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Les rites et la condition humaine d'après des documents ethnographiques by Jean CazeneuveReview by: J. M.Archives de sociologie des religions, 3e Année, No. 6 (Jul. - Dec., 1958), pp. 167-168Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30115365 .

Accessed: 19/06/2014 16:36

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comparatiste qui anime son ouvrage tris complet sur Chamanisme et gudrison magique (Paris, P.U.F., 1950, 379 p.). II s'agit ici de ( quelques portraits a)) de sorciers et jeteurs de sorts du centre de la France (Berry, Sologne et Nivernais), du Moyen-Age A nos jours; finement analys~e, cette documentation intro- duit une synth~se stimulante: proc~dds et pouvoirs; portrait social du sorcier ou du jeteur de sort; facteurs favorisant le main- tien des anciennes croyances et aperqu du cadre dans lequel s'intlgrent sorciers et jeteurs de sorts. Ainsi, en 6vitant A la fois la mono- graphie folklorique purement descriptive et les g~ndralisations hitives, I'auteur jette une lumibre intbressante sur la persistance de rites ancestraux et de croyances syncritiques dans une region E de traditions chritiennes >. En passant, elle refute implicitement la thlse de Saintyves sur le caractbre purement oral de la transmission de ces rites et croyances; conformdment A l'indication de Van Gennep (Manuel de folklore, t. I, p. 46-47), elle montre le r61e de certains imprimbs (litt~rature de colportage) dans cette transmission. En con- clusion elle montre que le r61e du sorcier repose sur le blocage que fait le cultivateur entre les menaces qui p~sent sur la sante et la prospirit6 des siens et des personnages peu int~grbs a la collectivit6 agraire locale (hommes de la forst ; 6trangers; spdcialistes de certaines tAches mat&- rielles; habitants d'un village rival; etc.).

Ce livre soign6, illustr6 de cartes et photos, commode par sa bibliographie et son index gbographique, apporte une utile contribution A l'6tude de la religion populaire en France.

J. M.

98 CADALEN (Pierre). Un essai de migrations rurales et int6- rieures en France. Les Bretons d'Aqui- taine (1920 a 1956). Rome, 1957, 408 p. (2 vol. dactyl.).

Cette thlse pr~sentke A l'Athn~ne pontifical du Latran, pour l'obtention du doctorat en droit canonique, ne justifie sa cause finale que comme essai de sociologie religieuse. L'auteur, qui cumule les titres des Universit~s civiles et ecclhsiastiques, est un Breton, cure dans le diocese de P~rigueux. II a examine sur le terrain le probllme capital des effets reli- gieux d'une transplantation collective.

G~ographie et d~mographie, bconomie et psychologic des deux pays, Aquitaine et Bretagne nous font connaitre les milieux d'oA sortent et oA s'implantent les lmigrants, dont P. Cadalen d~crit la migration, avant d'obser- ver les conditions de vie et le sort des colonies,

BULLETIN DES OUVRAGES

qui comptaient en 1956 environ 15.000 sujets, cultivant 50.000 hectares, en 1.800 exploita- tions.

Les Bretons, observants r~guliers dans leurs villages, unis dans leurs mbnages, dbbarquent en des contrbes de simple conformisme et oh le lien familial est souvent fragile. Pour main- tenir la pratique, une aum6nerie a 6t6 organisbe dont les titulaires sont comme les chefs spiri- tuels et temporels des 6migr~s. Malgr6 leurs efforts, A peine la moitib des emigrants restent observants r~guliers. Le changement d'usages depend beaucoup du milieu nouveau et de la dimension de la colonie: un groupe installs en paroisse quelque peu chr~tienne change moins qu'une famille isolde en region toute indiff~rente. Comme en toute occasion de contact, il arrive que les observants r~guliers deviennent fervents, par opposition aux conformistes saisonniers de la terre d'accueil et que d'autres, dbpassant le palier aquitain de l'indiff~rence, rompent complltement avec l'Eglise. Le problbme abord6 par l'abb4 Cadalen se pose en tout pays, par ce temps de transfert g~ndral des populations : nous l'avons nagubre signalh pour l'Allemagne et nous venons de l'entrevoir en Pologne. On souhaite, pour la solution, de nombreuses monographies.

G. L. B.

99 CANARD (Jean). La soci6t6 des pr~tres et les pretres de Saint-Just-en-Chevalet. Saint-Just (Loire), I'auteur, 1958, 162 p.

Contribution A l'histoire des pritres-filleuls. Etude de la societe et catalogue de ses membres du moyen-&ge A nos jours.

]41 JP.

100 CAZENEUVE (Jean). Les rites et la condition humaine d'apres des documents ethnographiques. Paris, Presses Universitaires de France, 1958, 500 p. (Bibliothlque de philosophie contemporaine).

Cet ouvrage dense et solidement construit apporte une contribution substantielle non seulement A l'6tude du rite, mais aussi A l'in- terprttation des concepts centraux de la science des religions. Limitant d6lib6r~ment sa recherche aux documents ethnographiques, il n'aborde ni les rituels des grandes religions, ni mime les travaux folkloriques sur les pays s volubs D. II 6vite 6galement de donner un simple catalogue des rites connus chez les a primitifs ,. C'est la nature, la genlse et les fonctions du rite qu'il s'agit d'blucider.

