particulièrement pp. 110-111 sur la QR 39) et pp. 114-123 pour le texte grec avec traduction italienne (le début de la question, l. 3-4, semble inspiré par la question de la QR 39).
34 P. Andrist, « Les Objections des Hébreux : un document du premier ico- noclasme ? », Revue des études byzantines, 57 (1999), pp. 99-140 (spécialement p. 104).
35 λθ PG A B 36 εκνας κα σταυρν PG : εκνας κα σταυρος A, τς εκνας κα τν
σταυρν B 37 τυγχνουσιν PG : τυγχνει A, τυγχνωντα (sic) B 38 τς εκνας ο πιστο προσκυνομεν A, τς εκνας προσκυνομεν ο πισ-
το B 39 ς ο λληνες om. A 40 τν A : τς PG, om. B 41 μφανζοντες A B (et Doctr. Patr. et Ioh. Dam.) : μφανζομεν PG, μως
(sic) κα τς το προσπου μορφς add. B 42 θεν A PG : κα B 43 λυθντος A, ληανθντος B
131LES QUAESTIONES AD ANTIOCHUM DUCEM
λοιπν44 τν ποτε εκνα καομεν45. Κα46 σπερ ακβ47 μλλων τελευτν π τ κρον τς βδου το48 ωσφ προσεκνησεν, ο τν βδον τιμν, λλ τν τατην κατχοντα οτω κα ο πιστο49 ο δι’ τερν τινα τρπον τς εκνας σπαζμεθα, ε μ δι πθον ν50 μφανζομεν51· τοτο ποιοντες52, ς53 κα54 πατρας κα φ- λους55 σπαζμεθα56 καθς κα ο57 ουδαο ποτε58 τς το νμου πλκας, κα τ δο χερουβμ τ χρυσ κα59 γλυπτ προσεκνουν60, ο τιμντες τν το λθου κα χρυσου φσιν, λλ τν τατα πιτρψαντα γενσθαι Κριον61. » « Question : Alors que Dieu, par l’intermédiaire des prophètes, défend de se prosterner devant ce qui a été fait de main d’homme, pourquoi nous prosternons-nous devant des icônes et la croix, qui sont l’œuvre de menuisiers (Os 13, 2 ; Jer 10, 3), comme le sont aussi les idoles ? Réponse : Ce n’est pas comme devant des dieux que nous, les croyants, nous prosternons devant les icônes — qu’il n’en soit rien! — comme le font les païens, mais c’est seulement la relation62 et l’amour de notre âme vis-à-vis de la figure de l’icône que nous mon- trons. D’où il arrive souvent que, lorsque la figure a été effacée63,
44 λοιπν ργν A, λοιπν post ποτε transp. B 45 οσαν εκνα κατακαωμεν (sic) B 46 Κα om. B, ον post σπερ add. B 47 ακβ A B 48 το A B : τ PG 49 οτω κα ο πιστο om. B (peut-être ajouté en marge) 50 ν om. A 51 μφανζουσιν B, στοριν τποι add. Bp.c. (στοριν τ[…]οι […] Ba.c.) 52 τοτο ποιοντες om. B (peut-être après correction, voir note précédente) 53 σπερ A B 54 τ τκνα μν ε κα add. A, τ τκνα μν add. B 55 πατρας κα φλους om. B 56 σπαζμενοι A, κατασπαζμενοι B, να τν πθον τς μετρας ψυχς
μφανσωμεν add. B 57 ο om. A 58 ποτε om. A 59 κα A B : τ add. PG 60 προσκυνοσιν B 61 κριον γενσθαι A 62 D’après Lampe, σχσις dans le sens de ‘relation’ entre une icône et son
objet se trouve chez Théodore Studite. 63 Le verbe λειανω (« rendre uni, lisser, aplanir », Bailly) est assez rare (c’est
une variante de λεανω). Au participe aoriste passif il n’apparaît, en dehors de
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nous brûlions l’icône en tant qu’elle n’est plus alors qu’un bout de bois inutile64. Et de même que, quand sur le point de mourir Jacob s’est prosterné devant le sommet du bâton de Joseph (cf. Gen 47,31), ce n’était pas le bâton qu’il honorait, mais celui qui le possédait, nous aussi, les croyants, nous n’embrassons pas d’une autre manière les icônes, si ce n’est par l’affection que nous avons pour ce qu’elles montrent65, [ce faisant] comme aussi nous embrassons des parents et des amis. Et de même, quand les Juifs se prosternaient devant les Tables de la loi et les images des deux chérubins taillées dans l’or (Ex 25,18), ce n’était pas la nature de la pierre et de l’or qu’ils honoraient, mais le Seigneur qui leur a permis d’exister. »
Les différences entre la tradition indirecte et le texte de la PG sont signalées de la façon suivante : - les différences grammaticales sont soulignées deux fois, - les inversions de mots sont soulignées une fois, - les additions / omissions et les changements qui concernent le lexique sont en grasses.
