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Retour sur un évènement dramatique pour les enfants marocains du Village de l’Espérance à Aïn Leuh qui ont été arrachés à leur famille d’accueil en l’espace de quelques heures. L’Historique de VOH: Le Village de l’Espérance (Village of Hope) est un orphelinat marocain situé à Aïn Leuh dans la région d’Ifrane au Maroc. L’association La Gerbe soutient son travail depuis 1999. Au cours des 10 ans d’activités de cette institution (jusqu’à l’expulsion en 2010), 5 couples se sont constitués familles d’accueil et ont élevé 33 enfants. Loin du modèle des orphelinats dortoirs, les enfants ont grandi dans des cellules familiales et bien que la loi marocaine ne permette pas l’adoption, chacun a eu un papa et une maman, des frères et des soeurs, comme nous l’avons nous-même constaté lors de visites régulières. VOH est en fait un projet issu du travail de deux femmes américaines ayant constaté, avant 1955, un besoin important concer- nant des enfants marocains abandonnés. En effet, dans le cas de naissances illégitimes, les jeunes mères, si elles gardent l’enfant, se retrouvent dans une situation extrêmement douloureuse, puisqu’une mère célibataire ne pourra jamais se marier et sera socialement rejetée, avec son enfant dont l’avenir est, de fait, directement compromis. De 1955 à 1995, Ellen Doran et Emmagenes Cortes accueillirent donc ces enfants, leur offrant ainsi l’espoir d’une existence sociale. En 1997, Erroll Muller, originaire d’Afrique du Sud, vint pour la première fois sur le site de ce qui allait devenir le Village de l’Espé- rance. Après avoir obtenu les autorisations nécessaires de la part des autorités locales, Errol et sa femme Michele commencèrent leur travail d’accueil de ces jeunes enfants dont personne ne voulait. De 1999 à 2010, Errol fut directeur de l’orphelinat. Lui et Michele furent immédiatement rejoints par Herman et Jettie Boonstra, originaires de Hollande. Au cours des années, 3 autres couples se joignirent à eux et à leur tour, accueillirent de nouveaux petits pensionnaires. La Kefala, loi marocaine sur l’adoption, ne permet pas que des parents soient déchus de leur droits parentaux, ainsi les familles d’accueil de VOH n’ont pu légalement adopter ces enfants. Ces derniers leur étaient ainsi confiés par le Caïd (le juge local), qui, lui, était le tuteur légal de ces enfants sans parents. Ces petits enfants ont grandi, et aujourd’hui le plus âgé, Adam, a bientôt 12 ans. Les 32 autres ont entre 2 et 11 ans. Au Village de l’Espérance, on parlait anglais. A l’école de l’orphelinat, on apprenait l’arabe et le français. Dans le village d’Aïn Leuh à 2 km de là, on parle berbère. Samir, lui, avait 9 ans lorsque je l’ai rencontré en septembre 2009. Il parlait l’anglais, l’arabe, le berbère. Mais à la maison avec ses parents, ses frères et ses sœurs, il parlait le hollandais. Et il m’expliqua en français, qu’il commen- çait à apprendre l’espagnol. C’était ce que le Village de l’Espérance donnait aux orphelins : une famille mais aussi un avenir à des enfants sans racines et sans espoir. DOSSIER encart du numéro 71 de la revue Espérance. www.lagerbe.org MAROC 365 jours plus tard

Maroc, 365 jours plus tard

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Encart sur l'expulsion de l'équipe des expatriés du village de l'Espérance (Village of Hope, VoH)

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Retour sur un évènement dramatique pour les enfants marocains du Village de l’Espérance à Aïn Leuh qui ont été arrachés à leur famille d’accueil en l’espace de quelques heures.

L’Historique de VOH: Le Village de l’Espérance (Village of Hope) est un orphelinat marocain situé à Aïn Leuh dans la région d’Ifrane au Maroc. L’association La Gerbe soutient son travail depuis 1999. Au cours des 10 ans d’activités de cette institution (jusqu’à l’expulsion en 2010), 5 couples se sont constitués familles d’accueil et ont élevé 33 enfants. Loin du modèle des orphelinats dortoirs, les enfants ont grandi dans des cellules familiales et bien que la loi marocaine ne permette pas l’adoption, chacun a eu un papa et une maman, des frères et des soeurs, comme nous l’avons nous-même constaté lors de visites régulières.

