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1 UNIVERSITÉ DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION LITUANIE FACULTÉ DE PHILOLOGIE DEPARTEMENT DE PHILOLOGIE ET DIDACTIQUE FRANÇAISES Daiva Silko LES TENDANCES ACTUELLES DE LA PRONONCIATION DU FRANÇAIS ET LITUANIEN Mémoire Directrice du travail : Maître de conférences dr. D. Mickūnaitytė Vilnius, 2012

LES TENDANCES ACTUELLES DE LA PRONONCIATION DU …

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UNIVERSITÉ DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION LITUANIE

FACULTÉ DE PHILOLOGIE

DEPARTEMENT DE PHILOLOGIE ET DIDACTIQUE FRANÇAISES

Daiva Silko

LES TENDANCES ACTUELLES DE LA PRONONCIATION DU

FRANÇAIS ET LITUANIEN

Mémoire

Directrice du travail :

Maître de conférences dr. D. Mickūnaitytė

Vilnius, 2012

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SOMMAIRE

ANNOTATION............................................................................................................................... 3

INTRODUCTION .......................................................................................................................... 4

1. PROSODIE..................................................................................................................... 6

2. CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DU VOCALISME FRANÇAIS .................... 8

2.1 Voyelles antérieures/postérieures …………………………………………….… 9

2.2 Voyelles ouvertes/fermées ………………………………………………….…. 13

2.3 Voyelles nasales/orales ………………………………………………………... 14

2.4 Durée des voyelles ………………………………………………..…………… 14

3. CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DU CONSONANTISME FRANÇAIS ........ 16

3.1 Consonnes orales/nasales ……………………………….…………………….. 17

3.2 Consonnes sourdes/sonores ………………………………………….……….. 17

3.3 Consonnes occlusives/constrictives ……………………………….………….. 18

3.4 Consonnes labiales/dentales/palatales/vélaires …………………………….…. 19

3.5 Semi-consonnes ………………………………………………………………. 20

4. CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DU VOCALISME LITUANIEN………..... 22

4.1 Voyelles antérieures/postérieures ……………………………………………. 22

4.2 Voyelles ouvertes / fermées ……………………………………………...…... 26

4.3 Voyelles labiales/ non labiales ……………………………………………….. 26

4.4 Durée des voyelles ……………………………………………………………. 27

5. CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES DU VOCALISME LITUANIEN ……….... 29

5.1 Consonnes sourdes/sonores …………………………………………..……… 29

5.2 Consonnes labiales / dentales / palatales …………………………………..… 29

5.3 Consonnes occlusives / spirantes ……………………………...……………... 30

5.4 Consonnes dures / mouillées ……………………………………………..….. 30

5.5 Semi-consonnes ………………………………………………………….…... 31

6. LIAISON/ ENCHAÎNEMENT…………………………………………………….... 32

7. TENDANCES ACTUELLES DE LA PRONONCIATION DU FRANÇAIS ……... 35

7.1 Tendances dans la prononciation des voyelles et des consonnes ………….… 35

7.2 Tendances d’emploi des mots et locutions familiers ……………………...…. 38

8. TENDANCES ACTUELLES DE LA PRONONCIATION DU LITUANIEN…….. 41

3

8.1 Tendances dans la prononciation des voyelles et des consonnes ..……….….. 41

8.2 Tendances d’accentuation …………………………………………………… 45

8.3 Tendances d’emploi des mots internationaux ……………………………….. 47

8.4 Tendances d’emploi des mots non lituaniens ………………………………... 48

9. FAUTES PRINCIPALES EN FRANÇAIS D’AUJOURD’HUI ................................ 51

9.1 Fautes de la prononciation des voyelles et des consonnes ……………….….. 53

9.2 Fautes des liaisons …………………………………………………………… 53

9.3 Fautes d’emploi des mots et locutions ……………………………………….. 53

10. FAUTES PRINCIPALES DE LA PRONONCIATION EN LITUANIEN .............. 56

10.1 Fautes de la prononciation des voyelles et des consonnes ………………….. 56

CONCLUSION ………………………………………………………………………………… 58

RÉSUMÉ ……………………………………………………………………………………….. 60

BIBLIOGRAPHIE …………………………………………………………………………...… 61

4

ANNOTATION

L’objectif de notre travail de recherches est d’analyser les tendances actuelles de la

prononciation du français et lituanien. L’analyse s’appuie sur les méthodes descriptive et

comparative. Notre recherche montre que dans les deux langues, la prononciation change, se

transforme, suit l’évolution de la société. Ainsi, les nouvelles tendances résultent considérablement

dans la prononciation du français et celle du lituanien. Elles apparaissent non seulement dans la

prononciation des adultes mais également dans celle des enfants. Les enfants sont surtout enclins

de saisir toutes ces nouveautés. D’une part, ces nouvelles tendances apportent pour la langue

certaines nuances qui la font plus expressive et plus riche, mais parfois moins universelle surtout

quand on observe l’incompréhension entre les générations au niveau langagier. D’autre part,

certaines tendances sont considérées comme fautives, elles ne sont pas tolérables et nous devons

faire tout notre possible pour les éviter et de ne pas nuire à notre langue. Il est important de

corriger dès le départ et tout de suite toutes les erreurs gênantes pour notre prononciation, avant

qu’elles ne se fixent définitivement.

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INTRODUCTION

L’expression orale de la pensée de chaque langue existe depuis les temps anciens. Elle

provient des différentes situations parmi lesquelles on peut citer l’époque, l’endroit où l’on est

venu au monde ou alors l’endroit où l’on vit, la classe sociale et l’éducation qu’on a reçu. Le rôle

de la prononciation est très important dans la communication de toutes les langues. La culture de

communication exige non seulement le choix minutieux des moyens lexicaux et grammaticaux,

mais aussi celui de la meilleure forme phonique. Chaque langue, y compris le lituanien et le

français, possède ses propres règles de prononciation plus ou moins strictes. Dans certaines

situations le moindre défaut de prononciation peut compliquer la compréhension et de nombreux

malentendus en résultent. Dans certains cas de communication ce qu’on dit „n’a pas une grande

importance“, l’important c’est le ton, le timbre de la voix qu’on adopte. Les moyens intonatoires

servent à exprimer une quantité de nuances sémantiques parfois très délicates, aussi bien que les

nuances des sentiments et des états physiques du sujet parlant.

Dans ce travail de recherches nous allons analyser les tendances actuelles dans la

prononciation du français et lituanien. Notre sujet choisi est et sera toujours actuel à cause

d’évolution permanente de toutes les langues. Chaque génération y apporte toujours beaucoup de

nouveautés. Aujourd’hui on ne peut pas dire que les recherches directes sur les variétés de la

prononciation lituanienne ou française sont très abondantes dans des ouvrages ou bien dans des

articles. Il y a des linguistes qui tentent à établir les tendances qui se généralisent et se stabilisent

dans la prononciation du français et lituanien d’aujourd’hui. Pourtant le nombre de leurs travaux

n’est pas grand. Donc, à partir de ce fait, notre objet est les diverses tendances dans la

prononciation de deux langues.

La tendance c’est quelque chose de tout nouveau et très intéressant. Lorsqu’on écoute la

façon dont les Français et les Lituaniens s’expriment aujourd’hui et qu’on la compare aux règles

des manuels d’orthoépie, on voit les variations qui s’élèvent : l’influence de l’orthographe,

l’assimilation, l’harmonisation vocalique, l’articulation relâchée, etc. Tous ces changements

affectent la phonétique et également certaines règles de grammaire, ainsi que la relation entre la

grammaire et la prononciation. Même s’il est vrai que le français et le lituanien sont des langues

complètement différentes surtout au niveau de leurs systèmes phonétiques, nous pouvons y déceler

certaines ressemblances qui leur sont propres. Ainsi, nous y trouvons des aspects qui ne sont

propres qu’à une seule langue – le lituanien ou le français.

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Face à cette réalité, notre objectif est en comparant relever et analyser les différentes

tendances actuelles dans la prononciation du français et lituanien. Notre recherche sera organisée

en deux parties. La première partie est destinée à la présentation et comparaison des systèmes

phoniques du français et du lituanien.

Premièrement, nous allons analyser deux systèmes vocaliques et deux systèmes

consonnantiques. Cela va nous permettre de faire ressortir les convergences et les divergences dans

les deux langues. Les phonétismes français et lituaniens comprennent deux grandes classes de sons

distinctes : voyelles et consonnes. La répartition des sons entre voyelles et consonnes remonte aux

Grecs, pour qui les voyelles étaient essentiellement une « émission de voix » et les consonnes des

articulations s’énonçant avec le secours d’une voyelle. Le français comporte 16 voyelles et 20

consonnes, le lituanien – 12 voyelles et 20 consonnes. Quand on articule une voyelle en français

les organes de la parole sont tous tendus d’une façon plus ou moins régulière. Tandis qu’en

lituanien l’articulation des voyelles est plus relâchée, et la tension musculaire n’est pas localisée.

C’est par ce caractère physiologique que les voyelles diffèrent des consonnes. Ce sont les

consonnes qui se caractérisent par la tension localisée dans les langues cibles.

Deuxièmement, nous allons aborder le rôle des phénomènes de la langue comme liaison et

enchaînement. Il faut noter que chaque langue a ses particularités caractéristiques quant à la

modification de la chaîne parlée. La liaison est un phénomène qui n’est propre qu’au français.

La deuxième partie est dédiée au cadre pratique de notre travail. Nous présenterons un

grand nombre de variétés fixées dans la prononciation des enfants français et lituaniens que nous

avons choisi à observer. Ensuite, nous présenterons les règles principales de la prononciation

française et lituanienne. Nous traiterons également les fautes essentielles de la prononciation

d’aujourd’hui dans ces deux langues.

Dans le mémoire, l’analyse s’appuiera évidemment sur les méthodes comparative et

descriptive. La méthode comparative permettra de comparer les deux systèmes phoniques du

français et du lituanien. La méthode descriptive nous permettra de décrire le phénomène analysé –

les diverses variations dans la prononciation, et d’identifier ses particularités dans la prononciation

des langues cibles.

Pour citer des exemples concrets et précis, nous allons analyser de différents livres de

grammaires française et lituanienne, nous nous sommes basés sur quelques articles préparés par

des linguistes connus lituaniens et français.

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1. Prosodie

La linguistique défini la prosodie comme le domaine particulier de la phonétique qui

s’occupe de décrire les sons du langage au niveau de l’énoncé (l’énoncé peut-être un mot, un

groupe de mots ou une phrase). M. Arrivée (1986, 577) affirme que « il n’y a pas d’énoncé oral

sans prosodie ». La prosodie regroupe des phénomènes tels que : l’intonation, l’accentuation, le

rythme, la mélodie, les tons, les pauses. L’auteur accentue que chacun de ces phénomènes

prosodiques se manifeste par des variations au niveau de la hauteur, de l’intensité et de la durée.

La hauteur est définie comme l’impression auditive produite par la fréquence des vibrations

sonores. Les variations de hauteur reflètent les variations du son émis par les cordes vocales.

L’intensité est liée à l’amplitude des vibrations sonores. Elle est produite par une tension

des cordes vocales, qui habituellement s’accompagne d’un relèvement de hauteur.

La durée est le temps pendant lequel doit être maintenu un son. La durée d’un son est très

brève. Même allongée, une syllabe reste donc très brève (Arrivée, 1986, 577-578).

Bien entendue que tous ces trois phénomènes prosodiques jouent au niveau de la syllabe.

Combinés au niveau de la phrase, ils créent la mélodie, ligne musicale de l’énoncé et paramètre

essentiel de l’intonation. L’intonation est définie comme une formation mélodique des énoncés en

groupes rythmiques. M. Arrivée déclare que selon les langues, l’intonation peut jouer différents

rôles, mais elle est toujours importante dans la constitution de l’énoncé oral. L’intonation est

caractérisée par la hauteur, la durée et l’intensité et la courbe mélodique. Elle assume la fonction

syntaxique, démarcative ou expressive. Le rôle de l’intonation est particulièrement important en

français grâce au faible rôle de l’accent.

L’accentuation est un phénomène de mis en relief, au moyen de l’intensité, de la hauteur ou

de la durée, d’une syllabe parmi d’autres. Chaque langue se caractérise par la nature et par la place

de l’accent. En lituanien, l’accent assume une fonction distinctive. Il aide à différencier les mots et

leurs formes. Ex. : kilimas – kilimas, giria – giria, neši – neši, likime – likime. L’accent lituanien

est libre ou autrement dit il est appelé l’accent distinctif car en lituanien il n’existe aucune règle

phonétique ou phonologique qui détermine le nombre des syllabes devant ou derrière la syllabe

accentuée. L’accent lituanien peut donc frapper n’importe quelle syllabe d’un mot. Quant au

français, l’accent est stable. L’accent français porte toujours sur la dernière syllabe du mot ou du

groupe de mots. Ex. : gâteau, gâteau blanc. Le français connaît plusieurs types d’accents. Ce sont

l’accent rythmique (ou l’accent final), l’accent d’insistance émotionnelle, l’accent d’insistance

logique et l’accent secondaire. A. Girdenis (2003, 267-268) affirme que l’accent libre est assez

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rare. Pourtant, d’après lui toutes sortes d’accents assument la fonction essentielle – c’est de

distinguer les alliances des mots des mots isolés. Les phonéticiens indiquent qu’en français,

l’intonation et l’accentuation jouent un rôle très important dans la reconnaissance des accents

régionaux et étrangers.

En français, le rythme est expliqué comme « une perception de la succession à intervalles

plus ou moins réguliers des accents démarcatifs dans un texte ». Le rythme varie selon le débit, car

plus on parle vite, moins il y a de pauses et d’accents.

En ce qui concerne les pauses, elles jouent un rôle capital autant que l’intonation. La pause

est un phénomène secondaire, toujours lié à l’intonation et l’accentuation (Arrivée, 1986, 590).

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2. Caractéristiques générales du vocalisme français

Le vocalisme est un système des voyelles d’une langue. On appelle voyelles des sons formés

dans le larynx par l’expiration de l’air des poumons qui fait vibrer les cordes vocales. Ces sons se

trouvent plus ou moins modifiés selon qu’ils s’échappent par la bouche seule ou à la fois par la

bouche et le nez. Ils ne rencontrent aucun obstacle en s’échappant, au contraire de ce qui se passe

pour les consonnes. Certains linguistes préfèrent donc définir la voyelle en disant qu’elle peut à

elle seule constituer une syllabe : [o-ze] (oser). Les voyelles sont aussi de nature à représenter à

elles seules un mot a, à, il, hait [ ], es [e], ou, on, etc. C’est essentiellement le volume et la forme

de la cavité buccale qui donnent un timbre caractéristique à une voyelle. Ce volume et cette forme

dépendent de trois facteurs: la position de la langue, la position des lèvres et le degré d’ouverture

de la bouche. Le plus souvent, la langue se masse soit à l’avant, soit à l’arrière de la cavité buccale.

Le français est caractérisé par une grande richesse en voyelles. Il y en 16 (Chevalier, 1988, 14).

Dans son livre « Traités de phonétique française » N. Chigarevskaïa distingue quatre facteurs

physiologiques dans la caractéristique d’une voyelle française :

1. La position du dos de la langue par rapport au palais. Si le dos de la langue est abaissé,

la voyelle est dite ouverte. Si le dos de la langue est levé vers le palais dur ou mou, la

voyelle est dite fermée.

2. La position de la langue par rapport aux dents. Quand la langue est massée vers l’avant

de la bouche, il s’agit d’une voyelle antérieure. Quand, par contre, la langue est retirée des

alvéoles et qu’elle articule à l’arrière de la bouche, il s’agit d’une voyelle postérieure.

3. Le jeu des lèvres. Si les lèvres sont avancées et arrondies, il se forme une voyelle labiale.

Si les lèvres ne sont pas avancées, il se forme une voyelle non labiale.

4. Le jeu du voile du palais. Quand le voile du palais est levé fermant le passage dans la

cavité nasale, il se forme une voyelle orale. Quand le voile du palais est abaissé laissant

l’air passer aussi par la cavité nasale, il s’agit d’une voyelle nasale.

Ces quatre traits constituent la caractéristique différentielle des voyelles françaises. Ils sont à

la base des oppositions phonématiques du vocalisme français (Chigarevskaïa, 1966, 54).

On peut distinguer quelques traits particuliers et essentiels du vocalisme français :

1. Les voyelles antérieures sont les plus nombreuses, il y en a 10 sur 16 en tout. Parmi les six

voyelles postérieures, certaines quand même sont très avancées, telles [u], [ ], [o]. Le

nombre des voyelles antérieures augmente par la série des voyelles labiales antérieures. Il

y en a 4 [y], [ø], [œ], [ə], qui n’existent pas en lituanien.

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2. L’opposition phonologique voyelle ouverte / voyelle fermée est très importante pour le

phonétisme français. Cela est valable surtout pour les deux séries des orales, série

antérieure [e- ] et série postérieure [o- ].

3. Les voyelles labiales jouent un rôle important dans le système phonétique du français. Elles

constituent la moitié des voyelles françaises. Le lituanien ne connait pas trois d’entre elles,

qui relèvent de la série antérieure [ø, y, œ]. L’articulation labiale des voyelles françaises est

très énergique.

4. Les nasales sont les plus usitées voyelles en français. Par leur caractère fort rare, elles lui

transmettent un aspect extrêmement particulier et spécifique.

5. Les voyelles françaises sont très nettes et tendues. L’accent français est relativement faible,

plus faible que celui du lituanien, qui fait valoir la voyelle accentuée par sa force. D’autre

part, l’accent français frappe toutes les syllabes impaires, de droite vers la gauche, à partir

de la fin du groupe accentuel, toute voyelle paire se trouvant de la sorte entourée et

soutenue par des voyelles plus ou moins accentuées. Les voyelles inaccentuées ne

connaissent pas en français le relâchament qui est caractéristique pour l’articulation

lituanienne.

2.1 Voyelles antérieures / postérieures

Voyelles antérieures

L’opposition antérieure / postérieure est une caractéristique fondamentale du vocalisme

français.

Les voyelles sont antérieures ou postérieures selon leur point d’articulation, c’est-à-dire la

région vers laquelle la langue se soulève. Les voyelles antérieures (« en avant ») sont formées

avec la partie antérieure de la langue massée en avant et la pointe touchant les alvéoles inférieures.

