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mag sacem N° 93 LE MAGAZINE DES SOCIÉTAIRES SACEM juILLET-SEpTEMbRE 2015 12 > DÉCRYPTAGE Métadonnées L’empreinte musicale 20 > COULISSES Dictionnaire musical Plus fort que Shazam ! 16 > PORTRAIT Keren Ann Égérie pop moderne Festivals Créateurs d’émotion DOSSIER > PAGE 06

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magsacemN° 93LE MAGAZINEDES SOCIÉTAIRESSACEMjuILLET-SEpTEMbRE 2015

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Créateurs d’émotionDOSSIER > PAGE 06

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ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | COULISSES | AGENDA ÉCHOS 02 03

MAGSACEM # 93 jUILLET-SEPTEMbRE 2015

magsacem | | Le magazine des sociétaires Sacem | Directeur de la publication : Jean-Noël Tronc | Directrice de la rédaction : Catherine Boissière | Comité de rédaction : François Besson, Laurence Bony, Olivia Brillaud, Louis Diringer, David El Sayegh, Jean Fauque, Claude Gaillard, Christian Gaubert, Claire Giraudin, Claude Lemesle, Blaise Mistler, Laurent Petitgirard, Cécile Rap-Veber, David Séchan, Véronique Sinclair, Arlette Tabart, Stéphane Vasseur et Christophe Waignier | Signatures : Philippe Barbot, Romain Bigay, Thomas Blondeau, Éléonore Colin, Laurent Coulon, Éloïse Dufour et Rémy Louis | Ont collaboré à ce numéro : François Bernaud, Stéphane Bureau, Louis Diringer, Isabelle Fauvel, Olivier Le Covec, Cynthia Lipskier, Philippe Mattelon, Julie Poureau, Nicolas Pribile et Lyne Tastet-Yonke. | Direction artistique : Quentin Derville et Marie-Christine Fhrepsiadis | Maquette et mise en pages : Agence 21 x 29,7 | Impression : Corlet Roto – BP 46 – 14110 Condé-sur-Noireau | Le magazine des sociétaires Sacem est publié tous les quatre mois | No ISSN 2108-8802 | Sacem – Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique | Société civile à capital variable immatriculée au registre du commerce et des sociétés de Nanterre sous le numéro D 775 675 739 | Siège social : Sacem – Direction de la Communication – 225, avenue Charles-de-Gaulle – 92528 Neuilly-sur-Seine Cedex | Tél. : 01 47 15 47 15 | Couverture : © PongsakornJun/Thinkstock | ©

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La Sacem s’est dotée en 1951, à l’heureuse initiative d’un de nos grands anciens, Albert Willemetz, d’un « Comité du cœur », association caritative

destinée à aider des auteurs et compositeurs en très grande difficulté. Géré avec une grande rigueur par des sociétaires élus par leurs pairs, ce comité a une action essentielle dans une

période de précarité qui frappe de plein fouet les plus fragiles d’entre nous. Nous connaissons mieux que personne la versatilité des carrières de créateurs, encore accrue par la raréfaction de l’accès aux grands médias et la rapidité avec laquelle un artiste peut se retrouver isolé et démuni. C’est lors de ces périodes difficiles, qui peuvent également être liées à la maladie, que les créateurs font appel à la solidarité de leurs consœurs et confrères. Nous devons être en capacité de répondre à leurs demandes. En 2014, le Comité du cœur a distribué 178 000 euros à une centaine de socié-taires sous forme d’aides individuelles et a accompagné socialement un grand nombre de sociétaires en difficulté. Présidé par notre cher Jean-Pierre Bourtayre, il comprend actuellement 1 495 membres. Ils étaient 1 551 il y a dix ans. Ce chiffre en diminution constante est à rapprocher de l’augmentation du nombre d’auteurs et compositeurs, sociétaires professionnels ou définitifs, qui en dix ans est passé de 2 500 à 4 330, ce qui aurait dû, au contraire, augmenter nettement le nombre des donateurs. Les auteurs et compositeurs (professionnels et définitifs) qui adhèrent au Comité du cœur acceptent de reverser 0,5 % de leurs droits, cette somme étant déductible fiscalement puisque le Comité du cœur est une association reconnue d’utilité publique depuis 1953. Par ailleurs, il est également possible à quiconque de faire un don au Comité. Chères amies, chers amis, encore plus que les autres secteurs d’activité de notre pays, nous devons démontrer notre solidarité et notre fraternité envers ceux d’entre nous qui traversent des périodes difficiles. J’espère que ces propos trouveront un écho parmi celles et ceux qui, par ignorance ou par distraction, n’ont pas encore rejoint cette belle institution. Je vous en remercie toutes et tous à l’avance. •

Laurent Petitgirard,compositeur, président du Conseil d’administration, membre de l’Institut

L’ ÉDITO

Atout cœurBILAN

Une année en chiffresLors de l’Assemblée générale annuelle, Jean-Noël Tronc a présenté les résultats de la Sacem pour l’année 2014. Avec ses 153 000 membres (+ 4 330 membres en 2014), dont plus de 18 530 créateurs étrangers représentant 164 nationalités différentes, et avec son répertoire de plus de 90 millions d’œuvres mondiales, la Sacem confirme sa place de société d’auteurs internationale attractive et performante, dans un marché en perpétuelle évolution. En 2014, ce sont ainsi 829,7 millions d’euros qui ont été collectés par la Sacem pour ses sociétaires auprès de 500 000 clients (représentant 716 000 contrats). Si on y ajoute ses mandats, la Sacem a en fait collecté 1, 274 milliard d’euros en une année. L’ atout Sacem réside dans la grande précision de son modèle de répartition :

80 % des droits sont répartis œuvre par œuvre, au plus proche de l’exploitation réelle. La Sacem a ainsi attribué des droits d’auteur à 2 millions d’œuvres différentes, au profit de 276 000 auteurs, compositeurs et éditeurs partout dans le monde, dont 60 000 sont ses membres. Société privée à but non lucratif, la Sacem est également reconnue pour son action sociale et culturelle. Au total, 1 638 projets culturels et artistiques d’une grande diversité ont ainsi été soutenus en 2014. •

RETROUVEZ TOUS CES CHIFFRES DÉTAILLÉS, MAIS AUSSI DES ANALYSES ET DES TÉMOIGNAGES EN CONSULTANT LE RAPPORT D’ACTIVITÉ NOUVELLE FORMULE, DISPONIBLE SUR SACEM.FR EN FRANÇAIS ET EN ANGLAIS DÈS LA FIN DU MOIS DE JUILLET !

RÉPARTITION DU 6 JUILLET 2015

Tendances298,3 M€ ont été mis en répartition le lundi 6 juillet. Ce montant est en légère diminution (– 0,42 %) par rapport à juillet 2014. • Une baisse qui s’explique par la diminution des sommes répartiesau titre des droits généraux et par l’impact de la régularisation, en juillet 2014, des droits versés par Orange au titre de son offre VOD pour la période 2010 à 2012 (3,3 M€). • Les droits en provenance de la télévision progressent de 7,41 %, essentiellement grâce au secteur du câble, satellite, ADSL et TNT (+20,55 %). La liste détaillée des chaînes réparties pour ce secteur est consultable dans votre Espace membre sur createurs-editeurs.sacem.fr (Mon tableau de bord/Consulter mes feuillets de répartition). • Dans le domaine des radios, la baisse est de 3,89 % en grande partie en raison d’un recul de l’utilisation de la radio comme moyen de sonorisation des lieux publics. • Le secteur des tournées professionnelles de variété diminue de 30,37 % en raison d’un nombre moindre de grands concerts et de la fermeture pour travaux durant plus de sept mois du Palais Omnisports de Paris-Bercy. Cette salle représente chaque année près de 15 % des collectes du secteur. • Enfin, le secteur de l’exploitation en ligne progresse de 21,98 % et celui des usagers communs de 2,06 %. •\PROCHAINES RÉPARTITIONS : LUNDI 5 OCTOBRE 2015 ET MERCREDI 6 JANVIER 2016.

INFORMATIONS SUR LES RÉPARTITIONS PRÉCÉDENTES : CREATEURS-EDITEURS.SACEM.FR > MON ESPACE MEMBRE > CONSULTER MES FEUILLETS DE RÉPARTITION.

TOUS POUR LA MUSIQUE

L’export, une prioritéLe Midem 2015, qui s’est déroulé à Cannes début juin, a été marqué par le rassemble-ment de la filière musicale au sein d’un même pavillon France et par sa mobilisation autour des enjeux de l’export. Réunis au sein de l’association Tous pour la musique, les professionnels de la musique ont diffusé un livre blanc sur l’export destiné aux pou-voirs publics. Concentrant de très nombreux témoignages, ce rapport décline vingt propo-sitions structurantes qui visent à construire une véritable stratégie dans un environne-ment qui évolue sans cesse. Ce document reflète l’esprit proactif de la filière pour faire résonner dans le monde la créativité et la diversité des créateurs francophones.

