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Université Ferhat ABBAS Sétif ـت فرحاث عباس جامع، سطيـفFaculté des Sciences de la كليت علوملحياة الطبيعت و اNature et de la Vie Département de Microbiologie /SNV/2012 THÈSE Présentée par: Mme MEZAACHE Samia Pour obtenir le diplôme de Doctorat en Sciences Option : Microbiologie THÈME LOCALISATION DES DÉTERMINANTS DE LA SUPPRESSION DE QUELQUES SOUCHES DE PSEUDOMONAS ISOLÉES DE LA RHIZOSPHÈRE DE LA POMME DE TERRE. Soutenue le 04 /07/2012 Devant le Jury Président: HARZALLAH, D. Professeur Université Ferhat ABBAS de Sétif Rapporteur: GUECHI, A. Professeur Université Ferhat ABBAS de Sétif Examinatrice: YAHIAOUI, R. Professeur Université Abderrahmane MIRA de Bejaia Examinateur: MAAMACHE, B. Professeur Université Hadj LAKHDHAR de Batna

LOCALISATION DES DÉTERMINANTS DE LA … · inhibition de la croissance microbienne 116 3.1.2. utilisation des siderophores 119 3.1.3. enrobage des tubercules 120 3.2. antagonisme

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  • Universit Ferhat ABBAS Stif

    Facult des Sciences de la Nature et de la Vie

    Dpartement de Microbiologie N /SNV/2012

    THSE

    Prsente par: Mme MEZAACHE Samia

    Pour obtenir le diplme de Doctorat en Sciences

    Option : Microbiologie

    THME LOCALISATION DES DTERMINANTS DE LA SUPPRESSION DE

    QUELQUES SOUCHES DE PSEUDOMONAS ISOLES DE LA

    RHIZOSPHRE DE LA POMME DE TERRE.

    Soutenue le 04 /07/2012

    Devant le Jury

    Prsident: HARZALLAH, D. Professeur Universit Ferhat ABBAS de Stif

    Rapporteur: GUECHI, A. Professeur Universit Ferhat ABBAS de Stif

    Examinatrice: YAHIAOUI, R. Professeur Universit Abderrahmane MIRA de Bejaia

    Examinateur: MAAMACHE, B. Professeur Universit Hadj LAKHDHAR de Batna

  • SOMMAIRE Remerciements

    Liste des abbrviations

    Liste des Figures et Tableaux

    INTRODUCTION GENERALE 1

    CHAPITRE PREMIER : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE 6

    1. CARACTERISTIQUES DU GENRE PSEUDOMONAS 6

    1.1. CARACTERISTIQUES METABOLIQUES 6

    1.2. CLASSIFICATION DU GENRE 8

    1.2.1. Etapes de la classification 8

    1.2.2. Classification contemporaine 10

    2. DISTRIBUTION ECOLOGIQUE ET ROLE DU GENRE PSEUDOMONAS 14

    2.1. DISTRIBUTION ECOLOGIQUE 14

    2.2. LES PSEUDOMONAS SPP. FLUORESCENTS AGENTS DE BIOCONTROLE ET DE CROISSANCE DES PLANTES 15

    2.2.1. Stimulation de la croissance des plantes 16

    2.2.2. Mcanismes dantagonisme 18

    2.2.3. Quorum Sensing(QS) 22

    3. BIOLOGIE DU FER CHEZ LES BACTERIES 22

    3.1. PROPRIETES CHIMIQUES 22

    3.2. PROPRIETES BIOLOGIQUES 23

    3.3. LHOMEOSTASIE DU FER 24

    3.3.1. La protine FUR 24

    3.3.2. Les facteurs -ECF 25

    3.3.3. Petits ARN non-codants 26

    3.4. LES SIDEROPHORES 26

    3.4.1. Dfinition 26

    3.4.2. Caractristiques 27

    3.4.3. Classification des sidrophores 27

    DEUXIME CHAPITRE : ISOLEMENT ET IDENTIFICATION DES

    PSEUDOMONAS 29

    1. INTRODUCTION 29

    2. MATERIELS ET METHODES 31

    2.1. PRELEVEMENT DES ECHANTILLONS 31

    2.2. DETERMINATION DES ISOLATS BACTERIENS 31

    2.2.1. MTHODE DISOLEMENT 31

    2.2.2. CONSERVATION DES ISOLATS 32

    2.2.3. IDENTIFICATION PHENOTYPIQUE DES ISOLATS 32

    2.2.4. TAXONOMIE NUMERIQUE 36

    2.2.5. IDENTIFICATION GNOTYPIQUE DES ISOLATS 37

    3. RESULTATS 42

    3.1. ISOLEMENT DES PSEUDOMONAS FLUORESCENTS 42

    3.2. IDENTIFICATION SPECIFIQUE DES PSEUDOMONAS FLUORESCENTS 42

    3.3. IDENTIFICATION INFRASPECIFIQUE DE PSEUDOMONAS FLUORESCENTS 43

    3.4. DISTRIBUTION DES ISOLATS 44

    3.5. IDENTIFICATION DES ISOLATS PHYTOPATHOGENES 46

    3.6. TAXONOMIE .NUMERIQUE 46

    3.6.1. BIOTOPE CULTIVE 47

    3.6.2. BIOTOPE NON CULTIV 50

    3.7. SEQUENAGE r RNA 16S ET ANALYSE PHYLOGENETIQUE 51

    3.8. PROFILS PLASMIDIQUES 51

  • 4. DISCUSSION 53

    5. CONCLUSION 61

    TROISIME CHAPITRE : MTABOLITES IMPLIQUES DANS LA

    SUPPRESSION 62

    1. INTRODUCTION 62

    2. MATERIELS ET METHODES 64

    2.1. MATERIEL BIOLOGIQUE 64

    2.2. PRODUCTION DE METABOLITES SECONDAIRES 64

    2.2.1. SYNTHESE DES SIDEROPHORES 64

    2.2.1.1. Electrophorse des sidrophores 65

    2.2.1.2. Dtermination de la nature chimique des sidrophores 65

    2.2.1.3. Synthse des IRCP (Iron Repressed Cytoplasmic Proteins) 66

    2.2.2. SYNTHESE DE LACIDE INDOLE ACETIQUE (AIA) 67

    2.2.2.1. Estimation de la production dAIA 67

    2.2.2.2. Quantification de lAIA 67

    2.3. PRODUCTION DENZYMES 67

    2.3.1. PHOSPHATASES 67

    2.3.2. CELLULASES 68

    2.3.3. LIPASES 68

    2.3.4. LES ENZYMES DEGRADANT LES PAROIS CELLULAIRES 68

    2.4. SYNTHESE DANTIBIOTIQUES 68

    2.4.1. PRODUCTION DE SUBSTANCES VOLATILES (HCN) 68

    2.4.2. PRODUCTION DE SUBSTANCES DIFFUSIBLES: Phenazines. 69

    2.4.2.1. Slection des souches antagonistes in vitro 69

    2.4.2.2. Dtection et extraction des mtabolites effet antibiotique 70

    2.4.2.3. Quantification des phnazines 70

    2.4.2.4. Analyse des composs effet antibiotique : phnaziniques 70

    3. RESULTATS 73

    3.1. PRODUCTION DE SIDEROPHORES 73

    3.2. PRODUCTION DE LACIDE SALYCILIQUE 77

    3.3. PRODUCTION DE LACIDE-INDOLE-ACETIQUE 77

    3.4. PRODUCTION DENZYMES 79

    3.5. CYANOGENESE 79

    3.6. PRODUCTION DES COMPOSES A EFFET ANTIBIOTIQUE 79

    3.6.1. CARACTERISATION DES PHENAZINES 80

    3.6.1.1. Extraction 80

    3.6.1.2. Bio autographie et rvlation chimique 81

    3.6.1.3. Spectres UV-Visible 81

    3.5.1.4. Analyse HPLC 82

    3.5.1.5. Analyse GC/MS 83

    4. DISCUSSION 85

    5. CONCLUSION 93

    QUATRIME CHAPITRE : COMPTITION RHIZOSPHRIQUE 94

    1. INTRODUCTION 94

    2. MATERIELS ET METHODES 96

    2.1. MATERIEL BIOLOGIQUE 96

    2.2. DETECTION DE LA PRODUCTION DE BACTERIOCINES 96

    2.3. PRODUCTION DE BACTERIOCINES PAR INDUCTION 96

    2.4. ACTIVITE BACTERICIDE DES LYSATS 97

    2.5. DETERMINATION DU TYPE DE BACTERIOCINE 97

    2.5.1. DIGESTION TRYPIQUE 97

    2.5.2. FILTRATION 97

  • 2.5.3. CONGELATION 98

    2.5.4. TRAITEMENT THERMIQUE 98

    3. RESULTATS 99

    3.1. DETECTION DE BACTERIOCINES 99

    3.2. DETERMINATION DU TYPE DE BACTERIOCINE 99

    4. DISCUSSION 102

    5. CONCLUSION 106

    CINQUIME CHAPITRE : CAPACITS DANTAGONISME ET

    STIMULATION DE LA CROISSANCE 107

    1. INTRODUCTION 107

    2. MATERIELS ET METHODES 109

    2.1. MATERIEL BIOLOGIQUE 109

    2.2. ANTAGONISME IN VITRO 110

    2.2.1. INHIBITION DE LA CROISSANCE MICROBIENNE 110

    2.2.2.2. Activit antifongique 111

    2.2.1.2. Activit antibactrienne 112

    2.2.2. ACTIVITE ANTIMICROBIENNE DES SURNAGEANTS 112

    2.2.2.1. Activit antibactrienne 112

    2.2.2.2. Activit antifongique 113

    2.2.3. UTILISATION DES SIDEROPHORES 113

    2.2.3.1. valuation de la capacit dutilisation des sidrophores 113

    2.2.3.2. Utilisation des sidrophores htrologues 114

    2.2.4. TESTS DENROBAGE DES TUBERCULES 114

    2.3. TESTS DANTAGONISME IN SITU 115

    2.3.1. PREPARATION DES TERREAUX 115

    2.3.2. TRAITEMENT DES TUBERCULES 115

    3. RESULTATS 116

    3.1. ANTAGONISME IN VITRO 116

    3.1.1. INHIBITION DE LA CROISSANCE MICROBIENNE 116

    3.1.2. UTILISATION DES SIDEROPHORES 119

    3.1.3. ENROBAGE DES TUBERCULES 120

    3.2. ANTAGONISME IN PLANTA 121

    3.2.1. STIMULATION DE LA CROISSANCE DES PLANTES 121

    3.2.2. POUVOIR PATHOGENE DES ISOLATS DE PSEUDOMONAS 10 ET 12 122

    3.2.3. ANTAGONISME IN PLANTA: INHIBITION DE FUSARIUM OXYSPORUM SP. 122 4. DISCUSSION 124

    5. CONCLUSION 128

    DISCUSSION GNRALE 129

    CONCLUSION GNRALE 139

    RFRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 141

    ANNEXES

  • Je ddie cette thse ma Famille qui a fait de moi ce que je suis,

  • Remerciements Je tiens tout dabord remercier Le Pr. GUECHI Abdelhadi, doyen de la facult

    des sciences de la nature et de la vie pour mavoir accueillie au sein de son laboratoire. Vous

    avez rendu possible la ralisation de ce travail. Au-del de votre rle de directeur de thse, le

    temps que vous mavez consacr, vos critiques pertinentes et votre esprit de synthse ont t

    des lments dterminants dans la valorisation de cette thse.

    Un ENORME merci tous ceux qui mont aid, mont conseill, mont ouvert leurs portes, parfois mme avec un sourire, et qui se reconnatront sans que je nai citer leurs

    noms. Tous le corps technique et enseignant de la facult, chacun dentre vous a particip activement au bon droulement de ce travail de thse et sans vous, certaines tudes

    exprimentales n'auraient pu tre ralisables.

