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Illustrations: ChiaraBuccheri Textes: NinaPolnikoff Delafilatureàlanature

livret bas des rivières haute def

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livret bas des rivières à st james

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Illustrations : Chiara BuccheriTextes : Nina Polnikoff Chiara Buccheri Chiara Buccheri

De la filature à la nature

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qui court et s’enroule du pré à l’usine, se noue et se dénoue de l’atelier à la colline. Embobiné par des mains expertes, je n’ai qu’une envie : m’échapper !

Je suis le fil Rouge heu, pardon, le fil Bleu le fil du Bas des Rivières

Nous tricoterons ensemble le passé et le présent pour le plaisir de la découverte !

Je suis le fil RougeJe suis le fil Rouge

Nous tricoterons ensemble le passé et le présent

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Devant vous coule un petit ruisseau champêtre : c’est le ruisseau de l’Eau Minérale… Non, non, il n’a rien à voir avec les bouteilles vendues au supermarché ! Il vient de l’autre côté de la route, où existait autrefois une fontaine réputée pour son eau

ferrugineuse. Comme vous le voyez, c’est un ruisseau épanoui, mais il a beaucoup déprimé,longtemps caché par le parking, enfoui sous le béton. Aujourd’hui, vif et charmant, il retrouve l’air libre et se réjouit d’un changement dans sa vie.

A votre avis, de quoi s’agit-il ?1 Il ne sent plus le moisi2 Les bébés poissons naissent à nouveau dans ses eaux3 Il est amoureux d’une libellule

Réponse : Autrefois, les truites désertaient le ruisseau enfoui sous le parking ; aujourd’hui, elles viennent se reproduire en amont du cours d’eau.

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4Juste devant nous et de l’autre côté de la route, la teinturerie a fonctionné sans relâche jusqu’au début du XXème siècle. Les ouvrières se souviennent : La laine arrivait brute en balles très serrées, il fallait la filer et la mettre en écheveaux. Nous, on lavait les écheveaux dans de grands bacs

en cuivre avec de la lessive très caustique. On mettait un sac de jute comme tablier pour se protéger. Au début, on n’avait ni gants, ni eau chaude. On avait les mains tout abîmées, le bout des doigts en sang. Mais bon, c’était comme ça la vie autrefois .

Mais le pire, c’était le Loup ! Avant d’être filée, il fallait redonner de la souplesse à la laine cardée. La Mère Sourdin imbibait de grosses épaisseurs de laine avec de l’huile de

vidange et, pour que ça rentre mieux, elle marchait dessus. On disait qu’on passait la laine au « Loup » ; oui, ça s’appelait comme ça : « le Loup »...

442Juste devant nous et de l’autre côté Juste devant nous et de l’autre côté

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1 Les moines venaient s’entraîner aux championnats de natation inter-monastères2 Les étangs étaient une réserve d’eau contre les incendies3 Les moines pratiquaient l’élevage des poissons d’eau douce

A votre avis, quel usage en faisaient-ils ?

Réponse : Les moines bénédictins du Prieuré de Saint-James pratiquaient la pisciculture en élevant des poissons d’eau douce. La société médiévale consommait beaucoup de poissons, au moins 166 jours par an, car on suivait les recommandations de la règle de Saint Benoît de Nurcie, fondateur de l’ordre des bénédictins. Les poissons servaient à l’alimentation des moines, mais leur vente rapportait aussi un bénéfice au monastère.

3Diantre, je perds le fil du temps ! Que vient donc faire un chevalier du Moyen–Age dans cette histoire ? Ah oui, en 1067, Guillaume le Conquérant édifie une forteresse sur l’éperon rocheux qui nous domine. Pour la protéger, il crée trois étangs en retenant l’eau du Beuvron dans la vallée ; trois étangs qui entourent le promontoire sur trois côtés. Le plus grand se trouvait juste à l’endroit où nous sommes. On dit que les moines bénédictins du prieuré de Saint-James utilisèrent aussi les étangs.

