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J ai entendu prononcer le nom de Suzuki pour la première fois en 1990, à l’occasion d’un article magnifique signé Frédéric Sabouraud dans les Cahiers du Cinéma. L’auteur offrait un compte-rendu détaillé de la première grande rétrospective consacrée à ce cinéaste, au festival de Rotterdam. À cette époque, le cinéma de genre asiatique se résumait pour la majorité des cinéphiles aux productions de Hong- Kong signées Chang Cheh, Tsui Hark ou King Hu. Et au Japon, les films de « grands monstres » d’Inoshiro Honda (Godzilla, Mothra…) étaient la partie émergente du somptueux iceberg du film de genre japonais. Il aura fallu l’entêtement de cinéastes cinéphiles comme Christophe Gans pour révéler au grand public l’exis- tence de chefs-d’œuvre absolus qui co-existaient depuis toujours avec les films de Mizoguchi, Naruse, Ozu et Kurosawa. Seijun Suzuki appartient à un âge d’or du cinéma nippon, qui révélera, entre autres, des maîtres in- contestés tels Hideo Gosha (Goyokin), Tai Kato (La pivoine rouge) et Kenji Misumi (auteur des premiers Baby Cart) ou Kinji Fukasaku. Seijun Suzuki a suivi le parcours classique des cinéastes de studio japonais. Longtemps assistant, il devient ensuite réalisateur et se lance dans la fabrication « en série » de films policiers ou de drames histo- riques. En suivant scrupuleusement les règles de la progression hiérar- chique au sein du studio de la Nikkatsu jusqu’en 1967, Suzuki aurait pu donner l’illusion à ses supérieurs qu’il était déjà rentré dans le rang, mais une fois devenu metteur en scène « officiel », Seijun Suzuki s’entêta à bafouer l’une après l’autre les règles coercitives du cinéma de genre. À partir de 1963, grâce au soutien de collaborateurs artistiques fidèles (comme l’acteur Joe Shishido, mais aussi le chef-opérateur Kazue Nagatsuka), Seijun Suzuki tourne un à deux films par an, avec une liberté de ton et une exigence formelle de tous les instants. Qui n’a jamais vu un film de Seijun Suzuki est d’une certaine façon privi- légié : on aurait du mal à résumer en quelques phrases le choc provoqué par la découverte de ses films. C’est un foisonnement de plans, de sons, de formes. De La jeunesse de la bête à La marque du tueur, c’est à chaque fois un éblouissement. Suzuki est un des rares cinéastes de sa trempe à pouvoir transformer un cliché ou une convention en quelque chose d’inédit et de presque expérimental. En ce sens, son travail est à rapprocher de celui d’un autre grand formaliste, Samuel Fuller, avec qui il partage le même sens de la provocation et du sensationnel. Dans « sensationnel », il y a « sensation » et Suzuki est passé maître dans l’art de faire d’un plan une expérience sensuelle unique, qui dépasse de loin le simple « effet de style ». Une goutte de sang sur une peau (La jeunesse de la bête), une rue déserte au crépuscule (La marque du tueur), une prostituée qui parle à la caméra sur un fond coloré (La bar- rière de la chair) : Suzuki est un poète, capable de créer de l’émotion avec du style, de produire du sens avec de la géométrie. Il poussera cette logique d’association libre, où l’image devient un pur geste de ciné- ma, dans son dernier film de studio La marque du tueur, en 1967. Cette œuvre unique valut à Suzuki son poste à la Nikkatsu, mais l’irrévérence et la drôlerie du film furent perçues par les jeunes cinéastes japonais comme un appel à la révolte. De tous les cinéastes japonais de genre de sa génération, Suzuki fut sans conteste le plus iconoclaste, le plus rebelle et le plus « culte ». Jim Jarmusch lui rend hommage dans Ghost Dog ; Tarentino n’a jamais caché son admiration pour lui. Sin City de Robert Rodriguez doit tout à La mar- que du tueur mais il n’en est qu’une redite, monotone et sadique. Cette rétrospective Suzuki à la Maison de la culture du Japon du 31 mai au 30 juin 2007 va de nouveau permettre à ce metteur en scène unique de re- trouver la place qu’il mérite. Politique, formaliste, impressionniste, Seijun Suzuki est un cinéaste « sen- sationnel », un vrai. n° 24 - Printemps, mai 2007 La lettre de la bibliothèque 1 © Takako Sueyoshi À propos de Seijun Suzuki… Nicolas Saada