    Merci aux membres du jury, les Professeurs D. HARZALLAH, R. YAHIAOUI et B. MAAMACHE davoir accept de juger mon travail. Je suis convaincue que votre savoir me permettra davancer encore plus loin dans ce sujet qui ma passionn

    pendant trs longtemps.

    Je souhaite remercier toutes les personnes qui ont particip troitement l'avance de mes

    recherches et la ralisation des tudes exprimentales. Le Dr. Djamel DRIDER et Dr.

    Herv PREVOST lENITIAA (Nantes), Dr. Jane NICKLIN et Dr. Richard STRANGE,

    Birkbeck college University of London. Melle Safia ZOUBIRI (Moubydal, Alger).

    L'un des cts agrables du domaine de la recherche est la possibilit de faire de

    nombreuses rencontres, plus ou moins phmres, toutes diffrentes les unes des autres.

    Je finirai par remercier ma trs chre mre Saida et mon regrett et dfunt pre, pour mavoir permis daller jusquau bout.

    Je remercie Salim, pour avoir t l tout simplement au quotidien et avoir relev tous les dfis. Enfin, toute ma famille mes surs Fouzia, Nadia et Nina ; mes frres Samir et Hichem ; mes filles Nihel, Chaima et Wihed, sans oublier toutes mes amies et mes collgues.

  • LISTE des ABRVIATIONS

    2-OH-PCA: le 2-hydroxy-phnazine1 carboxylate.

    2-OH-PZ : le 2-hydroxy-phnazine.

    30-84 : P. chlororaphis 30-84 (P. aurofaciens 30-84).

    ACC dsaminase : La 1-Amino-cyclopropane-1-carboxylate.

    ACN : actonitrile.

    AHL: N-acyl-hornoserine lactone.

    AIA : acide indole actique.

    AMPc : adnosine monophosphate cyclique.

    AS : acide salicylique.

    ATB : antibiotique.

    ATP : adnosine tri-phosphate.

    B.subtilis: Bacillus subtilis.

    BPB : Bromo-Phenol-Bleu.

    bv : biovar.

    CAA : Casamino-Acids.

    CAS: chrome azurol S.

    Ccd : coefficient de capacit de diagnostique.

    CCM : chromatographie sur couche mince.

    CHAO : P. fluorescens CHAO.

    CWDE : enzymes ayant une activit protolytique et chitinases.

    DAPG : 2,4-diacetylphloroglucinol.

    DO : densit optique.

    E.coli MC 4100: Escheichia coli MC 4100.

    E.P.S : exo-polysaccharide.

    EDDA: Ethylenediamine di (o-hydroxyphenyl) acetic acid.

    Fo: Fusarium oxysporum.

    Foa: Fusarium oxysporum f.sp. albedinis.

    Fol: Fusarium oxysporum f. sp. lycopersici.

    Fr: Fusarium roseum sp.

    Fs: Fusarium solani sp.

    Fsc: Fusarium solani var. coeruleum.

    Fsul18: Fusarium sulphereum 18 (sambucinum).

    FUR: Ferric Uptake Regulator.

    G+C: guanine + cytosine.

  • GC/MS : chromatographie en phase gazeuse couple une spectroscopie de masse.

    gyrB : sous unit de lADN gyrase.

    H2O2 : eau oxygne.

    H2S : hydrogne sulfur.

    HMW: High Molecular Weight.

    HPLC: high performance liquid chromatographie.

    HR: hypersensitive reaction.

    HSL: homo srines lactones.

    IRCP: Iron Repressed Cytoplasmic Proteins.

    ISR: induced systemic resistance.

    ITS: intergenic spacer.

    KB: milieu B de King.

    kDa : kilo Daltons.

    KNO3: nitrates de potassium.

    LIpA: La lectine-like putidacine-A.

    LB : Luria Bertani.

    LIpA : lectin-like putidacin-A.

    LOPAT : Levane Oxydase, , Potato rotting, hydrolyse de lArginine, Tobacco.

    M. luteus : Micrococcus luteus ;

    MALDI-TOF-MS: matrix-assisted laser desorption ionization-time of flight mass spectrometry.

    MHB: mycorrhiza helper bacteria.

    MS: milieu au succinate.

    NA: nutrient agar.

    NBY: nutrient broth yeast extract.

    NYA /NAY: nutrient yeast extract agar.

    O-CAS: overlayed chrome azurol S.

    P.diminutus : Pseudomonas diminutus.

    Pa. paratrophus: Paracoccus paratrophus.

    PAO1 : P.aeruginosa1.

    PCA : phnazine-1-carboxylate.

    PCN : phnazine-1-carboxamide.

    PCR: polymerase chain reaction.

    PDA: potato dextrose agar.

    PDB: Potato Dextrose Broth.

    PGPR : Plant Growth Promoting Rhizobacteria.

    Pi: Phytophtora infestans.

  • PLT: Pyolutorine.

    PM: Poids molculaire.

    PRN: pyrrolnitrine.

    Pu: Pytium ultimum.

    PVDs: pyoverdines.

    QS: Quorum Sensing.

    recA: recombinase A.

    Rf: rapport frontal.

    rhyB : ARN non-codant.

    rpm: Rotation par minute.

    rpoB : sous unit de lARN polymerase.

    rpoD : facteur 70 de lARN polymrase.

    Rs: Rhizoctonia solani.

    S.enteridis : Salmonella enteridis.

    SA : sucrose/asparagine.

    SAR : systemic acquired resistance

    SDS-PAGE : sodium dodcyl sulfate polyacrylamide gel electrophoresis.

    SOS : Save Our Selves.

    TFA: tri-fluoro-acetic acid.

    TLC: thin layer chromatography.

    tr : le temps de rtention du compose.

    TSA : Tryptic-soy-agar.

    TSB : tryptic-soy-broth.

    U.F.C: unity forming colony.

    UPGMA: unweighted pairgroup method with averages.

    -ECF : facteur sigma de fonctions extra-cytoplasmiques.

  • LISTE DE FIGURES ET TABLEAUX

    Chapitre I

    Figure 1. Relations phylogntiques entre les diffrents groupes des protobactries 6

    Figure 2. Reprsentation schmatique dcrivant les interactions plantes-

    microoganismes dans la rhizosphre

    17

    Figure 3. Les principaux antibiotiques produits par les souches de biocontrle jouent

    un rle central entre les lments impliqus dans les interactions :

    Pseudomonas de biocontrle, plantes, pathognes, prdateurs, cooprateurs

    et sol

    20

    Figure 4. Oxydation et rduction du fer 23

    Figure 5. Raction de Fenton 24

    Figure 6. Exemples de Sidrophores classs selon leurs groupements fonctionnels 28

    Chapitre II

    Figure 7. Schma gnral de caractrisation du groupe Pseudomonas fluorescens-

    putida 33

    Figure 8. Cl dichotomique pour lidentification des souches appartenant aux espces

    P. fluorescens et P. putida

    34

    Figure 9. Dendrogramme des 14 isolats du site Dirou 47

    Figure 10. Dendrogramme des neufs isolats du site Ras el oued 50

    Figure 11. Dendrogramme de 17 isolats de sols non cultivs 50

    Figure 12. Arbre phylogntique bas sur lanalyse des squences de lADNr 16S, et

    montrant la relation des isolats 2 et 10 avec les espces type du genre

    Pseudomonas 52

    Chapitre III

    Figure 13. Production de sidrophores sur milieu au succinate O-CAS 74

    Figure 14. Electrophorse SDS-PAGE des protines cytoplasmiques solubles 76

    Figure 15. Production dacide indole actique 78

    Figure 16. Production de protases 79

    Figure 17. Production dHCN sur milieu la glycine 80

    Figure 18. Bioautographie des extraits C/A cellulaires de lisolatP2 82

    Figure 19. Superposition des spectres UV/Visible du Standard (PCA) et des isolats

    Pseudomonas P2 et 30-84

    82

    Figure 20. Superposition des chromatogrammes de lextrait actif de P2 (rouge), et du

    standard PCA (bleu) 84

    Figure 21. Profil chromatographique de lextrait mthanolique pour un m/z = 180 84

  • Chapitre IV

    Figure 22. Production de bactriocines par les isolats de Pseudomonas 99

    Figure 23. Activit bactricide des surnageants 100

    Chapitre V

    Figure 24. Confrontations A : quidistante par contact direct sur PDA, B : distance 111

    Figure 25. Utilisation des sidrophores htrologues 113

    Figure 26. Antagonisme fongique in vitro 118

    Figure 27. Antagonisme bactrien indirect par lextrait brut de P2 118

    Figure 28. Antagonisme par production de substances volatiles prsence de FeCl3 119

    Figure 29. Utilisation des sidrophores htrologues sur Sucrose/Asparagine 120

    Figure 30. Utilisation de sidrophores semi purifis 120

    Figure 31. Pouvoir protecteur des isolats de Pseudomonas 121

    Figure 32. Effet de la bactrisation sur la croissance des plantes 121

    Figure 33. Effet de la bactrisation par les isolats 10 et 12 aprs 8 semaines

    dinoculation 123

    Figure 34. Ncroses foliaires aprs 20 jours dinoculation 123

    Figure 35. Effet de la bactrisation sur le dveloppement de la maladie 123

  • Chapitre I

    Tableau I. Les espces appartenant actuellement au genre Pseudomonas 11

    Chapitre II

    TableauII. Rpartition des isolats de Pseudomonas spp. fluorescents selon les

    biotopes 43

    Tableau III. Identification spcifique des isolats de Pseudomonas spp. fluorescents 44

    TableauIV. Spectres de rponses aux tests didentification spcifique et infraspcifique selon les cls A, B et C

    45

    Tableau V. Rpartition des souches slectionnes dans les taxons 46

    Tableau VI. Principales caractristiques des souches phytopathognes 47

    Tableau VII. Rsultats des caractres mtaboliques 48

    TableauVIII. Classes et isolats du dendrogramme Dirou 49

    Tableau IX. Classe et isolats du dendrogramme Ras el oued 49

    Tableau X. Classes et isolats du dendrogramme sol non cultiv 51

    Chapitre III

    Tableau XI. Nombre et taux des souches de Pseudomonas spp. fluorescents

    producteurs de mtabolites secondaires 73

    Tableau XII. Influence des milieux de culture sur la production de sidrophores 74

    TableauXIII. Production de sidrophores sur milieu au Succinate en absence et en

    prsence de Fer 75

    Tableau XIV. Dtection de la nature chimique des sidrophores produits par les

    Pseudomonas spp. 76

    Tableau XV. Dtection de la production dacide salicylique 77

    TableauXVI. Production qualitative et quantitative dAcide Indole Actique en

    prsence et en absence de tryptophane. 78

    TableauXVII. Composs phnaziniques rvls par GC/MS 83

    Chapitre IV

    TableauXVIII. Antagonisme in Vitro entre les Pseudomonas spp. fluorescents

    par production de substances antibactriennes 100

    Tableau XIX. Activit bactricide des surnageants traits 101

    Chapitre V

    Tableau XX. Isolats de Pseudomonas fluorescents tests 109

    Tableau XXI. Origine des microorganismes utiliss dans lantagonisme 110

    TableauXXII. Taux dinhibition de la croissance myclienne 116

    TableauXXIII. Quantits dextrait requises pour linhibition fongique 117

  • INTRODUCTION GNRALE

  • INTRODUCTION GENERALE

    La qute constante de lhomme pour lamlioration de la productivit et la rduction des

    cots des produits agricoles ont eu des incidences ngatives et plusieurs niveaux. La qualit de

    lenvironnement a t particulirement touche : contamination de leau par une utilisation

    intensive de produits phytosanitaires et dengrais de synthse, prsence dans les aliments de

    rsidus nocifs pour la sant, appauvrissement des sols, rduction de la biodiversit du fait de la

    prsence de mono cultures de masse, et particulirement la perturbation de la vie microbienne.

