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NewFarm Agriconsult rédaction Geoffrey Taverniers
Introduction
Le modèle VigiPatate, développé par NewFarm Agriconsult est fondé sur des bases scientifiques robustes. Il
simule et prédit les comportements du mildiou, pathogène majeur créant les plus gros dégâts en culture de
pomme de terre. C’est aussi lui qui donne du fil à retordre aux agriculteurs tout au long de la saison, rendant
cette production extrêmement gourmande en produits phytopharmaceutiques.
VigiPatate est un outil à la disposition des agriculteurs, conseillers agricoles et scientifiques. Son utilisation
est destinée à prévenir les attaques de Phytophthora infestans en fonction des conditions climatiques
actuelles et juger de la nécessité d’appliquer un traitement ou non. Il est conseillé de combiner son
utilisation avec l’application ECO-T afin de positionner son traitement de la manière la plus efficace possible
et assurer la meilleure protection de la culture.
Cycle de Phytophthora infestans.
Il est essentiel, pour bien comprendre les calculs du modèle, de visualiser le cycle de P. infestans, l’agent
responsable du mildiou des Solanacées - la pomme de terre et la tomate entre autres.
Figure 1: Cycle de développement de P. infestans. Source : http://www.eucablight.org
VIGIPATATE : suivi du mildiou en
pommes de terre
NewFarm Agriconsult rédaction Geoffrey Taverniers
P. infestans, est un oomycète de la famille des Pythiacées. La plupart de son cycle et sa dissémination se
passe de façon aérienne.
Pour qu’il-y-ai reproduction sexuée, il faut que des souches présentant des compatibilités sexuelles
différentes se rencontrent. On distingue deux types : A1 et A2 chez P. infestans. Lorsqu’ils sont en présence,
il-y-a production d’oospores (Montarry, 2007). Ceux-ci peuvent se maintenir un hiver au champ et réinfecter
la culture suivante. Rappelons donc l’importance d’une rotation bien établie pour éviter cette source
d’inoculum (L. BØDKER, 2005).
La survie du pathogène se fait aussi sous forme de mycélium dans les tubercules infectés qui peuvent rester
dans le sol quand ils n’ont pas été récoltés ou se trouver dans des tas de triage. La bonne gestion de ces
repousses est essentielle au risque de voir se former sur ces plants infectés des sporanges qui sont très
facilement disséminés par le vent et la pluie.
Une fois ces sporanges sur la face supérieure d’une nouvelle feuille de pomme de terre, ceux-ci pourront
germer ou libérer des zoospores biflagellées qui se déplacent dans un film d’eau, d’où l’importance du
capteur d’humectation du feuillage. Les zoospores pourront à leur tour germer et former un réseau mycélien
intra et intercellulaire.
Le cycle se passe plus ou moins rapidement en fonction des conditions météorologiques au moment de
l’infection primaire. Le développement de sporangiophores (l’élément qui porte les sporanges) aura lieu à
travers les stomates de la face inférieur de la plante, formant une source d’inoculum secondaire très
important.
En fin de saison, les sporanges tombent sur le sol et descendent vers les tubercules par ruissellement avec
l’eau. Les lenticelles, ainsi que d’éventuelles blessures du tubercule sont les portes d’entrées pour le mildiou
qui hivernera en formant un mycélium et sera prêt à redémarrer un cycle à la repousse de ces plants ou
affectera la qualité de ceux-ci, les rendant impropre à la consommation.
Résumé du cycle
Reproduction sexuée
Si la rencontre de deux souches de mildiou portant un type de compatibilité sexuelle opposée se fait, il-y-
aura production d’oospores qui peuvent survivre au champ pendant l’hiver et former l’inoculum primaire
dans la culture suivante.
Reproduction asexuée
Les repousses sur tas d’écarts de triage ou de tubercules non récoltés au champ, peuvent devenir source
d’inoculum primaire si le tubercule était infecté par P. Infestans la saison précédente. En germant, la
maladie va se propager dans les tissus de la plante et former des sporangiophores (structure qui porte les
sporanges) sur la face inférieure de la feuille. Celui-ci libérera des milliers de sporanges transportés par le
vent sur de très longues distances.
