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This article was downloaded by: [University of Stellenbosch] On: 05 October 2014, At: 01:50 Publisher: Routledge Informa Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954 Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T 3JH, UK European Review of History: Revue européenne d'histoire Publication details, including instructions for authors and subscription information: http://www.tandfonline.com/loi/cerh20 Mai 1950: Le Plan Schuman, l'Allemagne pre´venue apre ¤ s le Benelux? Vincent Dujardin Published online: 01 Jul 2010. To cite this article: Vincent Dujardin (2001) Mai 1950: Le Plan Schuman, l'Allemagne pre´venue apre ¤ s le Benelux?, European Review of History: Revue européenne d'histoire, 8:1, 63-66, DOI: 10.1080/713666759 To link to this article: http://dx.doi.org/10.1080/713666759 PLEASE SCROLL DOWN FOR ARTICLE Taylor & Francis makes every effort to ensure the accuracy of all the information (the “Content”) contained in the publications on our platform. However, Taylor & Francis, our agents, and our licensors make no representations or warranties whatsoever as to the accuracy, completeness, or suitability for any purpose of the Content. Any opinions and views expressed in this publication are the opinions and views of the authors, and are not the views of or endorsed by Taylor & Francis. The accuracy of the Content should not be relied upon and should be independently verified with primary sources of information. Taylor and Francis shall not be liable for any losses, actions, claims, proceedings, demands, costs, expenses, damages, and other liabilities whatsoever or howsoever caused arising directly or indirectly in connection with, in relation to or arising out of the use of the Content. This article may be used for research, teaching, and private study purposes. Any substantial or systematic reproduction, redistribution, reselling, loan, sub-licensing, systematic supply, or distribution in any form to anyone is

Mai 1950: Le Plan Schuman, l'Allemagne pre´venue apre ¤ s le Benelux?

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This article was downloaded by: [University of Stellenbosch]On: 05 October 2014, At: 01:50Publisher: RoutledgeInforma Ltd Registered in England and Wales Registered Number: 1072954Registered office: Mortimer House, 37-41 Mortimer Street, London W1T3JH, UK

European Review of History:Revue européenne d'histoirePublication details, including instructions forauthors and subscription information:http://www.tandfonline.com/loi/cerh20

Mai 1950: Le Plan Schuman,l'Allemagne pre´venue apre ¤s le Benelux?Vincent DujardinPublished online: 01 Jul 2010.

To cite this article: Vincent Dujardin (2001) Mai 1950: Le Plan Schuman, l'Allemagnepre´venue apre ¤ s le Benelux?, European Review of History: Revue européenned'histoire, 8:1, 63-66, DOI: 10.1080/713666759

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European Review of History—Revue europeenne d’Histoire, Vol. 8, No. 1, 2001

Mai 1950: le Plan Schuman,l’Allemagne prevenue apres le Benelux?

L’annee 2000 a notamment ete marquee par le cinquantieme anniversaire de la ‘Declar-ation Schuman’, occasion que nous saisissons pour revenir sur des aspects moins connuset pourtant non negligeables de ce moment historique qui a deja ete suivi de cinquanteans de paix entre les pays qui ont favorablement accueilli la proposition du ministrefrancais des Affaires etrangeres.

La preparation de la ‘Bombe Schuman’ est une belle histoire1, passionnante pour ceuxqui portent un interet au processus diplomatique d’information en vigueur a l’epoque, oua la methode adoptee par Robert Schuman, soit le recours au plus grand secret, a telpoint que le soir du lundi 8 mai, tous les papiers preparatoires furent brules.2 Ce secret,etait en effet ‘la condition sine qua non d’une rapidite de conception et d’execution quedes conciliabules et des marchandages prealables dans un domaine embrassant de sivastes interets auraient rendue impossible.’3 En effet, plus d’un homme politique que cesoit en France, aux Pays-Bas, ou en Belgique se trouvaient a tout le moins reserves quanta l’opportunite du Plan Schuman, et ce, meme au niveau ministeriel.4

Dans ses Memoires, Jean Monnet ecrit que le secret devait etre total jusqu’au matindu 9 mai 1950, moment qui avait ete choisi pour mettre le Conseil des Ministres francaisau courant. Mais, a cet egard, Jean Duvieusart souleve un lievre de dimension dans sesSouvenirs politiques. On y lit en effet: ‘Robert Schuman a presente son plan aux cinqministres des Affaires economiques des pays qui repondaient a son appel, le 8 mai 1950.Le 9 mai, il lui a donne publicite au cours d’une conference de presse. J’ai participe a