En français ces voyelles sont appelées aussi palatales parce que la langue se soulève vers la partie

dure du palais. Le français possède dix voyelles formées dans la partie antérieure de la cavité

buccale : i [i] : fil, é fermé [e] : pré, è ouvert [ ] : fer, a ouvert [a] : pas, u [y] : pur, eu ouvert

[œ] : peur, eu fermé [ø] : deux, in [ɛ̃] : lin, eu muet [ə] : petit, un [œ] brun. Si le dos de la langue

n’est pas levé et que mâchoire inférieure est abaissée, c’est le cas des voyelles ouvertes. Pour les

voyelles fermées, la mâchoire inférieure n’est que légèrement abaissée (Grevisse, 1988, 35).

Si les lèvres se ferment et se tendent de plus en plus à former une fente horizontale par

rétraction, il y a la production, dans un ordre progressif, des voyelles é [e], è [ ], i [i], a [a]. Ces

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voyelles sont appelées voyelles orales antérieures non labiales – ou non arrondies. La voyelle

nasale in se range dans cette catégorie.

Si les lèvres se ferment et se tendent de plus en plus à s’arrondir par projection, il y a

production, dans un ordre progressif, des voyelles eu fermé [ø], eu muet [ə], eu ouvert [œ], u [y]

appelées voyelles orales antérieures labiales – ou arrondies. La voyelle nasale eu se range dans

cette catégorie.

En français, la voyelle i [i] est une voyelle orale, antérieure, fermée, non labiale. Elle se

classe parmi les plus fermées. En prononçant cette voyelle les commissures des lèvres sont

fortement écartées et les lèvres rapprochées dans le sens vertical. Selon N. Chigarevskaïa, cette

voyelle fait partie des toutes les oppositions phonématiques dans la série des voyelles dont l’une [i

– y] est le plus souvent utilisée dans les formes verbales : dit – dut, fit – fut, vit – vu, lit – lut, etc.

Parmi les variantes du [i] d’après le degré d’aperture, il faut mentionner les nuances les plus

fermées qui se trouvent dans la syllabe fermée devant une consonne allongée sous l’accent : guise,

tige, vive. En outre, nous ne pouvons pas oublier de mentionner les sons les plus ouverts qui se

trouvent dans la syllabe ouverte non accentuée : mineur, incisive. Toutes les autres positions

forment des étapes intermédiaires.

La voyelle é [e] est une voyelle orale, antérieure, mi-fermée, non labiale. Par rapport au [ ]

ouvert, le [e] est une voyelle fermée. L’emploi de cette voyelle est restreint. Elle n’existe qu’en

syllabe ouverte et s’oppose nettement au [ ] seulement à la finale absolue accentuée : fée – fait, dé

– dais, pré – prêt, thé – taie.

N. Chigarevskaïa indique que le même morphème est susceptible de comporter soit [e], soit

[ ] suivant le caractère de la syllabe et le genre de la consonne qui suit. Nous comparons les mots

confrérie – confrère, ténébreux – ténèbres et menteur – menteuse. Nous voyons que c’est le son

[z] qui ferme la voyelle précédente dans ces deux derniers mots (Chigarevskaïa, 1966, 59).

La voyelle è [ ] est une voyelle orale, antérieure, mi-ouverte, non labiale. Par rapport au

phonème [e], c’est une voyelle ouverte. Elle ne connait pas de restrictions dans son emploi sauf la

position initiale en syllabe ouverte accordée au phonème [e] : étape. La voyelle [ ] est populaire

partout où il s’agit de l’emploi de l’imparfait. Elle s’oppose toujours au [e] dans les formes

verbales telles que l’imparfait et l’infinitif des verbes du 1er groupe : il gardait – garder, il fermait

– fermer ; le futur simple et le conditionnel : je parlerai – je parlerais, je finirai – je finirais, etc.

(Chigarevskaïa, 1966, 60-61).

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La voyelle a [a] est une voyelle orale, antérieure, ouverte, non labiale. Selon la plupart de

linguistes, c’est un des phonèmes le plus caractéristique du vocalisme français en raison de son

caractère très avancée. Son emploi est très fréquent et ne comporte aucune restriction : lac, rat,

femme, pas, etc.

La voyelle u [y] est une voyelle orale, antérieure, fermée, labiale. Son emploi n’est pas

restreint. On la trouve en syllabe accentuée et non accentuée, ouverte et fermée. C’est une voyelle

des plus fréquentes du français sans compter la série antérieure non labiale.

Il existe les oppositions phonologiques : [y – i] et [y – u]. Les [y – i] sont très utilisés dans les

formes verbales : fit – fut, lit – lut, dit – dut. Les [y – u] : but – bout, rue – roue, mu – mou

(Chigarevskaïa, 1966, 66).

La voyelle eu [ø] est une voyelle orale, antérieure, mi-fermée, labiale. Elle peut être

accentuée en syllabe ouverte (cheveu, jeu, banlieue, vœu) et fermée (deux, bœuf, neutre, feutre, (il)

pleut, veut). Il existe plusieurs oppositions phonologiques dont les plus considérables sont celles de

[e – ø] et [ø – o] : dé – deux, deux – dos ; fée – feu, feu – faux ; nez – nœud, nœud – nos, etc.

Autres types d’oppositions fréquentes sont [ø – i], [ø – y], [ø – u].

La voyelle eu [œ] est une voyelle orale, antérieure, mi-ouverte, labiale. Cette voyelle est

cependant le plus typique son du français qui donne à la langue sa physionomie particulière. N.

Chigarevskaïa mentionne qu’il est très fréquent dans le débit, surtout en position inaccentuée en

raison de l’emploi courant des monosyllabes dont il fait partie : de, le, ne, me, te, se, etc.

Les oppositions phonologiques en syllabe fermée accentuée ne sont pas très variées car le

[œ] n’existe le plus souvent que devant les consonnes [r, f, v, j, l]: paire – peur – pore; air – heure

– or; sel – seul – sol; nef – neuf ; treille – treuil ; fleuve, neuve, preuve, etc. Parmi ces consonnes

le [r] et le [j] sont les plus usitées (Chigarevskaïa, 1966, 69).

Voyelles postérieures

Lorsque la langue tendue se masse dans la partie postérieure de la cavité buccale, la voyelle

produite est dite postérieure (« en arrière »). Les voyelles postérieures sont appelées aussi vélaires

parce que la langue se soulève vers la partie molle du palais. En français toutes ces voyelles

suivantes sont dites postérieures : ou [u] : cou, o fermé [o] : pot, o ouvert [ ]: corps, a fermé [

] : tâche, an : banc, on : pont. Les lèvres se ferment et tendent de plus en plus à s’arrondir par

projection et il y a production, dans un ordre progressif, des voyelles a [ ], o [ ] o [o], ou

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[u] appelées voyelles orales postérieures labiales – ou arrondies. Les voyelles nasales an et on se

rangent dans cette catégorie (Grevisse, 1988, 35).

L’articulation postérieure est généralement accompagnée de l’articulation labiale, ce qui est

aussi le cas du français qui a trois voyelles bien distinctes. Le quatrième phonème a [ ] tend à le

devenir aussi. Parmi les voyelles postérieures du français deux comportent une caractéristique

quantitative – [o, ] : elles sont longues sous un accent en syllabe fermée – pôle, pâle.

La voyelle ou [u] est une voyelle orale, postérieure, labiale, fermée. Son utilisation ne

comporte aucune restriction. Elle est employée aussi fréquemment que la voyelle [œ]. Le [u]

phonétique sert à transcrire le graphème français -ou- : fou, coup, loup, doute, bout, etc. Quant à

son articulation, il importe de ne pas oublier son caractère avancé et l’arrondissement des lèvres

très prononcé. D’après le degré d’aperture sa variante la plus fermée se manifeste en syllabe

accentuée fermée devant la consonne [z] : douze.

La voyelle o [o] est une voyelle orale, postérieure, labiale, mi-fermée. Par rapport au

phonème [ ], c’est une voyelle fermée. Les variantes du phonème [o] ne sont pas nombreuses. Elle

ne comporte qu’une seule caractéristique quantitative supplémentaire en syllabe fermée accentuée

où il est toujours long – saule, côte, etc. Il faut mentionner que cette voyelle ne se trouve jamais

devant un [r], consonne « ouvrante ». En dépit de l’orthographe tels mots comme restaurant,

Laure, daurade sont prononcés avec un [ ]. On trouve l’orthographe -o- quand la syllabe ne se

termine pas par une consonne à l’oral : mot, lot, etc. (Chigarevskaïa, 1966, 73).

La voyelle o [ ] est une voyelle orale, postérieure, labiale, mi-ouverte. Par rapport au

phonème [o], le phonème est une voyelle ouverte. L’orthographe est le plus souvent -o- suivi d’une

consonne prononcée (ou deux) : porte, or, mort, crocodile, etc. Le rendement phonologique de

l’opposition [ - o] est considérable malgré l’emploi limité du phonème [ ] qui n’existe pas en

syllabe finale accentuée, où il alterne avec le [o] trotter [tr ´te], mais trot [´tro], microphone [mikr

´f n], mais [mi´kro]. La voyelle [ ] n’est pas utilisée non plus devant [z] ni à la fin ni au milieu du

mot. Mais elle est très riche en variantes d’après le degré d’aperture. La plus ouverte se trouve en

syllabe fermée accentuée devant le [r] allongeant – corps. Les autres variantes sont de moins en

moins ouvertes : en syllabe accentuée devant le [ʒ] allongeant – loge, en syllabe fermée brève

devant une consonne autre que le [r] – tonne, en syllabe non accentuée devant le [r] – Sorbonne, en

tout autre syllabe inaccentuée – bottier.

La voyelle a [ ] est une voyelle orale, postérieure, (non) labiale, ouverte. Le français tend à

labialiser cette voyelle. Mais sa labialisation est beaucoup plus faible que celle du a fermée nasale.

14

Sur le plan phonétique aussi bien que phonologique, la voyelle [ ] est soutenue dans le système

vocalique français par le fait qu’elle est à la base du son nasal correspondant – a fermée qui a un

emploi assez fréquent. D’après N. Chigarevskaïa, l’opposition phonologique [a– ] semble être

une des plus instable dans le système phonématique du français. La position de différenciation

maximum de ces voyelles se trouve en syllabe fermée accentuée : patte – pâte, halle – hâle ; tache

– tâche, mal – mâle, etc. Elle est moins fréquente en syllabe ouverte accentuée et non accentuée :

là – las, rat – ras, matin – mâtin, aller – hâler, etc. « On accentue la distinction [a– ] dans le style

élevé, tandis que dans le style parlé on l’élimine le plus souvent possible en prononçant avec le [a]

les mots tels que nation, espace, paille, flamme, etc. » (Chigarevskaïa, 1966, 75-76).

2.2 Voyelles ouvertes / fermées

Pour la prononciation des voyelles, les mâchoires peuvent être plus ou moins écartées, et la

langue plus ou moins éloignées du palais. On appelle cela l’aperture et on distingue 4 degrés :

1) [i], [y], [u] ;

2) [e], [ø], [o] ;

3) [ ], [œ], [ ] ;

4) [ ], [a].

Les voyelles appartenant aux deux premiers degrés sont dites fermées, et celles des deux autres

ouvertes.

Quand on prononce les voyelles fermées la langue s’élève et il y a un rétrécissement de la

cavité buccale. En prononçant les voyelles ouvertes la langue est en repos ou peu élevée et il y a

une aperture dans la cavité buccale.

L’opposition phonologique voyelle ouverte / voyelle fermée est d’une grande importance

pour le phonétisme français, surtout pour les deux séries orales, série antérieure [e- ] et série

postérieure [o fermé - o ouvert]. La voyelle a est la voyelle la plus ouverte du français.

D’après M. Grevisse, « les voyelles fermées en position finale s’ouvrent, dans plupart de

cas, si elles viennent à être suivies d’une consonne ; par ex. : quand un adjectif ou un nom sont mis

au féminin, dans la conjugaison des verbes, etc. : sot [so], sotte [s t] ; berger [-e], bergère [- r] ;

j’ai [ʒe], ai-je [ ʒ] » (Grevisse, 1988, 36-37).

15

2.3 Voyelles nasales / orales

Les voyelles sont dites nasales quand le souffle s’échappe à la fois par la bouche et par le

nez. Le français ne possède que 4 voyelles nasales : [ã] – ample, [ɛ̃] – faim, [ ] – ton, [œ] – brun.

Cependant, les nasales se classent parmi les voyelles les plus usitées en français par rapport du

lituanien qui est actuellement dépourvu de voyelles nasales pures. Par leur caractère fort rare, elles

lui communiquent un aspect particulier. Les voyelles nasales du français proviennent de la

rencontre d’une voyelle orale et d’une consonne nasale suivante. Les voyelles nasales ne sont

jamais nasalisées de manière audible par les consonnes nasales environnantes, comme cela se

produit en lituanien (par ex. : lenkti). En français toutes les voyelles nasales sont des voyelles

ouvertes, articulées avec le dos de la langue abaissé qui facilite le passage de l’air par la bouche et

le nez.

Les autres voyelles, pour lesquelles l’air s’échappe seulement par la bouche, sont des

voyelles orales. Ce sont : [i], [e], [ ], [a], [y], [ø], [ə], [œ], [u], [o], [ ], [ ].

Quant à leur articulation, les voyelles nasales ont quelques particularités. Pour le [ ] la

langue s’abaisse est se retire plus en arrière que pour le son oral correspondant [ ]. En français a +

n / a + m ou e + n / e + m ne se prononcent pas séparément. Les deux sons sont intégrés en un seul

son appelé « a nasal ». N. Chigarevskaïa affirme que le français a une tendance à labialiser cette

voyelle : pendant, angle, encore, embarras, ambre, etc.

Pour le [ ], la langue et la mâchoire inférieure sont un peu plus relevées que pour le son oral

[ ] et les lèvres sont plus arrondies : ton, ombre, concombre, etc.

Pour le [ ], la langue s’abaisse plus que pour le [ ], presque autant que pour le [a] : lin,

imberbe, regain, faim, sein, etc.

Quant au [œ] il est plus ouvert que le son oral [œ]. Dans la région parisienne, le [œ] évolue

dans la langue parlée vers le [ ] et subit une délabialisation marquée : brun, humble, lundi, etc.

(Chigarevskaïa, 1966, 80).

2.4 Durée des voyelles

Outre la caractéristique qualitative, les voyelles possède une caractéristique quantitative. Les

voyelles peuvent être brèves ou longues. Mais la quantité vocalique joue un rôle secondaire en

français. La duré des voyelles françaises dépend de leur position dans le groupe rythmique : les

voyelles non accentuées sont toujours brèves. Les voyelles accentuées peuvent être brèves ou

16

longues. Le phénomène de l’allongement phonétique se produit seulement dans les syllabes

accentuées fermées, et dépend:

1) de la voyelle en question (il y a des voyelles toujours longues et celles qui le sont parfois);

2) de la consonne qui ferme la syllabe (dans le cas des voyelles qui peuvent être longues ou

brèves).

Dans une syllabe accentuée fermée (par une consonne ou par un groupe consonantique)

toutes les voyelles nasales et [o], [ø], [ ] sont toujours longues: chambre, ombre, enceinte, défunte,

autre, neutre, pâle, etc.

Les voyelles [i], [y], [u], [ ], [œ], [ ], [a] sont longues devant les quatre consonnes finales

[r], [z], [ʒ], [v] et par le groupe consonantique [vr] : jour, pure, pire, mère, analyse, douze, chaise,

tige, luge, rouge, rive, vive, vivre, chèvre, ouvrier, etc. Pourtant ces voyelles sont brèves devant

tous les autres groupes consonantiques (gorge, quatre, arbre, etc.) et toutes les autres

consonnes (visite, tiède, cube, veuf, route, homme, etc.).

Toutes les voyelles à la finale absolue sont brèves : ami et amie ont [i], pot et peau ont [o].

Les voyelles [e] et [ə] sont toujours brèves car elles n’apparaissent jamais dans une syllabe

accentuée fermée.

17

3. Caractéristiques générales du consonantisme français

Dans l’œuvre « Le bon usage » les consonnes sont définies comme des bruits de frottement

ou d’explosion produits par le souffle qui, portant ou non les vibrations des cordes vocales,

rencontre dans la bouche divers obstacles résultant de la fermeture ou du resserrement des organes

(Grevisse, 1988, 40).

Selon H.-D. Béchade, les consonnes sont les sont formés dans le larynx par l’expiration de

l’air des poumons, qui en s’échappant rencontre des obstacles au contraire de ce qui se passe pour

les voyelles.

Certains phonéticiens préfèrent de définir la consonne comme un phénomène qui ne peut pas

constituer une syllabe à elle seule, au contraire de la voyelle.

Le système consonantique du français est plus simple et plus stable que le système

vocalique. Le classement traditionnel comporte 20 consonnes : 18 consonnes simples et 2

consonnes composées ou doubles. Les consonnes simples se forment en laissant échapper l’air de

la bouche une seule fois. Et les consonnes doubles se forment si l’on expire deux fois de suite, par

ex. : [m] dans le mot sommet se prononce comme une consonne simple, au contraire du mot

sommité où cela devient une consonne double.

La plupart des consonnes sont notées par une lettre, un digramme, rarement un trigramme.

Ainsi, [s] peut se noter par les lettres c, ç, s, t, x, z : ici, ça, sur, potion, six, quartz. Il peut aussi se

noter par les digrammes ss, sc, ls : assiette, science, fils et le trigramme sth : asthme. La consonne

[v] est la seule consonne qui se présente toujours sous la forme d’une lettre v ou w: vif, wagon.

Un grand nombre des consonnes finales ne se prononcent pas, sauf quand il peut y avoir

liaison : tables, feux, aimer, donner, plombier, il rit, coup, gars, etc. (Béchade, 1992, 47-48).

N. Chigarevskaïa distingue quelques traits essentiels du consonantisme français :

1) La plupart des consonnes sont formées dans la partie antérieure de la bouche.

2) L’opposition phonologique “sourde-sonore” est la plus importante pour les consonnes

du français : honte – onde, vif – vive, bac – bague, etc.

3) Le français est riche en consonnes constrictives dont plusieurs étaient inconnues dans

la langue latine, langue mère du français [v, z, ʃ, ʒ]. Ces consonnes sont apparues à différentes

époque de l’histoire de la langue.

4) Toutes les consonnes françaises sont dures. Le français ne connait pas l’opposition

phonologique dure / mouillée (Chigarevskaïa, 1966, 93-95).