la littérature médicale, que dans ce texte et ceux qui lui sont apparentés. Dans le manuscrit A, on lit λυθντος, variante qui se retrouve dans une citation du texte chez Matthaeus Blastares (quatorzième siècle), Collectio alphabetica, lett. ε, ch. 6, l. 69-74.
64 Peut-être une allusion à Sag 13,13 : « δ ξ ατν πβλημα ες οθν εχρηστον, ξλον σκολιν κα ζοις συμπεφυκς, λαβν γλυψεν ν πιμελε ργας ατο κα μπειρ συνσεως τπωσεν ατ, πεκασεν ατ εκνι νθρπου. »
65 Il y a un problème dans le texte ici ; je suis, faute de mieux, le manu- scrit B.
Ioh. Dam. III 59 Doctr. Patr.
« πκρισις Οχ ς θεος τς εκνας προσκυνομεν ο πιστο, μ γνοιτο, σπερ ο λληνες, λλ τν σχσιν μνον κα τν πθον τς μν γπης πρς τν χαρακτρα το προσπου τς εκνος μφανζοντες. θεν πολλκις το χαρακτρος λεαν-
Doctr. Patr. « ρτησις· Το θεο δι τν προ- φητν πιτρποντος μ προσκυνεν χειροποητα, δι τ προσκυνομεν τς εκνας κα τν σταυρν, ργα τεκτνων πρχοντα, καθς κα τ εδωλα τυγχνοντα;
πκρισις Οχ ς θεος τς εκνας ο πιστο προσκυνομεν, μ γνοιτο, σπερ ο λληνες, λλ τν σχσιν μνον κα τν πθον τς μν γπης πρς τν χαρακτρα το προσπου τς εκνος μφανζοντες, θεν πολλκις το χαρακτρος λειαν-
133LES QUAESTIONES AD ANTIOCHUM DUCEM
Il faut noter que plusieurs leçons qui rapprochent la Doctrina Patrum du florilège damascénien se trouvent aussi dans le manu- scrit B, notamment l’addition de « να τν πθον τς μετρας ψυχς μφανσωμεν ».
La suite du texte se lit seulement dans la Doctrina patrum, pas chez Jean Damascène.
Quaest. Ant. 39 (suite) « Ο δ ξ λαζονεας66 ποστρεφμενοι προσκυνεν τν σταυρν κα τς εκνας67, λεγτωσαν ο νητοι πς μρα68 πολλκις βλυσαν69 α γιαι εκνες70, δυνμει Κυρου71; πς72 βλος δεξαμνη73 ψυχος
66 λαζονας A B (les deux orthographes sont possibles) 67 τν γων add. A B 68 μρα A (le υ est bref d’après Bailly, mais le circonflexe est attesté, bien
qu’il soit beaucoup moins fréquent, dans le TLG), μρου B 69 κατβλυσαν B 70 α γιαι εκνες PG : γων εκνες A, τν γων εκνες B 71 Κυρου PG : θεο A B 72 δ add. B 73 γου add. A B
θντος ς ξλον λοιπν ργν τν ποτε εκνα κατακαομεν.
