18
Tous droits réservés © La Corporation de la Revue Canadienne de Psycho-Éducation, 2013 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 19 juin 2022 07:53 Revue de psychoéducation L’utilisation psychoéducative : une compétence du psychoéducateur Utilization: A competence of the psychoeducator Martin Caouette et Jocelyne Pronovost Volume 42, numéro 2, 2013 URI : https://id.erudit.org/iderudit/1061213ar DOI : https://doi.org/10.7202/1061213ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Revue de Psychoéducation ISSN 1713-1782 (imprimé) 2371-6053 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Caouette, M. & Pronovost, J. (2013). L’utilisation psychoéducative : une compétence du psychoéducateur. Revue de psychoéducation, 42(2), 281–297. https://doi.org/10.7202/1061213ar Résumé de l'article L’utilisation constitue l’une des huit opérations professionnelles du modèle psychoéducatif. Malgré la pertinence clinique qui lui est reconnue depuis le début de la profession, cette opération semble souvent ignorée ou mal comprise dans la pratique professionnelle et de surcroit, pose certains questionnements dans son application dans certains champs de pratique en psychoéducation. Dans cet écrit, nous souhaitons approfondir ce concept dans la perspective qu’il puisse être généralisable à l’ensemble des clientèles auprès desquelles les psychoéducateurs interviennent. Pour ce faire, nous avons procédé dans un premier temps à une recension des écrits sur le concept d’utilisation afin d’en préciser la définition et le processus et de décrire certaines modalités qui ont été appliquées. Par la suite, nous proposons un cadre d’analyse des pratiques d’utilisation s’appuyant sur le triptyque savoir, savoir-faire et savoir-être afin de situer l’utilisation comme une compétence du psychoéducateur. Finalement, certains éléments relatifs à la formation et à la pratique psychoéducatives sont abordés.

L’utilisation psychoéducative : une compétence du

  • Upload
    others

  • View
    2

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

Tous droits réservés © La Corporation de la Revue Canadienne dePsycho-Éducation, 2013

Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation desservices d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé del’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.https://www.erudit.org/fr/

Document généré le 19 juin 2022 07:53

Revue de psychoéducation

L’utilisation psychoéducative : une compétence dupsychoéducateurUtilization: A competence of the psychoeducatorMartin Caouette et Jocelyne Pronovost

Volume 42, numéro 2, 2013

URI : https://id.erudit.org/iderudit/1061213arDOI : https://doi.org/10.7202/1061213ar

Aller au sommaire du numéro

Éditeur(s)Revue de Psychoéducation

ISSN1713-1782 (imprimé)2371-6053 (numérique)

Découvrir la revue

Citer cet articleCaouette, M. & Pronovost, J. (2013). L’utilisation psychoéducative : unecompétence du psychoéducateur. Revue de psychoéducation, 42(2), 281–297.https://doi.org/10.7202/1061213ar

Résumé de l'articleL’utilisation constitue l’une des huit opérations professionnelles du modèlepsychoéducatif. Malgré la pertinence clinique qui lui est reconnue depuis ledébut de la profession, cette opération semble souvent ignorée ou malcomprise dans la pratique professionnelle et de surcroit, pose certainsquestionnements dans son application dans certains champs de pratique enpsychoéducation. Dans cet écrit, nous souhaitons approfondir ce concept dansla perspective qu’il puisse être généralisable à l’ensemble des clientèles auprèsdesquelles les psychoéducateurs interviennent. Pour ce faire, nous avonsprocédé dans un premier temps à une recension des écrits sur le conceptd’utilisation afin d’en préciser la définition et le processus et de décrirecertaines modalités qui ont été appliquées. Par la suite, nous proposons uncadre d’analyse des pratiques d’utilisation s’appuyant sur le triptyque savoir,savoir-faire et savoir-être afin de situer l’utilisation comme une compétence dupsychoéducateur. Finalement, certains éléments relatifs à la formation et à lapratique psychoéducatives sont abordés.

Page 2: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

L’utilisation psychoéducative : une compétence du psychoéducateur

Utilization: A competence of the psychoeducator

M. Caouette1

J. Pronovost1

1 Département de psychoéducation, Université du Québec à Trois-Rivières

Correspondance : Département de psychoéducation Université du Québec à Trois-Rivières 3351, boulevard des Forges, C.P. 500, Trois-Rivières (Québec) G9A [email protected]

Revue de psychoéducationVolume 42, numéro 2, 2013, 281-297

Résumé

L’utilisation constitue l’une des huit opérations professionnelles du modèle psychoéducatif. Malgré la pertinence clinique qui lui est reconnue depuis le début de la profession, cette opération semble souvent ignorée ou mal comprise dans la pratique professionnelle et de surcroit, pose certains questionnements dans son application dans certains champs de pratique en psychoéducation. Dans cet écrit, nous souhaitons approfondir ce concept dans la perspective qu’il puisse être généralisable à l’ensemble des clientèles auprès desquelles les psychoéducateurs interviennent. Pour ce faire, nous avons procédé dans un premier temps à une recension des écrits sur le concept d’utilisation afin d’en préciser la définition et le processus et de décrire certaines modalités qui ont été appliquées. Par la suite, nous proposons un cadre d’analyse des pratiques d’utilisation s’appuyant sur le triptyque savoir, savoir-faire et savoir-être afin de situer l’utilisation comme une compétence du psychoéducateur. Finalement, certains éléments relatifs à la formation et à la pratique psychoéducatives sont abordés.

Mots-clés : utilisation, opération professionnelle, compétence, cadre d’analyse, formation des psychoéducateurs

Abstract

Utilization is one of the eight professional operations of the psychoeducational model. Despite the clinical relevance it has in the development of personal adaptive potential, this operation is often unknown or misunderstood. The evolution of the practice in psychoeducation leads us to deepen this concept with the aim to encourage his generalization to all environments and clienteles. To do this, we review, at first, the various writings on the concept of utilization in order to specify his definition and his process and to identify pertinent applications. Subsequently, we propose an analytical framework for practical based on the triptych savoir, savoir-faire and savoir-être (know, know how and interpersonal skills) that defined utilization as a compentence of the

Page 3: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

psychoeducator. Finally, some effects of this conception for psychoeducative training and practice are exposed..

Key words: utilization, professional action, competence, analytical framework, psy-choeducator formations

Introduction

Dans la définition qu’ils proposent du modèle psychoéducatif, GillesGendreauetsescollaborateurs(2001)élaborentuneconceptiondel’interventions’articulant autour de huit opérations professionnelles. Celles-ci soutiennent lamiseenplaced’uneméthodologiedelapratiquepsychoéducative(Renou,2005)qui,à juste titre,seveutgarantedesarigueuretdesonefficacité.Gendreauetses collaborateurs (2001) présentent lesopérationsprofessionnellesà l’intérieurd’unefigurerappelantlesymboledel’infini(∞)(Figure1).Cettereprésentationmetbien en évidence le processus continu que les opérations sous-tendent et les liens intrinsèques qui les unissent.

L’observation constitue la première de cette succession d’opérations.Elle génère des données indispensables à une évaluation rigoureuse de la personne en difficulté et de sa situation. De cette évaluation pré-interventiondécouleuneplanificationdel’interventionqui,àsontour,aménagel’organisationdes différentes composantes de la situation d’intervention. L’animation de cetteorganisation suscite des interactions structurelles et relationnelles qui rendent possiblel’utilisationpsychoéducatived’événementssignificatifs.L’évaluationpost-intervention vient compléter la boucle des opérations en permettant une analyse delasituationd’intervention.Cetteévaluationestsusceptibledemettreenlumièrecertainsélémentsquipourrontfairel’objetdenouvellescentrationsd’observation.Parallèlementàcesdifférentesopérations,desprocessuscommunicationnelssontcontinuellementenjeuentrelesdifférentsacteursconcernésparl’intervention.

