logistique_au_maroc

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    Conjoncture N 923 - Fvrier 2011 - 17

    DOSSIER

    Ce nest pas un secret. Le secteur de la logistique estle systme nerveux de toute conomie performante.La Stratgie nationale de dveloppement de la com-ptitivit logistique fait partie de ces grands chantiersvoulus par le Maroc de la nouvelle re. Le Royaume aainsi ralis ces dernires annes une vritable rupturedans le dveloppement des infrastructures de trans-port (autoroutes, ports, chemins de fer) et a franchi

    dimportantes tapes dans le processus de rformes.Libralisation oblige, lintroduction de la concurrencedans les diffrents modes de transport et de lquipe-ment sest impose devant une conomie marocainequi se rveille.

    Logistique : un secteur en chantier

    Dossier ralispar Youssef At [email protected]

    Initie en 2008, la Stratgie nationale de dveloppement de la comptitivit logistiqueest sur les rails. Gros plan sur les objectifs et la mise en uvre dun chantier priori-taire de lconomie marocaine.

    Logistique, un secteur en chantier

    Interview de Karim Ghellab, ministre de lEquipement et

    des TransportsObjectif : gagner en comptitivit

    Dimportants obstacles surmonter

    Interview de Mustapha El Khayat, prsident de lAMLOG

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    27

    Le Maroc ralise plus de 95% de ses changes extrieurs par voie maritime, avec plus de 60 millions de tonnes de marchandises transportes par an. La Strat-

    gie logistique doit permettre aux consommateurs et aux oprateurs conomiques de bnficier dune gestion optimise des flux de marchandises.

    CtpoTe

    Crditphoto:

    Teuler

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    DOSSIER

    Conjoncture : Comment la Stratgienationale logistique est-elle mise enuvre ?Karim Ghellab : La mise en uvrede cette stratgie constitue un dfimajeur eu gard la multiplicit desacteurs et des domaines de comp-tences institutionnelles quelle faitintervenir (administrations, collec-tivits, oprateurs conomiques,partenaires institutionnels) et desenjeux cls autour dun programme

    consistant de dveloppement dunrseau national de plates-formes lo-gistiques. La mise en uvre de cettestratgie ncessite un effort coh-rent qui sinscrit dans le temps et desarbitrages complexes oprer surdes domaines ne relevant pas nces-sairement du Ministre de lEquipe-ment et des Transports. cet effet, et tant donn lenver-gure des enjeux et impacts atten-dus de cette stratgie, une Agence

    Nationale sera mise en place, dontle rle essentiel est la coordinationet la syndication au niveau nationaldes diffrents acteurs de la comp-titivit logistique autour de projets

    spcifiques. Il sagit de lAgence Ma-rocaine de Dveloppement de la Lo-gistique. La loi portant cration deladite Agence est en cours dtudeau Parlement aprs son adoptionpar la Chambre des conseillers ennovembre 2010.

    Quen est-il du calendrier de livrai-

    son des plates-formes logistiques ?Le dveloppement dun rseau dezones logistiques travers tout leRoyaume, constitue un axe prpon-drant dans la mise en uvre de cecontrat programme. La superficieglobale du foncier mobiliser pourla concrtisation de ce rseau estde prs de 3.300 ha dont 2.080 ha lhorizon 2015. Il sagit de dvelopper terme environ 70 zones logistiquesdans 18 villes marocaines. Un grand

    effort devra tre fourni au cours despremires annes et cet effet, prsde 32 zones logistiques seront lan-ces dans 10 villes.

    La rgion du Grand Casablanca, pre-mire tape ?La rgion de Casablanca, o la dcli-naison de ce plan national au niveaurgional a t engage, prvoit le d-veloppement de 978ha de plates-formeslogistiques dont 607 lhorizon 2015. Lapremire zone lan-ce dans le cadre dece plan est celle deZenata sur une su-perficie de 323 hadont 202 ha en 2015,abritant les activitslies au traitementdes flux de conteneurs, de crales,de distribution et de sous-traitancelogistique. Par les dispositions du

    contrat dapplication relatif au d-veloppement des zones logistiquesdu Grand Casablanca, la ralisationde cette zone est confie au groupe-ment compos de lANP, lONCF et

    la SNTL, propritaires fonciers, quiassurent la coordination du dvelop-pement et la gestion oprationnellede cette zone.Pour cette zone, il est essentiel designaler que les travaux sont djlancs sur le foncier appartenant la SNTL. La premire tranche qui seraoprationnelle en 2011, va permettre

    de mutualiser les ressources et de ra-tionaliser les flux et ce, travers desoprations de collecte, de distribu-tion, de groupage et de personnali-sation des marchandises.

