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L’Insertion par l’Activité Economique en Guadeloupe : enjeux et perspectives « S’attaquer aux causes de la pauvreté et de la précarité, en opérant une refonte des politiques sociales », tel est l’objectif fixé par le grenelle de l’insertion en novembre 2007. Face à l’importance de la pauvreté et le sentiment accru d’exclusion, il devient nécessaire d’agir pour que tout un chacun trouve sa place au sein de la société. Cependant, les caractéristiques de la pauvreté ont bien évolué. Auparavant, seuls les vieux et les malades étaient considérés comme pauvres alors qu’aujourd’hui il s’agit de tous ceux qui sont exclus du marché du travail ou qui travaillent peu. N’importe quelle catégorie de la population peut ainsi être touchée, à n’importe quel âge et à n’importe quel moment. Les difficultés économiques que connaît la France depuis ces dernières décennies a conduit au chômage d’un grand nombre de personnes, et a alors contribué a augmenté la part de la population pauvre mais aussi l’émergence des phénomènes d’exclusion. En effet, en plus des difficultés matérielles auxquelles doivent faire face les individus pauvres, ils sont affectés par un ensemble d’évènement qui les conduit à se sentir exclus de la société. Pour venir en aide aux populations en situation d’indigence, l’Etat a donc mis en place différentes mesures pour leur porter une assistance ou encore pour leur donner les moyens d’assurer eux-mêmes leur subsistance. C’est à cette dernière logique que la notion d’insertion fait référence. En effet, il ne suffit pas simplement d’apporter une aide matérielle aux individus en situation de pauvreté, mais, il faut leur permettre de retrouver leur place au sein de la société. Le secteur de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE), en favorisant le travail, permet aux personnes les plus éloignées de l’emploi de s’insérer durablement sur le marché du travail. Compte tenu, de l’importance des phénomènes de pauvreté et d’exclusion, on est amené à se demander ce que pourrait représenter l’IAE face au processus de désaffiliation du lien social mais aussi face au marché « classique » du travail, en s’attachant particulièrement au cas de la Guadeloupe. Pour mener à bien notre étude, nous présenterons le secteur de l’IAE avant de centrer l’analyse sur les réalités du dispositif en Guadeloupe.

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L’Insertion par l’Activité Economique en Guadeloupe : enjeux et

perspectives

« S’attaquer aux causes de la pauvreté et de la précarité, en opérant une refonte des politiques

sociales », tel est l’objectif fixé par le grenelle de l’insertion en novembre 2007.

Face à l’importance de la pauvreté et le sentiment accru d’exclusion, il devient nécessaire

d’agir pour que tout un chacun trouve sa place au sein de la société.

Cependant, les caractéristiques de la pauvreté ont bien évolué. Auparavant, seuls les vieux et

les malades étaient considérés comme pauvres alors qu’aujourd’hui il s’agit de tous ceux qui

sont exclus du marché du travail ou qui travaillent peu. N’importe quelle catégorie de la

population peut ainsi être touchée, à n’importe quel âge et à n’importe quel moment.

Les difficultés économiques que connaît la France depuis ces dernières décennies a conduit au

chômage d’un grand nombre de personnes, et a alors contribué a augmenté la part de la

population pauvre mais aussi l’émergence des phénomènes d’exclusion.

En effet, en plus des difficultés matérielles auxquelles doivent faire face les individus pauvres,

ils sont affectés par un ensemble d’évènement qui les conduit à se sentir exclus de la société.

Pour venir en aide aux populations en situation d’indigence, l’Etat a donc mis en place

différentes mesures pour leur porter une assistance ou encore pour leur donner les moyens

d’assurer eux-mêmes leur subsistance. C’est à cette dernière logique que la notion d’insertion

fait référence. En effet, il ne suffit pas simplement d’apporter une aide matérielle aux

individus en situation de pauvreté, mais, il faut leur permettre de retrouver leur place au sein

de la société.

Le secteur de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE), en favorisant le travail, permet aux

personnes les plus éloignées de l’emploi de s’insérer durablement sur le marché du travail.

Compte tenu, de l’importance des phénomènes de pauvreté et d’exclusion, on est amené à se

demander ce que pourrait représenter l’IAE face au processus de désaffiliation du lien social

mais aussi face au marché « classique » du travail, en s’attachant particulièrement au cas de la

Guadeloupe. Pour mener à bien notre étude, nous présenterons le secteur de l’IAE avant de

centrer l’analyse sur les réalités du dispositif en Guadeloupe.

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Chapitre 1 : L’IAE : la valorisation du travail

La valeur travail dans le temps

Du latin « tripaliare » qui signifie torturer avec le tripalium (instrument formé de trois pieux),

le travail fait référence à une activité pénible exercée par l’homme pour transformer la nature.

Cette notion prendra pourtant de l’importance au cours du temps.

Les différentes conceptions du travail

N’étant pas reconnu comme une activité spécifique dans les sociétés primitives, le travail sera

considéré durant l’Antiquité comme une pratique réservée aux classes inférieures et aux

esclaves.

Vers la fin du Moyen-âge, cette vision change et le travail est réhabilité. Il s’agit désormais

d’une activité digne, qui relève du mérite. Max WEBER soulignera que durant cette période,

« le travail cesse d’être un simple fardeau pour devenir le lieu de la réalisation chrétienne au

service de Dieu et du prochain ».

Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, avec l’essor des rapports marchands et l’avènement du

capitalisme que la notion de travail émerge véritablement.

Si au sens large, le travail désigne toute activité qui produit des objets ou des services ayant

une valeur d’usage, il est essentiellement définit comme une activité rémunérée. Le revenu

perçu par le travailleur lui permet de subvenir à ses besoins et d’être plus autonome.

Au-delà de cet aspect matériel, le travail confère à l’individu une certaine utilité sociale, qui

justifierait alors sa rémunération. La société exprime sa reconnaissante envers le travail

effectué.

Le travail, un élément clé de l’intégration sociale

En France, c’est après la Seconde Guerre Mondiale que le travail prend une place considérable

dans la société.

Dévasté par la guerre, le pays doit entreprendre d’importants travaux de reconstruction, ce qui

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crée un fort besoin de main d’œuvre et par conséquent le développement de l’emploi.

La production de masse accentue la consommation et favorise ainsi la relance économique.

Durant cette période faste, le travail devient un élément clé de l’intégration sociale des

individus.

Il leur permet d’accéder à la consommation, mais également de se réaliser en tant que citoyen

en prenant part activement à la construction de la société. Des liens sont crées avec d’autres

personnes, en dehors de la sphère familiale par exemple. Aussi, le fait d’appartenir à une

communauté de métier va surtout contribuer à façonner l’identité sociale de l’individu.

Si l’importance du travail (tant sur le plan financier que social) est incontestable, la crise

économique des années 1970 va mettre à jour une situation jusqu’alors méconnu.

Dans ce climat morose, de nombreuses personnes vont se retrouver en marge de la société,

suite à la perte de leur emploi. En effet, elles ne peuvent plus, ou ont du mal, à satisfaire leurs

besoins essentiels (se nourrir, se loger, etc.) mais elles se sentent surtout exclus de la

communauté et n’y trouve plus leur place. Elles n’ont plus « ce travail », cette activité, qui

leur permettait d’exister et d’être reconnu au sein de la société.