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4Hé oui, aujourd’hui, le bief du Beuvron est à sec ! Autrefois, le canal passait sous l’usine et même sous les maisons d’habitation et… la chute d’eau était impressionnante !

Ah dame oui, j’étais une turbine pleine d’allant! Une turbine qui, grâce à l’eau du

canal, produisait l’énergie de l’usine…on m’appelait la turbine Francis !

Francis du nom de mon inventeur. Je regrette un peu le temps où, sous la chute d’eau, je donnais le meilleur de moi-même! Il y avait un tel débit,

quand le Père Maillard ouvrait les vannes du barrage de Valjoie,

que ma roue à aubes en était tout affolée !Deux fois par jour, �3/4 d’heure avant

l’embauche, c’était le déluge ! Quelle puissance, cette rivière…

j’en frissonne encore !

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Nous voici dans un bâtiment de l’ancienne usine. Sur le panneau face à l’entrée, je viens interviewer Denise. La maison où elle a vécu avait les pieds dans l’eau : le bief du Beuvron passait dans la cave !

1 Elle posait le paquet de linge sur sa tête2 Elle s’attelait à la brouette avec des cordes3 Elle avait un âne qui portait le chargement

Réponse : Elle s’attelait à la brouette avec des cordes.

En lisant les souvenirs de Denise, essayons de trouver de quelle facon elle remontait le linge de la lavandière :

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La maison où elle a vécu avait les pieds dans l’eau : le bief du Beuvron passait dans la cave !

En lisant les souvenirs de Denise, essayons de trouver En lisant les souvenirs de Denise, essayons de trouver de quelle facon elle remontait le linge de la lavandière :de quelle facon elle remontait le linge de la lavandière :

Ici c’était le faubourg de mauvaise

réputation mais, quand maman est tombée gravement

malade, tout le monde lui a donné à manger, même ceux qui

n’avaient rien. - Denise

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Pour rester dans l’ambiance, je vous propose un petit jeu. A votre avis, combien pesait une bobine ? Une bobine pleine, bien sûr !Il suffit de remettre dans l’ordre les symboles de la filature ou du tricot.

S I L D E X U K O

fuseau rouet bonnet pelote pull bobine quenouille aiguilles mouton

dans l’ambiance, je vous propose un petit jeu. A votre avis, combien

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Avec le temps, l’usine Saint-James développe sa communication.A votre avis, où choisit-elle ses premiers modèles pour poser

dans le catalogue ?

Réponse : Ce sont les employés qui servent de modèles, mais les sauveteurs en mer ont fait aussi de la publicité pour l’entreprise.

1 Chez les mannequins de haute couture de Paris2 Parmi les marins des sauveteurs en mer3 Parmi les employés de l’usine

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Ouf, après le travail en atelier, j’ai bien envie d’une escapade dans la nature, hum … par exemple, une petite promenade sur les passerelles au-dessus de l’herbe fraîche, ça vous dit ? Regardez, de la terrasse-observatoire, on voit la rivière scintiller au soleil… Est-il heureux le Beuvron à serpenter ainsi dans sa prairie ? Laissons-lui la parole :Heureux ? Le mot est faible ! Ouahouou, nom d’un jonc, je bouillonne de joie ! J’ai retrouvé le goût des vacances : plus de turbine à activer, plus de bief à alimenter.La prairie où je cavale est douce, tendre et…fragile. Les savants l’appellent

« une zone humide » et, heureusement, elle est protégée ! Elle sert d’éponge pour absorber les eaux de pluie et de filtre pour piéger la pollution. Bien sûr, toutes sortes d’animaux et de plantes y vivent : un véritable abri pour les grenouilles, les oiseaux et les insectes ! Je ne regrette qu ’une chose :que les castors aient disparu car, au temps des Celtes, j’étais leur rivière préférée ! Hé oui, si je prends ma source à Parigné en Ille et Vilaine, mon nom, Beuvron, prend la sienne à un mot gaulois « bebros », qui signifie « endroit où il y a des castors ». Heu, bon, en même temps, les castors, ça grignote un peu tout !

