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Novembre 2020 "Encourager la jeunesse à s'instruire et à se cultiver, c'est bâtir une société meilleure." Esther Jonhson, Ecrivain, Auteur Romancière, 1965 La Grande Afrique : la voie du continent à travers le monde. Rédacteurs : Sitraka RABARY Rim AYOUCH Mariam BEN SLAMA Maeïlys SYLIA Komon Jude-Armand KIENOU Remicar SEREME Veronica MENDES Design & Mise en page : Sitraka RABARY

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Novembre 2020

"Encourager la jeunesse à s'instruire et à se cultiver, c'est bâtir une société meilleure."

Esther Jonhson, Ecrivain, Auteur Romancière, 1965

La Grande Afrique : la voie

du continent à travers le

monde.

Rédacteurs :

Sitraka RABARY

Rim AYOUCH

Mariam BEN SLAMA

Maeïlys SYLIA

Komon Jude-Armand KIENOU

Remicar SEREME

Veronica MENDES

Design & Mise en page : Sitraka RABARY

Page 2: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

Journal- Novembre 2020

Le hashtag #CONGOISBLEEDING: Que se

passe-t-il au Nord-Kivu > p.5

La société sénégalaise à travers le prisme

de ses séries > p.9

YENNENGA la princesse amazone :

la naissance du peuple Mossi > p. 8

Les relations sino-africaines : une

longue histoire > p.7

Covid 19 : Quel impact économique pour

les pays africains ? >p.4

SOMMAIRE

Le nouveau bureau de l'ASPA 2020-

2021 > p.1

ASPA en Novembre 2020 > p.2

Poème : Mine ? > p.11

ASPA

POLITIQUE ET ECONOMIE

HISTOIRE

ART ET CULTURE

La Grande Afrique : la voie du

continent à travers le monde.

Page 3: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

Journal- Novembre 2020

Le bureau de l’ASPA, composée de

quatorze personnes, pour cette

année 2020-2021 reflète l’image

que notre association s’est définie.

Avec une telle pluralité et

richesse, l’ASPA promet une

merveilleuse année malgré la

crise sanitaire qui nous impacte

tous.

Après un mois assez chargé, nous

sommes heureuses de vous

présenter les têtes qui se cachent

derrière chaque poste de l’équipe

pour cette année académique.

Tous étudiants en Master à

Sciences Po Paris, ils suivent des

parcours diversifiés, ce qui

enrichit fortement l’association.

Tous unis par un grand intérêt

pour le continent africain, cette

équipe ne manque pas de visions

et de projets, et, le moins que l’on

puisse dire, c’est que vous ne serez

pas déçus.

Exécutif

En sa deuxième année de Master

Governing the Large Metropolis se

tient la présidente de l’ASPA,

Irina Gbaguidi. Venant du Bénin,

elle décrit ce dernier comme un

"pays doux et rassurant, riche de

sa culture, ses spiritualités et sa

population". "Ma plus belle fierté

est de l'appeler mon pays".

Passionnée de lecture et de

politique, notre présidente se

définit par cette citation de

Michelle Obama : "Ne laissez

personne parler pour vous et ne

comptez pas sur les autres pour se

battre pour vous". Elle voit en

l’ASPA un héritage, une famille

que l’on porte même après les

études à Sciences Po, et surtout

une plateforme pour le

panafricanisme et la promotion

de l'unité du continent , tout en

respectant les spécificités

territoriales.

Son bras droit, le vice-président,

Lukas Noah Drammeh est

également en sa deuxième année

de Master, en International

Security avec spécialité: Afrique,

diplomatie et méthodologies de

recherche. Originaire de

l’Allemagne et de la Gambie, il a

assumé ses origines africaines en

ayant passé du temps avec sa

famille gambienne. Il se définit

par la citation : "Les mots doivent

être suivis d’actions !" car il est

convaincu que la génération

actuelle doit arrêter de prétendre

et réapprendre à laisser parler ses

actions car les belles paroles ne

suffisent plus. Ayant un profil de

leader, l’ASPA est pour lui une

association qui assume l’unité et

la diversité du continent africain.

Suivant de près toutes les

réunions et ayant déjà occupé une

fonction similaire auparavant, la

Secrétaire Générale, Dorcas

Goabga, venant du Burkina Faso,

un pays à caractère intègre disait-

elle, est en sa deuxième année de

Master en Droit économique.

Aimant voyager, passer du temps

avec ses amis, observer mais aussi

écrire, c’est une vraie

combattante qui n’hésite pas à

repousser ses limites. Persuadée

que seule l'action commune pour

le changement est efficace, l’ASPA

est pour elle "plus qu’une

association" et est l'exemple-type

de l’unité africaine, une unité

dans la diversité.

Le trésorier Dayvis Dos Reis

Borges est le dernier membre de

notre exécutif et est en sa

deuxième année de Master en

Finance et Stratégie. A part les

études, il est passionné par le

football, les jeux vidéos, le vélo et

la course. Amoureux de ses pays,

le Cap-Vert et Togo, il est de

nature curieux et aime apprendre.

Voyant le monde actuel comme

un monde "cassé" qui devrait être

réparé, l’ASPA est pour lui un bon

début pour améliorer la société à

notre échelle et il espère s’y faire

"une bonne bande de potes" dit-il.

L’ASPA étant composé de 5 pôles

différents, les suivants sont les

responsables de ces derniers :

Pôle conférence

En première année du master

d’urbanisme "Governing the large

metropolis", Kenza Fahim est la

co-responsable du pôle

conférence de notre association.

Originaire du Maroc, elle décrit

son pays comme étant complexe,

car d’un côté multiculturel et

particulièrement riche, mais de

l’autre, inégalitaire et paradoxal.

Elle affectionne particulièrement

cette citation de Pierre Rabhi

:"Comme le colibri, je compte faire

ma part des choses, pour mon

pays et mon continent." Kenza

aime se laisser transporter à

travers la musique, la lecture et

les voyages. L'ASPA représente

pour elle une ouverture vers son

pays et son continent, ainsi

qu’une porte ouverte au dialogue

et à l'échange.

Actuellement en Master 1

d’Affaires Publique, avec une

spécialité culture, Lauren Easum

est l’autre co-responsable du pôle

conférence. Elle a grandi entre

les États Unis, le Burundi, la

France et les Pays-Bas.

Convaincue que le syncrétisme

donne naissance à de belles

choses, elle aime se définir par

cette citation de Gaël Faye:

"Quand deux fleuves se

rencontrent, Ils n'en forment

plus qu'un et par fusion nos

cultures deviennent indistinctes /

Elles s'imbriquent et s'encastrent

pour ne former qu'un bloc

d'humanité". Passionnée d’art,

Lauren aime particulièrement lire

et écrire en terrasse. Elle voit

l’ASPA comme un endroit de

partage culturel et un moyen de

faire connaître le continent

africain dans toute sa diversité.