    Dans le sol, les microorganismes reprsentent la majorit des organismes vivants et

    constituent une importante part de la diversit gntique de la plante. Il a t estim quun gramme

    de sol contenait de 1010

    1011

    bactries (Horner-Devine et al., 2003), de 6000 50000 espces

    bactriennes (Curtis et al., 2002) et jusqu 200 milles hyphes fongiques (Leake et al., 2004). De

    plus, les microorganismes jouent un rle cl et influencent un grand nombre des processus des

    diffrents cosystmes incluant lacquisition des lments nutritifs pour les plantes (Pivato et al.,

    2009), les cycles gochimiques comme celui de lazote (Kowalchuk et Stephen, 2001) ou du

    carbone (Hgberg et al., 2001) et la structure du sol (Rillig et Mummey, 2006). Cependant, leur

    impact sur la productivit et la diversit des plantes est encore mal compris.

    Depuis plus dun sicle, la comprhension des interactions plantes-microorganismes

    dans la rhizosphre a suscit lintrt de nombreux chercheurs. La rhizosphre est dfinie

    comme tant la zone de sol entourant la racine qui est directement ou indirectement

    influence par cette dernire et qui prsente une forte activit microbienne.

    Une partie significative des photo-synthtats de la plante est directement libre dans le

    sol sous forme de molcules organiques appeles rhizodpts. Ces rhizodpts reprsentent

    de 5 40% des produits de la photosynthse (Nguyen, 2009). La plante modifie donc

    lenvironnement rhizosphrique en librant divers composs dans les rhizodpts.

    La densit des populations de la microflore associe aux racines est significativement plus

    leve dans la rhizosphre que dans le sol nu (van Loon, 2007). Ces modifications quantitatives

    de la microflore, ou effet rhizosphre, saccompagnent galement de modifications qualitatives.

    La diversit et la structure des communauts microbiennes dans la rhizosphre (Latour et al.,

    2009; Kowalchuk et al., 2010) et leur activit mtabolique (Nannipieri et al., 2008) diffrent de

    celles du sol nu. Les populations aptes percevoir les variations de lenvironnement rhizosphrique

    et adapter leur physiologie, sont favorises et tirent profit de cette perturbation.

  • Les composs organiques exsuds par les plantes dans la rhizosphre activent diffrents groupes de

    microorganismes et augmentent leur prolifration (Bais et al., 2006).

    Les rhizodpts constituent donc un lment majeur de perturbation de la microflore

    tellurique qui en retour, influence la croissance et la sant des plantes et donc, nouveau, lmission

    des rhizodpts. La microflore rhizosphrique est naturellement constitue dun assemblage

    complexe de microorganismes procaryotes et eucaryotes (Cardon et Gage, 2006). Parmi ces

    microorganismes, certains sont prsents dans la rhizosphre sans que leur influence sur le

    dveloppement des vgtaux ne soit connue (microorganismes commensaux), certains sont

    favorables aux plantes (mutualistes) alors que dautres ont des effets dltres sur les plantes

    (parasites et phytopathognes). La croissance, la sant des plantes et leur diversit sont donc

    influences par la diversit des populations microbiennes prsentes dans la rhizosphre (Lemanceau,

    1992; Bloemberg et Lugtenberg, 2001; Whipps, 2001; Weller et al., 2002; van der Heijden et al.,

    2008). Les rhizodpts jouent un rle actif dans la rgulation des interactions mutualistes et

    parasites/pathognes, entre les plantes et les microbes du sol (Hirsch et al., 2003).

    La variabilit des rsultats obtenue par lutilisation dorganismes vivants est souvent

    suprieure celle obtenue par lapplication de produits de synthse. De meilleures connaissances

    des mcanismes dinteraction plantes-microorganismes permettent de favoriser des populations

    dj prsentes dans la rhizosphre et qui sont bnfiques pour les plantes, et de dvelopper des

    pratiques autres que lutilisation dinoculants (Elhassan et al., 2010).

    Deux catgories deffets bnfiques des microorganismes sur les plantes peuvent tre

    distingues (van der Heijden et al., 2008) : (i) les effets directs via les organismes microbiens

    associs la racine qui mettent en place des relations mutualistes avec les plantes et (ii) les

    effets indirects via laction des microorganismes vivant librement dans la rhizosphre qui

    modifient les taux dapprovisionnement en lments nutritifs et la rpartition des ressources.

    Les microorganismes vivant librement dans la rhizosphre peuvent galement avoir un

    effet bnfique indirect sur la plante. Dune manire gnrale, le processus de minralisation

    est une voie importante par laquelle les microorganismes vivant librement influencent la

    disponibilit des lments nutritifs et donc la productivit, la sant et la diversit des plantes.

    Par ce processus, les microorganismes du sol dcomposent la matire organique soluble et

    insoluble et librent ensuite des lments minraux disponibles pour les plantes.

    Parmi les microorganismes effets bnfiques indirects, il existe notamment des bactries

    dont leffet global favorise la croissance de la plante (Lemanceau, 1992).

  • Le terme PGPR (plant growth-promoting rhizobacteria) dsignant ces bactries a t introduit par

    Kloepper et Schroth (1978). Diffrents mcanismes sont lorigine des effets PGPR des bactries

    rhizosphriques.

    Certaines bactries PGPR sont utilises en tant quinoculants pour amliorer le

    dveloppement des racines via la production de certaines phytohormones (Bloemberg et

    Lugtenberg, 2001), telles que des auxines dont lacide indole actique (AIA), des cytokinines

    et des gibbrellines (Vessey, 2003).

    Par ailleurs, de nombreuses bactries sont capables damliorer la sant des plantes en

    limitant la croissance saprophyte des microorganismes phytopathognes. Certaines sont

    utilises en agriculture comme agents de lutte biologique (Bloemberg et Lugtenberg, 2001;

    Whipps, 2001).

    Les microorganismes pathognes sont connus pour pouvoir induire chez les plantes des

    mcanismes de dfense, par lintermdiaire de:

    *La rsistance systmique acquise (SAR) qui protge les plantes contre les attaques

    ultrieures dautres pathognes.

    *Certaines bactries peuvent avoir un effet protecteur en induisant elles aussi, des mcanismes de

    dfense des plantes via la rsistance systmique induite (ISR) permettant aux plantes de mieux se

    protger contre lattaque ventuelle de pathognes (van Loon, 2007).

    *Dautres bactries peuvent contrler la croissance des pathognes par la comptition pour les

    lments nutritifs, comme par exemple, la comptition pour le carbone (Lemanceau et al., 1988) et

    la comptition pour le fer dont la biodisponibilit dans le sol est trs faible (Lemanceau et al., 2009).

    *Lantagonisme microbien, li la production de mtabolites ayant des proprits antibiotiques, est

    galement un mcanisme par lequel les bactries rhizosphriques protgent les plantes contre les

    microorganismes phytopathognes (van Loon, 2007; Mazurier et al., 2009).

    Les Pseudomonas ont une capacit leve coloniser la rhizosphre ainsi que les racines

    des plantes et sont capables de former des associations intimes avec leurs htes. Ces associations

    peuvent mener une maladie chez les plantes htes sensibles, comme par exemple de nombreux

    pathovars de Pseudomonas syringae qui mettent en place des interactions pathognes avec les

    plantes (Hfte et de Vos, 2006). P. syringae, comme beaucoup dautres Pseudomonas

    phytopathognes, est capable dinduire chez les plantes rsistantes non htes, une raction

    hypersensible (HR) lorigine de la SAR (Alfano et Collmer, 1997).

  • La HR est une raction rapide de dfense des plantes correspondant une mort programme des

    cellules aux sites dinvasion, qui bloque la progression du pathogne (Klement, 1982).

    Nanmoins, dautres espces de Pseudomonas sont capables de mettre en place des

    interactions mutualistes. Elles sont trs largement reprsentes parmi les bactries effet PGPR qui

    promouvoient la croissance des plantes. Ces bactries sont aussi largement retrouves parmi les

    agents potentiels de lutte biologique qui ont pour effet damliorer la sant des plantes et sont

    notamment connues pour leur effet antagoniste avec les phytopathognes. La grande diversit des

    mcanismes daction de ces Pseudomonas est principalement lie leur grande capacit produire

    une large gamme de mtabolites secondaires et induire lISR chez les plantes (Bloemberg et

    Lugtenberg, 2001 ; Whipps, 2001; van Loon, 2007; Weller et al., 2002, 2007).

    Les Pseudomonas produisent notamment, de nombreux mtabolites antifongiques (Weller et

    al., 2002, 2007). En effet, la plupart des Pseudomonas produisent des antifongiques tels que des

    phnazines, la pyolutorine, la pyrrolnitrine et le DAPG (2,4-diacetylphloroglucinol) qui sont les

    antifongiques les plus frquemment dtects (Haas et Dfago, 2005). Ces bactries sont galement

    capables de synthtiser des sidrophores appels pyoverdines ou pseudobactines. Ces molcules

    sont impliques dans lamlioration de la croissance et de la sant des plantes (Lemanceau et al.,

    2009) et contribuent lacquisition du fer par les vgtaux (Vansuyt et al., 2007).

    Elles licitent les ractions de dfenses des plantes et, de par leur forte affinit pour le fer,

    elles limitent la croissance saprophyte de certains microorganismes phytopathognes

    (Lemanceau et al., 2009).

    OBJECTIFS DU TRAVAIL

    Lobjectif de ce travail est dapporter un plus dans la lutte biologique par la mise en

    vidence de bactries indignes bnfiques pour les plantes. En valuant leurs contributions

    dans la croissance et la sant des plantes, par la mise en vidence des principaux dterminants

    de la suppression ou de la pathognicit (si elle existe).

    La stratgie dtude de ce travail consiste (i) isoler et caractriser, partir de la rhizosphre,

    une population bactrienne spcifique, en loccurrence des Pseudomonas spp. fluorescents. (ii)

    dterminer les principaux mtabolites synthtiss par ces microorganismes, qui auraient un impact

    bnfique sur les plantes. (iii) explorer les capacits comptitives des isolats bnfiques. Et enfin (iv)

    tester in vitro les mtabolites produits sur des phytopathognes telluriques.

    Pour cela, une synthse bibliographique relative aux Pseudomonas spp. fluorescents a

    t ralise, et plusieurs approches exprimentales ont ensuite t retenues.

  • Chapitre I

    Revue bibliographique

  • 1. CARACTERISTIQUES DU GENRE PSEUDOMONAS

    Le genre Pseudomonas est un grand groupe bactrien particulirement important qui

    appartient la sous-classe des protobactries et comprend plus d'une centaine d'espces

    ubiquitaires (Bossis et al., 2000 ; Palleroni et Moore, 2004). Cependant, depuis la dcouverte

    du genre Pseudomonas (Migula, 1894), beaucoup de noms despces lui ont t assigns. Le

    nombre despces a subi de nombreuses variations principalement dues la description de

    nouvelles espces et divers changements de la dfinition du genre (Fig.1). Nanmoins, 188

    espces sont actuellement rpertories sur le site internet http://www.

    bacterio.cict.fr/p/pseudomonas.html.

    Figure 1. Relations phylogntiques entre les diffrents groupes des

    protobactries contenant les genres bactriens actuellement ou anciennement (en gras)

    associs aux Pseudomonas (Bossis et al., 2000).