    Et concernant les autres plates-formes ?Le dveloppement des autres plates-formes logistiques se fera traversla mise en place du Schma NationalIntgr, qui consiste en des zones

    dactivit logistique regroupant unou plusieurs types de plates-formes(conteneurs, distribution et outsour-cing logistique, agro-commerciali-sation, matriaux de construction,plates-formes cralires). La miseen uvre de ce programme se feragraduellement lchelle nationale,avec deux horizons 2015 et 2030.Le premier palier de cet ambitieux

    programme sera en-tam en 2011 avecun dveloppementspcifique dans la r-gion du Grand Casa-blanca.

    Par ailleurs, lins-tar du contrat duGrand Casablanca,les contrats dap-plication des autres

    rgions seront finaliss en 2011, deconcert avec les acteurs locaux etservices concerns paralllement

    llaboration de contrats spcifiquespour les oprateurs de transport demarchandises, la formation et lop-timisation des diffrents flux logis-tiques.

    La mise en uvre de la Stratgie logistiquencessite des arbitrages complexes Interview de Karim Ghellab, ministre de lEquipement et des Transports.

    Karim Ghellab, ministre de lEquipement et desTransports.

    CtpoLapoNb

    Crditphoto:LabophotoNajibi

    linstar du contrat

    du Grand Casablanca,les contrats dappli-

    cation des autres r-

    gions seront finaliss

    en 2011.

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    consommateurs et les oprateurs co-nomiques vont bnficier dune gestionoptimise des flux de marchandises. Lesresponsables visent aussi lacclration

    de la croissance du PIBpar laugmentation dela valeur ajoute (+ 3 5 points du PIB lhori-

    zon 2015 et une valeurajoute additionnellede 15 20 milliards dedirhams, soit + 0.5 0.7point de PIB par an). Etenfin la contributiondu secteur logistique

    au dveloppement durable du pays, travers la rduction des nuisances et duCo2 (-35 % selon la stratgie).

    Une tude a t lance en mai 2008par le ministre de lEquipement etdes Transport et la CGEM afin dva-luer le potentiel et le besoin en termede logistique. Aujourdhui, la perfor-mance du secteur dans son ensemblereste un stade intermdiaire, carac-tristique des pays mergents, avec un

    fort potentiel de dveloppement, uneoffre de services logistiques encore va-riable en termes de cot, de qualit, etde dlai, une demande des oprateursen moyenne peu sophistique, et unmanque dinfrastructures spcialisessur certains flux , peut-on lire sur lesdocuments de ltude. De plus, presquetous les secteurs ont leurs Plans de d-veloppement : Plan Maroc vert pour

    lagriculture, Plan Rawaj pour le com-merce intrieur, Plan Halieutis pourla pche maritime, Emergence pourlindustrie et le Plan pour le dvelop-pement de lnergie.Dans ce cadre, le d-veloppement de la lo-gistique semble tre

    une obligation pour nepas crer des goulotsdtranglement. Ceciapparait clairementdans les objectifs de lastratgie : rductiondes cots logistiquesdu Maroc avec la baisse du poids descots logistiques/PIB de 20 % actuel-lement 15 % lhorizon 2015. Les

    Objectif : gagner en comptitivitLa Stratgie logistique doit permettre au Maroc de prenniser la mise en uvre de

    ses plans sectoriels et daccrotre la comptitivit de lconomie nationale.

    le dveloppement

    de la logistique semble

    tre une obligationpour ne pas crer des

    goulots dtrangle-

    ment

    Mditerrane

    OcanAtlantique

    MAURITANIE

    JORF LASFAR

    SAFI

    CASABLANCA

    MOHAMMEDIA

    ZENATA

    RABATOcanAtlantique

    rseau ferroviaireLigne existanteProjets futurs

    Port desservi par rail

    AutoroutesRalisesEn coursProgrammes

    Principaux Aeroports

    Principaux ports

    Premire zone logistiquemulti-flux (Znata)

