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D. Guillaume LETTRES : PROGRAMME 1 Corneille, La Place Royale Dates Cours 1) mardi 2 septembre Explic. 1 : 1.1 v. 34-84. 3 sept. Intro.1 4 sept. Intro. 2 2) mardi 9 septembre Expl.2 :1.2v.151-186(« Ainsi… ») 10 sept. 11 sept. Expl. 3 : 1.3 v.186-220 Thème 1 L’inconstance 3) mardi 16 septembre Expl. 4 : 2.2 v.369-410 Thème 2. L’apparence 17 sept. Rendre résumé Thème 3Ex. dissert. 1 18 sept. Expl. 5 : 2.7 v.537-581 Thème 4 Espace et temps 4) mardi 23 septembre Expl.6 : 3.2 v.675-707 24 sept. Thème 5 Alidor 25 sept. Rendre ex. dissert. 1 ? Thème 6 L’intrigue 5) mardi 30 septembre Expl. 7 : 3.4 v.707-750 1 e oct. Thème 7 Morales de l’amour 2 oct. Expl. 8 : 4.1 965-1001 Thème 8 Le langage 6) mardi 7 octobre Corrigé ex. dissert. 1 8 oct. Rendre citations Ex. dissert. 2 9 oct. Expl. 9 : 4.7 v.1197-1235 Thème 9 Les couples 7) mardi 14 octobre Expl. 10 : 5.1 v.1264-1310 15 oct. Thème 10 Comique

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D. Guillaume

LETTRES : PROGRAMME 1

Corneille, La Place Royale

Dates Cours

1) mardi 2 septembre Explic. 1 : 1.1 v. 34-84.

3 sept. Intro.1

4 sept. Intro. 2

2) mardi 9 septembre Expl.2 :1.2v.151-186(« Ainsi… »)

10 sept.

11 sept. Expl. 3 : 1.3 v.186-220

Thème 1 L’inconstance

3) mardi 16 septembre Expl. 4 : 2.2 v.369-410

Thème 2. L’apparence 17 sept. Rendre résumé

Thème 3Ex. dissert. 1

18 sept. Expl. 5 : 2.7 v.537-581

Thème 4 Espace et temps

4) mardi 23 septembre Expl.6 : 3.2 v.675-707

24 sept. Thème 5 Alidor

25 sept. Rendre ex. dissert. 1 ?

Thème 6 L’intrigue

5) mardi 30 septembre Expl. 7 : 3.4 v.707-750

1e oct.

Thème 7 Morales de l’amour

2 oct. Expl. 8 : 4.1 965-1001

Thème 8 Le langage

6) mardi 7 octobre Corrigé ex. dissert. 1

8 oct. Rendre citations

Ex. dissert. 2

9 oct. Expl. 9 : 4.7 v.1197-1235

Thème 9 Les couples

7) mardi 14 octobre Expl. 10 : 5.1 v.1264-1310

15 oct. Thème 10 Comique

2

et comédie

16 oct.

Correction ex. dissert. 2 ?

8) mardi 21 octobre Expl. 11 : 5.8 v.1562-1601

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D. Guillaume

LETTRES : PROGRAMME 1

Corneille, La Place Royale

BIBLIOGRAPHIE

— 1) Méthode, généralités :

. Daniel BERGEZ : L’explication de texte littéraire, Dunod . Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV: Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, “Points” Seuil . Bernard DUPRIEZ : Gradus. Les procédés littéraires, 10x18 . Ferdinand de SAUSSURE : « Principes généraux » et « Linguistique synchronique » in Cours de linguistique générale, Payot . Émile BENVENISTE : « L’homme dans la langue » (chap. 18, 19, 20, 21) in Problèmes de linguistique générale 1, « Tel » Gallimard

— 2) Sur le théâtre et le 17e siècle

. Anne ÜBERSFELD : Lire le théâtre I, II, Belin Lettres sup . Jean-Claude TOURNAND : Introduction à la vie littéraire du 17e siècle, Dunod . Dominique BERTRAND et alii : Le Théâtre, Bréal, « Grand amphi » (chap. 4) . Alain VIALA (dir.) : Le Théâtre en France des origines à nos jours, PUF, « Premier cycle » (cf. parties III et IV, notamment chap. 11 et 14)

— 3) Sur Corneille et La Place Royale

. Pièces de Corneille indiquée en biblio de préparation + « Discours » de 1660 (GF) . Notes et dossiers de Marc ESCOLA dans l’édition GF . Biographie détaillée in Louis HERLAND : Corneille, Seuil « Écrivains de toujours ». .« Un statut », « Un échec, une œuvre » in Bernard DORT :Corneille dramaturge, L’Arche. . Jean ROUSSET :La Littérature et l’âge baroque en France. Circé et le paon,pp.206-14. . Serge DOUBROVSKI :Corneille et la dialectique du héros, « Tel » Gallimard, pp. 59-75. . Octave NADAL : Le Sentiment de l’amour dans l’œuvre de P. Corneille, Gallimard (II, et chap. 6) . Gabriel CONESA : Corneille et la naissance du genre comique, SEDES.

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BIBLIOGRAPHIE

— Généralités :

. Oswald DUCROT et Tzvetan TODOROV: Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, “Points” Seuil

. Bernard DUPRIEZ : Gradus. Les procédés littéraires, 10x18.

. Ferdinand de SAUSSURE : « Principes généraux » et « Linguistique synchronique » in Cours de linguistique générale, Payot

. Émile BENVENISTE : « L’homme dans la langue » (chap. 18, 19, 20, 21) in Problèmes de linguistique générale 1, « Tel » Gallimard — Sur le théâtre, sur le 17e siècle :

. Anne Übersfeld : Lire le théâtre I, II, III, Belin

. Dominique Bertrand et alii, Le Théâtre, “Grand amphi” Bréal (chap. 3 et 4, voire 5)

. Alain VIALA (dir.), Le théâtre en France des origines à nos jours, PUF “Premier cycle”

(4e partie)

. Jean-Claude Tournand, Introduction à la vie littéraire du 17e siècle, Dunod

— Sur Corneille et La Place Royale :

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INTRODUCTION

— I. Les débuts agités du grand siècle

+ 1) Contexte historique : de la Fronde à l’Absolutisme, La France et l’Europe.

. a) Sur le plan intérieur, la France traverse une période d’instabilité, après la mort

d’Henri IV (1610 < cath. Ravaillac) : régence de Marie de Médicis (1610-1617), ministère de

Luyne (1617-1624) puis Richelieu chef du conseil du roi (1624-42) Louis XIII < soulèvement

des Protestants et de la noblesse (Guise et Condé) : résistance à centralisation politique,

absolutiste.

— assassinat de Concini 1617 (proche de la Reine mère, gvne)

— État généraux de 1614

— Conspirations nobiliaires, soulèvements et complots : 1626, 1627, 32, 36,

41 + soulèvement populaires ds les provinces (galt. < hausse d’impôts <

politique de guerre)

— Siège de La Rochelle 1627-28 : révolte protestante, sous menace anglaise >

1629 édit de grâce d’Alès (= confrme édit de Nantes 1598 ms suppression

des privilèges politiques et militaires [destruction des forteresses]).

— « Journée des Dupes » 1630 : Marie de Médicis veut obtenir éloignement

de Richelieu > elle est mise à l’écart.

. Pendant la Régence d’Anne d’Autriche et le gvt de Mazarin (1643-61), cette

instabilité culmine avec la Fronde, parlementaire puis nobiliaire : 1649-52. Exigences

de réformes + querelles d’intérêts et intrigues personnelles (jusqu’à alliance de Condé

avec Philippe IV d’Espagne) > famine et désordres + la Cour doit quitter Paris

(marque le futur Louis 14).

. b) Sur le plan extérieur, période marquée par la Guerre de Trente ans (1635-59)

contre l’Espagne et les Habsbourg (2 branches : aînée Philippe III 1598-1621, Ph. IV 1621-65

= Esp. + Holl. + Ital / cadette empereur Rodolphe II, Mathias, Ferdinand II et IIII > 1657=

Autriche, Souabe et Bohême, Hongrie).

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— Guerre « couverte » par alliés interposés, puis « ouverte » : justification de

la centralisation absolutiste + pb. religieux (< parti catholique en France +

lien Empire / Rome).

— Empire défait par traité de Westphalie (1648), Espagne par paix des

Pyrénées (1659 > mariage du futur Louis XIV / Marie-Thérèse, fille de

Philippe IV)

+ 2) Contexte religieux : la Contre-Réforme; de Rome à Paris.

. a) L’art et la litt. de l’époque ne se comprend pas sans son contexte spirituel =

Contre-Réforme catholique, en réaction à la Réforme (thèses de Luther : 1517 = affirmation

centrale de la foi et conscience du chrétien, retour aux textes, abus / pvr temporel et

cérémonie).

— Concile de Trente (1535-1563) = réforme disciplinaire, redéfinition des

dogmes (transsubstanciation : présence réelle ds eucharistie) et des cultes

(Marie) : importance des images, qui peuvent toucher le cœur autant que

l’âme du croyant et soutenir sa foi > définition d’une véritable esthétique (≠

humanisme renaissant) : nott. réalisme (≠idéalisme), souci de stimuler la

piété (par sensibilité ≠ art intellectuel, perception d’harmonies abstraites) >

sensible àp 1580 environ.

— Inquisition : cf. condamnation de Galilée par le St. Office (1633).

— Compagnie de Jésus (1540, Ignace de Loyola) ) = instrument actif de la

CR : ordre enseignant + méthode et doctrine subtiles (participation aux

affaires du monde, séduire l’It° et faire travailler la raison au service de la

foi, doctrine de la grâce — rôle du libre-arbitre — ; Exercices spirituels (+-

1535) = pratique méthodique liant méditation et It° pour imiter JC).

. b) En France : Contre-Réforme trouve ses effets avec plusieurs décennie de retard /

Concile, ms s’inscrit ds contexte religieux, métaphysique voire social mouvementé.

— Effort de réflexion de l’église : cf. 1609 gd succès / Introduction à la vie

dévote de St. François de Sales = prône possibilité d’une vie sainte ds les

affaires du monde + possibilité de salut avec collaboration de la volonté

humaine ≠ radicalisme janséniste posant impossibilité radicale pour

l’homme, fondamentalement coupable, d’influer sur son salut, et incitant au

retrait du monde (en conflit ouvert / Richelieu : arrestation de St. Cyran

1638 [Augustinus 1640, Provinciales de Pascal, 1656-7]).

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— Activisme envers les laïques : organisation de la charité par St. Vincent de

Paul (max. misère et famine < guerre + éco peu performante) ; associations

dévotes y œuvrant aussi + à lutter / protestants, libertins, comédiens (cf.

Compagnie du St. Sacrement 1625 > 1665-9 = affaire Tartuffe).

— Intenses recherches et discussions philosophiques, en relation délicates

avec l’Église : parti dit « libertin » (mœurs / intellect. : matérialistes

Gassendi, Cyrano de Bergerac), cartésianisme (Discours de la méthode

1637 [comme Cid] = primauté de la raison humaine ds pratique du doute

systématique, même si postulat de sa validité à juger du vrai). Inquiétude

métaphysique.

— II. Un moment ds l’histoire de l’art et de la littérature : le baroque.

+ Catégorie esthétique ressortissant à une analyse issue du romantisme = histoire de l’art (et

ds hommes en gal) vue comme successions de « visions du monde » (Dilthey) cohérentes dont

art = la manifestation sensible.

+ 1) En France, catégorie empruntée à l’histoire de l’art (platique) et de la musique >

appliquée à la littérature par Jean Rousset : La littérature baroque en France. Circé et le

paon. (1954) Titre < importance métamorphose (magicienne Circé in Odyssée) + apparence,

parade [≠ classicisme : permanence et sobriété].

. a) Décrit et analyse : ne se prononce pas ouvertement sur les causes qui auraient

déterminé cet art et cette littérature : ms rappelle association avec Contre-Réforme et même

Jésuites (Europe catholique, max. Italie, Espagne — ms : Angl. [Shakespeare], Holl.

[Rembrandt]).

— < (à Rome nott.) tout un art, officiel, qui joue délibérément sur l’apparence

et exacerbe fragilité ou grandeur humaine pour toucher le cœur, au service

de la foi.

. Intérêt : donner image plus nuancée, stratifiée, du « Grand siècle », dominé en France

par classicisme (plutôt àp règne Louis XIV 1661 + en partie comme résistance —

nationaliste — aux influences italiennes et espagnoles).

. Le moment baroque : en gros selon J. Rousset, de 1580 à 1665 (avec pré-baroque

renaissant > 1625, et long classicisme de coloration baroque ap. 1665).

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— 1580 : 1e édition des Essais de Montaigne (en 2 livres > 3 en 1588) =

recherche d’une sagesse face à la variabilité du monde et à la certitude de la

mort ; composition fragmentaire, esthétique de la variété ; « chantier »

baroque selon Rousset. Poids des Guerres de religion (1562-1598) = retient

encore déploiement (faste) du baroque.

— 1665 : pour achever grand carré du Louvre appel à Paris, par Louis XIV, du

Bernin (sculpteur et architecte romain : tombeau des Papes, place St.

Pierre) = échec < opposition de Colbert et des architectes fr. au projet

baroque.

+ 2) Art et littérature baroques : deux exemples.

. a) Jean de Sponde : Sonnets d’amour (vers 1588)

— Image d’une cosmologie (géologie) vertigineuse, où terre repose sur eau et

vent >miracle de sa stabilité, compensé en toute fin par celle de l’amour (le

sentimental, subjectif = plus solide que le cosmique > vertige) ;

construction très rhétorique mais dynamique (questions : 4x2 vers > guise

de réponse = 2+4 avec CR strophique)

. b) Le Bernin : La Transverbération de Ste Thérèse, Rome, Santa Maria della Vittoria,

chapelle Cornaro.

— Importance des jeux de lumière (mise en scène théâtrale de la statue) qui

détachent un centre (concentration ≠ circulation Renaiss.) ; tvl. dynamique

(et paradoxal) de la matière (marbre chiffonnée) ; création d’un équilibre

surprenant par assymétrie (oblique, gd Thérèse, ptt. Ange) ; scène basé sur

suspens (vol + geste à venir)

+ 3) L’univers baroque.

. a) Circé : monde perçu comme métamorphose incessante, fragilité et incertitude de la

condition humaine, inconstance > représentation dynamique, dissymétrique (pluralité des

points de vue), culte de la courbe, des volutes et spirales.

. b) Le paon : ds ce monde incertain, l’h. n’accès qu’à des apparences, et sa propre vie

est largement un jeu (travail) d’apparences, de masques > rôle des arts plastiques et du théâtre

[> théâtre ds le th.], recours à la rhétorique et à des figures particulièrement élaborées.

. c) Une éthique de l’apparence : ds réflexions sur « l’honnêteté » par les moralistes

cherchant à définir la meilleure conduite du courtisan.

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— Cf. Balthasar Gracian, Oraculo manual y arte de prudencia (1647[57 ?]) >

trad. fr. L’homme de cour1684 : « Les choses ne passent point pour ce

qu’elles sont, mais pour ce qu’elles paraissent être. […] Ce qui ne se voit

point est comme s’il n’était point. » ; défense du paon ds El discreto

(1646) : « À quoi servirait la réalité sans l’apparence ? Le plus grand

savoir […] consiste […] ds l’art de paraître. » < justification théologique :

Dieu lui-même a d’abord favorisé la paraître « puisqu’il a créé d’abord la

lumière, et avec elle l’éclat, consacrant ainsi l’ostentation » = « le talent qui

donne le lustre à ts les autres ». À la fois éloge du paraître et de la

dissimulation, nécessité d’une permanente lecture des signes « combat de

masque » (Rsst) qu’est la vie de cour.

— Équivalent français : Faret (L’honnête homme 1630) puis chevalier Méré [1

des « libertins » fréquenté par Pascal] (Le commerce du monde date [posth.,

1700]) = + réticents à disjoindre l’être du paraître. Idéal de « souplesse » et

de « naturel » = tension entre théâtralité et authenticité. Faut être « bon

acteur ds la vie », « tj. s’imaginer qu’on joue un personnage de théâtre ».

Ms pour paraître tj. « honnête h. », « il faut l’être en effet ; car les

apparences du dehors ne sont que les images des actions intérieures ».

. Une esthétique de l’apparence, qui lie le baroque à la Préciosité et au Classicisme.

— Style littéraire baroque valorise la métaphore < fait recourir à ingéniosité,

qui fait découvrir des rapports cachés entre des choses éloignées (cf. Arist. /

surR…) : métaphore baroque = mot d’esprit, concetto, qui doit faire effet

de nouveauté et de surprise, miraviglia selon Marino (cavalier Marin =

italien vivant à la cour de Louis XIII > marinisme ; cf. aussi Gongora esp. >

gongorisme [cultisme, conceptisme]). Image comme déguisement

rhétorique, jeu cérébral qui veut masquer plutôt que dire (> connivence ds

compréhension…) = critiqué par les classiques (Bouhours in Entretiens

d’Ariste et d’Eugène 1671 : « ceux qui n’appelle jamais les choses par leur

nom, et ne parlent que par métaphores, ne parlent pas trop bien français »).

— Proximité et ≠ce / Préciosité : ph. litt. européen (cf. Marino, Gongora),

nommé ainsi et lié en France à publication de L’Astrée d’Honoré d’Urfé

(1607-1633) + Hôtel de Rambouillet (et marquise id) 1620-1648 [> cf.

Précieuses ridicules Mol. 1659] : cercle mondain où pratique jeu d’esprit et

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littérature (amour courtois + pétrarquisme ds formes pastorales…) = style

figuré (« tangentiel ») avec hyperbole, périphrase, antithèse… Selon Rsst :

rencontre = surprise, ≠ce : préciosité = + mondaine (h. entièrement conçu

en société close), immobile (imagerie minérale) et cérébrale.

— Baroque et classicisme « s’opposent avec un air fraternel » (Rsst.) :

primauté de la raison et de la nature (= essence, nature des choses) >

simplicité et clarté / décor baroque (> formes tourmentées, obscurité).

Mais : refus commun de la nature nue, sans l’homme, élection du théâtre <

répugnance à livre secret de l’individu (sinon sous regard de Dieu, ds prière

et effusion mystique), culte du grand et du noble.

— III. Le théâtre pré-classique

+ 1) L’héritage médiéval : un théâtre populaire.

. Les grands genres médiévaux, pratiqués par des clercs et par lesquels l’Église

œuvrait à l’enseignement du peuple, furent de plus en plus critiqués par les doctes, mais

conservaient un succès populaire et furent joués (de moins en moins écrites), nott. en

province, > db. 17e.

— a) Les Mystères = pièces longues à nbx personnages mettant en scène vie

de saint ou de JC (> histoire du monde depuis la création jusqu’ au

Jugement dernier ; « mansions ») : interdit par le Parlement de Paris 1541

(< ignorance et incorrections des acteurs, désordre public < longueur et

prétexte à licence au lieu d’édification) ; version plus brèves (Saint des

villes) > 1620 qs. : public non cultivé accoutumé à décor et action multiples

(mansions), mélange des genres.

— b) Les Moralités = pièces plus brèves, graves puis de + en + comiques avec

le temps, mettant en scène des allégories (Libre arbitre, Chair, Monde,

Diable…) > satire (politique) jusqu’au db. 17e.

— c) Farces = pièces comiques brèves, jeu de la force et de la ruse, violence,

réalisme et trivialité > continuent de régner sur le théâtre de rue (Pont-

Neuf, à Paris) et influence même certains divertissements de cour db. 17e.

+ 2) La renaissance des grands genres : un théâtre des doctes.

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. Diffusion progressive d’Aristote et de sa Poétique 2e/2 16e (ms surtout Épitre aux

Pisons d’Horace) > réflexion, traduction puis réinvention des genres théâtraux antiques.

Pièces assez rares et de faible diffusion < jouées ds collèges et châteaux.

— a) Tragédie : considéré comme le grand genre (après l’épopée) > premier

essai de Jodelle (Pléïade), Cléopâtre captive 1553 : très poétique et

déclamatoire (lyrisme exacerbé), assez peu dramatique (longues tirades de

déploration et commentaire ; chœur) >>> fin du siècle = tragédie de

Robert Garnier : gde place au sentences didactiques (parfois signalées par

des guillts), récits spectaculaires et expressionnistes (cf. Sénèque), ms

affirmation progressive des caractères + de l’action sur la scène (La Troade

1579, Antigone 80, Les Juives 83).

— b) Comédie : théorisée par l’italien Scaliger dès 1561 (< Arist.) : reproduire

les mœurs de pers. de condit° inférieure, ds poème dramatique en 5 actes et

en style commun, dont le dénouement est heureux (galt. père ou équivalent

contrarie amour de jeunes amants aidés par un esclave, jusqu’aux mariages)

> très nbreuses comédies en Italie pdant 16e (nott. Machiavel, G. Bruno),

influençant la production française (alors même qu’elle dit se reporter

directt à Térence et Plaute).

. Premiers essais de La Pléïade (1552 L’Eugène de Jodelle) = malgré struct.

classique, sujet encore proche de la farce (abbé Eugène marie sa maîtresse

Alix au lourdaud Guillaume…) > fin de siècle plus vif et inventif

(verbalement) quoique très proche de modèles italiens : Larivey 1579

(Comédies dont Les Esprits > Avare de Molière).

+ 3) La scène baroque européenne et les nveaux genres mondains : pastorales et tragi-

comédies.

. Comprendre le théâtre européen et français ds lequel s’inscrit Corn àp de 1630 avec

sa 1e comédie Mélite = tvl. des dramaturges entre exigences des doctes (règles < Aristote et

Horace) et attentes d’un public qui de plus en plus a intégré une certaine culture humaniste (ds

les collèges), et se rapproche du raffinement des Cours.

