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1 Trimestriel gratuit numéro 4 août 2003 La vie des gens au cœur de notre terroir : L’ESCOUBO REPORTAGE Joël Huguet, maître cirier Bernard Couderc, compositeur J e suppose que vous n’avez jamais été invité à pénétrer dans la grotte de Merlin l’enchanteur ? Je suppose égale- ment que les marmites de mélanges magiques sont pour vous de pures inventions émanant de quelques auteurs en quête de fantastique? Je suppose toujours que nous ne vous ferons pas avaler que les abeilles peuvent être, en plus de fabriquer du miel, d’excellentes ouvrières en chimie fine? Encore une autre supposition, vous ne croyez absolu- ment pas que dans notre terroir, nous puissions trouver un artisan qui est le seul en France à pratiquer son métier? Eh bien! Vous avez tord et je pense qu’après lecture de ce reportage, vous déchanterez. Oui! Je vous emmène à Caderousse dans l’atelier de Joël Huguet: maître cirier de son état et grand sorcier dans l’Ordre de la brillance. (Suite p.4) En + dans ce numéro Éditorial, page 3. Mais qu’est-ce que c’est?, p. 3. Bien avant l’Escoubo, p. 3 Les aventure de Scoubo, p. 5. Les Chti’s les Arts, p. 6 L’élixir de maître Tobert, . 6. Les contes du maset, p. 8 La parole est aux fleurs, p. 10 Les mots croisés, p. 11 :–) Gard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale Joël Huguet : l’œil du maître, plus précis que les instruments. Bernard Couderc : une bonne gui- tare sèche remplace souvent l’élec- tronique. D ès mon retour de reporta- ge, j’imaginais bien ce dialogue: « Ce gars là est un aventurier! – Pas vraiment. – Pourtant, il pratique la spé- léo, les courses en montagne. – Oui, c’est vrai! – Un casse-cou peut-être. – Non, non rien de tout cela! – Mais pourtant, on m’a dit qu’il était pilote d’ULM et ceci depuis fort longtemps ; sur l’eau aussi, les descentes de rivières. – Oui c’est aussi vrai. Allez, je vous le dis tout cru : ce gars-là est un compositeur. (Suite p.2) D ès que l’école me permit de lire, je m’abonnai à quelques bandes dessinées. Cette joie que l’on ressent de pénétrer dans un monde aussi irréel ne m’a pas quitté et je ne pouvais continuer à publier l’Escoubo sans penser aux enfants. Scoubo le petit balai, par le talent de Caij (deux jeunes dessinateurs) saura nous faire traverser tous les grands moments d’une année en petites histoires. (Une autre BD en page 5) La naissance de Scoubo À Lapalud, l’accident d’Émile Levassor É mile Levassor, surnommé « le père de l’automobi- le », naît le 21 janvier 1843 à Marolles-en-Hurepoix. Fils de cultivateur, il fait ses études d’ingénieur à l’École Centrale. Il entre chez « Périn Pan- hard » après un court passage chez Cockerill, en Belgique. (Suite page 7) Melon et chapeau de toile avant le casque intégral.

L'escoubo n°4 - août 2003

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La vie des gens au coeur de notre terroir : Gard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale

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Page 1: L'escoubo n°4 - août 2003

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Trimestriel gratuit numéro 4 août 2003

La vie des gens au cœur de notre terroir :L’ESCOUBO

REPORTAGEJoël Huguet, maître cirier

Bernard Couderc,compositeur

Je suppose que vous n’avez jamais été invité à pénétrerdans la grotte de Merlin l’enchanteur? Je suppose égale-

ment que les marmites de mélanges magiques sont pourvous de pures inventions émanant de quelques auteurs enquête de fantastique? Je suppose toujours que nous nevous ferons pas avaler que les abeilles peuvent être, en plusde fabriquer du miel, d’excellentes ouvrières en chimiefine? Encore une autre supposition, vous ne croyez absolu-ment pas que dans notre terroir, nous puissions trouver unartisan qui est le seul en France à pratiquer son métier? Ehbien! Vous avez tord et je pense qu’après lecture de cereportage, vous déchanterez. Oui ! Je vous emmène àCaderousse dans l’atelier de Joël Huguet: maître cirier de sonétat et grand sorcier dans l’Ordre de la brillance. (Suite p.4)

En +dans ce numéro

Éditorial, page 3.

Mais qu’est-ce que c’est?, p. 3.

Bien avant l’Escoubo, p. 3

Les aventure de Scoubo, p. 5.

Les Chti’s les Arts, p. 6

L’élixir de maître Tobert, . 6.

Les contes du maset, p. 8

La parole est aux fleurs, p. 10

Les mots croisés, p. 11

:–)

Gard rhodanien, Haut-Vaucluse, Drôme provençale, Ardèche méridionale

Joël Huguet : l’œil du maître, plus précis que les instruments.

Bernard Couderc : une bonne gui-tare sèche remplace souvent l’élec-tronique.

Dès mon retour de reporta-ge, j’imaginais bien ce

dialogue:« Ce gars là est un aventurier!– Pas vraiment.– Pourtant, il pratique la spé-léo, les courses en montagne.– Oui, c’est vrai!– Un casse-cou peut-être.– Non, non rien de tout cela!– Mais pourtant, on m’a ditqu’il était pilote d’ULM et cecidepuis fort longtemps; surl’eau aussi, les descentes derivières.– Oui c’est aussi vrai. Allez, jevous le dis tout cru: ce gars-làest un compositeur. (Suite p.2)

Dès que l’école me permit de lire, je m’abonnai à quelques bandes dessinées.Cette joie que l’on ressent de pénétrer dans un monde aussi irréel ne m’a pas

quitté et je ne pouvais continuer à publier l’Escoubo sans penser aux enfants.Scoubo le petit balai, par le talent de Caij (deux jeunes dessinateurs) saura nousfaire traverser tous les grands moments d’une année en petites histoires.

(Une autre BD en page 5)

La naissance de Scoubo

À Lapalud, l’accidentd’Émile Levassor

Émile Levassor, surnommé« le père de l’automobi-

le », naît le 21 janvier 1843 àMarolles-en-Hurepoix. Fils decultivateur, il fait ses étudesd’ingénieur à l’École Centrale.Il entre chez « Périn Pan-hard » après un court passagechez Cockerill, en Belgique.

(Suite page 7)Melon et chapeau de toile avant lecasque intégral.

