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 AG EN DA 1,5 N°738 DU 14 AU 20 JUIN 2014 10, rue de Solférino 75333 Paris Cedex 07 Tél. : 01 45 56 77 52 [email protected] DIRECTEUR DE LA RÉDACTION ET DIREC- TEUR DE LA PUBLICATION • Sarah Proust CO-DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Florence Bonetti RÉDACTRICE EN CHEF Sarah Nafti RÉDACTEUR Stéphane Deschamps MAQUETTE Florent Chagnon (79 44) FLASHAGE ET IMPRESSION PGE (94) Saint-Mandé N° DE COMMISSION PARITAIRE : 0114P11223 ISSN 127786772 “L’hebdo des socialistes” est édité par Solfé Communications, tiré à 189 000 exemplaires « Ce qui est en jeu, c’est un nouve au Parti socialiste »    ©     P    h    o    t    o    s    P    h    i    l    i    p    p    e    G    r    a    n    g    e    a   u    d À l’oc casion du Conseil national qui s’est déroulé le 14 juin à la Maison de la chimie, Jean-Christophe Cambadélis a dressé un constat. Selon lui, c’est « aux militants de refonder leur formation politique » . Un avis partagé par Manuel Valls, le Premier ministre, pour qui la gauche « n’a jamais été aussi faible dans l’histoire de la V e  République ».     d    e    s    s    o    c     i    a     l     i    s    t    e    s SPÉCIAL CONSEIL NATIONAL 5 juillet Exposition  Jean Jaurès au siège du Parti socialiste, ouverte au public 29, 30, 31 août Université d'été du PS à La Rochelle

L'Hebdo des socialistes n°738

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 AGENDA 

1,5€

N°738DU 14 AU 20 JUIN 2014

10, rue de Solférino75333 Paris Cedex 07Tél. : 01 45 56 77 52

[email protected]

DIRECTEUR DE LA RÉDACTION ET DIREC-TEUR DE LA PUBLICATION • Sarah Proust•CO-DIRECTRICE DE LA PUBLICATION Florence Bonetti• RÉDACTRICE EN CHEF Sarah Nafti • RÉDACTEUR Stéphane Deschamps• MAQUETTE Florent Chagnon (79 44)• FLASHAGE ET IMPRESSION PGE (94)

Saint-Mandé• N° DE COMMISSION PARITAIRE :0114P11223• ISSN 127786772“L’hebdo des socialistes” est éditépar Solfé Communications,tiré à 189 000 exemplaires

« Ce qui est en jeu,

c’est un nouveauParti socialiste »

   ©    P

   h   o   t   o   s   P   h   i   l   i   p   p   e   G   r   a   n   g   e   a  u   d

À l’occasion du Conseil national qui s’est déroulé le 14 juin à la Maisonde la chimie, Jean-Christophe Cambadélis a dressé un constat. Selonlui, c’est « aux militants de refonder leur formation politique ». Un avispartagé par Manuel Valls, le Premier ministre, pour qui la gauche« n’a jamais été aussi faible dans l’histoire de la V e République ».

    d   e   s   s

   o   c    i   a    l    i   s   t   e   s

SPÉCIAL CONSEIL NATIONAL

5 juilletExposition Jean Jaurès au siègedu Parti socialiste,ouverte au public

29, 30, 31 aoûtUniversité d'été du PSà La Rochelle

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LES INTERVENTIONS

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Chers camarades, chers amis,

Nous avons souhaité, avec le Premier secré-

taire, renouer avec la présentation du rapportd’activité telle qu’il ouvrait naguère les comitésdirecteurs du Parti et, il n’y a pas si longtemps,ses conseils nationaux. N’y voyez nul goût pourle vintage, encore que, mais le souhait d’enga-ger nos travaux par l’évocation des principauxévénements qui, depuis notre précédente réu-nion le 15 avril dernier, ayant rythmé le coursdu monde et la vie du pays, ont mobilisé lessocialistes. Je n’en ferai pas le relevé ni le com-mentaire exhaustifs pour laisser rapidement laplace au débat qui précédera l’intervention deManuel Valls, notre Premier ministre. Après

deux mois d’action de notre direction nationaleparitaire, renouvelée, resserrée, deux moisconsacrés pour une bonne part à la campagneeuropéenne, je m’en tiendrai à quatre séries denotations.

La première concerne la situation internatio-nale car le parti de Jaurès, en cette année ducentenaire de sa mort, se doit plus que jamaisd’être internationaliste : chaque jour démontreque le monde global a besoin d’universel.

La semaine dernière, l’histoire et la diploma-

tie ont été au cœur des commémorations du70e anniversaire des Débarquements Alliés enNormandie. Ce fut un moment d’émotion pro-fonde, à la mesure du devoir de mémoire, que

le Parti a salué, à l’unisson de ce qu’ont res-senti les Français et qu’ont si bien traduit lesmots vibrants, profonds, du président de la

République à Ouistreham. Ce rendez-vous auretentissement planétaire a aussi permis d’ini-tier un dialogue entre le président russe et leprésident ukrainien nouvellement élu. L’espoirest né d’une désescalade, tâche ardue à la-quelle se consacre inlassablement la Francedepuis le début du conflit en Ukraine – ce quele Parti socialiste, à chaque étape, a soulignéet encouragé.Bien sûr, la Syrie a été présente dans nos dé-bats, en particulier le 3 juin dernier, jour del’élection présidentielle contestée dans le pays,quand le Bureau national a accueilli Michel Kilo,

figure de l’opposition syrienne, fondateur del’Union des démocrates syriens. À l’issue d’unéchange passionnant, intense, le Parti a réaf-firmé son soutien à l’opposition démocrate etlaïque au régime de Bachar Al-Assad.

D’autres événements ont jalonné les dernièressemaines. Il y eut la joie, avec la libérationde nos quatre compatriotes retenus en Syrie– c’était le 19 avril. Il y eut le recueillement enmémoire du sous-officier français tué au Malile 8 mai et l’hommage renouvelé au couragede nos soldats engagés dans le monde pour la

paix et la sécurité. La peine aussi, quand nousavons appris, six jours plus tard, l’assassinat deCamille Lepage en Centrafrique alors qu’elleexerçait son métier de journaliste-photographe.

GUILLAUME BACHELAY

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Il y eut l’indignation suscitée par la mise en es-clavage de ces jeunes nigérianes enlevées parle groupe islamiste Boko Haram – le Parti aimmédiatement relayé la campagne internatio-nale sur le Net et participé au rassemblementsur le parvis des droits de l’homme à Paris le13 mai. Ce fut l’effroi quand nous avons appris,c’était le dernier week-end de mai, la tuerie auMusée Juif de Bruxelles et la double agressionantisémite à Créteil. Les socialistes, par la voixdu Premier secrétaire, ont rappelé avec forcecombien le racisme et l’antisémitisme sont lesennemis de la République et de l’Europe. Noussavons, comme nos concitoyens, que les auto-rités françaises sont totalement mobilisées etdéterminées à les combattre.

Dans les mois qui viennent, nous resteronsparticulièrement vigilants, au nom de nos va-leurs, sur l’évolution de la situation en Ukraine,

le développement du terrorisme au Sahel ouau Proche-Orient dont les premières victimes,songeons à Mossoul et à l’Irak, sont les popu-lations civiles des pays qu’il menace. Plusieurssommets auront lieu d’ici la fin de l’anné – G20,Francophonie. Nous placerons également aucœur de nos travaux les enjeux de la futureconférence de Paris sur le climat en 2015, ren-dez-vous capital, vital, pour l’environnement.

Ma deuxième série d’observations concerneles élections européennes. Un Bureau natio-nal a été consacré à leurs résultats. Réplique

du tremblement de terre des municipales, maisaussi scrutin qui s’inscrit dans le temps poli-tique ouvert par les élections partielles, avecune abstention massive, un FN en hausse, unegauche en difficulté, la consultation du 25 maia exprimé une sanction à l’égard de la gestionde l’Union européenne, austéritaire et bureau-cratique, ainsi qu’une attente et même uneimpatience de résultats dans le redressementdu pays. Phénomène continental, un doutedémocratique à l’égard du politique dans lamondialisation s’est exprimé alors que le pré-sent est instable et l’avenir souvent illisible. À

coup sûr – pardon à ceux qui m’ont entendu direcela si souvent depuis si longtemps –, la désin-dustrialisation est le symbole, le symptôme etla séquelle de cette réalité. Au plan européencomme à l’échelle nationale, c’est une questionfondamentale.

Les deux faits marquants, en France et enEurope, ont été l’abstention et la montée despartis nationalistes. Dans notre pays, six élec-teurs sur dix ne se sont pas rendus aux urnes etl’extrême-droite a recueilli un suffrage exprimésur quatre. Le Front national est arrivé en tête

du scrutin. Conjuguant xénophobie et souve-rainisme, il n’est plus seulement candidat auxélections, mais à l’exercice du pouvoir. Ses cré-dos sont la sortie de l’Europe et la préférence

nationale, autrement dit la fermeture au dehorset la cassure au-dedans. Les politologues sou-lignent à raison la capacité de mue permanentedu parti lepéniste. Il faut le combattre sur le ter-rain des valeurs et par la déconstruction de sonprojet dont l’application, loin de les soutenir oude les servir, nuirait gravement aux intérêts descatégories populaires et des classes moyennes,à nos forces productives, à la souveraineté dupays. Ces derniers jours, les propos infâmessur le fond de Le Pen père et leur condamna-tion pour la forme par Le Pen fille ont rappelé levrai, le seul visage du FN. Le Premier secrétairea eu raison d’y insister.

À droite, l’UMP n’a pas réussi son pari de virer entête du scrutin et au plan continental, conserva-teurs et libéraux enregistrent, en proportion, leplus sévère recul. Le Parti socialiste européena certes préservé une stabilité numérique au

Parlement, mais il n’a pas su capitaliser sur ladéfaite de la droite, comme nous l’avons hélasdurement, sévèrement, éprouvé en France.

Les résultats des élections confirment l’urgenced’une réorientation de l’Union. C’est le messagequ’a porté le Président de la République, et nousl’avons approuvé, lors du sommet de Bruxellesqui s’est déroulé quarante-huit heures aprèsl’expression des peuples européens. Oui, il esttemps que l’Europe se réveille, qu’elle se bouge,qu’elle assume sa responsabilité face à la criseet qu’elle soit à la hauteur de la promesse qui

l’a fondée. La réorientation ne consiste pas àenfiler les mots valises ni à empiler les procé-dures, elle consiste à faire sauter les verrous àla croissance, à l’emploi, à la solidarité.

Et qu’on ne nous dise pas que c’est inconcevableou que c’est impossible ! La Banque centraleeuropéenne, il y a quelques jours, n’a-t-ellepas décidé, parmi d’autres mesures positives,d’adopter un taux d’intérêt négatif, c’est-à-dire– en français et non en volapük – qu’il en coûte-ra désormais de l’argent aux banques qui choi-siront de déposer leurs ressources dans les ré-

serves de la BCE plutôt que de les injecter dansl’économie réelle sous forme de crédit aux mé-nages et de prêts aux PME. C’est un progrès etc’est une preuve. Un progrès parce qu’à terme,ces choix doivent rendre l’euro moins cher etl’activité plus forte. Et c’est la preuve qu’unelecture non dogmatique des statuts de la BCEet qu’une interprétation des traités qui s’éman-cipe de l’ordo-libéralisme sont non seulementenvisageables, mais souhaitables. Preuve aussi– il n’est pas interdit de le noter – que, commela garantie jeunesse, l’union bancaire, l’enca-drement accru du travail détaché, cette avancée

que nous sommes nombreux à réclamer depuisdix ans a été obtenue depuis et après l’alter-nance en France. D’autres chantiers sont main-tenant à engager : pour extraire les dépenses

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dernier. Production, éducation, décentralisa-tion, répartition : ce sont les quatre côtés de ceque j’appelle le carré du redressement.

Fin avril, en lien avec les groupes parlemen-taires, le Parti a souhaité que dans le cadredu plan d’économies nécessaires pour la sou-veraineté et la compétitivité, plusieurs enjeuxsoient pris en compte : sur les petites pensions,sur le plan pauvreté, sur l’attention portée auxfonctionnaires ayant les rémunérations les plusmodestes, sur la fiscalité des ménages mo-destes. Sur tous ces points, le Parti socialistea été entendu par le Gouvernement. Le Premiersecrétaire a parlé de solidarité exigeante pourdéfinir à la fois le rôle de soutien à l’action gou-vernementale et de force de proposition. C’estaussi le sens de la récente lettre qu’il a adres-sée au Premier ministre dans la perspectivedes deux collectifs, le financier et le social, quiconcrétisent la trajectoire d’assainissement etd’investissement qui a été approuvée majori-tairement au Bureau national le 28 avril et auParlement le 29 avril dernier. Là aussi, regar-dons les faits et les textes : le PS a obtenu unepriorité aux PME, un soutien au pouvoir d’achatdes ménages modestes, un effort supplémen-taire pour les emplois d’avenir.

Notre cohésion et notre cohérence sont ren-dues nécessaires par la situation historiquedu pays, par la responsabilité qu’elle exige denous, mais aussi par l’offensive de la droite. Ses

divisions attisent ses provocations. À chaqueassaut des conservateurs, le Parti a réagi parla voix du Premier secrétaire, des secrétairesnationaux et des porte-paroles. Nous ne laisse-rons rien passer. Nous ne laisserons pas ceuxqui ont abimé la France dire et médire, faire outenter de défaire. Entre nous, nous devons dé-battre mais c’est la droite qu’il faut combattre.

À ceux qui à droite affirment qu’ils n’applique-ront la réforme des rythmes scolaires dansleurs communes, nous disons qu’une matinéede plus pour apprendre, c’est l’intérêt et c’est

le droit de tous les enfants dans toute la France.À la droite qui, dans le débat budgétaire, prônele gel du RSA socle pendant cinq ans, la sup-pression des emplois d’avenir, des tarifs so-ciaux de l’énergie, des mesures de pouvoird’achat pour les fonctionnaires modestes, desdroits rechargeables pour la sécurisation del’emploi ou du compte pénibilité, qui proposedes coupes budgétaires de 80 milliards pourl’UDI, de 130 milliards pour l’UMP, nous oppo-sons notre politique d’efficacité économique, desérieux budgétaire et de justice sociale.

À ceux qui à droite ont demandé le mois der-nier, avant de se raviser, d’exonérer de peinesde prison les délinquants en cols blancs, nous

rappelons que dans la République, la justice estla même pour tous.

Chers camarades, pour relever ces défiset mener ces combats, après les défaitesde mars et mai, – c’est ma dernière no-tation –, le Parti doit être actif et acteur.Et tout commence au quotidien par l’efficacité,la réactivité, la collégialité, le souci d’un fonc-tionnement moins vertical du parti. C’est unedemande des fédérations et des sections, c’estaussi la volonté de notre direction. Le travailaccompli depuis deux mois est significatif dela volonté de bâtir solidement pour repartir del’avant.

Je l’ai dit en commençant : une grande partiedu travail du secrétariat national a été consa-cré à la campagne des européennes. En mêmetemps, nous avons commencé à concrétiser lesengagements pris lors du Conseil national à lami-avril.

Le secrétariat national est désormais constituéen pôles thématiques et fonctionnels dont nousassurons, avec Christophe Borgel, l’animationrespective. Sitôt constitués, ils se sont mis autravail : réunions des commissions – Santé,Agriculture, Economie, Enseignement supé-rieur et recherche, d’autres encore qui se sontréunies, d’autres à venir ces jours-ci –, constitu-tion de groupes de travail, séminaires – je penseà celui que le groupe Ruralité animé par Carole

Delga, qui occupe désormais d’autres fonctionsau sein du Gouvernement dans le cadre d’uneréflexion commune avec la Fondation Jean-Jau-rès, a organisé le 21 mai sur le dialogue entreterritoires ruraux et urbains –, rencontres avecles représentants de la société civile – organi-sations syndicales, associations, mouvementsd’éducation populaire et de jeunesse, ONG,acteurs institutionnels. Des échanges réguliersont lieu avec les groupes parlementaires et letravail avec la FNESR, cher Pierre Cohen, surla réforme territoriale ou d’autres enjeux, estaussi régulier qu’il est utile.

Plusieurs chantiers majeurs ont été lancéssans tarder : le programme de notre universitéd’été à la Rochelle fin août et le plan pour la for-mation des militants et des cadres du Parti sousla responsabilité respective de David Assoulineet d’Émeric Bréhier. Je n’irai pas plus loin àce stade car il s’agit désormais de déployer lafeuille de route que délivrera le Premier secré-taire aux membres du Conseil national tout àl’heure : sur notre identité, notre organisation,notre rassemblement et celui de la gauche. Unimmense travail est devant nous. Tu sais, cher

Jean-Christophe, que les secrétaires natio-naux et l’ensemble des collaborateurs qui lesépaulent au Parti sont pleinement mobilisés.

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Enfin, je tiens à dire que ces dernières semaines,la mémoire de grands socialistes a égalementété honorée : hommage à Pierre Bérégovoy ausiège national, dans la cour qui porte son nom,le 30 avril ; à Léon Blum, à Paris le 1er mai ; àPierre Mauroy, à Lille, mardi dernier.

Chers camarades, le Parti socialiste est notrebien commun. Il est indispensable à la démo-cratie et à la gauche. Nous devons lui consa-crer le meilleur de nous-mêmes, faire préva-loir l’esprit collectif, faire preuve de respect,de renouveau, de rassemblement. C’est cela, jecrois, être à la hauteur des attentes militanteset citoyennes.

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Chers amis, chers camarades, je précise d’abordque je n’interviens pas dans le cadre de débat duConseil national, mais bien sûr en tant que prési-dente du Mouvement des jeunes socialistes, parceque si le Parti socialiste est respectueux de l’auto-nomie du Mouvement des jeunes socialistes, leMouvement des jeunes socialistes est respectueuxde l’autonomie du Parti socialiste.

Chers amis, chers camarades, les jeunes socialistesont fait campagne, vous le savez, avec force et éner-gie, lors des élections municipales et européennes.Mais si la baffe du 25 mai a été dure, elle ne les a passurpris pour autant. Il faut d’abord dire que si le voteFront national progresse, y compris chez les jeunes,ce qui est le plus important chez les jeunes, pour le

coup, c’est l’abstention, qui est à 73 %, alors que surl’ensemble de l’électorat des jeunes, le Front natio-nal compte pour en fait 7 % des jeunes.

Et nous assistons à la montée d’une génération quiconstruit son rapport au politique dans l’abstention.Et ça veut dire que ce sont des jeunes qui, s’ils nevote pas à 20 ans, ne vont pas se réveiller à 30 ans ouà 40 ans en se disant : « Tiens, ça y est, cette fois-ci, jevais aller voter. » Ce sont des jeunes qui construisentdurablement leur rapport au politique dans l’abs-tention. Et cette génération, elle rejette non pas ladémocratie, mais un certain manque de démocra-tie. Elle rejette un certain verrouillage démocratiquequi est double.

D’abord le sentiment que celles et ceux qui nousdirigent ne nous ressemblent pas du tout. Combien

d’employés et d’ouvriers à l'Assemblée nationale ?Combien de personnes issues de l’immigration ?Combien de moins de 30 ans ? Zéro. Mais combiende médecins, d’énarques, de hauts fonctionnaires etd’avocats ? Et je ne leur jette pas la pierre, mais ilssont extrêmement présents.

Et c’est simple : notre famille politique, elle a aussiune responsabilité là-dedans, car la France, elle a60 ans, elle a 40 ans, mais elle a aussi 20 ans. Alors

 je le dis, ce n’est pas acceptable que les jeunes, tropsouvent, sur les listes aux élections municipales,aient servi d’affichage, et puis ensuite de variabled’ajustement au second tour. Même si certainsd’entre eux ont été élus, et je tiens à les saluer ici,car je sais qu’ils seront à la hauteur des défis de la

gauche au niveau local.Et je le dis aussi : quand 25 % des jeunes sont auchômage en Europe, qu’ils subissent les premiersles politiques d’austérité, il n’est pas acceptable, ouen tout cas cela laisse à réfléchir, que le Parti so-cialiste n’ait présenté aucun candidat de moins de40 ans aux élections européennes en position éli-gible. Mais ce verrou, chers camarades, nous pou-vons l’ouvrir en faisant en sorte que nos listes soientrenouvelées à 50 % lors des prochaines électionsrégionales. En faisant en sorte, maintenant que nousavons le non-cumul des mandats dans l’espace, dele faire aussi dans le temps, en limitant les mandatsà deux de suite, c’est amplement suffisant.

Et avec les jeunes socialistes, nous allons, à partird’aujourd’hui, à la rencontre des jeunes partout en

LAURA SLIMANI

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France pour connaître leur rapport à la démocratie,pour essayer de discuter avec eux et de les raccro-cher au politique et pour essayer de leur montrerque la politique peut changer la vie.

Mais refuser l’oligarchie, c’est aussi prendre gardeaux nominations qui peuvent apparaître un peudéconnectées de la réalité. Et pardonnez mon igno-rance, mais avant avant-hier, je ne connaissais pasJacques Toubon. Comme beaucoup de jeunes socia-listes, je suis allée voir sur Internet qui était JacquesToubon. Et quelle n’a pas été ma surprise de voird’abord qu’il avait 73 ans. Donc je me suis dit : « Il aforcément fait des choses importantes pour les droitsdes personnes, pour pouvoir être nommé à ce poste. » Et vous savez, ensuite, j’ai continué de chercher, et

 j’ai trouvé un homme remarquable qui se prononcecontre la loi sur l’abolition de la peine de mort, maisaussi contre la dépénalisation de l’homosexualité oucontre la première loi sur le harcèlement sexuel. Etpuis enfin, bouquet final, qui a tenté de faire amnis-

tier les commandos anti-IVG en 1995. Alors je le dis,il nous faut avoir un petit peu de courage pour fairela République, non pas avec ceux qui veulent l’abî-mer, mais avec ceux qui veulent la défendre.

Et le second verrou, non moins important, c’est ce-lui qui nous donne le choix ou qui nous fait croirequ’aujourd’hui nous n’avons pas le choix de menerdes politiques différentes. Et la situation présenteen est un exemple édifiant. Personne ne nous ditaujourd’hui vers quel projet de société nous souhai-tons aller, nous, Socialistes au pouvoir. Mais com-bien de fois entend-on à longueur de journée quenous n’avons pas le choix, que nous n’avons pas lechoix parce que les critères budgétaires sont plusimportants que les choix de nos concitoyens, qu’ilsont exprimés dans les urnes.

Et c’est cela, je le pense profondément, qui mine ladémocratie aujourd’hui. Parce que, quoi qu’il arrive,il paraît que nous n’avons pas le choix de baisser de50 milliards la dépense publique, que nous n’avonspas le choix d’en donner 41 aux entreprises privéessans contrepartie.

Mais nous, les Jeunes socialistes, nous disonset nous pensons que la politique, c’est précisé-

ment de se donner les choix et de faire des choix.Etre socialiste, c’est d’abord être fier, oui, être fierde toutes les réformes de gauche, parce que per-sonne ne les soutiendra si nous ne le faisons pas.La réforme pénale, l’économie sociale et solidaire,les 60 000 postes, plus d’emplois d’avenir, cela aété dit par Guillaume, la loi ALUR, oui la loi ALURpour faire notamment l’encadrement des loyers, etil faut être fiers de ces lois et il faut les défendre faceaux lobbies.

Mais être socialiste, et j’en finirai par-là, c’est aussise dire que l’on peut préférer donner un tout petitpeu moins à la grande distribution, mais continuerd’augmenter les bourses chaque année, jusqu’en2017, pour aller vers une allocation d’autonomieuniverselle et individualisée. Être Socialiste, c’estse demander où se produisent les inégalités pour

mieux les combattre. À l’école, il faut donc la préser-ver et la transformer. Mais aussi par le patrimoine,qu’il faut donc taxer et redistribuer. Et être socia-liste, c’est ne pas voter pour Jean-Claude Junckerau Parlement européen, Jean-Claude Juncker quiest soutenu par la droite espagnole, la droite portu-gaise, la droite grecque, qui est en train de jeter desmillions de personnes à la rue.

Et être socialiste, c’est, à l’heure où les femmes etles hommes meurent déjà à cause du réchauffe-ment climatique, et vous l’avez vu en Bosnie, eh bienc’est à ce moment-là se dire qu’il est impensableque la réduction des déficits passe avant la transi-tion énergétique. Alors être socialiste, c’est vouloir,chers camarades, au plus près de la société, nonpas s’y adapter, mais bien la transformer. Merci.

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D’abord, après ces élections européennes et muni-cipales, il faut, je crois, malgré les résultats, saluernos camarades du parti qui se sont mobilisés danstoutes les fédérations : les premiers fédéraux biensûr, les secrétaires de section, et puis les perma-nents du parti, qu’il faut aussi saluer pour leurtravail. Et notre premier secrétaire, qui a pris leschoses en main dans un contexte difficile.

Alors, nous avons eu plusieurs phénomènes.D’abord l’abstention sanction, cette abstention quiaussi, malgré tout, est un signal qui nous a été en-voyé, envoyé aussi en direction d’une Europe qui,telle qu’elle a été construite, provoque la défiance.Et puis enfin la montée de l’extrême droite et desnouveaux réactionnaires. Mais ils ne viennent pas

de nulle part, ce sont ceux qui ont construit une co-hérence idéologique à travers le GRECE, à travers leClub de l’Horloge, autour des 3 I, identité égale insé-curité égale immigration. Et face à cette cohérenceidéologique, nous devons nous-mêmes mener lecombat idéologique sur différents sujets.

D’abord la question de l’internationalisme, parce quenous sommes socialistes, nous sommes d’abordinternationalistes. Et il n’y aurait rien de pire quede céder justement aux sirènes du nationalisme, durepli sur soi. Et nous devons porter justement cetteespérance du droit international des travailleurs,des droits de l’Homme, cela a été dit par différentscamarades qui sont intervenus. Le monde du travailaussi, quand on parle d’entreprises, on parle biensûr des salariés, des entrepreneurs, et nous devonslà aussi assumer nos positions, parce que nous

défendons dans nos territoires, là où nous sommesen responsabilité aussi dans les collectivités localesou dans l'opposition, un discours pragmatique parrapport aux TPE, aux PME, aux entreprises de tailleintermédiaire, qui sont détenues par des capitauxfamiliaux et pas des fonds de pension qui désossentles entreprises pour les délocaliser en Silésie, bé-néficiant ainsi de fonds européens et d’une fiscalitéplus attractive.

Je crois que c’est là aussi le discours que nous de-vons porter, celui de l’égalité au sein de l’entreprise,celui du dialogue social, mais également aussi dusoutien aux entreprises qui créent des emplois du-rables.

Et puis nous avons aussi d’autres combats idéolo-giques à mener : dans l’art et la culture, je sais lesdifficultés que rencontre aujourd’hui comme vous legouvernement par rapport à la question des inter-mittents, mais nous avons toujours défendu l’artet la culture, et également, bien évidemment, lesintermittents. Alors, il faut trouver les voies du dia-logue, les voies de la concertation, et ce n’est passimple, et je salue notre ministre Aurélie Filippettipour le travail qu’elle fait.

Mais nous devons, je crois, continuer ce travail etsoutenir notre collègue Jean-Patrick Gille, qui doitmener une mission en urgence pour essayer detrouver des solutions. Mais je salue aussi la posi-tion de notre Premier secrétaire, et nous devons,tous ensemble, avancer, gouvernement, parlement,Parti socialiste, avec les intermittents, parce que

LAURENT GRANDGUILLAUME

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l’art et la culture, c’est le vivre ensemble, c’est lacréation, c’est l’innovation. Et dans un contexte dedéfiance, on a besoin justement de développer l’artet la culture dans tous nos territoires.