VOH est en fait un projet issu du travail de deux femmes américaines ayant constaté, avant 1955, un besoin important concer-nant des enfants marocains abandonnés. En eff et, dans le cas de naissances illégitimes, les jeunes mères, si elles gardent l’enfant, se retrouvent dans une situation extrêmement

douloureuse, puisqu’une mère célibataire ne pourra jamais se marier et sera socialement rejetée, avec son enfant dont l’avenir est, de fait, directement compromis. De 1955 à 1995, Ellen Doran et Emmagenes Cortes accueillirent donc ces enfants, leur off rant ainsi l’espoir d’une existence sociale.

En 1997, Erroll Muller, originaire d’Afrique du Sud, vint pour la première fois sur le site de ce qui allait devenir le Village de l’Espé-rance. Après avoir obtenu les autorisations nécessaires de la part des autorités locales, Errol et sa femme Michele commencèrent leur travail d’accueil de ces jeunes enfants dont personne ne voulait. De 1999 à 2010, Errol fut directeur de l’orphelinat.Lui et Michele furent immédiatement rejoints par Herman et Jettie Boonstra, originaires de Hollande. Au cours des années, 3 autres couples se joignirent à eux et à leur tour, accueillirent de nouveaux petits pensionnaires.

La Kefala, loi marocaine sur l’adoption, ne permet pas que des parents soient déchus de leur droits parentaux, ainsi les familles d’accueil de VOH n’ont pu légalement adopter ces enfants. Ces derniers leur étaient ainsi confi és par le Caïd (le juge local), qui, lui, était le tuteur légal de ces enfants sans parents.

Ces petits enfants ont grandi, et aujourd’hui le plus âgé, Adam, a bientôt 12 ans. Les 32 autres ont entre 2 et 11 ans. Au Village de l’Espérance, on parlait anglais. A l’école de l’orphelinat, on apprenait l’arabe et le français. Dans le village d’Aïn Leuh à 2 km de là, on parle berbère. Samir, lui, avait 9 ans lorsque je l’ai rencontré en septembre 2009. Il parlait l’anglais, l’arabe, le berbère. Mais à la maison avec ses parents, ses frères et ses sœurs, il parlait le hollandais. Et il m’expliqua en français, qu’il commen-çait à apprendre l’espagnol. C’était ce que le Village de l’Espérance donnait aux orphelins : une famille mais aussi un avenir à des enfants sans racines et sans espoir.

DOSSIER encart du numéro 71 de la revue Espérance. www.lagerbe.org

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L’expulsionLe samedi 6 mars 2010 la Gendarmerie Royale vient au Village de l’Espérance y « effectuer une enquête ». Sans qu’aucun document légal ne soit produit de la part des autorités, les gendarmes commencent à interroger les expatriés travaillant sur le site, jusqu’à minuit passé. Les enfants seront aussi interrogés. Les gendarmes expliquent du bout des lèvres qu’il s’agit d’une visite de routine sous les ordres du procureur général. Certains des expatriés, absents lors des faits, devront se rendre le lendemain matin à la gendarmerie à la première heure. Ce fut le cas de Chris et Tina Broadbent et leurs enfants.

Le dimanche 7 mars 2010, cette famille se rendit à la gendarmerie la plus proche du village où, après négociation, l’interrogatoire n’aura finalement pas lieu individuellement. Comment ont-ils eu connaissance de VOH ? Qu’est-ce qui motive leur présence au Maroc ? Chris répondit qu’à sa venue au Maroc, il lui avait été délivré un permis de séjour qui, depuis, avait été renouvelé, signe de bienvenue ! Leur présence n’était-elle donc plus souhaitée ? A la fin, le chef de la police présenta pourtant ses excuses à Chris pour les désagréments causés par cet interrogatoire, précisant qu’il ne faisait que son travail.