σπερ ον ακβ μλλων τελευ- τν « π τ κρον τς βδου το ωσφ προσεκνησεν », ο τν β- δον τιμν, λλ τν τατην κατ- χοντα, οτως ο πιστο ο δι’ τε- ρν τινα τρπον τς εκνας σπα- ζμεθα, σπερ κα τ τκνα μν κα πατρας πολλκις καταφιλον- τες, λλ’ να τν πθον τς μετρας ψυχς μφανσωμεν· σπερ γρ κα ουδαος τς το νμου ποτ πλκας κα τ δο χερουβμ τ χρυσ κα γλυπτ προσεκνει ο τιμν τν το λθου κα χρυσου φσιν, λλ τν τατα πιτρψαντα κριον. »
θντος ς ξλον λοιπν ργν τν ποτε εκνα κατακαομεν. σπερ ον ακβ μλλων τελευ- τν « π τ κρον τς το ωσφ προσεκνησεν », ο τν βδον τιμν, λλ τν τατης κατχοντα, οτως ο πιστο ο δι’ τερν τινα τρπον τς εκνας σπαζμεθα,
σπερ κα τ τκνα μν κα πατρα πολλκις καταφιλον- τες, λλ’ να τν πθον τς μετρας ψυχς μφανσωμεν, σπερ κα ουδαος τς το νμου ποτ πλκας κα τ δο χερουβμ τ χρυσ κα γλυπτ προ- σεκνει, ο τιμν τν το λθου κα χρυσο φσιν, λλ τν τατα πιτρψαντα γενσθαι κριον. »
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στλη, ς νσματος74 φσις αμα παραδξως ξγαγεν; πς κ σωρν κα λειψνων75 κα εκνων πολλκις δαμονες βοντες πελανονται76; » « Ceux qui par bravade refusent de se prosterner devant la croix et les icônes, qu’ils nous disent ces insensés comment il se fait que les saintes icônes ont souvent exsudé des essences parfumées, par la puissance du Seigneur ; qu’une stèle d’un saint [si l’on suit le témoi- gnage de A, B et la Doctr. Patr.], inanimée, qui a reçu une flèche a fait jaillir du sang de manière extraordinaire, comme si elle était d’une nature corporelle ; ou que des démons hurlants ont souvent été expulsés grâce à des châsses77, des reliques et des images. »
Doctr. Patr. « ο δ ξ λαζονεας δθεν ελαβεας ποστρεφμενοι προσκνησιν τ σταυρ κα τος τποις τν γων λεγτωσαν ο νητοι, πς μρα πολλκις γων εκνες κατβρυσαν78 δυνμει θεο (ο δ τοτο μ πιστεοντες δηλοντι οδ το Σαμψν πιστεουσι τν σιαγνα); πς βλος δεξαμνη γου ψυχος στλη ς νσωμος φσις αμα παραδξως ξγαγε; πς κ σωρο κα λειψνων κα εκνων πολλκις δαμονες βοντες πελανονται; »
74 σννομος (sic) A, νσωμος B. L’adjectif νσωμος, qui se lit aussi dans la Doctr. Patr., semble assez rare, mais on le rencontre chez Eusèbe, Demonstratio evangelica, III, 4, 29.2 (Eusebius, Werke, éd. I. A. Heikel, VI [GCS 23], Leip- zig, 1913), pour parler de la résurrection du Christ.