Lettre de la bibliothèque n°24

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Lettre de la bibliothèque n°24

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Page 1: Lettre de la bibliothèque n°24

J’ai entendu prononcerle nom de Suzuki pourla première fois en1990, à l’occasion d’unarticle magnifique signéFrédéric Sabouraud

dans les Cahiers du Cinéma.L’auteur offrait un compte-rendudétaillé de la première granderétrospective consacrée à ce cinéaste,au festival de Rotterdam. À cetteépoque, le cinéma de genre asiatiquese résumait pour la majorité descinéphiles aux productions de Hong-Kong signées Chang Cheh, Tsui Harkou King Hu. Et au Japon, les films de« grands monstres » d’InoshiroHonda (Godzilla, Mothra…) étaientla partie émergente du somptueuxiceberg du film de genre japonais.

Il aura fallu l’entêtement de cinéastescinéphiles comme Christophe Ganspour révéler au grand public l’exis-tence de chefs-d’œuvre absolus quico-existaient depuis toujours avec lesfilms de Mizoguchi, Naruse, Ozu etKurosawa. Seijun Suzuki appartientà un âge d’or du cinéma nippon, quirévélera, entre autres, des maîtres in-contestés tels Hideo Gosha (Goyokin),Tai Kato (La pivoine rouge) et KenjiMisumi (auteur des premiers BabyCart) ou Kinji Fukasaku.

Seijun Suzuki a suivi le parcoursclassique des cinéastes de studiojaponais. Longtemps assistant, ildevient ensuite réalisateur et selance dans la fabrication « en série »de films policiers ou de drames histo-riques. En suivant scrupuleusementles règles de la progression hiérar-chique au sein du studio de laNikkatsu jusqu’en 1967, Suzuki

aurait pu donner l’illusion à sessupérieurs qu’il était déjà rentré dansle rang, mais une fois devenu metteuren scène « officiel », Seijun Suzukis’entêta à bafouer l’une après l’autreles règles coercitives du cinéma degenre. À partir de 1963, grâce ausoutien de collaborateurs artistiquesfidèles (comme l’acteur Joe Shishido,mais aussi le chef-opérateur KazueNagatsuka), Seijun Suzuki tourne unà deux films par an, avec une libertéde ton et une exigence formelle detous les instants.

Qui n’a jamais vu un film de SeijunSuzuki est d’une certaine façon privi-légié : on aurait du mal à résumer enquelques phrases le choc provoquépar la découverte de ses films. C’estun foisonnement de plans, de sons,de formes. De La jeunesse de la bêteà La marque du tueur, c’est à chaquefois un éblouissement. Suzuki est undes rares cinéastes de sa trempe àpouvoir transformer un cliché ouune convention en quelque chosed’inédit et de presque expérimental.En ce sens, son travail est à rapprocherde celui d’un autre grand formaliste,

Samuel Fuller, avec qui il partage lemême sens de la provocation et dusensationnel. Dans « sensationnel »,il y a « sensation » et Suzuki est passémaître dans l’art de faire d’un planune expérience sensuelle unique, quidépasse de loin le simple « effet destyle ». Une goutte de sang sur unepeau (La jeunesse de la bête), une ruedéserte au crépuscule (La marque dutueur), une prostituée qui parle à lacaméra sur un fond coloré (La bar-rière de la chair) : Suzuki est unpoète, capable de créer de l’émotionavec du style, de produire du sensavec de la géométrie. Il pousseracette logique d’association libre, oùl’image devient un pur geste de ciné-ma, dans son dernier film de studioLa marque du tueur, en 1967. Cetteœuvre unique valut à Suzuki sonposte à la Nikkatsu, mais l’irrévérenceet la drôlerie du film furent perçuespar les jeunes cinéastes japonaiscomme un appel à la révolte.

De tous les cinéastes japonais degenre de sa génération, Suzuki futsans conteste le plus iconoclaste, leplus rebelle et le plus « culte ». JimJarmusch lui rend hommage dansGhost Dog ; Tarentino n’a jamais cachéson admiration pour lui. Sin City deRobert Rodriguez doit tout à La mar-que du tueur mais il n’en est qu’uneredite, monotone et sadique. Cetterétrospective Suzuki à la Maison dela culture du Japon du 31 mai au 30juin 2007 va de nouveau permettre àce metteur en scène unique de re-trouver la place qu’il mérite.

