L'Incompétence Est Le Secret de Carrière

Le secret de toute bonne carrière: l’incompétence!

15 janvier 2014

Il est huit heures passées et comme l’a bien dicté l’habitude et la routine, je suis le premier à

m’installer dans l’open space…ce n’est pas par amour du travail, ni par rigueur ou discipline, mais

plutôt un rituel ancestral où le petit salarié doit sacrifier quelques heures de sommeil pour éviter les

longues files de voitures, les bouchons et la pluie de klaxons qui cherchent une raison d’être, au-delà

du mauvais tempérament des conducteurs. Je règle la hauteur de ma chaise, je positionne l’écran de

mon poste et j’essaye tant bien que mal de donner un sens à cette journée de travail, qui par certitude

se verra perdue entre les lignes et les colonnes d’une feuille Excel afin de satisfaire une requête

aléatoire venant de la part d’un clown disposant de l’appui de mon chef et surtout de beaucoup de

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temps. C’est là où le coursier vient à la rescousse en distribuant le journal quotidien (ça m’évitera de

réfléchir pour une bonne petite demi-heure), qui normalement ne m’est pas destiné, ni à moi, ni à mes

semblables, seuls les managers ont droit d’en disposer gratuitement, nous autres prolétaires

matinaux on se suffit de le dérober pour en tirer quelques informations volatiles et imprécises qui

dans leur grande majorité sont sans importance ou impact sur notre activité…pourtant de nombreux

clowns baseront toute une stratégie sur un article et dépenseront par conséquence des millions, sans

même savoir qu’il était rédigé par un stagiaire qui arrivait à peine à utiliser Google proprement pour

résumer une rumeur naissante!

A ma grande surprise, le journal est en édition spéciale et je ne peux qu’exprimer ma grande joie vu

que je serai lobotomisé pour une heure entière, au lieu de la demi-heure estimée auparavant. En cette

édition spéciale, le jeune rédacteur (qui est nécessairement jeune d’après le premier postulat de

l’entreprise, pour pouvoir écrire des bêtises pareilles) fournit différents conseils et astuces

garantissant pour le lecteur une bonne évolution et permettant ainsi de grimper les échelons et

devenir un col blanc respectable et vénéré par tout le monde! L’article en lui-même essaye de mâcher

tant bien que mal ce que l’intuition dicte par nature et de ce fait ne nécessitant pas une rédaction ou

une réflexion à étaler. Mais bon, quand je me rappelle du fait que c’est destiné à nos managers je me

dis « chacun son rythme ! ». Notre jeune rédacteur prône la compétence, la rigueur, le respect, la

ponctualité, la cumulation du savoir et des formations, la maîtrise, et un MBA !

A part la partie prêchant le MBA (dans son deuxième sens : « Manager By Accident »), je me disais que

l’article dégage une forte aura de naïveté. C’est alors que j’ai essayé de me remettre en question : j’ai

scanné du regard les bureaux des managers et des personnes qui ont bien évolué dans leur carrière en

essayant de donner une note de compétence sur une échelle de 10…la moyenne était à peine de 3 ! Ce

sont des personnes qui maîtrisent le moins ce qu’elles font, prennent les décisions les plus absurdes et

les plus destructives, travaillent selon les règles de l’aléatoire et l’accentuation de la futilité et surtout

sont la cause de mon malheur quotidien…pourtant ces mêmes personnes sont les plus appréciées par

la hiérarchie et ont évolué avec assurance. Appel au paradoxe ? Non loin de l’être, je dirai plutôt que

c’est le cours normal de l’écosystème de l’entreprise qui repose sur une règle majeure que j’annonce

comme suit : L’incompétence est le seul garant d’une bonne évolution de carrière, simple et efficace

même ! Les personnes les plus sceptiques, c’est-à-dire tout le monde, verront dans mes propos une

simple rage ou même une ignorance profonde de la puissance « magique » de la compétence…bon,

disons que ma réflexion émane d’un raisonnement et de plusieurs constatations.

