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Exposé : L’opportunisme de Gambetta et Ferry. Introduction : Ces deux textes sont des discours. Le premier est de Léon Gambetta issus de l’ouvrage les plus beaux discours de Gambetta prononcé le 4 septembre 1881 dans l’Eure et le second est de Jules Ferry issus de « ». Léon Gambetta, né en 1838 et mort de maladie 1882, a profondément marqué la vie politique française. Né pauvre, descendant immigré italien d’où son nom, il réussit à faire étude, devient avocat spécialisé dans la défense républicain. Tout d’abord classé comme radical comme Ferry, il devient à 32 ans ministre de l’intérieur. Partisan d’une politique jusqu’au-boutiste à propos de la guerre, cela lui vaudra par la suite une méfiance de la part de ses collègues d’assemblée. En Espagne durant la commune, il revient et veut former la République, prêt à soutenir Thiers, fonde l’Union républicaine. Sa personnalité est considérée comme trop important par Jules Grévy, alors (4 ème ) président de la République, il ne le nomme pas président du conseil. Son discours présenté ici, est un discours électoral où notamment il se défend des attaques lancées contre lui au sujet de son opportunisme. Jules Ferry, quant à lui, est né 1832 et meurt en 1893. Il est issu d’une famille de légiste, riche, cultivé, grand bourgeois, et est aussi considéré comme l’un des pères fondateurs de la République. Il rejette la monarchie et tout régime autoritaire. C’est un républicain modéré, qui reste très conservateur socialement. Elu de paris en 1869, il devient président du conseil de 1880-81, puis de 1883-1885. Son gouvernement tombe avec Clémenceau qui l’empêche d’être président de la République. Ces deux hommes politiques sont considérés comme opportunistes. Les opportunistes se définissent comme des républicains radicaux en tant qu'ils n'acceptent pas d'autre régime que la république, rejette toute forme de gouvernement autoritaire et aussi des républicains conservateurs en tant qu'ils respectent le droit et désirent la paix sociale pour pouvoir accomplir les réformes indispensables, certains ouvrages se permettent donc de les qualifier de républicains modérés. Dans le premier texte, Gambetta évoque de la l.1 à 12 la mise en place république en 1875 et insiste sur le fait qu’elle doit respecter ses engagements, de la l.13 à 31, il définit son opportunisme comme le fait de procéder étape par étape, une seule

L'Opportunisme de Gambetta Et Ferry

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Exposé : L’opportunisme de Gambetta et Ferry.

Introduction : Ces deux textes sont des discours. Le premier est de Léon Gambetta issus de l’ouvrage les

plus beaux discours de Gambetta prononcé le 4 septembre 1881 dans l’Eure et le second est de Jules Ferry issus de « … ». Léon Gambetta, né en 1838 et mort de maladie 1882, a profondément marqué la vie politique française. Né pauvre, descendant immigré italien d’où son nom, il réussit à faire étude, devient avocat spécialisé dans la défense républicain. Tout d’abord classé comme radical comme Ferry, il devient à 32 ans ministre de l’intérieur. Partisan d’une politique jusqu’au-boutiste à propos de la guerre, cela lui vaudra par la suite une méfiance de la part de ses collègues d’assemblée. En Espagne durant la commune, il revient et veut former la République, prêt à soutenir Thiers, fonde l’Union républicaine. Sa personnalité est considérée comme trop important par Jules Grévy, alors (4ème) président de la République, il ne le nomme pas président du conseil. Son discours présenté ici, est un discours électoral où notamment il se défend des attaques lancées contre lui au sujet de son opportunisme.

Jules Ferry, quant à lui, est né 1832 et meurt en 1893. Il est issu d’une famille de légiste, riche, cultivé, grand bourgeois, et est aussi considéré comme l’un des pères fondateurs de la République. Il rejette la monarchie et tout régime autoritaire. C’est un républicain modéré, qui reste très conservateur socialement. Elu de paris en 1869, il devient président du conseil de 1880-81, puis de 1883-1885. Son gouvernement tombe avec Clémenceau qui l’empêche d’être président de la République.