1. L’historiographie consacree au 9 mai 1950 est d’ailleurs deja assez fournie. On lira avec interet: HenriRieben, Martin Nathusius, Francoise Nicod, Claire Campeiro-Tixier, Un changement d’esperance: la declarationdu 9 mai 1950, Jean Monnet- Robert Schuman, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, 2000; E. Hirsch, Ainsiva la vie, Lausanne, 1988; R. Mischlich, Une mission secrete a Bonn, Lausanne, 1986; P. Reuter, La naissancede l’Europe communautaire, Lausanne, 1980; P. Uri, Penser pour l’action, Paris, 1991; R. Poidevin, RobertSchuman, homme d’Etat (1886–1963), Paris, 1986; E. Roussel, Jean Monnet, Paris, 1996; L’Europe, une longuemarche (col), Lausanne, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, 1985; Une memoire vivante (col.), Lausanne,Fondation Jean Monnet pour l’Europe, 1986.

2. Pierre Gerbet, La Genese du Plan Schuman, Lausanne, Centre de recherches europeennes, 1962, p. 33, citedans Rieben, Un changement, p. 77.

3. Rieben, Un changement, p. 77.4. Voir par exemple, M. Dumoulin, ‘La Belgique et les debuts du Plan Schuman’, dans Klaus Schabbe (dir),

Die Anfage des Schuman-plans 1950–1951, Actes du colloque d’Aix-la-Chapelle, Bruxelles, Bruylant, 1988,p. 273. Quant au ministre hollandais des Affaires economiques , J. R. M. Van den Brink, il rapporte: ‘Lorsquej’ai ete interroge a la Chambre le 9 mai, sur ce que je pensais du Plan Schuman, et que j’ai repondu que j’etais‘heureusemen t surpris’, je me souviens que plusieurs collegues du gouvernemen t me l’ont reproche, dont lePremier ministre qui estimait que le projet etait premature.’ Cfr la lettre qu’il nous a ecrite le 30 aout 2000. Commele releve Marie-Therese Bitsch, les Pays-Bas sont en fait ‘parmi les trois du Benelux, le pays le moins concernepar les industries du charbon et de l’acier et le moins favorable aux abandons de souverainet e.’ Cfr Histoire dela construction europeenne, Complexe, 1996, p. 70. On relevera aussi, a titre anecdotique cette reaction del’hebdomadair e belge, le Pourquoi Pas?du vendredi 19 mai 1950: ‘Imaginez que M. Schuman ait soumisprealablement son projet de declaration au Parlement. Quel tapage! Que de temps perdu! Il se serait d’abordheurte au bloc communiste. Les communistes sont toujours contre. Ils sont antitout comme Cagayous. Leur presses’est deja empressee de declarer que la proposition Schuman avait ete inspiree ou imposee par les Americains.’Cite dans Formation a l’Europe. Dossier, Les institutions europeennes, unite 1, la declaration Schuman,Louvain-la-Neuve , Institut d’etudes europeennes de l’UCL, p. 8.

ISSN 1350-7486 print/ISSN 1469-8293 online/01/010063-04 Ó 2001 Taylor & Francis LtdDOI: 10.1080/1350748002003350 9

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cette emouvante reunion du 8 mai. Plus tard, je devais etre associe au developpement decette grandiose initiative.’5 Comme l’a releve le Professeur Michel Dumoulin, cetemoignage que Duvieusart a par ailleurs aussi donne a deux quotidiens belges en 19726,‘pose la question de l’invention de l’Union europeenne. (…) A Lausanne, la FondationMonnet a desesperement tente de trouver les reponses, cote belge, a la propositionSchuman. La declaration Schuman du 9 mai, a ete suivie de reactions of� cielles desgrands pays europeens, alors qu’on n’a pas trouve trace de celle de Bruxelles a l’epoque,ce qui renforce la these d’un ‘preavis’ sollicite et recu par Schuman de la partie belge.La reunion du 8 mai serait donc le chaõ non manquant dans ce chapitre de la geneseeuropeenne.’7

D’autre part, af� rmer que cinq ministres des Affaires economiques ont ete recus aParis le 8 mai, contrarie d’autres ‘idees recues.’ La premiere est que le ‘plan’ Schumanest devenu ‘proposition’ Schuman, pour les pays du Benelux, la Grande-Bretagne etl’Italie des le 8 mai. La seconde recele une portee symbolique plus importante. En effet,d’apres l’historiographie classique, Robert Schuman avait averti dans la matinee du 9mai le chancelier allemand Konrad Adenauer, soit quelques heures avant de prononcersa fameuse declaration, d’une duree d’une minute et demie8, dans le salon de l’Horlogeau Quai d’Orsay. L’Allemagne aurait ete la premiere, parmi les pays europeens, a etreinformee de la ‘bombe Schuman.’ Adenauer serait ainsi ‘la seule personnalite politiqueeuropeenne consultee avant la declaration du salon de l’Horloge.’9 De fait, nombreuxsont ceux qui s’accordaient a dire que cela etait assez logique, puisque la France esperaitavant tout l’accord de l’Allemagne. Voila qui appelle de plus amples precisions!