EN SAVOIR + : TPLMUSIQUE.ORG

ÉLECTION

Nouveau Conseil d’administrationLe mardi 16 juin 2015, réunis en As-semblée générale, les sociétaires ont élu celles et ceux qui les représente-ront pendant un an. Présidé par Laurent Petitgirard, le Conseil d’administration 2015-2016 est vice-présidé par l’édi-trice Nelly Quérol, l’auteur-réalisateur Rémy Grumbach et le compositeur Jean-Claude Petit. L’éditeur Thierry Communal est trésorier, le composi-teur Patrick Lemaître, trésorier adjoint, l’auteure Arlette Tabart, secrétaire gé-nérale, et le compositeur Dominique Pankratoff, secrétaire général adjoint. Ce dernier, ainsi que Jean-Claude Petit et les administrateurs Élisabeth Anaïs (auteure), Yves Duteil (auteur), Nicolas Galibert (éditeur), Bruno Lion (éditeur) et Marion Sarraut (auteure-réalisatrice) ont été élus lors de l’As-semblée générale. Sont également membres du Conseil d’administration (élus en 2013 et 2014) : Christine Lidon (auteure), Christian Gaubert (composi-teur), Serge Perathoner (compositeur), Jean-Max Rivière (auteur), Jean-Marie Salhani (éditeur), David Séchan (édi-teur) et Frédéric Zeitoun (auteur). •

DÉCOUVREZ LA GOUVERNANCE DE LA SACEM ET TOUTES LES BIOGRAPHIES DES MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION SUR SOCIETE.SACEM.FR/GOUVERNANCE.

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ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | COULISSES | AGENDA ÉCHOS 04 05

MAGSACEM # 93 jUILLET-SEPTEMbRE 2015

RÉPARTITION

Réforme pour les chaînes du câble Une importante réforme de la répartition des droits d’auteur provenant de la retransmission des chaînes du câble, du satellite, de l’ADSL et de la TNT vient d’être votée par le Conseil d’administration de la Sacem. Elle vise à passer d’un mode de répartition mutualisant les droits des chaînes par nature de programme (cinéma, musique, jeunesse…) à un modèle individualisant la répartition pour plus de soixante-dix chaînes. Cette réforme sera mise en œuvre lors de la répartition de juillet 2016 et concernera les diffusions de l’année 2015. Cette avancée significative est rendue possible grâce au grand nombre de chaînes qui remettent, désormais, des données de diffusion détaillées sous format électronique – ce qui facilite leur exploitation sans surcoût de traitement –, mais aussi parce que, pour les principales chaînes, l’économie en termes de droits d’auteur est devenue significative. Cette réforme va permettre de rendre compte de l’utilisation des œuvres sur plus de soixante-dix chaînes différentes, ce dont témoignera le feuillet de répartition. Le montant des droits affecté aux œuvres sera calculé en fonction de leur utilisation et de l’économie de la chaîne qui les aura diffusées. Pour la

répartition du 6 juillet 2015, ce sont encore les règles actuelles qui seront appliquées aux diffusions de l’année 2014. Une présentation plus détaillée de ces nouvelles modalités de répartition sera faite dans un prochain numéro de Magsacem. •

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Ce Magsacem consacre sa couverture et son dossier principal aux festivals et à la création, et s’appuie sur le nouveau baromètre des festivals réalisé par la Sacem,

l’Irma et le CNV. Fin 2013, le rapport sur l’économie de la culture commandé par la coalition « France Créative », dont la Sacem est à l’ini-tiative, au cabinet d’études EY, avait déjà souligné l’importance du spectacle vivant, avec plus de 267 000 emplois en France. Il avait montré l’importance des retombées touristiques et économiques pour nos territoires et alerté, déjà, sur le risque d’une baisse des soutiens publics, notamment des collectivités locales, dont les coupes claires dans les dépenses culturelles s’accélèrent.Le dossier que vous pouvez découvrir rappelle que les festivals sont des outils essentiels de la politique culturelle. Ils sont un tremplin pour la création d’autant plus important que la radio et la télévision n’assument pas toujours leur mission de pro-motion de la musique aux heures de grande écoute et que la chute des ventes physiques entraîne une disparition progres-sive des réseaux de disquaires. Derrière les têtes d’affiche, les programmateurs n’hésitent pas à donner leur chance à de jeunes talents qui trouvent là un excellent moyen de se faire connaître auprès du public et des médias. L’Action culturelle de la Sacem est un acteur important pour le soutien aux jeunes talents, à la création et à tous les répertoires, y compris les plus fragiles. Elle a ainsi aidé en 2014 près de 700 festivals en France.Mais de nombreuses menaces s’accumulent sur l’économie des festivals, à commencer par la baisse du soutien financier public. La ministre de la Culture, Fleur Pellerin, a confié à Pierre Cohen une mission sur les festivals, dont les résultats seront très attendus.

Lors de notre assemblée générale du 16 juin dernier, nous avons fait le bilan de l’année 2014, qui aura été la deuxième année la plus haute de l’histoire de la Sacem pour le montant des collectes, avec 829,7 millions d’euros collectés en droits d’auteur pour le répertoire de la Sacem et des répertoires des autres sociétés dans le monde avec laquelle nous avons des accords de représentation. Si l’on ajoute les montants collectés à travers nos mandats, comme ceux des droits voisins de la musique, pour les sociétés audiovisuelles, ou encore pour la copie privée, soit 444 millions d’euros, cela signifie que la Sacem aura collecté au total en 2014 près de 1,3 milliard d’euros.

Nous avons accueilli l’an dernier 4 300 nouveaux sociétaires, soit 10 % de plus qu’en 2013. Cet afflux de nouveaux auteurs, compositeurs et éditeurs est le meilleur témoignage de la vita-lité et de l’attractivité de notre société.En ce qui concerne la répartition des droits, ce sont 276 176 ayants droit, dont 60 000 membres de la Sacem qui ont bénéficié de droits d’auteur répartis par la Sacem en 2014, pour 2 millions de titres mis en répartition. Aux droits d’auteur versés à ses membres, il faut ajouter les montants versés par la Sacem à ses membres au titre du RAES, soit 30 millions d’euros en 2014. C’est aussi l’importance du Comité du cœur pour venir en aide à nos sociétaires dans le besoin, dont notre président du Conseil d’administration, Laurent Petitgirard, rappelle l’importance dans son éditorial. Des initiatives qui soulignent avec force les valeurs de solidarité auxquelles notre Sacem est si attachée.

Nos défis aujourd’hui sont au cœur du numérique. L’été 2014 avait commencé avec la signature par la Sacem de son accord avec Netflix, l’été 2015 commence avec notre accord avec Apple Music, le nouveau service de streaming musical lancé mon-dialement par Apple. Plus que jamais, dans cette négociation, nous avons eu à cœur de valoriser du mieux possible votre répertoire et de défendre votre droit à une juste rémunération dans l’univers numérique.La révolution numérique pour la Sacem, c’est aussi une aug-mentation indispensable de nos investissements informatiques afin de rendre aussi efficace que possible la collecte et la répar-tition des droits d’auteur de nos membres notamment sur Internet. En 2014, ce sont 835 millions de données de diffusion qui ont été traitées contre 364 millions l’année précédente et 5 millions en 2006, soit 167 fois plus ! Actuellement, les sys-tèmes peuvent absorber jusqu’à 30 millions de lignes pendant le week-end quand la disponibilité des ressources informa-tiques est à son maximum, soit 174 transactions à la seconde. Ce numéro de Magsacem consacre sa rubrique décryptage à la révolution des « Méga Données », plus connue sous le terme de « big data », au cœur de laquelle se trouve la Sacem.

Très bel été à tous… et bons festivals ! •

Jean-Noël Tronc,directeur général de la Sacem

LE MOT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL

Télex\ Nomination. Directrice des Licences depuis 2013, Cécile Rap-Veber est également nommée directrice des Collectes internationales. Déjà très engagée sur la scène internationale par ses précédentes fonctions, elle poursuivra l’ambition de renforcer la place de la Sacem dans le monde, afin de toujours mieux protéger ses membres, en veillant à maximiser leurs revenus et à leur apporter des services performants. \\ Mission. Fleur Pellerin, ministre de la Culture et de la Communi-cation, a confié à Pierre Cohen, ex-maire de Toulouse, une mission sur les festivals et les problèmes qu’ils rencontrent, afin d’envisager des solutions en termes de politiques publiques. •

SACEM PLUS

De nouvelles offres exclusives ! Sonos : pendant deux mois, Sonos offre aux membres de Sacem PLUS une réduction de 20 % sur l’ensemble de sa gamme de produits, des enceintes au système home cinéma.

Méludia : tous les membres de la Sacem bénéficient d‘un mois gratuit avec le code « Sacem ». Les membres de Sacem PLUS ont 25 % de réduction sur un abonnement annuel.

L’été des autofinancés : Apaxxdesigns propose une réduction de 50 % sur toutes ses sessions de formation d’été. Une opération destinée aux membres de Sacem PLUS dont les droits d’auteur perçus n’atteignent pas le montant les rendant éligibles au financement Afdas. •

POUR EN SAVOIR PLUS : CREATEURS-EDITEURS.SACEM.FR.

ILS ONT DIT

La musique est bonne pour l’emploi et le développement économique. »

Graham Henderson, directeur général de Music Canada, à l’occasion de la présentation du rapport The Master of a city Music, avec l’IFPI au Midem.

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MAGSACEM # 93 jUILLET-SEPTEMbRE 2015

ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | COULISSES | AGENDA À LA UNE 06 07

Rendez-vous incontournables pour les artistes, recherchés par les collectivités territoriales et plébiscités par le public, les festivals sont plus que de simples espaces de diffusion. Véritables outils de politique culturelle, ils jouent un rôle cen-tral dans le soutien à la création et participent à la richesse culturelle de la France et à l’attractivité de ses territoires. Une diversité et un dynamisme mis en évidence par l’étude conjointe de la Sacem, du CNV et de l’Irma, présentée au Printemps de Bourges, en avril dernier.