    ALGERIE

    TANGER MED

    JORF LASFAR

    SAFI

    AGADIR

    LAYOUNE

    BOUJDOUR

    EDDAKHLA

    NADOR

    OUJDA

    FESMEKNS

    BENI MELLAL

    Beni Ensar (Port de Nador)TANGER

    CASABLANCA

    MOHAMMEDIARABAT

    ZNATA

    MARRAKECH

    InoaeCM

    Infographie:C

    FCIM

    DOSSIER

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    116 milliards de dirhamsdinvestissements ncessairesLes investissements ncessaires la bonne mise en uvre de la stra-tgie sont estims 116 milliards dedirhams, dont 63 milliards dici 2015.Lessentiel devrait tre mobilis parle secteur priv. A lhorizon 2020, cesont 70 plates-formes logistiques quiseront cres pour une surface totalede 10 millions de m2. Le contrat pro-gramme sera appuy par 10 contratsdapplication dont 2 ont dj t lan-cs. Le premier concerne la zone lo-gistique Casablanca-Zenata, en coursde ralisation, et le second la mise niveau du transport routier de mar-

    chandises, actuellement en cours devalidation par le ministre de lEqui-pement et des Transports.Premier cheval de bataille pour la miseen place de ce projet ambitieux : le d-veloppement dun rseau national dezones multi-flux (ZLMF). Le dvelop-pement de ces zones se fera traversla mise en place dun Schma natio-nal Intgr, qui consiste en des zonesdactivit logistique regroupant unou plusieurs types de plates-formes :

    plates-formes conteneurs, plates-formes de distribution et de sous-

    traitance logistique, plates-formesdagro-commercialisation, plates-formes de matriaux de constructionet des plates-formes cralires.Concernant les plates formes de distri-bution et de sous-traitance logistique,la stratgie prvoit den construireune dizaine, sur une superficie de 720ha lhorizon 2015 pour atteindre plustard 1338 ha, dans les principales ag-

    glomrations urbaines : Casablanca(huit plates-formes), une Tanger,

    Rabat, Marrakech, Agadir Le mmeprogramme est prvu pour les autrestypes de plates-formes (agro-com-mercialisation, crales et les mat-riaux de construction).

    Dveloppement des infrastructuresLe transport est un des principaux d-fis relever pour concrtiser les objec-tifs de la Stratgie nationale. Le sec-

    teur reprsente 6 % du PIB et 9 % dela valeur ajoute du secteur tertiaire ;

    Carte des zones logistiques multi-flux prvues dans le Grand Casablanca.

    Zenata Total 2015

    Conteneurs 200ha 130ha

    Distribution 105ha 65ha

    Crales 14ha 7ha

    Lakhyayta I Total 2015

    Agro-com 100ha 80ha

    Distribution 50ha 30ha

    Lakhyayta II Total 2015

    Distribution 25ha 15ha

    Mat. Const 40ha 25ha

    Oulad Hadda Total 2015

    Distribution 67ha 30ha

    Mat. Const 36ha 25ha

    Deroua Total 2015

    Distribut ion 80ha 40ha

    Mat. Const 30ha 20ha

    Nouaceur Total 2 015

    Distribution 80ha 40ha

    Mat. Const 20ha 15haBouskoura Total 2015

    Distribution 37ha 20ha

    Mat. Const 20ha 15haOulad Saleh Total 2015

    Distribution 70ha 50ha S

    minsedEpmeedTap

    Source:m

    inistredelEquipementetdesTransports

    Ces dernires annes leffort a t port sur ledsenclavement du Nord du Royaume dunepart, avec la cration dune autoroute reliantMarrakech Agadir permettant la liaison Tanger-Marrakech-Agadir, et des zones rurales dautrepart grce la mise en place, en 2004, dune

    Caisse pour le financement des routes (CFR), ou leProgramme national des routes rurales (PNRR II)qui a permis la ralisation de 15 000 km de routesrurales. En outre, la ralisation de la rocade mdi-terranenne reliant Tanger Sada, longue de 510km, devrait aboutir courant 2012. Cet axe de com-munication majeur pour la cte Nord-Africaineaura des retombes conomiques et sociales b-nfiques sur le plan rgional et national. Elle r-duira la dure du trajet de 11 7 heures tout enamliorant la scurit routire.Le rseau autoroutier quant lui, long de plus de900 km, est particulirement dvelopp dans le Nord du pays. Des travaux sont en cours pour tendre le rseau,

    notamment sur les tronons Marrakech-Agadir et Fs-Oujda. Environ 160 km dautoroutes sont construits chaqueanne depuis 2006, ncessitant un investissement annuel de 4 milliards de dirhams. Le rseau autoroutier couvrira terme les principaux axes du pays. Les infrastructures routires permettent dassurer un flux de marchandises deplus de 1 200 millions de tonnes-kilomtres par an.