. a) La pastorale à l’italienne : poésie de cour à plusieurs voix < Bucoliques de Virgile

(joutes dialoguées de bergers ; Rome d’Auguste), Idylles de Théocrite (Grèce alex.) ; >

pastorale proprement dramatique, avec intrigue amoureuse : Aminta du Tasse (1573) et Pastor

Fido de Guarini (1595). Cadre pastorale connaît vogue croissante aussi ds romans et ballets.

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— = ds un décor champêtre de convention (Arcadie : pays de l’Âge d’or),

fluctuations amoureuses de bergères et bergers avec dénouement heureux

(malgré empêchement par parents ou jaloux) ; art de culture : sans

croyance, goût de la fiction, du codage et des variations sur des thèmes et

formes connues (scènes obligées : dialogue avec confident, analyse

sentimentale, déploration, déguisement et reconnaissance, métamorphoses,

intervention de magicien ou d’oracle, chaîne d’amours A>B>C…).

— Influence européenne : cf. ds carrière de Shakespeare Songe d’une nuit

d’été 1595, Conte d’hiver 1610 (contrepoint / dimension historique et

tragique ; ms cohérent ds jeux des apparences, incertitude / R).

— En France, faveur max. ds années 1620, avec plusieurs pièces marquantes,

à grand succès : Les Bergeries de Racan (1620) [gd soin langue et versif.,

cf. Malherbe], Pyrame et Thisbé de Théophile de Viau (1621) [présenté

devant la cour ; tragédie, ms ds univers pastoral], Sylvanire de Mairet

(1626) [triomphe], Sylvie d’Honoré d’Urfé (1627) [tiré de son roman,

L’Astrée].

. b) La tragi-comédie, marquée nott. par la comedia du Siècle d’Or espagnol (terme

pour pièce de tout genre).

— Espagne, en effet = fin 16e > fin 17e, dvlppt. d’une tradition spécifique (<

th. antique latin et humaniste italien + représentations religieuses [auto

sacramental : cf. mystères]) valorisant prolifération romanesque et langage

poétique (à déclamer) plutôt que la condensation dramatique + répondant

aux attentes d’un public composite auquel une noblesse courtisane et

bureaucratique tend à dicter ses goûts.

— Grande figure = Lope de Vega (1562-1635), auteur de 1500 pièces au

moins. Pour répondre aux critiques des érudits, et défendre la comedia

nueva = publie en 1609 son Art nouveau de faire des comédies : affirme

nécessité de tenir le spectateur en haleine par l’action (unité d’action ms

possibilité de deux intrigues, pluralité des temps et lieux comme ds la vie)

+ valeur du mélange des tons (gravité + rire) < la variété enchante, cf. la

Nature (y participer + que l’imiter).

. Stylistiquement, ds comedia = diversité métrique et art de la pointe

(agudeza).

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. Après Lope de Vega (et : Tirso de Molina, Guillen de Castro) = Pedro

Calderon de la Barca (1600-1681) : La vie est un songe (1635)

— En France, tâtonnement du genre depuis 16e et faveur nouvelle ds années

1620 < goût d’un public auquel ne convenait pas les seules exigences des

doctes : cour (16e), bourgeoisie et public populaire (mêlés à l’Hôtel de

Bourgogne db. 17e : seul th. fixe à Paris) : tragi-comédie (/ tragédie)

mélange hauts personnages et + humbles, accorde plus de part à l’amour

(inspiration romanesque) + fin heureuse ; pas d’unité tps et lieu, intrigues

compliquées avec thèmes et péripéties répétitifs (déguisement, folie,

sommeil + naufrage, attaque de pirates…), gd. rôle du hasard.

. Achèvement max. 16e : Bradamante de Garnier (1685) < poème

héroïque Roland furieux de l’Arioste (chevalier Roger doit conquérir par

les armes sa futur femme Bradamante).

. Renouveau db.17e : cf. Hardy (prolonge Garnier, en + spectaculaire :

auteur attitré de l’Hôtel de Bourgogne), Rotrou = L’Hypocondriaque

(1628), Les Occasions perdues (1633) + premier à adapter une comédie de

Lope de Vega : La bague de l’oubli (1629 < Sortija del Olvido ) = lance

mode dominante pour 30 ans, jusqu’à Molière, de la comédie romanesque à

l’espagnol… : nobles et jeunes filles entreprenantes (atm. héroïque :

balcons, duels, jalousie), dialogue élégant, jeux d’apparences et de mots +

personnage du valet rustre type Sancho Pança (gracioso).

— IV Corneille du baroque au classicisme (1606-1684) : 44 ans de carrière, dont une

trentaine de royauté écrasante sur le monde des lettres (1637 Cid > 1667 Andromaque de

Racine)

+ 1) Carrière et désillusion d’un bourgeois de Rouen

. a) La famille.

— Appartient depuis deux générations au moins à la bourgeoisie enrichie par

le négoce (et mariages) et ayant acheté des offices de robes (droit d’exercer

fonctions juridiques), cf. les Pierre Corneille (prénom transmis de père en

fils aux aînés) depuis le gd-père du dramaturge (conseiller référendaire à la

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chancellerie du Parlement de Normandie), père (maître des Eaux et Forêts

en le vicomté de Rouen) [oncles : curé, propriétaire terrien, avoué].

— Lui-même a toujours +/- vécut en famille : a quatre sœurs et un frère

(cadet), puis sept enfants (de 1642 à 1656, 4 fils et 6 filles). Liens forts : cf.

lettre au futur beau-père d’une de ses filles / dote ; surtout : proximité et

collaboration littéraire avec son frère cadet Thomas = celui-ci épouse la

belle-sœur de Pierre + lui sert de relais / mondanité parisienne, vers

laquelle infléchit d’ailleurs son écriture (vers 1660).

. b) Les offices et le mécénat

— Après étude brillantes chez les Jésuites de Rouen : 1628, père de Corneille

lui achète un double office : avocat du roi au siège des Eaux et Forêts (à la

Table de Marbre de Rouen), et à l’amirauté de France ; fonctions de fait

modestes (procès de batellerie, droits de chasse et pêche, droit à la coupe

du bois…) accomplie scrupuleusement pendant 22 ans.

— 1650 : duc de Longueville et sa femme, sœur de Condé, essaie de soulever

la Normandie contre la couronne > arrestation des Princes (Condé, Conti,

Longueville) + Régente Anne d’Autriche, jeune Louis XIV et Mazarin se

rendent en Normandie pour la pacifier : en remplacement de Baudry, un

frondeur, Corneille reçoit titre de procureur syndic des États de

Normandie ; doit donc vendre son précédent office ; 1651 : renversement

de conjoncture = libération des Princes + rétablissement de Baudry >

Corneille ss emploi, et ayant vendu sa charge en pure perte + fin de sa

pension par Mazarin (< ds Nicomède 1651 on reconnaît, valorisé, pers. de

Condé) >

— outre ses recettes de théâtres et d’édition, devra compter sur d’autres

mécènes :

. 1635-42 : Richelieu ; 1643-51 : Mazarin ; 1658-61 : Fouquet (minstre

des finances de Maz. > arrestation et procès) ; 1661-64 : duc de Guise (qui

le loge à Paris : moment où quitte Rouen) ; 1663-73 : Louis XIV (qui

l’oublie àp de l’année suivante).

— Lien fort à l’état (cf. poèmes officiels à la gloire des grands, et nott. du roi)

> importance de l’épisode de 1650-51 selon B. Dort (Corneille

dramaturge, 1959) : déception (bourgeoise) dans attente d’un ordre où le

15

roi règnerait par l’intermédiaire de ses officiers < réformes initiées par

Richelieu + règne de LXIV : basculement vers monarchie absolue, où le roi

règne seul : a réduit les nobles à une position de courtisan + envoie ds les

provinces des commissaires à ses ordres, de simples exécutants (de même,

retrait des Parlements et importance des Conseils royaux).

. Tragédies les plus « classiques », des années 40 (Cid > Horace, Cinna,

Polyeucte) = montre soumission de tous à la raison d’État, de plus en plus

incarnée par un monarque.

. c) La littérature

— Envisagée par Corneille comme une carrière = moyen de poursuivre

ascension sociale de sa famille ; y parvient : 1637 après succès du Cid,

Louis XIII anoblit son père.

. 1664 : Louis XIV révoque toutes lettres de noblesse accordées depuis

1630 (touche presque seult des officiers) > Corneille obtient en 65

exception en sa faveur : ne redeviendra pas roturier.

— Choquant à l’époque, C. imposant ds les Lettres usage bourgeois = entend

faire commerce de ses œuvres. Jouit d’une certaine autonomie < office, et

succès àp du Cid (≠ auteurs précédents voire de sa génération, dépendant

d’une troupe — Hardy / Hôtel de Bourgogne —, de protecteurs — Th. de

Viau —ou des deux — Rotrou).

. disgrâce, sans office ni mécène 1651-58 : consolation pieuse +

rentabilité = traduction de L’Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis

> édition de luxe avec illustration.

. Édition : 1642 fait maître à son nom (et non celui d’un libraire) édition

de Cinna > procédera ainsi (fait imprimer à ss frais > réclame droit avec

bénéfices aux éditeurs parisiens) ; multiples éditions de ses pièces, en

particulier 1661 en 3 volumes avec 3 « Discours » sur l’art dramatique et

« Examens » de toutes ses pièces, + 1661 Théâtre complet en 2 volumes in

folio (seul auteur du 17e ; format réservé aux classiques : Virgile, Tacite…).

. Participation active à la vie littéraire et nott. à diverses querelles

académiques (formation et défense d’un véritable camp cornélien) ainsi

qu’à la vie mondaine : querelle du Cid en 1637 (> 3 ans de silence), 1647

réception à l’Académie française, 1658 proche des milieux précieux (poésie

16

galante, échange d’épigrammes avec Mlle de Scudéry, complimente abbé

de Pure pour roman La Précieuse = milieu ridiculisé en 59 par Précieuses

ridicules…), guerre avec Racine, voire Molière…

. < accorde grande attention aux goûts et jugements du public.

+ 2) Corneille baroque et l’invention de la comédie moyenne

. a) Une première querelle des règles au moment où Corneille entame sa carrière

dramatique avec Mélite (1630) [après avoir été, ds sa première jeunesse, amené à la poésie —

galante — par l’amour] :

— Opposition entre les Irréguliers et les Réguliers (baroque / classique) :

autour de la querelle des 24h, opposition entre primauté du plaisir ou d’un

enseignement moral donné au spectateur, et sur la conception de l’illusion

(interprétation de la mimésis d’Arist. : imitation, représentation).

. 1628 : préface de Fr. Ogier à Tyr et Sidon, tragi-comédie de Jean de

Schélandre : poésie dramatique « n’est faite que pour le plaisir et le

divertissement, et ce plaisir ne peut procéder que de la variété des

événements qui s’y représentent, lesquels ne [peuvent] pas se rencontrer

facilement ds le cours d’une journée ».

. 1630 : Lettre sur les 24h de Chapelain : pour parvenir à l’épuration des

passions prônée par Arist. (catharsis), nécessaire de parvenir à une illusion

forte > importance du vraisemblable : rapprocher la représentation de la

fiction, en particulier pour le temps (unité d’action et de lieux en découlent)

+ bienséances, qui ne doivent choquer ni les mœurs ni la raison du public

(≠ violence et indécence, incohérences ou faiblesses logiques des tragi-

comédies).

. > première victoire des Réguliers : 1630 Silvanire de Mairet = 1e tragi-

comédie pastorale régulière (tps. + bienséances), 1634-35 = tragédie

relancée, avec Sophonisbe du même, et Médée de Corneille.

— Allusion de Corneille à ces opposition ds son « Examen » de Mélite (1660),

cf. GF doc.2, pp. 164-165 : dit avoir été ignorant des règles, ne se reconnaît

ds aucun camp, et ne cite aucun des « Modernes » (Mairet, Rotrou,

Scudéry, Du Ryer) = se place en marge du débat (obliquement).

. Ds ce texte, définit spécificité et clé succès / Mélite =

17

. b) Position de la « comédie moyenne » (Gabriel Conesa, Corneille et la naissance du

genre comique, 1989).

— En 1630, comédie = genre moribond depuis Larivey (lui proche des latins

et des italiens) ; outre pastorale et tragi-comédie, succès de la farce (< MA)

et de la commedia dell’arte (depuis 1545 > en France surtout 16e, mais

Gelosi jusqu’à 1604, Confidenti jusqu’en 1634 [< reine d’origine ital. :

Cath. puis Marie de Médicis]) : spectacles pop., importance du jeu corporel

et de la mimique, des obscénités, des types : cocu, prêtre libidineux /

barbon, capitan, valets… Jouée en partic. à l’Hôtel de Bourgogne, avec

acteurs vedettes : Turlupin, Gautier-Garguille et Gros-Guillaume.

— Positionnement stratégique de Corneille (/ succès des genres mondains et

querelle des règles) = arrache la comédie à la vulgarité, au peu de rigueur

farcesque (> se coule ds genre de la comédie antique, à la Térence), et ne se

démarque d’Aristote (pour qui comédie imite des personnes « basses »

[inférieur au spectateur]) que pour se rapprocher d’un public mondain.

. Originalité bien accueillie = « le style naïf (= naturel), qui faisait une

peinture de la conversation des honnêtes gens » (GF 165) : élévation /

farce, mais simplification / tragi-comédie (lge très rhétorique) et surtout

pastorale, dont emprunte pourtant bien des traits : jeunesse oisive,

méditations sur l’amour, feintes, chassés-croisés et chaîne amoureuses…

[« pastorales urbaines » M. Fumaroli]

. En termes aristotéliciens : se place sur le terrain de l’elocutio (style)

pour rester à l’écart des disputes portant sur l’inventio (conception :

foisonnement d’idées ds tragi-comédie) et la dispositio (construction :

règle des 3 unités) [analyse de Georges Forestier]

— Succès de l’entreprise : permet installation d’une nouvelle troupe à Paris

(Le Noir et Mondory au Marais [installation mars 34]) > après tragi-

comédie Clitandre (1630-31), comédie La Veuve (1631-32), La Galerie du

Palais (1632-33), La Suivante et La Place Royale (1633-34). Marques de

succès :

. Se permet de jouer avec règle des trois unités : Clitandre fait tenir en

24h foultitudes d’actions invraisemblables + de déclare haut et fort qu’il

18

adapte les règles au besoin du théâtre : 5 actes = 5 jours, lieu = ville, action

= à sa façon (1634 avis au lecteur de La Veuve, GF 167).

. Veuve précédés d’hommages littéraires illustres (plutôt modernes :

Scudéry, Mairet, Rotrou) + outre pension, recruté (pour peu de temps) en

1635 par Richelieu ds « Compagnie des Cinq Auteurs » dirigé par

Chapelain (le Régulier) et qui doit réaliser idées dramatiques du Cardinal :

sert donc littérairement le projet absolutiste, l’année même de création de

l’Académie française.

. c) La Place Royale : continuités et singularité

— Au plan du sujet : troupe et auteur cherchent à renouveler succès remporté

année d’avant avec La Galerie du Palais (galerie du Palais de Justice =

boutiques de lingères, mercières et libraires : lieu de rencontre), en

modulant registre de la pastorale ds des décors parisiens bien connus.

. Claveret, adversaire de Corneille ds querelle du Cid, dénoncera même

déloyauté de celui-ci (cf. GF. 25) : Claveret aurait proposé à Mondory et à

sa troupe une pièce du même titre en juin 33 > possible que C. ait dérobé

l’idée du lieu, et ajouté a posteriori seule rime où il est mentionné ds la

pièce (v.186, p. 90).

. Ce lieu = actuelle Place des Vosges, place dont chantier lancé par

Henri IV en 1605, Paris n’ayant pas alors de place ni de carrefour important

pouvant servir de lieu de fête et de promenade > inauguration 1612, avec

ballets de cavaliers (carrousels) : mariage de Louis XIII avec Anne

d’Autriche, et de sa sœur Elisabeth de France avec l’Infant d’Espagne,

futur Philippe IV. > place entourée de beaux pavillons à arcades abritant

des boutiques (cf. Palais de Justice) : devient centre d’un quartier à la

mode, le Marais, place où se rencontre coquettes, jeunes galants,

personnalités littéraires et mondaines (cf. doc. 4 GF pp. 195 sq.) > aussi

lieux de duels, jeu ds tripot, vol, scènes scandaleuse (prostitution +

Historiettes Tallemant des Réaux : un familier du duc de Candalle donna à

un soldat « un escu d’or si tu veux baiser ta garce demain en plein midi

place Royale » ; eut lieu : « Toutes les dames mirent la teste à la fenêtre et

virent ce beau spectacle » > édits et ordonnances de police sous LXIV…).

19

— Intrigue : ds la suite des variations sur un schéma de pastorale, selon

analyse même de Corneille en 1660 ds son « Discours de l’utilité et des

parties du poème dramatique ».

. « Ainsi ds les Comédies de ce premier Volume, j’ai presque tj. établi

deux Amants en bonne intelligence, je les ai brouillés ensemble par

quelque fourbe, et les ai réunis par l’éclaircissement de cette même

fourbe qui les séparait. » (cf. GF, p. 172) = amour > fourberie >

résolution.

. Mélite : Éraste aime Mélite et la présente à son ami le volage Tircis,

qui tombe amoureux d’elle > jalousie d’Éraste : il donne à Philandre,

amant de Cloris, la sœur de Tircis, une fausse lettre de Mélite où elle lui

déclare sa flamme. > Philandre quitte Cloris et montre la fausse lettre à

Tircis. Celui-ci se pâme de désespoir et se retire chez son amie Lisis qui

donne fausse nouvelle de sa mort à Mélite. Celle-ci détrompe Tircis, ils

se marient. Mais Clinton, voisin de Mélite, l’ayant vu se pâmer, la croit

morte et le dit à Éraste. Pris de remords, celui-ci devient fou. Détrompé

par la nourrice de Mélite, il vient demander pardon et obtient la main de

Cloris, qui ne voulait plus de Philandre.

. Spécificité de PR : Alidor = à la fois l’amant comblé du début (aime

Angélique et en est aimé) et l’auteur de « la fourbe » (donne Angélique

à son ami Cléandre)… = centre l’intrigue sur un personnage central

complexe qu’un combat contre sa propre passion, par souci de soi,

pousse à des extrêmes : mouvement vers le « tragique » auquel

Corneille passe bientôt [tout en faisant basculer le monde de la comédie

ds l’irréel avec L’illusion comique 1636] > Médée 1635 (tue ses propres

enfants par vengeance contre Jason, mari volage), Le Cid 1637 (tue le

père de son amante Chimène, qui a souffleté son propre père) = montre

construction en devenir d’un système dramatique où les genres ne sont

pas hermétiquement séparés.

+ 3) Lutte et royauté cornéliennes

. a) La querelle du Cid. Corneille fait jouer en janvier 1637 cette tragi-comédie qui

remporte un succès triomphal mais relance querelle des règles et de la bienséance. > victoire

de Corneille (auprès du public : salle comble + traduction ds ttes les langues connues : royauté

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littéraire jusqu’en 1666) mais aussi des Règles, avec lesquelles ne cessera plus de poursuivre

une discussion serrée.

— Des rivaux anonymes et déclarés (Observations sur le Cid de Scudéry,

Mairet, Claveret) déclenchent une bataille de libelles à laquelle Corneille

répond diversement (nott. « Excuse à Ariste », poème qui n’apaise rien :

« Je sais ce que je vaux et crois ce qu’on m’en dit » « Je ne dois qu’à moi

seul toute ma renommée » + « Lettre apologétique à Scud. »).

. Reproche = plagiat / espagnol Guilhem de Castro (Mairet),

invraisemblance (Scud.) + incorrections de langue.

. > Scudéry en appelle à l’Académie, récemment créée. Elle se dérobe

mais finit par prendre position > décembre, surtt rédigé par Chapelain :

Sentiment de l’Académie sur le Cid = pièce pèche contre la vraisemblance,

au plan dramaturgique et psychologique (trop d’évts. en 24h + fille épouse

pas meurtrier de son père) > impose nvelle notion de vraisemblance

(cohérence psy.) [à laquelle Corn. Préférera tj. le vrai].

. Conséquences à long terme, et qui pousseront Corneille à s’expliquer

encore par ses textes théoriques de 1660 : Abbé d’Aubignac publie en 1657

sa Pratique du théâtre = bréviaire des classiques, où de grands éloges

recouvrent des critiques de fond.

— Silence de Corneille (désirait répondre, mais on lui fait comprendre que

cela indisposerait le cardinal) = aussi au plan dramatique, pendant + de 2

ans >

. b) Les grandes tragédies régulières, qui mettent en scène la « gloire » d’un héros :

Horace (1640), Cinna (1641), Polyeucte (1642), Rodogune (1644), Nicomède (1651).

— Respect des règles, malgré infraction à la bienséance (Horace tue sa sœur

Camille qui maudissait Rome), et inauguration de la tragédie à fin heureuse

(Auguste épargne Cinna, qui conspirait contre lui ; après le martyre de

Polyeucte, les romains se convertissent ou veulent protéger les chrétiens ; le

prince Nicomède pardonne à ceux qui le privent du trône et se révèlent

d’ailleurs de grandes âmes), mise en scène de la grandeur dans le mal

(Cléopâtre, découverte ds son projet de tuer son propre fils et son amante

Rodogune, boit la coupe nuptiale empoisonnée).

21

— Ces œuvres forgent l’image de Corneille aux yeux des contemporains et de

la postérité, cf. :

. Boileau, ds Art poétique 1674 : (termine par invitation à chanter la

gloire de Louis XIV) « Que Corneille pour lui rallumant son audace / Soit

encor le Corneille et du Cid et d’Horace »

. La Bruyère, in Caractères 1688 : « Corneille ns assujettit à ses idées,

Racine se conforme aux nôtres ; celui-là peint les hommes comme ils

devraient être, celui-ci les peint tels qu’ils sont. »

. Prise de position marquées par leur époque : état d’esprit de la fin de

carrière de Corneille.