II- L’insertion par le travail

De l’assistance à l’insertion

Pour venir en aide aux personnes en situation de précarité, l’Etat a mis en place des politiques

sociales1 qui accordent des prestations financières.

Ainsi ont été créée, les minimas sociaux (minimum vieillesse, minimum invalidité) destinées

aux personnes défavorisées sous condition de ressources, ou encore les prestations familiales

délivrées selon certains critères (nombre d’enfant, type de ménage, etc.) mais s’adressant à

l’ensemble de la population.

A travers le système de sécurité sociale, l’Etat a également permis de couvrir certains risques

dans le domaine de la santé (assurance maladie), du travail (assurance chômage, accident du

travail), ou de la vieillesse (système de retraite par répartition).

1 Ces politiques sociales sont financées par l’impôt ou le budget de l’Etat

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L’ensemble de ces mesures sont destinées à réparer les problèmes sociaux mais seulement à

travers l’aspect pécuniaire. Elles laissent de côté toute une facette de la pauvreté/exclusion : le

sentiment d’être rejeté, de ne pas être utile à la société.

C’est dans ce contexte que des pratiques d’Economie Sociale et Solidaire (ESS) vont se

développer, afin de construire « une société plus juste » qui ne laisserait de « côté » aucun de

ses membres.

L’Economie Sociale et Solidaire reflète avant tout la volonté de renouer l’économie avec des

valeurs plus solidaires et démocratiques, par opposition à l’économie capitaliste guidée par

une logique de profit.

Un domaine particulier de ce secteur privilégie l’insertion par le travail pour faire face au

processus d’exclusion.

Un bref historique de l’IAE

Naissance de L’Insertion par l’Activité Economique : traiter le social par l’économique

A la fin des années 1970, la France vit des moments difficiles : un chômage de masse et des

phénomènes de pauvreté exclusion de plus en plus visible.

Dans un tel contexte, travailleurs sociaux et militants associatifs prennent en main la question

des personnes en difficulté. Ils cherchent de nouveaux dispositifs d’insertion car ils

considèrent que les solutions proposées jusque là par les pouvoirs publics étaient vecteur

d’assistance.

C’est à cette époque qu’une réflexion s’engage sur l’utilité d’associer le travail social et la

production économique comme outil d’insertion. Ainsi, les travailleurs sociaux créent les

premières « entreprises alternatives d’insertion ». En échange d’un salaire, les personnes en

insertion (chômeurs, personnes en situation de précarité, exclusion, et pauvreté) participent

aux activités et à l’organisation de l’entreprise.

En 1979, une circulaire de la DGAS (Direction Générale de l’Action Sociale) encourage ces

initiatives et légitime l’existence d’un nouveau dispositif d’insertion qui sert de transition vers

le marché du travail. C’est la naissance de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE).

Le développement du secteur : émergence des SIAE et premiers soutiens de l’Etat

Dans les années 1980, les premières Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE)

apparaissent : les Régies de Quartier (1980), les Entreprises d’Insertion et les Associations

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Intermédiaires (1983), les Entreprises de Travail Temporaire (1984).

En 1991, l’Etat reconnaît l’existence de ses SIAE, créant le Comité National de l’Insertion par

l’Activité Economique (CNIAE).

La reconnaissance institutionnelle de l’IAE

En 1998, la loi d’orientation relative à lutte contre l’exclusion donne une définition légale de

l’IAE et réglemente le fonctionnement des SIAE.

« L’insertion par l’activité économique a pour objet de permettre à des personnes sans emploi,

rencontrant des difficultés sociales et professionnelles particulière, de bénéficier de contrat de

travail en vue de faciliter leur insertion sociale et professionnelle. Elle met en œuvre des

modalités spécifiques d’accueil et d’accompagnement ».

Chapitre 2 : L’IAE, un sas vers l’emploi

L’Insertion par l’Activité Economique permet à des personnes éloignées de l’emploi

(allocataires du RMI, bénéficiaires des minimas sociaux, chômeurs de longue durée …) de

bénéficier d’un contrat de travail pour faciliter leur insertion sociale et professionnelle.

I- Une mission : l’employabilité pour tous

Personne n’est condamné à rester exclu du marché du travail. Partant de ce principe, l’IAE

propose une mise en situation de travail pour acquérir les compétences techniques et sociales

nécessaires au maintien de l’employabilité.

Une activité économique organisée autour de l’objectif d’insertion

L’IAE s’est construit autour d’un postulat : pour réussir l’insertion des publics exclus, les

logiques économiques et sociales sont indissociables. C’est la raison pour laquelle, ce

dispositif associe :

un emploi rémunéré dans le cadre d’un contrat de travail,

et un accompagnement socio-professionnel.

Les modalités d’action de l’IAE reposent sur le salariat, c’est-à-dire, que l’insertion et la

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reconnaissance sociale s’effectue grâce à l’échange d’un travail contre une rémunération.

Toutefois, il faut noter que les situations de travail sont adaptées et les modes d’organisation

aménagés pour les personnes en insertion rencontrant des difficultés particulières2.

Une passerelle vers un nouveau départ

Un des points essentiels de l’IAE est son aspect transitoire. Loin de fournir un emploi durable

à des personnes en difficulté, il vise au contraire à leur redonner de l’employabilité aux yeux

des entreprises classiques.

La reprise d’une activité permet de se refamiliariser avec le monde du travail (réadaptation à

un environnement professionnel, règles et horaires à respecter).

L’accompagnement professionnel se concentre sur l’acquisition de certaines qualifications

(par le biais des formations), et enfin l’accompagnement social s’attaque à tous les éléments

qui constituent un frein à l’insertion (problèmes de logement, santé, isolement).

En somme, l’IAE conditionne les personnes en difficulté et leur donne les outils nécessaires

pour retrouver un emploi sur le marché ordinaire du travail.

Un tour d’horizon sur le secteur de l’IAE

L’insertion par l’activité économique est mise en place par divers organismes appelés

Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE).

On en distingue deux types :

les structures du secteur marchand (commercialisation de biens et de services). Il s’agit

2 Il s’agit de l’âge, l’état de santé, les situations matérielles précaires…etc.

Personne en

difficulté,

accès direct

difficile Marché de l'emploi

l Parcours

d'insertion par î

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des entreprises d’insertion (EI), les Entreprises de Travail Temporaire d’Insertion

(ETTI), les Associations Intermédiaires(AI) et les Régies de Quartier (RQ).

les structures d’utilité sociale 3 telles que les Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI)

L’action des SIAE s’organise autour de cinq grandes notions.

Le conventionnement

Chaque année, les SIAE sont conventionnées par la Direction Départementale du Travail, de

l’Emploi et de la Formation Professionnelle (DDTEFP). Cette convention détermine les

conditions d’exercice de l’activité des SIAE et les aides financières dont elles peuvent

bénéficier.

La délivrance de la convention certifie la qualité du travail effectué par les SIAE.