Jean Monnet estimait a l’epoque que ‘l’Europe ne peut na õ tre que de la France. Seulela France peut parler et agir.’10 C’etait certes, ‘une evidence de fait’11, mais tout lemonde s’accorde a dire que sans l’accord de l’Allemagne le projet serait reste vain. Quoide plus normal donc que de donner la primeur du plan au grand voisin allemand?Pourtant, si la reunion du 8 mai 1950 a bien eu lieu comme l’af� rme Duvieusart, laproposition s’en trouve inversee. L’Allemagne aurait ete avertie la derniere, 24 heuresplus tard que les pays du Benelux, que l’Italie et que la Grande-Bretagne. Qu’en est-il� nalement? La presse de l’epoque ne souf� e mot de la reunion du 8 mai, mais celan’in� rme rien vu qu’il s’agissait evidemment d’une rencontre ultra-secrete. Par contre,il est signi� catif d’observer que Duvieusart soit le premier ministre belge a reagir12, ‘necachant pas son enthousiasme’13, et declarant ‘a titre personnel’ au journal Le Monde,date du 12 mai: ‘A mon avis, c’est la premiere tentative reellement constructive en vuede la formation d’une union economique europeenne, et un grand pas vers la paix.Comme toutes les grandes idees creatrices, naturellement, celle-ci devra etre murementexaminee.’ S’il est signi� catif que le ministre belge des Affaires economiques parleavant tout de ‘grand pas vers la paix’, plutot que de charbon et d’acier, il est surtoutetonnant de constater que Paul van Zeeland, ministre belge des Affaires etrangeres,

5. Jean Duvieusart, Souvenirs politiques, manuscrit inedit, p. 23.6. La Nouvelle Gazette, 6 octobre 1972, et Metro, 6 octobre 19727. Interview accordee a l’Echo, 15 mars 2000.8. Ainsi que le rapporte Roger Massip, alors journaliste au Figaro, cite dans Rieben, Un changemen t, p. 175.9. Voir par exemple l’ouvrage de reference de l’histoire de l’integration europeenne de Marie-Therese Bitsch,

intitule Histoire de la construction europeenne, Complexe, 1996, p. 68.10. Cite dans Rieben, Un changemen t, p. 101.11. Rieben, Un changemen t, p. 101.12. Meme si le service des archives du Quai d’Orsay ne disposent pas du proces-verbal de la reunion du 8 mai,

il est logique de supposer que le ministre belge des Affaires economiques a reagi tres favorablement au projet,soit dans le sens des propos qu’il a tenus a un journaliste du Monde, trois jours plus tard.

13. Le Monde, 12 mai 1950.

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attend le 16 mai pour s’exprimer dans un quotidien, lui aussi a titre personnel.14 Peut-ony voir ‘les premices d’une con� rmation de la tenue de la reunion secrete le 8 mai?’15 Lacle du mystere, Robert Schuman l’avait en fait deja livree lui-meme des 1953, al’occasion des lecons inaugurales qu’il avait prononcees au College de l’Europe aBruges. ‘En deux seances, entre le 3 et le 9 mai 1950, declarait-il, le ministre desAffaires etrangeres a propose le projet au Conseil des ministres (francais), qui etait dansl’ignorance complete de ce qui se preparait. En cinq jours, le gouvernement francais futinitie et accepta. (…) Nous devions, avant de lancer cette bombe, savoir quel accueil ellerecevrait de la part des principaux interlocuteurs. (…) Les gouvernements britannique,italien, americain, ceux du Benelux, ont ete mis au courant 24 heures avant laproclamation of� cielle.’16 Schuman precisait: ‘Nous n’avions pas a demander leur accordprealable, mais comme c’est d’usage dans les relations diplomatiques, il ne fallait pasque les gouvernements amis fussent renseignes par la lecture de la presse.’17 Voila quieclaire les propos de Jean Duvieusart. Quant aux Allemands, ils n’ont pas ete negligespour autant, que du contraire. Adenauer ecrit certes dans ses Memoires que le matin du9 mai, il ignorait ‘encore que la journee allait apporter une nouvelle d’un tournant decisifdans l’evolution de l’Europe.’18 Mais Adenauer avait deja parle avec Robert Schuman dela constitution d’une union politique europeenne au debut de l’annee 1950. De plus, ‘totdans la matinee’19 du 8 mai, Robert Schuman envoie un emissaire, Robert Mischlich, aqui il con� e deux lettres destinees a Konrad Adenauer. La premiere lettre est of� cielle,et porte sur le projet de creer une Haute autorite conjointe, une communaute franco-allemande du charbon et de l’acier ouverte aux autres pays europeens. La secondemissive est personnelle, et indique au Chancelier que le but de la proposition francaisen’est pas economique mais eminemment politique.20 Mischlich arrive a Bonn le soir du8 mai, et voit Adenauer le lendemain matin, vers 11 heures, alors que le Chancelier

