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Page sur 1 13 Marsoulas, 10 juin 1944 Un exemple de répression contre les civils dans l’Europe occupée. Atlas Répressions et déportations en France et en Europe. 1939-1945 - Espace et histoire Concours national de la Résistance et de la Déportation 2018-2019

Marsoulas, 10 juin 1944 Un exemple de répression contre

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Page 1: Marsoulas, 10 juin 1944 Un exemple de répression contre

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Marsoulas, 10 juin 1944 Un exemple de répression contre les civils

dans l’Europe occupée.

Atlas

Répressions et déportations en France et en Europe.

1939-1945 - Espace et histoire

Concours national de la Résistance et de la

Déportation 2018-2019

Page 2: Marsoulas, 10 juin 1944 Un exemple de répression contre

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Les mots du thème

Répression  : Ensemble d'actions utilisées par une nation ou un groupe pour punir et intimider tous les individus considérés comme une menace. Elle peut s'étendre à ceux qui leur sont proches.

Déportation  : Fait de déplacer de force une population ou un groupe de son lieu de vie. C'est également un moyen de répression qui touche aussi bien les hommes, que les femmes et les enfants.

Chaque année depuis 1961 a lieu le Concours National de la Résistance et de la Déportation. Cette année, le thème est la répression et la déportation en France et en Europe, 1939/1945. Espace et histoire. Nous avons choisi de traiter et comprendre ce sujet en le confrontant au massacre de Marsoulas. Ce dernier a eu lieu le 10 Juin 1944, dans un commune voisine du collège. Nous avons donc choisi cet événement pour sujet. Ce jour là, il y a eu 27 morts, tous civils à l’exception d'un résistant. Les victimes étaient principalement des femmes et des enfants. Ce massacre fait uniquement référence à la répression. La répression est un ensemble d'actions utilisées par une nation visant à punir les individus considérés comme une menace. Ainsi nous avons voulu comprendre en quoi ces victimes étaient une menace pour leurs bourreaux, ou plus largement, comprendre comment et pourquoi la répression peut s'exercer contre les civils en temps de guerre. Enfin, ce travail est pour nous l'occasion de redonner une humanité aux victimes, mais aussi de ne pas oublier que les bourreaux sont aussi des Hommes.

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Page � sur �3 13Données : Wijkipedia/ Guy PENAUD, la « Das Reich » …

Carte interactive en suivant ce lien :

https://fr.batchgeo.com/map/ea1f30d1b697733471535ed4a8e15232

La 2ème division SS « Das Reich » en Europe

La deuxième division SS « Das Reich » était une des 38 divisions de la Waffen SS durant la Seconde Guerre mondiale. Les Waffen SS étaient une branche militaire de la SS, véritable armée au commandement dissocié de l’armée régulière du IIIème Reich : la Wehrmacht. Ce groupe armé a été pensé par Heinrich Himmler. Il se caractérise, du moins au début du conflit, par un recrutement particulier. En effet, le projet d’Himmler était de composer une armée dont les membres correspondraient « racialement » et politiquement au modèle mis en avant par l’idéologie nazie. Ainsi, la Waffen SS est un témoin de la politique mis en place par Hitler et les nazis à partir de 1933, mais aussi du caractère idéologique de la Seconde Guerre mondiale. La deuxième division SS « Das Reich » a participé à de nombreux combats sur tous les fronts européens, durant la Seconde Guerre mondiale. La carte, que nous avons construite, illustre bien son parcours. Cette division a été engagée dans les Balkans, puis a participé à l’opération Barabarossa à partir de juin 1941. Elle a participé à la répression féroce des populations civiles en Ukraine et en Biélorussie. Plusieurs villages ont été détruits, de nombreux civils ont été exécutés par cette division. En 1942, une partie de cette division participe à la prise du port de Toulon. En 1943, cette division a participé aux combats contre l’URSS en Ukraine. Là encore, la division s’est rendue coupable d’exactions envers les civils. En 1944, suite à de lourdes pertes (entre la moitié et les deux tiers de ses effectifs), la division est reformée et déplacée dans le sud-ouest de la France. Dès lors, elle est placée sous les ordres de l’Oberführer (colonel SS) Heinz Lammerding. Ce dernier, dans sa dernière affectation en 1943, avait planifié des opérations de représailles contre des civils en Lettonie, Biélorussie et en Pologne.