282

Lesopérationsdel’interventionpsycho-éducative:∞

2e

ÉvaluationPré-intervention

6e

Utilisation3e

Planification

1er

Observation7e

ÉvaluationPost-situationnelle

4e

organisation

5e

Animation

8e Communication =

Figure 1.Lesopérationsde l’interventionpsychoéducative(TirédeGendreauetcoll., 2001, p.129)

Page 4: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

Ces opérations professionnelles ont été initialement formulées (Dionne,1991;Gendreauetcoll.,1995)pourencadreretsoutenirlespratiquesd’interventioneninternatpourjeunesmésadaptéssocioaffectifsoudélinquants,termesutilisésà l’époquepourdésigner les jeunesendifficultésd’adaptation.Or, lesdernièresdécennies ont été témoin d’un éclatement et d’une diversification des pratiquesdes psychoéducateurs. Ces derniers interviennent maintenant dans divers milieux et desservent des clientèles aux problématiques variées. Inévitablement, ce développement de la profession dans différents champsde pratique soulèveplusieurs défis et questionnements quant aux modalités d’application desopérationsprofessionnellesenregarddesnouveauxrôlesetmandatsdévolusauxpsychoéducateurs.

Parmi les opérations professionnelles, l’organisation a fait l’objet d’unesolide opérationnalisation et de plusieurs publications ( Gendreau, 1978; Gendreau et coll., 2001; Gendreau, Cormier, Lemay, & Perreault, 1995; Renou 2005). En effet, le modèle de la structure d’ensemble de l’intervention psychoéducative(Gendreauet coll., 2001;Renou2005)est encoreune référence incontournablepourlesétudiantsetlesprofessionnelsdelapsychoéducation.Unedémarchedemodélisationd’uneautreopérationprofessionnelle,soitl’évaluationpré-interventionaétéfaiteplusrécemmentparl’OrdredespsychoéducateursetpsychoéducatricesduQuébec(2008)quiaadoptéunGuided’évaluationpsychoéducativeproposantunmodèleconceptueletunedémarched’évaluationpourencadrercetteopérationprofessionnelle.Ilapparaîtmaintenantsouhaitablequecetravaild’élaborationsepoursuiveenregarddesautresopérationsprofessionnellesafinquel’interventionpsychoéducative puisse conserver une cohésion dans la pratique au-delà de la diversité des milieux et des clientèles.

Parmi lesdifférentesopérationsprofessionnelles, forceestdeconstaterque l’utilisation est souvent méconnue ou mal définie par les étudiants et lesprofessionnels de la psychoéducation. Pourtant, cette opération fait partie descompétencesénoncésparl’OrdredespsychoéducateursetdespsychoéducatricesduQuébec (2003)et se formuleainsi : «Utiliser lessituationsdevécuéducatifpartagéàdesfinsd’interventionpréventiveouréadaptative»(p.4).Parconséquent,nous croyons que l’utilisation est une composante importante de l’interventionpsychoéducativeetqu’elleabesoind’êtrevaloriséedanslaformationetlapratiqueprofessionnelle. Nous souhaitons ici approfondir ce concept pour favoriser sagénéralisationdanslesdifférentsmilieuxdepratique.Pourcefaire,nousprésentons,dansunpremiertemps,unesynthèsedesécritspubliéssurleconceptd’utilisation.Dansuneffortd’opérationnalisationdececoncept,nousproposons,endeuxièmelieu,uncadred’analysepermettantdedécrirecetteopérationetd’enmodéliserlapratiqueen regarddesdifférents savoirsqui y sontengagés (Bechler, 2005;LeBoterf,2001).

Définition du concept d’utilisation psychoéducative

Origine du concept d’utilisation

La paternité du concept d’utilisation revient incontestablement à GillesGendreau. Ce concept apparaît dans ses écrits en 1978 alors qu’il définit

283

Page 5: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

284l’interventionpsychoéducativeenréférenceàtroisdimensions:l’organisation(lesélémentsdelastructure),l’animation(sonfonctionnement)etl’utilisation(leproduitdel’animation).Sil’animationconstituelepremierniveaudevécudanslamesureoùelledonnevieàl’organisationdumilieu,l’utilisationestalorsprésentéecommeunsecondniveaudevécu.Ainsi,l’utilisationsupposequ’uneactionsoitenclenchéepar l’éducateurdans lebutde favoriserchez lapersonneendifficultéuneprisede conscience des éléments de la réalité interne ou externe impliqués dans une expérience que Gendreau qualifie alors de « communément vécue ». Dans cecontexte,l’utilisationpeutsefairedirectement in situ,danslecadred’uneentrevuesur-le-champoud’unerencontred’accompagnement.

Gendreau et ses collaborateurs (1995, 2001) reviendront sur le concept dansdesécritssubséquents.En2001,ilssituentl’utilisationcommeuneopérationrétroactive renduepossible -etd’autantplusenrichie -par laconnaissancequel’intervenantacquiertdelapersonneetparlaqualitédelarelationqu’ilétablitavecelleencontextedevécupartagé:

Encoursd’animation,l’éducateurapuobserverdesinteractionsetdes résultatsquiont fait ressortircertaines forces,habiletés,vulnérabilités ou difficultés de la personne ainsi que certainesrichesses du contexte. Un retour sur ce vécu partagé peut favoriser la généralisation de tout ce qu’il comporte de positifet de richesses d’apprentissage. L’utilisation est une opérationrétroactive (p. 148).

Cetteprisedeconsciencequ’engendre l’utilisationchez lapersonneestpré-requise à la démarche subséquente de généralisation par laquelle elle va découvrir des moyens qui lui seront utiles dans d’autres situations analogues.L’utilisation,mêmesielleestreliéeàunévénementparticulier,permetdedéborderducadredecetteexpériencepouramenerlapersonneàfairedesliensavecdesobjectifsqu’ellepoursuit,lesmoyensqu’elleprendpouryarriver,lesconséquencesengendrées ainsi qu’avec les capacités et les vulnérabilités qui se révèlent.CommelesoulignentGendreauetsescollaborateurs(2001),l’utilisationconsistepour l’éducateuràamener lapersonneà fairedes liensentresespensées,sesaffects et ses conduites tant dans la situation actuelle vécue qu’en regard desituations passées similaires. Cette prise de conscience permet la généralisation del’expériencevécueàd’autressituationsetlemaintiendesacquis(Renou,2005).Ilfautcependantconsidérerlefaitquelespersonnesquiontdegrandesdifficultésd’adaptation auront besoin de vivre plusieurs expériences d’utilisation avant deparvenir à la généralisation.

Allaire(1988)soutientquec’estl’utilisationdesévénementsquiaccentueladimensioncliniquedutravaildel’éducateur.Mêmesil’organisationetl’animationfournissentdesconditionsfavorablespourquelapersonnevivedesexpériencespositivesetcorrectrices,ilinsistesurlefaitquec’estl’utilisationquipermetderendresignificatifspour lapersonnecertainsélémentsduvécu.«Cen’estque lorsquel’intervenantestenmesuredesaisircequ’ilyadesignificatifpourl’enfant(…)etdeluiretournerquelesévénementsdeviennentréellementrévélateurs»(p.3).Ladémarched’utilisationestuneactioncaractéristiquedu«pôledeconscience»de

Page 6: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

285l’éducateur (Gendreauetcoll.,2001).C’estceniveaudeconsciencede l’objectifclinique poursuivi par l’éducateur dans l’intervention qui distingue l’utilisation del’animation.