L’agrément préalable

Pour intégrer une SIAE, les personnes en difficulté d’insertion doivent bénéficier d’un

agrément délivré par l’ANPE. Cet agrément peut également être prescrit par l’ANPE ou

d’autres acteurs (Mission Locale, conseil général, Cap emploi, PLIE, espace insertion). Ces

organismes analysent la situation socio-professionnelle de chaque personne pour les orienter

vers la SIAE adéquate.

Le parcours d’insertion

Les personnes en difficultés sur le marché du travail bénéficient d’un parcours d’insertion4.

Durant ce parcours d’une durée de 24 mois, ils peuvent passer d’une SIAE à l’autre.

Le contrat

Les parcours se construisent dans un cadre contractuel. Par conséquent, les personnes en

insertion sont considérées comme des salariés.

L’accompagnement social et professionnel

Les actions d’accompagnement sont diverses et soutenues pour certaines par des financements

publics.

L’accompagnement professionnel peut prendre plusieurs formes : définir un projet

professionnel, réaliser un bilan de compétence et des acquis professionnels, apprendre un

3 Ce sont des activités rémunérées par des fonds publics et qui n’appartiennent pas au secteur concurrentiel 4 Un parcours d’insertion comprend un emploi rémunéré, des actions d’accompagnement et de formation

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savoir-faire, un métier, les règles de la vie professionnelle, entreprendre les actions de

formations, mettre en place une aide pour la recherche d’emploi.

L’accompagnement social s’effectue à travers diverses actions telles que la recherche

d’hébergement, la mise en place de permanence juridique ou administrative, le traitement des

problèmes d’addictologie, l’organisation de manifestation (culturelles, sportives, repas

commun) pour renouer le lien social.

II- Le fonctionnement des SIAE

Description des structures

L’Entreprise d’Insertion

Son action d’insertion s’oriente vers les chômeurs de longue durée, allocataires du RMI,

jeunes en grande difficulté, anciens détenus, ect.

Pour mener à bien sa mission, l’EI met en place un projet social fondé sur :

la réadaptation à un environnement professionnel (horaires, rythmes de travail, respect des

consignes, travail en équipe),

l’apprentissage professionnel (module de formation, remise à niveau,…)

l’aide aux démarches de la vie quotidienne (logement, santé,…)

L’entreprise d’insertion reçoit un financement de 9861 euros par poste d’insertion à temps

plein. Les salariés quant à eux bénéficient d’un Contrat à Durée Déterminé d’Insertion

(CDDI)5.

L’Association Intermédiaire

Les AI accueillent en général un public plus autonome. Ses salariés sont mis à disposition de

particuliers, d’entreprises, d’associations et de collectivités territoriales pour différentes tâches

5 Le CDDI peut être renouvelé deux fois dans la limite des 24 mois du parcours d’insertion.

Remarque : Les embauches en contrat d’alternance et Contrat d’Initiative Emploi (CIE) ne sont pas soumis à

l’agrément.

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(travaux occasionnels, d’emplois de maison, d’entretien, de nettoyage).

L’activité de l’AI s’appuie sur une double contractualisation :

un premier contrat6 est signé entre l’AI et le salarié en insertion,

et un deuxième7 avec l’utilisateur de la prestation.

L’Entreprise de Travail Temporaire d’insertion

L’ETTI s’adresse aux personnes en fin de parcours d’insertion, dans des domaines spécifiques

(manutention, bâtiment, entretien, nettoyage).

Le salarié en insertion signe un contrat de mission avec l’ETTI et est mis à disposition dans

une entreprise cliente.

Un accompagnement (suivi dans l’entreprise cliente et dans la vie quotidienne) et une aide à la

formation sont dispensés par l’ETTI.

Conventionné, l’entreprise reçoit des subventions (soit 51000 euros par an pour un encadrant

qui assure le suivi de 12 salariés) pour l’accompagnement et non pour le poste de travail,

contrairement à l’entreprise d’insertion.

Les Ateliers et Chantiers d’Insertion

Les ACI d’adressent à un public très éloigné de l’emploi et constitue le premier échelon

d’insertion par le travail. Ils sont créés à l’initiative de plusieurs organismes8.

Les financements du secteur

Les SIAE peuvent avoir accès à de nombreux dispositifs publics pour mener à bien leur

mission. Pour obtenir ces financements, les SIAE doivent réunir 2 conditions : être

conventionné par l’Etat et les personnes embauchées doivent avoir un agrément de l’ANPE

des contrats aidés

6 Ces contrats peuvent être des CDD, CDI, temps partiels.

7 C’est un CDD appelé « contrat d’usage ».

8 Les associations, communes, département, EPCI, CCAS, CIAS, syndicat mixte, établissement d’enseignement

professionnel et d’enseignement agricole de l’Etat.

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ouvert aux SIAE du secteur d’utilité sociale (ACI), du secteur mixte (RQ) et aux AI : il

s’agit des contrats d’avenir (CA) et des contrats d’accompagnement dans l’emploi

(CAE)

ouvert aux SIAE du secteur marchand (EI, ETTI, AI ) et du secteur mixte : les contrats

d’insertion revenu minimum d’activité (CI-RMA), contrat initiative emploi (CIE)

ouvert à toutes les SIAE : le contrat de professionnalisation

les aides au poste pour les EI

les exonérations de cotisation

le Fond Départemental d’Insertion

D’autres aides viennent se greffer à celles-ci : aides publiques à l’accompagnement, aide

publique à la formation, appui social individualisé (ASI).

Chapitre 3 : Le travail au service de l’insertion

en Guadeloupe

La Guadeloupe comme la France métropolitaine doit faire face à l’émergence des phénomènes

d’exclusion, si ce n’est de manière beaucoup plus importante compte tenu de ses spécificités

économiques. Dans un contexte où de plus en plus de personnes se retrouvent sans emploi et

sont en marge de la société, l’IAE semble être une solution particulièrement adaptée pour leur

venir en aide. Mais qu’en est-il réellement ?

Ainsi, après avoir présenté l’organisation de ce secteur, nous essaierons d’évaluer l’IAE en

Guadeloupe.

I- L’organisation de l’IAE en Guadeloupe

A l’image de la France métropolitaine, l’IAE s’est développé en Guadeloupe pour venir en

aide aux personnes en difficultés sociales et professionnelles. Aussi, avant de présenter

l’organisation du dispositif en Guadeloupe, il convient de préciser le contexte particulier dans

lequel il évolue.

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La Guadeloupe : entre pauvreté, précarité et exclusion

L’analyse de différents indicateurs (situation du marché du travail, bénéficiaires des

prestations sociales, seuil de pauvreté) témoigne des phénomènes de pauvreté et de précarité

qui mènent à l’exclusion en Guadeloupe.

Un marché du travail marqué par le chômage et la précarité

Malgré un certain dynamisme en terme de création d’emploi (soit une augmentation de 48%

entre 1982 et 2005), le chômage ne cesse de progresser, et ceci en raison du nombre croissant

d’actifs.

En 2007, 22,7% de la population active est au chômage. Plus de la moitié des demandeurs

d’emploi sont au chômage depuis plus de 3 ans.

Les plus vulnérables sont les femmes (26,1% contre 19,2% pour les hommes), les jeunes de

15 à 24 ans et les personnes sans qualification (50,1% des jeunes sans diplôme sont au

chômage contre moins de 10% de ceux sortant de l’enseignement supérieur).