18

3.1 Consonnes orales / nasales

En se fondant sur l’articulation des consonnes, on peut les répartir selon leur mode

d’articulation et selon leur point d’articulation. Selon le mode d’articulation on distingue les

consonnes orales et les consonnes nasales.

Les consonnes orales s’opposent aux consonnes nasales. Les consonnes sont dites orales

(ou buccales) quand le souffle s’échappe par la bouche, le voile du palais étant relevé. Quand l’air

s’échappe à la fois par la bouche et par le nez, le voile du palais étant abaissée, il y a une

production des consonnes nasales. Le français compte 4 consonnes nasales : [m], [n], [ɲ] (n

mouillé) et [ŋ] : moi, nu, peigne, living, etc. Elles se distinguent nettement des consonnes orales

correspondantes [b, d, g] : mou [mu] de bout [bu], noué [nue] de doué [due]. Pourtant leur sonorité

n’a pas de fonction distinctive et elles peuvent facilement s’assourdir pour la communication.

Dans « Grammaire méthodique du français » M. Riegel note que [ɲ] pose un problème à

part. Une prononciation soigneuse ne la confond pas avec [nj] : panier [panje]. « Ce phénomène,

que l’on trouve dans un mot comme peigner [peɲe], est rare en fréquence et isolé dans le

système ». Selon l’auteur, son identité est fort menacée.

L’auteur indique que [ŋ] a été introduit par les emprunts à l’anglais. « Il est facilement

interprété comme le son ng auquel de toute manière il ne s’oppose pas. Il n’a donc pas sa place

dans le système en tant qu’unité fonctionnelle » (Riegel, 1998, 50).

3.2 Consonnes sourdes / sonores

La résonance des cordes vocales permet de différencier les consonnes sonores et les

consonnes sourdes. Les consonnes sonores sont articulées avec une vibration des cordes vocale. A

la différence des consonnes sonores, les consonnes sourdes sont articulées sans vibration des

cordes vocales. Le français possède 6 consonnes sourdes : [p, t, k, f, s, ʃ]. Chacune d’elles ont un

correspondant parmi les 6 consonnes sonores [b, d, g, v, z, ʒ]. L’opposition [p] / [b], [t] / [d], [k] /

[g], [f] / [v], [s] / [z], [ʃ] / [ʒ] est une des plus fondamentales et plus solides oppositions du

français.

Les consonnes sourdes du français diffèrent des sonores non seulement par l’absence de

vibrations laryngiennes, mais aussi par la force d’articulation. Les consonnes sonores sont douces

et les consonnes sourdes sont fortes. Les onze consones sonores [b] bac, [d] dent, [g] gare, [v] vie,

[z] zone, [ʒ] joue, [r] riz, [l] lait, [n] nid et [ɲ] gnole sont appelées douces (ou faibles) car leur

19

articulation est moins énergique, plus relâchée que celle des six consonnes sourdes [p] pas, [t] tu,

[f] foie, [k] cas, [s] sou et [ʃ] chou, appelées fortes (Riegel, 1998, 50).

3.3 Consonnes constrictives /occlusives

Puisque toutes les consonnes contiennent le bruit, il importe de préciser quel est le mode de

formation du bruit. Parmi les consonnes orales, selon le mode d’articulation, on distingue les

consonnes constrictives et les consonnes occlusives

Occlusives

Quand il y a une occlusion, c’est-à-dire la fermeture complète du canal buccal, la colonne

d’air expirée, d’abord arrêtée par un obstacle, s’échappe brutalement et il y une production de

consonnes occlusives. Il s’agit de [p], [b], [m], [g], [k], [ɲ], [ŋ], [d], [t], [n]. Ces consonnes sont

aussi appelées explosives car en s’échappant la colonne d’air produit une sorte de bruit

d’explosion. Et comme ce bruit d’explosion ne se prolonge pas et n’est que momentané, on les

appelle aussi momentanées. On peut répartir les occlusives en occlusives orales : [p], [b], [k], [t],

[g], [d] et occlusives nasales : [m], [n], [ɲ], [ŋ].

Le barrage rencontré par la colonne d’air est constitué par les deux lèvres jointes avec [p],

[b], [m] : pie, bois, mur. Ou il est aussi constitué par la langue relevée sur le palais avec [g], [k],

[ɲ], [ŋ] comme dans gai, car, teigne, parking. Ou par la langue appuyée sur les dents du haut avec

[d], [t], [n] : dune, toit, ni (Chevalier, 1988, 18).

Constrictives

Pour les consonnes constrictives, il se produit un simple resserrement (constriction) du canal

buccal et l’air s’échappe pendant toute la durée de l’émission. Il s’agit de [f], [v], [s], [z], [ʃ] et [ʒ].

Le [r] et le [l] se rangent à coté de ces consonnes.

Comme la colonne d’air produit en s’échappant un bruit de frottement, on appelle aussi ces

consonnes fricatives. Outre cela, elles portent le nom continues car la colonne d’air peut être

prolongée dans son émission. Et comme le bruit produit est proche de celui de la respiration, on les

appelle aussi spirantes.

Parmi les consonnes constrictives, il y a des soufflantes : [f] fable et [v] vie, des sifflantes :

[s] seau et [z] zèbre et des chuintantes : [ʃ] chat et [ʒ] jeu. Dans la série soufflante, la lèvre

20

inférieure se rapproche incomplètement des dents supérieures, produisant un bruit de souffle. [f]

est sourd, [v] est sonore. La série, dite sifflante, est caractérisée par le rapprochement de la pointe

de la langue et de la zone alvéolaire située derrière les dents supérieures. [s] est sourd, [z] est

sonore. La série des consonnes chuintante est articulée légèrement plus en arrière et se distingue

par une nette résonance bilabiale. De ces deux consonnes arrondies, [ʃ] est sourde et [ʒ] est sonore

(Riegel, 1998, 46).

Les consonnes [l] et [r] tiennent une place à part dans l’ensemble des consonnes produites

avec constriction du canal buccal. D’ordinaire on les appelle liquides. Leur articulation est

coulante : bleu, dru, grue.

Le [l], la seule consonne latérale en français, est caractérisé par l’écoulement plus ou moins

symétrique de l’air de part et d’autre du barrage médian constitué par la langue. En français

contemporain, il est apical, car la pointe de la langue se colle à la zone alvéolaire. N.

Chigarevskaïa souligne que cette consonne [l] est fréquente à l’initiale, à l’intérieur et à la finale :

lit, loup, saler, couler, bal, col. Quand le radical d’un mot comporte une voyelle nasale, [l] se place

généralement dans le groupe derrière une autre consonne : gonfler, ronfler, ampleur. A la finale, il

est tantôt le premier, tantôt le dernier dans le groupe : solde, algue, angle, crible, etc. A l’encontre

de l’initiale quand [l] ferme toujours le groupe de consonnes : slave, claque, glauque

Le [r] est une seule consonne vibrante en français. En général, le français possède r uvulaire.

C’est le r normal utilisé par le français standard. Sa productivité en français est considérable. La

consonne peut se trouver dans diverses positions : à l’initiale, à l’intérieur et à la finale du mot :

rampe, rencontre, cour, sorte, ordre, travailler, arracher, etc. (Chigarevskaïa, 1966, 108-109).

3.4 Consonnes labiales / dentales / palatales / vélaires

Les consonnes françaises sont aussi classées d’après le point d’articulation. Le point

d’articulation est l’endroit où se trouve, dans la cavité buccale, un obstacle au passage d’air.

Selon ce point d’articulation, on distingue les consonnes labiales, les consonnes dentales, les

consonnes palatales et les consonnes vélaires.

Labiales

Ce sont les consonnes articulées à l’aide des lèvres. Elles sont divisées en bilabiales et

labiodentales. Les consonnes bilabiales trouvent leur obstacle quand les deux lèvres se rejoignent.

Il s’agit des consonnes [b], [m], [p]. Les consonnes labiodentales trouvent leur obstacle quand la

21

lèvre inférieure rejoint l’extrémité des dents du haut. Il s’agit des consonnes [f] et [v] auxquelles se

joignent les semi-consonnes [w] et [ɥ].

Selon M. Grevisse (1988, 43) [w] et [ɥ] ont deux point d’articulation : [w] est en même

temps bilabial et vélaire ; [ɥ] bilabial et palatal.

Dentales

Le lieu d’articulation des consonnes dentales se situe au niveau des dents. Elle est réalisée

par un rapprochement entre la pointe de la langue et les dents. Il s’agit des consonnes [t], [d], [n],

[s], [z], [l], auxquelles se joint le [r] roulé. Certains phonéticiens appellent ces consonnes apicales.

Palatales

Les consonnes palatales se produisent entre la langue et la partie dure du palais. Les

consonnes [ʃ], [ʒ] et [ɲ] sont palatales. Deux semi-consonnes, le yod [j] et l mouillé [ɥ] se

joignent à ce groupe.

Vélaires

Ces consonnes se produisent entre la langue et la partie molle du palais. Il s’agit des

consonnes [k], [g], [r], auxquelles se joint la consonne ng [ŋ] (Béchade, 1992, 37).

3.5 Semi-consonnes

Les termes semi-consonnes (ou semi-voyelles) sont employés pour désigner les consonnes

[j] yeux, [ɥ] lui, [w] roi, dont l’articulation est proche de celle des voyelles [i], [y] et [u]. Du point

de vue de l’aperture il existe une catégorie intermédiaire entre ces consonnes et ces voyelles. On

suppose que l’aperture de ces consonnes est plus grande que celle des voyelles. D’ailleurs, ces trois

sons [j], [ɥ] et [w] sont perçus à l’oreille comme des consonnes. On dit i consonne (ou yod), u

consonne et ou consonne. Ces sons sont en soi des consonnes, mais elles s’articulent au même

endroit dans la bouche que les voyelles [i], [y], [u], et elles alternent souvent avec celles-ci, dans

une famille lexicale ou dans la conjugaison : il loue [lu], il tue [ty], il lie [ li] ; nous louons, nous

tuons, nous lions. Nous pouvons garder toutefois le terme de semi-voyelles. J.-C. Chevalier (1988,

21) suppose que « ce terme groupe commodément les consonnes et rappelle qu’on passe

facilement de [i], [y], [u] à [j], [ɥ], [w] et de [j], [ɥ], [w] à [i], [y], [u] ».

22

Les semi-consonnes sont toutes sonores et ne peuvent s’employer qu’avec des voyelles.

Elles ne peuvent jamais être support d’une syllabe, à l’inverse des voyelles. Ainsi, on prononce en

une seule syllabe bien, tueur et fouet, mais en deux syllabes triomphe, cruel et trouée où i, u et ou

sont des voyelles.

Yod

Le son [j] est une constrictive, orale, sonore, palatale. Il est articulé de façon très voisine de i

voyelle, la langue s’appuyant contre le palais.

Le [j] peut être rencontré dans différentes positions du mot à l’exception du milieu du mot

entre deux consonnes. Ainsi, en début de mot : iode ; entre consonne et voyelle : chien ; entre

voyelles : faïence ; en fin de syllabe : cuillerée ; en fin de mot : portail. Mais cette consonne ne se

trouve jamais derrière une voyelle nasale.

La graphie du [j] prend des formes variables. Le plus souvent, elle est celle du i voyelle :

aérien, miel, pied, etc. On rencontre aussi la graphie ï parfois à l’initiale d’un mot, à la fin d’un

mot et plus souvent avant voyelle : aïeul, baïonnette. La graphie y est fréquente à l’initiale d’un

mot : hyène, yacht, yeux. En plus, [j] est représenté sous les formes ill : pilier, griller, fille, faillir,

car elle provient non seulement du [i] en hiatus, mais aussi du l mouillé (Béchade, 1992, 39).

U consonne et ou consonne

Selon N. Chigarevskaïa, « les sons [ɥ] et [w] sont des consonnes « complexes » car elles sont

à la fois, par leurs point d’articulation, labiales et palatales ». Ces consonnes [ɥ] et [w] sont

toujours suivies d’une voyelle. Elles existent à l’initiale du mot : huit, huile, ouest et après une ou

deux consonnes au début et à l’intérieur du mot : fuite, luire, truite, essuyer, influer, foire, louis,

droite, gloire, refroidir (1966, 115).

23

4. Caractéristiques générales du vocalisme lituanien

La langue lituanienne possède 12 voyelles : a, ą, e, ę, ė, į, i, y, u, ų, ū, o. En les prononçant

l’air s’échappe librement de la cavité buccale. En lituanien comme en français une voyelle peut

même constituer à elle seule une syllabe. Dans le mot lituanien, on peut donc déclarer que la

voyelle est le centre d’une syllabe. Les voyelles sont également traitées comme un essentiel

conjonctif car sans elles nous ne pouvons prononcer aucun mot ainsi qu’aucune syllabe. Ce sont

donc les voyelles qui englobent les groupes de sons en syllabes et en mots. Les voyelles

lituaniennes se manifestent mieux à la fin qu’en début du mot. Les syllabes qui commencent par

une voyelle ne sont pas nombreuses dans notre langue. C’est un cas exceptionnel si la syllabe

commence par une voyelle. Les mots comme aorta, aūlas, oazė, aerouostas sont très rares et

même dans les grands textes ne sont guère remarqués (Girdenis, 2010, 59).

A. Pakerys (1995, 97) distingue quatre facteurs d’articulation qui sont communs à toutes les

voyelles lituaniennes :

1) l’ouverture de voie buccale ;

2) les voyelles sont des sons non localisées, l’endroit où le son se produit n’est pas clair ;

3) les cordes vocales sont tendues et elles vibrent périodiquement ;

4) le flot de l’air échappé est faible.

Les voyelles se distinguent par quelques caractères. D’après A. Pakerys, les plus importantes

caractéristiques des voyelles sont les suivantes :

1) les différences de l’articulation :

a) la durée et la tension de la prononciation ;

b) l’action des lèvres et de la langue ;

2) les différences acoustiques

4.1 Voyelles antérieures / postérieures

Nous avons vu plus ci-dessus, les voyelles françaises sont antérieures ou postérieures selon

le mouvement horizontal de la langue. Les voyelles lituaniennes sont également classées d’après le

même caractère en voyelles antérieures et postérieures. Selon A. Girdenis, dans la langue

lituanienne, les voyelles antérieures sont plus rares en usage que les voyelles postérieures. En

français, c’est le contraire, toute l’articulation est caractérisée par une tendance antérieure.

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Voyelles antérieures

Le lituanien possède moins de voyelles antérieures que le français. Il y en a six en lituanien.

Elles sont formées dans la partie antérieure de la cavité buccale : i – miškas, į – įlanka, y – yla, e –

vežti, ę – pelę, ė – lėlė.

L’emploi des voyelles antérieures est nettement différent de celui des voyelles postérieures.

Les voyelles antérieures peuvent être placées après la pause, après les autres voyelles ou après les

consonnes mouillées (b´, c´, č´, d´, f´, g´, h´, j, k´, l´, m´, n´, p´, r´, s´, š´, t´, v´, z´, ž´, dz´, dž´). On

n’emploie jamais ces voyelles après les consonnes dures (b, c, č, d, f, g, h, k, l, m, n, p, r, s, š, t, v,

z, ž, dz, dž). En lituanien, les voyelles antérieures se trouvent au début du mot : ima, yra, esu,

ežeras, ėmė. Après une autre voyelle, les voyelles antérieures peuvent être aux préfixes : poėmis,

priima, paėdė. Après les consonnes mouillées, les voyelles antérieures se trouvent au milieu ou à

la fin d’un mot : kitas, kyla, nešu, seka, lėkė (Pakerys, 1995, 106).

La voyelle i [i ouverte] est une voyelle brève et la plus antérieure voyelle de la série des

voyelles antérieures. Elle occupe la deuxième place après la voyelle a selon sa fréquence dans les

mots lituaniens. Cette voyelle est également fréquente en début qu’à la fin d’un mot : vilkas,

kilimas, vinis, irimas, žiūri, stebi, vyrai. D’après A. Pakerys, en lituanien la voyelle i est le

phonème le plus bref. De plus, cette voyelle est toujours brève dans des syllabes accentuées ou non

accentuées.

La voyelle į est toujours longue dans les syllabes accentuées ou non accentuées. En la

prononçant la langue s’élève le plus haut et les lèvres sont tendues. Son articulation est fermée.

Cette voyelle est fréquente dans certains verbes, adverbes, substantifs et leurs formes dérivées :

įsčios, įlanka, tįso, įrodymas, įrodyti, drįsti, įmonė, įsakymas, įsakyti, įdomus, įvairus. Dans les

mots la voyelle į joue souvent le rôle de préfixe. Pourtant, son emploi n’est pas restreint. Cette

voyelle peut également être la dernière lettre d’un mot si ce mot répond à la question que ? ou

quoi ? : vingį, pirtį, kirvį, medį, etc.

La voyelle y est une voyelle longue et fermée. Sa prononciation fait tendre nos organes de la

parole. Il faut remarquer que la prononciation des sons y et į est identique. Cependant, leur

orthographe dans les mots dépend des règles grammaticales. Les deux voyelles i et y assument une

fonction distinctive : tris – trys, vagis – vagys (Girdenis, 2003, 195). La position de voyelle y n’est

pas limitée dans les mots. Cette voyelle peut se placer en début, au milieu ou à la fin d’un mot :

yra, rytas, skrydis, platybė, dorybė, paupys, vidury, etc. Dans notre langue nous n’avons que

quelques mots qui commencent par y : yda, yla, ypač, ypatybė, ypatingas, yra, yrėjas, yris.

25

En lituanien, le son [e] a trois graphies : e, ę, ė. La voyelle e est une voyelle ouverte.

Pourtant elle n’est pas tendue et elle est moins ouverte que ę. Le soulèvement différent de la

langue est un trait distinctif entre e et ę. En prononçant la voyelle e, la langue est plus haute qu’en

prononçant la voyelle ę. La voyelle e peut être employée en syllabe accentuée et non accentuée

mais elle ne change pas : nešu, nešti, lengvas, pedagogas, metimas. Cette voyelle est surtout dans

les où il s’agît de l’emploi du locatif : name, mieste, lape, miške, puodelyje, gamtoje, knygoje.

Dans les mots dissyllabiques e est toujours accentuée à la fin du mot (Pakerys, 1995, 107).