Donc les sujets sont nombreux, mais nous devonsmener ce combat idéologique sur le fond, et nousdevons travailler, nous devons débattre dans deslieux où, bien sûr, cela est permis, et éviter parfois,et j’en ai eu l’expérience récemment, que certainsse servent des expressions dans des lieux où nouspouvons nous exprimer pour faire de la médiatisa-tion et puis essayer de jeter un peu plus de difficul-tés entre nous.

Parce que nous avons besoin de pouvoir confronterles idées, nous avons besoin de nous respecter, et jecrois que c’est dans le débat et dans la confrontationdes idées que nous pourrons avancer ensemble. Jene pense pas qu’il faille continuer des débats sursavoir s’il faut ajuster telle ou telle mesure, ce n’est

pas l’essentiel. Il ne faudrait pas qu’on aboutisse à

défendre, je ne sais pas, le socialisme hydraulique,celui où à la fin on appuie sur des boutons pouressayer de faire quelques choix. Le socialisme, cen’est pas ça. Le socialisme, il est porteur d’espé-rance, il est porteur d’espoir, il doit redonner espoiraux catégories populaires et aux classes moyennesen particulier. Parce que nous avons confondu,peut-être, hégémonie électorale et hégémonieculturelle. Nous ne sommes pas hégémoniquesaujourd’hui sur le plan culturel, ce sont les nou-veaux réactionnaires qui imposent en quelque sorteleurs marqueurs.

Et c’est à nous, Parti socialiste, et à la gauche, deréinstaurer, justement, des marqueurs de gauche,pour faire en sorte de redonner de l’espoir à ceuxque nous représentons, c’est-à-dire à la majoritésociale de notre pays. Donc travaillons ensemble,travaillons avec la Gauche, travaillons sur le plandes idées, et faisons en sorte d’être à nouveau por-teurs d’espoir pour l’avenir.

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Chers camarades, chers amis, d’abord, à vous tous,un immense merci pour ceux qui nous ont accom-pagnés dans la campagne des élections euro-péennes. Mais mon premier message, c’est pourvous dire : attention, les élections européennes, çan’est pas un mauvais moment à passer. Parce quesi ça n’est qu’un mauvais moment à passer, ce serapire la prochaine fois, et même avant. Et ce qui s’estpassé dans cette élection européenne, Guillaume l’adit, c’est une réplique. Alors si c’est une réplique, cen’est pas qu’une question européenne. Lorsque, àBruxelles, depuis le 25, nous exposons la situationfrançaise, tout le monde relativise en disant : « Oui,en France, on a perdu, ailleurs on a gagné. » Mais par-tout, nous reconnaissons que la perte de la droite,nous n’avons pas su en bénéficier. C’est vrai dans ce

pays, c’est vrai à l’échelle européenne.Mais il y a des caractéristiques françaises que nousne pouvons pas balayer d’un revers de main. Et jeveux ici dire, dans la suite de ce qu’a dit Laura, quela question des jeunes est essentielle. Je suis frap-pée. Elle a rappelé les chiffres de la mobilisation des

 jeunes et du vote Front national parmi les jeunes.Un jeune qui commence dans sa vie politique parvoter Front national, c’est un signal épouvantable.Lorsque l’on sait que sur cent jeunes, un peu élargis

 jusqu’à 34 ans, il n’y a que trois jeunes qui ont votésocialiste aux élections européennes, je pense quecela nous interpelle.

Lorsque l’on regarde la carte du vote aux électionseuropéennes, et qu’on la superpose à la carte desinégalités entre générations à l’échelle européenne,

on voit qu’il y a aussi des questions bien spécifique-ment françaises que nous devons regarder atten-tivement, et je nous invite à le faire collectivementsi nous voulons que notre rapport à l’Europe, quenotre contribution à l'Europe, dans les deux sens,s’améliore.

Mon deuxième message, c’est, dans la suite de cequ’a dit Guillaume, sur la question de la réorienta-tion. Cette réorientation, nous l’avons engagée, etau fond, c’est un message que nous, les Socialistesfrançais, avons fait partager à l’échelle européenne.J’en veux pour preuve la bataille qui va se jouer etqui se joue dès aujourd’hui pour la maîtrise desquestions industrielles au Parlement européen ou àla Commission européenne. Les choix de tous ceux

qui peuvent parler en premier dans ces deux ins-tances, c’est d’aller vers les questions industrielles.Alors là aussi, soyons forts et disons, pour nous, ceque c’est que ce choix de la réorientation autour desenjeux industriels. Et ne nous laissons pas dépossé-der de cette réorientation que nous avons mise surla table et qui, pour nous évidemment, passe par laquestion de la transition écologique dans laquellenous devons être moteur, y compris en harmonie,en écho aux travaux qui seront conduits en Francel’année prochaine avec la grande conférence sur leclimat.

Le troisième message, c’est pour vous dire évidem-ment ce que nous, au Parlement européen, nousavons engagé, et à la suite de l’expression que Ca-therine Trautmann utilisait toujours, « l’équipe com-mando », puisque là aussi nous sommes 13, nous

PERVENCHE BERÈS

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allons continuer cette « équipe commando ». Elle estformée, elle est à pied d’œuvre avec Christine, avecGuillaume, avec beaucoup dans la salle, pour diredes choses très simples. M. Van Rompuy n’auraitpas dû être choisi par les chefs d’État et de gouver-nement pour être le formateur.

Dans cette campagne, nous avons porté un messagequi est celui de la démocratie. Alors, nous, noussommes des partisans de la démocratie, et je peuxvous le dire, si les chefs d'Etat et de gouvernementsortent avec un autre nom qu’un des cinq candidatsà la présidence de la Commission européenne, il nesera pas soutenu par le Parlement européen.

On ne peut pas dire : « L'Europe est malade, nous fai-sons un choix démocratique », et puis le balayer d’unrevers de main. Mais bien sûr, pour les Socialistesfrançais, la façon dont le prochain président de laCommission sera désigné, c’est une méthode, c’estun choix, nous réaffirmons le choix démocratique,

mais c’est aussi une question de ligne politique.C’est pour ça que je me réjouis que, avec la compli-cité, le soutien et la confiance de notre Premier se-crétaire, nous ayons été à la manœuvre pour définirce que doit être la ligne de conduite politique dansla négociation, dans la période qui s’ouvre, et que,sur la base du texte adopté au bureau national, leParti socialiste européen aura la semaine prochaineun sommet des leaders, et que, au sein du groupesocialiste et démocrate, mercredi prochain, un textesera adopté sur les conditions de la réorientationeuropéenne, sur nos exigences dans cette manda-ture, qui tient compte pleinement de notre texte, etpour lequel notre texte sert de base à la définitionde ces réorientations. Voilà les trois messages que

 je voulais vous apporter. Ne nous oubliez pas, conti-nuez à être « euro-exigeants », et c’est sur la basede ce mot d’ordre-là que nous conduirons pendantles cinq ans qui viennent la transition écologique etla réorientation européenne.

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Chers camarades, un débat traverse depuisquelques temps notre formation politique. D’abord,rampant, latent, il est devenu central depuis nosdeux défaites électorales. Celle de mars, qui a vus’effondrer en quelques heures ce que nous avionsde plus cher, ce que nous avions mis des décenniesà construire, le socialisme municipal ; et celle demai, qui a vu pour la première fois, et alors que lagauche gouverne, le Front national arriver en têted’une élection.

Ce débat, vous le savez, il porte sur la politiqueéconomique que nous menons. Personne ne nie lanécessité de faire un effort de réduction des déficits,mais nous sommes de plus en plus nombreux àpenser que cela a été une erreur, après avoir parlé

d’un redressement juste, de faire payer de plus enplus le prix de cet effort aux couches populaires etmoyennes de ce pays. Personne ne nie la nécessitéd’aider les entreprises les plus exposées ou cellesqui en ont besoin, mais nous sommes là aussi deplus en plus nombreux à penser que c’est une er-reur de déverser des milliards d’euros dans une po-litique de baisse d’impôts et de charges sans avoiraujourd’hui les garanties que ces euros n’iront pasà la rémunération des actionnaires mais bien à lacréation d’emplois.

Et nous sommes de plus en plus nombreux à plaiderpour une politique plus équilibrée, qui conserveraitces aides pour les entreprises qui en ont vraimentbesoin, mais qui réinjecterait ces marges de ma-nœuvre pour une véritable politique de soutien aupouvoir d’achat des ménages, ce qui serait bon pour

les carnets de commandes de nos entreprises, maisaussi plus conforme à ce qu’on attend de la gaucheau pouvoir, c’est-à-dire une politique d’améliorationdes conditions de vie des salariés modestes.Ce débat s’articule aussi depuis janvier à un débatplus idéologique et stratégique. Personne, là nonplus, ne nie l’intérêt de discuter avec le patronatdans une période de chômage. Mais nous sommesnombreux à penser que la social-démocratie, c’estl’idée de la contradiction, de la tension entre le capi-tal et le travail, entre l’offre et la demande, entre lacompétitivité économique, qui est certes une valeurimportante, mais la justice sociale, qui reste le fon-dement de l’identité du socialisme.

Et puis débat stratégique, car personne ne nie non

plus que la politique que nous menons pourrait être,comment dire, moins impopulaire si elle était mieuxexpliquée et mieux incarnée. Mais nous sommesnombreux à penser qu’elle ne peut structurellementpas être majoritaire. Car telle qu’elle est formuléeaujourd’hui, elle n’est pas au centre de gravité idéo-logique de la gauche, et je ne parle pas simplementdes forces politiques mais de l’électorat. Et surtout,on ne peut pas être majoritaire avec une politiquedont l’essentiel des arbitrages se fait au détrimentdu corps central de la société française.

Alors chers camarades, ce débat, il est essentiel, ildoit être maîtrisé, mais il ne peut être étouffé. Augroupe socialiste à l'Assemblée nationale, où il aémergé, vous le savez, j’entends parfois dire : « Àquoi bon discuter de tout cela puisque ces élémentsont été tranchés par le président de la République. »

LAURENT BAUMEL

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Eh bien, chers camarades, moi j’enrage de voir quela gauche s’est coulée dans ces institutions monar-chiques au point de considérer qu’un seul d’entrenous, fut-il le président de la République, peut s’ar-roger le droit de remettre en cause unilatéralementle contrat que nous avons collectivement passé avecles Français. Et je revendique le droit pour les par-lementaires socialistes et pour les militants du Partisocialiste d’avoir leur mot à dire sur la politique quenous menons.

Et je terminerai en disant que ce débat n’est pasmédiocre. Contrairement à ce qui a pu se passer lesannées précédentes, il n’est pas le faux-nez d’am-bitions présidentielles ou de compétitions person-nelles. Ce qui est en jeu, ce n’est ni plus ni moins,à mon sens, que le destin de notre génération mili-tante. Allons-nous accompagner, par résignation,une nouvelle défaite de la gauche au pouvoir après1993, après 2002, qui serait peut-être aussi cettefois, sous une forme ou une autre, une victoire de

l’extrême droite dans notre pays ? Aurons-nous lacapacité de produire ce sursaut pendant qu’il en estencore temps, d’être une génération qui prend sesresponsabilités et qui modifie le cours dit inéluc-table de l’Histoire qui est en train de s’écrire ?

Voilà à mon sens l’enjeu. Il n’est pas médiocre, il esthistorique, et j’espère que l’ensemble des militantssocialistes, à travers les états généraux qui sontlancés aujourd’hui et le Congrès qui je l’espère s’ap-proche, auront la possibilité, eux aussi, de se saisirde ce débat.

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Mes chers camarades, je voudrais d’abord avoir un mot trèschaleureux, très fraternel, pour les militantes, les militants,les élus locaux, quelquefois même les parlementaires, quinous ont accompagnés au moment des élections euro-péennes, dans un contexte qui était très difficile. Ils n’ontpas ménagé leur énergie, ils n’ont pas ménagé leur peine,et nous sommes une poignée, cher Guillaume, chère Per-venche, à représenter la France et le Parti socialiste fran-çais au Parlement européen. Mais je n’oublie pas que c’està ces militants, à ces élus locaux, que nous devons d’y être.Et parce que nous y sommes, nous serons fidèles, vouspouvez compter sur nous, à ce que nous avons dit pendantla campagne. Fidélité absolue à ce que nous avons dit pen-dant la campagne.

Nous allons nous battre pour la réorientation de la politique

budgétaire. Nous allons nous battre pour la réorientation dela politique monétaire. Nous allons nous battre pour faireémerger, cher Henri Weber, ce concept de juste échangeque le Parti socialiste français défend depuis plus de dix ans.Nous allons nous battre pour l’harmonisation sociale, nousallons nous battre pour l’harmonisation fiscale. Et surtout,nous allons continuer dans la droite ligne de la campagneeuropéenne, c’est-à-dire politiser le débat européen et toutfaire pour que les petits arrangements entre la droite et lagauche contribuent un peu plus à éloigner nos électriceset nos électeurs de l'Europe. Alors vous pouvez comptersur nous, cette fidélité à nos engagements de compagne,ça sera notre feuille de route à nous, députés européens.Merci en tout cas.Je reviens un instant sur le résultat des élections euro-péennes, parce que j’ai entendu parfois des camarades quiavaient la tentation de minimiser ce résultat. Il y a beau-coup d’abstention, j’ai même entendu un camarade dire : «

Tout ça, c’était un match amical, ça compte pour du beurre. »Chers camarades, c’est notre pire score depuis la créationdu parti d’Épinay. Notre pire score. Alors à celles et ceux quiont la tentation du déni, de l’aveuglement, de la relativisa-tion, je pense que, quand même, on peut solennellement etavec gravité faire le constat que cet échec, qui est aussi lavictoire de l’extrême droite, nous y sommes pour quelquechose, pas seulement nous, le résultat des élections euro-péennes sanctionne aussi et avant tout la politique de ladroite, la politique de la Commission. Elle témoigne d’unecrise démocratique où les gens, les électeurs, ont l’impres-sion que les responsables politiques n’ont plus prise sur lecours des choses, ou parfois qu’ils se sont résignés à ne paschanger les choses. Il témoigne aussi d’une défiance parrapport aux responsables politiques qui, en matière écono-mique et sociale, que ce soit le centre-gauche, le centre-

droit, laissent l’impression d’être d’accord sur l’essentiel etde ne débattre qu’à la marge.

Une élection qu’il faudra analyser de près, j’en discutais àl’instant avec Christophe Borgel, parce que la géographie etla sociologie du vote Front national doivent nous interroger.Bien sûr, sur la jeunesse, par exemple, l’immense majo-rité des jeunes se sont abstenus. On ne peut pas tirer deconclusion hâtive, mais la fixation du vote ouvrier, y comprisdes ouvriers qui votaient pour nous, sur le Front national, lagéographie du vote FN, c’est-à-dire sa progression au furet à mesure que l’on s’éloigne des centres urbains, ça, çanous pose des questions à nous, Socialistes, si nous vou-lons construire cette majorité sociologique et électorale quinous permettra de gagner les prochaines élections.

Mais évidemment aussi, et chacun le sait, le résultat desélections européennes, c’est une sanction. Sanction à

EMMANUEL MAUREL

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l’encontre du chef de l'Etat, sanction à l’encontre de lapolitique gouvernementale, sanction, hélas pour nous, àl’encontre du Parti socialiste. Et ce qui me rend finalementle plus triste, le plus stupéfait, et c’est le cas aussi, j’ensuis sûr des militants, c’est que la seule réponse, au len-demain de ce scrutin sanction, la seule réponse que nosdirigeants ont été capables d’avancer a été de dire : « Do-rénavant, c’est comme avant. » Vous nous avez sanctionné,vous n’êtes pas d’accord avec nous, c’est la raison pourlaquelle nous avons compris ce message, et nous allonscontinuer à faire la même politique. « Dorénavant, c’estcomme avant. » Et là, chers camarades, il y a un débatentre nous, Laurent Baumel y faisait allusion, c’est undébat en réalité qui n’est pas récent, qui ne date pas dessix derniers mois, c’est un débat que nous avons depuisl’élection de François Hollande, en tout cas en ce qui meconcerne, et qui continue en s’accroissant, parce que noussommes un certain nombre à penser que si notre seuleligne de conduite, c’est : « Rien de change, on va accélé-rer », nous nous exposons à de graves déconvenues.

D’abord parce que « Rien ne change, on va accélérer », çaconduit parfois à une impression d’improvisation totale.J’en veux pour preuve le débat actuel sur la réforme terri-toriale, qui à mon avis aurait mérité peut-être une élabo-ration plus collective, plus fine, plus intelligente. J’en veuxpour preuve aussi, je parle d’improvisation, improvisation

 jusqu’à la provocation, le débat lunaire que nous avonssur la suppression des seuils sociaux. Enfin, il ne faut pasavoir une mémoire de poisson rouge, il y a trois ans, leParti socialiste se battait résolument contre une proposi-tion que la droite n’a même pas voulu mettre en œuvre,qui visait à supprimer les seuils sociaux, revendication quiest celle de la frange la plus radicale du patronat ; et noussommes là, à expliquer que, finalement, parce qu’ « il fautlibérer les énergies », parce que « le Code du travail, c’esttoujours un peu répulsif pour l’emploi », je cite, eh bien ilfaudrait aller encore plus avant.

Moi, chers camarades, j’ai parfois l’impression d’une sortede fuite en avant. Et cette fuite en avant, je ne veux pas lacautionner, je ne veux pas l’accompagner, et j’ai le senti-ment, dans cette salle peut-être, chez les militants sûre-ment, que nous sommes une majorité à dire : « Non, onne peut pas avoir comme seule réponse : dorénavant, c’estcomme avant. »Alors il faut changer, alors il faut un sursaut. Et ce sursaut,il est possible, il est souhaitable. Je ne suis pas d’accord

quand on dit qu’il faut des marqueurs, des signaux, desgestes. Mais nos électeurs n’attendent pas des gestes, dessignaux, des marqueurs, ils attendent qu’on soit fidèles aumessage fort de la campagne présidentielle, qui disait :« Nous allons redresser le pays, mais dans la justice. » Dansla justice, ça veut dire redistribution des richesses, ça veutdire réforme fiscale, ça veut dire politique salariale, çaveut dire relance de l’investissement, ça veut dire pouvoird’achat. Redresser dans la justice. Il y aura redressementparce qu’il y aura justice. Les deux vont de pair, les deuxsont compatibles et c’est ce message que nous essayonsde faire passer aujourd’hui.

C’est pour ça que, moi, je ne préconise pas de légèresinflexions, même si je sais être poli, courtois, trouver lesbonnes formules. Mais on est entre nous, moi, je pré-conise une réorientation, et c’est d’ailleurs ce que nousavons dit quand nous étions en campagne en 2012. Réo-

rientation de la politique européenne : il y a encore desefforts à faire ; réorientation de la politique économique,et nous sommes un certain nombre à penser en effetque ce postulat selon lequel il faudrait baisser le coûtdu travail qui grève les chefs d’entreprise, et que ça, enplus, ça doit être financé par une baisse des dépensespubliques, nous sommes un certain nombre à penser queça va avoir un effet récessif, contrairement à ce qu’on croit.Un effet récessif, alors même que nous prétendonsrelancer l’activité.

Ce débat, il est devant nous, et nous devons le trancherà un moment ou un autre. Je ne sais pas ce qu’annon-cera Jean-Christophe, des choses très intéressantes

 j’en suis sûr, mais de toute façon, à un moment, les mili-tantes et les militants seront appelés à trancher sur ceschoix stratégiques.

Un dernier mot. J’anticipe certaines critiques, notammentsur la nécessité de faire bloc, la nécessité, on est dans lemême bateau, il faut qu’on réussisse. Evidemment, tout

le monde a envie que le quinquennat réussisse. Et cettesolidarité, elle est évidente et naturelle. Mais il faut êtresolidaire avec l’exécutif, ce serait bien aussi que l’exécutif,parfois, soit solidaire avec ses militants et sa base sociale.Et quand je dis ça, ça ne vaut pas seulement pour les poli-tiques, mais franchement, Jacques Toubon… JacquesToubon… Jacques Toubon, défenseur des droits. Ce n’estpas parce qu’il est de droite, mais voyons ce qu’il incarne,voyons ce qu’il représente. Moi, je veux bien être solidairede beaucoup de choses, mais là il faut que l’exécutif soitsolidaire de sa majorité, qui ne veut pas de cette nomina-tion, évidemment, et qui n’en voudra pas.

Parce que, je veux bien qu’on épuise tous les charmes dela Ve République, mais ça n’est pas dans notre code géné-tique, cette idée selon laquelle tout pouvoir procède d’unhomme, fut-il exceptionnel. Ce n’est pas dans notre codegénétique, cette idée que la personnalisation du pouvoir,la marginalisation progressive du parlement, le fait qu’iln’y ait pas de démocratie participative, c’est efficace. Cen’est pas vrai. Nous, Socialistes, nous n’avons pas le cultedu chef, nous, Socialistes, nous n’avons pas une traditioncaporaliste, et c’est tant mieux. Alors oui, solidaire avecl’exécutif, mais que l’exécutif entende, écoute ce que disentles militants, les sympathisants, le peuple de gauche, lesparlementaires, les syndicats, dont certains ont parfoisappelé à voter François Hollande. Le dialogue social, c’est

aussi ça. Ecoutons-les, entendons-les, et vous verrez, lesursaut est possible.

Car oui, le sursaut est possible, parce que nous avons desmilitants aguerris, volontaires, énergiques, même si en cemoment il y a une phase de désarroi évidente. Le sursautest possible parce que nous avons des élus locaux qui sebattent au quotidien, qui relaient les aspirations, et par-fois même les mécontentements du peuple de gauche.Le sursaut est possible parce que nous sommes un grandpeuple. Et moi j’aimerais qu’on s’adresse à la France passeulement en disant « les handicaps, les conservatismes,les blocages », mais qu’on dise tout ce qui fait la grandeurde notre pays, tout ce qui fait sa richesse : son modèlesocial, ses services publics, ses conquêtes sociales. C’estlà-dessus qu’on s’appuie, c’est ce peuple-là qu’on peutmettre en mouvement pour réussir le quinquennat et fairegagner la France, et par là même faire gagner la gauche.

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Bonjour camarades. Je trouve quand même, àl’écoute de tout ce que j’ai entendu jusqu’à présent,que ce Conseil national me paraît quand même unpetit peu triste. Certes, nous avons sur certainspoints, et c’est important de les aborder, des désac-cords, d’autres propositions qui sont faites, et jepense que c’est important d’écouter les uns et lesautres. En même temps, je me demande tout demême si l’action qui est actuellement menée par legouvernement et le président de la République, est-ce qu’on doit regarder tout d’un seul bloc seulementsur l’aspect économique ? Est-ce qu’on doit, notam-ment, est-ce qu’on entend d’ailleurs depuis ce matinune défense, aujourd’hui, du travail qui est fait pourla réforme judiciaire par Christiane Taubira ? Est-cequ’on l’entend ? Est-ce qu’on est fier de l’action qui

est menée ? Est-ce qu’on entend, ce matin, le travailqui est fait pour la transition écologique par Ségo-lène Royal ? Est-ce que ça, ce n’est pas un travailque nous sommes en train de mener ? Est-ce quenous entendons ce matin le travail qui est fait parle ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius,pour défendre la voix de la France dans le monde ?Est-ce que ça, ça ne doit pas être défendu ?

Si vous voulez, j’ai l’impression tout de même, dansl’ensemble des débats qu’on entend en ce momentau sein du Parti socialiste, qu’on est en train de sefocaliser sur une question, et donc on oublie l’actionglobale du gouvernement, et donc de ce fait, on nerépond pas aux besoins des Français. C’est-à-direque les Français, aujourd’hui… Et qu’est-ce qu’unparti politique ? Il faudra répondre à cette question,ça doit être quand même quelque chose qui donne

une ligne, qui amène les Français à comprendrele sens de l’action qui est menée. Et aujourd’hui,

 j’ai l’impression que dans les divisions qu’on esten train de faire apparaître constamment, c’est laseule chose qui apparaît. Et moi, quand j’entendsles gens dans la rue, les citoyens, ils me disent :« Mais ils ne sont même pas fichus de s’entendre entreeux. » Donc, je pense qu’il y a un sens aujourd’hui dela responsabilité. Il faut qu’on débatte entre nous,c’est excessivement important. Il faut qu’il y ait unéchange, et je crois que le Premier secrétaire est entrain, aujourd’hui, de développer cet échange avec legouvernement et le Premier ministre et le présidentde la République. C’est très important.

Mais en même temps, c’est à nous aussi, socia-

listes, à donner du sens et à défendre les actions quisont menées. Il ne faut pas oublier cela. On a le droitd’avoir cet aspect de réserve sur certaines mesures,et j’ai entendu tout à l’heure, et c’est vrai que c’estcompliqué à défendre, la nomination de Toubon. Quipourrait la défendre ici ? Donc, c’est certain qu’onne peut pas. Il y a des moments, il faut le faire sa-voir, c’est certain, c’est nécessaire. Mais en mêmetemps, si vous voulez, il ne faut pas non plus tomberdans l’excès inverse et passer notre temps dans lesmédias à critiquer l’action du gouvernement sans

 jamais défendre à un moment ou à un autre l’actionqui est menée.

PHILIPPE ALLARD

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Chers camarades, la vie est ainsi faite, la vie média-tique, qu’elle autorise à juger d’une action avantmême qu’elle ait pu se développer. C’est ainsi quenous sommes amenés depuis quelques semaines à

 juger deux lois, que nous avons certes votées parfoisil y a fort longtemps, il y a un an et demi, mais qui nese déploient que ces jours-ci. Ainsi pour le CICE.

La vie politique, cela ne devrait pas être totalementcalé sur la vie médiatique. Cela devrait être aucontraire de donner une perspective. La difficultéaujourd’hui, pour la vie politique, c’est qu’elle a be-soin de temps, quand la vie médiatique a besoin depolémiques pour pouvoir se nourrir chaque jour. Etle défi pour nous, c’est de ne pas ajouter à la seg-mentation de l’actualité l’émiettement de la poli-

tique et la confusion des discours.Le débat en notre sein, il est évidemment néces-saire. Des divergences, il arrive que nous en ayons,mais attention à ne pas limiter nos expressions,finalement, pour commenter les annexes et oublierle contrat.

Les doutes, ils sont nécessaires, mais le douteraisonnable. Il ne s’agit pas de faire bloc commevient de le dire Emmanuel, mais de nous regarderavec honnêteté. Je voudrais reprendre simplementquatre questions, quatre points sur lesquels noussommes en permanence en débat.