A cela vient s’ajouter une certaine précarité : près de 15% des emplois s’effectuent à temps

partiel. Ce sont les femmes (21%) et les jeunes de moins de 30 ans (23%) qui sont les plus

touchés.

Dans ce contexte, de nombreuses personnes sont exclues du marché du travail et connaissent

des situations de pauvreté et de désocialisation progressive.

Une action sociale très présente

Compte tenu du taux de chômage élevé, de nombreuses personnes connaissent des difficultés

financières et ne peuvent compter que sur le système d’assistance mis en place par l’Etat.

En Guadeloupe, 16% de la population est couverte par les minimas sociaux contre seulement

5% en France Métropolitaine.

Durant ces dernières années, le nombre de bénéficiaires de prestations sociales n’a cessé

d’augmenté, en particulier celui des allocataires du RMI (selon le CNAF, il y avait 26286

bénéficiaires en janvier 1999 contre 34693 en janvier 2006) et ceux de l’Aide au Logement

Social (7280 le 01.01.1999 et 12720 le 01.01.2006).

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Il faut noter que de manière générale, ce sont les femmes et les hommes isolés qui bénéficient

le plus du RMI, ainsi que les familles monoparentales. Ces personnes restent de façon durable

dans le dispositif.

En ce qui concerne l’aide sociale, 28% de la population était couverte par la CMU au 1er

janvier 2006 contre seulement 6,8 % en France Métropolitaine.

Une pauvreté bien marquée

Selon une étude publiée par l’Insee en 2005-2006, 12,5 % des ménages en Guadeloupe sont

pauvres contre 6% en métropole.

A partir de l’enquête “ Budget des familles ” de 2001, le seuil de pauvreté à été définit à 3 934

euros par an en Guadeloupe, soit le plus faible des Départements d’Outre-Mer (DOM).

La pauvreté touche principalement les couples ayant 3 enfants ou plus (18%) et les familles

monoparentales (13,1%). Les ménages les plus pauvres sont ceux des classes d’âges

intermédiaires (de 35 à 55 ans).

Cette présentation de la situation économique et sociale de la Guadeloupe témoigne bien du

nombre important de personnes en difficulté, qui ont besoin de mesures d’encadrement

adaptées telles que le propose l’insertion par l’activité économique.

Le pilotage de l’IAE au niveau départemental

Les premières structures d’insertion par l’activité économique apparaissent en Guadeloupe dès

1986, après la sortie au niveau national d’une circulaire qui légitime les entreprises

intermédiaires9.

La première structure créée en Guadeloupe est une association intermédiaire, les EI et d’autres

AI se sont développées progressivement sous l’impulsion des travailleurs sociaux. On observe

le même mouvement en Martinique.

Leur statut d’îles sœurs, va conduire la Guadeloupe et la Martinique, à créer l’URSIEA

9 Les entreprises intermédiaires qui deviennent en 1989 les entreprises d’insertion.

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(Union Régionale des Structures d'Insertion par l'Economique aux Antilles) en 1991. Elle va

regrouper pendant quelques années l’ensemble des structures d’insertion des deux îles. Par la

suite, chacune d’entre-elles va mettre en place son propre organisme.

L’URSIE-G : un organisme fédérateur

L’URSIE-G (Union Régionale des Structures d’Insertion par l’Economique de la Guadeloupe)

est créée en 1994, pour fédérer et promouvoir l’IAE sur le territoire.

Elle est chargée :

- d’accueillir les porteurs de projet,

- d’aider à l’élaboration des dossiers,

- de soutenir et d’apporter une assistance technique aux différentes SIAE

- d’assurer le suivi des structures d’insertion.

L’URSIE-G mène régulièrement des actions pour informer les différents acteurs de l’IAE et

bénéficie d’une aide financière de la DTEFP10.

La DTEFP et le CNASEA, des partenaires indispensables

La DTEFP située à Gourbeyre, détermine les financements accordés aux différentes SIAE

(Fonds Départemental d’Insertion, Aide à l’accompagnement, aide au poste d’insertion…)

mais délivre surtout les conventions pour permettre aux structures d’exercer leur activité.

C’est le CNASEA11 qui se charge du paiement des aides accordées par l’Etat, dont celles de la

DTEFP.

La DTEFP dispose d’un service spécifique en charge de l’IAE, situé à Jarry. Il accueille,

informe et apporte un conseil aux personnes désirant créer une SIAE. Il s’occupe de

l’instruction des demandes d’aides IAE, élabore les conventions, et prépare les CDIAE12.

C’est lors des CDIAE que les projets de structure sont présentés et que l’on formule un avis

10 La Direction du travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle

11 Le Centre National pour l'Aménagement des Structures des Exploitations Agricoles

12 Le Comité Départemental d’Insertion par l’Activité Economique

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sur leur conventionnement. Ce comité comprend : le Préfet, l’ANPE, la DTEFP, l’ADI13, la

DSDS14, le Conseil Régional, le Conseil Général, le CNASEA, les syndicats patronaux et

salariés, une personnalité qualifiée, la fédération des SIAE. Le CDIAE organise des réunions

environ tous les deux mois.

Au début de l’année 2007, une équipe d’insertion a été mise en place à l’ANPE, afin de

délivrer les agréments nécessaires aux structures pour l’embauche de salariés éloignés de

l’emploi. Cette équipe organise au cours de l’année des Comités Techniques d’Animation

(CTA) afin de rendre compte du travail effectué par l’ANPE et par les SIAE pour la

population en insertion.

Il existe ainsi tout un ensemble d’organisme en charge du dispositif d’IAE en Guadeloupe.

II- L’état des lieux du secteur

Après avoir présenté le contexte et le fonctionnement de l’IAE en Guadeloupe, nous allons

maintenant présenter l’offre d’IAE.

Les SIAE sur le territoire

En 2007, 37 structures ont été conventionnées par la DTEFP (16 EI, 19 ACI, 1 ETTI, 1 AI).

En ce qui concerne les services à la personne, 32 structures sont agréées (dont 22 agréments

simples et 24 agréments de qualité).

L'enveloppe consacrée au financement des différentes structures dans le département, s'élevait

à un montant de 3 331 106€.

Selon les rapports des CTA d’octobre et de décembre 2007, la Guadeloupe compte 55 SIAE

alors qu’en 2006 il n’y avait que 39 structures.

13 L’Agence Départementale d’Insertion

14 La Direction de la Santé et du développement social

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Graphique 1. (ombre de SIAE

Nombre de SIAE en Guadeloupe en 2007

EI

27

AI

6

ACI

19

ETTI

2RQ

1

0

5

10

15

20

25

30

1

EI

AI

ACI

ETTI

RQ

Les EI et les ACI sont les plus nombreuses sur le territoire. Par contre, on constate que les EI

ont tendance à augmenté alors que les AI diminuent

Graphique 2. Evolution (EI et AI) des SIAE en Guadeloupe

Evolution des EI et des AI de 2000 à 2007

0

5

10

15

20

25

30

35

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

EI

AI

Pour analyser le secteur de l’IAE en Guadeloupe, les CTA de l’ANPE distingue deux grandes

zones : la zone Est 15(SIAE situées sur la Grande-Terre, y compris Marie-Galante) et la zone

Ouest16 (SIAE de la Basse-Terre et de Saint-Martin).