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ARCHIVES DE SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

S'inspirant de Maurice Leenhardt, l'auteur d6finit le rite comme ((un acte qui se riphte et dont l'efficacit6 est, au moins en partie, d'ordre extra-empirique (p. 4); il se r~fbre 6galement ? la notion de ((numineux )) pro- posde par Rudolf Otto. Le plan du livre se d~gage alors de la contradiction qui d~chire I'homme entre (( la condition humaine abstraite et la rdalit6 individuelle concrete, entre l'ordre et la puissance ,, (p. 9). a Le rituel pouvait fournir trois solutions... Dans la premiere, le numineux devait Stre 6cart6 comme une impuret6; dans la deuxibme, il devait &tre manid comme un principe de puissance magique, et, dans la troisikme enfin, il se pr~sentait avec le caractbre supra-humain de ce qui est sacra, de ce qui est au caeur des religions ) (p. 10).

Nourrie d'une solide connaissance des theories psychanalytiques, philosophiques ou sociologiques proposbes par ses devanciers, l'auteur d6veloppe une synthkse mesurde et stimulante qui s'achbve sur une 6tude de la religion elle-mime, dans ses rapports avec la magie.

Loin de ne concerner que les ethnologues, cette recherche apporte des vues fort intbres- santes sur la sociogen~se de la religion, qu'il s'agisse de la succession des types de civilisa- tion ou du r6le de certains facteurs tels que la constitution de groupes specialists (magiciens, sorciers, pritres) dans la manipulation de 1'() extra-empirique >.

J. M.

101 CHAVASSE (Antoine).

Le sacramentaire g61asien (Vaticanus Reginensis 316). Paris, Desel~e etCie, 1958, XXXVII-817 p. (These pour le doctorat en Thbologie catholique de l'Universit6 de Stras- bourg).

La Facult6 de thdologie catholique de Stras- bourg maintient dans le domaine de I'histoire liturgique la position iminente que lui avait acquise le doyen Michel Andrieu. Aprbs les thises de Cyrille Vogel et de Rend Metz, oh la liturgie tient une si grande place, voici une v(ritable somme proprement liturgique, I'6tude profonde d'un sacramentaire qui n'avait jamais encore 4td l'objet d'une investigation complute et systimatique.

Seuls les professionnels sont qualifies pour analyser cet ouvrage, d'une remarquable precision technique. Mais le sociologue est alertd dbs l'Introduction (p. XXIX) quand I'auteur declare que son objet propre est de c montrer of, quand, comment et pour qui, a 6td constitude la compilation gblasienne u.

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Ainsi tous ces formulaires qui nous intdressent par la signification qu'ils donnent i tant d'actes sociaux - qu'il s'agisse de I'ordination, des fites on des fundrailles - prennent un relief plus saisissant par leur adaptation i des socidtbs sensiblement distinctes : nations, groupes, zones. Avec une rigueur saisissante, Chavasse ddmontre (par l'examen des additions et remaniements) le passage des manuscrits de Rome en Gaule, des 4glises aux monastbres et la distinction qu'impose aux fonctions litur- giques la condition pontificale ou presbyt~rale, urbaine on rurale des 6glises romaines. Chaque milieu a ses exigences et ses indifferences.

R&pdtons pour les sourds que la sociologie religieuse ne se cantonne point dans la statis- tique et la cartographie ; r~gles, rites, doctrines lui offrent un riche domaine, ohf la comnnais- sance du concret, du vivant, donne acc~s l'intelligence des disciplines et des institutions, des gestes et des paroles, mfme des reprdsen- tations et des pensdes.

G. L. B.

102 CHELINI (Jean).

La Ville et 1'Eglise. Premier bilan des enqu~tes de sociologie religieuse urbaine. Paris, bd. du Cerf, 1958, 364 p. (Coll. Ren- contres, no 52. PrOf. de G. Le Bras, avant- propos de Mgr Gros).

(Euvre typique d'apris-guerre, l'6tude reli- gieuse des villes du point de vue du catho- licisme offre un ensemble de r6sultats qui demandent t Atre class6s et coordonnis. La disparit6 des techniques d'approche, des pers- pectives, voire des quotients d'estimation rendait 6videmment la tache malaisbe et

appelait la n~ccessit6 d'un examen des mdtho- des employees et des r~sultats obtenus. De- vant ceux-ci, que faire ressortir ? Les diff&- renciations intbrieures aux villes, ou l'analogie du fait urbain ~ travers le monde ? L'auteur, se r~fdrant A diverses reprises aux travaux de F. Houtart (cf. Arch., II, no 173) s'oriente dblibdrbment dans cette deuxitme voie. Aussi trouvera-t-on peu d'6lments destinbs A diff&- rencier en matitre religieuse les classes so- ciales. Aprbs un historique rappelant les rela- tions passbes du christianisme avec le d6ve- loppement des agglomerations urbaines et aprbs avoir conclu ? une (( dparoissialisation des masses qui y habitent, l'auteur nous montre les diverses voies d'accis A l'analyse de a l'impr~gnation religieuse des villes

,. Une

annexe sur le cadre de l'6tude historique et un premier vocabulaire de sociologie du catho- licisme viennent, avec une bibliographie, complhter I'ouvrage. (Cette bibliographie con-

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