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Les traitements morphologiques dans l'acquisition de la lecture chez les élèves tout venant et
dyslexiques
Séverine CasalisURECA, Université de Lille 3
Présentation HEP Lausanne, 21 avril 2010
Plan1. La morphologie dérivationnelle2. L’apprentissage de la lecture et les traitements
morphologiques2. 1 Les modèles de base de l’apprentissage de la lecture2.2. Le développement des connaissances morphologiques au cours
de l’apprentissage de la lecture3. Les traitements morphologiques: une faiblesse ou une force
chez les dyslexiques?3.1. Les dyslexies du développement3.2.Le développement des connaissances morphologiques3.3. Le traitement des unités morphémiques au cours de la lecture4. Entraîner les compétences en morphologie chez les DYS
1. La morphologie dérivationnelle
Morphologie
Dérivationnelle Flexionnelle chanter chanteur Chanteur chanteuse
village villageois Chante, chantaisCréation de mots nouveaux Genre et nombre
Par ajout de suffixes (-eur, -ier) temps des verbe
Par ajout de préfixes (re-, pré-)
Par composition
LEXIQUE SYNTAXE
Les connaissances morphologiques Tâches compréhension
jugement de relation• marcher – marcheur / couler – couleur
Intrus• Colle, collage, décoller, collège
Tâches de production Complètement de phrase
• Celui qui chasse est un chasseur
• Celui qui conduit est un conducteur
• Celui qui turve est un turveur
Analogie lexicale• Chasser/ chasseur. Chanter/ … chanteur• Chasser/ chasseur. Conduire/ … conducteur
L'apprentissage de la lectureLe modèle simple de lecture:
Lecture= Identification de mots *compréhension
Identifier un mot:Relation Ortho-Phono……
Traitements syntaxiquesTraitements sémantiquesTraitement du texteConnaissances sur le monde
Identification de motsquels prédicteurs?
Le plus important: la conscience phonologique (= capacité à manipuler les sons du langage de façon intentionnelle)
Permet d’appréhender les unités internes au mot (lettre, graphème, syllabe) en les reliant à leur correspondant sonore. Développement rapide des capacités d’analyse phonémique au cours de la première année
Le décodage, permis par mise en relation O-P, permet la mémorisation de formes orthographiques lexicales
autres prédicteurs reliés: connaissance des lettres, RAN….
L'apprentissage de la lecture
Identifier les mots: au delà liens Ortho-Phono?
Rôle de la qualité des représentations lexicales
Rôle du vocabulaire Rôle des connaissances sémantiques …. la morphologie?
Comment les connaissances morphologiques pourraient-elles intervenir?
Codage orthographique des lettres muettes laid/ lait « accélération » des traitements lexicaux
Pour les mots longs: villageois Décodage mots jamais rencontrés à l'écrit
– éléphant– éléphanteau– éléphantesque
Compréhension des mots nouveaux– « Fayolien », « pactonisable »
• Tyler & Nagy (1994): jusqu à 27 mots nouveaux par jours, 60% complexes.
Une hypothèse…
Les débuts de l’apprentissage sont dominés par le codage phonologique
D’autres informations linguistiques contribuent à l’identification des mots et à la compréhension et sont progressivement intégrées dans les gestes de lecture
La morphologie est encodée dans l’orthographeLa morphologie, reliant les aspects formels aux
aspects sémantiques pourrait jouer un rôle particulier
Morphème=plus petite unité formelle de signification
2. Le développement des connaissances morphologiques
Trois aspects dans les connaissances morphologiques
-conscience des relations morphologiques entre les mots
-Connaissance des dimensions sémantique et syntaxiques
-Connaissance des règles de construction morphologiques
2. Le développement des connaissances morphologiques
Completement de phrases avec des formes suffixées
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
G1 G2 G3 G4 G5
Pourcentage de RC
Compl suffCompl PM
2. Les connaissances morphologiques-lien avec la lecture/ lecteurs tout venant
• La détection d’intrus– Libre, libraire, liberté, librement
intrus
0102030405060708090
100
G1 G2 G3 G4 G5
pourcentage de RC
intrus
2. Les connaissances morphologiques-lien avec la lecture/ lecteurs tout venant
• La production lexicale par analogieEpreuve d'analogie
0102030405060708090
100
G1 G2 G3 G4 G5
pourcentage de RC
Analogie stableAnalogie Instable
Conclusion: les connaissances morphologiques, sous leurs diverses dimensions, continuent de se développer tout au long de la scolarité primaire
Question: contribuent elles à la réussite en lecture?