    1.1. CARACTERISTIQUES METABOLIQUES

    Le genre Pseudomonas est caractris par un mtabolisme oxydatif et non fermentatif,

    utilisant loxygne comme accepteur final d'lectrons, et mme quelques souches utilisent la

    dnitrification (les nitrates sont parfois utiliss comme accepteur d'lectrons ce qui permet une

    croissance en anarobiose).

  • Les Pseudomonas spp. fluorescents saprophytes possdent tous une cytochrome

    oxydase c ayant un maximum dabsorption caractristique 552/554 nm, qui peut tre mise

    en vidence par loxalate de N, N-dimthyl-paraphenylne-diainine (Lelliot et al., 1966).

    Elles sont aussi catalase positive, msophile chimio-organotrophe puisquelles peuvent

    crotre dans un milieu minral ne contenant quune seule source de carbone. Toutefois,

    certaines sont chimio organotrophes facultatives et peuvent utiliser lhydrogne comme

    source dnergie et nont pas besoin de facteurs de croissance pour se multiplier. Elles

    peuvent utiliser des sources de carbones variables (versatilit nutritionnelle), et certaines ont

    la capacit de crotre mme dans leau (Stanier et al., 1966). La plupart tant saprophytes

    (Bossis et al., 2000 ; Ramalho et al., 2002). Quelques espces comme P. syringea, sont

    phytopathognes (Stanier et al., 1966), et certaines peuvent causer des infections chez

    lhomme. Particulirement P. aeruginosa, reconnu comme pathogne opportuniste et causant des

    infectons pulmonaires mortelles chez les patients atteints de fibrose kystique (Mavrodi et al., 2001).

    Les tempratures cardinales aux quelles les espces se multiplient varient de 4

    42C, cette dernire est caractristique de lespce P. aeruginosa, alors que la temprature

    optimale pour la croissance des espces saprophytes est situe entre 28C et 30C. Toutes

    les espces de ce genre ne peuvent crotre pH infrieur 4.5, ni mtaboliser le lactose sur

    Mc Conkey, lexamen au rouge de mthyle et celui de Voges Proskauer sont ngatifs

    (Palleroni, 1984).

    Ces bactries ont la capacit de dgrader des composs complexes, tel que les protines et les

    polysaccharides complexes comme lamidon, la cellulose (Palleroni, 1984), certaines seulement

    comme P. pseudoalcaligenes peuvent dgrader le poly -hydroxybutyrate; (Palleroni, 1993).

    Laptitude de certains isolats dgrader des substances xnobiotiques a galement retenu

    lattention de diffrents chercheurs (Latour et lemanceau, 1997 ; Bossis et al., 2000). De

    nombreux isolats de P. fluorescens et P. putida ont t cits en exemple comme souches

    capables de dgrader des molcules aromatiques plus ou moins complexes. Lassimilation de

    composs aromatiques semble par contre moins courante chez les isolats provenant de sols

    non contamins ou de la rhizosphre (Campbell et al., 1995 ; Latour et al., 1996).

    Le catabolisme des xnobiotiques par les Pseudomonas spp fluorescents se caractrise en

    effet par la varit et la plurifonctionnalit des enzymes dgradatives. Il prsente de multiples

    voies priphriques permettant les premires attaques dune gamme importante de composs

    (Golovleva et al., 1992). Enfin, certaines populations de Pseudomonas spp fluorescents ont la

    possibilit de dissimiler lazote (Clays-Josserand et al., 1995). Cette dissimilation est plus ou moins

    complte selon le groupe taxinomique considr (Matsubara et Zumft, 1982).

  • Ces bactries contribuent donc, de faon significative, la rduction des nitrates et des

    nitrites qui constituent des polluants des nappes phratiques (Latour et Lemanceau, 1997).

    En raison de la richesse de leurs voies mtaboliques, elles sont souvent capables de rsister

    de nombreux antiseptiques ou antibiotiques ce qui explique leur prsence de plus en plus

    frquente en milieu hospitalier o elles peuvent tre isoles de l'environnement humide

    (Euzeby, 2008).

    Les espces du genre Pseudomonas produisent une couche dexopoly- saccharide entourant

    leurs cellules, la protgent de la phagocytose par les macrophages chez les mammifres. Cette

    couche dexo-polysaccharide (E.P.S) leur permet de former des bio films, grce aux quels elles

    peuvent rester colles aux surfaces, de telle manire quil est difficile de les dloger (Visca et al.,

    2007). Ce genre produit beaucoup de poly hydroxy alcanoates et dalginates ainsi que dautres

    substances mtaboliques. Ce qui les rend dun grand intrt biotechnologique (Holloway, 1992).

    1.2. CLASSIFICATION DU GENRE PSEUDOMONAS

    Par dfinition, les bactries du genre Pseudomonas sont des bacilles Gram ngatif,

    non sporuls, gnralement mobiles grce une ou plusieurs flagelles polaires, arobies

    mtabolisme strictement respiratoire et chimio-organotrophes. Mais cette dfinition ne permet

    pas de les diffrencier des autres bactries Gram ngatifs, et doit tre complte par dautres

    caractristiques phnotypiques (Palleroni, 2008).

    1.2.1. tapes de la classification

    En 1960 Stanier et al., dans une approche de clarification de la taxonomie du genre, ont

    publi un travail reportant les caractristiques nutritionnelles de 267 isolats du genre ; bas sur

    lutilisation de 146 composs organiques, en plus dautres tests considrs comme

    dterminants dans la classification du genre. Dans la mme dcennie, la dcouverte du

    caractre de renaturation de lADN par Marmur, a permi de confirmer la classification

    phnotypique des Pseudomonas, par les essais dhybridation ADN/ADN (Colwell et Mandel,

    1964; Colwell et al., 1965; Johnson et Ordal, 1968).

    Le plus grand succs de la classification des Pseudomonas, selon les caractres gnotypiques

    ft atteint par Palleroni et ses collaborateurs. Qui ont classifis ce groupe bactrien en cinq sous-

    groupes dARNr, sur la base dhomologies ARN/ADN (Palleroni et al., 1973).Toutefois ces sous

    classes dARNr sont phylogntiquement trop loigns, et finalement seules les bactries

    appartenant au groupe ARNr I sont retenues dans le genre Pseudomonas (Peix et al., 2009).

  • Pourtant dans ldition de 1974 du Bergeys Manual, ces bactries sont incluses dans la

    famille des Pseudomonadaceae. Leur classification repose sur des caractristiques

    phnotypiques, seules la composition en G+C ft rajout comme caractristique gntique.

    Dans la premire dition du Bergeys Manual, la classification base sur les cette homologie

    ARN/ADN ft incluse, mais le nombre despces et les caractristiques phnotypiques ont

    t maintenu (Palleroni, 1984).

    Les principaux changements dans la taxonomie viennent de Woese, qui proposa de les

    classifier et de les identifier en fonction de leurs ARN ribosomaux (Woese et al., 1984).

    Toutefois ce nouveau schma didentification na pas t pris en considration dans ldition

    1994 du Bergeys Manual. Pourtant, cest la classification phylogntique base sur les gnes

    codant lARNr 16S, tablie par Woese et al, (1984), qui a permis plus tard la subdivision par

    Kersters et al. (1996) des protobactries en 15 genres appartenant aux classes , et

    propos par Stackebrandt et al. (1987).

    En mme temps, Pseudomonas acidovorans et P. testosteroni inclus dans le groupe

    ARNr III sont reclassifis en 1987 dans le genre Comamonas (Tamaoka et al., 1987), alors

    que les espces P. flava, P. palleroni, P. taeniospiralis, P. pseudoflava et P. carboxydoflava

    seront reclassifis deux ans plus tard dans le genre Hydrogenophaga (Willems et al., 1989).

    Depuis 1990, le squenage du gne codant ARNr 16S a dbut, et est appliqu pour

    toutes les bactries connus. Partiel au dbut, mais plus tard des gnomes entiers ont t

    squencs et dposs dans les banques de donnes. Le squenage du gne codant lARNr

    16S et le dveloppement des modles mathmatiques des arbres reprsentant les similitudes

    des squences ont permis une classification phylogntique des procaryotes (Peix et al., 2009). Et

    depuis, la reclassification des espces initialement incluses dans les groupes ARNr de

    Palleroni continue.

    Les espces du groupe ARNr III comme P.facilis, P. delafieldii et dautres isolats

    cliniques sont dsormais reclassifies dans le genre Acidovorax (Willems et al., 1990), des espces

    phytopathognes comme P. avenae et P. catleyae ont aussi t reclassifis dans ce genre

    (Willems et al., 1992). En effet, ces nouveaux genres sont inclus dans la classe des beta-

    Proteobacteria, au mme titre que Burkholderia (Yabuuchi et al., 1992) et Ralstonia (Yabuuchi

    et al., 1995). Ces deux derniers genres proviennent de la reclassification des espces du

    groupe ARNrII comme P. cepacia (designe comme espce type du genre Burkholderia)

    P. mallei, P. pseudomallei, P. caryophylli, P. gladioli, P. pickettii et P.solanacearum

    (Yabuuchi et al., 1992, 1995).

  • Le groupe ARNr V, est phylogntiquement le plus proche des vrais Pseudomonas

    (ARNr groupe I), Xanthomonas maltophilia reclassifi dans le genre Stenotrophomonas en

    1993, mais appartenant la classe des gamma-Proteobacteria (Palleroni et Bradbury, 1993).

    Dans la premire dcennie du nouveau millnaire, la rvision taxonomique la plus

    dtaille du genre Pseudomonas base sur le squenage du gne codant lARNr 16S, ft

    entreprise par Anzai et al. (2000). En analysant les squences de 128 espces de

    Pseudomonas (certaines sont des souches de rfrences), ils ont conclu que 57 seulement

    appartenaient aux groupe des Pseudomonas sensu stricto; la comparaison de 1073

    nuclotides les a subdivises en 7 classes :

    -Le groupe des P. syringae.

    -Le groupe des P. chlororaphis.

    -Le groupe des P. fluorescens.

    -Le groupe des P. putida.

    -Le groupe des P. stutzeri.

    -Le groupe des P. aeruginosa.

    et le groupe des P. pertucinogena.

    Depuis lan 2000, la reclassification continue toujours (Tableau I). Plusieurs espces

    tant mal classes comme P. aureofaciens et P. aurantiaca qui sont dsormais des sous

    espces du groupe P. chlororaphis (Johnson et Palleroni, 1989; Peix et al., 2007), qui compte

    actuellement trois sous espces: P. chlororaphis subsp. chlororaphis subsp. nov.;

    Pseudomonas chlororaphis subsp. aurantiaca subsp. nov., comb. nov. et P. chlororaphis

    subsp. aureofaciens subsp. nov., comb. nov. (Peix et al., 2007).

    1.2.2. Classification contemporaine

    Ldition actuelle du Bergeys (Palleroni, 2005) compte de nombreuses mthodes

    utilises dans la classification des Pseudomonas. Ces mthodes rvlent les efforts fournis

    pour la caractrisation des espces de Pseudomonas, incluant la sensibilit certains

    composs, les caractristiques gntiques et cologiques, le pouvoir pathogne et la structure

    antignique (Peix et al., 2009).

    1.2.2.1. Caractristiques phnotypiques

    Comprennent les tests tels que : la forme cellulaire, le type de flagelle, lutilisation des

    sources de carbones tel que : les acides organiques, les polyols, les acides amins, la capacit

    de croissance dans des conditions de culture variables, la synthse dexo-enzymes et la

    production dantibiotiques (Palleroni, 2005).

  • Tableau I: Les espces appartenant actuellement au genre Pseudomonas (daprs Euzeby, 2008 in Peix et al., 2009).

    a: espces incluses dans le Bergeys Manual (Palleroni, 2005); b: espces dcrites aprs la publication du Bergeys Manual (2005) ; c: espces dcrites avant la publication du

    Bergeys Manual (2005) qui nont pas t incluses dans cette dition mais dont les noms sont valids (daprs Euzeby, 2008 in Peix et al., 2009).