La voyelle ę est un son e long. Elle est toujours longue dans les syllabes accentuées ou non

accentuées. C’est une voyelle tendue et ouverte. Il faut noter qu’elle est plus ouverte que la voyelle

e. De plus, le timbre de cette voyelle est plus bas que celui de e. Elle est fréquente dans certains

substantifs et leurs formes dérivées : lęšis, lęšiukas, lęšienė (lęšių sriuba). Il y a des verbes qui

possèdent ę dans la racine de l’infinitif et ses formes verbales : bręsti, gręžti, tęsti, spęsti. Il faut

retenir l’orthographe des verbes gesti, trešti au présent : gęsta, tręšta. En lituanien aucun mot ne

commence par la voyelle ę (Pakerys, 1995, 108).

La voyelle ė [ė] est une voyelle longue et fermée. Son utilisation ne comporte aucune

restriction. Elle est employée aussi fréquemment que la voyelle e : ėmė, ėriukas, ėdžios, ėduonis,

gėrimas, bėgti, mėtyti, dėmesys, tėvynė, eglė, trukmė, varlė, etc. A la fin d’un mot la voyelle ė est

la marque du féminin : mergaitė, gėlė, lėlė, pagalvė, duktė, kėdė, kregždė, raidė, etc. Cela veut dire

qu’elle assume la fonction distinctive du masculin. En lituanien, il existe un petit groupe de mots

internationaux qui ne sont pas déclinés et qui se terminent par la voyelle ė. Ce sont : ateljė, kupė,

fojė, reziumė, atašė, želė (Palubinskienė, 2009, 162).

Voyelles postérieures

En lituanien, il existe 6 voyelles postérieures : a – mama, ą – grąža, o – šonas, u – pusnis, ų

– vaikų, ū – grūdas. Ces voyelles sont le plus souvent employées après :

a) la pause : upė, ūžia, omas, oras, aštrus, ąsotis ;

b) après les consonnes dures : šukos, šūvis, fonas, noras, kasti, kąsnis ;

c) après les consonnes mouillées : nešiu, brolio ;

d) après une autre voyelle : paupys, paodys, suakėti, praūžė.

Compte tenu de ce qui précède, nous voyons que la seule différence fonctionnelle entre les

voyelles antérieures et postérieures est un emploi différent après les consonnes dures.

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Le son [a] possède deux formes graphiques : a et ą. La voyelle a [a] est une voyelle ouverte

et la plus fréquente dans la langue lituanienne. Son emploi n’est pas restreint. On la trouve en

syllabe accentuée et non accentuée. Elle se place au début, au milieu et à la fin d’un mot : arklas,

akmuo, garažas, vabalas, programa, verba.

La voyelle ą est toujours longue dans les syllabes accentuées ou non accentuées. Elle est

fréquente dans certains substantifs et leurs formes dérivées : ąsotis, ąsa, beąsis, dviąsis, ąsoti ;

ąžuolas, ąžuolynas, ąžuolinis ; vąšas, vąšelis ; žąsis, žąsinas, žąsidė, žąsiena ; žąslai. Certains

verbes au présent possèdent ą dans les racines des mots : bąla, sąla, šąla, šąšta, mąžta. Cette

voyelle peut également être la dernière lettre d’un mot si ce mot répond à la question que ? ou

quoi ? : vaiką, namą, mašiną, lapą, priekabą, etc.

La voyelle o [o] est une voyelle longue. En articulant cette voyelle la langue est retirée en

arrière et sa pointe ne touche pas des dents inférieures de devant. Les côtés de la langue effleurent

la partie postérieure de la voute palatine. La voyelle o est labiale pourtant en la prononçant les

lèvres ne sont pas tendues fort et tant avancées en arrière comme en prononçant le son u. Dans les

mots d’origine lituanien (dans les radicaux et à la fin, en syllabe accentuée et non accentuée) on

prononce toujours o longue: mokykla, noras, norėti, šokis, šoko. Pourtant il faut retenir que dans

les mots internationaux, dans leurs radicaux ou à la fin d’un mot invariable le son o est toujours

brève et non tendu : objektas, optika, fonas, fonetika, kosmosas, istorija, solo, bolero, domino

(Pakerys, 1995, 108-109). La voyelle brève « international » o est assez nouvelle et très rare en

usage dans notre langue.

En lituanien il y a trois graphies du son [u] : u, ū, ų. La voyelle u [u] est toujours brève.

Quand on la prononce, le dos de la langue s’élève vers le palais. Dans la langue lituanienne son

emploi n’est pas limité. On la trouve en syllabe accentuée et non accentuée : turinys, turtai, butas,

murkimas, burna, turiu, geriu, etc. Il y a quelques mots internationaux qui se terminent par u :

tabu, interviu, meniu. Parmi les voyelles postérieures, la voyelle u est la plus postérieure.

La voyelle ų est une voyelle longue, fermée. Sa prononciation est plus forte que celle du son

u. En la prononçant, les organes de la paroles sont plus tendus. Dans notre langue ces deux

voyelles u et ų assument une fonction distinctive: skusti – skųsti. Il n’y a pas beaucoup de mots qui

possèdent la voyelle ų dans la racine. C’est pour cela qu’on se trompe parfois en écrivant ū au lieu

de ų dans les racines des mots. Nous citons quelques exemples les plus fréquents dans notre langue

qui gardent ų : skųsti, siųsti. Le subjonctif de 3 personne possède toujours ų à la fin d’un mot, par

ex.: mestų, eitų, lauktų, šauktų, plauktų, siaustų, etc.

27

La voyelle ū désigne un long son u. Sa prononciation correspond à la prononciation d’une

voyelle ų. Les lèvres sont tendues, avancées et arrondies (Girdenis, 2003, 197). Selon les données

statistiques, la voyelle ū est plus fréquente dans la dernière syllabe que dans la racine d’un mot :

malūnas, perkūnas, galiūnas, šampūnas, temperatūra. En général, son emploi n’est très fréquent.

Pourtant on la trouve le plus souvent en syllabe accentuée. La voyelle ū ne peut jamais être la

dernière lettre d’un mot. Notre langue lituanienne ne possède qu’un seul mot ačiū dont

l’orthographe est exclusive.

4.2 Voyelles ouvertes / fermées

L’ouverture et la fermeture est un second trait qualitatif des voyelles lituaniennes. A. Pakerys

classe toutes les voyelles lituaniennes en voyelles fermées, voyelles ouvertes et voyelles

intermédiaires. Ce classement dépend du degré d’ouverture de la bouche. Le degré d’ouverture de

la bouche est défini selon l’angle des joues. Quand l’angle des joues est grand, on prononce les

voyelles ouvertes, et quand il est petit – les voyelles fermées. En lituanien il existe donc 4 voyelles

ouvertes (a, ą, e, ę) et 6 voyelles fermées (u, ų, ū, i, į, y). Les voyelles o et ė sont intermédiaires.

En les prononçant l’angle des joues est moyen. En comparant les paires de voyelles i – į, u – ų

nous voyons que les voyelles brèves sont un peu plus ouvertes que les voyelles longues (Pakerys,

1995, 98-99). D’après A. Girdenis (2003, 194), « les voyelles a et ą sont les plus ouvertes voyelles

des voyelles postérieures tandis que e et ę sont les plus ouvertes des voyelles antérieures ».

4.3 Voyelles labiales / non labiales

A. Pakerys affirme qu’en articulant toutes les voyelles lituaniennes les lèvres sont actives et

qu’une bonne prononciation d’une voyelle dépend surtout de l’action des lèvres. Nous savons que

la position des lèvres peut être très diverse. Selon l’action des lèvres on classe donc les voyelles en

labiales et non labiales. Quand en articulant une voyelle lituanienne les lèvres sont arrondies, il se

forme une voyelle dite labiale. En lituanien, seules les voyelles postérieures possèdent ce trait. Ce

sont les voyelles : u, ų, ū et o. Les autres voyelles sont non labiales car lorsqu’on les articule, les

lèvres ne sont pas avancées. Cependant on ne peut pas dire que dans l’articulation des voyelles non

labiales du lituanien, les lèvres demeurent passives. Dans l’émission des voyelles antérieures, les

lèvres s’étirent et reculent pour agrandir la cavité buccale. Nous voyons bien alors que la direction

du mouvement de la langue et celui des lèvres est différente : la langue recule, les lèvres avancent

et au contraire. Il faut remarquer qu’en lituanien, l’articulation labiale n’est pas si énergique

28

comme en français. Pourtant A. Girdenis (1981, 128) affirme que « la labialisation est une qualité

très importante qui aide à distinguer certaines voyelles non postérieures des voyelles postérieures »

4.4 Durée des voyelles

Dans des livres linguistiques lituaniens ainsi que des français la durée des voyelles est

également appelée la caractéristique quantitative des voyelles. Cela permet de les diviser en

voyelles brèves et longues. En lituanien, une voyelle longue s’oppose à une voyelle brève. Ces

voyelles sont les phonèmes différents de la langue lituanienne puisqu’elles servent à distinguer les

significations des mots et leurs formes : trešti, tręšti, žeme !, žemę, rastų, rąstų, nosis, nosys, lupa,

lūpa, etc.

Nous devons accentuer que dans la langue lituanienne l’emploi des voyelles longues et

brèves ne dépend pas de syllabe accentuée ou non accentuée. Toutes les voyelles peuvent être en

usage soit en syllabe accentuée, soit en syllabe non accentuée. C’est un trait distinctif du vocalisme

lituanien. Par exemple, dans le mot gėlė toutes les deux voyelles ė sont longues pourtant ce ne que

la deuxième syllabe qui est accentuée. Dans notre langue l’opposition entre voyelles brèves et

voyelles longues est très remarquable.

L’alphabet lituanien compte 4 voyelles brèves : a, e, i, u : tvora, name, neši, einu.

Dans le radical du mot en syllabe accentuée les voyelles a et e sont le plus souvent longues

mais leur graphie reste toujours la même a, e : kala, raktas, stalas, varo, ežeras, geria, takelis,

veža. Cependant il y des cas où les voyelles a et e restent brèves en syllabe accentuée. Ce sont :

1) à la fin du mot : ranka, gėles, arbata, bene ;

2) dans les mots monosyllabiques : bet, tas, nes ;

3) dans les infinitifs et leurs formes dérivées : kasti, kasdavo, kas, kask, kasdavęs, kastų,

kasiąs, kasiant ;

4) dans les préfixes des verbes : apkasa, atkasa, nekasa, pakasa, prakasa, tebekasa ;

5) dans les pronoms personels: mano, savo, tavo ;

6) dans les adverbes et prépositions : šiapus, anapus.

En plus, les voyelles a et e en syllabe inaccentuée sont toujours brèves : ežere, name.

Dans les mots internationaux la voyelle e reste toujours brève : represija, šedevras, poetas,

kvartetas, komitetas.

29

Il importe de dire que, les voyelles i et u sont toujours brèves, soit elles sont accentuées, soit

elles ne sont pas accentuées : ima, jis, žilas, visi, sukti, esu, buvau

(http://ualgiman.dtiltas.lt/balsiai.html).

Quant aux voyelles longues, nous en avons 8 en lituanien : o, ė, y, ū, ą, ę, į, ų : namo, kėdė,

rytas, rūkas, ąsotis, dėdę, vinį, pinigų. La durée de la prononciation des voyelles longues est

presque 2 fois plus longue que celle des voyelles brèves.

Les voyelles ė, y, ū, ą, ę, į, ų sont longues en syllabe accentuée et non accentuée : lėkė –

lėkiau ; rytas – rytai ; grūdas – grūdai ; ąžuolai, tęsiu, grįžau, siųsti.

Dans les mots d’origine lituanienne et dans les emprunts anciens, la voyelle o est prononcée

comme une voyelle longue : protas, kotas, brolis, tandis que les mots internationaux gardent la

voyelle o brève : boksas, choras, krosas, profilis, modelis.

Il est à noter que les voyelles longues se distinguent des voyelles brèves non seulement par

la durée de leur prononciation mais également par les traits qualitatifs. Le plus distinct trait

qualitatif des voyelles est la tension des organes de la parole. En lituanien en prononçant les

voyelles longues les organes de la parole sont plus tendus qu’en prononçant les voyelles brèves.

De ce point de vue, les voyelles longues sont tendues et les voyelles brèves ne le sont pas (Pakerys,

1995, 98).

Selon les données statistiques, la langue lituanienne est plus riche en phonèmes brèves

qu’en phonèmes longues (Girdenis, 2010, 16).

30

5. Caractéristiques générales du consonnatisme lituanien

En lituanien il y a 20 consonnes (b, c, č, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, r, s, š, t, v, z, ž). Les

affriquées dz, dž et ch sont aussi considérées comme les consonnes. A. Pakerys distingue trois

traits articulatoires des consonnes :

1) l’obstacle dans la bouche ;

2) la position claire de la production d’un son ;

3) le flot fort de l’air expiré.

Tous ces trois traits articulatoires reflètent également les qualités acoustiques et

fonctionnelles des consonnes. A cause d’un obstacle rencontré dans la bouche les consonnes sont

considérées comme les « sons impurs » dont la base acoustique est composée par divers

bruissements. Il faut mentionner que les consonnes ne constituent pas le centre d’une syllabe.

A. Pakerys (1995, 109) classe les consonnes lituaniennes selon la tension des cordes

vocales, la façon de pénétration de l’air, la forme de l’obstacle et la position où cet obstacle

apparait.

5.1 Consonnes sourdes / sonores

Selon la tension des cordes vocales les consonnes lituaniennes sont classées en consonnes

sourdes et sonores. Comme nous l’avons vu, les consonnes françaises sont classées de la même

façon. Dans les deux langues, en articulant les consonnes sonores les cordes vocales sont tendues

et vibrent. A la différence des consonnes sonores, les consonnes sourdes sont articulées sans

vibration des cordes vocales, l’air s’échappant librement. Le lituanien possède 8 consonnes

sonores : b, d, g, z, ž, h, dz, dž, et 9 consonnes sourdes : p, t, k, f, s, š, ch, c, č. En lituanien comme

en français, les consonnes sourdes ont leurs correspondants sonores et composent avec eux les

paires d’oppositions. Ce sont : [p] / [b], [t] / [d], [k] / [g], [s] / [z], [š] / [ž], [ch] / [h], [c] / [dz], [č]

/ [dž] (Pakerys, 1995, 115). L’opposition consonne sourde / sonore est d’une grande importance

dans la langue lituanienne ainsi qu’en français.

Il est à noter que, la position des consonnes sourdes et des consonnes sonores dans les mots

lituaniens n’est pas homogène. Contrairement aux consonnes sourdes, les consonnes sonores ne se

trouvent jamais à la fin du mot.

31

5.2 Consonnes labiales / dentales / palatales

Les consonnes lituaniennes sont encore classées d’après le point d’articulation. Selon ce

point d’articulation A. Pakerys distingue les consonnes labiales et les consonnes dentales. Les

consonnes labiales sont articulées à l’aide des lèvres. Comme nous le savons, en français il existe

aussi des consonnes labiales. De même qu’en français, les consonnes labiales lituaniennes sont

divisées en bilabiales et labiodentales. De plus, dans les deux langues, les mêmes consonnes p, b

et m sont considérées comme les consonnes bilabiales, et les consonnes f et v – les consonnes

labiodentales.

En articulant les consonnes dentales, la pointe de la langue se rapproche vers les dents. En

lituanien, on compte 8 consonnes dentales : t, d, s, z, c, dz, l, n. Il est à noter qu’en français, les

mêmes consonnes sont aussi considérées comme les consonnes dentales sauf la seule consonnes c.

En lituanien, on peut aussi distinguer les consonnes palatales. Ce sont 5 consonnes : k, g, j,

ch, h. Pourtant cette classification n’est pas tellement importante dans les grammaires

d’aujourd’hui.

5.3 Consonnes occlusives / spirantes

La langue lituanienne ainsi que le français possède des consonnes occlusives. Ce sont : b, d,

g, p, t, k. Il faut mentionner qu’en lituanien, les consonnes sourdes occlusives p, t, k sont

prononcées plus vigoureusement que les consonnes sonores occlusives b, g, d.

En lituanien, les consonnes s, z, š, ž, f, v, h, ch, et j sont attribues à la classe des consonnes

spirantes. Comme nous l’avons vu, en français il existe le même type de consonnes sous le nom

des constrictives.

5.4 Consonnes dures / mouillées

En lituanien, les consonnes sont encore classées en consonnes dures et consonnes

mouillées. Il est à noter que toutes les consonnes lituaniennes peuvent être dures ou mouillées sauf

la seule consonne j qui est toujours mouillées dans notre langue. Donc, toutes les consonnes dures

possèdent leurs équivalents – les consonnes mouillées. Dans l’écriture usuelle, les consonnes dures

et les consonnes mouillées sont marquées par la même lettre. Pourtant il faut retenir, que les

consonnes dures et les consonnes mouillées sont les sons différents, les phonèmes particuliers de la

langue lituanienne, et non leurs variantes. Ces consonnes sont considérées comme les phonèmes

32

différents car ils peuvent distinguer les sens des mots : lapų – lapių ; šuo – šiuo ; galu – galiu ;

naro – nario ; gražiu – gražu.

Quant au français, il importe de dire que la langue française est dépourvue de l’opposition

consonne dure / mouillée. En français, toutes les consonnes sont dures.

A. Girdenis (2003, 241) indique, que les consonnes dures sont employées à la fin d’un mot

(ex. : kaip, daug, matyt), devant les voyelles postérieures (ex. : pupa, buvo, du, garas, cukrus) et

devant les autres consonnes dures (ex. : staiga, smagu, snaigė, klaida). Tandis que les consonnes

mouillées se trouvent le plus souvent devant les voyelles antérieures et les autres consonnes

mouillées.

5.5 Semi-consonnes

En lituanien ainsi qu’en français, on distingue un groupe de semi-consonnes qui par leurs

qualités articulatoires ressemble beaucoup aux voyelles. Il y en a 6 en lituanien : v, j, m, n, l, r. La

langue française en compte 3. Comme nous avons mentionné ci-dessus, les semi-consonnes

possèdent des qualités de voyelles et de consonnes. En articulant les semi-consonnes le rôle

principal est destiné à la voix, le bruit est très faible. En lituanien, les semi-voyelles sont

employées devant une voyelle (mano, lipa, rytas, vėjas, joti), devant une consonne sourde et

sonore (kampas, kelti, kirpti, kenčia ; verda, žvarbus, kandis, šaldo) ou devant une autre semi-

consonne (stirna, sparnas, kurmis, kalvis, šalmas). De plus, elles peuvent être employées à la fin

d’un mot (dar, gal, vaikam, šen, ten). Il faut noter, que les seules semi-consonnes j et v ne sont

employées devant aucune consonne. A la fin d’un mot elles deviennent des voyelles non

syllabiques [u] et [i] : sudieu, rytoj, tuoj (Pakerys, 1995, 120-121).

