2
Hubert Bouché Coup d’œil sur d’anciens budgets communaux de Pleuven La comptabilité communale est devenue une réalité complexe, et bien des citoyens auraient du mal à s'y retrouver. Il n’en fut pas toujours ainsi : aux temps lointains de Napoléon 1 er et de Louis XVIII, le recto d'une unique feuille de papier suffisait pour consigner les comptes d'une année de la commune de Pleuven. Deux lignes pour les recettes: - des centimes additionnels aux contributions personnelle et mobiliaire, la ressource principale; - une modique attribution sur le montant des patentes. A partir de 1824, on a aussi timidement tablé sur un "montant des amendes" qui n'a jamais été bien fort, inexistant certaines années. Quant aux dépenses, une dizaine de lignes suffisaient habituellement pour les présenter: abonnement au "Bulletin des lois", papier, encre, bois, chandelle, timbres fiscaux, participation au traitement du préfet et rétribution du "messager" de la commune. Quand le secrétariat ne se tenait pas au domicile du maire, et les réunions dans un café du bourg, on ajoutait le loyer de "la maison commune". De-ci, de-là, quelques dépenses extraordinaires, par exemple pour "aider à la propagation de la vaccine", ou pour participer à l'entretien et à l'éducation d'un enfant trouvé. Bon an, mal an, on atteignait 100 à 150 francs, les recettes l'emportant toujours de quelques francs sur les dépenses. A partir de 1823, les budgets et comptes sont établis sur des formulaires imprimés (44 x 30 cm); au fil des années, le nombre des feuilles, chapitres, rubriques ne cesse d'augmenter : quelques-unes seulement de ces dernières étaient utilisées par le receveur de la commune de Pleuven. Jusqu'en 1845, Pleuven n'a rien dépensé pour l'instruction publique. Beaucoup de maires à l'époque ne voyaient pas d'intérêt à la scolarisation des enfants... quand ils ne sien méfiaient pas! Aux efforts méritoires des administrations pour tenter d’ouvrir des écoles, ils ont souvent opposé une force d'inertie efficace: de 1836 à 1844, elles ont réussi à faire inscrire chaque année 500 F. au budget de Pleuven pour "le logement et le traitement de l'instituteur"; à la fin de chaque exercice, on retrouve cette somme dans la colonne: "Crédits prévus au budget et restés sans emploi" ! Jusqu'en 1841, la commune n’a rien dépensé pour l'entretien et le développement de sa voirie. En 1829, il y avait trois routes à Pleuven : - la route N° 1 partait du bourg, rejoignait le débouché de l'allée de Cheffontaines, et de là se continuait jusqu'au Moulin du Pont; -la route N° 2 partait du débouché de l'allée de Cheffontaines et conduisait à la limite de la commune en direction de Bénodet; - la route N° 3 partait du Moulin du Pont et conduisait aussi à la limite de la commune, vers Bénodet. En tout, 6 Km, estimait le maire. 1/2

Mairies communes du Pays de Fouesnant --php o-zzssw

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Mairies communes du Pays de Fouesnant -

Citation preview

Page 1: Mairies communes du Pays de Fouesnant --php o-zzssw

Hubert Bouché

Coup d’œil sur d’anciens budgets communaux de

Pleuven

La comptabilité communale estdevenue une réalité complexe, et bien descitoyens auraient du mal à s'y retrouver. Iln’en fut pas toujours ainsi : aux tempslointains de Napoléon 1 er et de LouisXVIII, le recto d'une unique feuille depapier suffisait pour consigner les comptesd'une année de la commune de Pleuven.

Deux lignes pour les recettes:- des centimes additionnels aux

contributions personnelle et mobiliaire, laressource principale;

- une modique attribution sur lemontant des patentes.

A partir de 1824, on a aussitimidement tablé sur un "montant desamendes" qui n'a jamais été bien fort,inexistant certaines années.