. c) Tragédies galantes et difficultés d’un renouvellement tardif

— Les Règles étant un acquis auquel tous se soumettent, variation ds le goût

du public après la Fronde, et avec montée du jansénisme (« démolition du

héros » féodal [P. Bénichou]) : frondeurs tâchant de faire oublier leur

rébellion et bourgeois monarchistes récemment enrichis aspirent au

divertissement, à l’exemple de la Cour du jeune roi (Louis XIV entame

règne personnel e 1661) >

. Doctes et auteurs doivent tenir compte d’un renouveau du goût pour la

galanterie et le romanesque : cf. plus grand succès théâtral du siècle = 1656

Timocrate de Thomas Corneille, dont le héros se soumet avant tout aux

exigence de l’amour.

. Développement des pièces à grand spectacle : invention de la

comédie-ballet par Molière avec Les Fâcheux en 1661, 1664 semaine de

fête à Versailles avec Les Plaisirs de l’Île enchantée > apparition et

développement de l’opéra (Académie royale de musique 1671 : « tragédie

en musique » de Lully et Quinault > « opéra » 1675 [Thomas Corneille

Bellérophon 1679]).

— Corneille précède et accompagne ces évolutions :

. Pièces à grand spectacle : Andromède = tragédie à machine annonçant

l’opéra, commandée par Mazarin et jouée en 1650 avec succès ; gd succès

et magnifiscence de La Toison d’or, autre tragédie à machine, en 1661.

. Tragédie romanesque et galante < tendance du jour anime recherches

et invention du dramaturge : avec Sertorius (1662) introduit ds tragédie

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type tradt. comique du vieillard amoureux (général), Attila (1667) tyran

amoureux dont mort (saignement de nez) permet aux jeunes amants qu’il

entrave de s’épouser ; ds Surena (1674) [sa dernière pièce] général

éponyme s’exile et son amante Eurydice meurt, par amour (tgdie du

renoncement à la politique < sentiment).

— Mais, malgré quelques succès et un regain de popularité sur le tard, il

connaît une fin de carrière difficile marquée en particulier par l’ascension

et le triomphe de son jeune rival Racine.

. L’art de celui-ci, tout en intériorisation, répond mieux au goût du

temps : recul du politique par enfermement des pers. ds leur passion >

intensité particulière ds respect de l’esthétique classique + registre

galant : Andromaque triomphe en nov.1667 (/ peu de succès d’Attila,

db. même année) > 1670 guerre ouverte et duel des deux Bérénice, à

l’avantage de Racine.

. Suite d’échecs et situation humiliantes : 1651 préface à Pertharite

« La mauvaise réception que le public a fait à cet ouvrage m’avertit

qu’il est temps que je sonne la retraite […] et il est juste qu’après vingt

années de travail je commence à m’apercevoir que je deviens trop vieux

pour être à la mode. » > 1672 alors même que le Mercure galant de

Donneau de Visé fondé cet année devient l’organe d’un parti cornélien,

Corn. peine à trouver un théâtre qui accepte de jouer sa Pulchérie (refus

de Bourgogne > Marais, alors déchu).

— 1680 malade, se meurt (puis se remet) > meurt en 1684à 78 ans.

. 1685 : Racine reçoit à l’Académie française Thomas Corneille au

fauteuil de son frère > éloge du dramatuge : noblesse du talent vaut celle de

la naissance et des armes, gloire d’un tel poète égale celle des plus grands

héros de l’histoire.

23

Explication 1 : LA PLACE ROYALE

Explication de texte 1 I.1, v. 34-84

— Nouveauté qui a fait succès des premières pièces de Corneille = alliance d’une typologie

dramatique (pers., situation) et, pour 1 part, d’un niveau de lge issu de la pastorale (mise en

sc. complexe et idéalisée d’intrigues amoureuse entre bergères et bergers < poésie antique +

roman contemporains) / esquisse d’un réalisme des lieux et du lge : public galant fréquentant

la Place Royale pouvait s’y reconnaître.

+ Va de pair avec gain d’efficacité dramatique : ici ds scène d’exposition où ns sont

présentés, seules sur la sc., deux pers. féminins antithétiques ms amies = la fidèle Angélique,

courtisé par Doraste, frère de Phylis, ms aimé d’Alidor et qui l’aime + la volage Phylis,

amoureuse de personne et que courtise Cléandre ds le seul but d’approcher Angélique.

. Ph demande à Ang d’être plus accomodante / Dor. > justification de son refus :

lecture du passage > 2 parties inégales :

. 1) Morale d’Ang. : dialogue 34-44 > 2) Morale de Phylis : tirade 45-84

+ Inégalité de traitement suggère un rapport de force, déséquilibre entre pers. fort et faible >

voire comment exposition d’une situation appart bloquée (juxtaposition antithétique) pê riche

de ressources dramatiques.

— 1) Angélique ou la fragile tautologie : 34-44.

. Position caractérisée par fragilité croissante ds affirmation répétée de l’amour unique.

+ a) Petite tirade 34-41 : une seule phrase, de part et d’autre d’un pt.-virgule.

. 34 : « Vois-tu, j’aime Alidor » attaque phatique (fct° de contact : cf. 1e vers de la

pièce = « Ton frère », nvté à l’époque), fortt. ancré ds situation de communication (pour la

réassurer, se faire comprendre) + N propre (supposant connaissance commune : 1e apparition

de ce N, pers. défini comme O d’amour).

— fermeture immédiate de cette ouverture par 1e hm : dit qu’elle n’a plus rien

à dire = tt disc. en un vers, comme tt amour en un couple.

24

. 35-6 progression ternaire confirme cette fermeture soi : « aveugle, sourde,

insensible » (hémistiche sépare 2 adj / 1 = alliance caractéristique d’un registre courant

> vocabulaire galant trad.)

. 37-8 distique suggère une 1e fragilité (ap. opposition des possessifs : « leurs maux » /

« mon âme » < second vers relativise assertion du 1e (dure) + rime « flamme »

/« âme » dit caractère inflammable de celle-ci…

. 39-41 instabilité des registres et des personnes, en tension / affirmation de

permanence (« a » + « aura »40) :

— nvelle intrusion d’un certain prosaïsme : « avoir des Amants par quartier »

(renouveler trimestriellement les fctnaire royaux qui ont payé leur charge :

mieux remplir les caisses de l’État) = registre financier + rappelle

instabilité au plan politique (adm.) ; ms : lge précieux, éclatant < frappe

l’esprit par rapprochement imprévu = baroquisme (concetto).

— Va-et-vient entre parole pers. : « Alidor a mon cœur » et impers. :

« On »39, infinitifs 41.

+ b) 42-44. Intervent° de Phylis résume en l’exacerbant argumentation d’Ang. , ms surtt. elle

la relativise :

. Relativisat° rythmique et sémantique (liaison étroite : dynamique verbale

dramatique) :

— dernier vers et vers suivant d’A. riment avec ceux de Ph. (infidèle > cruelle,

endurci > ainsi).

— « cruelle »42 mot trad. pour l’amante insensible > « cœur endurci »43 : ne

l’est pas naturellement = dénaturé, ou effort artificiel de volonté.

. 44 ds sa symétrie répétitive [chiasme / césure ; miroir : narcisse] (obstiné, boudeuse)

confirme fragilité de l’argumentation Angq., qui d’ailleurs ne progresse plus (« ainsi »

= anaphore / tirade d’av.)

— répétition des mots s’analyse en tautologie du sens (« comme il faut » =

« ainsi » > A = A).

— Prop. principale conditionnée par CC de but (dont Rt° hypothétique) :

transfo. de l’assertion initiale (personnelle et assurée : « j’aime Alidor ») en

supposition tautologique… > L’amante idéale balayée par la galanterie

mondaine.

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— 2) Phylis ou l’inconstance pragmatique : 45-84.

. Paradoxe piquant (ds l’esprit du temps) d’une éthique volage qui se formule

conformément aux règles de la dispositio rhétorique, en 4 temps : exorde (intro.), narration

(exposition des faits), confirmation (dvlppt. des arguments ou des preuves), péroraison

(concl.).

+ a) 45-48. Exorde : en guise d’intr., Ph. synthétise son jugement / attitude d’Ang., à laquelle

elle oppose la sienne.

. Opposition « admire » / « ris »46 + aggravation des reproches : « obstination »

(diérèse) > transfo. « ta fidélité » en « cette vanité » :

— prise de distance par le démonstratif (P2>P3 : péj iste)

— dénonciation d’un péché (orgueil : pt. de vue religieux qui point [piquant /

suite]) / naïveté (raideur inutile / cours des choses : cf. « L’Ecclésiaste » in

Bible : « tt n’est que vanité ») = apologie baroque de l’inconstance fondée

par seult. par hédonisme, ms humilité chrétienne et sagesse philosophique.

+ b) 49-62. Narration = expose les faits : la fidélité, et ts ses inconvénients ; esclavage de la

personne et souffrance de l’âme. Varie champ de la critique : morale, politique,

physiologique, religieux.

. 49-50. Argt° hédoniste (épicurienne) articulée sur considération fantasmatique /

politique de l’amour :

— « plaisir » > opposition (rime) pesanteur du « maître » / éclosion éphémère

sée par « naître ».

— alternative « serviteur » (amoureux) / « maître » : renvoie au code courtois

de l’amour (MA > trad. galante : Dame = domina / amant = vassal) ms

rappelle réalité persistante de la féodalité ss Louis L13 et Richelieu ; vision

noble de l’amour et de la morale personnelle (/ Anglq. + bourgeoise :

thésaurise l’amour… : « se pique » de fidélité, esprit de sérieux…).

. 51-52 > valeur noble rappelée par idée selon laquelle avoir amant exclusif revient à

commettre injustice / « honnête gens » (cf. argumentt° de Don Juan Mol. 1665) :

— type d’individu qui cherche à définir une morale (entre apparence et fidélité

à soi) ds société de cour, depuis L’h. de cour de Baltazar Gracian (1657)

jusqu ‘aux Maximes de Larochefoucauld (1665).

— Reproche fort : « ennui » = sens classique, douleur < inodiare : avoir en

haine.

26

. 53-54 : figement du sentiment par engagement amoureux = relève de la pathologie

psychique :

— cf. « fantaisie » (= étym. It° : instable par excellence > détermine caprices

de la volonté)

— « humeur » (sécrétion déterminant trait de caractère : mélancolie, bile…)

— « jalousie » (cf. fam. de « zèle » < secte des Zélote ds Évangile : violence

ds défense de la relig. = excès ds désir de possession : « avarice » <

avaritia…)

. 55-6 condensent thématique de l’instabilité et confirme qu’en dernière instance

amour tq. la fidélité le conçoit usurpe la place de Dieu.

— vaine lutte contre usure du « temps » (malgré « soins éternels »51 >

« chaque jour »56)

— lexique du culte religieux (rime enrichie) : « ferveur » + « faveur » (don,

sacrifice).

. 57-61 = nouvelle personnalisation du disc. (« Notre) révèle que cette critique motive

un véritable effort épicurien (registre de la « méthode » v.62 : mot de Desc. 1637 = se

guider ds le monde), selon lequel le plaisir est ds absence de douleur, à trouver ds juste

régulation des rapports au réel (≠ vain culte d’un idéal).

— 57-8 = révèle qu’il s’agit avant tt d’éviter la douleur : accélération ds série

de 1 > 2 argts par vers (cause de douleur = distance > mort, inconstance) :

fort paradoxe dramatique < mot d’époque qui révèle dynq. de l’intrigue

(« change ») = mis au compte de l’amante fidèle.

— 59-61 = glissement vers considération morale sévère (pê douloureuse) ds

considération de la réalité : amour possible (« nos feux » : une des rares

fois — la seule — où Phyl le prend à son compte) ms vain < mariage selon

autorité parentale (impersonnalité du « on »60) : le mondain vit ds le

monde (réel) = sait s’adapter.

+ c) 63-78. Confirmation (renversement quasi symétrique) = avantage de sa propre position :

règne sur ses amants, dont aucun ne peut la faire souffrir.

. 63-64. Recentrement sur soi (« Pour moi » quant à moi) prise de distance / l’autre >

condensation de sa propre position (avant développement de sa justification, par avantages).

— rime dit délicatesse de la position, entre négligence et attachement (jeu).

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— morale de l’échange prudent, mesure ds échange (cf. Arist. et antiquité en

gal) : chacun prélève sur soi pour donner à l’autre (« m’en conte » : de cela

= conter fleurette, ≠ aveu grave / « de quoi » engager = pas tout, pas

d’adhésion totale).

. Dvlppt. en 2 temps, scandé par anaphore de l’adv. « Ainsi » exprimant la

conséquence en db. de vers. 65-72 = tentative de maîtrise de la « fortune » (= chance,

bne ou mauvaise : tradt par excellence ce qui ne se contrôle pas, ≠ puissant même que

les dieux ; cf. image roue de la fortune, ht. + bas).

— 65-68 = ambition de cette morale (+ certaine véhémence rhétorique) : cf.

réitération de « tout » comme pôle extrême d’oppositions : « tt » > « tt le

monde » / « rien », « mille » / « l’un de l’autre » [cf. catalogue Leporello in

DJ. Mozart : 1003…] > chiasme « pas un » / « ts ».

— 69-73 = retour du registre politique confirme inversion aristocratique de la

position d’Angélique + laisse entrevoir excès propre à Phyl..

. « tyrannie »69 / « maître »50, cf. « jaloux »67 / « jalousie »54, « « humeur

égale »70 / changeante 54 : construction forte et variations (abc > cab)

. tyran = ds démocratie athétienne a pouvoir étendu exceptionnel > crainte

des Romains que roi(empereur) devienne tyran : mot pour excès du pouvoir

> choisit arbitrairement ses favoris (« mignons »71 : cf. homosexualité

d’Henri III) + roi excessif d’un pt. de vue arist. (gvnts des meilleurs : cf.

« compagnons »72).

. Mais 69-70 : « tyrannie » rime avec « manie » (manier ms rappelle

mania : folie) = excès, hybris de Phyl ds ce désir de manipulation

(tranquillité de la Dame / tension ds la compétition des amants :

injustice…) : elle même peut tomber ds tyrannie > châtiment de la

fortune…

. 73-78. Impossibilité du déplaisir.

— 73-74. Nveau condensé argumentatif avec retour du Pn indéfini « ts », pour

une version modérée voire bourgeoise du plaisir : « plaire » (V. qui a

succédé à « plaisir ») = satisfaire au (bon) goût (mesure de la galanterie) +

rime avec « salaire » = dégradant selon optique noble (qui donne ss

compter) : rabaissement des amants, ou marque bourgeoise ds éthique de

l’échange (contamine aristocratie).

28

— 75-78. Inversion terme à terme et ds l’ordre cette fois 75 + 77 de la critique

des v.57-8 (douleur < 1+2 : distance, et mort, change) + vers 76 et 78

montrant sur registre chrétien et féodal obsession de l’équilibre (tranquillité

PCl. ≠ « inclination ») ds cette morale de l’inconstance : chrétien

« console » (Malbe) + féodal « venge » (Rodrigue / Don Diègue souffleté

par Don Gormas).

— Démonstration close >

+ d) 79-84. Péroraison = en tire conséquence pratique : pourra épouser quiconque sans en

souffrir.

. 79-80. Nouvelle symétrie, avec basculement brusque ds la conséquence

pragmatique : conversion positive de l’imposition parentale du mari.

— Effort moral, quasi stoïcien derrière l’épicurisme (amor fati : aimer ce qui

est…) = se lit pê par tension forte et soudaine entre impersonnalité des

indéfinis (« tant », « quelqu’un ») et passage au possessif familial (« mes

parents » fin répond / « ta conduite » db.) + rime « différents » (change) /

« mes parents » (liens du sang : morale du lignage).

. 81-84 : affleurement d’une ironie triste ds acceptation de l’usage (Phyl ≠ pantin

libertin : dimension de discrète tendresse, faiblesse) <

— 81-2 : hasard du choix parentale désigné par vocables qui font échos / ceux

de l’amant exclusif : fantaisie (« fantasque ») + humeur (« mélancolie »).

— 83 Source sélective du plaisir se dit avec un mot polysémique qui laisse

entendre coup de foudre amoureux que l’on s’interdit (lieux commun

courtois) : « traits » (= qualité) > cf. « trait » = « flèche » de l’amour, qui

perce le cœur.

— > pointe : conclusion terminale = ouverture potentielle à ts de Phyl. =

inverse hypothétique fermeture sur soi d’Ang.

— Concl.

+ Dialogue met en péril fidélité proclamée d’Ang. (entre instabilité et tautologie) ms, si

tirade articule fortt. (rhétoriquement) morale de l’inconstance chez Phyl., il la nuance : par

domaines (facette : baroque, miroir brisé) de l’argumentation (morale voire physiologique,

religieux et politique), par ses inflexions (épicurisme / stoïcisme + morale chrétienne / féodale

29

et mondaine : jésuitisme…) voire ses fragilités (risque d’hybris, pte de tristesse ds

pragmatisme).

. Mais force de la parole Phy tient à ce qu’elle inclut sa propre contradiction :

hédonisme du change et acceptation du mariage (point commun :peur de l’amour > proche /

Alidor).

. Comédie se chargera (intrigue) de remettre Ang. à sa place : idolâtrie d’une idée de

l’amour > don de sa vie au vrai Dieu.

30

Explication 2 : LA PLACE ROYALE

Explication de texte 2 I.2 v. 151-186

—Stances = feront la gloire de Corneille ds Cid alors même que leur auteur, plus tard, les

désavouera > forme recherchée artificielle voire inconvenante, « impardonnable ».

+ = Correspondent à des moments d’expansion lyriques (svent déploration), très prisés ds la

pastorale, à des morceaux de bravoure verbaux caractérisant aussi la tragi-comédie : ds

optique classique = détourne th. de son essence (« représentation d’actions »). Passage permet

pê de nuancer cette critique.

+ Db. I = posent des conditions de base de l’intrigue : attacht d’Ang. à Alidor / Phylis à

l’inconstance > refus d’A. / Doraste, frère de Phylis + consolation de celle-ci à celui-là , avec

promesse de ruse : interrompue par Cléandre (150).

. lecture >

. Un des pers. « lyriques » de la pièce > a des stances : comme Ang., Al. (ms pas

Phylis…).

. Plan : 151-162Souffrance < amour pour Al et amitié pour Al + silence obligé, 163-

174Amour feint pour Phyl permet d’approcher An, 175-186Protestation d’amitié:/ Al >

semble accorder par avance place du vainqueur à Al..

+ Pbmatique : singularités romanesque de cet amour + tvl. dramaturgique d’intégration du

morceau lyrique ds l’intrigue.

31

— 1) Le moment de la déploration : douleurs de l’amour. + a) La douleur d’un dilemme.

. Motivation de la forme lyrique : stance comme forme + élaborée (/ alex. pour

représenter al prose) < véritable strophe (structure close sur le plan métrique et rimique :

sizains abbacc + abaabb)

— Rime : d’attaque dit une moitié du pb. (amitié / pitié), autres rimes le reste :

Angélique / tyrannique + Belle / fidèle.

. 151-2. Deux premier vers disent fct° du monologue : éveiller la pitié (adresse à soi =

au public) + attente / suite < forme ouverte (mètre décalé + rime en attente).

. 153-6. Opposition et hyperbole ;

— Al. / Ang. > amour / Amitié (jeu des [a]) > Amant / ami (polyptote :

succession des dérivés d’une même racine) = voc. restreint.

— « jamais » + « si » : ht degré = hteur héroïque.

+ b) La douleur d’un silence.

. Permanence du registre lyrique avec voc. trad. = parties du corps + abstractions sant

sentiments et comportement (métonymie) : bouche, cœur, yeux + peur, imprudence, vœux,

beauté, âme + confidence, soupirs + objet.

— art de la variation sur des motifs connus.

. v. 157-160. Division baroque de l’être (incarnant dilemme précédent) d’ap lettre des

images (allégorise corps amoureux : théâtre intérieur…) : pose séparation

(schizophrénie) bouche / désir, cœur / yx et soupirs.

. v. 161-2. Rétention en soi > public = convié à la scène de l’âme.

— dramatisation rythmique par Ri 161 « sont muets ».

— 2) Le moment de l’intrigue : douleurs d’un amour feint. + a) Le mauvais rôle de Phylis

. v. 163-6. Db. extrêmt périphrastique / êtres et sentiments :

— « supplice » + « service » / amour /+ faire la cour

— « d’autres lieux » + « celle… mieux » = Phylis (piquant < importance du

lieu ds suite dvlppt ms aussi sur scène).

. v. 167-8. Charge assez violente sur Phylis : ironie dramatique / db exposition + fin

peu amène de 2.2 (v.150).

— reprise expression de Phyl. : « à qui j’en conte » (cf. 64).

32

— Tvl rythmique-sémantique cruel : Phylis > fine > chute ds le prosaïque :

appas / voisine = drame abat hybris de maîtrise, par la bouche même d’une

victime de l’amour (morale trad. de la pastorale : amour + fort que tt = cf.

Corusca in Pastor fido de Guarini).

+ b) Position douloureuse de Cléante.

. 169-172. Nvlle métaphore filée, trad., de l’amour, qui en même tps. développe

explication (méta-dramatique) d’un amour par proximité (métonymique) = amour feint est

une figure…

— esclavage > chaîne : préciosité ds dvlppt. + alliance (incohérente) avec

autre topos = « œil » (charabia pour les classiques)

— anacoluthe : « Esclave » pas apposé / S du V « me laisse » (= ma chaîne).

. 173-4. Explicitation, par parallélisme (V + N de femme) puis chiasme (A+ « d’elle »

> « d’elle » + A) qui nouent la fin de §.

— Explicitation de la fct° du monologue : « s’explique » = distanciation

(Brecht…) ou plutôt pas encore souci aussi poussé de vraisemblance et

d’illusion (croyance, adhésion) [cf. th. médiéval, où pers. s’expliquent

volontiers au public, au – autant qu’entre eux…].