8 mars 2010, une fois encore, les autorités débarquent au Village de l’Espérance. Le procureur accompagnant les gendarmes dit à Herman : « nous devrions venir vous féliciter plutôt que vous interroger. Je devrais plutôt vous défendre ! ». Une heure plus tard pourtant, les gendarmes reviennent et rassemblent dans une pièce les 16 adultes expatriés travaillant sur place, et dont 10 sont les parents de substitution des 33 orphelins. On leur annonce que dans 2 heures, ils devront avoir quitté l’orphelinat

sans les enfants, et qu’ils seront expulsés

du territoire marocain, sous l’accusation de prosélytisme. Totalement sous le choc, les parents rassem-blent à leur tour les enfants et leur annoncent ce qui est alors le second drame de leur vie : un nouvel abandon. Alors que Herman commence à faire ses bagages, les enfants tentent de l’empêcher de partir en retirant ses aff aires de la valise. Puis, comprenant qu’il n’est pas possible de l’arrêter, les enfants décident de mettre eux aussi leurs aff aires dans la valise. Mais rien n’y fait, il devra partir, et eux devront rester. Avec lui, Jettie, Adrew, Julie, Daniel, Errol et Michelle, Wouter et Esther, Annie, Chris et Christina, Eddie et Lynn ainsi que Colin et Fiona. Tous devront quitter les lieux sur le champ. Seize adultes et leur 13 enfants biologiques sont expulsés en l’espace de 2

heures. Sabah, Youseri , Simo, Jasmina, Salim, Zacharia, Nassim, Noura, Sara, Samir, Nadjma, Meryam, Yousef, Rayane, Karim, Samih, Roumalsa, Imad, Haytem, Karim, Samir, Mouchine, Rafiq, Hanif, Badr, Ilyas, Hanane, Eunice, Abir, Kensa, Dawoud, Amal et Adam, quant à eux, resteront sur place et verront leurs familles s’éloigner, pour ne plus revenir.

Regard sur ces évènementsDepuis 1997, l’équipe dirigeante du Village de l’Espérance a toujours travaillé dans le respect des loi marocaines, qu’il s’agisse du commencement de l’activité, de la cons-truction des bâtiments, de l’ouverture d’une école ou encore de l’enseignement prodigué aux enfants. Les membres de l’équipe de VOH affi chaient clairement une éthique chrétienne et faisaient grandir les enfants dans une double culture. C’est dans ce contexte précis que le Caïd (juge local) confi ait des enfants à cette institution. A en croire les agréments reçus, les services sociaux marocains estimaient, eux aussi, que

le travail eff ectué à VOH remplis-sait toutes les exigences de qualité: lors du dernier renouvellement de l’agrément de VOH, donnant le droit d’exercer en tant qu’organisme social, la région d’Ifrane a accordé un agrément de 10 ans au lieu des 4 envisagés. A l’heure de l’expulsion de l’équipe dirigeante, 33 enfants étaient accueillis mais les autorités sociales elles-mêmes avaient fi xé un objectif d’accueil de 100 enfants ! Enfin, depuis 2007, VOH pour-suivait sa démarche de qualité, en mettant tout en place pour répondre aux nouvelles exigences marocaines de 2006 pour les Etablissements de Protection Sociale (EPS). Les eff orts des dirigeants de l’institution leur ont même valu l’obtention de cet agrément le 8 janvier 2010... 2 mois jour pour jour avant l’expulsion !

Lors du passage des gendarmes à l’or-phelinat, aucune explication n’a été fournie, les droits et les devoirs des personnes face à une telle situation n’ont pas été mentionnés, le droit d’appel face à une décision de justice sous 48 heures n’a pu être exercé par les personnes expulsées, aucun procès n’a été prononcé, ce qui signifi e qu’il n’y a eu ni instruction à charge ni plaidoyer de la défense.

Comment comprendre alors qu’une institution si solidement ancrée dans la vie locale puisse être fermée en l’espace d’un jour, sans aucun respect ni des droits de l’homme, ni même de la législation du Maroc ? Les accu-sations de prosélytisme ou de dissi-mulation font pâle fi gure face à la réalité des faits.

Sur le plan national, au cours des 12 derniers mois, ce sont au moins 130 expatriés chrétiens qui ont été expulsés du Maroc de la même manière. De même, certains musulmans étrangers,

village où, après négociation, l’interrogatoire n’aura finalement pas lieu individuellement. Comment ont-ils eu connaissance de VOH ? Qu’est-ce qui motive leur présence au Maroc ? Chris répondit qu’à sa venue au Maroc, il lui avait été délivré un permis de séjour qui, depuis, avait été renouvelé, signe de bienvenue ! Leur présence n’était-elle donc plus souhaitée ? A la fin, le chef de la police présenta pourtant ses excuses à Chris pour les désagréments causés

biologiques sont expulsés en l’espace de 2 heures. Sabah, Youseri , Simo, Jasmina, Salim, Zacharia, Nassim, Noura, Sara, Samir, Nadjma, Meryam, Yousef, Rayane, Karim, Samih, Roumalsa, Imad, Haytem, Karim, Samir, Mouchine, Rafiq, Hanif, Badr, Ilyas, Hanane, Eunice, Abir, Kensa, Dawoud, Amal et Adam, quant à eux, resteront sur place et verront leurs familles s’éloigner, pour ne plus revenir.