Sommes-nous, par les vertus de l’exercice du pou-voir, devenus les amis des patrons ? Oui ? Alors, jevoudrais simplement rappeler ce que nous avons

fait depuis deux ans. Les patrons qui gagnent plusde un million d’euros par an, ils sont à 75 % impo-sés. Le taux marginal de l’impôt sur le revenu, il estpassé à 45 %. Le capital, il est désormais imposécomme le travail. Les niches fiscales, elles ont étérabotées. Tout cela, c’est nous qui l’avons fait. Alors,nous sommes non pas les amis des patrons maisles amis des entrepreneurs, ce qui est différent,parce que je ne confonds pas la rente avec le risque,parce que je ne confonds pas la spéculation avecceux qui, chaque jour, font vivre le pays, lui donnentde l’emploi, créent de l’activité. Et cela, c’est la diffé-rence entre, finalement, les travailleurs, justement,parce que c’est à eux que nous pensons quand nousessayons de redresser l’entreprise, l’industrie, etceux qui spéculent, ceux qui cherchent effective-

ment à se payer sur la dette.Sommes-nous devenus, là aussi par l’exercice dupouvoir, les amis de l’austérité ? Mais l’austérité,chers camarades, là aussi j’entends des gens quidisent oui, des camarades qui disent oui. Mais est-ce que quelqu’un sait ici ce qu’est l’austérité ? Est-ceque quelqu’un a pu regarder ce qui se passe partoutdans les pays qui pratiquent réellement l’austérité ?La France, ce gouvernement, on a pu dire qu’il y avaitune politique de sérieux budgétaire, et c’est vrai quenous devons l’assumer. Mais quand j’entends direque le gel du point d’indice c’est l’austérité, quand

 j’entends dire qu’en France nous pratiquons l’aus-térité vis-à-vis des fonctionnaires alors que pourles catégories B et C, elles ont été revalorisées en

 janvier, quand j’entends dire qu’il n’y a plus aucunerevalorisation alors qu’il y a encore le GVT, qu’il y

OLIVIER FAURE

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a encore la possibilité d’un avancement individuel,que la masse salariale des fonctionnaires continueà augmenter chaque année, et quand je regarde cequi se passe en Angleterre ou là l’austérité, ça veutdire non pas le gel des salaires mais ça veut diretout simplement 350 000 fonctionnaires en moins,quand je regarde ce qui se passe en Espagne, enItalie, en Grèce, au Portugal, et que je vois que l’aus-térité, ça se traduit immédiatement par une baissedes salaires des fonctionnaires, et que je regarde cequi se passe chez nous où je vois que les salariésde la fonction publique peuvent encore avoir desaugmentations, je me dis que là, il vaut mieux êtrehonnête entre nous et nous dire les choses tellesqu’elles sont : nous pratiquons le sérieux mais pasl’austérité.

Sommes-nous devenus une droite qui ne dirait passon nom ? Là aussi, camarades, je voudrais sim-plement que nous regardions parfois encore cequ’est la droite parce que, certes, elle va mal mais

elle parle encore. Et qu’est-ce qu’elle dit ? Elle ditnon pas 50 milliards d’économies, elle dit 140 mil-liards d’économies avec Copé. Elle dit : demain,ce n’est plus d’AME, ce n’est plus de RSA, ce n’estplus de 35 heures, c’est le gel pendant dix ans detoutes les prestations sociales. Voilà tout ce qu’elledit aujourd’hui. Et voilà ce qui devrait structurer lapolitique entre une gauche et une droite, entre unegauche qui tente de sauver le modèle français et unedroite qui a décidé de l’abandonner définitivement.Voilà ce qu’est la droite, voilà ce qu’est la gauche.Ce que nous faisons aujourd’hui, c’est non pas pourchercher à détruire un modèle mais au contrairepour le préserver parce que nous savons que nousdevons le faire évoluer.

Je finis d’un mot pour dire là encore, sur la politiquede l’offre et la politique de la demande, on nous ditque nous avons sacrifié la demande au bénéfice del’offre. Je voudrais simplement dire une chose, et

 j’en termine par ces mots. Il n’y a pas de débat entrenous. Il ne devrait pas y en avoir entre nous. Moi,

 je suis pour mêler à la fois une politique de l’offrepour restaurer l’offre productive en France, mais jesuis aussi pour une politique de la demande. Cettepolitique de la demande, c’est d’abord à l’Unioneuropéenne qui, elle, n’est pas endettée, qui, elle,

a la capacité à le faire, de la mener par la créationmonétaire, par la capacité aussi à faire de l’emprunt,à restaurer aussi une capacité d’initiative en prenantles initiatives, notamment, pour innover, pour assu-rer la transition énergétique, faire en sorte de relan-cer l’activité dans notre pays et dans l’ensemble despays de l’Union européenne parce que nous pou-vons, nous devons être ici sérieux sur le plan bud-gétaire mais nous devons aussi éviter tout risquerécessif, en faisant en sorte que l’Union prenne lerelais des nations qui sont exsangues. Voilà la poli-tique que nous pouvons conduire, voilà ce que nouspouvons faire ensemble, voilà ce que nous pouvonsporter ensemble parce que notre voix, elle serad’autant plus forte que nous serons unitaires.

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Bien, mes chers camarades, écoutez, oui, Il y a deséléments dont nous pouvons toujours, toujoursquand on agit, toujours quand on gouverne, êtreun peu fiers, beaucoup fiers, très fiers, bien sûr. Onvient de voter la réforme pénale il n’y a pas long-temps, c’est la justice plutôt que la vengeance. C’esttoute une série de points sur lesquels nous avonsréussi par la mobilisation pendant des années, dansl’opposition, par le travail parlementaire, par la ré-flexion collective, par le lien en permanence avecla société mobilisée que nous représentons, à faireprogresser un petit peu. Mais le bilan de deux ans,il faut le regarder, Olivier nous y invite avec lucidité.Au-delà des élections, c’est une gauche fragmen-tée, fracturée, divisée, un peu d’ailleurs à l’imagedu pays. C’est aussi notre bilan. Nous sommes

au pouvoir. La lucidité commande de regardercette situation.

Et qu’est-ce qui divise la gauche ? Nos partenaires? Pas simplement les partis, toutes celles et ceuxqui à gauche ont été les patients, les fourmis, ceuxqui ont permis la reconquête, de renouer le fil decette reconquête et qui a permis à la fin à FrançoisHollande et à une majorité de s’installer. C’est lapolitique que nous menons. Elle divise, elle diviseà gauche, elle divise dans une majorité et elle faitdébat entre nous-mêmes. Pardon du terme dedivision qui peut paraître très fort mais vous com-prenez ce que je veux dire. Entre nous, il y a aussientre nous, bien sûr, des éléments qui interrogent,qui interrogent à l’Assemblée nationale, qui inter-rogent ici au Parti socialiste, sur les choix princi-paux, sur la cohérence stratégique, sur la justice,

et même sur la morale en économie parce que lesgens se posent cette question. Lorsque nous étionsdans l’opposition, par exemple, nous dirigions desrégions, nous nous opposions depuis le début desannées 2000 car nous retenions la défaite électoraledu 21 avril 2002, ce qu’il fallait faire en économie,qu’elle s’adresse aussi aux gens, qu’ils se sententaussi propriétaires de leur destinée qui semblaitleur échapper car les centres de gravité s’étaientdéplacés ailleurs, vers des puissants inaccessibles.Et nous avions dit : « Nous, dans les régions, nousallons désormais conditionner, par exemple, les aides,l’argent public, que nous donnons aux entreprises. » Etmême d’ailleurs on a été plus loin : « S’ils ne res-

 pectent pas ces conditions, alors nous demanderons larestitution de cet argent public. » Et là, nous sommes

au pouvoir, nous donnons 41 milliards, 41 milliardssans conditions. Sans conditions, si ce n’est le vœuhypothétique de la bonne volonté de MonsieurGattaz. Ce n’est pas possible. Où est la cohérencelorsque nous disons : il y a 34 filières industrielles.Belle vision stratégique, belle vision stratégique,mais alors qu’à cela ne tienne, commençons doncpar flécher sur ces filières industrielles, mettons dela raison dans l’économie, mettons de la stratégie,du sens. Tout ce qui est dit dans ce débat là n’estpas un débat dogmatique entre ceux qui seraientplus à gauche ou moins à gauche. Ce n’est pas undébat intéressant. Ou ceux qui seraient d’ailleursplus pour l’offre ou contre l’offre. C’est juste de réé-quilibrer, de donner une perspective, de remettretout ça en mouvement, et pas d’être simplementdans une vision assez triste, comptable, grise, de laFrance, où l’économisme ambiant rime avec l’im-

POURIA AMIRSHAHI

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possibilité de transformer. Ce n’est pas à cela quepeut se résumer l’action socialiste qui commandenotre engagement, celui dont nous sommes dépo-sitaires, pas pour nous-mêmes, pour d’autres, etpour toutes celles et ceux qui nous ont précédés. Etil est possible de s’en sortir, il est possible de s’ensortir car si certains éléments structurants de notreorganisation font débat, il est des propositions quirassemblent, car nous en avons fait à l’Assembléenationale. Elles rassemblent aussi d’autres forma-tions de gauche qui s’y intéressent. Elles ont unécho, elles peuvent être mises en discussion ; à toutle moins, elles peuvent être discutées dans un dia-logue avec l’exécutif, et c’est mon dernier propos : ilfaut que le gouvernement et que le président de laRépublique soient à l’écoute. Je ne le dis pas dansune formule générale mais pas simplement vis-à-vis de sa propre majorité parlementaire y comprisvis-à-vis du Parti socialiste.

Moi, je suis fier quand le Premier secrétaire de mon

parti interpelle sur les intermittents, interpelle surla question des seuils, commence à dire que sur uncertain nombre de sujets, il faut écouter. Il ne peutpas y avoir une sorte d’attitude qui consiste à balayerd’un revers de la main des préoccupations et des re-lais. On ne peut pas s’isoler à ce point dans l’exercicedu pouvoir. Il y a aujourd’hui une articulation intelli-gente à trouver entre le Parti socialiste lui-même,la société en mouvement, le Parlement. Tout ça nepeut pas se résumer à la certitude d’une personneou de quelques-unes d’avoir raison contre vents etmarées alors que chacun a conscience que ce qui se

 joue, au-delà même de notre pays, qui est dans unepanne d’imaginaire historique bien plus profondequ’on ne l’imagine, nous aurons sans doute l’occa-sion d’en parler aux états généraux, c’est aussi cesentiment vague et diffus que le monde est entrédans une marche à l’abîme très incertaine car dansun siècle... C’est ça qui est entre les mains du pré-sident de la République et de quelques autres diri-geants de ce monde. C’est que dans un siècle, onne sera plus bons qu’à discuter, à ce rythme-là, desconditions de la fin de tout cela. Car c’est un modèleglobal qui est en jeu et c’est aussi ce souffle-là quenous voulons pouvoir transmettre par contagion po-sitive, optimisme, énergie militante, à un présidentde la République, à un gouvernement dont je le dis,

on a le sentiment, parfois, qu’il n’écoute pas, qu’iln’entend pas, et surtout qu’il ne se rappelle pluspourquoi il est là.

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Chers camarades, tout d’abord, je voudrais remercier tousles militants qui ont fait la campagne pour les électionseuropéennes. Merci à vous et en particulier aux jeunessocialistes qui ont fait une campagne très active. Merci àvous.

Ce résultat, malheureusement prévisible, quand il esttombé, a fait mal à la France qu’on aime, celle pour la-quelle nous nous sommes engagés en politique. Le FNest arrivé en tête, tous les partis de gouvernement ontété relégués derrière. Le FN qui a aujourd’hui un élec-torat consolidé, scrutin après scrutin, et qui est à la foiscelui des nationalistes et celui des souverainistes. Ce votepour l’extrême droite, cumulé à l’abstention, a de mul-tiples causes : pas assez de justice, pas assez de résultatsvisibles en France, pas assez de relance utile en Europe,

alors même que c’était l’Europe qui était l’objet du scrutin.Dans les enjeux, il y en avait un que nous avons porté pen-dant toute la campagne, qui était celui de renverser enfinla droite qui dirige l’Europe depuis dix ans, et en propo-sant Martin Schulz comme candidat à la présidence de lacommission européenne, mettre en place l’Europe socialepour laquelle nous nous sommes battus et pour laquellenous avons un programme.

Alors le groupe des socialistes et démocrates qui ras-semble les députés européens membres du PSE estaujourd’hui le deuxième groupe, il est derrière le PPE.La gauche n’est pas majoritaire et ne peut donc pas pré-tendre à la présidence de la commission européenne.C’est le choix des électeurs et il faut l’accepter commetel. Mais nous devons aussi, à Bruxelles et à Strasbourg,renouer avec nos partenaires écologistes et avec toute lagauche, pour travailler ensemble à un rassemblement,seul capable de réorienter la politique européenne. Nous

devons absolument retrouver la cohérence et la lisibilitéaussi au parlement européen. C’est une clarification quiest indispensable. Et je voudrais saluer Philip Cordery quia présenté mardi au Bureau national le texte qui a été votéet qui est notre feuille de route pour nous guider dans cescinq ans à venir, dans le mandat que nous avons. C’estavec cette dynamique, avec ce rassemblement, d’abordavec la gauche et les écologistes, que nous devons dé-fendre et porter nos propositions qui, je le rappelle, étaientcelles de tous les socialistes, démocrates, travaillistes des28 pays de l’Union européenne, et je pense en particu-lier à la garantie jeunesse pour laquelle il va falloir nousbattre pour obtenir ces 21 milliards, c’est indispensable.Nous combattrons évidemment également pied à piedtoutes les attaques que l’extrême droite européenne, ilssont 140 députés désormais, ne manqueront pas de por-

ter, c’est indispensable. Alors le Bureau national, dans cetexte qui est pour nous, je l’ai dit, notre feuille de route,a aussi demandé au Parti socialiste européen d’organiserune réunion d’urgence pour précisément définir une stra-tégie commune dans cette période décisive pour l’avenirde l’Union européenne. Et Jean-Christophe, cette réunionaura lieu la semaine prochaine, et c’est une excellentechose car nous avons des alliés au PSE pour aller verscette réorientation indispensable. Nous devons poursuivredans la voie de l’exemplarité démocratique. Respecter lesélecteurs, c’est clarifier notre action et politiser le débateuropéen. En tout cas, nous, au sein de la DSF, on le fera.Parlementaires, cadres, militants, c’est dans la maisonsocialiste que nous devons débattre et construire pourparler dehors d’une seule voix. C’est aujourd’hui indispen-sable. Si au sein de la presse, il pouvait y avoir ensuite uneseule voix socialiste, je pense que c’est ainsi qu’on pourraavancer et être plus fort, et surtout être crédible envers lesFrançais. Merci.

CHRISTINE REVAULT D’ALLONNES-BONNEFOY

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Le premier secrétaire veut étouffer ma voix enme demandant de parler une minute. Je vais es-sayer de faire court. Trois choses, d’abord, je vou-drais saluer ce que fait Jean-Christophe depuisquelques semaines à la tête du Parti socialiste.Et dire cela, ce n’est pas critiquer les équipesprécédentes. Je crois, Jean-Christophe, que tuas trouvé au fond, en tout cas tu commences àtrouver une voix du Parti socialiste qui com-mence à être audible. Je le pense mais beaucoupde militants me le disent. Tu l’as fait quand, auplan européen, tu expliquais avec force que les3 % étaient un critère obsolète, et qu’il fallait ré-orienter l’Europe. Tu l’as fait sur des questionssociales, on en parlait à l’instant, à propos desintermittents, à propos des solutions libérales

comme la question des seuils d’entreprise, quiferait croire qu’en supprimant les droits sociauxpour les entreprises de plus de 50 salariés, onréglerait une partie de la question du chômage.

Donc, je tiens à le dire ici et je crois que c’est labonne voix du Parti socialiste et tu le fais sansmettre en difficulté le gouvernement, et je croisqu’il faut continuer comme ça.

La deuxième chose, c’est que je crois que la feuillede route que tu nous proposes est la bonne. LeParti socialiste a besoin de porter à nouveau unprojet de société. Et quand tu nous dit qu’il fautreconstruire notre identité, c’est totalement fon-damental, et je crois que les électeurs, au fond,nous appellent ou nous ont appelés à ça dans lesdeux scrutins récents. Organiser le parti, bien

sûr, beaucoup mieux qu’il ne l’est, c’est fonda-mental. Non pas que rien n’ait été fait, je croisqu’au plan national, beaucoup de progrès ont étéfaits. Mais il faut que ces progrès se diffusentdans un parti qui doit être ouvert sur la société.Et puis, l’unité de la gauche bien sûr, qui est fon-damentale et sans laquelle rien n’est possible.

Le message que je voudrais avoir ici est que jepense que tout cela ne fonctionnera que si onarrive à régler la question du réel. Je le dis de-vant Alain Bergounioux qui a beaucoup réfléchisur les socialistes au pouvoir et leurs difficultés àaborder le réel, peut-être de manière un peu dif-férente. C’est-à-dire que, moi, je crois que, quandon est dans l’opposition, on pense plutôt juste. Et

quand on arrive au pouvoir, on a des inflexionsqui parfois sont nécessaires, il faut évidemmentprendre en compte la situation, il faut redirequ’on a trouvé une situation du pays dramatique,beaucoup plus dramatique que ce qu’avait dit ladroite. Mais en même temps qu’on peut parfoisêtre englué dans un appareil d’État qui a sa forced’inertie. Et moi, c’est là où est mon inquiétudepour les mois à venir. Mon souci, c’est que toutle travail que tu souhaites engager et porter, aufond, soit rendu impossible parce que le réel desmois à venir serait trop difficile. La croissance esten panne depuis le premier trimestre, le chômageest reparti à la hausse, et surtout l’ensemble desinstituts de prévision nous prévoient 18 à 24 moisde hausse du chômage. Ça, je pense, chers ca-marades, que si c’est vraiment ce qui se produit,quel que soit le talent de notre Premier ministre,

JEAN-MARC GERMAIN

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que je tiens à saluer ici, quelle que soit l’énergie qu’onpourra déployer, alors rien ne sera possible pour le Par-ti socialiste, pour la confiance qu’on doit reconstruireavec les socialistes.

Vous savez, on va commémorer dans quelques joursle centenaire de la mort de Jean Jaurès, le 31 juillet, ilnous appelait à avoir un idéal et au fond, c’est cet idéalsur lequel tu veux retravailler, Jean-Christophe, mais jecrois qu’on doit régler la question du réel des mois à ve-nir, des deux ans à venir, et je pense qu’il est possible dele faire sans mettre en porte-à-faux ni le gouvernement,ni le président de la République, en conservant évidem-ment le soutien aux entreprises. Mais vous le savez, ona fait des propositions avec un certain nombre de parle-mentaires, qui maintiennent 23 milliards d’allègementd’impôts pour les entreprises. 23 milliards, c’est quatrefois ce qu’on avait dépensé pour le passage à 35 heures.Mais qui disent aussi : pour régler ce problème de crois-sance qu’on a, dans les deux ans à venir, soutenons lesinvestissements publics locaux dans les transports et

dans les logements, soutenons et faisons des emploisaidés. Les emplois d’avenir, ça fonctionne, alors pour-quoi ne pas les étendre par exemple aux chômeurs delongue durée ? Et puis, donnons du pouvoir d’achat, cequi commence à être fait, aux classes moyennes et po-pulaires. Dire cela, ce n’est pas être pour ou contre legouvernement, c’est dire simplement : il y a une situa-tion nouvelle, il y a un message des électeurs, prenonsles choses en compte. Et je pense que ce serait uneerreur d’interpréter ça comme un zigzag, comme uneorientation. Ce serait au contraire... Il y a une attentepolitique très forte des Français qui nous ont dit : « Te-nez compte de la situation, entendez notre message. » Etdonc d’être capable de faire ces inflexions, comme les aappelées le président de la République, c’est totalementfondamental pour que nous puissions réussir la feuillede route que tu nous proposes.

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Chers amis, depuis de nombreux mois, et avantmême le début de la campagne des européennes,nous continuons à avoir un débat, un débat politique,un débat politique légitime, qui est celui de savoir siles choix de politique économique que nous faisonssont susceptibles de déboucher sur une politiquede croissance, de réduction du chômage, ou si aucontraire cette politique nous conduit à davantagede chômage, davantage de récession, et inévitable-ment de l’austérité. Bien. Alors, dans ce débat, il y aceux qui disent que, dans un tel contexte, la réduc-tion des déficits publics, l’allègement des chargesaux entreprises, ne peut déboucher dans le contexteactuel que sur une politique d’austérité. Et il y a ceuxqui, de l’autre côté, font valoir que l’assainissementde nos finances publiques, que l’allègement des

charges des entreprises, sont des conditions indis-pensables de notre redressement.

On peut débattre à l’infini de cette question, on peutlui donner une connotation théologique, on peutmême être tenté, et je sais que cela n’a pas échap-pé à beaucoup d’entre vous, de donner à ce débatune dimension très idéologique avec les droitierset les authentiques représentants de la gauche.Les droitiers, bien évidemment, étant devenus lesthéoriciens de l’offre. Alors moi, je pense qu’onpeut continuer ce débat mais il faut essayer d’ensortir. Et on n’en sortira pas en faisant gagner lesuns contre les autres : moi, j’ai raison, toi tu as tort,vous, vous êtes droitiers, nous, nous sommes lesauthentiques représentants de la gauche. C’est undébat complètement stérile qui ne nous avanceraà rien, d’autant qu’il existe des éléments tangibles

sur lesquels nous pouvons nous mettre d’accord.Alors, ces éléments tangibles, quels sont-ils ? Laréduction des dépenses publiques, elle est indépen-dante en soi de la contrainte européenne. Bien. Elleest indépendante de la contrainte européenne, sonrythme est dépendant de la contrainte européenne,et j’y reviendrai parce que je pense que la contrainteeuropéenne est une question importante et qu’ilfaut traiter politiquement.

La réduction des dépenses publiques est un impé-ratif, car sans cela, on ne peut pas de toute façon nepas avoir d’idées sur la réduction des dépenses pu-bliques et être favorable à un État qui joue son rôle.Ce n’est absolument pas possible. Tous les États quiont maintenu un État stratège l’ont fait en réduisant

le poids de la dette. La réduction des dépenses pu-bliques est un impératif. L’allègement des chargesest un impératif pour une raison très simple, c’estque le taux de marge de nos entreprises est un desplus bas et que la difficulté qu’ont nos entreprisessur les marchés n’est pas un complot inventé par leMedef. Maintenant, comment réconcilier les deux ?Eh bien, par des réformes. Moi, je suis de ceux quipensent qu’il y a des risques d’austérité. Moi, je suisde ceux qui pensent qu’il n’y a pas d’automatismede la croissance par la réduction des dépenses pu-bliques et la réduction des charges, mais je penseque si nous voulons l’éviter, la seule manière dele faire, c’est ce que font d’autres sociaux-démo-crates, c’est faire davantage de réformes et de nepas être silencieux lorsque certains s’opposent àdes réformes, je pense à celle de la SNCF. Je vousremercie.

ZAKI LAÏDI

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« Les choix de politique économique de l’équipe en place sont qua-siment inexistants. Arrêtons le massacre. Le discours de politiquegénérale de Manuel Valls ne fut que de l’eau tiède en matière derelance économique. » Ces propos ne sont pas d’un socialiste, jevous rassure, cela aurait peut-être pu être le cas vu ce que nousavons entendu depuis ce matin. Mais ces propos sont ceux deLaurence Boone, ex-conseillère économique de Bank of Ame-rica, et récemment désignée à la responsabilité de conseillèreéconomique du président de la République. Alors, le moinsqu’on puisse dire, c’est qu’on n’est pas rancunier au sommetde l’État. Au Parti socialiste, non plus. En revanche, et c’est unpeu plus sérieux, le peuple de gauche, convenons-en, peut êtreun tout petit peu désorienté par ce genre de désignation alorsque nous sommes dans une période de crise très intense. Alorsmême que nous avons adopté une loi bancaire dernièrementqui, pour un certain nombre de socialistes et bien au-delà, n’est

pas allée au bout des objectifs que nous nous étions fixés.Alors, chers camarades, il est de notre responsabilité de le direhaut et fort tout en étant respectueux : la finance n’a pas saplace au cœur de l’État car c’est l’État qui a sa place au cœurde la finance. Alors, je n’irai pas jusqu’à vous rappeler le proposqui nous avait tous fait lever comme un seul homme ou commeune seule femme au Bourget, qui déclarait que notre ennemi,c’est la finance. Mais ces quelques mots pour introduire unenotion qui, jusqu’ici n’a pas été abordée. Nous avons parlé dela crise économique et sociale qui nous frappe. En revanche,nous n’avons pas encore parlé de la crise, de la très grandecrise de confiance qui traverse notre pays. Alors disons-le clai-rement car il ne faut pas se défiler, ces propos ne sont pas iciénoncés pour dire, comme on a pu l’entendre chez les inter-venants précédents, que seul le président de la République,seul son gouvernement, portent la responsabilité de la situa-tion dans laquelle nous sommes. Il serait complètement, à la

fois malhonnête de la part d’un socialiste de le dire, mais toutà fait inexact. Alors nos échecs, il faut les analyser et constaterqu’ils tiennent aussi de l’incapacité qu’a la gauche aujourd’huià parler d’une seule voix, à se réunir, à se rassembler, car alorsmême que lors des dernières élections le Parti socialiste aconnu un recul, également l’ensemble des forces de gaucheont connu un recul. Alors oui, il nous faut un rebond.

La question des primaires a été abordée dans un journal dusoir, avec les camarades de la motion 2, Pour un parti d’avenir,Jean-Louis Bianco, Juliette Méadel, certains qui sont présents,Vincent, Henri, Laurent et tous les autres, nous avons été lespionniers, à Toulouse, en ce qui concerne notre souhait formuléque le Parti socialiste soit le parti des primaires à toutes leséchelles. Mais nous savons tous que les primaires ne sont pasla panacée. Aujourd’hui, ce dont nous avons besoin, c’est d’un

véritable débat au sein de la société française, qui l’irrigue demanière globale afin à la fois de renouveler notre corpus idéo-logique mais aussi, de faire un changement générationnel.

Qu’est-ce qu’il s’est aussi passé aux dernières élections ? C’estaussi ce message que les Français nous ont adressé. Donc j’enterminerai par-là, outre cette question des primaires qui estabordée, et je fais confiance à notre direction pour pouvoir laposer sans tabou. Outre cette question des primaires, nous de-vons engager un débat sur notre révolution démocratique, surnos évolutions institutionnelles, de façon à pouvoir préparer leplus sereinement possible les prochaines échéances. Et en cequi nous concerne, du courage, nous en ferons preuve et nousn’hésiterons pas à aller partout en France au devant des mili-tants pour poser ces questions avec fermeté mais aussi avecune certaine forme de bonté parce que, ne l’oublions pas, nousgagnerons ensemble. Mais si nous ne sommes pas ensemble,pour 30 ans, nous disparaîtrons.

BENOÎT JOSEPH-ONAMBELE

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Chers camarades, quelques mots dans cettediscussion générale en essayant de ne pas ré-sumer notre débat à un débat d’experts écono-miques. Je crois que la réalité du pays et ce quenous avons vu dans les dernières élections nousmontre, certes, du doute, de l’interrogation, chezcertains parfois du mécontentement. Je le ren-contre dans ma circonscription, on m’a moinsparlé de tel ou tel milliard, qu’il soit dans un sensou dans un autre, que sorti des feuilles d’impôts.Et je crois que le débat, si nous le résumions àdes équilibres de la politique économique et quenous pensions que c’est parce qu’on va bouger10, 15, 5, 3 milliards dans un sens ou dans unautre, nous retrouverions par-là même le che-min de nos électeurs, la relation politique qui

permet de mobiliser un pays, on se tromperait.La crise qui est là est certes une crise vis-à-visdes résultats, vis-à-vis de la crise économique,mais c’est une crise politique beaucoup plus pro-fonde. Et donc, avoir une solidité, montrer qu’ilpeut y avoir du sens, montrer qu’il peut y avoirun cap, c’est essentiel. Je le dis à ceux qui sontvenus ce matin pour plaider sur une réorientationimportante. Le résultat ne sera pas un résultatd’équilibre dans tel ou tel sens, que ce soit surles questions de pouvoir d’achat, sur les ques-tions d’emploi, sur les questions d’utilisationdes aides pour la compétitivité des entreprises.Le résultat sera d’abord un résultat politique quiest qu’une fois de plus, cette gauche au pouvoiropère un nouveau tournant. Le résultat sera unrésultat politique qui est que, alors que depuis six

mois nous avons le sentiment qu’il y a un cap quimérite à tout moment d’être interrogé, qu’unefois de plus, ce cap est abandonné. Et loin de sou-der, nous déboussolerons un peu plus.

