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Mars 2010

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U ne porte sur le monde, voilà ce que l’aéroport de Mirabel proposait. Pierre Elliot Trudeau, premier ministre et à la tête du gouvernement libéral cana-dien à cette époque, voyait grand, très grand. Cela devait être le plus gros

aéroport du Canada et un des plus grandioses en Amérique. Selon sa position géogra-phique, il serait le plus convoité pour les échanges internationaux, la porte de l’Atlan-tique pour le reste du monde. Pour vendre le projet, on nous promettait 10 millions de passagers annuellement, et possiblement dix fois plus lorsque toutes les phases seraient terminées, en 2025. Le 27 mars 1969, le gouvernement annonce la mise en chantier de l’aéroport. La ville-hôte sera Ste-Scholastique, mais il touchera 14 municipalités totalement ou partielle-ment. Inutile d’expliquer l’opposition et le mécontentement des citoyens au projet. Or, 3 000 personnes ont été expropriées sur un territoire équivalant à 97 000 acres (39 255 hectares). De ce nombre, la majorité était des agriculteurs. Les terres qu’ils possédaient étaient très fertiles en plus de jouir d’un relief plat. Bref, un joyau pour l’agriculture. Lorsque le projet de construction fut annoncé, toutes les propriétés tou-chées n’avaient plus aucune valeur. Bien des équipements et des bêtes ont dû être vendus à perte. Ils devaient tous partir sans aucune exception. Mais où se diriger? En plus d’avoir vendu leurs biens à prix très modique, ils n’ont été indemnisés qu’à compter de l’année suivante, et le processus s’est échelonné sur plusieurs années. Le 20 novembre 1975, l’inauguration de l’aéroport a lieu. Le site occupe une superfi-cie de 6 000 acres. Cependant, les plans proposent quatre autres pistes nécessitant 11 000 acres de plus. En 1981, les autorités voient que les plans initiaux ne seront pas respectés et jugent que 80 000 acres sont excédentaires. Plusieurs terrains sont donc mis en vente. Par contre, le processus d’indemnisation et de vente de terrain s’est poursuivi jusqu’en 2006. De nombreuses discussions ont eu lieu et plusieurs requêtes ont été déposées par les expropriés au gouvernement durant toute cette période. Il est difficile de ne pas s’interroger sur la raison de l’échec de Mirabel. Il faut cepen-dant souligner que des autoroutes devaient relier l’aéroport à Ottawa (A-50) et Mon-tréal (A-13), toutes deux inachevées. Des départs d’autobus devaient avoir lieu toutes les 15 minutes entre le centre-ville de Montréal et l’aérogare de Mirabel. Les autobus se faisaient plus rares que prévu. Un système de transport rapide (similaire au Skytrain actuel de Vancouver) devait relier Montréal et Mirabel. Évidemment, ce projet n’a jamais vu le jour. Depuis novembre 2004, plus aucun vol nolisé passager n’atterrit à Mirabel. Aujourd-’hui, cet aéroport désert se charge du fret aérien, tout ce qui implique le transport de marchandises par voie aérienne. De plus, le contrôle se fait directement de Dorval. Nous pouvons également apercevoir des ambulances qui s’entraînent en circuit fermé et des F-18 américains qui se pratiquent à atterrir comme sur les porte-avions, c’est-à-dire freinés par un fil de fer. Il y a également des essais réalisés par les compagnies Bell Helicopter et Bombardier sur leurs nouveaux moteurs ou simulant des problè-mes éventuels. Enfin, je ne veux pas insinuer l’échec monumental de ce projet, cependant je trouve déplorable qu’une fois de plus, ce soit le secteur de l’agriculture qui a écopé, comme lors de chaque expansion domiciliaire ou industrielle. Nous avons priorisé « l’ouverture sur le monde » à défaut de notre économie régionale!

Mot de l’Agral PAR GUILLAUME DORÉ, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’AGRAL

DIRECTION DE L’AGRAL Sommaire

Édition mars 2010 Mot de l’Agral Mot du doyen Un poste en agroenvironne-

ment à l’OAQ Haïti

INTERNATIONAL Agriculture planétaire Une association internationale

d’étudiants en agriculture! Le coût d’opportunité des J.O. Malnutrition, agrocarburants

et souveraineté alimentaire ***

Visite au Corsaire Lavage vert? Quand l’environ-

nement est au service du marketing...

Visite chez des producteurs caprins

Trahison Mois de la nutrition 2010 Les Maries-Nades Zone ludique Chronique hockey Le courrier de la Rousse

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Le saviez-vous? Dans un autre ordre d’idées, n’oubliez pas les nombreuses assemblées généra-les des clubs, comités et assos qui se dérouleront ce mois-ci. Surveillez la Feuille de chou pour vous tenir à l'affût. Concernant le meil-leur comité, le journal l’Agral, si vous êtes intéressé à y contri-buer, venez à l’AG le jeudi 11 mars à 12 h 30 au 2104. L’implication, c’est l’oxygène de l’étu-diant au Comtois!

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T out ce qui touche de près ou de loin à l’agroalimentaire m’intéresse, incluant les vaches… sacrées. Et on n’en manque sûrement pas au Québec ! Récemment, le rec-

teur de l’Université Laval, M. Denis Brière, a osé en prendre une par les cornes, celle des droits de scolarité à l’université. Les activistes de la défense-des-droits-des-vaches-sacrées lui sont évidemment tombés dessus à bras raccourcis. Au nom de la sacro-sainte « gratuité scolaire généralisée à tous les niveaux d’éducation », on n’hésite pas, dans ce cas-ci, à s’attaquer surtout au messager, puisque les attaques contre le message sonnent de plus en plus creux. N’a-t-on pas le droit de se poser des ques-tions sur le financement de l’enseignement universitaire au Qué-bec? Serait-il possible d’envisager la problématique sous de nou-veaux angles? Tous s’entendent sur le sous-financement univer-sitaire, mais on se lasse d’entendre que la seule solution réside-rait dans les coffres de l’État. En vrac, la situation actuelle ressemble à quoi? Les coffres de l’État sont vides et risquent de le rester pour longtemps. Les coûts sociaux augmentent, surtout ceux de la santé qui occupent une portion sans cesse croissante des budgets provinciaux et fédéraux. Les contribuables se plaignent, à tort ou à raison, d’assumer des taxes et impôts démesurés. Devant un tel électorat mécontent, mal vu est le gouvernement qui oserait augmenter le fardeau fiscal. Les dépenses des universités augmen-tent plus rapidement que leurs revenus. Par étudiant, le Québec se compare avantageusement aux autres provinces pour la contribu-tion de l’État à la formation uni-versitaire. Le sous-financement des universités québécoises par rapport à celles du reste du Canada s’explique principalement par les droits de scolarité nettement inférieurs. On peut évidemment faire un choix de société : une formation universitaire à rabais, découlant directement de ce que les étudiants sont prêts à payer pour leur formation. Indivi-duellement et socialement, rien ne nous oblige à viser l’excel-lence, mais si on le fait, ne faudrait-il pas admettre que l’excel-lence a un prix? Certains défendent la gratuité scolaire à l’université en souli-gnant l’importance de l’accessibilité à tous. Évidemment, on ne peut être contre la vertu. Toutefois, y a-t-il un lien réel entre gratuité et accessibilité? Ne pourrait-on pas imaginer d’autres moyens d’appuyer les étudiants qui, pour toutes sortes de rai-

sons, ne pourraient accéder aux études universitaires pour des considérations financières? Pourquoi, malgré des droits de sco-larité qui sont plus de deux fois plus élevés, le pourcentage de la population qui obtient un diplôme universitaire dans le reste du Canada se compare-t-il avantageusement à celui du Québec? N’y aurait-il pas des facteurs limitatifs autres que les coûts de la formation qui influencent le choix d’entreprendre des études universitaires? Des facteurs culturels pourraient-ils être en jeu, notamment la valorisation familiale et sociale des études univer-sitaires dans le milieu? L’intérêt pour les études universitaires a-t-il un lien avec le pourcentage d’emplois syndiqués (plus élevé au Québec qu’ailleurs au Canada) ? Le slogan « qui s’instruit s’enrichit » est-il aussi d’actualité qu’il y a quelques décennies? Pour plusieurs, ne serait-il pas au moins aussi gratifiant, sinon plus, d’accéder plus rapidement au marché du travail suite à une formation au secondaire ou au cégep, plutôt que de prolonger l’attente par l’obtention d’un diplôme universitaire? Il me sem-ble que de tels éléments de réflexion se retrouvent rarement dans le discours. Une petite enquête, pas très scientifique j’en

conviens, dans mon entourage immédiat, fait ressortir que le coût des études n’a joué aucun rôle dans leur choix de poursuivre ou non des études universitaires. Si on veut, on trouve les moyens. Mais ces moyens passent peut-être trop souvent par un endettement, qu’on déplore. Ceci justifie-t-il en soi que les coûts de l’éducation soient pris en charge par l’État? Pourquoi ce type d’endettement et pas d’autres? L’éducation universi-taire n’est-elle pas un choix per-sonnel? Personne n’est obligé de poursuivre des études universitai-

res pas plus que personne n’est obligé d’acheter une maison, par exemple. L’achat d’une maison offre un grand nombre d’avanta-ges, mais on doit en accepter les conséquences : entre autres une hypothèque et des taxes municipales! N’en serait-il pas de même pour les études? Mais l’éducation profite aussi à la société dans son ensemble. À ce sujet, un commentaire lu récemment se résume comme suit : « ou bien l’éducation est un investissement personnel, ou bien c’est une priorité collective ». Pourquoi avoir deux options mutuellement exclusives? Un « et » remplacerait très bien le « ou » en donnant un tout autre sens à cette phrase. Un partage équitable des coûts serait-il donc souhaitable? Pour-rait-on enfin se nourrir de discussions sérieuses à ce sujet, no-tamment sur ce que pourrait être un partage équitable, au lieu de continuer à alimenter les vaches sacrées?

Mot du doyen PAR JEAN-PAUL LAFOREST, DOYEN DE LA FSAA

DIRECTION DE LA FSAA

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6 | Le journal l’Agral

P our faire suite au dernier article de l’OAQ qui été publié dans le numéro de février 2010 et pour mieux répondre à la question souvent posée par les étudiants : « Mais ils

font quoi, au juste, à l’OAQ? », voici le portrait de l’un des pos-tes du siège social occupé par un agronome. Le poste de répondant en agroenvironnement a été créé en fé-vrier 2003. À cette époque, le REA (Règlement sur les exploitations agricoles) prenait tout juste la relève du RRPOA (Règlement sur la réduction de la pollution d’origine agricole). Ce dernier règlement avait déjà introduit le concept du plan agroenvironnemental de fertili-sation (PAEF) et une nouvelle norme de fertilisation basée sur l’équilibre entre les besoins prévisibles des cultures en fertili-sants et les apports provenant de toutes sources. Avec le REA vint une responsabilisation accrue des agronomes vis-à-vis des outils de gestion agroenvironnementale des matières fertilisan-tes, entre autres via le PAEF, le bilan phosphore et la gestion des amas aux champs. Le REA vise claire-ment la protection des sols et de l’eau, un objectif partagé par l’OAQ. Le rôle de l’agronome dans la gestion des matières fertilisantes et des pesticides (via le Code de gestion des pesticides, entériné en 2003) est majeur; les agronomes offrent des services importants à leurs clients en les appuyant dans la gestion des risques envi-ronnementaux et sur la santé liés à ces produits. D’ailleurs, l’un des objectifs de l’OAQ est d’« assurer que tous les agronomes atteignent et maintiennent un haut niveau de compétences dans les différents domaines où ils interviennent », étant donné que le mandat de l’OAQ consiste à protéger le public en garantissant une haute qualité des services professionnels en agronomie. À cet égard, une des importantes fonctions du répondant en agroenvironnement est de répondre aux questions et aux de-mandes des agronomes en matière d’agroenvironnement, entre autres en assurant un service téléphonique aux agronomes, en élaborant des activités de formation, en leur présentant des ou-tils et en diffusant de l’information, par exemple via les tournées provinciales, le bulletin Agro-Nouvelles et le site Internet de l’OAQ. De plus, le répondant en agroenvironnement : • collabore à la mise en application de programmes et de rè-

glementations, notamment la mise en application du REA qui est sous la responsabilité du ministère du Développe-ment durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP);

• collabore à l’élaboration des normes de pratique agronomi-

que; • collabore à l’élaboration des lignes directrices et des grilles

de référence; • participe à la rédaction de mémoires (par exemple, concer-

nant le Règlement modifiant le règlement sur les exploitations agricoles et la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroali-mentaire québécois - CAAAQ);

• assure une veille de certaines recherches scientifiques, no-tamment reliées à l’agroenvironnement.