— Une des caractéristiques nvelles des premières comédies de Corn = nbre

important de ces petits dialogues ou monologues « fonctionnels » (signale

importance de l’intrigue).

— 3) Le moment du drame : la résolution d’un ami. + a) Une singulière fusion amicale

. Importance max. = ap. fiction pure de la parole solitaire, apostrophe à un absent = un

des pôles du dilemme, Al. : prépare son entrée à la sc suivante [signif. / autre pôle : jusqu’à

V.7, Clé et Ang ne se verront pas ; s’adressent jamais la parole].

. 175-178. Expression/méditation de la douleur sur le mode du trait d’esprit + force

singulière de cette amitié.

— Renforcement par alitération en [m]

— Suite des paradoxes métonymiques : union des amis > des amours : étrange

= comme si amitié à la source de l’amour (cf. pb. du « mieux aimé » = que

les femmes ; cf. « transfert » ds lecture de Doubrovski ; hypothèse :

Cléandre amoureux d’Alidor ?) : fct° d’amorce / singularité de l’intrigue à

venir.

33

. 179-180. Passage à l’impératif (fct° conative, et non plus simplt. expressive, ou de

communication).

— nvelle théâtralisation figurée du cœur, comme au db. > réaffirmation de la

prééminence de l’amitié (> amorce th. de la culpabilité, dvlppé ds § suivante).

+ b) Un vœu sacrificiel

. 181-4. Effacement de soi

— ds jeu complexe des pronoms : « le tien » anaphorique / « cœur » >

périphrase / Ang. > effacement du Cl. (infinitif « préférer » est ss sujet

explicit) + Al. (« te » au sommet de la pyramide des préférences).

— « murmurer » confirme liaison en miroir Cl. / Al. + clôt scène : murmure de

Cl. mis en sc db. > ceux (imaginaires) d’Al. à la fin : pertinence de cette

culpabilité, par inversion < Al ; l’en délivrera = prépare effet de surprise.

. 185-6. Tentative de devenir un pers. cornélien = affirmation de son honneur, fidélité

à ses valeurs, par sacrifice de soi (« je veux » + être loyal = en se punissant)

— > tension forte vers suite = « je veux » (projet) + interruption du dernier

vers par arrivée d’Al. : forme close et lyrique = pris ds mvt. de transitivité

dramatique (liaison des scènes l’emporte sur morceau à effets). [ = axe de

la concl.]

34

ALIDOR Corneille, La Place Royale

Alidor

— Pers qui fournit son sous-titre à la pièce (comme si centre du lieu de rencontre qu’est la

PR) > attente d’une comédie de caractère [qui trouvera son équilibre classique avec Mol.] :

ms ds Examen de 1660 = distingue nett ses pers., honnêtes gens, des types en vogue ds

comédie époque (farce + commedia dell’arte) [GF 165] + reproche à Al « une inégalité de

mœurs qui est vicieuse » < « amour de son repos » ms « il semble ne commencer à l’aimer

véritablement que qd il lui a donné sujet de le haïr » [GF 74].

+ > Comment caractère inégale fonde-t-il cette comédie , qui n’est pas seulement d’intrigue

ms à laquelle ce caractère semble échapper ?

. Héros de comédie > essai de héros tragique > échec : éthique précaire.

— I. La comédie et son héros

+ 1) Singularités d’une présence scénique

. a) Un protagoniste paradoxal

— sous-titre > apparition tardive : seulement I.4 (soit dernière scène de l’acte)

= prononce le seul vers (186 : « Te rencontrer ds la Place Royale ») de la

pièce où apparaît son titre et lieu scénique : comme conformation de s

fonction centrale — mais vers incomplet, comme signe qu’Al traverse la

scène plus qu’il ne l’occupe.

— pas le pers. le plus présent : [GF41 : erreur] 19 scènes sur 44 [ds décompte

Escola](contre 20 à Phylis), dont 6 scènes de monologues (aussi à la fin des

scènes de dialogue : 3.4, 3.6 ; 4.1 [tard], 4.5, 5.3, 5.8) = confirme forme de

marginalité ds l’action, présence méditative et verbale (+ lien plus direct

entre dramaturge et public).

. b) Une valorisation paradoxale

35

— Autres pers qui l’annoncent ns apprennent pas gd chose : arrivée tardive

pourrait être occasion de caractériser, valoriser le pers. (cf. Tartuffe Mol.

1664 > III / Cid : amour de Chimène et de l’Infante > fin I). Ici peu de

chose, ms Al posé en O d’amour : « j’aime Alidor » (Ang 34) + « J’aime

Alidor » (Cl. 153). Simple O ? Pôle de valorisation (valeur) indéterminé.

— cf. Épitre dédicatoire de Corneille (1e édition, 1637) = confère statut

particulier, voire étrange, au pers. = définit sa volonté de farouche

indépendance ds l’amour en le rapprochant de son mystérieux

« protecteur » (« Monsieur*** ») : ancrage éthique ds le réel au point

d’impliquer le dramaturge (cf. GF 80 : « Mais je vais trop avant ds mon

épître : il semblerait que j’entreprendrais la justification de mon Alidor »)

ds les débats du temps (conception cartésienne de la liberté / passion) >

recul : fiction et galanterie + suppression de l’épître en 1660.

. Exigence dramaturgique (classique : arist. / « imitation d’action » > cf. 1660

Discours de l’utilité et des parties du poème dramatique) = comprendre le pers. /

action, intrigue.

+ 2) Prestiges et vacillements d’un manipulateur

. a) Rôle central ds nœud et péripéties de la pièce : conception et exécution

— 1e fourbe : La lettre supposée d’Al à Clarine : = fin 1.4 Al laisse entrevoir

projet à Cl ss préciser sur scène « moyens » (308) > db II serviteur d’Al.,

Polymas (aussi fourbe qu’Al : à son image…), transmet lettre à Ang > 2.2

Al. humilie Ang. qui lui montre lettre : « Deux mots de vérités vous mettent

bien aux champs » (379) + miroir.

— 2e fourbe : 3.4 Al. Laisse entrevoir s ruse à Cl (« Va-t’en donc et me laisse

auprès de cette belle / Employer le pouvoir qui me reste sur elle. » 749-50).

> 3.5 ment à Ang ds son cabinet (863 « Ma mort va me venger de votre peu

d’amour ») : lui annonce enlèvt + lui promet lettre d’engagement > 4.2

vient nuit avec hommes de main et Cléandre + 4.5 lui remet lettre signée

par celui-ci.

. b) Dépassé par réalité de l’action

— Lettre à Clarine jette Ang ds bras de Doraste (aussi < instigation de Phylis :

Ang se plaint à Phyl > 2.5 Phyl envoie Dor chez elle) : dépit 3.5 (766

« Qu’un indiscret Hymen me venge à mes dépens ! »)

36

— Enlèvement jette Phyl ds ceux de Cléandre [quiproquo + conversion] > 4.6

Al doit d’abord se justifier face à Ang de ne pas l’avoir enlevé (voulait :

« Divertir de vos pas leur plus chaude poursuite. »1125) > propose nvel

enlèvement « Fuyons, hasardons tout. »1164 ms s’enfuit ; pense longtemps

récupérer Ang en dérobant lettre signé Cl (« Dérobons à ses yeux le témoin

de mon crime »5.3, 1394) [< ignore qu’elle a été informée par Dor 4.7]

. Sagesse tragi-comique du hasard vient rabattre prétentions d’Al ? Comme si travail

de l’intrigue limitait en comédie l’hybris d’un personnage qui tend au tragique (par élévation

de la volonté + contradiction interne, qui met en péril unité de son caractère).

— II. La tragédie d’un extravagant + 1) Le projet héroïque

. a) Dialectique bloquée de la maîtrise amoureuse

— Nécessité d’une passion pour éprouver maîtrise absolue de la volonté.

Amour permet que s’affirme volonté qui le dépasse : « Je veux que l’on soit

libre au milieu de ses fers. […] / Je le hais, s’il me force, et quand j’aime je

veux / Que de ma volonté dépendent ts mes vœux. » (1.4, 212-16) = > style

tendant à la maxime et jouant au mieux des 2hm de l’alex + proche de

l’épître dédicatoire : « l’Amour d’un honnête homme doit être toujours

volontaire », = « effet de notre choix » (GF 79-80) : cf. Descartes in Traité

des Passions (1649) : générosité = connaissance par l’h de ce « qu’il n’y a

rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses

volontés » (art. 153).

— Différence / position du généreux cartésien = bonne opinion de soi pas

fondée en raison, avec argt de valeur universelle, ms liée à affirmation

d’une supériorité individuelle (liée à celle d’une classe) : cf. « Comptes-tu

mon esprit entre les ordinaires ? / Penses-tu qu’il s’arrête aux sentiments

vulgaires ? » (1.4, 209-10) > selon Doubrovsky : position de l’aristocrate

comme féodal déchu > condamné à affirmer sa supériorité ds jeu de

l’amour + aspirant (nott ds th. Corneille) à mettre effectivement en péril

son existence (> mvt vers le tragique : mise à l’épreuve extrême de la

pers. : ms ici Al déconseille le duel : 3.5, 748 « Je veux ss coup férir t’en

rendre possesseur » + fuit Doraste 4.6…).

37

. b) L’aristocrate et la stoïcienne : Alidor et Phylis

— S’oppose avec elle aux pers. tott aliénés par leur passion (Dor, Clé, Ang) :

condamnation possible par dramaturge < cf. Épître : amour non maîtrisable

= « une tyrannie dont il faut secouer le joug » // Phylis : « accepter un

maître »50, « pas un d’eux ne me traite avecque tyrannie »69 ; 1.3 Cl. lui-

même définit sa situation comme « tyrannique », cf. « esclave », « chaîne »

> 1.4 Al / Cl : « douce prison » ; Doraste ds dépendance totale de sa sœur

(parle à peine I et II…) ; Ang. jusqu’à IV.7 (comprend / lettre Cl) =

parvient pas à se défaire de son amour pour Al. : Ang / Al 2.3, 423 : « [Je]

lui donne les champs quand il rompt sa prison ».

— Le féodal et l’indifférente : le maître et l’esclave ? Dimension stoïcienne et

cartésienne ds attitude de Phyl et Al. = maîtrise de sa volonté (Phyl 84 « Et

je puis avec joie accepter tt mari. ») + tenir compte de ce qui ne dépend pas

de ns : mutabulité des sentiments et des êtres (Phyl > Al. 1.4 : « Est-ce une

humeur égale et ferme que la nôtre ? / Un âge hait-il pas souvent ce

qu’aimait l’autre ? » 241-2). Ms Phyl veut trouver son bien ds monde tq il

est, en agissant sur elle-même (stoïcisme comme morale de l’esclave, selon

Hgl : ici de la femme, à qui l’on impose mari) / Al qui s’affirme [sa

supériorité] contre les autres.

+ 2) Maîtrise et déchirements

. a) Réaffirmation et exacerbation du projet

— Récurrence ds expression, nott ds moment de monologue : à Cl. 3.4 « Ce

que je t’ai promis ne peut être à personne, / Il faut que je périsse ou que je

te le donne », 3.6 [sort de chez Ang] « Que ne peut l’artifice, et le fard du

langage ! », 4.1 993-4 « Amour, que ton pouvoir tâche en vain de paraître !

/ Fuis, petit insolent, je veux être le maître », 4.5 1084-5 « Je sais trop

maintenir ce que je me propose, / Et souverain sur moi rien que moi n’en

dispose », 5.8 1581 « C’est de moi seulement que je prendrai l loi. »

— Irréalisme croissant ds rapport aux autres actions : 3.6 surveillé par Phylis,

qui ne laissera pas se dvlpper son intrigue > affirmation de puissance ds

l’acte du quiproquo (4.4) + qd tt est déjà joué, ms surtt :

. b) L’accroissement de la flamme

38

— Réaffirmée, seul et en dialogue, à chaque avancée de l’intrigue : après

échec de la première fourbe = 3.4 724sq « Quel effort, cher ami, ne me

suis-je point fait ? / me feindre tout de glace, et n’être que de flamme ! / La

mépriser de bouche et l’adorer ds l’âme ! / J’ai souffert ce supplice et me

suis feint léger / De honte et de dépit de ne pouvoir changer » >

envisageant fourbe suivante 757sq « Que pour ton amitié je vais souffrir de

peine ! […] / Il faut encore un coup m’exposer à ses yeux, / Reprendre de

l’amour afin d’en donner mieux » > 4.1 965 « Alidor, tu consens qu’un

autre la possède ! » > 4.5 1051 sq « On l’enlève, et mon cœur, surpris d’un

vain regret / Fait à ma perfidie un reproche secret »…

— Al. finit par abdiquer sa liberté : 5.3 1370sq « Aussi ma liberté n’a plus rien

qui me flatte », « Je me sens trop heureux d’une si belle chaîne » > 5.7

1483 « Finissez vos mépris, ou m’arrachez la vie »

— III. L’échec et ses raisons + 1) La double aliénation

. a) Angélique : de la victime à l’adversaire

— Éloigne Ang au lieu de combattre l’amour en lui-même : position

aristocratique ne lui permet pas de s’ériger en son propre adversaire (cf. 5.8

1507 « Je vis dorénavant, puisque je vis à moi ») + en fait vaincu par le seul

à sa hauteur (Phylis) > acharnement / Ang : 1.4, 279-50 « Mais puisque son

amour me donne tant de peine, / Je la veux offenser pour acquérir sa

haine » > lettre + scène de l’insolence 2.2 394 : « Cassez, ceci vous dit

encor pis que ma lettre. » > joue de son pouvoir / Ang pour enlèvt : cf. Ang

3.6 865 « Dessus ma volonté ta puissance absolue / Peut disposer de moi,

peut tout me commander » ; ms joue uniquement sur sentiments d’Ang (et

non sur les siens, qui demeurent aussi les mêmes) > dépend d’elle…

— Ang finit par avoir l’initiative du choix : 5.7 il la supplie et elle le refuse

1513 « Aurais-je de l’amour pour qui n’a point de foi ? »

. b) Cléandre : une trop humaine projection

— Cl comme double, pour une possession par procuration. Manière dévoyée,

détournée, de jouir de la possession d’Ang (et dc de soi-même, par

maîtrise) : 1.4 294 « Si tu veux en ma place être aimé d’Angélique », 273-4

39

« À moi ne tiendra pas que la beauté que j’aime / Ne me quitte bientôt

pour un autre moi-même » > explique seconde fourbe : 3.4 688 « Je ne

puis être heureux si Cléandre ne l’est » = « transfert affectif » selon Doub.

Ms :

— Dépossédé par mutabilité de Cl. (conforme aux prémisses du stoïcisme) =

Cl subit imprévisible loi de l’amour > aime Phylis, et non plus Ang : 5.1

1282sq « Je crois prendre une fille et suis pris par une autre », « Je gagne

un nouveau mal qd je pense guérir »

+ 2) Liberté hors les murs

. a) Perspectives d’un « esprit fort » (1376) ?

— Lecture libertine du personnage. Étayé par aspect manipulateur du pers. +

1.4 soupçon de Cl / son désir de la vertu d’Ang [la souhaitait mariée, pour

en jouir ss subir lui-même le joug du mariage] > Al envisage mariage mu

par seule volonté (5.1 997-8 « Je ne me résoufrai jamais à l’Hyménée / Que

d’un volonté franche et déterminée ») > projet de manipulation

sentimentale au bénéfice de sa jouissance (et s’épargnant souffrance : Phyl

ms avec initiative) : « Ns feindrons toutefois pour ns donner carrière [=

prendre du bon temps], / Et pour mieux déguiser ns en prendrons un peu

[de l’amour], / Ms ns saurons tj rebrousser en arrière, / Et quand il ns plaira

ns retirer du jeu. »

— Pb < position aristocratique en phase d’affirmation (même si < crise) et non

décadence, comme ds DJ de Mol (1665) : solidarité de classe et

reconnaissance des institutions = cf. protestation de respect / femmes

mariés (1.4 293-4 « Les beautés d’une fille ont beau toucher mon âme, / Je

ne la connais plus dès l’heure qu’elle est femme. ») + relation forte à Cl.

(autre soi-même = aussi sens socio)

. b) Respect du cloître

— Ses murs protègent ceux qui restent dehors (trop humain) : humiliation ds

affirmation de victoire < celle-ci tient pas à effort de volonté, ms à des

contraintes factuelles : « Les murs qui garderont ces tyrans de paroître /

serviront de rempart s à notre liberté » (5.8 1893-4) : Doub. « le cloître

d’Ang est la prison qui enferme à jamais la liberté d’Al »

40

— Dieu pour seul digne adversaire (baroque et tgdie) : position paradoxale

jusqu’au bout d’Al, dépité, défait car trop humain, ms dont défaite doit

avoir garant surhumain : « Comme je la donnai ss regret à Cléandre / Je

verrai ss regret qu’elle se donne à Dieu. » 5.8 1601-2 = hybris tragique

(classique) d’un pers. qui se débat sous le regard de Dieu + vertige baroque

d’un pers. qui doit en appeler à une autorité transcendante pour arrêter le

jeu inconstant des apparences (cf. DJ).

41

L’INTRIGUE dans La Place Royale

— Question centrale < critique de Corneille ds souci d’unité : « deux desseins d’Al » =

« donnent deux âme au Poème » : soit aussi corps monstrueux / idéal Arist. = ne lui

correspond pas ms très fortement (organiquement) tendu vers lui.

+ Ds tvl / parties du poème dramatique qui se définissent àp des années 30 (dispositio)

. action = intrigue (« intrique ») = nœud de la pièce : pb. posé après exposition (galt

acte I) ; tient à un obstacle / volonté des protagonistes.

. épisode = action secondaire

. péripétie = coup de théâtre, changement imprévu de fortune (passage du bonh au

malh ou récipt) ; si unique = se confond avec le dénouement.

. dénouement = obstacle levé (avec galt chgt de fortune)

— I. Intrigue et comédie + 1) La nature de la représentation dramatique

. a) Personnages et actions

— Insuffisance de la définition traditionnelle de la comédie par le statut social

et le caractère des personnages : « Disc. de l’utilité et des parties du disc.

dramatique » (1e de 1660) = pose qu’ « Arist. définit simplement [la

Comédie] une imitation de personnes basses et fourbes » [GF 170] ; or,

pose par ailleurs que « La Poésie dramatique […] est une imitation

d’action » > comédie à spécifier par type d’action imitée

— Tonalité de l’action. Tgdie : « sa dignité demande qq grand intérêt d’État,

ou qq passion plus noble et plus mâle que l’amour » = « veut donner à

craindre des malheurs plus grand, que la perte d’une maîtresse » > comédie

= « action commune et enjouée » qui peut concerner pers. de toute

condition soc., y compris des rois, si la dignité de leurs action ne dépasse

pas celle de la comédie (> amour, et non État) : « comédie héroïque » [cf.

Épître à M. de Zuylichen, 1650 / Don Sanche d’Aragon]

42

— Déroulement de l’action. Tradt comédie = finit bien / tragédie = finit mal

(cf. Divine Comédie Dante). Selon Arist. comédie doit « rendre amis ceux

qui étaient ennemis » > Corn. « réconciliation de tte sorte de mauvaise

intelligence » (1e Disc. de 1660), > premières comédies : « j’ai presque tj.

établi deux Amants en bonne intelligence, je les ai brouillés ensemble par

quelque fourbe, et je les ai réunis par l’éclaircissement de cette même

fourbe qui les séparait ».

. b) L’unité d’intrigue (« d’intrique » « ou d’obstacle aux desseins des principaux

Acteurs » = ce qui spécifie unité d’action pour comédie (/ unité de péril pour Tgdie, « soit que

son Héros y succombe, soit qu’il en sorte » ; « Disc. des trois unités » 1660)

— Tient ds comédie à l’obstacle / pleine réalisation des relations amoureuses

— Ex. de Mélite (schéma) : . Mélite : Éraste aime Mélite et la présente à son

ami le volage Tircis, qui tombe amoureux d’elle > jalousie d’Éraste : il

donne à Philandre, amant de Cloris, la sœur de Tircis, une fausse lettre de

Mélite où elle lui déclare sa flamme. > Philandre quitte Cloris et montre la

fausse lettre à Tircis. Celui-ci se pâme de désespoir et se retire chez son

amie Lisis qui donne fausse nouvelle de sa mort à Mélite. Celle-ci

détrompe Tircis, ils se marient. Mais Clinton, voisin de Mélite, l’ayant vu

se pâmer, la croit morte et le dit à Éraste. Pris de remords, celui-ci devient

fou. Détrompé par la nourrice de Mélite, il vient demander pardon et

obtient la main de Cloris, qui ne voulait plus de Philandre.

. Obstacle = lettre / amour Mélite-Tircis > T. se pâme, est détrompé + L. se

pâme, Ér devient fou et obtient Clo..

. Schéma

— PR : quel obstacle ?

. Volonté Al / réalisation de son propre amour : nœud dénoué en 5.3 (ne

veut plus s’éloigner d’elle), ms Ang ne veut plus.

. Phylis veut donner Ang à Doraste / Al veut donner Ang à Cléandre : unité

d’intention (acte 1-4) ms pas de réalisation.

+ 2) La Place Royale ou l’exception

. a) La duplicité d’action

43

— Intrigue 1 = la lettre à Ang. [> 3.2 : Al. Donne Ang à Cl] > intrigue 2 =

l’enlèvement [> 4 : Doraste enlève Ang (avec péripétie du quiproquo 4.4 +

conséquences inattendues 5]

— Chgt de personnages principaux < mariage fin = Phylis (opposant / action1

= don d’Ang à Cl par Al, devient S / action 2 = enlèvement d’Ang par Dor)

(et Al, S action 1 > opposant / action2) (v aussi Cl, Dor)

— Pb. ≠ pluralité d’action : esthétique classique et plus encore pré-classique

tolère mise en relation d’une action principale et d’un épisode (voire de

plusieurs).

