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Les maires de la commune de BENODET Le maire est le premier magistrat de la commune. Le mot est très ancien, et il a désigné sous l'Ancien Régime des personnages aux fonctions très diverses. Mais c'est l’Assemblée Constituante du 12 novembre 1789, complétée par la loi électorale du 14 décembre suivant qui a institué les communes, dont le territoire s'est le plus souvent superposé à celui des paroisses et des trèves. Ces communes sont administrées par un "Conseil général comprenant : le maire, les officiers municipaux les conseillers et les notables. Après avoir été Elu dans sa commune par les citoyens actifs (payant l'impôt), le maire fut nommé par le Préfet. La Constitution de 1848 institua le suffrage universel, deux ans plus tard on en revint au régime antérieur. Puis le décret du 2 décembre 1851 rétabli le suffrage universel. A PERGUET, le premier acte révolutionnaire fut de rassembler la population dans l'église paroissiale pour désigner les délégués à la redaction du cahier de doléances et à l'élection des Députés du Tiers-Etat aux Etats Généraux. Ceci se passait le 5 avril 1789. Pierre Le CAIN, habitant Le Letty-Keramborgne, et Jean Le GOFF, de Keranéras avaient la confiance de leurs concitoyens et acceptaient d'aller à Concarneau à leurs frais pour la mission qui leur était confiée. J’imagine mal le bouillonnement des idées dans cette population dont la quasitotalité était illettrée, profondément catholique, soumise ou rebelle" à l'annonce des décisions de révolutionnaires parisiens qui lui demandaient de désigner elle-même ses administrateurs: les plus fortes personnalités émergeaient. Le rappel qui suit du fonctionnement de nos premières municipalités à Perguet, depuis l'institution de la fonction, est sans prétention. En citant les maires, je relaterai aussi quelques faits, des anecdotes qui révèlent leurs difficultés à assumer leur tâche, parfois des traits de leur personnalité. Quels furent les soucis de nos premiers maires ? BENODET 1/8

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Les maires de la commune de BENODET

Le maire est le premier magistrat de lacommune. Le mot est très ancien, et il adésigné sous l'Ancien Régime despersonnages aux fonctions très diverses.Mais c'est l’Assemblée Constituante du 12novembre 1789, complétée par la loiélectorale du 14 décembre suivant qui ainstitué les communes, dont le territoires'est le plus souvent superposé à celui desparoisses et des trèves. Ces communes sontadministrées par un "Conseil généralcomprenant : le maire, les officiersmunicipaux les conseillers et les notables.Après avoir étéElu dans sa commune par les citoyensactifs (payant l'impôt), le maire fut nommépar le Préfet. La Constitution de 1848institua le suffrage universel, deux ans plustard on en revint au régime antérieur. Puisle décret du 2 décembre 1851 rétabli lesuffrage universel.

A PERGUET, le premier acterévolutionnaire fut de rassembler lapopulation dans l'église paroissiale pourdésigner les délégués à la redaction du

cahier de doléances et à l'élection desDéputés du Tiers-Etat aux Etats Généraux.Ceci se passait le 5 avril 1789. Pierre LeCAIN, habitant Le Letty-Keramborgne, etJean Le GOFF, de Keranéras avaient laconfiance de leurs concitoyens etacceptaient d'aller à Concarneau à leursfrais pour la mission qui leur était confiée.J’imagine mal le bouillonnement des idéesdans cette population dont la quasitotalitéétait illettrée, profondément catholique,soumise ou rebelle" à l'annonce desdécisions de révolutionnaires parisiens quilui demandaient de désigner elle-même sesadministrateurs: les plus fortespersonnalités émergeaient.Le rappel qui suit du fonctionnement denos premières municipalités à Perguet,depuis l'institution de la fonction, est sansprétention. En citant les maires, je relateraiaussi quelques faits, des anecdotes quirévèlent leurs difficultés à assumer leurtâche, parfois des traits de leurpersonnalité. Quels furent les soucis de nospremiers maires ?