Echos de la presse :Les médias se sont mobilisés suite à cette vague d’expul-sions (plus de 130 entre mars et septembre) et plusieurs journalistes se sont rendu directement à Ain Leuh pour rendre compte de la situation réelle, comme Libération, Le monde, France 24, tandis que d’autres médias recopiaient simplement les communiqués de presse offi ciels du Maroc.

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en désaccord avec l’islam marocain, ont été obligés de quitter le pays. Il apparaît clairement qu’il n’y avait rien à redire à la manière dont les diri-geants de l’orphelinat accueillaient les enfants. Une décision politique a été prise en haut lieu et a exigé la fermeture d’as-sociations et d’entreprises tenues par des chrétiens. Plusieurs journalistes ont avancé qu’au moment des faits, la position du Roi Mohammed VI était aff aiblie face aux exigences des mouvements islamistes fondamen-talistes. En « purgeant » le pays de la présence de personnes aux vues reli-gieuses « dissidentes », le Roi a retiré aux fondamentalistes leur argument principal, potentiellement dangereux pour lui. Par ailleurs, en tant que chef des croyants, le Roi marocain voit généralement sa popularité augmenter à chaque geste en faveur du renforce-ment de l’islam marocain.Les enfants du Village de l’Espé-rance, « victimes collatérales d’un geste politique » ?

Et aujourd’hui?12 mois ont passé depuis l’expulsion sommaire de nos amis et partenaires du Village de l’Espérance. Au cours de cette année, ces travailleurs sociaux venus des quatre coins du monde ont dû repartir dans leur pays d’origine et tout reprendre à zéro. Décider de devenir famille d’accueil à VOH équivalait à un engagement de 15 à 20 ans. Peu nombreux donc étaient ceux qu’une maison attendait au pays. Pour plusieurs, c’est toute leur vie qui est restée au Maroc, pays qu’ils ont aimé comme le leur. Il leur a donc fallu retrouver un équilibre et une situation. Mais comment reprendre une vie normale, comment même se stabiliser lorsque vos enfants vous attendent quelque part et que l’espoir demeure de revenir vers eux? Les mois qui ont défi lé ont été tour à

en désaccord avec l’islam marocain,

Il apparaît clairement qu’il n’y avait rien à redire à la manière dont les diri-geants de l’orphelinat accueillaient

Une décision politique a été prise en haut lieu et a exigé la fermeture d’as-sociations et d’entreprises tenues par des chrétiens. Plusieurs journalistes ont avancé qu’au moment des faits, la position du Roi Mohammed VI était aff aiblie face aux exigences des mouvements islamistes fondamen-talistes. En « purgeant » le pays de la présence de personnes aux vues reli-gieuses « dissidentes », le Roi a retiré aux fondamentalistes leur argument principal, potentiellement dangereux pour lui. Par ailleurs, en tant que chef des croyants, le Roi marocain voit généralement sa popularité augmenter à chaque geste en faveur du renforce-

Les enfants du Village de l’Espé-rance, « victimes collatérales d’un

12 mois ont passé depuis l’expulsion sommaire de nos amis et partenaires du Village de l’Espérance. Au cours de cette année, ces travailleurs sociaux venus des quatre coins du monde ont dû repartir dans leur pays d’origine et tout reprendre à zéro. Décider de devenir famille d’accueil à VOH équivalait à un engagement de 15 à 20 ans. Peu nombreux donc étaient ceux qu’une maison attendait au pays. Pour plusieurs, c’est toute leur vie qui est restée au Maroc, pays qu’ils ont aimé comme le leur. Il leur a donc fallu retrouver un équilibre et une situation. Mais comment reprendre une vie normale, comment même se stabiliser lorsque vos enfants vous attendent quelque part et que l’espoir demeure de revenir vers eux? Les mois qui ont défi lé ont été tour à

