LÉSIONS PROFESSIONNELLES RELIÉES AUX · PDF fileforeuses à diamant et des boyaux à haute pression. Les conditions environnementales, soit la pré- ... sévérité clinique de la

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  • Congrs AQHSST 2006

    LSIONS PROFESSIONNELLES RELIES AUX VIBRATIONS MAIN-BRAS AU QUBEC, 1993 2002

    PARTIE II : ANALYSE DESCRIPTIVE DES DOSSIERS DINDEMNISATION DES TRAVAILLEURS

    Alice Turcot, Sophie Roy, Andr Simpson

    Institut national de sant publique du Qubec

    Introduction

    Lexposition aux vibrations gnres par les outils portatifs vibrants entrane une maladie profes-sionnelle connue sous le terme de syndrome vi-bratoire. Ce syndrome comporte trois atteintes distinctes. Latteinte vasculaire, se manifestant par lapparition de doigts blancs ( que lon dsi-gne sous le phnomne de Raynaud) suite une exposition au froid, est sans doute latteinte la mieux connue. Latteinte neurologique se mani-feste par des engourdissements, une perte de dex-trit et de force musculaire. Latteinte musculo-squelettique se manifeste par des douleurs, des limitations articulaires et des lsions osseuses. Le syndrome vibratoire est dcrit dans de nombreux secteurs industriels dont le secteur minier, le sec-teur de la fort, le btiment et travaux publics, le secteur de fabrication dquipement de transport, le secteur mcanique, les fonderies, les chantiers maritimes, etc. Ltude actuelle constitue une tude descriptive de 355 dossiers de demandes dindemnisation de travailleurs pour latteinte vasculaire. Ltude couvre la priode 1993-2002 au Qubec. Elle re-prsente la poursuite de ltude de la phase I, la-quelle est base sur les donnes informatises de la banque de donnes de la Commission de la san-t et de la scurit du travail (CSST). La prsente tude vise les objectifs suivants : dgager le profil des travailleurs qubcois atteints de doigts blancs, documenter la nature de linvestigation mdicale, dgager des lments de connaissance utiles la prvention de la maladie et identifier des pistes dintervention. Compte-tenu de

    labsence dtudes pidmiologiques rcentes au Qubec, cette tude marque une tape importante dans la reconnaissance et la prvention du risque reli lexposition aux vibrations main-bras.

    Mthodologie

    Une slection des dossiers dindemnisation a t faite partir de variables descriptives, ce qui vi-sait obtenir toutes les lsions indemnises ou re-fuses par la CSST, dont le premier vnement est survenu durant la priode 1993-2002. Parmi lensemble des dossiers retracs, seuls les cas de syndrome de Raynaud (code 13710) ont t conservs pour la phase II. partir dune revue de la littrature, une grille danalyse a t labo-re. Les informations suivantes ont t extraites des dossiers des travailleurs : les caractristiques socio-dmographiques, le profil dexposition, la nature et les rsultats de linvestigation mdicale, le pourcentage datteinte permanente lintgrit physique ou psychologique, les limitations fonc-tionnelles accordes et les consquences en lien avec la radaptation.

    Rsultats

    Ltude montre une sous-dclaration de la mala-die comparativement dautres pays industrialiss quel que soit le secteur dactivit conomique. Il existe mme une absence de dclaration pour les secteurs reconnus risque dans la littrature m-dicale : les chantiers maritimes, les fonderies, laronautique. De larges rgions du Qubec sont sous-reprsentes, notamment les rgions admi-

  • Lsions professionnelles relies aux vibrations main-bras au Qubec : 1993 2002

    Congrs AQHSST 2006

    nistratives de Montral et de Qubec. Ces rsul-tats suggrent que le syndrome vibratoire est en-core largement mconnu des travailleurs, des em-ployeurs et des professionnels de la sant. Les travailleurs qui prsentent une demande dindemnisation sont majoritairement des hom-mes. Lge moyen est de 49 ans. Prs de 74 % des demandes sont acceptes et 40 % des demandes font lobjet de contestation auprs des bureaux administratifs ou de la Commission des lsions professionnelles. Au moment de la demande, prs de 43 % des requrants sont des mineurs, 13,5 % sont des travailleurs forestiers, 10,1 % sont des mcaniciens. Pour 61 % des travailleurs, une ex-position aux outils vibrants relis au travail minier est documente dans lhistoire professionnelle. Prs de la totalit des travailleurs rapporte des pisodes de doigts blancs, 63 % prsentent gale-ment des engourdissements et 34,4 % prsentent des douleurs articulaires. Quatre-vingt dix neuf travailleurs (28 %) prsentent la fois des attein-tes vasculaires, neurologiques et musculo-squelettiques. Ltude montre que 20 % prsen-tent une surdit neuro-sensorielle compense par la CSST, 20 % prsentent un syndrome du tunnel carpien opr et 14,6 % un syndrome de Guyon. Le syndrome vibratoire sajoute galement au far-deau des autres maladies professionnelles et per-sonnelles dclares par les travailleurs. Dans chaque dossier, en moyenne 3 consultations mdicales, soit de mdecins traitants ou spcialis-tes de champs dexpertise diffrents sont compta-bilises, permettant plus difficilement une vue globale des trois atteintes du syndrome vibratoire. La prise dinformation sur le tabagisme, la consommation dalcool, les fractures, les engelu-res, la recherche complmentaire de causes se-condaires est variable selon le mdecin. Il nexiste pas de dfinition consensuelle du blanchiment des doigts. Les cas ne peuvent tre classs selon la classification internationale de Stockholm. La terminologie mdicale employe pour dcrire latteinte vasospastique est variable. Lemploi du terme maladie de Raynaud relie au travail ou phnomne de Raynaud entrane de la confusion