. Av. 1650 : goût du public pour la richesse en action > cf. Mairet

« Restreindre tant de matière en si peu de vers, sans confusion » > id. Corn

in Clitandre ; imposition du goût classique = favorise intrigues simultanées

(plutôt « fils ») / successives (« épisodes »).

. Théorisation classique : épisode doit découler de l’action principale

(d’Aubignac : critique / Infante in Cid : en fait = ses actions et sentiments

découlent tj. de ceux du couple principal, ms n’agissent pas sur lui

[J. Scherer, 1962]) — et même, en fait : action principale = doit résulter des

actions secondaires ou épisodes (Marmontel, Élts de littérature, 1787 ; cf.

Cinna 1641 : Cinna et Maxime aiment Émilie ; ils conspirent contre

Auguste ms trahison de Maxime — épisode — > pardon d’Auguste) ;

Corn. : épisode « doit avoir son fondement au 1e acte » + être « attaché à

l’action principale ; cad y servir de qqch. » (Disc. de l’utilité)

. Projet d’Al. (intrigue 1) / Projet de Phyl (intrigue 2) = liaison fortt posée

dès le premier acte (Dor, frère de Phyl que courtise aussi Cl, aime Ang) ;

pb. = ds passage de la 1e à la seconde action d’Al (initiative > opposition),

. b) Le vraisemblable et le nécessaire : intrigue et caractères

— Passage de la première à la seconde intrigue d’Al. = pê vraisemblable selon

le caractère d’Al (passage au plan éthique), ms pas nécessaire

dramatiquement : tour de Phylis et Doraste, conversion d’Ang, exauce

vœux initial d’Al (se défaire d’Ang) : se comprend seult / désir de tte

puissance d’Al..

— Mise à l’épreuve de la vraisemblance même par les péripéties et

dénouements :

44

. Corn pose ds 1e Disc. 1660 que ce n’est pas un changement de

volonté ms un évt qui doit fournir occasion des réconciliation (entre

amants) : 1e revirement d’Ang. [« se résout trop tôt à se faire enlever par un

homme qui lui doit être suspect » Exam.], et l’ultime de Cl. (5.1) = chgt de

sentiment + résultat d’un quiproquo (rôle du hasard, même si aidé par

surveillance de Phyl. + contorsions logiques pour qu’Ang dispose pas tt de

suite de la lettre d’Al. [pas de quoi écrire ds son cabinet 3.6 + lit pas lettre

4.3).

— II. Duplicités de La Place Royale + 1) Échos d’intrigues entre elles

. a) Répétitions

— Enchaînement 1.3-1.4 > 3.3-3.4 : plaintes de Cl > amorce de l’action avec

Al..

— Récurrence ds plaintes de Cl > d’Al, qui finissent par lui répondre : déchiré

entre amour et amitié 3.4, 4.1, désire la chaîne amoureuse 5.3.

. b) Oppositions

— Couples unis > désunis (Al-Ang) et inversement (Cl-Phyl) (Dor-Ang = ds

les deux cas), Al agent / patient,

+ 2) Des liaisons difficiles : rapports pbmatiques des intrigues met à l’épreuve unité de lieu,

et même de composition globale de la pièce.

. a) Espace

— Nécess rompre unité de lieu 3.5-7 [Exam GF 74-5] : 3.4 rue entre Al et Cl,

3.5 Ang seule (> tps pour Al d’arriver chez elle), 3.6 cabinet, 3.7 Phylis rue

< confidence possible Al et Ang : les isoler ds cabinet d’Ang < bienséance

+ que Phylis ne puisse pas entendre ce qu’ils se disent.

— Division de la scène 4.1 sq. : tirade-monologue d’Al / Cl et ses troupes ds

un coin de la scène.

— Phyl congédie Lysis 2.7, 3.8 donne RDV au bal > probablement la retient

assez 4.4 pour qu’elle ne puisse suivre Ang immédiatement : 1039-40

« Mais un maudit galant m’est venu brusquement / servir à la traverse un

mauvais compliment »

45

. b) Scènes et actes : mise en place des exigences classiques > scène vide = signale tps

entre deux actes [faut tj , ds un acte, qu’au moins 1 des pers. présent ds une scène soit présent

ds la suivante](action continue de progresser hors scène : ≠ce entre les 24h et le temps de la

représentation).

— Rupture de liaison des scènes 3.4-5, 4.3-4 et 5.3-4 > lecture d’une seconde

pièce, avec ses actes propres (VI… : cf. GF 49), qui commence ds acte III

officiel.

. Nœud 1 = Al veut donner Ang à Cl, Ép 1 = Phylis profite de la

déconvenue d’Ang pour la donner à Dor, Pér. 1 = apprenant cela, Al veut

l’enlever.

. Nœud 2 = Al veut enlever Ang pour Cl ; Épisode 2 = Phyl surveille

menées D’Al, Périp 2 = Phyl enlevée à la place d’Ang, Dénou 2 = Cl aime

Phyl et l’épouse, Dénou 2’ = Ang, refusé par Dor, refuse Al

. c) Des histoires concurrentes

— Alidor de plus en plus ds pièce en décalage / celle que jouent Cléandre et

Phylis : cf. 4.6 propose nvl enlèvement (après avoir semblé se résoudre à

son échec) ms s’enfuit > 5.3 songe à récupérer lettre signée Cl (> sait pas

que Doraste l’a vue et a informé Ang 4.7) = Al veut à tte force dénouer la

pièce où il est protagoniste, alors que devenu simple opposant d’une

autre…

— Recherche de la meilleure formule de comédie ( / goût du temps et compréhension

d’Arist.) + définition d’un pers singulier (type comique / héros / honnête homme), à l’épreuve

de la réflexion classique sur les unités = donne pièce complexe, où tension des esthétique

baroques et classiques (/ temps : devenir en cours / poids du passé et du hors scène

[simultanéité]) donne ce dédoublement décalé de l’intrigue.

46

MORALES DE L’AMOUR Corneille, La Place Royale

— Morale = règle de comportement (éventuellement déduite d’une histoire) .

+ Pluriel > en débat, chantier : opposition (des attitudes et des discours) au nœud du drame,

recherche de la meilleures morale possible [singulier] / simple exposition selon les méandres

de l’intrigue > leçon pas claire [pluriel] (ds un but de divertissement, avant enseignement =

position de Corneille) ?

. Cf. 1645 « Épître » / Suite du Menteur = comédie n’a pour but « que le

divertissement » ; à la rigueur enseignement moral « ds les sentences et réflexions que l’on

peut adroitement semer presque partt. » > précision in Disc. de l’utilité 1660 : ds poésie

dramatique « l’utile n’y entre que sous la forme du délectable » (cf. Arist. : plaisir tient à

l’essence du th., qui est représentation).

— volonté d’enseignement, d’utilité soc. pour le moins peu évidente ≠

position classique qui sera reprise par Mol : castigat ridendo mores

(Horace)

— délectation : posture au fond plus héroïque (profit perso) = recherche d’une

éthique personnelle la plus satis possible : pour dramaturge (cf. Épître

dédicatoire à M.***) + spect..

+ En relation avec les mœurs (moral < lat. mores = « mœurs ») : coutumes, habitudes de vie

d’une époque et d’un lieu.

. Ds quelle mesure morales amoureuses de la pièce consonnent ou non / mœurs

1630 ?

— cf. libertins (« esprit fort »), « honnêtes gens »

+ En relation avec caractère < sens du mot gc ethos (< V gc « avoir ») : comportement

stabilisé en manière d’être (que l’on a…).

. Caractères ds PR ?

— Assez clairement définis en gal (avec conflit intérieur stable + revirements)

— Pb. = cas Alidor

— Amour :

+ Plusieurs approches possibles :

47

. Comportement (action : praxis) : « faire l’amour » = faire la cour > Cléandre à Phylis

par stratégie / Doraste à Ang. par Phylis / Al à Ang par stratégie et/puis par sentiment [+ fait

le contraire]

. Sentiment (passion : pathos) : Clé, Dor, Al, (Lys) / Ang > pb. = apparition [coup de

foudre Clé : cf. Tircis in Mél.], durée [Ang, Al ≠ Phyl], fin de l’amour [Clé, Doraste, Ang :

lien / mérites et comportement de l’autre]

. Exigence (caractère moral : ethos) : fidélité / tranquillité (Phyl), passion / autonomie

(Al), bonh et accomplissement de soi ds fidélité (Ang > idéalisation = don de soi à Dieu).

— L’opposition et le mouvement dramaturgique des attitudes, ds La Place royale,

permettent-ils de dégager un modèle cornélien de comportement amoureux ? [insistance /

Angélique, peu vue]

. Constance amoureuse > Morales vacillantes > Morales d’amours clivées

— I. Constance amoureuse + 1) Double constance initiale

. a) Phylis ds recherche de la tranquillité : inconstance hédoniste comme apparence

(masque) d’un effort stoïque pour la moindre souffrance + éthique de la mesure ds

l’adaptation à une R qui ne dépend pas de ns. > consent à être aimée

— cf. traitement de Lysis (+ tentative / Clé)

— Position aristocratique (possession de soi + acceptation des règles de sa

classe) + honnêteté galante : modération, détacht, culture du plaisir.

. b) Angélique tente de définir morale supérieure de l’amour absolu : 1.1 90sq.

« douceur » ds « l’union de deux âmes » + feux fidèles et nourris par relation (≠ épuisement

fatal) = aimer et être aimée.

— Don de soi (position chrétienne) + possession de l’autre (logique plus

bourgeoise) [malgré composante aristocratique ds idéalisation de soi et de

l’autre : trad. courtoise Tristan et Iseut (ms : couple illégitime)] : implique

aussi retrait du couple / groupe [≠ arist.]

— Position devient tragique une fois que trahie par Al. : douleur + difficulté

de vouloir ne plus aimer (cf. 2.3 fin :conscience de devoir agir sur son

propre imaginaire)

. c) Cléandre à soi seul dblt constant : 1.3 = déchiré entre amitié / Al et amour / Ang

48

+ 2) L’ennemi de l’amour

. a) Projet d’autonomie de la volonté = inhérent à un caractère qui semble soutenu par

pièce ds son ensemble (cf. Épître) : possession de soi, libre volonté (amour propre qui risque

de tendre à l’amour de soi…)

— refus de « tyrannie » 226 1.4 + de la possession comme aliénation (233-4 :

« Crains-tu de posséder ce que ton cœur adore ? / Ah ! ne me parle point

d’un lien que j’abhorre ».

. b) Implique affrontement , en soi-même, d’un sentiment qui semble croître : morale

héroïque de l’exposition au danger (regard d’Ang. = dégradation de féodalité).

— II. Morales vacillantes.

+ 1) Les victimes ou la dégradation de soi

. a) Clé et Doraste ou la dépendance

— Tte initiative ds l’intrigue (jusqu’à l’acte 4 inclus) = passe respectivement

par Al et Phyl.

— Clé victime de l’amour une seconde fois = pure illumination sensible,

contagion pathétique àp des larmes de Phyl. 5.1

. b) Angélique ou l’humiliation

— Scène 2.2 où est exposée aux railleries d’Al : pas foncièrement nécess. /

construction de l’intrigue (doublet / lettre : comme seconde intrigue / 1e) =

montre jusqu’où peut aller Al (accomplissement paradoxal) + réduit Ang à

défense de sa dignité (ce qui dépend d’elle à présent : estime par elle-même

et par les autres).

— Position de victime réitérée :

. Moments lyriques (résonance, amplification de la souffrance / défense de

la dignité) : 2.3 plainte ap. sortie d’Al., 3.5 monologue de souffrance ap.

avoir accepté d’épouser Doraste > 3.6 avoue souffrance et amour à Al. ; 4.7

dit à Dor amour pour Al, et qu’elle ne se donnera à lui que formellement

[1196 « Lui seul aura mon cœur, tu n’auras que le corps. »]

. Jeu dramatique, chacun profitant de sa faiblesse : se plaint à Phyl 2.4 >

Phyl lance Doraste 2.5 ; 3.6 Al manipule Ang qui cède par amour > Al seul

49

se félicite ; 4.4 Phylis enlevée par erreur > 4.6 Ang découvre trahison d’Al

(abandon) ;

+ 2) Héros pris au piège

. a) Al de la virtuosité à l’abdication

— Échecs le contraignent à nvelles inventions : morale de l’action au service

d’une volonté (lettre > enlèvement [+ 2e lettre] ; surpris par Ang. 4.6 > disc.

+ propose nvl enlèvt.)

— Finit par ne plus vouloir de sa liberté, ms reconquérir Ang : 5.3 (aliénation

dramatique < ne sait pas que son projet est impossible < Ang sait tt) : piège

posée d’emblée, héroïsme amoureux inaccompli < lutte contre Ang et non

/ soi-même.

. b) Inconstante Angélique

— Pers. jugé coupable par l’Épître (« Le caractère d’Ang sort de la bienséance

en ce qu’elle est trop amoureuse ») : se donne trop vite à Dor, par dépit

(donc par amour encore d’Al : cf. 4.7 1181 « Tu t’offris par hasard, je

t’acceptai de rage ») + manque à sa parole en acceptant nvl enlèvement

d’Al. 4.6

. Cf. Épître 74 = elle est le mauvais ex ; qu’il est plus sûr de châtier sur

scène.

— Aliénation à un projet qui présente des traits sublime conduit à manquer de

tenu éthique / ce que ce projet mettait en péril par la place accordé à l’aimé

= soi-même [souffrance, humiliation] + les autres (le gpe social : manque à

sa parole / Doraste)

. c) Phylis prise au jeu

— Hyopothèse d’une Phyl qui, outre solidarité familiale (et soc) [/ Dor.],

intrigue pê < piqué au vif d’avoir été courtisé pour Ang. : amour propre, à

défaut d’amour, la fait sortir de son indifférence (forme de passion, ds

attachement à l’intrigue).

— Cf. triomphe cinglant / Cl. 3.1 > 4.4 se reproche négligence av. quiproquo

(est enlevée < entêtement à suivre Ang. : colle à celle que l’on aime) > 5.1

pleure pendant enlèvt..

— III. Morales d’amours clivées

50

+ 1) Le bonheur sans l’amour ?

. a) Cléandre et Phylis ou l’essai d’un honnête partage

— Cl. a Phylis ms ss doute pas son amour

— Phyl. réalise son programme initial : du moindre mal.

. b) Angélique ou l’amour sans personne

— Permet à Doraste de reconquérir une dignité (devenu actif aussi ds

poursuite — vaine — de Clé dp. 4.7) : 5.4 1403 « J’ai souffert sa rigueur

mais je hais son parjure »

— 5.7 1557-8 « Un cloître est désormais l’O de mes désirs, / L’âme ne goûte

point ailleurs de vrais plaisirs. » Fais du cloître O de désir et possibilité de

plaisir = y reporte mode d’aspiration amoureuse qui lui est propre

(impliquant sacrifice de soi et retrait du monde)

+ 2) Alidor : l’amour sans le bonheur ?

. a) Aime encore Ang < doit s’en protéger

. b) Tentative finale (proche au fond d’Ang qd victime) = maintenir plaisir d’amour

propre (ss triomphe objectif) : 1579 « Je vis dorénavant puisque je vis à moi »

— Travail moral = surtout préoccupé de cohésion personnelle (dignité) + réaction à la

souffrance (évitement) : chassé-croisé de la grandeur et de l’harmonie.

+ Composante tragique ds impossibilité d’une tenue pacifique, d’un équilibre des passions.

+ Registre de comédie : possibilité d’un bonheur, ms médiocre.

+ > en creux = appel à la comédie héroïque (gds pers. ss péril), et même à une tragédie qui

puisse avoir fin heureuse (Cid, Rodogune, Attila…)

51

LE LANGAGE

Corneille, La Place Royale

— Question centrale : PR < disc. de Corneille lui-même ds examen de Mélite / succès et

originalité = « style naïf, qui faisait une peinture de la conversation des honnêtes gens »

+ Comprendre cette « naïveté », en contexte.

— Langage [cf. Saussure] = faculté d’employer la langue (système de signe) pour former une

parole (production singulière) > pbmatique :

+ Manières d’actualiser cette puissance de parole : peut aussi rester en suspens (< scène =

aussi espace et temps, décors, gestuelle, actions), place et force +/- grandes.

+ Rapport aux usages collectifs (langue, styles d’époque : tgi-comédie, pastorale, farce)et

aux actions singulières.

— Pbmatique = actualisation dramatique de la puissance de parole : Tradition (non théâtrale à

l’origine) / Travail pour plus d’efficacité dramatique.

— I. Les formes de la splendeur

+ 1) Tradition rhétorique

. a) Galisation

— article indéf. : Ang / Al 4.3 « Je n’ai que trop failli d’aimer un infidèle » ;

Cl. 5.7, 1465 « Mais excusez, Monsieur, le transport d’un amant »

— Parler de soi à la P3 > exemplarité : 2.2, 411-2 « encore qu’Alidor ne soit

plus sous vos lois / Il va vous obéir pour la dernière fois. »

. b) Neutralisation

— épithète redondante : Al. 4.1, 966 « maux sans remède, 969 « lâches

menées » = s’inscrit ds univers de discours où locuteurs partagent même

valeur > repérage par qualification commune.

. c) Argumentation : construction en 4 temps (exorde, narration, confirmation,

péroraison)

52

— cf. Phylis 1.1 ; Al. 3.4, 715 sq..

— Angélique 4.8, 1238-1263 : 2/6/8/10 vers.

. d) Figures = ds conception rationaliste du langage et des passions, émotions

s’expriment et se créent par figures précises [répertoire > expression codée : cf. exclamation,

interrogation, accumulation ; cf. Ang 2.3]

— cf. exclam., ap explication neutre : Doraste à Ang 4.7, 1200-1201 : « J’aurai

cédé ma place à ce premier vainqueur. / Mais suivre un inconnu ! Me quitter pour

Cléandre ! »

+ 2) Tradition lyrique

. a) Monologue de déploration > expressions stéréotypée de l’émotion = désignation

plus qu’expression de l’émotion.

— Clé. 1.3, 155-6 : « Et l’on n’a jamais vu sous les lois d’une Belle /

D’amants si malheureux ni d’ami si fidèle. »

— Ang. 2.1, 339 : « Que la foi des amants est un gage pipeur ! »

. b) Figures de l’amour courtois

— Soumission à la dame : Lysis 2.6, 529 sq. « Vous êtes ma maîtresse, et moi

sous votre empire / Je dois suivre vos lois, et non y contredire »

— Clé 1.3, 169 sq. « Esclave d’un œil si puissant / Jusque là seulement me

laisse aller ma chaîne »

. c) Préciosité : minéralité, oppositions.

— Ang. 2.2, 397 : miroir / [défauts] « C’est dedans son cristal que je les

étudie »

— Al. 3.4, 725 « Me feindre tt de glace, et n’être que de flamme ! »

— II. Les formes de l’action + 1) Un langage du temps : les épices du discours

. a) Tournures familières

— Lysis 2.7, 582 : « Et moi durant ce temps je garderai les balles ? » [paume ;

contraste comique / élévation dialogue Clé-Phyl.]

— Doraste 2.5, 506 / Ang et Al : « qui les a mis en pique ? » [brouiller <

escrime]

53

— Al. 2.2, 379 : « Deux mots de vérité vs mettent bien aux champs. »

[contraste / registre élevé de la fureur Ang]

— Locutions tendres liées à l’époque (> démodées : cf. dérision in Bourgeois

gentilhomme 1670) : « Ma chère âme » (Al. 3.6, 611), « Mon souci » (Al.

5.7, 1528).

— Simple hétérogénéité : lge commun, ds stance lyrique Clé, 1.3, 168 : « Son

plus charm ant appât, c’est d’être sa voisine ; »

. b) Grivoiseries

— 3.4, 722 « Elle eût perdu mon cœur avec son pucelage. » [> 1660 « en

devenant sa femme. » / modération gestes et surtt. parole, cf. d’Aubignac :

« il n’y a rien de sensible que le discours » [≠ th. 1/2 siècel = plus sensible

aux mots qu’aux gestes et situations : Rotrou, Céliane 1637= reçoit amant

ds son lit et se laisse embrasser sein ; L’Hypocondriaque 1631 = pers.

embrasse seins de sa maîtresse, qu’on maintient de force.

+ 2) Le tempo dramatique du langage

. a) Discours fonctionnels : monologues utilitaires, donnant explication / pers. et

situation (relation / intrigue) = bcp Plus nbx chez Corn / autres pièces époques (pastorales :

simple juxtaposition de tirades lyriques et narratives) : attention plus grande au tout (/

fascination pour morceaux de bravoure). Non pas disc rétrospectif à distance de l’action, ms à

chaud, ds relation immédiate / action : nott, juste ap. moments critiques.

— 4.1, 634 sq. = Al. rappelle projet d’enlèvement (> seult ap = élévaiton

lyrique).

— 3.6, 893 sq. = Ang. exprime crainte et résolution / suite action (enlèvement

par Al)

— Rupture / Al > monologue d’Ang. (2.2 > 2.3) ; Doraste annonce bal et

mariage > déploration Clé (3.2 > 3.3), enlèvement d’Ang, croit-il >

interrogations d’Al (4.4 > 4.5)

. b) Ancrages énonciatifs

— Infléchit propos généraux : requête de Phylis à Ang 1.1 4sq.

— Apostrophe directe : Ang / Al apr lettre = 2.2, 347 « Traître, ingrat, est-ce à

toi de m’aborder ainsi ? »

54

— Termes expressifs d’appui : Al. 3.6, 850 = « Ah ! ce discours ne part que

d’un cœur tout de glace. »

+ 3) Suprématie du drame

. a)Pas de stichomythies [≠ tour de force Suivante (juste av. PR, 1633): 40 distiques

par stichomythies < Sylvie de Mairet id…]

. b) Progression par reprise et variation des termes (rebonds verbaux) :

— Polyptote : Phyl et Lys 2.6 « Regarde maintenant si je sais t’obliger. / Cette

obligation serait bien plus extrême »

— Éclaircissement : Ang et Phyl 1.1, 108-9 : « Il aura qu’avec lui je vivrai

franchement. / Franchement c’est-à-dire avec mille rudesses » ; cf. 146,

467, 546-7.