    Dveloppement des infrastructures routires

    Le Maroc devrait disposer de 1800 km dautoroutes lhorizon 2015.

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    il emploie en outre 10 % de la popu-lation active urbaine. Le transportabsorbe 34 % de la consommationnationale dnergie. Depuis les an-nes 1990, les rformes structurellesdu secteur ont vis la libralisationdu march et lassouplissement descadres institutionnels, lgaux et r-glementaires. Le rseau routier resteloutil de transport privilgi du Ma-roc : 75 % des marchandises trans-portes, hors phosphates, et 90 %des voyageurs lutilisent lors de leursdplacements. On estime que len-semble du rseau regroupe 60 500km de routes et de pistes. Ce rseausupporte la circulation de prs de 50

    millions de vhicules par jour ralisevia un parc de 2,3 millions de vhi-cules. Un vaste programme de mo-dernisation des infrastructures visant doter le pays dun rseau routier enadquation avec le dveloppementconomique et social du pays a tentrepris. Aujourdhui, le Maroc dis-pose de 32 892 km de routes revtueset de 1 400 km dautoroutes. A lhori-zon 2015, le Maroc devrait disposer de1 800 km dautoroutes.

    Optimisation des flux marchandisesLoptimisation des flux marchandisesreste un des principaux axes de laStratgie nationale de dveloppe-ment de la comptitivit logistique.Les autorits marocaines visent lesproduits les plus vitaux pour lcono-mie du pays. Les crales : la dpen-dance du pays en matire dimpor-tation des crales (la production decrales ne couvre pas les besoinsmme lors des bonnes annes agri-

    coles) et la volatilit des prix desmatires premires au niveau inter-national, soulvent la ncessit de s-curiser lapprovisionnement traversla mise en place de nouvelles capaci-ts de stockage des crales notam-ment au niveau des ports. Lnergieest aussi concerne par ses mesures.Les flux de vracs liquides reprsententune part importante des importationsmarocaines avec une dominance desproduits ptroliers (95 %). Ils sont ca-

    ractriss par une dominance du pleptrolier de Mohammedia, avec 85 %des importations, et environ 80 % dela production de produits raffins,les autres terminaux dimportation

    Lactivit de lONCF est fortement corrle celle de lOCP. En photo, un site dexploitation de lOCP

    Khouribga.

    CtpoTe

    Crditphoto:Teuler

    Le rseau ferroviaire du Maroc est le plus tendu du Maghreb et le deuximedAfrique aprs lAfrique du Sud. Il stend actuellement sur 1 989 km, dont 201km de lignes dembranchement reliant des entreprises au rseau ferr national.Selon lOffice National des Chemins de Fer (ONCF), 4,8 millions de tonnes demarchandises (hors phosphate) ont t transportes en 2008. LONCF a ainsicltur un ambitieux programme dinvestissement qui sest tal sur la p-riode 2005-2009 et dont les bons rsultats donnent lieu une relle impulsiondu secteur. LOffice enchaine avec un nouveau contrat-programme 2010-2015,

    dot dune enveloppe dinvestissement de 33 milliards de dirhams.

    Feuille de route 2010-2015La nouvelle feuille de route vise notamment la poursuite des efforts pour lamodernisation du rseau et lintgration de la ligne grande vitesse entreCasablanca et Tanger. LONCF envisage galement lhorizon 2015 dassurerle transport de 18 millions de tonnes de marchandises (hors phosphate) et deconstruire un rseau de plates-formes logistiques avec ports secs. LOffice estamen concrtiser ce programme avec le retrait de son principal client lOCP(Office chrifien des phosphates). LONCF ne mnage aucun effort pour ac-compagner lOCP dans sa stratgie de dveloppement tout en cherchant unmontage intelligent permettant de sauvegarder ses intrts. En effet, une com-

    mission compose de reprsentants des deux Offices et de lEtat travaille dansce sens. Ses travaux avancent normalement de manire aboutir un rsultatsatisfaisant aux trois parties. Je prcise galement que les volumes de trans-port futurs annoncs par lOCP permettraient de maintenir notre part dans lestransports des phosphates , explique Mohamed Rabi Khlie, le directeur gn-ral de lONCF.