Ces deux hommes politiques sont considérés comme opportunistes. Les opportunistes se définissent comme des républicains radicaux en tant qu'ils n'acceptent pas d'autre régime que la république, rejette toute forme de gouvernement autoritaire et aussi des républicains conservateurs en tant qu'ils respectent le droit et désirent la paix sociale pour pouvoir accomplir les réformes indispensables, certains ouvrages se permettent donc de les qualifier de républicains modérés.

Dans le premier texte, Gambetta évoque de la l.1 à 12 la mise en place république en 1875 et insiste sur le fait qu’elle doit respecter ses engagements, de la l.13 à 31, il définit son opportunisme comme le fait de procéder étape par étape, une seule question doit être traité à la fois, de peur de perdre le soutient de l’opinion publique, de la l.32 à 38 il fait remarquer que l’ordre instauré par la république permet la confiance de la population et notamment les campagnes sur lesquelles il s’appuie.

Dans le second texte, Jules Ferry de la l1 à 5 reprend la même idée que Gambetta c’est à dire de procédé étape par étape et de s’atteler au réformes les plus réalisables en premier, de la l.6 à 20 il s’adresse à la démocratie urbaine, la remerciant d’avoir permis la mise en place de la république tout en lui rappelant l’importance de la démocratie rurale dans l’histoire de l’établissement de la République. En fin de la ligne 21-32 il démontre que la démocratie rurale est le pilier fondamentale de la république et qu’il faut toujours se référer à elle car elle est majoritaire et en constante évolution.

Ainsi on peut se demander comment les opportunistes conçoivent le régime républicain, et quelle est l’originalité de leur politique ?Dans une première partie, nous étudierons la mise en place de la IIIème république. Puis dans une deuxième partie, nous nous intéresserons à la conception et à la mise en œuvre du programme républicain des opportunistes. Enfin, dans une troisième partie, nous verrons quelles sont les principes fondamentaux de la politique des opportunistes.

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I. Installation de la république. A. Enracinement.

On peut lire dans le Texte 1 : L1 à 2 : « La République, inaugurée au mois de février 1875, d’une façon légale et parlementaire ».En effet c’est en Février 1875, que sont instaurées les lois constitutionnelles. Elles sont au nombre trois et sont votées par l'Assemblée nationale entre février et juillet 1875. Celles–ci instaurent définitivement la Troisième République. Ces trois lois constitutionnelles viennent organiser le régime républicain, celle du 24 février concerne l’organisation du Sénat, celle du 25 février concerne l’organisation des pouvoirs publics et enfin celle du 16 juillet 1875 concerne les rapports entre les pouvoirs publics. Gambetta insiste sur la légalité de l’instauration de république puisqu’avant 75 aucune constitution ni lois constitutionnelles n’avaient été promulgué. La République ne se fondait alors que sur lois ponctuelles sans portée constitutionnelle.

Dans le Texte 2 : L6 à 8 nous pouvons lire : « Aux esprits généreux de cette démocratie urbaine qui a tant fait pour l’éclosion de la défense de l’idée républicaine ».On peut émettre l’hypothèse que ferry fait référence aux lois constitutionnelles de 1875 lorsqu’il parle l’éclosion de la défense de l’idée républicaine. Il rejoint donc ici Gambetta. Au début la 3eme république est plutôt conservatrice avec un personnel parlementaire majoritairement royaliste et bonapartiste c’est pourquoi il semble parler de « démocratie urbaine » mais le 16 mai 1877 un bouleversement s’opère, la chambre des députés à l’issue des élections législatives se retrouve à majorité républicaine. Cette crise ruine les espoirs des monarchistes et ancre véritablement le système républicain en France.