. b)Fragmentation du vers : sans tj. alternance ou répétitions métriques régulières

(fragmentation tend à être limitée en 1660).

— Cf. double interruption de Clé par Al. 1.3 > 1.4, 3.3 > 3.4 ; entre Polymas et

Ang 2.1, Al et Ang 2.2 (357 : « La cause ? / En demander la cause ! lis,

parjure ») ; Phyl et Dor. 2.5, 504 : « On a fait qu’Angélique… / Eh bien ? /

Hait Alidor. »

— Sifflement d’Ang (infra-syllabique), 4.2 > 4.3, 1025 (Cl/Ang/Al) : « Adieu,

fais promptement. / St. / Je l’entends, c’est elle. »

55

Le langage dans La Place Royale de Corneille

— I. Les formes de la splendeur

+ 1) Tradition rhétorique

. a) Généralisation

— article indéf. : Ang / Al 4.3 « Je n’ai que trop failli d’aimer un infidèle » ; Cl. 5.7, 1465 « Mais

excusez, Monsieur, le transport d’un amant »

— P3 d’exemplarité : 2.2, 411-2 « encore qu’Alidor ne soit plus sous vos lois / Il va vous obéir

pour la dernière fois. »

. b) Neutralisation

— épithète redondante : Al. 4.1, 966 « maux sans remède, 969 « lâches menées »

. c) Argumentation : exorde, narration, confirmation, péroraison

— cf. Phylis 1.1 ; Al. 3.4, 715 sq..

— Angélique 4.8, 1238-1263 : 2/6/8/10 vers.

. d) Figures = répertoire > expression codée : exclamation, interrogation, accumulation

— cf. Ang 2.3 ; Doraste à Ang 4.7, 1200-1201 : « J’aurai cédé ma place à ce premier

vainqueur. / Mais suivre un inconnu ! Me quitter pour Cléandre ! »

+ 2) Tradition lyrique

. a) Monologue de déploration = désignation plus qu’expression de l’émotion.

— Clé. 1.3, 155-6 : « Et l’on n’a jamais vu sous les lois d’une Belle / D’amants si malheureux ni

d’ami si fidèle. »

— Ang. 2.1, 339 : « Que la foi des amants est un gage pipeur ! »

. b) Figures de l’amour courtois

— Lysis 2.6, 529 sq. « Vous êtes ma maîtresse, et moi sous votre empire / Je dois suivre vos lois,

et non y contredire »

— Clé 1.3, 169 sq.« Esclave d’un œil si puissant / Jusque là seulement me laisse aller ma chaîne »

. c) Préciosité : minéralité, oppositions.

— Ang. 2.2, 397 : « C’est dedans son cristal que je les étudie »

— Al. 3.4, 725 « Me feindre tt de glace, et n’être que de flamme ! »

— II. Les formes de l’action

+ 1) Un langage du temps : les épices du discours

. a) Tournures familières

— Lysis 2.7, 582 : « Et moi durant ce temps je garderai les balles ? »

— Doraste 2.5, 506 / Ang et Al : « qui les a mis en pique ? »

— Al. 2.2, 379 : « Deux mots de vérité vs mettent bien aux champs. »

— Locutions tendres d’époque « Ma chère âme »(Al. 3.6, 611),« Mon souci »(Al. 5.7, 1528).

— Simple hétérogénéité : langage commun, ds stance lyrique Clé, 1.3, 168 : « Son plus charmant

appât, c’est d’être sa voisine ; »

. b) Grivoiseries

56

— 3.4, 722 « Elle eût perdu mon cœur avec son pucelage. » [> 1660 « en devenant sa femme. »

+ 2) Le tempo dramatique du langage

. a) Discours fonctionnels : monologues utilitaires, donnant explication / pers. et situation > lien des

monologues expressifs / action.

— 4.1, 634 sq. = Al. rappelle projet d’enlèvement (> seult ap = élévation lyrique).

— 3.6, 893 sq. = Ang. exprime crainte et résolution / suite action (enlèvement par Al)

— Rupture / Al > monologue d’Ang. (2.2 > 2.3) ; Doraste annonce bal et mariage > déploration

Clé (3.2 > 3.3), enlèvement d’Ang, croit-il > interrogations d’Al (4.4 > 4.5)

. b) Ancrages énonciatifs

— Apostrophe directe : Ang 2.2, 347 « Traître, ingrat, est-ce à toi de m’aborder ainsi ? »

— Al. 3.6, 850 = « Ah ! ce discours ne part que d’un cœur tout de glace. »

+ 3) Suprématie du drame

. a)Peu de stichomythies : Phyl / Cl 2.7, 603-4.

. b) Progression par reprise et variation des termes (rebonds verbaux) :

— Dérivation : Phyl et Lys 2.6 « Regarde maintenant si je sais t’obliger. / Cette obligation

serait bien plus extrême »

— Éclaircissement : Ang et Phyl 1.1, 108-9 : « Il aura qu’avec lui je vivrai franchement. /

Franchement c’est-à-dire avec mille rudesses » ; cf. 146, 467, 546-7.

. b)Fragmentation du vers :

— Cf. double interruption de Clé par Al. 1.3 > 1.4, 3.3 > 3.4 ; entre Polymas et Ang 2.1, Al et

Ang 2.2 (357 : « La cause ? / En demander la cause ! lis, parjure ») ; Phyl et Dor. 2.5, 504 :

« On a fait qu’Angélique… / Eh bien ? / Hait Alidor. »

— Sifflement d’Ang 4.2 > 4.3, 1025 (Cl/Ang/Al) : « Adieu, fais promptement. / St. / Je

l’entends, c’est elle. »

57

ESPACE ET TEMPS Corneille, La Place Royale

— Pb. de leurs relations, à envisager avec troisième terme de la question des unités = action,

celle-ci étant ce qui les articule [ils sont coordonnées de l’action] (même si espace ≠ lieu : le

contient).

. Deux actions > deux espace-temps : successifs [actions d’Alidor] / simultanés [action

d’Alidor / de Phylis]

. Coordonnées ms aussi O ou matière de l’action : désire de précipiter ou retarder les

choses, déplacer/unir tels pers.

+ Question de la coïncidence : un espace pour un temps ?

. Qu’est-ce qui les identifie ? Pb. temps obj / subj (Aristote / St. Augustin) =

enchaînement des actions et galt vie des pers.

. Rapport des deux = vitesse

+ > Pbmatique : singularité dramaturgique de la PR ds unification et agencement de l’E et du

T (cf. sous titre = vaguer de ci, de là [peine à centrer un parcours] + multiplicité de pensées et

actes)

. Une pièce centrée ?

. Distorsions de l’espace-temps

. Des dimensions plastiques

— I. Une pièce centrée

+ 1) La Place Royale

. a) Présent de la vraisemblance

— Lieu à la mode sous Louis XIII

— Place à pavillons et arcade > intègre le multiple : dehors + maison d’Ang

où a lieu le bal + son cabinet + ss doute maison de Phylis (voisine d’Ang)

où elle console ses parents et où Cl va leur demander consentement (cf. ap.

5.2)

. b) Un lieu où converge les vies

58

— Existences et désirs des pers. les amène natt. sur scène < nott. hs cherchant

femmes (Clé / Ang db. + > Lysis revient voir Phyl (2.6, 3.8)

— Arcades et nuit > remise fausse lettre Polym + enlèvement 4.

+ 2) La Folle journée [cf. Mariage de Figaro]

. a) Vingt-quatre heures bien remplies

— Multiplicité d’actions, rebondissements

— Insistance sur cette unité : Lysis renvoyé pour une heure 2.7 > 3.8 revient

trop tôt > RDV bal ; Doraste donne bal ce soir + épousera Ang demain

(3.2) > 4 ds la nuit.

. b) Un espace habitée

— Rupture de liaison des scènes contribue au brassage des pers sur la scène

(déplacement des êtres et du regard du spect. : cf. 3.4 > 3.5 = Al et Cl ds

rue > cabinet d’Ang seule.

— Scènes à plusieurs (2.7 Clé+Phy+Lys = 1e fois que pas deux ; 4.1

Al+Clé+troupe d’armés) + remplissage progressif de la scène vers

dénouement 5 (àp de 5.4 : 2, 3, 4, 7 > 1 pers.) : enjeu = aussi (co)présence

des pers sur une scène figurant le monde (cf. Al seul, Ang ailleurs : se retire

5.7 [= autre espace, sacré / profane]).

— II. Distorsions de l’espace-temps

. Coexistences de plusieurs temps un même espace (diverses intrigues), voire de divers

temps en un même temps (même raison)

+ 1) Les feintes

. a) Coexistence de deux temps sur scène

— Complot d’Alidor et Ang ds son cabinet / surveillance discrète d’Ang

— Hésitation d’Al. 4.1 / attente de Cl et des hommes armés.

. b) Coexistence d’un temps sur scène et d’un temps hors scène

— Contrairement à l’achèvement du classicisme ds tragédie = peu de jeu /

action hors scène avant la pièce et entre les actes [cf. duel et guerre du Cid,

combat Horace et Curiace in Horace…] > pression temporelle sur la scène.

Cf. enchaînement actes 2>3 : même pers., juste le temps de passer chez

Phylis voir le portrait [forgerie lettre 1 : acte 1>2 ; ms invention enlèvement

= sur scène, en présence Ang. 3.6].

59

— Surtt : 2.7 = dialogue Phyl-Cl / action Doraste chez Ang.

+ 2) Les errements

. a) Espace obscur et bifurcation temporelle : le quiproquo

— Action de Phyl pour D [ignorance des menées exactes d’Al] > son propre

enlèvement + mariage

— Action d’Al et Clé > idem.

. b) Plusieurs pièces en une ?

— Espace et temps changent de sens selon que l’on considère qu’intrigue =

celle de Phyl, ou celle d’Al.

— Àp. 4.7, Al en retard sur l’intrigue devenue celle de la pièce (lui, croyant

participer, àp 5.3, à la reconquête de Phylis) < sait pas que Doraste a

informé Ang / fausse lettre signée Cl..

— III. Des dimensions plastiques

+ 1) Unités modulables : espace, temps et vraisemblance

. a) Un choix cornélien

— Préfère remettre en cause unité de lieu pour assurer vraisemblance de

l’entrevue entre Al et Ang 3.6.

. b) Aux limites de la rupture

— 5.3 / 5.4 = Al sort ss croiser Doraste, qui pourrait le détromper tt de suite /

ses espoirs de retrouver l’amour d’ Ang.

— 4.4 : Phyl doit être retenue par un galant (Lys. < RDV 3.8) pour ne pas

rattraper Ang (et pouvoir être enlevée à sa place)

+ 2) Rythmes : une configuration du temps scénique

. a) Formes du temps : répétitions et inversions

— cf. plaintes lyriques, recombinaisons des couples

. b) Vitesse de l’action : saturation de la scène

— Rebondissements, dont un enlèvement

— Moment d’accélération : consultation Clé/Al > passe à l’action (ellipse 1>2,

3.6)

. c) Ralentissement des âmes : tensions des isolements

60

— Monologues de plaintes et introspection (Clé, Al, Ang) [≠ Phyl : pers.

glissant ds l’intrigue]

— Pression de et tension vers l’action : cf. 3.3 = Clé réagit / nvelle donnée par

Doraste > que faire ? ; 4.1 Al = poids de la décision + tension car

possibilité de suspens (comparable : Ang et Al fin 3.6)

61

Résumé : LA PLACE ROYALE

— Acte I

+ 1.1. Angélique prie Phylis de décourager son frère Doraste, qui la courtise ; profession de

foi de fidélité à Alidor / libertinage de Phyl. Ang. Sort quand

+ 1.2. arrive Doraste. Phylis le console par sa gaîté, lui voudrait ruse.

+ 1.3. Stances de Cléandre, déchiré entre amitié pour Doraste et amour pour Angélique. Il ne

fait la cour à Phylis que pour approcher Ang..

+ 1.4. Alidor explique à Cléandre qu’il veut offenser Angq, qui l’aime et qu’il aime < se sent

trop asservi par cet amour. Cl avoue ses sentiments > Al veut lui gagner faveur d’Ang « avant

que le jour passe ».

— Acte II

+ 2.1. Polymas, confident d’Alidor, a montré à Angélique lettre d’Alidor à Clarine (cf. La

Suivante) et la supplie de ne rien dire à son maître.

+ 2.2. Angélique montre la lettre à Alidor, qui la lit, elle la déchire et il redouble d’insolence,

puis prend congé déftvt.

+ 2.3. Monologue d’Anglq. : désespoir, regrette de n’avoir pu châtier Alidor, ms sent les

restes de sa flamme.

+ 2.4. Angélique fait part de son infortune à Phylis, qui voit son frère vengé, et conseille à

son amie de reconquérir Alidor en l’attendrissant.

+ 2.5. Phyl frappe chez Doraste et lui annonce sa possible bne fortune, puis le chasse car

survient un amant. Surtout, qu’il entre chez Anglq (pour parler d’abord au père, qui le

souhaite).

+ 2.6. Lysis se plaint des autres amant de Phyl mais les accepte par amour d’elle. Survient

Cléandre, qui veut entrer chez Angélique.

+ 2.7. Léandre dit ne faire que passer mais Phyl le retient : lui reproche son infidélité, de

trahir Alidor. Renvoie Lysis pour 1h ou 2. Léandre insiste ms Phylis lui propose amitié,

demande de juger un portrait d’elle.

— Acte III.

+ 3.1. Chez Phylis, Cléandre juge durt son portrait et s’apprête à sortir.

62

+ 3.2. Survient Doraste triomphant : donne un bal ce soi chez Angélique et demain l’épouse.

Phyl explique à Cléandre qu’elle ne le retenait que pour ne pas qu’il gêne son frère.

+ 3.3. Monologue de Cléandre qui dit sa douleur, et regret furieux de ne pas avoir tué

Doraste (voire Phylis). Doit empêcher cette union, ne serait-ce que par amitié pour Alidor. La

rompre, ou attendre Dorste à la sortie du bal.

+ 3.4. Cléandre informe Alidor, qui se réjouit d’être libéré mais regrette d’avoir souffert ss

rendre Cl heureux. Lui désonseille le duel (cf. Théante de La Suivante). Seul, redoute de

reprendre de l’amour pour servir son ami.

+ 3.5. Stance d’Angélique, ds son cabinet, souffrant plus de ces fiançailles que de la faute

d’Alidor.

+ 3.6. Angélique voit entrer Alidor, l’accable et le somme de parler. Il lui explique sa fourbe,

et s’apprêt à se tuer devant elle pour la libérer avant son mariage. Elle l’arrête : il lui propose

de l’enlever ce soir après le bal. Elle y consent, lui demande qu’il lui fasse lettre où il

s’explique sur ses intentions, puis l’empêche de l’écrire par crainte qu’ils soient surpris.

Stances d’Angélique seule, entre crainte et espoir. Alidor seul se félicite de sa ruse, qui va

profiter à Léandre.

+ 3.7 Phylis s’étonne de voir sortir Alidor content de chez Angélique. Sondera Angélique ce

soir, ou épiera ses actions.

+ 3.8. Lysis revient (même si 1h à peine écoulée), Phylis lui demande de réserver pour le bal

de ce soir ce qu’il a à lui dire.

— Acte IV. L’Acte est ds la nuit.

+ 4.1. Monologue d’Alidor (qui fait se retirer Cléandre ds un coin de la scène avec hommes

de troupe). Se félicite de se libérer de ses fers puis doute et hésite. Caprice. Déchiré entre

trahir un ami et sa maîtresse. Puis se reprend : sa liberté veut même chose qu’amour de

Léandre. Il décidera de son propre amour pour se marier, et non les yeux de la belle.

+ 4.2. Minuit vient de sonner, Léandre s’impatiente. Alidor lui remettra Angélique dès qu’il

lui aura donné promesse de Léandre (= lettre d’Alidor, signé par Léandre), ne peut faire plus.

Att° car Angélique pourra reconnaître supercherie < ≠ce de taille ; L. lui mettra main sur

bouche.

+ 4.3. Angélique arrive, siffle. Alidor lui donne promesse (celle d’un ami, ne la trompe qu’à

demi) > Angélique, confiante, la prend ss la lire, surtt pour son père, et l’emporte ds sa

chambre.

63

+ 4.4. Phylis [a-t-elle vu ce qui vient de se passer ?] déplore qu’un galant l’ait empêché de

suivre Angélique plus tôt. La sait livrée à Alidor, et son frère trahie par sa négligence. Alidor

+ Cléandre + troupe enlèvent Phylis désigné par Alidor comme Angélique. Main de Cléandre

sur sa bouche.

+ 4.5. Alidor déplore, par regain d’amour, succès de son entreprise, puis se reproche ce

moment de faiblesse.

+ 4.6. Angélique s’excuse d’avoir fait attendre Alidor (a entendu du bruit, et lumière ds

l’escalier). Stupéfaction et reproche d’Al.. Une autre a donc été enlevée, mais Alidor a cru

laisser partir Ang. : pas d’amour ? Al improvise excuse (voulait attendre pour créer une

diversion ds poursuite). Ne peut plus l’enlever, qu’elle attende encore un jour : pê que Doratse

l’épousera pas. Elle le presse. Soit, qu’ils partent ts deux. Mais arrivée de Doraste empêche

Ang. de suivre Al..

+ 4.7. Angélique explique à Doraste, qui le lui reproche (en présence d’une troupe d’amis et

de son domestique Lycante), raison de son départ (dépit / Alidor et revirement de celui-ci).

Doraste a trouvé sur table ds chambre d’Ang promesse signé Cléandre. Ang comprend

stratagème d’Alidor. Doraste comprend qu’on a enlevé Phylis, qui a quitté salle de bal sur

trace d’Ang.. Se lance à la poursuite d’Al..

+ 4.8. Déploration d’Angélique / duplicité d’Al et sa propre culpabilité. Elle doit se rallier à

plus de raison. Cache douleur et honte ds sa chambre.

— Acte V.

+ 5.1. Cléandre tombé amoureux de Phylis pendant (à la suite de) l’enlèvement (larmes). De

plus, une nuit passée avec lui portera à médisance : doit donc l’épouser. elle persifle, mais

suivra le choix de ses parents (il est riche, ils sont vieux).

+ 5.2. Phylis, que Cléandre décrit orgueilleuse, va rassurer ses parents. Il rend Angélique à

Alidor plein d’espoir (même si elle s’est promise à Doraste).

+ 5.3. Monologue d’Alidor, qui se réjouit de son amour retrouvé, libéré. Mais Ang peut lui

en vouloir : il doit dérober le billet de Cléandre, et sinon se fait fort de regagner cœur de la

belle.

+ 5.4. Doraste n’aime plus Angélique, qui l’a trahi. Veut tuer Cléandre (qu’il n’a réussi à

attraper), qui a enlevé sa sœur. Lycante lui conseille de la lui donner en mariage (< honneur

de la sœur, fortune de l’autre)

+ 5.5. Phylis demande à Doraste (qu’elle a vu par la fenêtre) d’accepter Cl pour beau-frère :

elle y consent (pas par amour de Cl), si son père le veut (< respect, devoir)

64

+ 5.6. Arrive Cléandre. Réconciliation avec Doraste (à qui il a rendu le service de le

dégoûter d’Ang).

+ 5.7. Alidor et Ang arrivent en se disputant. Phylis apprend à Ang son mariage avec Clé.

Doraste, qu’il ne veut plus d’elle ; qu’elle prenne Alidor (déloyauté mauvaise excuse : comme

elle). Ms elle désire cloître. Doraste et Cléandre veulent laisser les possibles amants seuls,

mais Phylis veut convaincre son amie (qu’elle suive son exemple ; couvent bonne idée, mais

pas si motivée par dépit amoureux). Ang persiste et dit adieu.

+ 5.8. Stances d’Alidor. Se réjouit, dit-il, de ce que refus d’Ang le rende à sa liberté. Pourra

feindre amour, mais saura rebrousser à temps. Couvent d’Ang le protège de l’amour.

65

DM1 Corneille, La Place Royale (1633)

Dissertation : exercice n°1

Selon Jean Rousset, « Corisca, Hylas, Alidor […], [sont des] maîtres d’illusion, jouant

de leurs cent masques, funambules multiformes et changeants, magiciens d’eux-mêmes,

glissant de métamorphose en métamorphose parce qu’ils ne sont jamais eux-mêmes, mais tout

occupés de paraître autres qu’ils ne sont […] » (La littérature de l’âge baroque en France.

Circé et le paon, 1954). En quoi cette affirmation vous paraît-elle éclairer La Place Royale de

Corneille ?

— Analyse de l’énoncé :

+ Att° : question porte sur la pièce, et non pas seult. sur ses personnages… > les aborder, ms

aussi questions de leur relations sur la sc. = pt. de vue dramaturgiques, poétiques…

+ Termes : inconstance < (« parce que ») apparence

+ maître d’illusion : > « jouant, funambules, glissant, tt occupés »

. tradition des magiciens et autres ds pastorales (mage Adamas in Astrée) : cf.

magicien Alcandre in Illusion.

. maître : cf. maîtrise = homme peut se rendre maître et possesseur de l’univers chez

Desc. (< raison et liberté) + figure héroïque chez Corneille (en tension / exemples antiques de

la mesure)

— maîtrise des émotions (passion) / des autres : tension de la maîtrise et de la

force, d’une morale chrétienne ou antique / féodale de l’affirmation

éclatante de soi.

— A lier / « jouant de » = facilité ds la maîtrise, joie du jeu / il y a du jeu

. Degré de maîtrise, ou idée que maîtrise ne va pas sans risque (plus elle est affirmée,

plus elle est dangereuse) : cf. chute : funambules > glissant

66

— id. / « magiciens » = détenteur d’un pouvoir / d’une technique : maîtrise, ou

possession, liaison avec des forces obscures ; ici = savoir-faire mondain /

puissance, vertige de l’amour (amour-propre).