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Il faut savoir que pendant plusieursdécennies la commune n'eut pas d'argent,pas d'école, des routes impraticables... etpas de mairies aucun lieu public pour seréunir, en dehors de l'église. On les trouveappliqués à tenir les registres de l'état-civil:naissances, mariages et décès, quiremplaçaient les B.M.S. (baptêmes,mariages, sépultures) jusque là tenus parles prêtres. Et il semble bien que l'un desprincipaux rôles du maire en ces premièresannées de la République et dans lesrégimes qui se sont succédé fut dereprésenter le pouvoircentral dans la commune.

Pierre Le CAINPierre Le Cain fut le premier maire

de la commune de Perguet; il établit lesactes de l’état-civil jusqu'au 14 brumaireAn III (octobre 1794) et décède le 26ventose de cette même année. La premièremunicipalité comprenait Jean Le GOFF, dumoulin de Kereven et Alain KERAVEN, officiers municipaux; Jean LeGOFF, agent national; Mathurin RIEN fils,Corentin NEDELEC, GuillaumeQUILFEN, notables; François CARADECet Pierre Le LOUEDEC, Jacques DANZEétait secrétaire greffier.

Au décès de Pierre Le CAIN, YvesGUILLERMOU entre dans le conseil etMichel Le CAIN devient notable.

Jusqu'au 23 brumaire An VII, c'estJacques DANZE qui signe les actes del’état civil. Ensuite, les registres sontsignés de Jean-Marie KERAVEC quiprécise sa position: "faisant fonctiond'officier public".

Michel Le CAINLe nom de Michel Le CAIN, qui

est le fils du précédent, apparaît sur lesregistres le 20 brumaire de l'An VII (12novembre 1799). On trouve ensuite sasignature sur tous les actes de mariage dela commune, jusqu'au 19 février 1821. Uneseule exception: un mariage célébré aumois d'août 1818 (le jour n'est pas précisé).C'est Le CLINCHE, adjoint au maire, quiofficie: C'est que le maire marie son fils,Joseph, âgé de 21 ans, à Louise COTTEN,21 ans, de Gouesnac'h. L'acte de mariageest suivi de six signatures, fait très rare àl'époque: celle du marié, celles de son pèreet de sa mère Josèphe CLORENNEC; cellede l'officiant, Le CLINCHE, adjoint; etdeux autres CLORENNEC dont l'un,Alain, était le notaire qui installa lespremières municipalités du canton etremplaça Alain NEDELEC dans lesfonctions de Juge de Paix en 1792. Unrapport du préfet MIOLLIS nous éclaire unpeu sur la personnalité du maire et celle deson épouse:"Cultivateur, ayant 2.000 livres de rente,moral et très attaché au gouvernement;marié avec un garçon en bas-âge. Quoiquepresque illettré, c'est le plus instruit decette commune située à l’embouchure de la rivière de Quimper et àson côté gauche en allant vers la mer, sil'on excepte le curé et les militaires. 50 ans.Son épouse, jeune personne plus instruiteet plus active que lui, remplit très bien lesfonctions de maire sous le nom de sonmari. Cette familleest aimée" .

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Malade, Michel Le CAIN démissionnera le16 juillet 1821. On peut supposer qu'il nedébordait pas d'estime pour son adjointJean-François Le CLINCHE. Dans sa lettreil fait savoir au Préfet que sa maladiel'empêche d'exercer ses fonctions, lesupplie d'accepter sa démission et luipropose Monsieur GUÉDEC pour luisuccéder:"Monsieur GUÉDEC est propriétairedébitant de tabac à la résidence deBénaudet. Ce monsieur dont la conduite etle dévouement pour l'auguste famille desBourbons sont connus réunit toutes lesqualités nécessaires pour occuper cetteplace. Il est absolument le seul sujet digneet acceptable de remplir cette fonction".