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Au bord de la rivière, le saule prend ses aises. C’est l’endroit idéal pour l’interviewer et se préoccuper de sa santé : Les pieds toujours dans l’eau, ne craint-il pas un rhume ?

1 Parce que je mets des chaussettes pour dormir2 Parce que mon écorce produit un acide avec lequel on fabrique l’aspirine.3 Parce que je fais mes tisanes avec l’eau du Beuvron

Réponse : Mon écorce produit de l’acide salicylique avec lequel on fabrique l’aspirine. Mes qualités sont déjà connues en Grèce mais c’est un pharmacien français qui découvre l’acide salicylique en 1829. Je soigne donc les rhumatismes, les refroidissements et je fais baisser la fièvre.

On nous connaît aussi pour nos vertus médicinales ; à ce propos, devinez pourquoi mon rhume se passe si vite ?

8Réponse : Mon écorce produit de l’acide salicylique avec lequel on fabrique l’aspirine. Mes qualités sont déjà connues

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Atchiii, oui barfaitement, ch’ai le nez gouché ! Bais cha ne va ba durer longtemps. Snurfff, tenez, ça va déjà mieux! Avec mes frères, nous aimons l’humidité et vous pouvez nous reconnaître à la couleur de nos feuilles : vert foncé au dessus, gris pâle en dessous. Nous sommes célèbres aussi pour nos chatons. Les saules-garçons portent des chatons jaunes, et les filles des chatons verdâtres… Heu, non, ce ne sont pas nos animaux domestiques, mais nos fleurs, toutes duveteuses et légères comme un pompon ! Depuis longtemps, notre famille est utile à l’homme, surtout mon cousin l’osier ! Avec ses branches souples et allongées, les vanniers tressent des paniers.

A Saint-James, le maître en la matière est Amand Prime. Il fabrique encore cette sorte de panier qui, autrefois, servait à tout : porter les betteraves aux vaches, emmener les poules au marché, ramasser les fruits !

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Juste le gazouillis de la rivière pour rêver, se reposer, ne rien faire...quel plaisir ! Le poète Chateaubriand savait méditer au bord de l’eau : Un jour, je m’étais amusé à effeuiller une branche de saule sur un ruisseau et à attacher une idée à chaque feuille, que le courant entraînait. Bon, inutile de dépouiller nos amis les arbres, une seule feuille peut suffire,

ou bien une tige d’herbe. On la laisse partir au fil de l’eau et les pensées s’en vont avec elle. Il n’y a plus rien à faire, à dire, à lire, juste rester ici, à savourer l ’ instant présent. Et, si nous sommes en harmonie avec le lieu, peut-être verrons-nous l’Esprit du Grand Saumon revenir à la source de sa naissance…

Juste le gazouillis de la rivière pour Juste le gazouillis de la rivière pour rêver, se reposer, ne rien faire...rêver, se reposer, ne rien faire...quel plaisir ! Le poète Chateaubriand

ou bien une tige d’herbe. On la laisse partir au fil de l’eau et les pensées s’en vont avec elle. Il n’y a

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Proche de la rivière, elle fait son nid. Elle aime particulièrement les torrents vifs et rapides, comme le Beuvron. La voici qui arrive de sa démarche sautillante, avec sa queue extraordinnaire qui lui sert de balancier ! Mlle Bergeronnette des Ruisseaux, pourriez-vous nous accorder un instant ?