Alors, qu’il faille à chaque moment se poser laquestion de l’efficacité pour l’emploi, la questiondu pouvoir d’achat, et qui peut prétendre qu’ellene s’est pas posée au lendemain de ces deux dé-faites électorales pour notre parti, à la fois surle terrain des impôts, pour près de 4 millionsde foyers de ce pays, sur le terrain du pouvoird’achat, aussi bien pour les salariés du privé quepour les fonctionnaires, les plus modestes. Il y ades mesures qui sont inscrites, donc ne faisonspas comme s’il n’y avait pas des éléments pris en

compte. A chaque moment, nous pouvons et nousdevons nous interroger. Mais montrons qu’il y aun cap, montrons qu’il y a une solidité, montronsqu’il y a une capacité à donner un sens parce que,sans ça, nous ajoutons à la difficulté sociale, à lacrise de compétitivité de nos entreprises, à la ré-alité de nos finances publiques, l’aggravation dela crise politique. Et je ne crois pas que ce cheminsoit fécond pour s’en sortir.

Et puis, mes camarades, entre nous, le débatest possible dans le parti. Et moi je suis commed’autres, fier des premiers pas de notre Pre-mier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis,fier quand il est capable d’interpeller le gouver-nement. Mais je le dis, je suis fier aussi quand ilapporte avec vigueur le soutien des socialistes àl’action du gouvernement. Il nous a dit, quand il a

CHRISTOPHE BORGEL

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été élu : « J’appelle le Parti socialiste à être dansune loyauté exigeante. »  Il y a deux mots : l’exi-gence, il faut qu’elle soit entendue. La loyauté, ilfaut qu’elle soit réelle. Si on veut aller au boutdu débat entre nous, et ce sera ma conclusion,il faut en permanence le faire sans avoir besoind’en rajouter. Et je ne prendrai qu’un exemple :quand on entend ce matin à cette tribune qu’il y ades milliards d’aides aux entreprises de ce payset qu’aucune voix ne s’est élevée pour indiquerce que devait en être l’utilité, à quoi elle devaitservir, quel était l’objectif de cette politique, quenous regardions cette politique, nous parlemen-taires socialistes, certains de nos camarades,parce que s’ils sont au gouvernement, ils n’enrestent pas moins nos camarades, en laissanttel ou tel dividende augmenter ou telle ou tellerémunération ; mais c’est faire fi des déclara-tions du Premier ministre devant les préfets, quisont censés appliquer cette politique. C’est fairefi de ce que dit la quasi-totalité des parlemen-

taires socialistes dans le groupe. C’est faire fi dufait qu’il y a aujourd’hui une mission parlemen-taire pour vérifier, au moment où commencentà arriver ces aides dans les entreprises, parcequ’elles commencent seulement à arriver, pourvérifier qu’elles servent bien la compétitivité,donc l’investissement, l’emploi, la formation.Donc, si on veut que le débat ait lieu jusqu’aubout entre nous, menons-le sans avoir besoin dele caricaturer.

Et enfin, un petit mot pour les camarades de partet d’autre qui, dans ce Conseil national, ont jugébon d’interrompre telle ou telle intervention : lacapacité à nous écouter et à nous respecter, ellefera aussi le sel de l’unité du parti.

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Cher-e-s ami-e-s,

Nous sommes à un moment de vérité. Pour notre parti.

Pour la gauche. Pour notre pays.Nous sortons de deux défaites électorales : à celle desmunicipales, a succédé une réplique toute aussi forte auxélections européennes. Comment d’ailleurs pouvait-il enêtre autrement moins de deux mois après un scrutin dé-vastateur ! A deux reprises, les Français nous ont dit clai-rement leur insatisfaction, leur impatience, leur colère.

Nous gouvernons, nous sommes aux responsabilités. LesFrançais nous ont confié ce mandat. Cette situation nousoblige à agir vite et à définir le sens de ce que nous faisons.Et c’est de cela dont je suis venu vous parler aujourd’hui,devant le Conseil national de mon parti.

Mais d’abord, un constat s’impose. Un constat lucide surla situation de la France.

1. UN CONSTAT LUCIDE SUR LA SITUATIONDE LA FRANCE

a / Notre pays n’a jamais été confronté à des crises siintenses

Jamais, notre pays n’a dû faire face à des crises d’une telleintensité.

D’abord, une crise économique et sociale.Nous en connaissons les effets. Une croissance inexis-tante depuis 2008 et donc un PIB qui depuis cinq ans, a

stagné. En dix ans, nos entreprises, notre industrie n’ontcessé de perdre continuellement des parts de marchés.La conséquence : c’est le chômage de masse. Il fait mal,

en particulier aux jeunes, aux seniors. Nos déficits etnotre dette ont atteint des niveaux insupportables.

Les inégalités se sont accrues et beaucoup de nos com-patriotes font face à la précarité. Les ménages les plusmodestes ne sont plus les seuls à vivre dans l’angoissedes fins de mois. Et pour les plus fragiles, ces fins demois commencent de plus en plus tôt. Pour les classesmoyennes, et même une partie des cadres, la peur dudéclassement s’est installée.Aujourd’hui, une bonne partie des Français n’a pas seu-lement le sentiment d’être des victimes de la mondiali-sation. Beaucoup ont aussi peur pour l’avenir de leursenfants – toujours plus diplômés mais toujours plus pré-caires –, pour le financement de leur retraite. Ils se de-mandent qui va accompagner leurs parents dans la vieil-lesse. Et surtout, il y a ce sentiment que le pays tout entierest en train de perdre pied.

La crise, pour trop de Français, est devenue une habi-tude, un éternel recommencement. Malheureusement,de plus en plus souvent, un mode de vie …

une crise d’identité et une crise de l’Europe

Cette crise alimente une deuxième crise, moins quanti-fiable, mais bien plus profonde : une crise d’identité. 

Dans un monde qui change si vite, dans lequel les me-naces sont multiples et permanentes, de nombreux Fran-çais s’interrogent. Les menaces, ce sont notamment lesinstabilités régionales et le terrorisme. Et la tragédie de

MANUEL VALLS

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Bruxelles le démontre. Un jeune jihadiste de nationalitéFrançaise a été formé en Syrie par un groupe terroriste,originaire d’Irak, et qui lutte pour s’emparer de Badgad.Cette tragédie symbolise à elle seule la complexité etl’âpreté des défis que nous avons devant nous. Plusieurscentaines de Français sont engagés pour aller combattreen Syrie, trente y sont déjà morts. Jamais nous n’avonsdû faire face à une telle menace terroriste. Chacun doit

mesurer ce que cela représente comme péril pour notrepropre cohésion nationale et pour l’Islam de France.

Chers amis,Nombreux sont les Français qui doutent. Aujourd’hui, cequi nous rassemble ne paraît plus aussi évident qu’hier.Nos institutions républicaines ne sont plus des repères.Leurs capacités à protéger, à promouvoir, à intégrer neconvainquent plus. Jusqu’à l’Ecole de la République quiest devenue trop souvent un lieu de reproduction, voired’accroissement des inégalités. Enfin, la laïcité, ce cimentde la République, notre richesse, est mise à mal par l’ir-ruption des communautarismes. Qui contestent nos lois,

nos valeurs, nos principes.Les fractures communautaires sont à l’oeuvre dans nosvilles, dans nos quartiers. Mais il y a d’autres fractures,géographiques, culturelles. Elles divisent les territoiresurbains et ruraux. Elles divisent les territoires entre ceuxqui s’en sortent le mieux et ceux qui cumulent les difficul-tés. De la relégation spatiale, économique, civique naît lesentiment d’abandon, puis ensuite du désespoir.Cette crise d’identité, cette insécurité culturelle et iden-titaire, c’est aussi la crise de l’Europe. Les Français ycroient de moins en moins. L’Europe, c’est pour beaucoupune nouvelle démonstration de l’incapacité de la politiqueà agir.

une crise de confiance qui vient de l’incapacité à produire desrésultats.

Car combien de fois les Français ont-ils déposé, avecespoir, leur bulletin dans l’urne… pour que les résultatsattendus ne se trouvent pas au rendez-vous? Trop, beau-coup trop de fois ! « Le pays ne se sent pas écouté ; le paysne se sent pas représenté ; des vies non racontées sont, defait, des vies diminuées, niées, implicitement méprisées » :ces mots de Pierre Rosanvallon sont toujours d’actualité.

La quatrième crise que nous traversons, c’est une

crise de confiance qui vient de l’incapacité à produiredes résultats.

Et cette incapacité, c’est le moteur le plus puissant de ladéfiance, de la perte d’autorité des pouvoirs publics. Carl’autorité repose sur le respect de la parole donnée et surles résultats obtenus.

b / Notre pays peut donc se défaire et se donner à MarineLe Pen

Face à toutes ces crises, la France risque de se défaire. Etcertains, en exploitant les peurs, les désespoirs, avancentleurs solutions. Des solutions démagogiques. Des solu-

tions qui n’en sont pas. Ce sont les extrêmes, les popu-lismes. Ils séduisent de plus en plus. Ils montent en puis-sance. Dangereusement.

Jusqu’à présent, nous vivions dans un schéma classiqued’alternance. Elle intervenait entre la gauche et la droite.Mais toujours entre partis républicains.C’est du moins la certitude que nous avions jusqu’au21 avril 2002 … Ce cataclysme qui a tétanisé la gauche.Car depuis douze ans, avons-nous vraiment mis en œuvrece qui était nécessaire pour nous prémunir contre cela ?

Le 25 mai a apporté une réponse cinglante. En arrivantnettement en tête, le Front national a confirmé ce risque :la possibilité d’une alternance non plus entre des répu-blicains, mais entre des républicains et des non-républi-cains. Non plus une alternance, mais une déliquescence.

Mes chers camarades,Oui, nous pourrions basculer dans une nouvelle ère, queJean-Christophe Cambadélis a qualifiée de « tripolarisa-tion de la vie politique ». Une ère dans laquelle le risque devoir Marine Le Pen au second tour de l’élection présiden-tielle existe. Une ère dans laquelle un des grands partisrépublicains – et cette fois sans que cela soit une sur-

prise … – peut être absent de ce grand rendez-vous élec-toral. Et rien n’est fait : ce peut être la droite. Ce peut êtrenous. Par conséquent, une ère dans laquelle la gauchepeut aussi disparaître …

2. DANS CE CONTEXTE, LA GAUCHE PEUT MOURIR,ELLE DOIT DONC ÊTRE CAPABLE DE SE DÉPASSER

a / Constat : la gauche est fragilisée.

Oui, la gauche peut mourir. Elle n’a jamais été aussi faibledans l’histoire de la Ve République : moins d’un tiers desvoix aux européennes.

Et ces résultats sont clairs : il n’y a pas d’alternative àgauche. Notre échec électoral ne renforce pas la gauchede la gauche …

Nous devons donc tirer un enseignement pour nos débatsinternes : c’est de nous que devra venir la solution ! Et,bien sûr, il faut toujours des alliances. Et je salue toutes lesinitiatives engagées par Jean Christophe, notamment lesEtats Généraux de la gauche. Certes, le Parti socialiste avocation à être au centre du jeu, à dialoguer sérieusementavec ceux qui veulent réellement exercer le pouvoir. Maisne nous racontons pas d’histoire… Nous ne pourrons pas

apporter de nouvelles solutions avec de vieilles recettes …Nous ne pouvons plus, ajourner, repousser, éviter… Il fautnous confronter à la réalité : la gauche aujourd’hui, celleque nous incarnons, a perdu de sa force. Et cette ques-tion ne se pose pas qu’à nous Socialistes. Elle se pose àtoute la gauche : aux écologistes, aux communistes, et dela gauche la plus radicale jusqu’aux Sociaux-démocrates.

Un grand penseur espagnol, Ortega y Gasset, a eu cettebelle phrase pour parler des moments où quelque chosed’important se joue, sans que l’on puisse pour autant ledéfinir. Il disait : « On ne sait pas ce qui se passe, mais c’est

 justement ce qui se passe ». Or tout l’enjeu est là. Nous sen-

tons bien que nous sommes arrivés au bout de quelquechose, au bout peut-être même d’un cycle historique pournotre parti.

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Il n’est plus synonyme d’espérance, de progrès, pour lesclasses moyennes, les ouvriers, les employés ... Par pa-resse, par confort, nous avons cru détenir un droit naturelà les représenter. Aujourd’hui, ils nous rappellent que lapolitique ne connaît pas de certitudes. Il est bien loin, letemps où, à l’aube d’une élection législative, Jaurès pou-vait dire que « partout, la ferveur attentive du peuple ouvriera répondu à la dignité, à la force, à l’élévation, à la franchise

de la propagande socialiste ».Et j’ai donc du mal à imaginer que les vieilles théories oules stratégies du passé soient les sources appropriées deconstruction de l’avenir. J’imagine le PS comme une forcemoderne, attractive et conquérante, et non pas commeune force en difficulté cherchant dans des alliances im-probables des sources de renouveau.

Nous devons donc nous réinventer. Et nous réinventerdans un contexte particulier : l’exercice du pouvoir, fautede ne l’avoir fait dans l’opposition.

Et nous devons le faire dans un moment particulier : lacrise de la droite, en panne de projet et de leadership.Or, c’est une loi souvent vérifiée : on se construit plusfacilement en s’opposant, en contestant. Il y a donc pournous une difficulté supplémentaire. Mais c’est après toutaussi l’essence de la gauche : ne pas être uniquement lecontraire de la droite. Mais être à l’avant, comme éclai-reur, comme moteur du progrès.

L’époque est au flou généralisé dans l’offre politique :la droite est exsangue, la gauche est déboussolée. Et leseul message identifié, c’est celui de l’extrême droite.

Peut-on laisser les Français dans ce brouillard ? Avec

pour seul repère les prétendues « solutions » de l’extrêmedroite : le repli, le rejet de l’autre, la culpabilisation systé-matique de l’immigré ? NON !

A nous de parler clair ! De réexpliquer aux Français quelest le cap. Quels sont les objectifs de la gauche. Et d’agir.Agir et agir maintenant. Toujours. Sans relâche ! Et c’estma responsabilité en tant que Premier ministre de le faire.Parce que le Président de la République m’a confié cettemission. Parce que j’ai reçu la confiance de l’Assembléenationale. Parce que je me trouve de fait dans une positioncentrale, au coeur de la majorité. Et parce que je suis desvôtres, et ce depuis aussi loin que remonte mon engage-ment politique.

b / la gauche doit s’adapter

Ne laissons pas le monde et la France changer sans nous.Sortons du confort des idées connues, des mots qui nefâchent pas, et des dogmes !

En vérité, mes chers camarades, beaucoup de sloganspeinent à cerner les enjeux du monde actuel. Un mondeen pleine recomposition.

L’Occident a perdu sa position dominante. Et il s’interrogesur ce qu’il sera demain. Les puissances émergentes –

la Chine, l’Inde, le Brésil – font progressivement jeu égalavec nous. Dans vingt ans, leur force cumulée dépasserala somme de l’Europe et des États-Unis.

Cette recomposition s’accompagne d’une ouverturesans précédent des marchés, où tout entre désormaisen concurrence : les entreprises, les Etats, les systèmesfiscaux et sociaux et bien évidemment les travailleurs, lesindividus, les salariés. C’est une source de perturbationset d’inquiétudes. Mais il y a aussi de formidables opportu-nités, y compris pour notre pays.

La gauche ne sait pas toujours comprendre ce monde quichange et en faire le récit. Or, elle le doit à ses militants età ses électeurs.

Face à ces nouveaux enjeux, le rôle de l’État dans l’éco-nomie est profondément transformé. Notre force, notreatout pour l’avenir, c’est l’innovation. C’est pour cela quel’Etat doit investir dans les secteurs à fort potentiel decroissance. Et faire en sorte que la fiscalité ne découragepas les entreprises qui innovent et qui exportent.

Le temps où l’on pouvait accroître la dépense publique, etcombattre les déficits par la hausse de l’impôt, est révolu.Cette méthode est devenue un handicap. Elle empêchel’État d’investir dans les secteurs stratégiques et étouffeses marges de manœuvres. Et nous voyons bien que nospropres électeurs n’en peuvent plus de la pression fiscale.C’est pourquoi nous avons agi sur la feuille d’impôt, enbaissant, dès septembre prochain, l’impôt sur le revenude 3,7 millions de foyers. Et en faisant sortir 1,9 millionde l’impôt. Et nous devrons aller encore plus loin dans lecadre de la prochaine loi de finances.

La question de l’État, elle reste fondamentale. Je crois aurôle de l’Etat. Ce n’est pas un concept dépassé. Il demeurele levier majeur pour construire l’avenir, à condition qu’ilsache s’adapter, se réformer. C’est la raison pour laquelle

 je crois que le travail sur l’avenir de l’État doit être au cœurdes réflexions des socialistes.

3. L’ACTION DU GOUVERNEMENT

a / un réformisme assumé

Le gouvernement s’inscrit pleinement dans cette logique.Avec détermination. Avec constance. Avec ambition.

Je l’ai dit dès les premiers jours, dès mon discours de poli-tique générale : nous devons réduire la dépense publique.Il existe un large consensus sur ce point, en témoigne laconfiance qui m’a été accordée. Si nous voulons d’un Étatefficace et fort nous devons impérativement redéfinir sonpérimètre et réorienter ses missions. Réduire la dépensepublique, ce n’est pas affaiblir l’État. Ce n’est pas le mon-tant de la dépense publique qui fait son efficacité.

Le deuxième axe c’est permettre aux entreprises – cesorganisations d’hommes et de femmes, de travailleurs, desalariés – de restaurer leur compétitivité. Sans compétiti-vité, pas d’investissements et pas de création d’emplois.Je pense tout particulièrement aux petites et moyennesentreprises qui sont le cœur de notre tissu économique, etqui ont besoin de soutien. Réduire les charges, ce n’est pas

faire des cadeaux aux chefs d’entreprises qui luttent pourleur survie. Réduire les charges des entreprises, c’est lesaider à affronter une compétition mondiale féroce.

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Certains disent : vous menez une politique de l’offre ? Jene suis pas certain que ce questionnement passionnentnos concitoyens … Mais j’y réponds : non seulement je lamène, mais je l’assume. Et puis, en quoi une telle politiqueserait-elle une politique de droite ? La politique de l’offren’est pas un choix idéologique. Elle est encore moinsl’expression d’une politique tournant le dos à la demande.Car nous agissons aussi pour le pouvoir d’achat. En bais-

sant les impôts, je l’ai dit. Mais en agissant aussi sur lessalaires de Français aux revenus les plus modestes, ceuxqui gagnent autour du Smic. Dès le 1er  janvier 2015, ilsbénéficieront d’une augmentation de salaire de 500 eurosnets par an, soit la moitié d’un treizième mois de salaire.

J’insiste : la politique de l’offre, ce n’est pas un choix idéo-logique, c’est un choix stratégique guidé par la transfor-mation des règles du jeu mondial que je viens d’évoquer.

Alors me direz-vous : sommes-nous sûrs que cette poli-tique ramènera la croissance, les emplois et la confiance ?

Je n’ai que cette certitude : prendre un autre chemin nousconduirait à l’échec. C’est pourquoi je suis très déterminéà quelques jours des votes importants que nous avons auParlement. C’est notre crédibilité qui est en jeu.

Alors oui, cette stratégie a sa part d’aléa. Mais c’est la na-ture même de la politique que de faire des choix. De faireles bons choix, au bon moment. Faire des choix, c’est agir,c’est avancer. Et les choix que fait ce gouvernement, c’estcelui des réformes structurelles et ambitieuses qui seulesnous sortiront de l’ornière. Qui seules nous permettrontd’échapper à l’austérité.

Il nous faut davantage de réformes pour nous prémunir

contre l’austérité. Voilà un axe de combat sur lequel tousles socialistes doivent se retrouver.

Le redressement de nos comptes publics, le Pacte deresponsabilité et de solidarité, la réforme ambitieuse del’État, couplée à celles de nos collectivités territoriales,avec des régions plus fortes et des intercommunalitésconsolidées : c’est notre démarche.

Et il y faut de la constance. Car la politique en zigzag,par à-coups, mine la confiance chez nos concitoyens. Ilnous faut aussi du temps. J’entends l’impatience. Parfoismême dans nos rangs et dans la société. Mais le temps de

la politique, le temps de l’économie, le temps du redresse-ment, ce n’est pas le temps des médias.

Des réformes, nous en avons portées depuis deux ans.Nous en portons chaque jour au Parlement. Je pense auxprojets de loi sur l’Egalité femmes-hommes, sur l’éco-nomie sociale et solidaire, qui seront adoptés prochai-nement. Et parce que nous sommes de gauche et quenous avons le souci d’améliorer le quotidien des Français,nous portons aussi ces grandes lois sur la Santé et surla transition énergétique. Une transition énergétique quine signifie pas la perte de notre capacité dans le domainenucléaire.

Nous devons rendre notre système fiscal plus stable,plus prévisible, plus favorable à l’innovation, c’est aussiune priorité d’action de mon gouvernement. Ce n’est quecomme cela que nous parviendrons à nous montrer en-

core plus exigeants vis-à-vis des entreprises en termesde contreparties. Il nous faudra aussi explorer d’autreschemins, sans tabou.

Je pense à la baisse de la fiscalité des ménages et notam-ment des classes moyennes. Car je l’ai dit, les impôts sonttrop lourds. Mais nous ne pourrons nous engager danscette voie que si nous avons réduit la dépense publique.

Je pense aussi au desserrement de la contrainte budgé-taire européenne, car la réduction des déficits n’a jamaisété, et ne sera jamais, une fin en soi. Mais cette optionn’est envisageable que si nous nous montrons crédiblessur notre effort budgétaire et nos réformes de structures.

L’Europe, elle doit être à l’écoute. Et ne boudons pas notreplaisir : après l’avoir demandé pendant longtemps, la BCEa décidé de baisser son taux directeur. L’euro est trop cher,

 je l’ai dit dès mon discours de politique générale. Et leschoses sont en train de changer. La présidence italiennedu Conseil de l’Union européenne, avec Matteo Renzi,

c’est aussi l’occasion de faire progresser ce pourquoi nousnous battons : une Europe au service de la croissance, auservice de l’emploi.

b / la république intransigeante

Mes chers camarades,

Le redressement de la France passe par l’économie, parle réformisme assumé. Mais nous devons y associer uneconception intransigeante de la République. La Répu-blique, c’est la solution. Face aux doutes, aux incertitudes,aux difficultés. La République, c’est le socle premier de laconfiance.

Et des priorités ont été arrêtées en matière de justice,de sécurité, d’éducation, d’école. Cette école que nousdevons faire évoluer dans le seul intérêt des enfants. Uneécole dans laquelle nous devons investir, et que nous de-vons aussi défendre quand elle est attaquée. Car elle aucoeur de la promesse républicaine. Et donc au cœur dela gauche.

La promesse républicaine, c’est la lutte contre toutes lesformes d’inégalités et d’injustices. Celles qui enfermentles individus, les empêchent de s’élever et de trouver leur

 juste place dans la société. Car quelle plus belle ambition

pour la gauche que de permettre à chacun de devenirpleinement ce qu’il est ? Et nous avons une responsabilitépour redonner de l’espoir à notre jeunesse. Et notammentcelle de nos quartiers qui, souvent, parce qu’elle subit lesdiscriminations, se dit que la France n’a rien à lui apporter.Et nous devons lutter de toute notre force contre cela.

Mais en disant aussi que la réalisation individuelle, elledoit se faire que dans le cadre de la Nation, de ses lois,de ses principes. Une Nation que nous, la gauche, défen-dons depuis toujours. Car quelle belle idée que celle d’in-dividus ayant choisi de mettre en commun leurs destins,pour construire ensemble un avenir meilleur. Nous conti-nuons de refuser les communautarismes, ces dérives qui

enferment les femmes et les hommes dans des identitéshistoriques, religieuses, ou des appartenances géogra-phiques. Et c’est pour cela que nous sommes des défen-seurs acharnés de la laïcité. Car là aussi, le combat doit

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être mené. Un combat que la gauche a trop longtempsabandonné. Et nous l’avons aussi payé à l’occasion desdernières municipales.

Alors oui, nous devons reprendre le combat des valeurs ;celles qui sont essentielles pour tous les Français : la jus-tice et l’égalité, le mérite et le travail, le courage et la fra-ternité.

La gauche doit défendre la République, ne pas rougird’employer les mots de Nation et de patrie.

C’est la gauche, qui avec le Front populaire a instauréles congés payés, la réduction du temps de travail et lesconventions collectives. C’est la gauche qui a convergépour poser les bases du Conseil national de la résis-tance. C’est la gauche, qui a su se regrouper pour fon-der le programme commun. C’est la gauche, enfin, quia su, ces dernières années, porter les grandes réformesdont notre pays avait tant besoin : de la gauche plurielledu gouvernement de Lionel Jospin, aux engagements deFrançois Hollande – le mariage pour tous, le non-cu-mul des mandats, la réforme pénale ! C’est à nousde porter cet héritage, d’en être fiers, et d’en fairenotre boussole.

Deux enseignements doivent nous guider. Le premier,c’est que la gauche n’est jamais aussi forte que lorsqueles socialistes sont unis et donnent l’exemple, jamais aus-si grande que quand elle s’adresse à tous les Français ;ne soyons pas sectaires et rassemblons tous les Français.

Le second, c’est qu’il nous faut savoir durer. La gauche nepeut se contenter de passages au pouvoir, pour y faire pro-gresser la société, avant de retourner dans l’opposition.

Mes chers amis,Oui gouverner, c’est difficile… Mais renoncer, c’est in-digne.

Il nous faut tenir. Tenir. Y compris face à la radicalité decertains mouvements sociaux. La radicalité en interne oudans la société mène à une impasse. C’est le réformismequi est en jeu. Tenir dans la durée. Nous avons encore troisans devant nous. Trois ans pour réussir et pour continuerà gouverner. Autour du Président de la République. Autourde François Hollande.

L’obsession qui doit être la nôtre, c’est d’en finir avec lagauche du « un petit tour et puis s’en va ». Durer, donc, nonpas pour nous-même, mais durer pour installer durable-ment du mieux vivre dans le quotidien des Français.

La nouvelle étape du quinquennat, c’est aussi le sens dudialogue que je veux construire avec vous, avec la majo-rité, avec le Parlement. Un dialogue permanent empreintde respect, de confiance et de responsabilité.