Pour atteindre ces objectifs, le répondant en agroenvironnement doit demeurer à l’écoute des agronomes et des organismes des secteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire, entre autres en participant à des comités d’orientation et des comités techni-ques, mis sur pied soit par l’OAQ, soit par d’autres organismes du milieu, tel le MDDEP. Depuis son entrée en fonction, le répondant a coordonné les travaux de plusieurs comités, dont

celui sur les pratiques agronomiques en fer-tilisation organique, le comité sur les enclos d’hivernage et le comité provincial sur les effluents d’élevage. Leurs travaux ont per-mis l’atteinte de nombreux résultats, tels que :

• l’élaboration de la Ligne directrice de l’OAQ sur la gestion des matières fertilisantes;

• l’élaboration de la Ligne directrice de l’OAQ sur la gestion des amas de fumier solide au champ;

• l’élaboration de la Grille de référence pour la préparation, la mise à jour et le suivi d’un PAEF;

• l’organisation des tournées provinciales pour informer les agronomes des modifications apportées au REA et de la mise en application du Plan d’accompagnement agroenvi-ronnemental (PAA), entre autres;

• l’organisation de journées de formation (par exemple en aménagement des sols, en caractérisation des fumiers et des lisiers, en gestion de l’azote au quotidien, etc.).

Maintenant, le poste de répondant en agroenvironnement incor-pore aussi des tâches de répondant en pratique professionnelle, notamment parce que son mandat a été élargi pour inclure le suivi du comité de la formation continue de l’OAQ et l’appui des agronomes dans des champs d’activités plus larges que celui de l’agroenvironnement. Le répondant en agroenvironnement et pratique professionnelle occupe un poste clé au sein de l’OAQ pour assurer le service aux membres. Ne l’oubliez pas lorsque vous serez membre de l’Ordre des agronomes!

Un poste en agroenvironnement à l’Ordre des agronomes du Québec

PAR SOPHIE ST-LOUIS, AGR., CHARGÉE DE PROJETS, EN COLLABORATION AVEC RAYMOND LEBLANC, AGR., RÉPONDANT EN AGROENVIRONNEMENT ET PRATIQUE PROFESSIONNELLE

ORDRE PROFESSIONNEL

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Mars 2010| 7

L ’homme fut réveillé par les pleurs abondants d’un enfant voisin qui semblait déterminé à le réveiller ainsi chaque matin. Tout autour de l’épicentre de ce tapageur, on

s’activa tranquillement. L’homme s’étira tranquillement et chercha à tâtons ses lunettes qu’il mit sur le bout de son nez. Si son verre gauche était fractu-ré sur toute sa hauteur, n’en demeurait pas moins que sans elles, il demeurait myope comme une taupe. Sa petite fille était déjà levée et attendait simplement une autori-sation pour sortir de l’abri et aller jouer avec d’autres enfants qui trompaient leur faim en folâtrant des heures durant. Il l’accom-pagna jusqu’au centre du camp où il la laissa sous la surveillance d’une femme à moitié endormie qui massait inconsciemment le moignon de sa jambe, juste sous le genou. L’homme sortit du camp et se dirigea vers l’hôpital de campa-gne monté par des organisations non gouvernementales. Déjà, malgré l’heure matinale, plusieurs personnes traînaient près de l’entrée, mais l’atmosphère avait changé : la petite foule gardait ses distances devant l’entrée comme si un répulsif y était installé. S’approchant, il découvrit, bien droits et manifestement bien nourris, une dizaine de militaires armés qui, ostensiblement, montaient la garde devant l’entrée. Depuis l’arrière de la foule, qu’elle fendit d’un seul mouvement, une femme hystérique s’approcha à grands pas de ces militaires en posant des questions, manifestement peu soucieuse d’être comprise de ces derniers qui, manifestement peu soucieux d’être compris par elle, lui répondirent dans une autre langue qu’elle avait tout intérêt à s’éloigner le temps qu’on fasse le ménage à l’intérieur. Ménage en cours qui ne semblait pas plaire à tous, l’entrée ré-gurgita une dizaine de personnes qui, si elles posaient des ques-tions et tentaient de justifier leurs actes en argumentant inutile-ment, sortaient tout de même docilement. Depuis l’extérieur on ne vit que l’ébauche de plusieurs autres hommes habillés de vert kaki qui les forçaient à sortir. Avant de s’en aller, manifestement on ne l’autoriserait pas à aller voir sa sœur, l’homme entendit

encore une clameur et un dernier jeune homme sortit en courant, tenant dans ses mains une bou-teille de désinfectant. On lui fit subir simultané-ment un croche-pied et une corde à linge, on le délesta de son butin et, moyennant une simula-tion de coup de pied au derrière, on le mit tout à fait en déroute. Les militaires reprirent leur posi-tion ou rentrèrent dans l’hôpital afin de veiller à ce qu’aucun autre drôle ne tente le même coup.

Haïti PAR FRANÇOIS GERVAIS, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

ET RÉDACTEUR EN CHEF DE L’AGRAL

ÉDITORIAL

L’homme reprit son chemin, préférant prendre position dans la queue du centre de distribution de nourriture tout de suite afin de mettre la main sur de quoi manger le plus rapidement possi-ble. Un camion militaire arriva à sa hauteur, contournant labo-rieusement les immeubles écroulés sur la chaussée, et klaxon-nant frénétiquement dès qu’un groupe de personne ne lui sem-blait pas si empressé à dégager la route devant lui. L’engin s’ar-rêta quelques dizaines de mètres plus loin et, bruyants et rapi-des, des soldats étrangers organisèrent l’arrière du véhicule de manière à pouvoir effectuer la distribution des sacs qu’il conte-nait. L’homme s’approcha, comme plusieurs autres personnes, et on lui lança un sac assez lourd imprimé « Coleman ». Il sourit de toutes ses dents au militaire qui le lui avait lancé, déjà occupé à en distribuer d’autres, et s’en retourna tout heureux vers son abri dans le campement. Là, tout heureuse également, sa fille plongeait allègrement ses mains dans un sac de rations, donné aux enfants cet avant-midi, d’où elle ressortait des contenants d’aluminium remplis de nourriture. Ils se sourirent mutuellement, se voyant ainsi pourvus de dons bien utiles, et s’attaquèrent au repas sans plus attendre, leurs ventres gargouillant douloureusement. Sur le coup de midi, ras-sasié, l’homme avait rasé son abri en tôle tordue et l’avait rem-placé par la gigantesque tente qu’on lui avait donnée, certains voisins faisaient de même avec la leur, et quand les passants ne s’extasiaient pas sur la grandeur de cet abri où une dizaine de personnes pourraient dormir, on lui demandait ce que diable il avait fait pour y avoir droit. Il répondait en riant et en remer-ciant Dieu. Organisant l’intérieur pour qu’il soit efficace et puisse recevoir plusieurs personnes n’ayant pas sa chance, l’homme tomba sur une photographie de sa femme en ouvrant un de ses sacs. Il resta longtemps debout, les yeux fixés sur l’image, seul dans sa tente. Un voisin le dérangea en lui demandant de venir saluer sa fille pour une dernière fois. La petite avait les yeux rouges et conti-nuait à pleurer, ses parents n’étaient pas autrement heureux non plus, mais il semblait clair à tous que c’était le meilleur choix. Les trois Blancs venus la chercher redoublèrent leurs promesses de bonheur pour la jeune fille, puis quittèrent le campement après avoir reçu un assentiment final des parents. Des nuages orageux se profilaient à l’horizon, l’homme invita ses voisins à venir dormir dans sa tente ce soir, et se félicita en-core que Dieu eut voulu qu’il se retrouve sur les hauteurs du campement.

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8 | Le journal l’Agral

L ’année 2010 sera marquée par d’innombrables faits liés à une ouverture grandissante envers l’international. Que ce soit l’échec, en 2009, de l’accord de Copenhague sur les

changements climatiques ou encore les nombreux traités de libre-échange commerciaux et économiques, désormais, la spé-cialisation et l’interdépendance entre les pays sont de mise. Qu'en est-il de la mondialisation et du commerce planétaire de l’agriculture? Il est difficile de tâter le pouls de l’industrie agroa-limentaire quand l’information est diluée dans de nombreux articles sans fond prônant la beauté des systèmes actuels ou des multinationales. Pourtant, les enjeux sont réels et importants : l’agriculture est la base de la vie et devrait être constamment réformée et améliorée. La FSAA, en tant qu’institution, ainsi que chacune de ses composantes et les diverses personnes qui y travaillent doivent prendre conscience des problématiques inter-nationales qui concernent particulièrement la formation et la connaissance agroalimentaire. De tels enjeux, quasi transparents aux yeux de certains, nous confrontent quotidiennement et sont liés aux perspectives d’enrichissement de la formation qui dé-coulent d’une ouverture aux systèmes agricoles et alimentaires internationaux. La diversité des points de vue est un élément qui devrait être prioritaire dans le processus d’une formation agro-nomique. Pour ce faire, il est de notre obligation d’aller de l’avant et d’ou-vrir nos horizons sur des problématiques qui touchent plusieurs pays comme la déforestation, la dégradation des sols, la gestion des matières résiduelles agricoles et même la biosécurité alimen-taire. La population rurale représente encore aujourd’hui près de la moitié de l’humanité. Habituellement, sauf dans les pays riches, les ruraux ont pour prin-cipales activités l’agriculture ou l’élevage. C’est dans ce milieu que la faim sévit davantage et la pauvreté y est aussi beaucoup plus répandue. D’après les statistiques de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agri-culture (FAO) de 2009, le nombre de person-nes insuffisamment alimentées dépasse main-tenant le milliard. D’ici 2050, on prévoit une population mondiale de neuf milliards. Il va donc falloir accroître la production agricole de près de 70 % et cela, sans vraiment augmenter les superficies cultivées, mais plutôt en déve-loppant une meilleure productivité. L’échange de connaissances et de pratiques culturelles enrichit et favorise le développement de prati-ques durables. Aujourd’hui et demain, il faut travailler vers une gestion et une production

responsable de ressources naturelles agroalimentaires limitées. Nourrir une planète est un défi de taille qui attend les futures générations et la solution ne réside certainement pas dans les pratiques courantes d’une utilisation abusive des sols; cela risque même d’être la prochaine source de problème du 21e siècle. « Les formes diversifiées de vie enveloppent notre planète et, au fil des âges, en changent graduellement mais pro-fondément la face. En un sens, la vie et la Terre devien-nent une, chacune imposant à l’autre des changements. »

Lynn Margulis L’histoire nous a amené au point où nos pratiques agricoles, rurales et alimentaires ne peuvent plus être pensées et mises en œuvre indépendamment des politiques actuelles et anticipées d’un grand nombre de pays. En cette année de la biodiversité, il est de mise d’unifier notre savoir et nos acquis pour développer une faune et une flore épanouies composées d’innombrables espèces et organismes qui colonisent et produisent des éléments qui nous sont essentiels. La stabilité d’un écosystème dépend entièrement de sa diversité. Il est estimé que les humains se sont nourris de plus de 7 000 espèces de plantes au cours de leur histoire et qu’aujourd’hui, seulement 150 sont utilisées fréquemment. D’autre part, unique-ment certaines, dont le riz, le maïs, la pomme de terre et le blé, sont classées essentielles selon la FAO, car elles produisent à elles seules environ 60 % des calories et protéines végétales consommées par l’homme. On parle de près de 75 % de la di-

(Suite page 9)

Agriculture planétaire

PAR PHILIPPE VARENNES JUTRAS, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

INTERNATIONAL

NOUVEAU COMITÉ D’AGIR INTERNATIONAL LORS DU SOUPER INTERCULTUREL ET INTERASSOCIATION TENU DANS LE CADRE DE LA SEMAINE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

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versité phytogénétique qui a disparu, seulement au 20e siècle. De fait, cette perte dramatique, fortement liée à notre mode de vie, menace l'intégrité de la planète, tous pays confondus. C’est à travers une odyssée scientifique empreinte d’un bel esprit d’é-merveillement que nos actions immédiates et à long terme pour-ront ralentir la chute incontestée d’une crise alimentaire mondiale. « Comme il n’y aura plus personne après l’extinction pour assumer des responsabilités, il faut assumer dès aujourd-’hui toutes nos responsabilités. »