75 κα λειψνων PG B : τ λεψανα A 76 δαμονες βοντες πελανονται PG Aa.c. (?) B : δαμονας βοντας
πελανουσιν Ap.c. (?) 77 V. Déroche traduit « τν σωρν τν μαρτρων » (Léonce de Néapolis, Apo-
logia, fr. 3, l. 91) par « la châsse des martyrs » (V. Déroche, « Apologie », p. 75). Je n’ai pas pu trouver de confirmation pour ce sens dans les dictionnaires (ni Lampe, ni LSJ ; les dictionnaires de Trapp, de Kriaras et le DGE ne sont pas encore à la lettre σ), mais V. Déroche m’a confirmé que ce mot se trouve assez fréquemment dans la littérature hagiographique et c’est de toute façon le sens qui convient ici. Le même mot, également au féminin, et avec la même signification, se retrouve dans une Vita Sanctae Athanasiae, qui doit dater du neuvième ou du dixième siècle, § 26 (p. 221, 13), où il est question d’une femme qui est guérie en touchant le corps de la sainte (« χερσν ον τν πικειμνην λην ποσκευσαντες τν σωρν ξω το μνματος ελκυσαν ») : L. Carras, « The Life of St. Athanasia of Aegina », dans Maistor : Classical, Byzantine, and Renaissance Studies for Robert Browning, éd. par A. Moffatt Canberra, 1984 (Byzantina Australiensia, 5), pp. 212-224.
78 Sans doute une faute de l’édition : βρω (« sourdre avec force, pousser en abondance », Bailly) existe, mais καταβρω ne semble pas attesté (TLG).
135LES QUAESTIONES AD ANTIOCHUM DUCEM
Le texte cité dans la Doctrina Patrum est très proche de celui que nous connaissons par la tradition directe : il ne s’agit certaine- ment pas d’une recension différente et le texte semble stable, si mauvaise que soit dans les détails l’édition de la PG. Il faut noter deux additions dans la Doctrina Patrum, qui ressemblent fort à des gloses : δθεν ελαβεας (« ou par piété peut-être », où δθεν a un sens ironique) après λαζονεας, d’une part, et « ο δ τοτο μ πιστεοντες δηλοντι οδ το Σαμψν πιστεουσι τν σιαγνα » (« et ceux qui ne croiraient pas cela, cela veut dire qu’ils ne croient pas non plus à la machoire de Samson » ; cf. Jud 15,15-16) après δυνμει θεο, d’autre part. Il faut noter aussi que, dans la Doctrina Patrum, τς εκνας τν γων (si l’on suit le texte de AB contre la PG) est remplacé par τος τποις τν γων. Dans les Quaest. Ant., seul le mot εκν est utilisé pour désigner les icônes, et pas τπος, qui apparaît seulement dans la QR 41 à propos de la croix (voir plus loin).
Vient ensuite une histoire édifiante que Hans Georg Thümmel a identifiée comme tirée du Pratum spirituale de Jean Moschos (à la charnière entre le sixième et le septième siècle) (CPG 7376), ch. 45 (PG 87/3, col. 2900,14-48)79. Le même texte du Pratum spirituale est cité par Jean Damascène dans ses homélies sur les images (I 64 = II 67 ; Kotter III, p. 165-166), ce qui explique peut-être pourquoi cette section de la QR 39 n’est pas citée dans le florilège damascénien.
Quaest. Ant. 39 (histoire édifiante)
« να δ80 τος φρονας ντρψωμεν π πλεον81, κουσον λγον82 κ πατρων83 μν διηγηθντα84 περ εκνος85. τι86 ν εροσολμοις87
79 Cette histoire circule séparément (De stylita tentato, BHG 1449t) et a été éditée par W. Lackner, « Zwei Membra Disiecta aus dem Pratum Spirituale des Ioannes Moschos », Analecta Bollandiana, 100 (1982), pp. 341-350, d’après un manuscrit de Munich du quinzième siècle (Monac. gr. 318). J. Munitiz a montré qu’il s’agit en réalité, dans le manuscrit de Munich, d’une citation du Pratum spirituale remaniée par Théognostos, dans son Thesaurus (treizième siècle) : J. Munitiz, « The link between some membra disiecta of John Mos- chus », Analecta Bollandiana, 100 (1982), pp. 295-296.