    lors du traitement de la demande, laissant place une interprtation errone dune condition per-sonnelle. La contribution de facteurs personnels tels que le tabagisme, la prsence de blanchiment au niveau des orteils et une documentation inad-quate de lexposition aux vibrations constituent des obstacles dans la reconnaissance de la mala-die. Les atteintes neurosensorielles et musculo-squelettiques sont moins documentes puisque le barme de la CSST tient compte de la sommation des trois atteintes dans le mme stade datteinte et que lattribution du stade est essentiellement tri-butaire des rsultats des tests de provocation au froid. Une priode de neuf ans scoule entre la dclara-tion des pisodes de blanchiment des doigts et la dclaration de la maladie professionnelle. Ce dlai est trs long et permet laggravation de la condi-tion mdicale et la dgradation de la circulation digitale conduisant parfois la prsence dulcres au bout des doigts. Parmi les travailleurs, 7 % des travailleurs prsentent des ulcres digitaux. Cette frquence est suprieure aux donnes de la littra-ture. Parmi lensemble des 270 travailleurs re-connus par la CSST, 50 % des sujets se regrou-pent dans la classe modre, 24,8 % dans la classe svre et 16,3 % dans la classe dune atteinte ju-ge lgre, alors quune prvalence plus leve tait suspecte, tant donn le cadre dune de-mande de compensation par les travailleurs. Il est difficile dtablir avec justesse lexposition des travailleurs aux vibrations gnres par les outils vibrants. La description des outils utiliss, des tches, de la priode journalire dexposition ou de la dure cumulative, ainsi que la documen-tation de la priode de latence sont incompltes. Il existe peu de donnes objectives sur le niveau vibratoire en termes dacclration permettant de documenter quantitativement le risque dexposition aux vibrations main-bras pour cha-que travailleur. Lhistoire professionnelle est capi-tale pour viter que ltiologie du phnomne de Raynaud ne soit attribue une condition person-nelle. En absence de donnes objectives, la recon-naissance des sources de vibrations est litigieuse. Cest le cas notamment des machines coudre,

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    foreuses diamant et des boyaux haute pression. Les conditions environnementales, soit la pr-sence de froid, de bruit et dautres facteurs ergo-nomiques sont souvent manquantes. Deux tests de provocation au froid sont rperto-ris en relation avec les exigences du barme dindemnisation de la CSST, soit le test de rcu-pration de la temprature digitale et le test de plthysmographie digitale. Ces tests sont prati-qus selon des procdures diffrentes, non stan-dardises selon les normes internationales; linterprtation du rsultat est variable selon les diffrents centres. Une standardisation de la m-thodologie savre ncessaire en permettant de contrler les facteurs qui peuvent influencer les rsultats. Bien que ltude montre une sensibilit des deux tests de provocation au froid leve, il nexiste pas ou peu de donnes qubcoises sur la spcificit et la reproductibilit de ces tests. Linterprtation du rsultat de lun ou lautre de ces tests est incompatible avec le stade attribu par lvaluateur pour 70 travailleurs. Selon la lit-trature mdicale, les rsultats des tests de provo-cation sont difficilement corrls avec le degr de svrit clinique de la classification de Stock-holm; ils permettent au plus de sparer les travail-leurs malades de ceux qui ne le sont pas. Des tests maison sont encore pratiqus alors que leur abandon est recommand dans la littrature mdi-cale. Des valuations complmentaires (tests san-guins et capillaroscopie) sont demandes dans de rares cas pour liminer la prsence de causes se-condaires. Dans la majorit des cas, latteinte neu-rologique distale des requrants nest pas value par des tests de mesure des seuils vibrotactiles ou thermiques ou de discrimination tactile. Il en va de mme pour lvaluation de la composante musculo-squelettique. Linvestigation par les tests lectrophysiologiques permet dliminer un syn-drome de compression nerveuse, en prsence de paresthsies. Le barme dindemnisation de la CSST tient compte de lensemble des symptmes aussi bien de latteinte vasculaire, des troubles neurosenso-riels et musculo-squelettiques amalgams dans un mme stade. Ainsi, il est impossible dattribuer un

    pourcentage dinvalidit pour une atteinte spcifi-que. Au terme de linvestigation, des limitations foncti