Dernières nouvelles reçues de voh (février 2011)

Un an après.Le 8 mars 2010 a eu lieu la séparation brutale des enfants du village de l’espérance de leur parents et l’ex-

pulsion de 16 employés. Tout cela s’est déroulé en seulement quelques heures sans conformité avec la loi

marocaine.Depuis cette date, nous tous, parents et sympathisants, nous nous battons pour faire annuler cette décision

et réunir les familles.Sur le plan politique, des preuves ont été présentées devant le congrès américain, certains parmi nous ont

rencontré plusieurs personnalités haut placées, dans diff érents pays de l’Union Européenne et cherché à

entrer en contact avec des ambassadeurs marocains à l’étranger. L’équipe de VOH même fait l’objet d’une

enquête de la part du département des Droits de l’Homme de L’Union Européenne.

Il ressort de l’avis des diff érents gouvernements occidentaux consultés, que nous avons été traité de façon

incorrecte et que le Maroc a agit en contradiction avec ses propres lois. Cependant, la plupart des pays occi-

dentaux, de même que l’Union Européenne, reconnaissent avoir des relations privilégiées avec le Maroc,

d’où leur réticence face à un engagement qui dépasserait l’ordre du simple questionnement formel.

Sur le plan juridique, une équipe d’avocats travaille pour nous représenter devant la justice marocaine, mais

les avancées sont extrêmement lentes et il est très peu probable que les tribunaux, loin d’être impartiaux, se

prononcent en faveur des personnes expulsées.

Aujourd’hui 30 des enfants sont toujours présents sur le site de VOH. Ils sont pris en charge par une

équipe qui comporte des Marocains nouvellement arrivés, mais aussi des Marocains membres de l’an-

cienne équipe, ce qui est une réelle bénédiction. Nous sommes vraiment reconnaissants que ces Marocains

soient restés à VOH pour prendre soin des enfants.Ces derniers mois ont été vraiment diffi ciles pour eux, ils ont subi les harcèlements de la police, et chaque

jour cumulent de longues heures de travail. C’est également bouleversant pour eux d’avoir à gérer le trau-

matisme des enfants.Sara est toujours en Afrique du Sud, Simo a été transféré dans un hôpital de Casablanca et Abir a été

renvoyé vers son orphelinat d’origine à Meknes. Un de nos objectifs majeurs reste le suivant: continuer à suivre les enfants et profi ter du passage d’amis sur

place pour obtenir des nouvelles régulières, que ce soit sur la santé et le bien-être des enfants ou au sujet de

nos amis marocains. A ce sujet, nous prévoyons de lancer notre nouvelle “bourse pour l’avenir” le 8 mars

2011, pour off rir à chacun des 33 enfants un futur plein d’espoir. Nous voulons être en mesure de leur faire

ce cadeau lorsqu’ils seront prêts à prendre leur indépendance. Nous voulons leur off rir la possibilité d’aller

à l’université, d’apprendre un métier, de démarrer une entreprise, d’apprendre à conduire ou même de se

marier. Nous voulons agir comme des parents dignes de ce nom le feraient, malgré la séparation forcée.

Nous, les parents, nous allons bien mais nous vivons toujours avec la douleur de cette séparation et l’espoir

qu’un jour nous pourront de nouveau vivre avec ces enfants. Nous sommes dispersés entre les États-Unis, l’Afrique du Sud, l’Espagne, les Pays-Bas et l’Angleterre.

Pour permettre à VOH de continuer son travail de loin, nous avons décidé de former une nouvelle

équipe de direction dont le but est de poursuivre le travail aussi longtemps que nécessaire pour le bien des

enfants.

Nous sommes blessés, désorientés, attristés mais non pas sans espoir, parce que nous savons que notre

Dieu est bon. Nous savons que Dieu est le plus grand et le plus puissant et qu’il peut changer les cœurs des

dirigeants et des nations. C’est en Lui que nous plaçons notre espérance, et non dans les leaders politiques,

les médias ou les avocats. La prière, l’espérance et la foi sont nos armes dans cette bataille pour la justice.

Chers amis de France, merci pour vos prières et votre sincère et profond soutien. Dieu vous bénisse.

Les enfants de VOH, les parents et l’équipe de direction

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Retour sur un évènement dramatique pour les enfants marocains du Village de l’Espérance à Aïn Leuh qui ont été arrachés à leur famille d’accueil en l’espace de quelques heures.