Des problèmes et des hommes :Des problèmes et des hommes :Des problèmes et des hommes :Des problèmes et des hommes :

Imaginez que vous soyez une personne qui maîtrise parfaitement le scope de son travail et par la

même occasion compétente, dans ce cas vous allez réaliser tous vos projets dans le temps imparti

avec une bonne gestion du budget alloué en réalisant tous les objectifs prescrits. Sauf que d’après

notre postulat, la hiérarchie est incompétente et de ce fait va puiser dans son « scepticisme » (vu



qu’elle ne maîtrise rien) et va conclure avec certitude que votre travail est trop facile parce qu’il n’y

avait pas de complication! Un incompétent, sous les mêmes conditions, va foirer son projet et créera

plusieurs problèmes qu’il va naturellement essayer de régler et produira ainsi une illusion de

complexité et d’efficacité : la hiérarchie perçoit des problèmes résolus par l’incompétent, en ignorant

le fait qu’il est à l’origine de ces soucis!

La puissance deLa puissance deLa puissance deLa puissance de la délégation :la délégation :la délégation :la délégation :

L’incompétent par nature ne maîtrise rien et opte de ce fait pour une « stratégie », en vue de ventiler

toutes les tâches « complexes » ou vitales dans son scope, à savoir : la délégation, qui est une qualité

primordiale chez tout « bon » manager! Il n’est jamais gêné, parce qu’obligé, de demander toujours

aux autres des services de différents ordres qui peuvent varier de « s’il te plait je ne sais pas utiliser

Excel, peux-tu m’aider ? » à « s’il te plait si tu pars au troisième étage, dépose ce dossier pour moi ! ».

L’incompétent ne recourt jamais à Google mais demande, ne s’instruit jamais mais proclame, ne se

documente pas mais décide. De plus, l’incompétent recours tellement à cette stratégie qu’il maîtrise

(pour une fois !) une « qualité » appréciée par la hiérarchie : « délivrer à travers les autres ».

Eviter le danger :Eviter le danger :Eviter le danger :Eviter le danger :

Si vous êtes compétant dans une entreprise sainement constituée (c’est-à-dire sans aucune stratégie

de continuité ou une gestion du patrimoine de connaissances, et c’est peu dire !), on va vous charger à

chaque fois d’encore plus de choses à faire, des choses qui sont en général à caractère complexe et

qu’au bout de deux années vous serez le seul à en déceler le secret…en d’autres termes, vous

promouvoir serai un risque pour l’entreprise ! De ce fait la meilleure solution c’est de vous maintenir

dans votre poste pour éviter les dégâts. L’incompétent sera ainsi placé dans le poste où il fera le moins

de dégâts à savoir « Manager », conformément au principe de Dilbert !

LaLaLaLa sélection naturelle :sélection naturelle :sélection naturelle :sélection naturelle :

Toute personne compétente est par nature volatile, c’est-à-dire qu’elle est bien apte à changer de

boîte une fois l’environnement de l’entreprise ne favorise plus une évolution ou un épanouissement

personnel. Ceci dit, l’incompétent opte pour l’adhérence à son environnement et gagne de ce fait en

« années d’expérience » (passer dix années à faire de la merde, dans une boîte, sera toujours décrit

comme de l’expérience), ce qui le rend naturellement favorisé par une hiérarchie à jugement réduit, le

summum du darwinisme quoi!

Il est temps que je me décide, soit évoluer selon les règles de l’art et devenir incompétent ou bien

opter pour une forme de volatilité et chercher d’autres horizons…je pense que je laisserai cette



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décision pour demain, parce qu’aujourd’hui et comme tous les jours qui suivront je dois encore me

perdre dans un tableau Excel…

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2 commentaires sur “Le secret de toute bonne carrière: l’incompétence!”

Petit Wayne — 15 janvier 2014 à 15:50

« Délivrer à travers les autres » Très puissant comme concept !

Best of luck

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Comard de terrain — 16 janvier 2014 à 10:10

Il faut noter que l’incompétent est par construction un bon orateur ! Que ça soit en Français, Anglais,

Franglais et même en Arabe-Darija-MRE-Francisé (Darija dial lfchouch) devant ces n-(l’infini)…

Je pense que notre chèr ami « Comar » a pu décrire le quotidien de la plupart des gens cadres sérieux,

bien formés et compétents.

On attend avec impatience le prochain article

Tshuss !

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