Pôle événement

En première année de master en

"International Security", Amélie

Ségla est la co-responsable de

notre pôle évènement.

Sénégalaise, le premier mot qui

lui vient en tête pour décrire son

pays est l'hospitalité, la teranga.

Pour elle, le Sénégal, c’est avant

tout un peuple attachant et

résilient qui cultive l’art de bien

vivre et le partage. Pour se

décrire, elle choisit de citer Delia,

notre co-responsable partenariats:

"On ne danse pas, on performe".

Car, que ce soit sur une piste de

danse ou pour un projet, rien

n'épuise Amélie. Passionnée de

photographie, d'écriture et de

poésie, vous la verrez toujours

munie de sa caméra ou de ses

calepins. L'ASPA est pour elle une

grande famille qui lui permet de

penser l’Afrique d'aujourd'hui et

de demain.

Maktoub Razaki est le co-

responsable du pôle évènement.

Tout comme notre présidente,

Irina, il est dans le master

"Governing the Large Metropolis",

et vient également du Bénin. En

parlant de son pays, Maktoub

tient à souligner que le vodou, qui

est une pratique religieuse

répandue au Bénin, est en réalité

très éloignée des clichés négatifs

qui lui sont associés. Pour se

décrire, il choisit une citation en

Yoruba, sa langue maternelle : "O

porrr", qui signifie littéralement

“c’est beaucoup” car c’est

quelqu’un qui met toujours

beaucoup d’énergie dans les

différents projets qu’il

Le nouveau bureau de l'ASPA 2020-2021

Quand la nouvelle équipe se présente, nous voyons à quel point l’ASPA est une association riche en humain, en

ambition et en vocation.

1ASPA

Page 4: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

entreprend. Pour lui, L’ASPA est

non seulement une grande

famille, mais c’est également une

vitrine des enjeux liés au

continent africain sur le campus

de Sciences Po.

Pôle partenariat

Actuellement en M1 de "Médias,

Communication et Industries

créatives", Delia Tebani, notre

première co-responsable

partenariat est algérienne. La

première chose qui lui vient en

tête pour décrire son pays est

l’humour qui, selon elle,

accompagne les algériens tant

dans leurs vies quotidiennes, que

dans les moments d’exception.

Pour se décrire, Delia cite sa sœur

Haninai qui la surnomme

"couteau-kabyle" car, comme un

couteau suisse, Delia est

multifonction et multi-terrain.

Passionnée de basket-ball et d’art,

si vous voyez Delia sans ballon à

la main, c’est qu’elle a un stylo

pour écrire ou dessiner à la place.

Pour Delia, l’ASPA c’est un coup

de cœur, un échange continu basé

sur un amour partagé: "les

Afriques". C’est une rencontre

d’âmes passionnées qui se

nourrissent de leurs différences.

La seconde responsable de ce pôle,

Haibado Yacin Abdoulkader, est

actuellement en master

d’International Public

Management. Elle vient de

Djibouti, qu’elle qualifie comme

étant un petit bout de terre; riche

en chaleur et grandeur humaine.

Passionnée par le karaté, pour les

valeurs de discipline et de

maîtrise de soi que sa pratique

inculque, elle est également une

Journal- Novembre 2020

fan inconditionnelle de Nelson

Mandela. Sans surprise, elle

choisit cette citation -extraite de

l’un des poèmes de Mandela -

pour se définir : "Je suis maîtresse

de mon esprit ; Je suis capitaine

de mon âme". Pour Haibado,

l’ASPA c’est avant tout un espace

de partage et d’échanges qui

promeut la cohésion dans la

différence, ce qui correspond avec

sa définition de l’Afrique :

prospère dans sa pluralité ;

pauvre dans la division.

Pôle communication

La première responsable de ce

pôle est Maty Ngom et est en

International Development Dual

Degree London School of

Economics. Elle vient du Sénégal

qui a été l'un des précurseurs de

l'industrie cinématographique en

Afrique. Prête à prendre des

risques pour atteindre ses

objectifs, elle incarne cette

attitude par la citation "Ku bëgg

aakara ñeme kaani" ("Celui qui

veut des beignets ne doit pas

craindre le piment."). Elle aimerait

un monde où en temps que femme

noire, africaine et musulmane,

elle ne soit plus considérée

comme une minorité mais comme

un habitant de notre planète au

même titre que les autres. L’ASPA,

une vision, une équipe, un avenir,

pouvant changer la perception

stéréotypée du continent Africain

selon elle.

La seconde responsable, Ida

Rosalie Gomis Gomis est

actuellement en césure et effectue

un stage chez Hermès en tant qu’

assistante chef de Projets

Communication.

Rim décrit son pays -le Maroc-

comme un pays aux multiples

facettes, regorgeant de générosité.

Passionnée d’écriture, elle utilise

cet art comme un exutoire.

Inspirée par l’écrivaine franco-

marocaine Leila Slimani, Rim

pense, tout comme cette dernière,

"qu’écrire, c'est se défaire de cette

peur du regard des autres, donc la

littérature est évidemment une

révolte". Rêvant d’une Afrique

plurielle, innovante, et résiliente,

l’ASPA, représente pour elle un

espace privilégié, lui permettant

de prendre part aux enjeux qui

traversent le continent. Son poste

de co-rédactrice en chef de La

Grande Afrique, lui permet de

mettre en avant, à travers ses

écrits, sa vision de l'Afrique.

Un bureau riche en diversité, des

esprits plein de créativité, un

intérêt commun pour l’Afrique,

une grande famille qu’est l’ASPA,

l’association vous donne rendez-

vous pour un voyage au cœur de

notre cher continent pour cette

belle année 2020-2021.

Sitraka RABARY & Rim AYOUCH

Sénégalo-espagnole, la mixité de

la culture sénégalaise est pour elle

le fondement d’une grande

puissance culturelle. Aimant le

sport, la musique, l’art, et les

voyages, la citation qu’elle a

choisie pour se définir est "Deja

huellas por dónde caminas".

Voulant un monde où l’on

coexiste et l’on vit de "bissap

frais"; pour l’ASPA, elle veut

qu’elle incarne une association de

partage, d’encouragement et de

rayonnement pour la diversité

africaine et surtout par sa culture.

Pôle média

La première responsable de ce

pôle est Sitraka Rabary, en Master

2 en Stratégies Territoriales et

Urbaine, une malagasy qui adore

écrire et use de cet art, dans

toutes ses formes, pour construire

son propre monde. De nature

introvertie, aimant passer du

temps avec elle-même, elle est

passionnée par la contemplation

des étoiles qui incarnent la paix.