Une zone Est bien desservie au niveau des SIAE

Plus de la moitié des SIAE du territoire (soit 69%) sont présentes sur la Zone Est, ce qui

correspond à 38 structures. Les SIAE sont essentiellement localisées en milieu urbain. On

distingue en particulier des EI (50%) et des ACI (34%).

Graphique 3. Répartition des SIAE par type et par territoire des ALE 17

15 La Zone Est regroupe les communes de Baie-Mahault, Abymes, Marie-Galante, Morne-à-l'Eau, Pointe-à-

Pitre, Saint François.

16 La zone Ouest regroupe les communes de Bouillante, Basse-Terre, Capesterre, Saint-Martin et Sainte-rose

17 Agence Locale pour l’Emploi (ALE)

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Source : CTA zone Est

Les SIAE sont concentrées en région pointoise (Pointe-à-Pitre, Abymes, Baie-Mahault). On

peut noter que la commune de Baie-Mahault regroupe que des entreprises d'insertions (EI) et

en plus grand nombre.

Les Ateliers Chantiers d'Insertion (ACI) sont situées en majorité en zone rurale (Saint-

François, Marie-Galante), où l’on retrouve les publics les plus éloignés de l’emploi.

L’unique Régie de Quartier de la Guadeloupe se situe sur le territoire des Abymes.

Des structures moins présentes sur la zone OUEST

Graphique 4. Répartition des structures par ALE

Source : CTA zone Ouest

Les structures les plus nombreuses sont les EI (47% des SIAE de la zone) et les ACI (35%).

C’est la ville de Basse-Terre qui recense le plus de SIAE (3 ACI et 5 EI).

Les AI sont uniquement situées à Sainte-Rose.

L’offre d’insertion

En 2007, toujours selon les CTA d’octobre et de décembre, 702 postes d’insertion ont été

conventionnés.

Graphique 5. Postes conventionnés par zone

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Postes conventionnés par zone

Zone Est

360

51%

Zone Ouest

342

49%

Zone Est

Zone Ouest

Les SIAE de la zone Est embauchent en théorie18, un peu plus que celles de la zone Ouest.

Graphique 6. Secteurs d'activités par zone

Les secteurs d’activité les plus représentés sont ceux des espaces verts, de l'environnement,

viennent ensuite ceux des entretiens courants et le BTP.

Les postes d’insertion de la zone Ouest se concentrent sur 5 secteurs (espaces verts, BTP,

environnement, ménage, tertiaire) alors qu’ils s’étendent sur davantage de secteurs dans la

zone Est (tel que l’agriculture, l’artisanat, l’entretien courant, etc.). Aussi, on note que

l’essentiel des postes de la zone Ouest ont été conventionnés pour l’activité des espaces verts.

Des embauches plus ou moins importantes

Graphique 7. (ombre de postes conventionnés, postes pourvus et agréments délivrés par

type de structure

18 Le nombre de poste prévus par les conventions n’est pas toujours respecté

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Source : CTA zone Est

Durant l’année 2007, 360 postes ont été conventionnés sur la zone Est et seulement 237 postes

ont été pourvus. 486 agréments ont été délivrés, ce qui signifie que les SIAE ont embauché en

moyenne 2 personnes par poste19.

Les emplois qui ont été proposés sont ceux de livreur, manutentionnaire, serveur, ouvrier

polyvalent du BTP, femme de ménage, mécanicien, ou encore agent d’entretien (espaces verts,

entretien courant).

Sur la zone Ouest, bien que les SIAE soient moins nombreuses, le nombre de poste

conventionnés (342) est presque équivalent à celui de la zone Est.

Graphique 8.(ombre de postes conventionnés par ALE et par type de structures

Source : CTA zone Ouest

Cependant, on constate que les agréments délivrés sont largement insuffisants compte tenu du

nombre de postes d’insertion à pourvoir. Seuls les EI bénéficient d’agréments (75 pour 101

postes conventionnés).

19 En effet, un poste conventionné peut être occupé par plusieurs salariés au cours d’une année

(en général au moins 2).

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Graphique 9. Les agréments délivrés (en cours au 30/10/07)

Source CTA zone Ouest

Les secteurs d’activité concernés sur la zone Ouest sont : l’entretien de locaux, les services à

la personne (repassage, ménage, portage de repas), le bâtiment (réhabilitation, maintenance

technique), et les espaces verts (entretien, embellissement, fleurissement).

On distingue toutefois des activités nouvelles autour de l’hôtellerie/restauration (tables

d’hôtes), le tourisme (gestion de gîtes), l’environnement et la fabrication artisanale.

Le profil des bénéficiaires en insertion

Zone Est

Graphique 10. Bénéficiaires de l'IAE par âge (en 2006 et fin septembre 2007)

Source : CTA zone Est

En 2006 l’offre d’insertion s’est majoritairement adressée aux « 25 - 50 ans » (78%).

A la fin de l’année 2007, l’IAE s’est davantage orientée vers les jeunes (seulement 16% en

2006 contre 29% en 2007). Les plus de 50 ans sont de moins en moins concernés par l'IAE (de

2006 à 2007, le nombre de personne de plus de 50 ans est passé de 6% à 3% soit une baisse de

3 point).

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Graphique 11. Répartition des bénéficiaires par aide accordée en 2006 et 2007

Source : CTA zone Est

Les bénéficiaires du RMI sont principalement concernés par l’offre d’insertion de l’IAE (plus

de 50% en 2006 et 80% en 2007).

Zone Ouest

Graphique 12. Profil des bénéficiaires en insertion

En zone Ouest également, ce sont les personnes âgées entre 25 et 50 ans qui sont en

insertion, et se sont essentiellement des allocataires du RMI.

Chapitre 4 : L’IAE face aux réalités du terrain

I- L’exemple d’une structure d’insertion par l’activité économique : EME

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Pour mieux se rendre compte de la réalité des SIAE en Guadeloupe, nous avons choisi de

rencontrer une structure en particulier, pour qu’elle nous fasse part de son fonctionnement et

de ses résultats vis-à-vis des objectifs fixés.

L’organisation de la structure

EME (Entreprise de Maintenance et d’Entretien) est une entreprise d’insertion implantée sur

le territoire de Baie-Mahault depuis 1997. Il s’agit d’une EURL (Entreprise Unipersonnelle à

Responsabilité Limitée), filiale de la Semsamar20, qui s’engage à intervenir auprès des publics

connus ou suivis par les organismes sociaux.

Son activité principale est l’entretien des espaces verts et la maintenance industrielle

(nettoyage courant).

Les chantiers sur lesquels l’entreprise travaille ont été obtenu après avoir répondu à des appels

d’offre, et les activités de nettoyage s’effectuent souvent dans des résidences.

Pour assurer son activité, EME ne bénéficie que de fonds publics, comme par exemple l’aide

versée par le CNASEA pour financer les postes d’insertion.

La structure comprend 4 salariés permanents : une gérante, une secrétaire-comptable et 2

encadrants technique qui s’occupent des ouvriers embauchés.