• • •

Bernard Lubat ou Chick Corea à Marciac, Paco Ibáñez ou Dominique A aux Nuits de Fourvière, Christine and the Queens ou Brigitte aux Vieilles charrues, l’académie de composition de Philippe Manoury à Musica… Le public a encore un choix pléthorique, cet été. Car la France est une terre de festivals. De toutes tailles, dans toutes les

esthétiques, ils sont présents sur tout le territoire. Et alors que plusieurs annu-lations recensées par une « cartocrise » ont suscité de vives inquiétudes, la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, a confié une mission sur les festivals à Pierre Cohen, chargé d’établir un diagnostic et de proposer des solutions aux problèmes rencontrés par les festivals. En avril dernier, lors du Printemps de Bourges, la Sacem, le CNV (Centre national de la chanson des variétés et du jazz) et l’Irma mettaient en lumière – via leur baromètre – le maillage très fin de l’hexagone. On compte en effet près de quatre-vingt-dix festivals en moyenne par région, dont soixante-dix de musiques actuelles, et leur succès s’amplifie, ces dernières années : 80 % des festivals de musiques actuelles ont moins de vingt ans et 48 % moins de dix ans. En 2013, ils ont représenté 27 % de la fréquentation payante des concerts (données CNV), et en 2014, 19 % des droits d’auteur collectés dans le spectacle vivant, soit 13,9 millions d’euros, affirmant leur place de véritables moteurs du spectacle vivant.

Un passage obligé, pour les artistesQuelle que soit leur notoriété, les festivals sont incontournables, pour les artistes, et sont pleinement intégrés dans les stratégies de promotion. Pour Philippe Mattelon, responsable grands comptes à la direction du Réseau de

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Festivals

Que vive la création !

1 615 festivals de musiques

actuelles.

Plus de 230 festivals de musique

classique, lyrique

et contemporaine.

Une trentaine

de festivals d’humour.

Plus de 20

festivals audiovisuels

(musique à l’image).

Une

cinquantaine

de festivals

toutes musiques.

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MAGSACEM # 93 jUILLET-SEPTEMbRE 2015

ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | COULISSES | AGENDA À LA UNE 08 09

• • • la Sacem, « ils sont un vecteur indispensable de la diffusion. Principalement positionnés en été, ils com-plètent judicieusement la diffusion sur une année. On parle, aujourd’hui, de tournées d’artistes sur les festivals, ce qui n’existait pas il y a quelques années ».S’ils nécessitent une adaptation par rapport à un concert en salles (sets plus courts, plus accro-cheurs, conditions techniques différentes, diver-sité des publics…), ils constituent un tremplin ou symbolisent le franchissement d’un cap dans une carrière. Jeanne Rucet, programmatrice des Vieilles charrues, explique ainsi l’effet du passage à Carhaix pour Christine and the Queens : « L’été dernier, nous l’avions programmée sur la scène 3, au début du buzz. Elle a fait un show incroyable, empor-tant le public. En sortant des Charrues, elle s’est dit qu’elle était en train de passer un cap. Et elle revient cette année, mais sur la grande scène ».Être programmé pour un artiste émergent est essentiel, car si le public se déplace pour les têtes d’affiche, à partir desquelles les programmateurs construisent leur offre, les festivals sont une tribune à même de faire (ou défaire) les réputa-tions. « Un festival, c’est comme un iPod géant. Le public peut zapper rapidement. Il est très formateur, pour les groupes en développement, de tester leur capacité à garder l’attention d’un public qui n’est pas venu pour eux », explique Yannick Poinsignon, manager de Grand Blanc, groupe de coldwave présent sur de nombreux festivals, cet été. C’est tout le charme des festivals : le public se déplace pour les têtes d’affiche, mais repart en parlant des artistes découverts.Jacques Guérin, directeur du festival du Bout du Monde, sur la presqu’île de Crozon, confirme :

« Nos festivaliers nous font confiance sur la program-mation. Ils viennent pour voyager, découvrir des artistes venus du monde entier. Notre première tête d’affiche, c’est l’identité même de notre festival, son projet artis-tique autour des musiques métissées, son ancrage local. Il y a quelques années, nous avons fait découvrir à notre public Ibrahim Maalouf ou plus récemment, Hindi Zahra ou Daby Touré. Créer un festival, c’est savoir faire des paris. Nous sommes des passeurs ».Les festivals ne se contentent pas de découvrir de nouveaux talents, ils les suivent au fil de leur carrière. L’histoire de Youn Sun Nah et de Jazz in Marciac, racontée par son directeur Jean-Louis Guilhaumon, est en ce sens exemplaire : « Je l’avais embauchée quand j’étais principal de collège. Elle a été formatrice à Marciac, s’est produite dans le off, puis sur le festival bis. L’année suivante, elle montait sur la scène de l’Astrada. Un an après, elle triomphait sous le chapiteau de la grande scène ». Idem pour le duo Brigitte, soutenu dès le départ par le Prin-temps de Bourges, avec deux programmations sur le premier album, et une, cette année, pour défendre le deuxième. Pour sa productrice scène, Fabienne Roux, « être présent sur des festivals stra-tégiques fait vendre des disques, mais aussi des places de concert, et élargit l’audience d’un artiste ».

Des moteurs de la créationLes festivals sont des espaces privilégiés pour la création, notamment pour les esthétiques moins présentes dans les programmations à l’année des salles. Ils exposent des projets spécifiques, des collaborations inédites, comme la rencontre, cette année, entre la compagnie circassienne austra-lienne Circa et le quatuor lyonnais Debussy aux

Nuits de Fourvière autour de Chostakovitch. Ce n’est pas un hasard si 60 % des festivals de mu-siques actuelles en France sont consacrés au jazz, au blues, aux musiques improvisées et aux mu-siques électroniques, plus enclins à ce type de propositions. Et le constat est encore plus fort pour la musique classique et la création contemporaine. « Les festivals, par les moyens qu’ils proposent et les politiques de commande qu’ils mettent en œuvre, ont un rôle primordial dans la vie de la création en France. Le meilleur moyen de soutenir les artistes, c’est de leur permettre de travailler ». Jean-Dominique Marco, le directeur de Musica, rendez-vous de notoriété mon-diale, sait de quoi il parle. Cette année, ce sont cent une œuvres de quatre-vingt-huit compositeurs qui seront présentées à Strasbourg, dont trente-huit créations mondiales et françaises, pour une dizaine financées intégralement par le festival.Ce sont aussi des lieux de rencontre entre créateurs : « Bartabas et Philip Glass se sont rencontrés ici, ce quia donné lieu à la création de deux spectacles », rappelle, par exemple, Dominique Delorme, directeur des Nuits de Fourvière. Les créations ont, d’ailleurs, une vie après les festivals. Les coproductions cir-culent dans les établissements des commandi-taires associés ou sont reprises par les nombreux professionnels présents.Les festivals agissent également pour la profes-sionnalisation des créateurs, par les accompagne-ments qu’ils proposent, comme à Musica : « Nous attachons une grande importance à l’insertion pro-fessionnelle des jeunes artistes, et nous travaillons étroitement avec l’université, les conservatoires et le pôle supérieur d’enseignement de la musique », dé-taille Jean-Dominique Marco. Cette année, quatre

collaborations entre des interprètes issus du conservatoire, des compositeurs venus de l’Ircam et des élèves de scénographie de l’école du Théâtre national de Strasbourg (TNS) seront présentées.

« Les festivals, par les moyens qu’ils proposent et les politiques de commande qu’ils mettent en œuvre, ont un rôle primordial dans la vie de la création en France. » Jean-Dominique Marco

En 2013, les festivals

ont représenté

27 % de la fréquentation payante

des concerts et spectacles

(données CNV).

89 festivals, en moyenne,

par région (toutes

esthétiques musicales).

juillet, le mois le plus festivalier !

ZoomUn renouvellement régulierLe cycle de vie et le renouvellement des festivals génèrent des inquiétudes, mais le baromètre des festivals présente un visage plus contrasté qu’il n’y paraît. « Nous avons vraiment mis en commun toutes les informations de la Sacem, du CNV et de l’Irma pour bénéficier de données précises offrant une visibilité sans précédent sur les festivals de musiques actuelles », souligne Philippe Mattelon, responsable grands comptes à la direction du réseau de la Sacem. « Nous constatons que sur les 1 615 manifestations répertoriées dans notre baromètre, les festivals supprimés représentent une vingtaine, soit 1 % du total. Cela reste dans la norme de ce que l’on constate chaque année. Sans céder à la sinistrose, il faut toutefois faire preuve de vigilance », indique Philippe Nicolas, directeur du CNV. La tendance constatée en 2014 est inquiétante, mais doit être relativisée : on compte quarante-quatre créations de festival de musiques actuelles pour cinquante et une disparitions en 2014. Les « disparus » représentent 3,2 % des mille six cent quinze festivals de musiques actuelles observés et « les créations », 2,7 %. En 2013, quatre-vingt-six événements avaient vu le jour, contre vingt-neuf disparitions. Si l’Île-de-France, Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte-d’Azur, la Bretagne et Midi-Pyrénées concentrent, en nombre, 50 % des festivals, le focus sur le nombre de festivals pour cent mille habitants apporte un nouvel éclairage. Ainsi l’arc méditerranéen et l’Ouest offrent-ils une forte densité de festivals par nombre d’habitants (quatre à six). Pour autant, le Limousin, la Corse ou la Bourgogne ne sont pas en reste avec, eux aussi, quatre à six festivals pour cent mille habitants. ©

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Ci-dessous :

Iolanta/Perséphone

au festival

d’Aix-en-Provence.

Page de droite :

Le festival

des Vieilles charrues

sur le site de Kerampuilh

à Carhaix-Plouguer

(Finistère).