Elle se définit, non par une

citation mais par un mot qui

incarne sa personnalité "Hope".

Pour elle, peu importe la difficulté

de la situation à laquelle elle fait

face, il y a toujours de l’espoir

pour que tout se finisse de la

meilleure manière qui soit. Être

rédactrice en chef à l’ASPA est

une opportunité pour mettre en

avant l’Afrique et sa vocation

mais également son pays,

Madagascar, qui est un havre de

richesse naturelle.

La seconde responsable de ce pôle,

Rim Ayouch, est en Master 1 de

"Governing the Large Metropolis".

Tout droit venue de Casablanca,

2

ASPA en Novembre 2020

instagram sur des problématiques

actuelles qui sont "la voix de la

jeunesse nigériane portée par le

mouvement #ENDSARS et

l’engagement des artistes dans ce

combat", ainsi que "les aléas et

ressentis des étudiants africains a

l’étranger". Par ailleurs, des

playlistes et sélections de films

thématiques ont été publiés

chaque jeudi et vendredi soir

depuis la reprise des activités par

l’association en s’adaptant au

contexte actuel de crise sanitaire.

Dans ce même contexte, le pôle

conférence a, quant à lui,

commencé par l’organisation

Bien que la deuxième vague de la

pandémie du coronavirus en

France ait engendré un deuxième

confinement, les activités de

l’Association de Sciences Po pour

l’Afrique (ASPA) pour le mois de

Novembre ont été maintenues.

Une association active malgré les

contraintes sanitaires. Les

membres du bureau à travers

chaque pôle ne se sont pas

tournés les pouces, loin de là.

Pôle transversal à stratégies mises

à l’épreuve

Le pôle communication qui est

transversal à tous les échelons de

l’association rend compte des

activités de l’ASPA aux yeux du

public. Permettant la mise en

connaissance de ces dernières, ses

publications se font à travers les

réseaux sociaux : Instagram,

LinkedIn et Facebook tout en

retraçant tous les mouvements au

sein de l’association : conférence,

live, publication d’article, etc.

Allier sujets d’actualité à un

monde interconnecté

L’équipe du journal La Grande

Afrique a écrit ce mois-ci six (06)

articles nous permettant de

voyager au sein du continent pour

mieux connaître ses revers.

Mettant en avant les actualités

africaines à travers les impacts

économiques du Covid 19, la

situation du Nord-Kivu, les

impacts des échanges Chine-

Afrique, puis les cultures et

histoires à travers l’influence et le

succès des séries sénégalaises

mais aussi la naissance du peuple

Mossi et enfin le dynamisme au

sein de l’association, La Grande

Afrique retrace ces derniers dans

les autres articles de ce journal du

mois de Novembre.

Le pôle événements a proposé ce

mois de Novembre deux lives

ASPA

Page 5: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

d’une conférence inaugurale

s’intitulant "Solidarité inter-

africaine face au Covid-19 : des

innovations entrepreneuriales à

une collaboration continentale".

Marquant ainsi l’ouverture de

leurs activités, il continuera à en

organiser bien d'autres dans les

semaines à venir.

Fonctionnement en maillage

hybride

Le pôle partenariat s’est

majoritairement attelé à répondre

aux besoins du pôle event

Journal- Novembre 2020 3

dans la mise en place des

événements prévus. La mise en

place de Zooms littéraires et la

sélection de livres mettant en

avant le continent africain en

collaboration avec des maisons

d’éditions animeront les

prochaines semaines. D’autres

conventions de partenariat pour

offrir des réductions aux

adhérents de l’association pour

des soins beauté, journal,

restaurant, etc. s’en suivront. Une

nouveauté pour l’association :

tout événement en digital pour

faciliter leur accès.

Pour le premier dîner de l’ASPA

qui aura lieu aujourd’hui à 19h,

les responsables du pôle ont

enchaîné entre appels et envois

d’e-mails pour trouver un

restaurant ayant une histoire à

raconter et pouvant nous faire

voyager entre culture et goûts

émerveillant les papilles. Le choix

s’est porté sur le restaurant "Resto

Gasy" spécialisé dans la

nourriture malagasy. Concocté en

premier lieu par le pôle

événementiel, ce dîner se fera en

présence de Nadège Beausson-

Diagne, actrice française d'origine

sénégalaise et ivoirienne. Un

temps de discussion sera consacré

aux échanges avec elle sur des

sujets d’actualité comme la

représentativité des femmes

noires dans le cinéma.

Sitraka RABARY

ASPA

Page 6: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

Journal- Novembre 2020 4POLITIQUE ET ECONOMIE

Un endettement accéléré

L’endettement du continent

africain s’est considérablement

accéléré au cours des dix

dernières années. Le poids de la

dette publique s’est aggravé,

passant de 35 % du PIB africain à

60 % entre 2010 et 2018. Cette

hausse a été particulièrement

importante dans les pays

exportateurs de matières

premières, qui ont subi la chute

des cours de 2014 à 2016, selon le

directeur du Centre des études

économiques d’Afrique (CSEA).

L’endettement total du continent

africain est actuellement estimé à

365 milliards de dollars. Très

présente en Afrique depuis un peu

plus d’une décennie, la Chine est

aujourd’hui le premier créancier

du continent et détient 40 % de la

dette africaine, soit entre 145 et

170 milliards de dollars. Parmi les

principaux créanciers des pays

africains, on trouve également le

Fonds monétaire international

(FMI), la Banque Mondiale, le

Club de Paris, mais également de

nombreux créanciers privés

(larges entreprises et fonds

d’investissements).

La pandémie plongera l’Afrique

sub-saharienne dans sa première

récession en vingt-cinq ans selon

la Banque mondiale.

Ainsi, fin mars, les ministres des

Finances africains ont appelé à

une annulation du paiement des

intérêts des dettes afin de pouvoir

utiliser leurs capacités

budgétaires pour combattre les

conséquences économiques de la

crise du coronavirus.

Conséquences qui risquent d’être

particulièrement dramatiques sur

un continent sur lequel la moitié

de la population vit déjà avec

moins de deux dollars par jour.

Emmanuel Macron a récemment

plaidé pour une annulation de la

dette des 40 pays africains les

plus pauvres. Pour l’instant, il n’a

pas obtenu cette annulation mais

un moratoire au niveau des

créanciers bilatéraux (12 milliards

de dollars) ainsi qu’auprès des

pays prêteurs du Club de Paris et

du G20 (8 milliards de dollars), ce

qui représente un total de 20

milliard de dollars sur les 32

milliards de dollars que ces pays

devaient rembourser cette année,

les 12 milliards restants sont dus à

la Banque Mondiale.