Jonathan Schell

AGIR International L'association AGIR International œuvre auprès de la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation à l'Université Laval afin de promouvoir des échanges interculturels pour le développement et la coopération de projets visant l'amélioration de nos pratiques culturales à travers le monde. Il s’agit d’abord de consolider certaines activités qui existent déjà et faciliter l’uti-lisation des instruments en place afin d’intensifier l’internationa-lisation de la formation à la Faculté. Parallèlement, il s’agit d’en-tretenir une dynamique universitaire propice à l’information, la réflexion et l’innovation concernant la dimension internationale. Cette association permet d'enrichir et d'approfondir nos connaissances dans le but de valoriser des méthodes d'agri-culture durables, économiquement et socialement. AGIR Inter-

(Suite de la page 8) national est un groupe d'étudiants de plusieurs programmes et de niveaux différents qui sont motivés et intéressés par les ques-tions internationales. Par ses différentes actions tout au long de l'année, le comité cherche à sensibiliser la communauté universi-taire aux réalités agroalimentaires vécues ailleurs tout en les inci-tant à agir à leur tour pour s'ouvrir au monde. Le comité s'oc-cupe aussi de l'accueil et de l'intégration des étudiants étrangers en organisant diverses activités. De plus, et ce tout récemment, AGIR International a rejoint l’association internationale des étudiants en agriculture et en sciences reliées (IAAS World) dont la mission est de promouvoir l’échange d’expériences, du savoir et d’idées. L’Université Laval est la première institution canadienne à joindre cette organisation mondiale. « L’homme qui veut s’instruire doit lire d’abord, et puis voyager pour rectifier ce qu’il a appris. »

Giacomo Casanova

Tu es intéressé? Viens discuter avec nous sur les possibilités d’un stage ou d’un travail à l’étranger. AGIR International [email protected] Poste 12282 Local CMT-0117

INTERNATIONAL

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10 | Le journal l’Agral

À l'été 2009, AGIR inter-national s’est doté d'un outil de taille pour sou-

tenir sa mission. Ce fut le premier comité canadien à rejoindre l'Association inter-nationale des étudiants en agriculture et sciences reliées (IAAS), l’une des plus gran-des organisations étudiantes au monde. C’est une association mondiale d’étudiants du secteur agroalimentaire, fondé en 1957, regroupant une quarantaine de pays et une soixantaine d’institutions d’enseignement supérieu-res aux quatre coins du globe. Cette organisation a pour mission de promouvoir le partage de connaissances, d’informations et d’idées par le biais de rencontres et d’échange interculturel, afin d’améliorer la compréhension mutuelle entre les étudiants en agroalimentaire de pays et de cultures différentes. IAAS et ses membres publient un magazine et organisent une multitude d’activités, dont un congrès mondial, des conférences, des sémi-naires, des projets de développement à petite échelle, des semai-nes d’immersions, des programmes d’échanges et de stages in-ternationaux.

Qu’est-ce qu’IAAS Canada? IAAS Canada est la toute nouvelle branche nationale de l’asso-ciation mondiale IAAS. AGIR International a pour responsabili-té de mettre sur pied ce comité. Nous sommes présentement un comité membre candidat pour deux ans et pour être reconnu comme un comité membre complet, nous devons participer activement aux réunions et différents projets de cette association. Nous pourrons alors profiter des avantages que l’association procure et voter aux assemblées généra-les. Nous souhaitons, par la mise sur pied d’IAAS Canada, mettre à la disposition des étudiants de la FSAA une structure leur permettant d’accentuer les échanges internationaux, les sensibili-ser aux différentes probléma-tiques internationales par le

biais d’activités et la diffusion d’informa-tions et d’envoyer une délégation de cinq étudiants par année au congrès mondial annuel d’IAAS (possibilité ouverte à tous les étudiants de la FSAA) pour re-présenter l’université, la Faculté et le Canada. Congrès mondial 2010 en Indonésie

Cette année, le 53e congrès mondial d’IAAS se tiendra en Indonésie du 11 juillet au 5 août sous le thème : « The Power of Local Resources to Support Food, Energy, and Trade: Food Security, Renewable Energy, and Free Trade ». Le Congrès représente l’occasion de tenir l’assemblée générale annuelle d’IAAS, mais également de présenter de nom-breux séminaires, conférences et symposiums. Chaque comité y présentera sa culture et son université. De plus, les journées seront occupées par des excursions, visites de fermes et d’instal-lations industrielles ainsi que par des activités d’échanges cultu-rels et de discussions. Cette année, le comité AGIR veut envoyer deux représentants de la Faculté à ce congrès. Ceux-ci établiront des contacts avec des étudiants de partout sur le globe, partagerons sur les métho-des d’enseignements, les activités agricoles propres à chaque pays et sur les opportunités d’échanges qui nous sont offertes et que nous avons à offrir. Plus concrètement, ils s’enrichiront de connaissances sur les cultures agricoles indonésiennes et parti-culièrement sur le thème développé. À leur retour, ils présente-ront ce qu’ils auront acquis par le biais d’articles, conférences,

films, etc. Nous souhaitons, par ce partena-riat, favoriser les échanges de tous les étudiants de la FSAA avec les étudiants de partout sur le globe dans le domaine de l’agroalimen-taire et ainsi enrichir leur forma-tion. Tout porte à croire que le congrès mondial 2011 sera en Grèce! Serez-vous de la délégation? Références http://www.iaasworld.org http://woco2010.iaasindonesia.org

Une association internationale d’étudiants en agriculture!

PAR KETSIA JOHNS, COORDONNATRICE D’AGIR INTERNATIONAL-IAAS CANADA ET ÉTUDIANTE EN AGRONOMIE

INTERNATIONAL

VISITE D’UNE PRODUCTION DE NOPAL LORS DU CONGRÈS MONDIAL D’IAAS 2009 AU MEXIQUE

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U n excellent article de Claude Lafleur sur les retombées des Jeux olympiques est paru récemment dans le De-voir1. Selon son analyse, les Jeux olympiques de Van-

couver risquent d'être un gouffre financier puisqu'avec les dé-passements de coûts, ils coûteront 2,5 milliards de dollars au lieu des 1,3 prévus initialement... pour des retombées estimées de 1 à 2 milliards de dollars! Bien sûr, les véritables retombées des J.O. surviennent sur le long terme, en augmentant la notoriété de la ville et en faisant profiter son développement des investissements dans les infras-tructures. Dans le cas de Barcelone et Athènes, les J.O. auraient été particulièrement structurants. Mais les retombées attendues des J.O. de Montréal en 1976 n'ont pas été au rendez-vous. Si on regarde l'expérience des derniers J.O. d'hiver nord-américains, Calgary aurait connu une augmentation notable du tourisme depuis ses jeux en 1988. Dans le cas de Salt Lake City, les jeux de 2002 auraient rapporté 100 millions de dollars à la collectivi-té. Mais ce serait les entreprises qui profitent des jeux, pas tant la collectivité en général. Et une grosse part de l'argent récolté sert à l'entretien des infrastructures sportives excédentaires. L'auteur développe aussi sur le très pertinent coût d'opportuni-té2 des J.O. Les sommes faramineuses investies dans le culte de la compétition sportive pourraient être mises sur des projets davantage pertinents et structurants, par exemple un TGV Qué-bec-Montréal-Ottawa-Toronto-New York... ou des événements récurrents qui emmènent des revenus plus durables. (Cela dit, si les olympiques stimulent l'intérêt de la populace pour l'activité physique, tant mieux! Mais il serait très possible d'accomplir cet objectif de façon plus efficiente, tout en divertis-sant les masses avec le sport, sans dépenser des milliards de dollars en « bling-bling » et sans renforcer cette obsession pa-thologique de notre civilisation pour mesurer les personnes entre elles et vénérer les célébrités.) Chose certaine, le TGV est devenu plus que nécessaire, et si certains estiment que présentement ce serait trop coûteux pour les retombées immédiates, on ne peut nier qu'à moyen terme, il deviendra une nécessité. Les corridors NY-TO-QC ne connaî-tront qu'un achalandage croissant puisque la croissance démo-graphique n'est pas prête de s'arrêter, et qu'elle se manifeste surtout dans les villes. « Ces bassins de population représente-

ront des pôles démographiques majeurs et il n'y a aucun doute que ces régions de-

vront se tourner vers de nouveaux modes de transports pour permettre les déplacements », pouvait-on lire dans une lettre parue dans Le Devoir cet automne3. D'autant plus qu'avec le vieillissement de la population, de plus en plus de citoyens ne pourront plus conduire, et les infrastructures de transport de-vront s'y adapter et répondre aux nouveaux besoins. Un TGV répondrait mieux aux besoins de déplacements inte-rurbains des populations de ces grands centres. Selon Éric Champagne, « Pour maintenir et améliorer son niveau de déve-loppement, le Canada devra s'appuyer de manière prépondé-rante sur une économie du savoir. Pour ce faire, le ‘libre échan-ge’ des cerveaux entre les agglomérations urbaines est fonda-mental.4 » Il est grand temps de profiter de la densité de ces populations pour réaliser des économies d'échelle dans les trans-ports et diminuer les externalités globales. Et, comme l'a bien dit un commentateur du premier article, le Québec devrait com-mencer à se pencher là-dessus et à travailler pour que la liaison à New York se fasse de Montréal, et non pas de Toronto. Avec l'inévitable croissance à moyen et long terme des coûts du pétrole, ressource non renouvelable se raréfiant, il est impératif de moderniser notre économie là où des gains d'efficience peu-vent être faits. D'autant plus que, la construction et la haute technologie étant largement tributaires du pétrole, plus on at-tend pour construire cette infrastructure, plus les coûts seront élevés. Si on est prêts à investir des milliards pour recevoir le plus gros concours de médailles du monde, sous prétexte de retombées économiques, je pense que la réflexion ne peut que nous mener à conclure que nous sommes fins prêts à investir une somme similaire pour moderniser notre infrastructure de transport. Une opportunité pertinente à saisir, quand on sait qu'aux States, le projet de TGV de 1,2 milliard de dollars reliant les grandes villes de l'Est (Washington, Pittsburgh, New York, Boston, Buffalo et Montréal) est déjà sur la planche à dessin5. 1 http://www.ledevoir.com/sports/jeux-olympiques/282604/

de-montreal-a-vancouver-entre-un-tgv-et-des-jo-que-choisir 2 Coût d'opportunité: la valeur de la meilleure option à laquelle

on renonce 3 http://www.ledevoir.com/economie/transport/269346/le-

projet-de-tgv-est-il-enfin-mur 4 ibid. 5 http://www.whitehouse.gov/the-press-office/fact-sheet-high-

speed-intercity-passenger-rail-program-northeast

Le coût d’opportunité des J.O.

PAR GEOFFROY MÉNARD, ÉTUDIANT EN AGROÉCONOMIE

INTERNATIONAL

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12 | Le journal l’Agral

I l y a un proverbe haïtien qui dit : « Ceux qui produisent leur propre nourriture ne souffrent jamais de la faim ». Ainsi, nous sommes en droit de nous demander comment ce fait-

il qu’il y ait tant d’agriculteurs dans les pays du Sud qui n’arrive pas à se nourrir convenablement. Lors du Sommet mon-dial de l'alimentation de 1996, les représentants de 185 pays se sont engagés à atteindre la sécurité alimen-taire universelle, c'est-à-dire l'accès physique et économique, à tout moment et pour chaque être humain, à une alimentation nutritive en quantité suffisante leur permettant de mener une vie saine et active. Ainsi, il avait été prévu de réduire de moitié la faim dans le monde d’ici 2015. Ce-pendant, depuis, la malnutrition frappe toujours de plus en plus. Alors qu’à l’époque on estimait à 800 millions le nombre de personnes à être concernés, on annonçait que celui-ci avait dépas-sé le milliard à la fin de 2009. Sur ce milliard, 80 % sont des petits paysans, des ouvriers agrico-les, des paysans sans-terres, etc. Sur une planète qui fournit suffisamment de nourriture pour alimenter toute la population, comment est-ce possible? Les grands responsables de ce désastre sont les pays industriali-sés qui, depuis 30 ans, adoptent des politiques commerciales très agressives envers les pays du Sud. Depuis que les institu-tions mondiales comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fond monétaire International (FMI) ont appliqué la logique marchande sur les produits alimentaires, les gestes qui ont été posés par les pays du N o r d ( spécu l a t ion , politiques d’a-j u s t e m e n t s structurels et conditions liées aux prêts accordés aux pays pauvres, libéralisa-tion des marchés et ouvertures des frontières) ont miné la capa-cité des individus, des communautés et même des états à pro-duire leurs propres ressources. De nombreux pays qui jadis étaient autosuffisants au niveau de leur alimentation doivent maintenant importer de grandes quantités de nourriture pour suffire à leurs besoins, tout en produisant et exportant à bas prix de nombreux produits destinés aux marchés occidentaux. La nourriture est donc désormais considérée comme une marchan-dise commerciale et non comme un droit fondamental.