- HERVE, propriétaire.- Corentin NEDELEC par Charles LeGALL son gendre.- Marc VINCENT par Michel Le CAIN,ancien maire et riche propriétaire.- Thomas CALVEZ par CARADEC.Dans une lettre du 22 octobre 1827,l'adjoint Le CLINCHE signale au Préfet ledécès du maire Ollivier GUÉDEC. Celui-ciavait 30 ans, habitait Bénaudet; il est mortle 20 octobre. Quatre jours plus tôt, onenterrait sa fille Marie-Renée, âgée de 2ans, et deux semaines plus tard (le 5novembre), décédait sa fille Marie-Josèphequi avait 7 ans. Maladie infectieuse ?Epidémie ?

Ollivier Ollivier GUÉDECAIN au mois recevra les actesaoût 1827. Le 18Préfet de rempdivers, quatre municipal:- Drian PULOCH

Marie GUÉDECC succède à Michel Lede décembre 1821, et il de l'état-civil jusqu'au 28 avril 1823, il demande aulacer, pour des motifs

membres du conseil

E par Jean QUÉNÉ

BRIANT DE LAUBRIERE

Le chevalier BRIANT DE LAUBRIÈREest nommé maire de Perguet par décisiondu Préfet du Finistère le 3 novembre 1827.Dès le lendemain il prête serment devantLe CLINCHE,Adjoint, et en informe le Préfet .Trois mois plus tard, en mars 1828, il

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demande au Préfet de remplacer quatre membresdu conseil municipal:- Guillaume QUILFEN prendrait la place de sonpère, très âgé et illettré.- Joseph Le LOUEDEC remplacerait LeMARREC, un vieillard.- François CARADEC prendrait la place de LeQUILLEC, paralysé.- Pierre Le CAIN remplacerait NEDELEC,décédé.

Le conseil ainsi complété comprend JeanLe GOFF, Tristan CORIOU, ThomasCALVEZ, Louis Le CAIN, André LePULOCHE, Alain BERROU, FrançoisCARADEC, Pierre Le CAIN, Joseph LeLOUÉDEC et Guillaume QUILFEN.

L'année 1830, aveclachute de CHARLESX et l'avènement de Louis PHILIPPE, fut assezagitée pour le maire de Perguet: le nouveaugouvernement ordonnait de remplacer le drapeaublanc par le drapeau tricolore. Perguet n'avaitqu'un drapeau blanc, pas d'argent pour en acheterun autre et les élus refusaient de se cotiser pourcouvrir la dépense. BRIANT de LAUBRIÈRE (qui était chevalier de l'OrdreRoyal de la Légion d'Honneur) alla demander auPréfet si sa commune pouvait conserver ledrapeau blanc. Il fut vertement reçu et sommé,sous peine de destitution, d'acheter un nouveaudrapeau. Ce qui fut fait, et le drapeau tricolorefut arboré le 11 août à Bénodet, devant lesmembres du conseil et tous les notables.

CONFLIT AVEC L' ADJOINTLe 6 septembre 1830, le Chevalier BRIANT DELAUBRIÈRE signale au Préfet que la veille sonadjoint, le sieur Le CLINCHE, s'est décoré d'uneécharpe blanche pour faire punir un homme quiavait involontairement donné un coup de pierre àun autre."Il est d'autant plus coupable qu'il m'avait vu lematin à la messe, décoré de mon écharpetricolore. L'écharpe blanche a occasionné unehumeur générale et il ne l'a retirée que lorsqu'il avu par lui-même qu'il s'exposait à être insulté. Cemanque très grave dans l'exercice de sesfonctions, joint à plusieurs antécédents... medémontre qu'il ne doit plus mériter de garder desfonctions administratives qui, d'ailleurs, ne l'ontjamais beaucoup occupé car il ne sait ni lire, niécrire que son nom et ne s'embarrasse que de soncommerce, prétexte qu'il me donne toujours pourne pas me seconder, surtoutdepuis le nouveau

règne.Si vous devez remplacer cet adjoint, j'ai

l'honneur de vous présenter le sieur Jean-PierreGOURMELON, marchand de bois, débitant detabac et aubergiste. J'ai de plus l'honneur de vousfaire observer. Monsieur le Préfet, que siMonsieur CARIOU, desservant de notrecommune, reste encore dans sa paroisse et n'estpas remplacé par un autre prêtre qui ne merompe plus en visière, et si M. Le CLINCHE

n'est pas révoqué, il est impossible que jepuisse conserver plus longtemps le postehonorable qui m'est confié, et alors je vousprierais, Monsieur le Préfet, de vouloir bienchoisir entre ma démission que je voussupplierais d'accepter ici ou d'avoir la bonté defaire droit à ma demande" .