— Limite possible de ce pouvoir : « magiciens d’eux-mêmes » =

engendrement de soi par maîtrise ou jeu sur des forces irrationnelles (qui ns

occupent, envahissent) ; sculpture de sa propre identité = possible ?

hybris ?

. Pb. = aussi : but ou fondement de cette tentative de maîtrise sur des apparences

trompeuses ?

+ Apparence : illusion > masques > jamais eux-mêmes > paraître autres qu’ils ne sont [ms

que sont-ils ? Qui le sait ? Est-ce déterminé ?].

. Illusion = ce que l’on peut prendre pour la R ms qui ne l’est pas (croyance >

déception ou pas) ; force de conviction, effet de R ; peut présenter un haut degré de

ressemblance avec [l’apparence de] la R.

— cf. terme majeur à la fois pour caractériser ce que l’on appellera baroque

(enchantement des sens : Illusion comique = aussi qui concerne des

comédiens… ; cf. aussi hypothèse du « malin génie » in Méditations de

Desc. 1641) ms aussi de la pbmatique du classicisme = une des glose pour

mimèsis chez Aristote (« représentation », « imitation ») : pb. de la

vraisemblance (tps, lieu, unités…).

. Mots suivants : outre que « cent masques » confirme registre théâtral (+ pluriel qui ne

suppose pas cohérence, logique d’un masque à l’autre : discontinuité), oppose

apparence à l’être, l’identité : qui serait donc cachée, intérieure (spirituelle ?).

Questions :

— Possible valeur essentielle des apparences.

— Pertinence de la lecture psychologique, avec en plus sous-entendu d’un

« caractère » unique (cf. comédies de caractères chez Mol., et Caractères

de La Bruyère… = une des directions du classicismes) : s’agit ici de théâtre

> pers. existent comme actes et paroles, ds un dispositif scénique (espace et

temps, intrigue…)

+ Pôle de l’inconstance : « cent… multiformes et changeants, glissant de métamorphose en

métamorphose, jamais eux-mêmes… »

. Question du nombre : concerne seulement l’apparence ?

67

. Glissant = suppose processus continu (≠ masques : sauts, ruptures, intermèdes sans

masques).

. De métamorphose en métamorphose : même continuité ds la transfo, processus de

fond (energeia…) +

— connotation antique : Ovide et transfo. des dieux > dimension païenne,

inhumaine, surhumaine…

— mot signifie changement de forme apparente : soit ce qui semble affecter

l’être par opposition à l’apparence, concerne aussi celle-ci comme

manifestation d’une identité changeante (cf. métamorphose = ne jamais être

soi…)

— > pbmatique =

Ds quelle mesure PR met-elle en scène une inconstance qui s’explique par la volonté délibérée de jouer sur des apparences trompeuses ?

— Croiser les pers. (discours, actes, mises en scène, relation) et les situations (définition,

évolution) : relation inconstance / apparence.

+ Phylis

. Affirme éthique de l’inconstance : manière de rester fidèle à tranquillité de soi et

possibilité de jouissance mesurée, évitt de la souffrance = inconstance superficielle

(d’apparence) comme moyen de constance supérieure, par souple adaptation aux aléas de la

réalité (nature h, cond fém ds mariage).

— subit changement max. = est vraiment aimée par Cl. (après l’avoir été par

ruse métonymique) : drame la venge du peu de cynisme de Cl. + vérifie

(durt : contre son désir) ses maximes pragmatiques (se soumettra à ses

parents).

— Constance aussi ds l’engagement auprès de son frère Doraste : profiter de la

mauvaise fortune d’Al. > qu’il double Cl. : ms dépassée ds sa tentative de

maîtrise sur les coups du sort = c’est elle qui sera enlevée, et aimée (S

devient O).

— Pers. au nœud des jeux d’apparences : O du quiproquo = on la prend (la

nuit) pour Ang. la fidèle : il n’y a pas que la lumière, l’éclat / qui veut se

montrer (à Cl. : pour l’empêcher d’aller chez Ang) et se cacher à loisir

68

(elle, ds projets avec Dor + surveillance Ang) sera dévoilé. : par le hasard,

où [il apparaît que] la maîtrise du dramaturge l’emporte sur celle des pers.

[action de Dieu ds le baroque : VOIR].

— Même temps : pers. le plus transparent aux autres (« honnêtes » : arist) <

explique tj. ses intentions et motivations en dialogue : > opaque au spect ?

car pas de monologue de dévoilement.

+ Angélique : pers. de la constance et du refus de la fausse apparence (jugé négativt par Corn

ds examen de 1660 : cf. « trop amoureuse »).

. Refuse de faire semblant / Doraste + clame amour fidèle / Alidor.

. Pourtant : bcp de variation ds cette passion unique = rejet de Al 2.2 < lettre supposée

à Clarine + impertinence ; accepte enlèvement de Doraste et se promet à lui 3.2 ; pardonne à

Al et prête à le suivre [> reproche de trahison et inconstance de Doraste : 4.7, 5.4, 5.7] qd il

survient 3.6 (ms demande tt de même lettre d’engagt, qu’elle ne lira pas4.3…), moins

conciliante la fois d’après 4.6 > résiste à l’appel des autres au pardon, se retire ds couvent 5.7

[lui faut deux trahisons pour résister à Al]

— constance ds la passion [convertie en religion : annoncée ds termes critique

de Phylis dès 1.1] ms inconstance ds conséquences pratiques qui en sont

tirées [cf. examen : accepte trop vite enlèvement = mariage par dépit, forme

de résignation, comme Phyl, ms avec moins de détermination : de

constance…] = métamorphoses ss maîtrise de comportement.

— Ironie dramatique [esprit de comédie] ds ce paradoxe, de même que ds fait

qu’elle soit un des pers. non marié de la fin [composante tragique :

séparation du couple initiale, en chiasme / réunion du simili-couple Phyl-Cl

= apparence devient réalité].

. Pers. qui expose son intimité, son âme, ms pris ds tropisme de l’enfermement

protecteur : apparence et dissimulation sont vraies…

— est celle chez qui veulent entrer Doraste et Cl. 2 ; stances et scène avec Al 3

ds son cabinet ; ds nuit = sort très vite, juste pour prendre lettre d’Al. 4 >

rentre pour la donner à son père (ne lit pas signature de Cl : voit pas ce qui

est évident, visible = lettre volée Poe > Lacan…) [> permettra enlèvt de

Phyl avant de reparaître : pas assez là, apparente, pas de maîtrise de ses

apparitions…] > 4.8 cache honte et douleur ds chambre > cloître final.

69

— Comme si : trop grande passion entrave jeu de la représentation (qui

devient erratique, prise en charge par les autres : Doraste + Phyl et Al et

père d’Ang)

+ Alidor : double constance paradoxale = ds amour pour Ang (à la fin, se sent libre car en est

protégé par les murs d’un couvent, et n’a pas à être jaloux d’un mari [ de Dieu : impossible])

+ volonté de se détacher d’elle afin de se sentir libre.

. Ce qui varie = sa capacité à maintenir et réaliser cette volonté > comportement

apparent.

— Variations de comportt. : odieux avec Ang 2.2, avoue sa faute + dit vouloir

enlever Ang 3.6 > se félicite de sa ruse, 4.2-3 complote avec Cl et donne

billet à Ang, 4.6 reproche Ang qui a compris sa fourbe > s’excuse puis

propose nvl enlèvement et fuit

— Variation de détermination : décision de donner Ang à Cl 1.4, jouit de sa

libération ms avoue souffrance amoureuse (ss servir Cl. , en plus : 3.4) +

craint de reprendre de l’amour, déchirement avant résolution et action 4.1,

4.5 pleure réussite de l’enlèvt avant de se reprendre, 5.3 se réjouit de

retrouver son amour libéré ms qui peut lui en vouloir (> doit dérober lettre

signée par Cl), 5.7 supplie Ang. de l’accepter (ms pour quelle raison ?), 5.8

se réjouit de la situation finale…

+ Cléandre : moment d’inconstance le plus fort de la pièce = passe de l’amour pour Ang à

celui pour Phyl (qu’il feignait auparavant).

— étrangeté ds cette conversion soudaine = liée à apparence de Phyl, qui

manifeste vrai sentiment (ms lequel : pas amour pour lui ; mortification ?)

= pleure (dit-il 5.1) ; elle doit l’épouser pour sauver les apparences (enlèvt.

fait jaser) = forme de maîtrise des apparences (ms entravé par la sienne :

ressemble pas assez à Al pour enlèvt. 4.2 + victime du quiproquo 4.4).

— Se contente d’emblée de la forme (apparence) sociale de l’amour < accepte

don d’Al alors que sait qu’Ang l’aime pas.. Dit faire la cour à Phyl, ms on

ne le voit jamais (au contraire : scène de froideur 2.7-3.1, nott. / portrait [en

échos : miroir entre Ang et Al. 2.2).

— Fluctuations et hésitations de son affection, entre Al et Ang : cf. stances

1.3, 3.3 qd apprend don d’Ang à Dor

70

+ Doraste

71

DM1 : corrigé (Introduction)

Selon Jean Rousset, « Corisca, Hylas, Alidor […], [sont des] maîtres d’illusion, jouant de leurs cent masques, funambules multiformes et changeants, magiciens d’eux-mêmes, glissant de métamorphose en métamorphose parce qu’ils ne sont jamais eux-mêmes, mais tout occupés de paraître autres qu’ils ne sont […] » (La littérature de l’âge baroque en France. Circé et le paon, 1954). En quoi cette affirmation vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Corneille ?

Mise en scène architecturale de Saint-Pierre, à Rome, surgissant après les ombres et contrastes de sa colonnade ovale, spectaculaire jeu de couleur et de lumière sur le marbre de sa Sainte Thérèse, en pâmoison mystique : Le Bernin dramatise les volumes et les formes. Les architectes français ne voudront pas de ce « maître d’illusion », et de ses projets fastueux mais inquiétants, sans doute, pour le Louvre.

Jean Rousset, pourtant, dans son étude de 1954 sur La littérature baroque en France, à travers leurs personnages envisage d’un même mouvement la pastorale italienne de Guarini, le précieux Astrée d’Honoré d’Urfé et La Place Royale de Pierre Corneille. Selon lui, c’est au même titre que « Corisca, Hylas, Alidor […], [sont des] maîtres d’illusion, jouant de leurs cent masques, funambules multiformes et changeants, magiciens d’eux-mêmes, glissant de métamorphose en métamorphose parce qu’ils ne sont jamais eux-mêmes, mais tout occupés de paraître autres qu’ils ne sont […] ».

Circé et la paon : transformations incessantes et jouissance de la parade, caractérisant le baroque — le sous-titre de Rousset associe étroitement l’instabilité de l’être et du paraître. Il éclaire son analyse. Celle-ci, toutefois, permet-elle véritablement de cerner au plus près les singularités d’une pièce comme La Place Royale, jouée d’abord en 1633 mais dont le dramaturge, par ses Discours et Examens de 1660, reste aussi un important théoricien du classicisme ? Dans quelle mesure cette comédie de Corneille met-elle en scène une inconstance qui s’explique par la volonté délibérée de jouer sur des apparences trompeuses ?

Les couples, assurément, y semblent emportés par le tourbillon des amours et des feintes : ils connaissent tous les vertiges de l’inconstance. Pour cela même, ils tentent de se faire maîtres des apparences et d’eux-mêmes, fixant l’âme comme le paraître : qui sont-ils, que veulent-ils être ? Le travail dramatique, précisément, accompagne et limite l’accomplissement de leur volonté : le spectacle cherche à établir les règles du change.

72

Ds quelle mesure PR met-elle en scène une inconstance qui s’explique par la

volonté délibérée de jouer sur des apparences trompeuses ? . Pers. semblent emportés par tourbillon des amours et des feintes > I. Vertiges de

l’inconstance

. Ils tentent de se faire maîtres des apparences et d’eux-mêmes > II Pour une maîtrise

du paraître et de l’être

. La comédie limite l’accomplissement de telles volontés > elle fixe III Les règles du

change.

— I. Vertiges de l’inconstance [inconstance - apparence - ]

+ 1) Le carrousel des couples

. a) Décalages et permutation : funambulisme et glissade.

— Ds tradition de la pastorale : amours non réciproques au départ (Clé et Dor /

Ang.) ; + amour feint : Clé / Phyl. = un seul couple véritables : Ang et Al.

— Chgts paradoxaux des couples : un seul pers. à l’inconstance déclarée =

Phyl (posture aristocratique de l’exposition à la joute amoureuse ; régner

par l’éclat) : ≠ variation unique des autres pers. ; séparation Ang / Al qui

restent seuls tous deux ms Ang un moment lié à Doraste ; surtt. Clé aime

Ang > aime Phyl..

. b) Un vacillement constitutif : différences et doutes

— Instabilité première des couples : Al. et Ang se parlent la 1e fois sur scène

pour rompre ; Ang ne se donne à Dor que par dépit, la repoussera par

honneur ; même couple stable de la fin repose sur décalage (amour /

raison : Clé / Phyl).

— Vacillements et déchirements des pers. en eux-mêmes : Clé au départ

déchiré entre Al et Ang > ce dernier entre amour et volonté = maîtrise

pbmatique. Magie subie.

+ 2) Le jeu des masques : change passe par volonté de feinte

73

. a) Intrigue amoureuse et feinte : les maîtres d’illusion

— Les intrigants de la comédie veulent jouer des apparences : Al. ds fausse

lettre et scène d’insolence / Ang + Phyl ds dialogue feint / Clé pour

permettre à Dor de conquérir Ang. [tentative de feinte de Clé aussi / ce qui

le mène chez Ang] + seconde fausse lettre d’Al. (signé Clé) + espoir ultime

de la dérober.

— Jeu de la dissimulation : Ang même dissimule son projet de départ avec Al,

lequel se cache ds nuit (puis : fuit / Dor)

. b) Le dépassement des apparences

— Pers. victime des apparences trompeuses : Ang avant tt = croit fausse lettre

1 + ne lit pas fausse lettre 2 (doit être dessillée par Doraste 4.7)

— Chute des funambules, illusionnistes dépassés par le jeu des apparences =

cf. fausse lettre 1 > conséquences imprévus pour Al + surtout : acte 4, de

l’enlèvement = ds la nuit, qui noie les apparences > quiproquo (erreur

d’apparences) = joue les manipulateurs, Al. comme Phylis.

+ Plus qu’une libre variation, consentie, ds un libre jeu des apparences et de l’inconstance =

enjeu d’une maîtrise des passions et des formes qui la manifestent.

— II. Pour une maîtrise des apparences et de soi-même [constance de soi, contrôle des

apparences : ++]

+ 1) De la passion comme métamorphose, altération de l’être : difficulté de paraître autre

que soi lorsque l’on peine à être soi.

. a) Conversion

— Ang se donne par dépit à Dor + finit par quitter amour humain pour don de

soi à Dieu.

— Volte amoureuse de Clé = choc sensible / spectacle des larmes (dit comme

défaite et maladie).

. b) Aliénation

— Al. trouve qu’il se manque à soi-même ds chaîne amoureuses > finit par

céder

— Zèle de Phylis, piquée au vif par intrigue amoureuse qui la contourne

74

+ 2) L’affirmation d’une discipline : volonté de maîtrise affirmée = vise à formation idéal de

soi plus essentiellement que jeu d’apparences [cf. tension des morales baroques : Gracian =

dissimulation sous jeu réglé des apparences > Méré : apparences comme manifestations de

l’être].

. a) L’idéalisation religieuse : Angélique

— Refus explicite du jeu des apparences : cf. faire semblant / Doraste (le dit à

Phylis 1.1 > corps seult à Dor. 4.7)

— Culte fidèle de l’autre : feu courtois opposé à l’inconstance du monde >

trouvera son essence ds vie religieuse (autre > Autre : divinisation

amoureuse prise à la lettre).

. b) L’héroïsme anarchique : Alidor

— Éprouver autonomie de la volonté en surmontant passion : héroïsme

aristocratique ds domaine amoureux, ms tourné contre l’aimée, et pur une

part contre la société du temps (enlèvement + incapacité à la conciliation >

solitude finale, pê libertine).

— Phrase du texte = applicable, ms aussi comme tromperie / soi chez Al.

[mise en scène de la mauvaise foi, nott. à travers voltes des monologues :

cf. analyses jansénistes de la duplicité — Racine, Larochefoucault]

. c) Le stoïcisme hédoniste : Phylis

— Choix délibéré de l’inconstance comme discipline de la moindre souffrance

et préparation d’un mariage imposé.

— Magicienne de son apparence et dissimulation de la douleur : dualité de

l’être.

+ Recherche de règles de conduite par les pers. limite, tente de donner forme heureuse à

l’énergie des métamorphose et se heurte à elle : recherche d’un équilibre éthique par tvl

dramaturgique.

— III. Les règles du change [limitation de la maîtrise : de soi (part de l’amour), des

apparences (hasard : intrigue + intervention des autres) : +-]

+ 1) Illusion de la maîtrise : des personnages de comédie. Sagesse de comédie et virtuosité

de l’intrigue viennent limiter ambition des personnages : mesure / hybris.

. a) Rigueur et prudence des paratextes.

75

— Condamnation d’Ang. ds Examen

— Dénonciation plus mesurée (inégalité de mœurs : Exam) + défense

louvoyante d’Al (Épître : amour de volonté / ms pas choquer les dames >

« Un Poète n’est jamais garant des fantaisies qu’il donne à ses acteurs »)

. b) Les jugements de l’intrigue ?

— Ang. mise à l’écart, ms accomplit ses aspirations (condamnation soc +

jugement sur la soc.)

— Al. et Phyl = dépassés par leurs propres intrigues > destin qui à la fois les

exauce et les humilie (Phyl. se marie / celui qui l’a jouée et qu’elle a voulu

jouer + Al. libéré d’Ang — ms semble tj. amoureux d’elle) : jugt. nuancé /

ambition héroïque de contrôler l’être et le paraître (aspiration tragique ?)

[pers. relais du dramaturge : cf. Scapin / magicien Alcandre]

+ 2) Maîtrise de l’illusion ? La recherche d’une formule dramatique. Séduire public

(baroque) et convaincre les doctes (cf. Chapelain / unités) = entre goût du change et recherche

de l’unité.

. a) Séductions de la scène : un spectacle

— Fascination verbale par morceaux de bravoure (stances, monologues)

— Répliques cocasses (contraste de registres) : Al, Lys

— Jeu sur les Os (captation visuelle) : lettres, miroirs, épée

— Action : enlèvement (Cl. met main sur bouche de Phyl.)

. b) Construction d’une comédie nouvelle : recherche d’une rigueur [cf. versions

successives : + tardives = - pbmatiques] / élaboration avant tt verbale de la pastorale et

opulence dramatique et verbale des tragi-comédie. Magie austère (≠ tréteaux des foires).

— Fascination par imitation vraisemblable, où le public se reconnaît :

« conversation des honnêtes gens »

— Unité de temps + limitation de la pluralité des lieux (interne) : Place Royale

comme lieu de rencontre (cf. rue des comédies Mol ou palais à volonté

racinien…)

— Intrigue : encore monstrueuse (cf. Illusion comique) par sa dualité, ms

celle-ci < caractère pbmatique d’Al (= intériorisation de la dramaturgie) :

pièce repose pas seulement sur jeu d’apparences, ms construction d’un

héroïsme.

76

— Pièce comme pers. = tente de trouver juste emprise sur change et spectacle, relation

mesurée / forces de métamorphose (passion) et fascination de l’apparence.

+ PR = montrent pers. aux prises avec l’inconstance plus que jouant d’elle, en une

dramaturgie qui joue des apparences pour en dégager une grandeur.

. Registre de la comédie = maîtrise dramatique du jeu + inachèvement de la grandeur.

77

DS1 Corneille, La Place Royale (1633)

« Au sens où le Dieu de Descartes aurait pu faire, s’il l’avait voulu, que

deux et deux fissent cinq et non pas quatre1, le moi cornélien ne veut

reconnaître aucune force qui détermine sa volonté, y compris le vrai et le

bien. »

Dans quelle mesure cette analyse de Pierre-Alain Cahné (« La Place

Royale ou la véritable indifférence » in Pierre Corneille, Acte du Colloque de

Rouen, PUF, 1985) vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Pierre

Corneille ?

Pbmatique

— Notions :

+ Dieu = envisagé de plusieurs points de vue :

. Créateur = origine de tte chose et vie (+ création continuée, chez Desc. : D fait aussi

exister sa création à chq instant).

. > Puissance absolue : cf. « pouvoir faire », « avait voulu » > « force » / « volonté »

[instance personnelle]

— aurait pu faire que vérité = 2 et 2 font 5… > labilité de la vérité

— hypothèse du Dieu trompeur ou du Malin Génie = qui abuse

systématiquement les sens > pbmatique baroque : vertige ds remise en

cause de source de vérité, valeur, certitude…

. Source de valeur = « le vrai et le bien » : ce qui limite puissance de création.

+ Moi cornélien = personnage typique, élaborée par œuvre de C (Cid, Horace, Polyeucte

[Pauline], Auguste, Nicomède…) : assertion pbmatique < bcp de personnages moraux (ordre

1. Cf. René Descarte, Méditations métaphysiques (1647), Première médiation, §9.

78

du sang, de l’État…), même si tentation de la grandeur ds le mal (Médée, Cléopâtre in

Rodogune, Attila…).

. Pb pour notre pièce < date : en cours de constitution, àp d’une héroïsation

— > diffracter la question, en tvllant question de la volonté, ds ses rapports

aux valeurs, à travers divers pers.

. Ce pers. = aspire à une volonté que ne contrecarre / détermine aucune force (nott.

valeur) : volonté qui s’exerce ss frein, ms pê aussi ss détermination (pas seult cause,

ms contour : limite comme choix — précis, déterminé — qui permet l’acte)

. Exercice absolu de la volonté vaut-il pour d’autres pers. qu’Alidor ? Lui-même,

dépassé par ses projets…

— Pers. délimitant volonté par valeurs ? Sans volonté ?