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partitions, il compose àl’oreille. Sa première guitare,c’est sa mère qui lui offre àses quinze ans. Il en joued’abord avec le pouce, l’ins-trument posé à plat. Puis, sedisant qu’il serait peut-êtrebon d’utiliser tous les doigts,il bascule la « dame de bois »vers lui et obtient un résultatbien meilleur. C’est à partir de

cet instant que la musique vase lier avec son environne-ment. Car il l’emmène par-tout cette guitare : dans leVercors, en Ardèche, à la mer,à la montagne, sous la terre…

Pourtant, après plusieursannées à gratter les cordes, ilrenoue avec le clavier. Nonpas d’un piano mais d’un syn-thétiseur, ce qui lui permet decommencer à composer enayant la possibilité de mélan-

– Un compositeur, et dansquels éléments trouve-t-il soninspiration, votre composi-teur?– Eh! bien, dans tous ceuxque vous venez de citer: lesentrailles de la terre, les som-mets enneigés, les nuages,l’air, l’eau.– Le compositeur de la natu-re, somme toute! »

Et voilà, je venais de trou-ver ce qui différenciait

Bernard Couderc des autres:il compose dans, pour et avecla nature. Tout commence parle piano de ses grands-parents. Attiré par la magiedu son qui sort de ce grosmeuble, Bernard se lancedans les méandres du solfège.Ces hiéroglyphes incompréhen-sibles, dit-il, m’emprisonnaientet très naturellement, libre de

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Bernard Couderc,la nature à la clé (suite de la page 1)

DOMAINE DE

LA PIGEADEMarina et Thierry VAUTE

ger des sons différents. Unepériode de sa vie où le ciné-ma l’intéresse et il apprend:la prise de vue, le montage.Une avance sur l’avenir quilui permettra de comprendrele jeu du réalisateur. En ce quiconcerne la musique, il s’im-bibe vite de l’ambiance et sonclavier ne se trompe jamais,chaque détail est important:Le silence des cavités souter-raines est respecté, samusique est discrète. La notese fixe sur le décor: un brind’herbe qui bouge, une rochequi s’ouvre sur un gouffre ousur la tanière d’un ours, le cla-potis énigmatique d’unesource, Tout est en harmonie.Comme sa famille: Claudine,sa femme qui ne cesse de l’en-courager et ses deux filles:Fanny la plus jeune qui adorele chant et Julie la plus gran-de qui après six années depiano au conservatoire en-chaîne avec trois ans déjà deguitare.

Dans les années 1980, leclub spéléo dont il fait partie,bas le record du monde d’ex-ploration verticale et de plon-gée souterraine. Le cinéastede l’événement lui demandede composer une musique.Bernard ne demande pas sonreste et se met au travail.L’œuvre cinématographiqueest primé au festival interna-tional du film de spéléologiede La-Chapelle-en-Vercors,Antenne 2 (à l’époque) l’achè-te et le film est diffusé plu-

sieurs fois sur l’antenne dans« les carnets de l’aventure ».

L’aventure, Bernard la conti-nue en composant pour lanature, comme ce film pour la« Fédération française de spé-léologie » ou encore pourune exploration souterraineau Brésil. D’autres films degenres bien différents sontaussi à son actif et mêmedans le cinéma industriel.Mais Bernard veut aller enco-re plus loin, plus haut serait lebon mot et la pratique del’ULM le tente. Il est brevetéen 1992. Ce qui va lui per-mettre de connaître d’autressensations qui viennent enri-chir son imagination musica-le dans la troisième dimen-sion. Aujourd’hui, avec unmatériel de haute « gamme »,Bernard travaille dans sonstudio et dernièrement, alorsque je lui posais la question:« Et le solfège? », il m’a glissécette petite remarque: « Jetravaille sur informatique etc’est en me servant du logi-ciel d’éditions de partitionsque j’ai enfin compris la signi-fication des hiéroglyphes, queltemps perdu! Si j’avais apprisplus jeune! » Moi je pensequ’il n’a rien à regretter car cesont les grottes, les sommets,les rivières ou en accompa-gnant les oiseaux dans lesairs qui lui ont permis de pro-gresser dans la compositionet il ne serait pas devenu: lecompositeur de la nature.

Contact: 06 08 37 14 29Yves Furic

84190 BEAUMES-DE-VENISETél. 04 90 62 90 00 – Fax 04 90 62 90 00e-mail : [email protected]

Côtes-du-RhôneCôtes-du-VentouxBeaumes-de-Venise

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Chères lectrices, chers lec-teurs. Les abonnements

ont un succès fou! Dans lasemaine qui a suivi la diffu-sion du n°3, ce sont desdizaines de demandes quisont parvenues au journal.Aujourd’hui, trois mois après,42 abonnés ont reçul’Escoubo directement à leurdomicile. Même des lecteursfaisant partie de la zone dediffusion ont souhaité s’abon-ner. De ce fait, l’Escoubodépasse ses limites géogra-phiques de diffusion puisquele village le plus au nord setrouve en Ardèche près deTournon, le plus au suddevient Saint-Rémy-de-Pro-vence, à l’est Buis-les-Bar-ronnies et à l’ouest Alès. Millemercis pour votre confianceet votre fidélité.

l’Escoubo continue à sedévelopper: toujours un peuplus d’actualité, mais surtoutl’arrivée d’une bande dessi-née qui nous emmènera augré des numéros dans lemonde de « Scoubo » Unpetit balai qui nous faitconnaître sa famille et quicôtoie tout un environne-ment dédié au ménage de lamaison. Nous devons ces per-sonnages à deux jeunes dessi-nateurs annéciens qui signent

sous le pseudonyme de« Caij ». Leur talent n’est pasà faire dans le domaine dudessin et nous espérons quel’Escoubo soit pour eux,comme pour tous ceux dontparle le journal, un bon trem-plin afin de se faire connaître.Nous retrouverons régulière-ment tous les personnages decette BD dans des scènes de lavie quotidienne, au gré del’actualité, arrangées à lasauce Caij.

Je ne peux m’empêcher devous signaler que le reporta-ge sur notre ami Joël, maîtrecirier, est une exclusivité puis-qu’il est le seul artisan enFrance à pratiquer ce métier(source: Chambre de Métiers)et l’Escoubo est le premierjournal à en parler.

Un grand merci à Léonie deGoudargues qui nous adonné la signification de rata-naï : un rat d’eau.

Encore une fois de plus, lesannonceurs nous font confi-ance et nous les en remer-cions. Grâce à eux, le numéro5 qui paraîtra début novem-bre 2003 passera à 16 pages etsera tiré à 6000 exemplaires.Bonne lecture, bonnes vacan-ces, bonne rentrée et bonnesvendanges.