Mais ce dialogue appelle beaucoup d’intelligence poli-tique. Si la tradition de la Ve République, de la majorité par-lementaire automatique sous menace du 49-3 n’a jamaisfait partie de notre culture, celle de la reparlementarisa-

tion à outrance des institutions n’est pas tenable. Ce seraitla voie ouverte à la multiplication d’initiatives minoritairesqui feraient exploser le bloc central de la majorité et quimettrait celle-ci à la merci de toutes les manœuvres, onconnaît l’issue …

L’intelligence collective doit faire vivre le dialogue perma-nent et l’acceptation par tous du cap fixé par le Présidentde la République le 14 janvier dernier. Dialogue, initiativeparlementaire et stabilité politique, ce tryptique ne signifiepas non plus la répartition des tâches que certains vou-draient imposer : aux uns, la contestation ; aux autres lacharge de porter les mesures difficiles. Il doit constituerle bien commun qui permet de faire vivre une démocratie

vivante et apaisée.Je veux aussi installer – dans ce monde qui va trop vite –un nouveau rapport au temps. Un rapport au temps long.La réactivité c’est essentiel, mais aller chercher les fruitsdu temps long avec nos réformes de structures, c’est aus-si cela le devoir de la gauche.

Et dans ces moment troubles, dans ces moments dedoutes, je veux que nous ne perdions pas de vue notretalisman commun à nous socialistes. Ce talisman a deuxfaces.

La première c’est l’humain. L’humain au centre de toutce que nous faisons. Qu’on ne s’y perde pas : le redres-sement économique de la France, toute notre stratégieéconomique ne vise qu’une seule chose. Un mieux-êtrepour l’humain.

La seconde, enfin, c’est notre réussite collective : nousrendre tous assez forts pour peser. Peser sur notre destincommun. Ne plus simplement subir les aléas de la mon-dialisation, mais en devenir les acteurs forts.

Contre le déclinisme, le cynisme, le ressentiment, je veuxrenouer avec l’optimisme qui doit être le fruit de la luciditéet du courage.

Voilà ce que doit être le génie de la gauche d’aujourd’hui.Une gauche en mouvement, qui doit servir à son tour,comme elle l’a toujours fait, le génie de la France.

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Avant le discours de notre Premier secrétaire,Jean-Christophe Cambadélis, j’ai à vous proposerune étape formelle de modification de la compo-

sition de la haute autorité, puisque l’article 4.6.1de nos statuts précise que la haute autorité estcomposée de neuf hommes et femmes, dont cinqsocialistes, et sa composition est soumise au votede notre Conseil national.

Lors d’un précédent Conseil national, la haute au-torité a été mise en place et nous avons désignéson président, Jean-Pierre Mignard. Nous avonsenregistré la démission de Louis Joinet et l’électionheureuse de notre camarade Luc Moreau lors desdernières élections municipales. Et Jean-PierreMignard nous a donc fait parvenir les noms dedeux personnalités qui pourraient intégrer notrehaute autorité si nous ratifions cette proposition.Les deux propositions sont les suivantes : d’unepart, Pascale Idoux, qui est professeure agrégéede droit économique public à Montpellier et direc-trice de l’école internationale de droit nucléaire ; etla seconde proposition est Roland Kessous, avocathonoraire à la cour de cassation et qui est l’un desmembres fondateurs du Conseil supérieur de lamagistrature.

Sauf si ça suscite interrogation ou réflexion, je vousproposerai que nous puissions passer formelle-ment au vote sur ces deux noms. Je vous demande

donc de ressortir vos petits badges rouges commemoi. Nous allons procéder à l’élection, mercibeaucoup aux permanents du parti de se mettreen disposition pour compter. Qui vote contre ? Quis’abstient ? Une abstention. Qui vote pour ?

Très bien, je vous remercie, et je cède donc laparole à Jean-Christophe Cambadélis, notre Pre-mier secrétaire.

COLOMBE BROSSEL

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Merci, chers camarades. Merci à vous d’être en-core présent et à l’heure cette après-midi pource second moment du Conseil national. Nous

étions nombreux à vouloir que cette réunion setienne sur une journée. Voilà qui est fait, c’est unbon début.

Le Premier ministre s’est exprimé ce matin, toutcomme de nombreux cadres du Parti. Il me re-vient désormais de vous présenter notre feuillede route pour une séquence qui commence main-tenant et ira jusqu’aux élections régionales.

Mes chers amis, je doute ! Oui, je suis pris d’undoute ! Non pas sur tel ou tel aspect de la poli-tique économique et sociale menée, ni sur la soli-dité des valeurs du socialisme et la viabilité desprincipes de la République dans l’époque qui estla nôtre. Je doute en fait sur la place et l’avenirde la gauche dans l’espace politique. Je m’inter-roge : notre histoire a-t-elle un avenir ou va-t-elleêtre marginalisée, s’estomper, puis disparaître ?

Cette question a été posée clairement à la suitedes dernières élections : notre camp a peiné àmobiliser et l’abstention des nôtres a été mas-sive. Mais, regardons plus précisément : cetteséquence n’a en réalité pas débuté avec lesmunicipales et les européennes mais bel et biendès les élections partielles. Et donc indépendam-

ment de notre politique économique. Déjà, l’abs-tention était massive et la gauche n’était pas ausecond tour. Déjà, on sentait une dynamique duFront national. Déjà, en arrière-fond pointait unerecomposition radicale du débat publique dans

notre pays, un changement redoutable dont nousdevons mesurer l’ampleur et la portée. Au fond,la grande controverse qui animait le champ poli-

tique depuis le lendemain de la seconde défla-gration mondiale a perdu sa force structurante :le débat autour de l’égalité et de la justice socialea ainsi laissé place à une nouvelle controverse,celle de l’identité.

Sans que nous n’y prenions garde, le principed’identité a remplacé le principe d’égalité dansles débats pour lire et changer le réel. Dans uncontexte de mondialisation qui s’accentue sanscesse, l’idéologie dominante qui imprègne lesdiscours s’articule ainsi: peut-on s’inscrire danscette mondialisation sans perdre son identité ? Lecorollaire de cette lecture renvoie aux rapports àl’Autre. La question centrale n’est plus celle duvivre ensemble mais de savoir comment vivremalgré l’Autre. Cette radicalisation des débatsva de pair avec une forme de racialisation desdiscours, où d’aucuns évoquent des « Françaisde papier » qui s’opposeraient aux « Français desouche ». L’ennemi est tout trouvé : c’est l’Autre,celui qui a une autre peau, celui qui est d’uneautre religion. De la à la chasse à l’anti-France,il n’y a qu’un pas !

Cette grille de lecture est devenue la nouvellematrice structurante du débat politique dans

notre pays. Pour reprendre Carl Schmitt, un phi-losophe allemand certes peu recommandable,la politique est la capacité à désigner l’ennemi.La polarité ami-ennemi est ce qui structure lechamp politique et détermine la dynamique des

JEAN-CHRISTOPHE CAMBADÉLIS

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forces politiques en son sein. La gauche ayantaccédé au pouvoir, des institutions nationales auxcollectivités locales, a su façonner la France tellequ’elle est aujourd’hui. Mais, la gauche a perdu lacapacité de pointer et nommer l’ennemi.

Si vous combinez cette incapacité à la perte decentralité du principe d’égalité et y ajoutez le fait

que nous sommes entrés dans un système detripartisme - où le FN, l’UMP et le PS ont leurplace – alors vous saisissez clairement que lamarginalisation politique peut nous guetter. C’estainsi, la séquence qui s’ouvre peut être une sé-quence de marginalisation pour notre Parti etnotre camp. Car rien ne dit que nous pourrons àl’avenir matricer le débat politique français. Dansun contexte de tripolarisation du champ politique,le combat politique s’articule autour du combatpour être au second tour. C’est un combat à mort.

Qui pourra dire que nous serons au 2e  tour ? Si

nous n’y sommes pas, qui y sera ? Comme lePremier ministre l’a évoqué ce matin, Marine LePen peut très bien être au 2e  tour des présiden-tielles, par exemple, contre François Hollande.Mais, pensez-vous que la droite nous soutiendrade manière franche ? Pensez-vous qu’un partien décomposition comme l’UMP suivra d’embléel’appel à la discipline républicaine ? N’y a t-il pasune porosité active entre le « street » party formédans le combat contre le mariage pour tous, leFront national et l’UMP ? Et, si par malheur nousétions absents du 2e  tour, vous imaginez l’effetd’un appel pour soutenir Nicolas Sarkozy ? Vousle voyez, la donne est nouvelle et elle est cruelle.

Il faut dire les choses telles qu’elles sont : ceparti qui a surgit des décombres de la deuxièmeGuerre mondiale et de la décolonisation est auxportes du pouvoir. Je l’ai dit récemment devantles parlementaires de la majorité, je le redis de-vant vous: notre génération fait face à un momenthistorique. Certes, la République, évidemment, etla gauche, également, ont vécu des moments dif-ficiles et ont su les surmonter. Mais, la potentia-lité dangereuse de la période actuelle ne doit pasêtre sous-estimée. C’est en ayant une conscienceprécise du danger qui vient que l’on arrive à l’an-

ticiper et donc à le prévenir. La logique de xéno-phobie de Marine Le Pen porte en elle une autrelogique plus radicale, plus létale: l’apartheid.Pour le Front national, notre pays devrait êtrecoupé en deux, les « Français de souche » ayantplus de droits que les « Français de papier ».Cette logique d’apartheid provoquerait une réac-tion de rejet inéluctable, s’ensuivrait un affron-tement infernal et adviendrait en conséquenceune explosion effroyable de notre République.L’Islamophobie porte en germe la déflagrationrépublicaine C’est ce scénario catastrophe que,par notre action résolue, nous devons à tout prixempêcher.

Les derniers scrutins l’ont montré, le Front na-tional a muté. Il n’est plus uniquement protesta-taire, il s’est mis en situation de prendre le pou-

voir. En utilisant la xénophobie et le racisme pourprogresser dans les élections, il a décidé de fairede la sortie de l’Europe la solution à la crise. LeFront national n’a pas de revendication écono-mique mais un programme politique. Il s’est dotéd’une identité claire et a désigné clairement lesennemis de sa politique. Même si l’UMP en criseà la recherche de son identité mais surtout de sa

ligne et de son programme reste l’adversaire, leconcurrent dans la république, le FN est pour sapart l’ennemi hors la république.

Pour surmonter la crise qui l’agite, la gauchedoit elle aussi répondre à la crise de son iden-tité. Nous avons bâti, grâce à l’anticipation et augénie de François Mitterrand, une formation poli-tique qui a su répondre au bipartisme et qui a sul’utiliser. Il fallait dominer le Parti communiste etincarner l’opposition aux gaullistes. Cette struc-turation imposait un schéma dans lequel les for-mations politiques classiques se devaient d’être

et d’agir comme des partis « attrape-tout ».Cette histoire est la nôtre et fait que nousavons aujourd’hui encore une formation formi-dable. Nous sommes le parti des « gégé ». Denotre ami Gérard Colomb à notre ami GérardFiloche, nous occupons un espace politiquetrès large qui sans être abyssal - il n’en estpas loin - peut provoquer quelques difficultésaux adducteurs. Cette extension est une bonnechose pour notre formation, nous permettantde rassembler. Mais, qu’y-a-t-il au centre denotre parti ? Quelle est son identité profonde ?En baissant le centre de gravité de notre forma-

tion, on pourrait écarter les éléments contradic-toires pour gagner des élections où le bipartismerègne en maître. Mais, nous sommes dans unmodèle de tripartisme et la question centraleest d’être au 2e  tour. La nécessité absolue c’estd’avoir une identité claire, un discours limpide etd’incarner une force propulsive.

C’est la raison pour laquelle je vous invite solen-nellement à reconstruire ensemble notre identi-té. Croyez moi, être capable de porter un projet desociété, dire ce qu’est un socialisme moderne, cen’est pas un débat secondaire, c’est essentiel. Et

vital. Nous devons balayer dans cette reconstruc-tion tout le champ ! Il faut répondre à ce qu’estle socialisme, en quoi il est la réponse moderne,quel type de société il veut, promouvoir qu’est ceque l’égalité, l’émancipation, la liberté, la laïcitéaujourd’hui. Quelle est notre vision de l’Europe aumoment où les critères d’après-crise vont céderle pas aux critères de sortie de crise ?

Si nous ne le faisons pas, les prochaines électionsrégionales seront la préfiguration de notre pertedéfinitive. Si dans ces élections, nous sommes ànouveau à la périphérie du combat pour le pou-voir des régions, ceci préfigurera l’issue tragique

de la bataille présidentielle. Rien ne dit que lagauche dans son ensemble ne dévalera pas lamontagne de l’autre côté. C’est la raison pourlaquelle, j’ai proposé dans ma feuille de route,

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que nous organisions des états généraux pourrefonder la carte d’identité du PS. Nous lance-rons leur organisation à la Rochelle. Pourquoi ?Mais, parce que dès lors qu’il s’agit d’identité, cesont les militants qui doivent décider. L’identité,c’est quelque chose que nous devons porter tousensemble. J’imagine sans mal que les cama-rades, en section, qui ont été ébranlés par les

derniers scrutins, sauront y fournir une réponseconstructive.

Voici pour le premier point, le point central et vi-tal de notre identité. Il y a un second sujet, sujetimportant qui sous-tend le précédent : celui denotre organisation. Notre Parti a un besoin abso-lu et urgent de renouveau, de respect et de ras-semblement.

Renouveau, cela va de soi et cela a souvent étédit. Il faut le faire, il faut que les responsables etmilitants qui incarnent notre politique incarnentle renouveau. Pour nous, il s’agit de passer dansles meilleures conditions possibles le témoin à lagénération nouvelle. Et non pas d’être la géné-ration qui éteint la lumière. De fait, nous ne pou-vons aborder les prochaines échéances avec undispositif politique à l’identique. Il est difficile-ment concevable que les sortants puissent être ànouveau ceux qui portent le renouveau alors que,suite à la réforme territoriale, notre paysage aurachangé du tout au tout.

Notre parti a besoin de renouveau mais égale-ment de respect. Dans le cadre de mes fonctions,

 je travaille et fais en sorte que le Parti socia-

liste soit respecté. Mais pour qu’il le soit, il fautqu’on se respecte. Comme vous tous, je ne sup-porte plus de voir certains socialistes s’affron-ter entre eux avec des mots plus durs que ceuxqu’ils envoient à la droite. Parce que lorsqu’onest blessants entre nous, on se blesse soi-même, on insulte nos militants et nous froissonsnos électeurs.

Cela n’a échappé à personne que je suis un pas-sionné des débats. On peut être en débat, s’af-fronter, mais se respecter. Ce qui faisait la forcedu parti d’Epinay, c’est non seulement qu’onparticipait aux réunions du début à la fin – jeplaisante - mais que l’on respectait le débat. Jesais, aujourd’hui, on tweete, on ne résiste pas aunarcissisme d’être cité, au délice d’être filmé.Mais, tout de même, nous avons une responsa-bilité collective qui nous oblige à maîtriser notreexpression pour, une fois encore - répétons cetteexigence - que le Parti socialiste soit respecté. Ily a entre nous la nécessité du rassemblement,qui ne peut être que formel et doit se manifesteret se construire dans le cadre d’un débat.

Nous avons tous ici dirigé des bouts de forma-tion, des collectivités locales. Nous savons donc

conjuguer rassemblement et singularité. Il y achez nous des avis différents, c’est la vie du Partisocialiste et son honneur. Nous devons faire ensorte que le compromis et le rassemblement

l’emportent. Le débat ce n’est pas imposer saligne à l’autre, c’est comprendre les logiquesdes uns et des autres et trouver un compromis,pour avancer. C’est essentiel pour être crédible etaudible auprès des Français qui nous observentet aiment eux aussi les débats. Leur attente estclaire : nos débats doivent aboutir et débouchersur des positions et des propositions concrètes

et utiles. Oui utiles ! Ils nous veulent utiles et pasfutiles.

Mes amis, mes camarades !Le Parti socialiste est un parti formidable. De latête aux pieds, tout est là. Un bureau national quidébat, un secrétariat au travail, des commissionsqui élaborent, proposent et animent. Des fédé-rations qui se réunissent, des secrétariats fédé-raux qui organisent, des bureaux de section quidébattent, des militants qui collent partout, quitractent sur tous les marchés et parfois mêmeaux portes des usines. Quand je dis ça, certainssourient. Ils ont raison ! Car sur le papier toutcela existe mais la réalité est tout autre. Certainscamarades débattent et se battent pour exercerdes responsabilités et accéder aux instances na-tionales et fédérales. Mais, une fois arrivés dansces instances, on ne les y croise pas toujours.Souvent, on se retourne et on se dit : « Tiens,c’est marrant au BN les copains arrivent 30 mi-nutes après le début. » Puis ils sortent. D’autresviennent 20 minutes avant la fin en s’offusquantqu’on ne leur ai pas encore donné la parole. N’estce pas le cas dans vos sections ? La réalité c’estaussi qu’il y a des fédérations qui se réunissent etdébattent peu. Des responsables qui me disent ne

pas s’être réunis depuis le congrès de Toulouse.Vous le concéderez, nous avons véritablementbesoin d’une organisation qui soit en place. Etpuis, il y a notre système d’organisation qui datede la SFIO. Elle est verticale. Le Premier fédéral,le pauvre - nous les avons vus hier - est parfois- souvent même - un élu qui n’a pas le tempsde s’occuper vraiment de sa fédération. Quandle Premier fédéral arrive dans sa fédération, oule secrétaire de section dans sa section, ce n’estplus lui qui porte la parole d’en haut, « la ligne »comme on disait.

Aujourd’hui, tous les militants sont au courant detout et savent tout. Ils ont entendu les phrasesmême peu amènes prononcées. Ils ont vérifié cequ’on dit les uns et les autres. La forme verticalede notre organisation est directement impactéepar la communication horizontale. Et je ne vousparle pas des chaînes d’infos ! Dans le domainede l’utilisation des nouvelles technologies del’informatique nous sommes les derniers. Lesmeilleurs ? Vous savez qui ils sont ? Oui, c’est leFront national. Ils ont aujourd’hui une capacitéd’envahir le net. Ne sous-estimez pas ce champde bataille car c’est là, que les opinions se for-ment et que les comportements se cristallisent.

Les réseaux horizontaux permettent de propagerdes idées comme jamais et au final de matricer ledébat politique. Sachez également, chers amis,que tous les journalistes politiques sont abonnés

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à vos comptes Twitter. Ils savent ce que vous ditesou ne dites pas. Ce qu’il faut retenir de tout cela,c’est la nécessité de restructurer notre appareilpolitique, de revoir notre système de communica-tion et de repenser notre organisation. Encore unsujet. Un élu me disait récemment que sa ville aété recouverte d’affiches contre le Parti socialiste.Qu’il a pris de vieilles affiches et qu’il a recollé. Il

ne serait pas mauvais qu’on ressorte coller desaffiches. Comme vous avez tous eu, lors des dé-bats de ce matin, la délicatesse ou l’intelligencepour être entendu par tous, de dire que tout ceque faisait le gouvernement n’était pas si mau-vais, on pourrait le dire dans des tracts hebdo-madaires. Guillaume Bachelay a présenté notrerapport d’activité. Ce rapport démontre l’actionmenée par les socialistes. Je pense que si nousétions fiers de ce que nous faisons ensemble, lesquestions qui nous occupent aujourd’hui auraientun autre aspect et le débat une autre saveur.

Renouveau, respect mais également rassemble-ment. C’est mon troisième volet avant d’évoquerles régionales. Concernant l’unité, il faut avoiren tête une idée simple : on ne peut pas unir lesautres si on est désunis soi-même.Il est difficile d’échanger sereinement dans unephase où la gauche dans son ensemble se faitbousculer sévèrement dans le débat politique.Ce n’est plus aisé de rassembler et de mobiliserl’ensemble des formations de gauche et des éco-logistes, ébranlés et émiettés qu’ils sont.

J’ai reçu et vu tout au long de cette semaine l’en-semble des forces de gauche et des écologistes.

Je n’ai pas été jusqu’au Parti de gauche, maiscela viendra. Laissez-moi vous dire une chose :ne sous-estimez pas le désarroi dans lequel setrouve l’ensemble de la gauche. Si le peuple degauche adhérait à une autre offre politique celase verrait. Ne croyez pas qu’il existe un réservoirstratégique magnifique, une incroyable inventi-vité tactique. Il y a chez eux le même doute que

 j’évoquais au début. Les écologistes se trouventen difficulté parce qu’ils ont quitté le gouver-nement sans expliquer leur démarche, sans enfournir les raisons.

En leur sein, il y a plusieurs stratégies, plusieurstactiques. Ils n’ont pas tous renoncé au projet desupplanter le Parti socialiste, de faire de nousdes marginaux, mais ils butent sur la culturede gouvernement. Le Parti communiste pour sapart s’interroge sur sa stratégie. Ce n’est pas unhasard s’ils ont choisi de nous rencontrer. Sur laquestion de la SNCF, le Parti communiste a étécongruent avec la majorité. Ils ont même de-mandé que le texte soit mis à l’ordre du jour. Ladifficulté avec la CGT est qu’elle oscille entre lavolonté de signer des accords et la peur de se voirdébordée. La difficulté pour le Parti communisteest qu’il voudrait revenir à une union de la gauche

– certes plus à gauche - sans laisser d’espacesur sa gauche. Et en même temps, tout le mondes’inquiète d’une situation où le Parti socialisteserait en panne.

Comme me disait un ancien du Parti commu-niste : « Nous ne voulons pas être marginaux dansun parti marginal. » C’est un peu le paradoxe de lasituation pour nos deux partenaires. Ils veulentse construire en nous contestant mais s’alarmentde notre affaiblissement. Alors nous devons êtreune force motrice et non pas la résultante des exi-gences et des pressions des autres. J’espère que

nous allons militer pour. J’espère aussi que nousserons capables d’avoir des listes communes auxrégionales. J’espère avant cela que nous auronsdes listes communes ou une alliance aux séna-toriales car nous pourrions alors commencerl’année avec une surprise. Cela pourrait changerla situation et modifier la suite.

Mes chers amis, si nous abordons les électionsrégionales sans union, et ce même si nous au-rions au préalable su refonder notre identité etrestructurer notre formation et même si la réus-site du gouvernement était au rendez-vous. Mal-gré tout cela, sans union, je crains que nous nesoyons en capacité de concourir pour la victoire.

Dans une situation où la France est en train des’habituer au tripartisme, l’alliance à gauche estplus que nécessaire. Notre parti doit se doterd’un programme pour les échéances régionales,devenir une force dynamique et si possible re-créer l’unité. Cela nécessite également que notreformation soit en capacité de former ses mili-tants. Nous avons travaillé avec Emeric Bréhieret David Assouline à relancer la formation desmilitants. Je pense que ceci est essentiel, nousen reparlerons en détails d’ici peu, car il y aura

un cycle régional de formation des militants.Certains diront : l’intervention du Premier secré-taire touche à sa fin. Belle intervention. Tout celaest bien pensé et bien dit. Enfin, j’espère qu’ilsle diront. Mais, il a oublié deux petites choses.D’abord il n’a pas évoqué ce qui fait le sel de laterre : le prochain Congrès. Il n’a pas évoqué nonplus ce qui peut faire le sucre de la terre, c’est-à-dire la désignation des têtes de listes et les listesaux régionales. Donc, je vais évoquer ces deuxpoints pour finir. Oui, nous aurons un Congrès. Ladate est difficile à dire à ce jour. Car le gouverne-ment a donné une date pour les élections régio-nales à l’automne 2015, le Conseil constitution-nel peut nous imposer des élections au mois demars. Ce qui nécessiterait d’accélérer l’ensemblede notre dispositif.

Je souhaite vous faire la proposition suivante : onva en discuter ensemble. On va mettre en placeune commission avec tous les sages possibles etinimaginables, tous les représentants des sensi-bilités, des sous-sensibilités et des sous-sous-sensibilités. Non, je n’oublierai personne. Cettecommission sera évidemment paritaire. « Évi-demment », car chaque sensibilité est évidem-

ment dans la parité. Nous discuterons ensemblede la date du Congrès et de la forme que nous al-lons donner à ce Congrès. À ce sujet, je vous fais,mes chers amis, une suggestion : que ce Congrès

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ne ressemble ni au Congrès de Rennes, ni à celuide Reims. Que ce Congrès nous permette de dis-cuter mais qu’il soit maitrisé.

Il n’est pas interdit de penser qu’un jour, dans lecadre de nos réformes, nous arrivions à imposerl’idée que l’ordre du jour des Congrès ne soit pasfixé par le bureau national mais par les militantspour qu’ils disent ce qu’ils veulent discuter et quenous soyons alors en capacité de leur répondre.Je rêve d’un congrès dont on sort en sachant cequ’on a voté et en connaissant la ligne. Quant à ladésignation des têtes de listes, je vous proposede le faire après les États généraux qui se tien-dront début décembre.

Chers amis,Pour ce qui est du débat et des perspectives ou-vertes par les forces de gauche et les écologistes,

 j’ai déjà dit mon accord pour participer en votrenom au débat proposé par les écologistes, j’ai

déjà dit mon accord pour participer au débat desradicaux sur la VIe République, j’ai déjà dit monaccord pour participer au débat des communistessur la réindustrialisation. J’ai proposé à toutesces formations, non pas un programme commun,ils n’en veulent plus, non pas à la gauche plu-rielle, ils n’en veulent pas plus, mais à recons-truire au moins le désistement républicain. J’aiproposé un programme minimum entre les forcede gauche qui soit un élément de repère et plus siaffinités. Je leur ai proposé et ils ont accepté, saufles amis de Jean-Pierre Chevènement, que nousfondions ensemble un comité national d’actionpour le droit de vote des étrangers à l’automne.Je leur ai proposé, et ils en étaient d’accord, detravailler ensemble à une université permanentede la transition écologique. Et, je leur ai proposéque nous construisions un espace de confronta-tion entre l’ensemble des forces de gauche pouravoir un débat sur le fond. Car jusqu’à présentle Comité de liaison de la gauche se réunissaità deux occasions, la première à la veille desélections en cas de difficultés – d’ailleurs il fautque nous nous parlions car il y a des difficultésà appliquer les accords pour les sénatoriales àvenir- ou parce que le Front national avait faitune sortie qui appelait une réponse de la gauche.

Il faut des réunions régulières, des discussionspour comprendre où se situent les convergenceset où se trouvent les divergences. Le débat entreles forces de gauche et les écologiques doit deve-nir quasi naturel et le Parti socialiste doit être encapacité à chaque fois d’apporter ses réponses.Vous comprendrez que ceci ne peut se fairequ’avec une certaine loyauté entre les gauches etles écologistes. Je ne veux pas finir mon propossur cette notre pessimiste, mais je redis ici ceque j’ai dit à toutes les formations politiques : onne peut pas jouer avec nos minorités respectives.C’est une question de respect. Le Parti socia-liste n’est pas à vendre à la découpe. Car, si nouscommençons de la sorte, tout le monde peut lefaire. Et, dans ce domaine, je ne suis pas tout àfait manchot.

Un dernier point. Je comprends que certainessensibilités, certains courants souhaitent inviterd’autres partis, cela ne me gène pas. Encore qu’ily ait des moments pour le faire… Mais ne passezpas sur la ligne des autres !

Voilà, mes camarades, la feuille de route que jevous propose pour aller jusqu’aux régionales.D’autres échéances suivront. Et j’entends bienque certains camarades éclairés voient loinet anticipent déjà. Très bien ! Mais, si l’on pou-vait rester concentrés sur celle qui est devantnous. C’est-à-dire les régionales, la refondationde notre carte d’identité, le renouvellement denotre formation politique, la reconstruction del’union de la gauche et des écologistes et peut-être à la suite quelque succès lors de sélectionsrégionales. Cela, en toute bonne dialectique,modifierait peut-être les conditions mêmes deséchéances futures. C’est tout ce que je souhaite ànotre formation politique. Merci.