33

6. Liaison / Enchaînement

En français, il existe une espèce d’alternance qui est probablement la plus particulière et qui

se manifeste à l’intérieur d’un groupe accentuel. Cette alternance porte le nom de liaison. Les

linguistes déterminent la liaison comme un phénomène phonétique qui consiste à prononcer la

consonne finale d’un mot d’ordinaire muette avec la voyelle initiale du mot suivant pour en faire

une syllabe :

Ex. : un gros ours ; Sort-on ? ; en hiver ; sans un sous.

Le rôle de la liaison dans la langue française est très important. La liaison permet de

distinguer quelques paires minimales du lexique français telles que: les auteurs et les hauteurs, les

uns et les Huns, les êtres et les hêtres. Dans le discours, la liaison possède une fonction

d’identification: elle permet de distinguer l’appartenance à des groupes sociaux différents ou

encore de distinguer des situations d’énonciation différentes. En ce qui concerne la langue

lituanienne, elle est dépourvue de ce phénomène. Les liaisons ne sont pas caractéristiques pour le

lituanien à cause des différences de culture de la langue.

M. Grevisse (1988, 50) affirme que « il faut distinguer la liaison de l’enchaînement.

L’enchaînement est un phénomène par lequel une consonne finale qui est toujours articulée forme

une syllabe avec le mot suivant qui commence par une voyelle » :

Ex. : un bel étalon ; partir avec elle.

L’enchaînement et la liaison ont pourtant un point commun : dans les deux cas, la consonne

finale du premier mot se prononce avec la voyelle initiale du mot suivant pour former une syllabe.

Dans Grammaire méthodique du français les auteurs accentuent que « les règles de la liaison

sont complexes et s’expliquent par des facteurs phonétiques, morphologiques et syntaxiques ».

Selon eux, toutes les liaisons ne doivent pas être réalisées. Ces règles varient aussi en fonction du

niveau de langue. On fait plus de liaisons dans la langue soutenue que dans la langue de tous les

jours. La liaison est moins fréquente dans le style familier ou populaire. C’est un phénomène qui

évolue dans le temps, puisqu’avant on faisait beaucoup plus de liaisons qu’on en fait aujourd’hui.

Certaines liaisons sont obligatoires dans tous les contextes, alors que d’autres sont interdites ou

facultatives. La plupart de linguistes (M. Riegel, J.-C. Pellat, R. Rioul, H.-D. Béchade et les autres)

caractérisent les liaisons obligatoires, facultatives, interdites et fausses liaisons.

La liaison est obligatoire, dans le groupe nominal, entre le déterminant (article, déterminant

possessif, indéfini, numéral, interrogatif ou exclamatif) et le nom qu’il accompagne, ou avec

l’adjectif qui précède ce nom. Ex. : un intérêt ; les oiseaux, deux heures ; quelles adorables !

34

Nous ne devons pas oublier la liaison dans le groupe nominal, entre le nom et l’adjectif qui

précède. Ex. : les fines herbes ; de bons amis ; un gros arbre.

La liaison est également obligatoire entre les pronoms, sujet ou objet, et le verbe, ainsi

qu’entre deux pronoms qui se suivent. Ex. : nous avons ; tout est clair ; j’en ai peur ; allez-vous-

en !

La liaison est enfin obligatoire dans de nombreuses locutions et dans certains mots

composés. Ex. : de plus en plus ; petit à petit ; tout à coup ; de haut en bas ; quant à (Béchade,

1992, 54).

La liaison facultative est une liaison qui n’est ni obligatoire, ni interdite. On peut la faire ou

non. La liaison est facultative entre le nom pluriel et l’adjectif ou le complément du nom qui le

suit. Ex. : chansons entraînantes (chan-son-zan-trè-nante) ou (chan-son-an-trè-nante) ; histoires

effrayantes (dé-zis-touar-zè-frè-yante) ou (dé-zis-toua-rè-frè-yante) ; gens en deuil (jan-zan-deuil)

ou (jan-an-deuil),etc.

H.-D. Béchade explique que la liaison est facultative entre le nom pluriel en fonction sujet et

le verbe qui le suit. Cette liaison est propre à la langue soutenue. Ex. : mes amis étaient (mé-za-mi-

zé-tè) ou (mé-za-mi-é-tè).

On peut faire ou non la liaison après les infinitifs en -er. Ex. : souper ailleurs (sou-pé-ra-

yeur) ou (sou-pé-a-yeur) ; rêver à lui (rè-vé-ra-lui) ou (rè-vé-a-lui), etc.

La liaison est aussi facultative après les conjonctions quand, mais, soit (quand elle est

répétée) et le pronom dont. Ex. : quand il (kan-til) ou (kan-il) ; mais elle (mé-zèl) ou (mé-èl) ; dont

elle (don-tèl) ou (don-el), etc. (Béchade, 1992, 55).

La liaison est interdite dans certains contextes, c’est-à-dire qu’on ne doit pas en faire.

La liaison est interdite lorsqu’il y a une pause entre deux mots. On ne fait donc jamais la

liaison entre deux mots lorsqu’un signe de ponctuation les sépare. Ex. : Hommes, femmes, enfants.

La liaison est aussi interdite après la conjonction et. Ex. : un garçon et une fille ; et investir.

La liaison est interdite après un nom singulier. On ne fait donc pas la liaison entre un nom

singulier qui est le sujet d’un verbe et ce verbe, ni entre un nom singulier et l’adjectif qui le suit.

Ex. : le chat est ; un repas infect ; un enfant à problèmes

La liaison est interdite devant les noms d’origine étrangère commençant par la semi-

consonne [j] (ces noms commencent généralement par la lettre y) ainsi que devant oui, whisky et

devant un, huit, huitième, onze et onzième.

35

La liaison est aussi interdite après le -s du pluriel à l’intérieur de certains noms composés.

Ex. : les arcs-en-ciel ; les moulins à eau ; vers à soie.

Enfin, on ne fait pas la liaison après le -s du verbe à la deuxième personne du singulier à

l’indicatif présent ou au subjonctif présent. Ex. : tu aimes à ; tu partes au Chili.

Dans l’article du Banque de dépannage linguistique (BDL) les auteurs parlent des fausses

liaisons. Ce sont des liaisons de deux mots par une consonne qui n’existe dans aucun de ces deux

mots. Ces erreurs de liaison sont généralement causées par un hiatus (c’est-à-dire par la rencontre

de deux voyelles). C’est souvent pour éviter la rencontre de deux sons vocaliques que l’on insère

une consonne de liaison fictive entre deux mots. Ex. : Viendra-t-elle? Nous savons que la langue

populaire se caractérise par une tendance à la simplification. L’analogie est une autre raison qui

explique ces liaisons fautives. Ex. : vingt oiseaux (vin-toi-zo), et non (vin-zoi-zo) ; ils vont en

parler (von-an-par-lé), et non (von-nan-par-lé) ; trop habillées (tro-pa-bi-yé) et non (tro-sa-bi-

yé) ; il a été (a-é-té), et non (a-té-té).

En ce qui concerne la présence des liaisons en pratique, nous allons accorder l’attention à

ce phénomène dans le contexte de nos recherches concrètes. Nous allons analyser les exemples de

liaisons les plus fréquentes dans le langage d’aujourd’hui.

36

7.1 Tendances actuelles de la prononciation du français

Le but de cette partie pratique consistera à présenter le plus grand nombre de tendances

d’aujourd’hui dans les deux langues. En ce qui concerne notre recherche, nous avons choisi à

observer les enfants Français et Lituaniens de différents âges à l’école française. Pendant un

certain temps nous avons observé trois classes : CP (classe préparatoire) et deux classes de CE1

(classe élémentaire). C’était les enfants de 6 à 8 ans. Dans ces classes les groupes d’enfants sont

mixtes. Il y a des enfants Français dont la langue maternelle est la langue française et des enfants

Lituaniens dont la langue maternelle est le lituanien. De plus, dans chaque classe il y a des enfants

bilingues qui parlent lituanien et français (parfois encore une autre langue – russe ou le polonais).

A l’école les enfants apprennent non seulement le français, mais également le lituanien soit comme

langue étrangère, soit comme langue maternelle. Pourtant la plus grande attention est destinée à la

langue française. Au total, le nombre des enfants que nous avons observé atteignait 61. Cependant,

au cours de nos observations ce nombre n’était pas stable tous les jours, il variait. Donc, ces

apprenants étaient les participants de notre recherche. Nous les observions pendant les classes et

les récréations en nombreuses situations. L’objectif de notre observation est de découvrir le plus

grand nombre de tendances actuelles dans la prononciation des enfants et en général dans leur

langage. Les conversations quotidiennes des élèves que nous avons attentivement observées et nos

tâches préparées spécialement pour eux nous ont aidé à relever et à grouper beaucoup de tendances

liées non seulement à la prononciation dans les langues cibles mais aussi aux autres aspects de

l’usage de la langue.

7.1 Tendances dans la prononciation des voyelles et des consonnes

Selon des linguistes français, le consonantisme du français subit certaines modifications qui

sont liées à la prononciation ou bien à la chute d’une consonne finale, à la modification d’un son à

l’intérieur du mot, à la réduction des groupes de consonnes dans la chaîne parlée. Nous pouvons

donc supposer que l’influence de l’orthographe est assez forte aujourd’hui et entraîne la réalisation

sonore de consonnes finales dans les mots monosyllabiques, dans les adjectifs numéraux, dans les

dates, dans le compte où la norme orthoépique les considère comme muettes. Nous avons choisi

quelques mots : quand, but, fait, mœurs, cinq, neuf, août, et nous avons demandé aux apprenants

de CE1 de les lire. Nous avons noté que tous dix apprenants ont prononcé la dernière consonne de

ces mots sauf deux mots quand et fait. Dans ces derniers mots les enfants ne prononçaient pas les

dernières consonnes. Donc, nous pourrions conclure qu’en français la consonne finale des

37

monosyllabes est prononcée pour leur donner plus de consistance sonore, pour les rendre plus

solides, pour diminuer le risque de confondre ces mots avec d’autres qui leur ressemblent, par

exemple : cinq et saint, ou et août.

La réduction des groupes de consonnes est une autre tendance que nous avons fixée. Il

faut signaler qu’elle reste en vigueur en français d’aujourd’hui. Aujourd’hui la réduction atteint

surtout les sonnantes [r] et [l]. Quelques jours nous avons observé attentivement les enfants de

toutes les trois classes pendant les récréations et nous avons réussi à noter quelques exemples

concernant la réduction des consonnes : not(re) professeur, une aut(re) fois, il y a aut(re) chose,

quat(re) personnes, pa(r) ce qu’elle est petite, i(l) n’y a personne, i(l) fait sa sieste, c’est pas

croyab(le), c’est possib(le). Il est à noter qu’en français, l’effacement des dernières consonnes dans

les mots rend le débit plus rapide. Nous avons vu qu’à l’école, telle articulation est aussi populaire

parmi les enfants d’origine française ainsi que les enfants Lituaniens qui apprennent le français il y

a plusieurs années.

La transformation de [j] en [i] ou en [ij] est aussi considérée comme une tendance

importante dans la prononciation française. Pour nous nous assurer de cela, nous avons pris le

mot hier comme un exemple. Nous avons choisi 23 élèves (Français et Lituaniens) de 7 à 8 ans et

nous leur avons donné quatre phrases contenant le mot hier. Ensuite, nous avons demandé aux

enfants de les lire :

1) Hier, j’ai rencontré ma copine Pauline.

2) Hier, ma voiture était en panne.

3) Il a réparé sa machine, elle fonctionnera comme hier.

4) La jeune fille a été blessée hier matin.

Nous avons donc entendu presque tous nos petits lecteurs prononcer le mot hier avec [ij-].

De ce fait, nous pouvons présumer que l’altération de [j] en [i] ou en [ij] est en vigueur dans la

prononciation française d’aujourd’hui (même dans la prononciation des enfants).

De même, nous avons constaté encore une autre tendance dans la prononciation française.

C’est la prononciation des géminées dans les mots. Tout d’abord, nous avons choisi des mots

possédant les géminées et nous les avons présentés à un groupe d’enfants de CE1. C’était les

mots : aller, illusion, illégal, irritable, irrégulier, illimité, Hollande, mollets, crevette, croissant.

En écoutant les enfants lire ces mots, nous avons remarqué un grand nombre de géminées qui se

font entendre non seulement dans la langue des enfants mais aussi des adultes. Tandis que la

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norme orthoépique interdit de les prononcer. Nous pouvons donc supposer que c’est l’influence de

la graphie qui peut provoquer la prononciation des géminées dans les mots français.

Une autre manière de la prononciation que nous avons remarquée en français est liée à la

nasalisation des voyelles. C’est la conservation de nasalisation à la voyelle en même temps

quand il y a une liaison avec [n]. Tandis que selon la norme orthoépique toutes les voyelles

nasales doivent être dénasalisées devant cette consonne. De conversations des enfants nous avons

saisi quelques exemples : un certain élève, un ancien indice, le prochain objectif.

La chute du e instable dans la langue parlée est une tendance très remarquable en français

d’aujourd’hui. Quant à la question de savoir pourquoi cette graphie е est parfois prononcée, parfois

muette, la réponse ne peut être donnée que dans un contexte rythmique et phonétique et non pas en

fonction d’une seule référence à l’écrit. A l’école pendant les conversations avec les élèves nous

pouvons repérer un grand nombre d’exemples avec la chute de cette lettre e. Nous en citons

quelques : J(e) vais lire le livre ; J(e) veux m(e) reposer ; Un peu d(e) jus ; Je port(e)rai les

longues robes ; J(e) suis fort ; J(e) te l(e) dis, écoute bien ; Quel p(e)tit chien ! Pas d(e) crayon

rouge. Je n(e) vois pas ; Pas d(e) gob(e)let !

De plus, pendant la lecture nous avons remarqué que les élèves ne font presque pas de

liaison facultative. Il est à noter que cela devient aussi la tendance dans la langue parlée. On ne fait

que la liaison obligatoire entre l’article ou la préposition et le substantif comme par ex. : Regarde,

quelques hommes sont arrivés à l’école ; Il y a des enfants qui sont malades ; Je ne sais pas où

habitent mes amis. Nous avons également noté des exemples de liaisons facultatives qui sont

omises : C’est alors que je les ai aperçus ; Enfin, nous sommes arrivés ; Après une heure ; Je

crois en Dieu ; Elle porte des habits élégants ; On te dit : Assez intéressant !

Aujourd’hui on remarque aussi une préférence de faire la liaison en -p devant un adjectif

qui commence par une voyelle. Il faut noter que même les enfants sont enclins à cette tendance.

Les mots avec lesquels on fait de plus en plus souvent la liaison sont trop et beaucoup. Nous avons

relevé quelques exemples : Nous sommes trop heureux ! ; Il est trop aimable, mon frère ; Il a

beaucoup appris, etc. Pourtant il importe de dire que la manière de faire telle liaison est

caractéristique seulement pour les enfants natifs français.

Les linguistes Ch. Rittaud-Hutinet et N. Portnova dans leur article traitent des tendances

actuelles dans la prononciation du français par les Français. Ils ont remarqué qu’en français

certaines consonnes ont tendance d’être assimilées si cela n’entraîne aucune confusion de sens.

Ainsi la consonne [s] du suffixe -isme subit l’assimilation régressive de sonorité de la consonne

39

[m] qui la suit et [-ism] se transforme en [-izm]. Nous présentons quelques exemples : romantisme

[-izm], tourisme [-izm], mécanisme [-izm], terrorisme [-izm], populisme [-izm], conservatisme [-

izm], nationalisme [-izm], positivisme [-izm]. D’après les auteurs, cette tendance ne touchait au

début que le mot fascisme à la connotation négative [faizm]. Actuellement, elle prend de plus en

plus d’extension et se généralise ce qui permet de dire que finalement le suffixe -isme n’aura

qu’une forme de prononciation [-izm].

Les mêmes auteurs ont remarqué que les Français d’aujourd’hui prononcent de plus en plus

régulièrement des mots comme « secondaire » avec un [k] et non avec un [g], comme le veut la

norme orthoépique. Par exemple : l’école secondaire [s(ə)k der], les problèmes secondaires [s(ə)k

der], etc. Nous avons décidé d’écouter comment ce mot sonne dans la parole des élèves de la

classe de CE1. Tout d’abord, nous avons choisi 4 élèves d’origine française et 3 meilleurs élèves

Lituaniens. Sur la feuille nous avons écrit le mot « secondaire » et nous avons demandé à ces

élèves de le lire. Il faut noter que, les enfants n’entendaient pas les uns les autres prononcer ce mot.

Delà, notre recherche prouve que même les enfants sont enclins à cette nouvelle tendance. Nos

participants ont prononcé le mot « secondaire » avec un [k].

Dans leur article les linguistes Ch. Rittaud-Hutinet et N. Portnova affirment que selon les

règles d’orthoépie, la graphie -ill se réalise comme [ij]. Il faut noter qu’il y a une tendance à

l’alignement sur [ij] des dérivés des mots qui font exception de cette règle : mille, ville, tranquille

[-il]. Les auteurs indiquent que les Français prononcent très souvent [ij] dans les mots tels que

millions, millier, milliard. En se basant sur analyses et remarques de ces linguistes, nous avons

décidé de faire notre observation. Nous avons écrit trois mots millions, millier, milliard et nous

avons demandé de les lire aux quelques enfants français de CE1. Nous avons remarqué que leur

prononciation variait. Les élèves prononçaient soit [ij], soit [il]. Nous pouvons constater que

l’articulation de [ij] se réalise sous l’influence de l’orthographe et par analogie avec les mots

comme fille, triller, vieillard, etc.

7.2 Tendances d’emploi des mots et locutions familiers

La première tendance que nous avons remarqué en français parlé des enfants c’est l’emploi

du pronom démonstratif familier ça. Dans les conversations quotidiennes avec les enseignants et

les conversations mutuelles pendant les recréations, les enfants utilisent souvent ce mot. Nous

avons donc noté quelques exemples de leur langage : « Ça marche bien ! » ; « Parfois, ça

m’énerve, mais souvent ça m’amuse » ; « Je ne veux plus ça » ; « Ça sent bon » ; « Ça ne fait

40

rien » ; « Heureusement, ça ne nous est arrivé qu’une seule fois » ; « Parle-moi ! Ça m’a fait

fondre... » ; « Ça c’est très joli ». Comme nous le savons, la forme ça est considérée comme

l’abréviation du mot cela. Dans les dictionnaires ça est souvent présenté comme un mot plutôt

familier, employé à l’oral. Pourtant cette forme se rencontre de plus en plus souvent à l’écrit.