Quant aux dépenses, une dizaine delignes suffisaient habituellement pour lesprésenter: abonnement au "Bulletin deslois", papier, encre, bois, chandelle,timbres fiscaux, participation au traitementdu préfet et rétribution du "messager" de lacommune. Quand le secrétariat ne se tenaitpas au domicile du maire, et les réunionsdans un café du bourg, on ajoutait le loyerde "la maison commune". De-ci, de-là,quelques dépenses extraordinaires, parexemple pour "aider à la propagation de lavaccine", ou pour participer à l'entretien età l'éducation d'un enfant trouvé. Bon an,mal an, on atteignait 100 à 150 francs, lesrecettes l'emportant toujours de quelquesfrancs sur les dépenses.

A partir de 1823, les budgets etcomptes sont établis sur des formulairesimprimés (44 x 30 cm); au fil des années,

le nombre des feuilles, chapitres, rubriquesne cesse d'augmenter : quelques-unesseulement de ces dernières étaient utiliséespar le receveur de la commune de Pleuven.

Jusqu'en 1845, Pleuven n'a riendépensé pour l'instruction publique.Beaucoup de maires à l'époque ne voyaientpas d'intérêt à la scolarisation des enfants...quand ils ne sien méfiaient pas! Auxefforts méritoires des administrations pourtenter d’ouvrir des écoles, ils ont souventopposé une force d'inertie efficace: de1836 à 1844, elles ont réussi à faire inscrirechaque année 500 F. au budget de Pleuvenpour "le logement et le traitement del'instituteur"; à la fin de chaque exercice,on retrouve cette somme dans la colonne:"Crédits prévus au budget et restés sansemploi" !

Jusqu'en 1841, la commune n’a riendépensé pour l'entretien et ledéveloppement de sa voirie. En 1829, il yavait trois routes à Pleuven :

- la route N° 1 partait du bourg,rejoignait le débouché de l'allée deCheffontaines, et de là se continuaitjusqu'au Moulin du Pont;

-la route N° 2 partait du débouchéde l'allée de Cheffontaines et conduisait àla limite de la commune en direction deBénodet;

- la route N° 3 partait du Moulin duPont et conduisait aussi à la limite de lacommune, vers Bénodet.

En tout, 6 Km, estimait le maire.

1/2

Page 2: Mairies communes du Pays de Fouesnant --php o-zzssw

Ces routes étaient bordées de haieset larges de 6 à 7 mètres. L'empierrementlaissait à désirer, mais on ne réparait pas,car les pleuvennois susceptibles de fournirdes pierres se refusaient à le fairegratuitement. D’ailleurs, même s'ils avaientété moins regardants, le problème dutransport se serait posé, les carrières setrouvant "aux extrémités de la commune".Mais nul ne s'est jamais fatigué à trouverune solution à cet état de choses.

A l'automne 1820, le pont duMoulin du Pont s'est rompu. CorentinClorennec, maire de Pleuven de 1800 à1837, a pris l'affaire en mains et a estiméque pour réparer il fallait: "15 bonnespoutres de 12 pieds de longueur et 20 à 25poutrelles et madriers pour les rouvrir",soit une dépense de 50 F., plus "15journées de maçon et 50 journéesd'hommes de corvée avec une vingtaine devoitures pendant une journée pourcharroyer les pierres".

Les maires de Pleuven, Ergué-Armel,Gouesnac'h, Clohars-Fouesnant et Perguetse sont très bien entendus pour faire face àl'adversité. Ils se sont fait fort d'obtenir deleurs administrés la fourniture gratuite dela main d'oeuvre, mais une fois passé letemps des semailles. Puis ils ont adressé aupréfet une demande de subvention de 50 F.Le préfet leur a aimablement répondu qu'illes autorisait à inscrire chacun une dépensede 10 F au budget de leurs communesrespectives. Ce n'était pas du tout ce qu'ilsavaient espéré! Un homme providentiel estalors intervenu, en la personne d'Alain-Jacques de Kergos, Conseiller dePréfecture et porteur d'une "autreproposition" qui a tout de suite été adoptée.On ignore malheureusement la teneur decette "autre proposition", on sait seulementqu'elle a permis la réparation du pont sansobérer les finances de Pleuven, et pasdavantage celles des autres communesconcernées.

2/2