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Les raisons nationales du choc des élections municipales etsurtout européennes ont été largement évoquées, et je n’yreviendrai pas. Accélérer les réformes, plus de justice, plusd’unité, trouver un sens à notre action, refaire de la poli-tique, ces messages sont entendus, le discours du Premierministre et à l’instant du Premier secrétaire sont clairs, leParti socialiste sera au cœur de la stratégie de reconquête.Jean-Christophe, je dois te remercier pour ta feuille de routeambitieuse, et en même temps si nécessaire. Comme tudisais, reformuler notre socialisme, rénover notre organisa-tion, rassembler la gauche, dans la responsabilité qui est lamienne, tu me permettras de rajouter un quatrième « r » :réorienter l’Europe. Car c’est une autre Europe qu’il nousfaut si nous voulons redonner la confiance aux citoyens dansl’essence même du projet européen. Ils ne nous croientplus aujourd’hui. C’est par des actes concrets, des déci-

sions européennes qui impacteront leur vie quotidienne quenous pourrons les faire adhérer à notre projet. Car le grandperdant des élections au niveau européen de ces dernièresélections européennes, ne l’oublions pas, c’est la droite,ce sont les conservateurs et les libéraux. C’est leur projet,leur projet libéral, qui a été sanctionné et que les électeursont voulu sanctionner. Cette droite reste néanmoins majo-ritaire, mais c’est par notre faute, c’est par notre manqued’attractivité, notre manque d’alternative, que la droite estrestée majoritaire. Nous avions pourtant un programme,un bon programme. Pour la première fois, nous avions uncandidat à l’échelle européenne, Martin Schulz, et l’Europeavait commencé à avancer ces dernières années, notam-ment avec le pacte de croissance, des moyens pour l’emploides jeunes, l’amélioration de la directive détachement destravailleurs. Mais ça n’a pas suffi parce que le mal est plusprofond, et l’issue passe inévitablement par une réorienta-tion profonde des politiques européennes.

Ce doit donc être notre seul horizon pendant les cinq pro-chaines années. Et c’est ce que nous avons adopté aubureau national mardi. Réorienter l’Europe, c’est une poli-tique ambitieuse de croissance pour soutenir la transitionécologique, avec notamment une politique européennede l’énergie et une stratégie industrielle commune. C’estassouplir les 3 % pour en exclure un certain nombre dedépenses d’investissement d’avenir, c’est faire de l’Europesociale une réalité avec l’instauration d’un salaire minimumpartout en Europe, et de la révision de la directive détache-ment des travailleurs, d’une directive des services publics,d’une priorité réaffirmée à l’emploi des jeunes. Ces débatsont progressé au niveau européen, et nous ne pouvons quenous en féliciter. Mais c’est tous ensemble au parti quenous les ferons avancer. Avec les militants d’abord, qui sontune force essentielle de proposition et de relais dans la so-

ciété, avec les secrétaires nationaux qui chacun dans leursdomaines devront agir avec leurs homologues des autrespartis européens, avec les parlementaires européens biensûr, les législateurs au niveau européen, mais aussi lesparlementaires nationaux, députés et sénateurs qui ontrôle essentiel de contrôle de l’action européenne, avec legouvernement bien sûr, qui restera une force de proposi-tion incontournable au Conseil européen. Et avec le ou lafuture commissaire européen français, qui, je n’en doutepas, sera un ou une camarade.

C’est tous ensemble que nous agirons, j’en suis sûr, pourréorienter la politique européenne. Car l’Europe, ce n’estpas une affaire de spécialistes, c’est notre affaire à tous.L’Europe, ce n’est pas un mois tous les cinq ans, c’est tousles jours. Et l’Europe, ça ne doit jamais plus être le Frontnational, ça doit être le progrès.

PHILIP CORDERY

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Mes chers camarades, il y a deux mois, je me pré-sentais devant vous pour la première fois dans lecadre de l’élection du nouveau secrétaire natio-

nal, et pour me faire le porte-parole du profondmalaise qu’éprouvaient nos militants tant sur lefonctionnement de notre parti que sur nos orien-tations politiques. C’était juste après les munici-pales.A présent, les européennes sont passées et, àmon grand regret, le malaise est toujours aussiprofond, si ce n’est plus. Ce résultat des euro-péennes, ça a été dit, c’était une réplique desmunicipales, en pire, c’était aussi une répliquedu 21 avril 2002. Sauf que, cette fois-ci, l’extrêmedroite est première, elle arrive en tête, que cephénomène, on ne le rencontre pas seulementen France mais dans plein d’États européens, etque c’est le pire score de notre histoire. Alors, lemalaise est profond.

Je veux simplement me faire devant vous au- jourd’hui l’avocat de mes militants. On a eu unbureau fédéral il y a quelques jours, je vous avoueque j’hésitais à venir aujourd’hui, je me deman-dais si ça allait servir à quelque chose. Je neregrette pas d’être venu. Le message qu’on m’achargé de vous transmettre, c’est que, oui, le ma-laise est profond, je vous le dis. Les mots qui sontévoqués c’est : déboussolés, désorientés, voiredégoûtés, désabusés. La situation est grave. La

question qui se pose aujourd’hui, on se demandesi, au train où vont les choses et si on ne changerien, on pense qu’il ne restera pas grand-chosedu Parti socialiste d’ici 2017. C’est ça l’enjeu qu’ily a devant nous.

Quelles sont les causes de tout cela ? Ce quirevient régulièrement, ce sont les déceptionssuccessives venant de la part du premier d’entre

nous, François Hollande, et d’un certain nombrede renoncements. Et la déception est d’autantplus grande que l’espoir était grand. L’espoir étaitgrand car, remontons trois ans en arrière, nousavions un challenge énorme devant nous : il nousfallait réussir nos primaires, gagner le Sénat,gagner la présidentielle et gagner les législa-tives, c’était un long parcours d’obstacles et nousavons réussi tout cela, donc l’espoir était permis.Il fallait aussi que la gauche allemande gagnepour pouvoir faire en sorte que l’Allemagne soitd’accord pour réorienter l’Europe. Ça a presqueété fait car la victoire d’Angela Merkel est une vic-toire à la Pyrrhus, nos camarades du SPD se sontbien débrouillés et sont dans le gouvernementet influent sur les politiques allemandes. Maismalheureusement, François Hollande, alorsqu’il avait dit que son adversaire était le mondede la finance et que quelque part, nous l’atten-dions, nous socialistes français, mais toutes lesgauches européennes l’attendaient pour qu’ilprenne le leadership des gauches européennespour affronter les droites européennes, alors quequelque part nous attendions Roosevelt, ce futHoover. François Hollande a renoncé à l’été 2012sur le TSCG. Il n’a pas été combatif face à AngelaMerkel, il n’a pas engagé le rapport de force.

Ensuite, il y a eu la réforme fiscale, C’était un deses grands axes dans les primaires. Là aussi, onpouvait lui faire confiance, c’était son dada, sonsujet de prédilection. La réforme fiscale, on l’at-

SYLVAIN MATHIEU

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tend toujours. Le grand soir fiscal, on ne l’a paseu. Il y a eu le non-cumul des mandats, ce n’estpas un renoncement mais on y est allé à reculons,ça n’a pas été bon pour notre image, alors que lachose était entendue, ça fait des années qu’on enparle dans le pays, depuis 2009 qu’on l’a acté ausein du PS. Et là aussi, on y allait à reculons, cen’est pas pour maintenant, c’est pour 2017. Moi

ce que je crains, mes chers camarades, je crainsque nous perdions en 2017. Et si la droite revientau pouvoir, je crains qu’elle abroge cette dispo-sition et je crains que le non-cumul d’un man-dat parlementaire avec un exécutif, nous ne levoyions jamais.

Ensuite, il y a eu début janvier 2013 un formidablediscours de François Hollande, une fois de plus,qui a soulevé un énorme espoir, sur le budget eu-ropéen devant le Parlement européen. Deux joursplus tard, il capitulait devant les chefs d’État eu-ropéens. Je ne me l’explique pas, je n’arrive pas

à comprendre cette capacité à la fois... Je pensequ’il comprend les choses, sinon il ne les diraitpas de cette manière, mais cette capacité à re-noncer ensuite…

J’arrête ici la litanie des déceptions. On va desurprise en surprise et ces derniers jours, quandmême, ça devient désolant, la nomination decertains conseillers à l’Élysée qui viennent de laBank of America… Il y a aussi peut-être la no-mination de Jacques Toubon, ça n’a plus aucunsens. On est en train de perdre complètementnos militants. Il n’y en a pas besoin, ils sont déjàsuffisamment perdus comme ça. On a besoin de

repère, besoin de retrouver le nord, de savoir ceque c’est que le socialisme, donc j’avoue que jete le dis honnêtement, Jean-Christophe, je suisassez confiant par rapport à tout ce que tu nousa dit, je pense que tu es dans le vrai : redéfinirla carte d’identité du socialisme, c’est indispen-sable, c’est la première chose par laquelle il fautcommencer. Ensuite, retravailler sur le fonction-nement du parti, là aussi, je pense que tu es surle bon combat. Et puis troisième combat, effec-tivement, unir les forces de gauche, il y en a be-soin. Mais pour unir la gauche, il faut vraimentque nous-mêmes soyons bien de gauche et ne

perdions pas nos marqueurs essentiels.

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Chères et chers camarades, puisque Jean-Chris-tophe, tu nous as toutes et tous rassurés quantà ta volonté du débat respectueux, de la parole

sans faux-semblant, et nous avons pu en avoirplusieurs illustrations depuis ce matin, j’en pro-fite, en toute humilité mais sans concession, pourprendre la parole à mon tour. Alors, il y aura for-cément des redites, mais plutôt que de répétition,entendons peut-être ces éléments comme desconvergences fortes.

J’aimerais donc pouvoir vous dire que noussommes au fond du trou et que, par conséquent,nous ne pouvons que rebondir. Je suis chef d’en-treprise, entrepreneur, pour rassurer OlivierFaure, je sais ce que c’est, la rigueur comptable,la croissance, les cotisations, les marges. Et enparlant de marge, je voudrais dire que nous enavons, de la marge, malheureusement. Je croisque nous avons encore de la marge pour des-cendre plus bas, et nous avons la responsabi-lité impérieuse d’œuvrer pour que les trois pro-chaines années ne soient pas une continuelledescente aux enfers mais au contraire puissentvoir le renouveau du Parti socialiste et de lagauche, ça a été dit, abondamment dit, mais moi

 j’aimerais également le redire. Du Parti socialisteet de la gauche parce que le PS est depuis long-temps le centre de gravité de la gauche, et si lePS va mal, toute la gauche va mal. Si l’extrême

gauche ne récolte pas les fruits du désarroi denotre électorat, est-ce que ce n’est pas un peuparce que nous y contribuons par la ritournellesur le TINA et que, donc, nous contribuons à as-sécher le terreau idéologique de gauche ?

Dire qu’il n’y a pas d’alternative ou dire qu’il fautpréparer l’acceptation des esprits d’un combatpour du moins pire plutôt que pour du mieux,

parce que, excusez-moi, c’est un peu ce que j’ai compris, croyez-vous que cela donne envieaux forces progressistes de porter leurs voixsur notre parti ? La gauche est menacée, est-ce que la solution, c’est de nous déporter versla droite ? Ce n’est pas en cassant le thermo-mètre, que je sache, qu’on fera que baisser lafièvre. Alors, Jean-Christophe, tu parlais de laSFIO mais allons au-delà, est-ce que le PS n’estpas en train de devenir finalement le parti radi-cal, alors pas celui de Jean-Michel Baylet, quenous connaissons bien, nous, les Toulousainset les Toulousaines, mais le vieux parti radical,celui qui a accompagné tous les gouvernementsde la IIIe République, qui a vu l’émergence d’uneFrance urbaine salariée qui conduira plus tard àsa propre disparition ?

La survie de notre parti, sociologiquement, au- jourd’hui, elle tient à la présence des couchesles plus à l’aise des classes moyennes ; partouten Europe où il y a des classes populaires, desouvriers et des employés, la social-démocratie,elle est balayée. Il n’est pas vrai que ces ouvrierset ces employés se ruent sur le FN. C’est faux,ils s’abstiennent, surtout eux, comme la majoritédes citoyens. On a dit que le FN était le premier

parti de France, non, le premier parti de France,ce sont les abstentionnistes.

Alors, la disparition de la force du PS et donc dece centre de gravité politique créerait, on le sait

LAURE DURAND

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tous, une grave crise politique de la gauche etouvrirait un boulevard à l’extrême droite pour lesprochaines présidentielles.

Il nous semble donc que nous avons deux mis-sions qui s’ouvrent à nous aujourd’hui. La pre-mière, créer un nouveau rassemblement. Tu l’asdit, Jean-Christophe, avec énormément de subti-

lités et de nuances, j’en aurais peut-être moins.Mais le rassemblement, il ne peut se faire que surun socle commun à deux conditions. La première,c’est que nous respections nos partenaires. Sinous considérons toutes leurs idées commeirréalistes et toutes leurs critiques comme nonfondées ou irresponsables, alors nous ne pour-rons que continuer de diviser la gauche. NotrePremier ministre et camarade Manuel Valls nousa alertés contre ceux qui ne souhaiteraient passérieusement gouverner. A titre personnel, jeme demande donc quelles sont ces alliances queManuel Valls appelle de ses vœux ?

La seconde mission, c’est de redonner confiancepar les actes. Nos électeurs du premier tourcomme du second ont entendu le Bourget et laproposition numéro 9 visant à supprimer 30 mil-liards de niches fiscales pour réinvestir dansla fonction publique. Ils ont entendu la volontéd’une vraie réforme fiscale, ils ont entendu notrevolonté de justice et de remise en cause des pro-grammes néolibéraux. C’est aussi ce que nousavons dit pendant les européennes, avec ou sanscollage nocturne d’affiches, mais le problème,est-ce que ce sont les affiches où est-ce que cesont les mots qui ne sont plus lus, qui ne sont

plus crus ? Nous ne représentons pas l’alterna-tive nécessaire à la droite aujourd’hui.

Encore une fois, pourquoi se voiler la face ? Donc, je conclurai en disant que nous devons, oui, re-trouver notre fierté d’être de gauche. Bien sûr,il y a énormément de choses qui ont été faites,loi ESS, loi consommation, amélioration du congéparental, abolition de la prostitution, non-cumuldes mandats. Donc bien sûr qu’il y a des raisonsd’être fier mais cela ne suffit pas. Et nos élec-teurs et nos électrices, notamment à Toulouse,qui pourtant pouvaient bénéficier d’un bilan ex-

trêmement positif, qui ont pu nous voir à l’œuvresur une campagne de terrain qui a été sans pré-cédent autour de Pierre Cohen, eh bien, nos élec-teurs, ils nous ont boudés, ils sont restés chezeux. C’est ça la réalité.

Je termine en disant quelques notes d’espoirquand même, parce que c’est assez sombre. Lesnotes d’espoir, c’est, outre les initiatives lancéespour engager le rassemblement, outre de nom-breux députés que l’on peut féliciter, qui sou-haitent rappeler le devoir de nos parlementairesde contrôler l’exécutif, eh bien pourquoi nous neregardons pas tout ce qui est produit par les clubs

et les travaux des uns et des autres : le rapportd’Alain Grandjean sur le financement de la tran-sition écologique par l’outil monétaire, les propo-sitions de réduction du temps de travail en Suède

et dans bien d’autres pays, la proposition de pland’investissement de la confédération européennedes syndicats, regardons vers « Podemos », versles mouvements brésiliens qui œuvrent à unesociété post-croissance, plus économe, plus éco-logiste, plus juste. Voilà, je crois que c’est ça lebut du Parti socialiste.

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Manuel Valls nous a dit sa volonté de mettre en placedes réformes structurelles ambitieuses, je vais vousparler de l’une d’entre elles : la réforme des collecti-

vités territoriales, qui est à mon sens un enjeu majeurpour notre pays. Le conseil fédéral s’est prononcé à cepropos, le conseil fédéral de l’Ariège, je vais donc vousporter la parole d’un territoire de montagne et rural, quiaffirme son soutien au gouvernement dans sa volontéde réforme dans ce domaine.

Par contre, il souhaite cependant vous alerter, alerterle Conseil national sur deux points. L’importance del’échelon départemental et les compétences qui y sontliées. Quand je parle de l’importance de l’échelon dé-partemental, il ne s’agit pas de maintenir les conseilsgénéraux, il s’agit de conserver des moyens d’action àl’échelle départementale. Supprimer une élection touten assurant des services de qualité en milieu rural.Sur un territoire rural de montagne comme l’Ariège,les intercommunalités, même après avoir fusionné, neseront pas suffisamment puissantes pour assurer lessolidarités territoriales qui étaient jusqu’alors garan-ties par le conseil général.

Confier cette responsabilité à la région reviendrait àéloigner le centre de décision, et donc, à mon sens,diminuerait son efficacité. C’est pourquoi, à l’échelondépartemental, une gouvernance nouvelle, émanantdes représentants des intercommunalités élus au suf-frage universel, doit être créée car c’est là que se joue

une bonne part de la solidarité entre les hommes et lesterritoires. En ce qui concerne les compétences qui de-vraient être affectées à chaque niveau de collectivité, lecontexte lié à la crise commande la recherche perma-nente de l’efficience et de la clarté.

La mutualisation des moyens et des services doit êtreune priorité. Il convient donc d’analyser précisément lescompétences à attribuer à chaque échelon territorial

pertinent, et de lui confier ce qui peut être fait avec aumoins la même qualité, mais à moindre coût. Il ne fautdonc pas démunir l’échelon départemental de compé-tences essentielles sans être certains que les servicescorrespondants seront assurés avec autant d’efficacitépour plus d’équité. Alors, avant de mettre en œuvre touttransfert de compétences, puisqu’on parle déjà desroutes et des collèges, assurons-nous que la cohérencegénérale de la réforme est assurée.

En plus, en 2015, ça ne vous aura pas échappé, nous au-rons tout de même des élections départementales. Et onne peut envisager sérieusement d’aller à ces électionssans se donner de nouvelles perspectives. Nous devonsdonner un avenir aux territoires et aux départementspour assurer une dynamique pour ces élections, sinonnous aurons des difficultés à porter le discours devantles électeurs. Jean-Christophe, dans ta feuille de route,tu as souhaité faire une large part au débat militant, jel’ai apprécié, mais je crois que François Hollande aussiavait annoncé qu’il y aurait un certain nombre d’expé-rimentations, saisissons-nous de ce débat, de ce sujetqui tient à cœur aux militants. En tout cas, je sais qu’enmilieu rural, dans mon département, ce sont les réu-nions sur lesquelles les militants sont très mobilisés,donc, saisissons-nous de ce sujet pour les faire discu-ter, les faire débattre, laissons du temps au débat et à

la réflexion pour aboutir vraiment à une réforme terri-toriale qui est nécessaire, ambitieuse et cohérente, quiréponde pleinement aux enjeux de notre société.

JEAN-CHRISTOPHE BONREPAUX

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GUILLAUME BALAS

Mes chers camarades, tout d’abord, j’abondedans le sens du camarade précédent, c’est vraiqu’une réflexion sur les territoires, le développe-ment des territoires et leur forme d’organisationpour un parti comme le nôtre, est absolumentessentiel, et ça doit être inscrit dans notre feuillede route. Jean-Christophe, tout d’abord, le pre-mier mot que je voulais t’adresser, c’était uneprofonde satisfaction sur la profondeur de tonanalyse tout à l’heure, sincèrement, parce que jecrois que ça rehausse et ça donne de l’honneurà tous, et c’est bien d’aborder les sujets de cettemanière-là.

Dans tout ce qui est dit, j’ai beaucoup d’accords,et notamment sur l’absolue nécessité due auconstat que nous avons été dans l’opposition, et le

Premier ministre l’a relevé ce matin, en manquede ce point de vue, au travail sur la question quirappelle un congrès ancien : « Qu’est-ce qu’êtresocialiste ? »

Il est certain qu’aujourd’hui, qu’est-ce qu’être so-cialiste ? Qu’est-ce qu’être de gauche ? C’est unequestion qui se pose, que les résultats électorauxnous imposent de nous poser, et qui montre uneévolution qui a été assez bien analysée, et quipeut, en effet, amener à notre très forte relativi-sation, marginalisation. Ça a existé ailleurs, il y ades dynamiques profondes, économiques, démo-graphiques, qui peuvent amener en effet à cela.Nous participerons, pour notre part, à tout ce quiva vers cette réflexion en profondeur car nouspensons en effet que le rôle d’un parti politiqueest, bien sûr, de travailler, avec le gouvernement

quand nous sommes au pouvoir, avec les forcessociales diverses et variées, mais a un rôle aussipresque idéologique, c’est bien naturel, théo-rique, d’approfondissement, de réflexion, pourredonner du sens. Et c’est ça qu’on attend d’unparti, nous ne donnons plus de sens, et depuislongtemps. Ça ne date pas d’hier. Nous sommesen effet tellement synthèse de synthèse que peut-être, au bout d’un moment, nous nous y perdonsun peu. Et cela brouille en effet les repères.

S’il y a une certaine forme de distorsion assez na-turelle dans le travail d’un parti et le travail d’ungouvernement appuyé par une majorité issue dece parti, et que nous, nous avons une perspec-tive différente en termes temporels. Nous dépas-sons les prochaines échéances, même si nous

voulons les préparer avec cœur, et donc, nousavons des réflexions de plus long terme à enga-ger entre nous.

Il faut faire extrêmement attention à une chose,et entre l’intervention du Premier ministre, tonintervention aujourd’hui, je pense qu’il y a unrisque. Je ne dis pas qu’il est certain, je ne dispas qu’il est souhaité, mais je pense qu’il y a unrisque. Ce risque, c’est la disjonction. C’est quoila disjonction ? C’est que d’un côté, il y a le travailgouvernemental, dont, après bien des débats,finalement, on convainc d’une manière forte,par la persuasion, qu’il n’y a plus grand-choseà faire d’autre que de faire ce que nous faisonsparce qu’il ne faut pas changer tous les quatrematins, etc., etc., quelles que soient les élections.Et de l’autre côté, donc, voilà, qui est une voie qui

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peut être débattue certainement, mais enfin, plusbeaucoup amendée, de toutes les manières. Etde l’autre côté, un parti qui, de manière totale-ment autonome, va réfléchir sur son identité enévacuant un peu les questions économiques etsociales parce que c’est un peu compliqué, donc,plutôt sur les aspects républicains, de valeurs,etc., etc., et finalement, d’aboutir à ce qui serait

le fait que le Parti socialiste, d’une certaine ma-nière, n’est plus engagé, n’est plus intervenant,ne parle plus de la question de la politique gou-vernementale.

Je voudrais finir sur le fait que de ce point devue, le Premier ministre a eu d’immenses qua-lités formelles dans son discours. Je crois quecela a été reconnu par la presse. Comme le fai-sait remarquer Alain Bergounioux, il m’a expli-qué que la République, c’était d’abord la formesur le fond, que Gambetta disait ça, donc, commec’est un grand historien, je le crois. Je suis quand

même assez sceptique, parce que nous atten-dions une certaine forme de réponse, notammentsur le travail qui a été engagé par certains de nosparlementaires à l’Assemblée nationale et main-tenant au Sénat.

Ce travail n’est pas aujourd’hui cantonné, contrai-rement à ce qu’on pourrait croire, et uniquementtechnique, “économiciste”, comme je l’ai bien en-tendu. Il serait d’ailleurs paradoxal de reprocherà des gens contestataires d’être trop techniquesà certains moments, et donc, pas assez ambi-tieux et de ne pas avoir assez de vision politiqueet de leur reprocher après de faire des effets de

manche au congrès, mais bon peu importe, cettecontradiction, nous la lèverons. Le sujet, il estquand même que si le Parti socialiste n’arrivepas, aujourd’hui, par le biais de ses parlemen-taires, à profondément faire évoluer la ligne gou-vernementale, le risque et ce que tu proposesderrière, c’est-à-dire la réidentification de ceque nous sommes par les citoyens et le rassem-blement de la gauche deviennent extrêmementdifficiles car nous serons d’abord jugés sur nosrésultats gouvernementaux.

Je crois que tout le monde ici, où que nous soyons

dans nos territoires, nous le savons très bien.Certes, nos débats internes sont importants,mais ce qu’attendent les gens, c’est d’abord lesrésultats de la politique gouvernementale, etdonc, le Parti socialiste et sa force sera d’abord

 jugé sur sa capacité à la faire évoluer. De ce pointde vue, je le dis, j’ai peut-être mal compris, maispour moi, c’était une certaine forme de fin de non-recevoir. Je crois que c’est ennuyeux… Et commec’est ennuyeux, je te demande, à toi, en tant quePremier secrétaire, tu l’as déjà fait à plusieursendroits et ça a été relevé, mais je te demanded’alerter de ce point de vue le gouvernement qu’ily a des débats importants dès la semaine pro-

chaine sur ce sujet et que nous ne pouvons pasen rester là.

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PAUL QUILÈS

Chers camarades. Jean-Christophe nous a de-mandé de dire de temps en temps ce qui va bien.Je vais commencer par là, Jean-Christophe, j’aibien aimé ce que tu as dit tout à l’heure. J’ai bienaimé, t’ayant accueilli au Parti socialiste il y a déjàquelques années alors que j’avais en charge l’or-ganisation, j’ai remarqué que tu accordais à cettepartie-là, à cette partie de ton action, de notre ac-tion, la place qu’elle mérite et qui est un peu tropsouvent méprisée à tous les niveaux. Mépriséeet surtout, on a un problème, on en a plusieurs,mais c’est le décalage entre les paroles et lesactes. Les paroles, aujourd’hui, notamment lestiennes, je suis presque d’accord, pas avec tout,mais en grande partie d’accord.

Le Premier ministre parlait de crise, il mettait

« crises » au pluriel, c’est vrai que le mot « crise »est un peu banal pour décrire la situation ac-tuelle, avec un pouvoir désavoué par les urnes,avec une victoire incontestable du populisme,avec une désespérance, le mot a été souvent uti-lisé depuis ce matin, qui gagne du terrain dansde nombreuses couches de la société, avec unedéfiance, c’est le contraire de la confiance, unedéfiance à l’égard des partis politiques, de leursleaders, de leurs élus, dont les Français pensentqu’ils sont impuissants à peser sur les choix eu-ropéens, à peser aussi sur les orientations poli-tiques françaises, qui sont incapables de prendreen compte leurs attentes, leurs besoins, à donnerune vision d’avenir pour leurs enfants.

Si l’on ajoute à cette analyse rapide - un peutriste, mais c’est la réalité -, les turpitudes de

la droite, de l’UMP, on n’en a pas parlé, ce n’estpas notre problème, mais quand même, ça af-fecte l’ensemble du spectre politique, et il n’estpas étonnant que l’on assiste à ce que j’appelle-rais une sorte de décrochage démocratique quipourrait favoriser, à terme, encore plus le Frontnational. Parmi les raisons de cet échec, sur les-quelles je ne reviens pas, je n’ai pas le temps, etqui ont été largement analysées aujourd’hui, jeveux en souligner une qui me semble détermi-nante pour expliquer notre difficulté à modifier lecours des choses, ce que disait le camarade avantmoi il y a un instant. Cette raison ne concerne pasles choix politiques qui peuvent être discutés, quisont discutables par ailleurs, mais elle concernela façon dont sont préparés, dont sont annoncés,dont sont mis en œuvre ces choix.