. Invraisemblance, incohérence, « dessein… renversé » > emprise d’un « moi

cornélien » dramaturge — qui d’ailleurs s ‘expose comme tel ds « Épître », pour défendre

franchise de la volonté ds l’amour + pense « moi » des personnages / conception gale des

œuvres (position sociale — et morale — / spectateur, en partic…).

— Dramaturgie cornélienne se limite ou non par vrai et bien (cf.

vraisemblance et bienséance > unité : des cinq actes…)

— Cf. réserve / valeur d’enseignement du th. : « l’utile n’y entre que sous la

forme du délectable » (1e Disc. 1660)

— > Ds quelle mesure La PR met-elle en scène une volonté aspirant à s’affirmer au-delà de

toute limite, indépendt de toute valeur

— I. La volonté au-delà de la comédie ?

+ 1) Un héroïsme de l’excès

. a) Al. et la volonté absolue (jusqu’à solitude finale)

. b) Jugement nuancé de l’Épître

. c) Contamination volontariste (autres pers.)

+ 2) Les puissances du mal et du faux

. a) Attitudes volontaires portent à faire le mal : souffrance et transgression

. b) La feinte comme moyen du mal

79

. c) Failles de la volonté : se tromper, se faire souffrir

+ Tropisme tragique limité par condition moyenne des personnages.

— II. Moralisations de la volonté

+ 1) Une communauté de valeurs

. a) Le respect des institutions

. b) Détermination finale à la formation d’une famille

. c) Condamnation de l’isolement (transparence : contre Ang)

+ 2) La détermination de la volonté

. a) Faiblesse de la passion pure : Ang.

. b) Phylis ou la libre contrainte volontaire : opacité des valeurs

. c) Volonté morale et amorale : les dernières volontés d’Alidor

+ Ambivalences morales tiennent à l’écriture générale de la pièce autant qu’aux caractères

mis en scène.

— III. Morale du projet comique

+ 1) Volonté poétique et valeurs de l’œuvre

. a) Intrigue contre hybris : la sagesse comique

. b) Relecture et réécriture de 1660 : le classicisme comme moralisation ?

. c) Plaisir et unités

+ 2) Limites de la délectation volontaire

. a) Débordements des unités (deux et trois font six…) : feux baroques

. b) Éclats plus ou moins maîtrisés de la grandeur

80

DS1. Plan détaillé « Au sens où le Dieu de Descartes aurait pu faire, s’il l’avait voulu, que deux et deux fissent cinq et non pas quatre, le moi

cornélien ne veut reconnaître aucune force qui détermine sa volonté, y compris le vrai et le bien. » Dans quelle mesure cette analyse de Pierre-Alain Cahné (« La Place Royale ou la véritable indifférence » in Pierre Corneille,

Actes du Colloque de Rouen, PUF, 1985) vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Pierre Corneille ? — I. La volonté au-delà de la comédie ? + 1) Un héroïsme de l’excès . a) Alidor et la volonté absolue (jusqu’à solitude finale)

. b) Jugement nuancé de l’Épître

. c) Contamination volontariste (autres pers.)

+ 2) Les puissances du mal et du faux . a) Attitudes volontaires portent à faire le mal : souffrance et transgression

. b) La feinte comme moyen du mal

. c) Failles de la volonté : se tromper, se faire souffrir

+ Tropisme tragique limité par condition moyenne des personnages.

— II. Moralisations de la volonté + 1) Une communauté de valeurs . a) Le respect des institutions

. b) Détermination finale à la formation d’une famille

. c) Condamnation de l’isolement (contre Ang)

+ 2) La détermination de la volonté . a) Faiblesse de la passion pure : Ang.

. b) Phylis ou la libre contrainte volontaire : opacité des valeurs

. c) Volonté morale et amorale : les dernières volontés d’Alidor

+ Ambivalences morales tiennent à l’écriture générale de la pièce autant qu’aux caractères mis en scène.

— III. Morale du projet comique + 1) Volonté poétique et valeurs de l’œuvre . a) Intrigue contre hybris : la sagesse comique

. b) Relecture et réécriture de 1660 : le classicisme comme moralisation ?

. c) Plaisir et unités

+ 2) Limites de la délectation volontaire . a) Débordements des unités (deux et trois font six…) : feux baroques

. b) Éclats plus ou moins maîtrisés de la grandeur

81

COMIQUE ET COMÉDIE Corneille, La Place Royale(1633)

Introduction

Croisement d’un genre littéraire, en un moment de son histoire, et d’un ph. très gal et

délicat à définir (soc, anthropo, psy) : le rire (comique étant ce qui le déclenche).

1. Jugements adverses de la tradition

— A. Corn. spécifie d’abord le genre de pièce dont relève PR par positionnement subtil de la

comédie / question du rire (du comique, au sens moderne) :

+ a) Positionnement aboutit à définir comédie héroïque ds Épître à Monsieur de Zuylichem :

site Heinsius : « Susciter le rire ne constitue pas la comédie : c’est une manière de prendre le

public et un usage perverti. » (GF 170). Comédie = se caractérise par « action commune et

enjouée » > pers de toute condition, y compris élevé (> « héroïque »).

+ b) Plus délicat / premières comédie, cf. « Examen » de Mélite, 1660 : « On n’avait jamais

vu jusque là que la Comédie fît rire sans Personnages ridicules, tq les Valets bouffons, les

Parasites, les Capitans, les Docteurs, etc. Celle-ci faisait son effet par l’humeur enjouée de

gens d’une condition au-dessus de ceux qu’on voit ds les Comédies de Plaute et de Térence,

qui n’étaient que des Marchands. » + nuances :

— PR fait rire, ms sans ridicule

— Son effet (lequel, exactement : rire ss doute, ms pas redit) < « humeur

enjouée » + pers de bne condition :plutôt esprit que comique à proprement

parler ? [personne n’est rabaissé, uniment victime de l’œuvre].

— B. = élts pour situer tvl de Corneille ds pbmatique ds histoire du rire et de la comédie

[réflexion à placer entre historicisme et vision synchronique, purt pbmatique = incluant pt de

vue contemporain sur la question]. Jugt sur, valeurs du comique :

+ a) Tradition docte qui, globalement, condamne plutôt le rire < déforme l’humain, lui

enlève dignité, le rabaisse en le tirant vers le corporel et l’instinctif (Platon > Pères de l’Église

— JC ne rit jamais — > Descartes : perte de contrôle de soi) /// brillante exceptions

82

humanistes : Rabelais et Montaigne > rire = « propre de l’homme », caractérisant joie de vivre

proprement humaine (à comprendre ds recherche d’une sagesse : jouissance ds contact,

appartenance à la vie, mais aussi capacité à s’en dégager pour tenter de la comprendre).

— cf. Corn (comme auteur de comédies depuis Renaiss.) = vise avant tout à

distinguer comique de ses comédies / celui des farces de traditions

médiévales (fécondé par commedi dell’arte) : se distinguer / grossièreté et

place centrale du corps (geste, obscénité) > déplacement vers lge et bne

société = « peinture naïve de la conversation des honnêtes gens ».

— Tradition humaniste et classique = valorise composante mimétique de la

comédie / comique > appel à l’intelligence par représentation du réel : cf.

surtout comédie d’intrigue (ital > esp) jusqu’à Mol, et « rire ds l’âme »

selon Boileau / « grande comédie » de Mol.. [≠ Scapin, trop bas et

farcesque : « Ds ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, / Je ne reconnais

plus l’auteur du Misanthrope. » AP III,1674]

+ b) Récupération possible du rire ds tradition docte dominante = vertu critique

(normative) : cf. Arist. catharsis propre, rire de la comédie = sanction d’un défaut, d’une

laideur sans douleur ni dommage > tradition humaniste du castigat ridendo mores.

— Cf. lecture trad. des comédies de Molière : nott. par Bergson (Le Rire,

1900) > rire = « du mécanique plaqué sur du vivant » : montrer mœurs et

comportement en les schématisant par figement = oubli / souplesse,

capacité d’adaptation que suppose vie sociale > sanction par le rire.

— Cf. ce que Baudelaire appelle, pour y voir limite de l’esprit français :

« critique significatif » (= satire) [« De l’essence du rire, et galt du rire ds

les arts plastiques », Curiosités esthétiques, 1868]

— Pb. / Corneille = difficile de déterminer un O de satire, in PR (cf. Alidor pê

châtié, ms « Épître » le défend…) + volonté d’enseignement pas évidente

chez lui.

+ c) Tradition populaire ms institutionnalisée = rire carnavalesque [cf. étude de Mikhaïl

Bakhtine], où permission, à date fixe (Saturnales romaines > Carnaval MA), de rire de tout en

inversant valeurs et hiérarchie sociale : rire libérateur où ts communient ds dérision de toute

norme établie.

— Prolongé par conception romantique du rire comme manifestation d’une

force créatrice infinie : cf. VH ds préface de Cromwell 1827 (poète fait

83

comme nature : mêle tt ; « tt ce qui est ds la nature est ds l’art ») >

« comique absolu » selon Baud. > « gai savoir » Nz, manif de

« souveraineté » abs chez Bataille.

— Cf. pê analyse de Fd (Le Mot d’esprit et ses rapports avec l’ics 1905,

« L’humour » 1927): permet satisfaction acceptable de pulsions, agressives

et sexuelles, que la société en son ordinaire réprime (Lt° d’énergie / effort

d’inhibition, représentation, empathie).

. Satisfaction narcissique ds victoire du Surmoi sur le moi : traiter

souffrance d’adulte comme frayeur d’enfant (risque = mortification du Moi

par le Surmoi > mélancolie…).

— Risquer un rapprochement avec l’esprit baroque < composante

carnavalesque : importance des jeux de masque, et de l’incertitude de toute

représentation, même si plutôt ludique ou tragique. Recherche de la

« délectation » avant tout par Corn. (« Disc. de l’utilité »1660).

2. Formes et procédés

— A Difficulté à sérier procédés spécifiquement comiques indépendamment du contexte de

leur mise en œuvre.

+ a) Celui-ci, globalement = création d’une rupture, d’un écart (> pb. de la norme) >

rétablissement d’un accord ds jugement sur (compréhension de) cet écart [appel à la réflexion

du récepteur, àp de ses compétences supposées].

. Incongruité comportementale > satire (Cf. Précieuses ridicules)

. Incongruité textuelle > burlesque (abaissement disc.), héroï-comique (abaissement

propos), parodie (id).

+ b) Procédés formels repérables :

. Adjonction : répétition, exagération = hyperbole > burlesque

. Suppression : ellipse, condensation (Fd.) = litote > humour

. Remplacement : euphémisme, antiphrase > ironie

. Permutation : paradoxe, paralogisme > absurde

— B Surtout : particularités énonciatives

+ a) Trois pour rire

84

. Constante = auteur du comique (A) / victime (B) / destinataire (C)

— victime = exclu momentanément de la communauté

— destinataire = complice indispensable (permet mise en place, figuration

d’une communauté)

— Mise en place de cette relation implique suspens momentané de l’affect /

évt. représenté (insensibilité / douleur, frayeur…)

. Variantes possibles ds nature et intensité des relations entre les pôles

— A-B : +/- d’agressivité > satire / esprit

— Équivalences possibles > chgt de sens : A=B (auto-ironie), B=C

(provocation)

+ b) Une mise en scène du langage

. Comique met sans cesse à l’épreuve sa propre énonciation > id / usages énonciatifs

en gal. (cf. promesse, lettres, cérémonies…)

. Cf. : dire le vrai, en dire assez, être clair, ménager autrui et se ménager soi-même.

— Pbmatique : Quelle place une comédie comme la PR réserve-t-elle au comique, entendu

comme ce qui prête à rire ds la tradition théâtrale ?

I. Résurgence et évitements

II. L’esprit de la PR

— I. Résurgences et évitements + 1) Un monde d’honnête gens

. a) Un contrat de vraisemblance

— Ds effort / respect des unités

— Difficulté de la distance et insensibilité propre au comique < grande

proximité des pers. / public (cf. PR / Th. du Marais…) : surprise tenait à

cette écart / usage irréaliste du th., et non, d’abord, à inconvenance de

comportement.

— Ms : création de complicité propre à l’esprit comique.

. b) Un fort souci de dignité

— Comédie en 5 actes et en alexandrins

— Aucun pers. ne devient de façon très manifeste (et univoque) ridicule aux

yeux des autres ni du public : plaintes et hésitations de Cl. mais caractère

85

d’amoureux + mari entreprenant à la fin / D. passif et aliéné par son amour

db. ms a distance pour accepter d’en (sou)rire avec Phyl [1.2, 142] > rôle

de frère à la fin / défenses de sa dignité par Ang qu’Al veut offenser (2.2)

. satire d’aucun caractère à proprement parler : le plus isolé des autres,

ms ss condamnation = Angélique in 5.7 (poussée à la modération — pardon

d’Al — par Dor, Clé, Phyl [famille…])

— Et même, tendance héroïque de plusieurs personnages : pureté d’Ang,

volonté d’Al, stoïcisme singulier de Phylis.

+ 2) Excès et dérapages (/ juste mesure de la comédie moyenne)

. a) La spirale hyperbolique

— Sans se figer en type, tendance des personnages masculins à tourner au

bravache (cf. Matamore in IC 1635-6) : Cléandre 3.3 après révélation de

Doraste, Al menace Ang de se tuer par peine d’amour alors que spect sait

qu’il n’en a nulle intention 3.6, Doraste veut tuer Cléandre 5.4 (>

réconciliation 5.6)

— Tte idéalisation se trouve soumise à une relativisation, voire un

abaissement : 4.6 Al propose nvel enlèvement à Ang mais fuit seul qd

arrive Doraste, volonté d’Al finit par céder à sa passion 5.3, Lys tient

propos de l’amant idéal ms assez maltraité par Phyl 2.6 (529 sq.), Phyl

rusée ms victime du quiproquo 4.4.

. b) Des contrepoints burlesques ?

— Logique parodique de l’intertextualité héroï-comique, ms aussi pastorale =

abaissement, ms avec sobriété : réduction des coups d’éclat héroïques à de

simple menace de combat voire à une exacerbation de la volonté, des

scènes passionnelles à de simples disputes, des héros merveilleux à

d’élégants parisiens > humour (réduction : litote) voire ironie ds le

maniement des modèles (Al = antiphrase de Céladon).

. Cf. acmé romanesque : enlèvement d’Ang = erreur, et une femme par

troupe armée…

— Élts de burlesque pourtant, en eux-mêmes et relativement :

. Gestuels : lettre déchirée (+ pê trépignement) de la digne Angélique

2.2, impatience de Cl. avant enlèvement 4.2, empressement de Phyl à

86

suivre Ang 4.4, fuite d’Al devant Dor 4.6, dispute d’Al et Ang ds scène de

réconciliation gale db. 5.7.

. Linguistique : infraction à toute politesse d’Al / Ang 2.2 > contraste

violent de registre « vs mettent bien aux champs » [+ s’en prend

frontalement à son apparence physique > rappel crudité du rapport au

corps : « pucelage » 722 3.4] = id. Lysis / dialogue galant de Phyl et Cl2.7

(« je garderai les balles »).

+ Équilibre subtil entre tenue des honnêtes gens, excès héroïque et glissements burlesques ou

simplement humoristique : comique propre à PR tient pê ds une disposition particulière au rire

plutôt qu’en son déchaînement (explosion) = distance (puissance) comique plus

qu’actualisation > plaisir et gravité du jeu, d’une pièce « enjouée » car elle en cesse d’entrer

en jeu (se mettre en jeu…).

— II. L’esprit de La PR.

+ 1) Brio linguistique

. a) La comédie des discours

— Relativisation de tout discours par son étroite interaction avec les exigences

dramaturgiques [nott. ≠≠ pastorale = morceaux narratifs et élégiaques] :

stances lyriques de Cl. ont fonction d’exposition, et interrompues par

irruption d’Al. (1.2) [> cf. 3.3-4 : retentissement lyrique > nvlle

interruption par Al, qui relance intrigue] ; id. stances Ang. 3.5 < Alidor en

train d’arriver chez elle ; dialogue anti-courtois, à fleurets mouchetés, entre

Phyl et Cl 2.7 = n’a de sens que / situation de Dor entré chez Ang et de Cl

tentant d’y accéder [situation fait la dimension comique de disc que les

spect (et Phylis) savent décalés / R].

— Esprit ds les disc. eux-mêmes : sens de la répartie, en partic. Phylis

[s’attribue à elle-même « esprit » 136 : brillante ingéniosité (baroque : cf.

concetto) ds manière de comprendre et d’exprimer les choses] = sans

animosité, inverse argt° d’Ang 1.1 (tourne au sérieux de sa propre argt°), et

surtout sagesse pragmatique relativise esprit de sérieux des autres :

s’attribue fonction de consolation par le rire (quasi thérapeutique à la Arist.

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> Rab.…) 1.2 / Doraste > id. / Ang 2.4 [fais bon mot 469 sq. / Ang qui la

dit sa sœur > « Eh quoi, tu ris encor ! »] = sa vision de l’inconstance

universelle [même / Cl qui lui déclare sa flamme > 1264 : « Vs voulez donc

enfin d’un bien commun à tous ? »] lui fait voir vie comme comédie des

apparences > sagesse comique.

. b) Le rythme du jeu

— Décollage du sérieux, entrée ds le jeu, enjouement = tient aussi (cf. rapport

discours / action) au rythme ds enchaînement des répliques > de la vivacité

à l’allégresse :

. Ancrage énonciatif : cf. Ang. 1.1 « Ton frère… », Al / Clé 1.4 « Te

rencontrer en la Place Royale », Ang. / Al « Traître, ingrat… » 2.2,

. Reprise et variation de termes : Cl et Al 1.4 « Étrange humeur

d’Amant ! / Étrange, mais utile » ; Phyl et Lys 2.6 « Regarde maintenant si

je sais t’obliger. / Cette obligation serait bien plus extrême » 2.6-7 :

« Cléandre, vous passez ? / Il me faut bien passer puisque la place est

prise. » ; Al et Cl 3.4 : « Après ? / Après cela, veux-tu que je m’explique ! »

. Découpages du vers : ≠ unités métriques, cf. 4.1-2 Al et Cl: « Et ma

flamme… / Alidor. / Qui m’appelle ? / Cléandre. »

+ 2) Imbroglios sentimentaux

. a) Jouer avec une tradition

— Reprise d’un schéma de pastorale

— Élt aussi de comdie d’intrigue à l’antique et à l’italienne : 2.1 Polymas valet

fourbe au service de son maître Alidor (mais le maître est fourbe lui aussi)

> 5.4 Lycante modère les ardeurs de son maître Doraste (pas tuer Cl) + lui

donne conseil de sagesse pratique (qu’il épouse Phyl pour garantir son

honneur et sa situation) [sagesse proche de celle de Phy]

— Voire composante espagnole ds sens de l’honneur exacerbée d’Al, Ang,

voire Clé et Dor (tentation des matamores) + ingéniosité de Phyl.

. b) Ironies dramatiques

— Distance permettant jouissance comique (satisfaction narcissique ds

domination d’affect vécus par identification à travers des personnages

vraisemblables [insistance de Corneille : identification aide à l’effet

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tragique > tragédie moyenne, in Épître à M. de Zuylichem]) = tient

beaucoup à l’allure « enjouée » de l’intrigue : qui joue avec le sort des

personnages, en fait des figures (au détriment, éventuellt, de la

vraisemblance : cf. seconde intrigue d’Al + quiproquo) [ms cette

invraisemblance pê élt de complicité ds jeu qui se joue entre dramaturge et

spectateurs, sur le dos de la pièce et des pers. : cf. distanciation Brecht] >

possible contemplation esthétique, et rire.

— Effet comique de répétition = apparition et congé de Lysis (2.6-7, 3.8)

— Ms plutôt ironie < inversion des positions (or, ds ironie verbale, un énoncé

tend à signifier son inverse) [ironie comique, burlesque < mvt. = de

dégradation] : Al brave Angélique pour s’en défaire > la supplie de la

reprendre [protagoniste 1 > opposant 2], Ang fait apologie de la fidélité >

se retrouve seule (ds monde des hommes), Dor aime Ang > la méprise,

Phyl inconstante >mariée [opposante 1 > protagoniste 2 > résultat de 2 ≠

but protagoniste et opposant : puissance propre de l’intrigue, que manifeste

le quiproquo], Clé se sert de Phyl pour approcher Ang > enlèvement d’Ang

lui fait épouser Phyl…

— Vertiges de la fortune dramatique > que reste-t-il ? Sens de ce plaisir

(comique / enjoué) de la représentation ?

. Dénouement comporte une composante de comédie d’intrigue :

mariage, et formation d’une famille (couple Clé-Phyl, avec accord de Dor

[et des parents]).

. Composante aussi tragique (finit mal) en ce qui concerne les pers. les

plus héroïques, les plus châtiés de la pièce (Al + Ang) — dont le destin pê

aussi, à ce titre, le plus comique.

. Arasement galisé, avec sagesse d’une humanité moyenne d’un côté, et

de l’autre hybris des êtres d’exception = leçon de vanité, que ne compense

pê pas tt à fait enjouement de l’intrigue et du verbe > tentation de la

grandeur l’emporte : aspiration tragique + esprit qui est aussi un essai de

souveraineté face à l’âpreté de notre condition (mots de Phylis + brillante

incohérences de l’intrigue).

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DS2 Corneille, La Place Royale (1633)

Dissertation

Selon Jean Rousset, « Le héros cornélien est un personnage d’ostentation, qui se

construit à la manière d’une façade baroque, disjoignant l’être et l’apparence comme

l’architecte baroque disjoint la structure et la décoration et donne à celle-ci la primauté. » (La

littérature de l’âge baroque en France. Circé et le paon, 1954). En quoi cette affirmation

vous paraît-elle éclairer La Place Royale de Corneille ?

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