    Investissements prvus : 33 milliards de dirhamsLe nouveau contrat-programme avec lEtat pour la priode 2010-2015 prvoitla ralisation dun investissement de 33 milliards de dirhams, dont 20 milliardsseront consacrs au projet de TGV. Les 13 milliards restants serviront financerla poursuite de la modernisation du rseau actuel. Ainsi, on compte augmen-ter la capacit de la ligne Casablanca-Knitra, notamment avec le triplement

    de la voie entre Knitra et Casablanca, lectrifier Fs-Oujda et mettre niveauSettat-Marrakech. Au menu galement, la poursuite de la modernisation desgares et le dveloppement dun rseau de plates-formes logistiques ainsi quelacquisition et la rhabilitation du parc du matriel roulant.

    Fret ferroviaire : laprs-OCP ?

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    Loptimisation des flux de marchandises est un des principaux axes de la stratgie nationale logistique.

    CtpoTe

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    se situant Agadir et Jorf Lasfar. Ladistribution nationale est aussi sur laliste. Avec un volume annuel denvi-ron 20 25 millions de tonnes et de

    3,5 milliards de tonnes/km, les fluxde distribution reprsentent un enjeumajeur. Ils ont un im-pact direct en termesde pouvoir dachatet de qualit pour leconsommateur, maisaussi en termes den-vironnement vu luti-lisation intensive ducamion contribuant la congestion urbaine.Limport-export sera

    aussi amlior avecloptimisation desflux. Pour ce faire, il est prvu dam-liorer la logistique import et exportdes principaux flux de lconomie na-tionale, daccompagner la croissancedes exportations industrielles et agri-coles, et doptimiser des flux autourdes plates-formes logistiques propo-sant des services adapts.

    Vers des oprateurs intgrs

    La SNTL (Socit Nationale des Trans-ports et de la Logistique), leader his-torique du transport routier au Marocvient de crer une joint venture avec

    le Groupe A.P. Moller Maersk, leadermondial. Les deux entits veulentmettre en commun leurs expertises etleurs moyens pour offrir aux acteurs

    de lindustrie marocaine une presta-tion logistique intgre et des solu-tions personnalisesde fret et de gestionde la supply chain.Mais il sagit pluttde sassocier pourfaire face une lib-ralisation rapide dusecteur. En vue dat-tirer les investisseurs,il est prvu dlaboreret instaurer un sys-

    tme de classifica-tion et qualification

    des acteurs logistiques intgrs (sys-tme de labellisation), de faciliter etmettre en place une rglementationtransparente pour laccs au foncierrserv aux zones dactivits logis-tiques (ZLMF). LAgence nationalede la logistique compte instaurer uncadre incitatif facilitant lentre sur lemarch local des entreprises oprantdans le secteur de la logistique. Les

    oprateurs marocains parlent eux durisque dun libralisme htif, entamavant la mise niveau des oprateursnationaux.

    Avec un volume an-

    nuel denviron 20 25

    millions de tonnes et de

    3,5 milliards de tonnes/

    km, les flux de distri-

    bution reprsentent un

    enjeu majeur.

    Dot dun littoral de 3 500 km, leMaroc dispose de 30 ports (12 ports

    polyvalents, 12 ports de pche, 6ports de plaisance) et de 5 abrisde pche. Au total, linfrastructureportuaire stale sur 1 600 ha debassins. Fort de ces installations,le pays ralise plus de 95 % de seschanges extrieurs par voie ma-ritime, avec plus de 60 millions detonnes de marchandises transpor-tes par an. En plus des ports deCasablanca et Tanger Med I et II,les autorits marocaines projet-

    tent la construction dun nouveauport de grande ampleur, NadorWest, situ 30 km de Nador. Leport devrait tre oprationnel en2015. Comme Tanger Med, NadorWest sera un port de transborde-ment. Il est aussi prvu den faireun grand ple nergtique rgio-nal avec une capacit de stockagedenviron 500 000 tonnes de pro-duits ptroliers, pour approvision-ner le Maroc mais aussi les paysde la rgion. A noter galement, le

    dveloppement en cours ou ve-nir des ports au sud du Royaume, Layoune, Boujdour et Dakhla.

    Ports : le futur Nador West ?

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    Le manque de foncier risque de retarder le dveloppement et la mise en uvre du rseau nationalintgr de ZLMF.