14. Le Soir, 16 mai 1950.15. Michel Lauwers, ‘L’Allemagne avertie en dernier?’, dans l’Echo, 9 mai 2000.16. Robert Schuman, ‘La bombe’ du 9 mai 1950’. Tire a part de deux lecons inaugurales prononcees les 22

et 23 octobre 1953 au College d’Europe a Bruges. Cite dans Rieben, Un changemen t, p. 171. Nous avons omisde reprendre le passage portant sur le gouvernemen t federal allemand qui nous para õ t assez confus. Robert Schumanreprendra par ailleurs une version assez semblable dans son livre-testament. Pour l’Europe, Paris, 1963, pp. 165–6.On notera aussi que J. R. M. Van den Brink, qui etait ministre hollandais des Affaires economiques de l’epoquese souvient avoir reagi favorablement a la proposition francaise, contrairement a Willem Drees (Premier ministre)et Stikker (Ministredes Affaires etrangeres), qui y voyaient dans un premier temps un projet pouvant faire ombrageaux bonnes relations avec les Etats-Unis. Entretiendu 23 aout 2000. Si l’on sait aussi que du cote belge, Duvieusartetait plus ‘europeiste’ que van Zeeland, alors ministre belge des Affaires etrangeres, on peut comprendre queSchuman ait prefere passer par les ministres des Affaires economiques plutot que par les ministres des Affairesetrangeres. Il est en outre a noter que les archives de Van den Brink sont aujourd’hui encore inconsultables .

17. Robert Schuman, ‘Origines et elaboration du Plan Schuman’, dans La Naissance d’un continent nouveau,Lausanne, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, 9 mai 1990, pp. 41–44.

18. Konrad Adenauer, Memoires, 1945–1953, Paris, 1965, p. 327. Robert Mischlich con� rme en rapportantque le matin du 8 mai 1950, en lui decrivant sa mission, Robert Schuman lui con� a que ‘le Chancelier Adenauern’est pas dans la con� dence, car rien ne fut dit ni suggere a Bonn, de ce qui se preparait rue Martignac.’ RobertMischlich, Une mission secrete a Bonn, Lausanne, 1986, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, p. 59.

19. Robert Mischlich, Un mission, p. 57.20. Konrad Adenauer, Memoires, p. 327. A la suited’Adenauer, on a souvent parle desdeux lettresde Schuman.

Toutefois, Hans Peter Schwarz, dans sa biographie d’Adenauer parle a raison d’une seule lettre envoyee (et nondeux) de Schuman a Adenauer et apportee par Mischlich a Blankenhorn , (Adenauer, der Aufstieg: 1876–1952,Stuttgart, pp. 503–10). Schwarz parle aussi de deux lettres de reponse–une of� cielle et une personnelle-d’Adenauer, que le chancelier remit a Mischlich, d’apres Schwarz, le lundi 8 a 18h50. En fait Schuman avait remisa Mischich le texte of� ciel de la proposition francaise auquel il avait joint une lettre personnelle. Il y avait doncbien une seule lettre si l’on n’accepte ce mot que dans un sens restreint. Quant a la date du 8 mai, voir la note21, sachant que Schwarz se base sur Blankenhorn .