80 να δ PG A : ν τοτοις ον τος ποδεγμασιν B 81 τος φρονας π πλεον ντρψωμεν A, ντρψωμεν τος φρονας πιπλεων
ντρψωμεν (sic) B 82 πιστν add. A, πιστν add. B 83 τν praem. B
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84858687τιν τν σκητν πετθετο88 κα διηνχλει89 πονηρς δαμων90. ν μι ον91 φανεται ατ92 ατας ψεσι93 τ πνεμα λγον94 τι95, ν θλς96 να μ97 σε πολεμ, μ προσκυνσς98 τν εκνα τατην99, κα φσταμαι π σο. ν δ εκν100 τς γας101 Θεοτκου. » « Et pour faire davantage changer d’avis les insensés, écoute un récit digne de foi [l’adjectif πιστν se trouve en A, B et dans la Doctr. Patr.] qu’on raconte dans la tradition de nos pères au sujet d’une image. On dit qu’à Jérusalem un démon lubrique [il faut suivre la leçon de A, B et la Doctr. Patr. πορνικς, au lieu de πονηρς dans la PG] assaillait durement [l’adverbe χαλεπς se trouve en A, B et la Doctr. Patr.] et tourmentait un des ascètes. Or un jour, l’esprit lui apparaît à ses propres yeux et lui dit : “si tu veux, pour que je ne te combatte plus, ne te prosterne pas devant cette icône et je m’écarte de toi”. C’était l’icône de la sainte Théotokos. »
Doctr. Patr. « κα πως μ μνον μασιν, λλ κα διηγμασι πατρικος τος φρονας ντρψωμεν, κουσον λγον πιστν κ πατρων μν διηγηθντα περ εκνος. φασ γον ν ερουσαλμ τινες ξιπιστοι ν τος μπροσθεν χρνοις πρχοντες, τιπρ τινι τν σκητν χαλεπς πθετο κα διηνχλει δαμων πορνικς. ν μι ον τν μερν φανεται ατ ατας ψεσι τ πνεμα λγον· ε θλεις, να μ σε πολεμ, μ προσκυνσς τ εκνι τατ,
84 μν add. B 85 εκνων A, φασν γον τινς ν ερουσαλεμ (sic) ξιπιστοι μρτυρες (for-
san p.c.) ν τος μπροσθεν χρνοις πρχοντες add. B 86 τιπερ B 87 ν εροσολμοις post σκητν transp. B 88 χαλεπς praem. A B 89 διενχλη A, διχλη B 90 πονηρς δαμων PG : πορνικς δαμων A, δαμων πορνικς B 91 τν μερν add. B 92 ατ B 93 ατας ψεσι PG A : ατοψε B 94 λγον A : λγων PG B 95 τι om. A 96 ν θλς PG A : ε θλεις B 97 μ om. Ba.c., add. s.l. p.c. 98 προσκυνες B 99 τν εκνα τατην PG : τι εκνηι τατηι A, τ εκνει ατη (sic) B 100 ν δ εκν PG, ν δε ε κν (sic) B : εδε εκν ν (sic) A 101 δεσπονης μν add. B
137LES QUAESTIONES AD ANTIOCHUM DUCEM
κα φσταμαι π σου. ν δ εκν τς γας δεσπονης μν τς θεοτκου. »
On observe une fois encore une parenté nette entre la Doctr. Patr. et notre manuscrit B, qui partagent notamment l’addition de « διηγμασι πατρικος » et de « φασ γον ν ερουσαλμ τινες ξιπιστοι ν τος μπροσθεν χρνοις πρχοντες » — la Doctr. Patr. a toutefois conservé un meilleur texte que celui qui se lit mainte- nant en B.
Le récit dans le Pratum spirituale n’est évidemment pas amputé de sa fin (ce qui le rend moins convaincant dans la QR 39) et l’échange entre le démon et l’ascète y est un peu plus long, mais le vocabulaire est identique102. Soit les Quaest. Ant. puisent au Pra- tum spirituale, soit les deux ont une source commune103.
Enfin la QR 39 se conclut par ces mots.