D’abord mise en avant par le

président sénégalais, Macky Sall,

puis par le président français,

Emmanuel Macron et le secrétaire

traçabilité impossible par le grand

public. Par ailleurs, les

communiqués sont généraux et ne

donnent aucun détail. Par

exemple, 1,75 milliard de francs

CFA ont été consacrés à «

réhabiliter, rénover et agrandir »

des blocs d’isolement de trois

hôpitaux de Yaoundé et ne donne

aucune visibilité des dépenses qui

ont été réalisées. Le même cas

peut-être vu à Madagascar

puisque dans les 716 millions de

dollars de dons et prêts alloués,

les dépenses restent pour une

grande partie intraçables.

Récemment, plusieurs documents

de détournement des fonds de

lutte contre la pandémie ont été

envoyés au bureau indépendant

de lutte contre la corruption

(BIANCO) bien que la présidence

malagasy reste sur sa position en

affirmant le bon usage de ces

derniers. Ces questions de

traçabilité et de transparence

inquiètent la population qui se

plaignent d’aides sociales quasi-

inexistantes, ou du moins

insuffisantes, malgré le montant

important des aides perçues au

niveau international.

En effet, bien que ces aides

existent, le niveau de vie se

dégrade dans bon nombre de pays

africains, et beaucoup se

retrouvent sans emploi à cause de

la fragilité économique du

continent. Malgré le fait que le

taux de contamination ne soit pas

aussi élevé que dans les autres

continents, la pandémie fait des

massacres au niveau économique.

La croissance que le continent

avait si mal à construire se

retrouve particulièrement

dégradée par le coronavirus.

Le déclin de croissance est affiché

à - 3,3 % pour cette année et

comme la Banque mondiale l’a dit,

plus de 40 millions d’africains

risquent de se trouver sous le

seuil de pauvreté : entrant ainsi

dans la catégorie de "l’extrême

pauvreté". Alors que cette

dernière façonnait déjà leur

environnement quotidien, le

coronavirus la dégrade encore

plus. Malgré le problème de la

transparence des aides cité ci-

dessus, d’autres pays arrivent à

développer des aides sociales, et

général de l’ONU, Antonio

Guterres, la question d’une

annulation de certaines dettes

n’est d’ailleurs pas encore à

l’ordre du jour. « La procédure

actuelle permet un moratoire

jusqu’au 31 décembre des

échéances liées à la dette

publique. Après une année de

grâce, en 2021, ces paiements

seront étalés sur trois ans, à partir

de 2022 », affirme Odile Renaud-

Basso, présidente de la Banque

européenne pour la

reconstruction et le

développement.

Des aides internationales à effets

non mesurables

Dans la lutte contre la pandémie,

la Banque mondiale a déployé 160

millions de dollars de soutien

financier pour plus de cent pays

afin de protéger les plus

vulnérables.

Au Cameroun, à part l’aide venant

de la banque mondiale et celle du

Fonds Monétaire Internationale,

le gouvernement avait fait appel à

la solidarité publique pour

constituer un fonds d’urgence

dans le combat contre le covid-

19.Cependant, la manière dont ce

fonds a été utilisé n’a pas été

communiquée, rendant ainsi sa

Covid 19 : Quel impact économique pour les pays africains ?

Économiquement parlant, la gestion de la crise sanitaire est plus que disparate au niveau du continent africain. Bien

qu’une large partie des pays soient déjà émergents, certains sont encore parmi ceux les plus pauvres au monde; et

cette qualification influence de manière importante l’environnement économique durant cette période de pandémie.

Page 7: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

mettent en place de belles

initiatives. Des distributions

alimentaires peuvent en effet être

retracées : vasty tsinjo, tosika

fameno, vary mora, tsena mora et

kaly mora à Madagascar, la

distribution de denrées

alimentaires au Sénégal pour près

de 10 millions de personnes.

Conclusion

Bien que ces difficultés se

ressentent dans les trajectoires de

ces pays africains, plusieurs

initiatives africaines se sont

démarquées au niveau mondial,

Journal- Novembre 2020 5

e Bénin et Madagascar ont, par

exemple, su proposer des remèdes

contre le coronavirus.

Nonobstant, les solutions

proposées restent questionnées,

mais les recherches de remèdes

continuent.

Par ailleurs, parmi les trois pays

au monde considérés comme

ceux qui ont mieux géré cette

crise sanitaire, l’un d’entre eux est

un pays africain : le Sénégal. Il se

tient dans ce rang à côté de la

Nouvelle-Zélande et du

Danemark. Le directeur de la

direction de gestion d'urgence

sanitaire au niveau du Ministère

de la Santé du Sénégal, Abdoulaye

Bousso, affirme que ce classement

est dû à leur sens de

l’organisation et au respect des

mesures gouvernementales par la

population. En parallèle, des

initiatives entrepreneuriales ont

été répertoriées sur la quasi-

totalité des pays du continent, en

passant par la République du

Congo, avec la conception de

l’application Halte Covid via un

modèle d’auto diagnostic jusqu’à

des structures de plus en

pluslocales avec la création de

robot distributeur de gel hydro-

alcoolique par l’un des membres

de l’équipe malagasy au First

Global Challenge 2020.

Sitraka RABARY & Rim AYOUCH

POLITIQUE ET ECONOMIE

Le hashtag #CONGOISBLEEDING: Que se passe-t-il au Nord-Kivu ?

Depuis quelques semaines, on

assiste sur les réseaux sociaux à

un regain du discours alarmant

sur la situation actuelle en

République démocratique du

Congo. Le hashtag

#CongoIsbleeding (le Congo

saigne) est actuellement en

tendance sur Twitter et

Instagram. De même, de

nombreuses publications, photos

et vidéos circulent afin de mettre

en lumière et dénoncer les

exactions et plus généralement

l’ensemble des violations des

droits humains qui ont lieu

actuellement dans la région du

Nord Kivu à l’est du Congo.

Cette région est aujourd’hui

encore le théâtre de nombreux

conflits qui, semblent-ils, ne font

pas écho dans les médias

internationaux. Pourtant, c’est le

conflit qui a fait le plus de morts

depuis la fin de la Seconde Guerre

mondiale. Entre 1998 et 2007, les

conflits dans la région auraient

entraîné de façon directe ou

indirecte plus de 5, 4 millions de

morts selon une étude réalisée par

l’ ONG International Committee.

Plusieurs décennies avant, à l'ère

ou le Congo était encore sous

domination belge, dix millions de

congolais ou plus seraient morts

de l’ethnocide colonial belge.

Dès lors, il convient de voir

comment la lourde histoire du

Congo a aujourd’hui encore des

répercussions sur sa population et

si oui, ou non, il y a un génocide

en cours passé sous silence

médiatique, comme on peut le lire

sur les réseaux sociaux.

