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R071 E ´ tude de la cine ´ tique de re ´ chauffement de solute ´ s cristalloı ¨des refroidis en laboratoire : quelles conse ´ quences pour nos protocoles d’hypothermie the ´ rapeutique ? A. Mendibil 1, *, D. Jost 1 , D. Garcia 2 , A. Thiry 2 , P. Dang Minh 1 , B. Frattini 1 , O. Maurin 1 , S. Margerin 1 , J.-P. Tourtier 1 , L. Domanski 1 1 Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris 2 Laboratoire Central de la Pre ´fecture de Police, Paris, France *Auteur correspondant. Introduction Les recommandations actuelles sur la prise en charge des arre ˆts cardiaques pre ´conisent un contro ˆle cible ´ de la tempe ´ ra- ture (CCT) chez les victimes ayant repris une activite ´ circulatoire spontane ´ e (RACS) sans retour a ` un e ´ tat de conscience initial. Le CCT repose notamment sur la perfusion de solute ´ s cristalloı ¨des froids (SCF) a `4 8C [1]. Le volume ne ´cessaire de SCF est d’autant plus important qu’il se re ´ chauffe avant son entre ´ e dans la veine. Des effets secondaires he ´modynamiques en partie lie ´ s au volume perfuse ´ ont e ´te ´ de ´ crits [2,3]. Le but de notre travail e ´ tait de mesurer et de ´ crire la cine ´ tique de re ´ chauffement d’un SCF a `4 8C pendant son e ´ coulement dans un dispositif de perfusion avant son entre ´e dans la veine. Mate ´riel et me ´thodes E ´ tude observationnelle prospective non clinique en laboratoire. Le protocole a consiste ´ a ` mesurer en continu la tempe ´ rature (T8) d’un SCF a `4 8C (500 mL de se ´ rum physiologique, NaCl 0,9 %) apre ` s son e ´ coulement dans une tubulure de perfusion a ` de ´ bit constant (Power Infuser 1 , Zoll 1 ). Chaque mesure a e ´ te ´ re ´pe ´te ´ e 3 fois : avec et sans application de poches re ´ frige ´ rantes (Easy Ice 1 ) au contact de la poche de SCF. Les re ´ sultats ont e ´te ´ rapporte ´s par leur T8moyenne ( e ´ cart-type). La comparaison des moyennes reposait sur le test de Student. Re ´sultats A ` une T ambiante de 20,2 8C( 0,4), le SCF a subi un re ´ chauffement imme ´ diat puis continu apre ` s son passage dans la tubulure a ` un de ´ bit de 30 mL/min (Fig. 1), passant de 4,1 8C( 0,1) a ` 8,9 8C( 0,3) a ` la 3 e min. Ce re ´ chauffement s’est poursuivi a ` mesure que la poche de SCF se vidait pour atteindre, a ` la 10 e minute, 9,0 8C( 0,2) et 9,9 8C( 0,6) respectivement avec et sans poche re ´ frige ´rante ; a ` la 15 e minute, 9,8 8C( 0,5) et 11,7 8C( 0,9) respectivement avec et sans poche re ´ frige ´ rante (p < 0,05) (Fig. 1). Discussion La phase initiale (P 1) de rapide de ´ croissance thermique e ´ tait lie ´e a ` l’e ´limination progressive par e ´ coulement laminaire de type Poiseuille du solute ´ pre ´ sent dans la tubulure avant le de ´but de l’essai. Le SCF a subi ensuite un re ´chauffement continu par e ´changes convectifs sous la contrainte de la T8ambiante. L’effet des poches re ´ frige ´rantes appose ´ es e ´tait statistiquement significatif mais cliniquement insignifiant. « L’effet tubulure » entraı ˆnant des volumes a ` perfuser plus importants pour atteindre la T8cible, nous pre ´conisons un ame ´nagement technique pour ame ´liorer le CCT. Fig. 1 Sche ´ ma du montage en laboratoire et cine ´ tique de re ´ chauffement du solute ´ cristalloı ¨de a `4 8C mesure ´ en sortie de tubulure a ` de ´ bit constant. De ´claration d’inte ´reˆts Les auteurs n’ont pas transmis de de ´ clara- tion de conflits d’inte ´re ˆts. Re ´fe ´rences [1] Deakin CD, Nolan JP, Soar J, et al. European Resuscitation Council guidelines for Resuscitation 2010 section 4: adult advanced life support. Resuscitation 2010;81:1305–52. [2] Hammer L, Vitrat F, Savary D, et al. Immediate prehospital hypothermia protocol in comatose survivors of out-of-hospital cardiac arrest. Am J Emerg Med 2009;27:570–3. [3] Kim F, Nichol G, Maynard C, et al. Effect of prehospital induction of mild hypothermia on survival and neurological status among adults with cardiac arrest: a randomized clinical trial. JAMA 2014;311(1):45–52. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.087 R072 Marqueurs pronostiques neurologiques des arre ˆts cardiaques extrahospitaliers apre `s la mise en place des recommandations sur l’hypothermie : e ´ tude re ´ trospective de 2010 a ` 2013 L. Palmier 1, *, C. Roger 2 , L. Muller 2 , J.-Y. Lefrant 2 1 Urgences-SAMU-SMUR 2 Re ´animation chirurgicale, CHU de Nıˆmes, Nıˆmes, France *Auteur correspondant. Introduction L’e ´ valuation du pronostic neurologique des arre ˆts cardiaques demeure complexe ; engageant le me ´decin dans des de ´ marches e ´ thiques et the ´ rapeutiques de ´ licates. Avant l’ave ` nement de l’hypothermie the ´ rapeutique mode ´re ´ e, de nombreux marqueurs cliniques, biologiques et paracliniques valide ´s par les socie ´te ´s savantes guidaient les cliniciens dans leur prise en charge [1]. Cependant, au vue de la litte ´rature, l’utilisation de l’hypothermie semble modifier les conditions d’utilisation et d’interpre ´ tation de certains marqueurs ; pouvant entraı ˆner des de ´ cisions the ´ rapeu- tiques non adapte ´es. Le but de cette e ´tude est de de ´ terminer pre ´ cocement, quels sont les marqueurs anamnestiques, cliniques et paracliniques associe ´s au mauvais pronostic neurologique chez les patients en vie a ` j3. Mate ´riel et me ´thodes De janvier 2010 a ` mars 2013, 130 arre ˆts cardiaques extrahospitaliers conse ´ cutifs, hospitalise ´ s en re ´ anima- tion au CHU de Nı ˆmes e ´ taient inclus re ´ trospectivement. Les parame ` tres cliniques, paracliniques (biologie et imagerie) et the ´ rapeutiques e ´ taient collige ´ s. Une analyse uni- et multivarie ´e ae ´ te ´ re ´ alise ´ e pour identifier des facteurs associe ´s a ` un mauvais pronostic neurologique (Cate ´ gories de performance ce ´re ´ brales 3, 4 et 5 de Glasgow-Pittsburgh). Re ´sultats Une e ´ volution neurologique favorable (CPC 1 et 2) e ´ tait pre ´ sente chez 27 patients, et 103 pre ´ sentaient un pronostic neurologique pe ´ joratif (CPC 3 ou 5), dont 98 de ´ce ` s. A ` j3, 80 patients e ´ taient en vie. Le rythme initial, la dure ´e de No et low flow, la se ´ dation, la pre ´ sence de convulsion ou d’un seul e ´ lectroence ´ pha- logramme pathologique, ainsi que l’absence de re ´ activite ´ pupillaire et le Glasgow moteur a ` j+3 e ´ taient significativement corre ´ le ´s au mauvais pronostic (p < 0,05). Il en e ´ tait de me ˆme avec les parame ` tres biologiques a ` l’admission : lactates arte ´ riels, exce `s de base, capnie, cre ´ atinine ´ mie, temps de prothrombine et NSE a ` 48 h et 72 h. La valeur seuil de la NSE e ´ tait de 28,8 mg/L (Sp 100 %, Se 84,6 %) avec une aire sous la courbe ROC de la NSE a ` 0,92 [0,85– 1] (Fig. 1). Discussion Dans notre cohorte de patients victimes d’un ACR pour lesquels l’hypothermie e ´ tait pratique ´ e, la NSE avec un seuil plus bas que celui rapporte ´ dans la litte ´ rature en normothermie permet de pre ´ dire correctement une e ´ volution neurologique de ´ favorable. Une approche multimodale inte ´ grant des parame ` tres cliniques, biologiques dont la NSE et e ´ lectrophysiologiques Annales Franc ¸aises d’Anesthe ´sie et de Re ´animation 33S (2014) A46–A51 A50