Quaest. Ant. 39 (conclusion) « Ετα τ104 φασι105 πρς τατα106 ο πιτρποντες107 μ προσκυνεν108 τος χαρακτρας τν γων, οσπερ109 δι’110 πμνησιν κα μνον111 κτυπομεν, κα ο δι’ τερον τρπον; κα οτω112 μν περ113
102 J. Moschos, Pratum spirituale, ch. 45, PG 87, 3, col. 2900, l. 14-29 : « Διηγσατο μν τις τν γερντων, τι λεγεν ββς Θεδωρος λιτης, τι ν τις γκλειστος ες τ ρος τν λαιν, γωνιστς πνυ. πολμει δ ατν δαμων τς πορνεας. ν μι ον ς πκειτο ατ σφοδρς [...]. Λγει ατ δαμων, Μ προσκυνσς τατ τ εκνι, κα οκ τι σε πολεμ. Εχεν δ εκν τ κτπωμα τς Δεσπονης μν τς γας Θεοτκου Μαρας, βασταζοσης τν Κριον μν ησον Χριστν [...] ».
103 Voir V. Déroche, Études sur Léontios de Néapolis, Uppsala, 1995 (Acta universitatis Upsaliensis. Studia byzantina Upsaliensia, 3), p. 274 n. 13.
104 Ετα τ PG B : πστατε A 105 φησν κα A, om. Ba.c. ? επον Bp.c. ? (difficile à lire ; en tout cas d’une
autre main) 106 ατ A, πρς τατα post τ transp. B 107 ο πιτρποντες PG : ποστρεφμενοι κα πιτρποντες Α, *ποστρεφμενοι
κα πιτρποντες B (la première lettre est effacée) 108 προσκυνεσθαι A, προσκυνεσθαι B 109 οστινας (sic) B 110 οσπερ δι’ PG B : κα τνος δ A 111 μες προσκυνομεν, κα τος χαρακτρας τοτων add. B 112 οτος A 113 praem. A B
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CAROLINE MACÉ138
εκνων δι βραχων λγος114. Τν δ σταυρν πρδηλον, τι δι τν σταυρωθντα ν ατ Χριστν115 προσκυνομεν ο πιστο116 κα σπαζμεθα. » « Que disent ensuite contre cela ceux qui se détournent et [« ποστρεφμενοι κα » ajouté dans la Doctr. Patr., Ioh. Dam., et, avec une faute de préfixe, en A et en B] qui défendent de se pros- terner devant les figures des saints, que nous représentons seule- ment par commémoration, et pas d’une autre manière ? Tel est ce que l’on peut dire brièvement au sujet des icônes. Quant à la croix, il est évident que c’est à cause du Christ qui a été crucifié sur elle que nous, les croyants, nous nous prosternons devant elle et nous l’embrassons. »
Cette dernière partie du texte se lit à nouveau dans le florilège damascénien et dans la Doctrina Patrum.
H.G. Thümmel a déjà montré en 1992 que les QR 39 et 41 ont un rapport avec un passage du Contra Iudaeos de Léonce de Néapolis (CPG 7885)117, pour lequel on dispose maintenant d’une nouvelle édition publiée par Vincent Déroche en 1994118. H.G. Thümmel a
114 praem. B 115 Τν δ σταυρν πρδηλον, τι δι τν σταυρωθντα ν ατ Χριστν PG B
(Χριστν ν ατ B) : τν δ σταυρωθντα Χριστν κα A 116 ο πιστο post σπαζμεθα transp. B 117 H.G. Thümmel, Die Frühgeschichte der ostkirchlichen Bilderlehre : Texte
und Untersuchungen zur Zeit von dem Bilderstreit, Berlin, 1992 (Texte und Untersuchungen zur Geschichte der altchristlichen Literatur, 139), Excurs 1 « Die Quaestiones ad Antiochum ducem » (pp. 246-252).