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ÉDITORIALYves Furic

Mais qu’est-ce que c’est?

La langue au chat Avant de regarder trop vitela réponse figurant en page11, sachez que cet objet estutile afin que «la chaleur nesoit pas trop sèche».

� Voici l’objet qu’il s’agit de nommer.

Bien avant l’Escoubo

Àentendre ce qui se dit, ona l’impression que la pres-

se à bon marché ayantrecours à la publicité commemoyen de financement vientde naître. Et pourtant, le pre-mier journaliste français àavoir lancé ce type de presseest né en 1806 à Paris. Il senomme Émile de Girardin.Dès 1830 il fait parler de lui.On note que Balzac entredans le cercle de ce mania dela presse en collaborant à denombreuses publications touten se livrant à toutes les exu-bérances de la vie mondainede l’époque. C’est en 1836qu’il crée le journal La Pressedans lequel il introduit enplus des « réclames », desromans feuilletons. C’est unevéritable révolution.

Ce grand patron se voitexpulsé après le coup d’Étatdu 2 décembre 1851, maisrevient en France au bout dedeux mois et achète en 1866,La Liberté, journal défenseurde l’Empire libéral. Il soutienten 1872 la politique de Thiersdans Le Moniteur universel etLe Petit Journal. En 1874, ilachète le journal La France et

y mène une violente cam-pagne contre Mac-Mahon etBroglie en attaquant l’ordremoral. Il rallie le camp desrépublicains en 1877.

Opportuniste politique, ilmeurt à Paris en 1881 laissantl’image d’un remarquablehomme d’affaires.

Émile de Girardin est géné-ralement regardé comme lefondateur de la presse moder-ne et promoteur du journal àprix modique.

Émile de Girardin.(Peinture de Carolus Duran, musée de Lille.)

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Suite de la page 1.

Quand Joël saute de joie lejour où il vient de réussir sonBEP de comptable, il ne saitpas encore que ce métier n’estpas fait pour lui. Certes, il seracomptable, mais juste un an.Joël n’est pas le genre de per-sonnage à rester enfermédans un bureau toute la sain-te journée: « J’ai tout de suitedémissionné! »

Il décide d’être sur la routeen plein air et se lance dans laprofession de commercial enmatériel d’incendie. Mais lànon plus les jeux ne sont pasfait. Certes, il gagne bien savie, mais il doit travaillerbeaucoup trop d’heures et ilne voit plus sa famille. Ça nonplus, Joël ne peut le tolérer:« J’ai tout de suite démission-né! »

Alors il se sédentarise etdevient responsable de fabri-cation dans une usine chi-mique. Certes c’est un travailintéressant, bien rémunéré,mais les produits qui sortentde la fabrication sont des pro-duits trop standards: « J’aitout de suite démissionné! »

Non! Ce que veut Joël, c’estcréer, imaginer, améliorer,transformer, embellir… Ehoui! chers lecteurs et chèreslectrices, vous l’avez biencompris, Joël est un artiste.

À cela, ajoutons une pointede tendresse et un brin depapa-poule : « Quand Briceest né, je n’avais qu’une envie,être près de lui à la maison. »

Le problème est grand. Ildoit trouver un métier qui luiplaît tout en restant chez lui.Qu’à cela ne tienne, il a sonidée. Dans l’entreprise qu’ilvient de quitter, on fabrique,entre autres produits, de lacire. Joël se souvient dequelques rudiments de baseet certain que la vrai cired’abeilles n’est pas encoredevenue une légende il déci-de de devenir un fabricant decires de sa création pour unemultitude d’applications engardant pour base la vraiecire d’abeilles ou la cire végé-tale.

Après un parcours du com-battant dans le dédale de l’ad-ministration, il se déclare en1997: « Joël artisan cirier ».

Au début, ce n’est pas foli-chon, il démarche les anti-quaires, les ébénistes, lessociétés de traitements dessols et petit à petit, le bouche-à-oreille fonctionnant, desclients achètent ses fabrica-tions. Mais n’allons trop vite,car Joël m’invite à lerejoindre dans « la cuisine del’enchanteur » où, me dit-il,les abeilles lui parlent !Effectivement, lorsque pourla fabrication de bonnes cirespour les antiquaires, il faitfondre les blocs de cired’abeilles dans le chaudron,toutes les abeilles du coinsont attirées et elles enton-nent dans un long bourdon-nement un chant que seulJoël en comprend la significa-tion. Son atelier, c’est lui quil’a entièrement construit.Dans un angle, se trouve unegrosse marmite où les mix-tures sont mélangées à lamain avec une cuillère géan-te. Devant la fenêtre, deux

chaudrons fument et disper-sent dans la pièce une bonneodeur de meuble ciré. Tout enme précisant qu’il fabrique

ses produits à la demande,Joël remplit d’eau de source(excusez du peu) une vieille

bassine noircie et la porte àébullition. Il verse alors despaillettes de cire végétale car,m’indique-t-il, tous les végé-taux contiennent de la cire etd’ailleurs on n’en trouve pas

mal dans la peau d’orange.Cette petite diversion détour-ne mon regard quand en vou-lant de nouveau le question-ner, je le surprends, un vieuxgrimoire à la main, entrain delire quelque secret de fabrica-tion : « Dans ce livre, j’aimême trouvé la formule dunoir à calèche et du vernispour les cravaches. »

UN PALAISDES MILLE ET UNE NUITS

BRILLEGRÂCE À LUI

On discute, on discute, maisl’eau boue dans la marmite,les copeaux de cire végétaleont fondu, les petites dosesde ses poudres magiques ontété incorporées comme: lejus de brillance, l’éclat desoleil, la douceur des mains…Là je crois que Joël ne medonne pas les vrais noms.Enfin il finit par saupoudrerde quelques paillettes desavon de Marseille et la mix-ture prenant une couleurcaramel se transforme com-me par magie en une ciredont les pouvoirs brillants,lustrants et odorants sontune pure merveille. Quand jevous dis que Joël est un artis-te, un enchanteur, il est aussiun peu un cuisinier. Toutd’abord, parce qu’il prépareses mixtures comme ungrand chef de cuisine, maisaussi, quand il conditionne le

produit fini. En effet, ce sontdes pots comme des pots deconfiture qui reçoivent les dif-férentes cires. Recouvertsd’une belle étiquette à l’an-cienne, le résultat du travail

REPORTAGEJoël Huguet, maître cirier

Tout ce qui brille n’est pas d’or

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de l’artisan est presque déco-ratif. Joël m’a précisé que cer-taines de ses fabrications par-taient loin: Chine, États-Unis,Bulgarie… Il a même ajouté