Si les symptômes sont visibles au centre d’une parcelle, c’est probablement dû à une
repousse au champ.
Si les symptômes démarrent en bordure de parcelle, c’est probablement issu d’un tas
proche.
Ces sporanges atteindront de nouveaux plants et les infecteront soit en germant, soit en mûrissant et
libérant des zoospores, propageant ainsi l’infection à de nouveaux plants.
NewFarm Agriconsult rédaction Geoffrey Taverniers
Le modèle VigiPatate
Sporulation
Cette première étape se passe la nuit car elle est inhibée par de hauts niveaux de radiation solaire. Il est
aussi essentiel que l’air soit chargé en humidité. Les sporanges formés ne peuvent pas germer le matin de
leur formation. Il est nécessaire pour eux de « mûrir » et pour cela un certain taux d’humidité est exigé (De
Weille, 1963).
Les données récoltées sont donc liées au nombre d’heure d’humidité relative (HR) supérieur ou égale à 90%
et trois cas sont possibles.
Moins de 6 heures de ces conditions
Entre 6 et 8 heures de ces conditions
Plus de 8 heures de ces conditions
Survie des spores
La survie des spores est évaluée en regardant les conditions des 2 jours précédents.
Température supérieure à 29°C avec une HR inférieure à 50 %
Température supérieure à 32°C avec au moins 2h à plus de 34°C
Un des deux jours a connu un épisode de température élevée
Pas de période de température élevée
Infection
Le calcul de l’infection est lié au risque de sporulation.
Pas de sporulation = pas d’infection
Si le risque de sporulation est moyen ou élevé et que les températures se situent entre 5 et 27°C =
Conditions favorables. Evaluation par le temps d’humectation du feuillage.
o Humectation inférieure à 3 heures, pas de germination
o Humectation entre 3 et 7 heures
o Humectation supérieure à 7 heures
Pression du jour et des 4 derniers jours
En conditions favorables, P. Infestans peut compléter un cycle en 3 à 5 jours. Le modèle regarde donc la
sporulation, la survie des spores et l’infection sur les 4 derniers jours pour donner un avis résumé de la
pression sur cet intervalle de temps.
NewFarm Agriconsult rédaction Geoffrey Taverniers
Couverture fongicide de la parcelle
VigiPatate donne des informations quant à la rémanence du dernier traitement effectué. Cette protection
varie entre 7 et 9 jours selon le produit. La réduction de ce laps de temps peut être lié à plusieurs
phénomènes :
La pluie : responsable du lessivage du produit de la feuille
La croissance de la plante : si la plante est en période de croissance intense, les parties
néoformées ne sont pas protégées
Le risque d’infection : plus les risques sont élevés, plus la période de protection est
diminuée.
Utilisation de VigiPatate
Pour utiliser le modèle, il suffit d’encoder le dernier traitement effectué. Une liste des produits se trouve à
disposition, classé par ordre alphabétique avec une précision sur leur type
T1 = Type 1 : Produits de contact sans protection des tubercules
T2 = Type 2 : Produits de contact avec protection des tubercules
T3 = Type 3 : Produits pénétrants ou translaminaires avec ou sans rétroaction
T4 = Type 4 : Produits systémiques avec rétroaction.
Il est aussi possible d’ajouter l’option « Pas de traitement » pour avoir un retour du modèle quant à la
nécessité d’en faire un et « Pas de traitements : culture inférieure à 15 cm » pour observer l’état en début de
saison.
Le stade de la culture et le développement foliaire et l’état du sol doivent aussi être définis afin d’avoir un
retour le plus juste possible sur les attaques potentielles par P. Infestans. En effet, une plante qui est en
forte croissance nécessitera des traitements plus réguliers en période de risque puisque les parties
nouvellement formées de la plante ne seront plus protégées par les produits de contact.