LiensSituation actuelle au Maroc :

http://portail-humanitaire.org/infospays/afrique/maroc/actualites/Contestation_Maroc/

tour porteurs d’espoir et de déceptions. La cause de l’équipe de VOH a été entendue par plus d’un responsable politique. Nombreux ont été ceux qui se sont positionnés, en tout cas en principe, en faveur de ces expulsés. Malheureusement, les relations diplomati-ques aidant, les accords de principe n’ont à ce jour ouvert aucune porte vers une réuni-fi cation des familles.

Qu’en est-il de l’orphelinat aujourd’hui? L’institution n’a pas été fermée au départ de l’équipe encadrante. Outre la partie restante de l’ancienne équipe, de nouveaux employés ont rejoint l’institution. Les enfants conti-nuent donc à vivre sur place. Les conditions de travail des employés et de vie pour les enfants sont-elles bonnes ? Des sources fi ables nous ont affi rmé le contraire. En eff et, concernant les salariés, les exigences de la nouvelle direction sont extrêmement élevées en terme de travail à fournir. Les heures supplémentaires sont légions. Face à cela, la protection sociale des employés a été supprimée (avant 2010 le Village de l’Espé-rance prenait en charge cet aspect pour son équipe), et aucune prise de décision n’est faite en consultation avec l’équipe.

Nous avons été extrême-ment attristés d’apprendre que des décisions sont parfois prises sans consi-dération du bien-être des enfants. Pour s’assurer que les directives sont appliquées, la direction fait alors pression sur ses employés, menaçant de suspendre les salaires, qui par ailleurs sont versés souvent en retard.

Les enfants quant à eux, et particulièrement les plus grands, ne peuvent se

résoudre à accepter le départ de leurs parents et beaucoup disent et répètent que leurs parents fi niront par revenir. La violence de la séparation et le manque aff ectif qui s’en est suivi amène certains des enfants à devenir très agressifs.

Pour l’instant, le Maroc n’a apporté aucune réponse juridique concernant la spoliation des biens en dehors du droit local et inter-national.

C’est avec beaucoup d’émotion que nous transmettons ces nouvelles à nos lecteurs. Leur véracité a été confi rmée par 2 de nos contacts décrivant la situation comme complexe et regrettable. Nous lançons pour notre part, un appel aux autorités maro-caines et à la nouvelle direction de l’orphe-linat en faveur des enfants.Nous voulons croire qu’avec la situation actuelle dans les pays arabes, les promesses de réformes qu’annonce le Roi seront eff ec-tives et rapides; il y a aujourd’hui un besoin de justice que réclame l’ensemble du pays et qui n’est pas lié à la seule situation des enfants d’Ain Leuh.

Les aiderMalgré la séparation physique forcée d’avec les enfants, l’équipe de VoH, parents et dirigeants, veut continuer à exercer un impact positif dans la vie de ces enfants, en regardant vers le futur. Cela se fait concrète-ment de deux manières :

– par la création de « boîtes au trésor » : Les «parents» rempliront ces boîtes de toutes leurs petites attentions (cartes d’an-niversaire, cadeaux de Noël, autres cadeaux) qu’ils ont le désir d’off rir aux enfants malgré la séparation, afi n de témoigner du fait que les enfants restent toujours au cœur de leur pensée et de leur amour. Ces boîtes au trésor seront remises aux enfants à l’occasion de leur 18e anniversaire.

– par la constitution d’une bourse baptisée « bourse pour l’avenir ». Pour assurer un avenir prometteur aux enfants de VoH, en mettant de côté une somme d’argent dont chacun pourra disposer, dans un but précis (financement d’un permis de conduire, lancement d’une petite entreprise, paiement de frais de mariage, etc.). Le but est avant tout de donner aux enfants la possibilité de se lancer dans la vie adulte armés d’outils qui permettront leur épanouissement.

Si vous souhaitez participer à l’élabora-tion de cette bourse, merci de préciser « VOH, bourse pour l’avenir » sur votre don.Si vous souhaitez soutenir l’équipe de VOH dans ses démarches, merci de préciser « VOH » sur votre don.

Groupe sur facebook : Soutien aux travailleurs expulsés du Village de l’Espérance au Marochttp://www.facebook.com/group.php?gid=358501168971&v=wall

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