Plus récemment, la popularité croissante des agrocarburants dans les pays occidentaux commence à avoir de graves consé-quences sur le reste de la planète. Cette année, AGIR Internatio-nal souhaite offrir son soutien à la campagne de Développe-

ment et Paix « Nous travaillons la terre. Nous luttons pour nos droits », qui tente de sen-

sibiliser la population sur la menace que représente l’expansion de leur culture dans les pays du Sud. De plus en plus de pays se fixent des objectifs pour inclure un certain pourcentage de ces carburants dans les trans-ports, mais ces pays ne peuvent fournir à la demande ainsi crée. On se tourne donc, encore, vers le Sud pour nous fournir ce qui nous man-que. Mais quels sont les effets réels

de la production des agrocarburants?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la manière actuelle de produire les

agrocarburants a de graves conséquences autant sur le plan humain qu’environnemental. D’abord, ils ne sont pas aussi « verts » qu’on le prétend. En effet, alors qu’il n’est pas faux de dire que ceux-ci nous font réduire notre consommation directe de pétrole (ce qui n’est pas une grande amélioration en soi, car, au final, on ne fait que retarder la fin des réserves), il faut tout de même considérer que la culture de ceux-ci nécessite de grandes quantités de combustibles fossiles, notamment pour

la production de f e r t i l i s a n t s (fabriqué à l’aide du pétrole), le fonctionnement de la machine-rie, le transport

du produit brut vers les raffineries des pays industrialisés, etc. Il faut ajouter à ça la déforestation à grande échelle, l’assèchement des tourbières, les modifications du territoire, les pertes de car-bone des sols et les émissions d’oxydes nitreux. Au final, il est possible que ceux-ci accélèrent le réchauffement climatique plu-tôt que de le freiner. Leur culture est également une grave me-nace pour la biodiversité, notamment à cause de la grande défo-restation qui en résulte. Au Brésil, la culture du soya a été identi-fiée comme étant la plus grande responsable de la déforestation dans le bassin de l’Amazone. Un rapport de la NASA de 2006

(Suite page 13)

Malnutrition, agrocarburants et souveraineté alimentaire

PAR FRÉDÉRIC VERVILLE, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

INTERNATIONAL

« IL FAUT 232 KILOGRAMMES DE MAÏS POUR PRODUIRE 50 LITRES DE BIOÉTHANOL. CETTE QUANTITÉ DE MAÏS POURRAIT NOURRIR UN ENFANT PENDANT UN AN. »

-JEAN ZIEGLER, ANCIEN RAPPORTEUR SPÉCIAL DE L’ONU SUR LE DROIT À L’ALIMENTATION, QUI A QUALIFIÉ LES AGROCARBURANTS DE CRIME CONTRE L’HUMANITÉ.

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Mars 2010| 13 INTERNATIONAL établit une corrélation directe entre le prix du soya sur les mar-chés et le taux de déforestation dans la région. L’Indonésie, quant à elle, a perdu 24.1 % de son couvert forestier entre 1990 et 2005. Pendant la même période, le nombre d’hectares en culture de palme à huile est passé de 600 000 à 6.4 millions d’hectares. Le gouvernement indonésien planifie en convertir un autre 20 millions d’hectares d’ici les 20 prochaines années, pour atteindre au final une surface plus grande que la superficie de la Grande-Bretagne! La place grandissante des agrocarburants sur les marchés mondiaux cause égale-ment une augmentation du prix des den-rées alimentaires, réduisant la capacité des gens plus pauvres à se nourrir conve-nablement. En 2007, par exemple, le prix du maïs, principale denrée alimentaire au Mexique, a augmenté de 70 % en l’espace de 6 mois, car le maïs produit était plutôt destiné à l’exportation vers les États-Unis pour produire de l’éthanol. Dans un rap-port publié en 2008, la Banque Mondial affirmait que le coût des aliments avait grimpé de 75 %. Cette hausse était parti-culièrement marquée pour certaines pro-ductions qui étaient de plus en plus dé-tournées vers la production d’agrocarbu-rants plutôt que pour la consommation humaine ou animale, comme le maïs, la canne à sucre, les huiles de canola, de palme et de soya. Finalement, la culture des agrocarburants dans les pays du Sud pour les pays du Nord a de graves conséquences sociales. Selon le Forum permanent sur les enjeux autochtones de l’ONU, plus de 60 millions de personnes issues de communautés indigènes qui dépendent directement de la forêt pour leur survie sont me-nacées. En Indonésie, on prévoit que plus de 5 millions de per-sonnes seront expulsées de leurs terres pour faire place aux mo-nocultures de palmes à huile. En Amérique latine, les militaires et paramilitaires expulsent violemment et illégalement les gens, ce qui se conclut souvent avec plusieurs morts et des milliers de sans-terres. La croyance voulant que ces cultures créent des emplois est également fausse. Selon Développement et Paix, la culture des agrocarburants ne maintient que 10 emplois pour 100 hectares, alors que l’agriculture paysanne familiale génère 35 emplois pour 100 hectares. De plus, ces emplois sont souvent très précaires, avec de mauvais approvisionnements en eau, en nourriture et des salaires trop faibles. Les conditions de travail et de vie sont aussi très néfastes pour la santé, car les travailleurs, tout comme l’eau qu’ils consomment, sont constamment en contact avec les produits chimiques utilisés.

(Suite de la page 12) Actuellement, la croissance de l’industrie des agrocarburants est une menace à la sécurité alimentaire et une contrainte au respect des droits fondamentaux des peuples. Il est possible de renver-ser la tendance et de rendre aux pays du Sud les moyens de nourrir leurs populations convenablement. Comme les politi-ques voulant assurer la sécurité alimentaire ont échoué, les paysans du monde ont créé un nouveau concept, la souveraine-té alimentaire. Elle se définit comme le « droit des individus, des peuples, des communautés et des nations de définir leurs

propres politiques relatives à l’agriculture, au travail, à la pêche, à l’alimentation et à la terre, qui sont adaptées sur le plan éco-logique, social, économique et culturel à leur situation particulière. Elle inclut le véritable droit à l’alimentation et à la pro-duction de la nourriture, qui signifie que tous les êtres humains ont droit à une nourriture saine, nutritive et culturelle-ment adaptée aux ressources de produc-tion de la nourriture et à la capacité d’au-tosuffisance pour eux-mêmes et pour leur société ». Faire la promotion de la souve-raineté alimentaire, c’est offrir à tous la chance de prendre en main sa propre pro-duction de nourriture et par le fait même, sa vie. Nous avons souvent tendance à oublier que l’agriculture est la base de tout, qu’elle est la seule « industrie » absolument nécessaire et que nous devons à tout prix en garder le contrôle et la rendre plus ac-cessible et plus durable.

La production d’agrocarburant n’est pas mauvaise en soi. Il faut cependant revoir la façon dont nous voulons développer l’in-dustrie. Comme toute production agricole, une approche plus locale et plus respectueuse des peuples et de l’environnement est à envisager. Il est possible que tout le monde tire profit d’un développement durable de cette ressource, à condition bien sûr que la volonté des décideurs et de la société soit présente. Développement et Paix invite les gens à faire part de leurs opi-nions au gouvernement du Canada, dans le cadre de la ren-contre du G8 qui se déroulera en Ontario en juin 2010. En tant que pays hôte, le Canada a la possibilité de mettre ce sujet à l’ordre du jour des discussions. Pour plus d’information, signer la pétition et prendre part à leur campagne, rendez-vous sur leur site web : h t t p : / / w w w . d e v p . o r g / d e v p m e / f r / e d u c a t i o n /educationcampaign-fr.html Pour plus d’informations sur le mouvement paysan internatio-nal : http://viacampesina.org/fr/

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A près un examen particulièrement peu épuisant et diver-ses autres activités reliées de près ou de très loin à l’ac-quisition de connaissances de niveau universitaire, une

microscopique foule d’invités attendait patiemment que les li-mousines retenues s’avancent devant l’entrée principale du Comtois. Sous un soleil ardent filtré par quelques nuages et un début de smog hivernal, les rutilantes voitures s’avancèrent : nonobstant une peinture de qualité supérieure, le calcium les avait crottées de manière à ce qu’elles semblent de vulgaires bagnoles usagées. Cet état de fait ne sembla pas ralentir l’ardeur des personnes assemblées qui laissèrent aller leur joie à coup de vivats enthousiastes, d’exclamations heureuses, de hourras jubi-latoires, d’applaudissements ravis et même de vénérations extati-ques pour les plus sensibles. Bien installés dans leur très spacieux moyen de transport haut de gamme, les participants à l’activité organisée par le Club Phy-to-Sol purent regarder avec admiration le ballet gracieux des voitures prises dans la circulation quittant Québec à l’heure de pointe : là un semi-remorque manquant de peu une sous-compacte téméraire, là un conducteur écumant qui zigzaguait d’une rangée à l’autre, là une ambulance engluée qui peinait à faire bouger un bouchon compact, là un vieux bateau crachant bleu et sentant l’huile qui s’essoufflait à garder le rythme. Naviguant dans cette mer comme de vieux loups, les deux conducteurs des limousi-nes purent franchir le pont sans à coups et sans utilisation du klaxon qu’on entendait pourtant retentir sans discontinuer à l’exté-rieur. Très rapidement et surtout sans se perdre dans les rues de Lévis, les comparses arrivèrent à la micro-brasserie le Corsaire sise tout près du quai de la traverse. Le pub prenait des airs hétéroclites, mais très agréables. Installé dans un bâtiment quelconque qui semblait davantage le bureau d’une compagnie d’assurance qu’un sympathique pub, ce qui frappait dès l’entrée c’était les quatre cuves de fer-mentation en acier inoxydable qui constituaient la partie brasse-rie comme telle : derrière une vitrine destinée à isoler sanitaire-ment les lieux de concoctions de la divine boisson alcoolisée, on pouvait voir reluire, dans la lumière de ce début de soirée, les contours lisses et gracieux des instruments de laboratoire utilisés pour s’assurer des qualités gustatives et de l’innocuité de la bois-son si soigneusement élaborée. Nul doute que lorsque le maître-

brasseur des lieux se lançait dans la confection d’une nouvelle bière, on s’amassait en grand nombre derrière cette vitrine pour suivre avec attention les préparatifs en se pourléchant les babi-nes d’envie devant tant et tant d’ingrédients de première qualité qu’on mélangeait dans un but si apéritif. Malgré les promesses du club Phyto-Sol, les personnes présen-tes ne purent visiter convenablement les lieux : le maître-brasseur les ayant attendus avait décidé de s’éclipser du fait de leur trop grand retard. L’associée de ce dernier, une jeune femme volubile et sympathique, se désola de cet inconvénient et prit sur elle de consoler, bien au-delà de leurs espérances, les étudiants : on leur apporta, gratuitement, des pichets d’excel-lente bière et l'on poussa même la politesse jusqu’à offrir des rabais aux deux conducteurs se devant de rester sobre. Ces largesses furent appréciées d’autant plus qu’elles étaient faites de bon cœur et qu’elles étaient d’excellentes qualités. Grâce aux talents des cuisiniers, les bières offertes et achetées

trouvèrent des compléments idéaux : pizza aux saucisses de chevreuil et pomme ou bien au saumon fumé, fougasse au

fromage de chèvre et asperge, nachos épicés, etc. tou-jours servis avec bonne humeur et à point nommé.