Marqueurs pronostiques neurologiques des arrêts cardiaques extrahospitaliers après la mise en place des recommandations sur l’hypothermie : étude rétrospective de 2010 à 2013

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Page 1: Marqueurs pronostiques neurologiques des arrêts cardiaques extrahospitaliers après la mise en place des recommandations sur l’hypothermie : étude rétrospective de 2010 à 2013

R071

Etude de la cinetique derechauffement de solutes cristalloıdesrefroidis en laboratoire : quellesconsequences pour nos protocolesd’hypothermie therapeutique ?A. Mendibil 1,*, D. Jost 1, D. Garcia 2, A. Thiry 2,P. Dang Minh 1, B. Frattini 1, O. Maurin 1,S. Margerin 1, J.-P. Tourtier 1, L. Domanski 1

1 Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris2 Laboratoire Central de la Prefecture de Police, Paris, France*Auteur correspondant.

Introduction Les recommandations actuelles sur la prise en chargedes arrets cardiaques preconisent un controle cible de la tempera-ture (CCT) chez les victimes ayant repris une activite circulatoirespontanee (RACS) sans retour a un etat de conscience initial. Le CCTrepose notamment sur la perfusion de solutes cristalloıdes froids(SCF) a 4 8C [1]. Le volume necessaire de SCF est d’autant plusimportant qu’il se rechauffe avant son entree dans la veine. Des effetssecondaires hemodynamiques en partie lies au volume perfuse ontete decrits [2,3]. Le but de notre travail etait de mesurer et decrire lacinetique de rechauffement d’un SCF a 4 8C pendant son ecoulementdans un dispositif de perfusion avant son entree dans la veine.Materiel et methodes Etude observationnelle prospective nonclinique en laboratoire. Le protocole a consiste a mesurer encontinu la temperature (T8) d’un SCF a 4 8C (500 mL de serumphysiologique, NaCl 0,9 %) apres son ecoulement dans une tubulurede perfusion a debit constant (Power Infuser1, Zoll1). Chaquemesure a ete repetee 3 fois : avec et sans application de pochesrefrigerantes (Easy Ice1) au contact de la poche de SCF. Lesresultats ont ete rapportes par leur T8moyenne (� ecart-type). Lacomparaison des moyennes reposait sur le test de Student.Resultats A une T ambiante de 20,2 8C (� 0,4), le SCF a subi unrechauffement immediat puis continu apres son passage dans latubulure a un debit de 30 mL/min (Fig. 1), passant de 4,1 8C (� 0,1) a8,9 8C (� 0,3) a la 3e min. Ce rechauffement s’est poursuivi a mesureque la poche de SCF se vidait pour atteindre, a la 10e minute,9,0 8C (� 0,2) et 9,9 8C (� 0,6) respectivement avec et sans pocherefrigerante ; a la 15e minute, 9,8 8C (� 0,5) et 11,7 8C (� 0,9)respectivement avec et sans poche refrigerante (p < 0,05) (Fig. 1).Discussion La phase initiale (P 1) de rapide decroissancethermique etait liee a l’elimination progressive par ecoulementlaminaire de type Poiseuille du solute present dans la tubulure avantle debut de l’essai. Le SCF a subi ensuite un rechauffement continupar echanges convectifs sous la contrainte de la T8ambiante. L’effetdes poches refrigerantes apposees etait statistiquement significatifmais cliniquement insignifiant. « L’effet tubulure » entraınant desvolumes a perfuser plus importants pour atteindre la T8cible, nouspreconisons un amenagement technique pour ameliorer le CCT.

Fig. 1 Schema du montage en laboratoire et cinetique derechauffement du solute cristalloıde a 4 8C mesure en sortie detubulure a debit constant.