Les autres membres de la structure sont les salariés en insertion (ouvriers, femmes de

ménages) qui bénéficient d’un contrat de travail à durée déterminée. Ce sont des chômeurs de

longue durée (de 1 à 3ans) recrutés par l’ANPE. Ils effectuent tous 35 heures de travail

hebdomadaire.

En moyenne, la structure fonctionne avec moins de 20 salariés.

Afin d’assurer au mieux l’accompagnement, la structure fait appel à une technicienne

d’insertion, qui se tient à disposition des salariés une fois par semaine.

Un parcours d’insertion est défini selon 3 grands axes :

- l’accueil et l’orientation,

20 La SEMSAMAR est une société d’économie mixte qui œuvre en faveur du développement local. Elle

intervient dans les domaines de l’aménagement du territoire, du logement social, et de la gestion des services et

équipements publics.

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- la qualification sociale et professionnelle,

- la préparation à la sortie de l’entreprise.

Le fonctionnement de l’entreprise

A leur arrivée, un premier contact est établit avec les salariés en insertion :

un diagnostic social identifie les besoins et les problèmes rencontrés au quotidien

(logement, famille, santé, intégration culturelle, etc.),

ensuite, un entretien d’Analyse Initiale de la Demande permet de réaliser un diagnostic

personnel et professionnel.

Le diagnostic personnel s’effectue en travaillant sur le Soi (histoire de vie, personnalité,

motivation, questionnaire d’intérêts, systèmes de valeurs).

Le diagnostic professionnel quant à lui, est élaboré selon le cursus scolaire et celui de

formation, mais aussi selon le parcours professionnel (postes occupés auparavant, « jobs », vie

associative). A partir de ces informations, on peut déterminer les compétences, les centres

d’intérêts et les attentes des salariés.

Les actions mises en place

Aider à la recherche d’un logement, traiter les addictions en faisant appel à des organismes

spécialisés (par exemple les alcooliques anonymes en cas de dépendance à l’alcool), sont des

mesures que l’EME propose pour pallier aux difficultés sociales des salariés.

Au niveau de l’accompagnement professionnel, des bilans de compétence sont réalisés

(notamment auprès du CIBC de Basse-Terre21), des remises à niveau (au GRETA22 de Basse-

Terre). Les salariés sont inscrits pour effectuer des formations qualifiantes (par exemple à

l’AFPA23 pour la formation d’assistance de vie).

EME accompagne également les salariés qui veulent créer leur propre entreprise :

21 Il s’agit du Centre inter-institutionnel de Bilan de Compétences de Basse-Terre

22 Le GRETA est un Groupement d’ETAblissements publics locaux d’enseignement qui fédèrent leurs

ressources humaines et matérielles pour organiser des actions de formations continue pour adultes.

23 Il s’agit de l'Association de Formation Professionnelle des Adultes

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- vérification de la viabilité des projets,

- montage du dossier administratif et financier,

- demande de subvention.

Aussi, à la fin de leur contrat d’insertion, les salariés qui le souhaitent peuvent bénéficier d’un

accompagnement vers l’emploi (techniques de recherche d’emploi, élaborer un CV, une lettre

de motivation, etc.).

Un bilan mitigé

A partir des informations que EME a bien voulu nous donner, nous avons tenté d’établir un

bilan de l’activité de la structure.

Un emploi durable pour 7 ouvriers

« Ayant du mal à s’en sortir » (c’est-à-dire terminer les chantiers dans les délais), à partir de

2004-2005, l’entreprise a décidé d’avoir des ouvriers permanents qualifiés. Ainsi, 7 ouvriers

qui étaient au départ des salariés en insertion ont été embauchés par la suite en contrat à durée

indéterminée (CDI) à EME.

En plus de leur activité sur les chantiers, ces ouvriers permanents prennent en charge la

formation des salariés en insertion.

Au delà de leur présence sur le terrain, ils servent de référent pour faire part des difficultés

rencontrées par le personnel.

Malgré cette note positive, EME doit faire face à des difficultés au quotidien

Une activité économique difficile

EME fonctionne de la même manière qu’une entreprise classique. Elle n’échappe donc pas

aux lois du marché et en particulier à la concurrence.

Compte tenu de la faible productivité de leurs salariés, l’entreprise doit toujours redoubler

d’effort pour pérenniser son activité. La gérante avoue même « être souvent obligé de fixer les

prix au plus bas » pour se maintenir sur le marché, ce qui ne suffit pas pour autant.

Ils ont en effet, récemment perdu des chantiers d’intervention car ces derniers ont été redonnés

à une entreprise du secteur privé.

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Un accompagnement qui ne va pas au bout de ses objectifs

A partir des bilans d’accompagnement, nous avons pu voir que durant la période 2004-2005,

EME a organisé des entretiens avec chacun de ses salariés en insertion (16 en 2004 et 12 en

2005).

Elle a permis à un salarié de retrouver un logement locatif, à un autre, de monter son projet de

création d’entreprise, jusqu’à la demande de subvention.

La gérante souligne les améliorations au niveau de la santé physique et de la souffrance

psychique des salariés, mais aussi au niveau de leur comportement face au travail (adopter un

rythme de travail, respecter des horaires).

L’objectif de l’accompagnement est de permettre aux salariés en insertion de retrouver un

emploi sur le marché classique du travail. Or à EME, on ne peut pas savoir ce que sont

devenus les salariés, une fois leurs parcours d’insertion terminé car aucun suivi n’est mis en

place.

L’entreprise souligne également les difficultés qu’elle rencontre pour la formation.

Des projets, certes, ont été faits mais beaucoup d’entre eux n’ont pas pu aboutir à cause des

listes d’attentes souvent trop longues (par exemple, en 10 ans d’existence, elle n’a jamais pu

bénéficier de formation auprès de l’AFPA, qui n’existe plus aujourd’hui mais qui constituait

une structure importante) ou encore en raison du manque de motivation des salariés (certains

abandonnent la formation en cours).

C’est d’ailleurs pour cette dernière raison, que la technicienne d’insertion qui assurait

l’accompagnement social depuis 10 ans, a démissionné en 2007. « Elle s’est essoufflée et

avait l’impression de se battre toute seule ». En dépit des difficultés, les salariés en insertion

n’intégraient pas le rôle de tremplin de l’IAE et l’opportunité qui leur était offerte pour

renouer avec le marché du travail et (re)construire leur projet professionnel. « Ils perçoivent

l’entreprise d’insertion juste comme une structure qui leur propose un travail pendant au

moins deux ans ». Ils essayent parfois d’élaborer un projet professionnel, mais ne s’y tiennent

pas.

Depuis le départ de la technicienne d’insertion, l’accompagnement est assuré par la gérante de

la structure, mais aucune formation n’a pu être mise en place. Cependant, l’entreprise a déjà

contacté un organisme relais où une toute une équipe assure l’accompagnement professionnel

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et social. Elle espère parvenir ainsi à remobiliser les salariés.

Malgré tout, l’entreprise à des projets. EME envisage de diversifier son activité, et souhaite

développer une activité commerciale pour être beaucoup moins dépendante de l’Etat. On

ressent une réelle motivation d’œuvrer dans le secteur de l’IAE et de « se donner les moyens »

d’y arriver.