Politique, formaliste, impressionniste,Seijun Suzuki est un cinéaste « sen-sationnel », un vrai. ■

n° 24 - Printemps, mai 2007

La lettre de la bibliothèque

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À propos de Seijun Suzuki…Nicolas Saada

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Littérature

HAYASHI FumikoLes yeux bruns Trad. de Corinne Atlan

Monaco : Éd. du Rocher, Série japonaise, 2007. 296p.

Après Nuages flottants paru en 2005 chez le mêmeéditeur, voici la traduction d’un autre roman de

Hayashi Fumiko, écrivain féminin majeur de lalittérature japonaise du XXe siècle.Couple sans enfants, Jûichi et MinekoNakagawa sont mariés depuis quatorze ans.

Mais au lendemain de la guerre, ils sedébattent dans les difficultés de la vie

quotidienne. Lui n’est qu’un employé subalternedans son entreprise et le couple est contraint deprendre des locataires. À la routine et au poids des ans s’ajoutent les récriminations de Mineko et la lassitude de Jûichi. Alors que le couple est sur le point de se défaire, Nakagawa s’éprend d’une collègue de bureau, jeune veuve qui incarne à ses yeux le raffinement et la promesse

d’une vie nouvelle…On retrouve dans ce roman — adapté en 1953

au cinéma par le réalisateur Naruse Mikiosous le titre L’épouse — toute l’acuité et

la lucidité dans l’observation des aléasdu cœur qui font la force de l’œuvre deHayashi Fumiko.

CollectifJeunesse : anthologie de nouvelles japonaises contemporaines, Tome 1Trad. par Jean-Jacques Tschudin etPascale Simon

Monaco : Éd. du Rocher, Série japonaise,2007. 283p.

La nouvelle occupe une place importantedans la production littéraire au Japon. Cetteanthologie regroupe dix textes de fiction

s’étalant de 1945 à nos jours. Le choix estguidé par un thème commun à toutes les

nouvelles : la jeunesse. Jeunesse d’un intellectuel de l’après-guerre dans Bizan du grand DazaiOsamu, ou jeunesse rebelle etdésaxée chez Ishihara Shintarô, cellede l’engagement pour le Prix NobelÔe Kenzaburô, ou encore, celle despremiers émois érotiques chezNakazawa Kei. Dans ce premier tomed’une anthologie thématique secôtoient des écrivains inconnus enFrance et des auteurs dont larenommée est indéniable.

MIURA AyakoAu col du mont ShiokariTrad. de Marie-Renée Noir

Arles : Éd. Philippe Picquier, 2007. 318p.

Roman important dans l’œuvre deMiura Ayako (1922-1999), Au coldu mont Shiokari a pour contextehistorique la restauration de Meijiet ses bouleversements sociaux,culturels et industriels, mais aussi,à une échelle plus petite, ledéveloppement de l’îleseptentrionale de Hokkaidô quidevient en peu de temps unterritoire stratégique. Le richearrière-plan historique, évoqué çàet là par légères touches, n’altère

en rien la petite musique intimiste de ce roman d’une raresensibilité. Ayant pour trame une histoire vraie, ce récitretrace la vie d’un fils de samouraï, homme simple et d’unegénérosité sans pareille, qui, après de difficilescheminements intérieurs, se convertit au christianisme malgrél’hostilité générale éprouvée à l’époque pour cette religion.Cent ans après sa mort tragique, la mémoire de cet hommeest toujours honorée dans sa ville, Asahikawa, d’où estoriginaire également l’auteur.

Manga

MIZUKI ShigeruNonNonBâParis : Cornélius, 2007, Collection Pierre, 2007. 420p.

Mizuki Shigeru est un auteursingulier dans le monde du manga.Ayant perdu son bras droit durant laseconde guerre mondiale, il dutréapprendre à dessiner de la maingauche, ce qui ne l’empêcha pas dedépeindre à merveille l’imaginairepopulaire nippon, peuplé d’êtressurnaturels, de monstres et decréatures étranges (les yôkai).NonNonBâ s'inscrit dans cette veine,au cœur du Japon rural, au début des années 1930. Le titre est aussi le nom d'une petite mémé au visage ridé quiest accueillie dans la famille du petit Gégé (Shigeru) — alterego de Mizuki Shigeru — un enfant débordant d'imagination,qui, grâce à elle, va s'initier aux vieilles histoires oubliées etaux légendes des fameux yôkai. Un album talentueux, drôle, très imprégné d'une culturenippone traditionnelle et méconnue. Le récit est riche enpéripéties et fertile en petites méditations paisibles etpoétiques sur la vie quotidienne. Ce manga a reçu le prix du meilleur album du festivald'Angoulême 2006.