Le Préfet accéda à la demande du mairede Perguet.Le 9 septembre il suspendait LeCLINCHE de ses fonctions d'adjoint et le 24 ilnommait à sa place le nommé Jean-PierreGOURMELON.

Le 20 septembre de la même année, lemaire et les élus de la commune prêtaientserment de fidélité au Roi, à la Charteconstitutionnelle et aux lois du Royaume. Desélections municipales eurent lieu le 3 novembre1831: 51 électeurs étaient appelés à élire 12conseillers. Furent élus: François CARADEC,Jean-François Le CLINCHE, Tristan BERROU,Pierre Le CAIN. Louis Le CAIN, AlainBERROU, Julien Le CAIN, Jean-PierreGOURMELON, Charles Le GAC, François LeGOFF, Thomas CALVEZ et GuillaumeQUÉNÉACHERVÉ.

François Le GOFF.François Le GOFF est nommé maire dès

le mois de novembre 1831. Il était meunier aumoulin de Keraven. Durant son mandat, Perguetallait connaître des années difficiles. Troismauvaises récoltes consécutives en 1833, 1834et 1835 obligèrent les cultivateurs à acheter dugrain "au lieu d'approvisionner les marchés". Le28 mars 1836 un ouragan ravagea les bâtiments,les églises, et rasa les vergers. Le 15 mai unincendie détruisit le presbytère, et le desservant,privé de logis, s'en alla en laissant ses paroissienssans pasteur. Avec la disette, les épidémiess'installèrent. Beaucoup de mendiants mouraientdans les fermes. Les décès ne sont même plusdéclarés: celui de Morie-Louise Le GAC, 8 ans,de Keraven - Vras, fait l'objet

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d'un jugement déclaratif de décès un anaprès sa disparition. Dans cette communede quelque 700 âmes on compte 21naissances pour 30 décès en 1837, et 19pour 30 en 1838. François Le GOFF nedevait pas être un modèle d'administrateur.Le 28 juin 1832 le Procureur du Roi luiréclamait les registres de l'état-civil qu'iln'avait pas fournis pour 1831 et le menaçaitde poursuites. Le 8 mars 1837, c'est leReceveur qui se plaint qu'il n'a pas étéfourni d'états de décès de la commune dePerguet depuis le 6 mai 1835. Le presbytère incendié fut vite recons-truit. En 1837 deux conseillers, Pierre LeCAIN et Corentin CARIOU, sont nomméscommissaires spéciaux de surveillance destravaux, exécutés sous la direction de Jean-Marie DESSAUX ingénieur à la retraitedemeurant à Kermaria. Il en coûtera 4559F. François Le GOFF démissionne de sonposte de maire quelques mois après saréélection de1837. Le motif nous estinconnu, mais il ne l'était pas de Jean-Marie DESSAUX qui avait été nomméadjoint par arrêté du 26 septembre 1837.

Jean - Marie DESSAUX

Jean-Marie DESSAUX habitait le manoirde Kermaria dont il était propriétairedepuis 1830. Ingénieur des Mines à laretraite, il se voulait réformateur. Il a