Contribution de la conscience morphologique à la lecture
contribution relative à l'habileté de décodage
00,10,20,3
0,40,50,60,7
3 4 5 6
grade
R s
quar
e
Morpho
Phono
Singson, Mahony & Mann (2000)
Contribution de la conscience morphologique à la lecture
• En français
Contribution de la CP et CM en français
0
10
20
30
40
50
60
70
1ere ANNEE 2e A DECOD 2e A COMP
pourcentage de variance expliquée
MorphoPhonoVOC Age QI
Casalis & Louis-Alexandre (2000)
Les dyslexies de l'enfant
• Difficultés à identifier les mots– L=Identification mots*Compréhension
Décodage imprécis, lentDifficultés à manipuler volontairement les unités phonémiquesLiées à représentations phonologiques peu précises (faible précision)Mémoire phonologique
Les traitements morphologiques: une force ou une faiblesse chez les dyslexiques?
Morphèmes: plus petite unité formelle de significationTraitements phonologiques altérés chez DYSMAIS traitements sémantiques non spécifiquement
altérésD’où 2 hypothèses:
- développement morphologique limité par faiblesses phonologiques-développement morphologique en partie compensé par traitements sémantiques
05
101520253035404550
sup phon sup syl
dyslCALCAC
Conscience phonologique : suppression de phonèmes et syllabes
• Recherche de distracteur au niveau de la base.• chanson chant chanteur chantier• nombre nombril dénombrer nombreux
0
2
4
6
8
10
performances en tâche de recherche de distracteurs au
niveau de la base
DYSCALCAC
0
10
20
30
40
50
60
stable modifiée pseudomots
DYSCALCAC
Casalis, Colé & Sopo, 2004
Complètement de phrases
La conscience morphologique chez les dyslexiques
Une faiblesse: toutes les performances restent en deça des valeurs attendues pour l’âge
MAISUn développement atypique. Selon les
situations, les performances des dyslexiques peuvent dépasser celles des contrôles d’âge lexique.
Contribution à la lecture chez les dyslexiques?
• Étude Nagy et al (2003, 2006)• Évaluation de la conscience morphologique,
décodage, compréhension en lecture, vocabulaire• Auprès d’élèves de
– 4e et 5e années– 6e et 7e années– 8e et 9e annéesLa Consc Morpho contribue à la compréhension et au
vocabulaire, à l’orthographe dans tous les groupes et au décodage chez les plus jeunes.
Contribution à la lecture chez les dyslexiques?
• La même équipe a pris les mêmes mesures chez des élèves en difficultés de lecture, assez jeunes (2 et 4e années).
• La conscience morphologique ne participe pas aux scores de lecture
• Conclusion des auteurs: la conscience morphologique n’est pas suffisamment développée pour contribuer aux mesures de lecture.
Corrélations chez les dyslexiques
Lec lec LVH LVH MOTS
phrases texte irreg regul
phrases : mots 0,42 0,08 0,28 -0,19 0 0,01 0,1 -0,03phrases :/PSEUDO 0,25 0,39 0,14 0,22 0,36 0,3 0,35 0,37
phrases: NEO 0,09 0,15 0,3 0,13 -0,03 -0,06 0,21 -0,01 INTRUS base 0,52 0,13 0,4 0,17 0,26 0,01 0,22 0,14 INTRUS SUFF 0,23 0,2 0,14 0,26 0,12 0,07 0,3 0,16
comp affix 0,26 0,31 0,29 0,36 0,27 -0,04 0,15 0,17supp phon 0,11 0,33 -0,06 0,52 0,45 0,35 0,47 0,35
H MOTS covoc VH PM com LVH PM
Contribution de la conscience morphologique en lecture de textes et de phrases, en lecture de pseudomots complexes chez les plus âgés
Question n°2
Comment les dyslexiques traitent-ils les unitésmorphémiques à l’écrit?
Un « traitement morphologique » participe-t-il à la reconnaissance des mots?
Impact sur la compréhension en lecture
La reconnaissance des morphèmes : une stratégie pour parvenir à ce niveau
lai-tage
797476 7980 77
50
60
70
80
90
100
Même âgelexique
Dyslexiques% d
e pa
ssag
es c
orre
ctem
ent l
us
Syllabes Morphèmes Mots
Elbro & Arnbak (1996, 2000)
lait-age
laitage
Participants :DyslexiquesContrôles d’âge lexique
Items (Longueur, Structure CV, Fréquence, Caractère concret)19 mots composés sémantiquement transparents
sunburn19 mots composés sémantiquement opaques
window.