Les encaustiques naturels de JoëlHuguet, fabriqués comme autre-fois, font partie de cette famillede produits de haute qualité quiont toujours été ce qu’il y a demieux pour l’entretien des bois,des cuirs, des marbres, etc.

que de la cire de sa fabrica-tion faisait briller les parquetsd’un palais des mille et unenuits d’un émir koweïtien.Joël est comblé. Il travailledans sa maison, il est papa detrois garçons, Brice qui estdéjà grand, Robin arrivé en1999 et enfin Gautier qui apointé son petit nez en 2001.Près de sa femme et de sesenfants, il ne demandait quecela. En tout cas, Joël Huguet,maître cirier, enchanteur desbois, des marbres, des murs,des cuirs et des sols a quelquechose au-dessus de lui qui leprotège lui et sa famille, c’estune étoile… Une étoile quigrâce à ses bons produitsbrille et brillera encore long-temps.

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Yves Furic

Le centre de documentation provençale Parlaren

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taines de revues des paysd’Oc, quelque 70 000 cou-pures de presses et papiersdivers classés par thèmes,150 disques de chants et demusique, plus de 300 cas-settes d’enregistrements ori-ginaux et des centainesd’adresses d’écrivains, dechanteurs, de troupes dethéâtre et de groupes folklo-riques. Tous ces documentsont pour unique sujet : laProvence. Ils traitent d’his-toire, d’agriculture, de tradi-tions, d’industrie et aussi desociologie, de littérature, desciences et d’art.

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Les aventures de Scoubo

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Voici une recette trèssimple: on rassemble une

vingtaine de copines et de

copains, on s’aperçoit queparfois la nature est injuste eten oublie certains, alors on sebouge. Cette recette a étéconcoctée par une bande de

jeunes qui méritent déjà uneplace au paradis des bons.

Oui! Leur souhait est de

donner « un petit coin de cielbleu » à d’autres jeunes,comme eux, mais que la na-ture à moins gâtés. Plusieursjeunes lycéens, pour la plu-

part, ont créé l’association« Les-chtis-les-arts » qui avu le jour le 26 janvier 2002,afin de collecter des fonds uti-lisés à rendre un quotidienmoins difficile à vivre. Pourcela ils mettent en scène desspectacles. Dès la premièrereprésentation et après untravail d’un an et demi, c’estun énorme succès: « Nos espé-rances ont été comblées! » Deplus, la commune dePierrelatte joue le jeu en prê-tant les salles de répétition etde spectacle et en inscrivantle spectacle aux « Estivales ».

Un premier don de 1450 € aété remis à l’association« Arc-en-ciel XXI » (enfantsatteints de trisomie 21). Cettesomme servira à acheter desmachines à coudre pour cesenfants trisomiques afinqu’ils s’initient à la confectionavec l’aide de couturièresbénévoles. Et la pugnacité au

sein de cette bande de jeunesn’est pas un vain mot puis-qu’ils continuent de plusbelle avec d’autres spectacles:un spectacle à La Pastourellede Pierrelatte, pour les don-neurs de sang à Lapalud et lespapillons blancs. « Nous vou-lons continuer notre actionpour recueillir encore plus dedons toujours dans l’optiquede les reverser à des associa-tions choisies par les mem-bres des Chtis-les-arts et s’oc-cupant d’enfants présentantune déficience physiqueet/ou mentale. »

Prochain spectacle le samedi9 août. Notez que l’associa-tion recrute des bénévolesacteurs et bienfaiteurs.

Contact: 04 75 04 20 44Association Les-chtis-les-arts31, boulevard Molière26700 Pierrelatte

Solidarité et engagement n’ont pas d’âge

Des rouages bien huilésau théâtre Jean-Thomas

cœur et le geste salutaire dunouveau propriétaire ne doitpas rester dans l’ombre. JeanConstantin prend sa plume etécrit une pièce en l’honneurde Gérard Bertaud: L’élixir demaître Tobert.Une récompense que Gérardn’est pas prêt d’oublier.

YF

Après les 50 représenta-tions Le bon vin réjouit le

cœur de l’homme, JeanConstantin a voulu une nou-velle fois parler d’une spécia-

Il y a parfois des événe-ments qui font que l’avenir

d’un lieu devient source d’ins-piration. C’est ce qui est arrivéau théâtre Jean-Thomas deVilleneuve-lez-Avignon.

Figurez-vous que depuisdeux ans, l’ensemble des bâti-ments était en vente.Imaginez le désarroi de latroupe qui se demandait biende quel bois elle allait sechauffer. C’est à ce moment-làque Gérard Bertaud, le pro-priétaire du moulin à huiled’olive qui jouxte le théâtre,propose de racheter leslocaux. Que va devenir lethéâtre, un hangar, une re-mise ou des appartements?C’était sans compter sur lapassion de Gérard Bertaud.Cet artisan moulinier ville-neuvois est un amoureux duthéâtre et devenir le proprié-taire d’un tel établissementétait, pour lui, le rêve quidevenait réalité. La troupepeut de nouveau jouer surcette scène mythique de larégion. Seulement, commetout le monde le sait, lescomédiens sont des gens de

lité bien de chez nous, en l’oc-currence la fabrication del’huile d’olive, et faire ainsi unclin d’œil au nouveau pro-

priétaire des lieux. L’action sedéroule dans un village, enplein cœur de la Provence.Lieu paisible où rien nesemble vouloir troubler ladouce quiétude de la vie. Levillage a pour activité princi-pale, la culture des olives et lafabrication de l’huile dans leseul moulin existant tenu parmaître Tobert. L’arrivée d’unjeune « étranger » habitantLa Garenne-Colombes va bou-leverser les habitudes et lesmentalités du village.D’autant plus que ce nouveau

venu désire acheter le moulinen ayant pour objectif lavente des produits en hyper-marchés. Mais, ce projet varévolutionner le village toutentier soulevant ainsi devieilles rancœurs et faire lalumière sur… Mais poursavoir la suite, mieux vautaller voir cette pièce régio-nale en cinq tableaux, miseen scène par Michel Paume,qui apporte une fraîcheur etdes situations drôles etcocasses dans lesquelles lesacteurs excellent par leurtalent.

Bruno Genet.

Contact:Théâtre Jean ThomasTéléphone: 04 90 15 03 01Attaché de presse:04 90 70 72 44

Gérard Bertaud entouré des acteurs.

Parfois les anges n’arrangent rien.