    CtpoTe

    Crditphoto:Teuler

    Dimportants obstacles surmonterFoncier, formation, financement, systmes dinformation : certains freins ouobstacles risquent de retarder la mise en uvre de la Stratgie logistique.

    quement, le Maroc a besoin de 250hectares dici 2015, et pas moins de400 ha en 2030. Si lon fait lhypo-thse raliste quen 2030 le Marocaura rattrap son retard en matirelogistique, cela suppose des externa-lisations importantes avec des inves-tissements massifs en plates-formes.Ainsi, en considrant quen 2030 leparc devra tre denviron 80 millionsde m2, cest plusieurs milliers dhec-tares qui seront ncessaires pouraccueillir la demande , fait remar-quer Mustapha El Khayat, prsident

    de lAssociation Marocaine pour la

    Logistique (AMLOG). Mme son decloche chez les oprateurs trangers : Ce plan laisse tout de mme les in-vestisseurs en attente par rapport leurs besoins en foncier. Les critrespour lacquisition de nouvelles plates-formes restent vagues quant laccsaux zones ddies , prvient FrdricSeillier, directeur gnral de DachserMorocco. Ce dernier va un peu plusloin. Selon lui, le dernier accord SNTL/Maersk laisse galement les opra-teurs du priv dans lexpectative. Eneffet, la concurrence risque dtre

    biaise et la naissance de ce gant

    Le secteur de la logistique profiteactuellement dune grande volontde restructuration. La stratgie na-tionale lance par le gouvernementest ambitieuse mais certains obs-tacles risquent de freiner sa mise enuvre. Le principal objectif annoncest de remdier aux problmes ac-tuels de gestion des flux et de mobi-

    lit dans les grandes agglomrationset centres urbains du Maroc. A terme,la rduction des cots logistiques per-mettra au Maroc damliorer la com-ptitivit du secteur et dacclrer lacroissance de son PIB. En effet, toutdveloppement des services logis-tiques ne peut se faire sans infrastruc-tures efficaces, ou sans lliminationdes entraves institutionnelles tellesque les situations de monopole ou defaible concurrence. Ces deux aspects,

    qui sont des conditions primordialeset essentielles pour une exploitationoptimale des diffrents maillons dela chaine logistique (Supply Chains),ont fait lobjet de plusieurs actions aucours des cinq dernires annes maisne sont toutefois pas suffisantes. Au-del de la poursuite de la politiquedes grands chantiers de transport etla multiplication du volume de lin-vestissement y affrent durant lesannes venir ( travers le lancementde nouveaux projets structurants tels

    que les lignes grande vitesse, lesautoroutes, les ports Tanger Med II etNador West Med), il est ncessaire dedonner une impulsion relle au sec-teur des services logistiques traversle dveloppement dun partenariatfort et efficace public/ priv.

    Manque de foncierConcernant un des grands axes de laStratgie nationale - le dveloppe-ment et la mise en uvre dun r-

    seau national intgr de Zones Logis-tiques Multi-Flux (ZLMF) - le manquede foncier est un problme qui risquebien de retarder les chances. Pourles plates-formes conteneurs uni-

    DOSSIER

    LAgence Marocaine de Dveloppement de la Logistique, place sous la tutellede lEtat, prendra la forme dun tablissement public dot de la personnalitmorale et de lautonomie financire. La cration de cette agence vise favo-riser les instruments et mcanismes efficients devant aider le gouvernement mettre en uvre la stratgie nationale intgre pour le dveloppement dela comptitivit logistique, qui concerne plusieurs secteurs conomiques etaspire augmenter annuellement de 0,5 le PIB au cours des dix prochainesannes. Le rle essentiel est la coordination et la syndication au niveau na-

    tional des diffrents acteurs de la comptitivit logistique autour de projetsspcifiques. La loi portant cration de ladite Agence est en cours dtude auParlement aprs son adoption par la Chambre des conseillers en novembre2010 explique Karim Ghellab, ministre de lEquipement et des Transports.