Ajoutons à cela le décor du pub et les étudiants étaient au septième ciel : l’ameublement complet était en bois, les murs également, quand ils n’é-taient pas de briques ou recouverts d’immenses miroirs rendant l’endroit très aéré. En fin de soirée, la copropriétaire, éplorée par le rendez-vous manqué de la visite, mais ayant

davantage de temps libre avec la fin du 5 à 7, fit l’honneur aux étudiants de répondre en toute franchise à leurs questions. Démarrée il y a deux ans, l’entreprise

pouvait déjà se vanter de faire affaire avec une trentaine de clients preneurs de

leurs bières en canette : visibilité appréciée, car en terme de concurrence, les microbrasseries doi-

vent faire front contre des multinationales aux bras longs. Déjà, le choix des canettes plutôt que des bouteilles de bière est un gage de qualité (les rayons du soleil n’ont jamais été tendres envers les boissons alcoolisées) et de marketing (en se distin-guant de la plupart des autres microbrasseries commercialisant leurs produits en bouteilles). Également, les canettes sont consi-gnées partout au Québec et tous les épiciers les acceptent, via leurs machines. Tandis que tout amateur de bière spécialisée

(Suite page 15)

Visite au Corsaire PAR FRANÇOIS GERVAIS, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE

ET RESPONSABLE AUX COMMUNICATIONS POUR PHYTO-SOL

VIE ÉTUDIANTE

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s’est déjà heurté à un dépanneur ou un épicier qui refusait ses bouteilles en verre des microbrasseries sous prétexte qu’il ne les vendait pas lui-même (et refusait donc d’assumer le coût de la consigne s’il ne profitait pas des ventes d’abord). Ces fameuses canettes, cependant, si elles sont plus simples à vendre (et sauve l’entreprise d’un investissement important : machines à laver les bouteilles vides) peuvent tout de même poser quelques problèmes : les livraisons se font par groupes de plusieurs milliers de canette qui doivent être stockées près des cuves de fermenta-tion (coût d’entreposage important) et le saut entre des étiquettes collées manuellement et des canettes déjà imprimées comporte des risques du côté de la flexibilité de l’entreprise face aux variations de la demande des quatre types de bières commercialisées (on s’imagine mal ouvrir une bière blonde dont la canette comporte une étiquette collée par-dessus un imprimé annonçant une bière noire).

Également, les défis qu’ils s’étaient proposés au départ ont dû être remaniés en fonction des impératifs économiques

du pub : alors qu’ils souhaitaient d’abord fabriquer leurs bières avec le plus d’ingrédients locaux possi-

ble (en partenariat avec un troisième associé, qui s’est désisté depuis, mais qui aurait pu faire

pousser les grains et le houblon), ils ont dû

(Suite de la page 14) sacrifier temporairement cet objectif en s’assurant d’abord que le très achalandé pub offre tout ce qu’il faut à sa clientèle pour la garder. Devant l’ampleur de la tâche (une quinzaine d’employés, de grandes heures d’ouverture, des spectacles à coordonner, des dégustations à organiser), les deux copropriétaires ont dû remet-tre leurs ambitions d’autonomie locale à plus tard. Cela dit, s’ils s’assurent de saisir leur chance lorsqu’elle passe

(fut-elle différente de leurs espérances), il n’est pas question pour autant de passer par-dessus leurs principes : fabri-

quer, artisanalement, des bières de qualités qui seront distribuées en priorité aux partenaires locaux en qui

ils savent pouvoir placer leur confiance (notamment dans la description des produits

devant les clients et dans les méthodes d’entre-posage des canettes avant la vente). Et, s’il n’est pas

exclu d’entrer dans les grandes chaînes de distribution, il n’est pas question non plus d’agrandir la microbrasserie à la hâte afin d’assouvir l’immense appétit des compagnies. C’est là que des partenaires-distributeurs qui jouent avec la marge de liberté de leur bannière deviennent intéressants : sans nécessiter des volumes gigantesques, ils leur permettent tout de même une présence sur les tablettes dans une épicerie non spécialisée. La copropriétaire se devant de continuer à travailler, elle laissa les étudiants à leur dégustation finale, après quoi ils s’en retour-nèrent à Québec avec l’impression que cette entreprise-là, pour jeune qu’elle était, se destinait à un brillant avenir.

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I l fut un temps où seules des entreprises marginales fabri-quaient des produits « écolos » distribués dans des réseaux spécialisés. Mais maintenant que la préoccupation environ-

nementale cogne aux portes des masses, des produits se vantant d'être écologiques colonisent les tablettes des grandes surfaces. Certains sont des descendants des produits véritablement alter-natifs. Certains sont légèrement moins pires que les produits « conventionnels » contre lesquels ils se positionnent en alterna-tive. D'autres sont carrément les mêmes produits, mais avec l'étiquetage vert. Coup d'œil sur la récupération fallacieuse de l'environnement...

L'écomarketing

Greenwashing, écoblanchiment, mascarade écologique, verdisse-ment d'image, désinformation verte... Différentes expressions sont nées pour faire référence à ce phénomène qui a pris une ampleur épatante dans les dernières années. Cette pratique aux méthodes douteuse consiste pour une entreprise (ou un parti politique!) à jouer la carte environnementale pour mousser son image auprès des consommateurs, et leur faire croire qu'un pro-duit (ou l'organisation elle-même) est plus « vert » qu'il ne l'est en réalité. On exagère des prétentions, on déforme les faits, on manipule l'information et le consommateur n'y voit que du feu. L'écoblanchiment, c'est quand une entreprise ou un produit réussit à se donner une image verte, respec-tueuse de l'environnement, qui n'est que de la poudre aux yeux. Certains définissent l'écoblanchiment de façon plus précise comme une entreprise qui investit davantage dans le marketing de son image verte que dans de véritables actions favorisant l'environnement. De façon générale, on parle de greenwashing quand la publicité insiste sur des vertus écologiques qui ne sont pas réellement en lien avec la réalité. Du point de vue du marketing, le vert peut être un critère qui joue sur le risque perçu par rapport à l'achat d'un produit. Le consommateur évalue le risque physique qui découle de l'achat du produit, par exemple au ni-veau de dommages à l'environnement ou nuisance pour sa san-té. Puis il y a le risque psychosocial: l'estime de soi du consom-mateur, qui doit rester intègre si la protection de l'environne-ment fait partie de ses valeurs, et son image, si le consommateur veut éviter de passer pour quelqu'un qui néglige l'environne-ment. Quelqu'un qui se préoccupe des conséquences réelles de sa consommation sur sa santé et l'environnement se questionne-ra davantage à savoir si les produits qu'il achète sont réellement plus inoffensifs, tandis que pour quelqu'un qui le fait pour son

image ou sa bonne conscience, les prétentions d'un produit ris-quent d'être suffisantes. Dans cette optique, l'écomarketing joue un rôle de « rassureur » : il déculpabilise le consommateur afin de le faire passer plus rapidement en consonance cognitive, état indispensable à la décision d'achat. Ainsi, pour aller chercher une partie du segment de marché de consommateurs pour qui l'environnement est un critère, un produit n'a pas besoin d'être vert, il a seulement besoin d'en avoir l'air! L'écologique est une clef identitaire qui permet, quand les marques concurrentes n'y ont pas déjà recours, de se démarquer. Pour le consommateur qui est un peu sensible à l'impact environnemental de ses choix, le choix entre deux pro-duits de marque prestigieuse à prix similaire peut pencher facile-ment sur celui qui a, à première vue, une empreinte écologique plus modeste. L'entreprise peut utiliser l'image verte pour aller chercher un segment de marché supplémentaire.

Les tromperies rencontrées La firme de marketing environnemental TerraChoice a étudié les prétentions environnementales de produits de grandes marques destinés à la distribution de masse. L'objectif était de décrire, comprendre et quantifier la croissance de l'écoblanchiment. Le

premier rapport, en 2007, a relevé six patterns ou formes de prétentions, qui sont confondantes, imper-

tinentes ou carrément mensongères, et les a identifiées comme les six péchés de l'écoblanchiment1. 98 % des pro-duits examinés ont été trouvés cou-pables de l'une ou l'autre de ces for-mes de tromperie. Cette étude a don-né suite à une deuxième en 2009, qui a analysé encore plus de produits

(2219 au total), dégagé des nouvelles tendances et identifié un septième péché,

celui de l'étiquette mensongère. TerraChoice émet une mise en garde à propos des produits de

nettoyage, l'une des trois catégories où les prétentions vertes sont les plus répandues. Des sept types de tromperies écologiques, trois sont particuliè-rement importantes et concernent 80 % des prétentions trom-peuses. La première en importance dans les produits d'entretien est l'imprécision, trouvée dans 31 % des cas. Ce « péché » est commis quand une prétention est vague, mal définie, ou peut prêter le consommateur à mauvaise interprétation. Il peut s'agir

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Lavage vert? Quand l’environnement est au service du marketing...

PAR GEOFFROY MÉNARD, ÉTUDIANT EN AGROÉCONOMIE

ENVIRONNEMENT

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par exemple d'un produit qui porte la mention « naturel » ou « vert ». Plus subtilement, des produits déclarent être « fait avec des ressources renouvelables », ou « fait avec des huiles essen-tielles à 100% ». Quelle proportion des matériaux du produit provient de sources renouvelables? Est-ce que ça inclut l'énergie de la fabrication? Le produit contient peut-être des huiles qui sont essentielles à 100 %, mais l'essentiel du produit repose sur la même recette synthétique. Le compromis caché représente 23 % des péchés de masca-rade écologique débusqués par la firme de marketing environne-mental. Cela fait référence à une prétention écologique d'un produit, basée sur un critère ou quelques critères peu significa-tifs qui, même s’ils sont vrais, font oublier le bilan global du produit. Par exemple, un détersif peut se vanter d'être concentré (« une plus petite quantité suffit! ») et sans parfum, alors qu'il contient du chlore ou des phosphates et que son contenant n'est pas fait de matière recyclée ni recyclable. Ce n’est pas parce qu’un produit est biodégradable qu’il est « écologique », puisqu’il peut quand même être toxique et nocif durant le processus de dégradation. Une autre faute souvent commise par l'écomarketing est l'absence de preuve (23 % des tromperies). Beau-coup de prétentions ne sont pas soutenues par une tierce partie certificatrice et ne peuvent être vérifiées. Beaucoup de produits nettoyants se vantent d'être bio-dégradables. Certains spécifient que la biodégrada-bilité a été vérifiée par le test OCDE 301D, mais beaucoup n'indiquent rien pour appuyer leur déclara-tion. Des caractéristiques intrinsèques d'un produit peuvent être mises en évidence comme prétexte pour qualifier le produit d'écologique. Par exemple, un savon peut se targuer d'être sans phosphate alors qu'il est pourtant identique aux au-tres, puisque tous les savons à vaisselle sont sans phosphates. TerraChoice qualifie cette tromperie de non-pertinence. Une perle d'impertinence : cette publicité française d'un détachant « écologique » qui se vante d'être « conditionné dans un embal-lage recyclable, garanti sans phtalate, sans enzymes, ni colorant, respecte la quantité d'allergène fixée par le Règlement euro-péen2 ». Sans plomb et sans OGM, avec ça?

La prise en charge tarde à venir... En un sens, la prolifération des produits aux allégations écologi-ques peut être vue comme un signe que les industries reconnais-sent l'existence de la demande pour des produits plus écologi-ques. Ça devient problématique quand, au lieu de réduire leur empreinte écologique, les entreprises se contentent de verdir leur image. Sans nécessairement détenir les produits parfaits, il est possible pour les fabricants de produits de fournir davantage de preuves scientifiques, et manifester davantage d'honnêteté et de transparence, au lieu de peindre leurs produits en vert en espérant que les consommateurs n'y voient que du feu. Le Bureau des normes canadiennes de la publicité recevrait de plus en plus de plaintes à propos d'allégations environnementa-

(Suite de la page 17) les. Curieusement, les plaintes proviennent davantage d'entrepri-ses concurrentes que de consommateurs! Comme quoi la sur-veillance entre concurrents pourrait avoir un effet de modéra-tion. À mesure que le phénomène de greenwashing est de plus en plus reconnu, et des coupables justement discrédités, les en-treprises se montreront plus prudentes dans les prétentions environnementales et, espérons-le, plus sérieuses dans leurs efforts de développement durable. Dans son rapport de 2009, TerraChoice a conclu que « l'écoétiquetage honnête augmente », étant deux fois plus répandu qu'au moment de la première étude deux ans plus tôt. En 2008, l'Association canadienne de la normalisation, en asso-ciation avec le Bureau canadien de la concurrence, a publié le Guide des déclarations environnementales pour l'industrie et les publicitai-res3. Ce document assez complet d'une soixantaine de pages fait des recommandations quant aux allégations relatives à l'environ-nement. Cependant, ce ne sont que des recommandations et non des règles, le document n'ayant pas force de loi. Comme pour beaucoup de questions environnementales, il semblerait que le gouvernement a une approche plutôt volontariste! Aux États-Unis, la Federal Trade Commission a développé un guide semblable destiné aux publicitaires pour que leurs préten-tions ne trompent pas les consommateurs. Tout comme au Canada, il n'y a que des recommandations et il ne semble pas y avoir de règlementation spécifique aux allégations écologi-

ques. En France, l'Autorité de régulation pro-fessionnelle de la publicité s'est fixée des règles déontologiques encadrant l'utilisation d'argu-ments écologiques dans sa Charte pour une publicité écoresponsable4. Le nombre de publicités abusives serait à la baisse depuis, mais il n'y a toujours pas

de sanctions pour les contrevenants, ce que plu-sieurs déplorent. Le Conseil paritaire de la publicité

fait pression auprès de l'ARPP pour le renforcement des princi-pes de la recommandation afin que l'encadrement soit plus effi-cace5. Paraitrait-il qu'en Norvège, l’ombudsman des consomma-teurs aurait déposé un avis limitant l'utilisation de l’environne-ment dans les publicités automobiles6. Au niveau international, depuis 1999 existe la norme ISO 14021 sur les autodéclarations environnementales. « Elle pose des exi-gences générales pour toute déclaration environnementale, vi-sant à en assurer la pertinence et la sincérité et à réduire la confusion actuelle et donne la définition et les exigences liées à 12 déclarations usuelles.7 » Cependant, elle ne semble pas faire fureur chez les fabricants des produits qu'on trouve dans nos commerces.