Le hashtag #CongoIsBleeding

La période inédite que nous

traversons aujourd’hui conduit à

un éveil des consciences sur

toutes les sortes d’injustices dans

le monde. Face à une jeunesse de

plus en plus critique, les sujets

inexplorés voire occultés par les

médias sont mis à nu sur les

différentes plateformes de

partage en ligne. Le mouvement

#BlackLivesMatter, emblématique

de la première partie de l'année

2020 s’est exporté dans le monde

entier, a secoué des milliers de

personnes et mobilisé l’opinion

publique. De même, de nouveaux

combats ressurgissent comme

celui du sort du peuple Ouïghours

en Chine, la crise anglophone au

Cameroun, les tensions

électorales en Côte d’ Ivoire et en

Guinée, ou encore le mouvement

#EndSars au Nigéria. Pour ce qui

est du Congo, le sujet n’est pas

nouveau : atrocités, meurtres,

viols, exactions en tous genres et

témoignages sont relayés sur les

réseaux sociaux....Mais la

complexité de la région du Nord

kivu ne permet pas à tous de

comprendre de façon simple ce

qu’il se passe.

Quelle est la situation actuelle au

Congo ?

Le Nord- Kivu, zone actuelle des

conflits est la région du Congo la

plus riche en minerais, diamants,

pétrole, uranium, cobalt et coltan.

C’est aussi une région frontalière

à l’ Ouganda, au Burundi et au

Rwanda et deux raisons

expliquent donc les tensions qui y

ont lieu. D’abord, à la suite du

génocide Rwandais de 1994, de

nombreux génocidaires ont été

chassés du pays vers le Kivu. Ce

phénomène a conduit à la

poursuite du conflit ethnique

rwandais sur les terres

congolaises. Ensuite, à ce même

moment, des voix s'élevaient au

Congo contre le Président Mobutu

au pouvoir et les anciens

génocidaires rwandais y ont vu le

moyen de s’allier à une partie du

peuple congolais. Enfin, le conflit

dans la région fut renforcé par le

fait que cette région du kivu,

riche en ressources naturelles,

fournit 80% du coltan du monde.

Le coltan, qui sert à la fabrication

de nombreux appareils

électroniques comme les

téléphones, les ordinateurs ou

encore les voitures, est très prisé

par les firmes internationales.

Pour cette raison, l’ensemble des

groupes armés ont vu dans ces

ressources un moyen de financer

leurs combats, et donc de

continuer à exister. C’est à ce

moment qu’est née l'expression

"minerais de sang". Les groupes

armés de la région souhaitent

chacun s’ accaparer les terres.

Pour cela, ils terrorisent les

populations locales, les agressent,

les violent , les torturent, et

incendient leurs maisons, ce qui

les pousse à se déplacer et donc à

abandonner leurs terres.

Aujourd’hui, plus de 50 000

personnes qui vivaient dans la

région du nord Kivu ont fui leurs

maisons et se retrouvent sans

domicile. Plus de la moitié sont

des enfants qui se retrouvent

souvent livrés à eux- mêmes. Une

fois ces terres acquises, une partie

des habitants des villages se voit

réquisitionnée pour 1$ par jour ou

moins afin de travailler dans les

mines.

Les méthodes de travail forcé ne

sont pas sans rappeler celles

pratiquées par Léopold II lorsque

le Congo était encore sous

domination belge, et que des

ressources telles que le

caoutchouc étaient exploitées de

manière intensive.

Quelle est notre responsabilité

dans ce conflit ?

La crise dans la région du kivu est

une crise à la fois politique et

ethnique. Dès lors, quelle serait la

responsabilité de toute personne

non impliquée directement dans

le conflit? Comme dit

précédemment, l’un des facteurs

qui permet au conflit de survivre

Page 8: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

est la présence de ressources rares

dans la région. Ces ressources

servent à la fabrication

d’équipements électroniques,

fabriqués par des enseignes

internationales et achetés par des

consommateurs qui en ont les

moyens. Ces consommateurs se

situent pour la plupart dans les

pays occidentaux et sont donc

ceux qui nourrissent la demande.

Or, la demande entraîne l’offre.

Tout consommateur d’appareil

électronique nourrit donc, même

inconsciemment cette demande et

donc le conflit dans le nord kivu.

De même, les firmes

transnationales, bien que

conscientes de la situation au

Congo et des violations des droits

humains dans le nord kivu ne se

manifestent pas.

Journal- Novembre 2020 6

Que faire ?

En tant que consommateurs, le

boycott total des appareils

électroniques est impossible car le

coltan est partout. La jeune

génération, celle qui tweet et

s’indigne sur les réseaux sociaux,

a bien souvent le privilège de

vivre dans un contexte qui le

permet. Cette liberté d’expression

en ligne peut aller de pair avec

des actions concrètes telles que la

réduction de ses achats ou de sa

fréquence d’ achats.

Un crime contre l’humanité?

Pour l’heure, il est au moins

certain que la situation pourrait

être qualifiée de crime contre

l’humanité, vu les attaques

généralisées et systématiques

exercées par les groupes armés de

la région comme les meurtres, les

viols et transferts forcés de

populations. La qualification de

crimes de guerre aurait aussi de

fortes chances d’être retenue,

compte tenu des infractions

commises par les groupes armés

comme la torture, l’appropriation

de biens de façon arbitraire et

l’enrôlement forcé dans l’armée.

Enfin, pour ce qui est du crime de

génocide, il se définit comme un

ensemble d'actes commis dans

l'intention de détruire un groupe

national, ethnique, racial ou

religieux. Il faudrait donc prouver

que les personnes qui ont été

tuées et persécutées l’ont été en

raison de leur appartenance à un

groupe particulier.

La véritable difficulté reste que

ces qualifications ne peuvent être

données qu’ à l'issue d’un

jugement.

Maeïlys SYLIA

POLITIQUE ET ECONOMIE

Page 9: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

Journal- Novembre 2020 7HISTOIRE

La Chine: premier partenaire

commercial de l’Afrique

La Chine est devenue, en l’espace

d’une vingtaine d’années, un

acteur économique colossal en

Afrique. Aujourd’hui, l’ex Empire

du milieu est le premier

partenaire commercial du

continent. Environ 10 000

entreprises chinoises sont

implantées en Afrique dans des

secteurs variés comme le BTP, la

télécommunication et les

industries extractives. Le

gouvernement chinois investit

également de manière massive

dans les infrastructures des

différents Etats africains. Par

exemple, Xi Jinping, secrétaire

général du parti communiste

chinois, a promis 60 milliards de

dollars pour le développement de

l’Afrique lors du forum sino-

africain tenu le 3 septembre 2018

à Pékin. Celui-ci a également

promis d’annuler une partie de la

dette des pays les moins

développés du continent.