Une visualisation du risque apparait avec une signalétique très simple basée sur un code couleur. Il
s’applique pour chaque étape du modèle et défini le risque de la sporulation jusqu’à l’infection avec un
résumé de la pression du jour et des 4 jours précédents. Cette présentation permet de comprendre et
anticiper les risques sur les 7 prochains jours.
Finalement, la protection fongicide résiduelle indique, en fonction des prévisions météo, la date d’échéance
du dernier traitement protecteur.
En combinant ces informations, l’utilisateur peut planifier (et simuler) son prochain traitement : le choix du
moment pour garder une protection optimale sera la plus-value de l’OAD.
En couplant ces informations avec le système « ECO-T », le positionnement optimal des produits
phytosanitaires choisis apportera également un gage d’efficacité à l’intervention.
NewFarm Agriconsult rédaction Geoffrey Taverniers
Stratégie et apports de VigiPatate pour l’agriculteur
VigiPatate est un outil d’aide à la décision (OAD). Par définition il ne donne pas une réponse franche et
tranchée mais est conçu pour aider l’utilisateur à opérer un choix rationnel en réunissant un ensemble
d’informations.
Les intrants liés à la protection d’une culture forment une grande partie des coûts de production. Si
l’agriculteur peut s’affranchir d’un traitement inutile, cet argent revient pleinement dans son portefeuille.
La lutte intégrée (Integrated Pest Management – IPM en anglais) est un concept de plus en plus employé.
Elle est définie comme la prise en compte de tous les moyens de protections possible et leur mise en œuvre
afin de décourager les niveaux de populations de nuisible et de maintenir les niveaux d’utilisation de
produits phytopharmaceutiques et d’autres interventions à un niveau justifié sur le plan économique et
environnemental tout en réduisant les risques pour la santé humaine et l’environnement("Portail de
l'Agriculture wallonne,"). Les OAD font partie des leviers à utiliser pour faire de la lutte intégrée.
Un suivi régulier de VigiPatate permet de prendre conscience de l’état du danger pour la culture à l’heure
actuelle et dans le futur grâce aux prévisions météo. En anticipant les risques, on planifie et valorise mieux
son temps, si précieux quand la saison bat son plein. (Shtienberg, Doster, Pelletier, & Fry, may
1989)(Fanambinana, 2012)
Bibliographie De Weille, G. A. (1963). Laboratory results regarding potato blight and their significance in the epidemiology
of blight. European potato journal, 6(2), 121-130. doi:10.1007/BF02365219 Fanambinana, R. T. (2012). Analyse et modélisation des effets des pratiques culturales sur les épidémies de
mildiou de la pomme de terre. Adaptation du modèle SIPPOM (Simulator for Integrated Pathogen POpulation Management) au pathosystème. (Agrosystèmes, Ecosystèmes et Environnement), Institut National Polytechnique de Toulouse (INP Toulouse).
L. BØDKER, H. P., K. KRISTENSEN, L. MØLLER, A. LEHTINEN & A. HANNUKKALA. (2005). Influence of crop history of potato on early occurrence and disease severity of potato late blight caused by Phytophthora infestans. Paper presented at the Ninth Workshop of an European Network for development of an Integrated Control Strategy of potato late blight Tallinn (Estonia).
Montarry, J. (2007). Réponse adaptative des populations de Phytophthora infestans, agent du mildiou de la pomme de terre, au déploiement en culture de son hôte Solanum tuberosum. (Unité Mixte de Recherche INRA/Agrocampus Rennes, Biologie des Organismes et des Populations appliquée à la Protection des Plantes, Le Rheu - Equipe ‘Caractérisation et Gestion Durable des Résistances des Plantes aux Maladies’ ), Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Rennes (ENSAR).
Portail de l'Agriculture wallonne. Retrieved from https://agriculture.wallonie.be/apps/spip_wolwin/article.php3?id_article=406
Shtienberg, D., Doster, M. A., Pelletier, J. R., & Fry, W. E. (may 1989). Use of simulation models to develop a low-risk strategy to suppress early and late blight in potato foliage. v. 79.