vivement combattu les maux qui minaientla commune, prenant des arrêtés contre lemanque d'hygiène (les tas de fumier aubord des rues, la divagation des porcs...). Ildéplorait l'illettrisme et l'intempérance. Ilse consacra à la réfection et àl'amélioration des ponts et des routes, leconseil lui ayant donné pleins pouvoirs ence domaine. Sous son impulsion le conseilprit une délibération enjoignant auxtransporteurs qui venaient au port deBénodet pour livrer du bois de prendre untiers de mètre cube de pierres au retour, aulieu de s'en aller à vide. Le 6 octobre 1837, dix jours après sanomination au poste d'adjoint au maire dePerguet, Jean-Marie DESSAUX adresse uncourrier au Préfet: "J'ai désiré cette fonction afin d'être àmême de réparer convenablement leschemins de la commune délaissés depuislongtemps et devenus impraticables. J'osevous promettre, si ma santé devientmeilleure, que dans deux campagnes leschemins de Perguet seront dignes de votreapprobation ainsi que les ponts et lesédifices publics que j'ai déjà relevés de leurruine". Nommé maire de Perguet par décisionpréfectorale du 14 mars 1838, Mr DES-SAUX est installé dans ses fonctions le 5avril suivant. Le Préfet refuse de luiadjoindre François Le GOFF et c'est Pierre

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Le CAIN, fils de l'ancien maire, qui estnommé adjoint. Dès qu'il a connaissancede sa nomination, Jean-Marie DESSAUXécrit au Préfet:"Kermaria - Bénodet, 13 mars 1838.Corn. de Perguet. Organisationmunicipale Monsieur le Préfet, par votrelettre du 10 vous me faites part de votreacceptation de la démission que vous aadressée le sieur Le GOFF de sesfonctions de maire dans cette commune etvous me demandez si j'accepterais cesfonctions dans le cas où vous m'yappelassiez. Si je connaissais dans le conseilmunicipal une personne en état de remplirces fonctions, même avec l'aide que jepourrais lui fournir en lui servant desecrétaire, j'écouterais alors les avertis-sements d'une santé trop souvent infidèle etje ne m'exposerais pas aux hainesinévitables qu'amasse tout réformateur;car tel sera mon rôle après le sieur LeGOFF, véritable maire-soliveau; maisaprès vous avoir signalé sa déplorableconduite et avoir demandé sa révocation,je croirais manquer à toute délicatesse sije vous laissais dans l'embarras fort grandde pourvoir aux nécessités de notreorganisation municipale. J'accepterai donc, quels que soient lesdésagréments qui m'attendent, parce queje compte sur votre appui dans lescontestations que je ne pourrai éviter en

procédant avec prudence et ménagement àl'exécution des lois et de vos règlements. Restaurateur des ponts de la communeet de ses édifices consacrés au culte, jecrois lui avoir rendu un service aussi utilerelativement à l'état-civil de ses habitantsauxquels mes sollicitations réitérées ontprocuré un secours de 2.200 F. Je medévoue encore à la réparation des cheminsvicinaux et à l'inimitié probable dequelques individus. Puisse ma santéactuellement bonne ne pas m'abandonneret notre conseil de (pouvoir?) recruter unecapacité pour me succéder.Agréez je vous prie, Monsieur le Baron,mes sentiments respectueux. "

LE TORCHON BRULE ENTRE LEMAIRE ET SON ADJ OINT

Le 20 mai 1838, le maire de Perguetprenait un arrêté concernant la divagationdes animaux, les fumiers et dépôtsprohibés sur la voie publique, l'insalubritédu bourg de Bénodet où des fièvresintermittentes régnaient depuis plus d'uneannée. Il était notamment précisé que lesporcs devaient avoir le groin épinglé, queles chevaux, boeufs, vaches et porcs nepourraient vaguer les dimanches et jours defête dans les deux bourgs, parce que lesportes des cimetières étaient ouvertes cesjours-là.

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Le maire en informait personnellement lesieur Le CLINCHE (son adjoint) "qui avait 9 ou10 énormes cochons non épinglés qui ravageaientles routes et les clôtures». Le 24 juin pendant laprocession du Saint Sacrement dans le bourg deBénodet, le maire constatait que quatre cochonsappartenant à M. Le CLINCHE divaguaient, etque deux d'entre eux "entraient dans le cimetière,y cherchant suivant leur coutume des ossements àdévorer". La longanimité du maire était poussée àbout, il dressait un rapport de contravention qu'iltransmettait au juge de paix de Concarneau, lequelrefusait de poursuivre pour irrégularité deprocédure. Colère de M. le maire et lettre aupréfet, dans laquelle il estime sa dignitécompromise et exige que cette affaire se termine àson honneur, "quitte à Monsieur le Procureur duRoi de se pouvoir en Cassassion".