II- Les résultats du secteur en Guadeloupe

A partir d’une enquête réalisée auprès des SIAE et du public en insertion, mais aussi à

travers les comptes-rendus des rencontres avec les divers organismes en charge de l’IAE en

Guadeloupe, nous pouvons établir un premier bilan du secteur.

Une mission d’insertion difficile à mettre en place

Une offre insuffisante

Les structures implantées sur le territoire ne sont pas très nombreuses et se concentrent en

zone urbaine alors que le besoin se situe davantage dans les milieux ruraux où le nombre de

chômeurs est très important. A titre d’exemple, le Nord Grande-Terre est dépourvu de SIAE

alors que les situations de précarité d’exclusion y sont les plus visibles.

Toutefois, cette tendance peut être nuancée car dans beaucoup de SIAE, les salariés sont

recrutés sur plusieurs communes et leur présence quotidienne au sein de la structure n’est pas

obligatoire. Une personne embauchée par une SIAE à Pointe-à-Pitre peut exercer son activité

d’entretien des espaces verts, de nettoyage dans une commune du Nord Grande-Terre.

L’offre d’insertion dans le secteur de l’IAE est relativement faible, compte tenu du nombre

important de personnes en situation de pauvreté et d’exclusion. A titre d’exemple, il y avait

34 410 bénéficiaires du RMI en 2006 et si l’on fait l’hypothèse que ce chiffre n’a guère évolué

durant l’année 2007, seulement 561 personnes24 en insertion été embauchées au sein des

SIAE, alors que 702 postes avaient été conventionnés. Bien que le nombre de poste en

insertion soit au départ limité, les objectifs fixés ne sont pas atteints. Les SIAE ont du mal à

24 Selon les données des CTA durant l’année 2007

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respecter leur engagement en termes d’embauche.

Des difficultés financières

Les SIAE connaissent de nombreuses difficultés financières. La plupart d’entre-elles ne

disposent que de fonds publics ce qui n’est pas toujours suffisant pour assurer la pérennité de

leur activité.

De plus, on constate une très faible productivité de la part des travailleurs en insertion, ce qui

confronte, le plus souvent, les structures à un manque à gagner mais les rendent surtout plus

vulnérables.

Les SIAE n’ont pas de fond de roulement et ne peuvent pas accéder aux prêts bancaires. Le

FDI25 ou encore l’aide à l’accompagnement leur permettent de mettre en place leur activité.

Mais cela ne suffit pas toujours face à l’importance de la concurrence du secteur marchand. A

titre d’exemple, 2 EI ont bénéficié en 2007 de l’aide exceptionnelle du FDI à la consolidation,

mais l’une d’entre-elles a tout de même été obligé de cesser son activité et les salariés ont été

licencié.

Des blocages administratifs

Dans le cadre du FDI, la DTEFP fait remarquer les difficultés administratives de certaines

structures pour justifier les dépenses effectuées avec des factures acquittées, ou d’utiliser les

sommes allouées pour les objets fixés.

Les AI n’arrivent pas à élaborer les documents qualitatifs et quantitatifs pour permettre de

retracer le résultat de leur activité afin de renouveler leur convention ou recevoir des aides.

Les ACI rencontrent à peu près les mêmes problèmes pour justifier leur subvention mais ont

surtout des difficultés pour mettre en place leur projet et élaborer un bon dossier.

Un accompagnement pas toujours adapté

25 Le Fonds Départemental pour l’Insertion (FDI) vise à financer le développement et la consolidation des

initiatives locales en matière d’IAE. Il peut apporter des financements pour l’aide au conseil (soutenir les

organismes désirant créer une SIAE), ou encore pour l’aide au démarrage, au développement des SIAE.

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La formation, le suivi et l'accompagnement social des personnes en insertion constituent le

principal problème des SIAE.

En Guadeloupe, il est très difficile de mettre en place des formations adaptées à chacun. Les

centres de formations qui s'adressent au public en insertion, notamment pour les remises à

niveau (français, mathématiques, etc.), ne sont pas nombreux et les places sont restreintes.

D’autre part, il est difficile de proposer des formations à des salariés qui n'ont aucun projet

(personnel ou professionnel) définit, comme c’est souvent le cas. Une structure nous confie

que « les salariés joue le jeu pour entrer au sein de l’EI, mais ça ne va pas plus loin ».

De plus, au sein des SIAE, il n'existe pas suffisamment de réseaux de professionnels

permettant le suivi, tant psychologique que social, des salariés.

Comme on peut le constater les difficultés sont tout de même importantes, les problèmes de

financement, de gestion, d'accompagnement, constituent tous, un frein au bon fonctionnement

de l’IAE en Guadeloupe. Et face à toutes ces contraintes, il est important pour nous, d'étudier

le comportement des premiers concernés : le public en insertion.

La parole au public en insertion

En donnant la parole au public en insertion, nous avons pu mesurer l’impact de l’IAE sur les

bénéficiaires mais aussi identifier leurs besoins et leurs attentes vis-à-vis des structures.

Il faut noter ici, que près d’un tiers des questionnaires retournés n’ont pas été renseignés.

Ceci peut s’expliquer par le manque de confiance des salariés face à cette démarche

d’enquête, la crainte d’éventuelles « représailles », de dire ce qu’ils pensent réellement ; ou

tout simplement par le manque d’intérêt qu’ils portent aux structures d’insertion.

Le profil

Les salariés en insertion sont en général des « 25-50 ans » et arrivent au sein des SIAE par

candidature spontanée ou par l’ANPE.

La plupart d’entre-eux sont des chômeurs de longue durée, qui bénéficiaient de minimas

sociaux avant leur entrée dans la structure. Ils n’ont pas de qualification et leur niveau moyen

d'étude est le BEPC ou encore le niveau collège, primaire.

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L'illettrisme est l'une des plus grandes difficultés rencontrées par ces employés, viennent

ensuite les problèmes de mobilité (absence de permis de conduire ou de voiture).

Les apports de la structure

Les personnes en insertion pensent que leur situation a tout de même un peu évolué depuis

leur arrivée dans la structure, en particulier au niveau financier. Ainsi, un jeune salarié en

insertion affirme que ce travail lui a permis d’être indépendant vis-à-vis de ses parents.

Des apports également au niveau personnel et professionnel sont à noter.

« Grâce à cette structure, j’ai une identité professionnelle et la garantie de pouvoir nourrir ma

famille ». Sur le plan personnel, « cela m’a permis de rencontrer du monde », « d’être

responsable », « de me sentir bien », « d’être plus à l’écoute des autres ». Développer le côté

relationnel est très important pour les salariés, car renforcer le lien social est le principal

objectif de l’IAE.

Sur le plan professionnel, ils admettent que la structure leur apporte une qualification, de

l’expérience après une longue période d’inactivité. Ils apprennent à « travailler en équipe », à

« être ponctuel ». Le travail leur permet de retrouver une identité, et de sentir intégré dans la

société.

Toutefois, bien que les salariés estiment qu’ils aient fait des progrès en entrant dans la

structure, ils ne sont pas toujours satisfaits de l’accueil et de l’accompagnement qui leur est

apportés.

