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Pleuven Pleuven se dote d’une mairie Au bourg de Pleuven, dans l’enclos de l’ancienne école, une construction attire l’attention du promeneur par l’exiguïté de ses dimensions : il s’agit d’une ancienne mairie. On sait que de nombreuses communes rurales ont attendu que le XIXe siècle soit bien avancé - voire dépassé - pour se doter d’un local spécifique aux activités municipales, soit par manque de finances, soit parce qu’elles n’en voyaient pas la nécessité. Longtemps les archives ont été conservées et les réunions du conseil organisées chez les maires, chez des particuliers, ou même dans des auberges. Pour passer d’une salle d’auberge à une mairie digne de ce nom, on a parfois transité par l’école. Ainsi à Pleuven, en 1892, Tristan Jan, maire, s’est installé dans une pièce de l’école. Pour la meubler, il a obtenu du Département une subvention de 147 francs, et dépensé 146,75 francs pour acheter : 5 étagères, chacune divisée en quatre cases ; 2 tables à deux tiroirs avec serrures ; 1 armoire avec serrure ; 13 chaises ; 2 écharpes ; 1 registre de délibérations et un Code civil broché. La construction de la première mairie de Pleuven a été l’œuvre du maire Ange Le Gualès. La commune, sans mairie, était de ce fait en contravention avec la législation régissant l’administration municipale, et en retard sur bien d’autres localités voisines. En 1905 et 1906, Le Gualès a pris contact avec la Préfecture et l’Inspection académique. Ces deux administrations ont accepté que la nouvelle construction soit implantée dans la cour de l’école, à condition toutefois qu’elle soit accessible au public à partir de la rue. 1/7

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Pleuven

Pleuven se dote d’une mairie

Au bourg de Pleuven, dans l’enclos de l’ancienne école, une construction attire l’attention du promeneur par l’exiguïté de ses dimensions : il s’agit d’une ancienne mairie. On sait que de nombreuses communes rurales ont attendu que le XIXe siècle soit bien avancé - voire dépassé - pour se doter d’un local spécifique aux activités municipales, soit par manque de finances, soit parce qu’elles n’en voyaient pas la nécessité. Longtemps les archives ont été conservées et les réunions du conseil organisées chez les maires, chez des particuliers, ou même dans des auberges. Pour passer d’une salle d’auberge à une mairie digne de ce nom, on a parfois transité par l’école. Ainsi à Pleuven, en 1892, Tristan Jan, maire, s’est installé dans une pièce de l’école. Pour la meubler, il a obtenu du Département une subvention de 147 francs, et dépensé 146,75 francs pour acheter : 5 étagères, chacune divisée en quatre cases ; 2 tables à deux tiroirs avec serrures ; 1 armoire avec serrure ; 13 chaises ; 2 écharpes ; 1 registre de délibérations et un Code civil broché.

La construction de la première mairie de Pleuven a été l’œuvre du maire Ange Le Gualès. La commune, sans mairie, était de ce fait en contravention avec la législation régissant l’administration municipale, et en retard sur bien d’autres localités voisines. En 1905 et 1906, Le Gualès a pris contact avec la Préfecture et l’Inspection académique. Ces deux administrations ont accepté que la nouvelle construction soit implantée dans la cour de l’école, à condition toutefois qu’elle soit accessible au public à partir de la rue.

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Plans et devis ont été demandés à M. Cotten, menuisier et entrepreneur à Pleuven, qui a proposé un local à pièce unique, mesurant 6 mètres sur 5, pour un prix de 1126,47 francs. Le 26 août 1906, Ange Le Gualès a soumis le projet au conseil municipal qui l’a adopté. Ont voté pour : MM. Gouin, Rivière Jean-Marie, Séhidic, Jan, Le Gualès. Contre : M. le marquis de Cheffontaines, Le Meur. Alain Thomas s’est abstenu, Charles Rivière, Guillaume et Pierre Cosquéric, Le Carre étaient absents. Le point de vue des opposants et des indifférents n’a pas tardé à évoluer : le 14 octobre 1906, c’est à l’unanimité que le conseil a confirmé la décision de construction de la mairie, et adopté un plan de financement : emprunt de 726 francs auprès de la Caisse des Dépôts et Consignations, et subvention de 400 francs du Département.