Processus d’utilisation psychoéducative

RéférantaumodèledudéveloppementcognitifdePiaget(1947),Gendreauet al., (1995) décrivent l’utilisation comme un processus de conscientisation quis’élabore en trois étapes successives. La différenciation constitue la premièreétape.Ellepermetd’amenerlapersonneàreconnaîtreetdistinguerlesdifférentsélémentsdelaréalitétantinternequ’externe(Pronovost,Gagnon,&Potvin,2000).Ladeuxièmeétapeduprocessusestcelledel’individuation.Ellefavoriseunemiseàdistancede l’événement initialamenant lapersonneàréfléchirsur lerôle jouédans la situation afin d’y reconnaître sonmode de fonctionnement propre ainsiquelescapacitésadaptativesetlesvulnérabilitésmanifestes.Latroisièmeétapeestcellede la logiquede l’actionquiamène lapersonneà reconnaître les liensquiexistententrelaréalitéobjectivedelasituationetsonvécusubjectifenregarddecetteréalitéetainsid’induirecertainesconséquencesdesonagir.End’autrestermes, Gendreau et ses collaborateurs (2001) décrivent ce processus comme le développementd’uneprésenceaumondeextérieurquifavorisechezlapersonnele développement d’une présence à soi. Ce processus permettra ultimementà lapersonnede«prendreconsciencedeseffetsdesescomportementssur lemondeextérieuretdesconséquencesqu’ilsentraînentpour lui,àenassumerlaresponsabilitéetàprendre lui-mêmedesmoyensappropriéspouraméliorersesinteractionsaveclemondeextérieur»(p.152).

Modalités d’application de l’utilisation psychoéducative

Certains auteurs, qu’on pourrait qualifier principalement d’orientationanalytique,ontreprisleconceptd’utilisationenproposantdesmodalitésparticulièresd’application.Bienqu’ilsoitl’objetdeplusieurscritiques(Larivée&VanGijseghem,2003),Lacan(1966)ainspiréledéveloppementd’unegrilled’analysecliniquepourorienterl’utilisationd’activitésdejeuimaginaires’adressantàdesjeunesrecevantdes services de réadaptation en internat (Pronovost & Trudel, 1987). Cette grille comprend trois registres : le réel, l’imaginaire et le symbolique. Dans la viséeLacanienne,leréelcorrespondauxagirs,auxévénementsetauxfaits;l’imaginaireréfèreauxpulsions,auxfantasmesconscientsouinconscientsetauxaffectsqu’ilsgénèrent;lesymboliquedésignelesenslatent,l’interprétationdesconduites,despenséesoudesaffectsdusujet.Danscettemêmeperspective,Allaire (1988)apoursapartproposél’usaged’unCahierderetoursurlevécucommemoyendesoutenirl’éducateurdanssapratiquedel’utilisationauprèsdesjeuneseninternat.Partantduconstatque l’exigencedu travail en internatpour jeunesendifficultélaisse peu de place à l’éducateur pour prendre un recul sur le vécu partagé, ilproposecettemodalitépourl’aideràstructurersaréflexionetfavoriseruneprisededistance. Il redéfinit cependant les trois dimensionsde l’expériencehumaineenlesrésumantainsi:leréelestconstituédesagirsdusujetetdesévénements;l’imaginaireréfèreausentidel’éducateurfaceauvécudusujetetfaceàsonproprevécu;lesymboliqueserapporteausensquedonnel’éducateurauxverbalisationset aux comportements du sujet. Il propose à l’éducateur d’utiliser le Cahier de

Page 7: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

286retour sur le vécu pour y consigner régulièrement son analyse des événements significatifsqu’ilaobservésafind’utilisercevécu,notammentlorsdesrencontresd’accompagnement. En 2000, Pronovost et al. ont proposé une grille d’analysedesfaitsd’observationsetdesentrevuessur-le-champcommeoutilcliniquepourlasupervisiond’étudiantsstagiairesenpsychoéducation.Cettegrillefaisaitappelencore une fois aux dimensions du réel, de l’imaginaire et du symbolique dansle but de favoriser une compréhension du sens et de la fonction des conduitesadaptativesdusujetetdesoutenirlapratiquedel’utilisation.

Par lasuite,Puskas (2009),ens’appuyant luiaussi surLacan (1966)etAllaire (1988), a proposé une modernisation du cahier de retour sur le vécu. En collaboration avec des psychoéducateurs du Centre jeunesse deMontréal, il adéveloppéuneGrillederetoursurlevécus’inscrivantdanslecadredelarencontred’accompagnement psychoéducative. Puskas redéfinit les trois composantes del’expériencehumaine-leréel,l’imaginaireetlesymbolique-souslesappellationsl’agi, le senti et le dit. De plus, il en structure l’application en proposant uneméthodologies’appuyantsurdesopérationsdemiseenmots,miseensensetmiseenforme.Àtraverssonaccompagnementclinique,écritPuskas(2009),l’éducateurtravailleàdévelopperl’insight,c’est-à-direàorienterleregarddusujetdel’extérieurversl’intérieurdesoipourdéclencheruneprisedeconscience,l’établissementdelienset la recherched’unmeilleuréquilibre.Danscetteoptique,utiliser impliquepour l’intervenant de comprendre les mécanismes transférentiels et contre-transférentielsàl’œuvre.

Richelieu, Boulay, Brien, Lacourse et Roy (1994) ont proposé un cadrepour les rencontres d’accompagnement clinique qu’ils considèrent comme unmoment privilégié d’utilisation. Ce cadre s’applique au suivi clinique des jeunesdesservisparlescentresjeunesse.Quatreaspectsyapparaissentfondamentaux:letemps,l’espace,lesmédiumsutilisésetl’utilisationdupaiementsymbolique.Ladimensiondutempsréfèreaurythme,àlafréquenceetàladuréedesrencontresentre l’éducateur et le jeune.Si la régularité des rencontres semble essentielle,elle doit aussi s’ajuster au rythme du jeune et à sa capacité à intégrer le vécuconscientisé. L’espacedans lequel les rencontres sedéroulent doit être propiceàl’échange,assurerlaconfidentialitéetacquérirauxyeuxdujeuneuncaractèreparticulier.Eneffet,telquelesoulignentcesauteurs,l’usaged’unlieudédiéàcetypederencontreoffreaujeuneunespacequ’ilpeuts’approprieretassocieràuneexpériencepositive.Lelieuretenupeutégalementpermettrel’emploidedifférentsmédiums(activitésartistiques,manuelles,etc.)quifavoriserontl’expressiondujeuneàtraversdifférentestâchesàaccomplir.Parailleurs,ens’appuyantsurDolto(1985),Richelieuetal.(1994)proposentd’adopterlepaiementsymboliqueàl’intérieurdesrencontresd’accompagnementclinique(pardesjetons,descailloux,desdessins,etc.). Cette façon de faire consiste, pour le jeune, à défrayer un coût de façonsymboliquepourparticiperauxrencontresd’accompagnementafindefavorisersonengagement et son implication dans son processus thérapeutique. Dans sa Grille de retour sur le vécu, Puskas (2009) a poursuivi le travail entrepris par Richelieu et al.(1994)eninsistantsurlecaractèrecliniquedesrencontresd’accompagnement.Pour Puskas, le terme clinique met de l’avant la dimension thérapeutique del’accompagnement.L’essencemêmedecetravailcliniqueconsisteàfaireémergerle sens latent derrière les difficultés observées par l’éducateur afin de mieux

Page 8: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

287comprendre ce que la personne tente plus oumoins consciemment d’exprimer.L’implicationactivedel’éducateurdanslesrencontresd’accompagnementdevientgarantedelacréationd’unespacethérapeutiqueoùl’utilisationpsychoéducativeestpossible.Cesmomentsserontd’autantplusrichesquel’éducateur,s’appuyantsursonsavoir-être,sauraétablirunerelationsignificativeaveclapersonne.