Pour rappel, les forces en présence à l’époque sont à droite les conservateurs qui évoluent peu avant l’affaire Dreyfus. On y retrouve orléanistes, légitimistes, bonapartistes. Ils sont affaiblis sur le plan parlementaire mais quand même pèsent dans le pays notamment toujours dans les régions rurales, par exemple par des liens financiers unissant les notables à leur clientèle ou encore dans les villes avec le patronat paternaliste. Au « centre » on retrouve les républicains modérés avec les opportunistes, qui vont s’installer au pouvoir avec les ministères de Ferry (1880 à 81 puis 83-85) et Gambetta 81 à 82. Enfin à gauche on retrouve les radicaux et socialistes qui reprennent le programme de Belleville écrit par Gambetta en 1869.

B. Défendre la République.

On voit dans les deux textes une volonté de défendre le régime républicain. Ainsi dans le Texte 1, on remarque que Gambetta insiste sur la mise en place de l’autorité de cette république : L 2 à 4 : « La première partie de sa tache […] rendre incontesté son autorité sur toute la surface du territoire ». Et L 4 à 5 : « Après s’être affermie à l’intérieur, [La République] s’est fait reconnaitre et respecter au dehors ». En 1870, la France est en guerre contre la Prusse, lorsque Napoléon III chute à Sedan, à Paris on va tenter de mettre en place une politique pour pallier au manque de gouvernement, ainsi Gambetta met en place un gouvernement provisoire dit de la défense nationale pour ne pas rester sans autorité gouvernementale, finalement on peut dire que la République est reconnue à l’extérieur en signant la paix avec l’Allemagne, ainsi on reconnait la République proclamé le 4 septembre 1870. L’idée mise en avant est donc de mettre en place l’ordre à l’intérieur du pays pour éviter tout débordement civil et un ordre aux frontières pour éviter des invasions dues à la chute de Napoléon III. C’est ce que la IIIème république arrive à faire.

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De plus Gambetta remarque que l’autorité de la République ne peut se faire que si elle : « fa [it] aux honneurs à ses engagements » comme il le dit L8 à 9, en effet il insiste sur le fait que le peuple fait « confiance » (l.6) à la République. Elle ne peut donc pas le décevoir. On retrouve un peu la même idée dans le texte de Ferry qui insiste sur le fait que cette troisième république est un nouveau régime et que le peuple s’est tournée vers elle par esprit de conservation, de même que celui-ci a refusé tous les autres régimes par ce même esprit, il cite L 16 : le « Second Empire » et aussi L 18 : « La monarchie ». Ferry et Gambetta nous montre alors qu’ils ont l’assentiment du peuple ainsi cela donne une légitimité à ce régime républicain.

On peut donc dire que la République semble s’imposer à tous, et l’autorité et la légitimité qui lui ait nécessaire pour mettre en œuvre son programme lui semble acquis.

I) Conception et mise en œuvre du programme républicain des opportunistes.

A. Un travail législatif important au début de la IIIème République.

L 30 à 31 : « La sagesse consiste à faire tous les jours quelque chose, mais surtout à s’abstenir de vouloir tout faire à la fois … ». A partir de 1879, un travail législatif intense se met en place. On modifia tout d’abord la Constitution pour la débarrasser de quelques scories (Ce qui n'a pas de valeur dans une oeuvre. ) antirépublicaines. On supprima les prières publiques au début des sessions parlementaires. On proclama l’inéligibilité à la présidence de la République des membres des familles qui avaient régné sur la France et l’impossibilité d’une révision portant sur la forme républicaine des institutions. Les sénateurs inamovibles furent supprimés. Le corps électoral chargé d’élire les sénateurs fut élargi : il comprenait désormais les députés, les conseillers généraux, et des représentants des communes proportionnellement à l’importance de chacune (avec un maximum de trente). Ce nouveau mode d’élection permettait de libéraliser le Sénat, sans pour autant remettre en cause la prépondérance des campagnes (il n’était pas question d’une élection de la Chambre haute au suffrage universel direct). Au début des années 1880, il y a eu beaucoup d’autres projets de révision des lois constitutionnelles de 1875, puisqu’on le rappelle ces textes avaient été votés dans l’urgence, ils étaient imparfaits et imprécis. L 14 à 15 : « On a fait des programmes très étendus, très complexes, très variés ». Gambetta à cette législation fournie pose alors le conseil suivant : L 13 : « Il faut bien se garder de vouloir tout tenter à la fois ».