Jean-Marie DESSAUX était un homme degrande culture. En dehors de ses fonctions demaire, il fut un observateur passionné des moeursdu pays. Il a laissé des témoignages fortintéressants sur les costumes et les coutumes del'époque. Originaire de Morlaix, il est décédé en1866 à l'âge de 87 ans. II était marié à Manon duHAFFONT dont le père, seigneur de Lestrédiagat,sénéchal de Quimper, joua un rôle important dansla société quimpéroise pendant la Révolution.Madame BOUC~ née Denise PICHON, actuellepropriétaire du manoir du Vouérec est son arrièrepetite-fille.

Pierre Le CAIN

On remarquera en passant que le mandatde Jean-Pierre DESSAUX comme avant lui celuidu Chevalier BRIANT de LAUBRIERE, n'allapas au-de1à de l'élection suivant sa nomination;que l'un et l'autre n'étaient pas de souchebénodétoise (ou perguétoise).

Le 15 octobre 1840, le conseil municipalétait réuni pour installer un nouveau maire, PierreLe CAIN, nommé par arrêté préfectoral du 9octobre. Corentin CARIOU était adjoint; dansl'assemblée, Pierre PERROTIN, gendre de M.DESSAUX.

Pierre Le CAIN était déjà adjoint dans laprécédente municipalité et il devait sa nominationà ce poste à M. DESSAUX qui en avait fait auPréfet une présentation élogieuse: "Fils d'unancien maire et homme fort estimable et considérédans la commune. Il m'a fallu beaucoupd'insistance... Son refus eut obligé à recourir àl'unique conseiller sachant lire: le sieur CARIOU.

dont la mince capacité n'aurait pas compensé lesinconvénients de sa profession de cabaretier" .

Nous sommes à une époque où les voiesde communication sont la grande préoccupationdes maires. On signale que pendant l'hiver on nepeut se rendre de Bénodet à Quimper qu'à dos decheval. Le 23 janvier 1843 le conseil municipal dePerguet demande que la route de Bénodet àQuimper soit classée " chemin de grandecommunication". Un conseiller s'engage à cédergratuitement le terrain nécessaire à l'élargissementde la route le long de sa propriété.

La majeure partie des réunions du conseilest consacrée à délibérer sur l'état des routes, lesdroits de passage, le mauvais état de l'église, ladivagation des animaux.

Aux élections communales du 30 juillet1848 il y a 85 votants. Trois des candidats sontélus avec 85 voix: Pierre Le CAIN, Pierre LeCAIN fils, Alain BERROU, Pierre Le CAIN estreconduit dans ses fonctions.

Il est de nouveau élu maire après lesélections de 1852. La prestation de serment faitele 14 mai 1852 est signée du maire, de PERRONet de BERROU, les autres ne sachant signer.

Le 12 septembre de la même année, lesélecteurs sont à nouveau appelés aux urnes. 12postes sont à pourvoir. 160 électeurs inscrits, 72votent. Pierre Le CAIN, Alain BERROU et RenéBERROU obtiennent 72 voix; le premier est réélumaire et le restera jusqu'à la nomination de Jean-Marie PRIANT le 21 octobre 1866.

Pierre Le CAIN a connu des annéesdifficiles à la tête de la commune: lescontributions sont utilisées à l'entretien des routeset on ne peut payer un cantonnier à plein temps.Plusieurs fois sommé par le Préfet de construireune école dans la commune, le conseil répondraqu'il n'a pas d'argent. Le 21 mai 1866, qui sera ladernière séance présidée par Pierre Le CAIN, leconseil vote une contribution extraordinaire de 5centimes pour améliorer le traitement dusecrétaire de mairie. Un conseiller et "un des plusimposés" refuseront cette contribution.