Des stratégies pour s'en sortir Pour agir contre l'écoblanchiment, les consommateurs peuvent essayer de donner du feedback aux entreprises abusives. Norma-lement, les gestionnaires devraient se préoccuper de l'image de leur entreprise, et il est possible qu'ils réagissent si assez de consommateurs leur font savoir qu'ils ne se laissent pas prendre pour des valises. Ils peuvent aussi déposer une plainte au Bureau de la concurrence du Canada8. Ce dernier est supposé examiner

(Suite page 19)

ENVIRONNEMENT

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au cas par cas les entreprises accusées de contrevenir aux lois sur la concurrence, sur l'emballage et l'étiquetage. Des pénalités allant jusqu'à 100 000 $ d'amende et le retrait de produits peu-vent en théorie être appliquées9, quoiqu'il ne semble pas en avoir d'historique. Faire des choix économiques en s'efforçant de réduire le plus possible ses externalités, ou son empreinte écologique, n'est pas toujours évident, puisqu'il y a beaucoup de choses à considérer et que nous ne détenons pas l'information parfaite. Il est proba-blement plus écologique de retourner au magasin d'aliments naturels remplir sa bouteille de savon à vaisselle générique en vrac que d'acheter une nouvelle bouteille de marque écolo. Par contre, si cet achat implique un déplacement en voiture pour aller au commerce spécialisé qui aurait pu être évité si on fait l'achat ailleurs... vous voyez. Si on veut que nos décisions fassent une différence, il faut regarder l'ensemble des implications de nos différentes options. Conséquemment, avoir des connaissances les plus vastes possi-ble contribue à faire des choix éclairés. Connaître les certifica-tions fiables, connaître les matériaux qui entrent dans la fabrica-tion des produits et leurs conséquences environnementales, savoir quantifier des consommations énergétiques, et savoir reconnaître les manipulations d'information sont des compéten-ces pertinentes à détenir et utiliser dans ses prises de décisions. L'article Comment trouver un produit nettoyant vert dans cette édition-ci de Bio-Bulle est un bon point de départ sur les certifications fiables et les alternatives.

(Suite de la page 18) C'est en s'intéressant à ces enjeux, en s'informant et en utilisant notre esprit critique pour faire les choix les plus justes possible que nous progresserons vers un monde plus sain. 1 http://sinsofgreenwashing.org 2 http://observatoiredelapublicite.fr/2009/09/16/k2r-

ecologique/ 3 http://www.bureaudelaconcurrence.gc.ca/eic/site/cb-bc.nsf/

fra/02701.html 4 http://www.arpp-pub.org/Charte-pour-une-publicite-eco.html 5 http://www.cpp-pub.org/Avis-publicite-eco-responsable.html 6 Cardinal, F. « Du vert partout, partout, partout... » La Presse,

lundi 17 mars 2008, p.A16 7 http://observatoiredelapublicite.fr/la-norme-iso140211999-

les-autodeclarations-environnementales/ 8 http://www.bureaudelaconcurrence.gc.ca/ 9 http://www.csa.ca/cm/ca/fr/recherche/article/seek-greater-

accuracy-in-environmental-claims

Des sites web pour approfondir The Seven Sins of Greenwashing : http://

sinsofgreenwashing.org L ' o b s e r va t o i r e d e l a p u b l i c i t é : h t t p : / /

observatoiredelapublicite.fr/ressources-infos Futerra Greenwash guide : http://www.futerra.co.uk/services/

greenwash-guide EnviroMedia Social Merketing & University of Oregon :

http://www.greenwashingindex.com Greenpeace | Greenwashing : http://www.stopgreenwash.org Carrefour de consommation responsable : http://

www.ethiquette.ca

ENVIRONNEMENT

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L es chèvres sont une source intarissable de blagues dou-teuses et de commentaires suspects [1] dont la nature crasseuse heurte nos nobles esprits. Est-ce la faute à ces

innocents caprins ou à la perversion intrinsèque de quelques dérangés, l’histoire le dira. Mais d’ici cette révélation ultime, rien n’empêche qu’on domes-tique et élève ces bêtes utiles pour leur viande et leur lait. C’est d’ailleurs dans le pédagogique but de nous en apprendre plus sur le sujet que le Club Zoo a organisé un après-midi de visite chez deux producteurs : l’un spécialisé en génétique et en pro-duction de viande et l’autre en production laitière, pour bien faire. À première ferme, on était spécialisé en génétique et en produc-tion de doux et mignons petits chevreaux tellement beaux avec leurs petits yeux sombres, curieux et vifs, avec leurs petites oreilles toutes droites qui écoutent et restent alertes, avec leurs petites bouches qui béguètent ou qui vous tètent les doigts à la recherche de lait, avec leurs petites pattes fragiles, mais agiles avec lesquelles ils bondissent de droite à gauche, avec leurs peti-tes queues qu’ils remuent frénétiquement en voyant entrer des humains qu’ils croient pourvoyeurs de nourriture. Enfin bref, de superbes petits bestiaux adorables à croquer qu’on destinait, justement, à la production de viande… c'est-à-dire à l’abattoir… c'est-à-dire dans un endroit où on les assomme… les égorge… les ouvre… les vide… les découpe… afin de les manger… Évidemment, la production caprine, si elle a en commun des principes de génétique qui se rapprochent de la production por-cine, ou bovine, demeure un domaine où les experts sont rares et où leurs travaux demeurent obscurs du fait de l’absence de réseaux solides de diffusion d’information [2]. Ainsi, les produc-teurs, malgré leur demande de développement de lignées laitiè-res et bouchères, demeurent pris avec quelques races qu’ils doi-vent exploiter au mieux : la musclée et paternelle Boer et la ma-ternelle, mais peu commune Kiko, par exemple, étaient élevées chez ce premier producteur. Il ne lui semblait malheureusement pas possible d’utiliser des hybrides F1 afin de bénéficier de leur légendaire vigueur pour le croisement final.

Parenthèse génétique : des hybrides F1 sont des animaux provenant de croisements entre deux races pures dont on souhaite un mélange des ca-ractères (deux races pures ayant des caractères maternels complémentaires) et l’animal résultant sera, lui, croisé avec un animal paternel (choisit pour son gain de poids moyen quotidien, pour l’âge auquel il atteint la masse souhaitée pour l’a-battage, pour sa masse musculaire, etc.), ce qui donnera au final une mère productive et maternelle

donnant des petits musculeux, costauds et grandissant rapide-ment. Le tout, évidemment, subordonné aux aléas de la repro-duction qui ne garantissent pas toujours des résultats optimaux. Les installations de ce producteur, si elles étaient vieillissantes, n’en étaient pas moins aménagées le plus efficacement possible pour les différents travaux, par exemple, les étables réaménagées pour permettre la récupération du fumier (très organique à cause de la paille) avec une chargeuse compacte (un Bobcat pour les intimes) et les grilles des cages amovibles pour permet-tre une manipulation facilitée des animaux et une gestion opti-male des espaces. Le tout fait maison, dans une vieille grange qui devenait dès lors efficace et répondait, sans grands investis-sements, aux besoins de la production. Quelques kilomètres plus loin, dans une deuxième ferme, on avait droit à la version moderne des bâtiments nécessaires à l’élevage des chèvres, laitières cette fois. Cette étable à chèvres reprend les principes de base d’une étable à bovins laitiers en stabulation libre, avec un carrousel de traite (d’ailleurs, les pro-ducteurs le vendront bientôt afin de le remplacer par un salon de traite plus efficace leur permettant de réduire le temps passé à traire les animaux). Les animaux sont gardés dans de grands parcs sur litière, bien aérés (bâtiments récents obligent), bien éclairés (lorsqu’il le faut, du moins : car les chèvres, sans requérir une noirceur absolue comme les brebis, doivent tout de même suivre un cycle jours longs/jours courts pour la reproduction) donnant l’impression que ces animaux-là ne peuvent souhaiter meilleures conditions de vie. Également, à l’instar de certains autres, ces agriculteurs gardent leurs animaux de remplacement dans un dôme : une base et des montants en béton, surmontés d’une toile soutenue par une charpente métallique. Cela donne un bâtiment très clair, frais (mais comme il n’est pas question d’élever des chevreaux là, ce n’est pas un problème), aéré, peu coûteux et qui peut servir d’entrepôt à machinerie pour les parties non utilisées. En bref, une autre excellente visite organisée par le Club Zoo. 1 On en retrouve même dans la série Harry Potter, rappelez-vous le passé irréprochable de l’auguste Abelforth Dumbledore, le frère de l’autre vieux barbu. 2 Notez qu’il existe le CRAAQ et le Syndicat des producteurs de chèvres du Québec, évidemment, mais en comparaison aux organisations en production laitière (de vache, s’entend) et de production bovine ou porcine, le réseau caprin est de modeste dimension.

Visite chez des producteurs caprins

PAR FRANÇOIS GERVAIS, ÉTUDIANT EN AGRONOMIE ET JOURNALISTE PIGISTE POUR LE CLUB ZOO

ZOOTECHNIE

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Pleine lune du 5e mois de l’année de l’Aube rouge -Ma Lune! Vous êtes délicieuse ce soir, dit une voix masculine. La lune devint plus brillante à ses yeux. Comme si elle répondait à ses demandes, comme si elle était flattée par ses remarques. Elle lui montrait son chemin dans la pénombre nocturne. -Ma Lune! Ma Déesse! Je vous aime! La vie est si belle à vos

côtés, dans cette forêt. Votre lumière égaie ma chasse, ma route et mon cœur.

La lune semblait comprendre ce qu’il souhai-tait. Elle le regardait déjà depuis quelques temps. Un homme errant seul dans la forêt, chassant et cueillant sa nourri-ture. Il respectait les règles de dame la Terre, une de ses sœurs bien-aimées. Le voyageur s’avérait la vénérer ten-drement. Il lui parlait, n’attendant pas de réponse de sa part, il la sa-luait quand elle apparaissait, il lui disait au revoir quand elle partait éclairer la nuit d’autres mondes. Le vieux promeneur continuait sa route, bercé par la douce lumière de sa Lune. Il entendit soudain une musique, musique si fine, presque magique ou ir-réelle. Il la suivit, s’approchant tranquillement de la source. Entre deux arbres, il l’aperçut. Une jeune femme dansait sous les reflets de la lune. Sa peau semblait transparente, rayonnante, comme si elle projetait une lumière autour d’elle. Ses mouvements étaient longs et langou-reux. Sa chevelure brune balayait son dos d’ombres diverses et variées. Elle lui tournait le dos, il ne pouvait voir son visage. Il resta là, à regarder danser la belle, sans la perturber.

Quelques années auparavant -Sire Richard, duc du territoire des Montagnes Violettes,

souhaitez-vous prendre pour épouse, Dame Anne, fille de Jean lePaysan?

-Oui, je le veux. -Dame Anne, fille de Jean, souhaitez-vous prendre pour

époux Sire Richard, duc des Montagnes Violettes? -Oui, je le veux. -Je vous déclare devant Notre Père le Tout-Puissant, mari et

femme, pour le meilleur et pour le pire, et ce, jusqu’à ce que la mort vous sépare.