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Piiit, piiiit… c’est pour la télé ? Mon Dieu, je suis tout ébouriffée ! Voyez-vous, je suis en train de construire mon nid ! Brindilles,

feuilles mortes, fil, mousses… je ne sais plus où donner du bec ! J’ai un peu de retard sur

le planning… Dans une semaine, fin mars, tout doit être prêt pour accueillir les œufs ! Mon fiancé, le hochequeue, m’aidera à les couver et, aussi, à nourrir les petits. Oui, oui, dans la famille, on se partage les tâches. Il est très

prévenant mon fiancé, il me dit toujours « Ne bouge pas chérie, tu vas abîmer ton beau manteau gris et tes dessous jaune

brillant » ! Piiit piiit, bon, aujourd’hui exceptionnellement, il a dû partir

à la chasse…

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Vraiment, je n’ai aucune envie de revenir à l’atelier ! Mais je tiens encore moins à finir dans le nid d’une bergeronnette ! Car, je suis un prestigieux fil de laine prêt à donner son âme à un pull… enfin, un pull Saint-James, bien sûr !En attendant, sur le chemin du retour, nous croisons la veuve du tanneur, Madame Bellet. Elle habite la maison en briques rouges où l’on distingue encore les claires-voies.Oui, aujourd’hui, les tanneries n’existent plus, même si l’on voit encore des peaux qui sèchent tout en haut. Ah, ces vantaux de bois, il fallait

une présence constante pour ouvrir, fermer… Trop d’air sec, les peaux craquellent, et trop d’humidité, tout est moisi ! C’était un travail délicat, s’occuper des « sèches » ! J ’étais bien trop débordée pour m’en charger car, ici, au bord du bief, j’avais assez d’eau pour alimenter un moulin à tan. Aussi, en 1895, je l’ai remis en fonction. Vous voyez, je n’ai pas chômé : la tannerie, le moulin… Enfin, la tradition s’est transmise pendant longtemps ; à Saint-James, le dernier tanneur fut M. Dupont !

1 Un moulin qui fait du vent pour éloigner les grosses mouches 2 Un moulin qui a souvent une roue d’avance ; d’ailleurs, le meunier dit toujours « le moulin attend, le moulin attend ! »3 Un moulin qui broie l’écorce de chêne pour tanner les peaux

Réponse : C’est un moulin qui broie l’écorce du chêne pour tanner les peaux et les transformer en cuir souple et solide.

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Avant de laisser Madame Bellet, essayons de deviner ce qu’est un moulin à tan

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Nous voici sur la route du retour. Elle emprunte l’ancien chemin de ronde et passe derrière les maisons, au plus près de la roche. Autrefois, c’était le seul accès et l’on grimpait par les sentiers du promontoire pour atteindre le bourg. Après cette escapade, je retrouve ma bobine et le savoir-faire des tricoteuses.Si vous souhaitez me rencontrer à nouveau, enveloppez-vous dans

un pull Saint-James en pure laine. J ’en fais le serment, je vous protégerai des pires tempêtes… Euh, ça vous dirait un petit tour du monde en voilier ?

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Office de Tourisme de Saint James 02 33 89 62 38 www.saintjamestourisme.fr

Nos témoinsYvette et Daniel, Rémi, Marie-France, Denise, Jules, Francine, Michelle, Gisèle, Viviane, Thérèse, Solange, Marie, Ambroise, Yannick

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Comité de pilotageMichel Thoury, Yannick Duval, Brigitte Chrétien, Magalie Robidel, Claire Legrand

Information touristique et visite de la villeJean-Pierre Séveno

Recherche historiquePauline Herbert

Crédit photoJean-Pierre Bagot (cartes postales anciennes)Tricots Saint-James

Comité de rédactionBrigitte Chrétien, Yvette Morazin, Marie-France Haudebert, Cédric Doaré, Magalie Robidel, Claire Legrand

ScénarioNina Polnikoff : [email protected] www.interpretation-patrimoine.net

IllustrationChiara Buccheri www.chiara.wide.it

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Site des Tricots Saint-JamesSite de l’Office de Tourisme