Les échanges Chine / Afrique: une

longue histoire

Bien que les échanges entre la

Chine et les pays africains se

soient accélérés et ont pris une

ampleur considérable ces

dernières années, les relations

sino-africaines sont en réalité

vieilles de plusieurs siècles. Bien

avant l'arrivée des Européens sur

le continent, une flotte impériale

commandée par l’amiral Zheng

He, figure peu connu en Occident

mais célébré en Chine, aurait

traversé l’océan indien en 1418,

longeant les côtes d’Afrique

orientale et commerçant avec les

hommes de la Tanzanie, du Kenya

et de la Somalie. Plusieurs

vestiges archéologiques trouvées

sur la côte tanzanienne et la côte

kenyane, tel que des monnaies

chinoises datant de l'empire Ming

ou des bols en porcelaine

enchâssés dans des tombes,

témoignent de contacts et

échanges entre les deux peuples

qui pourraient remonter au IXe-

Xe siècle.

L’arrivée des navigateurs

portugais et le renforcement de la

présence européenne sur le

continent africain a relégué la

Chine à l’arrière-plan à partir du

XVe siècle. Ce n’est qu’à partir du

XIXe siècle que des immigrants

chinois ont commencé à

s’installer dans les Îles et les

littoraux de l’océan Indien

occidental (Madagascar, Île de la

Réunion), mettant à nouveau en

place les échanges d’antan mais

très loin de l’ampleur que connaît

ces échanges actuellement.

En 1949, l’avènement de la

République Populaire de Chine

marque un tournant dans la

relation entre la Chine et

l’Afrique. Les liens créés sont

d’abord fondamentalement

politiques. En effet, pendant cette

période du début des

indépendances africaines, la

Chine a développé un intérêt

particulier pour l’Afrique dans le

cadre d’une solidarité tiers-

mondiste face aux puissances

occidentales. La conférence de

Bandung de 1955 marque le point

de départ d’une véritable

politique mise en place par la

Chine au Sud du Sahara. Dans les

années 70, cette relation se

prouve “gagnante-gagnante”;

l’Afrique avait le soutien de la

Chine dans son combat pour

l’indépendance et la Chine avait

le soutien du continent sur sa

politique contre Taïwan. L’Afrique

permettait également à la Chine

d’élever son statut sur la scène

internationale en se présentant

comme le porte-parole des pays en

développement.

Bien que dans les années 80, la

Chine s’éloigne de l’Afrique pour

se concentrer sur ses politiques

internes, elle fait un retour en

force suite aux évènements de

Tien An Men de 1989. Faisant face

à un isolement sur la scène

internationale, la Chine se

retourne vers ses amies d’antan.

En mai 1996, Jiang Zemin,

secrétaire général du Parti

communiste chinois, de 1989 à

2002, a visité le continent et a

proposé aux différents pays une

stabilisation pérenne et

multilatérale des relations sino-

africaines. Ce projet se divise en

cinq points: amitié sincère,

traitement d’égal à égal, unité et

coopération, développement

commun et approche de l’avenir.

La base des relations entre les

deux devient, dès lors,

économique plutôt que politique.

Depuis le début des années 2000,

le gouvernement chinois incite les

entreprises chinoises à investir en

Afrique afin de consolider cette

coopération Sud-Sud. Un nouveau

système d'échanges s'est mis en

place. Les pays africains vendent

leurs matières premières aux

entreprises chinoises qui, en

retour, investissent dans leurs

infrastructures. La Chine

participe donc à la construction

de routes, ports, chemins de fer,

etc. à travers le continent. Le pays

contribue également à environ un

sixième ( ⅙ ) du total des prêts

accordés à l’Afrique, selon une

étude du John L. Thorton China

Center à la Brookings Institution.

Plus qu’un acteur économique,

la Chine dispose également d’une

influence diplomatique de plus en

plus importante sur le continent.

Elle compte 52 missions

diplomatiques dans les capitales

africaines, contre 49 pour les

Etats-Unis. La Chine est également

le membre du Conseil de Sécurité

des Nations Unies qui dispose du

plus grand nombre de Casques

bleus sur le continent (+ de 2000).

Ces relations sont toutefois

régulièrement critiquées.

La Chine-Afrique: une nouvelle

forme de Scramble for Africa?

Aux yeux de nombreux experts, la

démarche de Pékin s’apparente à

un système néocolonialiste dans

lequel les entreprises qui

extraient des minerais en échange

d’infrastructures et de

financements de projets agissent

comme des intermédiaires pour le

gouvernement chinois et

exploitent les ressources du

continent au profit du

développement de la Chine sans

se soucier du développement de

l’Afrique.

La présence des entreprises

chinoises sur le continent n’est

d’ailleurs pas toujours positive

pour les marchés locaux. En effet,

les petits producteurs africains

ont du mal à survivre face à des

produits chinois de moindre

qualité mais bon marché.

Nombreuses entreprises chinoises

choisissent d’importer leurs

mains d'œuvres directement de

Chine, car ce n’est pas cher, plutôt

que d’engager des locaux. Quant à

ceux qui engagent des locaux, il y

a des dénonciations régulières de

mauvais traitements et de

mauvaises conditions de travail.

PLO Lumumba, directeur de la

Kenya School of Law identifie le

problème en ces termes : “Je pense

que les chinois savent ce qu’ils

veulent alors que les africains,

eux, ne le savent pas”. Il semble

donc important que les

gouvernements africains

déterminent rapidement ce qu’ils

veulent ressortir de ces échanges

et reprennent le contrôle de leur

relation avec leurs partenaires

étrangers, qu’il s’agisse de

l’Occident ou de la Chine.

Remicard SEREME

Les relations sino-africaines : une longue histoire

Depuis le début de la pandémie, la Chine a distribué plusieurs dizaines de tonnes d’équipements médicaux à

différents pays de l’Afrique et a envoyé près de 200 experts pour prêter main forte aux membres du personnel

médical africain. Ces démarches s'inscrivent dans le cadre des échanges sino-africains qui se sont multipliés

exponentiellement depuis le début des années 2000.

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Journal- Novembre 2020 8HISTOIRE

YENNENGA, la princesse amazone : la naissance du peuple Mossi

Le Burkina Faso compte soixante (60) ethnies. Le peuple Mossi est l’ethnie majoritaire car il représente 52% de la

population. Les mossi sont estimés à 10 millions d’habitants au Burkina Faso et à 30 millions dans le monde. La

langue parlée par les Mossi est appelée le Mooré. Elle comprend six (6) dialectes qui sont : le yadre, le yaana, le zaore,

le taolemde, le busumdi, et le saremde, etc. La naissance de ce peuple emblématique est liée à l’histoire de Yennenga,

la princesse amazone qui est la mère du premier Moogho Naaba (nom donné au chef du peuple mossi). Elle est la

fondatrice du royaume Moogho. A la base l’histoire du peuple Mossi est orale. En effet, il n’existe pas de documents

écrits. Par conséquent, les récits peuvent différer dans les livres d’histoires et selon la province géographique des

différents auteurs et narrateurs.