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La dernière course automobile d’Émile Levassor

Lapalud rassemble la passion

En 1872, après le décès dePérin, son camarade de

l’École Centrale, René Pan-hard, demande à Émile de

s’associer avec lui. Épaulé parla veuve Sarazin qu’il épousaen 1890, Émile Levassor,génial et entêté, ne cesse detravailler. Il dépose des bre-vets. Mais de la création à lafabrication et des essais à lacourse automobile, il n’y aqu’un pas. C’est en 1893 qu’unrèglement de « concours devoitures sans chevaux »paraît sur Le Petit Journal.L’itinéraire du premier vientd’être annoncé, ce sera Paris-Rouen (126 km) 102 véhiculesy participent dont 4 Panhardet Levassor. Finalement, 19voitures prennent le départ àNeuilly. Le jury donne le pre-mier prix ex æquo à Panhardet Levassor et à Peugeot. Uncomité de constructeurs déci-de d’une nouvelle épreuve:Paris-Bordeaux-Paris. 19 véhi-cules sont au départ etLevassor dans le peloton detête se cale à la vitesse de 22km/h. Il passe en tête sur lan°5 à Tours et atteintBordeaux à 10h30 du matin.Levassor refuse de quitter savoiture et après un petitcasse-croûte, il repart et croi-se sur sa route le deuxième,une Peugeot. Au relais, il refu-se de laisser sa voiture et déci-de: je ramène la voiture àParis ! » À 52 ans, ÉmileLevassor et Hostingue, sonmécanicien, atteignent laporte Maillot le lendemain

matin. En 48h47 min, Levas-sor gagne la première vraiecourse automobile du mondesur une voiture française. Les

retombées commerciales sontinespérées. La vitesse de lavoiture engagée sur la courseParis-Marseille-Paris, dépasseles 48 km/h. Levassor etHostingue roulent à 40 km/hnous sommes le mercredi 24septembre 1896 et il fait untemps épouvantable. La pluieet le vent rendent le déroule-ment de la compétition trèsdifficile. À l’entrée du villagede Lapalud, sur la Nationale 7,un chien errant traverse lachaussée, Émile Levassorbraque brusquement afind’éviter l’animal et termine sacourse dans le fossé. Les deuxoccupants sont éjectés.Hostingue n’a que quelquescontusions alors que Levassorsouffre d’une importantecommotion. Hostingue leconduit à Avignon et doitcontinuer seul la course, lamort dans l’âme. Il arrive àParis en troisième place à lavitesse moyenne de 24 km/h.Les commandes affluent etÉmile Levassor se remet autravail. Exténué, affaibli, ter-rassé par une embolie et s’ef-fondre sur sa table de travaille 14 avril 1897 alors qu’il étaitoccupé à dessiner le pland’un embrayage magnétiqueil meurt dans les bras de sonbeau-fils Henri Sarazin.

Yves Furic(documents fournis par Jean Favarel,président du club Panhard-Levassor).

Une course automobile sur le circuit des Ardennes.Le public fête l’arrivée du vainqueur, Hearth, sur sa Panhard-Levassor.

périple de 56 km en passantpar de nombreux villages duVaucluse. Cette matinée sui-vie d’un repas champêtredans le village fut le débutd’une journée dédiée à l’auto-mobile avec dans l’après-midiun concours d’élégance tou-jours apprécié. Les véhiculesexposés ont fait la joie de cha-cun faisant ressortir chez cer-tains quelque nostalgie dutemps passé. En ce quiconcerne les plus jeunes, ilsont pu se faire une idée desavancées techniques de cesvéhicules d’époque à nosjours.

Dimanche 22 juin 2003, lacommune de Lapalud a com-mémoré l’événement racontédans notre article historiquesur l’accident d’Émile Levas-sor. Pour cela José Puertas,président du comité des fêtes,a invité le club rétro Panhard-Levassor. Son président JeanFavarel en présence de Jean-Pierre Lambertin, maire deLapalud, a déposé une gerbede fleurs devant la plaquecommémorative. La journéefut très animée, car, dès lematin, les véhicules rétrodont une bonne dizaine dePanhard sont partis pour un

Une comménoration afin de se souvenirde cet événement historique.

Même les poids lourds étaient de la fête.

L’alliance d’un terroir et d’un savoir-faire

Au cœur du très ancien vignoble des Côtes-du-Ventoux, lasélection rigoureuse des terroirs et des méthodes de vinifica-

tion alliant l’art ancestral aux techniques les plus sophistiquées,permettent aux vignerons de « La Courtoise » d’obtenir des vinsdans lesquels s’équilibrent élégance, souplesse et caractère.

Une région baignée de soleilet balayée par le mistral

Les Côtes-du-Ventoux, à la foislégers et nerveux, ont forgé leur

caractère grâce au mariage d’un cli-mat et d’une terre exceptionnels.

Nés des vignobles des versants sud du Ventoux et du pied desmonts de Vaucluse, au cœur d’un terroir de tradition viticole, lesvins de « La Courtoise » puisent leur force dans les dernièresrafales du mistral et leur parfum dans la douceur du soleil deProvence.

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Résumé. L’auteur est tombé amoureux d’un maset sur la plainede l’abbaye de Villeneuve-lez-Avignon. Souhaitant en faire l’ac-quisition, il se met en quête du propriétaire. Il rencontre deuxagriculteurs: Gagnac et Pilou qui après lui avoir raconté une his-toire (voir Le dernier voyage des Chartreux dans le n°1) lui don-nent le nom d’un possible propriétaire: le père Boutin. L’auteurest mal reçu (voir L’accent dans le n°2) et décide de retournerchez Pilou. Celui-ci lui raconte l’histoire d’un « pauvre » céliba-taire ayant vécu au village (voir Carcanne le riche dans le n°3).Toujours bredouille, l’auteur voit les mois passer.

bon la joie de vivre. À la ter-rasse du café où le patron adisposé quelques chaises, oncrie fort et on trinque. Lesverres s’entrechoquent etd’un bout à l’autre de la ter-rasse on s’interpelle à grandsrenforts de franches rigo-lades. Il y a tellement d’agita-tion que l’on n’entend mêmeplus le clapotis de la fontaine.