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jUILLET-SEPTEMbRE 2015

À LA UNE

MAGSACEM # 93

ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | COULISSES | AGENDA10 11

• • • Pour François Besson, directeur de l’action cultu-relle à la Sacem, « un grand nombre de manifesta-tions laissent une place aux artistes en région, dans tous les styles de musique. Les festivals permettent à ces artistes d’être rémunérés pour leurs créations. ».

Des outils de politique culturelleLa diffusion de concerts et de spectacles est l’acti-vité la plus visible des festivals, bien souvent l’abou-tissement d’un travail mené tout au long de l’année, et pas uniquement sur le versant création. « Marciac est plus qu’un festival, c’est un projet culturel de territoire pluridisciplinaire qui s’investit à l’année dans la création, la diffusion, la formation, la résidence d’artistes, la production de CD et DVD, l’éducation et l’enseigne-

ment », insiste son directeur, Jean-Louis Guilhaumon. À Aix, les ateliers de sensibilisation ou de pratique artistique, dans les collèges et lycées, sur la décou-verte des métiers liés à l’opéra, mais aussi avec l’université, sont présents toute l’année également.Les festivals ne sont pas des événements hors sol, ils s’inscrivent sur leur territoire, et vont sur le terrain de l’action culturelle permanente. Ils ont acquis le statut d’objets de politique publique de la culture, car obéissant, par les objectifs qu’ils poursuivent, à des finalités assez proches de celles dont les politiques culturelles, nationales ou lo-cales se réclament. Dans leur conception et leur

> ACTION CuLTuRELLELa Sacem soutient les festivals

« Nous soutenons toute manifestation qui favorise l’exposition de nos sociétaires. Les festivals, par leur action en faveur de la création et de la reprise d’œuvres, et par les retombées qu’ils apportent, sont essentiels pour la Sacem. » Pour François Besson, directeur de l’Action culturelle, c’est ce qui amène la Sacem et son réseau de délégations régionales à soutenir les festivals, sans distinction de taille, dans toutes les esthétiques et tous les répertoires. Elle est présente sur la quasi-totalité des événements musiques actuelles, jazz,

audiovisuel et musique contemporaine. En 2014, mille six cent trente-huit projets ont, ainsi, été soutenus.Ce soutien se matérialise par des aides directes, qui permettent d’étoffer les plateaux artistiques ou de financer des dispositifs de repérage et de tournées, mais aussi par des scènes Sacem spécifiques, portées sur l’émergence ou la revisite du répertoire. Des aides exceptionnelles peuvent aussi être accordées aux événements qui connaissent des difficultés. La Sacem agit également pour la professionnalisation et la formation, en organisant, par exemple, des rencontres professionnelles ou des masterclasses pour les compositeurs de musiques de film sur les festivals (vingt-six compositeurs étaient présents à Cannes, cette année). Un soutien réinterrogé en permanence, comme le souligne François Besson : « L’économie des festivals est en pleine évolution ; nous essayons d’anticiper les besoins et d’accompagner au mieux, pas seulement sur un plan financier, mais aussi sur l’aide à la communication, la mutation numérique ou la recherche de financements nouveaux ».

Ci-dessus :

Affiche de l’édition 2015

du festival Musica,

à Strasbourg.

Pour aller plus loin…

RETROUVEZ LES INTERVIEWS DE JEAN-DOMINIQUE MARCO, PRÉSIDENT DE MUSICA, JEAN-LOUIS GUILHAUMON, DIRECTEUR DE JAZZ IN MARCIAC, JEANNE RUCET, PROGRAMMATRICE DES VIEILLES CHARRUES, ET FRANÇOIS VIENNE, DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT DU FESTIVAL D’AIX SUR SOCIETE.SACEM.FR/ACTUALITES.

« Les festivals sont de véritables outils professionnels au service des jeunes compositeurs et musiciens. » François Vienne

mise en œuvre, ils mettent en avant les problé-matiques de démocratisation, de renouvellement des publics, d’innovation et de créativité, de dé-fense d’un patrimoine musical, de développement culturel des territoires… Pour Karine Gloanec-Maurin, vice-présidente du conseil régional du Centre et présidente de la commission Culture de l’Association des régions de France (ARF), « ils sont des outils au service de l’éducation et du vivre ensemble. C’est, entre autres raisons, pour cela que les collectivités ont à cœur de les accompagner. Moments collectifs exceptionnels de création de lien social et d’ouverture vers d’autres cultures et d’autres pratiques, ils sont d’autant plus nécessaires dans la période de repli et de crispation que l’on connaît actuellement ».

Des vecteurs d’attractivité et de dynamisme des territoiresS’il ne s’agit pas de leur raison première, et si leur équilibre budgétaire est fragile (aléas des program-mations, des conditions climatiques, de la concur-rence grandissante d’événements étrangers), les festivals sont aussi des acteurs économiques im-portants. En plus du supplément d’image et de notoriété qu’ils apportent à leurs territoires, sti-mulant par effet ricochet le tourisme, ils créent de l’activité et de l’emploi. À Aix-en-Provence, l’étude d’impact réalisée montre, ainsi, que 1 euro de subvention investi en produit 3,5 directement,

Jazz, blues et musiques improvisées

Musiques amplifiées ou électroniques

Musique classique, lyrique et contemporaine

Musiques traditionnelles et du monde

Musiques actuelles sans distinction

Chanson

pour un facteur multiplicateur d’un à sept sur le territoire. Idem à Marciac où, d’après le chiffrage réalisé par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Gers en 2014, les retombées économiques s’élèvent à environ 9,2 millions d’euros, « ce qui est colossal, pour un territoire rural comme le nôtre », précise Jean-Louis Guilhaumon.Si l’actualité est plutôt à la sinistrose, avec les an-nonces d’annulation d’événements pour cause bud-gétaire, c’est bien la singularité des festivals qui est leur meilleur argument pour se pérenniser. Opti-miste, Jean-Dominique Marco entend le rester : « Le festival est un espace-temps à part dans lequel le public peut lâcher prise. C’est une atmosphère, la proximité avec les artistes, la possibilité de côtoyer des formes d’expression et de création diverses et originales. Si l’on garantit la convivialité et des productions de qualité, la forme festivalière a de beaux jours devant elle ». •

Les esthétiques les plus représentées par région

Les saisons des festivals

Hiver

4 %Printemps

26 %Été

53 %

Automne

17 %

�Données extraites de

l’étude réalisée en avril 2015

par la Sacem, le CNV

et l’Irma (musiques

actuelles) et données

Sacem (musique classique,

lyrique, contemporaine,

humour et toutes

musiques).

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ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | COULISSES | AGENDA DÉCRYPTAGE12 13

• • •

Métadonnées

L’empreinte musicaleL’identification des œuvres est primordiale pour toutes celles et tous ceux qui vivent grâce aux droits d’auteur. Tracer leur utilisation, les identifier pour redistribuer les revenus qu’elles ont générés : c’est là qu’interviennent les métadonnées. Avec l’explosion des volumes, la gestion des métadonnées est devenue un enjeu crucial, pour la Sacem.

« Les métadonnées, c’est la carte d’identité d’une œuvre, ce qui per-

met de l’identifier, et de flécher les montants liés à son exploitation vers ses propriétaires ». Pour Louis Diringer, directeur, direction des Sociétaires de la Sacem, derrière ce nom barbare pour les novices, se cache en réalité un ensemble d’informations qui doit accompa-gner les œuvres.Le premier stade d’acquisition des métadonnées, c’est la déclaration de l’œuvre. Depuis février 2014, pour répondre à une forte attente de ses membres, la Sacem a dé-veloppé un service de déclaration en ligne qui connaît un réel succès (presque 50 % des 170 000 œuvres déclarées en 2014). Au total, en ajoutant les œuvres étrangères, la Sacem a enregistré les données de 1,7 million d’œuvres et sa base de données est riche, aujourd’hui, d’une infor-mation dé taillée se rapportant à 17 995 300 d’œuvres différentes.

Les codes internationaux standardisésAvec la multiplication des canaux de diffusion, le traçage des utilisa-tions d’une œuvre est de plus en plus complexe. Avec l’avènement des exploitations en ligne, les vo-lumes ont explosé. En 2014, la Sacem a reçu des données rela-tives à 251,6 milliards d’actes de consommation (téléchargement ou écoute en ligne). Comment traiter ces quantités astronomiques de données ?

de codes ont été attribués dans le monde. « Attribuer un ISWC est im-portant, encore faut-il que l’effort de dissémination entrepris soit constant pour convaincre les diffuseurs de l’intégrer dans leurs relevés de diffu-sions », tempère Louis Diringer.Une autre réponse se situe au ni-veau de l’échange de données entre sociétés d’auteurs. Elle s’est matérialisée au travers du réseau Cis-Net, qui interconnecte les bases de données de 97 sociétés d’au-teurs à travers la planète et donne accès, pour chacune d’entre elles, à la documentation de plus de 44 mil-lions d’œuvres musicales.Enfin, la Sacem stocke également une grande quantité de données externes : codes ou identifiants at-tribués en interne par les diffuseurs ou les plateformes Internet. Pour Ali Mouhoub, directeur général de Yacast, société prestataire qui tra-

vaille avec la Sacem, « les métadon-nées sont un enjeu central. Avec l’apparition et la multiplication des services numériques, les informa-tions basiques ne suffisent plus. Les différentes bases de données doivent “se parler”. Et l’interopérabi-lité des systèmes passe par des métadonnées clean, notamment l’utilisation systématique des codes internationaux normalisés ».