B. La vision opportuniste.

Comme Gambetta que nous venons de citer, Ferry nous dit, Texte 2 L 30 à 31 : que « La sagesse consiste à faire tous les jours quelque chose, mais surtout à s’abstenir de vouloir tout faire à la fois … ». La politique des opportunistes qui représentent alors la majorité à l’époque (avec la gauche Républicaine de ferry et l’union républicaine de Gambetta) est la suivante : ils étaient prêts à faire des concessions (comme par exemple en 1875 pour obtenir la forme républicaine du régime ils avaient cédé sur le maintien d’une Chambre haute), ils traitaient les problèmes au fur et à mesure que ceux-ci se présentaient, sans intolérance ni esprit de système, sans prétendre forcer l’évolution de la société. Ce sont des « Républicains modérés, mais pas modérément républicains » selon l’expression de l’un d’entre eux. En effet, les opportunistes étaient attachés aux principes de 1789, au respect du droit et à la

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légalité. Ils étaient hostiles à tous les régimes personnels, monarchies ou dictatures et aussi à tout ce qui rappelait le cléricalisme, l’Ordre moral. Les opportunistes étaient très attachés au principe de représentation, pour eux de même nature que la véritable démocratie, c’est-à-dire qu’ils voulaient un pouvoir assuré par des élus gouvernant au nom du peuple, et non pas par le peuple lui-même. Ces grands principes ne peuvent donc être traduits dans les faits que progressivement (on le verra dans la partie mise en œuvre). Paragraphe 1 : pas « programme de société idéale ou d’une république parfaite mais d’une politique qui va se limiter dans le temps et l’espace ». Les opportunistes, plus particulièrement Gambetta, ont un projet pour la République. Dans sa vision de la république, Gambetta souhaitait mettre en place un vrai régime parlementaire basé sur 2 grands partis : l’un progressiste, l’autre conservateur qui se disputerai majorité. De plus, Gambetta voyait comme point charnière de son projet le scrutin de liste. En effet, celui-ci permettrai de donner aux partis politique cohérence qu’ils n’avaient pas jusqu’alors. Ferry, qui récupère l’entourage de Gambetta à sa mort, poursuivit le projet.

C. La mise en œuvre des idées opportunistes.

Ainsi Gambetta expose sa manière de procéder dans le domaine législatif. Des L 20 à 25, il développe tout ce qui concerne la résolution des questions posées. Il faut garder à l’esprit que les opportunistes ont un projet pour la république qui s’articule véritablement autour de lois libérales. On voit donc apparaître dans la République, un certain nombre de réformes importantes touchant aux libertés fondamentales des individus. On retrouve, tout d’abord, la loi de juillet 1881, votée à la quasi-unanimité et qui proclama la liberté de la presse avec une seule limitation, le droit de réponse. La même année, une autre loi garantit la liberté de réunion. Puis, ce qui est considérer comme l’essentiel et le plus symbolique de l’œuvre des républicains opportunistes dans les années 1880, furent les mesures prises en matière d’enseignement. Ces mesures placèrent durablement la République en opposition avec l’Église et les catholiques. Et d’autre part, pour les républicains l’école représentait l’avenir. D’abord, d’un point de vue philosophique, puisque seule l’école pouvait faire progresser le peuple, l’éloigner de ses traditions, de ses aveuglements. Ensuite, parce que l’école était l’instrument par excellence de la promotion sociale. Enfin l’école était un facteur essentiel de l’unité nationale. Puis ce furent les fameuses lois Ferry de juin 1881 et mars 1882 ayat attrait à l’enseignement public. En effet, celui-ci devint gratuit (sauf les livres scolaires), puis, l’année suivante, obligatoire (de six à treize ans) et laïc. On compléta le réseau d’écoles publiques rurales, on refondit les programmes dans un sens républicain. On développa aussi les universités en province. Texte 2 : « Je voudrais que ce programme se bornât à indiquer les réformes réalisables à la prochaine législature ». Ferry qui récupère l’entourage de Gambetta à sa mort poursuit le projet, mais en étant plus prudent. En effet, Ferry qui a été au gouvernement de 1880 à 1881, a donc déjà l’expérience de la politique de l’époque et lorsqu’il récupère les réseaux de Gambetta, il développera ses idées en laissant moins paraitre son ambition personnelle, chose qui fut extrêmement reproché à Gambetta.