Outre ces moments organisés et planifiés, l’utilisation psychoéducativepeutégalements’appliquerdans lecadred’entrevuesur-le-champ (Gendreauet al., 1995; Gendreau et coll., 2001; Redl & Wineman, 1970; Richelieu et al., 1994). Ce type de rencontre prend habituellement appui sur un vécu partagé très récent afinquelapersonnepuisses’yarrêteretprendreunreculimmédiat.L’entrevuesur-le-champ, comme le précisent Richelieu et al.(1994),n’apaspourseulefonctionde provoquer un arrêt d’agir. Au contraire, elle peut avantageusement être faitepourpermettrel’utilisationd’unévénementàl’occasiondelapoursuited’objectifscliniques.

Silarencontred’accompagnementcliniqueetl’entrevuesur-le-champontessentiellementétédécritessouslaformed’uneinterventionindividuelle,Gendreauet ses collaborateurs (2001) rappellent que ces deux modalités peuvent également s’actualiser en groupe. L’utilisation en groupe aura alors pour objet la réflexionautourd’unesituationspécifiquecommune(Richelieuet al., 1994).

Développement du concept d’utilisation psychoéducative

Si nous synthétisons les auteurs cités précédemment, l’utilisationpsychoéducative se définit comme une opération professionnelle consistant enl’accompagnementdelapersonnedanslecadred’unedémarchedeconscientisationetdegénéralisationdesacquisdécoulantd’uneouplusieurssituationsvécues.Elleestune interventionde rétroactioneffectuéede façonconscienteetvoulue.Ellevise une augmentation des capacités adaptatives de la personne.

Bien que Gendreau l’ait désignée d’une façon toute particulière par leterme utilisation, cette opération prend ses assises sur des concepts théoriques apparentés. Le processus d’intériorisation développé par Piaget (1947) dans sathéorie cognitive en est la source principale. Également, l’utilisation fait appel àla fonction cognitive internalisée et externalisée définie par Redl et Wineman(1951,1964).Cettefonctiondumoipermetlaconnaissanceetl’appréciationdelaréalitéexterneetinterne.D’ailleurs,tantPiagetqueRedletWinemanonteuuneinfluencemarquante sur les écrits deGendreau et des autres fondateurs de lapsychoéducation.

Plus récemment, certains auteurs (Lafortune, Lepage, Persechino,& Bélanger, 2008; Perrenoud, 2008; Schön, 1994, 1996) se sont intéressés àl’élaborationduprocessusderéflexionetdeconscientisationdanslecadredelaformationetdelapratiqueprofessionnelle.Ceprocessusfavoriseraitunemeilleureadaptation, une plus grande autonomisation et le développement de l’identitéprofessionnelle. Les travaux de Schön (1994, 1996) ont étémarquants dans ledéveloppement de la praxéologie (St-Arnaud, 1992) et de la pratique réflexive.Cette conception de la pratique impliqueque le professionnel combinedans sa

Page 9: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

pratiquedesformesderéflexiondansl’action,surl’actionetsurlessystèmesetlesstructuresd’actionindividuelleetcollective.Perrenoud(2008),s’inspirantdePiaget(1973), décrit cette dernière forme de réflexion comme une « réflexion sur sesschèmesd’action[s’enracinant]danslaprisedeconscienceducaractèrerépétitifdecertainesréactions,decertainesséquences,doncsurl’existencedescénariosquisereproduisentdansdessituationssemblables.Cettepermanence[peutêtre]unesourced’identité,maisaussid’insatisfaction»(p.39).Ainsi,cetteformederéflexionne favorise pas uniquement chez le praticien un changement de comportementou un ajustement à une situation particulière, mais une transformation de sonidentitéprofessionnelle.L’adoptiond’unepostureréflexivefavorisel’adaptationauxdifférentes situations professionnelles rencontrées. L’exercice d’un travail réflexifimpliqueque l’intervenant reçoiveunaccompagnement cliniquequi sera le plussouventdispensédanslecadredelasupervisionindividuelleoudegroupe.Bienquelasupervisionnerevêtepaslecaractèrecliniquedel’utilisation,ellesoutienttoutdemêmeunprocessussimilairechez l’intervenant:analysed’unesituation,prisedeconsciencedesonfonctionnement,ajustementdesesschèmesd’actionetce,envued’uneaugmentationdesescapacitésadaptativesprofessionnelles.

Mêmesinousconstatonsqueletermeutilisationn’apasdébordéduchampde la psychoéducation,2 ses assises théoriques sont susceptibles d’inspirer desdéveloppementsconceptuelspertinentsdansdifférentsdomaines,commec’estlecas pour la pratique réflexive. Afin que l’utilisation puisse occuper tout l’espacequiluirevient,ils’avèreincontournabledeproposeruncadred’analysequipourrasoutenirsapratique.Telestl’objetdelaprochainepartiedecetexte.

Proposition d’un cadre d’analyse des pratiques d’utilisation

L’opérationnalisation et la généralisation des pratiques d’utilisationpsychoéducative passent par l’adoption d’un cadre d’analyse assez souplepour s’adapter à l’ensemble des clientèles et desmilieux de pratique.Ce cadredoit toutefois être suffisamment élaboré pour être représentatif des différentesressourcessollicitéesparsapratique.Selonnous,letriptyquesavoir,savoir-faireetsavoir-être(Bechler,2005;Leboterf,2001)permetderépondreàcesconditions.Ilad’ailleursfaitl’objetd’écritsdanslechampdelapsychoéducation(Gendreauetcoll.,2001; Gendreau et al., 1995; Pronovost et al., 2000) et plus largement en sciences humaines, particulièrement dans le domaine de l’approche par compétences(Bechler,2005;Leboterf,2001).

288

2 Lesenscommundutermeutilisations’apparenteà«usage»,emploi»,«manièred’utiliser».Or,enpsychoéducation,cetermeprendunedéfinitiontrèsspécifique.Sionexamineplusattentivementl’ensembledesdéfinitionsdonnéesparlesdictionnaires,certainesserapprochentnéanmoinsdusensqueGendreauadonnéautermeutilisationentantqu’opérationprofessionnelle:

- PETITROBERTdelalanguefrançaise:rendreutile,faireserviràunefinprécise,exploiter- MULTIDICTIONNAIRE:tirerpartide,tirerprofitde- ROBERTCOLLINSanglais:ressourcesofskills ROBERTCOLLINSfrançais:utiliserlesavoir,lescompétences.«Makeuseofpeople‘s abilities».«Tomakethemostofsomething,tousesomethingtoitsbestadvantage».

Page 10: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

Le savoir utilisateur

Lesavoirutilisateurest constituéde l’ensembledesconnaissancesquedoitposséderlepsychoéducateurdanssapratiquedel’utilisation.NousinspirantdesécritsdeLeboterf(2001)etdeBechler(2005),nousproposonsderegroupercesconnaissancessous troisordres : théoriques,mésologiquesetpropresà laclientèle.