Suite à la cérémonie officielle, la fête de l’union du duc com-mença. Les gens riaient, buvaient, mangeaient sous le regard amusé de leur seigneur et de sa douce femme. Pour la première fois dans l’histoire de la seigneurie, nobles et paysans man-geaient à la même table. L’union du duc et de cette fille de paysan avait réuni tous ces gens si différents ensemble. Quelques temps passèrent. La jeune épouse prit ses nouvelles fonctions avec sérieux. Elle aimait son mari. Leur idylle avait

duré quelques années avant qu’ils puissent se marier. Unir leurs destinées avait demandé un travail et une per-

sévérance énorme de chaque côté. Il fallait que leurs familles « acceptent » leur amour, puis

leur union officielle devant l’évêque. Au-cun d’eux ne devait abandonner après

tous ses efforts pour révéler leur amour au grand jour. La jeune mariée se donnait corps et âme à son mari. Déjà, elle attendait son premier fils dans son gros ven-tre, enflé par la grossesse. Le duc vaquait à ses occupations ordinaires :

s’occuper des impôts, des taxes, de la milice locale, du fonctionnariat, de

l’entretien de l’évêque et des quelques curés. Ce n’était point le temps d’avoir les

défaveurs de l’Église. Son souverain le ver-rait d’un mauvais oeil.

Elle donna naissance à l’aîné au printemps, un garçon d’appa-

rence solide et en santé. Il fut suivi par une fille moins d’un an plus tard, et d’un autre garçon. Elle mourut en couche en don-nant la petite dernière, une fille, frêle et fragile. On fit croire que le nourrisson et la mère étaient morts ensem-ble. On la plaça chez sa tante, la sœur de la duchesse. Le duc ne devait pas avoir une descendance fragile. Il renia cette fille, ne voulant pas la reconnaître comme sienne. Son sang, noble et fort, ne coulait pas dans les veines de la petite. Sa femme l’avait trompé. Il se mit alors à douter de l’amour de sa femme. -Tous ses efforts! Pour rien! Elle s’est jouée de moi! Elle m’a

trompé, trahi depuis le début. Elle a joué la comédie. J’ai été naïf de la croire… pensait-il rageusement.

Sa femme, cette délicieuse créature du démon s’était moquée de ses sentiments, de son amour de duc pour elle, pauvre paysanne. Pour lui, elle devint le mal absolu, incarné par toutes les repré-

(Suite page 24)

Trahison PAR CHANTALE PICHÉ-CADOT, ÉTUDIANTE EN AGRONOMIE

LITTÉRATURE

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24 | Le journal l’Agral

N ous souhaitons vous inviter à l’ensemble des activités dans le cadre du mois de la Nutrition. Nous espérons compter sur votre dynamisme habituel et votre partici-

pation légendaire afin de mettre un peu d’assaisonnements en ce mois de la bonne alimentation. Tout d’abord, le cocktail d’ouverture du mois de la nutrition se tiendra dans le hall du Comtois mardi le 9 mars à partir de 16h00. Les billets seront en vente au retour de la relâche, ainsi

qu’à la porte, pour la modique somme de 3 $. Au menu, social, punch, char-cuterie, fromages, craquelins, crudités et plaisir! Un incontournable pour bien débuter « le début de la fin » de l’hiver! Aux pavillons De Koninck et Pouliot se déroulera le premier épisode des kiosques de dégustation de collations santé mardi le 16 mars de 12h00 à 13h00. Nous y donnerons informa-tions et conseils sur les dites colla-tions. Se tiendra le 17 mars 15h30 au local 2105, une conférence donnée par

Amélie Charest chercheure à l’INAF intitulée « La diète médi-terranéenne : le Saint Graal de l’alimentation. » En direct de l’Ozone Laurier, le lundi 22 mars à 19h30 se tien-dra la parade de mode Santé le Style II. Venez voir défiler des étudiantes et étudiants en nutrition bien dans leur peau. Billets en vente au retour de la relâche au coût de 12 $ pour les étu-diant et 15 $ pour l’admission générale. Samedi le 27 mars de 8h00 à 20h00 se dérouleront des visites en épicerie au Métro de la pyramide Ste-Foy. Des étudiants en nu-trition seront disponibles pour vous donner de savoureux conseils. Prise deux des kiosques de dégustation de collations santé de 12h00 à 13h00 aux pavillons Vachon et Palasis-Prince mercredi le 31 mars. Autre belle occasion pour venir se régaler gratuite-ment, surtout si vous avez manqué la première occasion! Pour bien conclure ce mois de la nutrition bien rempli, Sonia Pomerleau viendra nous offrir une conférence ayant pour ti-tre : « Les allégations nutritionnelles et santé: ont-elles un im-pact sur les comportements alimentaires? ». Cette conférence se tiendra également le 31 mars au local 2105 à partir de 15h30. En espérant vous y voir en très grand nombre!

Mois de la nutrition 2010 PAR L’ADÉEN ET LE BEN

ALIMENTATION

sentantes de la gent féminine. Son amour si fort et si doux pour la duchesse se transforma en haine passionnée envers elle. Seuls ses enfants furent épargnés, ils ressemblaient trop aux membres de sa famille à lui pour qu’il doute. Son fils aîné était le portrait de son père, sa fille, celui de sa grand-mère paternelle, et son fils ressemblait à son grand-père paternel. L’événement le détruisit de l’intérieur, le rongeait tranquille-ment, mais sûrement. Il devint maussade, méchant, agressif avec ses voisins, ses proches, au fil des années. La seule compagnie qu’il tolérait était celle de la lune, grise, sombre, elle représentait la lumière dans l’obscurité de son cœur… Pendant ce temps, Agnès, la petite fille fragile, fut élevée à la dure par sa tante, paysanne et jalouse de sa sœur. Elle garda son apparence frêle, fragile, presque maladive toute sa jeunesse. Pourtant, elle accomplissait toutes les tâches ménagères et fer-mières qu’on lui imposait. Les villageois craignaient qu’Agnès se brise en deux quand elle transportait les seaux d’eau du puits à la maison, quelques kilomètres plus loin.

(Suite de la page 23) Elle ne se doutait pas de la haine que la soi-disant trahison de sa mère avait causée. Elle lui ressemblait en plus fragile. Elle était battue par sa tante, par sa ressemblance, parce qu’elle représen-tait l’échec d’une union avec la noblesse, parce qu’elle ne « cassait » pas. Petite fille, Agnès regardait souvent la lune et lui demandait de veiller sur elle pour que la nuit soit calme, aux antipodes de la journée.

Pleine lune du 5e mois de l’année de l’Aube rouge

D’un mouvement, elle se retourna. Il vit alors son visage. Son cœur ne fit qu’un bond. La haine montait en lui. Il avait reconnu les traits de celle qui l’avait trompé, trahi. Elle ne le voyait pas. Elle ne faisait qu’une avec la musique des cigales, la lumière de la lune. Il bougea, sortit son épée de son fourreau et courut sur elle. Elle vit le mouvement. Elle sentit ses derniers instants arrivés. Elle ne pouvait éviter la collision entre la pointe de l’épée et son corps. La jeune femme ferma les yeux et se laissa tomber au mo-ment où le fil de l’épée allait la percer, il ne fit que l’effleurer pour que le sang coule. Il comprit son erreur, tomba à genoux et il laissa les larmes couler le long de ses joues en murmurant « ma fille ».

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Mars 2010| 25

Les Maries-Nades CUISINE

Salade d’inspiration de ma grand-mère asiatique… euh, salade d’inspira-tion asiatique de ma grand-mère.

C e mois-ci, grande première! Nous avons décidé de res-pecter le thème suggéré par la merveilleuse équipe de l’Agral, c’est-à-dire International. La grand-mère de

Marie-Josée se prend parfois pour une Asiatique, se met un bel abat-jour conique sur la tête et concocte une salade

digne des plus grands chefs chinois. Qui dit chinois, dit riz, sauce soya et yeux bridés (mais ça, ce n’est pas un

prérequis pour réussir la recette).

Voici les ingrédients dont vous aurez besoin (pour 4 personnes) :

2 t. de riz cuit et refroidi (basmati, c’est si bon! Mais n’importe lequel fera l’affaire)

4 t. de bébés épinards ou d’ados épinards (un paquet en fait)

3 gousses d’ail hachées (ou plus, selon vos envies)

1 part de sauce soya pour 2 parts d’huile d’olive (environ ¼ t. sauce soya et ½ t. huile d’olive)

1 t. de fèves germées Un poivron rouge en dés Des noix un peu hachées (celles que vous avez) (si elles sont

grillées, c’est encore mieux!)

Les Maries-Nades PAR MARIE-ÈVE GIROUX ET MARIE-JOSÉE BENOÎT,

ÉTUDIANTES EN AGRONOMIE ET AGROÉCONOMIE

Deux étapes faciles avant la dégustation

Mélanger ensemble tous les ingrédients sauf l’huile, la sauce soya et l’ail.

Dans un petit bol (ou une patente pour faire de la vinai-grette…), mélanger l’ail, la sauce soya et l’huile, puis verser sur la salade.

Déguster avec des baguettes (bonne chance!!!)

Trucs des chefs chinoises Vous pouvez ajouter des fruits frais, par exemple des ananas, des raisins coupés en deux, des fraises, des clémentines, des oranges, du pamplemousse (si vous êtes motivés, vous pouvez faire des suprêmes, sinon des quartiers feront l’affaire).

Pour encore plus de saveur et de texture, ajoutez-y des nouil-les frites chinoises, c’est délicieux! Cette recette est également une excellente excuse pour man-

ger des bébés maïs, si comme nous vous adorez ça! Avant de verser la vinaigrette sur la salade, goûtez-y et ajustez les proportions selon vos goûts. Pour un repas plus complet, ou pour que votre chum principa-lement carnivore accepte de goûter à votre repas, ajoutez-y des dés de poulet cuit (c’est bien important, sinon vous pourriez être très, très malades), ou bien des crevettes.

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L’Agral Journal des étudiants de la

Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation ainsi que de la Faculté de foresterie, géographie et

de géomatique

Local 0116, Pavillon Paul-Comtois 2425 rue de l’Agriculture, Québec (Qc),

G1V 0A6 Tél : (418) 656-2131 poste 3565

Fax : (418) 656-2610 [email protected]

Directeur général : Guillaume Doré

Rédacteur en chef : François Gervais Secrétaire : Véronique Leclerc

Chef de pupitre : Francisca Müller Responsable de la mise en page :

Jean-François Ouimet Directeur de production :

Samuel Simard

Rotation de Culture se continue sur les ondes de CHYZ 94,3FM…

Cette session, écoutez Sam Chauvette vous entretenir de sujets d’ac-tualités agroalimentaires et environnementaux tels que l’énergie re-nouvelable, la biodiversité, le domaine semencier, un brin de canne-berges bien sûr et bien d’autres; Le tout, sous forme de chroniques dans le Brunch chaque les jeudi matin 10hr!

Un savoureux mélange de sciences naturelles, sociales et économi-ques. Toute la première saison est toujours disponible en ligne au côté de mes nouvelles chroniques au www.sam.chyz.ca!

Vous avez de l’inspiration pour un sujet de chronique? Écrivez moi au [email protected]!

Page couverture Directeur de la photographie: S. Simard

Conseiller en approvisionnement des

matières première: J.-F. Ouimet

Éclairagiste en chef: F. Gervais

Créatrice du monde: V. Leclerc

La Chine est le premier producteur mondial de blé depuis le début des années 1980. Sa production a littérale-ment explosé depuis les années 1960, passant ainsi d'environ 14,3 millions de tonnes en 1961 à plus de 96 mil-lions en 2005, soit une progression de plus de 500% en quarante ans. Cette hausse de la p rodu c t i on s 'expl ique en particu-lier par l'améliora-tion très im- portante du ren-d e m e n t à l'hectare qui a été multiplié par plus de six en quarante ans, passant ainsi de 0,6 tonnes par hectare en 1961 à près de 4 tonnes par hectare en 2005.1

La production mondiale de sucre se répartit actuellement à hauteur de 75% pour la canne à sucre et de 25% pour la betterave1. Parmi les principaux pays producteurs de canne à sucre, le Brésil et l'Inde ont représenté ensem-ble plus de la moitié de la production mon-diale depuis le début des années 1960.1

En 2007, environ 90 pays pro-duisaient du coton de par le monde. Sur la campagne 2006/07, les quatre principaux pays producteurs à savoir la Chine, l'Inde, les Etats-Unis et le Pakistan ont compté pour près des trois quarts des volu-mes mondiaux.1

Le cacao est cultivé principalement en Afrique de l'Ouest, en Amérique Latine et en Asie. La Côte-d’Ivoire, le Ghana et l’Indonésie représentent à eux seuls plus de 70% de la production de cette fève.1

Aire de répartition de l’érable à sucre (Source: www.agr.gc.ca)

Références: 1 http://www.unctad.org

Source: L’Actualité, 1er avril 2008, p.15.