Derrière celle-ci, un peu éloi-gné des autres étals, un jeunemarchand a disposé sur uncharreton quelques bouquetsd’herbes de Provence, unecagette de belles tomates etun tas de salades encore plusfraîches que celles du grandmaraîcher. Devant ce potagerroulant, il ne vient pas d’ache-teur. Sauf à dix heures oùrégulièrement depuis plu-sieurs semaines une clienteapparaît. C’est une jolie petitedame, bien mise pour la cir-constance, sans doute trèsâgée, toujours polie et qui enprime, rehausse son visaged’un sourire timide qui sentbon l’honnêteté.« Une livre de tomate s’il vousplaît monsieur.Et le petit marchand lui sertune bonne livre de tomate.– Une salade s’il vous plaîtmonsieur. »Et le jeune commerçant luisert une magnifique saladebien craquante avec un cœur

dodu et jaune. Puis, pour laremercier de sa fidélité, aprèsavoir recueilli les quelquespièces dans la paume de samain, il dépose dans le panierde la vieille dame, un bou-quet de persil bien plus four-

ni que le plus beau bouquetde roses du fleuriste.

Dès que sa cliente disparaîtdans la ruelle, le petit mar-chand range son étal sansmême attendre d’autresclients. Il remonte vers le châ-teau en poussant son charre-ton, disparaît au coin dugrand mur et plus personnene le revoit jusqu’à la semainesuivante. Plusieurs annéespassent et comme d’habitu-de, les jours de marché, lapetite vieille vient cherchersa salade, ses tomates etrepart avec en plus dans sonpanier son bouquet de persilplus joli que tous les bou-quets de roses.

Or, un de ces matins où le mis-tral n’a pas eu le temps denettoyer le ciel, un de cesmatins où la pluie tombe tel-lement drue que les commer-çants même habitués n’osentpas déballer leur échoppe ;seul, le petit marchand est àsa place et attend la petitedame. Les clients du café sesont rassemblés derrière lavitrine un verre à la main etse demandent bien qui, detous les villageois, va veniracheter une seule salade à cepauvre commerçant souscette pluie battante. Ils n’ontpas longtemps à attendre laréponse car juste au croise-ment de la grand’rue et de laplace, protégé par un para-pluie noir et un chaud man-teau de flanelle, un vieilhomme, légèrement courbésous le poids des années, s’ap-proche:« Bonjour monsieur! Pourrai-je avoir une livre de tomatess’il vous plaît? »– Bien sûr monsieur! Et peut-être qu’une belle salade…– Oui! s’il vous plaît… Mais,comment savez-vous que jedois prendre aussi une sala-de? »– Oh ! Vous savez n’ayantqu’une cliente, je me doutebien que vous devez être sonmari et donc je sais qu’enplus des tomates vous pren-drez une salade.– Ma femme est votre seulecliente? Eh bien! laissez-moivous dire que vous êtes, m’a-t-elle dit, quelqu’un de char-mant. Du fond de son lit d’hô-pital, elle a insisté pour que jevienne vous voir car elle

C’est le premier jour duprintemps et au village,

c’est jour de marché:– « Elle est belle, elle estbelle, elle est belle ma sala-de! » crie le maraîcher.– « Tout frais pêché de ce ma-tin, le beau rouget de Méditer-ranée » dit le poissonnier.Sans compter le charcutier

LE BOUQUET DE PERSILqui distribue des petits mor-ceaux de son pâté en croûtesorti du four la veille au soiret le boucher qui découpe debonnes grillades qui vontembaumer les rues et les jar-dins de cette gourmandeodeur de barbecue.

Ah pour ça! On peut direque la place du village sent

Les contes du masetpar Paul-Alice Clément

Les mois passent et je n’ai toujours pas le nom de ce

propriétaire. L’été est partiavec les cigales et a emportéavec lui les touristes et les fes-tivités. Villeneuve est redeve-nu un village calme. Il y abien eu les vendanges maisles coteaux de Tavel sont plusloin et les remorques char-gées de raisin ne passent pasdans le village. Les premièrespluies sont apparues, l’herbeet les arbres en ont profitépour reverdir encore quel-ques jours et le mistral, perfo-rant et sain à la fois, nousemmène gentiment auxabords de l’hiver.

Quelques jours avant Noël,ayant appris par son mariqu’elle avait été hospitalisée,je téléphone à madameGagnac afin de lui souhaiter

une prompte guérison et debonnes fêtes. Je ne l’ai jamaisvue, mais j’ai déjà entendu savoix au téléphone et rien qu’àl’entendre, je sens qu’elle doitêtre une brave femme d’unegrande sensibilité. Elle me ditqu’elle aimerait bien meconnaître, car son mari lui aparlé de mes écrits qu’ellesouhaiterait lire. Elle m’ap-prend que son amour de lalittérature vient de sonmétier. Eh oui ! madameGagnac était institutrice. Uneinstitutrice comme tous lesélèves du monde auraientaimé en avoir. Elle me parledes poèmes qu’elle écrivaitquand elle était plus jeune,mais aussi d’une belle histoi-re qu’elle avait vécue. Et c’estcette histoire, chers lecteursque je ne peux m’empêcherde vous conter.

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savait que malgré la pluievous seriez là à l’attendre.– Elle est à l’hôpital? Maisqu’a-t-elle donc, est-ce grave?– Vous êtes gentil de vousinquiéter de sa santé. Oui!Elle est bien malade et j’aime-rai tant qu’elle reste encorelongtemps avec moi je l’aimetellement!

Et le petit vieux laisseéchapper une larme commeune petite perle, preuve invo-lontaire de la grandeur de sonamour.– Ne vous inquiétez pas! dit lejeune homme, je sais bienque ce ne sont pas des fleurs,mais mettez-lui ce bouquet de

persil dans un verre d’eau sursa table de nuit. »

Le petit vieux prend lebouquet, le dépose dans sonpanier et disparaît dans laruelle. Poussant son charre-ton, le marchand sans atten-dre un autre client part luiaussi.La semaine suivante, midivient de sonner au clocher del’église, le soleil est de retouret alors que tout le monderange (Suite page suivante.)

Prix départ cave : 6,25 eurosRenseignements et expéditions :

Cave Les Coteaux de Visan BP 22, 84820 VISAN

Téléphone 04 90 28 50 80, Fax 04 90 28 50 81e-mail : [email protected]

site : http: // www. coteaux-de-visan. fr

La cave «Les Coteaux de Visan»

Créée en 1897 par Ferdinand Delaye, cette cave hors du commun, bénéficie d’un terroir exceptionnel, des

coteaux argilo-calcaires caillouteux exposés plein sud. Lesvignerons visanais ont su perpétuer la tradition de la quali-té et mettent tout en œuvre pour obtenir des cuvées d’ex-ception.