Les attentes vis-à-vis des SIAE : ente illusion et passivité

Les salariés espèrent que la formation soit mieux adaptée et beaucoup plus ouverte en termes

d’offre.

Dans ce domaine d’ailleurs, la responsable d’une structure nous faisait remarquer que de

nombreuses formations ne sont pas accessibles en Guadeloupe et qu’il serait bien de favoriser

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les formations vers la France.

Plus de la moitié des personnes interrogées souhaitent davantage d’encadrement, de soutien.

Une plus grande écoute pour qu’on puisse leur venir en aide car ils espèrent toujours

« acquérir les expériences et compétences nécessaires pour se réinsérer ».

Toutefois, en interrogeant les salariés sur leur projet d’avenir, ils souhaitent trouver un emploi

durable mais le plus souvent au sein de la même structure. Ceci traduit bien l’image qu’ils se

font de l’IAE : ils n’ont pas assimilé la logique de sas que constitue ce type de structure.

D’autres adoptent une position attentiste : ils considèrent l’entreprise d’insertion comme « une

structure leur assurant un travail pendant 2 ans », puis après « ils verront ». Une femme salarié

va plus loin en disant que la structure lui « apporte la stabilité de l’emploi ».

Ils souhaitent que « les contrats soient plus longs » et « payés beaucoup plus ». Le salaire

moyen au sein des EI interrogées était d’environ de 800 à 1000 €, et de 400 € au sein des

associations intermédiaires.

On constate tout de même que des salariés ont des projets de création d’entreprise (5 sur les

20 réponses obtenues) lorsqu’ils sortiront de la structure, d’autres envisagent de « passer le

permis », « avoir une voiture », « avoir un logement », tout ce qui contribuerait à améliorer

leur condition de vie.

Globalement, le public en insertion a une vision positive des structures d’insertion mais

déplore l’insuffisance des structures et des mesures d’accompagnement professionnel et

social.

Quelques pistes de réflexion

Suite à l’analyse du secteur en Guadeloupe, nous sommes en mesure de mettre en avant des

propositions et des recommandations pour favoriser l’insertion par l’activité économique.

Favoriser l’implication des acteurs socio-économiques

Il existe un réel besoin d’insertion en Guadeloupe et l’IAE apparaît comme une solution pour

toutes ces personnes en situation de précarité et/ou d’exclusion. Cependant, c’est un secteur

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jeune qui manque encore de visibilité sur le territoire.

D’une part, les entreprises du marché classique du travail ignorent le fonctionnement et

parfois même l’existence de l’IAE. Dans ce contexte, les SIAE ont du mal à établir des

passerelles pour leurs salariés une fois leurs parcours d’insertion achevé.

D’autre part, les pouvoirs publics locaux méconnaissent le secteur. Au niveau communal par

exemple, les services en charge de l’action sociale auraient pu mettre en place davantage

d’Ateliers et Chantiers d’Insertion.

De plus, la Guadeloupe manque cruellement d’informations sur les résultats de l’IAE alors

qu’il pourrait être un levier important de l’action publique. Ainsi, des études approfondies en

terme statistique permettrait d’évaluer l’efficacité du dispositif tant sur le plan économique

que social, et de mettre en exergue les éléments sur lesquels on doit porter une attention

particulière.

Pour rendre l’IAE plus visible, l’URSIE-G joue un rôle primordial : il doit renforcer son esprit

fédérateur, mettre en place des actions de communication de plus grande envergure pour

mobiliser l’ensemble des acteurs de l’insertion.

Une meilleure lisibilité du secteur

« Qui fait quoi ? », voilà une des questions que se posent souvent les SIAE. Elles ne savent

pas toujours à qui s’adresser et comment mener à bien leur projet. Elles souhaiteraient être

mieux accompagné dans leur activité. Par exemple, de nombreuses structures ne connaissent

pas les aides auxquelles elles peuvent avoir accès, et encore moins la manière de les obtenir.

Ici encore, on voit bien que le rôle et les compétences des organismes en charge de l’IAE

(URSIE-G, DTEFP, ANPE) doivent être clarifiés.

Professionnaliser le secteur

Une professionnalisation des responsables des structures et du personnel encadrant permettrait

un accompagnement de qualité et éviterait les problèmes liés à la gestion et aux difficultés

administratives des SIAE. Cette professionnalisation des dirigeants (déjà visible en France

métropolitaine) devrait permettre d’améliorer l’efficacité de fonctionnement des SIAE, sans

pour autant détourner l’IAE de sa mission, recruter les plus éloignées de l’emploi.

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Assurer des formations plus complètes

En ce qui concerne les parcours d’insertion, l’accompagnement social devrait être renforcé

puisque les salariés n’ont pas toujours le sentiment « d’être entendu », ou s’ils le sont, les

mesures prises ne sont pas adaptées. Il faut favoriser l’écoute au sein des SIAE, développer

l’accès à des offres de formation plus qualifiantes plutôt qu’assurer une simple remise à

niveau des salariés.

Le public en insertion souhaite un meilleur suivi et des rencontres devraient être organisés

régulièrement avec les salariés.

Conclusion

Le secteur de l’IAE, pourtant nécessaire en Guadeloupe, connaît un timide développement.

Malgré l’importance du nombre de bénéficiaires de minimas sociaux et des situations de

précarité/exclusion, l’offre d’insertion reste insuffisante sur le territoire.

Les structures mettent en place les mesures prévues par le dispositif mais celles-ci ne sont pas

toujours efficaces. En effet, les SIAE sont confrontées à des difficultés financières, des

lourdeurs administratives, à l’insuffisance des structures de formation capables d’accueillir les

personnes en insertion mais aussi quelques fois au manque de motivation de ses salariés.

De même le public en insertion n’est pas toujours satisfait de l’accompagnement proposé en

termes de formation et de suivi tout au long de leur parcours.

On ne peut pas mesurer les performances d’un tel secteur car il n’existe pas de donnés sur le

devenir des salariés en insertion. Toutefois, d’après les témoignages des responsables de

certaines structures, on sait officieusement que la plupart des salariés en fin de contrat

d’insertion réintègre le système des minimas sociaux, ou perçoivent l’assurance chômage.

Dans ce cas, l’IAE se résume à une simple étape dans leur vie au lieu d’être un tremplin vers

l’emploi.

S’il n’est pas possible de dresser un bilan quantitatif de l’activité économique du secteur, les

performances de l’IAE peuvent également se mesurer à travers l’aspect qualitatif. Et sur ce

dernier point, on constate d’après notre enquête de terrain que l’IAE permet aux individus de

se sentir mieux au sein de la société.

Page 32: L’Insertion par l’Activité Economique en Guadeloupe ... · l’IAE et réglemente le fonctionnement des SIAE. « L’insertion par l’activité économique a pour objet de permettre

Quant à notre objectif de déterminer si l'IAE parvenait à atteindre sa mission en Guadeloupe,

nous pouvons dire que c'est un secteur en devenir qui malgré les difficultés, permet de venir

en aide aux personnes en situation de pauvreté et d'exclusion de la société guadeloupéenne.