Des machines et des hommesSi les métadonnées sont par fai-tement renseignées, le traitement des déclarations d’usage et l’identi-fication des œuvres sont automati-

sés et réalisés en grande partie la nuit et le week-end, pour rendre dis-ponible une ressource informatique optimale (jusqu’à 174 transactions de codification automatique par se-conde). « Ces volumes très impor-tants vont continuer à augmenter dans les années à venir. Nous ve-nons, d’ailleurs, de nous équiper de la nouvelle baie 100 % Flash Xtre-mIO d’EMC² pour accélérer la vi-tesse de calcul », explique Véronique Sinclair, directrice des Systèmes d’information de la Sacem.Si l’identification automatique ne suffit pas, les services de la Sacem procèdent à des associations.

« Sans œuvre, pas de données… sans données, pas de métadonnées ! » Louis Diringer, directeur, direction des Sociétaires

Une première réponse se trouve dans le recours à des identifiants uniques. Le mouvement de stan-dardisation des éléments d’identifi-cation des œuvres a commencé à la fin des années 90. Sur le modèle du code ISRC utilisé pour l’identifi-cation des phonogrammes, la com-munauté des sociétés d’auteurs a développé un code unique d’identi-fication de l’œuvre musicale : l’ISWC. Ce numéro, certifié Iso, est géré par la Cisac, la Confédération internationale des sociétés d’au-teurs. Dans chaque pays, une agence nationale est chargée d’attribuer les ISWC aux œuvres musicales créées sur son terri-toire. En France, c’est la Sacem qui les alloue automatiquement aux œuvres déclarées. Le premier ISWC a été délivré en 1995 à la chanson Dancing queen, du groupe Abba. Depuis, plus de 19 millions

Petit lexique des codes internationaux standardisés > ISRC (International Standard Recording Code) : identifie un enregistrement audio ou vidéo (clip).

> ISWC (International Standard Musical Work Code) : identifie une œuvre.

> ISNI (International Standard Name Identifier) : identifie un nom d’artiste.

> ISMN (International Standard Music Number) : identifie des publications musicales imprimées (partitions).

> IPI (Interested Parties Information) : attachées aux numéros ci-dessus, identifie les parties intéressées (ayants droit).

> GRID (Global Release Identifier) : identifie les sorties numériques (c’est le code-barres virtuel). Développé par les producteurs (mais n’est pas un standard Iso).

> ISAN (International Standard Audiovisual Number) : identifie l’œuvre audiovisuelle (films, fictions, séries...).

Comme le précise Lyne Tastet-Yonke, responsable de gestion de la répartition internationale, « les déclarations d’utilisation d’une même œuvre peuvent contenir des fautes d’orthographe ou des fautes de frappes (avec ou sans accent, un tiret ou une espace…), ou être par-cellaires. Sans parler des homony-mies : combien de John Smith ou de Martin Dupont dans les bases de données ? Combien de chansons titrées I love you ? Nous avons un moteur de recherche qui apprend et qui, au fil des identifications, retient les différentes occurrences et les liaisons par diffuseur. Les erreurs n’ont besoin d’être corrigées qu’une seule fois ».Aux moyens humains et tech-niques s’ajoute le recours à des sociétés prestataires. Pour les diffusions télé, radio et en disco-thèque, Yacast traque plusieurs centaines de médias sur le terri-toire français. Cette société a développé pour la Sacem une plateforme, Media Archiver, qui enregistre et conserve durant dix  ans leurs flux de diffusion. « Nous fournissons à la Sacem l’intégralité des diffusions de radio et télévision et, grâce au Media Archiver, en quelques clics, il est possible de vérifier si une musique a été utilisée », détaille Ali Mouhoub.Si le tracking des médias tradi-tionnels est aujourd’hui bien rodé, les nouveaux usages en ligne sont les plus complexes à identifier. Dans le cadre d’Armonia, un par-tenariat entre plusieurs sociétés

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d’auteurs européennes, la Sacem a sollicité les services de la socié-té espagnole Bmat, qui scrute les flux des plateformes du Web pour les compa rer aux contenus de sa base de données d’empreintes di-gitales sonores, qui compte cin-quante millions de références. Un service qui se révèle très utile, no-tamment pour les fameux UGC (user generated contents), les contenus téléchargés par les par-ticuliers sur des plateformes comme YouTube. Là, le plus sou-vent, les métadonnées sont inexis-tantes. Et sur YouTube, les vo-lumes sont colossaux : plus de trois cents heures de vidéo ajou-tées chaque minute ! Un test ré-cent a montré un taux d’identifica-tion des musiques utilisées de l’ordre de 30 %, là où les systèmes classiques ne pouvaient les identi-fier. « Avec le développement des échanges de vidéo et de musique sur ce type de plateforme ou sur les réseaux sociaux comme Twit-ter, Facebook et Instagram où les métadonnées “traditionnelles” sont quasiment inexistantes, les tech-nologies de fingerprint sont, à ce jour, le meilleur moyen d’identifica-tion avec un fort potentiel d’amélio-ration pour identifier au-delà du master de référence les lives, les mix, voire peut-être, un jour, tata Chantal qui chante faux sous sa douche et qui cartonne sur You-Tube », explique Xavier Costaz, di-recteur de projets à la Sacem.

« ONI » : œuvre non identifiéeMalgré toute l’attention et la préci-sion apportées à l’identification des œuvres et à leurs usages, toutes ne peuvent l’être. Qu’ad-vient-il, alors, de ces œuvres non identifiées ? « Si nous n’arrivons pas à identifier une œuvre après recherche manuelle, nous créons ce que nous appelons une œuvre forcée. L’argent lié à son exploita-tion est conservé jusqu’à identifi-cation », explique Cynthia Lipskier, gestionnaire du répertoire au sein

de la direction des Sociétaires. À chaque répartition (quatre par an), les œuvres non identifiées sont mises à disposition des so-ciétaires dans leur espace sécuri-sé sur sacem.fr, où elles sont ac-cessibles pendant cinq ans. Ils peuvent, ainsi, aller rechercher si certaines de leurs œuvres sont présentes. Ils doivent alors faire preuve d’ingéniosité et d’une bonne dose d’intuition, car si la Sacem n’a pu les identifier, c’est qu’aucune métadonnée ne le per-mettait. Parmi les principales rai-sons de la non-identification des œuvres : le défaut de déclaration de l’œuvre par les ayants droit

(40 % des réclamations traitées) nonobstant la mise à disposition début 2014 d’un service perfor-mant de déclaration des œuvres en ligne. Autre raison : le carac-tère erroné ou incomplet des in-formations fournies par les diffu-seurs. « Nous avons ré gu liè rement des rencontres avec de grands diffuseurs pour les inciter à être le plus précis possible », souligne Louis Diringer . Un travail de sen-sibilisation sans cesse renouvelé qui a valu à la Sacem de répartir, en 2014, des droits à plus de 276 000 créateurs et éditeurs pour l’exploitation de 2 millions d’œuvres différentes. •

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Télex\ Brassens adorait Presley… « Ça fait bizarre. De dire “je”. À la première personne du singulier. Émoi, émoi, émoi ». Ce sont les premiers mots de Backstage, l’envers du décor signé du journaliste Philippe Barbot. Une trentaine de rencontres « hors cadre » avec des artistes ayant marqué leur génération – Georges Brassens, Bob Dylan, Serge Gainsbourg, Iggy Pop, Alain Bashung, Stevie Wonder, Jacques Higelin… En quarante ans de journalisme, de Télérama à Rolling Stone, Philippe Barbot nous raconte ses entretiens les plus marquants. Portraits sur le vif, secrets de coulisses, anecdotes truculentes. Et tout cela sous la plume alerte d’un des meilleurs connaisseurs de la scène musicale française, lui-même auteur de chansons. Un livre à glisser dans son sac pour l’été. •Backstage – Éditions Philippe Rey – 250 pages – 17 €

\ Erratum… Dans le numéro 92 de Magsacem, le portrait consacré à Étienne Daho évoque la mise en musique du poème Le condamné à mort, de Jean Genet. Or, la rédaction de Magsacem a omis de souligner que la première et seule personne à avoir mis en musique cette œuvre est Hélène Martin. Auteure, compositrice et interprète, membre de la Sacem, Hélène Martin a dédié sa vie à la musique pour la poésie. Elle a largement contribué, avec la création de l’opéra Le condamné à mort, en 1984, à faire connaître l’œuvre de Jean Genet. Aujourd’hui, à l’âge de 86 ans, elle continue avec passion et engagement à mettre son talent au service de la poésie et des poètes. •

Les coups de cœur de… Dominique Delorme, directeur des Nuits de Fourvière, à Lyon.

AlbumHistoire de J. Jeanne CherhalBarclay/UniversalLa Nantaise poursuit son entreprise de libération de la chanson française ! Elle était présente aux Nuits de Fourvière, le 4 juillet, et y a interprété son album avec l’Orchestre du conservatoire à rayonnement régional de Lyon. Conservatoire dirigé par Alain Jacquon. L’an dernier, Vanessa Paradis, Benjamin Biolay et le même orchestre nous avaient fait ce cadeau avec leur album Love Songs (DVD Riviera-Maison Barclay).

ConcertDamien Rice aux Folies BergèreAuteur, compositeur et interprète, l’Irlandais Damien Rice a donné un concert exceptionnel aux Folies Bergère en novembre dernier, avec son troisième album My favourite faded fantasy. Un moment d’une rare puissance rock et folk. Alors qu’il ne donne que très peu de concerts, nous aurons la chance de l’avoir également aux Nuits de Fourvière, cette année.

DécouverteAlexis and the Brainbowalexisandthebrainbow.comUne révélation lyonnaise ! Ce collectif incarne le renouvellement de la scène pop française. Leur clip, A young gun, réalisé par Hugo P. Thomas et les frères Boukherma, élèves de la Cité du cinéma, a rencontré un véritable succès sur Internet. À découvrir et faire découvrir de toute urgence !