Source: L’Actualité, 1er avril 2008, p.15.

Faits divers

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Mars 2010| 27 ZONE LUDIQUE

7 1 9 3 3 2 7 9 2 9 8 3 4 6

8 4 1 5 4 2 6 1 7 2 9

8 9 1 3 5 2 6 6 2 3 7 4

Les 7 erreurs Référez-vous à la page couverture

Saint Patrick Le 17 mars

Fête nationale de l’Irlande Notre petit âne préféré est allé faire un tour, comme vous pouvez le voir, en

Irlande. Après avoir discuté avec une grand-mère native de la place, il nous a informé de ceci :

Les Leprechauns Ces petits elfs tirent leur nom d'un v i e u x m o t i r l a n d a i s ,

lechorpan, qui signifie petit bonhomme. Celui qui réussit à capturer un Leprechaun peut le forcer à lui dévoiler la cachette de son trésor. Il doit cependant être très prudent et ne pas le quitter de vue une seule se-conde. Les Leprechauns sont des êtres très rusés, farceurs et mali-cieux. Un jour, par exemple, l'un d'eux montra à un paysan sous quel plant, dans un champ de na-vets, de l'or était caché. Le paysan, qui n'avait pas de pelle, noua autour du plant le ruban rouge de ses chaussures avant d'aller chez lui chercher les outils. A son retour, tous les navets portaient un ruban rouge. Le trèfle On dit que Saint Patrick a utilisé le trèfle pour expliquer le concept de la Sainte Trinité: le Père, le Fils et le Saint Esprit. Depuis ce jour, le trèfle est l'emblème national de l'Irlande, et les Irlandais le portent fièrement à leur boutonnière le jour de la Saint Patrick. Arrivé des Irlandais C’est principalement à cause de la grande famine du milieu du XIXe siècle que les Irlandais ont immigré au Canada. Ils devaient obligatoirement passer par Grosse-Île, le centre de quarantaine. Plusieurs Irlandais trouvèrent la mort sur les bateaux mais encore plus pendant leur quarantaine. Plusieurs orphelins, maintenant dans un pays inconnu, ont trouvé famille chez les francophones du Bas-Canada. Aujourd’hui on estime entre 30 000 et 35 000 le nombre d’Irlandais habitant la région de Québec. Les Irlandais sont également le deuxième groupe ethnique en impor-tance de la province après les Canadiens-français. Source: www.coindespetits.com/stpatrick/stpatrick.html f r .w ik iped ia .org/wik i/Ir lando-Canadiens

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C omme vous le savez surement, notre ami Bob Gainey a démissionné de son poste de DG du Canadiens de Montréal. Certains diront : « ah ouais, on avait vraiment

un DG? Pourtant y se passait jamais rien dans l’équipe. » Et nous de leur répondre : « Ben oui, c’était ça l’effet Gainey ». Après deux ou trois tentatives de plan quinquennal, Bob nous quitte. Bob, y’en a tu essayé des affaires Bob, mais c’était tout le temps un échec. On se demande encore pourquoi ils n’ont pas encore amené Gilles Guibault du National de Québec, lui y’a peur de rien pis y gagne la coupe à toutes les années! Parle-moi d’un vrai winner! En tout cas, un de ceux qui doivent être contents du changement est probablement Plekanec, qui va pouvoir commencer à discuter pour un nouveau contrat. Si c’était juste de Bob, il aurait commencé les négociations deux semaines après l’ouverture du marché des joueurs autonomes. Soit il lui donnait plus de cinq millions par année, ou bien il l’échangeait contre un deuxième choix. Good job mon Bob, c’est avec des deuxième choix qu’on gagne des coupes (Ben Maxwell). Maintenant, comment ne pas passer sous silence la performance des professeurs lors de notre passage au Centre Bell pour la game Canadiens-Capitals qui s’est soldée par la marque de 6-5 pour Montréal en prolongation à cause d’un but de Pleky. Way to go, 200 000 de plus en salaire pour l’an prochain… La game commmence et je suis assis avec Renaud, Alexis et Raphaëlle. Montréal compte. High five Renaud, Alexis et Raphaëlle. En-suite, la tournée des professeurs et des gens de la COOP. Da-niel-Mercier Gouin très bien, Guy Allard très bien, Doris Pelle-rin connaît la manœuvre et s’exécute. Mais monsieur Raymond Levallois, oufff, c’est vrai que pendant une game de soccer, y scorent pas de buts les français… donc, les high five ne sont pas une partie intégrante de leur culture… Mais je peux vous dire que les profs connaissaient très bien la manœuvre… Vise le coude!!! Le prochain problème survient lors de la prolongation. Monsieur le doyen demande à Daniel-Mercier Gouin les règle-ments de la prolongation. Monsieur le doyen, vous êtes un vrai fan de hockey ☺. Le point positif de cela est que vous pouvez seulement vous améliorer en la matière… Assez les platitudes avec le corps ensei-gnant… La session n’est pas encore terminée. Team Canada… Câ#!$%? les Boys auraient pu les battre. (Ben les gars, pas les filles.) De l’avis de tout le monde, il y a quelques personnes qui n’auraient pas dû être

sur cette équipe. Du genre Morrow, Bergeron et Doughty. Mais honnêtement, pensez-y. Bergeron joue dix secondes et gagne toutes ses mises en jeu, Doughty est tout simplement incroyable à la relance, et Morrow… ben y couche avec la fille à Carbo. Je crois plus que la réflexion doit se faire au niveau de Pronger et de Niedermayer. On leur demande d’être bons contre les USA. Pas contre l’Allemagne. En passant, surveillez donc Shea We-ber, y snappe comme ça a pas de bon sens. Dans son passé, il a cassé des membres à Erat, Tootoo et Legwan. Watch out! Si on parlait maintenant des Russes, ou plutôt d’un Russe en particulier. Il y a Kovalchuknorris. L’homme qui a refusé plus de 101 millions pour 12 ans. LE contrat le plus lucratif de l’his-toire du hockey, et monsieur le refuse. C’est vrai que ce n’était pas assez. C’était tellement le meilleur joueur russe pendant le tournoi, et même le meilleur du monde (IRONIE). Quand on parle d’un joueur d’équipe, on parle de Kovalchucknorris. En passant, comme vous le savez, à la fin mars aura lieu le tour-noi de la coupe AGETAAC. Quatre équipes seront au rendez-vous. Les agronomes, les agro-capitalistes, les STA-NUT-INGNINGIEUX et les Consos. En tant qu’observateurs neu-tres, on peut déjà prédire une conquête facile de la coupe dans les agros. Ils possèdent plus de vitesse, plus de puissance et d’expérience que toutes les autres équipes réunies. De plus, deux joueurs sont à surveiller du côté des agronomes. Il s’agit de Ma-thieu Bisson et de Charles Ouellet, deux joueurs ayant déjà par-ticipé à plusieurs très importants tournois au cours de leurs car-rières. Ils dominent notamment au chapitre des buts et des ba-garres. L’équipe qui devrait terminer au dernier rang selon nous est l’équipe des agro-capitalistes. Cette équipe, après un bon début de repêchage fit chou blanc, un peu comme Bob, lors de ces derniers choix. On peut les qualifier de Matt D’Agostini sans les insulter. Pour ce qui est de la troupe de Consos, c’est une équipe obscure qui n’a pas l’habitude de se montrer au grand public. Plusieurs spécialistes, dont nous, les redoutent grandement. Finalement, la dernière équipe de la compétition sera celle des SuperTaredAssholes-NUTs-INGNINGIEUX. Si on se fie au règlement du tournoi, chaque équipe doit être com-posée d’au moins deux femmes. Dans le cas de cette équipe, ce ne sera pas un problème. Le règlement devra être inversé pour eux. Le seul avantage que cette équipe a sur papier est… ben il est pas sur papier. Il se situe entre la taille et le menton, de part et d’autre du nombril. De plus, certaines ont ce dernier avantage en plus d’un dialecte incompréhensible.

Top trois des raisons qui ont forcé Bob à démissionner - Il aspire au championnat de Poker avec sa Poker Face - Son rendez-vous à la clinique capillaire est plus long que prévu - Vraiment, mais vraiment mauvais au repêchage (pensez-y!)

Chronique hockey PAR CHARLES OUELLET ET MATHIEU BISSON, ÉTUDIANTS EN AGRONOMIE

SPORT

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30 | Le journal l’Agral

Chère Rousse, Je fais appel à tes conseils, car j’ai un peu de misère à vivre avec les convic-tions environnementales de ma blonde. Je n’ai rien contre le recyclage en soi, ni contre la protection de l’environnement en général, mais contrairement à ma copine, je ne me suis pas donné comme mission de sauver la planète. Je flushe la toilette après chaque utilisation, et ça ne m’empêche pas de dor-mir pour autant, sauf quand je dois subir les foudres de ma blonde pendant des heures. Pas moyen d’utiliser un sac ziploc sans me le faire dire. La moindre petite pelure qui se retrouve dans la poubelle plutôt que dans le compost est source d’intenses et interminables discussions. Je commence à être un peu tanné de me faire reprocher à peu près tout ce que je fais, pourtant j’aime ma copine et je ne veux pas mettre la cause de l’environnement entre nous deux.

Je suis heureux avec elle, mais plus le temps passe et plus sa conscience environnementale prend de l’ampleur. Je ne sais vraiment plus quoi faire… Je veux bien recycler, compos-ter, mais le pipi ça m’ÉCOEURE VRAIMENT TROP!!!

Un gars pas si vert que ça… Plusieurs options s’offrent à toi. La première consiste à faire comme si de rien n’était, et à continuer de me-ner la vie que tu mènes présente-ment. Continuer de faire un peu à ta tête, écouter et endurer les rages vertes de ta blonde sans dire trop trop grand-chose. Mais je doute que ce soit là l’option qui te convienne le mieux, car si tu as fait appel à mon

courrier, ce n’est sûrement pas parce que ta situation actuelle te convient. La deuxième option implique un certain effort de ta part. Elle consiste à te conformer entiè-rement aux moeurs et coutumes de ta copine. Bien entendu, ça implique de ne plus tirer la

chasse d’eau après chaque pipi. Mais au moins, de cette façon

tu n’as plus à subir les reproches constants de ta blonde. Toute-fois, je t’accorde qu’il faut beaucoup

d’amour pour envisa-ger cette avenue.

La troisième possibilité, ma préférée si tu veux mon avis, deve-nir plus vert qu’elle. Eh oui, prends-la à son propre jeu. Fais tout ce qui est en ton possible pour sauver la planète! Ne laisse jamais couler l’eau sans raison, ne laisse jamais une lumière ou-

verte sans raison, marche le plus souvent possible (question de prendre le moins souvent possible ton auto), utilise un mou-

choir en tissu, lave-toi une journée sur deux, baisse le chauffage à 18 en permanence, mange que des pro-duits locaux et utilise

que des sacs réutilisables. Bref, fais tout ce qui te semble écolo-gique et respectueux de la planète, question de faire en sorte que ta blonde ne puisse plus rien te reprocher. L’idéal, c’est que tu la fatigues, tant tu es écologique. Ainsi, elle comprendra peut-être comment tu te sens et elle sera peut-être tentée de modifier son approche environnementale. Avec un peu de chance, elle modè-rera ses ardeurs, te permettant ainsi de relaxer quelque peu. Finalement, tu peux tout simplement lui en parler. En entendant à quel point tu trouves dégoutant de découvrir son pipi dans la toilette le matin en te levant, elle révisera probablement sa position. Bien sûr, si tu es prêt à faire un certain effort sur certains points (par exemple les sacs ziploc), tu as bien plus de chances de gagner sur la cause du pipi. Profite aussi de l’occasion pour lui glisser un mot sur ton écoeurantite aiguë des discus-sions immanquables que suscitent chacun de tes gestes jugés non écologiques. Avec un peu de tact, ça devrait passer, il suffit de trouver la bonne façon de dire les choses. Et dis-toi aussi qu’il vaut mieux freiner le problème

maintenant avant qu’il ne de-vienne trop important, et qu’elle ne veuille plus flusher autre chose. À toi de voir laquelle de ces propositions te convient le mieux et de mettre celle-ci en pratique. Je te souhaite donc bonne chance pour la suite des événements…

La Rousse

Le courrier de la Rousse PAR VÉRONIQUE LECLERC, ÉTUDIANTE EN AGRONOMIE

PSYCHOLOGIE

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