    Re

    vu

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    10

  • 1.2.2.2. tudes chmo-taxonomiques

    Parmi les caractristiques utilises dans la taxonomie des Pseudomonas, lutilit des

    tudes chmo-taxonomiques a t prouve maintes reprises, dans la reclassification des

    espces (Peix et al., 2009).

    La prsence de certains lipides polaires comme le phosphatidyl-glycerol,

    diphosphatidyl-glycerol et la phosphatidyl-thanolamine (Camara et al., 2007), les ARN

    stable (5S rRNA et tRNA) de faible poids molculaire (Hfle, 1988, 1990), les systmes

    quinones, en plus dautres marqueurs ont t utiliss dans la reclassification de certains genres

    de Pseudomonas dans dautres genres (Kampfer et al., 2008).

    Auling et al. (1991) ont contribu differentier les espces de ce groupe en tudiant la

    composition en polyamine chez les Protobacteria. Janse et al. (1992), avaient analys les

    acides gras dune collection de phytopathognes opportunistes, pour clarifier la position

    taxonomique de souches de P. marginalis incluses dans le groupe de P. fluorescens.

    Jean-Marie Meyer et ses collaborateurs, ont utilis le sidrotypage pour les

    Pseudomonas spp. fluorescents dabord, et ensuite pour les non fluorescents. Cette approche

    taxonomique, est base sur la caractrisation iso-lectrophortique des sidrophores et

    pyoverdines; et la dtermination de la spcificit des pyoverdines pour les souches

    productrices. Ceci a permis la caractrisation des espces de Pseudomonas par la mise en

    vidence de pyoverdines spcifiques aux espces (Meyer et al., 2002, 2007).

    Delorme et al., (2002) et Ramette et al. (2011), lont utilis pour la classification et

    reclassification des espces de Pseudomonas. Le pouvoir de rsolution et lexactitude de

    cette nouvelle technique taxonomique a t amliore par la dtermination de la masse

    molculaire des pyoverdines par spectroscopie de masse (Meyer et al., 2008).

    Actuellement, les techniques les plus modernes danalyse des biomolcules sont appliques

    pour la taxonomie des Pseudomonas. En effet, lempreinte gntique par spectroscopie

    fluorescence (spectres dmission de fuorophores intrinsques: NADH, tryptophane et un

    complexe dacides amins aromatiques et dacides nucliques), a permi une discrimination entre

    les genres Pseudomonas, Burkholderia, Xanthomonas ou Stenotrophomonas avec une grande

    sensibilit. Mais aussi, entre les espces de P. chlororaphis, P. lundensis, P. fragi, P. taetrolens et

    P. stutzeri group sparment de P. putida P. pseudoalcaligenes et P. fluorescens, correspondant

    aux classes phylogntiques obtenues par Anzai et al. (2000) et Tourkya et al. (2009).

  • Malgr la pertinence de ces approches chmo-taxonomique avec les tudes

    phnotypiques et cologiques, toutefois cest le squenage des gnes qui a permis des

    avances majeures dans la taxonomie des bactries, et par la mme celle des Pseudomonas.

    1.2.2.3. Caractrisations gntiques

    Les gnes ribosomaux sont prsents chez tous les organismes, et possdent la mme

    fonction vitale : la synthse protique. Ces caractristiques font des ribosomes dexcellents

    candidats dtudes pour les taxonomistes. En effet ces molcules possdent un niveau

    dvolution assez lev pour assurer une variabilit entre les diffrentes espces ; mais avec

    un degr de conservation suffisant pour assurer que ces diffrences correspondent des

    catgories taxonomiques stables comme les genres et les espces.

    Parmi tout les ARN ribosomaux seul le gne ARNr16S remplis ces deux

    caractristiques, le gne ARNr23S est extrmement conserv alors que le gne ARNr5S est

    trop petit (Peix et al., 2009). Cest pour cela que le gne ARNr16S est devenu la molcule cl

    sur laquelle est base la classification des procaryotes, incluant celle des Pseudomonas

    (Anzai et al., 2000; Palleroni, 2005).

    Parfois lanalyse du gne ARNr16S ne permet pas la diffrenciation entre des espces trs

    proche. Dautres gnes ayant dmontr leur importance pour la diffrenciation entre les espces ont

    t analys. Ces gnes nomms gnes de mnage : recA (recombinase A), rpoD (facteur 70

    de

    lARN polymrase), gyrB (sous unit de lADN gyrase), rpoB (sous unit de lARN

    polymrase), ont permis la diffrentiation des espces de Pseudomonas (Hilario et al., 2004). En

    effet, la discrimination entre des espces trs proches de Pseudomonas est obtenue par lanalyse du

    gne rpoB.

    Larbre phylogntique obtenu avec ce gne donne une rsolution 3 fois plus importante que

    celui obtenu avec le gne ARNr16S (Ait-Tayeb et al., 2005). Et pourtant cest le gne ARNr16S, qui

    a permis la diffrenciation des sous espces de P. chlororaphis (Peix et al., 2007). Cependant,

    lanalyse des gnes de mnage nest pas communment utilise dans la description des espces de

    Pseudomonas. Et seulement, la description des gnes rpoD, gyrB, rpoB a t incluse dans des

    descriptions rcentes de Pseudomonas: chez P. xiamenensis (Lai et Shao, 2008), chez 107 espces

    de rfrence de Pseudomonas (Mulet et al., 2010), et chez P. syringae, P. fluorescens et

    P. chlororaphis (Ramette et al., 2011).

    Un autre marqueur phylogntique a t utilis dans les tudes taxonomiques, il sagit

    des ITS (intergenic spacer), rgion situe entre ADNr 16S-23S. Cette squence prsente une

    grande variabilit tant du point de vue taille que squence, permettent ainsi une distinction

    entre des espces trs proches (Gurtler et Stanisich, 1996).

  • Des protocoles spcifiques utilisant des amorces universelles, ont t dsign pour analyser

    cette squence chez les Pseudomonas environnementaux (Locatelli et al., 2002).

    Une mthode prometteuse pour lidentification des microorganismes, et qui peut analyser

    jusqu' 300 chantillons en une seule fois est le MALDI-TOF-MS (matrix-assisted laser desorption

    ionization-time of flight mass spectrometry), par lanalyse des protines ribosomiques (Pineda et al.,

    2003). En effet, les rsultats didentification des isolats de Pseudomonas sont excellents, jusqu'

    100% de rsultats corrects (Dieckmann et al., 2005; Degand et al., 2008).

    2. DISTRIBUTION ECOLOGIQUE ET ROLE DU GENRE

    PSEUDOMONAS

    2.1. DISTRIBUTION ECOLOGIQUE

    Les espces de Pseudomonas dcrites durant la dernire dcennie montrent que cest lun

    des genres bactriens les plus ubiquistes dans le monde, et diffrents espces ont t isoles de

    niches cologiques diverse. En effet, P. plecoglossicida est un pathogne de poissons

    (Nishimori et al., 2000) ); P. salomonii et P. palleroniana sont des espces phytopathognes

    (Gardan et al., 2002); P. simiae a t isol dun chantillon clinique de singe (Vela et al., 2006) et

    P. costantinii est un pathogne de champignons comestibles (Munsch et al., 2002).

    Dautres sont des bactries associes aux racines, et ont t isols de diffrentes plantes

    P. brassicacearum et P. thivervalensis isols respectivement de plants dail et de riz

    (Achouak et al., 2000). P. rhizosphaerae, P. lutea et P. argentinensis isol de la rhizosphre

    de lherbe (Peix et al., 2003, 2004, 2005).

    Certaines ont t isols de la phyllosphre des plantes, cest le cas de P. lurida de la

    phyllosphre de lherbe (Behrendt et al., 2007). Quelques espces ont t isoles

    dcosystmes marins comme cest le cas de P. marincola (Romanenko et al., 2008), ou

    encore dcosystmes dsertiques P. duriflava (Liu et al., 2008), P. guineae, une bactrie

    psychro-tolrante du sol de lantarctique (Bozal et al., 2007), P. thermotolerans, qui peut

    croitre 55C isole dchantillons animaux (Manaia et Moore, 2002).

    Cette distribution mondiale semble tre due une adaptabilit physiologique et

    gntique leve (Spiers et al., 2000). La cl de cette adaptabilit de souches individuelles

    de tels environnements, est la prsence chez ce genre bactrien de nombreux ilots

    gnomiques, cest le cas de la souche P. aeruginosa PSE9 (Battle et al., 2009).

  • 2.2. LES PSEUDOMONAS SPP. FLUORESCENTS AGENTS DE

    BIOCONTROLE ET DE CROISSANCE DES PLANTES

    La plupart des substances chimiques utilises pour combattre les maladies en plus dtre

    dangereux pour lhomme, les animaux et les organismes bnfiques ; persistent dans les

    cosystmes naturels. Durant les trois dernires dcennies, les bactries appartenant au genre

    Pseudomonas ont t identifis comme agents potentiels de biocontrle, lencontre des

    phytopathognes.

    Les Pseudomonas spp. fluorescents saprophyte sont les habitants type des sols agricoles et la

    rhizosphre des plantes, et sont impliqus dans de nombreuses interactions avec les plantes (Schroth

    et al., 1992). Ces bactries sont considres comme des composs biologiques du sol agricole, et

    sont responsable de la suppression des maladies fongiques dans les cultures. Ces Pseudomonas

    diminuent la svrit de la maladie et stimulent la croissance des plantes comme le riz (Sakthivel et

    Gnanamanickam, 1987), le bl (Weller et Cook 1983), la pomme de terre (Kloepper et al.,

    1980b), la canne sucre (Suslow et Schroth 1982), le radis (Kloepper et Schroth 1978), le coton

    (Howell et Stipanovic 1980) et le manioc (Hernandez et al., 1986).

    Diffrentes espces de Pseudomonas spp. fluorescents ont t rapports la fois

    comme PGPR (plant growth promoting rhizobactria), et comme souches de biocontrle des

    champignons phytopathognes (de Salmone et al., 2001). P. putida (Scher et Baker, 1980),

    P. aeruginosa (Bano et Musarrat, 2003), P. chlororaphis (Chin-A-Woeng et al., 1998) et

    P. cepacia (Cattelan et al., 1999). Toutefois, les Pseudomonas spp. fluorescents ne sont pas

    tous des antagonistes.

    Les bactries appartenant au groupe des Pseudomonas spp. fluorescents sont parmi

    les plus abondantes dans la rhizosphre. Dans certains cas, elles reprsentent plus de 60% de

    la microflore bactrienne totale du sol (Digat et Gardan, 1987). Do leur application comme

    agents de contrle biologique grce leurs abondance dans les sols naturels et les racines des

    plantes (Sands et Rovira, 1971). Ces bactries sont d'excellents comptiteurs vis--vis de la

    microflore fongique et bactrienne du sol par leur temps de gnration in situ relativement court

    (Garbaye, 1994), leur capacit utiliser les exsudats de plantes comme nutriments (Lugtenberg et

    al., 2002), et chlater les ions ferriques (Garbaye, 1994).

    Les Pseudomonas spp. fluorescents sont connus pour leurs aptitude dadhsion aux particules

    du sol et au rhizoplan, mais sont aussi mobiles et prototrophes (de Weger et al. 1994), produisent

    des antibiotiques (Garbaye, 1994 ; Natsch et al., 1994), et des enzymes hydrolytiques (Lim et

    al., 1991; Neilsen et al., 1998; Neilsen et Sorensen, 1999).