    Une Agence pour mettre en uvre la stratgie

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    DOSSIER

    risque de dcourager nombre dinves-tisseurs. Le ministre de lEquipementet des Transports, Karim Ghellab, estconscient du dfi : La superficieglobale du foncier mobiliser pourla concrtisation de ce rseau estde prs de 3.300 ha dont 2.080 ha lhorizon 2015. Il sagit de dvelopper terme environ 70 zones logistiquesdans 18 villes marocaines. Un grandeffort devra tre fourni au cours despremires annes et cet effet, prsde 32 zones logistiques seront lancesdans 10 villes explique-t-il.Former les comptencesLa Stratgie nationale prvoit aussiune offre de forma-

    tion conforme aux exi-gences des entreprises.Mais cela ne parat passuffisant pour les pro-fessionnels. Loffrede formation en logis-tique nest pas encoreen adquation avec lesbesoins spcifiques dusecteur. Les diplmsde haut niveau sortentde ces units de forma-

    tion mais trouvent souvent des diffi-cults pour trouver des postes corres-pondants leurs niveaux. Souvent lesoprateurs multinationaux ont au ni-veau dcisionnel des cadres trangers.A ce rythme il serait difficile de former

    un noyau de comptences marocainespour un secteur stratgique , plaideMustapha El Khayat. Un besoin pres-sant est senti pour crer un rgula-teur du march de lemploi dans unsecteur mergent comme celui de lalogistique. Pour les professionnels,il faut aussi adapter en permanenceles formations aux besoins rels desfilires concernes (chanes de froid,les produits dangereux, textile-ha-billement, agro-alimentaires, produitsindustriels, etc.). Les technologies vo-luent rapidement dans les chanes lo-gistiques globales. La formation conti-nue est ncessaire pour permettre aumarch de lemploi de trouver toutes

    les comptences n-

    cessaires. Le niveaudes comptences na-tionales est certes entrain de samliorer,mais il reste difficilede trouver des col-laborateurs dont lescomptences sonten adquation avecle niveau de leur di-plme , rsume Fr-dric Seillier.

    Investissements colossauxLes investissements ncessaires labonne mise en uvre de la strat-gie sont estims 116 milliards de di-rhams, dont 63 milliards dici 2015. Le

    Maroc compte sur un partenariat pu-blic-priv pour le montage financier.Certes, les banques sorientent vers lefinancement du secteur de la logis-tique, et les investisseurs trangersont montr une bonne volont pouraccompagner la stratgie, mais lesmontants ncessaires sont trs impor-tants. Ayant une bonne rputationauprs des institutions financires in-ternationales et de bailleurs de fonds,le Maroc, dont lconomie a pu rsisteraux effets de la crise, mobilisera lesfinancements ncessaires la ralisa-tion de lensemble des projets et pro-grammes rassure le ministre KarimGhellab.

    Le transport est un des principaux dfis relever pour concrtiser les objectifs de la Stratgie nationale

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    Lvolution des technologies de lin-formation et de la communication(TIC) a profondment fait voluerles systmes dinformation, en par-ticulier dans le domaine logistique.Cet accroissement de la vitesseglobale de circulation ainsi que desexigences en matire de qualitdes prestations (respect des dlais,

    de lintgrit des marchandises,des rglementations en vigueuret de lenvironnement) se traduitpar de nouvelles attentes vis--visdu transport en tant quoprationlogistique, mais aussi vis--vis destransporteurs, oprateurs du trans-port et partenaires des socitsindustrielles et commerciales. AuMaroc il est de plus en plus urgentde sattaquer ce volet. Certes, lesmultinationales ont dvelopp des

    systmes dinformations qui leurpermettent de matriser les chainesdactivit, mais les oprateurs na-tionaux, eux, semblent tre enretard. Lapproche logistique in-tgre se fixe comme objectif deminimiser le cot logistique globalde lensemble des activits logis-tiques pour un niveau de servicechoisi. De mme, La logistique int-gre implique toute lorganisation,des achats la distribution tout endfinissant de nouvelles relationsavec les prestataires de services ,analyse Mohammed BoukaidiLaghzaoui, expert en systme din-formation logistique.

    Dvelopper les systmesdinformation

  • 8/6/2019 logistique_au_maroc

    11/11

    Conjoncture N 923 Fvrier 2011 27

    Plusieurs milliers dhectares serontncessaires pour accueillir la demande Interview de Mustapha El Khayat, prsident de lAMLOG (Association Marocainepour la Logistique).