Présence de la Division SS "Das Reich"

Légende

0 500 km

Les opérations de la Division SS «Das Reich»

durant la Seconde Guerre mondiale

Toulouse

Mouvement de la Division

Février 1944, transfert vers la France

Réa

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carto

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I

Doc.1 : Les opérations de la 2ème division SS « Das Reich » en Europe, durant la Seconde Guerre mondiale

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Doc.2 Heinz LAMMERDING en juin 1944. Source Guy PEAUD Doc.3 Martin GROSS, lieutenant SS de la 10ème compagnie. Source : ifs.io

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La 2ème division SS « Das Reich » : organisation et composition en juin 1944

En juin 1944, la deuxième division SS «  Das Reich  » est cantonnée dans une cinquantaine de casernes autour de Toulouse et Montauban (voir doc.5). Elle regroupaient 22 800 hommes. La division «Das Reich» dirigée par Heinz Lammerding (voir doc.2), est constituée de quatre régiments. Eux même sont constitués de trois bataillons, et de seize compagnies (voir doc.4). Le 10 juin 1944, c’est la 10 ème compagnie, commandée par le lieutenant SS Martin GROSS (voir doc.3), qui a perpétré le massacre de Marsoulas.

Les hommes qui constituent cette division sont de nationalités différentes : -Il y a les «Malgré-nous». Ce sont les Alsaciens qui ont été intégrés au Reich suite à la défaite de juin 1940. Ces Alsaciens sont devenus de nationalité allemande et ont dû se battre avec les armées de l’Axe. -Il y a les «Mongols». Ce sont des asiatiques qui se sont battus au côté de l'Armée rouge. Faits prisonniers par les armées de l’Axe, ils ont eu le choix entre les camps de prisonniers et la mort lente, ou se battre aux côtés des Allemands. Ces Soviétiques ont fait le choix de combattre. -Il y a de très jeunes Allemands volontaires, la plupart ont une vingtaine d’années, voire moins. Les officiers ont entre 26 et 34 ans. Cela s'explique du fait que les anciens officiers, ceux de carrière, sont morts sur le front de l'Est.

2ème division SS « Das Reich »commandé par

Heinz LAMMERDING (1905-1971)

3ème Régiment blindé de grenadier SS « Deutschland »commandé par

le lieutenant colonel SS Günther-Eberhardt WISLICENY (1912-1985)

3ème bataillon blindé de grenadier SS « Deutschland »commandé par

le comandant SS Helmut SCHREIBER (1917-2008)

10 ème compagniecommandée par

le lieutenant SS Martin GROSS (1911-1984)

Doc.4 : ordre de bataille simplifié de la 2ème division SS « Das Reich »

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Les casernes de la division SS « Das Reich » dans le sud-ouest de la France en 1944 et les maquis proches de Marsoulas.

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Carte interactive en suivant ce lien :

https://fr.batchgeo.com/map/7e13fbbced4db1c082fdf6e84c373cf7

0 10 km

Commune de Marsoulas

Casernes S S10ème compagnie 3ème bataillon 3ème régiment 2ème division S S "Das Reich"Zone de maquis près de Marsoulas

N

Réalisation cartographique : N

. TOU

ATI, 2019 / Source : Guy Penaud

10 juin 1944 : Départ vers Betchat

8 juin 1944 : Départ vers la Normandie

Le maquis de Betchat

Le maquis de Betchat ou 3401ème compagnie F.T.P.F* a été crée par Henri DUPONT. C'est un petit maquis avec un effectif de base de huit personnes, mais qui grandira au fil des mois. Il est dirigé par Jean BLASCO alias «  Capitaine Max  », un jeune homme de 18 ans. Et est assuré par un triangle de trois personnes, un aux opérations, un technique et un aux effectifs. Il obéira tout de même au commandant F.T.P de la Haute-Garonne, le lieutenant-colonel Cortale. Ce maquis changera souvent d'endroits, des bois de Cérizols, à la forêt de Betchat, aux bois de Cazaux, à la forêt de l'Estelas et aux grottes d'Escoulis. Il se concentrera sur des actions de sabotage à Mazères ou à Boussens. Le 8 juin, le maquis avait réussi un sabotage et avait même fait prisonnier trois soldats et un officier-ingénieur.

*Francs-tireurs et partisans français (créé par le parti communiste).

Doc. 5 : Les casernes de la SS « Das Reich » et les maquis proches de Marsoulas.