  • Ces capacits antagonistes et PGPR, sont dues des mcanismes directs et indirects

    (Fig.2). Les mcanismes indirects utiliss par ces Pseudomonas spp. fluorescents, comprennent la

    production dantibiotiques contre des bactries pathognes (Thomashow et al., 1990), la rduction

    de fer disponible pour les phytopathognes prsents dans la rhizosphre (Scher et Baker,

    1982), la synthse denzymes dgradant les paroi cellulaires fongiques et la comptition avec

    les microorganismes dltres pour les niches sur la plante.

    Les mcanismes directs concernent, la squestration du fer pour les plantes par les

    sidrophores. la production de phytohormones ou encore par solubilisation de formes de

    phosphore insolubles, rendant ainsi le phosphore biodisponible (Salisbury, 1994), et diminuer les

    taux dthylne produits par la plante (Glick, 1995; Glick et al., 1999). Ces bactries sont capable

    dinduire une rsistance systmique contre un pathogne donn, et porte le nom dISR (van Loon

    et al., 1998; Pieterse et al., 2001). I1 est galement reconnu que des bactries de la

    mycorhizosphre, encore appeles bactries auxilliaires de la mycorhization, stimulent

    slectivement l'tablissement de la symbiose ectomycorhizienne (Garbaye, 1994).

    Figure 2. Reprsentation schmatique dcrivant les interactions plantes-

    microoganismes dans la rhizosphre (Lemanceau et al., 2006).

  • 2.2.1. Stimulation de la croissance des plantes

    2.2.1.1. Solubilisation des phosphates par les Pseudomonas spp. fluorescents

    Les bactries solubilisant le phosphate sont communes dans la rhizosphre, cette

    dernire tant le sige de nombreuses interactions entre les plantes et les divers

    microorganismes associs. La scrtion dacides organiques et de phosphatases facilitent

    la conversion de formes insolubles de phosphore en formes disponibles pour les plantes

    (Kim et al., 1998; Richardson, 2001). Les espces de Pseudomonas spp. fluorescents comme

    P. chlororaphis, P. putida et P. aeruginosa ont t identifis comme rhizobacteries

    solubilisant le phosphate (Cattelan et al., 1999; Bano et Musarat, 2003).

    2.2.1.2. Synthse de phyto-hormones

    a. Acide Indole-3-acetique (AIA)

    Cette phytohormone est implique dans linitiation de la division des cellules au niveau

    des racines, et de leurs largissements (Salisbury, 1994). Communment produite par les

    rhizobactries (Barazani et Friedman, 1999). Les rhizobactries produisant lAIA sont

    connues pour leurs capacits augmenter la croissance et la longueur des racines. Cet effet

    rsulte en une surface racinaire plus grande, et une accessibilit pour plus de nutriments pour

    la plante. Patten et Glick (2002), ont rapport le rle de lAIA produit par P. putida, chez la

    plante hte, dans le dveloppement de son systme racinaire.

    b. Cytokinines

    Les cytokinines forment une classe de phytohormones qui stimulant les divisions cellulaires,

    llargissement et le dveloppement des tissus (Salisbury, 1994). Ce sont des signaux impliqus

    dans la mdiation du stress environnemental des racines vers les parties suprieurs de la plante. La

    production de cytokinines a t rapporte chez P. fluorescens (Garcia et al., 2001) .

    c. La 1-Amino-cyclopropane-1-carboxylate (ACC) dsaminase

    Lthylne est la seule phytohormone gazeuse. Il est connu pour tre lhormone des

    blessures, parceque sa production dans la plante peut tre induite par nimporte quel

    perturbation physique ou chimique des tissus (Salisbury, 1994). Parmi ses nombreux effets

    sur la croissance et le dveloppement de la plante, la production dthylne peut causer

    linhibition de la croissance des racines. Glick et al. (1998) ont emit, une thorie selon laquelle

    le mode daction de certains PGPR serait par lintermdiaire dune AAC-dsaminase. Cette enzyme

    clive lAAC prcurseur immdiat de lthylne. LAAC-dsaminase diminuerait la production

    dthylne au niveau des racines de la plante hte et rsulterait en leurs allongements.

  • Les Pseudomonas spp. fluorescents sont des producteurs dAAC-dsaminase (Glick et al.,

    1994). La transformation des Pseudomonas spp. par des gnes codant cette enzyme, permet

    celles-ci de croitre sur un milieu dont la seule source de carbone et dazote est le AAC, et de

    stimuler llongation des racine (Shah et al., 1998). Cette stimulation de la croissance est aussi

    exprime dans des situations de stress, tels que les inondations (Grichko et Glick, 2001), ou

    encore dans les sols contamins par les mtaux lourds (Burd et al., 1998; Belimov et al., 2001).

    2.2.1.3. Dnitrification

    La dnitrification est un processus microbien dans lequel les oxydes dazote sont utiliss

    comme accepteurs finaux dlectrons, pour la production dnergie en absence doxygne. La

    dnitrification est compose de quatre ractions par lesquelles les nitrates sont rduits en di

    nitrogne (N2), par des mtallo-enzymes comme la nitrate rductase, nitrite rductase, oxyde

    nitrique rductase, et loxyde nitreux rductase. Les Pseudomonas spp. fluorescents sont les

    dnitrifiants les plus communs des sols des rgions tempres (Gamble et al., 1977). Les

    Pseudomonas spp. fluorescents sont capable de sadapter aux manque doxygne par lutilisation

    des oxydes dazote comme accepteurs alternatifs dlectrons (Stewart, 1988). La respiration sur

    nitrate et la rduction des nitrites sont impliques dans la comptition des souches modles de

    Pseudomonas spp. fluorescents dans le sol (Philippot et al., 1995; Ghiglione, 2000).

    2.2.1.4. Les mdiateurs de labsorption de fer par les Pseudomonas spp.

    fluorescents

    La majorit des espces de Pseudomonas spp. fluorescents produisent des sidrophores.

    Un nombre important despces de plantes peuvent assimiler les complexes Fe3+

    - sidrophore

    bactriens (Becker et Cook, 1988; Loper, 1988; Bitter et al., 1991). Les sidrophores

    jaunes-verts sont noms pyoverdines (PVDs) ou pseudobactines (Budzikiewicz, 1993, 1997).

    A ct de la PVD, P. aeruginosa produit un autre sidrophore nomm pyocheline avec une

    affinit plus faible pour le Fe3+

    (Cox et al., 1981). Les espces de Pseudomonas spp.

    fluorescents produisent aussi la pseudomonine (isoxazolidone) comme P. fluorescens, P.

    stutzeri et P. putida (Lewis et al., 2000; Mossialos et al., 2000; Mercado-Blanco et al., 2001).

    2.2.2. Mcanismes dantagonisme

    Les Pseudomonas spp. fluorescents produisent une gamme importante de mtabolites

    secondaires, en plus denzymes dgradant les paroi cellulaires. Les plus caractrises de ces

    mtabolites secondaires sont les: phnazines, phloroglucinols, pyolutorine, pyrrolnitrine,

    lipopeptides, et le cyanure dhydrogne. Ces mtabolites secondaires sont actifs vis vis

    dune large gamme de bactries et de champignons (Fig.3).

  • Figure 3. Les principaux antibiotiques produits par les souches de biocontrle jouent

    un rle central entre les lments impliqus dans les interactions : Pseudomonas de

    biocontrle, plantes, pathognes, prdateurs, cooprateurs et sol (Dubuis et al., 2007). PCA : phnazine-1-carboxylate, PYO : pyocianine, PCN : phnazine-1-carboxamide, DAPG : 2-4, diactyl

    phloroglucinol, PLT : pyolutorine.

    2.2.2.1. Mtabolites Secondaires possdant des proprits de biocontrle

    a. Les phnazines

    Les phnazines sont des pigments htrocycliques azots intensment colors, produits

    par diffrentes souches bactriennes (Leisinger et Margraff 1979; Budzikiewicz, 1993;

    Stevans et al., 1994). Ces htrocycles expriment un large spectre dactivit sur les bactries

    et les champignons (Smirnov et Kiprianova, 1990). Les phnazines jouent aussi un rle

    dans la comptition rhizosphrique, incluant la survie et la comptence des bactries

    productrices (Mazzola el al., 1992).

    La phnazine-1-carboxylate (PCA), a t rapport chez les Pseudomonas spp.

    fluorescents, comme P. fluorescens (Gurusiddaiah et al., 1986), P. chlororaphis (Pierson et

    Thamashow, 1992) et P. aeruginosa (Anjaiah et al., 1998).

  • Lefficacit de la PCA a t dmontr contre un nombre de champignons phytopathognes

    comme Gaeumannomyces graminis var. tritici, Pythium sp., Polyporus sp., Rhizoctonia

    solani, et les bactries pathognes comme Actinomyces viscosus, Bacillus subtilis, Erwinia

    amylovora (Gurusiddaiah et al., 1986; Thomashow et al., 1990).

    La phnazine-1-carboxamide (PCN), a aussi t rapporte chez les Pseudomonas spp.

    fluorescents, tel que P. aeruginosa et P. chlororaphis (Chin-A-Woeng et al., 1998; Mavrodi

    et al., 2001). La PCN diffre du PCA par la prsence du groupement carboxamide (CONH)

    au lieu du groupement hydroxyle sur le carbone 1 du noyau phnazine. Cette molcule est

    plus stable que la PCA, et exprime ses activits antifongiques mme pH alcalin (Chin-A-

    Woeng et al., 1998).

    La pyocyanine (1-hydroxy-5methyl-phnazine), est prdominante chez P. aeruginosa

    (Demange et al., 1989). Cette phnazine de couleur bleue est toxique pour une large gamme

    de bactries et champignons (Hassan et Fridovich, 1980). Mais cest aussi un facteur de

    virulence dans les infections opportunistes humaines (Price-Whelan et al., 2006).

    b. Phloroglucinols

    Les phloroglucinols sont des antibiotiques large spectre, produits par une large varit

    de souches bactriennes. Le 2,4-diactyl phloroglucinol (DAPG) est aussi un antibiotique

    phnolique large spectre daction produit par P. fluorescens Pf-5 (Howell et Stipanovic,

    1979), P. fluorescens F113 (Fenton et al., 1992), P. fluorescens CHAO (Keel et al., 1992)

    et P. fluorescens Q2-87 (Bangera et Thomashow, 1996).

    Cet antibiotique possde aussi une activit herbicide, ressemblant lacide 2, 4-

    dichlorophnoxyactique (2, 4-D) un herbicide de post-mergence, pour le contrle des

    mauvaises herbes des crales, de la canne sucre et dautres plantations. Le DAPG induit

    aussi la rsistance systmique chez les plantes, et joue donc le rle dun liciteur des

    phytoalxines (Dwivedi et Johri 2003).

    c. Pyrolnitrine (PRN)

    La pyrrolnitrine (PRN) (3-chloro-4-(2'-nitro-3'-chlorophenyl) un compos pyrrole, est

    produite par les Pseudomonas spp. fluorescents comme P. fluorescens (Kirner et al., 1998) et

    P. chlororaphis (Elander et al., 1968). La pyrrolnitrine a trouv son application comme

    compos usage clinique pour le traitement des mycoses cutanes plutt que fongicide

    agricole (Hammer et al. 1997, McSpadden Gardener et Fravel, 2002).