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On note que la nouvelle mairie sera construite « au nord de la cour des filles, ce qui rendra cette cour, très exposée au vent du nord, moins exposée l’hiver ». Le préfet a accordé sans difficulté la permission d’emprunter ; pour décrocher la subvention départementale, l’avis de M. Louis Hémon, député, a été nécessaire. Une commission de trois membres, MM. Gouin, Jan, Pierre Cosquéric, a été désignée pour surveiller les travaux. Enfin, le 1er septembre 1907, le conseil à l’unanimité « a accepté cette mairie et approuvé le travail de M. Cotten ». 1894 : Le choléra au bourg de Pleuven ! Des démarches sont entreprises en vue du percement d’un nouveau puits au bourg de Pleuven : « Ce travail est devenu très urgent surtout depuis les trois cas de choléra qui se sont produits au bourg à la fin du mois dernier, et qui ont été attribués à la mauvaise qualité de l’eau d’un puits qui n’est éloigné du cimetière que de 10 mètres et dans lequel tous les habitants du bourg sont obligés d’aller puiser leur eau, étant unique, à moins d’aller à une fontaine qui est éloignée de 400 mètres. » N.B. : Les renseignements ci-dessus, parus dans notre bulletin de janvier 1990, ont été relevés par Hubert Bouché. 1894 - L'arbre de la Liberté de Pleuven en danger. . . M. Lesneven, notaire à Quimper, possède une belle propriété au bourg de Pleuven : c'est là où se trouve aujourd'hui la mairie. Mais un litige oppose l'homme de loi à la municipalité de Pleuven depuis plusieurs années: Lesneven prétend que la portion de terrain contenant le chêne de la Liberté lui appartient comme dépendance et issue de sa propriété. La Justice, à deux reprises, a tranché en faveur de la commune de Pleuven qui « est maintenue dans la possession exclusive d'une portion de ce terrain qui contient l'arbre de la Liberté ». Toutefois le notaire revient à la charge, et le Conseil municipal se réunit le 23 décembre 1894. « La commune croyait la chose finie mais elle revient de nouveau car M Lesneven, toujours en quête de chicane, désire trancher par la juridiction compétente la question de propriété et annonce qu'il va actionner en justice la commune. Attendu que le chemin d'intérêt commun no12 (route de Quimper à Fouesnant) passait il y a quarante ans par le verger Lesneven du côté midi, Attendu que la commune a un acte de l'achat du tel"rain acheté à M Bédel du Tertre pour construction du groupe scolaire, et qui atteste de manière irréfutable le passage du chemin ci-dessus par le verger Lesneven, Considérant que le morceau de terrain qui contient l'Arbre de la Liberté est en bordure de cet ancien chemin et de celui d'aujourd'hui, Par ces motifs, le conseil municipal de Pleuven à l'unanimité des membres, maintient ses droits sur le terrain.

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1900 – La maison d’école enfin réparée La maison d’école de Pleuven est en piteux état depuis 1896. Construite pourtant il y a peu d’années, elle souffre en réalité de malfaçons : le mur a été bâti avec un mauvais ciment qui se détériore de jour en jour ; les portes, mal faites, sont peu fonctionnelles. Et quand survient une forte tempête à l’automne 1896, le bâtiment est sérieusement endommagé et les eaux s’infiltrent désormais dans les murs. Le maire, Tristan Jan, est préoccupé par cet état de choses, mais les finances communales sont désastreuses en cette fin de 1ge siècle. Que faire ? Le conseil se réunit le 15 juin 1900, et décide que « l’entrepreneur qui a construit l’école devra faire les réparations à ses frais attendu qu’il ressort que la construction a été mal faite et que la garantie de dix ans qu’il a approuvée n’est pas encore écoulée ». Hélas, une vérification plus attentive des documents va démontrer que le délai est dépassé et que la garantie décennale ne peut être opposée à l’entrepreneur peu consciencieux. Les travaux de réparation du mur seront alors confiés à Monsieur Chalony et démarreront dès octobre 1900 ; la toiture sera remise en état en 1901. Le maire et les adjoints, lors de la visite du groupe scolaire, constatent l’impérieuse nécessité d’autres travaux « Les murs de l’école des garçons n’ont as été blanchis depuis longtemps et sont très sales. Bien des portes ne ferment plus à clef et demandent une réparation peu coûteuse. Les urines séjournent sur la voie publique par suite de l’obstruction de l’aqueduc. Les tableaux noirs, de l’école des garçons surtout, ont besoin d’être repeints ,. Deux d’entre eux sont en très mauvais état et, vu leur petitesse et le nombre croissant de jour en jour d’élèves fréquentant l’école, l’acquisition d’un nouveau tableau s’impose. Les maîtres ne possèdent pas de balais, d’arrosoirs ni de pelles pour le nettoyage de la classe. Après en avoir délibéré, Le Conseil, à l’unanimité, décide : 1° qu’il sera inscrit au budget un crédit annuel de cinq francs pour l’acquisition de balais 2° que vu l’état précaire des finances, il ne peut subvenir à l’entière dépense et vote un crédit de 25 francs, et prie Monsieur le Maire de solliciter de la Commission départementale une subvention pour parfaire la somme nécessaire qui sera fixée d’après un devis à établir et s’élevant au maximum à cent francs. » Grâce à une municipalité diligente, tout sera réglé dans l’année . . . sauf le sort des urinoirs car, faute d’argent, les canalisations ne peuvent être réparées. En attendant mieux, la mairie achètera « deux bailles » pour les urinoirs « qui devront être vidées assez souvent »…