Les connaissances théoriques. Les connaissances théoriques permettent aux psychoéducateurs de bien comprendre la nature même del’utilisationetdesonprocessusafind’enpartageruneconceptioncommune.Cesconnaissances spécifiques à l’utilisation sont appuyées par une compréhensionpluslargedescourantsthéoriquesquiontpermisl’émergencedececonceptafinque le psychoéducateur puisse avoir une compréhension la plus large possible desdifférentsprocessusimpliquésdansl’utilisation.Bienquecesconnaissancespuissent s’approfondir en cours de pratique, elles s’acquièrent essentiellementlors de la formation initiale en psychoéducation. À cet égard, les formateursuniversitairesdevraientavoirlesoucid’offrirunesolideformationauplanthéoriqueen regard de l’utilisation. Celle-ci devrait permettre de situer l’utilisation en tantqu’opération professionnelle et d’en intégrer une définition qui mette l’accentsur son caractère rétroactif. Elle doit également positionner l’utilisation commeune intervention de deuxième niveau par rapport à l’animation. De surcroît, lacompréhension du processus de l’utilisation est d’une importance capitale afinque lepsychoéducateurpuisse le reconnaîtredanssapratique.S’il aétédécritde façondifférenteselon lesauteurset lesépoques(Gendreau1978;Gendreauet al., 1995; Gendreau et coll., 2001; Pronovost et al., 2000; Puskas, 2009), ce processusenestundeconscientisationetdegénéralisationdécoulantd’uneprisedeconscienceàlasuited’unesituation(oud’unensembledesituations)vécueparlapersonne.Ladescriptiondeceprocessusentroisétapes,soitladifférenciation,l’individuationetlalogiquedel’actiondécouledirectementdestravauxdePiaget.Par conséquent, une compréhension plus large de la théorie piagétienne permet demieuxcomprendrel’émergenceduconcept.Sicesconnaissancesconstituentlenoyauthéoriquedecequidevraitêtremaîtriséparlepsychoéducateurdanssapratique de l’utilisation, elles s’associent aux connaissances cliniques découlantd’unecompréhensiondesgrandsmodèlesexplicatifsducomportementhumain,desaspectsdéveloppementaux,desmécanismesetdesproblématiquesd’adaptation,etc. (Pronovost et al., 2000).

Les connaissances mésologiques. Les connaissances mésologiques réfèrent à l’ensemble des caractéristiques des différents milieux dans lesquelss’actualisentlespratiquesd’utilisation.Sicelles-cisesontd’aborddéveloppéesdanslecontextedesinternatspourjeunesendifficultés,ladiversificationdescontextesd’exercicedespsychoéducateurs leur imposemaintenantd’adapter leurpratiqued’utilisationàunevariétédecontextes.Ainsi,unesolidecompréhensionauplanthéoriqueduconceptetdesesfondementsnepeutfairel’économied’unarrimageaveclescaractéristiquespropresauxdiversmilieux.Bienqueleprocessussoutenusoittoujourslemême,lepsychoéducateurdevratenircomptedesopportunitésetdes contraintes qui lui sont imposées par le milieu dans lequel il intervient. Parmi ces caractéristiques,notonsd’abordletravailenéquipeetl’implicationdespartenaires.

289

Page 11: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

290Unexamendel’évolutiondelapratiquepsychoéducativepermetdeconstaterunaccroissementdunombredeprofessionnelsquiinterviennentauprèsd’unemêmepersonne.Cettecollaborationentreprofessionnelsexigelepartaged’unelecturecliniqueetl’adoptiond’orientationscommunes.L’efficacitédespratiquesd’utilisationdépendra donc de la capacité des divers intervenants de travailler en synergie et deconserverunecohésiondansleurinterventionauprèsdelapersonne.Eneffet,desfaillesdanslacohérencedesinterventionspourraientfortbienporterombrageauxpratiquesd’utilisation.Cetteconnaissancedesenjeuxdutravailenéquipeetenpartenariatdevientalorsfondamentale.

La fréquence et la durée des services constituent un autre élémentessentiel. Dans un contexte de rationalisation des ressources, de plus en plus de psychoéducateurssontconfrontésàuneaugmentationdunombredepersonnesauprèsdesquellesilsinterviennent.Lafréquenceetladuréedesrencontressontsouvent dictées par le programme dans lequel s’insère le psychoéducateur. Desurcroît, l’intégration dans plusieurs milieux de la notion d’épisode de servicesajoute à la pression des psychoéducateurs afin que la cessation des servicessoit laplusrapidepossible.Ainsi, ildevientdeplusenplusfaciled’escamoter lapratiquede l’utilisationafinde répondreàdesexigencesadministratives.Or,enplusd’exigerdutemps,l’utilisationnécessiteunefréquenceetunerégularitédansla dispensation des services respectant le rythme de progression de la personne. Parconséquent, laconnaissancedecesdifférentsenjeuxauraun impactsur lafaçondontl’utilisationserapratiquée.

Par ailleurs, selon les milieux et les clientèles, une variété de modèles de pratiques et d’approches aura également pour conséquence d’influencerl’application de cette opération professionnelle. Cesmodèles et ces approchesaurontsouventuneffetsurlafinalitédel’utilisation.Parexemple,danslechampde la santémentale adulte, l’utilisation sera au service du rétablissement de laclientèle, un concept central actuellement dans la réadaptation psychiatrique (MSSS,2005).Eneffet,celui-cimetdel’avant lapossibilitépour lapersonnederetrouver une vie accomplie et satisfaisante malgré la maladie (MSSS, 2005).Ainsi, l’utilisation des événements significatifs aura pour effet de faire prendreconscienceàlapersonnedesacapacitéàprogresseràl’intérieurd’unedémarchederétablissement.Danslechampdeladéficienceintellectuelle,c’est leconceptd’autodétermination qui prend actuellement une place prédominante dans ledéveloppementdesservices(Lachapelle&Wehmeyer,2003).Ceconceptréfère«auxhabiletésetauxaptitudeschezunepersonneluipermettantd’agirdirectementsursavieeneffectuantlibrementdeschoixnoninfluencéspardesagentsexternesindus»(Lachapelle&Boisvert,1999,p.165).Selonlescapacitésdelapersonne,l’utilisationauraalorspourviséed’amenerlapersonneàconscientisersacapacitéà exprimer des comportements autodéterminés. Dans le champ de la dépendance auxdrogueset à l’alcool, l’approchede la réductiondesméfaits fait deplusenplusconsensus(Brisson,2010).Celle-cinevisenonpasunecessationcomplètedelaconsommation,maisbienunediminutiondeseseffetsnéfastes.Danscetteperspective, l’utilisation psychoéducative permettra d’accompagner la personnedans la prise de conscience des répercussions négatives de sa consommation etdeschoixqui s’offrentàelle.Ces troisexemplespermettentd’illustrerqu’une

Page 12: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

connaissanceapprofondiedesmodèlesetapprochespréconisésparlesdifférentsmilieuxfavoriseral’arrimagenécessaireavecleconceptd’utilisation.

La mission organisationnelle constitue un autre élément des connaissances contextuellesdontilestnécessairedetenircompte.Eneffet,larécentehiérarchisationdel’offredeservicessociauxauQuébecaprovoquéuneredéfinitiondelamissionde plusieurs organisations du secteur public et communautaire où évoluent les psychoéducateurs(AssembléenationaleduQuébec,2003).Cestransformationssesontopéréesauprofitd’unecomplémentaritédesservices.Conséquemment,lesdifférentesmissionsorganisationnellessontmaintenantplusclairementdéfiniesetlesmandatsquiendécoulent,plusprécis.L’utilisationquelepsychoéducateurferadesévénementssignificatifsdevradonctenircomptedesbalisesqueluiimposesamissionorganisationnelle.Ilseraiteneffetforthasardeuxpourunpsychoéducateurde mettre en place des processus cliniques qui ne seraient pas cohérents avec le mandatquesonorganisationluiconfie,aussipertinentspuissent-ilsêtre.Dansuntelcontexte,lesrisquesdepréjudicepourlapersonnerisqueraientdes’accroître.Parconséquent,uneconnaissancesuffisantedelamissionorganisationnelleestnécessaireafindebaliserlesprocessuscliniquesetparconséquent,lespratiquesd’utilisation.

