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14 PAYS DE NORMANDIE

VIVRE ICI Maison d’ici

TEXTE : CORINNE TARGAT - PHOTOS : GILLES TARGAT

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Une maison

REVISITÉE

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A seulement quelques miles des célèbres plages du Débarquement, un petit village dans le Bessin vit des jours aujourd’hui tranquilles. Des prairies verdoyantes entrecoupées de bosquets, des chemins menant à la mer, et des petites maisons disséminées ici et là dans un paysage embelli de fermes ancestrales et de châteaux magnifi ques. A Manvieux, des propriétaires ont décidé de contempler autrement cet horizon généreux en construisant une extension à leur petit pavillon, une autre vision du monde.

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C ’est à partir d’une maison tout ce qu’il y a de plus classique que l’histoire commence. Un joli jardin entoure les lieux mais aucune ouverture ne permet

de profi ter de cet espace communiquant avec le bocage. De plain-pied avec seulement quelques lucarnes triangulaires sur le toit, cett e habitation souff rait du manque d’espace et de contact avec son environnement. Les propriétaires ont alors fait appel à l’architecte Joël Van Nieuwenhuyse pour imaginer avec lui une extension qui répondrait à cett e idée d’ouverture et de mouvement. La sur-face habitable est passée de 80 à 150 m² off rant ainsi un nouvel espace de vie et de détente qui re-donne une autre image à la maison traditionnelle.

Radicale et complémentaire

Les propriétaires ont eu envie d’un changement radical pour redonner un coup de jeunesse à leur pavillon et c’est vers une architecture moderne mêlant formes et matériaux contemporains que leur souhait s’est concrétisé. Lorsqu’on entre dans la propriété, on est d’abord surpris par cett e nouvelle association de deux bâtiments, l’un tra-ditionnel, l’autre actuel, édifi és en parallèle et unis par une entrée en verre, aluminium et bois comme un sas reliant deux mondes. Ce volume intermédiaire permet de passer aisément d’un lieu à un autre, d’une atmosphère à une autre. Un soin particulier a été apporté à l’harmonie générale de la construction, la hauteur de la seconde dépasse à peine la première et un toit à deux pentes construit sur la nouvelle bâtisse s’harmonise à la construction initiale. Strictement parallèle à la mai-son, il n’y a donc pas de rupture totale, l’extension parvient à se fondre par une même orientation. C’est donc ailleurs que la coupure se fait même si là encore, une recherche soignée des matériaux et des proportions a été eff ectuée.

Le bois pour complice

Un beau volume habillé de mélèze forme cett e extension d’écriture contemporaine. Une habile distribution de latt es à claire-voie donne du dyna-misme à la construction. Grâce à cet assemblage, l’impressionnant volume off ert par cett e partie reste aéré et dynamique. On retrouve aussi le bois sur la terrasse construite entre les deux parties de la maison formant maintenant un U. Cett e conti-nuité forme le trait d’union indispensable entre l’ancien et le nouveau. Le patio central ouvert sur la campagne normande est un puits de douceur

bien protégé des vents. Des transats, une table et des chaises y trouvent tout naturellement leur place aux beaux jours, des leds disposés dans le bois le long des parois permett ent à la fois de mett re en valeur la construction et d’apporter une ambiance lounge à ce lieu de détente.

Des grandes failles lumineuses

Pour trancher avec toute cett e horizontalité tra-vaillée, de grandes baies vitrées viennent ouvrir des failles lumineuses. Si elles restent modestes du côté de l’entrée de la propriété, elles deviennent généreuses côté jardin. En eff et, de larges ouver-tures alignées sur toute la largeur de l’extension font face à la végétation. Ce bandeau vitré aux armatures en aluminium gris foncé n’off re alors plus de limite entre l’intérieur et l’extérieur tout en étant très protecteur. Au-dessus, une fi ne ou-verture comme un sourire à ce paysage s’ouvre sur

1 - Les deux bâtiments sont unis par un « sas » de verre, aluminium et bois.

2 - Le patio ouvre sur la campagne normande.

3 - L’escalier, dessiné par l’ar-chitecte et construit par un métallier.

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1 - Le bloc central invite à la rencontre. 2 - Le patio ouvre sur la campagne normande.


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Manvieux

une belle longueur pour éclairer une mezzanine à l’intérieur. Un ingénieux bardage en aluminium vient s’aligner sur celui du bois.

Entrer dans la matière

Un vaste espace occupe le rez-de-chaussée sans limite entre les diff érents points fonctionnels tels que le petit salon avec télévision, hifi et poêle à bois ou le bloc central avec ses hauts tabourets servant de point de rencontre. Au sol, une résine couleur béton unifi e tout l’espace. De larges pots couleur ciment servent d’écrin à des plantes vertes tirant vers cett e verticalité ambiante. Un chauff age au sol, des spots encastrés un peu partout permet-tent de dégager toute l’atmosphère décontractée et agréable de ce beau volume. Comme un point d’exclamation planté dans cet espace réussi, un es-calier de haute voltige trône en concurrence avec les baies lumineuses. Très vite le regard se tourne vers cett e construction en acier rouillé sablé, lavé et vernis. Cet escalier, dessiné par l’architecte et construit par un métallier, semble tout droit venu d’un vieux cargo. Le résultat est sensationnel : coupé en son milieu, les premières marches sem-blent nues et périlleuses tandis qu’une cage vient protéger et approfondir le volume en hauteur. Les enfants peuvent l’emprunter en toute sécurité car la cage vient vite les soutenir et les envelopper de sa force métallique.

Une mezzanine parentale

L’étage réservé aux parents est traité de manière très aérienne, rien ne semble, en eff et, venir sou-tenir cett e pièce. Elle tient, comme en apesanteur dans ce monde de légèreté grâce à une coursive avec un garde-corps formé par un fi lin d’acier qui va d’un côté à l’autre de la mezzanine. Le lit dans la chambre fait face au trait formé par le long rectangle vitré bardé d’aluminium. La vue sur

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le jardin au petit matin est un vrai bonheur mais ce brise-soleil est aussi une protection contre la chaleur de l’été. La chambre est illuminée par des spots là aussi encastrés dans le sol pour apporter une touche toute en douceur. Les cloisons de la coursive aménagées en placards de ce côté de la mezzanine, servent par ailleurs de murets de protection. Le sol en parquet de chêne court sur toute la surface. Le parti pris du non marquage entre la chambre et la salle de bain att enante

s’accentue encore par cett e continuité des ma-tériaux et des lignes. Derrière le mur formé par la cloison de la cage d’escalier, la salle de bains est tout au contraire plongée dans l’intimité de la pé-nombre. Tel un mur de cathédrale, il soutient un espace blott i entre des cloisons formant la partie vasques puis la partie douche. Cett e répartition des espaces dessine des volumes rectangulaires qui prennent toute leur valeur par la hauteur sous plafond. Ce dernier épouse la pente du toit, la douche à l’italienne carrelée du sol au plafond n’en est que plus unique encore. Du carrelage noir cuivré sur les murs se refl ète dans de grandes portes de placards en verre miroir foncé. La lu-mière se concentre autour des vasques carrées posées sur un meuble noir. Cett e touche résolu-ment contemporaine apporte dans son for inté-rieur encore plus de singularité à cett e création.

Pratique • SCPA Daligaux-Van Nieuwenhuyse, 5 rue

Royale, 14400 Bayeux. Tél. : 02.31.21.16.25.www.dvn-architectes.com

3 - La douche à l’italienne est carrelée du sol au plafond.

4 - La chambre des parents semble comme suspendue dans les airs.

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