  • La production de ce compos par P. fluorescens est implique dans le contrle de certains

    agents pathognes racianires comme R. solani, Verticilium dahliae, G. graminis et Fusarium

    oxysporum (Howell et Stipatovic1979, Homma et al., 1989).

    d. Pyolutorine (PLT)

    La pyolutorine, un autre antibiotique produit par diffrents Pseudomonas. Les souches

    produisant la PLT sont lorigine de la suppression de nombreuses maladies telluriques

    (Howell et Stipanovic 1980; Dfago et al., 1990; Maurhofer et al., 1994). Cette molcule,

    isole pour la premire chez P. aeruginosa, est compose dun anneau rsocrinol synthtis par la

    voie de polyctide, reli une partie pyrolle bichlore (Nowak-Thompson et al., 1997, 1999),

    possdant un pouvoir fongitoxique efficace contre les oomyctes, notamment Pythium ultimun

    (Maurhofer et al., 1992).

    e. Mupirocine

    Plus connu comme lacide pseudomonique, est un antibiotique polyctide naturellemnt

    prsent chez les Pseudomonas spp. fluorescents. La mupirocine produite par P. fluorescens

    NCIMB 10586, est dune activit leve contre Staphylococcus aureus et dautres bactries

    Gram positif (El-sayed et al., 2001). Cest un antibiotique largement utilis dans les

    maladies tropicales (Carcanague , 1997).

    f. Antibiotiques peptidique

    Les antibiotiques peptidiques sont aussi bien produits par les bactries Gram positif

    (Katz et Demain, 1977) que celles Gram-ngatif (Dowling et O'Gara, 1994), par une

    synthse multienzymatique non-ribosomique (Kleinkauf et Dohren, 1996). Rcemment, il a

    t dmontr que des Pseudomonas spp. fluorescents produisent des lipopeptides cycliques

    (CLPs). La tensine produite par P. fluorescens 96.578, a montr un effet potentiel sur le

    basidiomycte R. solani (Nielsen et al., 2000). La Viscosinamide un autre lipopeptide

    cyclique produit par P. fluorescens DR54 (Nielsen et al., 1999), est aussi actif sur R. solani

    par la rduction de la biomasse myclienne et donc la formation de sclrotes (Thane et al.,

    2000). LOomycin A est un antibiotique produit par P. fluorescens HV37a, est lorigine de

    la suppression du damping-off du coton caus par P. ultimurn (Gutterson et al., 1988).

    g. Enzymes dgradant les parois fongiques

    Lexcrtion denzymes qui dgradent les parois cellulaires fongiques est frquemment

    impliqu dans les attaques des champignons phytopathognes (Martin et Loper 1999;

    Nielsen et Sorensen, 1998; Picard et al., 2000).

  • La lyse des parois cellulaires, par les enzymes dgradatives excrtes par les microorganismes

    est une fonction bien connue du mycoparasitisme. La Chitinase, la -1,3 glucanase et la

    cellulase sont dimportantes enzymes spcialement dans le contrle fongique, par leurs

    activits dgradatives des composs des parois cellulaires tels que : la chitine, le 1-6

    glucane et les ponts glucosidiques (Schroth et Hancock, 1981; Chet, 1987; Lorito et al.,

    1996). Les microorganismes excrtant la chitinase ont t rapports comme des agents de

    biocontrle efficaces (Ordentlich et al., 1988; Inbar et Chet, 1991). Le contrle biologique

    de Fusarium solani, se fait essentiellement via les activits des laminarinase et chitinase chez

    P. stutzeri YPL-1 (Lim et al., 1991). P. cepacia produisant la -1,3 glucanase, rduit

    lincidence des maladies causes par R. solani, P. ultimurn et Sclerotium rolfsii (Fridlender et

    al.,1993). Nielson et al. (1998) ont rapport que dans la rhizosphre de la betterave sucre,

    les Pseudomonas spp. fluorescents inhibaient R. solani par production dendochitinase.

    2.2.3. Quorum Sensing(QS)

    La production dantibiotiques chez les Pseudomonas spp. fluorescents est soumise

    une rgulation complexe. Les facteurs cls dans cette rgulation sont des facteurs globaux et

    le QS (communication cellulaire). La rgulation globale est mdie par les gnes gacS et

    gacA qui codent pour un systme rgulateur deux composs. Le QS implique la production

    de molcules signales de N-acyl-hornoserine lactone (AHL). Le systme rgulateur gacS et

    gacA contrle aussi le QS, illustrant ainsi la complxit de la rgulation de la production

    des antibiotiques chez les Pseudomonas spp. fluorescents (Bassler, 1999). La molecule AHL

    du QS, est implique dans la regulation de la production dantibiotiques chez: P. fluorescens,

    P. aeruginosa et P. chlororaphis (Pessi et Haas, 2001). Les gnes des facteurs sigrna, rpoD

    et rpoS sont aussi impliqus dans le contrle de la production de tels antibiotiques, et

    augmentent les activits antagonistes des Pseudomonas spp. fluorescents. Des doses leves

    du produit du gne rpoD peuvent stimuler directement ou indirectement la production

    dantibiotiques chez P. fluorescens (Whistler et al., 2000). Dautres formes de rgulation

    globale ont t rapport: le rpresseur transrationnel phlF (Delany et al., 2000) et le rgulateur

    de lARN (PrrB) sur la production de mtabolites secondaires (Aarons et al., 2000).

    3. BIOLOGIE DU FER CHEZ LES BACTERIES

    3.1. PROPRIETES CHIMIQUES

    Le fer est le quatrime lment le plus abondant dans la crote terrestre. Parmi les mtaux de

    transition ayant une relevance biologique (fer, zinc, cuivre, manganse, cobalt, nickel, tungstne et

    le molybdne), le fer est le plus important des mtaux dans le mtabolisme cellulaire.

  • Cette prdominance peut tre explique par la grande ractivit chimique de cet lment. Dans les

    systmes biologiques, incorpor dans les protines, le fer joue principalement le rle de

    biocatalyseur ou de donneur dlctrons (Johnson, 2008). Les proprits doxydo-rduction du fer

    lui permettent dexister sous diffrents degrs doxydation (Fig 4) ; Fe2+

    (ferreuse) et Fe3+

    (ferrique)

    respectivement comme donneur et accepteurs dlectrons (Yeterian et al., 2009).

    Figure 4. Oxydation et rduction du fer.

    En dpit de son abondance, sa biodisponibilit est relativement faible dans les

    conditions darobiose. En effet, en prsence doxygne et pH neutre, les ions ferreux sont

    rapidement oxyds en ions ferriques, qui prcipitent sous forme doxy-hydroxydes

    polymriques insolubles (Ratledge et Dover, 2000). La solubilit de cet hydroxyde ferrique

    est relativement basse (de lordre de 10-18

    M), la biodisponibilit du fer est donc limite par la

    haute insolubilit du Fe3+

    pH physiologique (Lindsay, 1979).

    Les ions ferriques possdent six sites de coordination, qui permettent la formation de

    complexes Fe3+

    octadriques hxadents. En conditions physiologiques, le fer existe dans un des

    deux tats redox facilement convertible, sa forme rduite ferreuse ou sa forme oxyde ferrique.

    La capacit de transfert dlectrons est modifie par lenvironnement ligand dans lequel le fer est

    incorpor. En effet une large gamme de potentiels redox des composants contenant du fer allant de

    +300mV -500mV. Ces proprits font du fer un composant prosthtique extrmement versatile,

    particulirement utile dans les systmes biologiques (Guerinot, 1994).

    3.2. PROPRIETES BIOLOGIQUES

    Le fer est un micronutriment indispensable pour pratiquement tous les organismes vivants

    (sauf les bactries lactiques qui utilisent le cobalt et le manganse ; Weinberg, 1997). En effet, le

    fer est un constituant essentiel des enzymes, cruciales pour de nombreux processus biologiques

    tels que : la photosynthse, la respiration, le transfert dlectrons, le cycle tri-carboxylique, le

    transport et le mtabolisme de loxygne, la rgulation gnique, et la biosynthse dacides

    nucliques (Braun, 1997 ; Andrews et al., 2003). Seul ou incorpor, le fer sert de centre

    catalytique ou de cofacteur essentiel denzymes pour des ractions redox.

  • Ainsi, il est communment admis que de nombreuses bactries requirent une concentration

    minimale de fer bio disponible, suprieur 10-6

    M, pour une croissance optimale (Guerinot,

    1994). La concentration en fer libre dans les environnements terrestres et aqueux, en

    conditions arobies et pH neutre, sont situs approximativement entre 10-9

    et 10-18

    selon le

    milieu (Chipperfield et Ratledge, 2000 ; Ratledge et Dover, 2000). En consquence les

    concentrations environnementales en ion ferrique sont trs basses pour que les

    microorganismes puissent survivre en utilisant seulement le fer libre. Pour rcuprer le fer

    ncessaire leur croissance, les bactries ont dvelopp de nombreuses stratgies pour

    rcuprer le fer de sources diffrentes. Notamment, la rduction du fer ferrique en fer ferreux, ou

    le transport du fer de lenvironnement par les sidrophores (Wandersman et Delepelaire, 2004).

    3.3. LHOMEOSTASIE DU FER

    Lhomostasie du fer est maintenue par une balance dlicate. Cest pourquoi, une

    supplmentation suffisante en fer permet de prvenir sa cyto-toxicit. Des stratgies de

    rgulation pour un contrle minutieux de la fixation, lutilisation et le stockage de fer ont t

    retrouves chez des organismes diversifis (Expert, 1999).

    A linverse, lexcs de fer pourrait tre dltre. En effet, et selon Halliwell et Gutteridge

    (1992) la forme libre (ferreuse) catalyse la dcomposition du peroxyde dhydrogne, gnrant

    des hydroxyles hautement ractifs, via la raction de Fenton (Fig. 5).

    Les radicaux hydroxyles ainsi produits attaquent les membranes et lADN, pouvant

    entrainer la mort de la cellule (Storz et Imlay, 1999 ; Hantke et Braun, 2000).

    Figure 5. Raction de Fenton

    Lhomostasie du fer est finement contrle, assurant son acquisition, stockage et sa

    disponibilit, pour que les concentrations intracellulaires natteignent pas des niveaux

    toxiques (Andrews et al., 2003). Pour cela, il existe chez les bactries et diffrents niveaux

    des processus biologiques cellulaires, des systmes de rgulation (Mass et Arguin, 2005).

    3.3.1. La protine FUR

    Chez les bactries Gram ngatifs, le facteur de rgulation FUR (Ferric Uptake

    Regulator) joue un rle central dans le contrle de lacquisition du fer, par une rgulation

    gnique la fois positive et ngative (Hantke, 2001).

  • Lorsque le fer intracellulaire atteint un niveau trop lev, FUR rprime plusieurs gnes

    impliqus dans lacquisition du fer. En effet, la protine FUR lie son corpresseur le Fe2+

    ,

    peut se fixer une squence cible (boite FUR) situe dans une rgion promotrice des gnes

    cibles et rprimer ainsi leurs transcription (Escolar et al., 1999). Le fer ferreux est ncessaire

    la dimrisation de la protine FUR puis sa liaison la squence consensus. Lorsque cet ion

    tend manquer, FUR se trouve sous une forme dapoprotine, qui ne peut plus tre dimrise,

    ne pouvant se fixer lADN, permettant ainsi la transcription des gnes cibles (Jacquamet et

    al., 1998; Althaus et al., 1999). Par ce mcanisme FUR peut moduler lexpression de

    nombreux gnes (Hantke, 2001).

    Plus de 90 gnes diffrents dcrits chez des espces dEscherichia coli sont contrls,

    par FUR et par le fer. Parmi ces gnes : 60 sont impliqus dans la synthse et le transport des

    sidrophores ; 18 gnes codent des protines cytoplasmiques impliqus dans le mtabolisme

    (exemple : aconitase), protine du mtabolisme du fer (bactrio ferritine), protine du stress

    (superoxyde dismutase [SodB]) ; et 13 pour des facteurs de virulence, comme les colicines et

    hmolysines. Lexpression de certains de ces gnes est positivement rgule par FUR

    (Hantke, 2001).