Les connaissances propres à la clientèle. Les connaissances propres à la clientèle renvoient à l’ensemble des informations que le psychoéducateurpossède sur la personne auprès de qui il intervient, mais également sur ses prochesetsonmilieudevie.Elless’appuientessentiellementsurdeuxdimensionscomplémentaires. D’une part, la problématique de la personne se rattachehabituellement à un spectre plus large de connaissances. Ainsi, le psychoéducateur possèdeunensembledeconnaissancessurlescaractéristiquesdelaclientèlequ’ildessert.Cecorpusdeconnaissancesestcomposéd’informationssurlanaturedela problématique, ses impacts, les problématiques associées, les interventions à privilégier, etc. Comme le soulignent Pronovost et al. (2000), ces connaissances permettentd’aborder lapersonnesous le regardd’unecertaine«universalité»,c’est-à-direàpartirdescaractéristiquesquisontgénéralementcommunesàceuxqui sont touchés par lamêmeproblématique.Par exemple, le psychoéducateurendéficience intellectuelledevra tenircomptede lacapacitéd’abstractiondesaclientèle; celui qui intervient auprès de personnes schizophrènes devra prendreenconsidération laprésencedesymptômespsychotiques,etc.Ainsi,cebagagede connaissances est une première source d’informations essentielles dans laplanificationdel’utilisation.

D’autre part, le psychoéducateur devra tenir compte de la dimensionidiosyncrasiquede l’intervention,c’est-à-direde l’unicitéde lapersonneetdesasituationd’inadaptation.Ildoitdévelopperunesolidecompréhensiondel’anamnèsedelasituationproblématiquedelapersonne,desonpotentieladaptatif(pad)etdupotentielexpérientiel(pex)dessituationsauxquellesilestconfronté.L’anamnèserenvoie ici auxconnaissancesquepossède lepsychoéducateur sur l’histoiredusujetetdelasituationproblématiquedemêmequesurlesinterventionsantérieuresqui ont été réalisées (OCCOPPQ, 2008). Le potentiel adaptatif personnelcorrespond alors au niveau de développement des moyens dont la personne dispose pour répondre à ses besoins (Gendreau et coll., 2001; OCCOPPQ, 2008;

291

Page 13: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

Renou,2005).Lepotentieladaptatifdécouledesfacteursderisqueetdeprotectionprésentsoudéficitaireschezlapersonneauxplansdéveloppemental,biologiqueet psychologique (OCCOPPQ, 2008). Pour sa part, le potentiel expérientiel réside danslespossibilitésd’apprentissagequ’offrentàlapersonnesonenvironnementet son entourage (Gendreau et coll., 2001; OCCOPPQ, 2008; Renou, 2005). Ainsi, plus larges seront les connaissances du psychoéducateur sur ces éléments, plus précisesetefficacespourrontêtresespratiquesd’utilisation.Lesconnaissancespropres au sujet imposent donc cet effort d’intégration entre les dimensionsuniversellesetspécifiquespourenarriveràlaconnaissancelaplusricheetlaplusfinedusujetdel’intervention.

Le savoir-faire utilisateur

Lesavoir-faireutilisateurpermetl’actualisationduprocessusd’utilisation.À l’instar deBechler (2005), nousen retenonsdeuxdimensions : le savoir-faireopérationneletlesavoir-faireexpérientiel.

Le savoir-faire opérationnel. Le savoir-faire opérationnel réfère àl’actualisation du processus d’utilisation. Pour le psychoéducateur, il s’agira demettreenplaceetd’animerdesmodalitésfavorablesàl’utilisation.Lesrencontresd’accompagnementcliniqueet lesentretienssur-le-champont traditionnellementétédesespacesprivilégiésd’utilisationeninternatetcontinuentdel’êtredansdenombreuxmilieux. Il s’agit par ailleurs desmodalités les plus souvent relevéesdans les écrits en psychoéducation (Gendreau et coll., 2001; Pronovost et al., 2000; Puskas, 2009; Richelieu et al., 1994). Or, tel que le précise Puskas (2009), cesmodalités doiventmaintenant s’adapter aux nouvelles pratiques despsychoéducateurs qui interviennent davantage dans la communauté et en milieu naturel. C’est donc essentiellement le cadre de cesmodalités qui est appelé àévoluer.Alorsque la rencontred’accompagnementcliniquese réalisaitde façonplanifiéedansunenvironnementdédiéàcettefonction(Richelieuet al., 1994), elle est dorénavant susceptible de se réaliser également au domicile de la personne, danslacommunauté,voiredanslarue.Demême,l’entretiensur-le-champpourraseréaliser à travers un accompagnement dans la communauté dans des circonstances tout aussi diverses. Ces nouveaux contextes d’intervention permettent d’avoiraccès à de nouvelles activités susceptibles de générer des situations utilisables. Ainsi,accompagnerunepersonnedansl’utilisationdeservicesdelacommunauté,lasoutenirdanslaréalisationdetâchesdelaviequotidienne,larencontrerdansun lieupublic,etc.sont toutautantd’opportunitésd’utilisationquene lesont lesactivitésplanifiéesorganiséesetaniméeseninternat.Outrelecadredesmodalitésquiestappeléàévoluer,c’estégalementlecontenuutiliséquisetransforme.Eneffet,commelesoulignePuskas,Caouette,MaillouxetDessureault(2012),outrelevécu partagé entre la personne et le psychoéducateur, les expériences rapportées par la personne pourront également être utilisées. C’est donc la créativité despsychoéducateursquipermettrad’adapteretd’enrichirdifférentesmodalitéspourl’utilisationetleursécritsquipermettrontd’enfaireladiffusion.

Le savoir-faire expérientiel.Lesavoir-faireexpérientielcorrespondauxconnaissancesquelepsychoéducateurproduitparsapratiqueetqu’ilréinvestitdanssontravaild’utilisation.Ainsi,lepsychoéducateurdoitadopterunepostureréflexive

292

Page 14: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

dans l’action et sur l’action (Schön, 1994) afin de reconnaître les événementssignificatifsduvécupartagéetd’enexploiterefficacement lecontenuàdesfinsd’utilisation.End’autrestermes,ildoitadopterpourlui-mêmeunprocessussimilaireàceluidel’utilisation:différenciation,individuation,logiquedel’action.Eneffet,ladifférenciationcorrespondà la reconnaissancedesdiversélémentsde la réalitéinterne et externe vécue par le psychoéducateur lors des périodes d’utilisation;l’individuation luipermetdeprendreun recul faceàcesdiversélémentsafindereconnaîtresonpropremodedefonctionnementetceluidesonorganisation,sesforcesetsesvulnérabilités;enfin,lalogiquedel’actionl’amèneàfaireleparallèleentrelaréalitéobjectiveetsonproprevécuafind’eninduirecertainesconclusions,d’ajuster sa pratique et d’influencer le fonctionnement organisationnel. Un telprocessusdoitdoncêtreinitiéparlepsychoéducateurbienque,commelesoulèveDionne(1991),l’urgencedessituationsrenvoiesouventl’utilisationausecondplan.Certainsmodèlesdesupervisionprofessionnelle,telsquelasupervisioncentréesur les opérations opérationnelles (Dionne, 1991) ou la supervision expérientielle (Villeneuve,1994)peuventalorsdevenirunmoyend’accompagneretdesoutenirlaréflexiondupsychoéducateurpourl’aideràdévelopperdespratiquesd’utilisationefficaces.