Yennenga, de son vrai nom Poko,

est une princesse originaire du

royaume de Dagomba dans

l’actuel Ghana. Elle est la fille du

Naaba Nadega et de la reine

Napoko. La princesse était le

premier enfant du Roi qui était

désespéré de n’avoir pas eu un

héritier mâle. Yennenga avait un

grand amour pour les chevaux

mais, comme c’était une femme,

sa place n’était pas sur le dos d’un

animal conformément à la

tradition. Mais, son tempérament

ardent la poussa à braver les

interdits. Elle commença alors à

chevaucher à côté de son père qui

était au début hésitant. La

princesse amazone accompagna

son père au cours de toutes ces

chevauchées. Son adresse et son

habileté firent d’elle une

redoutable amazone. Cela lui a

permis de diriger la cavalerie

royale qui était entièrement

composée d’hommes.

La fuite de Yennenga

Bien que féroce guerrière la

princesse était devenue une belle

jeune femme. De nombreuses

familles des royaumes voisins

voulaient l’unir à leur fils.

Yennenga ne voulant pas se

marier était désintéressée par

toutes ces offres. Son père n’était

pas de cet avis. Yennenga

craignant d’être mariée de force

s'enfuit à cheval. Elle arriva dans

la forêt où elle se serait perdue.

La naissance d’un peuple

La princesse Yennenga loin de son

royaume se retrouva en région

Bissa. Son cheval l’amena devant

une case où elle fut bien

accueillie et traitée par son

occupant, un jeune chasseur du

nom de Rialé. Elle y passa la nuit.

Le lendemain, tous les deux

purent découvrir leur identité :

elle princesse

amazone et lui chasseur de sang

princier. Tous les deux avaient fui

leur royaume pour échapper à

leur destin. Rapidement ils

tombèrent amoureux et la

princesse mis au monde un

garçon qu’ils nommèrent

Ouédraogo (nom qui signifie

cheval mâle) en l’honneur du

cheval qui a guidé la princesse

vers le chasseur. Le garçon hérita

des qualités de ses parents : fier,

habile, intelligent et courageux.

Les années passèrent et la

princesse soucieuse de se

réconcilier avec son père décida

d’y envoyer son fils pour qu’il

fasse la connaissance de son

grand-père. Le vieil homme était

tout content d’avoir vu son petit-

fils. Il organisa une grande fête en

son honneur. Il lui offrit, du

bétail, des serviteurs et une

escorte de guerriers Dagomba afin

de fonder de nouveaux royaumes.

Lorsque Rialé vit son fils revenir à

la tête d’une troupe il s’écria : « je

suis venu seul dans ce pays,

maintenant j’ai une femme et

j’aurai beaucoup d’hommes ». Le

village qu’ils fondèrent fut appelé

Morosi : Moro signifie un homme

et Si signifie beaucoup en

Bambara. Un nom qui, par

déformation, devint Mossi. Le

royaume Mossi et son peuple

étaient ainsi nés.

Komon Jude-Armand KIENOU

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Journal- Novembre 2020 9ART ET CULTURE

Le succès des séries sénégalaises

Aujourd’hui, le succès des séries

sénégalaises est tel que le Sénégal

pourrait, d’ici quelques années,

s’imposer comme une grande

industrie cinématographique.

Certains médias comme le Monde

Afrique évoquent même la

possibilité pour ce dernier de

détrôner le Nigeria devenant ainsi

un « Dakarwood ». Sur la chaîne

YouTube de la société de

production Marodie, le nombre

total de leur visionnage a dépassé

la barre d’un milliard.

Leur montée en puissance a

commencé en 2019 avec le

lancement de « Maîtresse d’un

homme marié ». Depuis son

lancement, elle compte pour

chaque épisode entre 2 et 5

millions de vues sur YouTube.

Si les Sénégalais suivent de très

près chaque épisode, leur essor est

en partie expliqué par le succès

rencontré auprès de la Diaspora.

En effet, aujourd’hui près d’un

tiers des personnes qui les suivent

sont issues de la Diaspora. Étant

ainsi largement regardées à

l’étranger, il est intéressant

d’aborder la question de l’image

du Sénégal qu’elles renvoient au

monde entier et plus précisément

à la Diaspora.

Une société de moins en moins

influencée par la mode et les

standards de beauté occidentaux

Les femmes de la Diaspora qui

regardent les séries sénégalaises

se disent fières de voir des

femmes qui leur ressemblent à

l’écran.

L’ensemble de ces séries produites

par la société Marodie ont pour

point commun la promotion de la

beauté des femmes noires. La

première chose à noter lorsque

l’on regarde ces dernières, c’est

que les actrices sénégalaises

célèbrent la beauté de leurs

cheveux à travers différentes

coiffures qui les mettent en

valeur. Dans ces séries, les

personnages n’éprouvent aucune

honte ni appréhension lorsqu’il

s’agit de montrer leurs cheveux

tels qu’ils sont dans leur vie

professionnelle et personnelle.

Que cela soit dans la série «

Golden », « Maîtresse d’un homme

marié » ou encore « Karma»,

chaque épisode est également

l’occasion pour les acteurs et

actrices de mettre en avant la

créativité des créateurs locaux en

portant des tenues vestimentaires

toutes plus belles les unes que les

autres. À chaque épisode, les fans

– et les moins fans – de la série

ont l’occasion de découvrir la

beauté du Boubou ou encore du

Moussor.

Une société moderne, loin de

l’image misérabiliste trop souvent

attribuée au Sénégal

Pendant des décennies, les médias

occidentaux ont contribué à la

promotion d’une image

misérabiliste des villes

sénégalaises. Grâce à ces séries, le

monde peut enfin découvrir une

nouvelle image du Sénégal. À

travers ces dernières, l’aspect

“moderne” du pays est mis en

valeur. Les acteurs eux-mêmes

n’hésitent pas à faire la

promotion –de manière pas

toujours très subtile – touristique

du pays, de ses paysages et de ses

richesses.

Malgré le fait que ce ces séries

soient parfois un peu trop portés

sur l’émergence d’une classe

moyenne qui calque son mode de

vie sur celui des Occidentaux, les

clichés des quartiers les plus

huppés de Dakar font du bien à

une Diaspora qui a besoin que l’on

valorise davantage la ville

africaine.

