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Marxisme et religions by Henri DesrocheReview by: E. P.Archives de sociologie des religions, 7e Année, No. 13 (Jan. - Jun., 1962), pp. 167-168Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30120150 .

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BULLETIN DES OUVRAGES

ambricains). Milan, Ed. di ComunitA, 1960, 322 p.

Cet ouvrage constitue la traduction italienne de l'6tude de H. Desroche publibe A Paris, Ed. de Minuit, en 1955 (et non 1960, comme on l'indique A tort p. 4), sous le titre Les Shakers amiricains. D'un ndo-christianisme d un prd-socialisme? (Arch., 1, no 168). Ici le texte a 4t6 un peu raccourci, les notes et la bibliographie opulentes de l'oeuvre originale supprimbes. On le regrette pour le lecteur italien. Par ailleurs certains schemas ont 6galement 6t6 6cartis. Reste la substantifique moelle, la pens~e de I'auteur dans ses parties essentielles. Peut-4tre voit-on plus clairement apparaitre, ici, la m~thode suivie. Elle consiste A faire ressortir I'originalit6 du cas 6tudi6 et ses rapports avec la probl6matique choisie - celle de Troeltsch - par diff6rentes appro- ches qui constituent autant de cadrages successifs. Ainsi I'dvocation des coordonn~es historiques du groupe Shaker souligne son appartenance A la tradition sectaire, mil- 16nariste et proph~tique. L'6tude des phases sociologiques de l'exp~rience, puis des diff6- renciations internes et externes de l'c Eglise Shaker ) met en evidence d'une part le lien avec le Sektentypus, d'autre part les aspects pr0-socialistes. Des pages extr~mement sug- gestives r~v~lent le r6le archetypal jou6 par la soci~t6 Shaker sur les prodromes du ((socialisme scientifique ,. Pour l'auteur, la fondation cooperative et a monastique

, d'Ann

Lee, ouvritre de Manchester, constitue un anneau dans la chaine ph~nom~nologique unissant les nbo-christianismes du XIXe sidcle et le socialisme en formation.

Les 6diteurs italiens, comme pour com- penser l'6limination de certaines richesses propres A la version primitive, ont fait pr&- c6der I'6tude sur les Shakers d'une traduction d'un article de l'auteur : Dissidences religieuses et socialismes utopiques, paru dans l'Annke Sociologique (1952, sorti en 1955, p. 393- 429). Saluons cette heureuse initiative. Les deux textes se complktent en effet de mani~re tr~s suggestive, celui de l'Annfe donnant des aper~us plus vastes sur une question abord~e par de multiples chercheurs dans une mul- tiplicit6 de perspectives.

Cette traduction italienne prouve par sa seule existence l'importance des etudes d'Henri Desroche et l'attention qu'on leur porte. On souhaiterait que ce genre de travaux ne de-

meurAt pas quasiment tabou pour les milieux intellectuels fran~ais.

J. S.

128 DESROCHE (Henri). Marxisme et religions. Paris, P.U.F., 1962, 127 p. (Mythes et religions, 43).

Un livre dense et riche, difficile peut-~tre en raison de son extreme sobrietY, mais qui ne devrait pas diconcerter les lecteurs des Archives, familiaris~s de longue date avec la manibre de l'auteur (Arch., 1, 4, 10 et 12). Et de surcroit, livre qui a rbussi la gageure d'etre personnel et original, malgr6 sa bri~vet6, sur un sujet aussi considerable et aussi frequent6. Aprbs tant d'arbitres, de commentateurs, de continuateurs ou de critiques, H. D. a simple- ment voulu stre lecteur de Marx et d'Engels, au plus vieux sens de ce mot dans la tradition universitaire frangaise. II a "relev6, class6,

situ&5 les dldmeents qu'on y trouve d'une

histoire mat~rialiste des religions, y compris lacunes et extrapolations. Au terme, on est frapp6 A la fois par le foisonnement des hypo- theses de travail et par I'ampleur des recher- ches qu'il est fallu entreprendre pour les 6tayer et les confirmer.

Une double dialectique de la religion -

comnme representation mentale et comme division du travail historique - permet de suivre l'ascension en spirale qui conduit des religions naturelles aux religions universelles et du christianisme A l'ath~isme. On notera en particulier les ~tapes suivantes:

- christianisme primitif, a oeuvre de mas- ses a, mais a n6 d'une manibre qui nous 6chappe totalement n, avec ses deux types de sources: idles et forces. La premiere forme d'organi- sation de ces masses a ~t6 l'organisation en sectes, comme il en fut au si~cle dernier du socialisme naissant, mais se recrutant dans toutes les classes de la soci6tY. Le christia- nisme d~judais6 aurait t6 l'offre religieuse correspondant A la demande de l'universalisme romain.

- christianisation de l'empire et imp&- rialisation du christianisme: theme de la constantinisation, et ((caractere r~actionnaire dans sa forme D de toute h&r~sie ou mouvement qui ne voit dans le d~veloppement de l'Eglise et des dogmes que d~g~n~rescence.

- Les non-conformismes m~di~vaux, avec leurs trois filibres (patriarcale, urbaine, pay- sanne pl~bbienne) et leurs deux marges (mysti- que ou insurrectionnelle), tant6t recouvertes tant6t disjointes.