118 V. Déroche, « Apologie », pp. 61-85.
Ioh. Dam. III 115
« Τ φασι πρς τατα ο ποστρε- φμενοι κα πιτρποντες μ προσκυνεν τος χαρακτρας τν γων, οτινες δι’ πμνησιν παρ’ μν κτυπονται; »
Doctr. Patr.
« ετα τ φασι πρς τατα ο ποσ- τρεφμενοι κα πιτρποντες μ προσκυνεσθαι τος χαρακτρας τν γων, οτινες δι’ πμνησιν κα μνην παρ’ μν κτυπονται κα ο δι’ τερον τρπον; κα οτος μν περ εκνων δι βραχων λγος· τν δ σταυρν πρδηλον τι δι τν σταυρωθντα ν ατ Χριστν προσκυνομεν κα σπα- ζμεθα ο πιστο. »
139LES QUAESTIONES AD ANTIOCHUM DUCEM
comparé les QR 39 et 41 non seulement avec le texte de Léonce (PG 93, col. 1597-1608 ; fr. 3, l. 16-21, 43-47, 56-59, 61-64, 83-86, 149-151, 257 et 163), mais aussi avec et avec le Fragmentum ser- monis de imaginibus119 et avec un passage de la Disputatio adversus Iudaeos attribuée à un Anastase le prêtre (CPG 7772) (PG 89, col. 1233-1236), en réalité une compilation plus tardive120. C’est sans aucun doute avec le texte de Léonce que la QR 39 présente le plus d’affinités. V. Déroche a déjà examiné brièvement la ques- tion121, mais il vaut la peine, me semble-t-il, de mettre les deux textes en parallèle : les expressions semblables sont en grasses et j’ai numéroté les paragraphes du texte de Léonce et je les ai par- fois changé de place afin de faciliter la comparaion.
119 Frag. in Imag. : « Οχ ς θεος, φασ, τς εκνας προσκυνομεν ο πιστο· μ γνοιτο! λλ μνον τν σχσιν κα τν γπην μφανζοντες. θεν πολλ- κις, το χαρακτρος λειανθντος, ς ξλον μνει ργν » (PG 28, col. 709, 6-9).
120 Voir V. Déroche, « Polémique anti-judaïque », p. 279 : la Disputatio est un « véritable pot-pourri de textes antijudaïques dont la date reste à fixer ».
121 V. Déroche, « Apologie », p. 101.
Quaest. Ant. 39
« (1) Οχ ς θεος προσκυνομεν τς εκνας ο πιστο· μ γνοιτο ! ς ο λληνες· λλ μνον τν σχσιν κα τν γπην τς ψυχς μν τν πρς τν χαρακτρα τς εκνος μφανζομεν·
θεν πολλκις το χαρακτρος λειανθντος, ς ξλον ργν λοιπν τν ποτε εκνα καομεν.
Κα σπερ ακβ μλλων τελευτν π τ κρον τς βδου το ωσφ προσεκνησεν, ο τν βδον τιμν, λλ τν τατην κατχοντα·
Léonce, Apologie, fr. 3
« (2) l. 14-15 ουδαος φη· λλ’ ο προσε- κυνοντο κενα ς θεο τ μοιματα, λλ’ πομνσεως μνης γνοντο (4) l. 44-47 οτως κγ τν εκνα το Χρισ- το προσκυνν ο τν φσιν τν ξλων κα χρωμτων προσκυν (μ γνοιτο), λλ τν ψυχον χαρακτρα Χριστο κρατν δι’ ατο Χριστν κρατεν δοκ κα προσκυνεν. (3) l. 18-19 Ε γε ς θεν προσεκνουν τ ξλον τς εκνος, οκ ν πντως, λειανθντος το χαρακτρος, τν εκνα κατκαιον. (5) l. 61-62 Ε δ γκαλες μοι τι ς θεν προσκυν τ ξλον το σταυρο, δι τ οκ γκαλες τ ακβ
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οτω κα ο πιστο ο δι’ τερν τινα τρπον τς εκν&