Une société dans laquelle le sujet

de la sexualité est tabou ?

Les nombreux scandales autour

des séries sénégalaises semblent

mettre à jour un tabou autour de

la sexualité.

L’ONG islamique JAMRA qui juge

les séries produites par Marodie

comme « indécentes et obscènes »,

saisit régulièrement le Conseil

national audiovisuel (CNRA) afin

de les faire interdire. Si nous

sommes encore loin de leur

interdiction totale, l’ONG a

néanmoins réussi à ce que la série

« Infidèles » soit désormais

marquée de la mention

déconseillée aux moins de 16 ans.

Cet appel à l’interdiction de ces

séries est assez surprenant dans

une société où les télénovelas sont

très regardées. En effet, dans les

télénovelas les ébats sexuels entre

les différents personnages sont

très souvent mis en avant, et

pourtant ces dernières n’ont

jamais connu les scandales que

connaissent actuellement les

séries produites par Marodie.

Cette contradiction s'explique

peut-être par le fait que la société

sénégalaise ne soit pas encore

prête à voir un couple sénégalais

entretenir des relations intimes à

l’écran.

Cependant, ce point mérite une

certaine nuance. Premièrement, le

fait que les Sénégalais continuent

à les regarder malgré les

scandales est une preuve

suffisante que le tabou de la

sexualité au Sénégal doit être

relativisé. Deuxièmement, l’idée

de sexualité assumée est observée

à travers un regard occidental. Or,

il pourrait être pertinent de se

dire que finalement chaque

société a ses propres limites, liées

à son histoire et à sa culture, sur

ce qu’elle considère comme

tolérable à l’écran.

Une société dans laquelle les

femmes cherche à s’émanciper

mais où le poids des traditions

pèse parfois

« Madou te remercie. Il dit que la

fatalité décide des êtres et des

choses : Dieu lui a destiné une

deuxième femme, il n’y peut rien.

Il te félicite pour votre quart de

siècle de mariage où tu lui a

donné tous les bonheurs qu’une

La société sénégalaise à travers le prisme de ses séries

« Maitresse d’un homme Marié », « Golden », « Infidèles » ou encore « Karma », derrière ces noms accrocheurs pour les

uns et amusants pour les autres, se cachent en réalité les plus grandes séries à succès du Sénégal.

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Journal- Novembre 2020 10ART ET CULTURE

femme doit à son mari »,

-Mariama Bâ

Cet extrait du roman sénégalais

Une si longue lettre”, publié dans

les années 1980, met en avant une

situation dans laquelle un mari

envoie son frère annoncer à sa

première femme qu’après vingt-

cinq années de mariage, il a

décidé d’épouser une seconde

femme, bien plus jeune.

À cette annonce, la première

femme s’effondre. Malgré son

niveau d’étude élevé, sa situation

stable, et ses enfants qui

l’encouragent à divorcer, elle ne

trouve pas le courage de refaire sa

vie après cette trahison, et décide

de devenir une co-épouse.

Si plusieurs décennies séparent ce

livre des séries sénégalaises, cet

extrait aurait pu être adressé à

Jeanne dans la série « Karma »

la série « Karma » ou encore Lalla

dans « Maîtresse d’un homme

marié”. En effet, à travers elles, on

découvre que la polygamie est

encore très présente dans la

société sénégalaise et que les

femmes - peu importe leurs

classes sociales - sont confrontées

à cette réalité et parfois, par peur

du regard de la famille et de la

société, elles décident de rester au

côté de leurs maris.

Il est évident que les séries

sénégalaises mettent en avant des

réalités de la société sénégalaise

telle que la polygamie ou encore

le tabou de la sexualité. Toutefois,

l’image qu’elles renvoient du

Sénégal est souvent idéalisée,

puisque les différents épisodes

n’exposent pas assez le fait qu’une

grande majorité des Sénégalais ne

bénéficient pas de la modernité

croissante du pays.

Veronica MENDES

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Journal- Novembre 2020

You,

A brilliant pigment, out in the sun for a little run,

You have the distant waves caress your skin as you lay on a grass that is not

your own,

You have spices squeezing between your nostrils and accents resonating at the

bottom of your heart,

You feel the salt of the ocean hanging from your lips and the air at the top of

your mountains stuck to your ears,

Your tongue twists in a bizarre manner to fill gaps you never thought you had,

You find yourself speaking a language that is not yours, one that never was,

These sounds are unfamiliar with your mouth, yet they keep throwing

themselves out like they did from your grandmother’s mouth long time ago,

You thought you could jump over letters and roll over syllables, but they keep

reminding you of the wrongness of this freedom,

They give you a space to occupy,

They teach you not to extend your laugh or your hair beyond it,

To keep your hands inside the bubble,

To keep your breath for yourself,

You are given this blank space so just fill it and stay quiet.

You understand that your ع ,ح and خ do not seem as welcomed by the world as

they are celebrated by your throat,

Your meanings are lost in translation

They have no directions to follow, and road signs, up in the air, are written in

an alphabet they do not comprehend,

So the words keep floating around you, in the bubble that was drawn for you,

Jokes never seem to cross the bridge and family stories become laughing spots,

Your palate,

The space between your eyebrows,

The gap between your toes,

Your upper lip,

And the edge of your eyelashes try to coexist in a world that seems to overlook

them,

Your very own paper palace crafted for you on a stolen land,

Your roots might be buried deep down in the soil,

Your leaves might be growing out of the branches,

This moment might be your home now and forever,

This shall remain a territory that has your name engraved in it but will never

belong to you,

So rocks become the rings adorning your fingers,

The keys to your house are still warmly hiding in your right pocket,

And behind the fabric,

Bruises spread on your body like a map guiding you through the stories they

are telling for you,

The only weapon you have left is you,

Your body taking the land that was once watered by your ancestors,

Your spirit learned pain through the centuries,

You know it will never leave,

Your mind is fighting ideas that were planted in it without your permission,

So, you ask yourself how you can leave a home that has taken care of you all

these years,

But as you walk your fingers through the map on your thighs, along your legs,

following paths of veins and arteries on your stomach,

Always remember that when you were drawn in the coloring book of life, God

never questioned what shade of brown crayon to use for you, nor how much

hair to stick above your upper lip,

God never trained your tongue to swirl a particular way, she choreographed it

all on her own,

So remember,

You are not a blank to be filled,

You are a canvas so paint yourself whatever shade of the universe you want,

They will never be able to colonize that,

No matter how much they try.

Mariam BEN SLAMA

11ART ET CULTURE

Mine ?

Page 14: m o n d e . d u c o n t i n e n t à t r a v e r s l e L a

La Grande Afrique : la voie du continent à

travers le monde.

Novembre 2020

Design & Mise en page : Sitraka RABARY