J’ai souvenir d’un comité directeur - avant leConseil national, il y avait le comité directeur -en 2000, où on avait parlé du quinquennat et del’inversion du calendrier. Je crois que j’étais leseul à intervenir pour dire que c’était grave. Quec’était grave tactiquement, on l’a vérifié malheu-reusement deux ans plus tard en perdant et laprésidentielle et les législatives, et que c’étaitgrave idéologiquement parce qu’on sanctifiaitce qu’on a trop longtemps, les uns et les autres,accepté, c’est le caractère monarchique - qua-si-monarchique - on est poli, on dit monarchierépublicaine, de la Ve  République. Et ça, cherscamarades, les conséquences de ce système, lesconséquences sont graves parce qu’elles ren-voient, la plupart, pas toutes, pas encore, encoreque… la plupart des décisions, en tout cas les

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grandes décisions, au sommet de la pyramide,avec un Premier ministre qui, quoi qu’il en dise,quel qu’il soit, quel que soit son talent, celui-ci oules autres, qui exécute la politique définie par leprésident.

Celui qui vous parle a été cinq fois ministre et jecrois avoir une expérience statistique. C’était il y

a longtemps, certes, je doute qu’il en soit diffé-remment aujourd’hui. Avec une majorité parle-mentaire qui, quoi qu’on en dise, est une majoritécontrainte, et on le verra encore dans les pro-chaines semaines, c’est ainsi, c’est la logique dela Ve République. Avec un parti majoritaire qui aune marge d’initiatives assez limitée, et avec desmilitants, on va en parler rapidement, mais je vaisen parler, des militants qui doutent de leur utilité.Alors, je sais bien qu’on fait signe aux sympathi-sants une fois tous les cinq ans pour désigner uncandidat, pour établir en quelque sorte, un lienavec notre électorat, un électorat désabusé, dé-

sorienté, et qui croit de moins en moins, vous levoyez comme moi, à la parole des politiques.

Je vais prendre un exemple rapide : celui de laréforme territoriale, réforme importante, mais,disons-le clairement, entre nous, les portes se-ront presque fermées, mal engagées. On a misla charrue avant les bœufs, c’est le cas de le direcar il s’agit surtout de rural. On a annoncé desmesures fortes, qui ont d’ailleurs parfois étédémenties un peu plus tard, avant même d’avoirdébattu, d’avoir défini clairement et publique-ment les objectifs de cette réforme. Je l’ai vudans mon propre département, je l’ai vu avec ces

pauvres candidats socialistes qui vont aller auxélections sénatoriales, et je leur ai dit ce qu’ilsvont entendre de la part de leurs adversaires dedroite. Si j’étais à la place de ces adversaires dedroite, je sais ce que je dirais. On n’a pas parlé, ouon a parlé, de la proximité, mais on annonce, onmet en place un système, je suis président d’unecommunauté de communes, avec des commu-nautés de communes de 20 000 habitants, qui esttout sauf la proximité. On ne dit pas qu’on veutfaire des économies de personnels, on dit : « Non,non, non, on ne va pas faire d’économies de person-nels » et un secrétaire d’Etat, ministre, annonce à

la radio, à la télévision qu’il y a pour 250 milliardsde francs par an sur l’ensemble des collectivités,qu’on va économiser entre 5 et 10 %, donc, çafait 10 ou 12 milliards. C’est n’importe quoi ! Est-ce qu’on veut faire des économies ? Oui ? Non ?Combien ? Comment ? Est-ce qu’on veut réduirele personnel ? « Non », dit-il, on ne réduira pasle personnel. Je veux bien savoir comment. Donc,non, non, on ne réduira pas le personnel.

Bref, tout ceci a été mal emmanché, on a parlédes élections régionales, départementales s’il yen a, il y en aura peut-être, mais on n’a pas parlédes sénatoriales. Alors, je sais bien que l’ancien

président du groupe socialiste au Sénat, qui estministre maintenant, a dit que de toute façon,c’était perdu. Mais enfin, je pense à eux et je medis qu’il aurait mieux valu - et que ça serve de

leçon pour la prochaine fois - définir les objec-tifs avant d’annoncer au sommet des mesuresconcrètes dont on dit : « Ne vous inquiétez pas, onva réfléchir. »

Je tiens à votre disposition, en tout cas du Pre-mier secrétaire, toute une série de déclarationsqu’on va prendre dans la figure pendant quelques

mois pendant ces élections sénatoriales. Bref,cette situation est très désagréable. Dans cetteambiance, je sais que certains ont tendanceà baisser les bras. Et on peut, effectivement,comme cela a été évoqué ce matin, craindre ceque j’appellerais la dégringolade fatale qu’on avue au cours du siècle dernier : le parti radical,la SFIO, le parti communiste, les grands partispeuvent disparaître. Ça a été dit et redit y comprispar le Premier secrétaire.

C’est vrai qu’on entend des voix nombreuses an-nonçant la fin des partis politiques. Je n’y crois

pas. Mais les partis politiques, on met en causeleur existence, on met en cause leur nécessité.Je constate au Parti socialiste et à l’Assembléenationale, que certains qui s’étaient faits discrets

 jusqu’ici, joignent leurs voix aux critiques et auxdemandes de ceux qui étaient hier traités d’irres-ponsables, d’incompétents parce qu’ils deman-daient avec insistance tout simplement que legouvernement, que le président de la Républiquerespecte les promesses de la campagne de 2012.Bref, je pense que la logique de la Ve République,et je vais en terminer par-là, voudrait que toutceci ne se traduise par rien de déterminant, unpeu d’agitation médiatique. Et pourtant, moi, je

persiste comme d’autres, et j’espère, le Premiersecrétaire et vous tous et vous toutes ici, que leParti socialiste pourrait avoir un rôle non insigni-fiant dans la période actuelle, à condition que desdécisions fortes soient prises, certaines ont étéannoncées, il va falloir passer maintenant desparoles aux actes, et que ces décisions mobilisentnon seulement les cadres du parti, pas toujoursfacile de les mobiliser, mais aussi que ça mobi-lise les militants. Nous avons trop oublié que lesmilitants, ce sont ceux qui peuvent recréer ce lienindispensable avec les Français et notammentceux qui ont voté à gauche le 6 mai 2012. Voilà

pourquoi, comme tu l’as dit, Jean-Christophe, j’ai bien aimé la formule : « Il faut donner l’occa-sion aux militants socialistes de relever la tête »,de montrer que le Parti socialiste, vous allezentendre ces formules que vous entendez parailleurs, n’est ni un parti “godillot”, ni un simpleoutil de sélection des candidats, ni une chambred’enregistrement, ni une agence de communica-tion, qu’il est écouté et qu’il est entendu.

Alors, chers camarades, cher Premier secrétaire,tu l’as annoncé déjà tout à l’heure, donnons la pa-role aux militants en leur permettant de débattrelibrement et en profondeur, notamment des pro-

blématiques importantes que tu as présentéestout à l’heure ; cela s’appelle, chers camarades,un congrès. Tu as dit que c’était le sel de la terre.Je ne sais pas si c’est le sel de la terre, je sais

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simplement, selon une formule de quelqu’undont on ne parle plus beaucoup maintenant,qui était François Mitterrand, qui disait que « lecongrès, c’est la Pâques des socialistes ». Ce n’estpas très laïque comme formule mais c’est inté-ressant. Alors que le Premier ministre disait :« La gauche peut mourir. »  Alors que toi, tout àl’heure, tu parlais « d’éteindre la lumière, avant la

mort ». Eh bien, la Pâques des socialistes, c’est larésurrection, donc, chers camarades, engageonsla résurrection des socialistes de façon à ce quele PS soit un acteur, un acteur utile, un acteurutile à la gauche, un acteur utile à la France.

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Chers camarades, cher Jean-Christophe, je crois qu’au- jourd’hui tu as fait l’unanimité sur la feuille de route que tuas présentée et ton positionnement. Je voulais, aborder

trois sujets : la question des institutions, mais Paul Quilèsen a parlé très, très bien tout à l’heure, la question de la justice sociale, et la question de l’école.Ces trois idées paraissent un peu disparates, mais j’espèrepouvoir en démontrer la cohérence. Il me semble que noussommes dans un moment politique que, personnellement,

 je qualifierai de post-2005. Pourquoi post-2005 ? En 2005on a eu le non au TCE, avec un décalage entre ce qu’a votéle parti, en l’occurrence, oui, et le vote majoritaire de l’élec-torat de gauche. Et d’ailleurs, je ne sais pas si vous avez vula scène à la télévision le soir des élections européennes,ou Philippot passe et prend les bulletins de tous ceux quiavaient voté non au TCE. Et post-2005 aussi, parce qu’on avu aussi en 2005 les émeutes urbaines. Tous ces gamins quiavaient 14, 15 ans, qui ont jeté, non pas des pavés mais descocktails Molotov, et qui ont maintenant 24 ans, ces gaminsissus pour beaucoup de l’immigration mais pas que, qui nese sont pas déplacés aussi pendant ces élections, et quiont fait que nos scores étaient aussi bas dans beaucoup devilles, de grandes métropoles.

Donc, trois sujets. Les institutions, il n’a échappé à per-sonne depuis le passage du septennat au quinquennat,ainsi que l’inversion du calendrier, et l’hyper présidentia-lisation du régime, que aussi bien la droite classique avecNicolas Sarkozy, ou la gauche que je qualifierai de raison-nable, n’arrivent pas à avoir la confiance des Français. Il

me semble que politiquement, si nous voulons sortir del’ornière, et c’est en cela que je ne suis pas complètementd’accord avec Guillaume Balas, ce n’est pas avec une hypo-thétique inversion de la courbe du chômage, ou des 0,7 pointpar ci, 0,7 point par là de croissance que nous allons peut-

être gagner, que nous allons pouvoir regagner la confiancedes Français pour 2017, mais bien par une réflexion sur laquestion des institutions, sur le fait que tous ces électeurs

FN, ou qui ne se sont pas déplacés, ont le sentiment quedans les grands partis, c’est une caste qui dirige. D’ailleurs,beaucoup de chercheurs, de commentateurs ont bien misle doigt sur le fait que ces électeurs-là, ils en voulaient aussià leurs élites.

J’en viens là à la question scolaire. Enquête après enquête,on voit que la France est le pays où l’échec scolaire est leplus corrélé à l’origine sociale. Cela veut dire qu’il y a dansnotre pays une question de place et de redistribution desplaces dans la société. Quand les Frontistes vous disent : «Nous ne voulons plus d’immigrés parce qu’ils nous prennentnotre travail. » Nous, la bonne gauche, on entend : « Ils sontracistes, ils ne veulent pas d’immigrés. » Mais on pourraitaussi entendre : « Ils veulent des places on ne leur en laisse

 pas. » Donc, ce sujet de la place dans les sociétés rejointcette question des institutions où on voit que nos députéscumulent, quatre, cinq, six mandats, où on voit le cumuldans l’espace et dans le temps, où on voit le parrainage, lesystème… on n’est pas dans un système de concurrence enFrance, aussi bien dans nos partis que dans nos syndicatset tous les deux, on y voit la désaffection des citoyens. Toutça pour dire que nous devons à mon avis réfléchir à autrechose que l’emploi et l’économie.Je voulais parler de justice sociale parce que Jaurès disait,

 je vais conclure, sur la question de la justice sociale, parceque ce n'est pas que l’emploi, c’est aussi comment je vis

dans l’emploi, comment je vis dans la société, quelle estla ma place dans la société, la justice sociale. Donc, pourconclure, je voudrais rappeler la phrase de Jaurès : « Je n’ai

 jamais séparé la République des idées de justice sociale sanslaquelle elle n’est qu’un mot », disait-il.

MAYA AKKARI

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Mes chers camarades, je ne vais pas faire de louangesdu discours de Jean-Christophe parce que c’est un peulassant et pourtant, Dieu sait si pourtant il sait ce que

 j’en pense. Mais je voudrais repartir de ces propos etde ceux que vient de tenir Paul Quilès, nous expliquantavec raison que si la forme parti ne saurait disparaîtresinon c’est la démocratie en tant que telle qui est affai-blie, voire affaissée, notre organisation politique, et sonhistoire est longue, a connu ces moments d’affaisse-ment et que donc, il n’est pas inopportun d’expliquerqu’il y a des phases historiques où notre organisationpolitique peut être soumise à disparition. Qui peut lenier ? Et c’est bien pour cela qu’au lendemain de ce quel’on peut quand même convenir comme une déroute,notamment à l’occasion des élections municipales,qui ont mis à mal une partie de notre structuration denotre parti, et plus encore même, de notre imaginairedu parti au travers ce que Laurent Baumel appelait « lesocialisme municipal ». Moi, et j’ai bien entendu Jean-Christophe qui avec raison nous a proposé une feuillede route nous emmenant jusqu’aux élections régio-nales et départementales, mon cher Paul, en 2015. Jepense qu’à nos militants, nous devons également denous projeter plus loin.

Quand Jean-Christophe dit avec raison que nous de-vons travailler sur notre identité, il y a un moyen trèssimple de travailler sur notre identité, et que quellesque soient les directions nationales qui se sont suc-cédé depuis plusieurs années, nous avons collective-

ment laissé de côté la formation des militants et desmilitantes. Nous leur devons cela. Nous devons arrêterde laisser la formation des militantes et des militants àBFM, à I-Télé, à LCI, à Facebook, à Twitter, au Monde,à Libé. Cela suffit. Si nous sommes un parti politique,

il est de notre responsabilité de mettre en œuvre unvéritable programme de formation de nos militantes etde nos militants, et pas uniquement de formation pour

savoir faire du porte à porte ou de savoir tweeter ou desavoir utiliser les réseaux sociaux, mais de formationidéologique, politique, de lecture du monde.

Un parti politique est une organisation qui promeut unevision du monde, une vision de la société, une vision duchangement de la société qu’il veut faire émerger. Siun parti politique oublie cet aspect de formalisation, deformation, de préparation des élections, alors ce n’estplus une organisation politique capable de représenternos citoyens et nos citoyennes. Et donc, c’est fonda-mentalement un plan hors sol qu’il faut faire très rapi-dement, dans notre parti, pour faire en sorte, non seu-lement que nous puissions de nouveau partager deséléments communs d’analyse, de vision du monde,en débattre afin que nous puissions être porteurs lesunes et les autres d’un projet politique qui puisse nousrassembler au-delà de nos débats tout à fait légitimes.Avec un codicille, les débats politiques entre nous sontlégitimes, au parti, au groupe, ils le sont d’autant plusque lorsqu’ils ont été tranchés, le résultat est respecté.Dernier point, notre organisation politique n’a jamaisété aussi forte que lorsqu’elle s’est ouverte, elle n’a

 jamais été aussi faible que lorsqu’elle n’a su que seregarder entre soi. Donc ne restons pas entre nous,ouvrons-nous, profitons des états généraux, retrou-vons cette dynamique qui nous a toujours permis, dans

notre histoire, de relever la tête. Nous devons être fiersde ce que nous faisons, nous devons être fiers de ceque nous avons fait. Et nous devons être fiers de pro-poser un chemin à nos militantes et nos militants quile méritent.

ÉMERIC BRÉHIER

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Chers amis, chers camarades, les électionseuropéennes et les élections municipales ontconstitué une défaite historique pour notre camp,

et un succès inédit pour l’extrême droite. Alors,face à cette situation, si les militants de ma sec-tion, plus globalement je pense qu’on peut parlerdes militants du Parti socialiste, expriment sou-vent une colère amère, de plus en plus de Fran-çais témoignent eux, désormais, de leur indiffé-rence passive.

L’état de crise de la société française est telle quenotre survie politique est pour beaucoup de Fran-çais plus nécessaire pour elle-même parce qu’ilsestiment, ils considèrent que nous ne changeonspas aujourd’hui concrètement, leur vie.Et pourtant, comme l’a dit notre Premier mi-nistre, notre écroulement serait après plusieursalternances, après la hausse de l’abstention,après la flambée du front national, synonymed’écroulement de la démocratie française dansson ensemble.

Et j’en viens à ma première question, une questionfondamentale qui nous interroge collectivement:à quoi sert le Parti socialiste aujourd’hui ? A quoidoit-il servir demain ? Eh bien, notre parti, il doitservir à donner du pouvoir politique, du pouvoiréconomique, du pouvoir social à toutes celles età tous ceux qui n’en ont pas assez dans la société

française pour ouvrir les voies de l’émancipation.C’est cela, le Parti socialiste.

Deuxième question : est-ce que nous avons rem-pli ces dernières années cette mission ? Mes

camarades, il faut pouvoir se le dire tranquille-ment entre nous, nous sommes passés du com-bat contre la finance au combat pour l’excédent

brut d’exploitation.Nous sommes passés de la réflexion, du débat, àune résignation et une absence totale d’imagina-tion dans l’exercice du pouvoir et des solutions àtrouver face aux crises qui nous secouent et quichangent en profondeur le monde dans lequelnous vivons.

Nous avons transféré les pouvoirs politiques quiappartenaient aux militants engagés sur les ter-ritoires, coconstructeurs de notre victoire, à unetechnocratie bien-pensante des hauts corps del’État. Nous sommes passés d’une part de renou-vellement, du foisonnement, du débat, à un appa-reil parisien, renfermé dans un monde clos.Nous sommes passés du parti des primaires, vi-vant et puissant, au seul choix du président de laRépublique française, avec le sentiment partagéque quoi que l’on dise, que quoi que l’on fasse,qu’on parle, qu’on se taise, qu’on essaie d’agir àl’intérieur du Parti socialiste, qu’on essaie d’agirpar l’extérieur, eh bien finalement, rien ne changepuisque personne n’est entendu.

Nous étions fiers, et nous avons trop souventhonte. Nous ne regrettons pas la droite et c’est

important de se le dire. Et nous savons pourquoinous l’avons chassée. Mais beaucoup d’entrenous ne comprennent pas ce que nous avons faitde la victoire du 6 mai. Le sentiment de dépos-session et de frustration est profond et c’est de là

LAURIANNE DENIAUD

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que naît la colère. Et je vous le dis, il y a de quoiaujourd’hui être en colère. Moi je suis en colère,

 je suis extrêmement en colère quand on en vientà proposer Jacques Toubon comme Défenseurdes droits, un homme qui a combattu toute sa viel’extension de leur ampleur et de leur champ. Jevous le dis mes camarades, cette nomination estinacceptable pour notre camp, nos valeurs, pour

la République française et ce qu’elle représenteà travers le monde.

Alors, que dois-je dire chez moi à Saint-Nazaire ?Que devons-nous dire partout sur nos territoires,aux citoyens, aux ouvriers, aux employés que nousrencontrons, au peuple de gauche, tous ces gensqui ont le sentiment que notre politique est plustournée vers le taux de marge brute des entre-prises que vers leur feuille de paie ? Et à peu dechoses près, les débats qui nous ont animés au-

 jourd’hui sont finalement les débats que tiennentles socialistes d’habitude lorsqu’ils sont dans

l’opposition après les défaites électorales. C’esttrès inquiétant parce que finalement, nos débatsrévèlent à quel point l’exercice du pouvoir tenudans ce début de quinquennat est aujourd’hui enéchec. Mais on peut aussi y voir un avantage, ouplutôt une chance, une opportunité. L’intérêt mescamarades d’avoir eu un 21 avril au milieu d’unmandat c’est qu’il devrait permettre de changerde cap pour éviter la chute finale et le pire.

Je vous le dis, il n’est pas responsable de s’inter-dire des débats, et je pense à l’orientation éco-nomique et européenne du gouvernement. Laresponsabilité, ce n’est pas de se taire pour ne

pas entraver notre échec collectif. Les appels àcette fausse responsabilité sont irresponsables.La vraie responsabilité, c’est que notre particherche ensemble d’autres chemins. D’autreschemins pour réorienter notre action, mais aus-si pour préparer la suite. Les 60 engagementsde François Hollande sont aujourd’hui épuisés,avant même la mi-mandat, sans avoir porté leursfruits, alors qu’allons-nous faire dans les troisprochaines années ? C’est cela la question quenous devons nous poser collectivement. Les mili-tants et le peuple de gauche comme l’a dit Jean-Christophe, doivent pouvoir débattre de tout, et

vite ; il ne doit y avoir entre nous aucun débatinterdit, ni sur l’Europe, ni sur les 3 %, ni sur lerapport à la finance. Les militants et le peuple degauche doivent pouvoir retrouver un parti imagi-natif, ouvert sur la société et les idées nouvelles,un parti qui ne cherche pas les voies de l’avenirdans la soumission aux idées de droite, ni dansla stricte reproduction des schémas dépassésdu passé.

Les militants doivent pouvoir retrouver un partisocialiste renouvelé, qui laisse de la place àtoutes les générations, à tous les territoires, àtous les parcours, aux hommes, mais aussi aux

femmes. Et je me suis amusée à un petit calculdepuis le début de ce Conseil national, et c’estpour ça que je vais me permettre d’aller jusqu’àma conclusion, puisque depuis ce matin, il y a

plus de 20 hommes qui ont pris la parole et seu-lement 6 femmes. Et c’est important de le direparce que ce n’est pas un détail, parce que lefonctionnement collectif de notre parti prouvequ’à chaque fois que nous arrêtons d’être atten-tifs à cette question de la représentation desfemmes dans nos instances, le naturel revientau galop, et seuls les hommes sont capables

de s’exprimer dans nos instances. Donc, parlerde renouvellement c’est important, Jean-Chris-tophe, mais quand on a la possibilité d’impulserau niveau national une dynamique, il est de notreresponsabilité, de ta responsabilité de le faire.Et donc, j’aimerais que lors de nos prochainsConseils nationaux, on permette aux femmes des’exprimer plus largement et en début de Conseilnational, et pas simplement à la fin comme c’estle cas aujourd’hui.

J’en viens à ma conclusion. Les militants et lepeuple de gauche doivent pouvoir choisir leur

candidat à la prochaine élection présidentielle,c’est important, c’est extrêmement important,parce que c’est inscrit dans les statuts de notreParti socialiste, et que les primaires citoyennessoient rayées d’un trait de plume ou d’une décla-ration aux médias, ce n’est pas tolérable pourl’ensemble des militants socialistes.

Je finis par une conclusion de Saint-Exupéry que j’aime beaucoup. Il disait : « Il n’y a pas de vérité,il y a simplement des forces en mouvement. » Ehbien, mes chers camarades, par responsabilité,pour notre camp, pour arrêter de subir, et pourpouvoir enfin recommencer à agir, il est de notre

responsabilité de se mettre en mouvement pourpouvoir construire dès aujourd’hui la gauched’après.

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Très rapidement, et peut-être un peu en styletélégraphique, d’abord Jean-Christophe, et sansflagornerie, je te remercie pour ce Conseil natio-

nal, à la fois empreint de gravité, on l’a vu dansnombre des interventions, de solennité, à lamesure des circonstances historiques que nousvivons, et en même temps respectueux de ce quiest notre patrimoine commun, à savoir la néces-sité de pouvoir organiser le débat dans ce Conseilnational, et à travers le calendrier et la feuille deroute que tu nous a proposée, qui je le dis toutde suite est séduisante, mais comme tout objetséduisant, doit pouvoir être appréhendée dans sacomplexité, dans les détails, dans la beauté de telou tel parti. Ce que nous ferons sur les différentséléments que tu proposes.

Je disais que l’heure est grave, Manuel a dit quela survie de notre parti est en jeu, notre capacité àmaintenir la flamme de la transformation socialequi s’impose comme une urgence. Et pour cela,il ne faut pas mégoter. Nous avons la conviction,elle s’est exprimée à plusieurs reprises que sinous en sommes là aujourd’hui, c’est pour partieparce que notre formation politique s’est d’unecertaine manière méprisée elle-même en mépri-sant le ressenti, les doutes, les interrogations etla parole des militants. Ce en quoi la perspectivede redonner la parole aux militants est pour nousabsolument essentielle. Depuis le début du quin-

quennat, nous disons qu’il ne doit pas y avoir unparti fermé pour cause de gouvernement, et mal-heureusement, tant de sujets qui sont au cœur dudébat politique n’ont à aucun moment fait l’objetde ce débat, et mieux, de cette validation par les

militants socialistes. De la ratification du traitébudgétaire européen, à la réforme du marché dutravail, en passant par la baisse du coût du tra-

vail financé d’abord par une hausse de la TVA, etaujourd’hui par un gel des prestations sociales,nous avons là les objets du malaise des militantssocialistes. Et disons-le honnêtement entre nous,qu’aurions-nous fait si ces mesures avaient étéproposées par un gouvernement de droite ?

Et je veux que ce ne soit pas un crime de lèse-majesté que de poser la question en ces termes.Que dire des 41 milliards dégagés pour les entre-prises dans le cadre du pacte de responsabilité ?Étaient-ils dans le projet socialiste de mai 2011 ?Non. Étaient-ils dans les 60 engagements ducandidat ? Non. Ils n’étaient même pas dans ladernière motion majoritaire adoptée au congrèsde Toulouse en octobre 2012, motion dans la-quelle les termes de coût du travail ne figuraientmême pas.

Et que dire aujourd’hui, dans l’actualité chaude,on parle de remettre en cause la loi ALUR, en-gagement de campagne, loi votée par toute lagauche, et dans le même temps on sanctuarise leCICE qui, lui, n’avait jamais été annoncé, jamaisdébattu, et qui, lui, divise la gauche. C’est ce typede situation qui crée du malaise parmi les mili-tants. Et c’est la raison pour laquelle revenir de-

vant les militants est absolument indispensable.Et ce n’est pas là aussi un crime de lèse-majesté,parce que les statuts, nos statuts du parti nousrassemblent. La question du congrès, tu l’asposée, merci Jean-Christophe, elle figure dans

JÉRÔME GUEDJ

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l’article 3.2.1 de nos statuts. Si j’étais taquin, jerappellerais que la seule application de ces sta-tuts aurait entraîné un congrès à mi-mandat.C’est l’article 3.2.1. Et mi-mandat, c’est octobre,décembre 2014. Tu lances les états généraux dusocialisme, la démarche nous intéresse, mais ilfaut qu’on puisse dire rapidement à quel momentce congrès intervient.

J’entends qu’on est conditionné au calendrierinstitutionnel, et la décision du Conseil consti-tutionnel, disons clairement que si le calendrierdu président de la République est respecté, il yaura un congrès du Parti socialiste au printemps2015. Mais au-delà de la forme, c’est le fond quiest aussi déterminant. Et j’ai entendu, ça fait par-tie des petits détails de la beauté qu’il faut qu’onregarde de plus près, et quasiment à la loupe, tavolonté peut-être d’inventer une nouvelle formede congrès, une nouvelle manière de poser lesquestionnements devant les militants. Pourquoi

pas ? Mais vigilance sur ce point, nous restonsattachés à la proportionnelle des motions, à laproportionnelle des courants qui sont co-subs-tantiels au parti de Léon Blum, qui sont co-subs-tantiels au fonctionnement de notre parti, et quine sauraient être ringardisés sur l’autel de je nesais quelle modernité.

Je veux terminer en disant que si ce n’est pas uncrime de lèse-majesté que de parler du congrès,tu as eu raison de le mettre sur la table, et il vapouvoir se nouer dans de bonnes conditions,c’est d’abord et avant tout pour dire que c’est unpoint d’appui extrêmement fort pour la direction

du Parti socialiste. Regarder dans l’actualité ré-cente, quand le Premier secrétaire du parti prendles positions qu’il a pris, et il a bien fait sur lesintermittents, quand il prend les positions qu’ila prises, et il a bien fait, sur les gels des seuilssociaux, quand il nous propose aujourd’hui derelancer une campagne sur la droit de vote desétrangers aux élections locales, il le fait, il estlégitime, et il est fort pour le faire, parce qu’ils’appuie sur des propositions constantes qui sontdans le patrimoine, dans l’ADN du parti.