Declaration d’interets Les auteurs n’ont pas transmis de declara-tion de conflits d’interets.References[1] Deakin CD, Nolan JP, Soar J, et al. European Resuscitation

Council guidelines for Resuscitation 2010 section 4: adultadvanced life support. Resuscitation 2010;81:1305–52.

[2] Hammer L, Vitrat F, Savary D, et al. Immediate prehospitalhypothermia protocol in comatose survivors of out-of-hospitalcardiac arrest. Am J Emerg Med 2009;27:570–3.

[3] Kim F, Nichol G, Maynard C, et al. Effect of prehospitalinduction of mild hypothermia on survival and neurologicalstatus among adults with cardiac arrest: a randomized clinicaltrial. JAMA 2014;311(1):45–52.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.087

R072

Marqueurs pronostiquesneurologiques des arrets cardiaquesextrahospitaliers apres la mise enplace des recommandations surl’hypothermie : etude retrospective de2010 a 2013L. Palmier 1,*, C. Roger 2, L. Muller 2, J.-Y. Lefrant 2

1 Urgences-SAMU-SMUR2 Reanimation chirurgicale, CHU de Nımes, Nımes, France*Auteur correspondant.

Introduction L’evaluation du pronostic neurologique des arretscardiaques demeure complexe ; engageant le medecin dans desdemarches ethiques et therapeutiques delicates. Avant l’avenementde l’hypothermie therapeutique moderee, de nombreux marqueurscliniques, biologiques et paracliniques valides par les societessavantes guidaient les cliniciens dans leur prise en charge [1].Cependant, au vue de la litterature, l’utilisation de l’hypothermiesemble modifier les conditions d’utilisation et d’interpretation decertains marqueurs ; pouvant entraıner des decisions therapeu-tiques non adaptees. Le but de cette etude est de determinerprecocement, quels sont les marqueurs anamnestiques, cliniques etparacliniques associes au mauvais pronostic neurologique chez lespatients en vie a j3.Materiel et methodes De janvier 2010 a mars 2013, 130 arretscardiaques extrahospitaliers consecutifs, hospitalises en reanima-tion au CHU de Nımes etaient inclus retrospectivement. Lesparametres cliniques, paracliniques (biologie et imagerie) ettherapeutiques etaient colliges. Une analyse uni- et multivarieea ete realisee pour identifier des facteurs associes a un mauvaispronostic neurologique (Categories de performance cerebrales 3,4 et 5 de Glasgow-Pittsburgh).Resultats Une evolution neurologique favorable (CPC 1 et 2) etaitpresente chez 27 patients, et 103 presentaient un pronosticneurologique pejoratif (CPC 3 ou 5), dont 98 deces. A j3, 80 patientsetaient en vie. Le rythme initial, la duree de No et low flow, lasedation, la presence de convulsion ou d’un seul electroencepha-logramme pathologique, ainsi que l’absence de reactivite pupillaireet le Glasgow moteur a j+3 etaient significativement correles aumauvais pronostic (p < 0,05). Il en etait de meme avec lesparametres biologiques a l’admission : lactates arteriels, excesde base, capnie, creatininemie, temps de prothrombine et NSE a48 h et 72 h. La valeur seuil de la NSE etait de 28,8 mg/L (Sp 100 %,Se 84,6 %) avec une aire sous la courbe ROC de la NSE a 0,92 [0,85–1] (Fig. 1).Discussion Dans notre cohorte de patients victimes d’un ACRpour lesquels l’hypothermie etait pratiquee, la NSE avec un seuilplus bas que celui rapporte dans la litterature en normothermiepermet de predire correctement une evolution neurologiquedefavorable. Une approche multimodale integrant des parametrescliniques, biologiques dont la NSE et electrophysiologiques

Annales Francaises d’Anesthesie et de Reanimation 33S (2014) A46–A51A50

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pourrait constituer une aide pour predire l’evolution neurologiquedes ACR mais reste a valider prospectivement [2,3].

Fig. 1

Declaration d’interets Les auteurs n’ont pas transmis de declara-tion de conflits d’interets.References[1] Neurology 2006;67:203–10.[2] Crit Care 2014;18(1) [202 p].[3] Crit Care Med 2014.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.088

Annales Francaises d’Anesthesie et de Reanimation 33S (2014) A46–A51 A51