Le savoir-être utilisateur

Le savoir-être utilisateur est constitué de l’ensemble des aptitudesrelationnelles et des qualités personnelles requises chez le psychoéducateur etqui s’actualisent dans la relation lors des situations d’utilisation. La dimensionclinique impliquée dans l’utilisation exige tout particulièrement l’établissementd’unerelationdequalitéaveclesujet.Ausujetdelarelationquis’établitdansuncontexted’interventionpsychoéducative,Puskas (2009)affirmeque« la relation[est]aucœur [du] travail cliniqueet […]c’estparellequesevit lechangement;l’éducateur est praticiende la relation» (p.64).Par conséquent, la qualité de larelationpsychoéducativeest undéterminantmajeur despossibilitésd’utilisation.Gendreauetsescollaborateurs(2001)affirmentquec’estàtraverslesavoir-êtredel’intervenantquelarelationpsychoéducativepeuts’établiretquec’estl’exercicedecertainsschèmes relationnelsquipermettrontde traduirecesavoir-être.Cesschèmessontdesattitudesayantlavaleurd’instrumentpourl’intervenantafindeluipermettred’approfondirsa relationausujet. Ilsdéfinissentcequiestengagépersonnellementparl’intervenantdansunevolontéd’utilisation.Gendreauetsescollaborateurs(2001)retiennentplusspécifiquementsixschèmes.Toutd’abord,parsaconsidération,l’intervenantexprimel’estimequ’ilporteausujetetreconnaîtsavaleurd’être.Ensuite,lasécuritéluipermetdes’impliquerdansunerelationaveclesujetsansqu’ellesoitparasitéeparsesproprespeursouangoisses.Cettesécuritédécouledelaconnaissancequel’intervenantadéveloppéedesesvulnérabilitésetelleluipermetd’expérimenterunautreschème,laconfiance.Celle-cisereconnaîtparl’expressiond’unsentimentd’assuranceetd’espérancefermedanslarelationintervenant-sujet, dans les opportunités qu’offre lemilieu demêmeque dans lepotentieldechacundesacteursde l’intervention.Par lasuite, ladisponibilitédel’intervenantluipermetdevivreuneouvertureintérieureafind’alleràlarencontredusujetetdedévelopperavecluiunefaçonuniqued’êtreenrelation.Ladisponibilitépermetàl’éducateurdereconnaîtrequelarelationqu’ilconstruitaveclesujetestcentréesurlaréponseauxbesoinsdecedernieretqu’ildoitparfoisaccepterde

293

Page 15: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

dépassersazonedeconfort.Lacongruenceconstitueunautreschèmenécessaireàlarelation.Elleimpliqueuneauthenticitéchezl’intervenant,unsoucid’êtrevraiet honnête face à soi-même et aux différents acteurs de l’intervention. Enfin,l’empathiepeutsereconnaîtreparuneffortconscient,maissincèredelapartdel’intervenantdecomprendre levécude l’autreetde luicommuniquer. Ils’agitdela capacitépour l’intervenantde ressentir le vécuémotif dusujet, nonpaspourse l’approprier, mais pour développer une compréhension encore plus fine dela réalité du sujet. Comme le soulignent Gendreau et ses collaborateurs (2001), cessixschèmesnes’exprimentpasisolément,maissontconstammentsollicitéspar la relation. L’apport deGendreauet de ses collaborateurs (2001) quant auxschèmes relationnels s’inscrit plus largement dans une vision humaniste de lapersonne.Cecourantad’ailleurslargementinsistésurl’importancedelarelationdansletravaild’intervention(Chalifour,1999;Hétu&Vallée,2007;Rogers,2005;).Dans un important traité sur l’éducation spécialisée,Capul et Lemay (1996) ontégalementprécisélesfondementsdel’établissementd’unerelationéducativeetdesondéveloppementdansuneperspectivepsychanalytique.Parmicesfondements,relevonsentreautresl’écouteetl’acceptationdelapersonnedanssesrichessesetseslimites,l’effortpourmettreenjeudesattitudesanticipatrices,lacapacitédemettreenplaceuncadre(lecontenant),l’affirmationdelaloi,ledoubleregardsurl’autreetsursoietlaperspectivesystémique.CettevisionrejointcelledePuskas(2009)quirelèvel’apportmajeurquecertainsconceptsempruntésauchampdelapsychanalyse peuvent apportés à la compréhension de la dynamique de la relation. Outrelesconceptsdetransfertetdecontre-transfert,relevonsceluidel’alliancethérapeutique(Baillargeon,Leduc,&Côté,2003;Dumaine&Baillargeon,2002)quiestidentifiécommeunprédicteurimportantdel’efficacitéthérapeutique.

L’utilisation en tant que compétence du psychoéducateur

L’utilisation implique donc la mobilisation et la combinaison des cesdifférentstypesdesavoir,cequinousamèneàlaconcevoircommeunecompétencedu psychoéducateur (Le Boterf, 2001). Comme le souligne Lecomte et Savard(2004),cesdifférentssavoirsentretiennententreeuxdesliensd’interdépendancepermettantl’actualisationdelacompétence.Ainsi,lesavoirdéterminelesavoir-faireàmettreenœuvreet influence lesavoir-être.Lesavoir-faireconcrétise lesavoiret traduit lesavoir-être tandisque lesavoir-être transformelesavoiret lesavoir-faire. En plus de souligner le caractère dynamique qui anime les savoirs, cetteperspectivepermetd’analyserlespratiquesd’utilisationenregardd’uneintégrationdessavoirs.Ainsi, l’acquisitiondeconnaissances théoriquessur l’utilisationseraconsidérée en regard de son influence sur le savoir-être; le développement demodalitéspropicesàl’utilisationseracompriscommeunetraductiondusavoir-être;lesavoir-faireexpérientielseraenvisagécommelaconcrétisation,danslapratique,des connaissances acquises sur la personne, etc.

Cetteconceptiondel’utilisationentantquecompétenceadesrépercussionssur la formation initiale et continue des psychoéducateurs. En effet, former àl’utilisation implique d’offrir à l’étudiant la possibilité d’analyser des situationsd’intervention en regard de la dynamique des différents savoirs impliqués. Parconséquent,lasupervisiondesstagesdevientnonpasseulementl’occasiond’uneintégrationdelaformationthéoriqueàl’utilisation,maiségalementunlieuprivilégié

294

Page 16: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

295pour ledéveloppementd’unecompétenceà l’analysedespratiquesd’utilisation.Cette analyse peut se poursuivre dans les milieux de pratique en ayant recours à différentesmodalitésd’analysedespratiquesprofessionnelles.

Conclusion

L’utilisation constitue une opération professionnelle importante dans lapratiquepsychoéducative.Parconséquent,ilnousapparaîtnécessairederaffinerl’analysedecespratiquesenfonctiondesclientèlesetde leurscaractéristiquespropres.Eneffet,certainsfacteurstels l’âgedessujets, lescapacitéscognitives(dontl’introspection)etlesmécanismesd’apprentissageenjeu–pournenommerqueceux-là−soulèventdesdéfisparticulierslorsdesmomentsd’utilisation.Ilfautparconséquent réfléchirsur lesbutspoursuivispar l’utilisationainsiquesur lesmodalitésd’applicationquiseraientlesplusappropriéesauxdifférentesclientèles.Lamajoritédesauteursrecensésdanscetécritproposentunevisiondel’utilisationfaisant appel à l’introspectionet à la conscientisationalors que ces facultés nesontpasnécessairementacquisesoudéveloppéeschezcertainesclientèles.Uneréflexion plus approfondie des écrits sur la cognition et l’apprentissage pourraitêtre éclairante et devrait se poursuivre pour mieux comprendre les conditionset les limitesde l’applicationde l’utilisationauprèsdesclientèlesprésentantdescaractéristiques cognitives particulières.