    Dans certains cas, FUR va aussi pouvoir contrler indirectement les systmes

    dassimilation du fer via la rgulation de lexpression de trois types dactivateurs : deux

    composs cl du systme de transduction, le rgulateur AraC-like de la synthse de

    sidrophores et leurs systmes de capture, et le facteur sigma (-ECF) de fonction

    extracytoplasmique (Hantke, 2001 ; Michel et al., 2005 ; Braun et al ., 2006).

    Dans le gnome de la souche PAO1 de P.aeruginosa, parmi les 19 gnes codant pour

    les facteurs -ECF (Llamas et al., 2008 ; Potvin et al., 2008), 10 sont peuvent tre rguls

    par FUR (van Oeffelen et al., 2008).

    De nombreux gnes sont aussi rguls positivement par FUR, par un contrle post

    transcriptionnel de leurs ARN messagers via de petits ARN non codant (Mass et al., 2003b).

    La protine FUR est autorgule par FUR et le Fe2+

    . Un site de liaison pour la protine

    rpresseur cAMP-catabolite dans la rgion promotrice de fur, permet de lier lexpression de

    fur au mtabolisme cellulaire (Escolar et al., 1999). Zheng et al. (1999) furent les premiers

    rapporter la rgulation de FUR par le stress oxydatif.

    3.3.2. Les facteurs -ECF

    Les facteurs alternatifs, se lient au cur de lARN polymrase, fournissent un moyens de

    rgulation de lexpression des gnes, en rponse aux variations extracellulaires (Potvin et al., 2008).

  • Lune des classes de ces facteurs , contrle plusieurs fonctions incluant la capture de fer chez E.

    coli et Pseudomonas spp., lefflux de cobalt et de nickel chez Alcaligenes europhus (renomm

    actuellement Cupriavidus necator), phytopathognse chez P. syringae et la synthse de protines

    extra-membranaires chez Photobacterium sp. souche SS9 (Missiakas et Raina, 1998). Toutes ces

    fonctions sont en accord avec le facteur -ECF. La plupart sinon tous les gnes codant le facteur -

    ECF sont eux-mmes contrls par un gne anti-, et de plus sont frquemment lis aux gnes

    contrlant les rcepteurs protiques extracellulaires impliqus dans le transport des complexes ferri-

    sidrophore. Parmi ces -ECF, deux ont t tudi en dtail il sagit des facteurs de virulence

    (HrpL et AlgT) de P. syringae (Oguiza et al., 2005).

    En conditions de carence en fer, la liaison du ferri-sidrophore son rcepteur de

    membrane externe dclenche une cascade de signalisation qui permet de dissocier le facteur

    -ECF de son facteur anti-, et lactivation des gnes impliqus dans la synthse et

    lacquisition de sidrophores (Ochsner et al., 2002). Alors que dans des conditions suffisantes

    en fer, la transcription de ces -ECF est rprime (Leoni et al., 1996).

    3.3.3. Petits ARN non-codants

    De nouvelles voies, permettant un contrle du mtabolisme du fer chez les bactries,

    ont t rcemment lucides (Mass et al., 2007). Ainsi un petit ARN non-codant appel

    rhyB, a t impliqu dans la rgulation post transcriptionnelle e gnes de protines utilisant le

    fer chez E. coli (Mass et Arguin, 2005). rhyB va sapparier aux ARN messagers de gnes

    positivement rguls par FUR et empcher leur traduction par attnuation (Mass et al., 2003a). Ce

    mcanisme permet dassurer que, en conditions de carence, les rares ressources de fer soient

    alloues aux fonctions cellulaires cruciales (Jacques et al., 2006). Chez P. aeruginosa, une

    approche bioinformatique a permis didentifier deux tandems de petits ARN non codants,

    candidats pour tre des homologues fonctionnels de rhyB (Wilderman et al., 2004).

    3.4. LES SIDEROPHORES

    Le mot sidrophore, issu du grec, signifie sidros : fer et phore : porteur. Lutilisation

    des sidrophores reprsente chez les bactries lun des systmes les plus efficaces pour

    lacquisition du fer.

    3.4.1. Dfinition

    Les sidrophores sont des mtabolites secondaires de faible poids molculaire, compris

    entre 200 et 2000 daltons, dont le rle set de solubiliser, de chlater et dextraire le fer

    ferrique de nombreux complexes minraux ou organiques et de le rendre ainsi accessible aux

    microorganismes (Neilands, 1995).

  • 3.4.2. Caractristiques

    La caractristique majeure des sidrophores est leur trs haute affinit pour les ions

    frriques. En effet, lentrobactine a une constante daffinit de 10-49

    M. Cette chlation se fait

    par des htroatomes oxygns et azots, hautement lectrongatifs, susceptibles dentrer en

    interaction avec des ions mtalliques (Hay et al., 2001).

    Les sidrophores sont synthtiss et scrts pour la solubilisation dions ferriques par

    des microorganismes arobies, tels que les bactries, certains champignons mais aussi

    organismes suprieurs (certaines plantes monocotyldones) en rponse des conditions de

    carence en fer (Ratledge et Dover, 2000).

    Les quelques exceptions sont les bactries anarobies et quelques levures comme

    Saccharomyces cerevisiae, Candida albicans, et Cryptococcus neoformans (Neilands et al., 1987;

    Lesuisse et Labbe, 1989; Howard, 1999). Toutefois, ces levures peuvent utiliser les sidrophores

    produits par dautres organismes (Neilands, 1995).

    Les sidrophores sont trs importants pour la croissance et la survie des bactries dans le

    sol et les environnements acqueux (Guerinot, 1994). Dans la rhizosphre, la concentration des

    sidrophores est estime de quelques micro molaires quelques milli molaires (Hersman et

    al., 1995). Les sidrophores sont aussi importants pour la virulence de nombreux pathognes

    dans les modles animaux des maladies (Ratledge et Dover, 2000). Ils servent de molcules

    signal contrlant lexpression pour la production du sidrophore lui-mme, mais aussi pour la

    production dautres facteurs de virulence (Lamont et al., 2002; Visca et al., 2002).

    Aprs scrtion par la bactrie, les sidrophores chlatent avec une haute affinit le fer

    dans lenvironnement extracellulaire, et le transportent via des voies dassimilation

    spcifiques (Krewulak et Vogel, 2008).

    3.4.3. Classification des sidrophores

    Actuellement plus de 500 composs de structures chimiques diffrentes ont t dfinis

    comme sidrophores. Ils sont toujours caractriss par un, deux ou trois groupes chlatants

    bidents, gnralement oxygns, cruciaux pour la formation de complexes octdriques

    hxacoordonns trs stables entre le sidrophore et le fer ferrique, qui permettront de capter le

    fer. Par contre la nature des groupements chimmiques chlatant le fer est assez restreinte

    (Winkelmann, 2002).

    Ainsi les sidrophores peuvent tre classifis selon les groupes fonctionnels quils

    utilisent comme ligands du fer (Winkelmann, 2002 ; Miethke et Marahiel, 2007).

  • Ces groupes peuvent tre des : cathcolates, hydroxamates, carboxylates ou des phnolates

    (Fig. 6). On trouve plus rarement des hydroxyacides comme la rhizobactine. Du fait de la

    forte oxygnation des groupes chlatants, le Fe3+

    , est plus oxophile que le Fe2+

    , reste la forme

    de fer pour laquelle le sidrophore a gnralement la plus grande affinit. Les sidrophores

    peuvent tre composs de groupes chlatant identiques, mais sont plus frquemment mixtes.

    La stchiomtrie sidrophore : fer est variable, et est fonction du nombre de groupes

    chlatant ports par le sidrophore (Miethke et Marahiel, 2007).

    Figure 6. Exemples de Sidrophores classs selon leurs groupements fonctionnels

    (daprs Miethke et Marahiel, 2007). En rouge: catecholates; en orange: phenolates; en jaune ple : hydroxamates; -hydroxy-carboxylates (derivant des

    units citrate) : en vert clair ; - cto-carboxylates (derivant des units 2-oxo-glutarate) : bleu-vert.

  • Chapitre II Isolement et identification

    des pseudomonas

  • 1. INTRODUCTION

    Les Pseudomonas spp. fluorescents forment un groupe diversifi de bactries qui

    peuvent gnralement tre distingues visuellement des autres Pseudomonas par leur aptitude

    produire un pigment jaune vert soluble dans leau (Palleroni et al., 1973) qui sont les

    pyoverdines produites dans des milieux pauvres en fer (Palleroni, 1984). Ce sont des bacilles

    Gram ngatifs typiques, chimiohtrotrophes mobiles avec un flagelle polaire et sont

    regroups au sein dun mme groupe dhomologie rRNA I (Palleroni et al., 1973). Le groupe

    inclus des espces importantes pour la biodgradation de divers composs (Johnsen et al., 1996 ;

    Heinaru et al., 2000), la production de mtabolites utiles (Palleroni, 1992). Quelques espces sont

    des agents pathognes des animaux et vgtaux (Gardan et al., 1992 ), par contre dautres

    peuvent stimuler la croissance des plantes (Kloepper et al., 1980b) et contrler les maladies

    telluriques (Weller, 1988). Le groupe auquel on sintresse appartient cette dernire catgorie.

    P. fluorescens est communment retrouv dans le sol et dans leau, associ aux plantes,

    certains spcimens sont cliniques, ces espces peuvent tre subdivises en 5 biovars : I II III

    IV et V (Stanier et al., 1966). P. putida communment isol du sol et de leau, est divise en 3

    biovars A, B (Stanier et al., 1966 ; Palleroni, 1984, 2005), un dimportance mineur C

    (Barrett et al., 1986). Ces travaux conduits sur la taxonomie de P. fluorescens et de P. putida

    montrent que la dfinition de ces espces est obsolte, et qu'elles devraient tre divises en

    plusieurs nomenspecies (Bossis et al., 2000). La clarification de la taxonomie de P.

    fluorescens (Couillerot et al., 2009; Palleroni, 2010) et de P. putida requiert des recherches

    complmentaires qui associent des mthodes phnotypiques rcentes, et gnotypiques

    (Palleroni, 2010).

    P. chlororaphis est retrouv dans le sol, leau ou associ aux plantes, les souches de

    cette bactrie ont t historiquement subdiviss en deux espces : P. chlororaphis et P.

    aureofaciens, mais sont actuellement classes dans le mme groupe despces (Johnson et

    Palleroni, 1989). P. aurantiaca qui ft rattach par Palleroni (1984) au groupe rRNA V, est

    en fait un synonyme htrotypique loign de P. chlororaphis (Hilario et al., 2004). Peix et

    al. (2007) ont regroups ces bactries dans le mme groupe despces de P. chlororaphis.

    Dsormais, ces bactries en seraient respectivement les sous espces: P. chlororaphis sp.

    chlororaphis, P. chlororaphis sp. aureofaciens sp. nov., comb.nov. et P. chlororaphis sp.

    aurantiaca sp. nov., comb.nov.

  • Les cellules de Pseudomonas spp. se divisent en moyenne toutes les 5 h dans la

    rhizosphre de Pinus radiata et uniquement toutes les 77 h dans le sol non rhizosphrique

    (Bowen et Rovira, 1976). Cette diffrence conduit un dveloppement des Pseudomonas

    spp. fluorescents significativement plus lev dans la rhizosphre que dans le sol nu. Ces

    microorganismes sont donc considrs comme des rhizobactries (Schroth et al.,1992).

    La diversit des populations de Pseudomonas spp. fluorescents en milieu riche en matire

    organique permet de compenser le handicap li labsence de formes de conservation developpes

    par dautres groupes bactriens tels que les Bacillus par exemple (Latour et Lemanceau, 1997). Les

    bactries appartenant ces espces prsentent en effet un intrt potentiel pour l'environnement, et

    contribuent rduire l'utilis