Quant à la forme cela, on la rencontre aussi à l’oral, dans le registre un peu soutenu. Les

conversations ordinaires et les conversations courantes des apprenants que nous avons fixées à

l’école confirme que ça est très fréquent en emploi et qu’il est de plus en plus rare d’entendre

quelqu’un dire cela, comme par exemple dans des phrases habituelles « Cela me fait plaisir »,

« Cela m’a beaucoup plu », etc. qui sont très correctes. Pour résumer nos observations, on peut

dire que le pronom démonstratif familier ça est de plus en plus souvent utilisé à l’oral et sa forme

classique cela est plus propre à l’écrit. De toute manière, les deux formes sont aisément comprises.

Nous pouvons donc constater que la penchant de prononcer ça au lieu de cela prend en français

une très grande extension.

Aujourd’hui, la tendance employer le mot truc est très remarquable dans le style familier du

français. Pendant les récréations nous avons observé attentivement les conversations des enfants de

toutes les trois classes et nous avons noté leurs phrases qui comprenaient le mot truc. Par

exemple : J’ai perdu ce truc que tu m’avais donné. J’ai pensé à un truc. Il a trouvé le truc pour le

faire. Regarde, c’est un truc comme ça. J’aime bien ces trucs. Un drôle de truc, n’est ce pas ?

Nous avons constaté que ce mot est vraiment très pratique pour l’usage parce qu’il remplace les

mots qui sont difficiles à retrouver tout de suite en parlant. Par surcroît, nous avons remarqué que

le mot « truc » est toujours fréquent dans le langage des enfants Français. Par contre, les enfants

d’origine lituanienne de ces classes n’utilisent pas couramment ce mot.

Une autre tendance concerne l’emploi de la négation ne…pas et celle du pronom

impersonnel il dans les tournures comme (il) faut, (il) vaut mieux. Dans la langue des enfants

participants à notre recherche nous avons fixé la disparition du premier élément ne ainsi que la

disparition du pronom impersonnel il. Sans peine nous avons donc repéré un grand nombre

d’exemples de leurs conversations :

« Tu trouves pas ? » au lieu de «Tu ne trouves pas ? »

« C’est pas vrai, t’es qu’une menteuse ! » au lieu de « Ce n’est pas vrai, tu n’es qu’une menteuse !

».

« Tu m’as pas rapporté mon jeu ? » au lieu de « Tu ne m’as pas rapporté mon jeu ? ».

« Je t’ai pas dit » au lieu de « Je ne t’ai pas dit ».

41

« Il veut pas me répondre » au lieu de « Il ne veut pas me répondre ».

« Parce qu’elle sait pas jouer » au lieu de « Parce qu’elle ne sait pas jouer ».

« Elle viendra pas » au lieu de « Elle ne viendra pas ».

« Jade, faut que tu viennes » au lieu de « Jade, il faut que tu viennes ».

« Faut que je raconte ça à Saulė » au lieu de « Il faut que je raconte ça à Saulė ».

« Vaut mieux ne pas y aller » au lieu de « Il vaut mieux ne pas y aller ».

Il est remarquable qu’en français cette tendance est en vigueur non seulement dans la langue

parlée des adultes mais également dans le langage des enfants. Même les enfants Lituaniens qui

maîtrisent pas mal et surtout sans difficultés le français sont enclins à cette propension. Nous

pouvons donc supposer que dans ces tournures la disparition des premiers éléments peut largement

se généraliser en français oral.

42

8. Tendances actuelles de la prononciation du lituanien

Dans son article „Žmogus ir žodis“ une linguiste lituanienne N. Tuomienė fait allusion aux

tendances actuelles de la prononciation lituanienne en comparant les langages de différentes

régions. L. Kalėdienė y parle aussi de nouvelles tendances qui apparaissent dans notre

prononciation. Il est à signaler qu’en général, dans la prononciation lituanienne les spécialistes

remarquent beaucoup de raccourcissements des voyelles longues dans toutes les positions

(http://www.biblioteka.vpu.lt/zmogusirzodis/PDF/didaktinelingvistika/2010/tuom62-67.pdf). Nous

avons donc relevé certaines tendances actuelles les plus remarquables dans la prononciation

lituanienne des enfants bilingues et des enfants natifs. Nous les avons traitées en citant des

exemples clairs et précis.

8.1 Tendances dans la prononciation des voyelles et des consonnes

En premier lieu, il est à noter qu’en lituanien les voyelles longues non accentuées ont la

tendance à devenir brèves dans la position finale tandis que selon la norme orthoépique, il

faudrait garder leur longueur. Sans aucune peine nous avons fixé cette tendance parmi notre

groupe d’enfants observés. Pour nous nous en assurer, nous avons destiné deux jours pour

l’observation attentive des conversations en lituanien d’un groupe d’élèves de CE1 dont la langue

maternelle est lituanienne. Notre observation nous a aidé à repérer quelques mots dans lesquels

nous avons entendu la prononciation des voyelles brèves tandis que ces voyelles sont longues. Par

exemple : akys [akis], kiškį [kiški], duoną [duona], lėlę [lėle], eitų [eitu], matytų [matytu], pasakys

[pasakis], knygų [knygu], mestų [mestu]. De ce fait, nous pouvons donc constater que cette

manière d’accourcir les voyelles finales généralement longues se répand en lituanien non

seulement parmi les enfants mais aussi parmi les adultes.

Par surcroît, il faut remarquer que les voyelles longues non accentuées deviennent de plus

en plus brèves non seulement en position finale du mot mais aussi dans la première ou

deuxième syllabes. Nous avons choisi une dizaine de mots dont l’orthographe garde la voyelle

longue en première ou deuxième syllabe et nous avons demandé aux enfants de CE1 de les lire.

Nous avons donc noté que, la plupart d’élèves prononçaient les voyelles longues en syllabe non

accentuée comme les voyelles brèves : ypatingas [ipatingas], knygynas [knigynas], knyga [kniga],

ąžuolynas [ažuolinas], ūkvedys [ukvedis], kūdikėlis [kudikėlis], ryžtingumas [rižtingumas], gyvena

[givena], rūkyti [rukiti], posakis [posakis]. De plus, nous avons fixé que les organes de la parole de

certains enfants natifs lituaniens étaient plus tendues en prononçant ces voyelles longues tandis que

43

les organes de la parole des autres enfants étaient moins tendues. Quand aux enfants bilingues qui

prononcaient ces voyelles, nous avons vu que leurs organes de la paroles restaient très relâchées.

En outre, notre observation nous a aidé à relever trois mots les plus „populaires“ prononcés

incorrectement par la plupart d’élèves : ypatingas (12 élèves sur 17), posakis (12 élèves sur 17),

ūkvedys (8 élèves sur 17). Il faudrait signaler qu’en lituanien, selon les règles orthoépiques toutes

les voyelles longues en syllabe accentuée ou non accentuée doivent garder leur longueur.

En lituanien, comme nous l’avons mentionné antérieurement, les voyelles ė – o sont

normalement longues. Pourtant aujourd’hui, dans toutes les syllabes accentuées ou non

accentuées, les voyelles ė – o ont la tendance à devenir brèves à la fin du mot. Le groupe

d’enfants de CE1 participants dans notre recherche lisait le texte „Sodžiuje“. Nous avons observé

attentivement leur lecture et nous avons fixé quelques exemples concernant la prononciation brève

des voyelles ė et o : bėgo, liko, virė, augo, matė, musė, katė. Dans ces mots la plupart d’enfants

natifs lituaniens prononcaient les voyelles ė et o brèves, ils n’ont pas gardé leur longueur. Quand

aux enfants bilingues dont le lituanien est une langue étrangère, dans leur prononciation nous

avons fixé la brièveté encore plus apparente de ces voyelles. En somme, nous voyons que parmi

nos petits lecteurs les voyelles longues ė et o à la fin du mot ont la tendance à être prononcées

comme les voyelles brèves.

Ensuite, il est à noter que dans notre langue la plupart des syllabes longues inaccentuées

ont la tendance à devenir accentuées bien qu’en lituanien l’accent du mot n’est pas stable, il peut

frapper n’importe quelle syllabe (tantôt la syllabe brève, tantôt la syllabe longue). Nous avons

choisi 4 mots et nous avons demandé à quelques enfants natifs lituaniens de CE1 de les prononcer.

Nous avons souligné les syllabes que les enfants ont fait accentuer bien que selon les règles

orthoépiques elles ne doivent pas être accentuées : durys, gyvenimas, gėlės, gundyti. Nous avons

vu que les enfants sont enclins d’accentuer la syllabe longue. Cela est bien remarquable dans leurs

conversations quotidiennes. Toutefois, il ne faut pas donc oublier qu’en lituanien les voyelles

longues et les voyelles brèves sont différenciées en syllabes accentuées et non accentuées.

Une autre variété que nous avons aperçue dans la prononciation lituanienne de nos jours

c’est l’allongement des voyelles brèves. Dans les mots lituaniens en syllabe accentuée les voyelles

brèves deviennent de plus en plus longues tandis qu’elles devraient garder leur brièveté. Cette

tendance reste en vigueur dans le langage parlé des enfants bilingues ainsi que des enfants natifs

lituaniens. De quelques conversations quotidiennes de nos enfants observés de CP et CE1 nous

avons repéré un grand nombre d’exemples : kurti [kūrti], burtai [būrtai], vinis [vynys], irklas

44

[yrklas], vilna [vylna], stirna [styrna], spinta [spynta], virti [vyrti], pilti [pylti], kulti [kūlti], stumti

[stūmti], miltai [myltai]. De ces exemples nous avons vu que le plus souvent c’est la voyelle i qui

devient longue dans la prononciation.

Selon la norme, l’unification des voyelles brèves et des voyelles longues, lesquelles aident à

différencier les sens des mots, est considérée comme une grande faute. La manière d’unifier les

voyelles brèves et longues est très fréquente parmi les élèves que nous observions. Cela est

remarquable dans leurs conversations quotidiennes ainsi que pendant la lecture. Nous avons pris

quelques exemples : dydis – didis, tu – tų, rastas – rąstas, kasti – kąsti. Seulement quelques

enfants natifs lituaniens ont réussi à prononcer tous ces mots avec une claire distinction des

voyelles longues et brèves. Nous avons noté que la prononciation du pronom personnel tu (où le

son u doit être brève) est souvent suivit de u longue. De plus, les enfants avaient de difficultés de

distinguer les mots kąsti et kasti, rastas et rąstas. Notre recherche montre que, cette tendance est

surtout caractéristique pour les enfants bilingues. Les enfants Lituaniens ont fait aussi des fautes

mais elles étaient moins aperçues. Donc, cela confirme que la tendance d’unifier les voyelles

longues et brèves est en vigueur dans la langue lituanienne d’aujourd’hui.

Aujourd’hui, de plus en plus de linguistes affirment qu’en lituanien, les diphtongues ie et uo

prennent la tendance à être prononcés comme une seule voyelle. Cette tendance est

particulièrement remarquable dans la prononciation des jeunes et des enfants. Les enfants dont la

langue lituanienne n’est pas leur langue maternelle sont particulièrement sujets à une telle

prononciation. Nous avons donc décidé de voir comment ces diphtongues sont prononcés parmi

nos observés d’un groupe mixte. Nous avons saisi certains exemples de leurs conversations :

pienas [pėnas], miegas [mėgas], vieta [vėta], kietas [kėtas], Dievas [dėvas], vanduo [vando],

nuogas [nogas], duoda [doda], apuokas [apokas], duona [dona], puodas [podas], etc. Nous

pouvons certifier que non seulement les enfants bilingues ont des difficultés de prononcer ces

diphtongues mais aussi les enfants dont le lituanien est une langue maternelle. Pourtant, il faudrait

noter que l’on ressentie la différence dans leurs prononciations. Les élèves natifs lituaniens les

prononcent un peu plus correctement et précisément.

Ensuite, il ne faudrait pas oublier de mentionner qu’aucun mot lituanien ne peut pas

commencer par la diphtongue ie, avant celui-ci on prononce la consonne j. Un groupe

d’apprenants de CE1 lisaient les mots commençant par ie et nous observions attentivement leur

prononciation. Presque tous les enfants ont lu les mots ietis, ieško, ieškinys, ieškotojas, iena,

iešmas sans prononcer la consonne j sauf le prénom Ieva qui a été prononcé correctement par tous

45

les enfants (natifs lituaniens et non). En outre, il faut remarquer qu’en lisant ces mots les enfants ne

prononçaient pas j. Pourtant quand ils les prononçaient sans voir ces mots écrits, leur

prononciation était plutôt correcte (avec le son j). Cela signifie que l’écriture influence la

prononciation de nos lecteurs.

Selon A. Pakerys (1995, 90), les fautes de la prononciation des consonnes en lituanien sont

les plus fréquentes. Nous avons relevé quelques tendances de la prononciation des élèves

participants dans notre recherche. Pour une dizaine d’enfants lituaniens, nous avons dressé une

liste avec ces mots : užžėlė, pussausis, pusseserė, perrašyti, švarraštis, iššlavė. Chaque enfant a lu

ces mots deux fois. Nous avons noté que la plupart de petits lecteurs cherche à prononcer les deux

lettres similaires qui se trouvent l’une à côté de l’autre même que cela cause un certain

inconvénient pour leur prononciation. Telle prononciation est fautive. La norme orthoépique du

lituanien exige de prononcer seulement une consonne, la deuxième consonne doit être omise. Dans

un autre ordre d’idées, nous devons mentionner que dans les conversations quotidiennes des

mêmes enfants nous avons saisi la prononciation correcte de tels mots comme pusseserė et

švarraštis. Nous voyons que ce cas ressemble au précédent, celui avec le son j. Nous pouvons donc

faire conclusion que l’orthographe influence la prononciation.

Par contre, en ce qui concerne la prononciation de deux voyelles situées l’une à côté de

l’autre dans un mot, il est à signaler, que toutes les deux doivent être prononcées. Pourtant

aujourd’hui notre prononciation des mots comme kreivaakis, eksploatuoti, aerobika, aerouostas

montre le contraire. Nous préférons de les prononcer avec une seule voyelle. Le plus souvent c’est

le débit rapide qui excite une telle prononciation.

Selon la norme orthoépique, la prononciation du son l mouillé dans les mots internationaux

est considérée comme fautive. Nous avons observé comment un groupe d’enfants Lituaniens de

CE1 prononcent ce son dans ces mots : asfaltas, kultūra, impulsas, Valdas, Alma, Vilma, kultas,

filmas, rezultatas, pultas, valsas, altas, polka. La plupart de ces mots ont été prononcés avec l

mouillée. Le seul mot kultūra a été prononcé correctement avec l dur par tous les enfants et

seulement quelques enfants ont prononcé filmas et rezultatas avec l mouillée. Il est à noter que la

norme orthoépique permet de prononcer les mots pultas, valsas, altas, polka avec l dur et l

mouillée. De ce point de vue, nous pouvons donc supposer qu’en lituanien il existe la tendance à

prononcer les mots avec l mouillée. Par surcroit, nous nous sommes intéressés à la prononciation

du mot šašlykas. La norme orthoépique exige qu’il soit prononcer avec l mouillé tandis

qu’aujourd’hui il existe la manière de prononcer ce mot avec l dur.

46

D’après l’auteur de „Gerbkime žodį“, A. Urbanavičių, « on entend de plus en plus souvent

dire : dalgis ou dalgė, pagalvė ou pagalvis, morka ou morkas, radijas ou radija, kakava ou

kakavas, analizė ou analizas » (http://ualgiman.dtiltas.lt/daiktav.gim..html). La norme orthoépique

légitime la première forme du mot. Pourtant actuellement, toutes les deux formes des mots sont

largement employées et considérées comme homogènes. Nous nous sommes intéressés quelle

forme est plus populaire dans notre milieu observé. En comparant, nous avons vu que les deux

formes des mots dalgis/dalgė et radijas/radija sont très populaires dans le langage quotidien.

Cependant, l’emploi du mot morkas n’as pas été fixé dans la prononciation.

8.2 Tendances d’accentuation

En lituanien, l’accentuation permet de distinguer des types de syllabes, celles qui sont

soulignées par l’accent et celles qui ne le sont pas. Comme nous l’avons mentionné

antérieurement, l’accent lituanien est libre. Cela veut dire qu’il peut changer. Toutefois, il y a un

groupe de mots qui possède l’accent fixe sur la même syllabe dans toutes les formes de la flexion.

Aujourd’hui l’accentuation lituanienne n’évite non plus de variétés. Nous citons quelques

exemples en soulignant les syllabes accentuées selon les règles de norme orthoépique : kumštis,

kumščiu (et non kumščiu), lūšis, lūšies (et non lūšies), bažnyčia (et non bažnyčia), moteris,

moteriai (et non moteris), įtampa, įtampai (et non įtampa), panieka (et non panieka), nuodėmė (et

non nuodėmė), sąsiuvinis, sąsiuviniuose (et non sąsiuviniuose), etc. Trop souvent et partout, non

seulement dans la communication quotidienne mais aussi à la télévision et à la radio, nous

pouvons entendre accentuer incorrectement une grande partie de ces mots. Mais très souvent nous

ne nous rendons pas compte de ces fautes. D’après certains linguistes, la liste de tels mots n’est pas

longue donc il faudrait retenir leur accentuation correcte et éviter les fautes.

Une autre tendance dont nous allons parler est liée à l’accentuation des substantifs aux

suffixes -aitė, -aitis. Selon les règles orthoépiques tels mots comme kepuraitė, voveraitė,

skrybėlaitė, mergaitė, karalaitis, karalaitė, pyragaitis gardent l’accent sur la voyelle -a-. Pourtant

nous nous sommes assurés qu’aujourd’hui, la manière de prononcer ces mots en accentuant la

lettre -i- est fréquente dans notre langue. Nous nous sommes intéressés comment ces mots sont

prononcés dans le groupe des élèves observés. Nous avons réussi à fixer un mot dominant dans la

prononciation duquel les enfants accentuent le plus souvent le son i. C’est le mot mergaitė.

D’après nos données reçues, 30 enfants de 39 ont accentué ce mot irrégulièrement. Les mots

pyragaitis et karalaitė ont été prononcés incorrectement par 5 enfants. Un garçon a prononcé tous

47

ces mots en accentuant la lettre i. Néanmoins, le mot voveraitė a été accentué correctement par

tous les enfants. Ainsi, peut-on dire que les enfants ont la tendance à accentuer les mots avec les

suffixes -aitė, -aitis incorrectement.