Regards sur le fonds

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Art

Japanese embroidery centerL’art millénaire de la broderie japonaise =Japanese embroidery through the milleniumTrad. de Mireille Amar

Paris : L’inédite, 2007. 225p.

L’histoire de la broderie japonaiseremonte au VIe siècle lors del’introduction du bouddhismedepuis la Chine. Il s’agissait àl’époque d’une broderie religieuse,mais plus tard, cette technique aévolué vers la décoration duvêtement. Ce livre, bilinguefrançais-anglais, présente dans sespremières pages les techniquesgénérales de la broderie :

instruments, assemblage du cadre, torsions des fils, etc. Sesuccèdent ensuite neuf chapitres proposant de réaliser pas àpas des motifs essentiellements floraux, chaque techniqueétant illustrée par de nombreux schémas et tableaux. Ce belouvrage de grand format allie parfaitement l’esthétisme et la technique.

Christine SHIMIZUTôji : avant-garde et tradition de la céramiquejaponaiseParis : Réunion des musées nationaux, 2006. 215p.

La céramique est considérée comme un art majeur au Japonen raison de ses liens ancestraux avec la cérémonie du thé etla doctrine bouddhique zen. Au lendemain de la DeuxièmeGuerre mondiale, l’expression artistique individuelles’émancipe du carcan de la tradition, confirmant une tendanceamorcée dès les années 1920 en opposition avec la céramiquepopulaire et la céramique d’atelier. Différents mouvementsvoient ensuite le jour, parmi lesquels les « céramiques-objets » des années 1950 qui rejettent les œuvres utilitaires,jusqu’au regain d’intérêt ces dernières années pour laporcelaine, matériau assimilé à la tradition chinoise. Le présent ouvrage est le catalogue richement illustré del’exposition qui s’est tenue au Musée national de Sèvres denovembre 2006 à février 2007. L’auteur, qui n’est autre queChristine Shimizu, commissaire de l’exposition etconservateur en chef dans ce même musée, s’attache àmontrer l’évolution de cet art au cours du XXe siècle à traversles œuvres d’une centaine de céramistes.

Diane ARNAUDKiyoshi Kurosawa : mémoire d’une disparitionPertuis : Rouge profond, 2007. 174p.

Cinéaste phare de la nouvelle génération, Kurosawa Kiyoshiaccède à la notoriété internationale avec son polar Cure en1997. Le réalisateur enchaîne depuis des succès (Charisma,Kaïro…), principalement des films d'angoisse flirtant avec lefantastique et qui offrent de multiples possibilitésd'interprétation. Dans ce premier livre en français dédié aucinéaste, Diane Arnaud, maître de conférences spécialiste ducinéma contemporain, retrace le parcours prolifique d’unréalisateur qui donne une vision perturbante et violente de la

société japonaise actuelle. Nourries aux films de genre, lesœuvres de Kurosawa — qu’elles traitent par exemple del’amnésie ou d’une jeunesse sans repères — révèlent ladisparition des héros nippons et de la mémoire historique.

Architecture

Le Corbusier et le JaponEd. française sous la dir. de Gérard Monnier

Trad. d’Erika Peschard-Erlih

Paris : Éd. Picard, 2007. 173p.

Le Symposium international Le Corbusier et le Japon qui s’esttenu à Tokyo les 9 et 11 février 1997 a donné lieu à un ouvrageen japonais — Ru korubyuje to nihon (disponible dans notrebibliothèque) — dont la traduction française sort aujourd’hui.Ce livre présente les témoignages et les travaux de grandsarchitectes et/ou d’historiens de l’art, tels Maki Fumihiko ouIsozaki Arata, sur la relation entre Le Corbusier et le Japon, relation qui s’étire sur un demi-siècle, desannées 1920 aux années 1960. La réception, dans l’Archipel, dugrand architecte et urbanistefrançais a été diverse et la manièredont son œuvre a été accueillie achangé selon les époques. C’est ceque permet de découvrir ce livre,première étude sur le sujet.

Histoire

FUKUZAWA YûkichiLa vie du vieux Fukuzawa racontée par lui-mêmeTraduit et annoté par Marie-Françoise Tellier

Paris : Albin Michel, 2007. 411p.