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allemand se trouvait en plein Conseil des ministres qu’il dut donc interrompre.21 A lalecture des deux lettres, Adenauer qui est d’apres son chef de cabinet Blankenhorn‘delirant de joie’22, fait immediatement etat de son ‘approbation de tout cœur’23, si bienque Mischlich telephone vers midi a Paris, ‘au moment ou le Conseil des ministresfrancais etait deja leve et dut � nalement se rasseoir.’24 ‘Ce que dit (a ce moment)Schuman a ses collegues’, ecrira Monnet, ‘appartient au secret du Conseil, mais j’ai crusavoir qu’il avait ete plus elliptique et moins audible qu’a l’accoutumee. Personne ne miten doute l’opportunite de la proposition qu’il emportait a Londres et qu’appuyaientfortement Pleven et Mayer, meme si la plupart des ministres n’en apprirent les termesexacts que dans la presse du lendemain.’25 Il est en outre tonique de noter que JeanMonnet lui-meme n’etait pas au courant de ce que Mischlich avait vu Adenauer, nel’ayant appris qu’en lisant les Memoires d’Adenauer en 1965.26 Ceci illustre a nouveaua quel point Robert Schuman a prepare toute l’operation dans le plus grand secret. Celaexplique aussi que la reunion des cinq ministres des Affaires economiques tenue a Parisle 8 mai 1950 soit restee meconnue. Mais ce que l’on retiendra en ce qui nous concerne,c’est que si les temoignages d’Adenauer, de Schuman et de Mischlich rendent � delementcompte, du cours des evenements27, l’Allemagne n’a ete prevenue que le 9 mai, soitapres les ministres des Affaires economiques des pays allies de la France durant laseconde guerre. Ces derniers auraient des lors ete mis au parfum de la ‘bombe Schuman’,avant meme qu’elle n’eclate, le 9 mai 1950, sur le coup de 18 heures, a la faveur d’uneconference de presse organisee au salon de l’Horloge du Quai d’Orsay. Cela voudraitdire que Schuman a d’abord voulu s’assurer l’appui de ses anciens allies avant celui deson ancien ennemi. Ce constat n’est pas denue d’interet, meme si la question n’a� nalement qu’une valeur assez symbolique. C’est que l’important residait sans douteailleurs. En effet, meme si pour Monnet, ‘l’Europe ne (pouvait) na õ tre que de laFrance’28, dans le meme temps, sans le feu vert allemand, la France ne pouvait accoucherque d’une souris.

Universite Catholique de Louvain VINCENT DUJARDIN

21. La chronologie des faits exposes ci-dessus est quelque peu contrariee par Herbert Blankenhorn , chef decabinet du chancelier allemand qui af� rme que Mischlich a rencontre Adenauer le 8 mai a 18 heures. VoirL’Europe, une longue marche, Lausanne, Fondation Jean Monnet pour l’Europe. 1985, p. 62. Hans-PeterSchwarz reprend cette chronologi e (Adenauer, der Aufstieg: 1876–1952, Stuttgart, p. 503). Quant a BernardClappier, chef de cabinet de Robert Schuman, il declare en 1985 que le Chancelier a ete prevenu le 8 maiapres-midi par Mischlich (L’Europe, une longue marche, Lausanne, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, 1985,pp. 26–7), mais ecrit un an plus tard que Mischlich accomplit sa mission aupres d’Adenauer dans la matinee du9 mai. Il precise cette fois que c’est le soir du 8 mai que Robert Mischlich prend le train pour Bonn ajoutant:‘je precise la date car elle a ete autrefois controversee.’ Bernard Clappier, ‘L’aventure du 9 mai 1950’, dans Unememoire vivante, Lausanne, Fondation Jean Monnet pour l’Europe, 1986, p. 56. Ces temoignages sont a mettreen balance avec la version de Schuman, de Monnet, mais surtout d’Adenauer et Mischlich eux-memes. Onrelevera aussi que le 8 mai 1950 etait le jour-anniversaire de la capitulation allemande de 1945 … RobertSchuman a-t-il souhaite eviter cette coõ¨ncidence pour contacter le chancelier Adenauer? Par contre, il est etonnantde constater que les lettres de reponse d’Adenauer a Schuman sont datees du 8 mai. Adenauer a-t-il voulumarquer ainsi qu’il repondait promptement a la missive de son homologue francais, qui est datee du 7 mai? Est-cela date de ces lettres qui a induit en erreur Blankenhorn dans sa chronologie des evenements? Il est impossiblede repondre de facon de� nitive a cette question, ne disposant que des elements exposes ci-dessus.

22. Marie-Therese Bitsch, Histoire de la construction europeenne, p. 68.23. Konrad Adenauer, Memoires, p. 328.24. Jean Monnet, Memoires, Paris, 1976, p. 358.25. Jean Monnet, Memoires, pp. 358–9.26. ‘Ce que j’en sais, je l’ai lu dans les Memoires d’Adenauer ’ ecrit-il. Jean Monnet, Memoires, p. 358.27. Sur les reserves que l’on peut malgre tout avoir a cet egard, voir la note 21.28. cfr supra.

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