Ensuite, à l’école nous avons aperçu la préférence de prononcer le mot myliu en accentuant

la dernière syllabe et le mot žiūriu en accentuant la première syllabe. Il est à signaler qu’en

lituanien cette tendance se répand. Pourtant, de cette façon, on désobéit aux règles d’accentuation.

Selon les règles, dans le mot myliu l’accent doit tomber sur la première syllabe et dans le mot

žiūriu sur la dernière syllabe. Nous avons choisi un groupe de 25 élèves de 6 à 8 ans et nous leurs

avons demandé de prononcer ces deux mots. Les données que nous avons reçues ont confirmé

cette tendance. Tous les 25 enfants ont prononcé le mot žiūriu en accentuant la première syllabe.

Le mot myliu a été prononcé incorrectement par 21 enfants. De ce fait, nous pouvons déclarer que

cette tendance est très populaire parmi les enfants ainsi que chez les jeunes.

Actuellement, d’après les plus nouvelles données statistiques, dans le style familier, dans les

verbes au présent on entend de plus en plus souvent l’affixe -si accentué qui, selon la norme

orthoépique, ne dois pas être accentué. De ce fait, nous avons décidé de faire notre observation. En

observant plus attentivement trois groupes d’élèves nous avons repéré un grand nombre de cas où

les mots avec l’affixe -si étaient accentuée incorrectement. Voilà en quelques : atsiliepia,

nesidžiaugia, nesijaučia, prisiliečia, susižeidžia, pasikviečia, etc. Nous avons noté que presque

tous les enfants sont enclins d’accentuer -si dans les verbes au présent. Il importe d’affirmer que

cette tendance est encore plus remarquable parmi les enfants Lituaniens que les enfants bilingues.

De plus, nous avons noté la tendance d’accentuer les particules net et netgi avec une e

longue tandis qu’elles doivent garder une e brève. Aujourd’hui, cela est bien remarquable dans

notre langue. Dans le groupe mixte des élèves que nous avons observé, nous avons aperçu la

manière de prononcer ces particules avec une e longue. Nous avons noté que ce sont surtout les

enfants natifs lituaniens qui articulent net et netgi avec e prolongée. Par contre, les enfants dont le

lituanien n’est pas leur langue maternelle, sont sujets à prononcer e brève dans ces particules. C’est

un cas étrange que les enfants bilingues prononcent certains mots plus correctement que les natifs.

Une autre variété que nous avons remarquée concerne la particule apie. D’après les règles,

elle possède l’accent sur sa dernière syllabe (apie). Pourtant nous entendons de plus en plus

souvent accentuer la première syllabe de ce mot. Cette articulation est aussi en vigueur parmi les

élèves. Nous avons fixé qu’ils sont sujets à accentuer la première syllabe a-. Seulement un petit

nombre d’enfants accentuent le mot apie selon les règles et souligne sa dernière syllabe.

48

8.3 Tendances d’emploi des mots internationaux

Actuellement, dans le style familier les mots anglais poussent largement les mots lituaniens

accoutumés ou les mots internationaux. C’est vrai qu’aujourd’hui l’influence de l’anglais est très

grande non seulement sur la langue lituanienne mais également sur les autres langues. D’après

VLKK (la commission publique de la langue lituanienne), cette tendance prend de plus en plus

d’extension et se généralise en lituanien. Nous avons décidé de faire notre observation en ce qui

concerne l’emploi des mots internationaux dans notre langage. Nous avons noté quelques

exemples les plus fréquents : imidžas (=įvaizdis, vardas, veidas, išvaizda), ofisas (=būstinė,

įstaiga, kontora, biuras, raštinė, skyrius), topinis, -ė (=svarbus, -i, ypatingas, -a), mediatorius

(=tarpininkas), ekskliuzyvinis, -ė, ekstraordinarus, -i (=ypatingas, -a, išskirtinis, -ė, vienintelis, -ė,

kraštutinis, -ė), generacija (=karta), nacionalinis (=tautinis), etc. Nous avons remarqué que la

majorité de ces mots est le plus souvent usité parmi les personnes cultivées. Les uns les emploient

pour montrer le niveau de leur éducation, les autres ne peuvent pas trouver des mots lituaniens

correspondants. Il est évident, que tous ces mots internationaux ne sont pas connus par tout le

monde et ne sont pas employés dans le langage quotidien de chaque personne.

Pourtant, il importe de dire qu’il y a un grand nombre de mots internationaux plus

populaires qui se font entendre de plus en plus souvent dans notre langue : aktualus (=svarbus,

reikšmingas), atributas (=požymis, savybė), autentiškas (=tikras), forumas (= suvažiavimas,

sąskrydis), galantiškas (=paslaugus, mandagus), garantija (=laidavimas, užtikrinimas, tikrumas),

garantuoti (=laiduoti, užtikrinti, imponuoti), individualus (=pavienis, atskiras, asmeninis),

informacija (=pranešimas, žinios), printeris (=spusdintuvas), mikseris (=plaktuvas), instrukcija

(=nurodymai, paaiškinimas), intuicija (=nuojauta), kompetentingas (=išmanantis, išmanus),

komplikuotas (=sunkus, sudėtingas), kompromisas (=santarvė), pedantiškas (=smulkmeniškas),

realus (=tikras, tikroviškas, įgyvendinamas), situacija (=padėtis, būklė, būsena, aplinkybė), etc. En

effet, aujourd’hui il est difficile d’éviter la multiplication rapide de mots internationaux. Les

sciences appliquées, qui se développent vigoureusement, et les technologies, qui changent chaque

jour, fournissent de plus en plus vite de nouveaux termes. A cause de croissance d’internet les

nouveaux concepts s’étendent précipitamment. Employer des anglicismes dans notre langue est

très pratique. Ils sont plus courts que beaucoup de mots lituaniens et probablement plus favorables

pour notre oreille qui est encline d’entendre les chansons anglaises. Pour ces raisons, en lituanien,

apparaît une manière d’employer les mots internationaux (surtout les anglicismes) au lieu de

mots lituaniens correspondants. Nous pouvons supposer que cette tendance peut largement

49

s’enraciner dans notre langue. Il est presque incroyable qu’elle pourrait disparaitre car l’influence

de l’anglais est actuellement très forte.

8.4 Tendances d’emploi des mots non lituaniens

Aujourd’hui, en lituanien apparaît de plus en plus grand nombre de mots incorrects qui sont

largement usités dans notre langue. Le plus souvent ce sont des mots acquis un affixe étranger ou

des argots. L’emploi de ces mots est très répandu en lituanien parmi les adultes ainsi que les

enfants qui sont enclins à toutes les nouveautés. Actuellement, dans notre prononciation les verbes

reçoivent très souvent l’affixe da- (neda-) qui normalement n’existe pas dans notre langue. Dans le

style familier cette tendance prend une extension très large. On suppose qu’elle provient du russe.

Nous pouvons donc citer un grand nombre d’exemples entendus dans la langue des élèves :

Nedabėgo (=nepribėgo, nenubėgo) iki finišo.

Dadėk (=įdėk dar) man dar kortų ir taškų.

Aš vienas galiu daeiti (=nueiti) iki namų.

Jeigu trūksta vandens, galiu dapilti (=pripilti, dar įpilti).

Aš namie darašysiu (=prirašysiu, baigsiu rašyti), etc.

Nous avons noté que cette tendance d’employer les verbes avec l’affixe da- (neda-) est très

populaire non seulement chez les enfants bilingues mais également les enfants dont le lituanien est

leur langue maternelle. A notre avis, il faudrait essayer de faire disparaître cet affixe étranger car il

n’est pas si nécessaire pour notre langue, il ne fait que nuire à notre prononciation.

Puisque notre langue est assez difficile, elle compte beaucoup de mots polysyllabiques, les

jeunes commencent à employer des argots plus admissibles pour eux. On préfère surtout choisir les

mots plus cours et les employer au lieu des mots polysyllabiques. Nous présentons les exemples le

plus souvent entendus dans la langue quotidienne des étudiants et des élèves : televizorius est

changé par telikas, tualetas par tūlikas, matematika par matkė, malonumas par kaifas, pinigai par

babkės, egzaminas par egzas, cigaretė par ciza, bilbioteka par biblė, parduotuvė par parda,

kompiuteris par kompas, mobilusis telefonas par mobas, mobilkė, telefas, krepšinis par kašis,

kolokviumas par kolis, vakarėlis, šokiai, pasilinksminimas par tūsas, bendrabutis par barakas,

stipendija par stipkė, traškučiai par čipsai. Ici nous avons présenté qu’une petite partie des argots.

Il y en a encore plus qui abondent dans le langage des jeunes et qui sont tout à fait étrangers pour

les personnes âgées. Certains de ces mots sont souvent employés par la jeunesse cherchant à

50

masquer la signification de leurs conversations. Nous avons remarqué que même les conversations

quotidiennes des enfants de 6 ans sont « riches » en certains de ces mots abrégés.

Dans la langue parlée nous entendons souvent articuler les mots possédant leurs

significations particulières. Voici quelques exemples : „ardytis" – iš kailio nertis, labai stengtis,

„kirvis" – griežtas mokytojas ar dėstytojas, „nuskilti" – pavykti, pasisekti, „susimauti" –

neišlaikyti egzamino, nepataikyti atsakinėjant, „nusiplauti", „nusimuilinti" – pabėgti, išeiti,

„šakės" – baigta, galas, prapultis, „gauti pompą" – išsisemti, „nešti muilą" – bėgti, nešdintis,

„sumesti skudurus" – susidraugauti ou susituokti, etc. En effet, nous pouvons confirmer

qu’aujourd’hui la manière d’employer tels types d’argots s’étend. Tous ces mots présentés sont

considérablement utilisés parmi la jeunesse ainsi que les adultes. Personnellement, ces argots qui

sont employés au moment favorable et avec mesure animent et même diversifient notre langue. Ils

apportent à la langue plus d’expressivité et l’enrichit. La langue ne reste pas monotone. Dans ce

but, l’emploi de telles sortes de termes pourrait être justifié. A notre avis, cette tendance est assez

positive et logique.

Certes, on n’évite pas de barbarismes en lituanien. Cela est vraiment considérable dans notre

langue familière non seulement chez les jeunes mais aussi chez les adultes et même chez les

personnes âgées. Le barbarisme, c’est une erreur de langage qui consiste à confondre le sens des

mots ou à employer des mots forgés ou déformés. L’emploi des barbarismes n’enrichit pas notre

langue, au contraire, ils la font dégrader. Notre langue est surtout abondante des barbarismes

russes. Comme exemples nous avons repéré les mots les plus employés dans les conversations

quotidiennes des élèves : ružavas (au lieu de rožinis), ploščius (au lieu de lietpaltis), bonkė (au lieu

de butelis), bulkutė (au lieu de bandelė), papkė (au lieu de segtuvas, aplankas), tapkės (au lieu de

šlepetės), knopkė (au lieu de mygtukas), etc. Aujourd’hui, la préférence d’employer ces

barbarismes russes est vraiment grande. Malgré que tout le monde sache que l’usage de ces mots

est incorrect en lituanien, il existe plutôt la manière de choisir le mot incorrect que son

correspondant correct lituanien.

Actuellement, lorsque la langue anglaise est répandue dans le monde entier et influence

surtout les jeunes et les enfants, beaucoup de mots nouveaux apparaissent dans notre langage. Les

jeunes ont la manière de prononcer ces mots : hamburgeris (au lieu de mėsainis), e-mailas, imeilas

(au lieu de elektroninis paštas), hotdogas (au lieu de dešrainis), ofisas (au lieu de įstaiga), leginsai

(au lieu de timpės), pampersai (au lieu de sauskelnės), popkornai (au lieu de spraginti kukurūzai),

parkingas (au lieu de stovėjimo aikštelė), pūzlė (au lieu de dėlionė), rolikai (au lieu de riedučiai).

51

Selon la norme, ces nouveaux mots d’origine anglaise ne devraient pas être employés dans notre

langue car nous avons nos propres correspondants lituaniens. Nous devons respecter notre langue

et préférer les mots lituaniens existant que les mots étrangers avec les terminaisons lituaniennes. A

notre avis, notre langue le mérite.

52

9. Fautes principales en français d’aujourd’hui

Nous avons encore fait certaines observations au niveau de l’usage de la langue française.

Ainsi, nous avons relevé les fautes principales en français de la langue parlée des élèves Français

et Lituaniens. Les discutions avec eux et l’écoute de leurs conversations pendant les classes et les

récréations nous ont permis de fixer toutes ces fautes ci-dessous et les classer selon leurs types.

9.1 Fautes de la prononciation des voyelles et des consonnes

En premier lieu, nous avons aperçu que la plupart d’enfants Lituaniens a la difficulté de

prononcer la consonne [r] roulée. Ils ont plus d’inconvénient à la faire rouler dans la gorge que les

enfants Français. D’un autre côté, il faut signaler qu’un enfant Lituanien qui a commencé à

fréquenter l’école française dès 2-3 ans est plus capable de prononcer [r] française que l’enfant qui

est venu à cette école de 6 ans. D’autre part, il est probable que certains enfants ne réussiront

jamais à la prononcer correctement.

En ce qui concerne la nasalisation des voyelles françaises, durant la lecture nous avons

remarqué que certains apprenants ignorent les voyelles nasales et sont maladroits dans leur

prononciation, les autres ne nasalisent pas suffisamment et prononcent la voyelle orale

correspondante qu’ils nasalisent parfois en partie. Nous avons repéré quelques exemples : le

mot enfant [ãfã] prononcé comme [aŋfaŋ], c’est-à-dire « voyelle nasale = voyelle orale + ŋ » ; le

mot brun [brœ] comme [braŋ] ; maison [m z ] prononcé comme [m z ŋ], l’adjectif bon [b ]

comme [b ŋ], etc. Il importe de dire que ce penchant n’est propre qu’aux enfants Lituaniens. Les

enfants Français et les enfants de double nationalité Français–Lituanien articulent sans peine les

voyelles nasales.

En plus, nous avons remarqué que la majorité d’élèves (surtout les Lituaniens) sont sujets à

prononcer la terminaison des verbes à l’imparfait et les participes passés du passé composé de la

même manière, c’est-à-dire avec la voyelle mi-fermée [e]. Telle articulation similaire complique la

compréhension d’un verbe conjugué. Nous avons noté quelques exemples : je mangeais [-e] et j’ai

mangé [-e] ; je parlais [-e] et j’ai parlé [-e]; je jouais [-e] et j’ai joué [-e]. Cette faute peut être

corrigée en travaillant la prononciation. Une bonne manière de travailler la prononciation de

conjugaison, c’est à partir de vidéos qui sont aujourd’hui abondant sur Internet. Ils aident à retenir

l’orthographe ainsi que la prononciation correcte des verbes dans tous les temps.

Les enfants de CE1 font des erreurs de lecture sur la dernière syllabe des mots. Il s’agit

d’une prononciation des lettres muettes et des lettres généralement prononcées mais qui sont

53

souvent ignorées par nos petits lecteurs observés. La cause des erreurs est sans doute la

particularité du code écrit de la langue française avec le grand nombre de lettres muettes à la fin

des mots. Avant de parfaitement maîtriser ces règles de prononciation, il arrive souvent que les

apprenants prononcent les lettres qu’il ne faut pas prononcer ou se méfient trop en évitant la

prononciation des lettres finales des mots qu’il faut prononcer. Durant quelques leçons nous avons

fixé certains exemples. Tout d’abord, nous citons des exemples où les élèves prononçaient les

lettres muettes (nous les avons soulignées) : chères mesdames, l’aspect, une grande scène, son

appétit, de l’hareng, le sirop. Pour être plus précis, il faut noter que ces fautes sont plus répandues

parmi les enfants bilingues. Les enfants d’origine française ne les font pas. Toutefois, il importe

de mentionner que ces fautes sont également remarquables dans les petites classes ainsi que les

grandes classes. Cette tendance est sujette à rester dans la prononciation si on ne commence à

corriger tout de suite, dès tous petits âges. Alors, les cas ou les élèves se méfient de prononcer les

lettres finales normalement prononcées en français : maïs, lis. Nous devons mentionner que cette

tendance est moins forte que celle dont nous avons parlée antérieurement. Les enfants font des

fautes mais elles ne sont pas si fréquentes.

Pendant le temps destiné aux devoirs du français nous observions la classe de CE1 qui

devait apprendre à lire un texte inconnu. Dans la classe il y avait 16 enfants. En les écoutant lire

nous avons fait attention à la prononciation de quatre mots : magasin, lesquelles, désigne et

comptoir. Tout d’abord, nous avons remarqué que le mot magasin était prononcé comme magazine

par quelques enfants natifs lituaniens et un enfant Français. Nous avons aperçu que les enfants

confondent souvent les mots magasin et magazine dont l’orthographe et la prononciation sont très

pareils. Les enfants confondent souvent leurs sens. Ensuite, dans le mot lesquelles la majorité des

élèves a prononcé le son -s- [lesk l] qui selon les règles de prononciation ne se prononce jamais.

Parmi ces enfants il y avait des enfants d’origine française qui faisaient cette faute. Quand à la

prononciation du verbe désigner, nous avons noté que tous les apprenants avaient la manière

d’articuler ce mot comme dessiner tandis que la règle « un -s- placé entre deux voyelles se

prononce [z] » était bien connue par tous les élèves. Puis, dans la prononciation particulière du

mot comptoir où il faut éviter la lettre -p-, nous avons quand même entendue cette consonne de 9

enfants y compris 3 enfants dont le français est la langue maternelle. De conversations avec les

professeurs de CP et CE1 nous avons appris que les enfants confondent très souvent les mots dont

les signifiants sonores ainsi que les formes graphiques sont presque identiques. Les professeurs

nous ont confirmé que cette tendance est assez fréquente pendant la lecture, plus rare à l’oral. Nous

54

avons repéré encore deux exemples : cheveux – chevaux, souris – sourire. Le mot cheveux est

souvent prononcé comme chevaux, le mot souris comme sourire et à l’inverse.

9.2 Fautes des liaisons

Dans les conversations quotidiennes des mêmes enfants de CP et CE1 et au cours de leur

lecture pendant la préparation des devoirs nous avons remarqué beaucoup de fautes des liaisons.