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Les massacres commis par la Das Reich en France (mai-juillet 1944)

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Des massacres multiples

En juin 1944, a eu lieu le massacre de Marsoulas. Ce n’est pas le seul massacre qui s’est produit cette année là. Il y a eu des massacres dans d’autres villes de France. C’est la même division SS «  Das Reich  » qui a été l’organisatrice de ses massacres. Elle est responsable de massacres dans les Hautes Pyrénées, le Comminges et le Couserans, la banlieue toulousaine. Mais aussi en Périgord, en Limousin et en Normandie. Durant cette période, la division SS «  Das Reich  » a fait plus de 1400 morts. La plupart de ces morts sont des civils, y compris des femmes et des enfants.

Doc.6 : La route de la « Das Reich » source : Guy PENAUD

Carte interactive en suivant ce lien :

https://fr.batchgeo.com/map/f2cab8cc6be54d85c50d7c87a9bb04e5

Pour aller plus loin, et voir une autre façon de cartographier ces massacres, vous pouvez, une fois sur la carte interactive « batchgeo », cliquer sur l’engrenage à gauche. Une fois le menu ouvert, sélectionnez « export to google earth ».Un fichier .kml se télécharge. Vous pouvez l’ouvrir dans Google earth et découvrir une autre vision de ces faits.

Page 8: Marsoulas, 10 juin 1944 Un exemple de répression contre

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Doc.7 Guillaume BARTHET, tué le 10/06/1944 à Marsoulas (cliché communiqué par M. BLANC)

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Le massacre de Marsoulas (10/06/1944)

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Carte interactive en suivant ce lien :

https://fr.batchgeo.com/map/b309a7460723c9df3666bc7e7f59a9b6

Le 10 juin au matin, la 10 ème compagnie SS du 3ème bataillon du régiment « Deutschland » quitta son cantonnement de Venerque. Avec d’autres compagnies de ce bataillon, elle avait pour mission de détruire les maquis du piémont pyrénéen. En effet, la Résistance, dans le contexte du débarquement en Normandie, multipliait ses actions de sabotage, voire d’attaques frontales des troupes allemandes. Les maquis étaient au courant de cette opération. Ainsi, ils avaient pris leur disposition pour surveiller les routes et avertir, si besoin, le reste des groupes résistants. C’est dans ce cadre que deux résistants du maquis de Betchat : Gabriel WEINBERG, 31 ans, et Jean-Marie MANENS, 16 ans, prirent position sur le toit de l’église de Marsoulas. À l’arrivée du convoi, formé par deux véhicules légers et six camions, peut-être 120 hommes, par la route de Cassagne, un des résistants lança une grenade sur un des camions. La réponse des soldats SS a été immédiate. Un des résistants a été abattu sur le toit. le second est parvenu à se cacher, puis à s’échapper. Les troupes SS prirent position dans le village. De façon aléatoire, ils pénétrèrent dans les maisons, armes au poing. Alors, le massacre commença. Durant une trentaine de minutes, les maisons sont mitraillées, une est détruite par une bombe incendiaire. Les SS ont laissé derrière eux 26 morts, en plus de Camille WEINBERG, dont 12 enfants et 6 femmes. Après avoir pillé quelques maisons, le convoi est reparti vers Betchat afin de liquider le maquis comme prévu initialement. Le même jour, d’autres compagnies de cette division laisseront plus de 600 morts à Oradour-sur-Glane. Le débarquement en Normandie a entrainé le mouvement d’une partie des troupes de la « Das Reich » vers le nord. Cependant, l’opération de répression contre les maquis du piémont pyrénéen a été décidée avant le 6 juin. Cet épisode de violence extrême rappelle les pratiques des divisons SS en Europe de l’est. Ainsi, l’intimidation et la répression des populations civiles, afin de couper des liens supposés avec les maquisards, sont une explication au massacre de Marsoulas.

Doc.8 : La journée du 10 juin 1944à Marsoulas. Source : Jean-Pierre Blanc, Marsoulas ….