Caveau ouvert 7 j/7

Programme d’août :

Mercredis matin de 9h à 12 h :découverte pédestre du vignoble suiviede la visite de la cave de vieillissement etd’une dégustation (adultes : 4 euros, enfants : 2 euros).

Samedis matin de 9h à 11 h : initiation à la dégustation et visite de lacave de vieillissement (adultes : 4 euros, enfants : 2 euros).

Offre spéciale découverte

Symbole de l’éternel féminin, cette cuvée élue par un jury de dégusta-trices sous la présidence d’Isabelle Forêt, est spécialement adaptéeaux goûts des femmes.

Il s’agit d’un Côtes du Rhône village Visan rouge 2002, élaborépar la Cave Les Coteaux de Visan, à partir de cépages nobles(80 % Grenache, 15 % Syrah et 5 % Mourvèdre) issus de vieillesvignes sélectionnées vendangées à la main.

La cuvée Femmes présente un profil double, nez flatteur, fruitémais aussi du caractère, de la matière, de la puissance et une bellelongueur ainsi que de la fraîcheur en finale, elle nous apporte unplaisir immédiat mais c’est aussi un vin de garde.Femmes sera également appréciée par les hommes qui désirent péné-trer dans l’univers gustatif féminin, une façon de mieux comprendreles femmes et d’apprécier leurs différences.

Nouvelle cuvée

Femmes

Le vin au fémininfinale, ellenous appor-te un plaisiri m m é d i a tmais c’estaussi un vinde garde.Cette cuvéeféminine aété baptisée« Femmes »et donneranaissance à une étiquette sym-bolisant l’éternel féminin.

Isabelle Forêt et BrigitteLeloup, présidente de l’associa-tion des Sommeliers, ont donnédes explications quant aux diffé-rences d’appréciation entre leshommes et les femmes en ma-tière de dégustation: le nez fémi-nin fait appel à la mémoireolfactive, le palais féminindécouvre des subtilités ignoréespar les hommes, les femmesaiment les vins à la fois flatteurset virils, de la finesse, de la déli-catesse mais aussi du caractère etde la longueur en bouche. Àrajouter à cela que le vin, bu

modérément, est le meilleur desantidépresseurs, fortifiant etantioxydant; en résumé, il estaussi bon pour la peau que pourle moral. De l’Extrême-Orient àl’Occident, les femmes consom-ment le vin pour ses vertus thé-rapeutiques comme au Japon oùles femmes le dégustent à laplace d’une tisane ou comme enAmérique où les femmes l’ap-précient en tant qu’apéritif.Louis Aragon a dit « La femmeest l’avenir de l’homme »; le vinquant à lui sera sûrement l’ave-nir de la femme.

Christiane Théodosiou

Un lieu unique où l’on cultive l’exception

Le 31 mai, à la cave « LesCoteaux de Visan », la fêtede la vigne et du vin bat-

tait son plein. Un jury fémininprésidé par Isabelle Forêt,auteur du « guide du vin auféminin » a élu une nouvellecuvée spécialement adaptée auxgoûts des femmes, cette cuvéeprésente un profil très flatteur:nez fruité, beaucoup de caractè-re, de la matière, de la puissanceet belle longueur et fraîcheur en

Au féminin, le vin donne un moral à toute épreuve.

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déjà son étalage, derrière lafontaine, seul le jeunehomme attend. Ses voisinspleins de moqueries luidisent:« Cette fois tu vas être enretard! »

Mais les chamailleries s’ar-rêtent nettes quand, au coinde la grand’rue, apparaissent,bras dessus bras dessous, lavieille dame et son mari.« Bonjour jeune homme! Jevous remercie pour le bou-quet de persil, il m’a sauvé lavie! – Ah! Ce n’est rien, tenez, jevous ai préparé vos tomateset votre salade.– Merci beaucoup! dit le petitvieux, tenez pour votre gen-tillesse et pour votre aidemiraculeuse, nous vous avonsapporté une bouteille de bonvin ; quand vous le boirezvous penserez à nous.Et le petit marchand lui aussice jour-là, verse une larme:– Merci! Vous êtes vraimentgentils et cela me fait plaisirde vous voir heureux. »

Une autre semaine vient depasser. Hardis et en parfaitesanté, dès la première heure,les deux amoureux arriventsur la place. Ils cherchent envain le petit marchand.Affolés par la simple idéequ’il ait pu lui arriver quelquechose, ils demandent à l’un

puis à l’autre si par hasard onne l’a pas aperçu ce jour-là. Ilsrestent même un bon mo-ment à la terrasse du cafécroyant à un éventuel retard.Quand ils repartent, leurpanier est vide et leur cœurserré.Le lendemain, la petite dameun arrosoir d’eau à la mainouvre les portes de son bal-con, quand soudain:« Viens vite! Viens voir! »Son mari affolé, appuyé sur sacanne, arrive rapidement. Ilprend sa femme par la main:– Qu’est-ce que tu as? Tu n’espas bien? Tu veux que j’ap-pelle le docteur?– Non! Regarde! »Dans la jardinière, là où rienn’a jamais poussé, scintillantde gouttes de rosées et d’unvert éclatant, trône une belletouffe de persil… plus belleque tous les bouquets deroses. La petite dame croise leregard de son mari :– Il est encore avec nous, çame rassure! »

Aujourd’hui, en me rappelantsa voix émue, je pense quemadame Gagnac a bien étél’héroïne de cette histoire etdepuis, quand je cueille unpeu de persil dans mon jar-din, je le regarde diffé-remment.

Dans le prochain numéro,la suite des contes du maset.

Cave SAINT-MARCde Caromb

«fil de vie»la cuvée du cœur

Un joli titre et unjoli nom pour cetteaction menée, pourla deuxième annéeconsécutive, en col-laboration avec l’hô-pital Henri-Duffaudd’Avignon, l’impri-merie Barthélémyet la ville d’Avignon.2000 bouteilles, d’unecuvée spéciale « filde vie », sont ven-dues au profit desenfants hospitali-sés. Les bouteillessont à la dispositiondes clients, en per-manence, à la caveSaint-Marc. Ces som-mes recueillies ser-

viront à l’achat dejouets et de maté-riels informatiques.C’est à travers cegenre d’initiativesque bien souvent,en dehors de l’ac-tion des grandsmédias, la solidaritéet le cœur parlent.Même si le vin futlongtemps perçupar nos ancêtrescomme un médica-ment et même sipeu de ses vertusont pu être prou-vées scientifique-ment, il n’en est pasmoins aujourd’hui,source de solidarité.