Pour pouvoir être constructif, propositionnel,

fusse-t-il en étant parfois un peu dans la contra-diction avec le gouvernement, il faut pouvoirs’appuyer sur des positions clairement tranchéespar les militants socialistes. Nous, nous sommesdisponibles pour y participer.

Et enfin, dernier mot puisque tu as évoqué ceuxqui voient un peu plus loin que les élections régio-nales, dire très tranquillement et très calmementqu’évoquer aujourd’hui la question des primairesne procède pas de je ne sais quelle arrière-pen-sée sur le candidat en 2017. Nous, nous voulonstous la réussite de François Hollande, nous, nousl’avons dit depuis le début, et quand nous nous

sommes engagés, il nous apparaissait aussiévident qu’il puisse être le candidat du renouvel-lement en 2017.

Mais je n’oublie pas non plus que quand nousavons introduit les primaires dans les statutsdu Parti socialiste, d’abord, nous avons prévuces primaires pour toutes les désignations auxélections présidentielles, sans exception dansl’hypothèse où nous avions un candidat sortant.Et pourquoi nous l’avons fait de cette manière ?C’est parce que nous avons considéré que les

primaires répondaient à une double utilité. Etce n’est pas là aussi un crime de lèse-majestéque de le rappeler. L’utilité de la mobilisationcitoyenne, incontestablement, ça avait été undes points de succès, mais aussi, et c’est pourmoi l’utilité la plus grande, c’est que quand onparle primaires, on parle de primaires ouvertesà l’ensemble de la gauche. Et c’est donc la raisonpour laquelle il faut concevoir les primaires, nonpas comme une fin en soi, mais comme le pointd’aboutissement d’un processus que tu engagesavec le programme minimum avec les autresformations de gauche, et qui doit se prolonger

avec le travail avec eux. Parler de primairesaujourd’hui, c’est se poser la question : com-ment va-t-on créer les conditions de maintien del’union de la gauche qui est la seule condition, laseule voie que nous pouvons emprunter pour lavictoire en 2017 ? Donc ce n’est pas une évoca-tion ad hominem, c’est une exigence collective.Parler des primaires aujourd’hui, banaliser lefait, c’est dans les statuts, ce sera l’outil qui seramis en place pour pouvoir dès à présent proposercette perspective à nos partenaires de la gauche,pour peut-être inventer quelque chose différentde la gauche plurielle, différent de l’union de lagauche, différent du programme commun, mais

qui permet de se rassembler au moment de cesprimaires devant l’ensemble de nos concitoyens.Je dis cela pour désamorcer tous ceux qui ont pus’emballer très fortement dans le sujet qui a puêtre évoqué. C’est dans les statuts du Parti socia-liste, et c’est une des conditions de la réussite del’union de la gauche.

Donc n’ayons pas peur dès aujourd’hui de ma-nière très sereine, très zen, très détendue, de lesévoquer.

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Je voudrais commencer, pour répondre à PaulQuilès ou même à Jérôme qui vient de s’exprimerà l’instant, par rappeler quelques souvenirs. J’en-

tendais Laura Slimani dire qu’elle avait découvertl’existence de Jacques Toubon, et ça m’a fait mesouvenir moi-même de ma situation, jeune mili-tante, quand j’avais à peu près ton âge, Laura.J’étais jeune militante au moment du congrès deRennes. Et à quoi avons-nous assisté au congrèsde Rennes, jeunes militants ou moins jeunes ?Que nous étions à un congrès absolument affli-geant, où les socialistes se déchiraient la succes-sion du seul président socialiste de la Ve Répu-blique que la gauche ait connue avant l’électionde François Hollande, pendant que le mur deBerlin s’effondrait. Voilà. Et je suis désolée cama-rade Quilès, mais à l’époque, moi j’avais été trèschoquée, j’étais jeune militante, je n’osais mêmepas mettre les pieds rue de Solferino, j’étais tropimpressionnée, mais j’ai le souvenir de toi à uncongrès fédéral, je crois, avec une calculatrice. Etc’est l’image que je garde du congrès de Rennes,c’est un parti politique, mon parti politique, inca-pable de penser le monde, et le monde a énor-mément changé avec l’effondrement du mur deBerlin. Un parti qui était autocentré dans desguerres intestines. Et on a perdu durablement, eton a mis plus d’un quart de siècle à retrouver, àreprendre l’Élysée. Donc, j’ai comme vous la pas-sion pour ce sel de la terre que sont les congrès,

mais méfions-nous aussi, faisons en sorte que lecongrès, qui est la forme normale d’organisationde notre parti, ne soit pas son faire-part de décès.La deuxième chose que je voulais dire c’estque, pour répondre à Jérôme, on peut se poser,

puisqu’il faut débattre et tout interroger, on peuts’interroger même jusqu’à la fin des primaires.Moi, j’ai beaucoup aimé les primaires, j’étais

une partisane des primaires ; mais rétrospec-tivement, finalement, qu’est-ce que ça nous aapporté ? Cela n’a pas permis de rassembler lagauche, puisque la gauche n’a pas participé auxprimaires citoyennes. Cela ne nous a pas évité,moi je pensais que ça nous éviterait l’état de grâcesuivi d’un état de disgrâce. L’état de disgrâce, ila commencé à l’été 2012. Et même la déclinai-son des primaires pour les municipales n’a pasété objectivement une réussite, mes camarades.Donc, on peut interroger aussi ce processus. Cequi ne veut pas dire qu’il faut perdre de vue l’idéemême d’organiser des primaires, mais interro-geons même ça, plutôt que d’avoir le fétichismede formes déjà connues et de les lancer commedes slogans. Interrogeons vraiment, débattonssur ce qu’on a fait, et sur ce qu’il convient de faireà l’avenir.

Et la troisième chose que je voulais dire, c’estque ce parti et la gauche doivent marcher surdeux jambes. Et qu’on peut critiquer, et je nesuis pas la dernière à le faire, on peut critiquerce qui se fait ou ce qui ne se fait pas, mais il n’estpas interdit de soutenir aussi ce qui se fait, et cequi correspond à nos engagements. Et quelquesgrandes lois correspondent très précisément

à nos engagements. Et non seulement, c’est lecamarade Allard qui le disait, non seulement onne les soutient pas, je n’entends pas beaucouples socialistes les soutenir, les défendre, les pro-mouvoir, mais même, quand les ministres qui

SANDRINE MAZETIER

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les portent sont violemment attaqués, c’est lasociété civile qui défend nos ministres. Quand,dans quelle fédération du Parti socialiste a étévotée une résolution pour qu’il y ait une manifes-tation de soutien à Christiane Taubira quand ellea été attaquée comme elle a été attaquée ? Dansaucune ! Ce sont des jeunes sur les réseaux so-ciaux qui nous ont dit : « Faites quelque chose, on

ne peut pas laisser une ministre de la Républiqueface à des hystériques, à des déclinistes, à des obs-curantistes et à des enfants qui agitent des peauxde banane devant elle. » C’est ça l’état du Parti so-cialiste tel que certains voudraient qu’il continueà être. Alors oui, nous sommes capables, nous,parlementaires, de voter, d’amender, de nousinterroger, voire même de voter contre l’investi-ture de Monsieur Toubon comme Défenseur desdroits, et personnellement, je vous le dis, je vote-rai contre. Mais ça serait pas mal aussi que detemps en temps nous soyons un petit peu soute-nus, qu’on ait derrière nous des camarades pour

illustrer aussi ce qu’on fait bien, ce qu’on vote debien, et ce qu’on a l’intention de construire commesociété pour nos concitoyens, conformément auxengagements que nous avons pris quand nousavons été nous faire élire par nos concitoyens.

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Je vais vous dire quelques mots pour vous parlerdu conflit sur les intermittents du spectacle, cequi est en train de se passer en ce moment. Je

vous rassure, je ne vais pas me déshabiller et memettre tout nu à la tribune, puisque je sais quec’est maintenant une forme d’action qu’ils ont.Et vous dire du coup, puisque Jean-Christophe ademandé aussi de dire ce qui va bien et ce quine va pas bien, et Jérôme Guedj l’a dit, je trouvetrès bien que le Premier secrétaire ait, avant ledébut de ce conflit, ait pris position pour soutenirles intermittents du spectacle, et notamment endemandant que l’accord du 22 mars, le 22 mars,d’habitude c’était une autre référence, mainte-nant c’est devenu le mauvais accord du 22 mars,d’habitude c’était une autre référence politiquepour la gauche, mais ait pris position là-dessus.Pourquoi je dis ça ? Parce qu’il faut bien réfléchiret entendre ce qu’il y a derrière cette question.D’abord, le fait que nous ayons pris position, quele Premier secrétaire ait écrit à François Rebsa-men pour lui demander de ne pas agréer l’accordsur cette question a permis, a engagé derrièretout un certain nombre d’élus, plus de 100 par-lementaires ont aussi soutenu cette démarche,de nombreux maires de grandes villes de France,des collectivités territoriales, des régions, desconseils généraux, qui ont aussi emboîté, et ça acréé aussi une mobilisation aussi sur cette ques-tion du point de vue des socialistes.

La deuxième chose, c’est que je pense qu’il fautque le Parti socialiste entende aussi ce qui estderrière cette question. On n’est pas simplementdans une question qui serait une question comme

nous l’avions eue en 2003, de défense de statut,ce n’est d’ailleurs pas un statut mais plutôt un ré-gime, de l’intermittence. C’est derrière la ques-

tion du rôle et de la place que l’on veut laisser à laculture à l’intérieur de cette société. Est-ce qu’àun moment donné la conception que nous défen-dons et la conception que la gauche défend, c’estde dire que l’art, la culture, ont un rôle, qui estun rôle émancipateur, ont un rôle qui est un rôlede lien social, et que du coup, c’est pour ça quenous avons mis en place, la gauche, mais aussi ilfaut le reconnaître un petit peu la droite, un cer-tain nombre de politiques dites d’exception cultu-relle. Et l’intermittence du spectacle fait partiede cela. Et il serait bon de rappeler aujourd’huique nous avons défendu l’année dernière l’excep-tion culturelle bec et ongles, et le président dela République l’a défendue avec bec et onglesau niveau européen, et qu’il serait bon aussi quenous défendions aussi aujourd’hui ceux qui sontles premiers fabricants, les premiers artisans dela fabrication, de cette exception culturelle.

Quelle est la base de désaccord, et quel est leprincipal problème à travers l’accord de l’UNE-DIC sur les fameuses annexes 8 et 10 ? C’est qu’ily a des économies qui sont demandées à l’UNE-DIC. Il y en a partout qui sont demandées, je nereviens pas sur le débat de savoir s’il faut fairedes économies partout, et si c’est une bonne

idée que de faire des économies sur l’allocationchômage aujourd’hui. Mais dans ces économies,la majeure partie des économies, c’est-à-dire40 % des ces économies, sont demandées sur lesannexes des intermittents du spectacle, c’est-

FRÉDÉRIC HOCQUARD

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à-dire en l’occurrence les annexes 8 et 10. Or,les intermittents du spectacle c’est 3,5 % desayants droit de l’allocation chômage aujourd’hui.Le résultat des courses, c’est quoi ? C’est quevous avez quelque chose qui est injuste où ondemande que 40 % des économies sur le chô-mage reposent sur 3,5 % des ayants droit ? Vousavez donc aujourd’hui un mouvement d’ampleur

qui est en train de se développer à l’intérieur denotre société sur cette question, et qui, je vous lefais remarquer, vous allez voir ce qui va se pas-ser, n’est pas à son apogée. Lundi, vous aurez denombreux théâtres qui seront en grève, à la télé-vision aussi des émissions qui seront suspenduesparce qu’elles seront en grève sur cette question-là. Donc, c’est une dynamique d’ampleur qui esten train de se passer là-dessus. C’est révélateuraussi du poids social économique, politique, qu’ala culture à l’intérieur de notre société, et quenous avons défendue, et que nous défendons dece point de vue-là.

Dernière chose : quelle est notre responsabilité ?Notre responsabilité à nous les socialistes, c’estde continuer à soutenir ce mouvement, n’en dé-plaise au ministre du Travail qui entre guillemets,un peu « droit dans ses bottes », a annoncé lasemaine dernière à l'Assemblée nationale qu’ilirait jusqu’au bout sur la question de l’agrément.C’est donc de continuer à les soutenir sur cettequestion-là.

La deuxième chose, c’est aussi de faire en sortequ’il y ait une solution qui soit trouvée. Il y a unmédiateur qui a été nommé en la personne de

Jean-Patrick Gilles sur cette question, il faut ai-der à trouver une solution là-dessus, qui ne peutpas être l’agrément de l’accord de l’UNEDIC telquel, qui doit être des solutions adaptées à cettequestion-là.

Pourquoi je dis tout ça ? Parce que s’il n’y a pas desolution trouvée, si ce mouvement n’est pas en-tendu par le gouvernement de ce point de vue-là,et si effectivement l’agrément est porté tel quelsans être modifié, vous aurez cet été l’annulationde la plupart des festivals culturels de notre pays.Vous aurez une catastrophe. La gauche ne peut

pas avoir la responsabilité de faire ça. Et quandon dit aujourd’hui justement que nous devonsêtre à un endroit qui doit permettre justement dedévelopper, d’être dans une dynamique positive,nous ne pouvons pas nous, être responsables decela. Et on ne peut pas aujourd’hui se satisfairequ’il n’y ait pas de solutions trouvées, et on nepeut pas aujourd’hui se satisfaire que nous ayonsun mouvement qui n’a pas de réponse, et qui àun moment donné court vers le fait que nousayons l’annulation de l’ensemble de ces festi-vals. Parce que je crois que si sur la question dela culture nous allions vers ça, eh bien quand onparle d’éteindre la lumière, je crois aussi que ça

participerait aussi de ce mouvement, ou en toutcas, ça ferait aussi, peut-être pas l’extinction dela lumière dans le domaine de la culture, maisen tout cas un clair-obscur, et quand on dit qu’on

baisse un peu l’éclairage, nous serions dans cemoment-là, et la responsabilité de la gauche, laresponsabilité du PS, ce n’est pas que ce soit çaqui se passe cet été.

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Je voudrais remercier les camarades qui sontrestés pour faire vivre la démocratie. Je vois qu’onn’est pas au complet par rapport à ce matin.

Permettez-moi, chers camarades, de vous lireune courte citation sur la rénovation : « Réno-ver, c’est dire aux citoyens l’idée que nous faisonscomme socialistes de la démocratie au XXIe siècle,et c’est lui donner chair au sein même de notre fa-mille politique pour renforcer la crédibilité de notre

 projet, et redonner espérance aux Français. La ré-novation de notre démocratie interne tient aussi àla reconnaissance du rôle des militants et à la reva-lorisation de l’ensemble des instances, y comprislocales, corps intermédiaire indispensable pour ladiffusion de nos valeurs et des idées sur l’ensembledu territoire. Enfin la rénovation, c’est renforcer ladémocratie au sein de notre collectivité socialiste :tous nos candidats, tous les scrutins sont désignés

 par les militants, et notre passion du débat n’est plus à démontrer pour le meilleur le plus souvent,et quelquefois pour le pire. Mais nous préféreronstoujours un parti qui débat à un appareil aux ordresd’un seul (ou de quelques-uns) où les idées ne sontqu’un affichage. »

Alors, il s’agit d’un texte issu de notre conventionnationale sur la rénovation, et qui date de juin2010. Pour paraphraser un comique aujourd’huidisparu : « Le dire, c’est bien, mais le faire c’est

mieux. » Plus sérieusement, la démocratie dansnotre parti, c’est ce qui va nous sauver si on lapratique au quotidien, ou bien c’est ce qui va nousfaire disparaître du paysage politique si nouscontinuons à faire semblant de la pratiquer. En ce

sens, j’ai confiance après avoir entendu effective-ment les annonces de notre Premier secrétaire,cela nous donne confiance.

Je veux intervenir ici sur l’une des conséquencesde la défaite des municipales, dans une ville oùprès d’un tiers de la population vit sous le seuil depauvreté. A l’issue de ces élections, parmi toutesles mairies conquises par le Front national, laplus importante, de plus de 150 000 habitants, setrouve à Marseille dans le XIIIe et XIVe arrondisse-ment. C’est un quartier populaire, avec une trèsforte population française d’origine étrangère etnotamment maghrébine. Bien que cela soit unemairie de secteur sans réel pouvoir, elle permetquand même au Front national d’afficher une vi-sibilité importante dans la ville, et de ne pas êtreassocié à la gestion actuelle de la mairie cen-trale de Jean-Claude Gaudin. Soyons clairs cherscamarades, cette mairie, le Front national ne l’apas gagnée, nous lui avons donnée puisque notreliste s’est maintenue au second tour. Je ne veuxpas ici accabler nos têtes de listes qui dans leurrôle de challenger pouvaient difficilement, sansune analyse politique pertinente, accepter degaîté de cœur de déclarer forfait au second tour.Mais il y a des circonstances exceptionnelles ethistoriques où le parti devrait prendre ses res-ponsabilités pour éviter le pire. Je voudrais atti-rer l’attention du Conseil national sur la gravité

de la situation. On a souvent dit que Marseilleétait un laboratoire politique ; assurément ellel’est pour le Front national, qui aujourd’hui vapouvoir mettre en pratique sa politique de rap-prochement idéologique avec la population fran-

FARID TOUAHRIA 

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çaise de confession musulmane. Cela pourraitparaître contradictoire, mais vous allez voir. Déjà,des convergences s’établissent entre théoriciensextrémistes musulmans et catholiques. Le ci-ment de leur alliance est constitué par leur oppo-sition au mariage pour tous, et par la propaga-tion de rumeurs sur la théorie du genre qui feraitson entrée à l’Education nationale. Le but étant

d’affoler les populations. Les théoriciens de l’ex-trême droite ne sont pas en reste, et participentà ces réunions organisées sur ces sujets dans lesquartiers nord de Marseille. Ils y ajoutent trèscertainement un zest d’antisémitisme pour flat-ter les assemblées. Chers camarades, le dangerest réel que toute une partie de cette populationqui votait toujours à gauche, et notamment PS,bascule dans le vote FN, cela paraît incroyable,mais ça peut-être la réalité. Ce serait drama-tique pour Marseille, pour sa population, pourle vivre ensemble. Si l’opération est concluante,ils pourront étendre l’expérience aux banlieues

parisiennes. Donc, le parti doit avoir une atten-tion toute particulière sur ces problématiques, ettout faire pour ne pas déserter le terrain politiquedans ces quartiers.

Je rajouterai en conclusion, avec ce que j’ai en-tendu, donc les critiques, et puis on a fait vivrela démocratie, critiques, des analyses, que laFrance est engagée sur un convoi, c’est donc leprésident de la République, le gouvernement quisera à la tête de ce convoi. Et qu’il y a une chosequ’on n’aura pas, qui sera différente, quoi qu’ondise, c’est qu’il y a ceux qui ont les clés du ca-mion, et là, je n’excuse pas ce qui se fait, mais

c’est dans notre analyse. Il y a ceux qui ont lesclés du camion, qui ne pourront jamais analyserla manière, et avoir notre compréhension dans lasituation. Parce que nous, on ne les a pas, maison est dans le convoi. Et je veux dire qu’au niveaude notre motion quatre, on ne participera à au-cune opération dont le but est de miner le terrain,et de faire dérailler le convoi.

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Chers camarades, bonjour à tous, bonjour àtoutes, le score du Front national ne doit pasnous masquer une autre information qui me

semble essentielle : c’est une information quiporte sur une jeunesse, une jeunesse sacrifiée,une jeunesse dont le niveau de vie est de 30 %inférieur à celui des générations précédentesau même âge. Une jeunesse qui, aujourd’hui, seretrouve plus dans les valeurs du Front nationalque dans celles portées par la gauche. Et je vousle dis camarades, et c’est essentiel à prendreen compte, le Front national, aujourd’hui, risquefortement de forger l’identité collective d’unegénération. Nous devons impérativement réagir,et ce, dès notre base militante. Oui, Monsieur lePremier secrétaire, nous avons encore un partiformidable, encore un maillage territorial fort etencore et toujours des militants et des militantesengagés sur le terrain. Mais oui, vous l’avez sou-ligné, il faut impérativement revoir notre orga-nisation et notre mode de fonctionnement pourpeut-être mieux accueillir, plus accueillir cette

 jeunesse qui ne demande que cela, ouvrir lesportes, savoir nous réformer, savoir nous mobi-liser, savoir recréer du lien entre générations etsavoir recréer du lien social. Je vous remercie.

NELLY FESSEAU

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Un Conseil national qui dure toute la journée, tuvois Jean-Christophe, cela a fini par fonctionnerpuisque nous sommes encore nombreux, moins

nombreux que ce matin. C’est la preuve qu’aufond, nous pouvons reprendre de bonnes habi-tudes. Et ces bonnes habitudes, je crois qu’ellescommencent par analyser le plus sérieusementpossible le moment dans lequel nous sommes. EtJean-Christophe, tu l’as dit tout à l’heure, c’est undes points communs importants, je crois du dis-cours que tu as tenu devant les camarades aveccelui du Premier ministre de la France, c’est quenous sommes dans une situation où nous avonsconscience, après les élections municipales,après les élections européennes, que nous pou-vons mourir. Nous, le Parti socialiste, avec nous,toute la gauche, et probablement avec toute lagauche, également la République. Et c’est dansce moment politique-là que nous sommes. Et cemoment politique-là, s’il appelle tous les débats,toutes les discussions, toutes les interrogations,non seulement parce que nous avons perdu maisbien évidemment aussi parce que dans nos per-manences, dans nos rencontres sur le terrain,nous voyons bien le désarroi, le désappointementde nos concitoyennes et nos concitoyens, notam-ment les plus fragiles et les plus populaires,il appelle aussi à la responsabilité. Et moi je ledis devant le Conseil national : lorsqu’on sait laplace qu’a l’élection présidentielle dans nos ins-

titutions, quand on sait le poids qu’a ce débat etqu’à la veille du Conseil national, le premier sujetqu’on pointe, c’est de savoir si l’on doit organi-ser des primaires ou pas, je le dis, on devancela mort, on se suicide tous seuls. Pourquoi ?

Parce que notre première responsabilité, c’est degouverner. C’est un socialiste qui est à l’Élysée,c’est un socialiste qui est à Matignon, ce sont des

socialistes qui sont au gouvernement, qui sontdans les cabinets et qui sont au gouvernement.Donc, notre responsabilité, c’est de débattre,notre responsabilité, c’est de choisir, mais notreresponsabilité, c’est aussi de porter devant lesFrançais les débats qui permettent clairementde les entraîner. Et de ce point de vue, je veuxretenir deux choses dans le moment dans lequelnous sommes. C’est d’abord, et bien évidemmentla feuille de route qu’a tracée Jean-ChristopheCambadélis. Et il est d’ailleurs savoureux de voirque ceux qui réclamaient des primaires étaientles premiers, à l’occasion du dernier Conseil na-tional, à s’opposer à l’organisation d’états géné-raux à l’automne.

Nous avons besoin d’états généraux, non pas quenous ne sachions pas trancher les choses, noussocialistes, mais parce que nous savons que nousne sommes jamais aussi forts que quand celleset ceux pour lesquels nous nous battons viennentparler avec nous. Et donc de ce point de vue, l’ur-gence, c’est la réussite de ces états généraux.

Le deuxième sujet qui me paraît tout à fait fon-damental, au-delà du Parti socialiste, au-delà dela gauche, c’est la République qui est en danger.

Nous avons une occasion de faire œuvre utilepour la République. C’est évidemment la réformedes territoires qui vient. Il y a deux solutions :soit nous la prenons comme des quincailliers,comme des boutiquiers de savoir si tel ou tel

CARLOS DA SILVA 

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département doit aller dans telle ou telle région.Et je ne nie pas les questions d’identité territo-riale, mais évidemment ce n’est pas à la hauteurde la situation, en tout cas quand on parle de lagauche. La hauteur de la situation, c’est de direce que nous voulons pour les territoires, c’est dedire que là où le Front national prospère, c’est làoù les services publics ont reculé. Et que donc,

il faut se saisir de cette réforme pour renforcerl’architecture territoriale des services publics, etque nous pouvons le faire avec le regroupementdes régions et la clarification des compétences.Et que si nous changeons, et que nous passonsdu débat technique au débat politique, eh bien,nous pouvons remettre la République en mouve-ment, et quelque part la refonder, et je crois, meschers camarades que c’est une de nos missionshistoriques.

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Le Premier secrétaire national a informé les membres du Bureau national réunis mardi 17 juin 2014 de lanomination d’un Secrétaire national et de 14 secrétaires nationaux adjoints. Il s’agit de :

• Gilles PARGNEAUX, nommé Secrétaire national Nord/Sud au sein du pôle « Mondialisation, régulation,

coopération » animé par Jean-Marc GERMAIN

AU SEIN DU PÔLE DES SECRÉTARIATS NATIONAUX FONCTIONNELS ANIMÉ PAR CHRISTOPHE BORGEL :

• Auprès de Christophe BORGEL : Rachid TEMAL, Thomas LARDEAU, Nicolas BAYS, nommés Secrétairesnationaux-adjoints aux Élections

• Auprès d’Alain FONTANEL : Gwendal ROUILLARD, nommé Secrétaire national-adjoint aux Fédérations

• Auprès d’Émeric BRÉHIER : Gwenegan BUI, nommé Secrétaire national-adjoint à la Rénovation

AU SEIN DU PÔLE « PRODUCTION ET RÉPARTITION DES RICHESSES » ANIMÉ PAR KARINE BERGER :

• André VIOLA, nommé Secrétaire national-adjoint au Tourisme• Joël CARREIRAS, nommé Secrétaire national-adjoint aux Transports• Fabrice VERDIER, nommé Secrétaire national-adjoint au Commerce et à l’artisanat

• Auprès de Juliette MÉADEL : Luc BELOT, nommé Secrétaire national-adjoint au Numérique et LaurentCERVONI, nommé Secrétaire national-adjoint à l’Économie sociale et solidaire

AU SEIN DU PÔLE « COHÉSION TERRITORIALE ET JUSTICE SOCIALE »:

• Auprès de Samia GHALI : Stéphane TROUSSEL, nommé Secrétaire national-adjoint au Logement

• Auprès de Marc MANCEL : Luc BROUSSY, nommé Secrétaire national-adjoint aux Personnes âgées

AU SEIN DU PÔLE « PRÉPARATION DE L’AVENIR » ANIMÉ PAR CLOTILDE VALTER:

• Auprès d’Elsa DI MÉO : Brigitte BOURGUIGNON, nommée Secrétaire nationale-adjointe aux Sports

• Auprès de Colombe BROSSEL : Yannick TRIGANCE, nommé Secrétaire national-adjoint à l’Éducation

NOMINATION D’UN SECRÉTAIRE NATIONALET DE 14 SECRÉTAIRES NATIONAUX ADJOINTS

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Espace Encan – Quai Louis-PrunierOuverture de l’accueil aux participants vendredi 29 août à 11 ho Tarif participant : 50€ (hors repas, transport et hébergement)

• Deux repas sont proposés (sous réserve de disponibilité) :

o Samedi midi - buffet : 8€o Samedi soir (dîner assis et soirée festive) : 18€o Samedi midi et samedi soir : 25€

Total : €

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UNIVERSITÉ D’ÉTÉ DE LA ROCHELLE29 I 30 I 31 AOÛT 2014