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Acta bot. Gallica, 1993, 140 (2), 226. Les secretions nectarifCres dans les interactions plantes-fourmis en Guyane fran.;aise : de la forct au laboratoire par Monique Belin-Depoux (1), Louis Cosson (2), Laurence Pascal ( 1 ) et Sylvie Wickers ( 1 ) ( 1 ) Universitti Pierre et Marie Curie, Paris 6, Laboratoire de Botani.Jue tropicale, URA 1183, 12 rue Cuvier, F-75005 Paris (') Universile Paris Xl, Laboratoire Metabolisme ceUulaire et Xenobiotique, Facuue de Pharmacie, rue ).-B. Clement, F-92296 Chatenay-Malabry L'etude des nectaires extra-floraux et de leurs productions dans les relations plan- tcs-fourmis est illustree par deux exemples : le premier concerne des liancs appartenant a Ia Camille des Malpighiacecs : Stigmaphyl- lon convolvulifolium A. Juss., S. hypoleucum Miq. et S. sagiltatum A. Juss., le second des arbres a strategic de developpement d'especes heliophilcs, les Inga (Mimosacecs) : I. edulu (Veil) Mart., I. huberi Ducke, I. pezizifera Benth., I. sertulifera DC ct I. thibaudiana DC. Chez Stigmaphyllon, les nectaircs sont repar- tis sur Ia marge foliaire, sur le petiole qui pre- sente deux volumineux nectaires a son som- mct, ct sur Ia tige au nivcau des nreuds. La feuille des Inga porte des ncctaires volumineux situes sur le rachis a chaque insertion de folio- lcs. Dans le milieu naturel, Ia production de nectar et l'activite des fourmis sont suivies parallelement. Les prelevemcnts de nectar sont effectues a l'aide de micro-pipettes toutcs lcs deux heures durant trois cycles de 24 hcurcs. Chez Stigmaphyllon, seules les glandes petiolaires des feuillcs fonctionnelles ont subi des prelevemcnts. Chez lnga, 5 stades foliaires ont ete rctcnus de F, (feuille adulte Ia plus agee) a F 5 (jeune feuille a folioles juste ebauchees). Les rythmes de secretion sonl mis en evidence chez Stigmaphyllon ; deux especes, S. convolvulifolium et S. sagiltatum, vivant en communaute, ont leur activite secretrice maximalc decalee, dans le temps, de 2 heures. Elles offrent ainsi aux fourmis un apport nutritionncl plus performant. Chez lnga, c'est le slade F 2 , c'est-a-dire Ia feuille en fin de croissance qui secrete le plus de nectar. Les differcnts ncctaircs sont fixes en vue d'une etude histologique et cytologique. Au laboratoire, les nectaires fixes sont in- dus, scctionnes, colores, et leur structure est etudiee. Trois zones histologiques sont retrou- vecs. L'analyse du nectar met en evidence Ia presence de sucres et d'acides amines dont Ia composition est variable suivant les especes. La presence de lipides entraine un mode de nutrition particulier pour les fourmis et une association plus etroite. Des cultures in vitro des ncctaires sont entreprises. Key words : nectaries- Stigmaphyllon- lnga -plant-ant relationships. ©Societe botanique de France 1993. ISSN (en cours).

Les sécrétions nectarifères dans les interactions plantes—fourmis en Guyane française: de la forêt au laboratoire

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Acta bot. Gallica, 1993, 140 (2), 226.

Les secretions nectarifCres dans les interactions plantes-fourmis en Guyane fran.;aise : de la forct au laboratoire

par Monique Belin-Depoux (1), Louis Cosson (2), Laurence Pascal (1) et Sylvie Wickers (1)

(1

) Universitti Pierre et Marie Curie, Paris 6, Laboratoire de Botani.Jue tropicale, URA 1183, 12 rue Cuvier, F-75005 Paris (') Universile Paris Xl, Laboratoire Metabolisme ceUulaire et Xenobiotique, Facuue de Pharmacie, rue ).-B. Clement, F-92296 Chatenay-Malabry

L'etude des nectaires extra-floraux et de leurs productions dans les relations plan­tcs-fourmis est illustree par deux exemples : le premier concerne des liancs appartenant a Ia Camille des Malpighiacecs : Stigmaphyl­lon convolvulifolium A. Juss., S. hypoleucum Miq. et S. sagiltatum A. Juss., le second des arbres a strategic de developpement d'especes heliophilcs, les Inga (Mimosacecs) : I. edulu (Veil) Mart., I. huberi Ducke, I. pezizifera Benth., I. sertulifera DC ct I. thibaudiana DC. Chez Stigmaphyllon, les nectaircs sont repar­tis sur Ia marge foliaire, sur le petiole qui pre­sente deux volumineux nectaires a son som­mct, ct sur Ia tige au nivcau des nreuds. La feuille des Inga porte des ncctaires volumineux situes sur le rachis a chaque insertion de folio­lcs.

Dans le milieu naturel, Ia production de nectar et l'activite des fourmis sont suivies parallelement. Les prelevemcnts de nectar sont effectues a l'aide de micro-pipettes toutcs lcs deux heures durant trois cycles de 24 hcurcs. Chez Stigmaphyllon, seules les glandes petiolaires des feuillcs fonctionnelles ont subi

des prelevemcnts. Chez lnga, 5 stades foliaires ont ete rctcnus de F, (feuille adulte Ia plus agee) a F 5 (jeune feuille a folioles juste ebauchees). Les rythmes de secretion sonl mis en evidence chez Stigmaphyllon ; deux especes, S. convolvulifolium et S. sagiltatum, vivant en communaute, ont leur activite secretrice maximalc decalee, dans le temps, de 2 heures. Elles offrent ainsi aux fourmis un apport nutritionncl plus performant. Chez lnga, c'est le slade F

2, c'est-a-dire Ia feuille en fin de

croissance qui secrete le plus de nectar. Les differcnts ncctaircs sont fixes en vue d'une etude histologique et cytologique.

Au laboratoire, les nectaires fixes sont in­dus, scctionnes, colores, et leur structure est etudiee. Trois zones histologiques sont retrou­vecs. L'analyse du nectar met en evidence Ia presence de sucres et d'acides amines dont Ia composition est variable suivant les especes. La presence de lipides entraine un mode de nutrition particulier pour les fourmis et une association plus etroite. Des cultures in vitro des ncctaires sont entreprises.

Key words : nectaries- Stigmaphyllon- lnga -plant-ant relationships.

©Societe botanique de France 1993. ISSN (en cours).