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RENCONTRES

Des territoires au diapason ?La réforme territoriale conduit à une véritable réorganisation structurelle des institutions, dans un contexte marqué par la baisse des financements publics. Le 10 juillet, à Aix-en-Provence, ce constat sera la base des débats riches et animés des rencontres Accord majeur. Pour la quatrième édition de ces rencontres, responsables institutionnels et professionnels du secteur musical – parmi lesquels Jean-Noël Tronc, directeur général de la Sacem – échangeront et tenteront de poser les bases d’un « pacte » pour une politique publique de la musique.\ 10 JUILLET, HÔTEL MAYNIER D’OPPÈDE, AIX-EN-PROVENCE

ACCORDMAJEUR.NET.

LE CHIFFRE

62 000 sociétaires accèdent à leurs services sur Sacem.fr. Et vous ?Créez votre compte gratuitement et rapidement sur createurs-editeurs.sacem.fr pour profiter des nombreux services en ligne disponibles à toute heure du jour et de la nuit ! Pour découvrir l’ensemble des avantages de l’espace membre, une vidéo de présentation sera bientôt en ligne sur Sacem.fr.

La Sacem fait appel à trois grandes catégories de métadonnées 1. Les métadonnées descriptives (elles se rapportent au contenu de l’œuvre :

titre, auteur, éditeur…).2. Les métadonnées administratives (elles se rapportent aux éléments

de propriété intellectuelle : date de dépôt, type de droits…).3. Les métadonnées structurelles (ce sont elles qui créent les relations entre

métadonnées pour servir l’objectif recherché : les codes de numérotation, ISWC, ISRC, IPI…).

Modes d’acquisition des données

Œuvres

Titre – codeAyants droit

GenreDuréeDroits

Éditeurs

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Créateurs

Sociétés d’auteurs

Contrats

ISWC

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ISRC

IPI

CIS-NET

251,6milliards d’actes de téléchargement ou streaming traités par la Sacem en 2014.

Pour aller plus loin…

REVIVEZ LE COLLOQUE SACEM UNIVERSITÉ « QUEL FUTUR POUR LA CRÉATION MUSICALE ? » EN VIDÉO SUR SOCIETE.SACEM.FR/ACTUALITES.

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Bio

« CHACUN DE MES ALBUMS EST L’INVENTION D’UN PAYSAGE MUSICAL QUI ME MANQUE, CELUI QUE JE RÊVE D’ENTENDRE AU MOMENT OÙ JE LE COMPOSE. »

KEREN ANN

ÉGÉRIE POP MODERNEAprès une longue absence ponctuée par la maternité, Keren Ann prépare un nouvel album pour 2016 et revient en grâce aux Francofolies de La Rochelle. Rendez-vous le 13 juillet.

 On avait quitté Keren Ann en 2011. Casque blond pla-tine, robe d’ébène, guitare en bandoulière, elle éblouissait La Cigale aux

commandes de 101. Ce disque astral, hanté par la disparition de son père, vire-voltait entre pop, folk, rock et électro. Un pur ravissement. Et voilà qu’on la re-trouve quatre ans plus tard, à l’affiche des Francofolies. En attendant son septième album, début 2016… « Il sera en anglais, ma langue maternelle avec laquelle je peux m’adresser aux membres de ma famille, à l’homme qui partage ma vie, à mon père qui me manque… », dit-elle, jetlaguée par une tournée asiatique. Comme les Smashing Pumpkins, l’artiste néerlandaise utilise la plateforme de crowdfunding Pledge Music pour financer sa nouvelle odyssée musicale. « J’ai développé une relation di-recte avec mes fans et commencé à enregis-trer sans dépendre du label avec lequel je vais choisir de travailler. » Entre-temps, cet électron libre (comme l’air) a franchi le cap de la quarantaine, composé la bande originale du long-métrage Yossi, d’Eytan Fox, et mis au monde une petite Nico. Joli clin d’œil à l’icône en clair-obscur du Vel-vet Underground – « Sa poésie, son choix de sons, sa voix poignante et son regard ».

Racines cosmopolitesVoilà presque vingt ans que l’élégante et très discrète Keren Ann lévite en orbite de la planète chanson, et fait voltiger sa pop côté anglo-saxon. Chanteuse céleste, song writeuse polyglotte, compositrice sensible, productrice accomplie, arran-geuse hors pair… Elle a le don d’ubiquité. Une seconde nature, chez cette citoyenne

du monde qui gravite entre Paris et Brooklyn. Née en Israël, dans le petit vil-lage de Césarée, d’un Israélien d’origine russo-polonaise et d’une Hollandaise d’as-cendance indonésienne, elle grandit aux Pays-Bas, avant de débarquer en France pour ses 11 ans. À la maison, c’est « l’amour sans condition » et les vinyles tournent en boucle sur la platine parentale. Bob Dylan, Leonard Cohen, Françoise Hardy, The Carpenters, mais aussi Serge Gainsbourg : « Je connaissais les mots de ses chansons avant même de les comprendre ». La bru-nette fera ses premières « en écoutant des albums durant des heures, en dissociant les sons, les textures, les instruments et en jouant à la guitare les chansons des autres… »

Benjamin BiolayÀ 18 ans, elle prend enfin son envol mu-sical. « Mon premier groupe s’appelait The Kab. Je me souviens que j’enregistrais mes maquettes sur un quatre-pistes pour les faire écouter à des directeurs artistiques. » En vain. Mais en 1998, sa rencontre avec Benjamin Biolay au sein du trio Shelby va lui ouvrir des portes. « C’était très beau, très pur. Nous avons écrit beaucoup de chansons ensemble », se souvient Ke-ren Ann. Deux ans plus tard, aux côtés du futur pygmalion de la pop française, la muse post-gainsbourienne signe son premier album, La biographie de Luka Philipsen. Il ne manquait plus qu’un coup de génie pour propulser le couple sous les projecteurs. En 2000, contre toute attente, il relancera la carrière d’Henri Salvador avec l’album Chambre avec vue : trois Victoires de la musique et un disque de diamant à la clé. Mais il est déjà temps, pour Keren Ann, de faire

cavalier seul. « À un moment, il était im-portant, pour chacun de nous, d’écrire des choses plus personnelles », poursuit celle qui envisage ses disques comme « des autobiographies en musique » et pense que « la beauté se trouve dans tout, même dans la difficulté, le regret et le manque ».

L’art du songwritingDe La Disparition à 101, de Not Going Anywhere à Nolita, sa pop moderne fourmille d’harmonies crève-cœur et d’arrangements solaires hérités de l’Amérique des sixties. Keren Ann écrit à merveille, mais n’a rien d’une chan-teuse à textes. Profondément anglo-phile, elle est de ces rares chanteuses francophones à mettre ses paroles au service de la mélodie, plutôt que l’in-verse. Et d’imposer sa voix féline comme instrument à part entière… « C’est probablement lié à cette forte culture de songwriters qui m’a été ancrée depuis l’enfance. Chacun de mes albums est l’invention d’un paysage musical qui me manque, celui que je rêve d’entendre au moment où je le compose. » En marge de ses récits intimes, elle s’est offert une escapade pop avec l’Islandais Barði Jóhannsson (Bang Bang) sous le doux nom de Lady and Bird. Une version contemporaine de Lee Hazlewood et Nancy Sinatra… « Nous avons aussi com-posé la musique de Red waters, un opé-ra mis en scène par Arthur Nauzyciel avec une chorégraphie de Damien Jalet, qui va devenir un film d’animation. » Insatiable touche-à-tout, aventurière dans l’âme, artiste sans frontières… Keren Ann ne s’impose aucune limite. C’est sa force, l’essence même de sa créativité. •

2000Elle coécrit avec Benjamin Biolay La biographie de Luka Philipsen, en hommage à sa grand-mère.

2000La dream team offre un joli lifting à Henri Salvador.

2012Naissance de sa fille Nico.

2005Nolita, son 4e album, inspiré du célèbre quartier new-yorkais.

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MUSIQUE STORY18 19ÉCHOS | À LA UNE | GRAND ENTRETIEN | DÉCRYPTAGE | PORTRAIT | MUSIQUE STORY | COULISSES | AGENDA

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Gérard Calvi Compositeur aux mille et un talentsS’il est un créateur qui a œuvré corps et âme pour la défense du droit d’auteur, c’est bien Gérard Calvi, disparu en février dernier. Compositeur éclectique, pilier de la joyeuse troupe des Branquignols, Gérard Calvi, qui fut président de la Sacem à dix reprises, était un homme plein d’humour. Jusqu’à se retrouver lui-même croqué en chef d’orchestre sous le crayon d’Uderzo dans un album d’Astérix !

Autres rencontres importantes dans la vie de Gérard Calvi, celle avec le compo-siteur et pianiste Jean Wiener, ou encore avec Georges Auric – qui fut son parrain à la Sacem –, Pierre Tchernia – pour qui il a composé le générique de la célèbre émission Monsieur Cinéma –, Charles Trenet, et même Walt Disney. Autant de noms que d’univers qui illustrent à quel point Gérard Calvi était une per-sonnalité riche, multiple et inclassable.

Humour et poésieMais c’est vraiment avec ses amis de la troupe des Branquignols que cet homme de cœur au grand talent a cultivé sa veine débridée et burlesque. Parmi ses compositions les plus mémorables : Dugudu, Ah les belles bacchantes, Vos gueules les mouettes, La grosse valse, La polka des lampions…sa comédie musicale, La plume de ma tante, triomphe à Londres et à New York, obtenant l’Award de la meilleure comédie musicale en 1959.Gérard Calvi a su aussi creuser un sillon plus intimiste en déposant ses notes sur

Œuvres symphoniques, musiques de chambre, chansons, comédies musicales, opéras, musiques de film… Le parcours de Gérard Calvi est unique en son genre.