LA MAIRIE DE PERGUETAu mois de juillet 1846, le Préfet est saisi deréclamations parce que les élections à Perguet sefont dans une habitation privée. Dans une lettre du9 juillet, Pierre Le CAIN répond que l'habitationvisée par les mécontents comme étant la maisonde campagne de

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Monsieur PERROllN, il "la nomme Mairie parce que là se font tous les mariages, sont reçues toutes lesdéclarations de naissances et de décès, existent toutes les archives; que M. PERROnN soit présent ou absent, lemaire a l'entière jouissance de ce local". Le maire ajoute que trois élections ont déjà été faites dans cette maison,à Kelnlaria. et il précise que dans l'agglomération de Bénodet "il n'existe que trois endroits où se puissent faireles élections: l'église, l'auberge du sieur Le CLINCHE et celle du sieur CARIOU. Si trois personnes, bienintéressées, se sont rencontrées pour réclamer contre le lieu désigné par moi, il s'en trouverait cinquante, le maireen tête... pour que la réunion électorale n'ait pas lieu dans l'église. Restent donc deux cabarets. Certes, monsieurle Préfet, je ne puis croire que votre intention soit que les élections de nIa commune dégénèrent en orgies et queles voix des électeurs soient acquises à qui offrira le plus de cidre et d'eau de vie".On ignore pendant combien de temps le maire considéra encore la maison de M. PERROllN comme la mairie dela COD:mlUne, mais on peut noter qu'en 1855 et 1860 les élections se fIrent au presbytère.Les élections de 1855 étaient fiXées au 29 juillet: le maire écrivit au Préfet pour lui dire que cette date étaitmauvaise parce que c'était celle du pardon de Sainte Anne de Fouesnant " où se rendent annuellement tous leshabitants du canton et de plusieurs lieues à la ronde". On vota le dimanche suivant, 5 août.

Jean - Marie FmANT

Jean-Marie PRIANT est élu maire le 21 octobre 1866 et il ,,'Onservera son fauteuil jusqu'aux élections de 1878,lors desquelles le premier tour lui ayant été défavorable, il démissionnera avant le second tour. C'est RenéBERROU, propriétaire de la fenlle de Kerconan, qui lui succédera.

Durant son mandat, Jean-Marie F1UANT s'occupera beaucoup de l'état des routes. Mais déjà la vie setransforme, des pro~s se font dans tous les domaines. La population se fait plus exigeante, et elle est alors enpleine expansion, passant de 657 âmes en 1861 à705 en 1866. Cettebelle santé n'allaitd'ailleurs pas durer: le choléra fit sonapparition. Il y eut 61 décès en 1870, autant en 1871. La population tomba à 622 en 1872. Le maire dutdenlander une aide au Préfet pour se procurer des médicaments.Le port de Bénodet connaissait une grande activité; le tourisme était déjà né. Dans sa séance du 11 février 1872,le conseil réclamait une amélioration du service postal, au motif suivant: "Bénodet reçoit en relâche un grandnombre de navires, et de nombreux étrangers viennent l'été prendre des bains demer". Il réclamaitaussi "un relais àl'embranchement de Pleuven"pour lecourrier qui était acheminé àcheval deQuimper à Fouesnant.C'est aussi sous le mandat de JeanMarie F1UANT qu/une école a été ouverte à Bénodet. Nous avons déjàentretenu nos lecteurs des péripéties de cette création dans les numéros 8 et 9 de roEN-lZELLA.

La période F1UANT a également étémarquée par destravaux aubourg:creusement d'un puits, installation d'une pompe, agencement du lavoir près de la fontaine publique,assainissement de cette dernière qui était envahie par la mer lors des grandes marées. C/est aussi sous ce mandatqu'a été décidé le transfert du cimetière et demandé que la coD:mlune de Perguet soit autorisée à changer de nompour adopter ceilli de Bénodet.Mais si Jean-Marie F1UANT eut les honneurs de la presse, en l'occurence lejournal"Le Finistère" ,c'est pouravoirinteIdit les danses dans sa CO!1lD!Lme un jour de grandes régates...

Dans notre prochain bulletin: LES ~ DE BENODET .

RenéBLEUZEN(avec le concours de Renan CLORENNEC)

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