    Mustapha El Khayat,

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    M

    LOG

    gistique, cela suppose des externalisa-tions importantes avec des investisse-ments massifs en plates-formes. Ainsi,en considrant quen 2030 le parc devratre denviron 80 millions de m2, cestplusieurs milliers dhectares qui serontncessaires pour accueillir la demande.Rien que pour ce qui est appel distri-

    bution et sous-traitance, les surfacesconsommes lchelle du pays serontcertainement beaucoup plus impor-tantes que ce qui est affich (de lordrede 30 hectares par an) ; en multipliantpar deux on ne fera pas preuve dun op-timisme marqu !Dimportants projets sont dj en coursde ralisationA mon avis les choses avancent maislentement. Certes des projets impor-

    tants sont en cours de ralisation : Zonedactivit logistique de Zenta, plate-forme logistique de SNTL, projet du portsec de lANP, etc. Toutefois, dans cesprojets, on identifie souvent une mar-ginalisation des oprateurs privs ma-rocains de taille optimale (critique) dusecteur logistique.La libralisation du secteur est pourtantbnfique pour les oprateurs maro-cains ?La libralisation est faite de manirenon-stratgique, au coup par coup. Lesecteur logistique moderne priv pure-ment marocain en ptit. Les gants dela logistique accaparent les marchs haute valeur ajoute et les oprateurslogistiques marocains naissants sont re-lgus au second plan. Les barrires oudifficults lentre pour ces nouveauxoprateurs marocains privs de la logis-tique sont multiples : institutionnelles,foncires, financires et fiscales.

    Un mot sur lemploi et la formationdans le secteur ?Le secteur de la logistique est crateurdemplois multiples et de plusieursprofils. Certes loffre de formation en

    logistique nest pas encore en adqua-tion avec les besoins spcifiques du sec-teur. Nanmoins, des coles, instituts,centres de formation se multiplient auniveau national. Les diplms de hautniveau sortent de ces units de forma-

    tion mais souvent trouvent des difficul-ts pour trouver des postes correspon-dants leurs niveaux. Les oprateurslogistiques globaux leur demandent,en plus des diplmes, une exprienceprofessionnelle (minimum 2 ans). Com-ment peut-on acqurir de lexpriencesans avoir la chance dexercer une ac-tivit dans le secteur ? Il faut un rgu-lateur du march de lemploi dans unsecteur mergent comme celui de lalogistique. La formation acadmiqueest une condition ncessaire mais in-suffisante. Il faut aussi adapter en per-manence les formations aux besoinsrels des filires concernes (chanes defroid, les produits dangereux, textile-habillement, agro-alimentaires, pro-duits industriels, etc.). Les technologiesvoluent rapidement dans les chaneslogistiques globales. La formation conti-nue est ncessaire pour permettre aumarch de lemploi de trouver toutesles comptences ncessaires.

    Conjoncture : Comment jugez-vouslvolution du secteur de la logistique ?Mustapha El Khayat : Le secteur de lalogistique est en croissance, tir par unedemande de plus en plus exigeante. Plu-sieurs indicateurs montrent que le sec-teur est en train de suivre le sentier dela modernit et du professionnalisme.

    Mais beaucoup dentrants potentiels auniveau national ne sont pas arms desmmes outils de comptences que lesPSL Globaux - souvent des oprateursmultinationaux. Je rappelle aussi que lesecteur banquier soriente vers le finan-cement du secteur de la logistique.

    La Stratgie nationale est-elle adapte cette volution ?Cette stratgie est ambitieuse. A priori,tout semble parfait et cohrent. Nan-

    moins, la mise en uvre sera trs dif-ficile. La complexit des intervenants,les enjeux et les conflits latents et d-clars sont passs sous silence. Dansce programme ambitieux, on na pasprogramm en dtail les espaces lo-gistiques urbains qui sont le dbut etle bout des chanes logistiques concer-nes, notamment les enjeux lis aux marchandises en ville , les levierspour agir, les diffrents types despaceslogistiques urbains, les positionne-ments des acteurs, les caractristiquesoprationnelles des espaces logistiquesurbains : zone logistique urbaine, centrede distribution urbaine, point daccueildes vhicules, point daccueil des mar-chandises, boite logistique urbaine, etles mthodes pour agir entre plates-formes complexes et zones logistiquesurbaines.

    Quen est-il du foncier prvu ?En ce qui concerne les surfaces prvuespour les diverses zones logistiques, Il

    semble que les rdacteurs ont t ex-cessivement prudents dans la repr-sentation des besoins. Si lon fait lhy-pothse (raliste) quen 2030 le Marocaura rattrap son retard en matire lo-

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