Comment un ancien pré-sident de la Sacem a-t-il pu se retrouver dans un album de Goscinny et Uderzo ? Nous sommes en 45 avant

Jésus-Christ. Toute la région de Munda, en Hispanie, est occupée par les Romains. Toute sauf un irréductible village d’Ibères, etc. Et soudain, à la page 44 d’Astérix en Hispanie, apparaît un person-nage à l’air malicieux, tenant une ba-guette avec laquelle il dirige un impro-bable orchestre. À l’époque, ses proches ont aussitôt reconnu dans ce dessin le portrait de Gérard Calvi. Clin d’œil d’Uderzo à un compositeur et un chef d’orchestre de talent à la technicité im-parable, mais aussi à un homme d’hu-mour qui ne se prenait pas au sérieux.Pas étonnant qu’on le retrouve parmi la bande des Branquignols aux côtés de Louis de Funès, Jean Lefebvre, Jean Carmet, Michel Serrault mais aussi Robert Dhéry et Colette Brosset, avec qui il vécut cette exceptionnelle aven-ture… Des années 40 au début des an-nées 70, ils multiplient les spectacles au parfum de scandale, pour l’époque, des spectacles souvent mis en musique par Gérard Calvi, qui n’avait pas son pareil pour mettre les gags en valeur. Dans cette équipe, il y eut aussi Francis Blanche, pour qui il composa plusieurs chansons et, notamment, Prisonnier de la tour, interprétée par Édith Piaf.

Ci-dessus : Gérard Calvi représenté en chef

d’orchestre par Uderzo dans l’album Astérix

en Hispanie.

Alexandrie Alexandra

Plus d’appétit qu’un barracuda…Le 15 mars 1978 (coïncidence tragique, le jour des obsèques de son interprète) était édité le 45 tours d’Alexandrie Alexandra. Un tube de Claude François qui continue de faire les beaux soirs des disco-thèques. Jean-Pierre Bourtayre, son compositeur, se souvient.

Magsacem : Votre père, Henri Bourtayre, était un célèbre compositeur de chansons. Est-ce lui qui vous a communiqué sa passion ?Jean-Pierre Bourtayre : C’est vrai, il a écrit de nombreux succès, no-tamment pour Tino Rossi et Luis Mariano. Mais vous savez, il a quit-té ma mère quand j’avais 5 ans, et ne m’a donc élevé qu’indirectement dans l’amour de la musique. J’ai fait très sérieusement le conservatoire et puis, au début des années 60, je me suis amusé à composer des twists, pour des groupes yéyés comme Danny Boy et ses Péni-tents ou les Chats Sauvages de Dick Rivers. Ensuite, j’ai écrit pour Richard Anthony, France Gall, Françoise Hardy et puis Jacques Dutronc, pour les chansons de la série télé Arsène Lupin.

Dans quelles circonstances avez-vous été amené à travailler avec Claude François ?En 1968, j’avais composé une mu-sique sur un texte de Vline Buggy, Adieu monsieur le professeur, inter-prétée par Hugues Aufray. Avec Vline, nous avons proposé à Claude une autre chanson qui s’intitulait Avec la tête, avec le cœur. Il l’a ai-mée et il l’a enregistrée. Ça a été le début d’une collaboration qui a duré jusqu’à sa mort. En 1971, je suis même devenu son directeur artis-tique. Du coup, j’ai arrêté de lui pro-poser des chansons, car je ne vou-lais pas mélanger les deux fonctions, mais c’est lui qui m’a demandé de continuer.

D’où est venue l’idée de la chanson Alexandrie Alexandra ?En 1977, Claude, qui était à l’affût de tout ce qui se passait en mu-

sique, a eu envie de se lancer dans le style disco. Au début, il avait l’in-tention de chanter en anglais, mais je l’en ai dissuadé, parce qu’il y avait déjà Sheila et Patrick Juvet : il n’al-lait pas être le troisième…

D’où la rencontre avec Étienne Roda-Gil…Quand je lui ai proposé d’écrire pour Claude François, il n’était pas du tout enthousiaste… Mais j’ai réussi à organiser une rencontre et ils se sont très bien entendus. Pourtant, l’un redoutait de se retrouver avec un gugusse agité, l’autre avec un intello ennuyeux… Claude m’a même confié que c’était la première fois qu’il interprétait des chansons dont il ne comprenait pas toutes les paroles ! Du coup, après Magnolias for ever et Alexandrie Alexandra, il était même question de refaire un album entier ensemble. La dispari-tion prématurée de Claude a, hélas, mis fin à ce projet.

Vous attendiez-vous à un tel succès ?Au contraire, j’avais le trac. Je n’étais pas certain que le public de Claude, surtout féminin, le suive dans ce style. On n’est jamais sûr de rien : le succès du Téléphone pleure, par exemple, avait été une surprise. Avec le recul, je suis très fier d’Alexandrie Alexandra. Le fait qu’elle continue de faire danser les gens, aujourd’hui, est la plus belle des récompenses. •

36C’est le nombre de chansons composées par Jean-Pierre Bourtayre pour Claude François.

4 prestations télévisées de Claude François, au cours desquelles il a interprété la chanson.

2004 L’année du remix signé de Bob Sinclar, pour le film Podium. ©

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Ci-dessus, de gauche à droite :

Bernard Estardy, Claude François

et Jean-Pierre Bourtayre.

les plus belles plumes : Queneau, Aymé, Ionesco (Le tableau, La cantatrice chauve, pour l’Opéra de Montpellier, en 2009), René de Obaldia (Les innocentines). Le septième art lui doit beaucoup avec ses bandes originales pour La belle Améri-caine, Le petit baigneur (Robert Dhéry), Tulipe noire (Christian-Jaque), Les com-pagnons de la marguerite (Jean-Pierre Mocky), Le viager (Pierre Tchernia)… Pour René Goscinny, il a composé le générique des Mini-chroniques, véritables petits tableaux des mille et une situations burlesques de la vie quotidienne. Plus méconnu : des milliers d’auditeurs entendent chaque matin l’une des mélo-dies de Gérard Calvi, auteur du jingle de France Info depuis près de trente ans… Bercé de culture classique, celui qui fut lauréat d’un Grand Prix de Rome à l’âge de 22 ans fut un homme de cœur, mais aussi de conviction. Pendant une dizaine d’années, entre 1978 et 1996, Gérard Calvi n’aura de cesse de mettre sa géné-rosité au service des créateurs. •

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MAGSACEM # 93 jUILLET-SEPTEMbRE 2015

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et nous tenir au courant des nouveautés, qu’il s’agisse des œuvres ou des techniques de création ». Dont acte : lorsque l’on sif-flote devant François Bernaud la mélodie « fa-ré-fa-ré-la-do », il chiffre en temps réel sur son ordinateur la suite « -3 3 -3 -5 3 ». La réponse de l’ordinateur est sans appel : Ma préférence, de Julien Clerc. Cette maîtrise est indispensable, car les inspecteurs exercent parfois leur mission dans des conditions difficiles : « Il arrivait qu’en cas de conflit avec un client, les agents de la Sacem soient mal reçus, se souvient François Bernaud, qui a été inspecteur avant de diriger le service. Il fallait, alors, missionner un inspecteur des Services musicaux qui, dans l’anonymat, avait à effectuer les relevés en notant les mélodies en sténo musicale directement dans sa poche, à l’aveugle. Cela requiert une par-faite maîtrise du langage musical ». La Sacem est, d’ailleurs, la seule société de gestion collective de droits d’auteur au monde à utiliser un pool de musiciens

professionnels assermentés à cet effet. Les sociétés du monde entier lui envient la spécificité de leur expertise combinée à cet outil unique.

Et demain ?— Cinquante ans après sa création, le dictionnaire compte plus de sept cent cinquante mille entrées, répertoriant des œuvres allant de 1750 à aujourd’hui. Désormais totalement informatisée, la saisie des nouveaux titres – l’activité du dictionnaire ne s’arrête jamais – continue d’enrichir la base de données en captu-rant l’air du temps : « Si l’on veut que ce soit utile, on ne peut enregistrer que ce qui fait l’objet d’un succès ou d’une exploitation significative, donc cette image de “l’air du temps” est juste », confirme François Ber-naud. Et même si son directeur souhai-terait le voir s’accroître à un rythme plus soutenu, le dictionnaire se pare tout de même, chaque année, de près de six mille références supplémentaires. •

— Créé en 1965, le dictionnaire musical de la Sacem est un outil unique en son genre : depuis cinquante ans, il archive les grands thèmes musicaux selon une clé chiffrée qui rend compte avec exactitude de leur contenu. Inventé et administré par les Services musicaux de la Sacem, il pos-sède deux destinations essentielles. Lorsqu’un sociétaire se plaint de la ressem-blance d’une œuvre tierce avec la sienne, il sert, tout d’abord, à effectuer une re-cherche d’antériorité, c’est-à-dire à recher-cher une œuvre antérieure comportant des schémas mélodiques similaires. D’autre part, il facilite le travail des experts

contrôleurs qui identifient la musique relevée par les inspecteurs musicaux dans les lieux de diffusion. Mais ces deux mis-sions ne visent en réalité qu’un seul but : « Il s’agit d’aider les services de collecte, de documentation et de répartition à être le plus précis possible, indique François Bernaud, directeur des Services musicaux. Lorsqu’on doit retrouver le titre d’un morceau qui n’a pas été signalé par un diffuseur, c’est extrê-mement efficace ».