VISITE AU MUSÉE DES FOSSILES

Quand vous venez déguster les vins de la cave Saint-Marc de Caromb, vous ne pouvez repartir sans avoir visi-

té le musée des fossiles. Cette donation de Jean Gras deCaromb est en fait la collec-tion de son fils Patrice, décédéen 1979. C’est en travaillant laterre comme le font tous lesagriculteurs que Patrice ras-semble des fossiles d’oursinset de gastéropodes. Puis augré des découvertes, la collec-

tion s’étoffe pour devenir aujourd’hui une source intarissablepour les passionnés et les chercheurs. C’est au fond du caveaude dégustation qu’en descendant quelques marches voustrouverez ces trésors des tempsanciens. Dans cet endroit fraiset mystérieux, sous le musée del’outillage agricole, les piècessont ainsi mises en valeur.Histoire et culture, voilà deuxcritères qui caractérisent aussiun bon vin. Smerdis, 70 000 000 d’années.

CAVE SAINT-MARC84330 CAROMB

Tél. 04 90 62 40 24, Fax 04 90 62 48 83Internet: cave-st-marc.come-mail : [email protected]

Heures d’ouverture:• Du lundi au samedi:

de 8 h à 12h et de 14 h à 18 h• Dimanche et jour de fête:

de 9h à 12 h et de 15 h à 18 h

La parole est aux fleurs

On se répète quand on ditque toutes les femmes et

ceci depuis la nuit des temps,aiment les fleurs. Dans la

nature, comme les coqueli-cots dans les champs de blé,coupées en bouquet dans ungrand vase, offerte seule

comme une rose, témoignantune passion amoureuse, etc.Mais savez-vous que cesreines de beauté ont un lan-gage ? Comme nous vousl’avons indiqué dansL’Escoubo n°3: la liste estlongue et voici d’autres inter-prétations du langage floral.Attention à l’anémone quiannonce un amour fragilealors que la capucine vouslancera dans une passionardente. Vous voulez conqué-rir un cœur alors usez d’unepleine brassée de glaïeuls,mais si vous voulez prouvervotre fidélité offrez-lui unejacinthe. Le muguet estpassé c’était le retour du bon-heur et dans quelquessemaines, à la floraison dutournesol, vous lui direz: « jene vois que vous! »

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• TrimestrielNuméro 4, août 2003

• Directeur de la publication,rédacteur en chef,publicités: Yves Furice-mail : [email protected]éléphone : 04 90 51 98 66Fax : 04 90 11 98 84

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Dépôt légal :juillet 2003

ISSN: en cours

Tirage: 5000 exemplaires

Conformément aux lois et règlements en vigueur,l’annonceur est seul responsabledu contenu de ses annonces publicitaires.

Le caractère typographique utilisé pour le corps de texte et les titres de ce journal est Le Monde Courrier, créé en 1999par Jean-François Porchez.

Le parler que j’aime,c’est un parler simple et naïf,

tel sur le papier qu’à la bouche.

Je parle au papiercomme je parle

au premier que je rencontre.

Michel de Montaigne(1533 - 1592)

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L’ESCOUBOLa vie des gens au cœur de notre terroir

Les mots croisés de Jeannine PoirierA B C D E F G H I J

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Horizontalement1 Émissaires militaires.2 Il a mis sa fille à l’écran.3 Vieille ville, en courant, s’amuse.4 Dansante.5 Elle accompagne.6 Avant la spécialité, anonyme, pronom.7 Caché, passe à Vendôme.8 De la mère.9 Brame à l’envers, sur la rose, symbole de bois.10 Trimer, Prénom.

VerticalementA Petits filets.B Fiable, élima, posséda.C Titane, à moitié dans la gamme,

pas obligatoirement limpide.D Sur la pellicule, distingue.E Sa chair est estimée, en matière de.F Résidu organique, une gorge en fait le tour.

Réponse:Mais qu’est-ce que c’est?

Les pensées de Laurent SantiLe coin dutypographeMettre un accent c’est capital« On ne met pas d’accentsur les majuscules » fait par-tie de ces idées reçues qui ontla vie dure et qui n’ont plus deraison d’être, un peu comme« On ne coupe pas la saladedans son assiette ».Ne pas couper la salade dansson assiette vient de l’époqueoù, l’acier inoxydable n’étantpas encore inventé, levinaigre de la sauce noircis-sait les lames de couteaux.Pour éviter cet inconvénient ménager, on érigea cette règle de « bonne conduite » Aujourd’hui,si cette règle a perdu sa raison d’être depuis l’apparition des couteaux inox, cette idée reçue restequand même dans la tête des gens car, entre-temps, elle est devenue synonyme d’être « bien oumal élevé ». En typographie française, et depuis le courant du XVIe siècle, on met les accents surles bas de casse et sur les capitales pour traduire les subtilités de la prononciation et éviter lescontresens. Yves Perrousseaux

G Lettres de motivation, langue romane.H Planète, indéfini.I Un des cinq grands américains, au-dessus du la,

début de sieste.J Hardiesse.

Cet objet est un humidificateur pour four à pain.Effectivement, lorsque le four a atteint la bonne tem-pérature, la chaleur dégagée est trop sèche et le painn’aurait pas sa belle croûte brillante. Elle seraitépaisse et terne, elle pourrait même craquer, etpuisqu’on est en Provence exagérons un peu, ellepourrait exploser. Sa mie serait moins tendre, terne,bref ! il ne serait pas délicieux. Par contre, en réglantle débit de ce petit réservoir à eau, juste avant d’en-fourner, l’intérieur du four se sature en humidité enmilliard de particules d’eau qui viendront dorer lacroûte, assouplir la mie et ainsi donner au pain ungoût succulent qui craquera certes ! mais sous vosdents.

À la ferme.Les lapins se maquillent : ils mettent du rouge-à-lièvres.Quand deux palmipèdes se disputent, c’est un conflit de canards.Quand une vache joue au ping-pong, elle joue au tennis d’étable.

LassitudeQuand j’allume ma télé à l’heure du journal pour voir comment seporte notre planète, j’y trouve une « star » de l’info qui me raconte:les guerres, les bavures, les voitures qui brûlent, les jeunes paumés,les viols, le désespoir et la haine ordinaires de ceux qui ne veulentrien donner d’autre. Il y a des jours comme ça où l’on a envie deprendre son amoureuse par la main et de l’emmener loin, loin, loin,là où les champs de mines n’ont pas encore remplacé les champs defleurs et là où l’on ne sera pas éclaboussé par les pluies de bombeset pourquoi pas de lui faire un enfant pour qu’enfin la folie cesse.