Lecture à voix haute : mots (transparence sémantique)
Elbro and Arnbak (1996)
Lecture à voix haute : mots (transparence sémantique)
Chez les dyslexiques :Impact de la transparence sémantique
PrécisionLatences
Chez les contrôles :Pas d’effet
Elbro and Arnbak (1996)
Conclusion : traitement des unités morphémiques contraint sémantiquement
Lecture à voix haute : pseudomots
• Participants :– 17 DYS (AR: 12 ans; AL : 7 ;6 ans)– 14 CAL (AR : 7;5; AL : 7;7)
• 3 catégories d’items, appariés en longueur et structure syllabique :– mots suffixés : ex : sonnerie, rangement– pseudomots composés d’une vraie base et d’un suffixe : classerie– pseudomots contrôles composés d’une fausse base et d’un
suffixe : saclerie
• Réponses enregistrées (latences et précision)
Casalis (1995)
Dénomination : précision
Casalis (1995)
0102030405060708090
motmorpho
pseudomorpho
pseudocont
DYSCAL
P<.01
Sonnerie classerie saclerie
Pour
cent
age
de R
C
Dénomination : rapidité
Casalis (1995)
0
500
1000
1500
2000
2500
3000
motmorpho
pseudomorpho
pseudocont
DYSCAL
P<.01
Sonnerie classerie saclerie
Tem
ps d
e ré
pons
e en
ms
Sensibilité à la structure morphologique/ dyslexiques
Pourcentage d’erreurs en décision lexicale (mots)
Sensibilité à la structure morphologique/ dyslexiques
Temps de réponse en décision lexicale (mots)
Sensibilité à la structure morphologique/ dyslexiques
Pourcentage d’erreurs en décision lexicale (pseudomots)
L’objectif : tester l’hypothèse selon laquelle les dyslexiques pourraient bénéficier d’une aide pédagogique visant à leur faciliter l’utilisation de stratégies compensatoires basées sur le traitement morphologique. Limite des entraînements phonologiquesCapacités résiduelles observées à l’oral dans le
maniement de l’unité morphologique.
Entraîner les dyslexiques à la morphologie
L'entraînement les traitements morphologiques chez les dyslexiques
• Arnbak & Elbro (2000), Danemark• 33 dyslexiques de 4e et 5e années (27
contrôles)• 36 séances d’entraînement (15 min)• Entraînement oral, centré sur aspects
sémantiques des morphèmes
L'entraînement les traitements morphologiques chez les dyslexiques
• Progrès réalisés:– Conscience morphologique– Compréhension en lecture– Orthographe de mots complexes
• Conclusion:• Il est possible d’améliorer la conscience
morphologique des dyslexiques
QUESTIONS
2: l’amélioration de la conscience morphologique chez les dyslexiques est elle suivie d’incidence (positive) sur la lecture ?
3 : Quel impact sur les autres traitements?
1 : est il possible de développer la conscience des morphèmes des dyslexiques par un entraînement oral ?
Elèves de 7 e année16 semaines d’entraînement, à raison de 2 séances par
semaine.32 séances en tout : 16 à l ’oral, 16 à l ’écritGroupes de 4 élèves maximumDurée des séances : 30 minutes environ
Organisation
Pré test : novembre- décembre 2004Début de l’entraînement : janvier 2005fin entraînement : mai 2005post test : mai juin 2005
- Principes généraux
1) elles contiennent des activités soit orales soit écrites, ces dernières étant destinées à réinvestir en lecture/écriture les connaissances morphologiques préalablement travaillées à l’oral.
2) La progression de l’entraînement morphologique :
- Travail sur les bases (8 séances, repérage de mots ayant une même base) ,
sur les préfixes (8 séances)sur les suffixes (16 séances)
Organisation des séances
Résultats quantitatifs
1/ Comparaison d’un groupe entraîné et d’un groupe non entraîné
2/ Comparaison des profils d’élèves entraînés ayant profité ou non de l’entraînement.
15.826.614.823.925.698.85Expérim
ental
N=20
15.825.715.123.425.598.90Contrôle
N=20
Compltphrases
avec mots/21
Suppression
phonémique/30
Lecture à haute voix de pseudo-mots/20
ECOSSE
écrit/30
ECOSSE oral/30
Age lexique en mois
(Alouette)
Comparaison groupe expérimental, groupe contrôle
Evaluation de l ’efficacité
Pré-tests et post testsconscience morphologiqueconscience phonologiquetests standard de lecture (décodage et
compréhension)lecture de mots isolés : simples et complexes
Question n°1 :
les dyslexiques peuvent ils tirer parti de l ’entraînement?