Fukuzawa Yûkichi (1835-1901) estl’un des bâtisseurs du Japonmoderne ; il est aussi le fondateurde la prestigieuse Keiô,aujourd’hui première universitéprivée du Japon. Ce penseurcurieux consacra sa vie à laconnaissance et à l’éducation deses contemporains, qu’il aida àtraverser cette période délicateque fut l’ère Meiji (1868-1912), àabandonner le féodalisme pourépouser les nouvelles idées qui

affluaient d’Occident. Cette autobiographie écrite parFukuzawa à la fin de sa vie est un document historique, carelle nous permet de connaître la vie de l’un des promoteursde l’ouverture aux « lumières de la civilisation » (Bunmeikaika), et d’apprendre une foule de détails sur cette périodecharnière de l’histoire du Japon.

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Page 4: Lettre de la bibliothèque n°24

Le matin du 2 avril, à 10 heures, douze bibliothécaires japonisants se sont rendusà la BIULO (Bibliothèque interuniversitaire des Langues Orientales) où ils ont étéaccueillis par M. Hurth, responsable du fonds japonais à la BIULO et Mme Bidard, chefdu service Asie. Cette visite s’inscrit dans une volonté collective des bibliothécaires japo-nisants en France de créer un réseau de coordination et d’échange d’informations, qui leurpermettra à l’avenir de mieux exercer leur métier. Une première rencontre avait déjà eulieu à l’initiative du responsable du fonds japonais de l’EFEO (École françaised’Extrême-Orient) le 19 février dernier.

Pour cette visite, sept institutions étaient présentes : la BnF (Bibliothèque nationalede France, sites Richelieu et Tolbiac), l’EFEO (École française d’Extrême-Orient),l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales), l’IAO (Institut d’Asie Orientale- Lyon), l’IHEJ (Institut des Hautes Études Japonaises), le Musée Guimet et la MCJP(Maison de la culture du Japon à Paris).

M. Hurth a tenu à présenter à ses confrères les imprimés et manuscrits anciensconservés par cette bibliothèque déjà bicentenaire. Vingt-neuf documents rarementconsultables par le public furent présentés. Parmi ces petits trésors, les manuscrits illustrésétaient les plus impressionnants. Dans un excellent état de conservation, la plupart avaientpresque gardé leurs couleurs d’origine. Citons, à titre d’exemple, quelques documents quiont retenu notre attention :

■ L’Azuma Kagami (chroniques du shôgunat de Kamakura) : compilé à la fin duXIIIe siècle, ce texte imprimé en kokatsujiban (caractères mobiles anciens) en 1605est le plus ancien ouvrage en japonais de la collection. Il fut donné à la biblio-thèque par le gouvernement japonais en 1884. Ce document est extrêmementrecherché par les historiens car c’est l’unique texte de cette importance encoreconservé permettant d’étudier la fin de l’époque Heian et le début de Kamakura.

■ « School Reader for use of The Blind Institution in Tokyo » : ce don du Ministèrede l’Éducation japonais, fait à la bibliothèque en 1927, est un texte à l’usage desdéficients visuels. Des caractères en relief permettent de reconnaître au toucher lessignes de l’écriture japonaise.

■ Une carte manuscrite du Japon datant de ca. 1701, offerte à la bibliothèque parun héritier de Gabriel Devéria (1844-1899), sinologue, diplomate en Chine et pro-fesseur aux Langues’O de 1889-1899. Contrairement aux cartes que l’on déroule,celle-ci est composée de 52 rectangles de papier fixés côte à côte sur un grand mor-ceau de tissu, permettant ainsi de la déplier aisément pour ne former qu’un seulrectangle une fois pliée.

Certains de ces manuscrits et documents anciens ont déjà fait l’objet d’une numé-risation qui facilite leur consultation, mais la plupart ne peuvent être consultés que surrendez-vous étant donné leur fragilité. Ces trésors, comme le reste du fonds japonais dela BIULO, déménageront pour intégrer la future grande BULAC (BibliothèqueUniversitaire des Langues et Civilisations) à l’horizon 2010.

R. A.

Directeur de la publicationMasateru Nakagawa

RédactionChisato Sugita

Florence PaschalPascale Takahashi

Racha AbaziedConception graphique

et maquetteLa Graphisterie

ImpressionImprimerie d’Arcueil

Dépôt légal : 2e trimestre 2007

ISSN 1291-2441

Visitede la bibliothèque de l’INALCO

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OuvertureDu mardi au samedi

de 13h à 18hNocturne le jeudi jusqu’à 20h

FermetureLes dimanches,

lundis et jours fériés et tout le mois d’août

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