Dedieu (4)

Chapelle

Vers Cassagne Vers Salies-du-Salat

Vers Betchat

Barthet (1)

Fulbert (5)

Saffon (5)

Castex (1)

"Merotte"

Rogale Montariol

Barbe (2)

Eglise (1)Siré

Cazenave/Blanc (5)

Audoubert (4)

Maison où il y a eu des décès

Maison où il y a eu des blessés

Autre maison

Famille (Nombre de victimes)

N

Arrivée des SS

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Les villes médaillées de la Résistance

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Carte interactive en suivant ce lien :

https://fr.batchgeo.com/map/15badb28bcda876c84cc0855b7b3e1de

La Médaille de la Résistance

La médaille de la Résistance française est une décoration française instituée par le Général de Gaulle. Son objet était de «reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l'Empire et à l'étranger, auront contribué à la Résistance du peuple français contre l'ennemi et contre ses complices depuis 18 juin

1940». En plus des 65 295 personnes qui l'ont reçu, il y a 18 collectivités territoriales dont Marsoulas

Concernant plus précisément Marsoulas, elle a reçu la Croix de guerre et la Médaille de la Résistance par le décret du 31 mars 1947 suite à l'horreur du 10 juin 1944, 27 civils ont été massacrés (dont 12 enfants et 6 femmes) par des SS de la division Das Reich (soit un tiers de la population).

Doc. 10: Les collectivités territoriales médaillées de la RésistanceSource : http://museedelaresistanceenligne.org/media2954-Carte-des-villes-mA

+ la Nouvelle Calédonie

Doc.9 : Plaque commémorative posée à Marsoulas

Page 11: Marsoulas, 10 juin 1944 Un exemple de répression contre

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Doc.11 Carte d’identité d’Adrien FULBERT, tué le 10/06/1944 à Marsoulas (cliché communiqué par M. BLANC)

Doc. 12Carte d’identité de Suzanne SAFFON, tuée le 10/06/1944 à Marsoulas (cliché communiqué par M. BLANC)

Page 12: Marsoulas, 10 juin 1944 Un exemple de répression contre

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En étudiant le massacre de Marsoulas, nous avons pu constater que cet épisode de notre histoire locale trouve des ramifications dans toutes la partie ouest de la France. Ainsi, évoquer ce massacre, revient à traiter de la répression pratiquée par les forces de l’Axe sur les populations civiles en France, mais aussi en Europe. Ce qui s’est noué le 10 juin 1944 dans ce village du sud-ouest de la France est à mettre en relation avec les massacres perpétrés en Europe de l’Est entre 1941 et 1943. De ce fait, étudier le massacre de Marsoulas, c’est replacer cet événement dans le temps long de la Seconde Guerre mondiale en Europe. Cette dernière a trouvé un de ses épilogues dans le procès de Nuremberg. Lors de ce procès, des photos prises le jour-même à Marsoulas ont servi de preuves. Ces dernières montrent des corps ensanglantés d’hommes, de femmes et d’enfants. Or, le procès de Nuremberg a montré que ce sont des hommes qui ont commis ces crimes. Ainsi, au terme de notre projet, nous voulions insister sur ce fait : ce sont des hommes qui ont été les acteurs de la répression, ce sont des hommes qui en ont été les victimes.

Conclusion

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Bibliographie commentée

BLANC (Jean-Pierre), DUCOS (Jacques), Marsoulas en Comminges, 2004.Ce livre contient le récit du massacre. Il a été reconstitué grâce aux témoignages recueillis sur place. M. Blanc, fils du maire de Marsoulas en 1944, a lui-même été maire de cette commune. DORGELES (Roland), Carte d’identité,1945.DORGELES (Roland), Vacances forcées, 1945.Ces deux récits de l’auteur des « croix de bois » utilisent les souvenirs de son « exil » dans le Comminges, durant la Seconde Guerre mondiale ». Il décrit le massacre de Marsoulas dans ces deux ouvrages. PENAUD (Guy), La "Das Reich" : 2e SS Panzer-Division, 2005.L’auteur dresse l’histoire de cette division durant son séjour en France. Ce livre est précieux pour la quantité de données qu’ils renferment. PROST (Roger), En Comminges sous l'Occupation, 1978+réedition en 1994.Ancien professeur du collège de Salies-du-Salat, l’auteur a pu recueillir des témoignages précis sur le Comminges durant l’Occupation. SOUM (Henri), La mort en vert de gris  : le maquis de Cazères, 1994.Dans cet ouvrage, l’auteur dresse l’histoire d’un maquis et des événements de juin 1944. Il appuie son travail sur des témoignages de toutes les parties (résistants, collaborationnistes)

Sitographie http://museedelaresistanceenligne.org/media6624-Massacre-de-Marsoulas-10-juin-1944http://museedelaresistanceenligne.org/media2954-Carte-des-villes-mAhttps://ipfs.io/ipfs/QmXoypizjW3WknFiJnKLwHCnL72vedxjQkDDP1mXWo6uco/wiki/Martin_Gross.htmlhttps://fr.wikipedia.org/wiki/2e_division_SS_Das_Reich