Comparaison groupe expérimental, groupe contrôle
Impact de l’entraînement sur l’analyse morphologique?
Épreuves de complètement de phrases :
-MOTS : quand on bricole, on fait du … bricolage
-PSEUDO : quand on pole, on fait du … polage
-NEO : quand on regarde, on fait du … regardage.
complètement de phrases
30405060708090
100
pre post pre post pre post
mot pseudo neo
% d
e R
C
controlexpe
P<.10 P<.01 P<.05
Comparaison groupe expérimental, groupe contrôle
Intrus base :Libre, librairie, liberté, libérer
Intrus suffixé : sagesse vieillesse souplesse paresse
Compréhension d’affixe : Un mouteur est : un petit moute ou celui qui
moute?
Comparaison groupe expérimental, groupe contrôle
Conscience morphologique
020406080
100
pre post pre post pre post
intrus base intrus suffixe comprehensionsuffixe
% d
e R
Ccontrolexpe
P<.05 P<.05
Comparaison groupe expérimental, groupe contrôle
conclusion
Impact positif et significatif sur l’analyse morphologiqueLes dyslexiques répondent au traitement
Quel impact sur d’autres traitements linguistiques?
Syntaxe et phonologie
20
22
24
26
28
30
pre post pre post pre post
ECOSSE / ORAL SUPPR PHONO REPETLOGAT
nb R
C s
ur 3
0
controlexpe
Comparaison groupe expérimental, groupe contrôle
P<.10
Il est possible d’améliorer la conscience morphologique chez les dyslexiques.
Question
impact sur la lecture?
Test de décodage : AlouetteSESSION*groupe; Moy. Moindres Carrés
Effet courant : F(1, 38)=4,6608, p=,03724Décomposition de l'hypothèse efficace
Les barres verticales représentent les intervalles de confiance à 0,95
groupe
CONT groupe
EXPage lex (Alouette) age lex2 (Alouette)
SESSION
92
94
96
98
100
102
104
106
108
110
112
114
VD
_1
Comparaison groupe expérimental, groupe contrôle
Compréhension de textes
Compréhension de textes
0,00
20,00
40,00
60,00
80,00
100,00
pretest posttest
% R
C
controlexpe
Comparaison groupe expérimental, groupe contrôle
Toutefois…
Pas d’impact sur le décodage (précision uniquement) de
Mots simples (pantalon)Mots complexes (jardinier)pseudomots
Conclusion 1
Effet bénéfique de l’entraînement sur le décodage (fluidité) et sur la compréhension
L’analyse morphologique peut être efficacement stimulée chez les dyslexiques
MAIS : variabilité importante….
Comparaison des profils d’élèves entraînés
N écart pre post en mois (Alouette)
groupe AVANCE 28 15,65
groupe FAIBLE 26 2,85
Comparaison des profils d’élèves entraînés
2496.335.612.7153Groupe FAIBLE
nsNsNs<.10Ns
22.39934.815152Groupe AVANCE
Cons.phono
Age lex
PM38
Voc(max21)
Age en mois
Comparaison des profils d’élèves entraînés
Lecture à voix haute
0
5
10
15
20
25
Pseudo-mots Mots irréguliers Mots réguliers
Nb
de R
C/2
0
AvancéFaible
**
Comparaison des profils d’élèves entraînés
Compréhension écrite (Lobrot)
36,3648,08
01020304050
Avancé Faible
% R
C
Comparaison des profils d’élèves entraînés
Compréhension syntaxique : ECOSSE
(oral/ écrit)
Le carré dans l’étoile est bleu
20
22
24
26
28
30
oral écrit
avancéfaible
ECOSSE (compréhension syntaxique)
Comparaison des profils d’élèves entraînés
P<.01
Conclusion 2
QI, niveau de lecture : pas prédicteursLes traitements phonologiques (compétences
et lecture) : pas prédicteursLe niveau de compréhension détermine le
bénéfice de l’entraînement (vocabulaire)Lecture de mots réguliers (fréquents) et
irréguliers : voie directe
Conclusion générale
Le développ-ement de-s
connaiss-ance-s et stratég-ie-s morphologi-que-s peut être
en-courag-é dans le-s ré-éduc-ation-s des dyslexi-que-s