III. Politique sans remous. A. Fondement sur les masses rurales qui sont majoritaire.

On voit dans les textes que Gambetta et Ferry place le monde rural comme pilier de la République, dans le texte de Gambetta L 32 : « Toutes les campagnes du Nord au midi », dans le

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texte de Ferry L 25 à 27 : « Les populations des campagnes sont le fond même de la société française », ils la considèrent donc comme la principale couche sociale fondatrice, une conception par exemple qui répugne à un néojacobin comme Clémenceau, dont l’horizon est d’avantage borné par les villes. Alors qu’en réalité le poids de la France rurale reste très significatif dans cette fin du 19ème siècle, en effet ils représentent 67,5% de la population française en 1876, et encore 61% en 1896, Ferry fait allusion à l’importance de leur nombre L 22 à 24 : « Cette population de petits propriétaires, si nombreux qu’ils constituent à eux seuls la majorité du nombre dans la nation ».

Ainsi Ferry et Gambetta s’appuient sur celle-ci, on sait par ailleurs que Gambetta avait une grande influence dans ses campagnes car il a réussi à constituer des réseaux d’information, on le sait Gambetta va souvent dans les campagnes, il voyage beaucoup comme le montre le grand nombre de ces discours prononcés dans des villes de provinces.

Que ce soit Gambetta ou Ferry, ils savaient conquérir les masses rurales par leur prudence. Le régime a trouvé son électorat, les classes montantes ; les nouvelles couches que Gambetta avaient pressenties dès 1869, les classes moyennes formés de commerçants, d’employés, de fonctionnaires, de ruraux, de personnels d’encadrement. Il séduit aussi des paysans et des ruraux, ds les zones traditionnellement rouges et au-delà. Ces masses rurales ont donc un caractère indispensable au bon fonctionnement de la République, Gambetta le montre par cette phrase L 34 à 36 : « ces masses rurales, [de] ces petits propriétaires, [de] ces petits bourgeois, [de] ces ouvriers, sans lesquels vous ne pouvez n’y vivre, n’y gouverner ». Et Ferry le montre par celle-ci L 29 à 31 : « C’est en plongeant leurs racines dans ces couches profondes que la bourgeoise, les ouvriers des villes et ceux même qui s’appelaient autrefois les classes dirigeantes se renouvellent incessamment ».

Il faut noter que l’approbation de ces masses rurales n’a pu se faire que par la possibilité de faire circuler l’information plus rapidement, en effet grâce à l’expansion du chemin de fer qui transforme les rapports entre l’élu et ses électeurs et la notion de même parlementaire. Les élus sont plus « proches » des électeurs, ceux-ci peuvent suivre leur politique plus facilement. On voit également l’apparition de partis, de groupes de pressions, d’intérêts régionaux divergents qui font évoluer la fonction parlementaire vers la représentation d’un département d’une circonscription ou d’un groupement politique. L’élu reste sous la dépendance du parti ou du comité électoral auquel il doit sa place. La formation des partis compromet l’unité nationale, mais rend mieux compte des oppositions au niveau des intérêts et de la pensée entre les couches sociales mieux diversifiées. La diffusion de l’enseignement, le regroupement des ouvriers en syndicats, l’apparition de partis donne au final une place importante au programme et non candidat.

Nous allons voir dans une seconde partie comment l’opinion et les évènements influent sur la politique des opportunistes.