Mélodies chiffrées— C’est la technique utilisée pour réper-torier les œuvres qui rend le dictionnaire

Dictionnaire musical. Avec plus de sept cent cinquante mille œuvres archivées, le dictionnaire musical de la Sacem fête ses 50 ans. Plongée au cœur d’un système de reconnaissance musicale unique au monde.

Plus fort que Shazam !

750 000titres codifiés par le dictionnaire musical.

95 %Taux d’identification du répertoire.

6 000 nouvelles références enregistrées chaque année.

est donc essentiel, et les Services musi-caux de la Sacem font état d’un taux d’identification d’environ 95 %. Lorsque c’est un sociétaire qui estime avoir été copié et demande l’analyse comparative d’un titre avec une de ses œuvres, la pertinence de l’outil évite, par ailleurs, des « procès inutiles », comme le relève le directeur : « Dans le cas d’une recherche d’antériorité, le dictionnaire musical aide, notamment, nos experts musicaux à mettre en évidence la présence d’œuvres antérieures à celle d’un compositeur qui s’estimerait copié. À ce titre, elle permet donc au récla-mant d’apprécier la pertinence d’une action en justice ».

Spécialistes de la musique— Un tel outil ne peut, cependant, être utilisé par des novices. Tous les employés des Services musicaux sont diplômés de conservatoires et possèdent une vaste culture musicale : « Nous devons savoir lire, analyser et relever à l’oreille la musique,

si efficace. Pour chaque mélodie, il in-dique sous forme de chiffre l’intervalle entre une note et la suivante, en utilisant comme unité de mesure le demi-ton (do-ré = 2 ; mi-fa = 1, etc.). « L’intérêt du chiffre, c’est qu’il ne prend pas en compte l’inter-prétation, analyse François Bernaud. Une chanson peut être interprétée de milliers de manières différentes, mais le chiffre, lui, est objectif et ne s’attache qu’à la réalité de la mélodie. » En ce sens, cet outil est plus puissant qu’un service de reconnaissance musicale comme Shazam, qui interroge une base d’empreintes (enregistrements préexistants). C’est la raison pour la-quelle, lorsque l’on siffle une mélodie devant Shazam, il ne peut la reconnaître, car il ne dispose pas de l’enregistrement correspondant dans sa base de données. Le dictionnaire musical, lui, le peut. Lorsque l’on ne connaît pas le titre d’une musique utilisée dans un programme télévisé, un spectacle, un film, une publi-cité ou une émission de radio, cet outil

« UNE CHANSON PEUT ÊTRE INTERPRÉTÉEDE MILLIERS DE MANIÈRES DIFFÉRENTES,MAIS LE CHIFFRE, LUI, EST OBJECTIF ET NES’ATTACHE QU’À LA RÉALITÉ DE LA MÉLODIE. »

— FRANÇOIS bERNAuD, DIRECTEuR DES SERVICES MuSICAuX

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CRÉATION >

Avignon, le spectacle sous toutes ses formesPartenaire du festival In et Off, la Sacem s’installe à la Maison profes-sionnelle du spectacle vivant du 11 au 18 juillet, au cœur du festival.Elle y assure des permanences tous les jours de 10 h 00 à 18 h 00. Découvrir…

Outre ses permanences quotidiennes, la Sacem y animera deux ateliers. Le premier, sur la gestion des droits pour le spectacle vivant (14 juillet , 16 h 30), apportera des réponses concrètes à toutes les questions que se posent les créateurs et les orga-nisateurs de spectacle. Le second atelier (18 juillet, 16 h 30) présentera l’action culturelle de la Sacem et mettra l’accent sur les dispositifs de soutien au spectacle vivant. Il est à la fois destiné aux auteurs-compositeurs, aux éditeurs, aux respon-sables de salle, aux producteurs de spectacles, de festivals et à tous les talents émergents.La Sacem interviendra également dans deux débats organisés par la Scène : « Droit d’auteur, droits voisins et diversités culturelle : un combat permanent ? » (13 juillet, 11 h 00), auquel participera David El Sayegh, secrétaire général de la Sacem, et « Comment évoluent les dispositifs de soutien à la création artistique ? » (18 juillet, 11 h 00), avec François Besson, directeur de l’Action culturelle de la Sacem.Se rencontrer…La Sacem donne également rendez-vous les 13 et 20 juillet (10 h 30 et 12 h 00) aux speed meetings du Snes et presque tous les soirs, du 8 au 23 juillet, aux Apero’Snes, de 19 h 00 à 21 h 00, à la Maison des vins inter-Rhône. Samedi 18 juillet, de 18 h 00 à 20 h 00, la Sacem organise des moments d’échange Happy Hours, au Village.

Soutenir…La Sacem s’associe au festival d’Avignon confirmant ainsi son engagement pour la vitalité du spectacle vivant. Elle est partenaire de la création de Dorsaf Hamdani, célèbre artiste tunisienne qui reprend le répertoire de Barbara et Fairouz avec Daniel Mille à la direction musicale, le 20 juillet à 22 h 00, cour du musée Calvet. Par ailleurs, la Sacem soutient plusieurs spectacles (chanson, spectacles jeune public, humour) du festival Off.

https ://aide-aux-projets.sacem.fr/nos-programmes-aide.

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Les manifestations culturelles soutenues par la Sacem le sont, notamment, grâce au financement issu des ressources de la copie privée. Plus d’informations sur sacem.fr et copieprivee.org.

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AUDIOVISUEL>Rétrospective \ Orson Welles

Le Fonds Culturel Franco-Américain (FCFA) est partenaire de la rétrospective consacrée à Orson Welles à la Cinémathèque française, dans le cadre du centenaire de la naissance du célèbre réalisateur et acteur américain. Projections, rencontres et conférences feront redécouvrir les œuvres et la carrière du créateur de Citizen Kane.Paris, 17 juin-2 août

Cinematheque.fr

MUSIQUECONTEMPORAINE>Académie \Aix-en-ProvenceLa création et le répertoire contemporain sont au cœur del’Académie européenne du Festival d’Aix. Partenaire de longue date de l’Académie, la Sacem s’associe aux commandes passées à des compositeurs. Le concert Sacem/Académie internationale du Festival d’Aix aura lieu le 10 juillet à 21 h 30 à l’Hôtel Maynier d’Oppède, avec des créations mondiales des compositeurs Thomas Lacôte et Samy Moussa. Il clôturera la journée des quatrièmes rencontres nationales Accord majeur. Aix-en-Provence, 2 -21 juillet

Festival-aix.com.

Plage musicale \ BangorPlage musicale en Bangor fête son dixième anniversaire cet été. À Belle-Île-en-Mer, le festival présente dix créations et réunit dix

compositeurs, parmi lesquels Pascal Dusapin. La Sacem et Musique nouvelle en liberté soutiennent, notamment, la commande passée aux compositeurs Benoît Menut et Pierre Bernard. Belle-Île-en-Mer, 13-25 juillet

belleilemusique.com.

MUSIQUE DU MONDE>

Scène Sacem \ Les SudsVingt ans déjà que la cité arlésienne accueille, chaque été, de nombreux concerts et rencontres musicales à l’occasion du festival Les Suds, à Arles. Une Scène Sacem met à l’honneur l’artiste sans frontière Titi Robin, accompagné de Mehdi Nassouli, le 17 juillet. Avec Ze Luis et Francis Varis, ils présenteront leur dernier album, Taziri.Arles, 13- 19 juillet suds-arles.com.

CHANSON>La Rochelle \ La Sacem aux Francofolies !Pendant cinq jours, plus d’une centaine de concerts enchanteront le public des Francofolies de La Rochelle. Comme chaque année, la Sacem soutient ce rendez-vous incontournable de la chanson francophone, en s’associant, notamment, à une création. Après Julien Doré et La Notte la Notte, d’Étienne Daho, c’est en effet Raphaël qui fait revivre Matrice, de Gérard Manset, le 11 juillet, au Grand Théâtre de la Coursive. La Sacem est aussi partenaire du Chantier des Francos. Le spectacle Féloche with the Mandolin Orchestra, créé à Coutances, lors de la tournée Sacem/Chantier des Francos, sera ainsi présenté le 12 juillet, à la Chapelle Fromentin. Le lendemain matin, la Sacem et les folies matinales braquent leur projecteur sur le talent de l’accordéoniste Daniel Mille, qui se plonge dans le répertoire d’Astor Piazzola. Et comme il y en a pour tous les âges et pour tous les goûts, les Francos Juniors, qui fêtent leurs 10 ans, proposeront chaque matin des spectacles dédiés au jeune public et des rencontres avec les artistes.La Rochelle, 10-14 juillet francofolies.fr/.

PRIX>Documentaire \ Jacques Higelin par Sandrine BonnaireLa Sacem s’associe, comme chaque année, aux États généraux du film documentaire de Lussas, où elle remettra le Prix Sacem du documentaire au film réalisé par Sandrine Bonnaire sur Jacques Higelin : Ce que le temps a donné à l’homme – Jacques Higelin.

Le jury, composé des membres de la commission Symphonique et de la commission Audiovisuel de la Sacem, réuni le 3 juin dernier, a également souhaité, pour la première fois cette année, décerner une distinction spéciale au documentaire In and Out. Martial Solal et Bernard Lubat (réalisation Thierry Augé, production La huit). Avec la projection des deux films primés, la Nuit des prix Sacem prolongera la journée Sacem à Lussas du mercredi 19 août, qui sera ponctuée par deux rencontres autour du travail des compositeurs Piers Faccini et Arthur B.Gillette. Lussas, 16-22 août, lussasdoc.org.

Titi Robin et Mehdi Nassouli.

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