Tout d’abord, nous avons aperçu que le h aspiré est un problème constant dans la langue parlée du

français surtout celle des enfants. Nous avons donc décidé de choisir quelques exemples de

liaisons et donner les lire aux élèves. C’étaient : des haricots, des héros, les handicapés, cent

enfants, quatre yeux, trois mille arbres. Dans l’articulation des élèves ces mots ont été suivis de la

liaison « z » qui en général, ne doit pas exister entre eux. Le h de haricot, de handicapé et de héros

est aspiré, c’est-à-dire qu’il interdit la liaison.

Avec les élèves de CE1 nous avons du réviser la conjugaison des verbes être et avoir au passé

composé. Nous avons remarqué que certains apprenants ignorent des liaisons ainsi que les autres

font de fausses liaisons. Donc, nous avons noté que 7 enfants de 9 n’ont pas fait de liaisons entre

pronoms personnels et le verbe auxiliaire ils/elles ont été. Seulement deux enfants natifs français

ont fait la liaison ici. Quand à nous, l’emploi correct des liaisons rend l’expression orale plus

intelligible et plus gracieuse. C’est pourquoi il ne faudrait pas oublier des liaisons obligatoires et

éviter de fausses liaisons.

9.3 Fautes d’emploi des mots et locutions

On a longtemps pensé que la maîtrise de la langue dépendait du nombre de mots possédés, et

que l’essentiel du travail consistait à en acquérir le plus grand nombre, sans oublier de bien

apprendre leurs sens et les employer dans les bons contextes. Néanmoins, la langue française ainsi

que la langue lituanienne abondent de mots et locutions incorrectes dans leur usage. On les entend

plus qu’on les écrit et notre cerveau s’en accommode fort bien. Parfois, un doute s’insinue mais

comme la phrase reste compréhensible, on ne cherche à faire aucune correction. En observant les

élèves, nous avons donc repéré quelques cas quotidiens.

D’abord, nous avons remarqué l’emploi incorrect d’une locution qui est très souvent utilisée

« excuse-moi » ou « excusez-moi ». La plupart d’enfants dit : « je m’excuse ». Cependant, quand on

veut demander pardon il faudrait choisir les tournures comme « veuillez m’excuser », « je vous

prie de m’excuser », « (je vous présente) toutes mes excuses » ou « excusez-moi ». En effet,

55

lorsque l’on demande pardon à quelqu’un, dire « je m’excuse » revient à se pardonner à soi-même.

C’est pourquoi tous les linguistes jugent cette tournure incorrecte.

Dans les classes de CP et CE1 il y a des élèves qui possèdent les mêmes stylos, les mêmes

cahiers, etc. Au lieu de dire « J’ai le même cartable que le tien », ils préfèrent de dire : « J’ai le

même cartable que toi ». Il est à signaler que la forme correcte de dire est « le/la même… que le/la

tien/tienne ». Nous avons noté que le langage parlé des enfants abonde de tel type de phrases avec

locution incorrecte « le même ... que toi ». Cette erreur est aussi fréquente chez les Français ainsi

que chez les Lituaniens.

Nous avons aussi décelé la préférence d’utiliser la préposition « pour » dans les phrases

comme : « Combien avez-vous payé ce livre ?» (« pour ce livre »), « Est-ce qu’il faut payer

beaucoup vos études ? » (« pour vos études »), « Il m’a payé un verre » (« pour un verre »), etc.

Pour être plus précis, il faut noter que, l’emploi du mot « pour » est incorrect dans ce type de

phrases. Nous avons marqué que, cette faute est d’une large expansion dans la langue française

chez les Lituaniens et parfois chez les Français.

Entre les enfants nous avons remarqué la manière de répéter la tournure inexacte « moi je ».

Voila, quelques exemples : « Moi je ne veux pas », « Moi je n’aime pas les crêpes », « Moi j’irai à

la campagne avec mes parents », etc. Selon la norme, il faut éviter « moi je » et dire tout

simplement « je » : « Je ne veux pas », Je n’aime pas les crêpes », J’irai à la campagne avec mes

parents ». Nous avons noté que cette tendance est très forte surtout parmi les élèves Lituaniens.

Nous avons entendu les élèves dire : « Je bois du jus d’un verre bleu », « Je mange d’une

grande assiette », « Tu peux boire de ma bouteille ». Ces phrases doivent être corrigées par : « Je

bois du jus dans un verre bleu », « Je mange dans une grande assiette », « Tu peux boire dans ma

bouteille ». Nous devons mentionner que, cette tendance est répandue non seulement parmi les

apprenants Lituaniens mais aussi parmi les apprenants Français.

La conjugaison est l’ensemble des formes que peut prendre un verbe selon les personnes,

les modes, les voix et les temps. Pour presque tous les élèves, la conjugaison signifie d’abord

récitation de formes verbales, rangées dans un certain ordre, à l’intérieur des autres ensembles

appelés « temps » et « modes ». Depuis toujours, on sait que le domaine du verbe est le plus mal

maîtrisé par les élèves, qu’il s’agisse de ses aspects orthographiques ou de ses emplois. Toutes les

difficultés rencontrées par les élèves débouchent sur ce domaine du verbe qui est toujours le plus

difficile et le plus compliqué dans toutes les langues. Pour obtenir la conjugaison des verbes, il faut

tout d’abord la pratiquer et savoir bien ses règles. La conjugaison française comme celle des autres

56

langues cause également certains problèmes dans l’apprentissage de la langue. Nous pouvons

retrouver une bonne partie de verbes dont la conjugaison aux certains temps soulèvent des

difficultés pour les étrangers ainsi que pour les natifs. La classe de CE1 révisait la conjugaison des

verbes dire et faire. Sans aucun doute, ce sont les verbes d’usage fréquent dans notre langue. Il est

donc important de bien connaître leur conjugaison au présent. Nous avons noté que dans la

conjugaison de ces deux verbes le plus grand problème résulte de la 2e personne au pluriel.

Presque tous les élèves sont enclins d’articuler « vous faitez » et « vous disez » au lieu de « vous

faites » et « vous dites ». Cette faute est constante pour les natifs et les enfants qui apprennent le

français comme langue étrangère.

Tout bien considéré, nous pouvons annoncer que le développement de l’expression orale

soumet beaucoup de locuteurs à un grand nombre de fautes diverses qui s’élèvent dans leur

langage et qui peuvent s’y généraliser si on ne les corrige pas au plus vite possible. Il faut essayez

de bien parler toutes langues, car chacune d’elles le mérite.

57

10. Fautes principales de la prononciation en lituanien

L’observations au niveau de l’usage de la langue lituanienne de nos petits locuteurs natifs et

Français nous avons également aidé à repérer quelques fautes les plus répandues dans leurs

discours.

10.1 Fautes de la prononciation des voyelles et des consonnes

Selon les sources, les consonnes f, h et ch ne sont pas d’origine lituanienne. C’est

pourquoi elles sont plus fréquentes dans les mots internationaux. Nous devons préciser qu’il est

nécessaire de bien prononcer la sonore h, ne pas l’assourdir et éviter la confondre avec le son ch

surtout. A l’école nous avons remarqué que les enfants ont le penchant de prononcer assez souvent

le son ch au lieu de h. Par exemple : herojus (comme cherojus), buhalteris (comme buchalteris),

himnas (comme chimnas), herbas (comme cherbas). Il faut noter que, certains élèves font cette

faute constamment dans tous les mots contenant ces lettres, les autres confondent h et ch dans

quelques mots ou encore ils prononcent parfois le même mot avec h , une autre fois avec ch.

De plus, dans le même groupe nous avons découvert une fausse prononciation des

consonnes f et v dans les mots commençant par ces lettres. Nous avons aperçu cela plusieurs fois

durant la lecture. Nous avons donc relevé les exemples suivants : valsas (prononcé comme falsas),

forma (comme vorma), asfaltas (comme asvaltas), fejerverkas (comme vejerverkas), finikietis

(comme vinikietis). Nous devons mentionner que, ces fautes sont propres non seulement aux élèves

d’origine lituanienne mais aussi aux élèves bilingues.

Dans les conversations quotidiennes nous avons saisi une faute concernant la prononciation

de semi-consonne j dans le mot où normalement elle ne doit pas être. C’est un mot très populaire –

kompiuteris où le grand nombre d’apprenants est sujet à insérer la prononciation de j. Pour voir les

résultats encore plus précis, nous avons choisi un groupe mixte de 25 élèves et nous leurs avons

posé une ou deux questions auxquelles nous attendions la réponse kompiuteris. De ce groupe

d’élèves seulement 4 élèves ont prononcé le mot correctement tandis que les autres 21 apprenants

prononçaient clairement le son j. Tout bien considéré, nous faisons la conclusion que cette manière

de prononcer est vraiment réelle dans notre langue maternelle, au moins parmi les enfants.

En ce qui concerne la prononciation des voyelles, nous avons repéré deux grandes fautes.

Tout d’abord, c’est la prononciation des voyelles brèves dans les mots dissyllabiques au futur de 3

personne. Selon la norme, en lituanien dans les mots dissyllabiques au futur de 3 personne les

voyelles longues ū et y deviennent brèves. De ce fait, nous prononçons : aš gysiu, tu gysi, mais jis,

58

ji gis ; aš būsiu, tu būsi, mais jis, ji bus. Pourtant nous avons vu que les élèves désobéissent à ces

règles de l’orthoépie ou encore plus précisément ils ne les connaissent pas. Nous avons cité

quelques exemples de leurs conversations : Medžių lapai greitai supus ; Supynės suluš ; Mano

ranka sugis po trijų savaičių ; Atsargiai, suduš. Toutes ces voyelles soulignées ont été prononcées

comme les voyelles longues. Nous avons donc noté cette tendance comme une des essentielles car

sa fréquence était considérable dans le langage quotidien de nos locuteurs, surtout les natifs.

59

CONCLUSION

De ce qui est déjà présenté, concernant les systèmes vocaliques et consonantiques du

français et ceux du lituanien, nous pouvons tirer conclusion que dans les deux langues il existe

quelques ressemblances mais encore plus de divergences. Il y a certains aspects qui ne sont propres

qu’à la langue française ou à la langue lituanienne. Tout d’abord, nous avons traité le vocalisme du

français et celui du lituanien. Avant tout, nous devons mentionner que le français possède le

système vocalique très riche. Il compte seize voyelles (douze voyelles orales et quatre voyelles

nasales). Selon P. Fouché, le vocalisme du français est le plus riche des langues européennes. En

lituanien, il y a douze voyelles et toutes sont orales.

En ce qui concerne le classement des voyelles, il est à noter que les voyelles du français et

celles du lituanien se caractérisent par trois traits articulatoires communs : la profondeur

d’articulation, l’aperture et l’action des lèvres. Pour les voyelles françaises on attribue encore le

quatrième trait – l’action du voile du palais. Ce trait fait défaut en lituanien car toutes les voyelles

lituaniennes sont orales. Pourtant la langue française et la langue lituanienne n’utilisent ni le même

nombre ni les mêmes types d’oppositions. L’opposition phonologique voyelle antérieure/

postérieure est particulière au vocalisme français. Nous pouvons dire que cette opposition est très

importante pour le vocalisme du français. Le français possède plus de voyelles antérieures que le

lituanien. De plus, toute articulation française est caractérisée par une tendance antérieure. En

lituanien, au contraire, c’est la tendance postérieure qui domine.

Ensuite, nous avons vu que le système phonétique français est dominé par l’articulation

labiale. Les voyelles labiales constituent la moitié des voyelles françaises. En français, la

labialisation est très forte et énergique. En lituanien, par contre, elle est très faible. Le lituanien n’a

que les voyelles postérieures labialisées (u, o) tandis qu’en français ce sont à la fois les voyelles

postérieures et antérieures labialisées.

Il ne faut pas oublier la nasalisation des voyelles qui est aussi très forte en français. Elle

oppose les voyelles nasales aux voyelles orales. Les voyelles nasales sont largement usitées en

français. Tandis que le lituanien est dépourvu de voyelles nasales pures. En français, les voyelles

nasales ne sont jamais nasalisées de manière audible par les consonnes nasales voisines, comme

cela est typique pour le lituanien (par ex. : vengti).

Au surplus, nous avons relevé en français aussi bien qu’en lituanien les voyelles ouvertes et

les voyelles fermées. L’opposition phonologique voyelle ouverte/voyelle fermée est la

caractéristique fondamentale du vocalisme français. En lituanien, une voyelle longue s’oppose à

60

une voyelle brève (i – į, e – ę, a – ą, u – ū). Cette opposition voyelle longue/voyelle brève est un

trait particulier pour le vocalisme lituanien.

Ce qui varie encore d’une langue à une autre, c’est le caractère et le degré de la tension

musculaire des organes de la parole. Ainsi, en français la tension musculaire est plus forte et

énergique qu’en lituanien. Le caractère de son articulation est bien tendu en français tandis qu’en

lituanien – relâché.

A propos de l’accentuation, nous avons noté que dans les deux langues, la position de

l’accent n’est pas la même. L’accent français est plus faible que celui du lituanien. En français, il a

sa place fixe tandis qu’en lituanien l’accent est libre.

Quant au système consonantique dans les deux langues, nous avons noté que la langue

lituanienne est riche en phonèmes consonantiques (elle en compte 37 avec des affriquées). De plus,

en lituanien, toutes les consonnes peuvent être dures et mouillées. A propos de la langue française,

elle n’a pas d’affriquées et toutes ses consonnes sont dures. D’ailleurs, dans les deux langues on

distingue les consonnes sourdes et sonores. Il importe de dire que, cette opposition phonologique

sourde/sonore est la plus importante pour le consonantisme français et celui du lituanien.

Il est évident que chaque langue contient certaines nuances qui nous obligent à « prendre des

précautions ». Cette caractéristique s’applique aussi à la langue lituanienne et française, dans

lesquelles il y a un bon nombre de « dangers ». L’un des plus grands, qui constitue un problème

même pour les natifs, est représenté par la prononciation. Pour être bien compris et comprendre les

autres, pour éviter les divers malentendus dans la communication il faut obéir aux règles de

l’orthoépie. Comme notre recherche montre, aujourd’hui un grand nombre de ces règles est ignoré,

altéré ou inconnu par beaucoup de locuteurs en lituanien ainsi qu’en français. Pour ces raisons

notre prononciation se modifie. Nous avons vu que les nouvelles tendances (la modification de

l’articulation des voyelles et des consonnes dans les deux langues, le changement de l’accentuation

et l’emploi de mots internationaux en lituanien, l’emploi des mots et locutions familiers en

français, etc.) commencent à se généraliser dans la prononciation dès tous petits âges. A vrai dire,

certaines tendances sont tolérables, les autres sont considérées comme fautives. Pourtant le nombre

de toutes ces variations ne cesse pas de diminuer. Au contraire, il augmente dans la langue

française ainsi que dans la langue lituanienne. C’est pourquoi nous devons faire tout notre possible

pour éviter des variations dans notre prononciation et de ne pas nuire à notre langue. Il est

important donc de corriger dès le départ et tout de suite toutes les erreurs gênantes notre

articulation, avant qu’elles ne se fixent définitivement.

61

SANTRAUKA

Tyrimo tema. Prancūzų ir lietuvių kalbų tarties dabartinės tendencijos.

Temos aktualumas. Kalba nuolat vystosi, ji kinta įgaudama vis kažką naujo. Kiekviena karta

visada atneša tam tikrų naujovių. Tos naujovės labiausiai pastebimos mūsų kalbėjime, ypatingai

tartyje. Komunikacijoje tarties vaidmuo yra vienas iš pagrindinių.

Tyrimo tikslas – atrasti ir analizuoti dabartines tarimo tendencijas.

Tyrimo dalykas – įvairios tarimo naujovės prancūzų ir lietuvių kalbose.

Tyrimo tikslui pasiekti iškelti šie uždaviniai :

1. Aprašyti ir palyginti prancūzų – lietuvių balsių bei priebalsių sistemas.

2. Pristatyti žodžių sujungimo vaidmenį prancūzų kalboje.

3. Aptarti dabartines tarimo naujoves prancūzų ir lietuvių kalbose.

Tyrime panaudoti lyginamasis ir aprašomasis metodai. Lyginamasis metodas skirtas išanalizuoti

balsių ir priebalsių sistemas prancūzų ir lietuvių kalbose. Aprašomasis – atskleisti tarimo

tendencijas dvejose kalbose.

Balsių ir priebalsių sistemų analizė abejose kalbose leidžia daryti išvadą, jog joms būdingi

tik keli nežymūs bruožai, o skirtumų yra labai daug. Ir viena, ir kita kalba turi tik jai būdingų

savybių. Prancūzų kalba turi turtingą balsių sistemą. O mūsų gimtoji kalba gali pasigirti savo

priebalsinių fonemų gausa bei afrikatomis. Pastarųjų prancūzų kalba neturi. Fonologinė balsių

priešprieša ilgasis / trumpasis balsis yra būdinga tik lietuvių kalbai, o priešprieša atvirasis /

uždarasis balsis – viena iš pagrindinių charakteristikų prancūzų balsyne. Tačiau priebalsių

priešprieša skardi / sklandi priebalsė yra svarbi abejose kalbose. Be to, ir prancūzų, ir lietuvių

kalbai būdinga balsių nazalizacija ir labializacija, tačiau jos kur kas ryškenės prancūzų kalboje.

Skiriasi ir kirčio pozija : lietuvių kalboje kirtis nėra pastovus, prancūzų kalboje – pastovus.

Kalbant apie tarimą, reikia paminėti, kad kiekvienai kalbai būdingos tam tikros tarimo

taisyklės. Kad suprastume kitus ir būtume patys suprasti, mes turime laikytis tų taisyklių. Tačiau

šiandien, kaip mūsų atliktas tyrimas rodo, tos taisyklės yra labai dažnai ignoruojamos, iškraipomos

ar paprasčiausiai nežinomos tiek prancūzų, tiek lietuvių kalboje. Matome, kad mūsų tarimas kinta,

atsiranda vis daugiau naujų tarimo įvairovių. Naujų tendencijų atsiranda ne tik suaugusiųjų, bet net

ir vaikų kalboje. Dalis šių tendencijų yra toleruojamos ir atneša kalbai tam tikrų niuansų, kurie ją

praturtina, pagyvina ir padaro mažiau universalę. Iš kitos pusės, ne visos tendencijos yra

priimtinos, kai kurios laikomos klaidingomis ir kenkia kalbai. Todėl mes turėtume stengtis ir daryti

viską, kad tik jų išvengtume kiekvienoje kalboje.

62

BIBLIOGRAPHIE

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