Enfin,commenouslesoulignionsplustôt,ladiversificationdesmilieuxetdesclientèlespose ledéfide lacohésionde lapratiquepsychoéducative.Notrecontribution s’inscrit dans un effort pour que l’ensemble des psychoéducateurssereconnaisseàtraversdesconceptscommuns,dontceluidel’utilisation.Noussouhaitonsqued’autresdémarchesetd’autresécritssepoursuiventencesens.

Allaire, J.-P. (1988). Pour un accompagnement clinique : un cahierde retour sur le vécu. Revue canadienne de psycho-éducation, 17 (1), 1-8.

Assemblée nationale du Québec (2003). Projet de loi no 25 : Loi sur les agences de développement de réseaux locaux de services de santé et de services sociaux.Québec :LesPublicationsduQuébec.

Baillargeon, P., Leduc A., & Côté, R.(2003). Les modèles expérimentaux du processus de résolution des ruptures de l’alliance thérapeutique. Revue canadienne de psychoéducation, 32 (2), 373-392

Bechler, P. (2005). Le management des compétences en action sociale et médico-sociale.Paris,France:Dunod.

Brisson, P. (2010). Prévention des toxicomanies : Aspects théoriques et méthodologiques. Montréal, Québec :Lespressesdel’UniversitédeMontréal.

Capul,M.,&Lemay,M.(1996).De l’éducation spécialisée. Ramonville Saint-Agne,France:Érès.

Chalifour, J. (1999). L’intervention thérapeutique : Les fondements existentiels-humanistes de la relation d’aide. (Vol.1).Boucherville,Québec:GaëtanMorin.

Dionne, J. (1991). La supervision centrée sur les opérations professionnelles :un outil de gestion de la qualité des interventions. Revue canadienne de psycho-éducation, 20 (2), 109-121.

Références

Page 17: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

296Dolto, F. (1985). Séminaire de psychanalyse

d’enfants (tome 2). Paris, France :ÉditionsduSeuil

Dumaine, M., & Baillargeon, P. (2002).L’alliancethérapeutique.Défi Jeunesse, 9 (1), 17-22.

Gendreau, G. (1978). L’intervention psycho-éducative. Solution ou défi ? Paris, France:Fleurus.

Gendreau, G. et collaborateurs (2001). Jeunes en difficulté et intervention psychoéducative. Montréal, Québec :ÉditionsSciencesetCulture.

Gendreau, G., Cormier, J.P., Lemay, L., & Perreault, P. (1995) Partager ses compétences : un projet à découvrir (Tome1).Montréal,Québec :ÉditionsSciencesetCulture.

Hétu, J.-L., & Vallée C. (2007). La relation d’aide : éléments de base et guide de perfectionnement. (5e éd.). Montréal,Québec:GaëtanMorin.

Lacan, J. (1966). Écrits.Paris,France:Seuil.

Lachapelle, Y., & Boisvert, D. (1999).Développer l’autodétermination desadolescents présentant des difficultésd’apprentissage ou une déficienceintellectuelle en milieu scolaire. Revue canadienne de psycho-éducation, 28 (2), 163-169.

Lachapelle, Y., & Wehmeyer, M. (2003).L’autodétermination. Dans D. Morin,& M.J. Tassé (dir.). La déficience intellectuelle. Montréal, Québec :GaëtanMorin.

Lafortune, L., Lepage, C., Persechino, F.,& Bélanger, K. (2008). Un modèle d’accompagnement professionnel d’un changement : Pour un leadership novateur. Québec : Presses del’UniversitéduQuébec.

Larivée, S., & Van Gijseghem, H. (2003).Des célébrités « psy » continuentd’écoper. Revue de psychoéducation, 32 (2), 199-210.

Le Bortef, G. (2001). Construire les compétences individuelles et collectives (2e éd.). Paris, France : Éditionsd’Organisation.

Lecomte, C., & Savard, R. (2004).Supervisionclinique:Unprocessusderéflexion essentiel au développementdelacompétenceprofessionnelle.DansT. Lecomte, & C. Leclerc (dir.). Manuel de réadaptation psychiatrique. Sainte-Foy, Québec : Presses de l’Universitédu Québec.

Ministère de la Santé et des ServicesSociaux(2005).Pland’actionensantémentale 2005-2010 : La force desliens. Repéré dans http://publications.m s s s . g o u v . q c . c a / a c r o b a t / f /documentation/2005/05-914-01.pdf

Perrenoud, P. (2008). Développer la pratique réflexive dans le métier d’enseignant. Paris,France:ESFéditeur.

Piaget, J. (1947). Psychologie de l’intelligence. Paris,France:ArmandCollin.

Piaget, J. (1973). Biologie et connaissance. Paris,France:Gallimard.

Ordre des conseillers et conseillères en orientation et des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (2003). Le profil des compétences générales des psychoéducateurs. Auteur.

Ordre des conseillers et conseillères en orientation et des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec (2008). Guide d’évaluation psychoéducative. Auteur.

Pronovost, J., & Trudel, L. (1987). Le jeu imaginaire : utilisation en rééducationd’enfants. Apprentissage et socialisa-tion, l0 (1), 39-45.

Pronovost, J., Gagnon, G., & Potvin, P. (2000).L’utilisation:unconceptfonda- mental dans l’intervention psycho-éducative. Revue Canadienne de Psycho-Éducation, 29 (1), 17-31.

Puskas, D. (2009). Capteurs de rêves : rencontre d’accompagnement clinique psychoéducative. Montréal, Québec :Béliveauéditeur.

Puskas, D., Caouette, M., Mailloux,C., & Dessureault, D. (2012). L’accompagnement psychoéducatif : vécu partagé et partage de vécu. Montréal,Québec:Béliveauéditeur.

Page 18: L’utilisation psychoéducative : une compétence du

297Redl, F., & Wineman, D. (1951). Children who

hate.Glencoe,IL:TheFreePress.

Redl, F., Wineman, D. (1964). L’enfant agressif.(Tome1:Lemoidésorganisé).Paris,France:Fleurus.

Redl, F., Wineman, D. (1970). L’enfant agressif. (Tome 2 : Méthodes derééducation).Paris,France:Fleurus.

Renou, M. (2005). Psychoéducation : une conception, une méthode. Montréal,Québec:Sciencesetculture.

Richelieu, G, Boulay, D., Brien, M.,Lacourse, G., & Roy, A. (1994). Pour une conception clinique des rencontres d’accompagnement.Montréal,Québec:ÉditionsduCentred’orientation.

Rogers, C. (2005). La relation d’aide et la psychothérapie. (13e éd.). Issy-les-Moulineaux Hauts-de-Seine, France :ESFéditeur.

Schön, D.A. (1994). Le praticien réflexif : à la recherche du savoir caché dans l’agir professionnel.Montréal,Québec:Éditions Logiques.

Schön, D.A. (1996). Le tournant réflexif : Pratiques éducatives et études de cas. Montréal,Québec:ÉditionsLogiques.

St-Arnaud, Y. (1992). L’interaction profes-sionnelle : Efficacité et coopération. Montréal, Québec : Les Presses del’UniversitédeMontréal.

Villeneuve, L. (1994). L’encadrement du stage supervisé. Montréal, Québec :ÉditionsSaint-Martin.