B. Autorité de l’opinion et des évènements.

C’est dans le fait que les évènements et l’opinion influence la politique de ces hommes qu’ils sont qualifié d’opportuniste. En effet dans le souci de garder un ordre intact, que soit Gambetta ou Ferry, ils ne veulent pas brusquer l’opinion ou aller à son encontre. Ainsi, on peut voir dans le texte L 29 à 30 : « Croyez bien qu’il y aurait grand péril à se porter trop en avant de l’opinion… », ou encore on peut relever dans les deux textes des phrases qui montre même une inquiétude de la part de ces deux hommes politique, dans le texte 1 L 25 à 28 : « Si l’on veut aborder toutes les questions à résoudre […] on aboutira à l’impuissance, à la division, à la confusion et, prenez-y garde, à la lassitude

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du pays … » et dans le texte 2 L 18 à 20 : « Nous avons conquis le SU des campagnes : gardons le bien, ne l’inquiétons pas, ne le lassons pas ! … ».

On voit une logique scientifique des opportunistes : comme la société a évolué, s’est modernisée, ses stratifications ne sont plus les mêmes et donc, désormais ce n’est plus la politique qui doit dicter son régime à la société comme cent ans auparavant, mais le contraire. Non, il ne faut plus décréter, il faut laisser le corps social sécréter la forme de gouvernement qui lui est adéquate. C’est pourquoi on remarque dans les textes plusieurs passages ou tournure de phrase qui nous montre qu’en quelque sorte que l’opinion peut décider, dans le texte 1 L 11 à 12 : « des réformes qui sont réclamés par l’opinion » ou encore L 19 à 20 : « Elle ne demande » et « elle demande », pour montrer que c’est la France qui choisit sa politique. Et dans le texte 2, Ferry considère L 10 et 11 : « La grande démocratie rurale [comme] l’arbitre suprême de nos destinées… ». Ainsi on peut aussi comprendre la volonté des républicains de subordonné l’exécutif au législatif qui est le seul représentant de la volonté de la nation.

On peut prendre comme exemple pour montrer comment Gambetta s’appuie sur l’opinion public celui des pétitions de 1871, en effet à cette époque Gambetta et ses amis politiques contestent le pouvoir constituant de l’assemblée nationale, ils vont alors faire appel à l’opinion public en lançant un mouvement de pétition qui va être ensuite relayé par la presse. Ainsi on voit très bien comment les opportunistes conçoivent leur idée de pouvoir politique.

Conclusion :

En conclusion, on peut dire que les opportunistes conçoivent le régime républicain comme le seul régime possible. Ils ont participé activement à sa mise en place et à sa défense. Ils ont réussi à l’ancrer notamment grâce à Gambetta en 1877 lors de la crise du 16 mai. En réponse à un travail législatif très important au début de la mise en place du régime républicain, ceux-ci posent la mise en garde de procédé de manière prudente, en étudiant chaque question l’une après l’autre. Ils réalisent sous leurs ministères de nombreuses lois libérales. Leur originalité réside dans le fait qu’ils considèrent les masses rurales comme le pilier de la république. Ainsi, ils s’appuient sur l’opinion majoritaire du peuple français, pour réaliser leur projet politique, sans la brusquer.

Les opportunistes vont néanmoins faire face à des échecs. Tout d’abord, J. Ferry qui en 1881 suite à l’affaire tunisienne est obligé de quitter son poste. Puis Gambetta en 1881, échouera lui aussi lors de la mise en place de son « Grand Ministère qui ne dura que 2 mois. Ferry serra de nouveau renommé au président du conseil en 1882 et ce jusqu’en 1885 mais serra à nouveau mis en échec en raison de la question du Tonkin.

On peut ajouter, que les opportunistes se recommandent de diverses philosophies dont ils font une synthèse originale. Ils se disent les héritiers des Lumières et empruntes certains de leurs principes à Auguste Comte et son positivisme, à Fourrier, Saint-Simon, et semble-t-il même Proudhon. Cependant l’opportunisme n’est toutefois pas à proprement parlé une idéologie, on sait que Gambetta a toujours refusé de se voir imposer une étiquette. Et pour reprendre ces mots il s’agit avant tout d’une méthode de gouvernement.