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1901 – Mobilisation réussie autour du lavoir de Pleuven L'adjoint au maire Le Gualès fait en ce 22 mai 1901 une déclaration intéressante au Conseil municipal. En voici la teneur. « A cent mètres au sud du bourg se trouve un lavoir des plus rudimentaires qui sert aux ménagères du bourg et de toutes les fermes environnantes. La source qui l’alimente est très bonne; on y a de l’eau continuellement et en grande quantité. Malheureusement les laveuses sont obligées de se tenir sur des pierres posées ça et là; derrière elles se trouve une mare d’eau boueuse croupissante qui provient de ce que les eaux du lavoir s'échappant un peu de tous côtés n'ont pas une canalisation suffisante pour s’échapper toutes par le ruisseau situé plus bas. Cette mare borde l'ancienne route de Quimper. En été, les porcs s y vautrent et il s'en dégage des émanations fétides au plus haut point. C’est une source d'insalubrité notoire. De plus, en hiver, les laveuses sont complètement dans l'eau. Il serait à désirer que l'on puisse à cet endroit construire une fontaine saine (c'est la seule qui alimente le bourg) et un lavoir construit dans de bonnes conditions. La mare serait desséchée, comblée avec des pierres et des déblais de toute sorte. Une conduite d’écoulement des eaux serait faite. M. Le Gualès a consulté plusieurs entrepreneurs: le plus consciencieux, dit-il, a fixé le montant des dépenses à 300 francs. Mais l'adjoint est bien placé pour savoir que la situation financière de la commune ne permet pas de disposer d'une telle somme. Aussi s’est-il adressé directement « aux intéressés et aux personnes de bonne volonté et s'est inscrit lui-même en tête de la liste de souscription pour une somme de 50 francs. Il est certains d'ores et déjà de recueillir dans la commune un minimum de 150 francs ». S'il vient vers le conseil municipal, c'est pour obtenir une subvention de principe, « un crédit aussi minime soit il », pour prouver l'adhésion de la municipalité au projet.

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Le conseil municipal, visiblement ému par générosité de l'adjoint Le Gualès, et impressionné par son initiative, le félicite d'abord chaudement, et vote ensuite à l'unanimité un crédit extraordinaire de 15 francs. Le maire s'engage aussi à saisir la commission départementale, «qui vu les dangers qu'il y a pour Pleuven de laisser cette partie du bourg dans un tel état d'insalubrité voudra bien seconder la commune » dans son effort. Ce sera chose faite, et grâce à une mobilisation exemplaire, les travaux, confiés à l'entrepreneur Le Goff d'Ergué-Armel, pourront démarrer en octobre 1901. En effet la souscription recueillie se montera à 176 francs et le préfet acceptera d'allouer en septembre 109 francs pour clore les dépenses. 1902- Attribution des premiers prix scolaires En 1901, l'absentéisme est fort à l'école de Pleuven - comme ailleurs -. L'instituteur de l'école des garçons, que fréquentent alors 66 élèves, sensibilise la municipalité à ce problème. Comment attirer les enfants et les rendre assidus aux cours ? Le conseil municipal de Pleuven a son idée et l'évoque dans sa séance du 15 septembre 1901. . . « Attendu que dans plusieurs écoles voisines, on encourage les enfants, soit en leur donnant des prix, soit en les attirant en faisant aux parents certaines concessions très variées quant à la forme, ... Que le Conseil doit par tous moyens seconder les efforts de l'instituteur sous le rapport d'une fréquentation régulière, Décide qu'en principe il sera voté en mai prochain la somme nécessaire à l'attribution de prix aux élèves des écoles de Pleuven ». La municipalité votera comme promis le 12 mai 1902 la somme de 30 francs pour l'achat des prix scolaires destinés aux bons élèves du village. 1904 - Attention danger. . . Prière de ralentir. . . La route qui traverse le bourg de Pleuven est dangereuse, un virage accentué est à l'origine de plusieurs accidents: le conseil municipal s'en émeut le 21 août 1904. Monsieur le Maire fait observer que les automobilistes traversent le bourg à toute vitesse. Plusieurs accidents sont survenus. Il a pris à la date du 18 août 1904 un arrêté interdisant aux bicyclettes et automobilistes d'aller à une vitesse de plus de 10 kilomètres à l'heure dans la traversée du bourg. Monsieur de Cheffontaines, conseiller municipal, informe le Conseil que, comme affilié à la Société « Association générale automobile », il se fera un plaisir de faire placer à ses frais des poteaux priant de ralentir. Le Conseil approuve ces mesures prises.

Annick Le DOUGET

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