- les trois actes de la r6forme bourgeoise: r~forme allemande (bloqube dans sa dimension petite-bourgeoise et autocratique par Luther, d&capit~e dans sa dimension paysanne pl&- bdienne avec Miinzer, d~bouchant avec l'asce- tisme intra-mondain de Calvin), l'Ptonnant

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ARCHIVES DB SOCIOLOGIE DES RELIGIONS

chass6-crois6 de la r6volution anglaise et de la r~volution frangaise: a Comme on le voit, le sch6ma est complexe et ne permet pas de camper en classes antagonistes, d'un c6t6 une bourgeoisie qui serait religieuse, d'un autre un prol6tariat qui serait irrbligieux, le second bliminant la premiere ,,.

- la d~christianisation du prol6tariat et les Snouveaux christianismes , d'inspiration uto-

piste ou communisante, dont Marx et Engels vivants auront poursuivi avec vigilance les confusions s~ductrices.

Au terme, contestant la r6duction mat&- rialiste a priori de la religion par Marx et Engels, H.D. entend pourtant verser au fonds commun de la sociologie religieuse la matibre qu'ils ont amass~e et ensemencte. Nous sommes, conclut-il, devant un type de conviction (cqui ne saurait telle quelle ni d~river dans une religion ou une nbo-religion de la science, ni passer B l'6tat brut pour la seule heuristique valable en science des reli- gions. Mais qui, par sa praxis, intervient radicalement dans les religions de l'histoire, et par sa m6thodologie stimula et stimule - filt-ce lat~ralement - les dimensions sociologiques de toute science des religions (p. 121).

E. P.

129 DOMINGUEZ (Oscar). El campesino chileno y la accibn catblica. (Le paysan chilien et l'Action catholique). Fribourg-Bogota-Santiago du Chili, Feres, 1961, 88 p. (Coll. America latina, estudios socio-religiosos, 15).

Ce petit livre fait partie de la collection sur les changements sociaux et religieux en train de s'op~rer en Ambrique latine, change- ments auxquels Fr. Houtart a consacr6, dans cette revue, no 12, un important article, sur la base m~me des recherches entreprises par le Feres de Fribourg et Bogota. Nous y renvoyons done le lecteur. El campesino chileno est divis6 en trois parties; la premiere est consacrde A une analyse sociologique du paysannat chi- lien, divis6 en grands et petits propribtaires, a inquilinos c et ouvriers agricoles, et a pour but de souligner la misbre et I'abandon des masses paysannes. La seconde d~finit les buts et les programmes d'action de l'Action Catho- lique pour rem6dier i cette misbre, & la fois des Ames et des corps, car il ne suffit pas de modifier les structures agraires, ii faut lutter contre la a passivite H paysanne et il n'y a pas d'autre moyen que de rechristianiser les paysans pour leur donner le sentiment de leur dignit6 personnelle. La troisibme partie porte sur les

r6alisations pratiques, Institut d'Education Rurale, Centres Ruraux, etc. En gros, ce sont les principes qui sont & la base de la politique de l'Unesco qui sont A la base aussi de l'Action Catholique ; mais & cette action de formation de leaders paysans et de communaut~s autono- mes de dbveloppement 6conomique et social s'ajoute, comme force dynamique, la ((mys- tique

e chr6tienne. Nous esptrons que, dans

quelques ann~es, le m~me sociologue nous donnera un bilan des r~alisations op~r~es dans le double domaine du progrbs 6conomique et social et des repercussions que ce d6veloppe- ment a eues L la fois sur le catholicisme des masses et sur le catholicisme officiel, longtemps fig6 dans des formes d~subtes.

R. B.

DUBOIS-DUMJE (J.P.), DE BROUCKER (J.),

180 VOILLAUME (R.) et al.

Un concile nour notre temns. Paris, Ed. du Cerf, 1961, 256 p. (Coll. Rencontres, 62).

Ce livre est n6 d'une session d'6tudes sur le prochain Concile organis~e par les Informations Catholiques Internationales en 1961, et & laquelle ont particip6 des thbologiens, des sociologues, des pr~tres, des laics. Leurs r6flexions portent sur les transformations en cours dans la soci6t6 contemporaine et sur les changements d'attitudes que devrait op~rer l'Eglise & son fgard. Du point de vue de la sociologie religieuse, utile est l'analyse des cadres sociaux du monde pour lequel se d~roulera le Concile (J. de Broucker). Concen- tration de la population, migrations, d~place- ment du centre de gravite de I'univers, civili- sation des loisirs, civilisation technicienne sont les l~lments & la fois destructeurs du pass6 et porteurs d'un avenir peut-6tre nouveau. La fin de l'Are constantinienne(M. D. Chenu), avec ses mutations culturelles, politiques et religieuses, est marquee par la disparition progressive ou lente selon les lieux des condi- tionnements traditionnels de l'homme chr6- tien. Des facteurs multiples de d~ptrissement 6branlent la chr~tient6 occidentale longtemps caractbrisbe par l'alliance des pouvoirs spiri- tuel et temporel, I'appui apport6 par la reli- gion aux formes de la justice et de l'autorit6, la primaut6 de la raison sur les valeurs de la vie, le dualisme de la matilre et de l'esprit. L'Eglise semble d'elle-mn&me acceder & une conscience nouvelle et vouloir repenser son dispositif apostolique (F. Houtart) pour r~pondre notamment aux besoins des pays neufs. Face & la diversit6 croissante des cul- tures, ne devra-t-elle pas proc~der & sa propre

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